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BELGIQUE - BELGÏE P .P . BUREAU DE DÉPÔT 5000 NAMUR 1 P .P . 7 583 P 401154 N° 125 TRIMESTRIEL Décembre 2013 - Janvier - Février 2014

Trimestriel 125

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1 n°125 Décembre 2013 - Université de Paix asbl

BELGIQUE - BELGÏEP.P.

BUREAU DE DÉPÔT5000 NAMUR 1

P.P. 7 583

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Sommaire> ÉDITORIAL

3 Un bâton pour diriger l’Université de Paix? par Amélie BODSOn

> AgIR

4 Le harcèlement entre élèves à l’école: comprendre - identifier - agir par Alexandre CASTAnHEIRA

8 La négociation, un outil de gestion de conflit (1ière partie) par Julien LECOMTE

11 Comment communiquer et poser un cadre à la maison? (1ière partie) par Cathy VAn DORSLAER

> COMMUnIQUER14 Savoir dire «non»! par Christelle LACOUR

> CAUSERIE16 Entretien avec Isabelle Brouillard par Christine CUVELIER

> ACTIVITÉS DE CET AUTOMnE…

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> nOUVELLES20 Agir ensemble pour faire reculer la violence, c’est possible...

> LIBRAIRIE21

> AgEnDA22

Les articles publiés n’engagent que leurs auteurs respectifs

Publié avec le soutien de la Fédération Wallonie-Bruxelles

Université de Paix asbl

G R A I N E S D E M E D I A T E U R S I I

Accompagner les enfants dans l'apprentissage de la gestion positive des conflits

avec plus de 60 fiches d’ac

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Guide pratique

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Les membres de l ’équipe et les instances de l ’Université de Paix vous souhaitent de très heureuses fêtes de fin d’année et vous présentent leurs voeux de sérénité et de réalisation pour 2014.Nous vous informons que nos bureaux seront exceptionnellement fermés du 23 au 31 décembre 2013 inclus. Ils seront à nouveau ouverts à partir du 2 janvier 2014 dès 9h.

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ÉditorialUn BâTOn POUR DIRIgER L’UnIVERSITÉ DE PAIx?

Ces derniers mois, en raison d’une vacance du poste de Secrétaire général, l’Université de Paix a été pilotée par un comité de direction composé de trois membres de l’équipe. Je tiens donc tout d’abord à remercier dans cet éditorial Alexandre, Christine et Lysiane, qui ont assuré la transition, ainsi que l’ensemble des administrateurs et l’équipe, qui, toutes et tous, ont contribué à la bonne tenue de la «Maison Université de Paix» en attendant et préparant l’arrivée de notre nouvelle Secrétaire générale.

Isabelle Brouillard, 47 ans et maman de cinq enfants, a donc rejoint l’institution au mois d’octobre, armée de son bâton. Armée d’un bâton, à l’Université de Paix? Et oui! Isabelle, forte d’une longue expérience dans la coopération au Burundi, en particulier dans les domaines de la justice, la gouvernance et l’éducation à la paix, et amatrice de théâtre à ses heures perdues, nous a conté l’histoire des «Bashingantahe», traditionnellement chargés de rendre la justice dans leur colline. En effet, lorsqu’ils sont saisis d’un conflit au sein de leur communauté, ces sages se rassemblent et prennent la parole tour à tour en frappant le sol de leur bâton, conférant ainsi une grande solennité à leurs propos. Étymologiquement, le terme de Bashingantahe renvoie à ce conseil composé d’hommes de justice et d’équité, arbitrant les conflits grâce au bâton de la sagesse. Cette tradition a -douloureusement- évolué au fil de l’histoire et des guerres qui ont frappé le Burundi et la région des grands Lacs, mais reste néanmoins un bel exemple d’outil de médiation, aujourd’hui en marge des institutions officielles de la justice burundaise. Si vous souhaitez approfondir le sujet, je suis certaine qu’Isabelle vous en parlera avec plaisir...Bienvenue donc à Isabelle, qui s’est déjà bien intégrée dans l’équipe et assurera la gestion et continuité de l’asbl en maniant le bâton des sages à bon escient...

Je tiens également, dans cet éditorial, à remercier chaleureusement un autre Bashingantahe de l’Université de Paix: François Maniquet, membre actif du conseil d’administration depuis 10 ans, se retirera du conseil lors de la prochaine assemblée générale, en raison d’un agenda très chargé. Ses avis et conseils pertinents manqueront certainement à l’Université de Paix, mais nous lui souhaitons sincèrement beaucoup de réussite dans ses nouveaux projets et le remercions pour tout le travail accompli.

Je vous invite à présent à découvrir les différents articles de ce trimestriel, en insistant sur un sujet qui me tient particulièrement à coeur, celui du harcèlement chez les jeunes. L’Université de Paix lance en effet un vaste programme auprès des écoles secondaires afin de les aider à prévenir et agir contre le harcèlement, et ce de manière globale, en impliquant les directions, enseignants, élèves et parents. Il s’agit d’un projet pérenne qui s’inscrit clairement dans la mission de l’asbl. La prévention et la résolution de ce fléau, souvent invisible aux yeux des adultes, ne se réduit certainement pas à stigmatiser et punir le harceleur, mais bien à conscientiser l’ensemble des «spect-acteurs» du phénomène afin de le prévenir et de l’enrayer. Une fois de plus, gageons que l’équipe de formateurs utilisera la baguette de la sagesse pour mener à bien ce projet.

Belles fêtes de fin d’année à toutes et tous,

Amélie BodsonPrésidente du Conseil d’administration

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AgirL’Université de Paix propose, aux différents intervenants et acteurs du milieu scolaire, une formation de 3 jours sur le thème du harcèlement, les mardi 14, jeudi 23 et vendredi 31 janvier 2014…

Ces dernières années, les cas de harcèlement entre élèves font de plus en plus parler d’eux, largement relayés par la presse. S’agit-il pour autant d’un nouveau phénomène de violence à l’école? non, c’est un phénomène qui a été davantage cerné grâce à de nombreuses recherches et qui, dès lors, peut être repéré et qualifié avec plus d’efficacité que dans le passé. Aujourd’hui, la plupart des études en Europe concluent que 8 à 15% des jeunes scolarisés seraient concernés par des situations de harcèlement. Sachant que les conséquences psychologiques et scolaires peuvent s’avérer graves, il est temps d’en parler le plus largement possible et de diffuser les moyens de prévention et d’intervention qui existent aujourd’hui.

mais de quoi s’agit-il exactement? Qu’est-ce que le harcèlement entre élèves?

Commençons par un exemple: Jérémie est nouveau dans une école avec internat. Un soir, les jeunes de sa section sont rassemblés dans

la salle de jeux, ils se racontent des blagues. Jérémie qui est plutôt réservé finit par en raconter une. Sa blague fait un «flop». Silence. Max, un élève à peine plus âgé, à l’aise dans le groupe et bien intégré, familier des bonnes blagues bien racontées, enchaine par une blague moqueuse à propos de Jérémie et déclenche les rires de toute l’assistance. Désappointé, mal à l’aise, Jérémie ne sait que répondre et esquisse un rire jaune. C’est à partir de là, que, durant les jours suivants, Max continuera à mettre de l’ambiance en se moquant des blagues à la c… de Jérémie. La stigmatisation de Jérémie commence alors, ainsi que son calvaire: il sera victime de moqueries à répétition, de mises à l’écart, de jets d’objets en classe, etc. Son parcours scolaire va s’en ressentir et il finira par devoir changer d’école.

On le voit dans cet exemple, le harcèlement entre élèves (appelé school-bullying en anglais) présente plusieurs caractéristiques assez précises. généralement, les spécialistes

le harcèlement entre élèves à l’école: comprendre - identifier - agir

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affirment qu’un jeune est victime de harcèlement lorsque: • il est soumis de façon répétée et sur une

certaine durée à des comportements perçus comme violents, négatifs, agressifs de la part d’une ou plusieurs personnes;

• il s’agit d’une situation intentionnellement agressive qui vise à mettre en difficulté la victime;

• il y a une relation de domination psycho-logique telle que la victime n’est pas en mesure ou ne se sent pas en mesure de sortir de ce rapport de force, de se défendre.

Ce qui veut dire aussi que lorsque deux jeunes de force égale (pas seulement physique…) se disputent, se moquent, s’insultent, se battent, il ne s’agit pas de harcèlement.

sous quelles formes se manifeste le harcèlement?

