46
L’ÉQUILIBRE… vers une identité de bonheur ! (Introduction à la Théorie du choix de William Glasser) Jacques Noël cyberauteur.com https://goo.gl/yq9PTp /cyberauteur En guise de mémoire En écho des victoires Pas à pas, résolument Papa dans l’instant

L'Équilibre... vers une identité de bonheur !

Embed Size (px)

Citation preview

L’ÉQUILIBRE… vers une identité de bonheur !

(Introduction à la Théorie du choix de William Glasser)

Jacques Noël

cyberauteur.com

https://goo.gl/yq9PTp

/cyberauteur

En guise de mémoire En écho des victoires

Pas à pas, résolument Papa dans l’instant

2

Jacques Noël se sert de son expertise professionnelle pour schématiser l’approche de la Théorie du choix de William Glasser dans un apprentissage le plus complet et concis possible. Tout en étant fidèle au modèle de Glasser, il va teinter les concepts originaux de la Théorie du choix par des anecdotes tirées de son vécu. Il met un pédablogue à la disposition des parents pour poursuivre leur apprentissage d’une manière autonome. Plus tard, je proposerai un autre espace public pour Vivre ensemble comme couple, un autre pour Contrôler ou

influencer comme leader et, finalement, un autre pour la Pédagogie responsable selon la Théorie du choix. »

www.cyberauteur.com/blogue

Crédit photo funambule : Henri Hadida

http://mes-sculptures-et-modelages.blogspot.ca/2008/05/funambule.html

Enseignant, animateur scolaire (AVSEC), conférencier, coach de vie avec l’approche de la Théorie du choix de William Glasser, père de trois enfants, maintenant papi…

3

AVANT-PROPOS Homéostasie et résilience

« Le physiologiste américain Walter B. Cannon proposa le mot homéostasie pour désigner la tendance de l’organisme à rétablir l’équilibre du milieu intérieur lorsque ce dernier a été rompu. » 1 « En physique, la résilience traduit l'aptitude du corps à résister aux chocs et à reprendre sa structure initiale. En psychologie, on a repris ce terme pour désigner la capacité d'un individu à surmonter les moments douloureux de l'existence et à se développer en dépit de l'adversité. Autrement dit, la résilience consiste à vivre un traumatisme (deuil, abandon, inceste, violence, maladie, guerre, etc.) et à apprendre à "vivre avec" et à rebondir en changeant sa perception de la situation, voire même à se délivrer d'un passé empoisonnant pour en sortir grandi. » 2

otre corps cherche constamment son équilibre. Il est toujours en mouvement. Nos organes fonctionnent constamment pour maintenir notre corps – l’ensemble des cellules et par conséquent

des tissus, des organes et des systèmes de l’organisme – en équilibre malgré les variations extérieures, les assauts de notre environnement. Pour sa part, le psychiatre William Glasser nous démontre que nous nous comportons (penser, agir, sentir et ressentir) constamment pour rétablir l’équilibre entre ce que nous désirons et ce que nous percevons de la réalité, pour se sentir en contrôle de sa vie, en équilibre. Notre corps est confronté à surmonter des défis pour se maintenir en vie. De même, nous devons surmonter des échecs amoureux, des deuils, la perte d’un emploi, la maladie, des difficultés de toutes sortes pour être heureux. Ce livre parle du bonheur. Non pas comme un livre de recettes, mais une démonstration de notre mécanique interne du ressenti du bonheur. Il s’agit de comprendre la provenance des signaux de bien-être ou de détresse pour se connaître soi-même. Ainsi, pouvoir mieux identifier sa part de responsabilité dans sa propre quête du bonheur.

N

4

PREMIÈRE PARTIE Théorie du choix

DEUXIÈME PARTIE Thérapie de la réalité

TROISIÈME PARTIE Lectures complémentaires

PREMIÈRE PARTIE Théorie du choix

INTRODUCTION

ai vraiment le goût de partager mon expérience de l’application de la Théorie du choix dans ma vie. La Théorie du choix constitue le fondement de tous les programmes offerts par The William

Glasser Institute3 et l’Association Québécoise de la Thérapie de la réalité4. J’ai suivi une introduction à cette approche voilà une quinzaine d’années comme auditeur libre à un cours universitaire et j’ai obtenu – février 2010 – une attestation de la Formation de base en Théorie du choix offerte par un autre organisme formateur Réalité Thérapie Pro-Action5. Mon premier contact avec l’approche du Dr William Glasser fut une révélation pour moi. Je vous confie que ma motivation première provenait des difficultés que je vivais dans mon rôle de père. Moi, enseignant ayant du succès auprès des élèves de 12 à 17 ans, je vivais un cul-de-sac inquiétant avec mes propres adolescents. Je crois qu’ils vivaient des problématiques communes à bien des adolescents. Cependant, j’avais de la difficulté à concilier mes rôles de père, de conjoint de vie, d’enseignant avec le fait de rester simplement en harmonie avec moi-même face à mes trois enfants qui grandissaient. Je ressentais de l’impuissance à m’adapter à leur quête d’autonomie. Vous connaissez sûrement l’adage du cordonnier mal chaussé? Eh bien, je m’y reconnaissais très bien. Soyez rassurés, pour poursuivre l’analogie, je me suis fabriqué des souliers à ma mesure et adaptés au chemin que je fréquente maintenant…

