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PTNS – Programme de Transformation Numérique du Sénégal Page: 1/23 REPUBLIQUE DU SENEGAL ******* Un Peuple - Un But - Une Foi Programme de Transformation Numérique du Sénégal ----- Plan Stratégie 2017 - 2022 ABOUBACRY DEME ATTENTION : Ce document est confidentiel et une propriété intellectuelle de l’auteur Version Date Description Rédacteurs 1.0 22/10/2016 Rédaction A. DEME

Programme de Transformation Numérique du Sénégal : Plan 2017 - 2022

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REPUBLIQUE DU SENEGAL

*******

Un Peuple - Un But - Une Foi

Programme de

Transformation Numérique

du Sénégal

-----

Plan Stratégie

2017 - 2022

ABOUBACRY DEME

ATTENTION : Ce document est confidentiel et une propriété intellectuelle de l’auteur

Version Date Description Rédacteurs

1.0 22/10/2016 Rédaction A. DEME

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Table des matières

Une petite intro .......................................................................................................................................... 3

Contexte / Justification ............................................................................................................................. 4

Objectif ...................................................................................................................................................... 5

Objectif général ....................................................................................................................................... 5

Objectifs spécifiques ............................................................................................................................... 6

Situation actuelle ....................................................................................................................................... 7

Situation à atteindre / Résultats escomptés ............................................................................................ 8

Structure et Organisation ......................................................................................................................... 9

Mise en œuvre ....................................................................................................................................... 10

Roadmap................................................................................................................................................ 11

L’animation et le support utilisateur ..................................................................................................... 11

Coûts de réalisation................................................................................................................................. 12

Détails des programmes ......................................................................................................................... 13

Construction d’un Datacenter national .................................................................................................. 13

Programme d’informatisation de l’Etat civil ......................................................................................... 15

Transformation numérique de l’école publique sénégalaise ................................................................. 16

Système d’information national de la Santé .......................................................................................... 18

Projet de dématérialisation de la fonction publique .............................................................................. 19

Plateforme numérique de gestion et de suivi de l’emploi ..................................................................... 21

Plateforme numérique de l’auto-entreprenariat et de l’entreprenariat féminin ..................................... 22

Conclusion et Perspectives ..................................................................................................................... 23

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Une petite intro

Je débute mon propos par quelques interrogations qui, me semble-t-il, préoccupent quotidiennement

une grande partie de la population.

Combien de sénégalais ont été confrontés à un déplacement jusqu’au fin fond du Sénégal pour juste

obtenir un acte d’état civil pour pouvoir présenter un dossier d’admission à un examen ou concours ou

bien en vue d’obtenir une carte nationale d’identité ou un passeport etc… ? Pourquoi par ce que c’est

uniquement dans son village ou commune de naissance que l’on peut obtenir cet acte, d’autre part les

services de courrier ne sont pas assez développés dans notre pays ou sont très chers pour un envoi

Express.

Combien de milliards de nos francs dépensons nous pour les opérations de recensement de la

population ?

Combien de sénégalais se sont retrouvés à refaire des examens médicaux déjà réalisés auparavant ?

Parce qu’il n y’a aucun historique médical disponible. Au-delà des multiples examens, un dossier médical

centralisé contenant tout l’historique nous permettrait d’avoir un meilleur diagnostic du patient.

La lecture de ce programme peut susciter plusieurs interrogations, notamment sur l’apport d’un

programme d’investissement à hauteur de 200 milliards XOF. Est-ce pour un luxe ? NON, mais bien sûr

que NON. Je peux tenter de répondre à ces interrogations en raisonnant par parallélisme avec d’autres

investissements, mais je vais être plus objectif en donnant des exemples très concrets que nous

rencontrons quotidiennement. Si nous sommes en capacité de financer à hauteur de 32 milliards XOF

pour la construction d’une arène nationale, je pense que nous pouvons avoir la volonté de mobiliser 6

fois le même montant pour engranger une révolution numérique à la suite de laquelle des résultats

considérables sont escomptés.

Je précise enfin que ce plan n’est pas réalisé pour le compte d’une couleur politique et ne représente

pas une population partisane. C’est une œuvre citoyenne, un travail réalisé sur plusieurs mois, destinée

au peuple sénégalais dans tous ces segments sans aucune distinction.

Les exemples cités en guise de comparaison concernent certes pour la plupart des entreprises

françaises, qui selon certains, accusent parfois un retard comparé aux autres pays occidentaux. Mais

reconnaissons-le, elles sont quand même bien trop en avance par rapport aux pays africains et donc

peuvent nous servir de modèle de départ.

« Ce plan est rédigé sur la base d’une expérience personnelle acquise au cours des 12 dernières années, de

constats, de remontés de besoins, de rencontres et de discussions passionnantes avec des acteurs de la société

sénégalaise (Un expatrié expert en microfinance, des cadres en Génie Civil, des professionnels de l’éducation

nationale, des professionnels de santé, un responsable de programme au ministère de la jeunesse, des cadres à

l’ADIE, un professeur au Lycée, un Maire de commune, un maître de conférence à l’ESP, une directrice de

l’entreprenariat féminin, des cadres dans les secteurs des Télécoms …) et beaucoup d’autres acteurs (agents dans

la fonction publique, cadres dans le privé et autoentrepreneurs) travaillant dans le secteur de l’Informatique au

Sénégal et dans la diaspora. »

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Contexte / Justification

La transformation numérique peut être résumée en trois notions qui sont souvent utilisées pour parler

du même enjeu :

- La dématérialisation, qui consiste à la mise au format informatique d’informations auparavant

traitées et surtout sauvegardées sur des supports papiers. L’état civil en est un parfait exemple.

Il faudra saisir (numériser) toutes les informations disponibles dans les registres d’état civil.

- La numérisation, qui se positionne sur le flux de création des nouvelles informations. Par

exemple, un enfant qui entre à l’école dès 2019 se verra son dossier scolaire créé directement

dans le système sans intermédiaire de support papier et il n’y aura aucun historique à saisir.

- Le digital (la digitalisation) qui vise à reconcevoir les pratiques courantes avec une meilleure

accessibilité des données numériques au plus grand nombre d’usagers et un traitement

automatisé, disponible à tout moment, des interactions par le biais de nouveaux supports

technologiques.

La problématique de dématérialisation et de numérisation des données et services de l’Etat central ainsi

que ceux de l’administration décentralisée, reste sans conteste, un défi majeur pour le Sénégal. L’Etat

du Sénégal a mené, depuis une décennie, une politique économique orientée sur le numérique en

injectant plusieurs milliards de Francs CFA. De nombreux chantiers ont été engagés, certains sont arrivés

à terme mais le résultat, dans sa globalité, reste très en deçà des attentes.