C’est là un des aspects qui le rend difficilement identifiable: le harcèlement peut prendre de nombreuses formes. Il peut être «physique»: faire des gestes, donner des coups, jeter des objets, bousculer, contraindre à certaines actions. Il est le plus souvent «verbal»: insulter, se moquer, donner des surnoms, faire circuler de fausses rumeurs, menacer, user de sarcasmes. Il peut s’agir de «racket»: appropriation d’objets appartenant à la victime, taxage ou grattage de cigarettes, d’argent, de gsm,… Il peut être question aussi de harcèlement sexuel et, de plus en plus souvent, semble-t-il, de cyber-harcèlement, comme par exemple, envoyer des messages négatifs par sms ou sur les réseaux sociaux ou le «outing», le fait de diffuser publiquement des informations privées qui avaient été transmises sous le sceau de la confiance et qui sont envoyées à un groupe de personnes beaucoup plus large, ou encore, la diffusion de photos et de vidéos de la victime

diffusées sans son consentement et affublées de commentaires humiliants.

La plupart du temps, les victimes subissent plusieurs de ces formes de harcèlement et la détresse psychologique qui en découle est souvent d’autant plus grande que le harcèlement est plus intrusif dans leur quotidien, non seulement à l’école, mais aussi à la maison ou hors des murs de l’école via les réseaux sociaux et l’utilisation fréquente de leur gsm.

Une autre dimension importante de ce phénomène réside dans sa nature «groupale». Contrairement à d’autres formes de violence à l’école, les cas de harcèlement ont lieu en présence et grâce au groupe de pairs, les «témoins». La plupart du temps, le «harceleur» va rechercher, grâce à une instrumentalisation du rire («… et c’est pour rire» - «LOL  !»), à renforcer sa position dominante dans le groupe en agissant devant des témoins. Certains rallient le «harceleur»(1) (les «suiveurs»), d’autres ne présentent pas de positionnement clair («outsiders») ou ne voient rien, d’autres, enfin vont chercher à secourir la victime («sauveurs»). Dans tous les cas, ceux qui n’agissent pas pour stopper le harcèlement renforcent celui-ci.Ch. Salmivalli, de l’Université de Turku en Finlande, a démontré qu’une stratégie efficace de prévention consiste précisément à agir sur les «outsiders» en leur donnant les moyens et les compétences pour s’impliquer afin de faire cesser la situation de harcèlement.Cela suppose un travail sur les normes sociales au sein du groupe. En effet, la plupart des témoins n’oseront pas agir par peur des représailles et/ou de se voir considérés comme une «balance». Pourtant 84% d’entre eux ressentent un malaise face à ces situations et développeront vraisemblablement un sentiment de lâcheté. Or, D. Pelpler, de l’Université

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de York, affirme que dans 60% des cas où les témoins interviennent, le harcèlement cesse dans les 10 secondes. Dès lors, que le «harceleur» et les «suiveurs» n’ont plus de public, le harcèlement cesse.

Par ailleurs, le harcèlement est généralement invisible aux yeux des adultes tout en étant parfaitement visible pour les jeunes. C’est le phénomène d’InVISIBLE VISIBILITÉ nommé et décrit par J.-B. Bellon et B. gardette dans «Harcèlement et brimades entre élèves, la face cachée de la violence scolaire (2010)». Des élèves peuvent en agresser un autre 6 à 8 fois par jour, dans l’enseignement secondaire, rien que pendant les intercours non surveillés ou dans des espaces échappant au regard des adultes au sein de l’école (ou plus simplement par gsm…).

Déséquilibre de force, volonté de nuire, répétition, phénomène de groupe, instrumen-talisation du rire, loi du silence, invisible visibilité, ces caractéristiques rendent au final le phénomène du harcèlement difficile à appréhender.

néanmoins des dispositifs de prévention et d’intervention existent et les adultes de l’école peuvent se les approprier, y compris avec les jeunes, les parents et les services d’accompagnement des écoles (centres PMS,…), pour construire des écoles sans harcèlement.Pour ce faire, 6 axes d’actions sont à mettre en avant:

1. Un climat scolaire bienveillant et accueillant

Par exemple, une école où les élèves peuvent parler de comment ils se sentent au sein de l’école, y compris de leurs attentes à propos des adultes (médiation collective, conseil de coopération, cercles de parole,…).

2. des règles claires, concrètes et connues«Se respecter les uns, les autres», c’est une idée très pertinente, mais ce n’est pas une règle concrète. Par contre, des règles exprimées en termes de comportement précis auront l’avantage d’être facilement connues et comprises par chacun et… de la même façon.

3. informer et sensibiliser les élèves au phénomène du harcèlementLes élèves, très jeunes, sont en mesure de comprendre certains phénomènes de groupe et, de ce fait, de ne pas tomber dans certaines dérives.De nombreux moyens existent pour sensibiliser les jeunes: • utiliser un questionnaire sur le harcèlement• proposer les jeux de rôles• utiliser des livres, des films pour aborder ce

sujet en classe• organiser des événements spéciaux contre le

harcèlement• réaliser un film, un bulletin d’infos, des quizz,

etc. sur ce thème• organiser des ateliers sur le respect des

différences• développer les pratiques coopératives et

solidaires de soutien par les pairs: les pairs écoutants, les médiateurs, les parrainages, les pairs aidants (pour aide scolaire), etc.

D’après Ch. Salmivalli, 4 notions sont à travailler avec les jeunes : • Développer la conscience du rôle joué par le

groupe dans le harcèlement. • Accroître l’empathie pour les victimes.• Développer les stratégies des élèves pour

aider les victimes.• Augmenter les capacités des élèves à faire

face au harcèlement.

4. impliquer les parents dans la préventionTrouver les moyens dans l’école d’impliquer et de faire participer les parents à un plan de prévention du harcèlement, via le conseil de participation, via les associations de parents, l’organisation de conférences, la réalisation de projets par les élèves, etc.

5. des lieux de parole pour échanger au sein de l’école…

…autant pour les élèves -comme je l’ai dit précédemment- que pour les enseignants. Souvent, les conseils de classe sont consacrés exclusivement aux résultats scolaires. Et pourtant, les équipes éducatives et pédagogiques auraient bien besoin de pouvoir échanger leurs observations sur les interactions des élèves et les dynamiques de groupe: les intervisions peuvent être une solution.

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6. inscrire ces démarches dans la duréeApprendre aux jeunes à vivre ensemble à l’école ne relève pas d’un effet de mode mais d’une nécessité. Il s’agit d’inscrire le travail de prévention dans les habitudes de l’école afin qu’elles s’inscrivent dans la durée.

L’école peut se doter d’une politique pour une école sans harcèlement contenant un plan d’action lorsqu’un cas de harcèlement est détecté dans l’école. Là aussi, des exemples existent qui pourront permettre aux écoles d’avancer rapidement sur ce plan.

> Deux appels à projets sont lancés aux écoles secondaires ordinaires par l’Université de Paix (cf. la circulaire administrative 4637):

médiation entre jeunesAfin de favoriser l’intégration des jeunes et de créer un climat scolaire positif et non-violent, l’Université de Paix propose la création d’équipes de médiateurs volontaires (jeunes et adultes) au sein des écoles. Pour réaliser cet objectif, l’Université de Paix propose :

> une conférence> des animations pour former les médiateurs volontaires aux techniques de la médiation> une formation spécifique des adultes impliqués pour pérenniser les cellules de médiation> un accompagnement de l’équipe des médiateurs dans l’organisation concrète de la cellule au sein de

l’école

Harcèlement Développer des ressources au sein de l’école pour gérer le harcèlement. Concrètement:

> une conférence d’information> 3 journées de formation des adultes à la prévention et à l’intervention structurée en cas de harcèlement> des animations de sensibilisation des jeunes au harcèlement

Le formulaire de candidature est à rentrer pour le 31 janvier 2014 au plus tard.La sélection des écoles sera clôturée pour le 27 juin 2014. La mise en place des projets démarrera au sein des écoles durant l’année scolaire 2014-2015.

Ces projets sont subsidiés parPlus de détails sur www.universitedepaix.org/ados

> Un colloque participatif, «le harcèlement à l’école: croisons nos regards»Lieu Palais des Académies - Rue Ducale, 1 - 1000 Bruxelles. Une co-organisation de:

Plus d’infos : www.enseignement.be/ColloqueHarcelement

Cette formation fait partie du programme des formations en interrésaux organisées par l’IFC. Pour vous y inscrire, rendez-vous sur le site de l’IFC www.ifc.cfwb.be. Vous aurez besoin d’une clé d’inscription aux formations (CIF) disponible auprès de votre direction. La référence du code consacré à cette formation porte le numéro 320331301.

