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40 • Programme de recherche du CGIAR sur les systèmes des zones arides Les données climatiques montrent qu’une pluviométrie an- nuelle pouvant atteindre 1 000 mm dans le village de Kani dans la région de Koutiala suffit pour pratiquer l’agriculture et l’éle- vage. Toutefois, dans ce contexte, l’évapotranspiration poten- tielle est élevée, les pluies irrégulières, l’érosion généralisée et le stockage de l’eau limité. Les chercheurs et les agriculteurs sont en train de tester de nouvelles idées. La plupart des travaux de recherche agronomique qui appuient le développement ont mis l’accent sur les problèmes de pro- ductivité au niveau de l’exploitation et, dans une mesure moin- dre, la gestion des interactions parmi les composantes et les acteurs au-delà du niveau de l’exploitation. Ces dernières an- nées, cependant, d’importants efforts ont été déployés par les gouvernements et les milieux académiques internationaux, ainsi que les bailleurs de fonds pour évoluer vers des unités d’analyse et d’intervention plus larges, notamment le terroir et le bassin versant (German et al., 2005). Bien que les arbres, les cultures, l’élevage et le sol soient présents tant au niveau de l’exploitation/champ que du bassin versant, des compo- santes supplémentaires ne sont pas couvertes, notamment par les analyses au niveau de l’exploitation et sont cependant pri- mordiales pour les analyses au niveau du bassin hydrogra- phique. Parmi ces composantes figurent les processus hydrologiques (qui comprennent les sources de recharge de l’eau souterraine, les cours d’eau et les systèmes d’irrigation) et d’autres ressources de propriété commune (utilisations des terres, forêts communautaires ou zones de pâturage). Le Mali n’est pas différent des autres régions semi-arides du monde, où les ressources en terres et en eau sont de plus en plus rares. A l’échelle mondiale, ces deux ressources sont très uti- lisées pour les systèmes agricoles, tant pluviaux qu’irrigués, mais la demande nécessaire dans les régions semi-arides n’est pas satisfaite en raison de la variabilité de la pluviométrie, des événements climatiques extrêmes et de la perte de nutriments importants due à l’érosion. Les services de l’écosystème, qui sont les avantages que les populations tirent des écosystèmes, dépendent également de la quantité et de la qualité de l’eau et du fonctionnement sûr de la terre (Garg et al., 2012). Ceci né- cessite une approche intégrée au-delà des efforts au niveau du champ/exploitation. Un site d’apprentissage sur le bassin versant géré par la com- munauté a été créé dans le village du bassin versant de Kani dans la zone soudanienne du Sud du Mali pour la recherche et le renforcement des capacités des ONG locales, des agri- culteurs et des organisations de recherche. La pluviométrie se situe entre 800 et 1000 mm, le système de production mettant essentiellement l’accent sur le coton et le sorgho (Birhanu et al., 2014). La caractérisation biophysique a été effectuée à l’aide de données collectées à partir du climat et des mesures d’intervention disponibles, notamment les digues de contour et les puits peu profonds. Des informations explicites sur le plan spatial concernant l’adoption des puits peu profonds et les aménagements en courbe de niveau (ACN) ont donné une nouvelle dimension aux changements des pratiques agricoles. De nouvelles séries de stations de suivi hydrométéorologiques, notamment une sta- tion météo, des jauges de pluies ordinaires, des équipements de suivi de l’humidité du sol et de l’eau souterraine, ont été créés afin d’améliorer l’écart entre les stations de suivi. Un site d’apprentissage géré par la communauté au Mali est utilisé pour les premières étapes de l’approche intégrée de la gestion des bassins versants appuyée par des agriculteurs volon- taires et des organisations de recherche désireuses d’optimiser l’utilisation de l’eau par les cul- tures dans les zones semi-arides qui recèlent en principe une capacité suffisante d’eau, mais non encore dans la réalité. LA GESTION DES BASSINS VERSANTS IMPLIQUE LA COMMUNAUTé AU-DELà DE L’EXPLOITATION AGRICOLE

Watershed Management involves the community beyond farm level (French)

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40 • Programme de recherche du CgIAR sur les systèmes des zones arides

Les données climatiques montrent qu’une pluviométrie an-nuelle pouvant atteindre 1 000 mm dans le village de Kani dansla région de Koutiala suffit pour pratiquer l’agriculture et l’éle-vage. Toutefois, dans ce contexte, l’évapotranspiration poten-tielle est élevée, les pluies irrégulières, l’érosion généralisée etle stockage de l’eau limité. Les chercheurs et les agriculteurssont en train de tester de nouvelles idées.

