LE MAINTIEN EN CONDITION OPÉRATIONNELLE DES MATÉRIELS MILITAIRES : DES EFFORTS À POURSUIVRE
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1. LE MAINTIEN EN CONDITION OPRATIONNELLE DES MATRIELS
MILITAIRES : DES EFFORTS POURSUIVRE Rapport public thmatique
2. Le maintien en condition oprationnelle des matriels
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3. Sommaire DLIBR
....................................................................................................
9 INTRODUCTION
.....................................................................................
11 CHAPITRE I - LES CONSTATS : UN PROBLEME DE DISPONIBILITE MALGRE
LES REFORMES ENGAGEES, UN COUT CROISSANT ET DES CONTRAINTES
STRUCTURELLES .............. 17 I - La crise de disponibilit du
dbut des annes 2000 a conduit une rforme de lorganisation
.........................................................................
17 A - Le dbut des annes 2000 se caractrisait par une crise
importante du MCO
..........................................................................................................
17 B - Le MCO tait alors organis de faon spcifique au sein de
chacune des trois armes
.......................................................................................
18 C - Une rforme importante de lorganisation du MCO est intervenue
... 22 II - Malgr les rformes, les performances restent dcevantes
en termes de disponibilit
.............................................................................................
23 A - La disponibilit des matriels est une notion complexe en
cours dvolution
................................................................................................
23 B - Les rsultats en termes de disponibilit diffrent selon les
milieux et les matriels
.............................................................................................
26 III - Le cot budgtaire doit tre mieux cern et matris
......................... 31 A - Les dpenses et le cot du MCO sont
encore mal cerns ................... 31 B - Les dpenses budgtaires
de MCO reprsentent plus de 15 % du budget de la dfense en 2012
..................................................................
35 C - La croissance des dpenses doit tre matrise pour rester dans
lenveloppe prvue par la LPM
.................................................................
37 IV - La nature du parc de matriels et les contraintes qui psent
sur lui compliquent le MCO
................................................................................
41 A - Le parc de matriel est trs htrogne, ce qui complique le MCO
... 41 B - Les oprations extrieures reprsentent une contrainte
forte .......... 44 C - La mise en oeuvre des rgles de scurit
simpose au MCO et constitue une forte contrainte
.................................................................................
47 Le maintien en condition oprationnelle des matriels militaires
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4. 4 COUR DES COMPTES CHAPITRE II - LORGANISATION DU MCO AU
MINISTERE DE LA DEFENSE : UNE RATIONALISATION A POURSUIVRE
................. 53 I - La poursuite de la rduction du nombre
dimplantations est ncessaire
................................................................................................
54 A - Le choix des implantations sur le territoire ne tient gure
compte des contraintes de MCO
..................................................................................
54 B - Le MCO de la marine est principalement implant Brest et
Toulon
.......................................................................................................
55 C - Les implantations du service de maintenance industrielle
terrestre (SMITer) restent nombreuses et tributaires de lvolution
de la carte
militaire.....................................................................................................
56 D - Le nombre de plateformes aronautiques demeure lev
................ 60 II - Les restructurations fournissent loccasion
de poursuivre la rationalisation et lamlioration des performances
des sites ................... 62 A - Les modalits de mise en oeuvre
des restructurations nont pas encore t annonces lensemble des
acteurs .................................................. 62 B -
Les services tatiques ne sont pas encore assez performants
............ 65 CHAPITRE III - LA RELATION AVEC LES INDUSTRIELS :
UN NOUVEAU PARTENARIAT A CONSTRUIRE
.................................... 73 I - Une nouvelle
organisation du ministre ne rsoudrait pas les difficults du MCO
....................................................................................................
73 A - Lactuel partage des responsabilits entre la DGA et les armes
est remis en cause
..........................................................................................
73 B - La poursuite de loptimisation de lorganisation actuelle est
prfrable
.................................................................................................
74 C - Les expriences britannique et allemande ne sont pas
concluantes .. 76 II - Ltat entretient une relation complexe avec
les industries darmement
.............................................................................................
77 A - Ltat est la fois actionnaire, client et garant de
lindpendance
stratgique................................................................................................
77 B - Les commandes de ltat orientent la politique industrielle,
voire lamnagement du territoire
....................................................................
78 C - La relation contractuelle avec les industriels est devenue
plus complexe
..................................................................................................
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5. SOMMAIRE 5 III - Lamlioration des capacits de ngociation de
ltat avec les industriels mrite dtre poursuivie
......................................................... 80 A - Le
renforcement des prrogatives et des moyens du bureau denqute de
cots est ncessaire
........................................................... 80 B -
Lamlioration de la contractualisation favorise un meilleur rapport
qualit prix
................................................................................................
82 C - La relation partenariale avec les industriels peut tre
amliore ....... 84 IV - Le MCO est prendre en compte tout au long
du cycle de vie des matriels
..................................................................................................
86 A - Le MCO est mieux pris en compte que par le pass dans la
conception des matriels
............................................................................................
86 B - Larticulation entre les contrats de MCO initiaux et les
contrats de MCO en service est essentielle
.................................................................
89 CONCLUSION GENERALE
.....................................................................
95 RECAPITULATIF DES RECOMMANDATIONS
................................ 99 GLOSSAIRE
.............................................................................................101
RPONSES DES ADMINISTRATIONS CONCERNES ..................103 Le
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7. Les rapports publics de la Cour des comptes - laboration et
publication - La Cour publie, chaque anne, un rapport public annuel
et des rapports publics thmatiques. Le prsent rapport est un
rapport public thmatique. Les rapports publics de la Cour sappuient
sur les contrles et les enqutes conduits par la Cour des comptes ou
les chambres rgionales des comptes et, pour certains, - ce qui a t
le cas pour la prsente enqute - conjointement entre la Cour et les
chambres rgionales ou entre les chambres. En tant que de besoin, il
est fait appel au concours dexperts extrieurs, et des consultations
et des auditions sont organises pour bnficier dclairages larges et
varis. Au sein de la Cour, ces travaux et leurs suites, notamment
la prparation des projets de texte destins un rapport public, sont
raliss par lune des sept chambres que comprend la Cour ou par une
formation associant plusieurs chambres. Trois principes
fondamentaux gouvernent lorganisation et lactivit de la Cour des
comptes, ainsi que des chambres rgionales des comptes, et donc
aussi bien lexcution de leurs contrles et enqutes que llaboration
des rapports publics : lindpendance, la contradiction et la
collgialit. Lindpendance institutionnelle des juridictions
financires et statutaire de leurs membres garantit que les contrles
effectus et les conclusions tires le sont en toute libert
dapprciation. La contradiction implique que toutes les
constatations et apprciations ressortant dun contrle ou dune
enqute, de mme que toutes les observations et recommandations
formules ensuite, sont systmatiquement soumises aux responsables
des administrations ou organismes concerns ; elles ne peuvent tre
rendues dfinitives quaprs prise en compte des rponses reues et, sil
y a lieu, aprs audition des responsables concerns. La publication
dun rapport public est ncessairement prcde par la communication du
projet de texte que la Cour se propose de publier aux ministres et
aux responsables des organismes concerns, ainsi quaux autres
personnes morales ou physiques directement intresses. Dans le
rapport publi, leurs rponses accompagnent toujours le texte de la
Cour. La collgialit intervient pour conclure les principales tapes
des procdures de contrle et de publication. Le maintien en
condition oprationnelle des matriels militaires septembre 2014 Cour
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8. 8 COUR DES COMPTES Tout contrle ou enqute est confi un ou
plusieurs rapporteurs. Leur rapport dinstruction, comme leurs
projets ultrieurs dobservations et de recommandations, provisoires
et dfinitives, sont examins et dlibrs de faon collgiale, par une
chambre ou une autre formation comprenant au moins trois
magistrats, dont lun assure le rle de contre-rapporteur, charg
notamment de veiller la qualit des contrles. Il en va de mme pour
les projets de rapport public. Le contenu des projets de rapport
public est dfini, et leur laboration est suivie, par le comit du
rapport public et des programmes, constitu du premier prsident, du
procureur gnral et des prsidents de chambre de la Cour, dont lun
exerce la fonction de rapporteur gnral. Enfin, les projets de
rapport public sont soumis, pour adoption, la chambre du conseil o
sigent en formation plnire ou ordinaire, sous la prsidence du
premier prsident et en prsence du procureur gnral, les prsidents de
chambre de la Cour, les conseillers matres et les conseillers
matres en service extraordinaire. Ne prennent pas part aux
dlibrations des formations collgiales, quelles quelles soient, les
magistrats tenus de sabstenir en raison des fonctions quils
exercent ou ont exerces, ou pour tout autre motif dontologique. *
Les rapports publics de la Cour des comptes sont accessibles en
ligne sur le site internet de la Cour des comptes et des chambres
rgionales et territoriales des comptes : www.ccomptes.fr. Ils sont
diffuss par La Documentation Franaise. Le maintien en condition
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9. Dlibr La Cour des comptes, dlibrant en chambre du conseil
runie en formation ordinaire, a adopt le prsent rapport intitul Le
maintien en condition oprationnelle des matriels militaires : des
efforts poursuivre. Le rapport a t arrt au vu du projet communiqu
au pralable aux administrations concernes et des rponses adresses
en retour la Cour. Les rponses sont publies la suite du rapport.
Elles engagent la seule responsabilit de leurs auteurs. Ont
particip au dlibr : M. Migaud, Premier prsident, MM. Durrleman,
Lefas, Briet, Mme Ratte, MM. Vachia, Paul, Duchadeuil, Piol,
prsidents de chambre, MM. Picq, Descheemaeker, Bayle, Bertrand,
Levy, Mme Froment-Meurice, prsidents de chambre maintenus en
activit, M. Pannier, Mme Morell, M. Perrot, Mmes Franoise Saliou,
Ulmann, MM. Ptel, Martin, Guibert, Le Mn, Vialla, Spulchre,
Mousson, Saudubray, Rousselot, Laboureix, Mme Esparre, MM.
