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LES DOSSIERS DE EMPLOI ET FORMATION metrofrance.com LUNDI 15 NOVEMBRE 2010 Les handicapés n’ont pas trouvé leur place La Semaine pour l’emploi des personnes handicapées commence aujourd’hui Une mobilisation toujours nécessaire tant la situation demeure préoccupante La loi est claire. Depuis 2005, 6 % de personnes en situation de handicap doi- vent être embauchées dans les entreprises de plus de 20 salariés. Un bon objectif pour l’Adapt (association pour l’insertion sociale et professionnelle) chargée avec l’Agefiph (association de gestion du fonds pour l'insertion professionnelle des personnes handicapées et le FIPHFP (fonds pour l’insertion des personnes handicapées dans la fonc- tion publique) d’organiser la Semaine pour l’emploi des personnes handica- pées. “La loi a déclenché une prise de conscience dans les grandes entre- prises. Elles ont vu la nécessité d’employer des personnes en situation de handicap”, constate Emmanuel Forsans, prési- dent de l’Adapt. Si les entreprises ne satisfont pas au quota de 6 %, elles doi- vent verser une contribu- tion financière (entre 3 500 et 5 300 euros par salarié handicapé manquant) à l’Agefiph. Pourtant, encore 22 % des entreprises n’em- bauchent aucun salarié en situation de handicap et un établissement sur deux n’atteint pas le quota fixé ! La raison la plus invoquée : le manque de qualification des ces travailleurs. Seulement 20 % des per- sonnes en situation de han- dicap ont le niveau bac et les préjugés perdurent. “Je ne vois aucune évolution des mentalités dans la fonction publique”, s’alarme Didier Fontana, président de la FIPHFP. Un constat partagé par Vincent Angel, psycho- logue du travail. “Un sala- rié en situation de handi- cap est souvent considéré comme moins compétent”, explique-t-il. On a tendance à oublier que le handicap peut tou- cher tout le monde. Selon les statistiques établies par l’Adapt seulement 15 % des personnes handicapées le sont de naissance, les 85 % restants l’étant devenus au cours de leur vie. Et ils ne sont que 1,8 million dont le handicap est offi- ciellement reconnu, sur 5,5 millions d’actifs décla- rant un problème de santé. “Beaucoup de sala- riés en situation de handi- cap ne le savent pas. Ils ne connaissent pas les aména- gements de poste auxquels ils ont accès”, commente Perrine Aletti, responsable de la mission handicap chez Quick. Afin d’amélio- rer les conditions d’emploi des personnes handica- pées, l’Adapt profite de cette Semaine pour valori- ser l’alternance, mettre l’accent sur l’expérience professionnelle et faciliter l’intégration scolaire. Un vaste programme qui demanderait plus d’une semaine de mobilisation. Car le handicap, pour ceux qui sont concernés, se vit au quotidien. N.DUBOT-DUCLOYER WWW.METROFRANCE.COM “Je suis assez optimiste. La contrainte due au quota de 6 % accélère les choses.” EMMANUEL FORSANS, DE L’ADAPT “Je ne constate pas une évolution des mentalités face au handicap.” DIDIER FONTANA DE LA FIPHFP. Inégaux face au chômage Les personnes handicapées rencontrent plus de difficultés sur le marché du travail que le reste des demandeurs d’emploi. Plus de 50 ans Sans le bac Un an ou plus au chômage FAUJOUR/ICONOVOX SOURCE : ETUDE SUR LA FORMATION PROFESSIONNELLE DES PERSONNES HANDICAPéS / TNS SOFRES/ OCTOBRE 2010. 0 20 40 60 80 100 les demandeurs d’emploi handicapés - ensemble des demandeurs d’emploi 38% 28% 79% 59% 53% 37%

Metro paris dossier emploi

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LES doSSiErS dE

EmpLoiEt formation metrofrance.com

lunDi 15 novembre 2010

Les handicapés n’ontpas trouvé leur placeLa Semaine pour l’emploi des personnes handicapées

commence aujourd’hui Une mobilisation toujoursnécessaire tant la situation demeure préoccupante

La loi est claire. Depuis2005, 6 % de personnes ensituation de handicap doi-vent être embauchées dansles entreprises de plus de20 salariés. Un bon objectifpour l’Adapt (associationpour l’insertion sociale etprofessionnelle) chargéeavec l’Agefiph (associationde gestion du fonds pourl'insertion professionnelledes personnes handicapéeset le FIPHFP (fonds pourl’insertion des personneshandicapées dans la fonc-tion publique) d’organiserla Semaine pour l’emploides personnes handica-pées. “La loi a déclenchéune prise de consciencedans les grandes entre-prises. Elles ont vu lanécessité d’employer despersonnes en situation

de handicap”, constateEmmanuel Forsans, prési-dent de l’Adapt. Si lesentreprises ne satisfont pasau quota de 6 %, elles doi-vent verser une contribu-tion financière (entre 3 500et 5 300 euros par salariéhandicapé manquant) àl’Agefiph. Pourtant, encore22 % des entreprises n’em-bauchent aucun salarié ensituation de handicap etun établissement sur deuxn’atteint pas le quota fixé !La raison la plus invoquée :le manque de qualificationdes ces travailleurs.Seulement 20 % des per-sonnes en situation de han-dicap ont le niveau bac etles préjugés perdurent. “Jene vois aucune évolutiondes mentalités dans lafonction publique”,s’alarme Didier Fontana,président de la FIPHFP. Un

constat partagé parVincent Angel, psycho-logue du travail. “Un sala-rié en situation de handi-cap est souvent considérécommemoins compétent”,explique-t-il.

On a tendance à oublierque le handicap peut tou-cher tout le monde. Selonles statistiques établies parl’Adapt seulement 15 % despersonnes handicapées lesont de naissance, les 85 %restants l’étant devenusau cours de leur vie. Et ilsne sont que 1,8 milliondont le handicap est offi-ciellement reconnu, sur5,5 millions d’actifs décla-rant un problème desanté. “Beaucoup de sala-riés en situation de handi-cap ne le savent pas. Ils neconnaissent pas les aména-gements de poste auxquelsils ont accès”, commentePerrine Aletti, responsablede la mission handicapchez Quick. Afin d’amélio-rer les conditions d’emploides personnes handica-pées, l’Adapt profite decette Semaine pour valori-ser l’alternance, mettre

l’accent sur l’expérienceprofessionnelle et faciliterl’intégration scolaire. Unvaste programme quidemanderait plus d’unesemaine de mobilisation.Car le handicap, pour ceuxqui sont concernés, se vitau quotidien.

n.Dubot-Ducloyerwww.mEtROfRanCE.COm

“Je suis assezoptimiste.La contrainte dueau quota de 6 %accélère leschoses.”emmanuel Forsans, De l’aDaPt

“Je ne constate pasune évolution desmentalités face auhandicap.”DiDier Fontana De la FiPHFP.

Inégaux face au chômage

Les personnes handicapées rencontrent plus de difficultés surle marché du travail que le reste des demandeurs d’emploi.

Plus de 50 ans Sans le bac Un an ou plus au chômage

faUjOUR/iCOnOvOx

SOURCE : EtUdE SUR la fORmatiOn pROfESSiOnnEllE dES pERSOnnES handiCapéS / tnS SOfRES/ OCtObRE 2010.

