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1 ROYAUME DU MAROC MINISTERE DE LA SANTE DIRECTION REGIONALE MEKNES-TAFILALET IFCS DE MEKNES SMI PROGRAMME DE LUTTE CONTRE LA MALNUTRITION PROTEINO-CALORIQUE(MPC) VH : 07 heures COURS ELABORE PAR : Mr ZEROUALI Hamid Enseignant à l’IFCS de Meknès Année universitaire: 2011-2012 Section : Infirmier polyvalent/sage femme

Programme national de lutte contre les maladies de carences

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Page 1: Programme national de lutte contre les maladies de carences

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ROYAUME DU MAROC MINISTERE DE LA SANTE DIRECTION REGIONALE MEKNES-TAFILALET

IFCS DE MEKNES

SMI

PROGRAMME DE LUTTE CONTRE LA MALNUTRITION PROTEINO-CALORIQUE(MPC)

VH : 07 heures

COURS ELABORE PAR : Mr ZEROUALI Hamid Enseignant à l’IFCS de Meknès

Année universitaire: 2011-2012 Section : Infirmier polyvalent/sage femme

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PROGRAMME DE LUTTE CONTRE

LA MALNUTRITION

PROTEINO-CALORIQUE (M.P.C)

V.H : 7 heures

T.H : 5 heures

T.D : 2 heures

� Les objectifs pédagogiques :

� Objectifs théoriques :

- Citer les objectifs du P.L.M.C,

- Identifier les signes de la M.P.C modérée et de la M.P.C grave chez les enfants,

- Enumérer les causes et les complications de la M.P.C,

- Citer les moyens de lutte contre la M.P.C,

- Décrire le rythme de pesées des enfants normaux et des enfants malnutris dans les sections

S.M.I.

- Repérer sur une liste préétablie les 4 principaux indicateurs anthropométriques et normes

de références chez un enfant de moins de 5 ans.

� Objectifs pratiques et de communication:

- Interpréter la courbe de poids des enfants pesés au niveau des sections S.M.I,

- Assurer la prise en charge des enfants malnutris dans les sections de S.M.I,

- Faire le dépistage des enfants malnutris,

- Apprendre à la mère à préparer un régime à haute valeur énergétique,

- Eduquer les mères en matière de prévention de rachitisme,

- Etablir et mettre à jour les documents de surveillance et les rapports statistiques.

� Schéma de cours :

1. Objectifs du P.L.C.M

2. La M.P.C :

• Définition,

• Causes,

• Signes cliniques :

� M.P.C modérée

� M.P.C grave

• Les indicateurs anthropométriques et normes de référence :

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• Complications

• Prévention et lutte

• Régime à haute valeur énergétique

• Rôle de l'infirmière de SMI dans la prise en charge des enfants malnutris

2. Rôle de l'infirmière dans la prévention du rachitisme

3. Surveillance de la croissance staturo-pondérale des enfants en S.M.I,

4. Le diagramme de maigreur.

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INTRODUCTION

La malnutrition désigne un état pathologique causé par la déficience ou l'excès d’un ou

plusieurs nutriments. L'apport alimentaire anormal peut provenir d'une nourriture en quantité

inadaptée au besoin (apport calorique insuffisant ou, au contraire, excessif) ou de mauvaise

qualité (carences nutritionnelles ou excès de graisses...) ; d'autres facteurs, notamment

psychologiques et pathologiques, interviennent également.

Dans les pays en développement, le plus grand problème nutritionnel est la « sous-

alimentation », due à un apport calorique insuffisant. Mais partout dans le monde, diverses

formes de malnutrition existent, débouchant notamment sur l'obésité et sur de graves

carences.

La malnutrition a ainsi été appelée la « faim invisible » ou « faim cachée » (« hidden hunger »

en anglais) par l'Organisation des Nations unies [1], affectant deux milliards de personnes

souffrant de carences en sels minéraux et en vitamines, pouvant provoquer des maladies

mortelles.

Dans les pays en développement, les insuffisances alimentaires causent des maladies comme

le kwashiorkor, l'anémie (qui attaque le système sanguin et empêche la concentration), le

rachitisme (qui empêche le développement normal des os de l'enfant) ou la cécité (causée par

des carences en vitamine A). Le rapport de 2004 de l'Unicef et la Banque mondiale dresse un

bilan terrifiant [2] : les carences en fer parmi les bébés de 6 à 24 mois affectent le

développement mental de 40 à 60 % des enfants des pays en développement ; les carences en

iode ont fait reculer la capacité intellectuelle de ces pays de 10 à 15 %, et causent la naissance

de 18 millions d'enfants handicapés mentaux par an ; le manque de vitamine A entraine la

mort d'un million d'enfants chaque année.

Chez les adultes, les plus affectés sont souvent les femmes : l'anémie causée par le manque de

fer entraine la mort de 60000 jeunes femmes pendant leur grossesse ou leur accouchement ; le

manque d'acide folique cause un décès par maladie cardiaque sur dix. Les carences

s'additionnent et rendent l'organisme plus vulnérable à d'autres maladies.

L'impact économique est énorme, la baisse d'énergie associée aux carences causant une chute

de 2 % du PNB dans les pays les plus affectés [2].

1 C'est notamment l'Unicef qui emploie ce mot, voir la page d'introduction (http:/ / www. unicef. org/ french/ nutrition/ index_hidden_hunger. html). 2 Unicef et Banque mondiale, Vitamin and Minéral Deficiency, Global Progress Report, 2004

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La lutte contre la malnutrition est par ailleurs l'un des huit Objectifs du Millénaire pour le

Développement, initiés en 2000 par l'ONU. La troisième cible de cet objectif vise à réduire de

moitié le nombre de personnes souffrant de malnutrition entre 1990 et 2015.

La CIM-10 classe les états de malnutrition dans le groupe E40–E46 :

• E40 Kwashiorkor ; • E41 Marasme nutritionnel ; • E42 Kwashiorkor avec marasme ; • E43 Malnutrition protéinoénergétique grave, sans précision ; • E44.0 Malnutrition protéinoénergétique modérée ; • E44.1 Malnutrition protéinoénergétique légère ; • E46 Malnutrition sans précision

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PROGRAMME DE LUTTE CONTRE LES MALADIES DE CARENCE

Objectifs généraux :

- Contribuer à la baisse de la mortalité et de la morbidité infanto-juvénile ;

- Promouvoir un bon développement somatique et psychomoteur de l’enfant

Objectifs opérationnels :

- Assurer un suivi minimum de pesées (6 pesées la première année et 5 la deuxième

année) chez 80% des enfants de moins de 2 ans en urbain et 30% en rural.

- Dépister et prendre en charge au moins 80% des cas de malnutrition aigue chez les

enfants de moins de 5 ans.

- Sensibiliser et éduquer toutes les femmes en particulier les femmes enceintes et

allaitantes qui se présentent aux formations sanitaires sur l’importance de l’allaitement

maternel.