Encore dernièrement, devant un malaise grandissant face à mon orientation professionnelle, j’ai révisé la Théorie du choix pour comprendre mon cheminement et poser des gestes responsables pour répondre à mes besoins fondamentaux en adoptant des comportements respectueux de soi et des autres. Au sortir de cette période de déséquilibre, je suis encore émerveillé de l’efficacité de cette approche qui m’a encore guidé dans mon processus de décision comme un phare dans ma tourmente psychique. Voilà, je veux me servir de mon expertise professionnelle pour schématiser l’approche de la Théorie du choix dans un apprentissage le plus complet et concis possible. Je précise que, tout en étant fidèle au modèle de Glasser, je vais élaborer un visuel personnel de son diagramme du fonctionnement du cerveau comme système de contrôle de notre équilibre de vie. Aussi, je vais teinter ses concepts originaux par des anecdotes tirées de mon vécu. Cette démarche étant tout à fait cohérente avec l’approche du Dr Glasser invitant l’intervenant, le parent, l’enseignant ou l’employeur à créer un lien d’appartenance avec le client, l’enfant, l’élève ou l’employé en manifestant une ouverture vers son propre vécu pour témoigner de ses défis personnels sur le chemin de l’équilibre de vie. Ce mouvement de l’être se dissocie radicalement de la thérapie psychanalytique traditionnelle. Vous êtes les seuls responsables et capables d’établir un plan d’action répondant à vos désirs personnels. Ce qui vous mènera au cœur du processus dynamique de changement de vos comportements pour vous orienter résolument vers une identité de bonheur.

J’

5

CHAPITRE 1

our s’apprivoiser un peu avant de se lancer dans l’approche du Dr Glasser, j’ai glané quelques notions de psychologies bien connues qui pourront nous servir de pont. En fait, je souhaite vous

faire vivre un peu ce moment où la Théorie du choix m’est apparue tellement familière parce qu’elle servait de ciment à toutes sortes d’expériences et de connaissances acquises. Défi ou problème Par exemple, vous êtes sûrement familiers avec l’importance de percevoir un défi à surmonter au lieu de percevoir un problème à résoudre! La perception d’avoir un défi au lieu d’un problème apporte un point de vue équilibré face aux difficultés de la vie humaine. Le défi reconnait honnêtement l'obstacle et il fait écho à nos ressources disponibles pour se retrousser les manches et faire face à la situation. Par contre, la perception d’avoir un problème nous renvoie au rôle de victime. Puis, indirectement, notre énergie de résilience est détournée vers la recherche d’un coupable. Ce mécanisme de protection est en fait une fuite devant la responsabilisation du défi qui s’offre à nous. Parler en « Je » au lieu de parler en « Tu » Cette règle d’or de la communication dans la résolution des conflits fait le partage entre ce qui m’appartient et ce qui appartient à l’autre. Comme elle révèle mon opinion et mes sentiments sans attaquer personne, l’autre ne peut nier ce que je ressens. Ainsi, il est plus disponible pour parler de l’événement en cause. Lorsque les deux personnes se donnent ce cadre de communication, l’humilité et le souci d’un compromis acceptable pour les deux partis se pointent invariablement à l’horizon. Au pire, si la mésentente perdure, si chacun reste sur ses positions, sans compromis, il y a plus de chance que chacun comprenne les raisons et les sentiments portés par l’autre dans ce conflit. Ainsi, chacun aura plus de possibilité de se responsabiliser dans ses comportements. Nommer ses désirs au lieu de nommer ses frustrations Cette autre règle d’or de la communication dans la résolution des conflits est en écho direct avec la précédente. En effet, lorsque je nomme mes désirs, je suis enclin à parler en « Je », alors que de nommer mes frustrations me déresponsabilise en me dirigeant invariablement dans un mécanisme de confrontation avec l’autre en orientant ma communication en « Tu ». De plus, par l’expérience, vous remarquerez que le « Je » suscite une communication plus paisible que le « Tu ». Par exemple : « J’aimerais que ta chambre soit rangée » au lieu de « Tu laisses toujours tout traîner »; « J’aimerais passer la soirée avec toi » au lieu de « Tu vas toujours chez ta mère après le souper »; « J’aimerais que nous planifions nos vacances » au lieu de « Tu es toujours à la dernière minute »; etc. Conséquence ou punition La conséquence responsabilise l'enfant. La conséquence annoncée de fermer le téléviseur si l’enfant ne baisse pas le son responsabilise l’enfant dans la gestion de son loisir. Le priver du téléviseur est une conséquence de son choix de ne pas baisser le son. Interdire à l’enfant d’aller jouer dehors n’est pas en lien – en conséquence – avec le fait de ne pas respecter la consigne de l’écoute du téléviseur. Ici, on parle d’une punition sans but formateur. Aussi, il y a le risque de punir pour le « bien » du parent ! « Va dans ta chambre, je veux avoir la paix !» Je vous partage un exemple personnel qui précise ce glissement de la punition. Ma fille joue au Lego avec mon neveu dans une autre pièce. Elle arrive en pleurant en disant que son cousin lui a lancé une pièce de Lego. Elle me montre le coin de son œil tout rouge. Je comprends que le morceau de Lego a été lancé avec force pour laisser cette blessure. À ce moment, je n’étais pas vraiment disponible pour intervenir dans ce conflit. En plus des occupations quotidiennes, je vivais un stress lié à mon emploi. Bref, je me lève d’un bond, j’ouvre la porte, je saisi un morceau de