0

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les demandeurs d’emploi handicapés - ensemble des demandeurs d’emploi

38% 28%

79%59% 53%

37%

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l’emploi des personnes handicapées

Quand on rencontre Leo-nor, elle a un grand sourire.Elle arrive en fauteuil dansl’appartement où elle vitavec sa maman. La jeunefille revient du cinéma.“Aujourd’hui, l’ascenseurdu cinéma à Châtelet nemarchait pas. J’ai dû allervoir un dessin animé dansune salle du bas…”, com-mente cette étudiante de21 ans. Ce genre de péripé-tie lui arrive souvent. “J’aiappris à attendre”, s’amuse-t-elle. Incapable de mettrela clé dans la porte, de secoucher ou de se laver touteseule, Léonor a toujours be-soin d’aide : “Quand je sorsle soir, il faut que ce soit descopines ou ma mère qui memettent dans mon lit, par-fois c’est fatigant mais j’aiappris à vivre avec.” Quandon lui demande si ce n’estpas trop dur d’aller à la factous les jours à Saint-Denis,elle répond avec fermeté :“Pourquoi je n’irais pas ?J’ai passé le bac, je continuemes études.” Pourtant, pourla plupart des “valides”, savie relèverait du parcoursdu combattant. Une heureavant ses cours endeuxième année de psycho-logie, un chauffeur vient lachercher. Une fois arrivée àl’université, elle se dé-brouille seule : “C’est unchoix, je ne voulais pas d’un

assistant pour sortir mes af-faires, aller aux sanitaires ettout ça. Ça coupe trop desautres et le côté relationnelest en général assez facileavec moi.” C’est vrai queLeonor sait mettre à l’aise.“La première fois qu’on me

voit, on me demande sou-vent ce que j’ai, si ça va pas-ser… Je réponds facilement.Et non, ma maladie ne par-tira pas.”Originaire de Paris, elle a

choisi l’université Paris VIIIpour son accessibilité. Cela

n’empêche pas Léonor de seretrouver plusieurs fois parmois devant un ascenseurbloqué. Dans ces cas-là, ellen’a pas le choix et doit re-tourner chez elle. Deuxheures de trajet et pas decours ! “Ce n’est pas grave,je les rattrape grâce à mes

copines, explique-t-elle. Detoute façon, je ne pourraispas rester chez moi enfer-mée. Parfois j’en ai marre,mais ça ne dure jamais trèslongtemps.” Leonor a unmental d’acier et un rêve àréaliser : devenir psycho-logue.

www.metrofrance.com14lundi 15 novembre 2010dossier

Comme les filles de son âge, Léonor va à la fac, sort avec ses copineset écoute de la musique Seule di�érence : elle ne peut pas marcher

n.Dubot-DucLoyerwww.metrofrance.com

Léonor dans son appartement à Paris.

L’étudianteet son fauteuil

nicolas richoffer/metro

“C’est vrai quebeaucoup de

personnes avecun handicap n’ontpas de travail àresponsabilités.J’aimerais avoir

un posteimportant, mêmesi je ne sais pasencore comment

je vais medébrouiller.”

Léonor

20,5%des étudiants handicapésont un handicap moteur.C’est le type le plus recenséen fac. (Source : ministère del’Enseignement supérieur,2008-2009.)

76,7%des étudiants handicapés

sont en premier cycle(niveau licence). (Source :ministère de l’Enseignementsupérieur, 2008-2009.)

6 000C’est le nombre de lycéenshandicapés recensés en2007. (Source : Dress-2005.)

20000enfants handicapés seraientnon scolarisés. (Source :Inspection générale del’Education nationale, 2008.)

En chiffres

UniversitésDes e�ortsrestent à faireC’est un constat : les univer-sités n’ont pas assez demoyens humains et finan-ciers pour se charger de laquestion du handicap selonBoris Bertin, président d’Ar-pejeh, une association quiaide les étudiants handica-pés. Pourtant, dès 1986, lacharte des présidents desuniversités incitait à mettreen place un référent handi-cap. Résultat : ces derniersexistent, mais ils ne sontpas souvent à temps pleinsur leur poste. La vie à la facn’est pourtant pas faciletous les jours pour les étu-diants handicapés (voir leportrait de Leonor ci-des-sus). Les cours devraientêtre mis en ligne systémati-quement pour eux, maisbeaucoup de professeurs re-fusent.La loi de 2005 aurait dû

faire avancer les choses,

l’université se devant d’êtreaccessible aux personnes ensituation de handicap (avecdes rampes pour les aveu-gles, sans marches pour lesfauteuils…). Mais cetteaccessibilité reste encoremarginale. “Il y a de la vo-lonté collective, mais onpart de loin”, constate, prag-matique, Boris Bertin.

n.D.-D

jiho/iconovox

8 783Le nombre d’étudiantsen situation de handi-cap inscrits en fac en2007, soit 0,1 %de la populationétudiante.

Source : étude dela Dress-2005.

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l’emploi des personnes handicapées

www.metrofrance.com16lundi 15 novembre 2010dossier

Est-il nécessaire de parler de son handicap ? Doit-on l’indiquer dans le CV ? Autant de questionsque se posent les personnes concernées lesquelles postulent à un emploi Les réponses d’une experte

Karin raguin, responsabledelamissionhandicapchez lVmh

“Le handicap, éLémentconstitutif du cV”

Est-ce qu’une personne ensituation de handicap doitl’indiquer dans son CV ?

C’est une stratégie glo-bale de recherche d’emploiau même titre que les ex-périences qui ressortentsur un CV. Il faut se poserles bonnes questions : est-ce que j’ai envie d’en par-ler ou pas ? Si on parle deson handicap dans le CV,on s’expose automatique-ment à des questions de lapart du recruteur. Il fautalors avoir les bons motspour parler de son handi-cap. Par contre, il n’est pasnécessaire de mentionnerle type de handicap car ilne fait pas l’objet de l’en-tretien. Quand on envoieune candidature, il fautégalement savoir à qui l’ons’adresse. Dans les grandsgroupes, le CV d’une per-sonne en situation de han-

dicap passe souvent pardeux circuits : la missionhandicap et le recruteur.Dans une entreprise quin’affiche pas clairement savolonté d’embauche depersonnes en situation dehandicap, quelqu’un quiest en situation de handi-cap peut s’exposer à desstéréotypes en l’indiquantsur son CV.Lors de l’entretien, faut-ilparler de son handicap dèsle début ?

Beaucoup de personnesposent leur dossier médicalsur la table dès le début etdétaillent parfois beaucoupleur handicap. C’est une fa-çon de se “débarrasser duproblème”. Il faut faire at-tention à ne pas employerde termes médicaux tropabstraits mais l’expliqueravec des situationsconcrètes, en précisantpourquoi ça fatigue, quefaire dans ces cas-là …

Cela évite une mauvaisecompréhension entre l’em-ployeur et le candidat.Quelqu’un qui sait nom-mer sa pathologie peutêtre perçu positivementcar cela veut dire que lapersonne a déjà pris du re-cul par rapport à son han-dicap. Certains candidats

n’en parlent pas du toutlors de l’entretien et c’estd’ailleurs leur droit. Lamission handicap conseilleaux recruteurs d’aborder laquestion du handicapcomme un élément consti-tutif du CV. Certains nel’abordent qu’à la fin del’entretien, comme uneformalité administrative,c’est souvent parce qu’ilsne sont eux-mêmes pas àl’aise avec la question.Les aménagements du postede travail relèvent-ils d’unenégociation entre l’employeuret le salarié en situation dehandicap ?