- Maintenir chaque année la couverture par la vitamine D2 chez, au moins 80% des

enfants de moins d’un an.

Les populations cibles sont :

- Enfants de 0-11 mois

- Enfants 12-23 mois

- Enfants 2-4 ans

- Tous les enfants moins de 5 ans.

Les stratégies de couverture :

- Le fixe

- Le mobile

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LA MALNUTRITION PROTEINO-ENERGITIQUE

I-DEFINITION :

La malnutrition proteino-calorique est caractérisée par l’association d’une insuffisance

énergétique de la ration alimentaire et d’une carence en protéines.

Elle revêt plusieurs formes :

- Le marasme du à une insuffisance énergétique globale.

- La forme œdémateuse ou kwashiorkor due surtout à une insuffisance en protides.

En fait l’étiologie est beaucoup plus complexe ; D’autres facteurs interviennent telles que les

carences en vitamines, en oligo-éléments…

La part de ces différents éléments dans la survenue de la malnutrition est mal connue.

II- LES SIGNES CLINIQUES :

Pour faciliter le diagnostic clinique de la malnutrition, on peut garder la classification en

Marasme et Kwashiorkor.

MARASME (insuffisance énergétique globale de la ration alimentaire)

KWASHIORKOR

(carence en protéine)

� Peut s’installer dés les premiers mois de

la vie.

� Amaigrissement tés net caractérisé par :

• Fonte des masses musculaires

• Saillie des cotes et des os des membres

• Visage maigre, ride, yeux enfoncés dans

les orbites, aspect de petit vieux.

� La peau est mince et parait trop vaste en

raison de l’amaigrissement.

� Pas de lésion cutanée

� Comportement :

• Enfant fatigué, mais regard vif,

s’intéresse à ce qui se passe autour de lui.

• l’appétit conservé

� Fréquent dans les mois qui suivent le

sevrage.

� Déficit pondéral variable, peut être

masqué par les œdèmes (rétention d’eau).

� Lésions cutanées fréquentes

• Peau sèche, craquelée

• Zones dépigmentées

• Décollement épidermique

• Phlyctènes dans les formes graves

� Comportement :

• Enfant craintif, replié sur lui-même, sans

intérêt pour ce qui l’entoure.

• anorexie

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LE MARASME

LE KWASHIORKOR

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La classification en marasme et kwashiorkor peut aider le personnel de santé à faire le

diagnostic clinique, mais en réalité elle est fort discutée et ces formes cliniques extrêmement

graves ne sont pas les plus fréquemment rencontrées.

D’autres signes cliniques associés peuvent s’observer :

- Troubles du comportement alimentaire à type d’anorexie.

- Troubles digestifs, diarrhées, déshydratation, vomissements

- Des signes infectieux.

KWASHIORKOR

Dans certaines régions défavorisées, le kwashiorkor est responsable de la mort de 30 % des enfants de moins de 5 ans.

Œdème au niveau des deux pieds (Kwashiorkor)

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III- Les signes anthropométriques :

L’ANTHROPOMÉTRIE est la mesure du corps humain. Les mesures anthropométriques sont

utilisées pour évaluer l’état nutritionnel des individus et des groupes de population, mais aussi

comme critères d’éligibilité pour les programmes d’aide alimentaire. Les mesures

anthropométriques communes sont la taille, le poids et le périmètre brachial (PB).

En plus des signes cliniques de malnutrition, nous disposons d’indicateurs qui permettent

d’affiner le diagnostic des problèmes nutritionnels.

1-Le poids :

L’analyse du poids par rapport à l’âge permet de classer l’insuffisance pondérale en modérée

ou grave selon le degré de déficit pondéral par rapport au poids moyen selon l’âge :

- Insuffisance pondérale modérée= le poids se situe entre 80 et 60% du poids moyen

pour l’âge.

- Insuffisance pondérale grave : le poids pour l’âge se situe en dessous de 60% du poids

moyen pour l’âge.

AGE DE L’ENFANT PRISE DE POIDS POIDS APPROXIMATIF

POINT DE REPERE

Naissance Perte inferieur 10% du PN

Reprise du poids vers le 10 °

jour

3 KG 250

(plus au

moins 500 G)

PN

(poids de

naissance)

De 1 à 3 mois 25 G à 30G/jour

(750 à 900 G/mois)

3 mois(5 KG 500)

De 4 à 6 mois 20 g/ jour

(600g/mois env)

5 mois(6 kg 100)

PN x 2

De 7 à 9 mois 15 g/jour

( 300 à 400/mois)

8 mois (8 kg)

De 10 à 12 mois 10 g/jour

(200à 400 g/mois)

12 mois(10 kg)

PN x 3

POIDS: DES REPÈRES

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AGE DE L’ENFANT PRISE DE POIDS POIDS APPROXIMATIF

POINT DE REPERE

De 1 à 2 ans 300g/mois

(2500 à 3500g/an)

13 kg à 2ans(PNx4)

De 2 à 3 ans 1500 g/ an 14 kg 500

De 3 à 4 ans 1800 g/an 16 kg 300

De 4 à 5 ans 1650 g/an 17kg 950

Page 12: Programme national de lutte contre les maladies de carences

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2-La taille :

La mesure de la taille et l’analyse du rapport taille/âge permet de faire le diagnostic de retard

de croissance caractérisé par un déficit de la taille par rapport à la taille moyenne pour l’âge.

TAILLE: DES REPÈRES

Age de l’enfant Gain moyen Mesure de la taille

naissance + - 2 cm 50 cm

Jusqu’à 3 mois + 3 cm/mois x 3 mois

De 3 à 6 mois + 2 cm/mois x 3 mois

De 6 mois à 1 an + 1 à 1,5 cm/mois x 6mois

A 1 an + 21 à 24 cm 75 cm

De 1 à 2 ans + 1cm / mois x 12 mois

A 2 ans + 12 cm env 85 cm

A 3 ans + 9 cm env 95 cm

A 4 ans + 5 cm env 1 m

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Age Taille des filles Taille des garçons

Vers 5 à 6 ans 1,08 m 1, 10 m

Vers 7 à 8 ans 1, 24 m 1, 24 m

Vers 9 à 10 ans 1,34 m 1, 35 m

Vers 12 ans 1, 46 m 1,44 m

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LE PERIMETRE CRANIEN

AGE GAIN MOYEN MESURE DU PC

naissance 35 cm (+ ou – 1 cm)

1° trimestre + 5 cm

2° trimestre + 5 cm

3° trimestre + 2 cm

4° trimestre + 1 cm

A 1 an 47 cm

A 18 mois 48 cm

A 2 ans 49 cm

A 3 ans 50 cm

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3-Rapport poids-taille :

Dans le groupe d’enfants ayant une insuffisance pondérale, ce rapport permet de distinguer

ceux qui présentent un amaigrissement nécessitant une prise en charge immédiate de ceux qui

présentent un retard de croissance.