Prévenir le harcèlement à l’école et y faire face, des actions…

Alexandre Castanheira,Formateur à l’Université de Paix

(1) Je choisis de mettre ces étiquettes entre guillemets précisément car il s’agit de rôles dans un phénomène de groupe. Ainsi il ne faut surtout pas réduire les personnes à leurs comportements et leurs rôles dans un groupe à un moment donné. Cela conduirait à terme à condamner les «harceleurs» à le rester, de même que les victimes. Idéalement, il serait plus avisé, mais plus lourd d’un point de vue stylistique, de parler de personnes ayant des comportements de harcèlement, de personnes victimes de harcèlement, etc.

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Le mot «négocier» peut se définir étymologiquement comme «faire du commerce, commercer». C. Dupont(1) la considère dans un sens large comme une «activité mettant face à face deux ou plusieurs acteurs qui, confrontés à des divergences […], choisissent la recherche effective d’un arrangement pour mettre fin à cette divergence […]». Il s’agit donc d’une pratique qui prend place en situation conflictuelle, c’est-à-dire dans un contexte d’intérêts antagonistes.

Formulé autrement, la négociation est un moyen mis en œuvre, un mode de gestion particulier d’une situation de désaccord, d’objectifs concurrents.

R. Fisher et W. Ury(2) distinguent deux types de négociation. Ils appellent négociation «distributive» une situation dans laquelle chacun cherche principalement à maximiser ses gains, au détriment des profits de l’autre. Celle-ci représente une démarche compétitive, où se creusent les rapports de force et où se démarquent gagnants et perdants. Elle se différencie de la négociation «raisonnée» (sur «le fond du problème») qui renvoie à toute situation dans laquelle les acteurs cherchent à résoudre le désaccord dans le but de maximiser la satisfaction de chacun. Il s’agit d’un mode de gestion coopératif, «gagnant-gagnant».

nous allons nous concentrer principalement sur ce dernier type de stratégie, dit coopératif, dans lequel les parties cherchent conjointement une solution qui maximise leurs gains mutuels.

nous l’avons vu: le conflit en général est souvent envisagé dans une acception négative, selon laquelle au moins une des parties ressort égratignée, blessée, perdante. En adoptant une autre manière d’envisager les divergences, nous privilégions également des types de comportements constructifs, à travers lequel se travaillent non seulement les objectifs, mais également les relations mutuelles.

Etant donné qu’il est question d’intérêts, d’objectifs, il est aussi question de stratégies, plus ou moins conscientes. nous considérons que les outils de négociation correspondent avant tout à des réflexions stratégiques sur base de différents enjeux concrets, et non à des préceptes dogmatiques à appliquer comme autant de pseudo-recettes.

Pour le dire autrement, la plupart des principes d’une négociation réussie ne sont au final que la traduction d’un questionnement prenant en compte les différentes dimensions d’un problème donné, dans une optique de résolution satisfaisante pour les parties en présence.

stratégies pratiques de négociation

1. selon Fisher et Ury

R. Fisher et W. Ury recommandent de progresser par l’étude de problèmes. Ils préconisent de traiter séparément les personnes et le différend, de se concentrer sur

AgirL’Université de Paix a proposé une formation «Pratique de négociation», les 23 et 24 octobre 2013.

La négociation correspond à une situation particulière de communication conflictuelle. En ce sens, analyser les différentes dimensions communicationnelles de la négociation permet d’élaborer des stratégies pratiques, accompagnées surtout de réflexions concrètes, afin de maximiser l’atteinte de ces objectifs.

la négociation, un outil de gestion de conflit

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les intérêts en jeu et non sur les positions de chacun, de définir des critères de satisfaction par rapport aux résultats et enfin d’imaginer plusieurs solutions avant de prendre une décision. Ces principes témoignent d’une volonté d’élargir le cadre: il est simplement question de ne pas amalgamer les différentes dimensions du conflit, et d’adopter un point de vue large, basé sur une optique de collaboration. Au lieu de considérer une opposition entre personnes où chacun a des objectifs propres, les auteurs mettent l’accent sur l’analyse conjointe d’une situation problématique dans l’optique de trouver les solutions qui conviennent le mieux.

La maximisation des gains pour toutes les parties suppose des conditions:

• des attitudes propices (confiance mutuelle, transparence et volonté de traiter les questions de fond);

• des comportements constructifs (se concentrer sur les intérêts, non sur les positions, séparer le brassage d’idées de l’évaluation des situations possibles, régler les différends sur base de critères bien définis);

• et enfin un partage de l’information appropriée, soit celle qui permettra au mieux de déterminer les enjeux pour chacune des parties.

Ces conditions impliquent une remarque sur laquelle il convient d’insister: nombreuses sont les situations pour lesquelles la négociation coopérative n’est pas adéquate.

nous soulignons le caractère intentionnel primordial de cette modalité de gestion des désaccords. Sans confiance, sans volonté partagée d’arriver à des solutions satisfaisantes pour toutes les parties, ou encore lorsque la divergence est forte et accompagnée d’une dissymétrie de pouvoir trop élevée, négocier de la sorte n’est pas approprié.

En bref, il convient d’être au clair avec ses objectifs, au niveau des gains comme des relations, mais aussi avec les enjeux (ce qu’il y a également à perdre!) et de préparer une stratégie et des tactiques - mises en œuvre concrètes - en conséquence. Dans ce cadre, la préparation est extrêmement importante. Souvent, dans les mises en situation que nous expérimentons, nous assistons à des échanges dont les objectifs et multiples enjeux ont été insuffisamment interrogés au préalable.

2. le concept de «mesore»

R. Fisher et W. Ury élaborent également le concept primordial de «MESORE», meilleure solution de rechange/repli. La meilleure solution de rechange équivaut non pas à ce qui est non-négociable, mais à la position qui détermine l’échec de la négociation.

Cette notion doit être très clairement distinguée d’une base minimale de négociation qui consiste à déterminer à l’avance une position qui ne sera pas discutable. Cet écueil souvent rencontré se base sur l’idée qu’un gain ne peut s’obtenir qu’en retirant quelque chose à l’autre partie, ce qui est typique de la négociation compétitive. De manière générale, le vocabulaire du débat ou de la discussion s’apparente régulièrement à un domaine conceptuel que l’on pourrait qualifier de «guerrier». Ce comportement fréquent représente parfois un frein à la compréhension mutuelle, et surtout à la recherche créative de solutions. Autrement dit, il peut être biaisant que les personnes arrivent en négociation non seulement avec des exigences préalables, mais aussi sur la nature même du processus, qui peuvent engendrer par ailleurs des surenchères irrationnelles.

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(1) DUPOnT, C. (1982), La négociation. Conduite, théorie et application, Paris, Dalloz(2) FISHER, R., URY, W. (1982), Comment réussir une négociation?, Paris, Seuil - Disponible à l’Université de Paix au prix de ...... euros, port non compris.(3) AUBERT, n. et al. (1991), Management: aspects humains et relationnels, Paris, PUF (Fondamentale)

Julien Lecomte,Chargé de communication

Par contre, avoir envisagé des solutions alternatives de repli en cas de difficultés, de risques de se retrouver «perdant», est un instrument qui peut donner de la force aux arguments, et surtout permettre de mieux comprendre les intérêts de chacun. C’est un outil concret qui éclaire les objectifs et les enjeux qu’une personne peut avoir à négocier, et qui peut de surcroît équilibrer les rapports de force. On ne négocie plus alors en fonction d’une relation hiérarchique, mais bien ensemble par rapport à un problème commun.

En ce sens, la «MESORE» est surtout un indicateur à définir au préalable par le négociateur, afin de préparer au mieux la situation de négociation. Elle comporte des limites, en pratique, et n’est pas appropriée pour toutes les situations d’opposition, mais demeure intéressante dans la mesure où elle permet de clarifier les enjeux.

3. mesore dans un cas de négociation salariale

Imaginons un cas classique de négociation salariale entre un travailleur et son employeur. Il y a a priori un rapport hiérarchique entre la personne qui demande l’augmentation

et celle qui a le pouvoir de l’accorder ou non. Admettons que, dans ce cas précis, le travailleur a postulé dans une autre association. Si sa situation actuelle ne change pas ou empire en fonction des risques, c’est-à-dire si la négociation échoue, il a la possibilité de remettre son préavis. Il se prémunit de cette manière en quelque sorte des jeux de pouvoir liés à la hiérarchie.

Les enjeux sont multiples: le travailleur entre en négociation à la fois parce qu’il espère être augmenté, mais aussi parce qu’il désire rester dans l’organisation dans laquelle il travaille (le cas échéant, il ne négocierait même pas et partirait). Quant à l’employeur, il n’a peut-être pas très envie d’augmenter son travailleur, mais la perspective de devoir embaucher voire former une nouvelle personne n’est sans doute pas réjouissante non plus à ses yeux. La solution de repli envisagée ici n’est pas un élément de chantage, de pression contraire à la négociation, dans la mesure où il met en évidence l’objectif de rester dans l’institution, de trouver une solution commune. La solution de repli correspond donc à la situation la plus satisfaisante s’il n’y avait pas de négociation, ou encore si elle échouait.

