Plateforme électorale Élections 2008 La nation québécoise, comme toutes les nations, a une culture qui lui est propre et qui constitue le fondement même de son existence. La culture, c’est plus que les arts. C’est l’ensemble des traits distinctifs d’un peuple, sa façon de penser, de voir le monde, de se comporter par rapport aux événements, de bâtir sa société et son pays. Bref, une culture, c’est une échelle de valeurs. Le gouvernement fédéral, même s’il livre très peu de services à la population, a entièrement ou partiellement compétence sur une foule de questions qui interpel- lent directement les gens, y compris dans leurs valeurs profondes. Tant que les lois fédérales s’appliquent sur le territoire québécois, le gouvernement fédéral ne peut pas faire fi des valeurs et des opinions du Québec. La différence québécoise doit être représentée, entendue et prise en compte à Ottawa. Une justice pénale exclusivement centrée sur la punition ne saurait nous convenir. Les Québécoises et les Québécois, qui jouissent du plus bas taux de crimes violent en Amérique du Nord, ne sauraient accepter qu’on remette cet acquis en question. La population du Québec tient à ce que les conservateurs ne brisent pas le fragile équilibre entre répression et prévention, entre sécurité et liberté. Une politique étrangère calquée sur celle de George W. Bush ne peut pas convenir à une nation qui, par sa langue, est exposée à des influences plus diversifiées que la seule influence américaine. Les Québécois, de plus en plus ouverts sur le monde, ont su développer une vision du monde où le respect de la diversité, l’accent sur le développement, la prévention et le Règlement pacifique des conflits priment. Les députés de partis fédéralistes, parce qu’ils sont forcés de considérer les choses dans une optique pancanadienne, en viennent à oublier les valeurs québécoises. Leur travail consiste à défendre leur parti, un parti canadien. Pour faire valoir les consensus québécois, les préoccupations québécoises et les valeurs québécoises à Ottawa, il n’y a que les députés du Bloc Québécois. Dans un Québec souverain, la question ne se posera plus. Comme les Québécois feront eux-mêmes toutes les lois et tous les programmes gouvernementaux qui s’appliqueront au Québec, il est évident que ceux-ci reflèteront les choix et les valeurs de la société québécoise. Mais d’ici là, le Québec a besoin de représentants à Ottawa qui représentent vraiment les valeurs québécoises. CHAPITRE 6 DéFENDRE LES VALEURS ET LES POINTS DE VUE DU QUéBEC CHAPITRE 6
1. CHAPITRE 6 DfenDre les valeurs et les points De vue Du Qubec
La nation qubcoise, comme toutes les nations, a une culture qui lui
est propre et qui constitue le fondement mme de son existence. La
culture, cest plus que les arts. Cest lensemble des traits
distinctifs dun peuple, sa faon de penser, de voir le monde, de se
comporter par rapport aux vnements, de btir sa socit et son pays.
Bref, une culture, cest une chelle de valeurs. Le gouvernement
fdral, mme sil livre trs peu de services la population, a CHAPITRE
6 entirement ou partiellement comptence sur une foule de questions
qui interpel- lent directement les gens, y compris dans leurs
valeurs profondes. Tant que les lois fdrales sappliquent sur le
territoire qubcois, le gouvernement fdral ne peut pas faire fi des
valeurs et des opinions du Qubec. La diffrence qubcoise doit tre
reprsente, entendue et prise en compte Ottawa. Une justice pnale
exclusivement centre sur la punition ne saurait nous convenir. Les
Qubcoises et les Qubcois, qui jouissent du plus bas taux de crimes
violent en Amrique du Nord, ne sauraient accepter quon remette cet
acquis en question. La population du Qubec tient ce que les
conservateurs ne brisent pas le fragile quilibre entre rpression et
prvention, entre scurit et libert. Une politique trangre calque sur
celle de George W. Bush ne peut pas convenir une nation qui, par sa
langue, est expose des influences plus diversifies que la seule
influence amricaine. Les Qubcois, de plus en plus ouverts sur le
monde, ont su dvelopper une vision du monde o le respect de la
diversit, laccent sur le dveloppement, la prvention et le Rglement
pacifique des conflits priment. Les dputs de partis fdralistes,
parce quils sont forcs de considrer les choses dans une optique
pancanadienne, en viennent oublier les valeurs qubcoises. Leur
travail consiste dfendre leur parti, un parti canadien. Pour faire
valoir les consensus qubcois, les proccupations qubcoises et les
valeurs qubcoises Ottawa, il ny a que les dputs du Bloc Qubcois.
Dans un Qubec souverain, la question ne se posera plus. Comme les
Qubcois feront eux-mmes toutes les lois et tous les programmes
gouvernementaux qui sappliqueront au Qubec, il est vident que
ceux-ci reflteront les choix et les valeurs de la socit qubcoise.
Mais dici l, le Qubec a besoin de reprsentants Plateforme lectorale
Ottawa qui reprsentent vraiment les valeurs qubcoises. lections
2008
2. Le Bloc Qubcois continuera de faire valoir le point de vue
qubcois et les valeurs qubcoises Ottawa dans tous les dossiers de
comptence fdrale. 6.1 le systme juDiciaire et la criminalit Depuis
son accession au pouvoir, le gouvernement conservateur a multipli
les positions idologiques en matire de justice et a adopt un
discours alarmiste lgard de la criminalit. Sil est vrai quil faut
lutter contre la criminalit, il est vrai aussi que le portrait rel
est que la criminalit est en baisse au Qubec comme au Canada depuis
une quinzaine dannes. Statistique Canada confirmait mme, rcemment,
que pour lanne 2006 le taux global de criminalit au pays a atteint
son plus bas niveau en plus de 25 ans. Plus encore, le Qubec a
connu son plus faible taux dhomicides enregistr depuis 1962. Les
Qubcoises et les Qubcois ont, par le pass, mis sur une justice
individua- lise reposant sur un processus judiciaire flexible et
adapt chaque cause avec les rsultats que lon connat : le taux
dhomicide au Qubec est parmi les plus bas au Canada et quatre fois
moindre quaux tats-Unis. En fait, pour les crimes de violence, le
Qubec se classe meilleur deuxime, tout juste derrire
lle-du-Prince-douard. Le Qubec a mme enregistr une baisse de 4 % du
taux de criminalit chez les jeunes en 2006, faisant mieux que
toutes les provinces. Ds le dbut, le gouvernement conservateur a
mis de lavant son ordre du jour law and order qui comportait des
projets de loi totalement inacceptables. Le Bloc Qubcois sest ainsi
oppos fermement la mouture initiale du projet de loi C-9 (peines
avec sursis), au projet de loi C-10 (peines minimales) et au projet
de loi C-25 (justice pnale pour adolescents). Plutt que de corriger
rellement des problmes, les conservateurs, en prenant des mesures
fondes sur une vision idologique similaire celle quont emprun- te
les tats-Unis, risque den crer de plus svres. Le modle amricain,
bas sur lemprisonnement, produit des rsultats pourtant loquents et
devrait tre un repoussoir suffisant ! titre dexemple, la fin de
lanne 2006, on dnombrait, aux tats-Unis, 2,25 mil- lions de
personnes derrire les barreaux, soit 751 prisonniers pour 100 000
habi- tants, contre 107 pour 100 000 au Canada. En fait, les
tats-Unis surclassaient mme la Libye (217 pour 100 000), lIran (212
pour 100 000) et la Chine (119 pour 100 000). Cela dit, le Bloc
Qubcois est conscient que de nombreuses amliorations doivent tre
apportes au systme judiciaire actuel et que certains ajustements au
Code 192 criminel simposent. Ltat a, aprs tout, le devoir
dintervenir partout o cela est Plateforme lectorale ncessaire pour
permettre ses citoyens de vivre en paix et en scurit. lections
2008
3. Cest donc dans cet tat desprit que le Bloc Qubcois a pris
position au sujet de la panoplie de mesures soumises par le
gouvernement conservateur. Aprs avoir tudi objectivement chacune
des propositions des conservateurs dans le domaine de la justice,
le Bloc Qubcois en a valu la pertinence et les consquences puis a
pris position. Les Qubcois ne sont pas des doctrinaires. Aussi,
dans chaque cas, le Bloc Qubcois a pes le pour et le contre de
chaque mesure et a appuy celles qui apportaient de vritables
avantages, et ce, en sappuyant sur son objectif dune justice
individualise reposant sur un processus judiciaire flexible et
adapt chaque cause. Par contre, lorsque les projets de loi du
gouvernement conservateur ne reposent sur aucune analyse
prliminaire ou tude dimpact, mais bien sr, sur des prjugs
dogmatiques ou des sondages effectus la suite dun incident violent
particulier ayant soulev lindignation populaire et lattention des
mdias, le Bloc Qubcois sy oppose fortement. envoyer les enfants en
prison, pas question ! Lidologie conservatrice est simple : il faut
punir les dlinquants, mme lorsque ceux-ci sont de jeunes
adolescents, voire des enfants. Le gouvernement a donc dpos le
projet de loi C-25 ayant pour objectif daugmen- ter la svrit des
peines infliges aux jeunes et de permettre leur dtention avant
procs, allant en cela compltement linverse du Qubec, qui a mis avec
succs sur la rhabilitation et la rinsertion. Le projet de loi C-25
nest pas tonnant de la part dun parti qui tolre quun minis- tre de
la Justice soit tel point aveugl par son approche idologique quil
indique que le seul moyen dradiquer la suppose vague de violence
juvnile, daugmenter la scurit publique et de restaurer la confiance
du public envers le systme judi- ciaire est de condamner les jeunes
la prison mme sil ne sagit que denfants de 12 ans, voire de 10 ans
! Alors que pour les jeunes, lavenue qui fonctionne est celle de la
rhabilitation et de la rinsertion, les conservateurs abordent
lincarcration comme une mesure prioriser et parlent de
lemprisonnement des jeunes comme dune mesure efficace pour lutter
contre la criminalit juvnile. Le consensus qubcois prconisant une
sentence fonde sur la situation de lado- lescent et non sur le
crime commis est de loin prfrable. Lenvoyer ces coles du crime que
sont les institutions carcrales ne fera rien pour assurer sa
rhabilitation et lui donner la chance de reprendre sa vie en main.