P

6

Lego et le lance agressivement vers mon neveu. « Voilà, c’est ça recevoir un morceau de Lego. Sors de la pièce. C’est terminé ». Puis, je quitte tout stressé pour poursuivre mes occupations. Après quelques instants, comme j’étais à mes débuts de compréhension de la Théorie du choix, je me revoyais dans cette situation et je n’étais pas fier de moi. Ici, mon neveu a été puni pour son geste. On ne parle pas de conséquence éducative. De plus, c’était une punition qui avait soulagé l’adulte et non éduqué l’enfant. Finalement, cette situation m’a appris une autre chose… Mon neveu, à qui j’avais aussi partagé quelques notions de la Théorie du choix, est revenu me voir et m’a demandé s’il était en punition ou en conséquence… À ce moment, j’ai compris que les notions de la Théorie du choix sont facilement assimilables pour les enfants s’ils baignent dans une culture familiale de la responsabilisation de ses choix. Comprenons que j’aurai pu avoir annoncé le retrait dans la chambre ou avoir annoncé que le jeu de Lego est terminé si la situation s’envenime. Ce qui semble une punition dans le sens traditionnel du terme. La différence est de redonner la responsabilité du geste fautif à l’enfant en lui proposant une possibilité de réparation pour qu’il se responsabilise la prochaine fois dans ses activités de loisir. L’enfant acceptera ce retour sur l’événement pour lui permettre d’envisager un plan de réparation, de réconciliation et de meilleurs conditions pour la suite du jeu en harmonie. Plus loin, nous verrons comment ce processus est facile à intégrer et adaptable à chaque âge de l’enfance à l’adolescence. Comme les situations varient à l’infini, il ne s’agit pas de vous donner mes propres recettes. Plutôt, j’aime mieux vous convier à un apprentissage des fondements de la Théorie du choix pour que vous puissiez accompagner votre enfant sur le chemin de la responsabilisation progressive de sa vie selon vos valeurs. Plus loin, nous verrons que cette approche s’adapte au milieu scolaire avec des élèves, en thérapie avec des clients ou en entreprise dans le cadre de la gestion du personnel. Puis, peut-être arriverez-vous à ma conclusion que nous sommes les premiers bénéficiaires dans notre propre démarche de responsabilisation de notre bonheur ? La Théorie du choix m’a confirmé tellement de notions en psychologie et d’intuitions émanant de ma profession ou de mon rôle de parent. Bref, l’approche de William Glasser ne me semblait pas surgir de nulle part. Au contraire, elle devenait le catalyseur pour me permettre une lecture cohérente de mon expérience de vie. Surtout, elle confirmait ma croyance fondamentale que le bonheur réside dans la prise en charge de sa propre vie avec ses forces et ses limites, dans la responsabilisation de ses choix pour répondre à un mécanisme interne de survie biologique, de bonheur et de sens à la vie humaine dans le respect des autres.

7

CHAPITRE 2

DIAGRAMME DU FONCTIONNEMENT DU CERVEAU

La Théorie du choix constitue le fondement de tous les programmes offerts par The William Glasser Institute. La croyance fondamentale de l’approche veut que l’individu n’ait d’autres choix que de se comporter tout au long de sa vie. Ainsi, nous choisissons la plupart de nos comportements, lesquels sont motivés génétiquement par 5 besoins de base: la survie, l’appartenance, le pouvoir, la liberté et le plaisir. Dans les faits, le plus important besoin serait l’appartenance, car il suppose l’interdépendance entre chaque individu pour satisfaire tous nos autres besoins.