NOTIONS GENERALES DE CROISSANCEREPÈRES UTILES

Naissance 3 mois 6 mois 1 an 2 ans 10 ans

Poids 3,3kg 6kg 7,5kg 10kg 12,5kg 30kg

Taille 50cm 60cm 66cm 75cm 85cm 130cm

PérCrânien

35cm 45cm 50cm 55cm

Indicateur Ce qu’il mesure/Son usage

Faible poids-pour-taille ÉMACIATION(malnutrition aigüe)

Faible taille-pour-âge

ou

Faible longueur-pour-âge

RETARD DE CROISSANCE (malnutrition chronique)

Faible poids-pour-âge INSUFFISANCE PONDÉRALE (malnutrition aigüe ou chronique ou les

deux)

Il existe trois indicateurs anthropométriques principaux pour les enfants âgés de moins de cinq ans : l’émaciation ; le retard de croissance; et l’insuffisance pondérale.

Ces indicateurs sont basés sur les mesures corporelles de la taille et du poids et sont

standardisés pour le sexe et l’âge.

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ÉMACIATION (malnutrition aigüe). Les enfants émaciés sont trop légers pour leur taille

(très maigres). L’émaciation est le résultat d’une récente perte de poids rapide ou d’un

manque de prise de poids. L’émaciation est réversible si les conditions s’améliorent. RETARD DE CROISSANCE (malnutrition chronique). Les enfants souffrant de retard de

croissance sont trop petits de taille pour leur âge. Le retard de croissance se développe sur une

longue période de temps et résulte d’une consommation alimentaire inadéquate et/ou

d’infections répétées. INSUFFISANCE PONDÉRALE (malnutrition aigüe ou chronique ou les deux). Les enfants

souffrant d’une insuffisance pondérale sont trop légers pour leur âge. L’insuffisance

pondérale survient quand l’enfant est émacié, et/ou souffre d’un retard de croissance.

IV- Les facteurs favorisants

1- Alimentation de l’enfant :

- L’absence d’allaitement maternel, le sevrage précoce ou brutal.

- La mauvaise conduite de l’allaitement artificiel, de diversification alimentaire et de

l’alimentation pendant les maladies de l’enfant.

2-Facteurs obstétricaux :

- Faible poids de naissance

- Grossesses nombreuses et peu espacées.

- Pathologie de la grossesse.

3-Infections fréquentes : (En particulier : diarrhée, infections respiratoires aigues, rougeole, coqueluche, tuberculose)

- Vaccinations incomplètes ou non faites.

- Mauvaises conditions d’hygiène.

4-Connaissances erronées en matière d’alimentation :

Mère peu ou pas informée sur les besoins alimentaires de l’enfant.

5-Revenu familial faible :

VII-LES CONSEQUENCES ET LES SEQUELLES DE LA MALNUTR ITION

1-Immédiates :

Si la malnutrition est précoce et grave, elle augmente la mortalité infantile en aggravant les

infections.

2-Lointaines :

- On peut noter un mauvais développement somatique : la taille de l’enfant reste

souvent inferieur à la normale, spécialement dans la malnutrition chronique ;

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- Et un retard du développement psychomoteur et mental : il semble que ces enfants

gardent des séquelles à long terme qui peuvent expliquer certains retards scolaires.

Seule une surveillance systématique et régulière de la croissance de l’enfant permet de

prévenir les conséquences graves de la malnutrition

DEPISTAGE DE LA MALNUTRITION DANS LES STRUCTURES AMBULATOIRES

I-PRINCIPES GENERAUX :

Il sera basé essentiellement sur des indicateurs anthropométriques poids taille (P/T) et poids

âge (P/A) et les signes cliniques de malnutrition dans les cas de marasme et de kwashiorkor.

Le diagnostic de la malnutrition se fera à partir des signes cliniques et des indicateurs

anthropométriques.

On distingue ainsi 4 catégories d’enfants :

1-Les enfants gravement malnutris : Présentant des signes cliniques : marasmes graves et

kwashiorkors. Leur état de santé est critique. Ils doivent recevoir des soins intensifs

particuliers ; le plus souvent en milieu hospitalier. Généralement une maladie sous jacente est

à l’origine de cette décompensation.

2-Les enfants modérément malnutris : Leur état nutritionnel peut être en rapport avec

plusieurs facteurs ; épisodes morbides à répétition (diarrhée, infection respiratoires…) ou

épisodes ponctuels graves (rougeole, pneumonie).

Leur état peut s’améliorer par une prise en charge adéquate en réhabilitation nutritionnelle et

une surveillance intensive.

3-Les enfants à risque :

Ils seront identifiés :

- Soit à l’occasion de l’ouverture de la fiche de surveillance de la croissance après

analyse des données recueillies auprès de la mère.

- Soit lors de la surveillance régulière de la croissance ou du dépistage de la

malnutrition.

Il s’agit :

- D’enfants vivants dans des conditions sociales ou économiques défavorables :

• Parents séparés

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• Plusieurs enfants de moins de 5ans dans la famille

• Orphelins

• Intervalle entre 2 enfants de moins de 2 ans

• Jumeaux

• Enfants qui ont moins de 2 ans et dont la mère est enceinte

• Appartenant à une famille où un enfant de moins de 5 ans est décédé dans le courant

de l’année précédente.

- D’enfants dont la courbe de poids n’est pas satisfaisante :

Courbe stagnante, courbe descendante, cassure de la courbe, courbe à la limite inferieur de

la normale (Cf. Graphiques de la surveillance de la croissance)

- D’enfants se situant dans la zone jaune du diagramme de maigreur.

Ce sont des enfants dont il faut s’occuper en priorité et qui auront tendance à basculer

facilement dans la catégorie des malnutris.

Ils nécessiteront une surveillance plus régulière et une prise en charge basée sur des conseils

personnalisés. Ce qui leur permettra de retourner à la catégorie des enfants bien portants sans

bénéficier de supplémentation.

ENFANTS A RISQUE :

- Enfants dont l’allure de la courbe de poids est inquiétante.

- Enfants se situant dans la zone jaune du diagramme de maigreur.

- Enfants à risque socio-économique.

Seule une surveillance soutenue avec conseils adaptés leur évitera de basculer dans la

malnutrition.

4- Les enfants bien portants : Ils doivent également bénéficier d’une prise en charge qui

consiste à les peser régulièrement et à prodiguer des conseils à la mère dans le domaine de la

nutrition afin de prévenir l’installation de troubles nutritionnels.

II-LES NIVEAUX DE DEPISTAGE

Le dépistage de la malnutrition se fera aussi bien dans les services préventifs que dans les

services curatifs :

- Dans les services préventifs des stratégies fixes (cellules de SMI) et des stratégies

mobiles (itinérance, points de contact et rassemblement par les agents de santé

communautaires).

- Dans les services curatifs : triage, consultation des enfants.

Page 19: Programme national de lutte contre les maladies de carences

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L’évaluation de l’état nutritionnel de l’enfant à l’aide des indicateurs anthropométriques n’a

de sens que si :

- Cet état nutritionnel est analysé,

- Qu’une décision adaptée à l’enfant est prise,

- Qu’un suivi est assuré et,

- Qu’un véritable dialogue avec la mère est institué.