En effet, depuis l’avènement du numérique sur la scène internationale, le Sénégal accuse un retard qui

se caractérise par un manque d’outils visant à automatiser certaines procédures administratives,

d’harmoniser des données à l’échelle nationale sur les domaines de l’état civil, de l’éducation et la

formation, de la santé, de l’emploi, de l’entreprenariat et l’investissement, de la justice, pour ne citer

que ceux-là.

C’est suite au constat de tous ces manquements et en vue de réussir une politique numérique au service

de tout le peuple sénégalais, que nous nous sommes engagés à proposer un programme quinquennal

de restructuration, de transformation profonde et de construction de ce secteur, qui aujourd’hui, est un

levier incontournable dans la réussite des politiques publiques menées par tous les gouvernements quel

qu’en soit la couleur de parti.

Ce programme, une fois mis en œuvre, permettra de centraliser et mettre à disposition des données

fiables à tout moment, d’optimiser les temps de traitement, d’alléger les procédures administratives, de

lutter contre la corruption, de rétablir la confiance entre le gouvernement et le peuple, de rationaliser

les coûts et de suivre les actions de l’Etat, bref de hisser le Sénégal au rang des pays développés sur le

plan numérique.

Ce document décrit une vision générale, les stratégies à adopter pour mettre en œuvre cette vision, les

coûts nécessaires, et enfin une organisation sur laquelle reposera les ressources humaines qui piloteront

les programmes.

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Objectif

Objectif général

Ce programme a pour but essentiel de définir une vision structurelle du digital, de faire converger la

stratégie de transformation numérique de l’Etat vis-à-vis de ses administrés (Gouvernement ouvert,

Choc de simplification, Open Data…). Il s’agit de disposer d’un socle de données numériques centralisées

et sécurisées, de simplifier les échanges entre l’Etat central, l’administration décentralisée et les

collectivités locales et d’homogénéiser le Service Public aux yeux de l’usager (Particuliers, Entreprises,

Associations). Cette transformation devra s’opérer au cœur même de l’Etat en s’appuyant sur les

nouvelles technologies afin de révolutionner le quotidien de chaque citoyen sénégalais et aussi

d’optimiser les missions de l’Etat.

L’objectif commun que nous poursuivons, tous ensemble, au travers de ce programme, est de contribuer

à l’émergence d’un nouvel écosystème numérique dans lequel la puissance publique jouerait un rôle

fondamental en soutenant l’innovation, en mettant en œuvre des dispositifs homogènes et sécurisés et

en favorisant, par le biais de moyens suffisants, l’émergence d’un nouvel opérateur public de services

numériques couvrant l’ensemble des secteurs d’activités.

L’État doit s’organiser pour s’approprier l’innovation plus rapidement, pour expérimenter en

permanence et pour anticiper les usages qui peuvent être faits des dernières avancées technologiques.

La transition vers le Numérique requiert un certain nombre de prérequis indispensables à sa mise en

œuvre. D’abord, l’accès à Internet haut débit, un dispositif de centralisation de données, une

connectivité réseaux et des supports d’accès. Ensuite viendront les plateformes, les sites et les

applications métiers et ou Web.

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Objectifs spécifiques

Dans ce programme quinquennal, nous avons ciblé sept (7) grands projets spécifiques que nous avons

jugés prioritaires et déterminants pour atteindre le cap du développement numérique. D’autres

secteurs, notamment cités dans les perspectives, pourront être engagés dans une perspective de

continuité de ce plan actuel ou faire l’objet d’un nouveau programme à la fin ou en parallèle de celui-ci.

1. Réglementer et sécuriser toute donnée numérique à caractère personnel et/ou étatique et

favoriser le développement de l’archivage électronique. Ce premier jalon constitue une priorité

absolue et un objectif transversal à tous les projets numériques de l’administration publique.

2. Dématérialiser et numériser l’Etat civil sénégalais.

3. Transformer l’école publique sénégalaise avec une digitalisation de l’ensemble des données et

processus des services centraux et décentralisés.

4. Mettre en place un Système d’information national sur la santé, accompagné de la mise à

disposition d’une identité numérique sanitaire obligatoire pour tout citoyen sénégalais.

5. Dématérialiser la gestion des fonctionnaires de l’administration publique sénégalaise

6. Doter le Sénégal d’un Système Informatique centralisé pour une bonne mesure et un suivi

permanent du marché de l’Emploi et des politiques publiques menées.

7. Mettre en œuvre un Système central et automatisé de Gestion et de Suivi de l’auto-

entreprenariat et de l’entreprenariat féminin.

L’atteinte de ces objectifs passe par une mobilisation d’experts à haut potentiel dans les domaines des

Systèmes d’information et de la sécurité des données à caractère personnel mais aussi de spécialistes

dans chaque domaine d’intervention (Administrateurs territoriaux, agents de l’Etat, personnel de

l’éducation, de la santé, les jeunes, les femmes, etc…), par la mise œuvre d’outils matériels et logiciels

pour une dématérialisation totale des procédures en vue de s’orienter vers un écosystème numérique

s’appuyant sur le principe de l’Etat Plateforme, mais également par une vulgarisation, une

sensibilisation, une conduite du changement auprès des agents de l’Etat, une formation et un

accompagnement pédagogique auprès des usagers et enfin un déploiement à l’échelle nationale et

internationale pour couvrir la diaspora sénégalaise.

Je cite le Ministre de la Promotion des Investissements, des Partenariats et du Développement des Télé

services de l’Etat « L’ADIE développe beaucoup d’applications métiers en vue de moderniser l’Administration sénégalaise

et de simplifier l’obtention de certaines démarches au citoyen. Elle s’évertue aussi à identifier toutes les opportunités en

terme de formations, d’emplois dans le domaine des Tics afin d’en faire des valeurs ajoutées qui constitueront sans nulle

doute un raccourci pour arrimer le Sénégal à la mondialisation » - Source : site de l’ADIE.

Est-ce que nous nous sommes posés la question de combien de citoyens sénégalais sont impactés par

ces applications ? Est-ce que l’identification des besoins résulte des instances de décisions de la haute

sphère de l’Etat ou des remontées terrains des citoyens dans leur quotidien ?

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Situation actuelle

Le diagnostic de la situation actuelle nous oriente vers les services informatiques de l’Etat au travers des

Ministères de la République mais surtout vers les réalisations et les chantiers de l’Agence De

l’Informatique de l’Etat (ADIE) qui aujourd’hui est la haute instance en matière de développement du

numérique au sein de l’administration sénégalaise.