Le Bloc Qubcois ne permettra pas au Parlement fdral de remettre en
cause, par de mauvaises lois, les avances du Qubec en matire de
lutte la criminalit chez les adolescents. 193 Plateforme lectorale
lections 2008
4. peine de mort : ne rouvrons pas ce vieux dbat Une autre
position idologique des conservateurs a t rvle au grand jour lors
de la dernire lgislature. Coup sur coup, ils ont refus dintervenir
auprs des tats-Unis pour demander que la peine de mort dun Canadien
soit commue en peine de prison vie et ont dclin linvitation qui
leur tait faite de parrainer une rsolution prsente lAssemble gnrale
des Nations Unies demandant un moratoire sur ce chtiment cruel. Le
Bloc Qubcois estime que le dbat entourant la peine de mort est rgl
et il sopposera toute tentative conservatrice de nous ramener des
dizaines dannes en arrire. le registre des armes feu : la mauvaise
foi des conservateurs Ce registre, dont la cration a fait lobjet
dun des pires scandales canadiens de mauvaise gestion, avait
longtemps t rclam par les forces policires qubcoi- ses, les
organismes de prvention de la violence et du suicide, ainsi que par
une bonne partie de la population en gnral. Sa cration a dj cot la
somme fara- mineuse de plus dun milliard de dollars, il est vrai.
Mais maintenant quil existe, le registre est relativement peu
dispendieux oprer. Et il fonctionne bien, contrairement ce quen
disent ses opposants. Plus de sept millions darmes feu sont
actuellement enregistres travers le Canada, dont 90 % sont des
armes de chasse. Le registre a t consult plus de 6,3 mil- lions de
fois depuis sa mise en service en 1998, soit une moyenne de plus de
6000 fois par jour. Il a en outre permis que plus dun million
darmes soient reti- res de la circulation. Le registre aide
galement les forces de lordre valuer les risques au moment
dintervenir dans une rsidence, il facilite lmission de mandats
darrt ou de recherche, il fournit des preuves que des individus
sont en possession illgale dar- mes feu ou quils ont vendu des
armes enregistres sur le march noir. Il permet, de plus, aux
policiers dobtenir des mandats de saisie qui leur tour permettent
dviter des drames familiaux, des crimes passionnels ou des
suicides. Enfin, len- registrement contribue la rsolution de crimes
en offrant la possibilit de remon- ter jusquau propritaire des
armes retrouves sur les scnes du crime et, dans le cas dune arme
vole, en identifiant son propritaire lgitime. De plus, le Programme
de contrle des armes feu comprend plusieurs activits qui
contribuent enrayer le mauvais usage des armes feu et qui
permettent de rduire le nombre daccidents et de crimes lis aux
armes feu, notamment travers la formation en matire de scurit et
les normes dentreposage scuritaire quil impose. Malgr lutilit
incontestable du registre, les conservateurs lont toujours dtest
194 pour des raisons purement idologiques. Aprs avoir chou dans
leur tentative Plateforme lectorale de labolir par un projet de loi
en 2006, ils ont tout simplement dcid de passer lections 2008 outre
lopposition du Parlement en dcidant damnistier toutes les personnes
qui
5. nenregistrent pas leur arme. Les gens sinscrivant beaucoup
moins ce registre, il devient peu peu obsolte. Les conservateurs
ont dpos nouveau un projet de loi pour labolir. Le Bloc Qubcois
soppose fermement labolition du registre. Pour les mmes raisons, le
Bloc Qubcois soppose lamnistie, dcrte par le gouvernement le 17 mai
2006 et renouvele jusquau 16 mai 2008, qui rend pratiquement
inoprant le registre pour les armes de chasse. non un systme de
justice idologique Le gouvernement minoritaire conservateur ne peut
visiblement faire adopter, par le Parlement canadien, plusieurs de
ses politiques controverses qui sont toutes inspires de sa vision
de droite en ce qui concerne la loi et lordre. Il essaie donc
doutrepasser le processus dmocratique et le systme lgislatif en
manipulant la composition du systme judiciaire appel interprter les
lois. Cest ainsi que le ministre de la Justice a annonc en novembre
2006 quil modi- fiait la composition du Comit de slection de la
magistrature, ainsi que les chel- les dvaluation des candidats,
afin de donner aux membres quil aura lui-mme slectionns la majorit
au sein du Comit. Ces changements, que lon ne peut pas vraiment
qualifier de rforme, ouvrent la porte au favoritisme et la
possibilit que les dcisions du comit soient pipes davance selon les
caprices du pouvoir en place. En fait, les intentions du
gouvernement Harper ce sujet sont claires et avoues : les candidats
la magistrature devront dornavant mettre en uvre le programme du
gouvernement conservateur. Les conservateurs sattaquent ainsi
ouvertement la crdibilit du processus judiciaire, lindpendance,
limpartialit et lob- jectivit des juges, ainsi qu la sparation des
pouvoirs entre les trois branches du gouvernement. Rien de moins !
Il nest pas tonnant donc que le Barreau canadien se soit oppos ces
change- ments et que danciens juges de la Cour suprme soient sortis
de leur rserve pour faire connatre leurs apprhensions et leur
mcontentement. Le Bloc Qubcois dnonce vigoureusement la dmarche du
gouvernement visant rendre laffiliation politique des candidats
plus importante que leurs qualifications. Le Bloc Qubcois demande
au gouvernement de remettre sur pied le sous-comit de la Chambre
des communes sur le processus de nomination la magistrature fdrale
qui a t cr sa demande lors de la 38e Lgislature et qui a t dissous
au moment du dclenchement des dernires lections. Ce comit, aprs
consulta- tion, pourra faire des recommandations impartiales afin
de dpolitiser le processus de nomination. Le Bloc Qubcois exige que
le gouvernement conservateur renonce son projet de manipuler le
processus de nomination la magistrature et restaure limpartialit
195 du comit de slection des juges. Plateforme lectorale lections
2008
6. parents de victimes dacte criminel Les conservateurs sont
jusqu maintenant demeurs insensibles la situation des familles et
parents des victimes dactes criminels. Il est terrible de penser
que les familles et parents de victimes dactes criminels doivent
continuer travailler comme si rien ne leur tait arriv. Il faut
absolument que le gouvernement fdral embote le pas Qubec, qui a
modifi sa lgislation, afin de permettre ces personnes de sabsenter
du travail tout en conservant leur lien demploi. Ladoption par
Qubec de la loi 58, qui prserve le lien demploi pour les membres
dune famille frappe par une tragdie, cre une importante
discrimination envers ceux et celles dont le travail est rgi par le
Code canadien du travail, lequel ne prvoit pas de telles
dispositions. On se retrouve donc avec deux rgimes diffrents et il
faut corriger cette anomalie. Le Bloc Qubcois demande au
gouvernement fdral dajuster le Code canadien du travail afin que
les parents et les conjoints de victimes dactes criminels qui sont
employs par une entreprise sous juridiction fdrale bnficient des
mmes traitements que les parents et les conjoints de victimes qui
relvent de la loi qubcoise sur les normes du travail. Cest une
chose de permettre aux personnes de maintenir leur lien demploi,
mais si elles nont plus de revenus pour subvenir aux besoins des
autres membres de la famille, le rsultat sera le mme, elles seront
contraintes de revenir au travail rapidement pour des considrations
conomiques. Le gouvernement doit leur permettre de toucher des
prestations dassurance-emploi, qui schelonneraient sur une priode
pouvant aller jusqu 52 semaines, afin quelles aient de quoi
subvenir leurs besoins durant leur arrt de travail. Le projet de
loi consiste, dabord, modifier le Code canadien du travail pour
per- mettre aux victimes et aux parents de victimes dacte criminel
de sabsenter et de prserver leur emploi pour une priode dtermine.
