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1 Les pilules : Histoire de la production industrielle Pelle de comptage de pilules M.CONNOR (1892) André FROGERAIS [email protected] 06/03/2015

La fabrication industrielle des pilules 5

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La pilule est la forme pharmaceutique la plus ancienne, la fabrication industrielle a commencé au XIX° siècle, elle a été progressivement remplacé par la forme comprimé avec laquelle elle est toujours confondue.

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Les pilules :

Histoire de la production industrielle

Pelle de comptage de pilules M.CONNOR (1892)

André FROGERAIS

[email protected] 06/03/2015

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Sommaire :

1- Introduction

2- La fabrication manuelle

3- La fabrication industrielle

4- Conclusion

5- Bibliographie

6- Instructions pour la production des pilules - FROGERAIS - 1920

7- Note sur les couvertures métalliques des pilules

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1- Introduction :

Le nom provient de la forme généralement sphérique, pilula, diminutif de parvo pila qui signifie petite

boule.

La pilule est la forme pharmaceutique la plus ancienne, les égyptiens en fabriquaient ainsi que les grecs

et les romains, elles figurent dans toutes les pharmacopées, de nombreux auteurs en ont écrit l’histoire. (1,

2, 3)

Leur poids est compris entre 100 à 300 mg (au maximum 500mg) , de 50 à 60 mg on les désigne sous le

nom de granules et au delà de 500 mg on les appelle bol, ils sont surtout utilisé en médecine vétérinaire.

2- La fabrication artisanale :

Les principes actifs sont en général incorporés dans un excipient liquide, semi solide ou solide comme la

glycérine, la gomme adragante ou la gomme arabique pulvérisée, la poudre de réglisse, de savon, le miel,

les extraits de chiendent et de pissenlit.

En officine, la fabrication commence par un mélange des différents composants dans un mortier, la masse

pilulaire est ensuite aplatie pour former une galette qui est transformée en magdaléons, qui sont divisés et

roulés en pilules (4).

Pour réaliser ces opérations, les apothicaires vont fabriquer des instruments qu’ils vont améliorer au cours

du temps.

- A partir du VIII° siècle ils utilisent une réglette plate dont les arêtes sont découpées en dents de scie

- Au XVIII° siècle, les apothicaires allemands réalisent un pilulier composé de deux volets en bois en

forme d’éventail et creusé d’alvéoles

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Réglette diviseuse et pilulier de VIAL

Baumé dans son traité de Chimie expérimentale décrit un pilulier composé de deux parties comportant une

réglette creusée de sillon correspondant au diamètre des pilules à fabriquer.

Les pharmaciens d’officine les utiliseront jusqu’aux années cinquante, les piluliers mécaniques sont conçus

selon ce principe.

Les pilules prennent la forme sphérique soit en les roulants entre les doigts, puis en utilisant un disque mis

au point par le pharmacien Vial, elles peuvent être enrobées de sucre ou argentées.

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Boite à argenter les pilules Disques à rouler les pilules

3- La fabrication industrielle :

Le développement des spécialités au XIX° siècle, dont beaucoup sont sous forme de pilule, va rendre

inévitable l’industrialisation de la production. Pour satisfaire à une demande croissante et répondre aux

exigences techniques et commerciales, les pharmaciens vont les produire dans des usines qui sont à une

plus grande échelle la transposition des conceptions et des pratiques de l’officine

L’usine va susciter l’apparition de machines nouvelles de plus en plus performantes pour reproduire les

gestes du pharmacien d’officine, elles vont permettre aux fabrications de se mécaniser,

Les pharmaciens vont d’abord utiliser des machines rudimentaires qui fonctionnent manuellement puis

des machines automatiques qui vont produire de plus en plus vite, avec une qualité constante et améliorer

la mise en forme : les pilules peuvent être dragéifiées au sucre pour améliorer la conservation ou

imprimées pour éviter les contre façons.

La production utilise une main d’œuvre importante en grande partie féminine, elle se mécanise mais ne

s’automatise pas.

Les premiers constructeurs de piluliers sont français : en 1877, Jules Derriey à Paris est le pionnier, puis

Henri Négre obtient le brevet N° 136 886 en 1880 pour un pilulier mécanique automatique, Palau, Savy

Jeanjean, Pouré et Sauton, Edmond Frogerais (5, 6, 7).

Les premiers appareils fonctionnent manuellement (ce sont des machines dites à bras), ils sont

progressivement automatisés.

Henri Négre fabrique un appareil de paillasse qui permet de réaliser toutes les opérations : fabrication du

magdaléon, découpe et disquage des pilules.