La question est: l’employeur a-t-il réfléchi à sa propre meilleure solution de repli? Quels sont ses enjeux? En s’interrogeant de la sorte, dans une optique de satisfaction mutuelle, un employeur peut mettre en lumière des pistes que le travailleur n’a lui-même pas envisagées: est-il question uniquement d’argent ou de gratitude, de responsabilités, d’épanouissement, de plan de carrière,…?

Dans le prochain trimestriel 126 de mars 2014, vous découvrirez l’illustration de cet outil dans un contexte de travail.

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Historique de l’interventionLa demande d’être formé a été exprimée par quelques parents au terme d’une conférence donnée en début d’année scolaire. Madame Annette Randaxhe (directrice) et moi-même, trop heureuses de voir ainsi une opportunité de «boucler la boucle» en impliquant tous les acteurs qui participent à l’éducation des enfants, avons donné une réponse positive, immédiate et enthousiaste.Lors de la conférence, Madame Randaxhe et ses collègues ont exposé de quelles manières toute leur école (équipe éducative et enfants) s’est, au fil de quatre années, formée pour mettre en place des dispositifs permettant de réguler et résoudre les conflits et la violence:• Durant la première année, guidée par des

formateurs, l’équipe a repensé et remanié le règlement de l’école. Parce que ce premier axe d’intervention (la mise en place d’un cadre, de règles connues, de conséquences en cas de non-respect), bien que nécessaire, ne suffit pas pour accompagner l’enfant dans son évolution vers l’âge adulte(1), l’équipe a souhaité poursuivre sa réflexion et sa formation.

• Durant la seconde année, l’équipe s’est formée à la Communication non Violente.

• Les enseignants étaient, dès lors, davantage capables de faire preuve d’empathie, pouvaient exprimer leurs désaccords sans juger, ni blesser. Il s’agissait à présent de former les élèves à cet outil de communication efficace.

• Durant deux années, l’équipe a bénéficié des subsides de la Fondation Bernheim pour que le programme «graines de

médiateurs»(2) soit implanté dans l’école. Anne-Michèle Tries(3) et Julie Duelz(4)

ont animé dans les classes de 3ème et 4ème années. J’ai mené deux journées pédagogiques avec toute l’équipe de façon à élargir l’utilisation des outils à toute l’école.

En fin de conférence, j’ai brièvement expliqué aux parents comment toutes ces compétences acquises et utilisées par l’équipe enseignante et par les enfants pouvaient être transférées et utilisées à la maison.C’est le contenu de ce court exposé qui a été développé durant la journée de formation proposée aux parents.

Contenu de la conférence développé durant la journéeJe me propose, ci-dessous, de partager avec vous quelques temps forts de cette journée. J’évoquerai principalement les apports théoriques(5), illustrés de quelques exemples types. Espérant ainsi enrichir la réflexion d’autres parents et, pourquoi pas, inciter à reproduire cette expérience intense et constructive dans d’autres établissements.

Cette illustration (créée à ma demande par mon fils Joaquim) fait, à mon sens, bien apparaître la complexité du rôle éducatif de tout adulte qui s’inscrit dans un projet d’éducation.

• éducation: la girafe et le girafonL’éducation est une démarche d’accompagnement qui s’établit entre deux sujets non égaux:

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AgirLe samedi 26 octobre 2013, 17 parents d’élèves de l’école libre du Sacré-Cœur de Poulseur (14 mamans, un papa, un couple de parents) sont retournés sur les bancs de l’école pour s’initier aux compétences de communication, de négociation et de médiation acquises par leurs enfants, pour s’inspirer du cadre de vie mis en place dans l’école, de façon à les mettre en œuvre de retour à la maison, contribuant ainsi à renforcer la démarche entreprise par l’équipe éducative en relayant dans leur quotidien les compétencesde gestion positive des conflits enseignées et vécues dans l’école.

Cathy Van Dorslaer partage avec nous quelques temps forts de cette conférence.

Comment communiquer et poser un cadre à la maison?

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les parents et leurs prolongements sociaux (la girafe adulte et debout) ont autorité sur l’enfant, l’adolescent (le girafon), le temps qu’ils deviennent adultes à leur tour.En effet, l’éducation permet que, progres-sivement, l’enfant et l’adolescent intériorisent les principes de la Loi qui structurent et protègent, qui indiquent la place de chacun par rapport aux autres, qui assurent le respect de cette place.La démarche d’accompagnement de l’éducation a également pour objectif d’apprendre progressivement à l’enfant et à l’adolescent à distinguer ses désirs de ses besoins fondamentaux, à privilégier la satisfaction des seconds, à, pour cela, en prendre conscience, les exprimer, trouver des solutions acceptables pour les satisfaire. Tant que l’enfant et l’adolescent n’auront pas acquis ces compétences, l’adulte en sera le garant aimant et bienveillant.Les désirs sont culturels, appris, partiellement conditionnés, et diffèrent selon les personnes, les sphères fréquentées et les générations. La non-satisfaction d’un désir entraîne de la frustration, de la colère, de l’agressivité.Les besoins fondamentaux sont universels et impératifs: quelle que soit notre place dans la relation éducative, nous avons besoin de manger, de boire, de nous reposer, de nous soigner, d’être en sécurité physique et psychologique, d’être intégré, d’être respecté, d’être aimé, d’être fier de nous, de trouver du sens à ce que nous entreprenons,… Tous les actes que nous posons sont autant de tentatives, parfois réussies, parfois maladroites, de trouver un moyen de les satisfaire.

Cette simple mise au point sur le rôle éducatif des parents soulève en général bien des réactions et des prises de conscience:

•Lesnotionsd’autoritéetdeLoi(c’est-à-diredesrègles et des sanctions) ne sont, pour reprendre les termes utilisés par une participante lors d’une autre formation, décidément «pas sexy». De nombreux sociologues et pédopsychiatres constatent et dénoncent cette dérive amorcée en 1968(6) et amplifiée depuis, qui a pour résultat que «les enfants se voient coincés dans un rôle pour lequel ils ne sont pas taillés, car ils ne possèdent pas les fonctions psychologiques qui

leur permettraient de tenir ce rôle: le rôle de partenaire de l’adulte»(7).

• Outre cette difficulté à investir uneautorité d’adulte, de nombreux parents sont désarçonnés et fatigués par les revendications incessantes, colériques, parfois violentes, de satisfactions de désirs de leurs enfants et de leurs adolescents: dès le plus jeune âge, des revendications vestimentaires, de jeux, de nourriture, de loisirs, de droit à la parole et à la décision apparaissent. Otages eux-mêmes d’une société de consommation qui multiplient les offres, ils ont bien du mal à se centrer sur les besoins fondamentaux sous-jacents. nés dans une époque qui a privilégié l’écoute et la communication, il leur est difficile d’être convaincus que dire «non» ne veut pas dire «ne pas aimer».

• Quatre attitudes éducatives: le lion, la tortue, l’ours et la girafeEn présentant ces quatre animaux, j’ai voulu dans un premier temps faire découvrir aux parents un apprentissage transmis à leurs enfants dans le cadre du programme «graines de médiateurs».Ces quatre animaux symbolisent quatre attitudes adoptées en situation de conflit :

• la compétition - le lion: Je veux atteindre mon objectif, quitte à compromettre ma relation avec l’autre

• le repli - la tortue: Je laisse tomber, et mon objectif, et ma relation avec l’autre

• l’accommodation - l’ours: Je privilégie ma relation avec l’autre, abandonnant pour ce faire l’objectif que je poursuivais

• la coopération - la girafe: Je prends le temps d’écouter l’autre, de m’exprimer et nous trouvons ensemble des solutions pour satisfaire nos objectifs respectifs.

Durant les animations, les enfants prennent conscience de l’attitude qu’ils privilégient et des conséquences que celles-ci ont dans la résolution du conflit. Des apprentissages sont ensuite menés pour les amener à acquérir les compétences nécessaires pour négocier ou pour mener une médiation. Plusieurs parents ont ri durant la présentation: ils comprenaient à présent le sens d’expressions

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utilisées par leurs enfants: «Quand on joue, il fait le lion», «Tu ne dis rien. Tu fais la tortue?».En représentant ces quatre animaux au centre de la girafe adulte, j’ai également voulu illustrer l’alternance nécessaire de quatre attitudes éducatives. Le projet d’éducation n’est pas un «one shot» d’égale intensité. En fonction de l’âge de l’enfant, de son évolution vers l’autonomie, de son état émotionnel, de l’urgence de la situation, du temps dont le parent dispose et de l’énergie qui l’habite, une attitude sera privilégiée plutôt qu’une autre. Pour adopter la bonne attitude en fonction de la situation, une prise de conscience est nécessaire. Durant la journée de formation, les parents ont été mis en situation, de façon à réaliser s’ils adoptaient une attitude par habitude, par réflexe, par lassitude, ou s’ils la choisissaient en toute conscience.