On parlera plus d’unexercice de compréhen-sion. Les besoins ne sontpas toujours les mêmespour le salarié. C’est une

gymnastique dont l’entre-prise n’a pas l’habitude. Ilest important que la dis-cussion continue sur lelong terme. Une personneen traitement, médical, parexemple aura des mo-ments où elle sera plus fa-tiguée que d’autres, ellen’aura pas les mêmes be-soins tout au long del’année.Existe-t-il vraiment beaucoupde différences de comporte-ment entre une personne quia un handicap visible ou nonvisible ?

Avec un handicap nonvisible, la personne a tou-jours le choix d’en parlerou non. Mais attention, cen’est pas parce qu’on voitun handicap que l’oncomprend la personne.Il faut que le candidatfournisse les explicationsnécessaires à la compré-hension de son handicap.Ainsi, par exemple, unepersonne dans en fauteuilroulant n’a pas forcémentque des problèmes d’acces-sibilité, elle peut aussiavoir des douleurs muscu-laires fortes qui la fati-guent.

n.dubot-ducloyerwww.metrofrance.com

“Ne pas employerde termes

médicaux pourqualifier le

handicap maisl’expliquer avecdes situationsconcrètes.”

Karine raguin

“Avec unhandicap nonvisible, la

personne a lechoix de ne pas

en parler.”Karin raguin

focus

Le rôle dePôle emploiUne fois reconnu travail-leur handicapé par laMDPH*, celui-ci doit setourner vers Pôle emploiafin de trouver un posteadapté. Il pourra alorsêtre orienté vers plusieursstructures dont Cap em-ploi pour l’accompagneren formation ou Handi-pass, une agence de Pôleemploi spécialisée dans lehandicap. “Le problèmereste le manque d’infor-

mation en amont”, selonAnne Roi, responsable dudéveloppement d’Unirh,fédération regroupant lesCAP emploi d’Île-de-France. Le suivi individuelest privilégié mais un res-ponsable de CAP emploidoit gérer entre 150 et200 dossiers. Pour retrou-ver du travail, il fautcompter en moyennedeux ans et demi. Sanscompter que 20 % des tra-vailleurs handicapés sontau chômage : c’est deuxfois plus que la moyennenationale.*MdPh : maison départe-mentale des personneshandicapées.

Handi-Cv, handijobs, handi-cap-monster. De plus enplus de sites se spécialisentdans la recherche d’emploipour les personnes en situa-tion de handicap. Commeles sites traditionnels, il suf-fit de cliquer sur l’offred’emploi qui correspond àson profil. Le candidat peutégalement y déposer sonCV. Seule différence : l’in-ternaute n’a pas besoind’annoncer à son éventuelrecruteur qu’il est handi-capé, vu qu’il est sur un sitedédié à cette recherche spé-

cifique. “L’existence de telssites permet de lever levoile sur le handicap, de neplus le dénigrer ou le consi-dérer comme marginal. Ilssont une bonne interface

pour éviter la discrimina-tion et évoquer ouverte-ment un sujet social mais

sensible”, indique PhilippeManaël, webmaster deHandi-Cv. Ces sites sont éga-lement une bonne sourced’information en matièrede législation et d’actualitéliées au handicap pour lesentreprises et les candidats.“Les recruteurs ont comprisque la notion du handicapest complexe et que latraiter seule dans son coinne suffit plus”, ajouteencore Philippe Manaël.

ProPos recueillis Par n.d.-dhandi-cv.com, handijobs.fr,handicap.monster.fr

De précieux sites spécialisés“De tels sitespermettent delever le voile surle handicap, de neplus le dénigrer…Ils sont une bonneinterface pour éviterla discrimination.”PhiliPPe Manaël,webMaster de handi-cv

Karin Raguin, responsable chez LVMH.

nicolas richoffer/metro

dr

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www.metrofrance.com 19lundi 15 novembre 2010

faujour/iconovox

• AssociAtion ArpejehDepuis 2008, cetteassociation qui regroupeplusieurs entreprises s’estdonné pour missiond’aider les jeunes ensituation de handicapà accéder au monde dutravail. Elle mène plu-sieurs interventions enmilieu scolaire à la de-mande des élèves ou desprofesseurs : animationsen milieu scolaire etvisites en entreprisepour découvrir des mé-tiers insolites, aide àla recherche de stages,formules de tutorat avecun employé dans unesituation de handicap…www.arpejeh.com

• BAc pro commerceet BeAuté de l’oréAlDepuis l’année dernière,la sociétéL’Oréal a mis enplace un bac pro com-merce (option

métiers de la beauté)en partenariat avec legroupe Casino. Le but :former une dizaine dejeunes en situation dehandicap, tout en leurgarantissant un emploià la sortie de l’école. Uneinitiative que MichelForget, directeur de ladiversité à L’Oréal, veutrenouveler en 2011,voire élargir à d’autressecteurs d’activité telsque la distribution oula fabrication.www.loreal.fr

INfoS pRatIqUeS

Deux initiativesprometteuses

2Il faut en moyenne2 ans et demi à unepersonne en situationde handicap pourtrouver un emploi.Source UNIRH/Cap emploi.

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l’emploi des personnes handicapées

Sébastien Caillarez travaille à l’accueil d’un hôtel Ibis à Paris. Il a un handicap visuel important.Des aménagements de son poste ont dû être e�ectués pour qu’il puisse exercer son métier dans de bonnes

conditions. Aujourd’hui, Sébastien est complètement autonome

www.metrofrance.com20lunid 15 novembre 2010dossier

sébastien,

un salarié(presque) comme un autre

ôtel Ibis ParisBerthier Sébas-tien bonjour”,annonce Sébas-tien Caillarez endécrochant le

téléphone. Comme tous lesautres employés de la récep-tion, Sébastien répond autéléphone, prend les réser-vations, renseigne lesclients. Rien d’exceptionnelpour son métier sauf quetout ce qu’il entreprend luidemande plus d’efforts deconcentration car il a unhandicap visuel important.Les clients n’y prêtent passouvent attention car Sébas-tien réagit, la plupart dutemps, comme ses col-lègues. “Parfois je suis pluslent, le plus dur c’est lestickets de réservation écritsen tout petit,” confesse-t-il.Justement, un client arriveavec le fameux ticket de ré-servation. Le réceptionnisteest obligé de l’approchertrès près de ses lunettespour pouvoir lire. “Certainss’impatiente, un jour onm’a dit ‘il faut changer de

lunettes’”, se rappelle-t-ilnon sans regret. Depuis tou-jours, sa vision est faible. “Ilfaut bien que je vive et tra-vaille avec”, commente-t-il.Après avoir passé un bac

technologique d’hôtellerie,le jeune homme qui a au-jourd’hui 24 ans, a testé plu-sieurs métiers grâce à desstages. “En cuisine, c’étaittrop dur pour moi, il fallaitque je fasse attention à tout.En service, je ne voyais pastous les obstacles”, se sou-vient-il avec un petit sou-rire. Au final, il a opté pourle métier de réceptionniste.Avant d’être embauché àl’hôtel Ibis, il avait déjà es-suyé plusieurs refus. “L’en-tretien se passait bien, sesouvient-t-il, puis quand jedisais mon handicap on merépondait, ‘là ça va coin-cer’”. Des moments diffi-ciles à encaisser pourSébastien.