III-INTERROGATOIRE ET EXAMEN CLINIQUE D’UN ENFANT A RISQUE OU DEPISTE MALNUTRI 1-Interrogatoire de la mère sur l’état de santé de l’enfant :

Cette phase est très importante pour permettre une bonne prise en charge de l’enfant.

Il faut rechercher :

- Une diarrhée (selles liquides ou très molles plus de trois fois par jour, des

vomissements)

- Une infection respiratoire (toux, gène respiratoire)

- Un syndrome fébrile tout en sachant que chez l’enfant une température normale

n’exclut pas une infection.

- Une parasitose intestinale

- S’assurer que le calendrier des vaccinations est respecté

-Le nombre d’enfants dans la fratrie, la contraception de la mère, l’espace

intergenesique et les décès d’enfants de moins de 5ans.

2-Enquête diététique :

- Si l’enfant est sous allaitement maternel :

• S’assurer que la mère s’alimente correctement, qu’elle a suffisamment de lait (sein

tendu, sortie de lait à la pression) sinon conseiller : lait, bouillies, dchicha, semoule au

lait…

• Préciser la fréquence des tétées

• Veiller à la prolongation de l’allaitement maternel au-delà de 1 an et assurer un

sevrage progressif.

- Si l’enfant est sous allaitement artificiel, essayer de savoir pourquoi :

• Se renseigner sur la manière de préparer les biberons, les quantités données, la dilution

des biberons et la fréquence de leur prise,

• Se renseigner sur l’hygiène de l’eau et de la préparation des biberons (lavage des

mains, stérilisation des biberons, eau utilisée)

Page 20: Programme national de lutte contre les maladies de carences

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- Si l’enfant reçoit une alimentation diversifiée, préciser la quantité et la qualité

• La quantité du lait qu’il reçoit

• Les autres aliments pris : préciser le régime d’une journée

• Sont-ils préparés spécialement pour lui ou sont-ils prélevés du plat familial

• Est-il servi à part ? Sinon conseiller de le faire

3-Enquête sociale :

A la recherche des facteurs sociaux de risque (taille de la famille, habitat, place de l’enfant

dans la famille, la personne qui s’occupe de l’enfant ?

L’interrogatoire d’une mère d’enfant malnutri doit apporter des informations sur :

- L’état de santé de l’enfant

- Son alimentation

- Ses conditions de vie

4-examen clinique :

- Rechercher les signes d’une pathologie associée à la malnutrition (infection cutanée,

respiratoire, angine, otite, rhinopharyngite…)

- Rechercher des signes de malnutrition (proteino-énergétique)

� Marasme :

• Fonte des masses musculaires

• Os saillants

• Abdomen flasque

• Visage tout ridé (aspect de petit vieux)

LA PRISE EN CHARGE DES TROUBLES NUTRITIONNELS DANS LES

STRUCTURES AMBULATOIRES I-Conduite à tenir devant un enfant à risque :

- Suivi intensif de la croissance avec une pesée tous les 15 jours ou tous les mois

pendant 2 mois.

- Etablir un dialogue véritable avec la mère pour essayer de comprendre les raisons

(nutritionnelles, socio-économiques ou psychoaffectives à l’origine des troubles

nutritionnels)

Page 21: Programme national de lutte contre les maladies de carences

21

- Conseils éducatifs individualisés et adaptés aux causes détectées et aux conditions de

vie de la famille.

- En cas de stagnation ou d’aggravation de l’état nutritionnel, référer à la consultation

médicale et commencer la réhabilitation nutritionnelle.

II-Conduite à tenir devant un enfant malnutri :

1-Dans les stratégies fixes :

Il faut réhabiliter :

- Tous les enfants ayant des signes cliniques de malnutrition

Marasme : grand amaigrissement, avec fonte des masses musculaires.

Kwashiorkor avec œdèmes localisés ou généralisés, troubles des phanères, troubles

cutanés…

- Tous les enfants se situant dans les zones rouges du diagramme de maigreur

- Les enfants à risque quand leur état s’aggrave ou reste stationnaire malgré les conseils

éducatifs et le suivi intensif de deux mois.

2-Dans la stratégie mobile :

Il faut réhabiliter :

- Tous les enfants présentant des signes cliniques de malnutrition (marasme ou

kwashiorkor)

- Tous les enfants dont le rapport P/A se situe en dessous du chemin de la santé

- Tous les enfants dont le périmètre brachial est inferieur à 13,5 cm

- Les enfants à risque quand leur état s’aggrave ou reste stationnaire malgré le suivi

intensif de deux mois et les conseils éducatifs.

Enfants nécessitant une réhabilitation nutritionnelle Dans toutes les stratégies 1-Enfants ayant des signes cliniques de malnutrition

2-Enfants dont la courbe de poids évoque une malnutrition quelque soit le couloir de croissance où ils se trouvent 3-Enfants à risque quand leur état nutritionnel s’aggrave ou reste stationnaire malgré les conseils éducatif et le suivi intensif

Dans les stratégies fixes 4-Enfants se situant dans les zones rouges du diagramme de maigreur Dans les stratégies mobiles 5-Enfants dont le rapport P/A se situe en dessous du chemin de la

santé 6-Enfants dont le périmètre brachial est inferieur à 13 cm

III-conduite de la réhabilitation nutritionnelle

Page 22: Programme national de lutte contre les maladies de carences

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On a pensé pendant très longtemps que le kwashiorkor et le marasme étaient deux 2 types

différents de malnutrition, le marasme en rapport avec une alimentation globalement

insuffisante et le kwashiorkor en rapport avec une insuffisance protéique.

En réalité, on observe le plus souvent des formes mixtes associant une insuffisance

énergétique globale et une carence en protéine ; il s’agit en fait de 2 formes cliniques d’un

même syndrome.

La prévention et le traitement de la malnutrition doivent assurer simultanément une

ration énergétique suffisante et un apport protéique adéquat.

1-Malnutritions graves:

Elles doivent être traitées en milieu hospitalier ; en cas d’impossibilité d’accès à une structure

hospitalière pour une raison ou une autre on peut tenter de réalimenter l’enfant dans la

formation qui le reçoit sous surveillance médicale.

Il faut faire venir l’enfant à la formation sanitaire aussi souvent que possible jusqu’à percevoir

une amélioration.

Principes de base :

- Traitement de toute pathologie associée (diarrhée, infection)

- Réalimentation en utilisant les mélanges, lait, huile, sucre, lait écrémé 3 volumes :

sucre 1 volume, huile 1 volume

- Pour la reconstitution, il faut utiliser 1 volume du mélange + 4 volumes d’eau

- La valeur énergétique du mélange reconstitué est de 100 Kcal/100 ml. Essayer de

réalimenter l’enfant à la cuillère et faire boire à volonté.

- Maintenir l’allaitement maternel si l’enfant est au sein, car le lait maternel est

l’aliment idéal : il apporte des repas fréquents, de faibles volumes et est isotonique au

plasma.