• lion: Ai-je imposé une règle ou une sanction parce que j’étais excédé, parce que subitement mon acceptation d’une situation avait atteint ses limites? Ou, au contraire, ai-je préventivement annoncé des règles, mis un cadre et expliqué pourquoi je le faisais?

• Tortue: Ai-je feint d’ignorer ce qui venait d’être dit ou fait par lassitude, découragement, incertitude? Ou, au contraire, ai-je annoncé qu’il me fallait un temps de repli et de réflexion pour mieux revenir sur la situation et prendre les décisions les plus adéquates?

• ours: Ai-je cédé aux exigences de mon

enfant ou de mon adolescent pour éviter les pleurs, la colère, ma culpabilité? Ou, au contraire, ai-je pris le temps de l’écouter et de comprendre ce qui se cachait dessous en termes de ressenti et de besoins fondamentaux?

• Girafe: Vais-je tout négocier? Ou, au contraire, vais-je accompagner mon enfant et mon adolescent dans le discernement et l’acceptation de ce qui est négociable et de ce qui est non-négociable, dans l’apprentissage progressif d’une façon autonome de se mettre lui-même un cadre.

Cette réflexion a suscité bien des réactions: la prise de conscience qu’en effet le choix d’une attitude n’était pas toujours suffisamment réfléchi, mais aussi la crainte de ne pas arriver, dorénavant, à intervenir de façon adéquate, ou de ne pas réussir à modifier une façon d’agir habituelle. Je le comprends bien pour l’avoir moi-même ressenti lorsque j’ai découvert cette analyse. J’ai donc témoigné de ma propre expérience, lorsque mes enfants étaient tout jeunes, de mes essais et erreurs, de mes difficultés et de mes peurs, de la satisfaction que je ressens à présent à les voir devenus adultes et responsables. J’ai également laissé la parole aux participants: les questions ou objections des uns recevant des témoignages et des réponses des autres. Une construction collective et respectueuse qui a rassuré, encouragé et réconforté chacun. … nous vous proposons la suite de cet article dans le périodique trimestriel 126, mars 2014.

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(1) «Pour croître et se développer psychiquement, l’enfant a impérieusement besoin d’AMOUR. Pour croître et se développer psychiquement, l’enfant a impérieusement besoin de LOI. Il n’a pas besoin d’amour OU de loi. Il a besoin d’amour ET de loi.» Patrick Traube - Éduquer, c’est aussi punir - Éd. Odicé - Disponible à l’Université de Paix au prix de 23 euros, port non compris.

(2) Ce guide «graines de médiateurs II» de l’Université de Paix est disponible au prix de 30 euros, port non compris. Une formation y est également proposée «Comment guider et outiller les enfants dans leur gestion de conflits»,

5 mercredis après-midi: les 22 & 29 janvier et 5, 12 & 19 février 2014. Le site www.gira-coli.be propose des activités en lien avec la démarche.

(3) Anne-Michèle Tries - Collaboratrice extérieure de l’Université de Paix(4) Julie Duelz - Coordinatrice du programme «graines de médiateurs - Développement d’habiletés sociales»,

formatrice à l’Université de Paix.(5) Ils ont bien sûr suscité des questionnements, des débats, des prises de consciences, des partages d’expériences,

du réconfort, du désarroi parfois. Ces moments chargés d’émotions, fortes et légitimes quand il s’agit d’évoquer son rôle de parent, appartiennent aux participants de ce groupe qui m’ont fait et se sont fait confiance, ce jour-là.

(6) J’ai évoqué l’évolution historique de la notion d’autorité et ses conséquences sur l’éducation dans l’article «Pour que nos enfants ne soient ni rois, ni tyrans» - Trimestriel 121 de l’Université de Paix - Décembre 2012.

(7) Pourquoi nos enfants deviennent des tyrans - L’échec de la relation adulte-enfant, Michael Winterhoff, Ixelles Éditions, 2010, p.35.

Cathy Van Dorslaer,Enseignante, Formatrice

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Vous éprouvez parfois des difficultés à dire non? Lorsque vous refusez quelque chose, vous vous sentez coupable ou mal à l’aise  ? Vous êtes débordé et très sollicité par votre entourage privé ou professionnel ? Que faire ?

Il existe des techniques qui permettent de dire non d’une manière claire, ferme et acceptable à la fois.

1. se préparer à dire nonParmi les facteurs à l’origine des difficultés à dire «non», les «nonologues» relèvent:• La culture judéo-chrétienne culpabilisante

et une société ayant un fort contrôle sur les individus.

• Certaines situations vécues expliquant notre peur de ne pas être aimé, de grandir, d’être jugé, notre malaise face au conflit et notre crainte de l’autorité (parent exigeant, plaintif, dévalorisant ou dévalorisé, non-dits familiaux,…).

• L’agressivité ou la manipulation de certains interlocuteurs.

Réussir à dépasser une inhibition dans le temps présent, permet du même coup de régler (totalement ou en partie) le blocage de départ avec la personne qui en est la cause. Ainsi, parvenir à dire non est salvateur, car d’une certaine façon je règle le problème et sa cause.Dire non, c’est se mettre en conflit d’intérêts, se préparer au conflit et accepter de le gérer. Avant de prendre ce risque, il est essentiel de se préparer à dire non, en commençant par

démonter les mécanismes internes qui empêchent de dire non en toute sérénité: croyances limitantes, peurs, hyper-empathie, freins, balance entre bénéfices à ne pas dire non et avantages à mettre ses limites, etc.

La technique du «Et alors…» est, à cet égard, intéressante  : je peux ne répondre qu’à cette seule et

unique question, afin de mettre à jour les peurs profondes qui sont les miennes. Exemple: «Si je refuse de prêter ma voiture, il va se dire que je suis égoïste… Et alors? Il va en parler à x… Et alors? ni x ni lui ne me demanderont plus rien… Et alors? Ils ne m’appelleront plus… Et alors? Je ne les verrai plus… Et alors ? Je me sentirai seule et rejeté… Et alors  ? Et alors, je n’ai pas envie…». Ce questionnement un peu surréaliste fait la preuve par l’absurde que mes peurs sont disproportionnées, et fait apparaître la partie invisible de l’iceberg (dans ce cas-ci: la peur d’être rejeté et seul). Je peux alors accueillir ma peur pour m’en libérer, en souriant et en me disant par exemple: «Voilà, c’est ça, ma peur!»

Une fois les croyances mises à jour, je peux les troquer, les échanger, les remplacer par des pensées libératrices, qui m’autorisent à dire non: «S’il me rejette, au fond, ce n’est pas un véritable ami» ou «J’ai le droit de me respecter» ou «Il n’est pas nécessaire que tout le monde m’aime à tout moment…».Évaluer les risques réels permet de rationnaliser. Que se passerait-il si je disais non? Qu’est-ce qu’il pourrait dire ou faire? «Il va me dire que je suis pas sympa» ou «J’ai peur qu’il en parle à x!» Parallèlement, je peux évaluer les risques,

CommuniquerL’Université de Paix organise une nouvelle formation pour «Savoir dire nOn», qui aura lieu les 7 et 16 janvier 2014.

savoir dire non!

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les implications si je dis un faux «oui». Selon les conséquences ainsi mises en exergue, je peux faire un choix, plus rationnel qu’automatique…

Avant de prendre une décision, les Canadiens se posent une question toute simple: «Ca me fait oui ou ça me fait non?». Face à toute requête, je peux brièvement prendre conscience de mes sensations et mes sentiments: sont-elles agréables ou désagréables? Est-ce que je ressens de la détente ou du stress, un malaise, de l’irritation, de la tristesse? Post-poser ma réponse aide à établir ce petit diagnostic intérieur. En détectant que face à telle demande, je serre les dents ou les poings, je me pince les lèvres, je soupire, j’ai une boule au ventre… Je développerai une plus grande familiarité avec ces réactions inconfortables et j’apprendrai ainsi à y faire face plus rapidement pour dire non, et plus pour mettre un couvercle dessus.

Afin de mettre des limites à certaines requêtes embarrassantes ou à des situations que je ne désire pas, la première démarche est de m’interroger sur les valeurs importantes à mes yeux, aussi bien sur le plan professionnel que privé. Quel est mon objectif, mon souhait, ce qui me tient à cœur dans cette situation?