Monteils, Jamet, calle, Mme Soussia, conseillers matres, MM.
Dubois, Jouanneau, Sarrazin conseillers matres en service
extraordinaire. Ont t entendus : - en sa prsentation, M. Piol,
prsident de la chambre charge des travaux sur lesquels le rapport
est fond et de la prparation du projet de rapport ; - en son
rapport, M. Paul, rapporteur du projet devant la chambre du
conseil, assist de M. Jourdan, conseiller rfrendaire, rapporteur
devant la chambre charge de le prparer, et de Mme Franoise Saliou,
conseillre matre, contre-rapporteur devant cette mme chambre ; - en
ses conclusions, sans avoir pris part au dlibr, M. Johanet,
Procureur gnral. Il tait accompagn de Mme Gaspari, charge de
mission. M. Filippini, secrtaire gnral, assurait le secrtariat de
la chambre du conseil. Fait la Cour, le 23 septembre 2014. Le
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10. 10 COUR DES COMPTES Le projet de rapport soumis la chambre
du conseil a t prpar, puis dlibr le 28 avril 2014, par la deuxime
chambre prside par M. Levy, prsident de chambre, et compose de MM.
Rmond, Camoin, Vivet, Rigaudiat, Mousson, Colcombet, Dors et Mme
Dujols, ainsi que, en tant que rapporteur, M. Jourdan, conseiller
rfrendaire et, en tant que contre-rapporteur, Mme Franoise Saliou,
conseillre maitre. Le projet de rapport a t examin et approuv, le 6
mai 2014, par le comit du rapport public et des programmes de la
Cour des comptes, compos de M. Migaud, Premier prsident, Mme
Froment-Meurice, MM. Durrleman, Levy, Lefas, Briet, Mme Ratte, M.
Vachia, M. Paul, rapporteur gnral du comit, prsidents de chambre,
et M. Johanet, procureur gnral, entendu en ses avis. Le maintien en
condition oprationnelle des matriels militaires septembre 2014 Cour
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11. Introduction Le maintien en condition oprationnelle des
matriels militaires (MCO) est lensemble des actions de maintenance
prventive et curative ralises par le ministre de la dfense ou par
les industriels publics ou privs afin dentretenir les matriels
militaires. En 2012, avec un cot de plus de 6 Md, le MCO a reprsent
15 % du budget de la mission Dfense et mobilis plus de 45 000
agents du ministre. Son cot a augment de 22 % en euros constants
depuis 2000, sans que les problmes dinsuffisance de disponibilit
des matriels relevs lpoque naient t rsolus. Il regroupe trois types
de dpenses : - les dpenses dites d Entretien Programm des Matriels
(EPM), autrement dit les achats de prestations et de pices de
rechange auprs des fournisseurs privs ou publics, qui reprsentent
plus de la moiti des dpenses totales du MCO ; - la masse salariale
de la main doeuvre interne au ministre, qui reprsente plus de 40 %
de la dpense totale du MCO ; - les dpenses dinvestissement et
dentretien des infrastructures et des quipements ddis, qui
reprsentent moins de 5 % de la dpense totale du MCO. la suite de la
crise de disponibilit des matriels constate au dbut des annes 2000,
les tches ont t rorganises et sont assures par trois catgories
dacteurs : - les tats-majors darmes, qui expriment les besoins des
units oprationnelles, en tant que matres douvrage ; - les trois
services spcialiss par milieu (arien, terrestre, naval), la
Structure Intgre de Maintien en condition oprationnelle des
Matriels Aronautiques de la Dfense (SIMMAD), la Structure Intgre du
Maintien en condition oprationnelle des Matriels Terrestres (SIMMT)
et le Service de Soutien de la Flotte (SSF), qui, en tant que
matres douvrage dlgus des premiers, planifient et coordonnent les
travaux, passent les commandes et ngocient les contrats avec les
entreprises publiques ou prives comme avec les services en rgie du
ministre ; Le maintien en condition oprationnelle des matriels
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12. 12 COUR DES COMPTES - ceux qui ralisent effectivement les
prestations de fournitures de pices ou de services : entreprises
prives ou publiques, services en rgie comme il en existe un par
milieu1, enfin personnels militaires ou civils du ministre
mcaniciens, marins, etc. qui, dans les rgiments, sur les btiments
de la marine nationale et au sein des bases ariennes assurent le
premier entretien. Cette organisation par milieu ne prsente de rels
enjeux interarmes que pour le matriel aronautique dont, au-del de
larme de lair, une partie importante est utilise par la marine et
larme de terre. La situation est diffrente pour les matriels
navals, principalement en service dans la marine nationale, et pour
les matriels terrestres, dtenus 90 % par larme de terre. Tableau n
1 : rpartition des matriels des armes en 2013 Matriel terrestre
Matriel naval Matriel aronautique Arme de terre 90 % du matriel
terrestre soit environ 4 millions de petits matriels et 20 000
vhicules Trs peu de matriel 28 % des aronefs Marine nationale Moins
d1 % du matriel terrestre Quasi-totalit du matriel naval dont 67
btiments 16 % des aronefs Arme de lair 9 % du matriel terrestre Trs
peu de matriel 56 % des aronefs Source : ministre de la dfense ces
acteurs, il faut ajouter la direction gnrale de larmement (DGA) qui
contractualise les premires annes dentretien dans le cadre des
marchs dacquisition des matriels. En effet, le MCO initial des
matriels relve de la DGA. 1 Le Service de Maintenance Industrielle
Terrestre (SMITer), le Service Industriel de lAronautique (SIA) et
le Service de Logistique de la Marine (SLM) auxquels on peut
ajouter le Service des Infrastructures de Dfense (SID). Le maintien
en condition oprationnelle des matriels militaires septembre 2014
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13. INTRODUCTION 13 Lorsquun nouveau programme darmement est
lanc, celle-ci contractualise avec lindustriel lacquisition des
premires annes de MCO en mme temps que le dveloppement et
lacquisition des quipements. Lide est de prendre en compte ce MCO
initial dans les dcisions de conception, de manire faciliter
lentretien futur et dintresser lindustriel la maintenabilit des
matriels quil produit. Par ailleurs, cette organisation permet la
DGA de bnficier dun retour dexprience de la mise en oeuvre des
premiers matriels des sries commandes qui, par leur aspect innovant
et technologique, ont souvent les caractristiques dun prototype.
Des modifications peuvent ainsi tre apportes aux matriels pour
amliorer leur fiabilit. Ce MCO initial est financ par le programme
budgtaire 146 plac sous la responsabilit conjointe du Dlgu gnral
larmement (DGA) et du chef dtat-major des armes (CEMA). lissue de
la phase de MCO initial, la responsabilit du soutien en service est
transfre ltat-major des armes (EMA) qui le finance par le programme
budgtaire 178 plac sous la responsabilit du CEMA. Cette
organisation est rsume dans le schma ci-dessous. Schma n 1 :
organisation actuelle du MCO Source : Cour des comptes partir des
donnes du ministre de la dfense Le maintien en condition
oprationnelle des matriels militaires septembre 2014 Cour des
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14. 14 COUR DES COMPTES Au cours de la vie des matriels, le
choix de confier une tche de MCO une matrise doeuvre plutt qu une
autre dpend dabord de la tche raliser. Plus lintervention raliser
est complexe et ncessite une infrastructure industrielle lourde,
plus lindustrie prive et, pour laronautique, le SIA, sont sollicits
car les autres rgies ne disposent pas des quipements ncessaires la
ralisation de lensemble des oprations. Il existe donc un certain
nombre de cas o la mise en concurrence de la rgie avec lindustrie
nest pas possible. Le poids de lindustrie a augment, notamment du
fait de la diminution des moyens des rgies tatiques et de la
transformation en socit anonyme des arsenaux terrestres (devenus le
groupe Nexter) et des arsenaux navals (devenus DCNS). Pour autant,
ltat a gard en rgie des capacits industrielles pour plusieurs
raisons : elles sont ncessaires pour entretenir des matriels
anciens qui nintressent pas les entreprises prives bien quils
soient toujours en service ; elles sont considres indispensables
pour permettre dtalonner les offres de lindustrie priv ; et elles
permettent de former les mcaniciens qui doivent aller rparer les
matriels en oprations. En effet, le choix dpend aussi des
contraintes oprationnelles car les armes ont besoin de pouvoir
rparer leur matriel sur les thtres doprations, ce qui ncessite de
disposer des personnels militaires forms. Les matriels terrestres
sont ceux qui doivent pouvoir tre rpars au plus prs des zones
dengagement, do la prsence de sections de maintenance dans les
rgiments et la capacit du SMITer pouvoir projeter ses personnels
militaires avec des lots de rechanges sur les thtres extrieurs. Les
btiments de la flotte doivent pouvoir tre traits en mer en cas
davarie, do le fort investissement des quipages dans le domaine du
MCO. Les aronefs sont dploys en oprations partir de bases ariennes
projetes ou du porte-avions, ce qui ncessite de pouvoir positionner
sur place des mcaniciens et des lots de rechanges. Le MCO est
galement organis en fonction des niveaux de maintenance. Trois
niveaux techniques dintervention 1, 2 et 3 (NTI1, NTI2 et NTI3),
sont dtermins en fonction de la complexit technique que revt
laction mettre en oeuvre : Le maintien en condition oprationnelle
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15. INTRODUCTION 15 - le NTI 1 correspond aux actions les plus
simples pouvant tre ralises par les maintenanciers des formations
oprationnelles et ne ncessitant pas doutillage industriel lourd ; -
le NTI 2 recouvre les oprations ncessitant des installations
spcifiques pour effectuer des tests ou des visites techniques qui
sont ralises dans des ateliers ou dans des espaces de visite ddis,
par exemple dans les structures de maintenance en rgie ; - le NTI 3
correspond aux interventions ncessitant des moyens et des
comptences de niveau industriel, comme des bureaux dtudes et des
units de production qui sont ralises en gnral chez les industriels.