- Bien couvrir l’enfant pour éviter les pertes d’énergie, l’enfant doit être en permanence

au contact de sa mère.

- Donner des repas très fréquents toutes les deux heures et même toutes les heures pour

lutter contre l’hypoglycémie, car les réserves en glycogène hépatique sont

pratiquement nulles.

- Donner des repas de petites quantités.

- Etre patient, car on observe souvent une anorexie qui complique le traitement, mais

qui va disparaitre progressivement.

- Recourir à la sonde naso-gastrique si les conditions de son utilisation sont requises:

matériel disponible et personnel maitrisant la technique.

Page 23: Programme national de lutte contre les maladies de carences

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- Si l’état de l’enfant s’améliore, on peut passer à une alimentation à base de farine riche

en protéines et en énergie et à une à base de lait ou de plats familiaux selon l’âge de

l’enfant.

2-Malnutrition modérée :

Elle sera traitée en fonction de l’âge de l’enfant et des disponibilités alimentaires de la

famille.

Principes de base :

Il faut :

- Traiter toute pathologie associée (diarrhée, infection…)

- Prescrire un régime équilibré, riche en énergie, en protéines et en calcium.

- Donner huit(8) repas en moyenne/jour ; présenter la nourriture à l’enfant à plusieurs

reprises sans jamais le forcer à manger (risque de vomissements). (l’anorexie des

premiers jours sera vaincue progressivement avec la reprise de l’alimentation).

- Augmenter progressivement la ration énergétique et protéique en s’adaptant à l’état

clinique et à l’appétit de l’enfant.

Ce régime peut être couvert par :

- L’allaitement maternel (ou artificiel en cas d’impossibilité d’allaitement au sein)

- Une farine de sevrage riche en protéines (actamine) et enrichie d’huile végétale et de

sucre pour augmenter sa valeur énergétique

- Une farine torréfiée enrichie de pois chiche, d’huile vegetale et de sucre

- Une alimentation diversifiée apportant légumes, fruits, protéines, lipides

Surveillance de l’enfant réhabilité

La durée de réhabilitation peut varier entre 1 à 4 mois en fonction de l’état de santé et de

nutrition de l’enfant. Durant cette période une surveillance intensive est primordiale.

L’organisation du suivi :

Le suivi est une étape importante dans la prise en charge de l’enfant en réhabilitation.

Il consiste essentiellement en une surveillance :

- De l’évolution de la croissance de l’enfant sur la courbe de croissance et sur la fiche de

surveillance du rapport poids/taille

- Des causes déterminantes ou associés à la malnutrition

- Du régime adopté pour la réhabilitation

L’enfant malnutri devra être pesé et surveillé régulièrement et plus fréquemment

jusqu’à ce qu’il quitte les zones de malnutrition

Page 24: Programme national de lutte contre les maladies de carences

24

- Le rythme des pesées de contrôle dépend de la stratégie et de l’éloignement de l’enfant

à la formation sanitaire.

Au niveau des stratégies fixes :

Une pesée hebdomadaire dans les premiers mois, bimensuelle ensuite.

L’infirmier(ère) de SMI, devra bien mettre en évidence les fiches de croissance des enfants en

cours de réhabilitation afin d’identifier les absents et de procéder à des visites à domicile

systématiques.

Au niveau des stratégies mobiles :

L’enfant doit être vu lors de chaque passage ; avant sont départ, l’infirmier itinérant doit

consulter le cahier des malnutris et identifier tous les enfants qu’il doit surveiller avec une

liste de ceux qu’il doit contrôler en priorité ; il doit consacrer beaucoup plus de temps à la

mère pour prodiguer les conseils nutritionnels adéquats et répondre à toutes ses interrogations.

La qualité du dialogue instauré avec la mère conditionne la réussite de la réhabilitation

CAT EN CAS D’ECHEC DE LA REHABILITATION

Il arrive que les enfants ne prennent pas suffisamment de poids, ou bien que le gain de poids

initial ne se maintienne pas. En pareil cas, il faudra vérifier un certains nombre de points.

-Les problèmes d’alimentation :

L’enfant ne reçoit pas suffisamment d’aliments : il faudra revoir le schéma de réhabilitation

nutritionnelle préconisé à la mère, vérifier si cette dernière nourrit son enfant suivant les

conseils qui lui sont données.

Les prises alimentaires sont trop peu nombreuses : augmenter le nombre des repas.

L’enfant refuse les aliments : le manque d’appétit peut se rencontrer chez les enfants dénutris,

on peut surmonter cette difficulté en les alimentant à la petite cuillère à intervalles rapprochés

durant les 2 ou 3 premiers jours de la réalimentation. Augmenter les quantités d’aliments à

donner à l’enfant au fur et à mesure du rétablissement de son appétit. Si par la suite l’enfant

n’éprouve toujours pas le désir de manger, une affection concomitante non diagnostiquée est

probablement présente, ce qui nécessite la référence à la consultation médicale.

Les pathologies associées non diagnostiquées :

Une infection comme la tuberculose, une otite de l’oreille moyenne, une amygdalite ou une

infection urinaire peuvent ne pas être diagnostiquées et empêcher la guérison.

REGIME A HAUTE VALEUR ENERGITIQUE

Page 25: Programme national de lutte contre les maladies de carences

25

Le régime à haute valeur énergétique préconisé par un comité d’experts de l’OMS pour

réalimenter les malnutris a pour but d’apporter des protéines et des calories.

Il se compose de : lait, huile, sucre, farine.

I-Quantités d’ingrédients nécessaires par jour :

- 1litre de lait frais ou 100 g de lait en poudre (20 C à S arasées)

- 45 ml d’huile végétale crue (6 C à S)

- 75 g de sucre (6 C à S arasées)

- 100 g de farine de sevrage ou de farine torréfiée (10 C à S arasées)

II- Préparation :

Avec le lait frais :

- Délayer la farine dans une petite quantité de lait jusqu’à obtention d’un mélange

homogène.

- Verser le reste de lait tout en remuant

- Puis faire cuire le mélange pendant 10 à 15 mn

- Ajouter l’huile et le sucre et bien mélanger la préparation

Avec le lait de poudre :

- Mélanger le lait en poudre, l’huile et le sucre malaxer jusqu’à obtention d’une pate

homogène

- Délayer la farine dans un demi-litre d’eau en procédant comme pour la préparation

avec le lait frais

- La faire cuire pendant 5 à 10 mn

- Verser la bouillie de cette farine sur la pate préparée à base de lait en poudre, de sucre

et d’huile, en mélangeant énergétiquement.

- Verser dans une bouteille d’un litre et compléter avec de l’eau bouillie jusqu’à

obtention d’un litre bien mélanger.

III-Quantité à donner :

- Un verre à thé standard/Kg de poids/jour

- Exemple : un enfant de 6,500 kg recevra 7 verres du mélange/jour

IV-Conservation :

Il est nécessaire de conserver cette préparation au réfrigérateur pendant une durée maximale

de 24h, car elle s’altère rapidement. Si la famille n’en possède pas, préparer le régime toutes

les 6 à 12 h, en fractionnant les quantités d’ingrédients.