FONDEMENT DE LA MOTIVATION L’image6 qui me semble bien représenter notre motivation est celle de ce jeu de pousse-pousse. Ce jeu ne se met en mouvement que par l’existence d’une case vide. Le besoin non comblé amorce le mouvement des autres pièces pour trouver l’agencement souhaité des autres carrés. Ainsi, tous nos comportements sont le fruit de notre motivation interne. Même un faux mouvement, par essai, en déplaçant les autres carrés est un comportement parfois douloureux qui vise à atteindre l’agencement idéal des carrés que nous recherchons, l’image idéale de ce que nous

voulons. En fait, nous nous comportons pour atteindre une image choyée de notre album personnel d'images idéales. LES QUATRE COMPOSANTES DU DIAGRAMME DE GLASSER La Théorie du choix de William Glasser élabore un diagramme du fonctionnement du cerveau7 comme système de contrôle de notre équilibre de vie. On identifie quatre segments principaux : 1. notre comportement global ; 2. notre monde idéal (de qualité); 3. notre monde perçu ; 4. notre station de comparaison entre notre monde idéal et notre monde perçu. Situons ces quatre segments principaux. 1. NOTRE COMPORTEMENT GLOBAL

DIAGRAMME DU FONCTIONNEMENT DU CERVEAU

1. Comportement global 2. Monde idéal 3. Monde perçu 4. Station de comparaison

8

Le diagramme du fonctionnement du cerveau comme système de contrôle de notre équilibre de vie identifie un premier segment : notre comportement global. Notre comportement global est illustré par une automobile avec ses quatre roues ayant le comportement/action et le comportement/pensée pour les roues à l’avant et ayant le comportement/émotion et le comportement/physiologie pour les roues à l’arrière. On parle de COMPORTEMENT GLOBAL ayant quatre composantes : agir, penser, sentir et ressentir.

Ainsi, on explique que tous nos comportements sont globaux. Nous ne pensons pas d’une manière indépendante de nos actions, de nos émotions ou de nos manifestations physiologiques. Aussi, vous remarquerez que nos émotions et nos manifestations physiologiques sont illustrées par les roues à l’arrière parce qu’il est plus facile d’avoir du pouvoir sur un comportement majoritairement de type action ou pensée (roues à l’avant) que sur un comportement majoritairement de type émotion ou manifestations physiologiques (roues à l’arrière). Je vous partage une première expérience personnelle pour appuyer cette particularité du fonctionnement de notre cerveau. Comme jeune adulte, je vivais régulièrement ce que j’appellerai des vagues à l’âme poétiques (comportement/émotion). Je me laissais emporter par ces vagues de mélancolie créative. Celles-ci me confinaient dans un monde très personnel qui me coupait quelque peu de l’extérieur. J’avais réalisé que j’étais plus productif au niveau de l’écriture lorsque je «suivais ce courant». Par contre, il me semblait que je n’avais pas de prise pour arrêter la vague afin de répondre, par exemple, à une demande d’attention de mon enfant de six ans. Je me sentais en perte de contrôle en le blessant et je voulais changer ce trait de ma personnalité. Je voulais garder une certaine disponibilité à l’écriture, mais pas au prix de l’amour que je portais à mon enfant. Bref, comme les randonnées dans la nature faisaient partie de mon rituel personnel d’inspiration, j’ai développé une complicité avec mon enfant par l’identification de nids d’oiseaux. En résumé, devant mon enfant qui me faisait une demande d’attention, je ne pouvais pas répondre à sa demande lorsque je vivais un vague à l’âme. Je fuyais pour ne pas avoir à le repousser. Bien entendu, il se sentait repoussé, mais mon « honneur » était sauf, car j’avais une justification mentale efficace : je n’étais pas capable de répondre à son besoin parce que j’étais pris dans mon propre tourbillon psychique. En acceptant qu’il était plus facile de faire une activité commune (comportement/action) qui serait satisfaisante pour moi, que de lutter contre mon vague à l’âme solitaire (comportement/émotion), j’ai appliqué cette solution. Puis, peu à peu, j’ai canalisé mes élans poétiques en harmonie avec ma relation avec mon enfant. Ici, nous parlons d’une intervention au niveau du comportement global pour rétablir son équilibre intérieur, pour retrouver du contrôle sur sa vie. (Je reviendrai avec des exemples personnels pour chacun des segments du diagramme du fonctionnement du cerveau selon William Glasser. Ne vous arrêtez pas trop si mes exemples ne sont pas près de votre propre vécu. Pour l’instant, je vous encourage à saisir une vue d’ensemble du fonctionnement de notre cerveau. J’aime mieux prendre le risque d’humaniser gauchement mon exposé que de vous refiler seulement de la théorie même fidèle aux énoncés originaux du Dr Glasser.) Dès à présent, il se dégage un des principes de base qui sous-tend la théorie du Dr Glasser. La Théorie du choix ne s’attarde pas à expliquer ou justifier les comportements par l’influence des expériences passées. Plutôt, elle se centre sur les comportements présents de l’individu en sous-entendant que j’ai toujours le pouvoir de trouver des moyens plus efficaces – adéquats – de répondre à mes besoins

9

fondamentaux dans le respect de soi et des autres. Dans ce sens, la Théorie du choix me renvoie à ma responsabilisation face à mes propres comportements. Je ne suis pas la victime de mon hérédité, de mon éducation, de la société, de Dieu ou je ne sais de quoi… 2. NOTRE MONDE IDÉAL (nos images idéales personnelles en relation avec nos besoins fondamentaux communs)