Les frontires entre les trois niveaux de maintenance sont
diffrentes en fonction des matriels et le primtre exact du NTI2
assez difficile dfinir. Enfin, les armes utilisent aussi la
distinction entre le niveau de soutien industriel (NSI) et le
niveau de soutien oprationnel (NSO). Ceci vise distinguer notamment
les actions ncessitant le recours des infrastructures et des
comptences de niveau industriel, ce qui correspond, avec le soutien
initial, au concept dentretien programm des matriels, et les
actions qui doivent pouvoir tre conduites au sein des forces,
notamment lors des oprations. Les frontires entre le NSI et le NSO
sont volutives en fonction du contexte demploi des matriels sur le
terrain. Cette organisation et les actions quelle met en oeuvre ont
pour objectif dobtenir la meilleure disponibilit des matriels au
moindre cot. Or, les taux de disponibilit, qui taient
particulirement faibles au dbut des annes 2000, restent aujourdhui
proches de 50 60 %, voire moins, pour nombre dquipements, si bien
que la situation constate par la Cour il y a une dcennie semble
avoir peu volu. La Cour avait publi en 2004 un rapport qui
analysait la crise de disponibilit des matriels observe au dbut de
la dcennie 2000. Ce rapport expliquait cette situation par des
causes structurelles lies lorganisation du MCO au sein du ministre
de la dfense, la nature du parc des matriels entretenir et la forte
diminution des crdits dentretien des matriels la fin des annes
1990. Dix annes plus tard, la Cour des comptes a conduit
simultanment trois contrles portant sur le maintien en condition
oprationnelle (MCO) des matriels terrestres, navals et aronautiques
du ministre de la dfense. Le prsent rapport, qui en fait la
synthse, dresse Le maintien en condition oprationnelle des matriels
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16. 16 COUR DES COMPTES un nouveau bilan alors que le sujet
reste une proccupation majeure des pouvoirs publics comme en
tmoignent, en 2008, le rapport du snateur Frville2 et, en 2011, le
rapport confi au Contrle gnral des armes (CGA) et lInspection
gnrale des finances (IGF). Le contrle de la Cour intervient dans le
contexte de la mise en oeuvre de la nouvelle loi de programmation
militaire (LPM) couvrant la priode 2014-2019, qui dfinit des moyens
ncessairement compts pour le MCO, dont la performance actuelle est
dcevante. Il porte sur lensemble des acteurs du MCO des milieux
terrestre, naval et aronautique. Le rapport sarticule en trois
grandes parties : la premire dresse les principaux constats en
termes de performance et de cots ; les deux autres identifient les
grands axes de progrs, lun relevant de lorganisation et de la
rationalisation du MCO ralis au sein du ministre, lautre de
lamlioration de la relation entre les industriels et le ministre. 2
Rapport dinformation fait par M. Yves Frville au nom de la
commission des Finances du Snat sur la structure intgre de maintien
en condition oprationnelle des matriels aronautiques du ministre de
la dfense (SIMMAD), et le maintien en condition oprationnelle des
matriels aronautiques du ministre de la dfense, mai 2008. Le
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17. Chapitre I Les constats : un problme de disponibilit malgr
les rformes engages, un cot croissant et des contraintes
structurelles I - La crise de disponibilit du dbut des annes 2000 a
conduit une rforme de lorganisation A - Le dbut des annes 2000 se
caractrisait par une crise importante du MCO La disponibilit des
matriels stait, au dbut des annes 2000, brutalement dgrade pour
tous les matriels. Cette mauvaise performance sexpliquait, en
partie, par la forte diminution des crdits affects la maintenance
des quipements dans le nouveau contexte stratgique qui avait suivi
la fin de la guerre froide. Le rapport publi par la Cour des
comptes en 20043 mettait en vidence cette chute, dont quelques
exemples sont donns ci-dessous. 3 Cour des comptes, Rapport au
Prsident de la Rpublique : Le maintien en condition oprationnelle
des matriels des armes. La documentation franaise, dcembre 2004, 94
p., disponible sur www.ccomptes.fr Le maintien en condition
oprationnelle des matriels militaires septembre 2014 Cour des
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18. 18 COUR DES COMPTES Tableau n 2 : la dgradation de la
disponibilit technique des matriels militaires entre 1997 et 2000
Matriel Disponibilit 1997 Disponibilit 2000 Vhicules de lavant
blind (VAB) 82 % 72 % Chars lgers AMX10 RC 84 % 57 % Frgates
anti-sous-marines 74 % 56 % Sous-marins nuclaires 70 % 43 %
dattaque Matriels majeurs de larme de lair 65 % 56 % Source :
Ministre de la dfense Cette crise sexpliquait galement par une
organisation complexe qui tait dstabilise par les profonds
changements qui affectaient les armes : suspension du service
national, changement de statuts des arsenaux, nouvelle donne
stratgique. B - Le MCO tait alors organis de faon spcifique au sein
de chacune des trois armes 1 - Dans larme de terre, lorganisation
du MCO restait trs dcentralise Pour des raisons historiques lies
aux perspectives de conflits en Centre-Europe, les formations
terrestres sont rparties sur lensemble du territoire national avec
une prdominance pour le Nord-Est et sont quipes dune grande
diversit de matriels : encore aujourdhui, elles comptent environ 20
000 vhicules et plusieurs centaines de milliers de petits
quipements. Lorganisation historique du MCO terrestre prvoyait donc
lentretien des matriels par les maintenanciers des rgiments pour
les actions ne ncessitant pas un outillage industriel lourd, et la
ralisation des tches plus complexes par les formations du matriel
relevant de la Le maintien en condition oprationnelle des matriels
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19. LES CONSTATS : UN PROBLEME DE DISPONIBILITE MALGRE LES
REFORMES ENGAGEES, UN COUT CROISSANT ET DES CONTRAINTES
STRUCTURELLES 19 direction centrale du matriel (DCMAT), cre dans sa
forme initiale en 1944, larme du matriel ayant t cre en 1976. La
DCMAT disposait la fois dtablissements avec des outils industriels
lourds, dentrepts de stockage et de dtachements de formations du
matriel implants dans les rgiments des forces. Le recours aux
industriels pouvait paratre moins important quaujourdhui, dans la
mesure o une partie de la production de matriels neufs relevait
elle-mme des arsenaux terrestres, avant leur transformation en
socit anonyme en 1990 sous le nom de GIAT Industries, devenu depuis
le groupe Nexter. La volont de maintenir une comptence forte de MCO
au sein de larme de terre sexplique aussi par la ncessit de rparer
les matriels lors des oprations extrieures, ce qui suppose de
pouvoir projeter des maintenanciers au plus prs des zones de
combat. Le rapport public de la Cour de 2004 imputait en partie la
chute des disponibilits des matriels cette organisation. Larme de
terre, concerne au premier chef par la suspension du service
national en 1996 et par les rductions successives de format dcides
depuis la fin de la guerre froide, tait entre dans un cycle de
rformes successives qui avaient fragilis lorganisation du MCO.
Au-del des rductions deffectifs des formations du matriel, la
rorganisation du milieu des annes 1990 avait conduit sparer
lentretien courant en mtropole, sous la responsabilit de la DCMAT,
et la prparation oprationnelle pour le MCO en oprations extrieures
sous la responsabilit de la Brigade logistique. Elle avait
introduit une complexe structure matricielle source dinefficiences,
dautant que, dans le mme temps, les directions rgionales du matriel
taient subordonnes aux rgions Terre. Les formations du matriel
devaient ainsi rpondre des objectifs parfois contradictoires de
plusieurs chanes de commandement avec des moyens compts. 2 - Le MCO
naval tait assur par les arsenaux navals Les tches dentretien
courant et de petites rparations taient effectues par les quipages
la mer, tandis que les actions plus lourdes taient confies aux
arsenaux navals, situs notamment dans les ports de guerre, qui
avaient en charge galement la construction des nouveaux btiments.