L’ADIE, créée en 2004 sous la présidence de Son Excellence Monsieur Abdoulaye WADE, avait pour

mission principale de moderniser l’Etat en proposant des services automatisés et ainsi faciliter la gestion

de l’Etat central mais aussi la relation entre l’administration et ses usagers.

En 2004, alors que j’étais en dernière année d’études ingénieur en Informatique à l’Ecole Supérieure

Polytechnique de Dakar, je me réjouissais d’une part de cette vision de constituer une agence

transversale pour gérer tous les projets informatiques de l’Etat, d’autre part je m’étais dit que sous deux

ans, le Sénégal sera doté d’un système central d’Etat civil qui pour moi est la base de la transformation

numérique d’une administration publique.

En 2016, douze années plus tard, nous constatons toujours l’absence d’un tel système dans le paysage

numérique sénégalais.

A ce jour, des réalisations ont été faites par l’ADIE, notamment en matière de gestion des fonctionnaires

de l’Etat, le déploiement de l’Intranet administratif, le TeleDac pour les autorisations de construction et

le portail d’informations sur les démarches administratives. Mais le constat est que l’ensemble de ces

réalisations atteignent moins de 10% de la population sénégalaise. Il faut noter un manque d’outils

certes mais également un défaut d’accompagnement et de communication auprès de la cible.

Petite anecdote : En 2011, j’ai effectué une mission pour le compte d’une agence nationale rattachée à

un Ministère de la république. En audience avec les responsables du Ministère, ils me font savoir que la

structure ne dispose plus de site internet, et pour cause un remaniement ministériel. L’ancien ministre

et ses équipes sont partis avec les contenus du site et les serveurs. J’en tire 2 erreurs extrêmement

graves pour une administration : D’une part le site était hébergé sur un serveur banal au sein du

Ministère, d’autre part c’est une propriété privée d’une personne.

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Situation à atteindre / Résultats escomptés

Ce plan n’est pas une compilation de dénigrements ou une conspiration contre les structures

informatiques actuelles, présentes au sein des ministères et de l’ADIE et de son équipe, mais plutôt un

plaidoyer citoyen pour une refondation complète du fonctionnement de ces instances, une redéfinition

des missions, basée sur une nouvelle vision stratégique avec une adaptation des besoins remontés du

terrain, une rationalisation des coûts et un suivi permanent des programmes.

Notre ambition consiste à transformer l’Etat et ses services administratifs et de profiter des canaux

digitaux les plus utilisés à ce jour (Téléphonie mobile) pour présenter toute l’offre de services publics.

Ce plan décrit la réalisation de sept (7) projets phares en cinq années :

- Disposer d’un Datacenter national de centralisation et d’archivage des données numériques à

caractère personnel avec des politiques strictes en matière de sécurité des données.

- Le déploiement auprès de chaque administration d’état civil (Mairie, Préfecture de

département) d’applications informatiques de gestion de l’état civil sénégalais (Naissances,

Décès, Mariages) avec une phase de dématérialisation et une automatisation des services vis-à-

vis des usagers afin d’en faciliter les demandes.

- Le déploiement au niveau de l’administration scolaire d’une plateforme de gestion des élèves

et enseignants et des affaires courantes (notes, emploi du temps, dossier scolaire de chaque

élève, orientation, espace enseignant etc…)

- La mise en place d’une carte universelle de base d’accès aux soins pour chaque citoyen

sénégalais, et donc le déploiement dans chaque structure sanitaire agréée par l’Etat, d’un

système de reconnaissance et de lecture de cette carte, qui contient notamment toutes les

informations relatives à la santé du citoyen et ainsi lui assurer un bon suivi médical.

- La dématérialisation de la gestion des fonctionnaires de l’Etat avec la mise en œuvre d’une base

de données centrale de l’ensemble des fonctionnaires avec un ensemble fonctions et une

plateforme de services tels que l’annuaire, la messagerie, l’échange et le partage de documents.

- Le déploiement d’une plateforme de gestion de l’emploi avec la mise en œuvre d’une base de

données nationale des demandeurs d’emploi et la mise en relation avec les offres d’emploi

disponibles ainsi que le renforcement des capacités en matière d’emploi des jeunes.

- La mise en place de plateformes d’auto entreprenariat des jeunes et d’entreprenariat des

femmes afin de cibler les secteurs prioritaires nécessitant des renforcements de capacité et ou

financements mais également de valoriser les compétences et le savoir-faire des sénégalais à

l’échelle sous régionale et internationale.

La réalisation et le déploiement de toutes ces plateformes nécessite d’abord un diagnostic approfondi

de la situation actuelle, une expertise pointue en matière de systèmes d’informations, une implication

permanente des usagers et des agents lors des phases de cadrage, puis d’un pilotage à une échelle

réduite afin de valider les phases de réalisation, enfin d’une conduite du changement tout au long de la

mise en œuvre, d’un accompagnement personnalisé jusqu’à appropriation et d’une communication

forte au travers des différents canaux.

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Structure et Organisation

Tout projet ou programme nécessite une structure et une organisation adéquate pour le piloter en vue

d’atteindre les objectifs fixés dans les meilleurs délais. Pour assurer un bon suivi de l’exécution des

travaux de ce plan, il est plus que nécessaire de définir un cadre doté d’un management efficace et

réduit et d’une équipe opérationnelle conséquente composée notamment d’experts leaders dans

différents domaines.

L’un des freins majeurs aux projets les plus ambitieux est le mode de gouvernance. Nous sommes, pour

la plupart, formatés à s’intégrer dans des cases prédéfinies, confinés dans des compartiments par un

système rigide et féodal. Pour réussir le défi d’un plan aussi ambitieux, il faut bien évidemment sortir de

cette ère révolue, définir de nouvelles règles de management, impliquer une jeunesse décomplexée et

oser rêver à l’image des géants de la « Silicon Valley ». Qui disait que « L’imagination est plus importante

que le savoir, la connaissance est limitée alors que l’imagination est infinie ».

Le Sénégal regorge de talents très inspirés et d’experts dans quasiment tous les domaines et plus

particulièrement dans les nouvelles technologies de systèmes d’information et du Digital. En occident,

il est extrêmement rare d’aller dans une grande structure, publique ou privée, multinationale ou autre,

sans y trouver un sénégalais.