Si plusieurs solutions me semblent possibles et que j’ai le temps d’y réfléchir, je peux imaginer ce qu’Ury appelle ma MESORE (MEilleure SOlution de Rechange), à savoir le seuil en-dessous duquel je ne descendrai pas, la solution la moins mauvaise (ou la plus acceptable) avec laquelle je serais tout de même vraiment ok. Ainsi, si l’autre va au-delà de cette limite que j’ai nettement identifiée, je cesserai de négocier.

2. Clarifier le désaccordAdapter le langage non verbal: zénitude, contact visuel, posture, voix adaptés, (dé)synchronisation, congruence, gestuelle ouverte ou fermée,…

Soigner la relation : choisir le bon moment, se synchroniser verbalement, soigner les premiers et derniers moments, utiliser des phrases fétiches qui préservent la relation,…

M’informer: poser des questions de clarification (méta-modèle, questions-miroir ou questions sur les enjeux).

Valider la position de l’autre : valider l’urgence et la nature du besoin de l’autre, reformuler, utiliser la technique du brouillard.

Informer : sur mon refus, mes besoins, limites, conséquences non souhaitées, ressenti, informations, convergences et divergences,…

3. dire nonnégocier: proposer un compromis réaliste avec des solutions concrètes, positives et acceptables, tourner les phrases en positif, dire ce que je suis ok d’offrir, donner une solution qui ne m’engage pas, marchander (refus partiel ou acceptation conditionnelle: oui, mais…), énumérer les avantages déjà concédés, utiliser l’humour ou renvoyer l’autre à lui-même.

ne pas négocier: ne rien proposer (dire non avec tact et en argumentant ou fermement sans s’excuser, se plaindre ni se justifier), changer d’avis, répéter «non» sans argumenter, refuser l’insistance, jouer le disque rayé.

ne pas répondre: ne pas se prononcer (ni oui ni non, formules vagues/dubitatives, ne rien dire), post-poser la réponse (sortir de l’urgence, refuser la manière dont l’échange se déroule, faire diversion pour gagner du temps, différer la réponse), stopper la discussion.

Au plaisir de vous entendre dire non…

Christelle Lacour,Formatrice à l’Université de Paix

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Bonjour, isabelle. si nous te demandons de te présenter en quelques mots, que dirais-tu?Je suis née dans la nuit du 24 décembre 1966, il faisait froid mais j’ai très vite eu chaud. Fruit d’une mère andalouse et d’un père bruxellois, cinquième d’une famille nombreuse (7 enfants), victime d’une maladie des reins jusqu’à l’âge de 12 ans, j’ai tellement ressenti de l’amour «fraternel» durant toute mon enfance que très tôt, je n’ai eu de cesse que de vouloir donner.

Quel a été ton parcours avant d’accéder à la direction de l’Université de Paix?Criminologue de formation, mon chemin professionnel a débuté au service des Ministères de l’Intérieur et de la Justice, en qualité de conseillère scientifique. C’était en 1992 après les tueries du Brabant wallon, il y avait un plan de réforme national qui concernait tous les services de police; j’étais chargée de le mettre en œuvre en ce qui concerne la Cour d’appel de Liège. Les nombreux dysfonctionnements et graves manquements observés dans le cadre de ce travail m’ont conduit à vouloir m’engager plus encore dans la justice et la protection des Droits de l’Homme. C’est au sein de la Commission Justice et Paix, que j’ai pu orienter mon travail vers la défense des groupes vulnérables (enfants, demandeurs d’asile,…) en Belgique et aussi dans plusieurs pays du sud (Amérique Latine). Cette nouvelle expérience m’a donné l’envie d’aller plus loin vers le secteur de la coopération au développement. Le projet de l’Ong RCn Justice et Démocratie au Burundi,

intitulé «L’Éloge des justes», a croisé mon chemin et je suis partie emmenant toute ma petite famille avec moi. Les accords de paix pour le Burundi venaient d’être signés à Arusha au mois d’août 2000. Ce n’était que des accords sur papier. Il a fallu 5 années pour que le dernier mouvement rebelle accepte de rendre les armes et de se joindre aux prochaines élections. nombreux furent

les défis durant cette période mais au bout du compte le renforcement de la justice de proximité - cœur de mon travail - durant toutes ces années a pu progresser. Mes aînés en âge de rentrer à l’Université, nous sommes revenus en Belgique en 2012 et j’ai trouvé un emploi au sein de l’École des Parents et des Éducateurs, association d’éducation permanente, dont le but est fort proche de celui de l’Université de paix. Qu’est-ce qui t’a conduit à l’Université de Paix?Le nunca mas, ce cri déjà sorti de milliers de victimes de part le monde, et qui n’a toujours pas permis d’enrayer définitivement la guerre et les souffrances qu’elle engendre. Hier, aujourd’hui, et tristement demain, les forces destructrices continuent et continueront à l’emporter sur la raison et l’humanité. Les fondateurs de l’Université de Paix savaient cela et ne se sont pas désespérés. En créant l’Université de Paix, ils ont pensé que la réflexion d’hommes et de femmes permettaient d’agir et de trouver des réponses concrètes aux conflits et des moyens pour prévenir les violences. Bien au-delà, les fondateurs de l’Université de Paix et les centaines d’hommes

CauserieDepuis le 14 octobre 2013, Isabelle Brouillard est la nouvelle Secrétaire générale de l’Université de Paix.

nous vous emmenons à sa rencontre…

entretien avec isabelle Brouillard

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et de femmes qui y travaillent depuis sa création ont su transcender nos besoins individuels de paix, et agir pour la collectivité, le bien commun, le vivre ensemble en vue de construire une société participative juste et responsable. C’est cette envie de construire plus de paix, qui m’a été communiquée et qui m’a conduite à l’Université de paix.

Quelles sont tes ambitions à court et moyen termes pour l’Université de Paix? Je souhaite tout d’abord préserver la qualité des relations humaines observées depuis mon engagement. Ce climat de compréhension et de respect mutuel a certes des racines profondes mais il s’agit de bien entretenir ce magnifique jardin. Ensuite, mon premier objectif est de soulager l’équipe de permanents qui fait face à la notoriété de l’Université de Paix et reçoit une cascade de demandes d’intervention et de projets. C’est donc la gestion du non et la planification qui sont à l’ordre du jour. à moyen terme, j’espère que ce sera la gestion du oui. Il s’agira de trouver de nouveaux moyens pour permettre à l’Université de Paix de grandir en harmonie tout en intensifiant son impact. J’inscris cet objectif dans le prolongement du travail de fil rouge «Horizon Université de Paix 2020» initié par l’équipe.Le travail de promotion de la paix que l’Université de Paix réalise peut se résumer dans un mouvement allant du «Dialogue fraternel» à la gestion positive des conflits.

en quoi apporte-t-il une réponse satisfaisante pour renforcer ou améliorer les capacités des personnes en situation conflictuelle à y faire face?Mon expérience de vie dans la région des grands lacs m’a permis de comprendre combien la réponse par la violence a une telle force destructrice qu’elle est source de conflits pour des générations entières qui dépasse notre propre existence. Ouvrir des espaces de dialogue y compris dans des situations extrêmement difficiles permet de rompre ce cycle et de répondre à un besoin humain fondamental d’agir ici et maintenant. Si ce cercle de paroles est créé et que toutes les parties au conflit y participent,

c’est encore un long cheminement avant qu’il ne soit source d’actions constructives. Renforcer les personnes dans leur capacité d’expression, d’écoute, d’empathie, de résilience, est propice à une compréhension approfondie des origines du conflit et l’émergence de pistes pour y remédier. Sans cette qualité de dialogue, tous les autres mécanismes de résolution de conflits telle que la négociation, la médiation, l’équité et la justice ne permettraient pas d’apporter une réponse durable.

Quelle sera, à ton avis, l’évolution de l’Université de Paix dans les prochaines années?Déjà dans l’immédiat, je constate que les demandes d’éducation à la paix sont nombreuses et que les acteurs pour y répondre ne sont pas suffisants et organisés. Avec la crise financière actuelle, les moyens vont geler voire diminuer et les conflits sans doute augmenter  ! Comme je l’ai expliqué plus haut, le défi d’aujourd’hui est d’anticiper cette évolution «distordue»  en examinant toutes les composantes du fil rouge dessiné par l’équipe: la valorisation et la pérennisation des acquis de graines de médiateurs, le développement de synergie avec de nouveaux partenaires, la consolidation des moyens financiers, l’ouverture ou non des actions sur le plan international, etc. Des pistes déjà explorées dans le passé à revisiter et à réfléchir dans le contexte sociétal actuel. Quel est le meilleur compliment que nous puissions te faire? Tu as pu rester fidèle à l’esprit de l’Université de Paix et tu as pu contribuer à la réalisation et au développement de sa mission.

en quelques mots et en guise de conclusion, le mot de la fin pour toi, cesserait…La flamme... Je suis rentrée à l’Université de Paix, comme un athlète à qui on remet le flambeau olympique. Quelle responsabilité! Préserver le passé, gérer le présent et construire l’avenir... Je demande à tous les lecteurs du trimestriel de m’aider à veiller avec moi sur la flamme… MERCI.Merci beaucoup Isabelle pour cette causerie…

Propos recueillis par Christine Cuvelier,Chargée de relations publiques

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Activités de cet automne...