S’il est vrai que le groupeAccor, dont fait partie l’hô-tel Ibis où travaille Sébas-tien, n’a pas atteint le quotaobligatoire de 6 % de sala-riés en situation de handi-cap (à ce jour, il n’enregistreque 3,74 %), il semble qu’ily ait une volonté de s’adap-ter. Avant son arrivée, il y ahuit mois, Sébastien avait

rencontré son futur chef deréception et lui avait exposéses besoins. Résultat : on luia installé un logiciel grossis-sant sur les ordinateurs etles feuilles de briefing avecles instructions de la jour-née sont photocopiées enA3 pour qu’il puisse les lire.Des mesures qui ont changéles habitudes de travail deses collègues et qui auraientpu devenir source de ten-sions. Mais, prévenus àl’avance de son handicap,ils se sont tous soudésautour de lui. “Il est très mi-nutieux et réalise les en-caissements avec beaucoupd’attention”, commente La-tifa Karaoui, une de ses col-lègues. Pendant ce temps, àla réception, le jeunehomme a toujours du mal àlire le ticket, sa collègue ar-rive discrètement pour l’ai-der. “Ils sont si prévenantsque je me dis parfois quecertains doivent êtrejaloux”, plaisante Sébastien.

n.Dubot-Ducloyerwww.metRofRance.com

infoS pratiqueS

Que ditle codedu travail ?• le statut de travailleurhandicapéCe statut n’est pas re-connu de manière auto-matique. Ainsi, il faut ledemander à la CDAPH(commission des droits etde l’autonomie des per-sonnes handicapées) surprésentation d’un dossier.

• le handicap fait partiede la vie privéeUn salarié handicapén’est en aucun cas tenude révéler son handicap.Son unique obligation,comme pour tous les sala-riés, est de passer la visitemédicale d’embauche quiattestera de son aptitude

à occuper l’emploi pourlequel il a été embauché.

• les motifs dediscriminationUne personne ne peut pasêtre sanctionnée oumême licenciée au motifqu’elle est handicapée. Deplus, le handicap ne peuten aucun cas constituerun refus d’embauche. Sic’est le cas, l’employeurs’expose à des sanctionspour discrimination.

• le droit du travailreste le mêmeLe salarié en situation dehandicap a un salaire,une période d’essai, ouencore des congés iden-tiques à ceux d’une per-sonne valide.Seule diffère la durée dupréavis de licenciement,qui est doublée dans lalimite de trois mois.

plus d’infos surwww.juritravail.com

“Pour le moment,j’habite loin et jeviens en métro.Au début c’étaitdifficile de serepérer maismaintenant jeconnais le trajetpar cœur.”SébaStien

Hnicolas RichoffeR/metRo

n.R/metRo

Page 6: Metro paris  dossier emploi

Quand une personne ensituation de handicap arriveau sein d’une équipe de tra-vail, il peut y avoir des ten-sions. Vincent Angel,psychologue du travail*, ex-plique comment réagir faceà un collègue en situationde handicap.

Quand une personne avec unhandicap arrive dans l’entre-prise, doit-on lui en parler ?

Cela dépend si la per-sonne qui a un handicap adéjà abordé le sujet. On estdans le domaine de l’in-time. Si, en amont de l’ac-cueil d’un collèguehandicapé, l’équipe a uneformation, l’intégrationpeut bien se passer. Le pro-blème c’est qu’aujourd’hui,les salariés ne sont pas assezpréparés à la façon de réagiret manquent souvent de sa-voir-vivre. Ils jugent lescomportements de l’autre

et ils ont des stéréotypesdans la tête. Ils pensentqu’une personne en situa-tion de handicap est pluslente, moins compétente.Faut-il faire plus attention àun collègue en situation dehandicap ?

On pense souvent quecette personne a besoin d’as-sistance mais il ne faut pasanticiper ses besoins. Celle-ci cherche souvent plus d’au-tonomie. Certains collèguesdéveloppent une surempa-thie. On pense que celui ensituation de handicap a be-soin de parler de ses pro-blèmes. On ne ferait pas çapour une personne “valide”.Le relationnel prend souventle pas sur le professionnel.Est-il plus difficile de s’inté-grer avec un handicap nonvisible ?

Les salariés avec un han-dicap non visible suppri-ment souvent leurs

émotions. Pourtant, mêmeavec un handicap non visi-ble, elles sont confrontées àdes choses qu’elles ne peu-vent plus faire au travail.Le temps d’intégration dansune équipe est-il plus longpour une personne ensituation de handicap ?

Les entreprises vou-draient des gens qui soienttout de suite capables d’in-tégrer les postes avec lamotivation et les connais-sances. Avec une personneen situation de handicap, ilfaut un temps d’adaptationplus long, avec un aménage-ment progressif du poste detravail.Les problèmes d’intégrationsont-ils fréquents ?

Souvent, on demande ausalarié en situation de han-dicap d’effectuer des tâchespériphériques. Par exemple,une assistante maternelledans une école doit aussi

faire le ménage en plus desa tâche éducative. C’estune tâche en plus, impossi-ble à réaliser pour elle. Unsalarié en situation de han-dicap est embauché pourun cœur de métier dont il ales compétences. Le travaildoit se réorganiser autour,car si c’est mal fait, celapeut créer des tensions. Lesautres salariés estimentalors que leur collègue han-dicapé n’est pas capable. Acontrario, une personnehandicapée peut vouloirmontrer encore plus decompétences, même si elleest dans l’incapacité de lefaire.

*egalement doctorant en psy-chologie du travail au labora-toire de psychologie cognitiveet sociale de l'université denice-sophia Antipolis

www.metrofrance.com 23lundi 15 novembre 2010dossier

n. dubot-ducloyerwww.metroFrAnce.com

Vincent Angel, psychologuedu travail

“attention à la surempathie”michel bernouin/metro

subventions :un systèmedetournéCorinne, 43 ans, assistantecomptable de la fonctionpublique, discriminée àcause de son handicap.“J’ai été licenciée en 2004pour inaptitude au postede caissière.Mon entreprise avait ob-tenu des subventions carj’étais une travailleusehandicapée mais ellen’avait jamais aménagémon poste de travail. A lasuite de mon licencie-ment, j’ai saisi la Halde.J’ai obtenu gain de cause.J’ai retrouvé un emploi et,une fois de plus, ils ont eu

des subventions et n’ontrien fait. Cette fois, je n’aipas ressaisi la Halde carles procédures sont troplongues. Certains em-ployeurs sont très profi-teurs de la loi sur lehandicap. Ce n’est pas leCV qui les intéresse maisles subventions qu’ils vontobtenir.”

les mentalitésévoluentChantal, 56 ans, professeuredes écoles.“A la suite d’un accidenten 1979, j’ai eu de grossesdifficultés à marcher àcause de ma cheville. Jesuis quand même retour-née travailler en béquilles.Il y avait des escaliers, per-sonne ne s’en préoccupait.Je ne me plaignais pas, jem’arrangeais pour quemon handicap se voie lemoins possible, c’est longd’admettre qu’on a unproblème. Il y a seulementtrois ans, j’ai demandé mareconnaissance de travail-leur handicapé. J’ai ob-tenu deux demi-journéesde repos et un siège pourfaire la classe assise. J’ainoté une légère évolutiondans les mentalités de mescollègues, mais on me de-mande toujours si monhandicap est réel car il y ades jours où je marche

mieux. Je suis très fatiguéeet je ne sais pas si je vaispouvoir aller jusqu’à laretraite.”

communiquerentre collèguesFlorence, 26 ans, équipièrepolyvalente chez Quick.“Je suis sourde mais je n’aipas de difficultés par rap-port à la communication,car j’utilise le langage dessignes et j’écris. Je suis ve-nue à Paris dans l’espoirde trouver un emploi carje n’essuyais que des refuschez moi dans le Sud-Ouest. Un jour Quick m’aappelée et m’a proposé dem’embaucher en CDI. Audébut, je n’avais pas l’ha-bitude de communiqueravec mes collègues. Main-tenant tout se passe nor-malement. On ne meparle jamais de mon han-dicap. On a aménagé monposte de travail en m’ins-tallant un biper de mes-sage pour me signalerqu’il y a des clients audrive, qu’il faut que je re-vienne au comptoir ouque je fasse le ménage parexemple. Je dis ‘bonjour-au revoir’ aux clients enlangage des signes.Souvent, ils n’osent pasme répondre par lessignes et me font unsourire.”

