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Politiques urbaines & biodiversité Recueil d’actions de villes et agglomérations françaises et européennes ©Laurent Geslin

NATUREPARIF: Politiques urbaines et biodiversité

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  1. 1. Politiques urbaines & biodiversit Recueil dactions de villes et agglomrations franaises et europennes LaurentGeslin 001_001_112-RecueilFinal_Mise en page 1 10/04/12 09:58 PageI
  2. 2. Partenaires Edition : Gilles Lecuir (Natureparif) +33 (0)1 75 77 79 00 Retranscription : Laurent Bonnafous +33 (0)6 98 51 83 00 Conception Mise en page : PPC +33 (0)1 45 72 70 17 Impression : Lecaux-Ocep +33 (0)1 45 78 50 60. Imprim avec des encres vgtales sur papier Satimat Green (60 % de fibres recycles, 40 % de fibres vierges FSC), un papier certifi FSC, ISO 14001 et ISO 9001, pour une gestion durable des forts. Crdits photos : Natureparif, Jessica David, les intervenants et leur structure (sauf mention) Directrice de la publication : Stphanie Lux, Directrice de Natureparif. Paris, avril 2012. Ce recueil est disponible en tlchargement sur www.natureparif.fr 001_001_112-RecueilFinal_Mise en page 1 10/04/12 09:58 PageII
  3. 3. Politiques urbaines et biodiversit La biodiversit et les cosystmes sont la base de notre alimentation, de notre sant et de nos activits. Ils sont le gage du bon fonctionnement et de lquilibre dynamique de notre plante. Durant plusieurs dcennies, les villes se sont dveloppes en faisant abstraction de la nature qui les entourait. Ltalement urbain, limpermabilisation des sols, la gestion intensive des espaces sont autant de causes drosion de la biodiversit dans les villes. Ce fonctionnement nest pas viable et est synonyme de surcots pour les collectivits sur le long terme. Les dpenses en frais de sant, de dpollution, de renaturation, de reconfi- guration urbaine sont la consquence de la disparition de la vgtation, de la fermeture des sols, de la fuite des pollinisateurs qui assurent en temps normal dinnombrables services la collectivit. En ces temps de crises, lus et techniciens ont la responsabilit dinvestir sur le long terme dans ce potentiel naturel et de mettre en uvre des politiques dcologie urbaine pour assurer le retour du bon fonctionnement des cosystmes, et favoriser ainsi le bien-tre et la sant de leurs citoyens. La ville doit devenir un cosystme part entire dans lequel la biodiversit est un lment cl de son fonctionnement. Les villes ont un rle majeur pour enrayer le recul acclr de la biodiversit. Sur leur propre territoire, en y renforant la place de la nature, en vitant de staler sur les espaces naturels, en sensibilisant les citadins (75 % de la population en France). Au-del de leur territoire, afin de rduire leur empreinte cologique en favorisant notamment le dveloppement de circuits courts, lusage de matriaux renouvelables Vous trouverez rassembls dans ce recueil des exemples dactions de villes et agglomrations franaises mais aussi suisses, belges ou allemandes. Il a t ralis dans le cadre de la Rencontre organise par la Mairie de Paris et Natureparif avec de nombreux partenaires le 24 janvier 2012, lauditorium de lHtel de Ville de Paris. Cette rencontre sinscrivait dans lengagement pris par les organisateurs et leurs partenaires contribuer au Plan daction sur les villes et la biodiversit approuv Nagoya en octobre 2010. Ce document regroupe le compte-rendu dtaill des interventions ralises lors de la rencontre ainsi que quelques-uns des changes entre participants, et des fiches dcrivant de manire plus synthtique dautres actions exemplaires des villes et agglomrations franaises et europennes. Nous sommes persuads quil vous sera utile et que ces expriences claireront votre propre action en faveur de la biodiversit. POLITIQUES URBAINES & BIODIVERSIT 001_001_112-RecueilFinal_Mise en page 1 13/04/12 12:13 Page1
  4. 4. SOMMAIRE PRAMBULE.......................................................................................................................................................................... 3 Anne HIDALGO, Premire adjointe au Maire de Paris .............................................................................................................. 6 Liliane PAYS, prsidente de Natureparif .................................................................................................................................... 8 Didier BABIN, administrateur principal du programme biodiversit pour le dveloppement et lradication de la pauvret, secrtariat de la Convention sur la Diversit Biologique (CDB), a donn lecture du message du docteur Ahmed Djoghlaf, ancien Secrtaire excutif de la Convention sur la diversit biologique (CDB) ......................... 10 INTRODUCTION .............................................................................................................................................................. 13 LA BIODIVERSIT ET LES COSYSTMES SONT ESSENTIELS AU BON FONCTIONNEMENT DES VILLES ................................. 15 Jacques WEBER, anthropologue et conomiste ....................................................................................................................... 15 CONCILIER NATURE ET CROISSANCE URBAINE ........................................................................ 19 MATRISER LTALEMENT URBAIN GRCE AUX OUTILS DE PLANIFICATION ET DURBANISME............................................... 21 La prise en compte de la biodiversit dans le SCoT du Pays de Rennes ................................................................................. 21 CONSTRUCTION ET BIODIVERSIT EN MILIEU URBAIN............................................................................................................... 25 Le coefficient de biotope par surface Berlin (Allemagne) ..................................................................................................... 25 Lexemple de lcoquartier du Squ Bayonne ...................................................................................................................... 29 Le rfrentiel Un amnagement durable pour Paris ........................................................................................................ 33 Mise en place du guide AURA (Amliorer lUrbanisme par un Rfrentiel dAmnagement) Montpellier........................... 35 TRAME VERTE ET BLEUE, RENFORCER LA QUALITE DES MILIEUX NATURELS EN VILLE........................................................................ 37 RENATURATION DES COURS DEAU ET LUTTE CONTRE LES POLLUTIONS ................................................................................ 39 Lexemple de la rivire Isar en milieu urbain Munich (Allemagne) ....................................................................................... 39 Renaturation de la Versoix urbaine dans le canton de Genve (Suisse) ................................................................................... 43 La restauration et la gestion des barthes de la Nive : la Plaine dAnsot Bayonne................................................................. 45 Bassin versant de la source dArcier : diminution de lemploi des pesticides et dveloppement de lagriculture biologique Besanon...................................................................................................................................... 47 La Prairie Saint-Gouesnou dans lagglomration brestoise ..................................................................................................... 49 Recration de milieux humides en lieu et place dune ancienne station dpuration dans lagglomration nantaise............ 51 MULTIPLIER ET DCLOISONNER LES LIEUX DE VGTATION ..................................................................................................... 53 La trame verte et bleue dans laire urbaine de Strasbourg ...................................................................................................... 53 La trame verte et bleue dans laire urbaine de Bruxelles (Belgique) ....................................................................................... 57 La trame verte et bleue cur dagglomration dans lagglomration dunkerquoise........................................................ 61 Mise en uvre de la trame verte et bleue mtropolitaine lilloise............................................................................................. 63 Schma de rseau vert et stratgie de gestion des friches et dlaisss urbains Montpellier.............................................. 65 Renaturation de lespace de la Grande Plaine Toulouse ........................................................................................................ 67 Mesure damnagement paysager du schma dagglomration franco-valdo-genevois (France et Suisse) ......................... 69 1 2 2 RECUEIL DACTIONS DE VILLES ET AGGLOMRATIONS FRANAISES ET EUROPENNES 001_001_112-RecueilFinal_Mise en page 1 19/04/12 15:11 Page2
  5. 5. 3 POLITIQUES URBAINES & BIODIVERSIT REDUIRE LEMPREINTE DES VILLES SUR LA NATURE ET LA BIODIVERSIT .... 71 CIRCUITS COURTS .......................................................................................................................................................................... 73 Valorisation des friches agricoles, conomie de proximit et circuits courts dans lagglomration nantaise ........................ 73 Programme dinterventions pour le dveloppement dune agriculture urbaine dans lagglomration bordelaise................. 77 Le projet de construction cologique ECO46 Lausanne (Suisse) ........................................................................................... 79 COOPRATION DCENTRALISE INTERNATIONALE.................................................................................................................... 81 LAlliance mondiale des villes et gouvernements pour sauver la biodiversit de la rgion mditerranenne ....................... 81 Grenoble et la protection de la ceinture verte de Ouagadougou (Burkina-Faso) ..................................................................... 83 Coopration dcentralise entre la Ville de Paris et la Wilaya dAlger (Algrie) ..................................................................... 85 DES OUTILS POUR LA BIODIVERSITE................................................................................................... 87 Focus sur le Plan Biodiversit de la Ville de Paris .................................................................................................................... 89 Lexemple de lIndex de Singapour : 23 indicateurs de biodiversit. Le tmoignage de la Ville de Montpellier ..................... 93 Conseil de la biodiversit de la Ville de Nantes......................................................................................................................... 97 Plan dactions Biodiversit de la Ville de Montpellier ............................................................................................................... 99 Plan Biodiversit de la Ville dOrlans..................................................................................................................................... 101 CLTURE ............................................................................................................................................................................ 103 Christophe LEFEBVRE, prsident du Comit franais de lUnion internationale pour la Conservation de la nature (UICN) ............................................................................................................................ 105 DCLARATION ............................................................................................................................................................... 107 Les reprsentants de lAMF, lAMGVF, lAdCF et lACUF .......................................................................................................... 109 REMERCIEMENTS ....................................................................................................................................................... 112 Liste des intervenants.............................................................................................................................................................. 112 4 3 001_001_112-RecueilFinal_Mise en page 1 19/04/12 15:12 Page3