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Il existe également des constructeurs en Belgique : Edouard Courtoy, en Allemagne : Fritz Kilian, en Grande

Bretagne : Bunhdy et Pindar, aux Etats Unis: Arhur Colton.

La fabrication industrielle des pilules ne diffère pas des procédés employés dans l’officine, il y a autant de

machines que d’opérations :

- un mélangeur en Z ou un mélangeur à melon pour incorporer par malaxage les matières premières

avec les excipients, de façon à obtenir une masse pilulaire homogène.

- un laminoir à pate composé de deux cylindres dont l’écartement est variable, sert à fabriquer des

plaques rectangulaires ou galettes

- un laminoir à magdaléon équipé de deux cylindres cannelés, les cannelures sont assorties à la

dimension des plaques du pilulier et permettent de produire des magdaléons de diamètre et

longueur réguliers. Les magdaléons peuvent être également fabriqués par extrusion à travers une

filière

- un pilulier découpe les magdaléons en pilules, il existe différents modèles, à cylindres ou a plaques.

- les pilules sont ensuite roulées au moyen d’un disque rotatif afin de devenir sphériques ou par le

passage entre deux bandes horizontales tournant en sens contraire (procédé Colton).

Elles peuvent être ensuite imprimées ou dragéifiées dans une turbine à enrober.

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Pilulier à rouleaux

Appareil BUNHDY (UK)

- Machines à fabriquer les

magdaléons manuelle à rouleau

(Savy Jeanjean)

- Par pressage à travers une filliaire

Mmmm

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Les piluliers à cylindres divisent le magdaléon en pilules, au moyen de cannelures transversales hémi-

cylindriques tournant selon les modéles dans le même sens avec des vitesses différentes ou en sens

contraire avec la même vitesse.

La masse pilulaire sous forme d’un rectangles est placée entre les deux cylindres tournant, elle est découpée en

magdaléons qui sont transformés en pilules

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The Chemist and Druggist (1886)

En Allemagne Fritz Kikian fabrique un pilulier

rotatif baptisé PERLA (8).

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Pilulier horizontale à plaques

Julles Derriey à Paris construit le premier pilulier

industriel en 1877.

Chaque magdaléon est placé dans la rainure de la

machine, il est d’abord aplati sous forme de rubans,

puis transformé de nouveau en cylindre en passant

entre deux galets horizontaux cannelés ; ce cylindre

est découpé en fragment de même longueur et

chacun s’engage dans la partie centrale de la machine.

Cette pièce est formée de deux disques en cuivre

portant, suivant la grosseur des pilules, huit ou douze

cannelures, qui se correspondent de haut en bas. Le

disque inférieur est fixe, tandis que le disque

supérieur, animé d’un mouvement de rotation,

découpe la portion de magdaléon engagée entre les

deux disques de huit ou douze petits morceaux qui

entrainés eux-mêmes par la rotation de disque se

roulent en pilules sphériques.

Selon le constructeur, la machine peut produire

chaque jour 80 à 100 000 pilules (9).

Brevet Debuge n° 122 675- 1877.

.

Henri Négre à Paris fabrique un pilulier automatique

en 1880 (brevets n°136 886 et 187 844) constitué de

deux plaques horizontales, supérieure et inférieure

cannelées, placées dans un bâti à glissière.

Le magdaléon est placé sur la plaque inférieure,

l’opérateur la repousse sur la plaque supérieure qui

est animée d’un mouvement de va et vient, le

magdaléon est ensuite découpé en pilules de poids

constant.

Si le diamètre du magdaléon est égal à la longueur

de la découpe, les pilules sont rondes, s’il est plus

petit où plus grand elles sont ovales.

Des piluliers analogues sont construits par Palau,

Savy Jeanjean, Poure et Sauton, Frogerais.

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Pilulier à bras Palau Pilulier à bras

Machine à imprimer les pilules N.Palau (brevet VIAL n°120 433 – 1877)

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Petite installation Edouard Courtoy (Belgique)

Installation semi automatique de Fritz Kilian (Berlin)

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A partir de 1910 la société Edmond Frogerais à Ivry sur Seine fabrique une ligne complète de production.

Mélangeur en Z petit modèle 10 litres Mélangeur en Z grand modèle 40 litres

Mélangeur à melon, avec cuve en cuivre

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Laminoir à pate Machine à faire les magdaléons

Pilulier Machine à disquer les pilules

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Machine à imprimer les pilules Compteuse

Turbine à dragéifier

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En Belgique Edouard Courtoy fabrique des machines analogues.