Nous préconisons, pour donner une dynamique forte à ce programme, de faire appel à cette expertise

sénégalaise, aux jeunes talents de l’intérieur et de la diaspora avec une triple casquette d’expertise, de

responsabilité et de patriotisme. Ainsi nous proposons la création d’une nouvelle structure qui

reprendra en son sein, tous les bons acquis de l’actuelle agence de l’informatique de l’Etat (patrimoine,

ressource humaines et propriétés intellectuelles) avec une nouvelle dynamique et une vision stratégique

basée sur les programmes prioritaires de ce plan.

Hormis le programme du Datacenter national qui sera sous la couverture du Département

Infrastructures / Réseaux / Systèmes et Maintenance de cette nouvelle agence, les six autres

programmes seront pilotés par le Département Elaboration, Ingénierie, Exécution et Suivi des

Programmes. Chaque programme sera identifié comme une ligne de produits avec des équipes de

cadrage, des équipes fonctionnelles et des équipes techniques.

Les équipes techniques peuvent également solliciter des compétences spécifiques en s’appuyant sur des

entreprises et PME locales ou multinationales par le biais de la prestation de services.

Au sein de cette nouvelle structure, sera institué un laboratoire d’innovation digitale (Digital LAB) qui

aura un rôle majeur pour à la fois apporter et promouvoir les solutions adaptées aux réalités mais

également d’établir un partenariat avec les écoles d’ingénieurs pour impulser et participer activement

au plan d’orientation de l’enseignement des nouvelles technologies dans les écoles sénégalaises au

travers des contrats d’alternance.

Nous aurons ensuite une cellule de formation et d’accompagnement et une cellule d’animation

transversale de Support Utilisateur qui vont assurer respectivement l’accompagnement dans la conduite

du changement et l’animation des points focaux locaux sur les remontées d’incidents et d’éventuels

nouveaux besoins.

Enfin nous aurons une équipe dédiée au Marketing des réalisations et à la communication. Nous

réalisons beaucoup mais nous communiquons assez peu. Cette équipe sera au contact des usagers par

le biais des médias et des canaux de communications (Télévision, Réseaux sociaux, Web, mobile etc…)

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mais également le porte-parole du gouvernement dans la transition numérique. Elle sera en charge de

la consolidation et de la fourniture des données statistiques, à l’échelle nationale, relatives aux

différents secteurs. Elle sera également le point d’entrée pour les signer les accords de partenariat

nécessaires à la bonne conduite, à l’aboutissement de la réalisation et au suivi des programmes.

Ci-dessous une proposition d’équipe qui pourra assumer la responsabilité de ce plan.

Direction / Département Nombre de collaborateurs

Direction Générale 3

Direction des ressources humaines / DAF 5

Département Marketing / Communication / Relations extérieures 10

Département Infrastructures / Réseaux / Systèmes et Maintenance 20

Département Elaboration, Ingénierie, Exécution et Suivi des Programmes 43

Laboratoire d’innovation / Digital LAB 6

Cellule de formation et d’accompagnement 12

Cellule d’animation transversale / Support Utilisateur 13

TOTAL 112

Cette nouvelle structure sera en d’autres termes la DDIG (Direction Digitale) et la DSI (Direction des

Systèmes d’Information) de l’Etat. Son budget annuel de fonctionnement est estimé à 4,7 milliards XOF.

Pendant nos séances d’échanges et de réflexion sur ce plan, plusieurs noms avaient émergé pour cette

nouvelle structure : « ANID pour Agence Nationale de l’Informatique et du Digital » ou « ANESID pour

Agence Nationale d’Elaboration des Systèmes d’Information et du Digital » ou encore « ADE – Agence

Digitale de l’Etat ». Mais nous souhaitons que le public s’exprime sur ce point et faire des propositions.

Mise en œuvre

La mise en œuvre de l’ensemble des programmes élaborés dans ce plan reposera essentiellement sur

un socle d’expertise et d’agents qualifiés identifiés dans chaque domaine et s’appuiera sur une roadmap

en 4 jalons majeurs.

- Une phase de cadrage nécessaire pour définir le cadre, décliner et affiner les grandes lignes de

chaque programme et sécuriser les périmètres. C’est également lors de cette phase que seront

animées les sessions de communication et de conduite du changement. Durée évaluée à environ

6 à 8 mois.

- Une phase de réalisation de l’ensemble des systèmes d’informations (métiers, Web, Mobile,

Cartes à puces etc…). Durée : 36 mois.

- Une phase pilote dans une structure et une localité choisie, une phase de déploiement à la fois

des équipements et des applications associées et une phase de formation et d’accompagnement

jusqu’à assimilation et appropriation. Durée : 18 mois.

- Enfin, une phase d’animation et de suivi au quotidien pour maintenir une haute disponibilité et

garantir un niveau de service de qualité.

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Roadmap

Voici une roadmap prévisionnelle avec un déploiement planifié à partir de mi 2021 :

L’animation et le support utilisateur L’une des grandes nouveautés dans ce plan est la mise en place d’une cellule transversale d’animation

et de support aux utilisateurs sur l’ensemble des programmes.

De nombreux problèmes informatiques sont souvent dus à une mauvaise utilisation des outils. Cette

nouvelle cellule, à l’image d’une Hotline, sera le centre de service informatique de l’Etat qui

accompagnera les utilisateurs afin de les aider à résoudre les problèmes matériels et logiciels au

quotidien.

Cette cellule aura trois (3) missions principales :

- L’accompagnement des utilisateurs dans leur travail quotidien

- La gestion des incidents au quotidien (matériels et logiciels)

- La prise en compte des remontées terrain en vue de consolider de nouvelles évolutions

Elle disposera de moyens de contacts par Téléphone et par mail et de moyens informatiques pour tracer

et assurer un suivi de toutes les demandes effectuées. Son coût consolidé représente un budget annuel

de 1,2 milliards XOF.

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Coûts de réalisation

Le coût global de réalisation de ce plan quinquennal est estimé à 208,43 milliards XOF comprenant la

structure de gestion et pour chaque programme, les équipements, le cadrage, la mise en œuvre incluant

les coûts de licence, la phase pilote et le déploiement de chaque programme, la formation, la

maintenance, le marketing et l’innovation à travers la Recherche et le Développement et enfin une

animation transversale avec un support utilisateur de premier niveau.

Voici une macro répartition des coûts de chaque programme justifiant ainsi le coût global de ce plan.