  6. 6. LaurentGeslin 001_001_112-RecueilFinal_Mise en page 1 05/04/12 16:19 Page4
  7. 7. PRAMBULE POLITIQUES URBAINES & BIODIVERSIT 001_001_108-RecueilFinal_Mise en page 1 05/04/12 10:31 Page5
  8. 8. INTERVENANTS 6 RECUEIL DACTIONS DE VILLES ET AGGLOMRATIONS FRANAISES ET EUROPENNES Bien que Paris soit lun des territoires les plus denses au monde, Paris a fait de lcologie urbaine un des piliers de sa politique. Aprs adoption de son nouveau Plan de dplacement urbain, la Ville a dans un premier temps abord la biodiversit au travers de son Plan Climat. Mais laction sest acclre partir de 2007 travers la cration de nouveaux parcs. En 2011, le Conseil de Paris a adopt le Plan Biodiversit de Paris qui prvoit la mise en place dun observatoire et lintgration de la dimension de la biodiversit spontane dans toutes les poli- tiques et directions sectorielles grce lengagement du tissu associatif. Le renforcement des corridors dont celui, majeur, de la Seine et lintgration du vivant aux btiments en projet, mais aussi au bti existant font partie des axes structurants visant rendre la capitale franaise permable une biodiversit qui doit tre accessible la population. Cet effort dpasse naturellement les limites de la commune et ncessite un dialogue avec ltat et les autres collectivits limitrophes. Paris est engage depuis longtemps dans le combat pour la biodiversit. Ds 2001, la nouvelle quipe municipale a fait de lcologie urbaine un pilier de laction de la Ville. Dabord en partant du lien entre environnement et sant publique, tout dabord en ce qui concerne les effets de pollution de lair, notamment sur la sant des enfants et des personnes ges ou atteintes de troubles respiratoires. Un plan de dplace- ment urbain a t labor, privilgiant les transports collectifs moins polluants. Sur la base du bilan carbone de Paris effectu en 2005, un dbat citoyen a t organis autour du futur Plan Climat de Paris, au cours duquel la question de la biodiversit a largement t voque. Cest sous limpulsion de Fabienne Giboudeaux, Adjointe au Maire de Paris en charge des Espaces verts lors de cette seconde mandature, que la biodiversit est devenue un lment structurant de la politique de Paris. Cela nest pas simple dans notre ville, qui est dense. Nous avons pourtant cr 32 nouveaux hectares despaces verts durant la premire mandature et 30 durant la deuxime. Mais comment faire en sorte que les espces dle-de-France se dveloppent Paris ? Le travail effectu avec les associations nous a permis deffectuer un pas supplmentaire. Un observatoire de la biodiversit est Anne HIDALGO Premire adjointe au Maire de Paris Regroupant 2,2 millions dhabitants sur 105 km2 , Paris est lune des plus petites et plus denses villes du monde. La Seine simpose comme son corridor cologique majeur, que la Ville de Paris entend mieux connatre et soutenir tout en multipliant les connexions lchelle de mailles trs fines. 001_001_112-RecueilFinal_Mise en page 1 13/04/12 13:10 Page6
  9. 9. actuellement mis en place, mais il a aussi fallu intgrer limpratif de la biodiversit dans les politiques structurantes de la Ville, donc dans les outils et choix durbanisme. Ceci est difficile, car il faut affronter les diffrences entre les cultures des mtiers du btiment et de la nature, qui ne communiquent pas spontanment. Il fallait donc aussi travailler sur la dimension mtropolitaine, car la nature ignore les frontires adminis- tratives. Un travail va donc t effectu sur les corridors cologiques de toutes tailles qui permettent au dplacement aux espces de ne pas tre entraves dans leur dplacement par les activits humaines. Paris souhaite reconqurir les voies sur berges qui forment aujourdhui une autoroute urbaine situe dans un site magnifique class au patrimoine mondial de lUnesco pour profiter dun espace de respiration, de dtente, de promenade et dchange, en mme temps que de circulation de la biodiversit. De fait, ce projet est aujourdhui bloqu par une dcision du Premier ministre. La Ville analyse la solidit de cette dcision sur le plan juridique, mais ne renoncera pas du point de vue politique et dans son action auprs des citoyens de Paris, puisquil sagit dun des espaces exceptionnels reconqurir, notamment du point de vue de la nature et de la pdagogie qui doit laccompagner. La Ville travaille aussi un plan sur lintgration de la nature aux btiments. Un plan de dveloppement des toitures vgtalises est ainsi en laboration. Les cahiers des charges de la plupart des projets actuels de btiments publics intgrent cet lment. Mais cela concerne aussi les btiments des annes 1960 et 1970, dont les toits plats se prtent souvent la ralisation de terrasses vgtalises. Au-del de limpact sur labsorption du carbone et lintrt paysager, nous voulons que les Parisiens puissent y accder. Cest pourquoi nous prparons des projets de jardins partags situs sur les toits des immeubles. Ces projets constituent lun des volets du plan Biodiversit de la Ville de Paris. www.paris.fr PRAMBULE 7 POLITIQUES URBAINES & BIODIVERSIT LaurentGeslin 001_001_112-RecueilFinal_Mise en page 1 13/04/12 13:11 Page7
  10. 10. INTERVENANTS 8 RECUEIL DACTIONS DE VILLES ET AGGLOMRATIONS FRANAISES ET EUROPENNES En milieu urbain, la gestion cologique des espaces verts joue un rle positif dterminant sur la biodiversit. Cest pour encourager ce mouvement que Natureparif, avec lassociation Plante & Cit a cr le label Ecojardin, rfrence de gestion cologique des espaces ouverts au public. Lagence organise par ailleurs le concours annuel Capitale franaise de la biodiversit quelle organise et qui permet aux collectivits de partager leurs actions concrtes en la matire. Il constitue un excellent outil de sensibilisation interne et externe et mettra cette anne laccent sur les relations entre biodiversit et citoyennet. Car seule la mutualisation des meilleures pratiques permettra lamlioration rapide des politiques et de leurs impacts. Lintrt croissant de nombreux lus et techniciens des collectivits pour la biodiversit tmoigne de la prise en compte de notre sujet. Cette prise de conscience, Natureparif, agence rgionale pour la biodiversit et la nature en le-de-France, la constate au quotidien. Natureparif, cre en 2008 et premire de son genre en Europe, est entirement ddie lobservation et la dfense de la nature et de la biodiversit. De statut associatif, elle regroupe ltat, la Rgion, les collectivits locales, les associations de protection de lenvironnement, les tablissements denseignement suprieur et de recherche, les chambres consulaires, les fdrations professionnelles et les entreprises publiques et prives. Ces partenaires dbattent, mais surtout agissent pour la biodiversit. Notre agence vient de publier pour la deuxime anne un tat des lieux de la biodiversit en le-de-France, spcialement consacr la mesure de la rsilience de la nature francilienne : grce aux donnes recueillies au travers des programmes de science participative, nous dmontrons que labondance en papillons double dans les parcs et jardins grs sans pesticide. La gestion cologique des espaces verts est donc cruciale. Natureparif a aussi tabli la cartographie des pratiques des collectivits franciliennes en matire dusage des pesticides dans les espaces dont elles sont responsables. Ces pratiques ont t identifies dans 44 % des 1 281 communes : 72 % dentre elles ont cess dutiliser des pesticides dans les espaces verts. La plupart des grandes collectivits, mais aussi de plus modestes, a pris le virage. Il faut dsormais les accompagner pour quelles aillent au bout de leur dmarche, et pour faire en sorte quelles soient comprises et acceptes par les habitants. Cest pourquoi lassociation Plante & Cit a cr le label Ecojardin en partenariat avec neuf grandes villes dont Paris et Montpellier, mais aussi un matre douvrage priv, plusieurs rseaux professionnels, ainsi que Liliane PAYS Prsidente de Natureparif Le concours Capitale franaise de la biodiversit organis par Natureparif chaque anne permet didentifier et de valoriser les meilleures pratiques de nombreuses collectivits. 001_001_108-RecueilFinal_Mise en page 1 05/04/12 10:32 Page8
  11. 11. le Centre national de la fonction publique territoriale (CNFPT). Nouvelle rfrence cologique de gestion des espaces verts, ce label est la fois un outil technique et daide la dcision, mais aussi un formidable outil de communication auprs du public. Le groupe de travail qui a cr Ecojardin a choisi Natureparif pour lanimer au niveau national en sappuyant pour cela sur des audits raliss par des experts indpendants partir du printemps 2012. Notre agence est trs fire de ce partenariat qui nous aide faire progresser la cause de la biodiversit en ville, pour que demain, le plus grand nombre de parcs et jardins franais, mais aussi de cimetires et despaces naturels, puisse arborer le label Ecojardin. Une autre faon de faire connatre les actions des collectivits franaises est le concours Capitale franaise de la biodiversit. En 2010 et 2011, celui-ci, port par Natureparif dans le cadre dun programme europen, a rencontr un trs fort succs et permis de valoriser les actions concrtes de nombreuses collectivits. Il a aussi permis de recueillir les meilleures pratiques dont un certain nombre figurent dans ce recueil dactions et de tmoigner au niveau europen et international du dynamisme des collectivits et autorits locales pour la biodiversit. Il faut plus que jamais continuer faire connatre et comprendre laction des collectivits de France et dEurope, car cest partir de la mutualisation des connaissances et des expriences que peut natre un changement rapide. Cest dune volution positive, constructive et urgente des pratiques collectives dont la biodiversit a besoin dans nos villes et agglomrations, mais aussi, au-del, par leurs impacts au-del de leurs territoires. www.natureparif.fr PRAMBULE 9 POLITIQUES URBAINES & BIODIVERSIT LaurentGeslin 001_001_108-RecueilFinal_Mise en page 1 05/04/12 10:32 Page9