DIAGRAMME DU FONCTIONNEMENT DU CERVEAU

1. Comportement 2. Monde idéal 3. Monde perçu 4. Station de comparaison

Le diagramme du fonctionnement du cerveau comme système de contrôle de notre équilibre de vie élabore un deuxième segment : notre MONDE IDÉAL qui est relié à son monde parallèle contenant nos besoins fondamentaux. Notre monde idéal personnel est comme un album de photos de ce que nous désirons. Chaque photo personnelle que nous désirons est reliée à un besoin fondamental commun. Par exemple, pour moi, mon image personnelle «bicyclette» répond prioritairement à un besoin fondamental de plaisir tandis que pour un chinois, son image personnelle « bicyclette » peut répondre prioritairement à son besoin fondamental de pouvoir (elle lui permet de travailler, d’atteindre un but économique). Son besoin fondamental de plaisir sera manifesté par une autre image que moi et j’aurai d’autres images personnelles dans mon monde idéal pour atteindre mon besoin fondamental de pouvoir. Mon monde idéal est constitué de toutes les images mentales des représentations qui ont eu du succès dans ma vie, parce que j’ai déjà expérimenté qu’elles répondaient à un de mes besoins fondamentaux; ces représentations deviennent très personnelles, car liées à mon vécu, et universelles dans le sens qu’elles sont reliées aux besoins fondamentaux de tous les humains. Enfin, ces images possèdent un poids affectif certain dans le sens que lorsque j’atteins l’une d’elles, je me sens plus en contrôle de ma vie, en équilibre ; je viens de réaliser, de vivre maintenant une image de mon monde idéal.

MONDE IDÉAL (album des images personnelles)

SON MONDE PARALLÈLE (besoins fondamentaux communs)

10

N.B. Vous remarquez que nos images personnelles désirées peuvent varier à l’infini. Cependant, elles répondent toutes à un ou des besoins fondamentaux circonscrits. De plus, une image désirée se rattache à plusieurs besoins fondamentaux dans un enchevêtrement intime impossible à rendre compte par un simple tableau. J’ai témoigné plus avant de l’efficacité d’un nouveau comportement/action (activité nature avec mon enfant) pour me donner plus de contrôle de mon équilibre de vie. Chaque segment du diagramme du fonctionnement du cerveau comme système de contrôle de notre équilibre de vie doit être (a)identifié et (b)personnalisé à notre vécu pour que nous soyons en mesure (c)d’intervenir efficacement pour acquérir plus de contrôle de notre vie. Le présent segment monde idéal m’apparaît plus difficile à identifier que le précédent segment comportement global (pensée/action/émotion/physiologie). Comme exemple personnel, je reprends ma relation avec mon enfant, mais propulsée dix années plus tard. Au début de mon texte, je vous ai révélé que j’ai été amené à approfondir les écrits du Dr Glasser suite au constat de mes difficultés dans mon rôle de père. Une des pierres importantes qui m’a fait progresser dans la construction de mon nouvel édifice intérieur est d’identifier - a)identification du segment du diagramme - que j’avais une image personnelle dans mon monde idéal très forte de « la relation père/enfant ». Comme je vivais du succès auprès des adolescents dans ma profession, je m’attendais, depuis le tout jeune âge de mon enfant, à une relation harmonieuse avec mon enfant à l’adolescence, période réputée plus difficile au niveau relationnel. En bien, à l’adolescence de mes enfants, comme je ne vivais pas cette situation harmonieuse – b)personnalisation - je me sentais en perte de contrôle dans cette partie de ma vie. Et, comme toute perte partielle de contrôle, l’aggravation de la situation et sa persistance peuvent occasionner un sentiment de perte générale de contrôle de sa vie personnelle. Pour rétablir l’équilibre, j’ai dû faire le deuil de l’image – c)intervention - que je m’étais forgée depuis tant d’années d’une relation harmonieuse père-adolescent. Ici, nous parlons d’une intervention au niveau du monde idéal pour rétablir son équilibre personnel, pour retrouver du contrôle sur sa vie. J’ai vécu plus douloureusement cette intervention dans mon monde idéal, ce deuil, cette amputation d’une image idéale, que ma précédente intervention sur mon comportement global : un nouveau comportement/action par « l’activité nature » avec mon enfant. 3. MONDE PERÇU (en relation avec notre système perceptuel)

DIAGRAMME DU FONCTIONNEMENT DU CERVEAU

1. Comportement 2. Monde idéal 3. Monde perçu 4. Station de comparaison

Le diagramme du fonctionnement du cerveau comme système de contrôle de notre équilibre de vie identifie un troisième segment : notre MONDE PERÇU qui est, en fait, le magasin, la mémoire de toutes nos perceptions de notre système perceptuel. En fait, nos lunettes triple vision agissent comme un triple filtre qui construit notre monde perçu. Évidemment, ma prochaine illustration des lunettes est approximative pour illustrer la complexité de notre système perceptuel, car la vue ne se situe que dans la première paire de lunettes des sens et en relation avec le toucher, le goûter, l’ouïe et l’odorat (percevoir avec ses sens). La deuxième de la série pourrait devenir un cerveau avec une paire de lunettes

11

(percevoir avec sa tête) et la troisième, un coeur avec une autre paire de lunettes (percevoir avec son coeur). J’y travaille…

SYSTÈME PERCEPTUEL MONDE PERÇU (mes perceptions de la réalité)

Filtre sensoriel

« percevoir avec ses sens)

Filtre de la connaissance « percevoir avec sa tête »

Filtre des valeurs « percevoir avec son cœur »

-Environnement physique - Image de soi

- Les autres - Ma vision de la politique, religion, du

monde, etc.