Vostémoignages

“Certainsemployeurs nesont pas intéresséspar un CV mais parles subventionsqu’ils vontobtenir.”corinne, licenciée à cAusede son hAndicAp

“Avec une personne en situation dehandicap, le relationnel prend souventle pas sur le professionnel.”vincent Angel, psychologue du trAvAil

l’emploi des personnes handicapées

Page 7: Metro paris  dossier emploi

Lors de la crise, les jeunesdiplômés ont été les actifsles plus touchés par le chô-mage en France. Maisdepuis la fin de l’année2009, une tendance se con-firme : le chômage des 15-24 ans recule (- 0,8 points).Une amélioration quicependant reste fragile.

“Malgré tout, je suismoins pessimiste pour l’em-ploi jeune qu’à la mêmedate l’an dernier, indiqueChristian Darantière, direc-teur délégué de l’Afi. Il y ades signes très timides dereprise de l’embauche, cequi permet de freiner lachute.” Pour Mathieu Plane,économiste à l’OCDE

(Organisation de coopéra-tion et de développementéconomiques), si le taux dechômage a légèrementbaissé, c’est à cause de lareprise des emplois intéri-maires et des petits bou-lots : “Les jeunes sont cinqfois plus représentés dansles emplois précaires. Lesentreprises restent frileuseset préfèrent embaucher desintérimaires.” Autre phéno-mène : les 15-24 ans sontsouvent prêts à accepter despostes en dessous de leurscompétences. “Prendre unemploi non qualifiéentraîne un risque dedéclassement. C’est ensuitebeaucoup plus dur deremonter au niveau de sondiplôme. Il faut faire atten-tion à ne pas rester troplongtemps dans son petitboulot”, conseille ChristianDarantière. Mais ne pasaccepter un “petit boulot”peut entraîner des soucisfinanciers. En dessous de25 ans, très peu de jeunesdiplômés ont en effet accèsau RSA (revenu de solidaritéactive), car il faut avoir tra-

vaillé deux ans à tempsplein dans les trois der-nières années, ce qui estrarement le cas des jeunessortant des études.

LES DOSSIERSde

Population la plus fragile face au chômage, lesjeunes diplômés sont aussi les premiers touchés par lacrise Avec la légère reprise de ces derniers mois, leuravenir pourrait s’éclaircir Qu’en est-il vraiment ?

N. DEBOT!DUCLOYERWWW.METROFRANCE.COM

CORBIS

Depuis la fin 2009, le chômage des 15-24 ans recule.

Jeunes diplômés :un jobmalgré la crise

metrofrance.comsupplémentLUNDI "# SEPTEMBRE "#$#

“Faire du bénévolatquand on estjeune diplôméet sans emploipermet d’élargirson réseaurelationnel etprofessionnel.”CHRISTIAN DARANTIÈRE,DIRECTEUR DE L’AFIJ

0

50%

En France

Le taux de chômage,par tranche d’âge…

23,38,4 6,1

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!e SEMESTRE !"#" $ L’INSEE.

Retrouvez l’intégralitédu dossier sur notre sitemetrofrance.com/jeunesdiplomes

Page 8: Metro paris  dossier emploi

www.metrofrance.com20LUNDI 20 SEPTEMBRE 2010plus

• FACEBOOK, COPAINS D’AVANT…Etudiants, jeunes diplô-més… La majorité des 15-24 ans a un profil Facebook.Entre photos de soirée etréelle motivation d’em-bauche, mieux vaut faire at-tention à ne pas racontertoute sa vie sur son “wall”. “Je conseille d’avoir deuxprofils : un professionnel etun pour les amis”, préco-nise Frédéric Canevet, res-ponsable de conseil-marketing.fr. S’il est vraique Facebook regroupe 20millions de Français, cen’est pas pour autant plusfacile de trouver la bonnepersonne à contacter pourun emploi. “Le mieux est decombiner les réseaux so-ciaux en utilisant aussi Co-pains d’avant, par exemple,pour recréer un réseau”,continue Frédéric Canevet.Les anciens camaradesd’école peuvent alors deve-

nir des professionnels inté-ressants. Un jeune diplômécroit souvent ne pas avoirde réseaux. C’est faux. Surles réseaux sociaux, il re-trouvera toujoursquelqu’un qu’il connaît.

• LES RÉSEAUX SOCIAUX PROSPour une recherche d’em-ploi dans les règles, mieuxvaut opter pour des réseauxsociaux professionnels. “Au-jourd’hui, c’est devenu uneétape incontournable. Lesjeunes diplômés doiventconstituer et animer un ré-seau Internet sur du longterme”, conseille NicholasVieuxloup, porte-parole deviadeo.fr. Dès sa première

année d’études, il ne fautpas hésiter à créer son pro-fil avec une photo, son cur-sus scolaire, sa participationà des projets… Tous lesmoyens sont bons pour seprésenter. “Un profil pauvreet jamais renouvelé a peude chances d’êtrecontacté”, constate NicholasVieuxloup.

Plus international, le ré-seau professionnel Linkedlnregroupe des employeursdu monde entier. Pour ceuxqui souhaitent trouver dutravail à l’étranger et plusspécialement aux Etats-Unis, ce réseau est très effi-cace. Autre site : Xing.fr,plateforme d’origine alle-mande qui permet égale-ment de rentrer en contactavec les recruteurs d’outre-Rhin. Que ce soit pour pos-tuler en France ou ailleurs,participer à un réseau socialimplique des codes à respec-ter : “Il faut appliquer lesmêmes règles de politesseque dans la vraie vie, insisteNicholas Vieuxloup, on ditbonjour, s’il vous plaît, aurevoir.”

Sachez bien utiliserles réseaux sociauxFacebook, Viadéo… les jeunes diplômés ont tout

intérêt à les exploiter pour leur recherche d’emploiMais attention, il y a des règles à respecter

Les réseaux sociaux peuvent faciliter la recherche d’emploi.

CORBIS

Le CV vidéo n’est pas tou-jours un exercice facile àréaliser. Mieux vaut parfoisprivilégier le bon vieux CVécrit. Jacques Froissant, fon-dateur du cabinet de recru-tement Altaïde, donne sesconseils.

• LE CV VERSION “ÉCRITE”Pour qui ?Pour tous. Des jeunes di-plômés aux seniors.Comment l’envoyer ?Par mail. Il est beaucoupplus facile de les transférerdans les services de l’entre-prise sous cette forme.Les CV “écrits” sont-ils

gardés ?Beaucoup d’entreprises ontdes bases de données oùles CV sont stockés.Combien de temps le recru-teur prend-il pour le lire ?Il le lit en à peine une mi-nute. Si c’est un CV bienécrit, il voit ce qui l’inté-resse tout de suite.

• LE CV VIDÉOPour qui ?Principalement, pour lesmétiers de l’informatiquemais, attention, il faut êtretrès bon en graphisme et àl’aise avec le maniementde la vidéo.