Libellé Coût total (en XOF)

Structure et Organisation (Budget sur 10 ans) 47 000 000 000

Projet de construction de 2 Datacenter 29 500 000 000

Programme de dématérialisation et d’informatisation de l’Etat civil 19 800 000 000

Programme de Transformation numérique de l’école publique sénégalaise 37 900 000 000

Système d’information national de la Santé 29 800 000 000

Programme de dématérialisation et de numérisation de la fonction publique 5 930 000 000

Plateforme numérique de gestion et de suivi de l’emploi 5 700 000 000

Plateforme numérique de l’auto-entreprenariat et de l’entreprenariat féminin 4 300 000 000

Recherche et Développement / Laboratoire d’innovation (sur 10 ans) 3 500 000 000

Cellule d’animation / Support Utilisateur (sur 10 ans) 12 000 000 000

Maintenance technique et applicative (sur 10 ans) 13 000 000 000

COÛT TOTAL 208 430 000 000

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Détails des programmes

Dans cette section, il s’agit de définir les grandes orientations de réalisation des programmes. Chaque

programme fera l’objet d’une étude approfondie et une conception technico-fonctionnelle détaillée lors

des ateliers de cadrage de chaque programme.

Les estimations de coûts mentionnées dans chaque programme ont été faites sur la base des coûts

standards européens. Ces derniers sont des macro chiffrages et peuvent faire l’objet d’ajustements à la

hausse ou à la baisse en fonction de certains facteurs (Acquis, coût réduit sur la base d’achat en volume).

Construction d’un Datacenter national

Un Datacenter n’est rien d’autre que le terme technique pour désigner un centre de données, une

plateforme de centralisation, d’archivage et de sécurisation des données. C’est un site physique

identifié, spécifiquement conçu et entièrement sécurisé, sur lequel sont installés des équipements

constituants des systèmes d’information (Ordinateurs centraux, serveurs, baies de stockage,

équipements de réseaux et télécommunications etc…).

Tout état souverain a le devoir de disposer d’un Datacenter national indépendant afin de gérer de

manière strictement confidentielle les données relatives à la gestion de l’Etat et de ses départements

ministériels, à ses citoyens et les transactions administratives.

La mise en œuvre d’un Datacenter national de grande envergure est la priorité absolue dans la mise en

œuvre de ce programme. Le plan de transition vers le Numérique aura comme résultats, la conception

d’architectures informatiques complexes, la conception de bases de données à l’échelle nationale, la

développement d’applications métiers et web, la mise en place de flux d’informations, la haute

disponibilité et une politique de sécurité stricte, et le tout devra être géré et sauvegardée au sein du

Datacenter.

Les fonctions principales que nous retrouverons dans ce Datacenter sont notamment Les annuaires des

utilisateurs, les baies de stockage de sauvegarde de données, les bases de données, la messagerie, les

outils collaboratifs (échanges, documentation), les serveurs et applications WEB, les applications

métiers, les applications de Support, les gestionnaires de déploiement, les politiques de sécurité

(Firewall / Anti-virus), les applications d’entreposage de données (Business Intelligence /

Datawarehouse).

Au vu de l’ambition portée par ce programme, nous avons jugé nécessaire de construire deux (2)

Datacenter dimensionnés pour une durée de vie de 25 ans. En d’autres termes, chaque Datacenter qui

sera mis en place aura la capacité de gérer toutes les données et applications nationales sans contrainte

de trafic et d’espaces pendant au moins 25 ans. Ainsi une extension, avec la construction de nouvelles

salles informatiques, pourra être envisagée au bout de 22 ans d’activités (vers 2040).

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Voici les grandes lignes de ce programme :

1. Identifier deux (2) sites de 8 000 m² chacun, l’un au niveau de la zone de DIAMNIADO, et un

autre dans la zone de DIASS. Chaque site disposera de deux salles informatiques de 1000 m²

chacun. Ce qui fait un ratio de 25% de salles informatiques sur chaque site et donc une marge

assez large en vue d’une possible extension de nouvelles salles si le besoin se fait sentir et que

les moyens le permettent.

2. Sur chaque site, concevoir deux (2) salles informatiques de 1000 m² chacune avec un cockpit de

supervision, tout en tenant compte des normes en alimentation énergétique et en climatisation.

Il faut noter qu’un Datacenter est très consommateur d’électricité.

3. Sous-traiter la conception technique à des entreprises disposant d’une expertise pointue dans

le domaine avec un cahier des charges précis sur l’urbanisation, le câblage, la virtualisation et

les contraintes thermiques.

4. Centraliser et confier toute la gestion des équipements et des licences à une équipe dédiée au

sein du Département Infrastructures, Système et Maintenance de l’agence en charge de

l’informatique de l’Etat.

5. L’accès physique aux centres est restreint au personnel ayant droit et doit être soumis à des

autorisations spécifiques avec la mise en place de badges d’accès sécurisés.

Le coût global de réalisation de ce programme est estimé à 29,5 milliards XOF dont un budget de

fonctionnement estimé à 1 milliard XOF par an sur cinq (5) années. Au-delà des cinq premières années,

cette dernière ligne budgétaire doit être inclue dans le budget de la structure en charge des Datacenter.

Ce coût est calculé sur la base des standards européens en terme de construction de Datacenter qui

présente un tarif moyen de 8000€ / m² (soit 5 248 000 XOF le m²) pour une salle informatique, tout

compris.

Libellé Coût unitaire (en XOF) Coût total (en XOF)

Salles informatiques (2 Sites x 2 salles x 1000 m²)

5 248 000 / m² 20 992 000 000

Connectivité 1 500 000 000

Autre bâti 2 000 000 000

Charges sur 10 ans 500 000 000 / an 5 000 000 000

TOTAL 29 492 000 000

A titre de comparaison, l’opérateur de Télécommunications ORANGE dispose en France d’une quinzaine

de Datacenter dont le dernier en date est composé de 5000 m² de salles informatiques.

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Programme d’informatisation de l’Etat civil

A ce jour, l’état civil sénégalais repose essentiellement sur l’inscription des faits (Naissance, Mariage,

Décès) sur des registres classifiés par année. L’objectif de ce programme est de disposer à terme, d’un

Etat civil entièrement dématérialisé et numérisé et aussi instaurer des transactions simplifiées pour le

citoyen en vue de l’obtention d’un acte d’état civil.

Nous sommes confrontés incessamment à des facteurs humains et naturels qui fragilisent ces anciens

modes de gestion des données d’état civil. La dégradation des registres par des parasites (termites, rats

ou autres), les catastrophes naturelles (inondations, incendies), les dégradations et erreurs humaines

etc...