A la fin du XIX siècle, toutes les drogueries disposent d’atelier pour la production de pilules.

En 1889, le laboratoire Frére se présente comme le principal producteur français (13).

Dans leurs ateliers situés 77 rue des Fourneaux à Paris, ils fabriquent des capsules molles et des pilules, ils

ont mis au point un procédé original pour enrober les pilules sans sucre et les imprimer. L’atelier comprend

de nombreuses machines, le magdaléon est fabriqué par extrusion, les pilules sont roulées à la main,

l’entreprise emploie un personnel nombreux : 150 hommes et 100 femmes ; les lots sont de 25 kilos.

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Atelier de fabrication des pilules (Ets Darrasse – Vincennes -1881)

comprenant un magdalonier, un pilulier et des turbines de dragéification DERRIEY

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Etablissement GOY (vers 1910)

Laboratoire DAUSSE (Ivry sur Seine) - 1908

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Pharmacie centrale de France (vers 1902 ) Laboratoires Dausse (vers 1896)

Pharmacie Centrale de France (Paris – 1910)

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Pharmacie centrale de Paris, atelier de disquage des pilules (Paris- 1910)

Atelier pilules, Etablissements David Rabot (Courbevoie 1952)

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Aux Etats Unis, les besoins sont beaucoup plus importants : Arthur Colton à Détroit fabrique une

installation automatique constitué de deux machines reliées par une chaine à godets (10).

Catalogue A .Colton (1922)

La première machine reçoit la masse pilulaire qui est transformée en galettes puis en magdaléons par le

passage à travers une filiiaire. Ils sont découpés en pilules qui sont transférées dans la seconde machine

elle est constituée de bandes rotatives qui vont donner aux pilules la forme sphérique. A la sortie de la

machine, les pilules sont séchées à l’aide d’air chaud.

Il existe deux modèles : le modèle A produit 100 000 pilules à l’heure, le modèle B 35 000.

Il s’agit de la seule installation automatique, Arthur Colton va l’exporter dans de nombreux pays, en

Allemagne, en France aux laboratoires David-Rabot (11), en Grande Bretagne où les laboratoires Cox

exploitent 5 machines qui leur permettent de fabriquer un million de pilules par jour (12, 13).

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Pharmazeutische Zeitung (1905)

Laboratoire COX (UK)- 1936 Porter and Clarke Ltd (UK) - 1931

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5- Conclusion :

La pilule a réussi le passage à la production industrielle, pourtant elle ne va pas tarder à disparaitre face

aux comprimés qui vont rapidement s’y substituer (15).

La capacité est limitée : pour produire quotidiennement 20 kilos de pilules il faut employer 10 personnes,

les comprimés plus économique à produire et plus stable vont remplacer les pilules, certaines formules

comme l’Opobyl Bailly, les grains de Val ou les pilules Carters sont reformulées sous forme de comprimés.

La dernière spécialité commercialisée en France sous forme de pilules ; la Trinitrine Simple Laleuf,

fabriquée par les laboratoires Opodex Industrie a été supprimé par décision de l’Agence Nationale de

Santé des Médicaments (ANSM) en juillet 2013.

Ironie de l’histoire, le nom pilule est toujours très présent et est quotidiennement utilisé, il, sert à désigner

les comprimés anticonceptionnels.

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Bibliographie :

1- L. Pariente, Naissance et évolution de quinze formes pharmaceutiques, Paris, Edition Louis

Pariente, 1996,

2- Histoire des pilules, Exposition temporaire :

http://www.shpasso.org/index.php?PAGE=expositionpilule

3- William Kirby, The story of the pill, The Chemist and druggist, June 24

4- Albert Goris , Pilules-Bols-Granules, Pharmacie Galénique, Paris, Masson 1942, tome2, 1623

5- Anonyme, Fabrication des pastilles, pilules et dragées pharmaceutiques, Journal de Pharmacie et

de chimie, 5°série, tome IV, 1881, 468-476

6- Catalogue Frogerais 1920 : http://www2.biusante.parisdescartes.fr/img ( puis taper Frogerais),

htpp://fr.slideshare.net/catalogue-etablissements-edmond-frogerais

7- Catalogue Machines Pharma : http://www.shp-asso.org/index.phb?PAGE=expositionmachines,

http://www.slideshare.net/busante54/machines-pharma-fr13

8- Anonyme, Apotheker Zeitung, 1903, 19, 838

9- R.Huguet, Traité de Pharmacie théorique et pratique, O.Dion, Paris 1888, 62

10- Arthur Colton, General Catalogue N°8, 1922, 8

11- Anonyme, Les Etablissements David-Rabot, France Pharmacie, 1961, 775.