Ensuite, le projet de loi dve- loppe une nouvelle prestation
spciale, pour une priode de 52 semaines, pour les parents de
victimes dacte criminel ou denfants qui se sont suicids. 6.2
justice : les solutions proposes par le bloc Qubcois En ce qui
concerne la guerre des motards, le Bloc Qubcois est fier davoir t
le premier parti Ottawa avancer lide dune loi antigang et den avoir
fait lun de ses principaux chevaux de bataille jusqu son adoption
finale par le Parlement canadien. Les condamnations obtenues lissue
du mga-procs des Hells Angels en 2004 ont bien tmoign de lutilit
dune telle loi. Le Bloc Qubcois est galement fier davoir russi
convaincre les autres partis 196 politiques fdraux dimposer aux
membres des organisations criminelles le ren- Plateforme lectorale
versement du fardeau de la preuve. Ce sont maintenant ces derniers
qui doivent lections 2008 justifier que largent et les biens qui
leur ont t confisqus par les forces de lordre
7. nont pas t acquis la suite dactivits criminelles et quils ne
vivent pas des profits de la criminalit. Aujourdhui, ces lois
continuent de permettre aux organismes qui sont responsa- bles de
leur application davoir recours un ensemble doutils lgislatifs et
rgle- mentaires pour poursuivre plus efficacement en justice les
organisations ou les associations qui possdent les caractristiques
du crime organis. Voici, en cinq points, les propositions que le
Bloc Qubcois a fait connatre au mois de juin 2007 et quil mettra de
lavant au cours du prochain mandat, les- quelles sont encore
compatibles avec les principes et les valeurs quil a toujours
dfendus : 1. une meilleure lutte aux organisations criminelles; 2.
contrer les gangs de rue; 3. rationaliser les librations
conditionnelles; 4. abolir la pratique du temps compte double ; 5.
davantage de moyens la Stratgie nationale de prvention du crime. 1.
une meilleure lutte aux organisations criminelles lheure actuelle,
le Code criminel prohibe la participation une organisation
criminelle seulement dans la mesure o il est dmontr que la personne
avait lintention daccrotre la capacit de lorganisation de faciliter
ou de commettre un acte criminel. Des peines de prison sont
galement prvues lorsquune personne commet un acte criminel ou
encore charge directement ou indirectement une personne de
commettre un tel acte au profit ou sous la direction dune organi-
sation criminelle, ou en association avec elle. Mais dans tous les
cas, lappartenance une organisation criminelle ne suffit pas faire
condamner une personne. Il faut galement tablir la preuve quun acte
criminel a t commis ou pourrait tre commis en relation avec cette
organisation. Le fardeau de la preuve est donc lourd pour faire
condamner des membres dorga- nisations criminelles que les forces
policires peinent infiltrer. Le crime organis doit pourtant tre
combattu avec acharnement, car il jouit dun certain prestige et dun
pouvoir dattraction qui peut tre important, notamment sur les
jeunes. Le port dun uniforme (comme une veste) ou demblmes (comme
des patches) aide une organisation criminelle commettre des
activits criminelles en accrois- sant sa visibilit et son prestige
et en lui permettant dintimider autant les ban- des rivales que les
honntes gens. Une telle interdiction faciliterait le travail des
policiers et des procureurs et, terme, il deviendrait plus
dangereux de safficher 197 comme un membre dun gang. Plateforme
lectorale lections 2008
8. Le Bloc Qubcois suggre donc que le Code criminel soit modifi
de faon ce que le port de symbole, de signe ou de reprsentation
identifiant des individus comme membres dune organisation
criminelle reconnue comme telle par un juge soit illgal. Pour
diminuer encore davantage lattrait que reprsentent les groupes
criminaliss et pour mieux faire face ces derniers, il faut
renforcer le message que le crime ne paie pas en sattaquant aux
produits de la criminalit. Fort dune victoire en la matire, le Bloc
Qubcois propose dtendre le renversement du fardeau de preuve
dautres infractions que celles lies au crime organis et au trafic
de la drogue, soit aux dlits de vols dautos, aux prts usuraires, au
proxntisme, aux vols qualifis, aux fraudes de plus de 5000 dollars
ainsi qu la contrefaon de monnaie. Le Bloc Qubcois estime que
lorsquun voleur ou un fraudeur est dclar coupable, il devrait avoir
dmontrer que ses biens ne sont pas le fruit de son crime. 2.
contrer les gangs de rue Le phnomne des gangs de rue inquite. Or,
les forces policires ne disposent pas de moyens suffisants pour
lutter avec un maximum defficacit contre ces criminels. Le Bloc
Qubcois propose quatre mesures qui doteront les policiers doutils
mieux adapts pour lutter contre les gangs de rue : modifierleCode
criminel afin de faire en sorte que la commission dactes violents
impliquant des armes feu ou des armes blanches, par des individus
appartenant des gangs de rue, soit considre comme un facteur
aggravant dans la dtermination de la peine;
crerunfondspermettantauQubecetauxprovincesdeformerdes procureurs de
la Couronne spcialiss dans les procs lis aux gangs de rue. Cette
proposition sinspire de lexprience du gouvernement du Qubec, qui a
cr le Bureau de lutte au crime organis (BLACO) en 2001 avec des
quipes de procureurs spcialiss en matire de crime organis. La
cration de procureurs spcialiss a permis au BLACO dobtenir les
condamnations de 286 personnes pour des accusations de gangstrisme;
puisquelatechniquedusystmedepositionnementmondial(GPS)estutile aux
policiers pour faire la preuve des dplacements des individus
membres de gangs et pour les relier entre eux, le Bloc Qubcois
propose de prolonger les mandats obtenus pour les enqutes effectues
au moyen de filature par
GPSdemanirecequilsaientlammedurequelemandatdcoute lectronique, soit
un an; colliger et conserver des copies de tous les jugements
rendus par les diffrents tribunaux concernant les gangs de rue et
les organisations criminelles afin de 198 permettre aux forces
policires dy avoir rapidement accs. Plateforme lectorale lections
2008
9. 3. rationaliser les librations conditionnelles Le Bloc
Qubcois a toujours adopt une approche quilibre quant au systme pnal
en favorisant des mesures qui permettent de rhabiliter les
criminels tout en maintenant lcart de la socit les personnes qui
mettent la scurit des citoyens en danger. Cest dans cet esprit quil
a entrepris une tude du systme canadien de librations
conditionnelles afin de dgager une approche qui permettrait la fois
de dissua- der les criminels dagir et de rtablir la confiance du
public en ce mcanisme de rhabilitation. Ce systme comprend
aujourdhui deux mcanismes qui posent problme : la pro- cdure
expditive de mise en libert et la libration doffice. Dans le
premier cas, le dtenu peut sortir de prison aprs 6 mois ou 1/6 de
sa peine, sil sagit dune premire condamnation, la suite dune
dcision de la Commission nationale des librations conditionnelles
(CNLC). Cette dcision nest cependant la plupart du temps quune
simple formalit. Dans le second cas, la loi prvoit qu moins que le
dtenu ne prsente un danger de rcidive de crime avec violence
celui-ci devra tre libr sous condition aprs avoir purg les 2/3 de
sa peine. Ce quasi-automatisme est inacceptable. Or, le systme de
libration conditionnelle tel quil existe aujourdhui au Canada a
ceci de regrettable quil contrecarre lvaluation faite par le juge
lors de la dter- mination de la sentence et quil est de nature
dconsidrer ladministration de la justice auprs de la population,
qui estime souvent que la majorit des peines ne sont pas assez
svres. Le Bloc Qubcois demande labolition de la procdure dexamen
expditif (libration quasi automatique au 1/6 de la peine) afin que
soit instaur un quilibre entre la crdibilit du systme de justice,
lobjectif de rhabilitation et la dnonciation du crime. Le Bloc
Qubcois fait confiance aux juges et croit quils sont les mieux
placs pour dterminer les peines les plus appropries. Dautre part,
il demeure dautres mcanismes qui permettent des librations
anticipes; cependant, ces librations se font la pice et non de faon
quasi automatique. Le Bloc Qubcois souhaite que le caractre quasi
automatique de la libration doffice (au 2/3 de la peine) soit
remplac par le principe de lvaluation formelle des dtenus par un
professionnel quant au risque global de rcidive quils reprsentent
pour la communaut. Pour ce faire, le Bloc Qubcois prconise que des
ressources supplmentaires soient alloues pour examiner plus en
profondeur les dossiers des dtenus qui y ont droit. Il serait
galement souhaitable que la loi accorde la Commission nationale des
librations conditionnelles une plus grande latitude dans sa dcision
de remet- tre ou non un dtenu en libert. 199 Une fois libr, le
dlinquant devrait tre suivi de plus prs par des agents de lib-
Plateforme lectorale ration conditionnelle qui ne sont prsentement
pas assez nombreux pour sassurer lections 2008 du respect des
conditions rattaches sa libration.
10. 4. abolir la pratique du temps compte double Le Bloc
Qubcois comprend quil soit choquant pour la population et tout
particu- lirement pour les victimes de constater quune pratique
arbitraire prvoit actuel- lement que le temps que passe derrire les
barreaux un dtenu en attente de son procs compte en double dans le
calcul de la peine quil lui reste purger. Le Bloc Qubcois est pour
labolition de cette rgle qui contribue miner la crdibilit du systme
judiciaire. 5. Davantage de moyens la stratgie nationale de
prvention du crime Le Bloc Qubcois croit fermement que la lutte la
criminalit ne peut se faire sans sattaquer ses racines laide
doutils de prvention. ce chapitre, la Stratgie nationale de
prvention du crime est lorigine dinitiatives extrmement porteuses
qui ont un impact vritable pour rduire la criminalit, soit le Fonds
dac- tion pour la prvention du crime, le Fonds de recherche et de
dveloppement des connaissances de la prvention du crime ainsi que
le Fonds des services policiers, correctionnels et communautaires.