Le programme de numérisation de l’état civil, dans sa globalité, est très ambitieux et fastidieux à mettre

en œuvre surtout en ce qui concerne la reprise des données existantes mais reste très atteignable. Le

but n’est pas de tout faire en cinq (5) ans, mais plutôt d’établir une « année 0 » de l’ère du numérique

dans l’état civil sénégalais. A partir de cette « année 0 », toute déclaration de fait d’état civil (Naissance,

Mariage, Décès), sur le plan national et au niveau de la diaspora, se fera par le biais de l’électronique et

directement sauvegardée dans les bases de données.

Les grandes lignes de ce programme sont :

1. Equiper l’ensemble des centres de production d’état civil, d’ordinateurs, d’imprimantes et une

connexion à Internet et à l’Intranet administratif.

2. Mettre en œuvre une base de données nationale de gestion de l’état civil et des applications

métiers, WEB et mobile destinées à l’administration centrale, aux administrations locales et aux

usagers. Sans rentrer dans les détails de l’architecture technique, il faudra mettre en place des

bases locales départementales ou communales qui assureront la gestion locale et déverseront

régulièrement les données dans la base nationale.

3. Permettre aux usagers d’effectuer des demandes d’acte d’état civil par Internet ou par SMS en

s’appuyant sur les systèmes de paiement par mobile et les récupérer dans n’importe quel centre

de production d’état civil du pays sur présentation d’un numéro de demande, d’un code unique

envoyé au demandeur et de son identité. A ce titre le réseau de production d’état civil pourrait

même être étendu en s’appuyant sur d’autres réseaux déjà en place disposant d’un maillage

complet au niveau national (la Poste par exemple).

Le coût global de réalisation de ce programme est estimé à 19,8 milliards XOF. Le chiffrage a été

réalisé sur la base de 500 communes et est composé comme suit :

Libellé Coût unitaire Coût total (en XOF)

Equipements et connectivité 6 000 000 000

Phase Cadrage 200 000 000

Phase Réalisation 3 900 000 000

Phase pilote et Déploiement 3 200 000 000

Formation et Accompagnement 1 500 000 000

Reprise existant 5 000 000 000

TOTAL 19 800 000 000

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Transformation numérique de l’école publique sénégalaise

L’enjeu de la transition numérique de l’école sénégalaise est un défi majeur de l’Etat pour 2 raisons

principales. D’une part offrir un service public de qualité en matière d’instruction et d’éducation, d’autre

part redorer l’image de l’éducation nationale et ainsi rehausser le niveau scolaire des élèves.

La transformation numérique de l’école sénégalaise doit s’opérer en deux (2) phases sur les quatre (4)

segments majeurs du secteur (l’élève, l’enseignant, et le personnel administratif, les parents d’élèves).

Dans ce programme il s’agit notamment de se focaliser sur la première phase qui consiste à assurer un

suivi électronique pérenne du dossier scolaire de l’élève durant tout son cursus et une dématérialisation

complète de l’ensemble des procédures administratives (0 papiers).

La seconde phase, qui n’est une priorité de ce plan, consiste à intégrer le numérique dans l’activité

d’apprentissage (exercices, ressources pédagogiques, e-learning, suivi personnalisé etc…). Cette phase

nécessite une forte avancée dans le numérique notamment un accès élève aux services digitaux

(Ordinateur et ou Tablette, connexion Internet).

Les grandes lignes de ce programme de transition numérique de l’éducation nationale sont :

Du point de vue « Elève »,

1. Concevoir et réaliser un Système d’information national de gestion et de suivi des élèves de la

6ème collège à la Terminale, des enseignants et du personnel administratif.

2. Chaque élève aura, dès son entrée à l’école, un dossier électronique initialisé avec un identifiant

national unique et les informations de base relatives à son identité (Nom, Prénom, Date et lieu

de naissance), informations sur les parents ou responsables légaux.

3. Ce dossier numérique de l’élève contiendra également toutes les informations relatives au

parcours de l’élève tout au long de son cursus (établissements fréquentés, classes, inscriptions,

absences, notes, transferts, résultats d’évaluations, participations et réussites aux examens,

appréciations des enseignants, sanctions et punitions, santé etc…)

4. A partir du collège, instaurer une carte électronique nationale élève sur laquelle sont inscrits

l’identifiant unique de l’élève et les informations sur son identité. Cette carte est classifiée par

un code couleur correspondant à chaque niveau. Elle est valable durant une année scolaire et

est renouvelée tous les ans au moment de l’inscription.

Du point de vue « Enseignant »,

5. Chaque enseignant disposera d’un espace personnel avec un accès sécurisé. Dans cet espace, il

pourra assurer le suivi de ses classes et élèves, mais également de gérer ses documents relatifs

à l’exercice de son travail (rédaction des fiches de cours, les sujets des évaluations, etc…) et enfin

il pourra gérer son profil, son plan de carrière, ses entretiens et évolutions.

Du point de vue « Administration centrale et locale »,

6. Au niveau de chaque établissement, l’administration locale disposera d’un « Espace

Etablissement Sécurisé » dans lequel elle pourra exercer un certain nombre d’activités

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notamment toutes les consignes provenant de l’administration centrale mais également toutes

les remontées terrain (Alertes et manquements constatés au niveau local).

Le coût global de réalisation de ce programme est estimé à 37,9 milliards XOF sur la base de 8000 écoles

élémentaires, 1000 collèges, 200 collèges et lycées, 100 lycées. Ces chiffres sont une extrapolation de 8

à 10% de plus par rapports aux chiffres réels qui sont actuellement de 7795 écoles élémentaires, 921

collèges, 181 collèges et lycées, 88 lycées (données fournis par le Ministère de l’éducation nationale).

Libellé Coût unitaire Coût total (en XOF)

Equipements et connectivité 18 000 000 000

Phase Cadrage 500 000 000

Phase Réalisation 6 100 000 000

Phase pilote et Déploiement 10 800 000 000

Formation et Accompagnement 2 500 000 000

TOTAL 37 900 000 000

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Système d’information national de la Santé

Le plan de transformation numérique du système de santé est un défi majeur impliquant tout citoyen

sénégalais. Il consiste à innover dans ce secteur en développant des outils et en mettant en œuvre des

dispositifs numériques permettant d’une part d’améliorer le suivi médical de chaque citoyen et donc

d’assurer une bonne prévention mais également de mieux gérer les consultations et/ou soins pris en

charge partiellement ou intégralement par l’Etat notamment les consultations et vaccinations des

enfants de moins de cinq ans ou des personnes âgées (dialyses, diabètes etc…).