Dans notre monde perçu se trouvent toutes les perceptions emmagasinées depuis notre naissance (certaines recherches parlent aussi de mémoire intra-utérine). Quelle que soit notre éducation ou notre environnement social, il nous en reste ce que nous en avons perçu, ce qui nous est resté « collé ». Par exemple, un parent qui a la perception que « ceux qui fument un joint de marijuana sont tous des drogués et fatalement ne feront rien de bon de leur vie », vivra un réel drame de surprendre son adolescent en train de fumer un joint de marijuana. Il peut s’en suivre une escalade dramatique entre le parent et l’adolescent. Ainsi, le parent pourra vivre une perte de contrôle de l’atteinte de son besoin d’appartenance illustré chez lui par l’image à atteindre – difficilement atteignable maintenant – de la relation harmonieuse avec son adolescent. Advenant que le parent apprenne qu’un tel ministre respecté du gouvernement a « tiré un joint de marijuana à l’adolescence », sa nouvelle perception de la marijuana dédramatisera sa perception initiale et sera la clé du rétablissement de sa relation avec son adolescent. Précédemment, nous avons parlé d’une intervention au niveau de notre comportement global (agir, penser, sentir, ressentir) pour retrouver son équilibre intérieur – activités dans la nature avec mon enfant. Par la suite, nous avons abordé une intervention au niveau de notre monde idéal – faire son deuil de la relation harmonieuse père/adolescent – pour retrouver son équilibre personnel. Ici, nous parlons d’une intervention au niveau de notre monde perçu – perception de la marijuana – pour rétablir son équilibre de vie, pour retrouver du contrôle sur sa vie.

12

Ainsi, le sentiment de perte de contrôle dans une dimension de notre vie, le sentiment d’être en déséquilibre de vie, peut être relié à un comportement global inefficace (pensée, action, émotion, physiologie) ou à une image idéale inatteignable dans notre monde idéal ou à une fausse perception de la réalité (notre monde perçu).

RÉSUMÉ DE TROIS SEGMENTS DU DIAGRAMME DU FONCTIONNEMENT DU CERVEAU Nous devons réviser, remettre en question notre comportement global (l’exemple de mon activité dans la nature avec mon enfant) pour en vérifier son efficacité à nous rendre plus autonome, plus responsable, plus en contrôle de notre vie. Nous devons réviser, remettre en question notre monde idéal (l’exemple de l’image idéale de ma relation de père avec mon adolescent) pour vérifier la pertinence d’une image idéale pour valider son efficacité à nous sentir en contrôle de notre vie. Puis, il nous reste à réviser, remettre en question notre monde perçu (comme le dernier exemple du parent qui voit son adolescent fumer un joint de marijuana) pour vérifier tour à tour la pertinence de telle ou telle perception à nous faire sentir en contrôle de notre vie. Il n’y a pas de croissance sans cette introspection ; il n’y a pas de changement sans cette remise en question de soi-même au travers de ses comportements, de son monde idéal ou de ses perceptions. Ce travail sur soi prend une bonne dose d’humilité. Ce qui m’apparaît la force de la Théorie du choix, c’est qu’elle nous ouvre la voie pour structurer une démarche d’introspection claire ou une relation d’aide cohérente et efficace, parce qu’elle est calquée à même notre fonctionnement interne, applicable à toutes nos situations de vie.

13

4. STATION DE COMPARAISON (MAINTENANT) DIAGRAMME DU FONCTIONNEMENT DU CERVEAU

1. Comportement 2. Monde idéal 3. Monde perçu 4. Station de comparaison

Le diagramme du fonctionnement du cerveau comme système de contrôle de notre équilibre de vie identifie un quatrième segment qui nous alerte du déséquilibre de ne pas se sentir en contrôle de sa vie. Dans l’illustration, le signal de stress, cette urgence à agir pour rétablir son équilibre provient d’une balance qui compare constamment notre monde perçu avec notre monde idéal. Plus particulièrement, le monde perçu maintenant comparé avec l’image idéale que je désire maintenant. Nous savons bien que l’on ne peut répondre à toutes les images de notre monde idéal ; nous acceptons de différer l’atteinte de telle ou telle image, car nous lui avons fixée un échéancier personnel. Par contre, d’autres besoins fondamentaux communs à tous signalent constamment leur existence par l’entremise d’autres images idéales personnelles que nous cherchons à atteindre maintenant. Ce lieu de comparaison permanent est appelé STATION DE COMPARAISON.