  12. 12. INTERVENANTS 10 RECUEIL DACTIONS DE VILLES ET AGGLOMRATIONS FRANAISES ET EUROPENNES Dans le cadre de lextinction acclre des espces et du changement climatique, limpact de lurbanisation croissance de la Terre sera llment dterminant du maintien des cosystmes et des services quils rendent. La responsabilit des autorits locales est multiple en raison de leur capacit atteindre des rsultats tangibles et convaincre les autres niveaux de gouvernance. Cest pourquoi le premier Sommet des Villes de Nagoya, en 2010, a adopt un Plan daction spcique lattention des autorits locales de tous rangs. lexemple de la cration rcente du rseau des Villes mditerranennes pour la biodiversit, leur contribution sera essentielle pour latteinte des objectifs dAichi. Alors que la CDB prpare une Initiative Rgions et Biodiversit, la mobilisation des autorits locales, grce aux efforts de Natureparif et de la Ville de Paris, est particulirement bienvenue. Cette action sera partage, comme celle dautres villes, lors du Sommet de Hyderabad, qui aura lieu en octobre 2012 en Inde. La biodiversit, cest la vie. La biodiversit, cest notre vie. Tel a t le slogan de la clbration, en 2010, de lAnne internationale de la biodiversit. Cependant, la biodiversit connat prsent un taux dextinction ingal, qui serait peut-tre mille fois suprieur celui du taux naturel de disparition des espces animales et vgtales. Aucun pays, aucun cosystme nest pargn. Lutilisation de lespace, tout comme les change- ments climatiques et les espces envahissantes, constitue une cause majeure de la disparition de la biodi- versit, rodant ainsi la capacit de la plante fournir les biens et services essentiels la survie de lHumanit. En effet, lurbanisation de notre plante est un phnomne inluctable. En 2050, plus des deux tiers de lhumanit vivront dans les villes. Lavenir de la biodiversit se joue donc dans les villes daujourdhui et de demain. Les autorits locales reprsentent le niveau de gouvernance le plus proche des populations. Planifi- cateurs de lamnagement du territoire, responsables, promoteurs et gestionnaires des infrastructures locales ont tous un rle essentiel jouer dans la gestion de la biodiversit, cruciale pour la ralisation du dveloppe- ment durable. Les actions locales ont la capacit de mener des rsultats tangibles et positifs qui sauront convaincre nombre dacteurs de la ncessit de sengager. Elles envoient aussi aux autres instances de Didier BABIN Administrateur principal du programme biodiversit pour le dveloppement et lradication de la pauvret, secrtariat de la Convention sur la Diversit Biologique (CDB), a donn lecture du message du docteur Ahmed Djoghlaf, ancien Secrtaire excutif de la Convention sur la diversit biologique (CDB) Plus de 200 lus et techniciens de villes et agglomrations franaises, europennes et mme canadiennes taient runis le 24 janvier 2012, lHtel de ville de Paris pour la rencontre Politiques urbaines et biodiversit . J.DAVID 001_001_108-RecueilFinal_Mise en page 1 05/04/12 10:32 Page10
  13. 13. gouvernement un message sur la ncessit dagir en synergie pour le bien-tre de la plante. Cest pour cela que le secrtariat de la CDB a lanc ds mars 2007 son initiative sur les villes et la biodiversit, qui a t couronne en octobre 2010 par la tenue du premier Sommet des villes et de la biodiversit Nagoya (Japon), en prsence de plus de 650 reprsentants de municipalits, dont 200 maires. Cette rencontre historique sest solde par ladoption dun plan ambitieux, ainsi que par ltablissement dun partenariat stratgique entre les dcideurs politiques nationaux reprsents par plus de 120 ministres de lEnvironnement et les autorits municipales. Le 29 octobre 2010, le Plan daction sur les gouvernements subnationaux et les villes et autres autorits locales pour la biodiversit a t adopt par les 18 600 partici- pants au Sommet, reprsentant les 193 tats parties la CDB et leurs partenaires. Ce plan prvoit le renforcement des capacits, la diffusion des meilleures pratiques, et encourage les gouver- nements nationaux collaborer et soutenir les efforts des gouvernements subnationaux, des villes et des autres autorits locales pour la mise en place de plans et de stratgie daction locaux. Sappuyant sur les expriences et les leons tires par les grandes villes et les tats, il inclut des recommandations aux tats sur la faon de mobiliser et de coordonner les actions locales sur la biodiversit. Le plan stratgique pour la biodiversit 2011-2020 comporte 20 objectifs ambitieux dits objectifs dAichi du nom de la prfecture japonaise qui accueillait le Sommet. Les autorits locales ont un rle majeur jouer pour les atteindre avant 2020. Outre leur rle dans le cadre du premier objectif sensibiliser tous les citoyens de la plante limportance de la protection de la biodiversit les acteurs locaux seront la cl du succs pour latteinte des objectifs concrets visant minimiser limpact de lactivit humaine sur la biodiversit, grer durablement lutilisation des terres et des ressources naturelles renouvelables, duquer le public et les citoyens de demain consommer de faon soutenable et engager un maximum dacteurs dans la lutte contre la perte de biodiversit et la dgradation des cosystmes. En ce dbut de la dcennie des Nations unies pour la biodiversit, il est temps de passer laction. La France est au premier rang des partenaires de ce plan daction. La ville de Montpellier a accueilli en dbut janvier 2011 la premire rencontre internationale de linitiative Villes et biodiversit, puisque durant une semaine. Puis, en janvier 2012, les maires et autorits de villes du pourtour mditerranen y ont travaill pour favoriser les cohrences et les synergies entre les actions locales, nationales et internationales. En France, les multiples niveaux de gouvernement travaillent dj ensemble pour mettre en uvre des plans daction cohrents et complmentaires avec les objectifs nationaux et internationaux pour la biodiversit. Le soutien du gouvernement franais cette entreprise ne peut que servir de modle lensemble des parties la CDB. Je souligne aussi le rle stratgique du Comit franais de lUICN, qui, outre son implication dans lInitiative Villes et Biodiversit de la CDB, a su contribuer lintgration des autorits rgionales et subna- tionales linitiative, en faisant une dmarche de plus en plus inclusive et globale. Dici quelques mois, la CDB tablira les bases dune Initiative Rgions et Biodiversit, en soutien ce mouvement, favorisant laction pour la biodiversit tous les niveaux de gouvernance. PRAMBULE 11 POLITIQUES URBAINES & BIODIVERSIT 001_001_108-RecueilFinal_Mise en page 1 05/04/12 10:32 Page11
  14. 14. La rencontre de janvier 2012 sur les Poliques urbaines et la biodiversit reprsente une tape importante et historique vers ladoption dune approche cohrente et rassembleuse en matire de protection de la biodi- versit pour toutes les collectivits franaises : rgions, dpartements, intercommunalits et communes. Le dveloppement de Stratgies et de plans daction nationaux et locaux pour la biodiversit en France correspond un mouvement global qui incite toutes les parties la CDB utiliser ses outils comme des instruments dintgration des objectifs dAichi dans la comptabilit nationale, dans tous les secteurs cono- miques, et dans les processus lis la planification. Je tiens fliciter la Ville de Paris et Natureparif pour leur rle moteur. Le tout nouveau plan Biodiversit de la capitale franaise, adopt le 15 novembre 2011 par le Conseil de Paris, la porte au rang des premires grandes mtropoles se doter dun tel outil pour protger la nature en ville, et au cur duquel se trouve la participation civile et citoyenne. Je salue tout particulirement les initiatives Trame verte et bleue, visant raliser dici 2011 lamnagement du talus et des passerelles du Priphrique, et localiser les proprits foncires de la Ville de Paris, les voies de chemin de fer, les canaux, les aqueducs, pour les intgrer au maillage cologique de la mtropole : la petite ceinture, visant vgtaliser lensemble des abords des quipements sportifs et des cimetires, ainsi que son projet de vgtalisation de plus de sept hectares nouveaux de toiture, dont 15 nouveaux jardins en terrasse. Au niveau rgional, Natureparif a su rallier un vaste ensemble dacteurs-cls travers ses programmes participatifs. Observatoire de la biodiversit, mais aussi plateforme dchanges entre les acteurs, lagence a su tracer la voie de nombreux projets exemplaires. Lexprience de Paris, comme celle dautres villes du monde, sera dtaille dans le rapport mondial de la CDB sur ltat des villes et la biodiversit, premier du genre, qui sera soumis au Sommet des villes et de la biodiversit, Hyderabad (Inde), les 15 et 16 octobre 2012. Je vous invite tous y apporter votre contribution et prendre part ce Sommet, organis en parallle de celui des autorits provinciales et rgionales, et qui sera suivi de la runion ministrielle de la onzime rencontre des parties de la CDB, que lon aime nommer la Convention de la vie sur Terre. www.cbd.int INTERVENANTS 12 RECUEIL DACTIONS DE VILLES ET AGGLOMRATIONS FRANAISES ET EUROPENNES 001_001_108-RecueilFinal_Mise en page 1 05/04/12 10:32 Page12
  15. 15. POLITIQUES URBAINES & BIODIVERSIT INTRODUCTION 001_001_108-RecueilFinal_Mise en page 1 05/04/12 10:33 Page13
  16. 16. LaurentGeslin 001_001_112-RecueilFinal_Mise en page 1 05/04/12 16:20 Page14
  17. 17. La biodiversit et les cosystmes sont essentiels au bon fonctionnement des villes Les villes sont des cosystmes trs performants, puisquelles puisent leurs ressources aux quatre coins de la plante et non sur leurs propres territoires. Cela leur confre une responsabilit cologique majeure quelles doivent reconnatre au travers de leurs politiques publiques et de leurs actions de solidarit internationale. Si la sparation entre culture et nature est plus ou moins marque selon les pays, et il nen reste pas moins que les villes restent dpendantes de leur environnement plus ou moins immdiat pour la fourniture de services essentiels tels que lpu- ration de leau ou de lair. En outre, ces services cosystmiques sont insparables les uns des autres et ne peuvent donner lieu la xation dun prix, mme si leur maintien occasionne des cots. Des villes telles que Munich (Allemagne) ou Berne (Suisse) ont historiquement su cultiver une trs forte intrication entre milieux urbains et naturels, ce qui permet leurs habitants de disposer dune trs bonne qualit de vie, mais aussi de ressources telles que leau potable de qualit dexcellentes conditions conomiques. linverse, lesprit franais a souvent eu pour consquence lexacerbation de la coupure entre culture et nature. Ce point est nettement perceptible dans les modes dorganisation des villes nouvelles dle-de-France, mais il nempche pas quun nombre croissant de villes franaises dveloppent des politiques courageuses en matire de dfense et de restauration de la biodiversit. Les villes peuvent tre considres en tant qucosystmes glocaux , cest--dire appuy sur lintrication du local et au global auquel renvoie ce nologisme dorigine brsilienne. Ainsi, lors dune visite Montral, mes collgues qubcois ont tenu me faire connatre lexistence dun circuit court. Il sagissait en loccurrence dune production de tomates sous des serres situes en banlieue ; mais aprs discussion avec les producteurs, il sest avr que les graines, achetes Paris, sont produites en Chine, et que les fibres de coco formant le substrat de culture proviennent du Sri Lanka... La biodiversit est un mot nouveau dsignant le monde vivant, qui est constitu dune multitude dinteractions dynamiques entre des espces et organismes multiples inscrits dans un milieu lui-mme volutif. Il nexiste dans la nature aucun quilibre, mais un perptuel changement. Cette diversit est si gnrale que lconomiste ne peut en situer les contours. Le petit djeuner servi ici ce matin est entirement issu du vivant et ne pourra tre digr par chacun de nous que grce la collaboration des quelques 1,5 kg de bactries quil hberge, et dont des milliards auront t changs entre les participants, en toute convivialit, au cours de la journe. La ville est un cosystme particulirement performant, puisquil se rend indpendant du milieu o elle se fonde, en puisant des distances extrmement lointaines les ressources qui sont lobjet, non de son besoin, mais essentiellement de ses dsirs : ptrole provenant du Moyen-Orient, produits lectroniques dAsie du Sud-Est, produits alimentaires tropicaux, etc. Jacques WEBER Anthropologue et conomiste INTRODUCTION 15 POLITIQUES URBAINES & BIODIVERSIT 001_001_112-RecueilFinal_Mise en page 1 13/04/12 12:15 Page15