Les grandes lignes de ce programme reposent essentiellement sur deux mesures :

1. La création d’une « Carte Santé Numérisée » pour chaque citoyen majeur, l’équivalent de la

carte vitale en France, dans laquelle on retrouve un dossier médical complet. Les enfants

mineurs seront couverts par celles de leurs parents ou tuteurs légaux. Les cas exceptionnels

seront également pris en compte d’une certaine façon (Je pense aux mendiants, aux sans

domicile etc…). Le Dossier Santé contiendra les informations d’identité du citoyen et de ses

ayants droits ainsi que le dossier médical de chacun d’eux dans lequel on retrouve toutes les

informations relatives à la santé, les groupes sanguins, les actes médicaux à des dates précises

(consultations, ordonnances), les examens (radiologies, analyses sanguines etc…), les

interventions (opérations etc…). Cette mesure s’accompagne de la mise en place et le

déploiement de terminaux et d’applications informatiques auprès des professionnels de santé

(public et privé). Il y’aura également toute une administration centralisée à mettre en œuvre au

sein du ministère de tutelle pour en assurer la gestion.

2. La mise en œuvre de dispositifs numériques de gestion au niveau de l’administration centrale,

d’échanges et de partage de données pour les professionnels de santé en vue de permettre

d’effectuer des diagnostics à distance sur des résultats médicaux.

Ces deux (2) grands projets constitueront le point de départ d’une révolution numérique au cœur du

système de santé du Sénégal. Ils poseront le socle sur lequel pourront se greffer d’autres dispositifs

digitaux qui participeront à une rationalisation des coûts et rendront les soins plus efficients. Ils

nécessiteront également la mise en place d’une structure ou d’un département rattaché au Ministère

de tutelle en vue en assurer la gestion.

Le coût global de réalisation de ce programme est estimé à 29,8 milliards XOF. Ce coût est calculé sur la

base d’un déploiement à l’échelle nationale sur 1230 établissements de santé (30 hôpitaux, 100 centres

de santé et 1100 postes de santé) sachant que les chiffres réels fournis par le Ministère de la santé sont

20 hôpitaux, 70 centres de santé et 971 postes de santé.

Libellé Coût unitaire Coût total (en Milliards XOF)

Equipements et connectivité 3 500 000 000

Cartes à puce et terminaux 13 000 000 000

Budget de l’organisme de gestion 1 000 000 000

Phase Cadrage 600 000 000

Phase Réalisation 5 500 000 000

Phase pilote et Déploiement 4 700 000 000

Formation et Accompagnement 1 500 000 000

TOTAL 29 800 000 000

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Projet de dématérialisation de la fonction publique

L’actuel Président de la République, quelques semaines après son investiture en 2012, avait ordonné un

audit physique et biométrique de l’ensemble des fonctionnaires de l’Etat sénégalais. Sommes-nous allés

jusqu’au bout de l’exercice ? Me souffle-t-on que le fichier de gestion de paie est complétement

différent de celui résultant de l’audit. Nous sommes maitres dans l’art de faire les choses à moitié. Dans

cette même perspective, entre 2009 et 2013, j’ai réalisé plusieurs missions ponctuelles pour le compte

de l’Etat sénégalais dans certains ministères, agences et directions. Pour la plupart, il s’agissait de

missions de diagnostic, de lancement de programmes ambitieux et d’orientation nécessitant une

expertise dans le domaine des Systèmes d’Informations. A la fin de chacune d’elle, un rapport complet

est remis, et dans certains cas, des travaux ont été réalisés, mais à ce jour elles sont restées sans suite.

Le Sénégal compte aujourd’hui plus ou moins 127 130 fonctionnaires recensés lors du dernier audit

physique et biométrique des agents de la fonction publique. La gestion de ces effectifs doit être pensée

de façon pérenne avec des dispositifs solides et permanents.

Ce programme s’articule essentiellement autour de la mise en place d’un « Dossier Personnel

Numérisé » qui représente le dossier administratif individuel d’un agent de l’administration publique.

Ce dossier électronique contiendra toutes les informations sur la situation administrative de l’agent.

- Le Dossier Personnel Numérisé doit mentionner les points suivants :

L’Etat civil, la famille, le Plan de Développement Personnel, les entretiens individuels et les

formations, les offres de poste, la mobilité interne, les bulletins de paie, la rémunération

variable, l’épargne salariale, le compte individuel de retraite, les assurances santé, le temps de

travail et les congés, les ordres de mission et les notes de frais.

- Mettre en place un Annuaire administratif et une Messagerie interne

Chaque agent doit être enregistré dans un annuaire électronique centralisé, disposer d’un

identifiant unique (Matricule), d’un compte de messagerie interne de type

« [email protected] » et d’un Espace Personnel Numérique Sécurisé dans lequel il peut

consulter le contenu de son dossier personnel. Enfin développer une plateforme de Gestion

électronique de documents

Cette révolution numérique s’accompagne de la mise à disposition pour chaque agent d’une carte

professionnelle numérisée permettant de reconnaitre de manière formelle l’agent et ainsi lui faciliter

l’accès aux services administratifs de l’Etat.

Le cadre institutionnel encadrera bien évidemment toutes les mentions relatives aux opinions ou

activités politiques, syndicales ou religieuses. Aussi, en vertu du secret médical, aucune information sur

la santé de l’agent ne doit non plus y figurer.

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Le coût global de réalisation de ce programme est estimé à 5,93 milliards XOF.

Libellé Coût unitaire Coût total (en Milliards XOF)

Organisme de gestion 700 000 000

Confection des cartes professionnelles 130 000 000

Phase Cadrage 100 000 000

Phase Réalisation 2 900 000 000

Phase pilote et Déploiement 700 000 000

Formation et Accompagnement 1 400 000 000

TOTAL 5 930 000 000

A titre de comparaison, le Groupe PSA, constructeur Automobile français, dans lequel j’exerce

actuellement, est composé aujourd’hui d’environ 200 000 collaborateurs et tous les points cités dans ce

programme pour la fonction publique sont déjà opérationnels au sein de ce groupe depuis quelques

années.

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Plateforme numérique de gestion et de suivi de l’emploi

Depuis quelques années, le chômage est au cœur de l’actualité économique et sociale des états. Dans

un contexte de grandes mutations, les politiques gouvernementales sont soumises à de fortes tensions

et montrent leurs limites dans les domaines de la création de nouveaux emplois, de la sauvegarde de

ceux existants ou de la protection des salariés contre le risque de chômage et d’exclusion.