La flotte sest toujours caractrise par son htrognit et par la dure
de vie longue des btiments, de lordre de 40 ans : encore Le
maintien en condition oprationnelle des matriels militaires
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20. 20 COUR DES COMPTES aujourdhui, on compte une soixantaine
de btiments rpartis en sept grandes catgories, certaines ne
comportant quune unit (le porte-avions), dautres ayant des
spcificits fortes (propulsion nuclaire du porte-avions et des
sous-marins, impossibilit daccder certaines parties du btiment en
phase dexploitation), ce qui ncessite le recours des arrts
techniques priodiques et de lourds travaux dentretien voire de
remise niveau, nanmoins facilits par le regroupement de la plus
grande partie de la flotte dans deux ports de guerre, Brest et
Toulon. Le rapport public de la Cour de 2004 constatait la chute de
la disponibilit des btiments et identifiait des facteurs
dexplication spcifiques lorganisation de la marine nationale. Le
relatif dsintrt de la direction gnrale de larmement (DGA) pour le
MCO de la flotte et le dsengagement progressif de la direction des
constructions navales - transforme en socit anonyme en 2003 sous le
nom de DCN SA - qui tendait concentrer les efforts sur la
construction neuve, se traduisaient par des difficults importantes
pour la marine nationale. Le sous-encadrement des quipes de
maintenanciers de DCN SA conduisait les commandants de btiments
affecter des membres de leur quipage aux tches de MCO. Le cas de
ltablissement des constructions navales de Toulon tait emblmatique
des difficults de la priode de transition : instructions
judiciaires sur la fonction achat, effet ngatif du changement de
statut de DCN SA sur la motivation des personnels, carts
dinventaire trs significatifs relevs sur les rechanges lors de
lapport dactifs DCN SA, etc. Tout cela ne pouvait pas tre sans
effet sur la disponibilit des btiments de la flotte. 3 - Le MCO
aronautique faisait dj une large place lindustrie Ds lorigine,
lindustrie prive a eu un rle important dans la production et la
maintenance des aronefs de larme de lair. En effet, cette industrie
est ne au dbut du XXme sicle, avant la constitution de laviation
militaire au cours de la premire guerre mondiale et la cration de
larme de lair en 1934. Le ministre de la dfense na jamais t
constructeur daronefs et les activits en rgie se sont limites la
rparation. La technicit des matriels et leur proximit initiale avec
les aronefs civils ont conduit une organisation du MCO reposant en
premier niveau sur les mcaniciens de larme de lair rpartis sur les
bases ariennes au plus prs des escadrons et sur le recours aux
industriels dans un deuxime temps pour les interventions ncessitant
un outillage industriel lourd. Le maintien en condition
oprationnelle des matriels militaires septembre 2014 Cour des
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21. LES CONSTATS : UN PROBLEME DE DISPONIBILITE MALGRE LES
REFORMES ENGAGEES, UN COUT CROISSANT ET DES CONTRAINTES
STRUCTURELLES 21 Comme pour larme de terre, les perspectives de
conflits en Centre-Europe ont conduit la constitution dun rseau
dense de bases ariennes sur lensemble du territoire, avec une
prdominance pour le Nord-Est. Quant la rgie constitue partir de la
fin des annes 1930 par les ateliers industriels de laronautique
(AIA), elle a t conue en complmentarit des capacits des
industriels. La question du rattachement de cette rgie a t pose ds
lorigine. Initialement rattache larme de lair dans les annes 1930,
elle a t ensuite rattache la direction des constructions
aronautiques, puis la direction gnrale de larmement (DGA) jusquen
2008. La dispersion des aronefs dans les armes et le manque de
pices dtaches ont contribu la dgradation de la disponibilit dans
larme de lair. Le rapport public de la Cour de 2004 imputait ainsi
une partie de la chute de disponibilit des aronefs des questions
dorganisation. Les aronefs sont rpartis dans lensemble des armes :
avions de combat, avions de transport et hlicoptres dans larme de
lair ; hlicoptres de combat et de manoeuvre dans larme de terre ;
avions de combat, avions de patrouille maritime et hlicoptres dans
la marine. Cette situation conduisait un dialogue spar de chaque
arme avec la DGA, dans un contexte o cette dernire allouait la
majorit de ses ressources au suivi des programmes darmements neufs.
Il en est rsult une consolidation insuffisante des faits techniques
des diffrentes armes et une politique dapprovisionnement inadapte
en pices dtaches. La pnurie de pices pour certains aronefs a ainsi
fortement contribu la dgradation de leur disponibilit. Face la
gravit de cette crise, le ministre de la dfense a, ds le dbut des
annes 2000, engag des rformes profondes de lorganisation du MCO
notamment en substituant une organisation par milieu une
organisation par armes. Le maintien en condition oprationnelle des
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22. 22 COUR DES COMPTES C - Une rforme importante de
lorganisation du MCO est intervenue 1 - Une organisation par milieu
se substitue une organisation par arme a) La nouvelle organisation
a concern dabord les matriels aronautiques Aprs la cration de la
structure intgre de maintien en condition oprationnelle des
matriels aronautiques de la dfense (SIMMAD), structure dachat
interarmes centralise, subordonne au chef dtat-major de larme de
lair (CEMAA) en 2000, les ateliers industriels de laronautique ont
t transfrs de la DGA au service industriel de laronautique (SIA),
rattach au chef dtat-major de larme de lair en 2008. Dsormais le
MCO des matriels aronautiques est organis sur une base interarmes.
Le domaine aronautique concentre les enjeux les plus importants
compte tenu du cot (environ de 3,2 Md en 2012, soit plus de la
moiti du cot total du MCO), des effectifs (environ 24 000 emplois
en 2012 avec le SIA sur les 45 000 intervenant dans le MCO) et du
nombre de matriels concerns (environ 1 250 aronefs au total). b)
Larme de terre sest inspire du modle aronautique, tout en
dveloppant une gestion en pool de ses engins En octobre 2010, la
structure intgre de maintien en condition oprationnelle des
matriels terrestres (SIMMT) est cre sur le modle de la SIMMAD.
Cette mme anne, est aussi cr le service de la maintenance
industrielle terrestre (SMITer) pour regrouper les capacits de MCO
en rgie de larme de terre. La SIMMT et le SMITer succdent la DCMAT
et ont vocation prendre en charge le maintien en condition
oprationnelle des matriels terrestres des trois armes, mme si, dans
les faits, 90 % de ces matriels sont en service dans larme de
terre. Par ailleurs, larme de terre a dvelopp une gestion en pool
de ses matriels roulants, la politique demploi et de gestion des
parcs (PEGP). Il sagit dassurer le bon niveau de disponibilit au
bon moment Le maintien en condition oprationnelle des matriels
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23. LES CONSTATS : UN PROBLEME DE DISPONIBILITE MALGRE LES
REFORMES ENGAGEES, UN COUT CROISSANT ET DES CONTRAINTES
STRUCTURELLES 23 et au bon endroit pour alimenter les oprations
extrieures et permettre la prparation oprationnelle en mtropole,
tout en acceptant ponctuellement des baisses de disponibilit en
fonction des cycles dactivits des rgiments. Le MCO terrestre
reprsente en 2012 un cot de lordre de 1,5 Md et un effectif
denviron 14 500 emplois. c) La marine fonctionne selon le mme modle
Le service de soutien de la flotte (SSF), structure dachat
centrale, a t cr en 2000 ; une rgie industrielle, le service
logistique de la marine (SLM), a t constitue par les ateliers
militaires de la flotte (AMF), crs dans leur forme originelle en
1895. Mme si la dimension interarmes des matriels navals est
faible, la marine nationale dispose ainsi dune matrise douvrage
dlgue vocation interarmes, ce mme SSF, cr en 2000, et dun matre
doeuvre en rgie, le SLM, qui regroupe les ateliers militaires de la
flotte. Le MCO naval reprsente un cot de lordre de 1,2 Md en 2012
et un effectif denviron 5 500 emplois, chiffre qui comprend les
effectifs ddis au MCO naval et englobe une estimation de 3 000
quivalents temps plein consacrs par les quipages des btiments au
MCO. II - Malgr les rformes, les performances restent dcevantes en
termes de disponibilit A - La disponibilit des matriels est une
notion complexe en cours dvolution 1 - Le concept de disponibilit
volue vers la notion de disponibilit suffisante au bon endroit et
au bon moment Pendant longtemps, la performance du MCO a t mesure
laide de la disponibilit technique (DT), dfinie comme le
pourcentage de matriels en tat de fonctionnement par rapport au
total des matriels, et de la disponibilit technique oprationnelle
(DTO), dfinie comme le Le maintien en condition oprationnelle des
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24. 24 COUR DES COMPTES pourcentage de matriels en tat
daccomplir leurs missions (cest--dire en tat de fonctionnement et
disposant des armements ncessaires) par rapport au total des
matriels. Dans un contexte de risque dengagement massif en Europe,
lobjectif tait datteindre un niveau maximum de disponibilit, malgr
les immobilisations inluctables des matriels durant les priodes de
rparation ou de rnovation, afin dassurer une monte en puissance
rapide face une menace majeure. Lvolution du contexte stratgique et
la contrainte financire ont conduit les armes voluer vers une
politique visant assurer une disponibilit suffisante des matriels
au bon endroit et au bon moment. Dans le domaine terrestre,
lobjectif est de garantir en permanence un taux de disponibilit
oprationnelle des matriels suprieurs 90 % en oprations extrieures,
et dadapter le taux de disponibilit en mtropole aux besoins de la
prparation oprationnelle. En fonction de sa position dans le cycle
dengagement, chaque rgiment se voit attribuer un niveau de priorit
diffrent et des seuils de disponibilits planchers pour les matriels
quil utilise au quotidien pour sa prparation oprationnelle. Dans le
domaine naval, la programmation des arrts techniques des btiments
est tablie de manire pouvoir assurer en permanence la mission de
dissuasion nuclaire et de disposer de suffisamment dunits pour
faire face aux missions rcurrentes. Dans le domaine aronautique, la
priorit est galement donne la disponibilit en oprations extrieures
et la permanence de la mission de dissuasion. Dautres critres
dvaluation de la performance comme, par exemple dans laronautique,
le nombre dheures de vol accomplies par pilote afin de garder ou
dobtenir ses qualifications, peuvent savrer pertinents. 2 - Les
dfinitions des concepts de disponibilit diffrent selon les armes La
dfinition de la disponibilit peut prsenter des nuances importantes
selon les armes. Dans larme de terre, le concept de DTO est utilis
pour connatre, au jour le jour, le nombre de vhicules aptes aux
missions oprationnelles. La marine nationale a dvelopp une
apprciation complexe de la disponibilit de ses btiments en fonction
des missions quils sont amens exercer. La disponibilit technique
est conue comme la capacit du btiment naviguer, tandis que la
disponibilit technique oprationnelle Le maintien en condition
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25. LES CONSTATS : UN PROBLEME DE DISPONIBILITE MALGRE LES
REFORMES ENGAGEES, UN COUT CROISSANT ET DES CONTRAINTES
STRUCTURELLES 25 sapprcie en fonction des missions quil est capable
deffectuer : une frgate anti sous-marines peut ainsi un moment donn
disposer de ses capacits anti-sous-marines, mais pas de ses
capacits antiariennes par exemple. Ds lors, les indicateurs de
disponibilit prsents dans les documents de synthse budgtaire
tiennent compte la fois de la disponibilit technique (le nombre de
jours o le btiment nest pas en arrt technique) et de la
disponibilit oprationnelle rsultant du compromis effectu entre le
temps consomm en arrt technique pour la restauration de certaines
capacits et la dgradation acceptable de certaines capacits au
regard de la mission exerce. Dans le domaine aronautique enfin, la
disponibilit technique est dfinie comme la capacit dun aronef
effectuer en moins de 6 heures une des missions prvues pour son
emploi. La disponibilit technique oprationnelle (DTO) correspond au
ratio des aronefs disponibles techniquement, par rapport ceux
ncessaires pour la mise en oeuvre de lhypothse la plus exigeante du
contrat oprationnel4. Cette dfinition a t modifie en 2011 : les
annes prcdentes, la DTO correspondait au ratio entre les aronefs
disponibles techniquement et ceux ncessaires pour faire face
lactivit prvue. 4 Dans le Livre blanc sur la dfense et la scurit
nationale de 2013, les armes doivent tre capables dengager dans une
opration majeure jusqu 45 avions de chasse issus de larme de lair
et de laronavale. Le maintien en condition oprationnelle des
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26. 26 COUR DES COMPTES B - Les rsultats en termes de
disponibilit5 diffrent selon les milieux et les matriels 1 - La
faible disponibilit des aronefs demeure un sujet important de
proccupation Les taux de disponibilit observs pour les aronefs en
2013 rappellent ceux observs dans le prcdent rapport public de la
Cour6 : la disponibilit des matriels majeurs de larme de lair tait
passe de 65 % en 1997 56 % en 2000. Aprs un net redressement et une
disponibilit du parc arien de la dfense qui a atteint en 2005 63,5
%, la dgradation a repris et touche les trois armes, tant pour les
matriels rcents que pour les matriels anciens. Tableau n 3 :
volution de la disponibilit des aronefs 2008 2011 2012 2013 Arme de
lair 60 % 59 % 43 % 41 % Marine 41 % 39 % 38 % 38 % nationale Arme
de terre 48 % 54 % 42 % 41 % Sources : EMAA, EMM et EMAT Le taux de
disponibilit des avions de transport C130 de larme de lair nest que
de 39 % au premier semestre 2013, celui de lavion de combat Super
tendard de la marine nationale natteint que 31 % en 2012, tandis
que celui de lhlicoptre Tigre est de seulement 22 % en 2013. Cette
dernire situation, qui affecte un matriel trs rcent, sexplique la
fois par le fort engagement de ces appareils en oprations 5 Il
sagit de la disponibilit technique oprationnelle. 6 Les chiffres
apparaissent infrieurs ceux constats en 2000, mais ceci rsulte de
la modification de la mthode de calcul. En 2000, la disponibilit
tait calcule en fonction du nombre dappareils prsents au sein de
larme de lair, tandis quen 2011, 2012, 2013, la disponibilit est
calcule en fonction du nombre total dappareils (ceux qui sont dans
les forces et ceux qui sont en rnovation chez les industriels). Le
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27. LES CONSTATS : UN PROBLEME DE DISPONIBILITE MALGRE LES
REFORMES ENGAGEES, UN COUT CROISSANT ET DES CONTRAINTES
STRUCTURELLES 27 o ils ont parfois subi de graves dommages, par les
longues dures dimmobilisation chez les industriels, deux fois plus
longues que prvues, sans que des pnalits de retard soient factures,
et par un volume insuffisant de pices de rechange, la suite des
arbitrages budgtaires de 2009 qui ont conduit financer des pices de
rechange pour seulement 20 appareils alors que 45 sont en service.