  18. 18. Mais depuis le milieu du XIXe sicle, la ville se construit aussi sur le fondement dune sparation entre lHomme ou la culture et la nature. Les scientifiques considrent prsent cette sparation obsolte et y substituent la diffrence entre humain et non-humain. Cette sparation est perceptible dans nos villes, et lune des faons de la dpasser est de sappuyer sur la notion de service cosystmique formalise en 2005 par lvaluation des cosystmes pour le millnaire. Alors que lon entend souvent parler de services fournis par la nature ce qui correspond, au fond, au projet visant leur attribuer des prix la dfinition initiale stipule quil sagit des services dont les tres humains bnficient gratuitement du seul fait de leur appartenance aux cosys- tmes. Le problme concret consiste valuer les cots de maintenance ou de restauration de la disponibilit de ces services, qui, seule, intresse les socits humaines. Ces services ont t rpartis en quatre grandes catgories : service dautoentretien : cycle des nutriments, fertilit des sols, production primaire, etc., services de rgulation : climat, purification de leau et de lair, contrle des maladies grce la biodiversit ; services dapprovisionnement : alimentation, eau, fibres, etc., services culturels : support de la vie spirituelle, de rcration, de posie, de crativit. Ce concept de service cosystmatique va devenir de plus en plus important du point de vue politique. Il y a fort parier quau terme de la dcennie venir, la jouissance de ses services passera de plus en plus par la pnalisation de leur dgradation ou par la rmunration de leur maintien ou de leur restauration. Cette logique est dj inscrite dans certaines des dcisions de lUnion europenne, et il est peu probable quun retour en arrire se produise. Lexemple le plus souvent cit concernant lpuration de leau est celui de la Ville de New-York, mais la Ville de Munich obtient une eau potable de trs haute qualit sans aucun traitement grce lentretien minutieux des cosystmes des trois valles qui lalimentent. Ceci des cots trs bas 2,74 euros/m3 grce lentretien des forts et au soutien lagriculture biologique en amont. Paris capte son eau de grande qualit dans un bassin de 200 km autour de la ville obtient un prix de 2,92 euros/m3 , ce qui est le prix le moins lev des grandes villes franaises, mais elle na pas atteint le niveau de Munich. Par ailleurs, les arbres urbains sont le plus souvent considrs comme du papier peint et non en prenant en compte leurs fonctions cologiques. Or, la respiration des arbres filtre les particules. Cest un rle souvent nglig dans les villes, o il suffit de trois jeunes arbres de 5 mtres de diamtre par habitant pour purer lair. Dans la ville nouvelle de Saint-Quentin-en-Yvelines comme ailleurs, larchitecture de la fin des annes 1970 tait entire- ment minrale. Des touffes de vgtaux et bassins dagrment dont la vie est absente ont t disposs dans cette architecture, mais sont totalement spares de la trame du vivant. Les jardins du chteau de Villandry tmoignent aussi de la sparation entre nature et culture, puisque les carrs de lgumes sont spars les uns des autres, ce qui est typique de la volont dordre et de sparation radicale entre le bon grain de livraie, qui a longtemps t celle de lagronomie. INTERVENANTS 16 RECUEIL DACTIONS DE VILLES ET AGGLOMRATIONS FRANAISES ET EUROPENNES Les amnageurs successifs de Berne, la capitale de la Suisse, nont jamais rompu les continuits qui relient le milieu urbain aux cosystmes ruraux et forestiers environnants. GFDL 001_001_108-RecueilFinal_Mise en page 1 05/04/12 10:38 Page16
  19. 19. Il serait au contraire envisageable de remplacer certaines fleurs dornement des villes par des lgumes, en renversant le propos dAlphonse Allais, qui voulait construire des villes la campagne : certaines villes lont fait : ainsi, dans le centre-ville de Berne, capitale confdrale de la Suisse, il est trs difficile de distinguer les sites urbains ou non, lentretien vgtal tant tel que la ville donne limpression de ne jamais avoir t amnage. Berne toute entire forme une immense trame verte et bleue et comporte de nombreux sentiers dallure forestire. Il en va de mme dans les quartiers modernes, o les bassins de rcupration des eaux jouent un rle de filtration. La logique est la mme Zurich. Cest pourquoi il serait trs intressant que des lus franais aillent rencontrer leurs homologues, qui se sont contents de poursuivre et de maintenir depuis des sicles des modes de pense et de gestion dans lesquels la ville nest pas spare de la nature. Des villes franaises telles quAngers ou Lyon ont lanc des dmarches de ce type, et la Rgion le-de-France sest implique dans un groupe de mtropoles visant aboutir un classement en tant que rserve de biosphre urbaine, tout comme Fontainebleau. Un discours de plus en plus courant tend nanmoins faire croire que les politiques publiques feront en sorte de conserver tel ou tel service cosystmique, alors quil est impossible de sparer les fonctions assures par les associations entre espces. Un autre discours laisse entendre que les trois piliers du dveloppement durable (cologique, conomique et social) doivent tre quilibrs. Or, cela nest pas sa vritable logique. INTRODUCTION 17 POLITIQUES URBAINES & BIODIVERSIT Berne : la voirie et les logements sont mls aux milieux boiss et prairials et ne sopposent pas la circulation des espces. GFDL 001_001_108-RecueilFinal_Mise en page 1 05/04/12 10:38 Page17
  20. 20. Alors quavant lapparition de ce concept, les impacts dun amnagement raliss ici et maintenant ntaient valus qu ici et maintenant , lapplication du dveloppement durable signifie quil a aussi valuer ce quune action produira dans le futur, mais aussi ailleurs. Car le fonctionnement des villes a des impacts dans le pays du monde o elles puisent leurs ressources, ce quelles doivent au moins compenser sous la forme daction de solidarit internationale. Ceci est confirm par des donnes produites par le WWF, qui montrent que les pressions exerces par les cosystmes du monde croissent de faon exponentielle en fonction des revenus : un pygme du Cameroun mexpliquait ainsi que les Blancs qui se rendent dans sa fort lui affirmait que sa biodiversit tait trs riche, mais que lui- mme est trs pauvre. Cest en effet la rgle. Les programmes de lutte contre la pauvret de la CDB devraient attaquer ce phnomne. Ainsi, la pollution du delta du Niger par le ptrole qui dtruit les milieux naturels, lagriculture et la sant humaine, est cause principalement par Shell depuis des dcennies. Or, Lawrence Summers conseiller de Bill Clinton puis de Barack Obama considre que le cot de la production est fonction du prix de la vie des personnes affectes. Il apparat donc que celui de la vie dun Nigrian est moindre que celui dun Amricain. Cest un exemple des consquences de la dpendance des cosystmes urbains vis--vis dautres cosys- tmes. Face cette situation, il faut rappeler que contrairement Descartes, le philosophe Francis Bacon considrait que l on ne commande la nature quen lui obissant . Voir sa prsentation sur : www.natureparif.fr/fr/manifestations/rencontres/756-la-biodiversite-et-les-centres-urbains 18 RECUEIL DACTIONS DE VILLES ET AGGLOMRATIONS FRANAISES ET EUROPENNES Jacques Weber : Lutilisation dcorative du vgtal ne participe pas la biodiversit, mais ressort de la logique deffets de mode pouvant trs rapidement se retourner. Sur cet exemple, les lments vivants sont enchsss parmi les matriaux inertes sans la moindre solution de continuit. DR INTERVENANTS 001_001_108-RecueilFinal_Mise en page 1 05/04/12 10:38 Page18
  21. 21. 1 CONCILIER NATURE ET CROISSANCE URBAINE La matrise de ltalement urbain est aujourdhui un enjeu qui nous concerne tous. Les villes ont sans cesse besoin de nouveaux espaces pour construire et les milieux naturels en sont les premires victimes. Et pour- tant, les espaces naturels apportent de nombreux services aux villes : ils filtrent leau, purifient lair, rduisent les lots de chaleur Comment les villes peuvent-elles concilier les deux ? La croissance urbaine ne peut tre durable sans inventivit et innovation pour restaurer la nature dans les villes, aussi bien dans les espaces extrieurs que sur le bti lui-mme ! Il existe des outils damnagement et durbanisme que plusieurs collectivits ont su modifier afin dy intgrer ces nouveaux enjeux. Dautres ont mme cr de nouveaux mcanismes pour inciter les oprateurs verdir leurs projets, des exemples suivre POLITIQUES URBAINES & BIODIVERSIT 001_001_108-RecueilFinal_Mise en page 1 05/04/12 10:38 Page19
  22. 22. LionelPags 001_001_108-RecueilFinal_Mise en page 1 05/04/12 10:38 Page20