La Stratgie, qui relve de Scurit publique Canada, est mise en uvre
par le Centre national de prvention du crime (CNPC). Puisque les
projets pour le Qubec sont approuvs conjointement par le ministre
de la Scurit publique du Qubec et Scurit publique Canada, ils sont
mieux adapts la ralit qubcoise. Cette proposition, mise de lavant
par le Bloc Qubcois, a finalement t enten- due par le gouvernement
fdral, qui a annonc une bonification du budget de la Stratgie de
prvention du crime. 6.3 les mesures antiterroristes la suite des
attentats du 11 septembre 2001, plusieurs ont cru quil tait nces-
saire de renforcer larsenal lgislatif canadien afin de mieux lutter
contre la menace terroriste; il fallait une rponse exceptionnelle
des circonstances exceptionnelles. Ds le dpart, le Bloc Qubcois a
cependant propos une exigence de base, incon- tournable : toute
mesure de lutte contre le terrorisme devait respecter un juste
quilibre entre le droit la scurit et les autres droits
fondamentaux. Lors de ltude, en 2002, des dispositions du projet de
loi antiterroriste C-36 qui modifiait le Code criminel, le Bloc
Qubcois a voulu que plusieurs des lments suivants soient rvalus :
la dfinition du terrorisme Celle-ci est vague, imprcise et large au
point o elle peut inclure des formes de comportements de
contestation et de violence qui ont peu voir avec le terrorisme. En
octobre 2006, un juge a effectivement invalid un passage
problmatique de la dfinition au motif quil mne lappareil policier
et judiciaire cibler dabord les croyances des groupes et des
individus dans leur 200 traque aux terroristes, ce qui a pour effet
de brimer les liberts dassociation, de Plateforme lectorale
conscience et de religion. lections 2008
11. les procs secrets Les procs secrets, permis par C-36,
minent la crdibilit du processus judiciaire. La Loi modifie, en
effet, la Loi sur la preuve pour per- mettre la tenue daudiences
exceptionnelles, huis clos et sans la prsence de laccus, lorsque
des lments qualifis de confidentiels sont prsents. Le Bloc Qubcois
aurait souhait quun compromis soit trouv pour viter que cette dis-
position ne viole le droit de laccus un procs juste et quitable. ce
titre, le Bloc Qubcois tait favorable la cration dun poste d ami de
la cour qui le dfendrait en son absence. la liste des organisations
terroristes Une telle liste rduit une situation historique et
politique complexe un simple cas de noir ou blanc . De plus,
linscription dentits sur des listes dorganisations terroristes peut
priver des populations de leurs droits et freiner les processus de
paix et de reconstruction. En effet, certains groupes inscrits ont
aussi une aile politique ou daction sociale lgitime qui fait un
travail constructif ou qui joue tout le moins un rle crucial dans
ces processus. le profilage racial Le Bloc Qubcois est trs proccup
par les allgations de plusieurs organisations de dfense des droits
de la personne selon lesquelles le profilage racial puisse tre
utilis lors denqutes contre le terrorisme. la scurit nationale De
nombreuses dispositions de la loi C-36 prvoient le droit de retenir
une information si sa divulgation risque de porter atteinte la
scurit nationale sans que ce concept soit pour autant dfini dans la
Loi. Le Bloc Qubcois pense quil est pertinent de se pencher sur
llaboration dune telle dfinition. Les propositions du Bloc Qubcois
nont malheureusement pas t retenues lors de ladoption de la Loi et
ses proccupations nont pas eu dchos puisque les autres formations
politiques la Chambre des communes ont dcid de ragir sous le coup
de lmotion plutt que sous celui de la raison. Aujourdhui, six ans
aprs ladoption de la Loi antiterroriste, lopinion du Bloc Qubcois
est reste la mme. En fvrier 2007, le Bloc Qubcois a tout de mme eu
gain de cause lors dun vote sur le renouvellement de deux
dispositions de la Loi antiterroriste qui venaient chance le 1er
mars suivant. Le Bloc Qubcois a jug que les mesures quelles
mettaient en place taient trop intrusives dans la vie des citoyens,
qui devraient tous avoir droit la prsomption dinnocence, et quelles
ouvraient la porte des abus. De plus, elles apparaissaient tout
fait inutiles puisque dautres dispositions du Code criminel
permettaient datteindre les mmes rsultats sans que les droits
fondamentaux de la personne en soient affects. Il faut enfin noter
quaucune de ces dispositions navait t invoque jusque-l par le
Procureur gnral du Canada. En votant, comme les autres partis
dopposition, contre le renouvellement de ces dispositions, le Bloc
Qubcois a su maintenir ses principes et faire abroger des
dispositions lgislatives qui entravaient les droits de la personne.
En dernire analyse, le Bloc Qubcois est port croire que la Loi
antiterroriste na pas vraiment sa raison dtre et que le Procureur
gnral du Canada et les for- 201 ces policires possdent tous les
pouvoirs quil leur faut selon dautres dispositions Plateforme
lectorale du Code criminel pour rpondre adquatement aux menaces
terroristes. lections 2008
12. Le Bloc Qubcois demande donc labrogation de la Loi
antiterroriste non pas parce quil pense que ltat peut baisser sa
garde contre le terrorisme, mais parce quil estime que la chasse
aux terroristes peut se faire sans que les fondements de notre
socit et de notre tat de droit soient remis en cause. 6.4 les
certificats De scurit Les certificats de scurit font partie de la
lgislation canadienne depuis 1978. lpoque, ils permettaient dj au
gouvernement fdral dexpulser du territoire canadien, pour des
raisons de scurit, un individu qui nest pas citoyen canadien. Mais
quelques mois aprs les attentats du World Trade Center et du
Pentagone, ces certificats ont t modifis pour permettre galement au
gouvernement fdral de dtenir un individu pour une priode illimite
sans quaucune accusation soit porte contre lui. Les certificats lui
font aussi porter le fardeau de la preuve tout en lempchant davoir
accs lensemble des lments retenus contre lui et de
contre-interroger des tmoins cls. Ils lui retirent, en plus, le
droit de faire appel dune dcision dexpulsion. Le 23 fvrier 2007, la
Cour suprme a jug unanimement, dans larrt Charkaoui c. Canada, que
la procdure des certificats de scurit violait la Charte canadienne
des droits et liberts, notamment parce quelle niait les principes
de justice fonda- mentale qui donnent laccus le droit une dfense
pleine et entire et le prot- gent contre une dportation dans un
pays o sa vie pourrait tre en danger. Cette procdure empche donc la
tenue dun procs juste et quitable, brime la prsomption dinnocence
et, la plupart du temps, facilite une dtention prventive et
arbitraire pendant une priode indtermine. La Cour a, cependant, jug
consti- tutionnel le principe des certificats de scurit. Elle a
donn un an au Parlement canadien pour corriger la Loi sur
limmigration et la protection des rfugis qui prvoit ces
certificats. Cette dcision a confirm les craintes de ceux qui,
comme le Bloc Qubcois, ont compris que la prvention contre toute
menace terroriste ne pouvait justifier la sus- pension des liberts
fondamentales et le retrait des droits fondamentaux dans un tat de
droit et une socit dmocratique. Cder nos principes et nos valeurs
par crainte de la terreur, nest-ce pas dj accorder une victoire
ceux qui la fomen- tent ? Cela ne signifie videmment pas que toutes
les mesures constitutionnelles ne doivent pas tre prises pour
protger la population contre des attaques terroristes. Le projet de
loi C-3, Loi modifiant la Loi sur limmigration et la protection des
rfu- gis (certificat et dfenseur) et une autre loi en consquence,
dpos le 22 octobre 2007, a t la rponse du gouvernement conservateur
la dcision de la Cour suprme. Il prvoyait notamment : 202
Plateforme lectorale
laprsencedunavocatspcialayantaccslapreuvesecrtepourveiller lections
2008 aux intrts de la personne vise lors des huis clos;
13. undroitdappelextrmementlimit;
linstaurationdunmcanismedervisionpriodique(auxsixmois)dela
pertinence de la dtention;
labolitiondeladistinctionentrelesrsidentspermanentsetlestran- gers
, soit ceux qui nont pas de statut, et exigeait, dans les deux cas,
la dlivrance dun mandat ministriel pour larrestation. Cependant, le
projet de loi C-3 nliminait pas lensemble des failles des
certificats de scurit. Soucieux de corriger pour de bon les
importantes lacunes des certifi- cats de scurit, le Bloc Qubcois a
propos une srie damendements cruciaux lors de ltude en comit.