En 2013, la ncessit de rsorber les restes payer en fin danne qui
slvent 186 M la fin de 2013 contre 346 M la fin de 2012, a conduit
la SIMMAD repousser des actions de maintenance, ce qui a diminu le
nombre davions disponibles et lactivit de certains pilotes, en de
des normes OTAN requises pour disposer de la qualification
oprationnelle en 2013. Dans ces conditions, les objectifs dheures
de vols des pilotes ne peuvent pas tre tenus. Lobjectif pour la
chasse est de 180 heures de vols, la ralisation 2012 est de 169
heures. Les situations les plus critiques sont observes pour les
pilotes de transport (265 heures ralises en 2012 pour un objectif
de 400) et dans une moindre mesure pour les pilotes dhlicoptres de
larme de terre (165 heures ralises en 2012 pour un objectif de
200). Dans un contexte de fort engagement oprationnel, cette
situation peut crer des difficults pour la formation des jeunes
pilotes. 2 - La disponibilit de la flotte a t redresse, mme si les
objectifs de nombre de jours la mer ne sont pas atteints Les
rsultats obtenus dans le domaine naval sont meilleurs que ceux
observs dans le prcdent rapport public de la Cour qui relevait par
exemple une disponibilit technique des sous-marins nuclaires
dattaque (SNA) de seulement 43 % en 2000 alors quelle atteint 60 %
en 2012. La disponibilit de la flotte dpend des arrts techniques
des diffrents btiments qui, conjugus avec la rduction du nombre de
plateformes, ne permettent plus de disposer en permanence de
certaines capacits. Ainsi, si les patrouilles de sous-marins
nuclaires lanceurs dengins (SNLE) peuvent tre effectues avec en
permanence au moins un des quatre sous-marins la mer, il nest en
revanche plus possible de disposer en permanence dun porte-avions
la mer puisquil ny en a plus quun en parc. Le maintien en condition
oprationnelle des matriels militaires septembre 2014 Cour des
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28. 28 COUR DES COMPTES Tableau n 4 : disponibilit des
principales units de la flotte Btiments Nombre ge moyen en 2013
Disponibilit 2008 Disponibilit 2011 Disponibilit 2012 Porte-avions
1 12 at 51 % 46 % Sous-marins nuclaires dattaque 6 25 40 % 56 % 60
% Frgates 16 18 52 % 55 % 60 % Btiments amphibie 4 7 37 % 42 % 49 %
Source : EMM at : btiment en arrt technique majeur cette anne-l.
Malgr cette amlioration, les objectifs visant tenir 100 jours de
mer pour lensemble des btiments et 110 pour les btiments de plus de
1 000 tonnes ne sont pas atteints. Les donnes 2012 font apparatre
89 jours de mer pour lensemble de la flotte et 98 jours pour les
btiments de plus de 1 000 tonnes. Le maintien en condition
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29. LES CONSTATS : UN PROBLEME DE DISPONIBILITE MALGRE LES
REFORMES ENGAGEES, UN COUT CROISSANT ET DES CONTRAINTES
STRUCTURELLES 29 3 - La disponibilit technique des matriels
terrestres anciens reste insuffisante, tandis que celle des
matriels rcents est satisfaisante Tableau n 5 : disponibilits des
matriels terrestres en PSP7 Engins Nombre 2008 2011 2012 2013 Char
lourd Leclerc 292 32 % 58 % 50 % 67 % Char mdian AMX 10RC 271 57 %
51 % 48 % 55 % Blind VBCI 486 ns 73 % 79 % 80 % Blind VAB 3 447 68
% 51 % 56 % 62 % Canon 78 ns 82 % 83 % 79 % CAESAR Source : EMAT ns
: matriel qui ntait pas encore rentr en service en 2008 Larme de
terre a dploy partir de 2008 la gestion en pool de ses engins dans
le cadre de la politique demploi et de gestion de parcs (PEGP) qui
vise garantir le taux de disponibilit suffisant au bon moment et au
bon endroit aux forces, afin quelles puissent assurer leurs
interventions extrieures et leur prparation oprationnelle. 7 Parc
de service permanent, considr comme le parc pour lequel les
rsultats en termes de disponibilit sont les plus probants et les
plus directement comparables aux donnes de 2000 qui couvraient
lensemble des matriels avant le dploiement de la PEGP. Le maintien
en condition oprationnelle des matriels militaires septembre 2014
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30. 30 COUR DES COMPTES Ainsi les principaux matriels roulants
ont t rpartis en quatre parcs gnriques : le parc dalerte (PA)
destin rpondre aux dispositifs dalerte GUEPARD8, le parc de service
permanent (PSP) maintenu dans les rgiments pour assurer la
prparation oprationnelle, le parc dentranement (PE) pr-positionn
dans les camps dentranement et le parc de gestion (PG) destin
alimenter les autres parcs et constitu la fois dengins disponibles
et dengins en cours de rparation. Si la gestion en pool des
matriels travers la politique demploi et de gestion des parcs
(PEGP) a pu garantir une disponibilit suprieure 90 % pour les
oprations extrieures et une disponibilit suffisante dans les parcs
dentranement, les rsultats obtenus dans les parcs de service
permanents (PSP) des rgiments prsents dans le tableau ci-dessus
sont contrasts en fonction du type de matriel : la trs bonne
disponibilit des nouveaux matriels comme le vhicule de combat
dinfanterie (VBCI) et le camion quip de systme dartillerie (CAESAR)
voisine avec la disponibilit plus faible des parcs vieillissants
des vhicules de lavant blind (VAB) et des automitrailleuses de
classe 10 tonnes roues canon (AMX10 RC) qui, malgr les efforts de
redressement accomplis, se dgrade par rapport 2000. Cette situation
contraste risque de perdurer dans la mesure o les priorits de court
terme (la disponibilit en oprations extrieures, dans le parc
dentranement et dans les PSP) prennent ncessairement le pas sur les
priorits de moyen terme (la rparation des engins du parc de
gestion, pourtant indispensables au fonctionnement de la PEGP, et o
les engins de retour doprations extrieures ncessitent souvent des
actions de maintenance lourdes. 8 Le dispositif Gupard a pour
finalit de mettre la disposition du commandement une force
constitue, apte faire campagne en tout lieu et pour tout type de
mission, sur trs court pravis. Il existe plusieurs modules dalerte
: 24h, 48h et 72h dfinissant chacun le volume de force qui doit tre
prt partir dans ces dlais . Le maintien en condition oprationnelle
des matriels militaires septembre 2014 Cour des comptes -
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31. LES CONSTATS : UN PROBLEME DE DISPONIBILITE MALGRE LES
REFORMES ENGAGEES, UN COUT CROISSANT ET DES CONTRAINTES
STRUCTURELLES 31 III - Le cot budgtaire doit tre mieux cern et
matris A - Les dpenses et le cot du MCO sont encore mal cerns 1 -
Le cot du MCO comprend des donnes htrognes, incompltes, rparties
sur plusieurs lignes budgtaires Il nexiste pas, au sein du ministre
de la dfense, dautorit de synthse analysant le cot complet du MCO
des matriels militaires et suivant lvolution des dpenses de MCO au
regard de la programmation budgtaire annuelle et pluriannuelle.