  23. 23. 1 La prise en compte de la biodiversit dans le SCoT du Pays de Rennes Rennes Mtropole sappuie sur une tradition de planication territoriale datant de plus 40 ans et qui a t tendue au primtre du Schma de cohrence territoriale (SCoT) du Pays de Rennes. Un principe de dveloppement en archipel a t retenu pour concilier croissance urbaine, dveloppement conomique, cohsion sociale et prservation de la biodiversit. Les contraintes environnementales ont t intgres aux politiques sectorielles de lagglomration et la planication urbaine restreint les surfaces urbanisables pour laisser la place au dveloppement des trames vertes et bleues dont la maille la plus ne est celle des Milieux naturels dintrt cologique (MNIE) rpertoris par le SCoT. Une partie correspond des espaces agricoles priurbains qui sont protgs des pressions durbani- sation. Le nombre et la localisation des MNIE voluent dans le temps et sont protgs au niveau de la parcelle dans les PLU communaux, les espaces trs forts enjeux devant trs souvent tre soumis la matrise foncire publique. Lexprience rennaise dmontre, notre sens, quil est parfaitement cohrent darticuler planification urbaine et politique de biodiversit. La communaut dagglomration Rennes Mtropole regroupe 37 communes et 400 000 habitants rpartis sur un territoire 83 % agricole et dtient notamment les comptences de dveloppement conomique, damnagement, de transport et denvironnement. Ce territoire est inclus dans celui du Pays de Rennes, sur lequel sapplique le Schma de cohrence territoriale (SCoT), et auquel appartiennent quatre communauts de communes regroupant 60 000 habitants rpartis sur 113 000 hectares dont 75 % sont des espaces agricoles, 13 % des espaces naturels et 14 % despaces urba- niss. La croissance urbaine est trs forte et arrive au troisime rang en France. La population augmente de 1,6 % par an depuis vingt ans et ce rythme ne devrait pas faiblir dans les prochaines dcennies. Il faut donc cono- miser lespace, y compris pour que les activits conomiques (TIC, agroalimentaire, etc.) puissent se dve- lopper. Cest pourquoi les autorits locales ont dcid de la mise en place dun SCoT qui a succd un schma directeur et qui est donc ancr dans lhistoire du territoire depuis plus de 40 ans. Alors que la croissance tait au dpart cibl sur la ville-centre, des ceintures vertes ont t planifies dans les annes 1990. Le SCoT, CONCILIER NATURE ET CROISSANCE URBAINE MATRISER LTALEMENT URBAIN GRCE AUX OUTILS DE PLANIFICATION ET DURBANISME 21 POLITIQUES URBAINES & BIODIVERSIT Bernard POIRIER Prsident du SCoT, Vice-prsident de Rennes Mtropole charg du Dveloppement durable et de lEnvironnement 001_001_112-RecueilFinal_Mise en page 1 06/04/12 14:34 Page21
  24. 24. 1 MATRISER LTALEMENT URBAIN GRCE AUX OUTILS DE PLANIFICATION ET DURBANISME 22 RECUEIL DACTIONS DE VILLES ET AGGLOMRATIONS FRANAISES ET EUROPENNES La prise en compte de la biodiversit dans le SCoT du Pays de Rennes qui concerne prsent 64 communes, tient dsormais compte de polarits multiples et vise concilier la croissance de la population et du bassin demploi avec la qualit de son cadre de vie et avec le maintien de sa cohsion et de sa mixit sociales. Depuis lorigine, Rennes Mtropole sest organise pour intgrer le dveloppement durable et la dimension environnementale dans ses politiques sectorielles. Les politiques menes visent limiter la pression sur la biodiversit et sur les espaces agricoles, dont la qualit des limons profonds est comparable celle de la Beauce ou de la Brie. Plus de mille agriculteurs y dveloppement des productions trs diverses. Lanalyse conduite ayant montr que les surfaces agricoles taient en rduction, le SCoT actuel prvoit sur la base du principe de la ville-archipel, de ne consommer que 5 700 hectares des fins durbanisation (contre 6 600 dans la version prcdente) alors que la surface quil couvre a doubl. Pour prserver la qualit de vie et la biodiversit, il faut mettre en cohrence les diffrentes chelles. Le SCoT du Pays de Rennes a donc dfini quatre niveaux de trames cologiques. La grande trame verte et bleue (mas- sifs forestiers et fonds de valles) est dcline en niveaux de fonctionnalit beaucoup plus fins : des milieux naturels dintrt cologique (MNIE) ont ainsi t inventoris depuis plus de vingt ans. La deuxime ralisation de cet inventaire, rcente, montre que plus de 12 000 hectares (soit 11 % du territoire) et 480 sites sont protgs au niveau de la parcelle. Identifis par les PLU, ils jouent un rle de milieux sources pour la trame verte et bleue. Ces sites voluent en permanence. Durant la dernire dcennie, 15 MNIE ont disparu et 30 sont apparus. Les modalits dentretien de ces milieux font lobjet dun important dbat au sein Rennes Mtropole. Certains terrains de traitement des eaux uses, par exemple, sont devenus des MNIE. Les espaces agricoles en accueillent une partie. Le SCoT identifie sous le terme de champs urbains les MNIE pouvant faire lobjet de fortes pressions urbaines. Ces espaces agricoles sont notamment protgs au titre de leur participation la prservation de la biodiversit. Ainsi, Chartres-de-Bretagne, commune o se trouve un site industriel automobile, le SCoT impose au PLU un droit de consommation maximum des espaces, des taux de densit obligatoire (variant de 25 45 logements par hectare), un taux de renouvellement urbain, Dans le cadre du Schma de cohrence territoriale (SCoT) du Pays de Rennes (Ille-et-Vilaine), un atlas des milieux naturels dintrt cologique (MNIE) a t tabli en 2007 et rvis en 2011. 11 % du territoire du SCoT est strictement protg et chaque parcelle est identifie par les Plans locaux durbanisme. Cette carte permet de saisir les grandes cohrences cologiques du territoire. 001_001_108-RecueilFinal_Mise en page 1 05/04/12 10:39 Page22
  25. 25. et des flches orientant les possibilits durbanisation dans la poursuite de lurbanisation actuelle. Larticu- lation avec les autres politiques sexprime au travers du renouvellement et de la densification des formes urbaines, et la mise en cohrence des densits avec les schmas des transports, des services de proximit et dimplantation commerciale. La planification de Rennes Mtropole articule ces diffrentes contraintes lchelle de chaque commune. Les nombreux outils urbanistiques existants en France peuvent tre mis en uvre sur cette base. Notre mtropole a notamment dvelopp une politique de cration de rserves foncires dote dun budget de 15 millions deuros par an afin de protger les espaces enjeux. Mais il faut que chaque outil soit bien ddi son chelle et ne pas oublier que les rles dun PLU et dun SCoT sont trs diffrents, et en gardant notamment lesprit quun SCoT trop prescriptif prend le risque dune annulation par le tribunal administratif. lchelle du PLU, plusieurs outils existent pour protger les champs urbains, et il est mme envisageable de mettre en place des Primtres de protection et damnagement des espaces agricoles (PAEN) et/ou des Zones agricoles protges (ZAP). En effet, tous les MNIE ne sont pas classs Zones naturelles dintrt cologique faunistique et floristique (ZNIEFF), mais certains peuvent ltre terme, puisque les milieux voluent. Ainsi, Mordelles, sur 13 MNIE, 3 ont disparu et 8 nouveaux sont apparus en dix ans entre les deux 23 POLITIQUES URBAINES & BIODIVERSIT 1CONCILIER NATURE ET CROISSANCE URBAINE Extrait du SCoT du Pays de Rennes. Pour la commune de Chartes-de-Bretagne, les champs urbains espaces agricoles menacs sont indiqus en jaune. Les parcelles sont protges grce une dlimitation lchelle de la parcelle. Les axes durbanisation prconiss par le SCoT sont matrialiss par les flches rouges. 001_001_108-RecueilFinal_Mise en page 1 05/04/12 10:39 Page23
  26. 26. versions du SCoT. Lessentiel est de protger ces espaces en connexion avec des milieux naturels de la construction et de ne pas perdre de vue que la nature progresse delle-mme : le nombre global des MNIE est pass de 380 480 en 15 ans. Ceci tant, pour viter les drives, les espaces enjeux doivent tre soumis la matrise publique. Pour les communes, la seule faon de matriser les actes de promoteurs consiste devenir propritaire des terrains ou crer une SEM. Lexprience montre quil nest possible dagir concrtement que dans le cadre de politiques qui mettent en uvre une logique dhorizontalit sur le terrain, et ce, dans la dure, en anticipant les volutions. Les russites et les checs du Pays de Rennes en tmoignent clairement. Il faut aussi se souvenir que le partage est la condition de la russite du dveloppement durable. Cest pourquoi Rennes Mtropole sefforce de toucher lensemble des habitants travers ses diffrentes politiques. Voir sa prsentation sur : www.natureparif.fr/fr/manifestations/rencontres/756-la-biodiversite-et-les-centres-urbains Pour en savoir plus : www.paysderennes.fr www.rennes-metropole.fr Organisme / institution en charge de la mise en uvre : Pays de Rennes (syndicat mixte du SCOT), compos de cinq EPCI dont la communaut dagglomration Rennes Mtropole Services de la collectivit associs : Pour Rennes Mtropole : Direction Gnral Prospective et Dveloppement Durable - Direction de la Stratgie et du Rayonnement Mtropolitain - Service Prospective, valuation et dveloppement durable - Ple planication Partenaires techniques : AUDIAR (Agence dUrbanisme et de Dveloppement Intercommunal de lAgglomration Rennaise) Date de dbut de laction : Novembre 2003 : lancement de la rvision du SCOT Date de n : Dcembre 2007 : approbation du SCOT 1 MATRISER LTALEMENT URBAIN GRCE AUX OUTILS DE PLANIFICATION ET DURBANISME 24 RECUEIL DACTIONS DE VILLES ET AGGLOMRATIONS FRANAISES ET EUROPENNES La prise en compte de la biodiversit dans le SCoT du Pays de Rennes Une longue tradition de planification SDAU 1974 Une urbanisation continue le long daxes lourds de transport en commun, type ville-nouvelle SDAU 1983 Le SDAU vert des villettes : un dveloppement quilibr sur lensemble des communes dans la ceinture verte SD 1994 Lalternance et lquilibre entre la ville et la campagne, une structuration autour de ples dappui SCOT 2007 Un changement dchelle et doutils : la ville-archipel en rseau AUDIAR-ho-2008 Extension urbaine linaire partir du noyau urbain Ceinture verte et corridors cologiques Communes Rseau rayonnant vers la ville centre Ceinture verte et corridors cologiques Villettes Maillage de voiries structurant Ceinture verte et corridors cologiques et secteurs disolement paysage Communes Ples dappui Axe structurant des rseaux de communes Agriculture prserve par la matrise de la consommation despace Ples dchanges/ Champ urbain rseau TC performants 001_001_108-RecueilFinal_Mise en page 1 05/04/12 10:39 Page24
  27. 27. 1 Le coefcient de biotope par surface Berlin La Ville de Berlin (Allemagne) et ses arrondissements ont mis en place une politique de vgtalisation et de renaturation sappuyant sur des coefficients de biotope par surface (CBS) dans les quartiers denses et trs imper- mabiliss du centre-ville. Ce coefficient value la part des surfaces favorables au vivant. Tous les propritaires sont soumis ces objectifs dcids lissue dune concertation locale avec les habitants et les acteurs reprsentatifs de lintrt gnral. Les objectifs xs tiennent compte de la nature des btiments et des milieux initiaux et peuvent tre atteints grce des actions multiples : plantations au sol, pavement permable, vgtalisation des murs et toits, etc. Aprs tablissement du plan de paysage, le CBS de larrondissement de Friedrichshain-Kreuzberg, dune valeur initiale de 0,06, devra atteindre la cible xe la valeur 0,3. Lexprience montre que cet outil exible est bien accept par les propritaires, les architectes et les porteurs de projets. La priphrie de Berlin est trs vgtalise : en effet, les friches taient trs nombreuses Berlin aprs la Deuxime guerre mondiale. La croissance de la population a t trs limite Berlin-Ouest avant la chute du mur, et la croissance de Berlin-Est na pas empch la prsence de nombreux espaces ouverts. Une flore et une faune sauvages sy sont dveloppes. Parfois, les bois ont pouss sur danciennes voies ferres. La population a accept ces milieux typiques de Berlin et qui existent, pour certains, depuis les annes 1950, et qui sont respects. La vgtation sauvage est moins bien accepte dans les parcs. Mais dans le centre-ville, malgr les lourdes destructions dues aux bombardements, un habitat trs dense form dimmeubles de cinq tages datant du XIXe sicle, groupes autour de petites cours a subsist ou sest reconstitu aprs la Deuxime Guerre mondiale. Dans ces quartiers, limpermabilisation du sol est trs importante, ce qui provoque une alimentation insuffisante des nappes phratiques et une trop forte humidit de lair, accentue les effets du rchauffement et propose de trs rares habitats pour la faune et la flore, alors que le nombre des espaces verts reste insuffisant. Lapplication des Coefficients de biotope par surface dans les plans de paysage du centre-ville CBS vise le verdir pour amliorer les conditions climatiques et lhygine atmosphrique, ralimenter les nappes phra- tiques, refaire vivre les sols et dvelopper la biodiversit. la phase initiale de cration de ces plans se succdent une trs importante phase de participation du public, qui dure quatre semaines, puis la consultation des organisations dintrt public. Le plan est officiellement publi aprs approbation du Snat de Berlin et du Conseil darrondissement. CONCILIER NATURE ET CROISSANCE URBAINE CONSTRUCTION ET BIODIVERSIT EN MILIEU URBAIN 25 POLITIQUES URBAINES & BIODIVERSIT Birgit BEYER Service des Espaces verts du 2e arrondissement de la Ville de Berlin (Allemagne) 001_001_108-RecueilFinal_Mise en page 1 05/04/12 10:40 Page25