La transformation numérique des politiques d’emploi, n’est nullement une fin en soi en vue de résoudre

le problème du chômage. Elle consiste plutôt à mettre en œuvre des dispositifs permettant de mieux

cerner les profils, de maintenir un contact, d’assurer un suivi permanent et animer des séances de mise

en relation demandeurs d’emploi/employeurs au travers de plateformes numériques. Elle permettra

également aux politiques publiques de bien cibler les financements de projets d’emploi et d’auto-

emploi. En effet elle participe d’une certaine façon de maitriser le chômage et donc pouvoir définir des

politiques publiques efficaces et efficientes pour le retour au plein emploi.

De vaillantes études ont été menées sur ces sujets et toutes concordent dans la nécessité de consolider

une base de données nationale avant de mener des politiques de renforcement des capacités en matière

d’emploi.

Les grandes lignes du Programme numérique sur l’emploi sont :

- La constitution d’une base de données nationale des demandeurs d’emploi. Ce qui implique une

collecte importante d’informations qui seront par la suite classifiées par secteur d’activité.

- La création pour chaque demandeur d’emploi d’un Dossier électronique. Le demandeur

d’emploi pourra gérer son dossier au travers des applications Web et mobile et lui permettra

ainsi de pouvoir répondre à des offres d’emploi ciblées mises à sa disposition. Concrètement, il

convient d’offrir aux demandeurs d’emploi la possibilité d’accéder à un ensemble d’outils et de

services en ligne afin de donner une visibilité du marché du travail.

- Mettre en œuvre et animer des plateformes digitales destinées aux demandeurs d’emploi et

aux entreprises publiques et privées en vue de recueillir les besoins en matière d’emploi.

Tous ces dispositifs devront être accompagnés de campagnes d’information et de sensibilisation auprès

du public tout en attachant une importance capitale à cette transition. Les missions de suivi pourront

par la suite être pilotées par les instances de l’Agence de l’Emploi.

Le coût global de réalisation de ce programme est estimé à 5,7 milliards XOF.

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Plateforme numérique de l’auto-entreprenariat et de l’entreprenariat féminin

Nous avons volontairement associé le programme de l’auto-entreprenariat et de l’entreprenariat

féminin à ce plan car il englobe une catégorie de la population, formelle ou informelle, qui constitue le

poumon de l’économie sénégalaise.

Le secteur de l’entreprenariat est très vaste mais nous ciblons dans ce programme 4 volets majeurs : la

prestation intellectuelle individuelle, les services à la personne (femmes de ménage), les groupements

féminins et les femmes entrepreneures en milieu rural.

Les grandes lignes de ce programme sont :

- La mise en œuvre d’une plateforme numérique en ligne pour les jeunes autoentrepreneurs. Ce

nouveau dispositif centralisé permettra d’une part de déclarer son activité et ainsi disposer d’un

numéro d’identification d’autoentrepreneur, d’autre part d’accompagner les jeunes

autoentrepreneurs à faire valoir leur activité et leurs compétences dans différents domaines et

les permettre ainsi d’accéder et de répondre aux offres de prestation intellectuelle au niveau

national et sous régional.

- Construire et gérer des bases de données nationales afin de répertorier toutes les femmes

entrepreneures ainsi que leurs activités en vue de les associer aux projets de financement

disponibles et d’en assurer le suivi. Mettre en œuvre et animer des plateformes numériques

intégrées qui permettront de faciliter les échanges et le partage d’expérience entre femmes

entrepreneures et les organisations féminines.

La mise œuvre de ces projets participera activement à la réduction du chômage et permettra de

développer une autonomie des jeunes autoentrepreneurs et femmes entrepreneures.

Le coût global de réalisation de ce programme est estimé à 4,3 milliards XOF.

Comme vous le remarquerez, les coûts des deux derniers programmes (Emploi et Entreprenariat) n’ont

pas fait l’objet de détails pour 2 raisons simples. D’une part ils ne nécessitent pas un déploiement sur

un maillage national avec des équipements dédiés, d’autre part des organismes ou agences de gestion

sont déjà en place, il suffit de les renforcer et de redéfinir les programmes sectoriels en intégrant le

Numérique. Les travaux à réaliser dans ces deux programmes consistent pour la plupart à développer

des logiciels et applications Web et métiers et assurer une formation des agents et une communication

percutante auprès des usagers.

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Conclusion et Perspectives

Ce document présente les grandes lignes d’une transition vers le Numérique basée sur le socle de la

révolution de l’Internet et des télécommunications. Comme vous le constatez, ce n’est pas un plan

rédigé sur des centaines voire des milliers de pages car nous pensons que le Sénégal doit sortir de la

phase des études et s’atteler à la construction. Le but n’est pas de contourner le formalisme actuel, mais

de définir un nouveau formalisme simple et précis en allant directement à l’essentiel. Le but n’est pas

non plus de définir le « comment » mais plutôt le « quoi », le « pourquoi » et « avec qui ».

Ce plan est une vision, une ambition citoyenne. Le chantier est assez vaste, mais il faut y aller avec tact

et bonne intelligence tout en réfléchissant à des solutions répondant aux besoins locaux, en s’inspirant

des bonnes pratiques en lieu et place de la copie ou de l’achat de solutions commercialement chères et

pour la plupart non conformes aux besoins initiaux.

Il faut comprendre que le Numérique est une bulle, il suffit qu’elle soit lancée pour qu’elle soit suivie.

Les sénégalais le vivent au quotidien via différents canaux (Facebook, Twitter, LinkedIn, WhatsApp,

Skype etc…). A ceux-là s’ajoutent les différentes pratiques locales notamment les transactions

monétaires via Mobile. Et l’un des objectifs majeurs de ce plan est de toucher le maximum de population

si ce n’est toute la population.

Les perspectives qui se dégagent sont très nombreux, en matière de police et justice, de l’enseignement

supérieure et de la formation professionnelle, du commerce, de la télémédecine, la promotion des

investissements, l’habitat et le logement, les transports, la culture et la communication, les activités

familiales et l’action sociale, le sport et la vie associative etc…

Il faut cependant noter que tout programme numérique dans un état de droit doit être doté d’un cadre

juridique allant des lois sur la protection et l’utilisation des données à caractère personnel jusqu’aux lois

et règlements encadrant le bon usage des applications et le non-respect des règles établies.

L’Afrique constitue de nos jours l’eldorado des affaires du Numérique pour plusieurs raisons. D’un côté

c’est un continent dont la population atteindra le quart de la population mondiale d’ici 2050, donc un

potentiel marché économique qu’il faut à la fois nourrir mais également subvenir les besoins en matière

de services (santé, éducation, Accès à Internet, Télécommunications, emploi etc…). D’un autre côté c’est

une population très en avance sur les services basés le Mobile Banking et ou le Mobile Services car le

taux de bancarisation est très faible comparé aux pays développés.