Cette lacune est regrettable car elle ne permet pas de rapprocher
les montants prvus pour le MCO de ceux rellement consomms, et
danalyser les raisons de ces carts afin den tirer les consquences,
tant sur les crdits affecter que sur les ambitions atteindre. Pour
ce qui est des dpenses budgtaires, la SIMMAD ralise, pour le milieu
aronautique, un travail de synthse qui agrge des budgets clats
entre le programme budgtaire 146 pour le MCO initial et les BOP des
trois armes du programme budgtaire 178 pour le MCO en service, des
dpenses dinvestissement, de fonctionnement et de personnels. Le mme
niveau de synthse nexiste ni pour le soutien des matriels
terrestres, ni pour le soutien des matriels navals. Lanalyse des
chiffres est rendue difficile par la grande htrognit des dpenses de
MCO. Elles comprennent la masse salariale des administrations
centrales et des matrises douvrage dlgues ainsi que des rgies
tatiques dont certaines comme le SIA fonctionnent en compte de
commerce, les achats de pices dtaches et de prestations plus
compltes auprs de lindustrie dans le cadre de lentretien programm
des matriels (EPM), les dpenses de fonctionnement et
dinvestissement des rgies tatiques, les surcots lis aux oprations
extrieures. Ces dpenses refltent donc des ralits trs diffrentes
allant du soutien industriel en mtropole confi une entreprise prive
au soutien oprationnel ralis par les militaires en oprations
extrieures. Le maintien en condition oprationnelle des matriels
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32. 32 COUR DES COMPTES Pour ce qui est des cots complets,
lapproche est balbutiante du fait de labsence de comptabilit
analytique la DGA, au sein des forces et dans certaines rgies comme
le SMITer et de labsence de prise en compte des problmatiques lies
aux amortissements des outils de production et des constructions
(les chiffres prsents ne comprennent pas de dotation aux
amortissements mais linvestissement de lanne dans loutil de
production, par nature fluctuant) ; et au dmantlement (dont le cot
nest pas estim de faon fiable ce jour). 2 - Il est difficile de
connatre le cot et la dpense budgtaire de MCO dans la dure primtre
constant Lanalyse de lvolution des cots et des dpenses de MCO sur
la longue priode et la capacit prvoir leur volution constituent un
cadre ncessaire la prise de dcision et aux arbitrages entre la
rnovation et lacquisition de nouveaux matriels par exemple. Or,
bien que le prsent rapport puisse prsenter une volution globale de
la dpense de MCO entre 2000 et 2012, il nest pas possible de
lanalyser par milieu, faute de disposer de donnes pro-forma pour la
priode o le MCO tait organis par arme, et o la loi organique
relative aux lois de finances ntait pas encore en vigueur. 3 -
Labsence de comptabilit analytique ne permet pas de connatre le cot
complet des matriels terrestres et navals Dans le domaine
terrestre, il nexiste ni allocation des heures des personnels par
matriels ni allocation des cots de structure, notamment de loutil
industriel. Cette information sur le cot complet du MCO dun matriel
donn serait nanmoins utile pour piloter lactivit du SMITer et pour
accrotre la capacit de ngociation avec les industriels lorsquils
proposent une prestation pouvant tre ralise par la rgie. Dans le
domaine naval, mme si le SLM dispose dune comptabilit analytique,
labsence de suivi des temps des quipages aboutit une mconnaissance
du cot complet du MCO dun btiment donn. Lestimation de 3 000 ETPT
consacrs au MCO par les quipages rsulte dune approximation non taye
de lordre de 30 % des effectifs. Le maintien en condition
oprationnelle des matriels militaires septembre 2014 Cour des
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33. LES CONSTATS : UN PROBLEME DE DISPONIBILITE MALGRE LES
REFORMES ENGAGEES, UN COUT CROISSANT ET DES CONTRAINTES
STRUCTURELLES 33 4 - Labsence de structure de synthse ne permet pas
de recenser lexhaustivit des dpenses du MCO terrestre et naval Dans
les domaines terrestres et navals, il ny a pas dautorit de synthse
rcapitulant lensemble des dpenses de MCO. Les donnes chiffres
prsentes dans le prsent rapport ont t compiles partir des donnes
recueillies auprs de ltat-major de larme de terre et de la SIMMT
pour le domaine terrestre et auprs de ltat-major de la marine, du
SSF et du SLF pour le domaine naval. Elles ne sont pour autant pas
exhaustives dans la mesure o elles ne comprennent pas, par exemple,
la masse salariale consacre par la DGA au MCO terrestre, cette
dernire estimant ne pas tre en mesure de produire la donne, compte
tenu de labsence de comptabilit analytique permettant de ventiler
le temps des personnels rpartis dans les diffrentes units de
management qui ne travaillent pas uniquement au profit du MCO.
Elles sont estimatives car elles rsultent dune valorisation
approximative de la masse salariale par le ministre de la dfense,
qui connat des difficults persistantes dans ce domaine. 5 - Des
actions doivent tre entreprises pour mieux connatre et mieux suivre
les dpenses, les cots et les effectifs du MCO linstar du rle confi
la SIMMAD, la SIMMT et le SSF pourraient tre chargs de la synthse
des dpenses pour chacun des milieux dans lequel ces matres douvrage
dlgus interviennent. Ces structures pourraient recenser chaque anne
lensemble des dpenses budgtaires composant lagrgat du MCO, quil
sagisse dachats dentretien programm du matriel ou de masse
salariale, et que limputation budgtaire relve du programme 178 ou
du programme 146. Ce travail permettrait de suivre lvolution de
lagrgat de MCO par milieu au regard des objectifs de la
programmation fixs par la loi de programmation militaire et la loi
de finances, et offrirait ainsi un outil utile aux dcideurs pour la
programmation et le pilotage, voire pour la mise en concurrence des
industriels avec les rgies pour certaines prestations. Dans un
second temps, ces trois autorits de synthse pourraient se voir
confier les exercices destimation des cots complets du MCO des
principaux matriels, afin que les arbitrages entre le prolongement
de la dure de vie des matriels anciens, moyennant un effort de MCO,
et Le maintien en condition oprationnelle des matriels militaires
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34. 34 COUR DES COMPTES lacquisition de matriels neufs,
puissent tre rendus sur la base de donnes fiables. La bonne
ralisation de ce travail suppose que des outils de comptabilit
analytique adapts soient dploys, rapidement (sans attendre
laboutissement du projet ministriel Aramis4), au sein du SMITer,
des btiments de la marine et de la DGA afin de bien identifier le
temps pass par les personnels sur le MCO de chaque matriel. Dans
cette optique, les comptabilits analytiques dj en place au sein du
SIA et du SLF devront tre amliores, ce qui peut se faire par la
mise en place daudits conduits par lautorit de synthse. Les
ressources ncessaires la mise en place de cette nouvelle mission
devraient tre dgages par redploiement des effectifs au sein des
administrations centrales de la SIMMAD, de la SIMMT et du SSF. 4
Projet du ministre de la dfense visant au renforcement de sa
fonction financire (comptabilit analytique, contrle de gestion de
la fonction financire et professionnalisation de la fonction
financire). Le maintien en condition oprationnelle des matriels
militaires septembre 2014 Cour des comptes - www.ccomptes.fr -
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35. LES CONSTATS : UN PROBLEME DE DISPONIBILITE MALGRE LES
REFORMES ENGAGEES, UN COUT CROISSANT ET DES CONTRAINTES
STRUCTURELLES 35 B - Les dpenses budgtaires de MCO reprsentent plus
de 15 % du budget de la dfense en 2012 1 - Les dpenses de MCO sont
estimes plus de 6 Md en 2012, dont plus de la moiti au titre du MCO
aronautique Tableau n 6 : Synthse des dpenses budgtaires du MCO en
2012 En M Masse salariale avec pensions5 Fonctionnement et
investissement6 Achats (entretien programm et rechanges)7 Total
Aronautique8 1 430 118 1 670 3 218 Terrestre 795 103 677 1 575
Naval9 371 6 858 1 235 TOTAL 2 596 227 3 205 6 028 Sources : MMAE
pour laronautique, EMAT et SIMMT pour le terrestre, EMM, SSF et SLM
pour le naval Malgr les insuffisances releves en termes de
connaissance des dpenses et des cots du MCO, la Cour, en compilant
les informations disponibles, aboutit une estimation minimale de
dpenses budgtaires 5 Il sagit de la masse salariale denviron 45 000
personnels qui travaillent au profit du MCO au sein du ministre de
la dfense. 6 Il sagit des frais de fonctionnement et des
investissements des rgies industrielles tatiques (SIA, SLM et
SMITer). Cette colonne ne comprend pas les investissements financs
sur le programme budgtaire 212 mis en oeuvre par le SID et pouvant
tre utiliss pour le MCO. 7 Il sagit des achats de pices dtaches et
de prestations de MCO, que ce soit pour lentretien programm des
matriels ou pour les rparations ponctuelles. 8 Pour les besoins de
la prsentation, les 262 M de masse salariale du SIA correspondant
ses 4 881 personnels ont t retirs des achats de MCO pour tre
prsents dans la colonne masse salariale. 9 Dont 172 M au titre des
effectifs de MCO stricto sensu et 199 M au titre de la contribution
des quipages estime 3 000 ETP. Le maintien en condition
oprationnelle des matriels militaires septembre 2014 Cour des
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36. 36 COUR DES COMPTES de MCO qui slve 6 Md pour lexercice
2012, soit environ 15,5 % du budget de la mission dfense qui sest
lev 38,88 Md de crdits de paiement. Le MCO des seuls matriels
aronautiques sest lev 3,22 Md, soit 8,3 % du budget de la mission.