Plus le déséquilibre entre mon monde perçu maintenant et mon monde idéal maintenant est accentué, plus je me sens en déséquilibre maintenant et plus je sens que je perds le contrôle de ma vie maintenant. Je perçois ce déséquilibre entre mon image désirée maintenant et mon

monde perçu maintenant comme un signal déclencheur, comme une urgence à agir. Je choisis donc un comportement global, plus ou moins conscient – teinté d’une action, d’une pensée, d’une émotion et de manifestations physiologiques– et je me dirige dans le monde réel à la recherche de mon équilibre, de mon bonheur.

Plus je ressens un équilibre entre mon monde perçu maintenant et mon monde idéal maintenant, plus je me sens en équilibre et plus je me sens en contrôle de ma vie et heureux maintenant.

Nous sommes généralement plus conscients d’une dimension ou l’autre de notre comportement global. Ainsi, certaines personnes développent particulièrement soit le comportement/action, le comportement/pensée, le comportement/émotion, ou le comportement/physiologie comme réponse à un déséquilibre, à la frustration causée par une image idéale ne pouvant pas se réaliser maintenant. Donc, pour poursuivre l’illustration de l’automobile, l’individu saisis le volant de son automobile et se dirige (action, pensée, émotion et physiologie) maintenant vers une direction précise pour reprendre du contrôle de sa vie, pour atteindre l’image désirée maintenant. Comme vous le constatez, la caractéristique première de notre station de comparaison est son fonctionnement au temps présent.

14

Ici, l’analogie avec l’automobile prend tout son sens lorsque l’on parle de perte de contrôle, lorsque l’on dit que l’individu ne réussit pas à se diriger dans la direction souhaitée. Pour continuer l’exemple routier, certaines personnes conduisent à des vitesses excessives pour atteindre la destination idéale souhaitée au risque d’avoir un accident grave. Ceci dit, c’est tout de même le meilleur comportement qu’ils ont trouvé dans leur monde personnel perçu pour réaliser leurs désirs immédiats. La porte pourrait s’ouvrir pour porter un regard sur de multiples addictions lorsqu’une personne se sent en perte de contrôle de sa vie… Ici, la Théorie du choix nomme ce comportement de fuite avec le qualificatif d’irresponsable. La vision du fonctionnement du diagramme du cerveau comme système de contrôle de notre équilibre de vie selon Glasser nous apporte des pistes lumineuses pour trouver de nouveaux chemins à notre bien-être personnel. Elle nous habilite aussi pour aider une personne proche de nous en difficulté de contrôle de sa vie et elle offre des balises efficaces aux intervenants en relation d’aide. Dans la deuxième partie, je développerai la Thérapie de la réalité comme outil d’intervention basé sur la Théorie du choix. Pour l’instant, je vais faire une synthèse de la Théorie du choix en vous partageant une dernière expérience personnelle.

Note : À cette étape-ci, vous avez trois choix pour poursuivre votre apprentissage. Un : vous suivez le courant au chapitre suivant pour une synthèse à partir d’un témoignage vécu; Deux : vous allez au chapitre 4 pour explorer plus en profondeur le diagramme du fonctionnement du cerveau ; Trois : vous allez directement à la deuxième partie pour l’application de la Théorie du choix par la démarche d’accompagnement de la Thérapie de la réalité.

Personnellement, comme j’utilise plus souvent mon comportement/pensée dans mes apprentissages, j’ai plongé allègrement dans la schématisation de la Théorie du choix (chapitre 4). Si vous êtes plus à l’aise dans une démarche intuitive (comportement/émotion), collée au vécu, suivez le courant avec le chapitre 3. Finalement, si vous utilisez plus souvent votre comportement/action dans vos apprentissages, vous devriez être plus à l’aise d’explorer tout de suite la deuxième partie portant sur la mise en pratique par la Thérapie de la réalité. Il faut savoir que la formation de base en Théorie du choix présente ce diagramme seulement à la dernière journée de la formation, après plusieurs jeux de rôle qui nous mettent en situation d’apprentissage par l’action. La Théorie du choix et la Thérapie de la réalité sont deux vases communiquant. Vous pourrez revenir en arrière après avoir exploré plus concrètement l’application de la Théorie du choix comme parent, enseignant, intervenant ou gestionnaire de personnel.