La plupart des travaux de recherche agronomique qui appuientle développement ont mis l’accent sur les problèmes de pro-ductivité au niveau de l’exploitation et, dans une mesure moin-dre, la gestion des interactions parmi les composantes et lesacteurs au-delà du niveau de l’exploitation. Ces dernières an-nées, cependant, d’importants efforts ont été déployés par lesgouvernements et les milieux académiques internationaux,ainsi que les bailleurs de fonds pour évoluer vers des unitésd’analyse et d’intervention plus larges, notamment le terroir etle bassin versant (German et al., 2005). Bien que les arbres,les cultures, l’élevage et le sol soient présents tant au niveaude l’exploitation/champ que du bassin versant, des compo-santes supplémentaires ne sont pas couvertes, notamment parles analyses au niveau de l’exploitation et sont cependant pri-mordiales pour les analyses au niveau du bassin hydrogra-phique. Parmi ces composantes figurent les processushydrologiques (qui comprennent les sources de recharge del’eau souterraine, les cours d’eau et les systèmes d’irrigation)et d’autres ressources de propriété commune (utilisations desterres, forêts communautaires ou zones de pâturage). Le Malin’est pas différent des autres régions semi-arides du monde,où les ressources en terres et en eau sont de plus en plusrares. A l’échelle mondiale, ces deux ressources sont très uti-

lisées pour les systèmes agricoles, tant pluviaux qu’irrigués,mais la demande nécessaire dans les régions semi-arides n’estpas satisfaite en raison de la variabilité de la pluviométrie, desévénements climatiques extrêmes et de la perte de nutrimentsimportants due à l’érosion. Les services de l’écosystème, quisont les avantages que les populations tirent des écosystèmes,dépendent également de la quantité et de la qualité de l’eau etdu fonctionnement sûr de la terre (Garg et al., 2012). Ceci né-cessite une approche intégrée au-delà des efforts au niveaudu champ/exploitation.

Un site d’apprentissage sur le bassin versant géré par la com-munauté a été créé dans le village du bassin versant de Kanidans la zone soudanienne du Sud du Mali pour la rechercheet le renforcement des capacités des ONG locales, des agri-culteurs et des organisations de recherche. La pluviométrie sesitue entre 800 et 1000 mm, le système de production mettantessentiellement l’accent sur le coton et le sorgho (Birhanu etal., 2014). La caractérisation biophysique a été effectuée àl’aide de données collectées à partir du climat et des mesuresd’intervention disponibles, notamment les digues de contour etles puits peu profonds.

Des informations explicites sur le plan spatial concernantl’adoption des puits peu profonds et les aménagements encourbe de niveau (ACN) ont donné une nouvelle dimensionaux changements des pratiques agricoles. De nouvelles sériesde stations de suivi hydrométéorologiques, notamment une sta-tion météo, des jauges de pluies ordinaires, des équipementsde suivi de l’humidité du sol et de l’eau souterraine, ont étécréés afin d’améliorer l’écart entre les stations de suivi.

un site d’apprentissage géré par la communauté au Mali est utilisé pour les premières étapesde l’approche intégrée de la gestion des bassins versants appuyée par des agriculteurs volon-taires et des organisations de recherche désireuses d’optimiser l’utilisation de l’eau par les cul-tures dans les zones semi-arides qui recèlent en principe une capacité suffisante d’eau, maisnon encore dans la réalité.

LA gESTION DES BASSINS vERSANTS IMpLIquE LA COMMuNAuTé Au-DELà DEL’ExpLOITATION AgRICOLE

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Reprendre possession des terroirs, apporter davantage de la nourriture et de l’espoir

FAITS SAIllAnTS I 2014

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Des programmes de consultations communautaires ont étéexécutés afin d’identifier les principales contraintes agricoleset les options d’intervention technologiques éventuelles. Lesprincipaux objectifs de l’étude étaient les suivants :• l’identification d’un bassin versant géré par la communauté

pour l’intégration des composantes au niveau du système etla compréhension des composantes biophysiques ;

• l’identification des contraintes prioritaires par le truchementd’un programme de consultations des parties prenantes ;

• l’identification d’options technologiques éventuelles pour lagestion intégrée des bassins hydrographiques.