2 - La masse salariale concerne plus de 45 000 personnels aprs la
suppression de plus de 6 400 postes depuis 2008 Tableau n 7 :
volution des effectifs entre 2008 et 2012 Emplois (ETPT) 2008 2012
cart Aronautique10 26 809 24 129 - 2 680 Terrestre 19 659 15 957 -
3 702 Naval 5 598 5 55211 - 46 TOTAL 52 066 45 638 -6 428 Source :
MMAE pour laronautique, EMAT et SIMMT pour le terrestre, EMM, SSF
et SLM pour le naval En 2012, la masse salariale du MCO (y compris
les pensions) reprsente prs de 2,6 Md, soit 6,7 % du budget de la
dfense et 12,9 % des dpenses de titre 2 avec pensions. Ce chiffre
correspond la rmunration denviron 45 000 personnes (dont environ 24
000 dans le domaine aronautique, 16 000 dans le domaine terrestre
et 5 500 dans le domaine naval). Dans le cadre des rformes lances
aprs le Livre blanc sur la dfense et la scurit nationale de 2008,
plus de 6 400 emplois ont t supprims dans le MCO sur la priode
allant de 2008 2012, soit 13 % des effectifs de 2008, leffort ayant
port sur les domaines aronautique et terrestre et ayant
relativement pargn les administrations centrales. 10 Y compris les
effectifs du SIA. 11 Y compris le temps consacr par les quipages au
MCO qui est estim environ 3 000 ETPT en 2012. Le maintien en
condition oprationnelle des matriels militaires septembre 2014 Cour
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37. LES CONSTATS : UN PROBLEME DE DISPONIBILITE MALGRE LES
REFORMES ENGAGEES, UN COUT CROISSANT ET DES CONTRAINTES
STRUCTURELLES 37 Lobjectif de suppression de 54 000 emplois sur la
Mission Dfense entre 2008 et 2015 comprenait 8 500 suppressions
demplois dans le MCO dont 4 500 pour le milieu aronautique et 4 000
pour le milieu terrestre. Il devrait tre atteint lhorizon 2015 dans
la mesure o les postes restant supprimer sont pour la plupart
identifis. Il a toutefois t revu la baisse dans le domaine
terrestre o les projets initiaux prvoyaient la suppression de 5 500
postes au lieu de 4 000. Cette forte diminution des effectifs ne se
traduit pas par des conomies de mme ampleur sur la masse salariale.
Ainsi, dans le domaine aronautique, en prenant en compte le SIA
dans lanalyse, malgr une diminution de 10 % des effectifs entre
2008 et 2012, la masse salariale avec pensions a lgrement augment
(1 430 M en 2012, contre 1 416 M en 2008, soit une augmentation de
1 %). De mme, dans le domaine terrestre, malgr une diminution de 19
% des effectifs, la masse salariale avec pensions est passe de 901
M en 2008 795 M en 2012, soit une diminution de seulement 11,5 %.
Cette situation rsulte la fois de la revalorisation des rmunrations
des militaires dans le cadre du plan damlioration de la condition
militaire, de la dynamique des grilles de rmunration des ouvriers
dtat, et de laugmentation constante sur la priode des contributions
verses au titre des pensions. C - La croissance des dpenses doit
tre matrise pour rester dans lenveloppe prvue par la LPM 1 - Les
dpenses de MCO sont passes de 4,9 Md2012 6 Md2012 entre 2000 et
2012 en euros constants Dans son rapport public consacr au MCO en
2004, la Cour relevait, parmi les causes communes aux trois armes
qui expliquaient la chute de la disponibilit observe lpoque, la
diminution des crdits qui avait rsult dun effet dviction au profit
de lachat de matriels neufs et de lvolution de la masse salariale,
suite aux surcots lis la professionnalisation des armes. Les crdits
dachat de MCO taient alors passs pour les trois armes de 2,7 Md2003
en 1997 2,25 Md200312 en 2000. 12 quivalent des 2 541 M2012 prsents
dans le tableau ci-dessus pour lanne 2000. Le maintien en condition
oprationnelle des matriels militaires septembre 2014 Cour des
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38. 38 COUR DES COMPTES En revanche, le tableau ci-dessous, qui
prsente lvolution du cot du MCO entre 2000 et 2012 en euros
constants, montre une trs forte augmentation des achats de MCO et
de lentretien programm des matriels (+ 26 % en euros constants) et
une augmentation moindre de la masse salariale (+ 15 %). Tableau n
8 : volution des dpenses budgtaires du MCO entre 2000 et 2012 En
M2012 constants 2000 2012 cart Masse salariale avec pensions 2 252
2 596 + 344 Fonctionnement et investissement des rgies 160 227 + 67
Achats de MCO et entretien programm 2 541 3 205 + 664 Total 4 95313
6 028 + 1 075 Source : Cour des comptes, Rapport au Prsident de la
Rpublique : Le maintien en condition oprationnelle des matriels des
armes, dcembre 2004, pour les donnes 2000, compilation des chiffres
obtenus des structures en charge du MCO au sein du ministre de la
dfense pour les donnes 2012 Sagissant des achats, cette
augmentation peut, en partie, sexpliquer par la volont du ministre
dallouer davantage de crdits une activit qui, comme lavait constat
la Cour, tait sous-dote en 2000. Elle peut aussi rsulter des
clauses contractuelles qui incluent parfois dans les contrats des
clauses de rvision de prix indexes sur lvolution du prix des
matires premires, qui peut tre suprieure linflation. On relvera
toutefois que le nombre des quipements a fortement diminu au cours
des quinze dernires annes. 13 En euros courants, les dpenses de
2000 slvent 4 007 M dont 1 822 M pour la masse salariale et 2 056 M
pour les achats. Le maintien en condition oprationnelle des
matriels militaires septembre 2014 Cour des comptes -
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39. LES CONSTATS : UN PROBLEME DE DISPONIBILITE MALGRE LES
REFORMES ENGAGEES, UN COUT CROISSANT ET DES CONTRAINTES
STRUCTURELLES 39 En ce qui concerne la masse salariale, son primtre
a aussi t fortement rduit la fois du fait de la rduction du nombre
des personnels de la dfense et des modifications de primtres
intervenues entre 2000 et 2012. Ainsi le recours lexternalisation
tait moins rpandu en 2000. Par ailleurs, le changement de statut de
DCN ntait pas encore intervenu en 2000, si bien que le cot des
personnels de DCNS ddis au MCO apparaissait sur la ligne masse
salariale en 2000, tandis quils sont couverts par les achats de MCO
et dentretien programm du matriel en 2012. Une partie de cette
augmentation rsulte par ailleurs de laugmentation du taux de
cotisation pour les pensions14. Il faut cependant retenir que, au
total, tant la masse salariale que les dpenses dachats de MCO et
dentretien programm des matriels ont augment un rythme suprieur
linflation sur la priode malgr les rductions de primtre et la
baisse du nombre de matriels. 2 - Les ressources programmes par la
LPM 2014-2019 dterminent les crdits affects aux achats de MCO La
dpense de MCO est en augmentation rapide. Le rapport conjoint de
linspection gnrale des finances et du contrle gnral des armes de
septembre 2011 chiffrait 5,5 Md la dpense budgtaire du MCO des
trois milieux en 2010 et estimait que la poursuite des tendances
observes allait aboutir une hausse de 8,7 % dici 2014 en euros
constants, soit un chiffre de 6 Md en 2014. Ce niveau a dj t
atteint pour lexercice 2012. Les dpenses relatives lentretien
programm du matriel (EPM) sont passes de 2,65 Md en 2011 2,91 Md en
2013, soit une hausse de 10 % sur deux ans. La matrise des achats
et de lEPM (entretien programm des matriels) constitue dautant plus
un dfi que la LPM 2014-2019 prvoit un montant cumul sur 6 ans de
20,6 Md courants pour les achats de MCO et lEPM, soit un volume
annuel moyen de 3,4 Md courants , un peu suprieur au chiffre de 3,2
Md en 2012. Ce chiffre est une moyenne de lagrgat EPM pour lequel
la LPM prvoit une augmentation de 4,3 % en valeur (et 2,16 % en
volume) sur la priode. Il sagit ainsi du seul agrgat de la LPM qui
progresse en valeur, les autres lignes restant 14 En 2006, le taux
de cotisation tait de 50,2 % pour les civils, 100 % pour les
militaires et 24 % pour les ouvriers dtat ; il est en 2014 de 74 %
pour les civils, 126 % pour les militaires et 33 % pour les
ouvriers dtat. Le maintien en condition oprationnelle des matriels
militaires septembre 2014 Cour des comptes - www.ccomptes.fr -
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40. 40 COUR DES COMPTES stables en valeur. Cette ressource
budgtaire ne permet cependant pas dabsorber une forte augmentation
du cot de lEPM et suppose une stabilisation du cot du MCO. Les
travaux du ministre de la dfense montrent que les besoins en EPM
pourraient atteindre 4,10 Md en fin de LPM en 2019, soit un cart
cumul potentiel denviron 3,5 Md en euros courants entre les
ressources et les besoins sur les 6 annes de la LPM. Les ressources
financires budgtes nont, en particulier, pas prvu le financement de
la remise niveau des matriels de retour doprations extrieures. Or 1
400 engins sont rentrs dAfghanistan et du Liban en 2013, soit
lquivalent des parcs de service permanents de 23 rgiments de larme
de terre. Ces prvisions du ministre de la dfense, qui amneraient
des dpenses globales de MCO de lordre de 6,5 Md par an sont,
quelles que soient les fragilits sur lesquelles sont construites
ces hypothses, plausibles si on les compare aux travaux mens par
les Britanniques. Bien que le National audit office15 estime que
les valuations faites par le ministre de la dfense britannique
soient sujettes risques et incertitudes du fait de la complexit et
la volatilit de leurs cots , il en reprend les estimations qui
conduisent une augmentation des dpenses du cot du soutien de lordre
de 20 % entre 2013 et 2019, passant de 7,488 Md 9,08 Md. Sil est
difficile de comparer les montants engags du fait des diffrences de
primtre, la tendance spontane dans les deux tats est la nette
augmentation des dpenses. Dans le cas de la France elle sexplique
en partie par les caractristiques du parc des matriels et par leur
emploi. La croissance constate des dpenses de MCO compromet la