Quels sont les risquesdu CV vidéo ?C’est le risque d’être trèsmauvais. Seulement cinqou six candidats se démar-quent par an.Combien de temps le recru-teur prend-il pour le lire ?Il faut au moins trois mi-nutes pour lire un CV vi-déo. C’est plus long que delire un CV normal.Faut-il se lancer dansle CV vidéo ?Le CV dit “classique” fonc-tionne encore bien. Le CVvidéo n’intéresse pas spé-cialement les recruteurs.

RECUEILLIS PAR N.D.!D

A vos blogs !FILON. Pour se faireconnaître, un blog estune bonne vitrine. Posterses travaux réalisés pen-dant ses études, ses pro-jets, son CV sur son blogpermet à un employeurde mieux connaître sonéventuel futur employé.“Il faut savoir se faire dé-sirer en tant que produitet utiliser tous les canauxvirtuels qui existent”,insiste Frédéric Canevet,responsable de conseil-marketing.fr. Et souventça marche, comme Elisaqui s’est vu proposer

un entretien d’embaucheà la suite de l’ouverturede son blog. “Le réseauvirtuel est un moyen denouer des relations effica-cement”, commente-t-elle. Et pour les jeunesdiplômés, utiliser Inter-net est rarement un pro-blème. Alors, à vos blogs !

RECUEILLIS PAR N.D.!D

Zoom

DR

N. DEBOT!DUCLOYERWWW.METROFRANCE.COM

Et Twitter ?

A la première approcheTwitter ne paraît pas trèssimple d’utilisation. Unefois le langage assimilé –beaucoup d’informations

en très peu de mots –,il peut s’utiliser pour fairepart de son actualitéprofessionnelle en tempsréel. Beaucoup d’offresd’emploi dans le domainede l’informatique et de

l’Internet sont d’abordpostées sur Twitter puis surles sites d’offres d’emploi.Il suffit juste de suivre(“follow” en langageTwitter) les bonnespersonnes.

5 %Sur 200 000 personnesinscrites à viadeo.fr,5 % d’entre elles sontdes jeunes diplômés.Un cadre sur deuxparisien est inscritsur viadeo.fr. Linkedlncompte 70 millions demembres.

“Je conseilled’avoir deuxprofils : un pro etun pour les amis.”FRÉDÉRIC CANEVET, RESPONSABLEDE CONSEILMARKETING.FR

“Si un CV est bienécrit, l’employeur

voit ce quil’intéresse tout

de suite.”JACQUES FROISSANT

DR

CV VIDÉO OU CV CLASSIQUEQUEL EST LE PLUS EFFICACE ?

Page 9: Metro paris  dossier emploi

“L’Angleterreoffre plusde chances”“C’est avec Erasmus au paysde Galles que j’ai eu le coupde cœur pour la Grande-Bre-tagne. Je suis quand mêmerentrée en France pour faireun master de traduction àLille mais ça ne me plaisaitpas vraiment et je suis re-partie tenter ma chancedans une université an-glaise l’année d’après”, pré-cise Lucie. “J’ai obtenu monmaster de traduction etd’interprétariat en 2007 àl’université de Bath. En-suite, pendant dix mois j’aitravaillé comme serveuseavant de trouver le job demes rêves ! Je suis désor-mais traductrice chez Sony.L’Angleterre donne plus dechances aux jeunes diplô-més et c’est pour ça que jesuis restée. J'ai vu les oppor-tunités qui se présentaientà la sortie de mon master etje me suis dit : ‘Jamais jetrouverais ça en France, sur-tout à la sortie de la fac.’

Ici, quand tu as un di-plôme anglais et que ta

langue maternelle est lefrançais, tu as forcément unjob à la clé. Et puis, les sa-laires sont bien plus élevéset les possibilités d’évolu-tion aussi. Si je décidais derentrer travailler en France,il faudrait d'abord que jeconsacre plusieurs mois àma réintégration à la cul-ture française !” N.D!D

www.metrofrance.com22LUNDI 20 SEPTEMBRE 2010plus

Partir à l’étranger,la bonne pioche ?Pascal, !" ans, est parti travailler au Canada avant de revenir en France Lucie, !# ans, travaille

depuis deux ans en Grande-Bretagne Parcours croisés de jeunes diplômés qui ont choisi de s’expatrier

Le recrutement des jeunesdiplômés redémarre timide-ment mais pas pour tous lesmétiers. Metro a demandé àLaurence Bricteux, direc-trice marketing du site derecherche d’emploi en ligneMonster, quels sont les sec-teurs qui embauchent leplus en ce moment.

• LE SECTEURDE L’ÉNERGIEL’énergie est un gros pour-voyeur d’emplois mais ilexiste peu de diplômes dansle domaine. Les entreprisesde l’énergie embauchentsouvent des jeunes qui ont

un diplôme d’ingénieur etqui ont fait une spécialisa-tion dans l’énergie.

• LES SECTEURS ENRECHERCHE DE“JEUNES PROFILS”On n’y pense peu mais lecommerce en ligne recrutebeaucoup de candidats.Pas besoin d’avoir énormé-ment d’expérience pour cestypes de postes, les di-plômes demandés sont gé-néralement moins élevésque dans le secteur du com-merce “classique”.

La santé et le tourismeembauchent également

beaucoup de jeunes diplô-més. Selon les études sui-vies (du BEP au master), lesembauchés ont souventmoins de 25 ans.

• LES SECTEURSDITS “CLASSIQUES”Les métiers de la finance, dela banque et aussi de lacommunication n’hésitentpas à embaucher des jeunesdiplômés. Avant d’être défi-nitivement installés dansl’entreprise, ils ont souventeffectué un stage et un ouplusieurs CDD. “Une entréeclassique dans ces secteurs”,selon Laurence Bricteux.

Les collectivités territo-riales bénéficient égale-ment d’un grand vivier dejeunes tout juste sortis deleur formation. Ces derniersont souvent été stagiairesau sein de la collectivitéavant d’être embauchés.

Du côté des grandes en-treprises, le recrutementdes jeunes diplômés re-prend. S’ils ont peu d’expé-rience, ce n’est pasforcément un problème carles entreprises les intègrentsouvent dans des processusde recrutement afin de lesformer.

N.D!D

Ces secteurs qui recrutent

“Le Canadam’a renduplusmobile”“En mai 2009, je suis partide Marseille pour aller àMontréal. J’avais obtenumon diplôme de master enéconomie des entreprisesdepuis deux ans et demi etje travaillais comme con-seiller de clientèle dans uneagence bancaire. J’ai dé-marré dans la vie active toutde suite après l’université etj’ai ressenti le besoin de vi-vre une expérience à l’étran-ger pour découvrir autrechose”, explique Pascal.

“Le déclic est venu d’unami d’enfance qui étaitparti au Canada avec unvisa permis vacances travail(PVT). Ce visa autorise unFrançais à travailler un anpartout au Canada. Là-basj’ai fait quelques petits bou-lots via des agences d’inté-rim. Vivre à Montréal m’apermis de partager une co-location avec des Québé-cois, des Mexicains et des

Français. J’ai passé des moisinoubliables. Je n’étais pasparti dans l’esprit d’immi-grer mais plutôt pour faireune pause. S’il est vraiqu’au Canada, les salairessont plus élevés à un niveaud’études équivalent, il fautdécrocher ses diplômesdans le pays d’accueil pourpouvoir prétendre à des

postes à responsabilité, etles universités coûtent trèscher. Je suis rentré enFrance en décembre 2009 etj’ai trouvé du travail rapide-ment dans une compagnied’assurances à Lyon. Travail-ler au Canada m’a renduplus mobile et je suis proba-blement plus adaptablemaintenant.” N.D!D

“Il faut décrocherses diplômesdans le paysd’accueilpour pouvoirprétendre àdes postes àresponsabilité.”PASCAL

DR

“Ici, si tu as undiplôme anglaiset que tu parlesfrançais, tu trouvesforcément un job.”LUCIE

DR

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En chi!res

Ils embauchent les jeunes diplômés.