Ceux-ci ont cependant t rejets, avec pour cons- quence que le
projet de loi comportait toujours des problmes trs srieux lis la
protection des droits et liberts de la personne. Consquemment, le
Bloc Qubcois a refus de cautionner ces lacunes svres et sest oppos
ladoption du projet de loi C-3. Le Bloc Qubcois ne demande pas que
les certificats de scurit soient abolis, mais il propose les
modifications suivantes la Loi sur limmigration et la protection
des rfugis afin de mieux les encadrer et de rvoquer les articles de
la Loi qui ont t jugs anticonstitutionnels :
ltablissementducritreduhorsdetoutdouteraisonnablepourvalider
lecertificatpluttquelesimplecritreraisonnable;
linclusionduneclauseinterdisantdemanireexplicitelexpulsiondun
individu vers un pays o il risque la torture;
loctroidunreldroitdappel.lheureactuelle,ledroitdappelestsilimit
quil nen est pratiquement pas vritablement un. 6.5 la contrebanDe
Du tabac On assiste depuis quelques annes une recrudescence de la
contrebande du tabac, aussi bien au Qubec quau Canada. En plus de
contrevenir la loi et den- courager le tabagisme par la vente de
produits du tabac des prix moins levs que dans les points de vente
lgaux, cette activit prive les gouvernements de recettes qui
autrement pourraient contribuer au bien commun. Le Bloc Qubcois
propose que le gouvernement fdral convie les diffrents intervenants
lis cette problmatique une rencontre pancanadienne afin de trouver
des solutions durables ce problme rcurrent. 6.6 affaires trangres :
non une politiQue la george W. bush 203 Depuis leffondrement de
lURSS, la puissance militaire des tats-Unis est sans Plateforme
lectorale rivale. Il nen fallait pas plus pour que certains
tatsuniens, les noconservateurs, lections 2008
14. rvent de rpandre dans le monde les valeurs amricaines de
dmocratie, de libert individuelle et de libre march, par la force
sil le faut, et sans gard pour le dialo- gue international et la
diversit des cultures et des points de vue. Les attentats du 11
septembre 2001 ont profondment traumatis nos voisins du Sud. Les
proccupations scuritaires se sont retrouves en tte des priorits
chez les Amricains. Cest alors que les noconservateurs ont imprim
un virage draco- nien dans la politique trangre amricaine,
conciliant linscurit croissante de leur population avec leur dsir
dimposer une pax americana. On connat la suite : cest la guerre au
terrorisme , cest lIrak, cest Guantanamo, cest une plus grande
rticence travailler au sein des institutions internationales, cest
la multiplication dententes bilatrales de libre-change pour intgrer
le plus grand nombre de pays possible dans la zone dinfluence des
tats-Unis. Bref, on a assist une remise en question de la scurit
collective, de la primaut du droit international et du rle central
des institutions multilatrales comme fon- dements de lordre
international. Tous les pays ont subi ces pressions et ces ten-
sions. Dans ce contexte, il est dautant plus important que les pays
soient dirigs par des gouvernements qui croient au multilatralisme
et la primaut du droit international. Malheureusement, les
conservateurs de Stephen Harper sont fortement inspirs par le parti
de George W. Bush aux tats-Unis. Stephen Harper tait un farouche
partisan de la guerre en Irak. son arrive la tte du gouvernement
canadien, il a imprim un virage important et parfois improvis la
politique trangre cana- dienne pour laligner sur les positions du
gouvernement amricain. Le Qubec ne peut souscrire ce virage. Par sa
langue, la nation qubcoise est soumise des influences trop
multiples pour voir le monde travers le prisme amricain. Par sa
taille, le Qubec ne saurait trouver sa place dans un monde o la
force prime le droit. Le Qubec privilgie le dialogue, la ngociation
et le rgle- ment pacifique des conflits, tant linterne que sur la
scne internationale. Bref, le Qubec ne saurait accepter une
politique trangre canadienne qui serait cal- que sur celle des
tats-Unis. Cette politique ne tient pas compte de la diffrence
qubcoise. Le virage militariste que le gouvernement Harper cherche
implanter au Canada na jamais t expos ni discut la Chambre des
communes. Il se fait la pice par un abandon graduel de limportance
que le Canada accorde aux institutions et aux missions de paix de
lONU, par des achats militaires inconsidrs dune ampleur jamais vue
depuis des dcennies, par une rhtorique de gros bras vis-- vis des
conflits internationaux et en cessant de prsenter le Canada en
mdiateur constructif. le multilatralisme : une question de principe
204 Le multilatralisme est un principe fondateur qui sincarne dans
les institutions Plateforme lectorale internationales (lONU, lOMC,
etc.) et dans le droit international. Essentiellement, lections
2008 il est le rsultat de conventions entre les tats qui dterminent
les rgles qui
15. ordonneront leurs relations communes afin que les diffrends
soient rgls par la ngociation et non les armes. En toute logique,
il est dans lintrt du Qubec de participer un systme interna- tional
multilatral, car cest dans un tel contexte que les pays qui ne sont
pas des grandes puissances, comme le Canada ou un Qubec souverain,
peuvent avoir une voix au chapitre des affaires internationales.
Cest principalement lOrganisation des Nations Unies (ONU) et au
sein de ses divers comits et agences quil revient aux tats de faire
entendre leur voix, de collaborer leur dveloppement et, dans la
mesure du possible, dtablir des solutions pacifiques leurs
diffrends. Laction de lONU est guide par sa Charte, qui dfinit les
objectifs des Nations Unies de faon maintenir la paix et la scurit
internationale, dvelopper entre les nations des relations amicales
et raliser la coopration internationale en rsolvant les problmes
internationaux dordre conomique, social, intellectuel ou
humanitaire. La Charte de lONU est le principal fondement du droit
international qui rgit les relations entre les pays. Cette action
se fonde sur un certain nombre de principes fondamentaux, dont
celui de lgalit souveraine de tous les tats membres de lONU.
videmment, ces tats sont tenus remplir de bonne foi les obligations
quils ont assumes aux termes de la Charte. cet effet, ils
conviennent de rgler leurs diffrends internationaux par des moyens
pacifiques. Consquemment, ces tats doivent sabstenir, dans leurs
relations internationales, de recourir la menace ou lemploi de la
force et ils sengagent alors donner aux Nations Unies pleine
assistance dans toute action entreprise conformment aux
dispositions de la Charte. Le Bloc Qubcois croit la primaut du
droit international et au multilatralisme. Ces principes orientent
dj ses prises de position concernant les interventions de la
communaut internationale en cas de conflit ou dune intervention
visant prvenir un conflit. lusage de la force : le cas de la guerre
en irak Lintervention des tats-Unis en Irak a t un test difficile
pour le systme interna- tional. Dans le cas de cette guerre, le
Bloc Qubcois a maintenu que le Canada ne devait en aucun cas
envisager une participation militaire en Irak tant que celle-ci
saccomplirait en dehors dun mandat des Nations Unies. Cest selon ce
principe que le Bloc Qubcois sest oppos, lors dun vote la Chambre
des communes, lintervention canadienne dans ce conflit, et ce,
puisque les dmarches dinspection donnaient encore des rsultats ce
moment-l et, sur- tout, parce quelles donnaient galement une chance
la paix. La trs forte mobi- lisation des Qubcois et les pressions
incessantes exerces par le Bloc Qubcois 205 ont fait en sorte que
lancien gouvernement libral, divis sur la question, a dcid
Plateforme lectorale de ne pas participer cette guerre. lections
2008
16. Nous avons galement demand lancien gouvernement libral de
respecter ses prises de position ainsi que celles de la communaut
internationale et dexiger que lONU soit seule responsable de la
gestion et de la reconstruction de lIrak. Notons tout de suite que
lAfghanistan nest pas lIrak. Dans ce cas-ci, la Force
internationale dassistance la scurit, dirige par lOTAN, a reu
lappui du Conseil de scurit des Nations Unies. Sans compter que le
rgime taliban consti- tuait une menace relle la paix
internationale. Cest pourquoi le Bloc Qubcois a appuy lintervention
canadienne en Afghanistan en 2001. Le Bloc Qubcois rejette
fortement la notion de guerre prventive par laquelle un pays
sarroge le droit den attaquer un autre, mme en labsence de menace
avre et imminente. Le Bloc Qubcois estime cependant quune
intervention militaire, mme non sanctionne par le Conseil de scurit
de lONU, peut tre justifie pour viter des violations massives aux
droits humains. Cest ce quon appelle le devoir dintervention
humanitaire. Les modalits dintervention restent cependant dterminer
et cest l tout un dfi. rforme de lonu Le 21 mars 2005, lancien
secrtaire gnral de lONU Kofi Annan a rendu public un rapport dans
lequel il indiquait son intention de renforcer lONU. Ses trois
grands thmes, vivre labri du besoin, vivre labri de la peur et
vivre dans la dignit constituent un programme qui exige des rformes
de lorganisation elle- mme, notamment llargissement du Conseil de
scurit, afin de la rendre plus reprsentative. Le 28 avril 2006, le
Conseil de scurit de lONU a adopt la rsolution 1674 qui endosse les
recommandations de Kofi Annan quant la protection des civils lors
de conflits arms (vivre labri de la peur). Le Bloc Qubcois souscrit
toujours aux principes quon retrouve dans le rapport de Kofi Annan
et entend talonner le gouvernement pour quil joue un rle beaucoup
plus constructif pour le renforcement des Nations Unies. les
conservateurs appuient lonu, mais seulement quand a fait leur
affaire Dans lnonc politique de 2005 du Parti conservateur, ainsi
que dans sa plate- forme lectorale de 2006-2007, il ny a aucune
mention du mot ou de la notion se rattachant au multilatralisme. En
juin 2006, lancien ministre des Affaires trangres du Canada, Peter
MacKay, dclarait la session inaugurale du Conseil des droits de
lhomme, Genve : Le Canada a toujours t un promoteur du
multilatralisme mais dun multilatra- 206 lisme efficace qui
sacrifie les processus aux rsultats. (19 juin 2006) Plateforme
lectorale lections 2008
17. Par cette dclaration, les conservateurs adhrent une
dfinition du multilatra- lisme conforme la vision de George W.
Bush. Tout juste avant la guerre de lIrak, les tats-Unis ont agi
unilatralement parce que les discussions, selon eux, pre- naient
trop de temps. La position des conservateurs ntait donc quune
adhsion de faade au multilatralisme. Le Bloc Qubcois considre que
les interventions militaires devraient tre uniquement entreprises
avec laval de lONU organisation charge de faire en sorte que
dautres solutions puissent tre appliques en lieu et place de la
guerre et parce quil est contre toute action unilatrale et contre
la notion de guerre prventive engage en labsence de menace
imminente et tablie. Exceptionnellement, lorsque le Conseil de
scurit narrive pas prendre position et que des populations se
trouvent victimes de graves crimes de guerre, de crimes contre
lhumanit ou de gnocide, le Bloc Qubcois pourrait passer outre le
respect du droit et appuyer une intervention visant protger les
populations civiles, mais toujours dans un cadre multilatral. 6.7
pour une vritable politiQue trangre Le gouvernement Harper na
jamais offert une orientation pour encadrer la politi- que trangre
et la dfense du Canada. Depuis son arrive au pouvoir, les dcisions
prises sur la scne internationale font preuve damateurisme et, pire
encore, elles vont lencontre des valeurs de la nation qubcoise et
des positions traditionnel- les du Canada. Les interventions du
gouvernement fdral en politique trangre font preuve de manichisme.