12- Anonyme, Potter and Clarke Ltd, The Manufacturing Chemist, December ,1931, 328

13- Horace.Cox, Pill Making, The Manufacturing Chemist, Sept 1936, 291

14- Perle and Pill manufacturing in France, Note of a visit to L.Frére & Ch.Torchon’s Factory in Paris,

The Chemist and Druggist, 1889, July 27, 20

15- A.Frogerais, Introduction des comprimés en France : http://hal.archives-ouvertes.fr/hal-00787009

-

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Recommandations pour la fabrication des pilules par Edmond

FROGERAIS

A partir de 1920 Edmond Frogerais remet à ses clients qui désirent créer un atelier de fabrication de pilules

un document dactylographié. .

Il comprend trois parties :

- une liste d’accessoires indispensable à la fabrication

- des formules de pilules et de dragéification

- les modes opératoires.

Il sera plus tard compléter par des formules de comprimés et de pastilles.

Ce document a été écrit dans un cahier d’écolier, à la plume sergent major, par un préparateur en

pharmacie retraité des Etablissements Darasse M.Marchais qui assistait les clients en difficultés lors de la

mise en route des machines Frogerais.

Grace à ce document, on trouve la liste des spécialités les plus communes qui constituent les génériques

de l’époque.

Les excipients pour fabriquer industriellement la masse pilulaire sont différents de ceux utilisés pour les

préparations magistrales : on privilégie les excipients solides comme le savon, la farine, la gomme

pulvérisée plutôt que les excipients pâteux comme l’extrait de chiendent, beaucoup plus difficile à malaxer.

Pour cette raison, les pilules obtenues étaient moins dures, en conséquence, industriellement elles étaient

souvent enrobées ou dragéifiées.

Certains excipients interpellent comme l’alcool à bruler, l’essence de térébenthine, l’ardoise pilée, l’éther.

Nous en recopions fidèlement le texte.

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Matériel nécessaire à la fabrication des pilules et des enrobages

- Coffrets en bois pour le séchage et la manipulation avec dimensions suivantes : long m 0,80 , largeur

0,30, hauteur des cotés 0,06.

Le fond de ces coffrets doit être autant que possible d’une seule pièce, la chaleur des étuves faisant

travailler le bois. Le bois de hêtre sera choisi de préférence.

Pour une fabrication de 300 kg de pilules par mois, il faut 50 coffrets.

- Tamis à grille métallique pour le tamisage des pilules et des poudres

N° des grilles en partant du n°6, 8, 10, 12, 14, 16, 20, 30, 40, 50, 60, 70, 80, 90, 100, 120.

Toutes ces grilles servent à la fabrication des pilules, granulés, comprimés et autres préparations de

laboratoire. Ce matériel peut servir à toutes sortes de fabrications.

- Tamis métalliques à trous ronds pour le calibrage des pilules et les mettre à grosseur égale.

En partant de la granule jusqu’à la grosse pilule, il faut les n° suivants : 22, 23, 24, 25, 26, 27, 28, 29, 30.

Pour une petite fabrication les n° 25, 26, 27, 28 suffisent.

- Récipients nécessaires à la fabrication des pilules :

Bassines en fer étamé de grandeurs différentes, contenance de 10, 20, 30, 40, 50 litres. Quelques terrines

pour l’emploi des produits qui attaquent le métal.

Ce matériel est indispensable aux fabrications.

- Petit matériel divers pour pilules

Deux rouleaux en bois pour travailler la masse, une brosse métallique pour le nettoyage des plaques, deux

couteaux genre peintre pour couper les galettes, une brosse souple pour le nettoyage des tables, quelques

alènes pour enlever les pilules défectueuses de dessus la plaque, un petit goupillon pour le nettoyage des

plaques supérieures, plusieurs mains de fer pour les produits et les poudres, plusieurs mains compte pilules

de 100.

Notes sur la fabrication des noyaux :

En général, les masses pilulaires se font toutes avec plus ou moins d’excipients, selon la nature des produits.

Certains produits peuvent se faire nature.

Un noyau de produit actif titré à 0,10 de principe doit être fait de 0,15 à 0,20 sur le pilulier, un noyau titré

de 0,15 produit actif doit être fait de 0,20 à 0,25 ; un noyau titré à 0,20 doit être fait à 0,30 ou plus.