Les données climatiques (1980-2010) ont été collectées à partirde la station météo de Koutiala et les variations saisonnièressont présentées à la Figure 6. La pluviométrie est monomodaleavec une hauteur moyenne des pluies annuelles de 845 mm.Parmi les autres valeurs climatiques figurent les températuresdont la maximale est 34 °C et la minimale 22 °C, l’ensoleille-ment (20 MJ/m2), la vitesse du vent (2,3 m/s) et l’humidité re-lative (31 %).

La hauteur maximale historique de pluies enregistrée était de97 mm (2 août 1998), tandis que le nombre moyen à long termede jours pluviaux au cours d’une année était de 193.

De même, les températures maxima et minima historiques en-registrées étaient 43 °C et 8 °C, respectivement et les valeursde l’humidité relative et de la vitesse du vent étaient 86 % et5,4 m/s respectivement. Le système saisonnier de l’évapo-transpiration potentielle (ETP), ainsi que la pluviométrie sontprésentés à la Figure 7. La hauteur des pluies annuellemoyenne calculée et l’ETP étaient de 845 mm et 1 752 mm,respectivement. Selon le système de pluviométrie saisonnière,la saison des pluies commence en mai, atteint son point culmi-nant en août et prend fin en octobre. L’ETP était plus importanteque la pluviométrie pendant neuf mois de l’année (d’octobre àjuin). Pendant 31 années (1980–2010), une légère augmenta-tion de la pluviométrie, mais insignifiante sur le plan statistiquea été constatée (Figure7).

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Hauteur de pluies (mm) Hauteur des pluies

Figure 6 : Variation saisonnière des données climatiques dans le cercle de Koutiala (données de 1980 à 2010)

Figure 7 : Pluviométrie saisonnière et évaporation, données de 1980-2010, station météo de Koutiala

valeurs moyennes à long terme (mm) Pluviométrie évaporation

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42 • Programme de recherche du CgIAR sur les systèmes des zones arides

Consultations avec les parties prenantesUn programme de consultations avec les parties prenantes a été mis en œuvre d’avril à juin 2014 au cours duquel quatrecontraintes ont été identifiées qui freinent la productivité de l’agriculture dans la zone d’étude. Par ordre d’importance, ils’agit de la pénurie d’eau, de l’érosion du sol, des problèmes de santé liés aux usages agricoles inappropriés, ainsi quedu manque de fourrage pour le bétail et de traction animale. Le Tableau 9 ci-dessous présente un résumé des résultatsdes consultations avec les parties prenantes dans le village du bassin hydrographique de Kani concernant les défis etcontraintes liés à la productivité agricole.

Erosion et ruissellementsexcessifs

Perte de nutriments dans lesexploitations agricoles

Avec le temps, les optionsagroforestières sont enbaisse.

Pénurie de fourrage et detraction animale

Manque de sensibilisation surl’utilisation correcte des in-trants agricoles

Sécheresse, pluies insuffi-santes et pénurie d’eau desurface et souterraine

Cordons pierrieux

Aménagements en courbede niveau

Compostage

Néant

Les communautés utilisent-elles les résidus de niébépour l’alimentation du bétailen y intégrant davantage delégumineuses, par exemplel’arachide ?

Conseils prodigués par uneantenne cotonnière locale(CMDT) sur l’application desengrais

Construction de barragesafin de stocker l’eau pour lesbesoins domestiques et pourle bétail

Construction de puits peuprofonds

Les digues de pierres ont un peu changé pour devenir une dé-limitation des parcelles et ont perdu leur utilité comme moyende réduire l’érosion et le ruissellement.

Les communautés locales ont jugé la pratique utile et plus indi-quée pour réduire l’érosion que les digues de pierres. Cepen-dant, elle ne fait toujours pas l’objet d’une large application, fautede sensibilisation sur la méthode de construction et son utilité.

Cette pratique est largement appliquée afin d’améliorer la fertilitédu sol. Mais, son application est menacée par le lessivage desnutriments pendant la saison des pluies, si aucune mesure deprotection n’est prise pour réduire l’érosion dans les champs.