trajectoire financire 2014-2019 prvue par la loi de programmation
militaire. 15 National audit office, Rapport au ministre de la
Dfense, Equipment plan 2013 to 2023, fvrier 2014. Le maintien en
condition oprationnelle des matriels militaires septembre 2014 Cour
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41. LES CONSTATS : UN PROBLEME DE DISPONIBILITE MALGRE LES
REFORMES ENGAGEES, UN COUT CROISSANT ET DES CONTRAINTES
STRUCTURELLES 41 IV - La nature du parc de matriels et les
contraintes qui psent sur lui compliquent le MCO A - Le parc de
matriel est trs htrogne, ce qui complique le MCO 1 - Le
vieillissement et la diversit de certains matriels constituent un
dfi pour le MCO Bien que la LPM 2009-2014 ait permis larrive dans
les forces de matriels de nouvelle gnration comme les avions Rafale
dans larme de lair, les btiments de projection et de commandement
(BPC) dans la marine nationale et les VBCI et lhlicoptre Tigre dans
larme de terre, les armes disposent encore de matriels datant des
annes 1970, comme les frgates anti-sous-marines F70, les VAB, voire
des annes 1960 comme les avions ravitailleurs C135. De plus, la
diversit des parcs multiplie les besoins du MCO en professionnels,
quipements et pices de rechange. Elle est appele perdurer compte
tenu de ltalement dans le temps des nouveaux programmes darmement
dcids par la LPM 2014-2019, qui privilgient lallongement de la dure
de vie des matriels existants, au dtriment de leur remplacement par
du matriel neuf. Ainsi, lavion de patrouille maritime Atlantique 2
devra servir jusquen 2032 et lhlicoptre Alouette 3, dont la
conception remonte aux annes 1960, devra prolonger sa carrire
jusquen 2024. De mme le report du programme des btiments de soutien
et dapprovisionnement de la marine engendre un surcot estim 17 M
par an pour prolonger les btiments anciens ou affrter des btiments
civils, dont le financement nest pas pris en compte. De plus, des
matriels ont t achets en petite srie pour pallier les retards de
certains quipements ; ainsi, le retard du programme A400 M et le
vieillissement de la flotte davions de transport tactique ont
conduit larme de lair acheter des CASA 235 en nombre limit partir
du milieu des annes 1990. Le maintien en condition oprationnelle
des matriels militaires septembre 2014 Cour des comptes -
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42. 42 COUR DES COMPTES Tableau n 9 : quelques exemples de
matriels anciens Matriel Nombre en 2013 Anne de mise en service du
premier de srie VAB 3 447 (37 versions diffrentes) 1976 AMX10RC 266
1980 Frgates F70 anti sous-marines 7 1979 C160 Transall 40 1967
Hlicoptre 133 1971 Gazelle Super tendard 21 1978 Source : ministre
de la dfense Il en rsulte des difficults importantes en termes de
MCO car le vieillissement des matriels peut engendrer une frquence
plus grande des dfaillances techniques, tandis que leur disparition
du march rend parfois impossible leur maintenance et la fourniture
de pices de rechange par les industriels, ce qui oblige les armes
constituer des stocks ou conserver des savoir-faire industriels en
rgie pour anticiper le traitement des obsolescences et les
rparations lourdes. Le vieillissement et lclatement des parcs
engendrent aussi la multiplication de rfrences diffrentes pour des
matriels faisant souvent lobjet de micro-sries16, ce qui ne
favorise pas une organisation industrielle des processus de MCO.
Ainsi, dans le domaine de laronautique en 2013, larme de lair
compte 693 aronefs de 26 modles diffrents, la marine nationale 206
aronefs de 15 modles diffrents et larme de terre 345 appareils de 9
modles diffrents, sans compter les diffrentes variantes qui
existent pour certains matriels. Dans le domaine naval, sil est
naturel que le nombre de btiments par 16 titre dexemple, la marine
nationale dispose de seulement 2 hlicoptres Caracal, 4 avions
Falcon 50, 6 avions Falcon 10. Le maintien en condition
oprationnelle des matriels militaires septembre 2014 Cour des
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43. LES CONSTATS : UN PROBLEME DE DISPONIBILITE MALGRE LES
REFORMES ENGAGEES, UN COUT CROISSANT ET DES CONTRAINTES
STRUCTURELLES 43 srie soit limit, les tentatives de produire une
grande srie de frgates avec le programme des frgates europennes
multi-missions (FREMM) se sont rapidement heurtes aux ralits
budgtaires, la srie prvue de 17 frgates ayant t ramene 11 en 2009.
Dans le domaine terrestre, la volont de mutualiser un certain
nombre de composants des nouveaux programmes travers le programme
Synergie du contact renforc par la polyvalence et linfovalorisation
(SCORPION) voit ses effets limits par les dcisions de repousser les
programmes des futurs engins blinds. 2 - Certains matriels rcents
sont encore en phase de monte en puissance Les choix oprationnels
effectus ces dernires annes ont conduit engager trs rapidement les
nouveaux matriels en oprations extrieures. Certains sont encore en
phase de monte en puissance et lexprience des maintenanciers sur
ces machines ncessite encore dtre enrichie, dautant quune place
plus importante que par le pass est laisse lindustrie, compte tenu
de la rtractation des capacits des rgies tatiques. Or les
consquences sur le MCO des dcisions de conception des nouveaux
matriels et demploi sur les thtres doprations ont t peu prises en
considration, ce qui oblige les maintenanciers sadapter au mieux
aux circonstances. Les principaux nouveaux matriels engags en
oprations extrieures sont lavion Rafale et lhlicoptre Tigre dans le
domaine aronautique, le blind VBCI et le systme dartillerie CAESAR
dans le domaine terrestre, et le BPC dans le domaine naval. Les
nouveaux matriels terrestres disposent dquipements plus sophistiqus
que les gnrations prcdentes ; les nouveaux btiments de la marine
nationale font lexprience de lquipage rduit, ce qui change les
pratiques en termes de maintenance bord par lquipage ; les nouveaux
aronefs se caractrisent par leur sophistication croissante.
Certains taux de disponibilit des nouveaux matriels sont
anormalement bas comme ceux des hlicoptres Tigre (22 % en 2013).
Les conditions difficiles d'emploi du Tigre en oprations extrieures
et le temps ncessaire la production des pices dtaches expliquent
cette faible disponibilit, dans un contexte o la contrainte
budgtaire avait conduit les armes limiter le stockage des pices
dtaches de cet hlicoptre. Le maintien en condition oprationnelle
des matriels militaires septembre 2014 Cour des comptes -
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44. 44 COUR DES COMPTES 3 - Le MCO des matriels rcents est plus
onreux que celui des gnrations prcdentes De manire gnrale,
lentretien programm des matriels des nouvelles gnrations
dquipements est plus onreux que celui des gnrations prcdentes. Le
tableau ci-dessous prsente le cot de lEPM lheure de vol de certains
matriels de nouvelle gnration en service dans larme de lair (avion
Rafale, hlicoptre Caracal) compar celui de matriels dancienne
gnration (avion Mirage 2000, hlicoptre Puma). La diminution du
format et du nombre de vecteurs nentrane donc pas une diminution du
cot du MCO. Tableau n 10 : volution des EPM des matriels
aronautiques Mirage 2000 8 082 Puma 6 902 Rafale17 14 596 Caracal 9
286 Source : SIMMAD (cot de lEPM lheure de vol - moyenne 2009-2013)
B - Les oprations extrieures reprsentent une contrainte forte 1 -
Lengagement de plusieurs oprations simultanment sur plusieurs
thtres constitue une charge lourde pour le MCO Alors que le
Royaume-Uni, aprs les deux grandes oprations en Irak et en
Afghanistan et lintervention en Libye, limite aujourdhui son
engagement en oprations extrieures, la France poursuit simultanment
plusieurs oprations extrieures et en engage de nouvelles dont le
niveau dintensit est parfois trs lev. Pour appuyer ces nombreux
engagements, il faut disposer sur les diffrents thtres de multiples
17 Le Rafale dispose cependant dune capacit demport et dune
polyvalence beaucoup plus importantes que celle du Mirage 2000 ce
qui lui permet de raliser davantage de missions pendant une priode
de temps quivalente. Le maintien en condition oprationnelle des
matriels militaires septembre 2014 Cour des comptes -
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45. LES CONSTATS : UN PROBLEME DE DISPONIBILITE MALGRE LES
REFORMES ENGAGEES, UN COUT CROISSANT ET DES CONTRAINTES
STRUCTURELLES 45 quipes de maintenanciers et de lots de pices de
rechange, et assurer la rotation des matriels avec des objectifs
ambitieux de disponibilit, par exemple suprieur 90 % dans le
domaine terrestre. Cet objectif est atteint, ce qui traduit la
priorit donne au bon quipement des militaires en oprations
extrieures. Il en rsulte cependant des contraintes logistiques
majeures, conduisant parfois un dcrochage de la disponibilit des
matriels en mtropole. De plus, les impacts futurs en termes de
disponibilit des matriels et de cot du MCO des oprations extrieures
ne semblent pas tre suffisamment analyss dans les dossiers
techniques qui accompagnent les choix politiques prsidant aux
dcisions dintervention, alors quils viendront ncessairement grever
la capacit ultrieure dintervention. La charge des oprations est
plus particulirement lourde pour les matriels terrestres et pour
les matriels aronautiques. 2 - Le retour en mtropole des matriels
de larme de terre montre une usure importante des quipements lissue
de lopration PAMIR en Afghanistan, un nombre important de matriels
a t rapatri en mtropole. En fvrier 2014, 1 354 vhicules (sur un
total de 1417) taient rentrs. Ces matriels doivent tre tris et
rpars avant dtre nouveau disponibles (opration dite de
mtropolisation ). La plupart de ces matriels ncessite des actions
de remise en tat, allant au-del des modifi