Les conservateurs font une lecture des relations internationales
uni- quement en termes de bien et de mal , une lecture totalement
dnue de nuance et de subtilit et qui sapparente la dclaration de
George W. Bush leffet que ceux qui ne sont pas avec nous sont
contre nous et avec les terroristes . En se collant sur George W.
Bush, le gouvernement de Harper sest alin des allis importants du
Canada, dont bon nombre de pays europens. Lorsque le Canada est
sorti de son statut de Dominion assujetti au Parlement du
Royaume-Uni, le premier ministre Lester B. Pearson a jou un rle
incontournable dans la dfinition de ce qui allait devenir la
politique trangre du Canada. Trs tt, le Canada sest dmarqu des
grandes puissances par son approche qui- libre, par la mdiation
lors des conflits, par le multilatralisme et par le respect du
droit international. La contribution de Pearson, notamment lors de
la crise du canal de Suez, est devenue en quelque sorte la base de
la politique trangre canadienne. Cette approche a permis au Canada
de jouer un rle dimportance sur la scne internationale et de
prserver son indpendance vis--vis de voisins plus puissants et plus
directement impliqus dans les conflits. Avec larrive des
conservateurs au pouvoir, le glissement dans la politique tran- 207
gre canadienne, amorc sous les libraux de Paul Martin, sacclre dune
manire Plateforme lectorale inquitante. lections 2008
18. Le gouvernement dlaisse de plus en plus le rle traditionnel
du Canada en matire de relations internationales pour adopter des
partis pris idologiques et la protec- tion dintrts spcifiques. Il
semble tout particulirement y avoir rupture avec la tradition
diplomatique du Canada au Proche-Orient qui, en tant que mdiateur
apprci, dfendait le droit international plutt que de dfendre les
bons contre les mchants. Or, les conservateurs nont jamais prsent
de politique trangre la population afin que cette dernire sache ce
quil en serait lorsque le gouvernement fdral interviendrait sur la
scne internationale. En dautres mots, le gouvernement de Stephen
Harper vacue tout dbat sur les orientations de la politique trangre
de son gouvernement. Par ailleurs, depuis larrive des
conservateurs, nous exigions que le gouverne- ment prsente une
politique de la dfense afin dencadrer les dpenses dans ce domaine.
Pendant plus de deux ans, ce gouvernement conservateur sest lanc
dans une srie de dpenses exorbitantes sans tenir un vaste dbat sur
les orienta- tions donner au mandat des Forces armes, llaboration
de leurs composantes, de leurs structures et la dfinition
stratgique des trois grandes missions qui leur sont confies, savoir
protger la population canadienne, dfendre lAmrique du Nord et
contribuer la paix et la scurit internationales. Le 19 juin 2008,
le gouvernement a finalement publi son plan de dfense, pen- dant la
nuit, dans Internet, sans le dire me qui vive. On ne peut que
dnoncer la faon avec laquelle le gouvernement a prsent cette
politique de dfense : il a publi sur son site internet cette
politique la veille de lajournement des travaux de la Chambre pour
la priode estivale. Ainsi, il empche tout dbat de se tenir en
Chambre sur la politique quil a dpose. De plus, le gouvernement a
tenu lcart le Comit permanent de la dfense dans la confection de la
politique. Pour un gou- vernement qui sest fait lire sur la base de
la transparence, cest loquent ! Si nous demandions une politique de
la dfense pour encadrer les dpenses mili- taires, nous croyons
quune telle politique doit tre subordonne une politique trangre
claire. Or, ce nest pas le cas. Les quelques analyses gopolitiques
conte- nues dans cette politique de dfense ne sont que des gnralits
et des affirma- tions simplistes. Rien de solide pour appuyer et
justifier les hausses importantes du budget de la dfense. Le
gouvernement se lance dans un investissement massif en dfense afin
de se doter dune arme la George W. Bush. Nous ne croyons pas,
contrairement aux conservateurs, que le Canada doit possder une
arme polyvalente capable de jouer tous les rles. Les Amricains
peuvent se le permettre, mais pas le Canada. Cela implique des
hausses de budgets que nous ne souhaitons pas appuyer. Comme le
dmontre cette politique, les conservateurs prvoient dpenser 490
milliards de dollars sur 20 ans, rien de moins ! Nous croyons quune
partie de cette somme serait mieux investie ailleurs, laide au
dveloppement par exemple. 208 Nous croyons aussi que le Canada doit
exercer un leadership sur la scne interna- Plateforme lectorale
tionale non pas avec une approche militaire mais plutt
diplomatique. Or, force est lections 2008 de constater que depuis
2006, les conservateurs dlaissent le rle diplomatique traditionnel
du Canada pour sinvestir compltement dans le militaire.
19. 6.8 conflit isralo-palestinien Depuis lautomne 2004, il est
clair quil y a eu un changement dans la position traditionnelle du
Canada lgard du conflit isralo-palestinien, un changement qui dnote
une rupture avec lapproche quilibre traditionnelle du Canada. Ce
changement dapproche, amorc sous limpulsion de lancien gouvernement
libral et poursuivi par les conservateurs, a pu tre constat, entre
autres, lors des votes lONU portant sur la question
isralo-palestinienne. En prenant parti, le Canada sest discrdit
comme mdiateur impartial. Cest ainsi que le Canada a retir son
appui au Comit pour lexercice des droits inalinables du peuple
palestinien, lequel relve du secrtaire gnral de lONU. Il sest oppos
ou sest abstenu de voter lors de rsolutions qui faisaient rfrence
lavis de la Cour internationale de justice sur la question du mur
qui spare les communauts isralienne et palestinienne. Ottawa a cess
dappuyer la rsolution sur le Rglement pacifique de la question
isralo-palestinienne parce quelle ne condamne pas dune manire
explicite et sans quivoque les attentats suicides, dont la fin
serait une condition pralable au rglement. Il a aussi cess dappuyer
la rsolution condamnant loccupation du plateau du Golan, parce
quelle ne met la responsabilit que sur Isral. Au Conseil des droits
de lHomme de lONU, le Canada a t le seul voter contre une rsolution
qui visait dnoncer les colonies de peuplements illgales en ter-
ritoire palestinien occup. Pour le Canada, la Commission ntait pas
un organe appropri pour traiter de cette question. Le 29 mars 2006,
le Canada a t le premier pays retirer laide canadienne dcerne au
gouvernement palestinien, dirig par le Hamas, le jour mme o ce
nouveau gouvernement, dmocratiquement lu, tait asserment. Lorsque
le gouvernement canadien a coup son aide, le Bloc Qubcois a dplor
la faon cavalire et prcipite par laquelle le gouvernement de
Stephen Harper a choisi de retirer laide canadienne au gouvernement
nouvellement lu des ter- ritoires palestiniens (communiqu du Bloc
Qubcois, 29 mars 2006). Tout en manifestant notre inquitude, nous
estimions que le gouvernement aurait d lais- ser au nouveau
gouvernement palestinien le temps de dmontrer son respect des
normes internationales en matire de droits de la personne et de ses
engagements en faveur de la paix avec Isral. Par la suite, le Bloc
Qubcois a demand au gouvernement canadien quil mette en place un
processus temporaire pour acheminer laide humanitaire la Palestine
sans transiter par le Hamas . Grce aux nombreuses pressions du Bloc
Qubcois, le gouvernement fdral a dcid racheminer son aide lAutorit
palestinienne par un mcanisme temporaire. Reste que le gouvernement
de Stephen Harper, parce quil na plus de politique trangre
indpendante de celle des tats-Unis, a min la capacit du Canada de
jouer un rle constructif dans le rglement du conflit
isralo-palestinien. Il est 209 urgent de revenir une position plus
quilibre, plus tourne vers la mdiation lors Plateforme lectorale
des conflits, le multilatralisme et le respect du droit
international. lections 2008
20. 6.9 conflit isralo-libanais Lors du conflit entre Isral et
le Liban lt 2006, Stephen Harper a pris claire- ment position en
faveur dun des partis en affirmant que la rponse dIsral tait mesure
. On se souviendra que lenlvement de cinq soldats israliens par le
Hezbollah libanais avait amen Isral lancer une guerre totale au
Liban, incluant la destruction dinfrastructures civiles, entranant
le dplacement de centaines de milliers de civils. Cette dclaration
a srieusement compromis le rle traditionnel de mdiateur quavait le
Canada sur la scne internationale. Le Canada a t le seul pays
adopter une telle position. Mme Washington ntait pas all aussi
loin. Si le Bloc Qubcois reconnat Isral le droit de se dfendre,
nous avons nanmoins critiqu la dclaration de Stephen Harper, car
elle a en quelque sorte cautionn les attaques israliennes sur une
population civile ainsi que la destruction dinfrastructures civiles
libanaises. De plus, il sest alin les allis europens du Canada.