Le problème de manque de traction animale a été résolu par lepartage de la main-d’œuvre. Cependant, les agriculteurs quin’ont pas de bœufs pour la traction animale labourent leursterres après ceux qui en ont. Ceci s’est traduit par des semistardifs et la réduction de la productivité.

Les conseils concernaient essentiellement la culture de rente(coton), étant donné que l’offre d’engrais et d’autres intrants pourles autres cultures de base était limitée, voire inexistante. Enoutre, aucune campagne de sensibilisation n’a été organiséeconcernant les préoccupations de santé et l’utilisation inappro-priée des engrais, pesticides et herbicides.

Le barrage ne contient de l’eau que sur quatre mois, après lafin de la saison des pluies (novembre-février), par la suite, il s’as-sèche complètement de mars à juin.

Les niveaux d’eau dans la plupart de ces puits atteignentune profondeur de 3 à 4 m pendant la saison des pluies etdépassent 20 m en saison sèche. L’accès en saison sècheconstitue une préoccupation majeure.

Défis/contraintes Mesures prises Efficacité des interventions depuis l’application

Tableau 9 : Résumé des résultats des consultations avec les parties prenantes dans le village deKani sur les défis et contraintes liés à la productivité agricole

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Reprendre possession des terroirs, apporter davantage de la nourriture et de l’espoir

FAITS SAIllAnTS I 2014

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Options technologiques pour la gestion intégrée des bassins versantsLes consultations avec les parties prenantes révèlent que lesagriculteurs ont une attitude positive en ce qui concerne l’ap-plication des pratiques de gestion améliorée des terres et del’eau dans leurs champs. Les diguettes de contour se sontavérées mieux indiquées pour réduire l’érosion et accroître lateneur en humidité du sol et, partant, éviter les périodes de sé-cheresse. Les résultats de la recherche (Traoré et al. 2004 ;Gigou et al. 2006) montrent que les ACN constituent une

méthode bien connue de réduction du ruissellement de l’eauet de lutte contre l’érosion du sol au Sud du Mali. Bien queles avantages biophysiques et socioéconomiques de la tech-nologie des ACN dans le village du bassin versant de Kanin’aient pas encore fait l’objet de test, près de 50 agriculteursl’appliquent déjà dans leurs champs depuis 2014. La Figure8 montre un agriculteur dans un champ de coton avec et sansdiguettes de contour.

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Figure 9 : Distribution par fréquence des variations de profondeurs du niveau d’eau dans les puits en saison sèche et en saison des pluies.

Des puits peu profonds sont également utilisés dans lecadre de la gestion de l’eau. Afin d’étudier la capacité de ré-tention à long terme de l’eau des puits gérés par les com-munautés, au total 259 puits peu profonds ont étégéoréférencés et étudiés dans le village du bassin versantde Kani. Les profondeurs minimale et maximale des puitsenregistrées étaient de 3 m et 33 m, respectivement. La plu-part des puits (71 %) ont une profondeur de 8,5 à 18,5 m,seul l’un d’entre eux atteint 33 m. Des données qualitativeset quantitatives ont été obtenues sur la fluctuation du niveaude profondeur et les analyses qualitatives ont montré que

90 % des puits peu profonds voient leur niveau d’eau bais-ser en saison sèche. Sur le plan quantitatif, 36 % des puitspeu profonds voient leur niveau d’eau baisser dans une four-chette de 6,5 à 9,5 m. Ce chiffre est suivi d’une baisse duniveau d’eau dans une fourchette de 3,5 à 6,5 m (30 %) etde 9,5 à 12,5 m (18 %). Le niveau d’eau de 3 % des puitsbaisse dans une fourchette de 15,5 et 18,5 m.La même analyse a été faite pendant la saison des pluies.Cinquante-deux pour cent (52 %) des puits voient leur ni-veau d’eau monter de zéro jusqu’à 4 m et 72 % sont acces-sibles à 8 m à partir du niveau du sol.

Figure 8 : Champs de l’agriculteur : champs de coton a) et b) avec et sans aménagements en courbe de niveau ; champs desorgho c) et d) avec et sans aménagements en courbe de niveau

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Conclusions, perspectives et prochaines étapesLe village du bassin versant de Kani reçoit des précipitationsannuelles d’une hauteur moyenne de 845 mm, ce qui est lar-gement suffisant pour la production tant pour l’agriculture quel’élevage. Cependant, le principal problème concerne la va-riabilité inter- et intra-annuelle des précipitations et le manqued’innovation appropriée pour le stockage de l’eau de pluie auxfins d’utilisation en saison sèche. L’évapotranspiration poten-tielle (ETP) enregistrée dans la zone d’étude (1 752 mm paran) représente plus du double de la hauteur annuellemoyenne des pluies, ce qui réduit à néant les efforts destockage de l’eau de surface.