Si un produit à pilules se présente sous forme d’extrait, il faut y ajouter les poudres produits actifs ou

excipients pour sécher l’extrait en amenant la masse au point.

Si au contraire les produits actifs se présentent sous forme de poudre, il faut mouiller avec une solution

mélangée de sirop, de sucre, de gomme et autres pour donner le corps nécessaire à la masse.

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Produits nécessaires à la fabrication des pilules, enrobages et dragéification

Poudre de réglisse en grande quantité, Poudre de guimauve en petite quantité, Gluten, Talc, Colophane,

Amidon, Gomme arabique pulvérisée, Gomme entière, Gomme adragante, Lactose, Farine, Gélatine,

Lycopode, Savon médicinal, Ardoise pulv, Noir d’os, Terre d’ambre brulée, Coque de cacao pulv.,

Sous carbonate de fer, Mastic en larmes, Gomme saudaraque, Gomme laque, Tolu épuisé, Benjoin, Huile de

vaseline, Sucre glace, Sucre semoule, Sucre morceaux irréguliers, Couleurs Klotz.

Notes sur la manipulation de quelques masses pilulaires : Poudres organiques

Pilules Orchitine

Pilules Thyroïdine

Pilules Hypophise

Pilules Ovarine

Pilules Rénine etc

Mettre le savon dans l’eau gommée, y ajouter le produit et le sucre, puis faire la masse au broyeur

Diviser les noyaux

Produit actif …………………………… 1,000

Sucre glace …………………………… 0,200

Savon pulvérisé …………………………… 0,100

Solution de gomme au 1/3 ……………………… 0,400

Anis ……………………………… Q.S.

Grains de santé

Aloés pulv. …………………………… 0,500

Jalap pulv. …………………………… 0,500

Rhubarbe pulv. ……………………… 0,500

Savon pulv. …………………………. 0,100

Eau ………………………………… Q.S.

Mouiller les produits à l’eau savonneuse, faire la masse

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Pilules d’extrait de bile à 0,10

Extrait de bile …………………….. 4,500

Réglisse ……………………. 2,500

Pour noyaux de 0,15

Faire fondre l’extrait de bile au bain marie dans 300 gr d’eau, y incorporer la poudre de réglisse.

Tenir toujours la masse chaude au bain marie pendant la manipulation.

Les noyaux doivent être vernis avant l’enrobage

Pilules perchlorure de fer à 0,05

Perchlorure de fer ………………………. 0,5àà

Farine ……………………… 1,000

Sirop de sucre ……………………….. 0,050

Faire dissoudre le perchlorure de fer jusqu’à ce qu’il soit bien chaud, ajouter la moitié de la farine et le reste

en faisant la masse. Diviser les noyaux et mettre sécher à l’étuve pendant 15 jours, au moins trois vernis,

dragéifier.

Pilules Valet argentées

Prots carbonate de fer …………………… 1,200

Gomme pulv. …………………….. 1,600

Sirop de sucre ……………………. 2,400

Réglisse ……………………… 2,400

Miel ……………………. 0,400

Savon …………………….. 0,400

Faire une masse au broyeur, diviser en noyaux de 0,20

Dragées Iodure de Potassium :

Iodure de potassium ………………….. 0,666

Sirop ………………….. 0,200

Gomme pulv. ……………………… 0, 150

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Farine …………………………………. 0,300

Faire une masse à la main, diviser en noyaux de 0,20 puis vernir.

Pilules de Mégluse

Extrait de valériane……………………………….. 0,500

Jusquiame ………………………………………… 0,500

Oxyde de zinc …………………………………… 0,800

Poudre Valériane …………………… 0,200

Réglisse pulv. …………………….. 0,600

Gomme pulv. ……………………… 0,400

Sirop ……………………. 0,400

Faire fondre les extraits dans le sirop et ajouter les poudres

Séchage des noyaux

Les noyaux des pilules qui sont faits le jour même ne doivent être mis à l’étuve que le lendemain et les

noyaux contenant des extraits doivent être mis dans la poudre.

L’étuve doit être tempérée de 25 à 30 degrés pour le séchage des pilules.

Enrobage des noyaux

Pour enrober les pilules, il faut que les noyaux soient bien secs, que l’eau contenue soit bien évaporée, de la

on les passe à l’enrobage désiré, désigné par la suite.

Vernis pour finissage

Gomme manille …………… 200 gr

Gomme Sandaraque ………… 500

Gomme Laque blonde …….. 100

Gomme Benjoin ……………… 100

Alcool …………………. 1 litre

Ether ………………… 1 litre

Ce vernis s’emploie sur tous les enrobages blancs.