6.10 relations avec la chine Au regard de la question de la Chine,
le gouvernement Harper a montr nou- veau son amateurisme. Le Bloc
Qubcois est daccord pour que les droits de la personne se situent
au cur des relations avec la Chine. Cependant, le gouverne- ment
conservateur sest lui-mme retir la capacit de traiter de cette
importante question lorsque Stephen Harper a publiquement critiqu
le bilan chinois sur les droits de la personne tout juste avant une
rencontre avec les autorits chinoises, en 2006. Le rsultat fut que
ces derniers ont annul la rencontre. Ainsi, Stephen Harper na pas
pu discuter daffaires, de commerce ni de finances avec les Chinois,
et encore moins aborder la question capitale des droits de la
personne. Le Bloc Qubcois considre que les enjeux daffaires
trangres sont trop srieux pour tre improviss la pice. Il entend
provoquer une tude srieuse et un dbat sur la politique trangre
canadienne pour forcer le gouvernement dposer un nonc de politique
trangre et le soumettre au Parlement. 6.11 afghanistan : passer De
la guerre lhumanitaire Le dbat parlementaire entourant la mission
en Afghanistan est un vrai festival de contradictions. Les libraux
et les conservateurs prtendent vouloir que les soldats canadiens
ces- sent dtre en Afghanistan pour y faire uniquement la guerre,
mais demandent mal- gr tout quils restent Kandahar. Comme sil tait
possible que des soldats restent dans la zone de guerre sans y
faire la guerre. La population du Qubec sattend plus de franchise.
De son ct, le NPD soppose toute date de retrait parce quil naccepte
rien 210 dautre que le retrait immdiat. Cest ainsi que le NPD sest
alli aux conservateurs Plateforme lectorale pour voter contre une
motion demandant le retrait des troupes de Kandahar en lections
2008 fvrier 2009. Sans cette irresponsabilit du NPD, le dbat
entourant le retrait des
21. troupes serait rgl depuis un an et le Parlement se serait
dj prononc pour la fin de la mission actuelle en fvrier 2009. En
plus, la position nodmocrate est compltement irraliste. Sil faut
trois mois de prparation pour dmnager une maison, est-il pensable
de dmnager une base de larme de la taille dune petite ville en
claquant des doigts ? force de vouloir marquer des points
politiques faciles, le NPD a nui sa cause et contribu la poursuite
de la mission de combat. Dans tout ce dbat, seul le Bloc Qubcois a
dvelopp une position rigoureuse, raliste, claire et constante,
respectueuse des dsirs de la population du Qubec. mettre fin la
mission actuelle Kandahar en fvrier 2009 Pour le Bloc Qubcois, la
prsente mission en Afghanistan doit prendre fin en fvrier 2009. Le
Canada, prsent en Afghanistan Kandahar depuis 2005, a fait sa part
dans cette rgion instable. Cest au tour dautres pays membres de
lOTAN de prendre le relai. Le Canada doit donc avertir, dans les
plus brefs dlais, les membres de lOTAN et leur dire quil retirera
ses troupes militaires de la rgion de Kandahar lorsque sa mis- sion
prendra fin en fvrier 2009, et ce, afin que ceux-ci puissent
assurer la relve. partir de fvrier 2009, le Bloc Qubcois demande
que les troupes canadiennes ne participent aucune mission en zone
de combat en Afghanistan. Le Canada aura toujours un rle jouer tant
en Afghanistan quau sein de la Force internationale dassistance la
scurit (FIAS), dont il demeure membre. Il doit tre disponible pour
accepter un autre type de mission, moins offensive. Cette pr- sence
du Canada doit tre dans des provinces plus stables du pays. Le rle
des militaires devrait tre de sassurer que les conditions soient
propices aux activits de reconstruction. Le contingent canadien
pourrait avoir pour mission dtablir et de maintenir des primtres de
scurit afin dassurer la reconstruction, avoir le mandat de poursui-
vre la formation de larme nationale dAfghanistan ou de protger les
travailleurs humanitaires. Il est difficile de dterminer ce rle en
dtail, ignorant quels seront les besoins de lAfghanistan dans deux
ans. Pour Bloc Qubcois il est clair que le Canada doit passer de la
guerre lhumanitaire partir de fvrier 2009. la force seule ne pourra
pas ramener la paix en afghanistan Il faut clarifier lobjectif des
interventions canadienne et internationale. Elles doi- vent avant
tout contribuer sortir le peuple afghan de lextrme pauvret, mettre
en place des institutions dmocratiques et reconstruire un tat de
droit afghan 211 viable. Laction militaire doit donc servir appuyer
cet objectif, mais ne saurait, Plateforme lectorale elle seule,
permettre de latteindre. lections 2008
22. Si le gouvernement fdral a fait des gestes dans la bonne
direction, grce notam- ment aux pressions du Bloc Qubcois, il nen
demeure pas moins quil reste beaucoup faire en peu de temps.
Certes, le Canada nest pas seul dans la mission en Afghanistan : il
participe une mission multilatrale impliquant plus dune trentaine
de pays. Dans cette veine, le premier ministre doit exercer un
leadership auprs de la communaut internationale afin dapporter les
changements qui simposent cette mission et pour que cette dernire
ne se solde pas par un chec, mais plutt par une russite qui
servirait dexemple pour linstauration de la paix et la
reconstruction dtats travers le monde. L rside, justement,
lincapacit de Stephen Harper. Au cours de son mandat, il sest isol
de la communaut internationale en se collant de trop prs aux tats-
Unis, notamment dans les dossiers du Liban et de Kyoto. refuser
denvoyer les dtenus afghans la torture Cest partir de 2006 que nous
avons pris connaissance des allgations de torture envers les
prisonniers afghans, remis aux autorits afghanes par le Canada. Le
Bloc Qubcois a alors questionn le ministre de la Dfense de lpoque,
M. Gordon OConnor, et ce dernier nous rpondait que ctait la
Croix-Rouge qui se chargeait de la supervision du traitement des
prisonniers afghans. Or, nous avons appris par la suite que la
Croix-Rouge navait jamais conclu dentente avec le Canada quant la
supervision du traitement des prisonniers. En fait, le Canada
transfrait les prisonniers et sen lavait ensuite les mains. la
suite des nombreuses pressions du Bloc Qubcois et de la socit
civile, le Canada a sign une nouvelle entente avec lAfghanistan
quant au traitement des dtenus, le 3 mai 2007. Cette entente,
meilleure que celle de 2005, na cepen- dant de valeur que si elle
est applique. Or, des allgations srieuses et documentes de torture
se multiplient. Le prsident Hamid Karza admet lui-mme quon pratique
la torture dans les prisons afghanes. tel point que des groupes de
dfense des droits de la personne se sont adresss aux tribunaux pour
quOttawa cesse les transferts. Pour viter dtre blm par les
tribunaux, le gouvernement conservateur a alors annonc que les
transferts de prisonniers avaient cess, mais quil lavait cach tout
le monde, y compris la Chambre des communes. Que fait le Canada des
prisonniers maintenant quil ne les transfre plus au gouver- nement
afghan ? On lignore. Le gouvernement prtend que des raisons de
scurit nationale lempchent de le dire. Pourtant, quand il les
transfrait au gouverne- ment afghan, on pouvait le savoir. Quest-ce
qui a chang pour que a devienne subitement dangereux de le dire ?
212 Plateforme lectorale Le Bloc Qubcois estime que cette question
est trop importante et que le gou- lections 2008 vernement devrait,
pour une fois, cesser de chercher cacher linformation pour
permettre un dbat clair.