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Pascal, 27 ans, jeune diplomé, a travaillé au Canada pour acquérir de l’expérience.

Lucié, 27 ans.

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En pourcentage

Page 10: Metro paris  dossier emploi

!" plus www.metrofrance.com!"#$% &' ()*+),-.) &'/'

Savoir mettre en valeur son CV, bien négocier son premier salaire... Amélie Fray, responsable des res-sources humaines pour Leroy Merlin, nous conseille pour passer avec succès l’étape de l’entretien d’embauche

“PENDANT L’ENTRETIEN,RESTEZ SPONTANÉ !”

Comment préparer son pre#mier entretien d$embauche ?

Il est crucial que le jeunediplômé se renseigne surl’entreprise. Il doit faire lepoint sur les métiers et lespostes proposés, et mettreen relation son parcours etson expérience profession-nelle par rapport au posteauquel il postule.

Recherchez-vous des candidatsvia les réseaux sociaux ?

Nous comptons en faitbeaucoup sur les réseauxsociaux traditionnels.Notre sourcing reste avanttout les sites d’emploiet de recrutement. Lacooptation est égalementun moyen de recruter.

Comment le jeune diplômépeut-il mettre son peud’expérience en valeuraux yeux du recruteur ?

Dans un CV, il ne fautjamais oublier la partie“centres d’intérêt”. Aucours de l’entretien d’em-bauche, si le jeune n’a pasd’expérience profession-nelle, il pourra néanmoinspartager ses expériencessportives ou associatives.Il témoignera ainsi dequalités comme l’espritd’initiative, d’ouverture,d’adaptabilité et de sou-plesse, ce qui facilitera,pour le recruteur, la miseen perspective sur le poste.

Avoir eu des expériencesprofessionnelles aupara-vant est bien sûr toujoursun plus sur une candida-ture, même si ce sont desjobs d’été.

Comment un jeune diplômédoit#il se comporter enentretien d$embauche ?Mieux vaut rester

simple, sincère et spon-tané. Un jeune trop sûr delui, alors qu’il n’a que peud’expérience, ne sera pasforcément bien perçu par

le recruteur.

Si lors d$un entretien uncandidat panique, quelsconseils lui donneriez#vous ?

Le tout premierentretien peut être parfoisanxiogène. Le candidatdoit continuer de montrerson intérêt pour le poste,rester concentré, àl’écoute, et reformulerles questions s’il ne com-prend pas.

Combien de temps dureun entretien au sein devotre entreprise ?

Tout dépend des régionset du poste, mais celava généralement de45 minutes à une heure.

Comment bien négocierson premier salaire ?

Ce n’est surtout pasune question à aborder deprime abord avec le recru-teur ! C’est mieux pour lecandidat d’aborder la ques-tion à la fin de l’entretienet, si possible, d’attendreque le recruteur la pose.

A compétences égales,qu$est#ce qui fait, pour vous,la différence entre deuxcandidats ?

L’esprit d’entreprise,le goût de l’autonomie etle sens des responsabilitésferont la différence. Uneouverture d’esprit et lavolonté de grandir au seinde l’entreprise sont aussitrès importantes.

La mobilité géographiqueest#elle un atout chez unjeune diplômé ?

La mobilité ouvreun champ des possiblesimportant. Je conseilled’avoir une vraie réflexionsur la mobilité, ellepermet d’évoluer plusfacilement au sein d’uneentreprise.

“Mieux vautaborder la

question de larémunération enfin d’entretien.”

AMÉLIE FRAY

“Un jeune tropsûr de lui, alorsqu’il n’a que peud’expérience, ne

sera pasforcément bien

vu par lerecruteur.”

AMÉLIE FRAY N. DEBOT!DUCLOYERWWW.METROFRANCE.COM

Amélie Fray, responsable des ressources humaines.

NICOLAS RICHOFFER/METRO

Salaires de débutants,quelques exemples

Faire son stageaux... NationsuniesASSOCIATION. Pour unjeune sans relations, nivraies ressources finan-cières, partir à l’étrangerpour effectuer un stagedans une organisation

internationale, commel’ONU, reste un rêveinaccessible. Créée en2010, l’associationARIEtta souhaite fairebouger les choses. Ellese donne pour but d’aiderles jeunes à découvrirl’univers de ces grandesstructures prestigieuses.ARIEtta, imaginée parla Mission des fonction-naires internationaux,souhaite, à terme, deve-nir un vivier pour facili-ter la relève des Françaisservant dans les organisa-tions internationales. Fin2010, ARIEtta espère êtreen mesure d’offrir une di-zaine de bourses à desjeunes, en master II,ayant candidaté et étantretenus par une organisa-tion pour y faire un stagede quatre à six mois.

N.D.!D

Plus d’infos www.arietta.fr etwww.diplomatie.gouv.fr/mfi

En brefCORBIS

• Secrétariat de directionRémunération globalebrute : 23 430 euros par an.Niveau de diplôme : BTS,licence ou maîtrise. Laconnaissance d’une ou deplusieurs langues étran-gères est importante.

• Assistant marketingRémunération globalebrute : 24 280 euros par an.Niveau de diplôme :master dans une école decommerce ou une écoled’ingénieurs.

• Ingénieurtechnico-commercialRémunération globalebrute : 32 890 euros par an.Niveau de diplôme : BTSou DUT.

• Assistant achatRémunération globalebrute : 21 000 euros par an.Niveau de diplôme :BTS, licence ou masterdans une école de com-merce ou d’ingénieur.C’est une fonction trèsaccessible aux jeunesdiplômés.

• Assistant exportRémunération globalebrute : 20 540 euros par an.Niveau de diplôme :licence ou master dansune école de commerceou d’ingénieurs.

• Assistant RHRémunération globalebrute : 21 620 euros par an.Niveau de diplôme : mas-ter 1 ou 2 dans une écolede commerce, à l’univer-sité ou dans un IEP (insti-tut d’études politiques)

• Juriste d’entrepriseRémunération globalebrute : 30 150 euros par an.Niveau de diplôme :master 1 ou master 2 avecune spécialisation dans ledomaine d’activité de l’en-treprise.

N.D.!D

Infos sur www.guide-des-salaires.com. Les nouveauxchiffres de l’Apec sur les jeunesdiplômés pour "##$ paraîtrontle "$ septembre.

BANQUE ETASSURANCE

COMMERCERESSOURCESHUMAINES

JURIDIQUE

Page 11: Metro paris  dossier emploi

www.metrofrance.com 23lundi 21 mars 2011

Michaël Jérémiasz, 29 ans,est handicapé depuis dixans suite à une mauvaisechute de ski. Un accidentqui ne l’a pas empêché dedevenir joueur de tennisprofessionnel en fauteuil.Aujourd’hui, il milite pourque les personnes en situa-tion de handicap soientplus autonomes, y comprisau travail. Il a créé une asso-ciation “Comme les autres”et a co-écrit un livre : Tantd’histoires pour un fauteuil,(Michel Lafon). Rencontre.