Les pilules bien lisses et bien sèches en employant la quantité suffisante pour qu’elles en aient toutes.

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Si le vernis tire un peu à l’opération, mettre quelques gouttes d’huile de vaseline pour les détacher.

On peut mettre un deuxième vernis pour un brillant plus complet.

Formule pour vernir les pilules, comprimés

Pour les noyaux qui en nécessitent le besoin, employer la formule suivante :

Gomme Sandaraque …………………… 0,400

Gomme laque …………………… 0,040

Mastic en larmes ……………………. 0,060

Térébenthine de Venise ……………….. 0,100

Alcool à bruler ………………… 1,000

Trois couches de ce vernis pour kératiniser en employant sur le vernis, la poudre suivante :

Poudre à vernir

Talc …………………… 3,000

Colophane pulv. ……………………. 3,000

Gomme adragante ……………… 0,200

Enrobage au gluten

En général beaucoup de pilules kératinisées se glutinisent, mais le gluten s’emploie sur le noyau sans être

vernis.

Préparation du gluten pour son emploi :

Gluten ……………………….. 10,000

Sucre glace …………………………. 1,000

Gomme arabique pulv. ……………. 0,200

Talc ……………………….. 1,000

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Moyen pour l’appliquer :

L’enrobage au gluten étant difficile et assez compliqué, il faut bien observer les notions suivantes pour

obtenir un bon résultat.

Réglisse pulv. …………….. 0 ,500

Talc ………………. 0,500

Sucre glace ………………. 0,300

Savon médicinal ……………. 0,050

Gomme arabique pulv. ….. 0,200

Eau ……………………………… 2,000

Cette formule sert à faire une pate claire qui permet de mouiller les pilules pour mettre les couches

successives de gluten (formule n°1).

Lorsqu’on a mis cette poudre sur les pilules mouillées et qu’il en reste au fond de la turbine, qui n’a pas pris,

il faut l’enlever au moyen d’une corne ou enlever les pilules de la turbine pour tamiser la poudre pour

remettre une seconde couche, faire sécher à l’étuve et continuer jusqu’au poids voulu.

Pour finir il faut lisser le gluten en laissant tourner les pilules humides sur elles mêmes.

Si elles ne se lissent pas suffisamment on y ajoute quelques gouttes d’eau. Quand elles commencent à

briller, y mettre un peu de talc et mettre en route le ventilateur. Les retirer et les vernir le lendemain quand

elles sont sèches avec le vernis de dessus , désigné par la suite.

Enrobages colorés

- Couleur marron

Réglisse …………………… 1,000

Caséine ……………………. 1,000

Sucre de lait ………………….. 2,000

Gomme arab. pulv. ……….. 1 ,000

Amidon pulv. …………… 2,000

Talc ………………………… 15,000

Sous carbonate de fer ……. 0,300

- Couleur noire

Même formule que ci-dessus, sauf qu’il faut remplacer le sous carbonate de fer par 50 gr de noir d’os.

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- Couleur brun foncé

même formule que ci dessus en colorant la poudre avec 50cg de terre d’ambre brulée

Poudre ci-dessus en colorant avec 50 gr de terre de Sienne

- Couleur jaune foncé

On peut obtenir ces tons de couleur sans employer les couleurs métra ou Klotz dont on pârlera par la suite.

- Formule pour enrobage blanc sans impression

Caséine ………………………. 1,000

Lactose ……………………… 2,000

Gomme arab.pulv. ………………. 1,500

Amidon pulv. ……………………… 2,000

Talc extra blanc …………………… 15,000

Notes sur la manipulation

Lorsque l’on prend les noyaux de pilules pour les enrober, il ne faut pas monter à l’enrobage plus de 2 ou 3

centigrammes pour commencer, les laisser sécher à l’étuve et les reprendre le lendemain ou l’on peut en

mettre de 4 à 5 cg. Il faut calibrer les pilules pour les mettre à grosseur égale à la moitié de l’enrobage.

Certains produits ou le noyau se déforme un peu au séchage, on fait une pate claire avec la poudre

d’enrobage que l’on applique sur les noyaux pour boucher les vides et arrondir les pilules. Quand les pilules

sont arrondies on peut mouiller avec de l’eau que l’on met par petite quantité pour arriver au mouillage

complet. Bien remuer les pilules dans la turbine pour qu’elles ne collent pas entre elles avant d’y mettre la

poudre.