23. Le Bloc Qubcois a toujours dfendu le principe selon lequel
les dtenus faits par le
CanadadoiventtretraitshumainementetenrespectdelaConventiondeGenveet
de la Convention contre la torture. pour une solution politique et
diplomatique On ne le dira jamais assez : la solution au conflit
afghan ne pourra pas tre exclusi- vement militaire. Pour tre
durable, elle devra tre politique et diplomatique. Les besoins de
lAfghanistan sont trop grands et sa capacit daction trop limite
pour que le pays puisse sen sortir tout seul. Si nous le laissons
quitter les crans radars de la communaut internationale, il y a
fort parier que lAfghanistan ne pourra pas sen sortir et
redeviendra une menace pour la paix mondiale, comme il ltait sous
les talibans. Une offensive diplomatique simpose pour assurer un
soutien durable ce pays fragile, en vue de parvenir une paix
durable. Le Canada doit tre linstigateur dune confrence
internationale portant sur lAfghanistan. Cette confrence devra
faire le point sur la reconstruction et sur laide au dveloppement
fournie par la communaut internationale en Afghanistan, sur la
problmatique de la culture du pavot et sur la situation de la
scurit qui existe en Afghanistan. Par ailleurs, les solutions ne
pourront pas venir exclusivement des pays occiden- taux et faire fi
des voisins de lAfghanistan. Les puissances rgionales, notamment
lIran, le Pakistan, lInde et la Chine ont un rle jouer dans la
rsolution du conflit et, si possible, dans la reconstruction du
pays. Le Canada doit en particulier tra- vailler avec lAfghanistan
et le Pakistan afin que ces deux pays parviennent une entente pour
assurer ltanchit de la frontire retirant aux combattants talibans
leurs bases de repli au Pakistan. Finalement, lintrieur mme de
lAfghanistan, seule une solution politique pourra tre durable. Le
Canada doit appuyer fermement tous les gestes douverture du gou-
vernement afghan visant intgrer dans la socit civile les talibans
et les insurgs afghans qui acceptent de dposer les armes sans
conditions inacceptables. sen prendre au trafic du pavot plutt
quaux cultivateurs LAfghanistan est la source de 90 % de lhrone
coule dans le monde. Le trafic illicite dopium est la source de
bien des maux qui ravagent le pays. Il alimente la corruption de
ltat afghan et sert au financement des talibans. Lradication nest
pas une solution envisageable et viable. Elle pnalise les culti-
vateurs pauvres qui se servent des revenus de cette culture pour
nourrir leur famille et les rapproche des talibans et des
trafiquants dopium, tel que constat par de nombreux experts et
organismes internationaux, dont la Banque mondiale. Les stratgies
luvre pour contrer ce flau sont un chec patent. Le Canada doit
revoir son approche envers cette question et inviter ses allis
faire de mme. 213 Plateforme lectorale lections 2008
24. Pour ce faire, le Canada doit adopter et appliquer une
stratgie en trois temps qui permettrait de :
contribuerlaluttecontreletraficetlestrafiquantsdelopium;
contribueraufinancementetlamisesurpieddeprogrammesdecultu- res
alternatives, contribuer la construction des infrastructures
routes, marchs publics et moyens de rfrigration en vue de la mise
en march des produits issus des cultures alternatives et contribuer
la mise en place de mcanismes qui favoriseraient lachat, par le
Canada, directement des paysans de leurs rcoltes issues des
cultures alternatives, ce qui aiderait au dveloppement de ce march,
voir,enconsultationaveclacommunautinternationale,silestpossible,
pour une priode transitoire, dacheter directement auprs des paysans
une partie ou la totalit de leur rcolte de pavot en vue dune
utilisation des fins mdicales, pour la fabrication de codine ou de
morphine, par exem- ple. Notons que cette ide a t reprise dans le
rapport Manley. 6.12 laiDe publiQue au Dveloppement : bien loin Des
objectifs Du millnaire la rduction de la pauvret, une obligation
Aucun pays ne peut se dvelopper tant quun degr minimal de scurit
nest pas assur sa population. Par scurit , il faut entendre le
droit la vie et la sant. La pauvret, la misre et linscurit sont
souvent des terreaux fertiles au ferment de la guerre et
linstabilit sociale et politique qui, leur tour, accroissent la
pauvret et la misre. Le Bloc Qubcois croit que laide publique au
dveloppement provenant du Canada doit avoir pour objectif de rduire
la pauvret. Cest pourquoi il a appuy et conti- nuera dappuyer des
initiatives qui assurent que laide publique au dveloppement vise
rduire la pauvret qui porte directement atteinte la vie et la sant
Pour le Bloc Qubcois, laide publique au dveloppement doit
sarticuler autour de principes et dobjectifs gnraux, mais bien
dfinis. Ceux-ci sinspirent des objectifs du Millnaire de lONU,
auxquels le Canada a adhr, soit : rduirelextrmepauvretetlafaim;
assurerlducationprimairepourtous;
promouvoirlgalitetlautodterminationdesfemmes; 214
rduirelamortalitinfantile; Plateforme lectorale lections 2008
25. amliorerlasantmaternelle;
combattreleVIH/SIDA,lepaludismeetautresmaladies;
assurerunenvironnementdurable;
mettreenplaceunpartenariatmondialpourledveloppement. il faut
hausser les budgets de laide publique au dveloppement En 1969, la
Commission Pearson sur le dveloppement international recomman- dait
que lobjectif de laide publique au dveloppement (APD) soit de 0,7 %
du produit national brut (PNB) pour tous les pays industrialiss. En
1970, les Nations Unies adoptaient cet objectif. Le gouvernement
canadien stait aussi engag consacrer une enveloppe budg- taire
quivalant 0,7 % de son PNB. Toutefois, depuis le dbut des annes
1990, cette enveloppe na cess de fondre, passant dun peu moins de
0,50 % en 1991 0,25 % en 2000 et ne reprsentant aujourdhui quun
maigre 0,27 % du PNB. Entre 1996 et 2006, le Canada est ainsi pass
du 6e au 15e rang des 22 pays qui forment le Comit daide publique
au dveloppement de lOCDE. En 2003, le Parlement dcidait daccrotre
laide trangre de 8 % par anne pour la doubler dici 2010-2011,
engagement confirm nouveau dans les budgets subsquents. ce rythme,
avec linflation et la croissance du PIB, le Canada ne respectera
quen 2033 son engagement datteindre lobjectif de 0,7 % fix par
lONU, alors quil sest engag le faire en 2015. En matire daide au
dvelop- pement, le Canada est aussi en retard sur ses engagements
internationaux quen matire de rduction des gaz effet de serre ! Le
Bloc Qubcois demande que le gouvernement fdral mette en place un
plan raliste visant latteinte de la cible fixe par lONU, soit de
verser 0,7 % du PNB dici 2015. plus de transparence et de
responsabilit Le Bloc Qubcois ne soppose pas ce que le Canada
sinvestisse davantage dans les projets et programmes multilatraux,
bien au contraire. Nous avons toujours t pour une approche
multilatrale dans nos aides publiques au dveloppement, car nous
sommes convaincus que cest par la coopration et la solidarit quon
peut rellement faire une diffrence dans le monde. Cependant, le
budget de 4,4 milliards de dollars qui y est consacr en 2008-2009
est une somme substantielle. La population est en droit dexiger du
gouvernement fdral quil soit transparent et responsable dans
lutilisation des fonds publics. Or, le Bloc Qubcois croit que peu
est fait cet gard. 215 En effet, le gouvernement ne rend pas compte
des rsultats de laide internationale Plateforme lectorale qui
transige par les institutions multilatrales. Nous ignorons donc si
laide a t lections 2008
26. utilise bon escient, de faon efficace et en toute
transparence. Dans son budget 2007, le gouvernement conservateur
veut mieux rendre compte [des] programmes daide internationale aux
contribuables canadiens et offrir des bilans plus faciles
comprendre et plus frquents . Or, au-del des beaux principes, rien
de concret na t prsent. Le Bloc Qubcois pressera le gouvernement de
prsenter au Comit permanent des affaires trangres et du
dveloppement international un rapport contenant :
unrsumduRapportsurlerendementdelACDI;
uncompte-rendudelutilisationdessommesversesauxinstitutions
multilatrales (tels la Banque mondiale, le Fonds montaire
international, lAssociation pour le dveloppement international,
etc.) et de leurs rsultats. Davantage defficacit : cration dun
comit consultatif Afin dassurer une plus grande efficacit, le Bloc
Qubcois croit que le gouverne- ment fdral devrait mettre sur pied
un comit consultatif sur laide au dveloppe- ment. Ce comit serait
form, au plus, dune vingtaine de membres. Nomms par le ministre de
la Coopration internationale, les membres de ce comit
proviendraient dorganismes de la socit civile (ONG, organismes de
bienfaisance, organisations fministes et religieuses, syndicats,
etc.) vous au dveloppement international. Le Bloc Qubcois croit
quun tel comit serait utile parce quil : donnerait son avis au
ministre de la Coopration internationale sur les matires relatives
laide publique au dveloppement;
transmettraitannuellementauministreunrapportsurltatdesbesoins, des
lacunes et des recommandations quant laide publique au dveloppe-
ment; solliciterait et recevrait des opinions des organismes de la
socit civile impliqus dans le dveloppement international.
Demme,ilseraitpertinentdeconsidrerlamisesurpieddunmcanisme capable
de traiter les plaintes qui pourraient tre formules lgard de lACDI
concernant loctroi de subventions ou de prts. 216 Plateforme
lectorale lections 2008
27. 6.13 la Dfense la ncessit dune politique de dfense La
politique de la dfense rendue publique le 19 juin 2008 et labore en
cachette, sans consultation parlementaire, est un exercice qui
dmontre le manque flagrant de transparence de ce gouvernement
conservateur. En excluant les parlementaires, les conservateurs ont
manqu de respect envers le processus dmocratique. Nous croyons quil
faut tenir un large dbat sur le rle que le Canada veut confier ses
Forces armes et sur le type mme de forces militaires qui peuvent
accom- plir ce rle. Des choix quant aux priorits doivent tre faits.
Quant lui, le Bloc Qubcois privilgie les oprations multilatrales de
rtablissement et de maintien de la paix. Afin dtablir ces choix,
nous croyons quil faut mettre en place une consultation publique
denvergure. Le Bloc Qubcois demande que le gouvernement prsente une
vritable politique trangre et de dfense. Il proposera que le Comit
permanent des affaires trangres et celui de la dfense lanalysent en
dtail et tiennent des audiences sur ces politiques. Il entend
profiter de cette tude pour proposer que le renforcement des
institutions multilatrales et les missions de la paix soient
clairement identifis comme la priorit de larme. achats dquipement
militaire Mis ensemble, les budgets 2005-2006 et 2006-2007 prvoient
une hausse de 12,3 milliards de dollars sur six ans des crdits
budgtaires allous la dfense, soit la plus forte hausse dans ce
domaine depuis les 20 dernires annes. De plus, dans le budget de
2008, le gouvernement conservateur sest engag faire passer de 1,5 %
2,0 % laugmentation annuelle du budget allou la dfense compter de
lanne financire de 2011-2012. Le budget de la dfense nationale
passera de 18 milliards de dollars en 2008-2009 30 milliards en
2027-2028. Au total, le gouvernement prvoit investir prs de 490
milliards de dollars sur 20 ans. Nous ne croyons pas, contrairement
aux conservateurs, que le Canada devrait pos- sder une arme
polyvalente et capable de jouer tous les rl