Pour vous, quelle sont les rai-sons qui peuvent empêcherune personne en situation dehandicap de trouver sa placedans le monde du travail ?Ce sont les problèmes

d’accessibilité. Les per-sonnes en situation de han-dicap on peu d’accès àl’emploi car l’accès à laplupart des entreprises estcompliqué et les postes de

travail sont rarement amé-nagé. L’autre problèmec’est la sous-qualificationdes personnes en situationde handicap.

Vous parlez de sous-qualifica-tion, pensez-vous que lespersonnes en situation dehandicap ont du mal à accéderà l’éducation ?Oui. Dès l’enfance, ces

personnes sont rassem-blées dans des établisse-ments spécialisés, ellesn’ont pas accès à la société.Dès l’école, elles sont dis-criminées. Si on mettaitdes valides et des handica-pés dans les mêmesclasses, ils seraient capa-bles plus tard, de travaillerefficacement ensembledans les entreprises.

Au travail, quels sont lesprincipaux problèmes querencontre un salarié ensituation de handicap ?

Souvent, les autres sala-riés ne savent pas com-ment réagir. Ils sont mal àl’aise car ils ont du mal àcomprendre la différence.Le problème vient aussi dumanque d’informations. Ilfaudrait des conférencessur le handicap en entre-prise, de la sensibilisationdans les écoles … Certainesactions sont déjà menéesdans ce sens mais ellessont minimes. Il faut mon-trer que le handicap estaussi synonyme de mala-die, de souffrance. Il y ades comportements à adop-ter face à ça.

Etes-vous souvent discriminésen tant que personne en situa-tion de handicap ?Malgré mon statut de

sportif professionnel oùje suis reconnu commehandicapé, la discrimina-tion, j’y fais face chaquejours. Parfois, j’ai des fa-

veurs comme le jour où unpolicier ne m’a pas verba-lisé quand il a vu mon fau-teuil, d’autre fois, lespersonnes adoptent descomportements gênantspour moi, en me touchantla tête par exemple.

Pensez-vous que la luttecontre les discriminations autravail est encore un longcombat ?Oui, beaucoup de

personnes en situation dehandicap sont au chômage.La loi handicap de 2005n’est pas assez forte pourchanger les choses. Etbeaucoup de salariésn’osent pas se déclarertravailleur handicapé parpeur de perdre leur boulotou de ne plus être traitésnormalement.

noémie d.-ducloyerwww.meTRofRance.com

Il a écrit Tant d’histoires pour un fauteuil“Ladiscrimation, j’y fais face tous les jours”

michel lafon

Michaël Jérémiasz.

Page 12: Metro paris  dossier emploi

www.metrofrance.com��Lundi 21 mARs 2011plus

zOé duCOuRNAu /METRO

Sur les bords du canal Saint-Martin à Paris, La Ruche est un espace collaboratif où les entrepreneurs sociauxviennent résider. Metro les a rencontrés à l’occasion de leur déjeuner du vendredi.

À La Ruche,

les idéesbourdonnent

omme tous les ven-dredis à midi, laplupart des rési-dents de La Rucheviennent “buzzer”

pendant le déjeuner. Dansla cuisine, lieu convivial oùles idées fusent à longueur

de journée, chacun apportesa bonne nouvelle de la se-maine en faisant retentirune petite sonnette. Autourde la table : que des entre-preneurs sociaux. “Le par-tage est très important,commente Charlotte Hoch-

man, la créatrice de LaRuche. Les entrepreneursdoivent se sentir commechez eux.” Elle a importé ceconcept des pays anglo-saxons. “En revenant enFrance il y a trois ans, jetrouvais qu’il manquait un

espace pour les innovationssociales. Je voulais lier lesgens aux initiatives sépa-rées”, explique-t-elle.

Café dans une main etportable dans l’autre, Gil-berte Caron semble à sonaise. Elle est la créatrice deFil rouge conseil et média-tion, une entreprise deressources humaines “lu-diques”. Elle a rejoint LaRuche en juin dernier avec16 autres entrepreneurs so-ciaux. Aujourd’hui, LaRuche compte plus de 80 ré-sidents. “Malgré des critèrestrès sélectifs, on est tou-jours plein”, continue Char-lotte Hochman. Pour êtreadmissible, il faut avoir unprojet social innovant quirépond à un défi de société.C’est le cas de Malik Badsi,26 ans, qui a créé L’entre-prise Yoola afin de rendreaccessibles les évÉnementssportifs aux personnes ensituation de handicap. Pourson premier projet, il a or-ganisé un voyage en Afriquedu Sud pour la Coupe dumonde de football. Un évé-

nement qui fut un réel suc-cès. Pour ce jeune entrepre-neur, travailler à La Ruchelui a permis d’agrandir sonréseau. “Le fait d’être ici ou-vre des portes, on partagenos savoir-faire”, s’enthou-siasme-t-il.

Dans l’open space de600 mètres carrés au décorde bois et de verdure,beaucoup d’entreprises tra-vaillent sur le thème de ladiversité. Certaines ont pristellement d’importancequ’elles ont dû partir de LaRuche. Comme Mozaïk RH,un cabinet de recrutementspécialisé créé par SaïdHammouche. Son objectif :dénicher “les vrais talents”dans les quartiers de ban-

lieues. Ceux qui ont fait desétudes mais qui n’ont au-cun réseau. “Ces jeunessont souvent confrontésaux préjugés, explique Ma-riam Khattab, la responsa-ble du recrutement deMozaÏk RH, nous les accom-pagnons dans leur dé-marche pour trouver unemploi et les recruteurssont souvent épatés par lavariété des profils.” Au-jourd’hui, le modèle écono-mique sociale et solidairede La Ruche a prouvé qu’ilfonctionne et d’autres struc-tures semblables devraientnaître en France avec desentrepreneurs tout aussi en-thousiastes qu’à Paris.Comme autour de cette ta-ble du déjeuner où l’assem-blée a grossi et où lesbonnes nouvelles ne s’arrê-tent plus.

Passer une journée à LaRuche c’est comme avoirbutiné des idées toute lajournée.

C

noéMie d.-ducloyerwww.METROFRANCE.COM

Comment lancer son en-treprise solidaire ? Cathe-rine Leroy -Jay, membred’Ashoka, une organisa-tion internationale quiparticipe à la structura-tion et au développementdu secteur de l’entrepre-neuriat social, donne iciquelques conseils.• Qu’est-ce qu’un entrepre-neur social ?

Il intervient dans desdomaines variés comme lasanté, l’éducation, la luttecontre les discriminationsetc. Son objectif premier

n’est pas le profit mais larésolution d’un problèmesociétal.• Quel profil faut-il avoirpour être un bon entrepre-neur social ?

Les études importentpeu. Le plus important,c’est d’être novateur etavoir envie de changer leschoses.• Quelles compétences parti-culières doit avoir un entre-preneur social ?

Il doit avoir les mêmescompétences que tout en-trepreneur, comme la vi-

sion à long terme, la téna-cité, etc. Mais il doit aussifaire preuve de désintéres-sement et d’altruisme.• Faut-il un budget consé-quent pour se lancer dansl’entrepreneuriat social ?

Il faut surtout y consa-crer beaucoup de temps etd’énergie. Il existe de plusen plus de fonds de sou-tien pour les entrepre-neurs sociaux quidémarrent, notammentau niveau régional.Plus d’infos surwww.ashoka.asso.fr

Des clés pour allervers l’entrepreneuriat social

“Grâce à La Ruche,je peux donnervie à mon projeten faveur despersonnesen situationde handicap.”Malik Badsi

A l’heure du déjeuner, les résidents de La Ruche échangent leurs bonnes pratiques .

spécial diversité