V-Indications :

Page 26: Programme national de lutte contre les maladies de carences

26

Ce régime est surtout préconisé chez les enfants malnutris présentant une anorexie sévère dont

l’état clinique est préoccupant et chez les enfants qui ne répondent pas bien à la réhabilitation

à base de farine (actamine 5) et d’alimentation diversifiée enrichie.

LE RACHITISME CARENTIEL

PROPHYLAXIE

La prévention du rachitisme consiste en :

- L’administration systématique de sterogyl 15

- L’éducation nutritionnelle.

Les activités peuvent se faire seules ou combinées à d’autres activités (par exemple :

vaccination, pesée…). Elles se font au niveau de toutes les stratégies de l’infrastructure

ambulatoires.

I-L’administration de la vitamine D2 :

L’administration de la vit D2 se fait systématiquement à raison de deux ampoules :

- La première prise est donnée à la naissance ou pendant les jours qui suivent, en même

temps que la vaccination par le BCG.

- La deuxième prise est donnée 6 mois après.

1-Au niveau des stratégies fixes :

La prévention du rachitisme se fait au niveau des dispensaires, des centres de santé (urbains et

ruraux).

Les enfants vus tardivement recevront également une ampoule de vit D2 répétée à 6 mois

d’intervalle.

Il est inutile et dangereux de dépasser les doses préconisées. Pour cela l’infirmier (ère) doit :

- Vérifier auparavant sur le carnet de soins si l’enfant n’a pas déjà reçu de vit D2.

- Toujours noter la prise de vit D2 sur la fiche de croissance et sur la carte de

vaccination.

2-Au niveau des stratégies mobiles :

Quelque soit la modalité de couverture sanitaire (visite à domicile, point de contact, équipe

mobile,…), l’infirmier doit :

Rechercher les jeunes enfants qui ne se sont pas présentés en SMI

Profiter des séances de vaccination lors des rassemblements et assurer la prophylaxie par la

vitamine D

Page 27: Programme national de lutte contre les maladies de carences

27

Après avoir vérifié les documents (carnet de santé) et interrogé la mère sur une éventuelle

prise de vit D2 par l’enfant, l’infirmier (ère) donnera une ampoule de vit D2 :

- Aux enfants n’ayant jamais reçu la première prise

- Aux enfants n’ayant pas encore reçu la deuxième prise

II- L’éducation nutritionnelle :

Elle est la même au niveau de toutes les stratégies

Pour prévenir le rachitisme, conseiller à la mère :

D’assurer une alimentation suffisamment riche en calcium, en phosphore et en vitamine D

Exemple : viande, œufs, foie, poissons, lait et dérivés ;

D’exposer les jeunes enfants à la lumière directe du soleil sans interposition de vitres et de

vêtements inutiles ;

De développer les jeux en plein air : cependant éviter les expositions trop brutales en été

SURVEILLANCE DE LA CROISSANCE DANS LES STRUCTURES AMBULATOIRES

La surveillance régulière de la croissance s’adresse particulièrement aux enfants de 0 à 2 ans.

C’est la période privilégiée pour l’installation des troubles nutritionnels, elle correspond à une

période riche en événements chez le nourrisson :

Sevrage, diversification alimentaire, épisodes morbides fréquents (diarrhée, infections …)

CALENDRIER MINIMUM PROPOSE

Pour la première année :

1 pesée à la naissance

1 pesée lors de chaque vaccination ; cad à 1mois ½, 2 mois ½, 3 mois1/2, …

1 pesée à 6 mois (l’intervalle entre trois mois et neuf mois correspond au sevrage pour

certains enfants ou à l’introduction de l’alimentation diversifiée. C’est donc une période à

risque.

Pour la deuxième année :

1pesée tous les trois(03) mois ; cad à l’age de 12mois, 15 mois, 18 mois, 21 mois et 24 mois

Page 28: Programme national de lutte contre les maladies de carences

28

Seule la surveillance régulière du poids permet de suivre l’état nutritionnel de l’enfant

Contenu de la pesée :

- Il faut veiller à bien recevoir la mère et la mettre en confiance. L’accueil de la mère

devra être aussi chaleureux que possible en évitant des attentes trop longues.

- L’interroger sur son enfant :

• Interrogation sur toute pathologie ancienne, récente

• Interrogatoire sur l’alimentation de l’enfant ;

- Tarer la balance

- Peser l’enfant, le déshabiller (on peut garder à la rigueur un linge léger)

- Noter le poids et l’analyser sur la courbe

- Informer la mère de l’état nutritionnel de son enfant et adapter la conduite appropriée à

chaque enfant

- Encouragement de la mère si l’enfant ne présente pas de problèmes

- Prise en charge des troubles nutritionnels selon les stratégies

- Référence médicale si nécessaire

- Donner des conseils nutritionnels adaptés (allaitement maternel, hygiène, vaccination,

prévention de la DHA, alimentation diversifiée…

Surveillance de la croissance en stratégie fixe

Première

année

6 pesées

Naissance 1mois ½ 2 mois

½,

3 mois

½,

6 mois 9 mois

Deuxième

année

5 pesées

12 mois 15 mois 18 mois 21 mois 24 mois

Peser également l’enfant à la consultation et lors des hospitalisations

Supports : fiche de surveillance de la croissance en SMI

Carte de vaccination à tous les niveaux

Page 29: Programme national de lutte contre les maladies de carences

29

Une séance de pesée doit comprendre :

- L’interrogatoire de la mère (sur la sante et l’alimentation de l’enfant)

- La pesée

- Le report du poids sur la FSC, CVC

- L’analyse du poids

- L’information de la mère sur l’état nutritionnel de son enfant

- La conduite adaptée à chaque enfant

Analyse du poids et intérêt d’établir une courbe de poids

Une fois l’enfant pesé et le poids reporté sur la FSC et sur la CVC, l’étape suivante est

capitale : elle consiste à analyser le poids et à juger l’état nutritionnel de l’enfant.

Tout enfant dont le poids se situe dans le premier couloir et au dessus présente un état

nutritionnel satisfaisant ; il faut en informer la mère, lui montrer la situation de l’enfant sur la

FSC et lui donner des conseils nutritionnels adaptés à son enfant.

Devant un enfant bien portant, rester vigilant et veiller à ce qu’il garde son bon état

nutritionnel

Les enfants dont le poids se situe dans le deuxième couloir ou au dessous présentent des

troubles nutritionnels dont l’analyse et la prise en charge dépendra des stratégies (dépistage de

la malnutrition)

Une seule pesée est en soi insuffisante pour interpréter correctement l’état nutritionnel

de l’enfant

Intérêt de la surveillance de la croissance

Elle permet :

1) De s’assurer du bon développement de l’enfant

2) De dépister les problèmes nutritionnels dés le début de leur installation, phase où les

possibilités de récupération sont très importantes.