  28. 28. 1 CONSTRUCTION ET BIODIVERSIT EN MILIEU URBAIN 26 RECUEIL DACTIONS DE VILLES ET AGGLOMRATIONS FRANAISES ET EUROPENNES Le coefcient de biotope par surface Berlin lments de rfrence pour le calcul des coefficients biologiques de surface (CBS). La valeur du coefficient augmente en fonction de limpact positif sur la biodiversit et la permabilit des sols. Les propritaires peuvent choisir parmi diffrents lments afin datteindre les objectifs obligatoires. 001_001_108-RecueilFinal_Mise en page 1 05/04/12 10:40 Page26
  29. 29. Lors de lanalyse, les premiers plans dresss tablissent le degr initial dimpermabisation du sol et les objectifs en la matire, en tablissant un gradient de couleurs. Il faut bien distinguer les lots o se trouvent des difices anciens de ceux o sont implants de nouveaux btiments pour tablir les objectifs. Les CBS- cibles pourront tre beaucoup plus levs dans le second cas (0,6) que dans le premier (0,3). Dans le cas de centres commerciaux ou de btiments industriels, les coefficients viss sont aussi de 0,3. Les coles, jardins denfants, bibliothques et btiments rcents doivent aussi atteindre une valeur de 0,6. Le CBS tablit la part de la surface favorable la nature sur lensemble de la parcelle : 0 pour lasphalte, 0,5 pour une surface demi recouverte, etc. La vgtalisation dun toit de garage sera prise en compte par une valeur de 0,7. La valeur maximale est de 1 dans le cas de la pleine terre, lorsquil est possible de planter des arbres. Lorsquil est impossible de planter au sol, les faades peuvent tre le support de plantes grim- pantes et les toitures peuvent tre vgtalises. Dans le quartier de Friedrichshain-Kreuzberg, lurbanisation est trs dense et la valeur initiale du CBS tait de 0,06. Aprs ralisation du plan de paysage, lobjectif a t fix 0,3. Chaque parcelle doit atteindre la valeur de lobjectif. Il nexiste aucune aide financire pour les propritaires entreprenant des travaux. En revanche, les habitants dune cour peuvent se regrouper pour demander une aide pouvant atteindre 1 500 euros pour ter lasphalte de leur cour et planter des arbustes, par exemple. Le propritaire doit tout de mme donner son accord. Les architectes et les propritaires peuvent choisir diffrentes options pour atteindre lobjectif : cration despaces verts, revtements de surfaces paves. Il est aussi possible dutiliser les plantes grimpantes (Vigne vierge, Lierre, par exemple), les toits vgtaliss, etc. Ces techniques sont largement utilises dans les quartiers du centre-ville, o il a mme t possible, l o lensoleillement est suffisant, de planter des fruitiers en terrasse. Il est bien entendu impossible de vgtaliser toutes les faades notamment dans le cas de monuments historiques. Cette vgtalisation permet souvent de donner vie aux cours. Dans certains cas, les habitants des immeubles participent llaboration du projet avec le paysagiste et sa ralisation, ce qui est important pour le lien 27 POLITIQUES URBAINES & BIODIVERSIT 1CONCILIER NATURE ET CROISSANCE URBAINE Bien quayant t lourdement bombards durant la Deuxime guerre mondiale, les quartiers centraux de Berlin ont conserv la structure dense acquise au XIXe sicle. Les axes pntrants accdent trs difficilement des cours dimmeubles initialement peu vgtalises reprables sur cette photographie arienne infrarouge. 001_001_108-RecueilFinal_Mise en page 1 05/04/12 10:40 Page27
  30. 30. entre habitants. Les briques de pavement (Klincker) peuvent tre utilises pour apporter de la couleur, et il est parfois possible dinstaller des mares. Les toits vgtaliss sont nombreux Berlin, notamment sur les btiments rcents o la rsistance des toits est suffisamment forte ds lorigine, et o ils participent lisolation du btiment. Les toits vgtaliss dits intensifs peuvent tre utiliss par les promeneurs. linverse, certaines situations (pentes fortes, par exemple) interdisent la frquentation, mme sil faut les entretenir pour arracher les arbrisseaux qui sy implantent. Lexprience montre que le CBS est un outil trs flexible trs bien accept par les propritaires, les architectes et les dveloppeurs de projets. Cest aussi une russite du point de vue du Snat de Berlin et des arrondisse- ments. Il peut tre intressant pour les villes qui possdent des quartiers denses de sen inspirer. Voir sa prsentation sur : www.natureparif.fr/fr/manifestations/rencontres/756-la-biodiversite-et-les-centres-urbains Pour en savoir plus : http://www.stadtentwicklung.berlin.de/umwelt/landschaftsplanung/bff/index_fr.shtml 1 CONSTRUCTION ET BIODIVERSIT EN MILIEU URBAIN 28 RECUEIL DACTIONS DE VILLES ET AGGLOMRATIONS FRANAISES ET EUROPENNES Le coefcient de biotope par surface Berlin Une cour de la Dresdener Strasse, dans le quartier de Kreuzberg (Berlin). Un exemple typique de pavements permables et de vgtalisation des murs. Toit vgtalis Kreuzberg (Berlin). La vgtalisation des toits est lune des manires datteindre les objectifs de CBS fixs par les plans de paysage. 001_001_108-RecueilFinal_Mise en page 1 05/04/12 10:40 Page28
  31. 31. 1 Lexemple de lcoquartier du Squ Bayonne Situe sur la cte basque et donc confronte une forte pression foncire, Bayonne a dcid dimplanter lco- quartier du Squ sur une zone regroupant les terrains provenant dun ancien camping et dexploitations agricoles. Au-del des dmarches nergtiques et de gestion cologique des ux (dchets, eaux uses, etc.), le quartier joue un rle de corridor cologique grce ses deux thalwegs boiss. Limplantation des btiments respecte les circu- lations biologiques tout en ne supprimant aucun arbre du site, et valorise le plan deau existant en tant que lieu de convivialit. Un verger et des jardins partags seront implants et la gestion en sera cone aux futurs habitants, qui doivent bncier dun accompagnement spcique pour apprhender les ralits propres ce nouveau type dhabitat et construire les modalits de gestion de lensemble des espaces collectifs. Situe sur la cte basque et donc soumise une trs forte pression foncire, Bayonne compte 45 000 ha- bitants et 64 % de son territoire est class en zone naturelle protge. Situ 5 kilomtres du centre historique, dune superficie de 14 hectares dont 7 seront constructibles, le projet dcoquartier du Squ comptera terme 530 logements, un tablissement pour personnes ges dpendantes, des commerces et de services de proximit. Le site, qui regroupe un ancien camping et danciens terrains agricoles, possde un paysage riche et diversifi. La question de lamnagement de ce site en quartier dhabitat sest pose en 2005, lorsque le camping a t mis en vente et prempt par la Ville, qui possdait dj les autres terrains. Afin de respecter au mieux le paysage et la biodiversit du site, Bayonne a fait appel un cabinet de paysagistes et un bureau dtudes en environnement. Le site comprend un plan deau entour de chnaies-chtaigneraies, des vallons aulnaies marcageuses et une prairie msophile ayant autrefois hberg des vergers. Cette biodiversit est assez ordinaire, mais pr- sente des connexions prserver grce aux deux thalwegs boiss qui assurent les liens entre le bassin de lAdour, les marais dOrx et les plages des Landes. Ces espaces sont classs en tant que Zones naturelles (N) dans le Plan local durbanisme (PLU). En parallle de la conduite de ces tudes, une Approche environnementale de lurbanisme de lAdeme a t engage. Elle porte sur de multiples thmatiques : nergie (solaire passif), gestion et rcupration des eaux pluviales, tri et valorisation des dchets, voirie et transports en commun, gestion des impacts paysagers. CONCILIER NATURE ET CROISSANCE URBAINE CONSTRUCTION ET BIODIVERSIT EN MILIEU URBAIN 29 POLITIQUES URBAINES & BIODIVERSIT Marie CORRALES Directrice adjointe de lUrbanisme de la Ville de Bayonne 001_001_108-RecueilFinal_Mise en page 1 05/04/12 10:40 Page29
  32. 32. 1 CONSTRUCTION ET BIODIVERSIT EN MILIEU URBAIN 30 RECUEIL DACTIONS DE VILLES ET AGGLOMRATIONS FRANAISES ET EUROPENNES Lexemple de lcoquartier du Squ Bayonne Les noues vgtales acheminent les eaux pluviales vers le lac. PAYSAGISTES, URBANISTES ET COLOGUES Trop souvent encore, la sparation entre mtiers architectes, paysagistes, cologues, ingnieurs urbains, dfenseurs des cosystmes peut faire perdurer les logiques de verdissement au dtriment dune vritable biodiversit en ville. Ainsi, Elisabeth HEYLER, paysagiste de la socit Compmenterre, explique que [son] agence mne une rflexion sur la faon de concilier amnagement et biodiversit, ce qui cre de trs fortes exigences appelant des solutions innovantes. Tous les paysagistes ne se contentent pas de dresser des dcors. Une des solutions rside sans aucun doute dans linterdisciplinarit entre paysagistes, gestionnaires, cologues, etc. Brigitte CAPLAIN, enseignante lcole Du Breuil, prcise que les professeurs de lcole Du Breuil ont conduit des projets communs avec lcole Boulle, qui montrent que les jeunes sont trs rceptifs linterdisciplinarit qui sera essentielle pour concilier croissance urbaine et biodiversit. Pour Marie-Claude MASSICOTTE, architecte-paysagiste la Ville de Montral (Qubec, Canada), certains des sites naturels de Montral sont aussi trs utiliss. Cest pourquoi la Ville travaille aujourdhui la mise en valeur des milieux naturels, mais aussi la cra- tion de ceintures et trames vertes et sinterroge sur les faons de faire coexister biodi- versit et urbanit. Magali DA SILVA, de la Communaut urbaine de Bordeaux, rappelle que la gestion diffrencie est essentielle pour montrer que les espaces sont matriss et non laisss labandon. . Guillaume ABASQUESNES, architecte et urbaniste la Communaut dagglomration Argenteuil-Bezons, regrette que les co- logues restent trs peu prsents dans les quipes pluridisciplinaires et qui plus est leur tte. Trs rares ont t les projets dcoquartiers coordonnes par des cologues mandataires. Cela na pas t sans effet sur les ralisations. Marie-Claude MASSICOTTE 001_001_112-RecueilFinal_Mise en page 1 13/04/12 12:18 Page30