L’aridité dans la zone d’étude (faible pluviométrie et ETP im-portante) et le faible potentiel de stockage des eaux de ruis-sellement de surface exigent, comme mesure d’interventionimportante, une approche de conservation in situ de l’eau depluie. Par exemple, l’on peut remédier à la réduction du niveaud’eau dans la plupart des puits peu profonds en saison sèche(dans 87 % des puits, le niveau de l’eau varie entre 3,5 et 18,5m) et rehausser le niveau grâce à la conservation in situ del’eau de pluie. Afin d’assurer ces deux interventions les plusrépandues, les options identifiées étaient la gestion du niveaude l’eau dans les puits peu profonds et les diguettes de contourà une échelle allant des champs au bassin versant.

Les preuves disponibles indiquent que les champs entourésdes ACN génèrent deux types d’avantages, à savoir l’accrois-sement de la capacité de recharge des puits en ralentissantle rythme du ruissellement et la réduction du niveau élevéd’érosion et de lessivage des nutriments dans les champs.Afin d’assurer un meilleur impact, la construction de diguettesde contour dans les champs doit coexister avec d’autres pra-tiques de gestion de la fertilité du sol. Au nombre de celles-cifigurent l’application d’engrais, le compostage, l’adoption desystèmes de cultures appropriés, le maintien du couvert vé-gétal et la mise en valeur des espèces fourragères.

Les puits peu profonds ont été identifiés comme les princi-pales sources d’eau pour la consommation domestique,l’abreuvement du bétail et les pratiques agricoles en saisonsèche dans la zone d’étude. L’on a constaté que bien que laprofondeur fluctue dans 87 % des puits, l’eau demeure ac-cessible à une profondeur raisonnable en saison sèche.

Un petit effort supplémentaire pour aménager le bassin ver-sant avec un couvert végétal garantirait une amélioration dela capacité de recharge des puits. A l’heure actuelle, l’aug-mentation de la superficie cultivée dans le bassin versant sefait au détriment de la végétation naturelle, et il existe peud’études qui évaluent ce compromis.

Prises ensemble, ces analyses soulignent la nécessité de me-sures intégrées afin d’améliorer la productivité agricole et lagestion des ressources naturelles, cette mesure intégrée re-posant sur différentes composantes dont l’eau, les cultures,le sol, les arbres, les fleuves, les forêts et les zones dégra-dées, notamment une unité hydrologique définie. Dans lecadre des activités dans le bassin versant, l’on doit veiller àce que les puits soient rechargés et l’humidité du sol et lesnutriments des exploitations agricoles maintenus, tandis quel’érosion et le ruissellement seraient réduits au minimum.

Cependant, les efforts d’aménagement du bassin hydrogra-phique ne sont pas toujours couronnés de succès. Un solideappui institutionnel s’avère nécessaire à tous les niveaux. Legouvernement malien ne dispose pas de preuves de re-cherche documentées à l’heure actuelle concernant la gestiondu bassin hydrographique, en dépit du vif intérêt à cet égardde l’institut national de recherche agronomique (IER) qui,grâce à son rôle important dans la recherche appliquée etadaptative et à ses liens via le service de vulgarisation auprèsdes communautés locales et des agriculteurs, est un acteurpotentiel très important du programme d’aménagement dubassin versant.

En outre, l’on a tiré des leçons des programmes d’aména-gement de bassins hydrographiques en Inde et en Afriquede l’Est. Une documentation complète et une analyse com-parative de l’efficacité, de l’efficience et de la durabilité destechnologies appropriées s’avèrent essentielles pour mettreau point un programme durable d’aménagement du bassinversant.

Les activités prometteuses doivent être reproduites par leshabitants du bassin versant et les leçons apprises sur le sited’apprentissage pilote extrapolées au profit d’autres zonesconfrontées à des problèmes similaires.

Cette recherche a été entreprise dans le cadre des programmes du CgIAR sur l’eau, la terre et les écosys-tèmes (Wle) et sur les systèmes des zones arides (RdS).

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