Le diagnostic précoce de la malnutrition augmente considérablement les chances de

récupération de l’enfant.

Page 30: Programme national de lutte contre les maladies de carences

30

3) De permettre le diagnostic des épisodes morbides (infection, diarrhée…) qui

s’accompagnent le plus souvent d’une cassure de la courbe de poids.

4) D’identifier les enfants à risque nécessitant une surveillance particulière :

Le risque est déterminé :

- A partir de l’interrogatoire de la mère sur la santé de son enfant

- Des données socio-économiques et sanitaires de la famille

- De l’allure de la courbe de poids

La surveillance régulière de la croissance est le seul moyen de dépister précocement les

troubles nutritionnels

5) C’est à cette occasion que l’on sensibilisera la mère aux problèmes de santé et de

croissance de l’enfant et qu’on développera des messages adaptés à chaque enfant

Dans les stratégies fixes, qu’elles soient urbaines ou rurales, la surveillance de la croissance se

fera selon le calendrier proposé.

Dans les stratégies mobiles, la surveillance de la croissance pose des problèmes pratiques en

rapport avec l’infrastructure, les moyens humains et matériels dont on dispose.

- Le rythme de passage de l’infirmier itinérant est très variable selon les provinces

- La fréquence des points de contact et des rassemblements varie également selon les

provinces

Surveillance de la croissance en stratégie mobile

Première année Peser l’enfant lors de la vaccination

Deuxième année Peser l’enfant à tout contact avec l’équipe de

soins (rassemblement, point de contact,

itinérance, consultations…)

Support : carte de vaccination croissance

Page 31: Programme national de lutte contre les maladies de carences

31

UTILISATION DU DIAGRAMME DE MAIGREUR

Définition et description du diagramme de maigreur

C’est un panneau constitué de :

- Une série de colonnes verticales allant de 5 à 25 kg

Le poids est augmenté de 500g d’une colonne à l’autre

- Un axe vertical gradué de 0 à 140 cm

- 4 couloirs de couleurs différentes correspondant chacun à un état nutritionnel de

l’enfant

Couloir vert : enfant normal dont le rapport poids/taille est compris entre 90 et 110%

Couloir jaune : enfant maigre dont le rapport poids/taille est compris entre 80 et 90%

nécessitant un contrôle régulier

Couloir rouge clair : enfant très maigre dont le rapport poids/taille est compris entre 70 et

80% nécessitant une réhabilitation rapide

Couloir rouge foncé : enfant extrêmement maigre dont le rapport poids/taille est compris

entre 60 et 70% et pour lequel il faut agir en extrême urgence

L’utilisation du diagramme de maigreur doit se faire en complément de la courbe de

croissance

Principe

Le diagramme de maigreur permet d’apprécier l’état nutritionnel de l’enfant selon le

rapport poids/taille

La lecture de ce rapport se fait directement selon la couleur où se trouve le sommet du crane

de l’enfant.

Il pose moins de problèmes d’interprétations auprès du personnel de santé. La connaissance

de l’âge n’est pas utile.

Il peut être utilisé comme support pour informer les mères de l’état nutritionnel de leur enfant,

elles en comprennent facilement la signification.

Utilisation : analyse du rapport P/T

Page 32: Programme national de lutte contre les maladies de carences

32

Emplacement du diagramme de maigreur : le diagramme de maigreur doit être fixé au mur

bien plat, le bas du diagramme qui touche le sol.

I-Enfant ayant acquis la station debout

-peser l’enfant et noter sur la fiche de surveillance de la croissance et sur la carte vaccination-

croissance

-repérer du doigt la colonne (verticale) correspondant à son poids sur le diagramme de

maigreur

-placer l’enfant pieds nus contre le graphique en lui demandant de se mettre debout devant la

colonne correspondant à son poids

- s’assurer que les épaules de l’enfant, son dos et ses talons soient contre le mur

-les plantes des pieds doivent reposer sur le sol et le milieu de la tète doit se trouver au niveau

de la colonne correspondant à son poids

-mettre la paume de votre main sur la tète de l’enfant et toucher le diagramme avec votre

doigt. Votre doigt va se situer selon l’état nutritionnel de l’enfant dans l’une des quatre zones

du graphique.

1-Si la tête de l’enfant se situe dans la zone verte :

L’enfant est bien nourri :

Encourager la mère qui devrait être informée de la situation nutritionnelle de son enfant

2-Si la tête de l’enfant se trouve dans la zone jaune :

Son état nutritionnel est intermédiaire, c’est un enfant à risque ; il faut interroger la mère sur :

- La santé de l’enfant (à la recherche de diarrhée, parasitose, infection quelconque à son

début…)

- Le régime alimentaire de l’enfant, son appétit et faire suivre l’enfant régulièrement en

expliquant à la mère le régime alimentaire adapté à l’âge de l’enfant et aux ressources

familiales référer l’enfant à la consultation médicale si vous soupçonnez une infection

débutante.

3- Si la tête de l’enfant se trouve dans la zone rouge clair:

L’enfant présente une malnutrition

- Informer de son état nutritionnel

- Procéder à l’interrogatoire comme pour l’enfant à risque, référer si nécessaire l’enfant

à la consultation médicale et le prendre en charge en réhabilitation nutritionnelle en le

suivant régulièrement

4- Si la tête de l’enfant se trouve dans la zone rouge foncé:

Page 33: Programme national de lutte contre les maladies de carences

33

L’enfant présente une malnutrition grave, le référer d’urgence à la consultation médicale et

assurer son suivi après récupération. (Prise en charge de la malnutrition)

II- Enfant n’ayant pas acquis la station debout

- Peser l’enfant et reporter son poids sur la FSC et sur la CVC

- Mesurer sa taille seulement si son poids se situe en dessous du couloir du chemin

de la santé

- Repérer le rapport poids/taille sur le diagramme de maigreur adapté à cet effet

- Le rapport poids/taille de l’enfant va se situer dans l’une des 4 zones du diagramme de

maigreur

La conduite à tenir est la même que pour le diagramme de maigreur mural

Quelque soit l’état nutritionnel de l’enfant, noter son poids sur la fiche de croissance et

la carte de vaccination-croissance

Exemple : enfant mesurant 59 cm et pesant 4,300 kg. Repérer la ligne 59 cm sur la colonne de la taille et placer le poids dans la colonne correspondante. Ici le poids se situe entre 4,280 kg et 4,815 kg, il s’agit d’un enfant à risque qui doit bénéficier d’une surveillance intensive et des conseils adaptés à son âge, son état nutritionnel et ses conditions de vie. En résumé :

La malnutrition comprend toutes déviations d’une nutrition adéquate, y compris la sous-alimentation (et la sur-alimentation) résultant d’une alimentation inadéquate (ou excessive).

La malnutrition a d’importantes conséquences sur le plan humain et économique pour les individus, les ménages, les communautés et les nations. La malnutrition et la sous-alimentation sont souvent utilisées comme synonymes. Cependant, une distinction importante devrait toujours être faite.