  33. 33. Le projet a t dfini autour des 3 espaces paysagers : le secteur du camping et de la fort, la prairie et le belvdre. Les bois prsents autour du lac sont prservs, ainsi que la connexion entre les deux thalwegs, grce la plantation de vergers. Dans le secteur du camping et de la fort, les btiments sont construits sur pilotis ce qui implique, bien entendu, des surcots disolation. Mais cela permet en revanche de prserver plus facilement les arbres existants, de bnficier dapports de lumire supplmentaires et doptimiser la permabilit et la vie des sols. Les peupliers de lancien camping seront peu peu remplacs. La dcision de conserver les arbres existants a pos problme certains des matres douvrages qui auraient prfr les supprimer pour faciliter les oprations de construction. Dans le secteur de la prairie les constructions sont aussi ralises sur pilotis et implantes faon perpendi- culaire la voire actuelle pour prserver les vues et les passages vers la fort. Le site sera vgtalis au travers de la plantation darbres fruitiers situs en limite de lots et rappelant lhistoire du site, mais aussi grce aux plantes grimpantes qui seront installes le long des faades et aux toitures-terrasses vgtalises. Les cinq promoteurs devront respecter le plan global de composition paysagre. Limplantation minimise les oprations de dblais. Le secteur du belvdre bnficie dune exposition plein Sud et dune vue magnifique sur les Pyrnes. Les constructions seront tages afin de tirer le meilleur parti de cette exposition. Le parti pris pour limplantation vise minimiser la quantit de dblais et le traitement des espaces libres a pour objectif de limiter leur impact environnemental. 31 POLITIQUES URBAINES & BIODIVERSIT 1CONCILIER NATURE ET CROISSANCE URBAINE Plusieurs btiments sont construits sur pieux, prservant les sols. 001_001_108-RecueilFinal_Mise en page 1 05/04/12 10:40 Page31
  34. 34. La voirie, dune surface rduite, est ralise en enrobs Vgcol grenaills. Les places de stationnement sont engazonnes et les chemins traits en stabilis. La rcupration des eaux seffectue au travers de noues plantes de phragmites et de roseaux, leau ainsi pure est dirige vers le lac qui joue un rle de bassin de rtention. Un ponton a t amnag face au lac et le chemin de berge prexistant a t ramnag en stabilis. Les espces utilises sont locales et sobres en eau. La prairie et le lac devraient jouer un rle de point de rencontre pour les futurs habitants. Ceux-ci ont t sduits par le projet, ce qui ne les empche pas, pour certains, dexprimer des inquitudes du fait de la prsence darbres proximit immdiate de leur habitation. Cette implantation quelque peu atypique ncessite donc un certain apprentissage. Cest pourquoi les services de la Ville accompagnent actuellement les futurs habitants, notamment pour dfinir une gestion commune des vergers et des jardins partags. La concertation qui a dmarr en septembre 2011 concerne galement la dfinition et la gestion les aires de jeux et les autres espaces collectifs. Voir sa prsentation sur : www.natureparif.fr/fr/manifestations/rencontres/756-la-biodiversite-et-les-centres-urbains Pour en savoir plus : www.bayonne.fr Organisme / institution en charge de la mise en uvre : Ville de Bayonne avec le concessionnaire de la ZAC, la SEPA (socit dconomie mixte damnagement) Services de la collectivit associs : Direction Gnrale des Services, Direction Gnrale des Services Techniques, Urbanisme, Direction des Infrastructures et des Espaces Publics, Direction du Cadre de Vie, Dveloppement durable, Communication, Rgie des eaux de Bayonne Budget : 13 092 000 HT Partenaires nanciers : Agglomration Cte basque Adour Partenaires techniques : Agglomration Cte basque Adour, Chronoplus (rseau de transport en commun), SEPA Date de dbut de laction : 2005 (tudes) - 2006 (dossier de ralisation) Date de n : courant 2012 pour la phase 1 1 CONSTRUCTION ET BIODIVERSIT EN MILIEU URBAIN 32 RECUEIL DACTIONS DE VILLES ET AGGLOMRATIONS FRANAISES ET EUROPENNES Lexemple de lcoquartier du Squ Bayonne 001_001_108-RecueilFinal_Mise en page 1 05/04/12 10:44 Page32
  35. 35. 1 Le rfrentiel Un amnagement durable pour Paris Organisme / institution en charge de la mise en uvre : Ville de Paris Services de la collectivit associs : Direction de lUrbanisme, Direction des Espaces Verts et de lEnvironnement Budget : 100 000 Partenaires techniques : AMO DD + Socit spcialise en communication Date de dbut de laction : 2006 Date de n : Toujours en cours OBJECTIFS Outil daide la dcision permettant une meilleure prise en compte de la biodiversit dans les projets urbains, ce document sadresse aux chefs de projets urbains de la direction durbanisme, mais galement tous les partenaires (amnageurs, AMO DD, urbanistes). Il propose aussi une mthode de suivi et dvaluation fonde sur des indicateurs, dont une dizaine porte spcifiquement sur la prservation et le renforcement de la biodiversit. Ce document est consultable sur www.paris.fr MESURES MISES EN UVRE Ce rfrentiel doit permettre lamlioration globale de la conception et de la mise en uvre des oprations damnagement. Il sapplique quel que soit lavancement de lopration et rpond aux besoins suivants : disposer dun cadre de rfrence pour intgrer les objectifs de dveloppement durable dans les amnage- ments, suivre et valuer lintgration du dveloppement durable tous les stades dune opration, depuis les intentions politiques jusqu la ralisation et lvaluation, assurer une cohrence avec les certifications existantes lchelle du btiment (dmarche HQE ), dvelopper la transversalit entre la Direction de lUrbanisme et les autres services de la Ville, anticiper la gestion venir, le rfrentiel constitue un outil quotidien pour un amna- gement durable de la capitale. Il se prsente sous forme de fiches pratiques regroupant toutes les informations utiles et donnant des exemples concrets applicables Paris. CONCILIER NATURE ET CROISSANCE URBAINE CONSTRUCTION ET BIODIVERSIT EN MILIEU URBAIN 33 POLITIQUES URBAINES & BIODIVERSIT Document tlcharger sur le site www.paris.fr 001_001_108-RecueilFinal_Mise en page 1 05/04/12 10:44 Page33
  36. 36. RSULTATS / IMPACT POUR LA BIODIVERSIT Laxe 3 du rfrentiel Une gestion responsable de lenvironnement disposant dun chapitre ddi au renforcement de la biodiversit, la grille danalyse dispose dindicateurs spcifiques cet enjeu. court terme cela permettra de vrifier si toutes les oprations damnagement et de construction se proccupent suffi- samment de renforcer le maillage vert et bleu de Paris et de favoriser les interfaces avec les quartiers et les communes limitrophes et dorienter les projets en consquence. www.paris.fr 1 CONSTRUCTION ET BIODIVERSIT EN MILIEU URBAIN 34 RECUEIL DACTIONS DE VILLES ET AGGLOMRATIONS FRANAISES ET EUROPENNES Le rfrentiel Un amnagement durable pour Paris Terrasse vgtalise 103 avenue de France Paris 13e . FionaStewart 001_001_112-RecueilFinal_Mise en page 1 05/04/12 16:23 Page34
  37. 37. 1 Mise en place du guide AURA (Amliorer lUrbanisme par un Rfrentiel dAmnagement) Montpellier Organisme / institution en charge de la mise en uvre : Ville de Montpellier Services de la collectivit associs : Direction de lAmnagement et de la Programmation (DAP), la DPB (Direction Paysage et Biodiversit), la DGU (Direction du Gnie Urbain), la DAI (Direction Architecture Immobilier) et la DEMT (Direction nergie et Moyens Techniques) Budget : : 67 800 Partenaires nanciers : lADEME hauteur de 17 500 et la Rgion Languedoc-Roussillon hauteur de 28 230 Partenaires techniques : Le cabinet darchitectes-urbanistes TEKHNE, spcialis en DD ; lADEME Date de dbut de laction : 2008 Date de n : Mis en application en 2011 OBJECTIFS Le guide AURA est un rfrentiel partag de prise en compte et damlioration continue du volet environne- mental et social des oprations durbanisme. Il a pour ambition dvaluer la durabilit dun projet damna- gement et permet ainsi la collectivit de choisir le projet qui a le moins dimpact sur lenvironnement. Cette dmarche fait videmment suite aux tudes dimpacts rglementaires qui prennent en compte le contexte environnemental global du projet. MESURES MISES EN UVRE Le rfrentiel AURA est un outil de programmation, daide la dcision et dva- luation utilis dans les diffrentes phases dun projet damnagement afin den limiter lempreinte cologique. Deux ans ont t ncessaires son laboration, puis, suite son adoption en conseil municipal, le guide a pu tre mis en place et utilis comme outil de rfrence. Une brochure a t cre pour sensibiliser et informer le public sur limpact environnemental des amnagements. Pour avoir une porte plus importante, cette grille sera aussi annexe dans le prochain PLU. LAURA est structur en trois chapitres correspondant aux trois temps dune opration durbanisme (programmation, amnagement et construction) pour lesquels 9 leviers dactions prioritaires ont t identifis et 30 indicateurs. Le chapitre B, correspondant au temps de lamnagement, porte une attention particulire la trame verte et bleue ainsi qu la prservation de la biodiversit dans les projets. Les critres slectionns correspondent des principes damna- CONCILIER NATURE ET CROISSANCE URBAINE CONSTRUCTION ET BIODIVERSIT EN MILIEU URBAIN 35 POLITIQUES URBAINES & BIODIVERSIT 001_001_108-RecueilFinal_Mise en page 1 05/04/12 10:45 Page35
  38. 38. gement plus vertueux et permettent de faire voluer les pratiques des concepteurs et des constructeurs. Des critres tels que : le coefficient dimpermabilisation des sols, le trac des trames, les surfaces rserves aux espaces de nature en ville, la surface de canope prserve, la consommation et la prservation de la ressource en eau, la protection de la biodiversit et lintgration vgtale ont t choisis pour valuer les op- rations durbanisme. Ainsi en valuant limpact des projets en amont de leur ralisation, lAURA incite une meilleure prise en compte des espaces de nature et de la biodiversit en ville. RSULTATS / IMPACT POUR LA BIODIVERSIT La grille AURA en est ses dbuts. Elle a pour ambition de rectifier et limiter les impacts du projet damna- gement sur lenvironnement. Un des premiers rsultats de son application est la meilleure prise en compte de la biodiversit dans les programmes des architectes et constructeurs ainsi quun renforcement du Schma Directeur de Rseaux Verts de la ville, initi en 2007. www.montpellier.fr 1 CONSTRUCTION ET BIODIVERSIT EN MILIEU URBAIN 36 RECUEIL DACTIONS DE VILLES ET AGGLOMRATIONS FRANAISES ET EUROPENNES Mise en place du guide AURA (Amliorer lUrbanisme par un Rfrentiel dAmnagement) Montpellier La grille AURA permet dvaluer limpact des projets en amont de leur ralisation. 001_001_108-RecueilFinal_Mise en page 1 05/04/12 10:45 Page36
  39. 39. POLITIQUES URBAINES & BIODIVERSIT 2 TRAME VERTE ET BLEUE, RENFORCER LA QUALIT DES MILIEUX NATURELS EN VILLE Laisses aux portes de nos villes, la plupart des espces animales et vgtales se retrouvent confines dans des lots de nature ou des espaces protgs souvent sanctuariss. Incapables de se dplacer pour se nourrir, sabriter, se reproduire, ni de remonter vers le nord en rponse au changement climatique, certaines popu- lations despces se retrouvent isoles, sans capacit dinteragir avec dautres individus favorisant la perte de diversit gntique. Les routes et les infrastructures bties morcellent les habitats, tandis que les rivires et cours deau ont longtemps t totalement minraliss perdant leur rle de corridors cologiques. Depuis plusieurs annes, la tendance sinverse, avec la volont de renaturer les espaces artificialiss et didentifier les continuits dans et en dehors des villes. Des projets de renaturation, de vgtalisation, didentification des trames et de cration de corridors entre les curs de nature sont mis en place partout en France et en Europe pour renforcer la qualit des milieux naturels en ville. 001_001_112-RecueilFinal_Mise en page 1 13/04/12 12:21 Page37