La cérémonie de remise du Certificat en gestion positive des conflits interpersonnels et du Brevet d’animateur en gestion de conflits (dans des groupes d’enfants 6-12 ans) a eu lieu ce vendredi 20 septembre 2013.

L’Université de Paix accorde beaucoup d’importance à cette remise et en la proclamation des candidats au Certificat et au Brevet.

Ce moment précède le discours de l’administrateur-délégué - François Bazier - et des coordinatrices -nathalie Ballade & Julie Duelz, pour le Brevet et Lysiane Mottiaux, pour le Certificat.

Ce moment présage également les félicitations, embrassades, photos et un moment convivial. Surtout, il sacralise l’aboutissement d’une année d’efforts, de réflexions et de remises en question.

Ce 15 octobre 2013 a eu lieu la 1ière rencontre entre des médiateurs namurois (Institut Félicien Rops), des médiateurs bruxellois (Institut Saint-Louis) et des lycéens corses. Les jeunes Corses étaient accompagnés de leur professeur de langue corse, Jean-Charles Adami, et de Sarah Stella, chargée des relations publiques pour la Fondation AFC-Umani, co-organisatrice de l’événement avec l’Université de Paix.

Le matin, les lycéens corses ont reçu une animation à l’Université de Paix, animation leur donnant un avant-goût des outils du médiateur.

Les médiateurs bruxellois sont arrivés en fin de matinée et ont accompagné les Corses sur le chemin pour rejoindre les médiateurs à l’Institut Félicien Rops, où les attendaient un dîner typiquement belge: boulets frites sauce lapin et mousse au chocolat belge.

Après la visite du local de médiation de l’IFR namur, les 60 jeunes et adultes se sont répartis en 2 groupes et se sont essayés à de nouvelles activités en lien avec la médiation: décodage et expression des émotions, distinction entre faits et jugements, improvisation d’une médiation avec médiateurs namurois et/ou bruxellois et jeunes corses «en conflit».

La rencontre s’est clôturée par une danse collective (l’hypnotiseur) dans la cour centrale de l’école, avant le partage de quelques chants corses à plusieurs voix, et de quelques chansons étudiantes Made in Belgium…

remise du Certificat et du Brevet

de jeunes médiateurs belges à la rencontre de lycéens corses

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s...«Le savoir ne vaut que s’il est partagé» peut

constituer le leitmotiv du travail des formateurs de l’Université de Paix.

Ceux-ci se sont donnés rendez-vous, ce 24 septembre 2013, pour une «mise au vert» au Centre culturel Marcel Hicter à Wépion.

Une nouvelle occasion pour… • favoriser les échanges de leur pratique

professionnelle, • mutualiser des outils (par exemple les

neurosciences) et les expertises des formateurs,

• diffuser les pratiques innovantes, • actualiser et renforcer les compétences, • (dé)multiplier les ressources,…

Ce sont autant d’actions valorisées et incontournables dans le processus de formation continue de l’équipe pédagogique de l’association.

L’Université de Paix était présente, au sein du village de la Confédération des Organisations de Jeunesse (COJ) au Salon de l’Éducation de Charleroi, qui s’est tenu du 16 au 20 octobre 2013.Informer et proposer aux directeurs, enseignants, éducateurs, parents,… des pistes et des outils en prévention et en gestion des conflits avec les enfants et les adolescents et… y faire face.

Un plus…Cette année, la journée du samedi 19 octobre était consacrée à la fonction éducative du temps extrascolaire. Qu’ils soient accueillants, animateurs, coordinateurs ATL, enseignants,… les mêmes questions se posent aujourd’hui: les questions d’autorité, de violence, des inégalités (extra)scolaires… La question du «temps libre» a été également abordée.

Au programme:• une journée de formation capitalisable: cette journée pouvait être valorisée comme journée de

formation continue pour des professionnels du secteur de l’accueil extrascolaire.• un programme spécifique: conférences, ateliers et débats mettant en avant les enjeux de

l’extrascolaire et donnant l’occasion de découvrir de nouvelles pratiques, des projets innovants, de rencontrer et débattre avec des professionnels du secteur.

• une journée gratuite via une pré-inscription• un accueil spécifique et convivial pour tous les professionnels inscrits à cette journée.

Cette journée était organisée en partenariat avec:

Quand l’équipe pédagogique de l’Université de Paix se met au vert…

20ième édition du salon de l’éducation (Charleroi)

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n°125 Décembre 2013 - Université de Paix asbl 21 20 n°125 Décembre 2013 - Université de Paix asbl

L’Université de Paix rassemble des personnes ayant à cœur de construire une société où les rapports humains sont basés sur le respect, la convivialité, la tolérance,… une société plus juste et plus humaine. Pour rejoindre cette communauté solidaire, différents moyens sont à votre disposition pour soutenir ses actions.

En 2012, votre générosité a permis de financer trois types de projets innovants et concrets où l’enfant, l’adolescent et l’adulte éducateur et/ou socialisateur y sont au centre, en favorisant dignité, autonomie et en leur donnant les moyens d’être acteur dans notre société:

• Des bourses individuelles octroyées à des participants désireux de participer à une formation de l’Université de Paix mais dont la situation personnelle justifie l’octroi d’un soutien financier.

• Des formations de longue durée mises en place au sein d’établissements scolaires -tous réseaux confondus- afin de développer un esprit de solidarité et de cohésion de groupe, une citoyenneté participative,… auprès d’enfants et d’adolescents:• graines de médiateurs… Développement des habiletés sociales, pour apprendre aux enfants

d’écoles fondamentales à gérer de manière non-violente et créative des conflits.• Médiation entre jeunes, pour créer un climat scolaire positif en créant des équipes de

médiateurs volontaires (adolescents et adultes) au sein des écoles secondaires ordinaires.

• Harcèlement, pour prévenir ce phénomène, l’identifier et intervenir au sein des établissements secondaires ordinaires.

• Des outils pédagogiques sont réfléchis, édités et diffusés, comme par exemple le guide «graines de médiateurs II», pour:• mutualiser en partageant acquis, expériences et outils,• favoriser l’essaimage des démarches de dispositifs décrits ci-dessus,• pérenniser ces actions dans le temps et dans les pratiques collectives

d’établissements scolaires, de structures extrascolaires, d’AMO, de maisons de jeunes,…

aidez-nous à construire un monde pacifique.> Par un don sur le compte BE97 5230 8017 7649 de l’Université de Paix auprès de la banque Triodos.

Tout versement de 40 euros ou plus, versé en une ou plusieurs fois au cours de la même année civile, donne droit à une attestation d’exonération fiscale.

> En établissant un testament ou en faisant un legs en faveur de l’Université de Paix ou en créant un fonds spécifique au sein d’une Fondation (par exemple Fondation Roi Baudouin, générations Futures,…) que vous soyez un particulier ou une entreprise.

Si l’Université de Paix permet à de tels projets de voir le jour ou de les pérenniser, c’est grâce à votre soutien. En adressant dès aujourd’hui un don à l’Université de Paix, donnez à des milliers d’enfants et d’adolescents l’opportunité de devenir des «CRAC», des citoyens responsables actifs et critiques.

L’Université de Paix remercie vivement toutes celles et tous ceux qui soutiennent ses actions par leur aide généreuse. Vous pouvez, vous aussi, soutenir nos projets. Une question? Contactez-nous!

Université de Paix asbl081 55 41 40 - [email protected] - www.universitedepaix.be

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agir ensemble pour faire reculer la violence, c’est possible…

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n°125 Décembre 2013 - Université de Paix asbl 21

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Librairie> l’intimidation, le harcèlementCe qu’il faut savoir pour agirde Frédérique Saint-Pierre

nombreux sont les jeunes qui se sentent isolés, sans voix et sans espoir devant l’intimidation et le harcèlement. Cet ouvrage a été conçu pour aider à mieux comprendre ces situations problématiques, y résister, les dénoncer et y mettre fin. Rassemblant les résultats des plus récentes études sur le sujet, il traite de toutes les facettes de la dynamique d’agression: types, moyens et causes de l’intimidation, dangers de la cyberintimidation, impacts à court et à long terme, particularités des situations et des comportements de la victime, de l’intimidateur et des différents témoins, moyens de prévention et d’intervention. Il permet ainsi aux parents et aux adultes en position d’autorité d’intervenir adéquatement auprès de toutes les personnes concernées.