Poudre enrobage servant exclusivement à l’impression des pilules en une seule couche superficielle

- Poudre enrobage n°1

Gomme arabique extra blanche pulv. au 140 ……………… 9k,750

Amidon de froment ou de maïs ……………… 1,800

Talc de Venise extra blanc …………….. 3,750

- Poudre enrobage n°2

Gomme extra blanche pulv.tamis n°20 ……………….. 1,750

Amidon de maïs extra blanc ……………….. 1,800

Talc extra blanc ……………… 3,750

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Notes sur la manipulation :

Pour une bonne impression les noyaux de 0,15 cg ne doivent pas être enrobés à moins de 0,25.

- Premier enrobage sur noyaux :

Mouiller les noyaux avec de l’eau à laquelle on ajoute un peu de sirop. Poudrer avec poudre n°1 par couches

successives, ne pas mettre plus de 3 centigr. A chaque opération ; laisser sécher et reprendre en laissant 3

centigr. pour la couche d’impression. C'est-à-dire qu’une pilule terminée à 0,30 doit être arrêtée à 0,27 et

laissée séchée.

- Couche d’impression :

Faire une solution de gélatine à 10%.

Mouiller les pilules avec cette solution tiède, mettre 1 centigr. de la poudre n°1, mouiller les pilules, le plus

possible et jeter d’un seul coup la poudre n°2 en mettant la quantité que les pilules veulent prendre. Retirer

l’excédent de cette poudre du fond de la turbine, ajouter une poignée de talc. Imprimer.

Cette opération doit durer de 30 à 35 minutes à la turbine1O kg à la fois.

Conservation des pilules

Les pilules terminées vernies doivent se mettre autant que possible dans des boites en fer. Si on se sert de

boites en bois les mettre dans un endroit bien sec à l’abri de l’humidité et de la vapeur.

Mise en flacons des pilules

Les flacons après avoir été lavés et égouttés, doivent être mis au moins 24 h à l’étuve pour que l’humidité

disparaisse complètement. Ne manipuler les produits qu’avec des mains bien sèches. La bonne conservation

ne dépend que de toutes ces précautions.

Note sur la dragéification au sucre : Dragéification de toutes natures

Les noyaux à dragéifier doivent toujours être bien secs avant d’être dragéifiés.

Certains noyaux doivent subir une préparation de vernissage, surtout ceux qui sont à base d’extraits pour

empêcher l’humidité de pénétrer dans le noyau.

Les noyaux de toutes sortes doivent être gommés avant la dragéification suivante les formules ci-dessous.

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Gommage des noyaux

Solution de gomme au tiers

Gomme arabique entière ………………………………………. 5kg000

Eau ……………………………………………………………………. 10 litres

Faire dissoudre la gomme, passer au tamis N°40

Poudre pour gommage

Mouiller les noyaux avec la solution ci-dessus

Poudrer avec la poudre ci-dessous

Farine de blé …………………………………… 5kg000

Amidon de maïs ……………………. 5.000

Gomme arabique ……………………. 3.000

Talc ……………………… 10.000

Argentage des pilules & comprimés

Pour l’argentage la préparation doit être faite en surface au sirop de sucre, lissage le plus fin possible.

Une bombe en verre est nécessaire pour ce travail

Vitesse de 40 à 45 tours à la minute

Mixture pour argenter

Colle gélatinée extra ……………………… 90 g

Eau distillée ……………………. 160

Acide acétique cristallisable …………. 12 cl

Eau ………………………………… 12 cl

Faire absorber l’eau par la gélatine, dissoudre au bain marie, ajouter les 12 cg d’acide acétique puis enfin

les 12 cg d’eau.

Faire la solution par petites quantités.La solution ancienne ne valant rien .

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Dragéification en blanc et en couleur

Les deux ou trois gommages étant faits sur les noyaux avec les formules di dessus, la dragéification se

continue avec du sirop de sucre tenu toujours chaud au bain marie à la densité de 10 kg de sucre en

morceaux pour 4 litres d’eau, car au début il faut couvrir et blanchir les noyaux, on est même souvent obligé

d’ajouter de l’amidon cuit au sirop pour aider au blanchissage.

Pour la coloration des dragées, les noyaux doivent être bien blancs et complètement couvert et bien lisses.

Ajouter au sirop de sucre la couleur désirée, en fonçant plus ou moins selon l’échantillon. 5Couleurs

spéciales pour sirops, Maison Klotz, Paris)

On doit terminer une dragéification à tiède et même à froid,, avec le sirop de plus en plus clair, en blanc

comme en couleur.