  40. 40. LionelPags 001_001_108-RecueilFinal_Mise en page 1 05/04/12 10:45 Page38
  41. 41. 2 TRAME VERTE ET BLEUE, RENFORCER LA QUALIT DES MILIEUX NATURELS EN VILLE RENATURATION DES COURS DEAU ET LUTTE CONTRE LES POLLUTIONS 39 POLITIQUES URBAINES & BIODIVERSIT Lexemple de la rivire Isar en milieu urbain Munich Aprs plus dun sicle darticialisation, le lit de lIsar retrouve progressivement Munich (Allemagne) un aspect proche de celui dune rivire alpine sauvage, tout en maintenant la protection de la ville contre les crues. Pour cela, les digues ont t repousses et renforces an de laisser les eaux divaguer sur une plus vaste largeur, dposer de la pierraille et se ramier. Les berges et les seuils minraliss ont t supprims et remplacs par des rives rodables et par des bassins empierrs successifs. Les nouveaux milieux minraux inondables ont rapidement t coloniss, y compris par les espces endmiques des torrents bavarois et autrichiens. Des zones daccueil du public ont t amnages et les eaux sont pures grce un procd ultra-violets durant la saison de baignade. Les dbits dtiage et de crue ont t relevs an de maintenir une oxygnation suffisante et une bonne variabilit des niveaux deau. Larasement dun barrage latral est prsent programm pour redonner vie lun des bras de lIsar. Le Plan Isar vise revitaliser une rivire urbaine. Le bassin de cette rivire stend sur une superficie de 9 000 km2 pour une longueur de 270 km entre sa source situe dans les Alpes et sa confluence avec le Danube. Munich, son dbit oscille entre 40 m3 et 1 100m3 /s en cas de crues, pour une moyenne de 90 m3 /s. Il se rpartit entre le canal damene et le lit naturel de la rivire, car partir de 1905, son cours a t amnag afin de protger la ville, les villages et les zones agricoles des alentours contre les inondations. Des barrages hydrolectriques ont t construits, lIsar a t canalis et ses berges ont t renforces grce de nouvelles digues. Par consquent, les habitats des plantes et des animaux, notamment des espces migratoires, ont t rduits. Les caractristiques hydrauliques ont t modifies et le fond du lit sest affaiss de plusieurs mtres. En 1905, la rivire tait encore presque naturelle et comprenait des bancs de pierraille et des bras ramifis. Les berges taient en bon tat biologique. En 1999, avant louverture des premiers travaux, lIsar tait canalis et ses berges trs peu fertiles. En Allemagne, les Lnder sont responsables de la gestion de leau. La Ville de Munich et ltat libre de Bavire, reprsent par lOffice de leau de Munich, ont dcid de lancer le projet, qui vise revitaliser lIsar tout en optimisant la protection contre les inondations, ce qui apparat aujourdhui russi aprs un investissement de 35 millions deuros de 2000 2011 sur un parcours de 8 kilomtres. Les travaux ont commenc dans le sud de la ville et se sont achevs dans son centre. Il sagissait aussi de crer des zones de repos attractives. Le projet a t discut avec un forum de citoyens avant quun concours soit ouvert pour choisir le matre douvrage. Christian LEEB Dpartement Gestion de leau, Ministre Bavarois pour lEnvironnement et la Sant (Allemagne) 001_001_108-RecueilFinal_Mise en page 1 05/04/12 10:45 Page39
  42. 42. LIsar Munich. En 1999, le cours de la rivire apparat presque canalis et ne peut tolrer dimportantes variations de dbit. En 2011, aprs les oprations de renaturation, lIsar a retrouv ses pierrailles, des berges ouvertes et des seuils franchissables par tous les organismes aquatiques. Les rives ont t recolonises, y compris par la flore et la faune endmiques. 2 RENATURATION DES COURS DEAU ET LUTTE CONTRE LES POLLUTIONS 40 RECUEIL DACTIONS DE VILLES ET AGGLOMRATIONS FRANAISES ET EUROPENNES Lexemple de la rivire Isar en milieu urbain Munich 001_001_108-RecueilFinal_Mise en page 1 05/04/12 10:45 Page40
  43. 43. 41 POLITIQUES URBAINES & BIODIVERSIT Les grandes lignes du projet ont t dfinies sur la base du site-rfrence de Flaucher, dernier tronon de lIsar prsentant les caractristiques dune rivire alpine sauvage dans la ville avant sa restauration. Cest sur cette base que le paysage de lIsar a t redessin. Afin de prvenir les effets des inondations, la section transversale de la rivire a t augmente et les digues renforces. En cas de crue, le dbit a t limit 1 100 m3 /s grce au barrage du Sylvensteinsee, situ au pied des Alpes. Les berges minralises ont t supprimes et les digues recules. La stabilisation des digues a t effectue grce des rochers installs dans une fosse situe en retrait de la berge et dissimule par la vgtation. LIsar peut ensuite en roder les bords intrieurs et y dposer de la pierraille. Jusquici, la ramification insuffisante a caus de laffaissement du fond. Elle sera rduite grce lrosion latrale, llargissement du lit offrant la rivire un plus vaste espace dcoulement en cas de crue tout en limitant cette rosion latrale. Certaines anciennes digues posaient problme, puisque des arbres sy taient implants au fil des annes. Leurs racines crent des tensions de cisaillement qui concourent lrosion. Elles peuvent provoquer la chute des arbres et la rupture brutale de la digue en quelques minutes. La structure des digues peut aussi tre affaiblie par le haut, en raison de laction du vent ou du tassement spontan. Or, de nombreux arbres sont protgs. Cest pourquoi un procd nouveau a t labor pour protger les digues : des murs de btons ont y t encastrs grce un engin spcialement conu pour implanter des colonnes qui y sont coules puis relies par une poutre sommitale. Ce dispositif facilite la restauration bas cot des digues aprs les crues tout en assurant la protection contre les inondations. Le plan avait aussi pour but de recrer des conditions proches de ltat naturel afin de revitaliser le cours de lIsar et proposer des conditions optimales la faune et la flore. Des amnagements du dbit ont notamment t ngocis avec les exploitants hydrolectriques. Au dpart, la rivire recevait ltiage 5 m3 /s. Ce dbit a t port de 8 22 m3 /s partir de 2004. Cest un facteur limitant en t, puisque la hausse de la temprature de leau tend limiter sa teneur en oxygne, ce qui nuit aux poissons et la qualit de leau. Le dveloppement de zones de faible profondeur en bordure du lit a en parallle permis aux alevins et jeunes poissons de se rfugier et damliorer la connexion entre cosystmes, du fait de lapparition deaux stagnantes et de bras morts dans les zones o les hautes eaux ont rod les rives, puisque la rivire vacue prsente presque tout le dbit amont en cas de crue. Des souches fixes par des chanes ont t intention- nellement disposes afin de proposer des zones de frai aux poissons. Laspect de la rivire a t totalement modifi. Les seuils en dur qui produisaient de forts affouillements ont t remplacs par des rampes fran- chissables par les espces migratrices de poissons et les autres organismes aquatiques. Ces rampes sont composes par plusieurs bassins entours de pierres et permettent aux castors et aux habitants de Munich de traverser lIsar gu. Lvaluation cologique du projet a donn lieu la mise en place dun suivi scientifique en partenariat avec luniversit de Munich. Elle comprend ldition dun bilan de lvolution et de lutilisation des espaces modifis, des espces apparentes et des successions vgtales ceci afin de dvelopper lexpertise pour les projets futurs. 2TRAME VERTE ET BLEUE, RENFORCER LA QUALITE DES MILIEUX NATURELS EN VILLE 001_001_108-RecueilFinal_Mise en page 1 05/04/12 10:45 Page41
  44. 44. Au bout de trois ans, la richesse botanique des digues a beaucoup augment et plusieurs espces de plantes menaces se rencontrent en centre-ville. Des semis sous mulch ont t utiliss au dpart et la biodiversit vgtale a rapidement augment aprs une premire saison, durant laquelle les espces annuelles taient majoritaires. Les zones uniquement inondes en cas de crue se sont montres adaptes des coloptres trs spcifiques de ces milieux o les hautes eaux dnudent la pierraille et emportent sables, limon et vg- taux. Certaines espces doiseaux vivant dans les milieux empierrs y ont aussi trouv un biotope idal, comme dautres espces dinsectes et de vgtaux endmiques des rivires alpines bavaroises et autrichiennes. La Ville de Munich a accord une trs forte attention aux amnagements daccueil du public. Des tribunes ont t installes pour amliorer laccessibilit. Les Munichois apprcient beaucoup la qualit de leur rivire alpine urbaine. La qualit des eaux de baignade est garantie par lassainissement des eaux uses effectu par les stations dpuration du sud de la ville, qui utilisent des procds ultra-violets. Cette puration nest effectue que durant la saison de baignade, de mai septembre, en dehors des hausses de dbit suivant un orage et qui charrient une eau boueuse. Afin dviter une strilisation de leau, le dbit est toujours au moins gal 12 m3 /s, ce qui est possible grce au stockage des eaux de fonte dans le barrage du Sylvensteinsee. Voir sa prsentation sur : www.natureparif.fr/fr/manifestations/rencontres/756-la-biodiversite-et-les-centres-urbains Pour en savoir plus : www.stmug.bayern.de 2 RENATURATION DES COURS DEAU ET LUTTE CONTRE LES POLLUTIONS 42 RECUEIL DACTIONS DE VILLES ET AGGLOMRATIONS FRANAISES ET EUROPENNES Lexemple de la rivire Isar en milieu urbain Munich 001_001_108-RecueilFinal_Mise en page 1 05/04/12 10:45 Page42
  45. 45. 2 Renaturation de la Versoix urbaine dans le canton de Genve (Suisse) Organisme / institution en charge de la mise en uvre : Rpublique et Canton de Genve Services de la collectivit associs : Direction gnrale de leau Service renaturation des cours deau Budget : 2 136 000 CHF Partenaires nanciers : Le cot des travaux a t pris en charge par la loi dinvestissement L9018 du 13 fvrier 2004 accompagn dune subvention de 356 000 CHF de la Confdration (OFEV) Partenaires techniques : CERA / GREN / Losinger construction / Louis Genve / Ouvrages mtalliques / Boccard / Commune du Versoix Date de dbut de laction : 2000 Date de n : 2006 OBJECTIFS Situ dans le bourg de Versoix, il sagit du tronon le plus canalis et le plus artificiel du cours deau. Les rives taient artificielles et le lit uniforme. Les zones dhabitation riveraines se trouvaient dans une zone de danger moyen face aux inondations. Les objectifs de cette renaturation taient de protger les biens et les personnes contre les inondations, rtablir des berges et un lit naturels en redonnant plus despace la rivire, et favoriser la diversit des habitats piscicoles. MESURES MISES EN UVRE Les travaux effectus sont les suivants : suppression des murs en rive droite et dmolition dune villa situe en zone inondable, consolidation de la berge en rive droite par des blocs et des caissons vgtaliss avec des boutures de saule, dtournement dun collecteur deaux uses enjambant la rivire, dmolition dun fortin militaire et dune partie