Éd. Hôpital Sainte-Justine - 144 pagesPrix: 14,95 euros, port non compris

> l’autorité au quotidienUn défi pour les parents de Brigitte Racine

Comment se faire respecter de son enfant et faire respecter les règles et les valeurs qu’on tente d’inculquer, sans s’épuiser inutilement ou encore risquer de nuire à l’harmonie familiale? C’est le défi que le livre propose aux parents - tout comme aux éducateurs et aux enseignants.

Éd. Hôpital Sainte-Justine - 130 pagesPrix: 14,95 euros, port non compris

> l’estime de soi de nos adolescentsguide pratique à l’intention des parents de Jacques Ross, Danielle Laporte, germain Duclos

nos adolescents sont en quête de leur identité et ils ont besoin, sur ce chemin qui est parfois très ardu, d’une bonne estime de soi. Comment faire vivre un sentiment de confiance aux jeunes, comment les aider à se connaître, comment leur apprendre à coopérer et, enfin, comment les guider dans la découverte de stratégies qui mènent au succès? Ces grandes questions sont abordées dans ce guide dont la lecture et l’utilisation ne peuvent que vous aider à entretenir de meilleurs relations avec vos adolescents.

Éd. Hôpital Sainte-Justine - 178 pagesPrix: 19 euros, port non compris

> remédier aux douces violencesOutils et expériences en petite enfancede Christine Schuhl

Ce livre est une proposition à structurer des pistes d’analyse pour que les pratiques professionnelles gardent du sens. Il y est question de valeurs professionnelles, de cadre, d’aménagement des espaces de vie dans le souci de respecter au plus près les besoins fondamentaux et l’intérêt de l’enfant de moins de trois ans. Une approche pédagogique où les détails du quotidien prennent toute leur importance.

Éd. Chronique sociale - 80 pagesPrix: 13,80 euros, port non compris

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Conférence: Les douces

violences au quotidien

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18/2/2014

Page 22: Trimestriel 125

n°125 Décembre 2013 - Université de Paix asbl 23 22 n°125 Décembre 2013 - Université de Paix asbl

> Savoir dire nonavec Christelle Lacour & Almudena Vaquerizo gilsanz- Formatrices UP

Comprendre les difficultés à dire «non». Expérimenter des techniques permettant certaines résistances personnelles à refuser. Différencier les vrais «oui» des faux «oui» et les véritables «non» des faux «non». Tester des techniques permettant de refuser de manière efficace.

Dates: Mardi 7 & jeudi 16 janvier 2014Lieu: Université de PaixPrix, syllabus compris: 160 euros - Référence: 1401Membre adhérent UP: 140 euros. Jeunes de moins de 26 ans: 80 eurosSi votre participation est prise en charge par une organisation: 200 euros

> Harcèlement entre jeunes: comprendre, identifier, agiravec Alexandre Castanheira & gilles Fossion - Formateurs UP

Intimidation, (cyber)harcèlement, bouc émissaire, rejet social,… Les mots ne manquent pas pour désigner les diverses formes de violence entre jeunes. Pourtant, en ce qui concerne le harcèlement, le phénomène est souvent sous-estimé, voire ignoré, alors que ses conséquences peuvent s’avérer graves. Que faire? Comment appréhender ce phénomène?

Dates: Mardi 14, jeudi 23 & vendredi 31 janvier 2014Lieu: Université de PaixPrix, syllabus compris: 240 euros - Membre adhérent UP: 210 euros - Référence: 1402Si votre participation est prise en charge par une organisation: 300 euros

> Développer l’estime de soi chez les adolescentsavec Frédéric Duponcheel & Christelle Lacour - Formateurs UP

Que faire face à un jeune agressif, passif, manipulateur ou qui semble rechercher la désapprobation des adultes? L’adolescence est une période cruciale en ce qui concerne le développement de l’estime de soi. Les transformations physiques, mentales et psychiques qui surviennent à cet âge brouillent l’image que le jeune a de lui-même et de son entourage. Développer l’estime de soi du jeune peut l’aider à ne pas avoir à choisir entre écraser ou s’écraser...

Dates: Lundi 20 & jeudi 30 janvier 2014Lieu: Université de PaixPrix, syllabus compris: 160 euros - Référence : 1403Membre adhérent UP: 140 euros. Jeunes de moins de 26 ans: 80 eurosSi votre participation est prise en charge par une organisation: 200 euros

> Introduction à la Communication nonviolenteavec Sonja Léonard - Licenciée en politiques et pratiques de formation& Vinciane Marlière - Formatrice en Communication nonviolente

La Communication nonviolente (CnV) est un processus de communication ayant pour objectif d’établir un dialogue avec autrui de manière authentique et bienveillante.

Dates: WE 25 & 26 janvier 2014Lieu: Université de PaixPrix, syllabus compris: 170 euros - Référence : 1407Membre adhérent UP: 150 euros. Jeunes - 26 ans: 90 eurosSi votre participation est prise en charge par une organisation: 220 euros

autres dates : lundi 2 & mardi 3 juin 2014

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n°125 Décembre 2013 - Université de Paix asbl 23 22 n°125 Décembre 2013 - Université de Paix asbl

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> Conférence: La pleine conscience pour les enfants et les ados expliquée aux parentsavec Alexandre Castanheira - Formateur UP

Aujourd’hui, les enfants et les ados vivent dans un monde qui file à la vitesse grand V, et où ils sont sans cesse sollicités par des activités ou des médias. nous nous étonnons alors qu’ils soient distraits, dissipés, hyperactifs, agités, colériques ou amorphes sans nous douter un instant que c’est aussi ce rythme quotidien, que notre mode de vie leur impose, qui les empêche de se poser, de ralentir et de juste «être» présent à eux-mêmes et au monde qui les entoure. Est-il possible d’aider nos enfants et nos ados à «surfer» sur les hauts et les bas du quotidien, à s’arrêter quand ils en ont besoin?

Date: Mardi 21 janvier 2014, 19h30Lieu: Université de PaixPrix: 7 euros (Prix pour les moins de 26 ans: gratuit)Les réservations et préventes se font par virement bancaire au compte de l’Université de Paix BE73 0010 4197 0360 en mentionnant la référence «1404» + votre nom + nombre de places

> Développer ses compétences émotionnellesavec Alexandre Castanheira & Almudena Vaquerizo gilsanz - Formateurs UP

Comprendre le fonctionnement d’une émotion et son impact sur la communication. Connaître les émotions de base et leur utilité dans notre vie quotidienne et nos relations. Décoder les émotions des autres, afin de communiquer de manière adéquate. Expérimenter des techniques de gestion corporelle et des postures qui apaisent les tensions en situation délicate (stress, colère intense, découragement…). Expérimenter des techniques variées pour réguler nos émotions en fonction du contexte. Exprimer leur ressenti de façon non-violente, plutôt que leur jugement sur la situation ou la personne.

Dates: Mercredis 22 & 29 janvier et 12 & 19 février 2014Durée: 4 matinées de 9h30 à 13h00Lieu: Université de PaixPrix, syllabus compris: 160 euros - Référence: 1405Membre adhérent UP: 140 euros Si votre participation est prise en charge par une organisation: 200 euros

> Développer vos compétences relationnellesApproche concrète et ludique par l’improvisation théâtraleavec Florence Pire - Licenciée en sociologie formée à l’approche systémique, Formatrice, Coach, Improvisatrice et Clown d’intervention, Fondatrice de l’asbl Ex-pression

Élargir ses capacités de communication verbale et non-verbale. Prendre sa place dans le respect mutuel. Développer sa créativité et l’ouverture des possibles. Explorer la co-construction et la collaboration. Prendre conscience de ses propres modes relationnels et se dépasser.

Dates: WE 1 & 2 février 2014Lieu: Université de PaixPrix, syllabus compris: 170 euros - Référence: 1408Membre adhérent UP: 150 eurosSi votre participation est prise en charge par une organisation: 220 euros

Février 2014

Les formations reprenant ce logo sont soit gratuites pour les professionnels de l’Enfance, dans le cadre du décret ATL (3-12 ans) et/ou pour ceux de 0-3 ans. Renseignements: Université de Paix - 081 55 41 40 - [email protected]

Les conférences marquées de ce logo sont accessibles avec le ticket Article 27 pour la somme de 1,25 euros.Plus d’infos: cellule Article 27 de namur: 081 26 09 70 - [email protected]

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24 n°125 Décembre 2013 - Université de Paix asbl

www.universitedepaix.be

BoulevardduNord,4•5000Namur•BelgiqueTél+32(0)81554140•Fax+32(0)81231882

[email protected]•n° national : 4161339-58

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