Une fois bien blanc et bien couvert, employé la formule suivante :

Sucre …………………… 10 kg

Eau …………………. 5 l

Vernissage des dragées

Cire blanche ……………………. 50 g

Ether ………………………… … 100 g

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Note sur les couvertures métalliques des pilules :

La dorure et l’argenture ont été très en vogue au XIX° siécle et ont précédé la dragéification au sucre, cette

technique est aujourd’hui compléteemnt oubliée, elle n’ a été évoqué que très partiellement dans le

chapitre précédent.

Lors d’une conférence aux Journées Pharmaceutiques Françaises de 1952, Henry et Ludovic David en ont

décrit le mode opératoire :

Le métal est appliqué en feuilles battues aussi finement que possible sur des dragées soigneusement lissées

et d’un blanc parfait. L’application est d’une technique très délicate : elle se fait dans des turbines en verre,

de forme complétement sphérique et tournant sur un axe horizontal.

Il existe plusieurs techniques, nous ne décrirons que celle qui était la plus généralement, sinon la seule

pratiquée.

Les dragées sont introduites en petite quantité dans la turbine puis humectées avec une solution concentrée

de gélatine de belle qualité, dans un mélange d’eau et de d’acide acétique. Celui-çi solubilise la gélatine à

froid. On brasse très soigneusement les dragées et on les fait tourner, l’ouverture de la turbine restant non

obturée. L’acide acétique en s’évaporant, rend la solution de gélatine de plus en plus collante. A un moment

que seule l’expérience peut permettre de déterminer, on introduit rapidement les feuilles d’or ou d’argent

dans la turbine et on ferme celle çi. Le métal se colle progréssiveemnt sur les dragées, s’y répartit de façon

uniforme, en principe, sans intervention de brassage. Lorsqu’il est convenablement étallé, on débouche à

nouveau l’ouverture de la turbine, l’évaporation de la solution se termine et lorsque les dragées sont

complétement séchées, le métal se polit à la longue par frottement. Cette opération de polissage demande

un certain temps. Il faut, cependant, la réussir sans qu’elle se prolonge à l’excés car, alors les dragées

prendraient une apparence plombées, à laquelle il serait impossible de remédier par la suite.

Henry et Ludovic David, Journées Pharmaceutiques Françaises de 1952, Conférences de la Société de

Technique Pharmaceutique, Dragéification et enrobages, Société des EditionsPharmaceutiques et

Scientifiques, Paris, 1952, 111- 135

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Pilules au montage à la turbine

Moyen de faire des noyaux de pilules directement à la turbine avec un bon résultat de titrage.

1° Faire des granules de 2 centgr.sur un granulateur

2°Se servir d’une graine quelconque. La graine moutarde blanche convient le mieux par sa rondeur, la grise

aussi, mais il faut la faire gonfler dans de l’eau pour sortir le principe actif et la neutraliser.

Les petites graines sont grossies à la turbine jusqu’à 2 centigr (avec poudre de réglisse).

Pour l’emploi, prendre exactement le nombre de granules qui doivent terminer les pilules titrées.

Ce mode d’emploi ne peut se pratiquer que sur des produits actifs sous forme de poudres.

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Catalogue Frogerais 1920 :

http://fr.slideshare.net/Frogerais/catalogue-frogerais

http://www2.biusante.parisdescartes.fr/img(puis taper Frogerais)

Les premières machines pharmaceutiques françaises :

http://www.shp-asso.org/index.phb?PAGE=expositionmachines

http://www.slideshare.net/busante54/machines-pharma-fr13

Histoire des comprimés en France, des origines au début du XX siècle :

http://hal.archives-ouvertes.fr/hal-00787009

http://fr.slideshare.net/busante54/histoire-des-comprims-pharmaceutiques-en-france14151521

L’Aspirine en France : un affrontement franco allemand :

http://hal.archives-ouvertes.fr/hal-00848459

http ://fr.slideshare.net/Frogerais/la-marque-aspirine-en-France-11-enregistr-automatiquement

William Brockedon Biographie :

http://fr.slideshare.net/search/slideshow?q=william-brokedon

La fabrication industrielle des pastilles ou tablettes pharmaceutiques:

http://hal.archives-ouvertes.fr/hal-00957139

La fabrication industrielle des pilules:

http://fr-slideshare.net/Frogerais/la-fabrication-industrielle-des-pilules-5

Pierre Broch (1909-1985) et la pénicilline :

http://fr.slideshare.net/frogerais/pierre-broch

Les origines de la fabrication des antibiotiques en France

http://hal.archives-ouvertes.fr/hal-01100810