De nos jours et à travers le monde, la coexistence de la sous-alimentation, des carences en micronutriments, de l’excès de poids/l’obésité, présente un grand défi pour les décideurs des politiques nationales. Ce phénomène est décrit comme le « double fardeau » de la malnutrition.

Même si la pauvreté est la cause principale de la sous-alimentation, la malnutrition a plusieurs causes qui sont inter-reliées. Les causes directes de la malnutrition peuvent être regroupées sous les catégories générales de : alimentation, santé, et soins.

Page 34: Programme national de lutte contre les maladies de carences

34

ANNEXES L'allaitement maternel

Le lait de femme est l'aliment idéal pour le nourrisson car il est adapté à sa physiologie

(immaturité de certaines fonctions digestives, métabolique et immunitaire notamment) et il

apporte en quantité et en qualité tous les éléments indispensables au développement du

nourrisson.

I. Composition:

Sa composition varie en fonction des besoins de l'enfant et s'adapte au fur et à mesure de sa

croissance

À la naissance la glande mammaire sécrète le colostrum, liquide d'aspect orangé, riche en

protéines, en vitamines et en immunoglobulines.

À partir du deuxième jour, la glande sécrète un lait de transition, d'aspect plus clair, contenant

moins de protéines et d'immunoglobulines et dont la teneur en graisse et en sucre est

augmentée.

Le lait définitif est sécrété après environ trente jours.

Sa composition varie en fonction de la journée et durant la tétée: Il s'enrichit en graisse

pendant la nuit.

Principaux composants

Les sucres :

Page 35: Programme national de lutte contre les maladies de carences

35

• le lactose qui se transforme en glucose et galactose, sert à la synthèse des cellules cérébrales

et nerveuses.

• le gynolactose : joue un rôle dans la protection de l'intestin contre les infections grâce à la

sécrétion de lactobacille bifidus lors de la digestion.

Ces deux sucres favorisent également l'absorption du calcium nécessaire au processus

d'ossification.

Les protéines :

elles sont équilibrées en acides aminés indispensables à la synthèse des différents tissus. Les

quantités en apport protéique sont adaptées et n'entraînent pas de risque de surcharge. Le

travail du rein et du foie est limité lors de l'élimination des déchets azotés.

La teneur en caséine est faible, il est plus digeste et ne contient pas de protéines allergisantes.

Le lait contient des graisses riches en acide gras essentiels :

-Acide linoléique

-Acide arachidonique

Il contient des sels minéraux et des vitamines nécessaires au bon développement staturo-

pondéral.

II. Déroulement de l'allaitement.

L'allaitement maternel doit être préparé et désiré. Sa réussite dépend de la qualité de

l'information que la mère a reçu et de sa volonté de nourrir son enfant au sein

1. Phase d'installation du processus de lactation.

Le processus de lactation commence pendant la grossesse et est liée aux sécrétions

d'oestrogènes et de progestérone.

Au moment de l'accouchement, la chute de l'imprégnation hormonale par les hormones de

grossesse et la pénétration de la prolactine par le lobe antérieur de l'hypophyse joue un rôle

dans la production du lait.

L'ocytocine par le lobe postérieur de l'hypophyse est indispensable à l'éjection du lait. Pendant

la tétée, les récepteurs sur le mamelon sont stimulés mécaniquement, ce qui permet :

• La stimulation d'hormones de libération de la prolactine (PRH), celle-ci active l'hypophyse

qui sécrétera la prolactine.

• La libération d'ocytocine permet la contraction des cellules épithéliales qui entourent les

canaux galactophores.

1. Première phase la mammogenèse :Pendant l'accouchement, les cellules se multiplient sous

l'influence hormonale de la prolactine.

Page 36: Programme national de lutte contre les maladies de carences

36

2. Deuxième phase, la lactogenèse: Synthèse du lait à partir des cellules différenciées qui

deviennent sécrétoires, grâce à la chute du taux de progestérone au moment de

l'accouchement ainsi qu'à l'action de la prolactine.

3. Troisième phase, la montée laiteuse: C'est la sécrétion permanente des composants du lait

avec le rassemblement dans les canaux galactophores puis éjection grâce à l'action de

l'ocytocine libérée par la stimulation mécanique des récepteurs du mamelon.

4. Quatrième phase, la galactopoïèse: C'est l'entretien de la lactation liée à la répétition des

tétées.

La glande mammaire s'involue lors du sevrage, par le processus inverse.

2. Mise au sein

Elle doit être précoce :

• pour exercer le réflexe de succion qui est au maximum après la naissance puis disparaît

après la sixième heure de vie et réapparaît vers le deuxième ou troisième jour

• pour bénéficier du colostrum

• pour éviter l'hypoglycémie

• pour favoriser le décollement du placenta et l'involution de l'utérus par libération hormonale

• pour favoriser la montée laiteuse (entretien de la lactation par la galactopoïèse sus citée)

• pour favoriser l'établissement d'une relation mère/enfant

La position de la mère et de l'enfant doit être confortable et sécurisante:

• Veiller à ne pas comprimer la glande mammaire

• soulager le dos de la mère et ne pas étouffer l'enfant

• Le bébé doit prendre en bouche toute l'aréole.

• Le rythme des tétées doit être adapté aux besoins de l'enfant et à son rythme, en évitant des

intervalles trop rapprochés ou que la tétée ne se prolonge pas trop longtemps.

3. Continuité de l'allaitement.

Elle est liée à l'apparition de la montée laiteuse qui apparaît alors que la mère est déjà sortie

de la maternité.

La quantité de lait est liée au volume d'eau que boit la mère.

La reprise du travail entraîne souvent une diminution de la lactation par absence de

stimulation et par la fatigue.

Le sevrage s'effectue en réintroduisant progressivement des biberons.

III. Hygiène de vie pendant l'allaitement.

Toilette quotidienne

pas de produits odorants

Page 37: Programme national de lutte contre les maladies de carences

37

Après chaque tétée, toilette et séchage sans frotter

soutien-gorge même la nuit avec des protections

protéger les seins du froid

alimentation équilibrée en liquide et en vitamines, en quantité et en qualité

Eviter les aliments qui peuvent gêner le bébé : (ex. choux, épices, ail...)

IV. Avantages et inconvénients

Pour l'enfant:

• Avantages :

• Protection contre les infections

• Facilité de la digestion

• Relation psychoaffective

• Inconvénients :

• Plus fatigant pour l'effort de succion

• Contre-indications : cardiopathie, fente palatine, HIV, toxicomanie

Du point de vue de la mère

• Avantages :

• Pas de biberon à préparer

• Le lait est toujours prêt et chaud

• Etablissement d'une relation privilégiée avec le bébé

• Inconvénients :

• La disponibilité

• éloignement possible du père

• difficultés liées aux engorgements, aux crevasses, aux quantités de lait insuffisantes

• relation avec les autres enfants

• à la reprise du travail

• Au manque de motivation de la mère.