15

Choix un… CHAPITRE 3

EXEMPLE PERSONNEL SYNTHÈSE

INTRODUCTION

uite à notre senti de perte de contrôle dans un aspect de notre vie, il est essentiel de réviser, de remettre en question l’efficacité de notre comportement global (pensée, action, émotion et physiologie), la pertinence des images de notre monde idéal et la justesse de notre monde perçu reliées à notre problématique pour nous maintenir en équilibre, en contrôle de notre vie. Je vais vous partager une autre situation personnelle où j’ai dû systématiquement appliquer une révision de mon comportement global, de mon monde idéal et de mon monde perçu. J’ai déjà vécu une perte de contrôle significative au niveau de ma vie professionnelle. Comme je suis à statut précaire depuis le début de ma carrière, j’ai effectué plusieurs suppléances scolaires dans différents milieux et dans différents degrés scolaires : dans le secteur public et dans le secteur privé, dans un contexte mixte et dans une école de filles, en première du secondaire (12-13 ans) jusqu’en cinquième du secondaire (16-17 ans). Ma dernière suppléance scolaire comportait une tâche pleine (100%) pour une durée de six mois. Ce remplacement tombait à point, car je venais de vivre plus de deux années hors du milieu de l’éducation pour me consacrer au développement d’une nouvelle entreprise. Comme je ne réussissais pas à en retirer un salaire suffisant, je me voyais bien effectuer ce remplacement tout en projetant de demander la moitié d’une tâche (50%) pour la prochaine année scolaire. Ce qui me permettrait de poursuivre le développement de mon entreprise. Voilà pour le contexte. STATION DE COMPARAISON

Bien que j’étais confortable avec mon choix, je terminais de peine et de misère chaque journée de cette suppléance. Bien sûr, il y avait deux groupes d’élèves ayant des difficultés d’apprentissage et de comportement, mais j’en avais vu d’autres. Aussi, la tâche était lourde, car elle comportait quatre préparations de cours réparties sur quatorze groupes d’élèves. Mais, encore

ici, j’en avais vu d’autres… En analysant mon passé professionnel, je ne comprenais pas mon malaise grandissant. Je tournais en rond et je ne voyais pas d’issue. D’un côté, je ne me voyais pas capable de vivre ce déséquilibre, cette perte de contrôle pendant les six prochains mois et, de l’autre côté, ce travail me procurait une sécurité financière. Après une semaine de stress, j’ai analysé ma situation avec le diagramme du fonctionnement du cerveau de William Glasser. J’ai rapidement identifié que la lourdeur de la tâche (ma perception) m’empêchait de vivre des relations signifiantes avec les élèves (mon image idéale). Je n’avais pas l’énergie de m’investir dans des activités parascolaires et j’étais moins disponible aux pauses du dîner. Finalement, je me sentais en perte du sens de mon travail, en perte de contrôle d’une partie importante de ma vie. Il faut savoir que j’ai débuté ma formation comme enseignant suite à un cheminement personnel où j’ai perçu dans le vécu des jeunes un besoin d’être en relation avec des modèles adultes responsables face à un monde plein de contradictions. Bref, une forte image de mon monde idéal était en crise par la perception que j’avais de ma tâche de travail. Cela créait un signal d’alarme (ma station de comparaison) de déséquilibre intérieur.

S

16

COMPORTEMENT GLOBAL Comme je ne voulais pas renier l’image importante pour moi de la relation prof/élèves répondant à mon besoin d’appartenance et comme j’avais besoin de sécurité financière, j’ai imaginé un nouveau comportement. Ma stratégie était de faciliter un réseau de

communication pour permettre aux élèves d’approfondir les sujets des cours et de faciliter les échanges personnels. Donc, j’ai créé une page web avec quelques anecdotes et opinions personnelles pour susciter la communication. Je désirais rejoindre mes élèves dans leur mode de communication de plus en plus virtuel. Le soir même, j’ai mis en ligne ce cadre de communication. Je venais d’ajuster mon comportement pour répondre à cette image importante pour moi de la relation prof/élèves. Le lendemain, je me sentais frais et disponible à poursuivre mon travail. Ce sentiment d’avoir repris le contrôle de ma vie ne dura que quelques jours. Mauvaise digestion et maux de têtes (comportement/physiologie) revinrent me donner le signal d’alarme que d’autres choses ne fonctionnaient pas bien. Je me remis à mon autoanalyse pour mieux me comprendre. MONDE PERÇU (système de perception)

Pour me donner plus de possibilités, je me suis confié à un ami et collègue de travail. (Je précise que j’ai vécu tout mon questionnement avec ma compagne de vie, mais j’avais besoin de me confier à quelqu’un qui connaissait ma profession de l’intérieur). Son intervention toucha justement ma perception de ma tâche professionnelle, tout comme le

parent qui avait bénéficié d’une autre perception plus nuancée au sujet de la marijuana. En effet, il me fit remarquer que le contenu et la fréquence de mes cours me permettaient de diviser mes préparations de cours sur plusieurs semaines et même sur plus d’un mois. Je me rendis compte que je me fixais une échéance serrée non nécessaire. Finalement, je me stressais moi-même. En fait, j’avais l’habitude comme enseignant de planifier une demi-année à la fois. Dans ce cas-ci, je pouvais me permettre de déroger à cette habitude. Le soir même, je ressenti un soulagement par cet ajustement de ma perception logée dans mon monde perçu. COMPORTEMENT GLOBAL (une deuxième fois…)

Vous vous doutez bien de la suite… Ce bien-être ne dura que quelques jours. Je me retrouvais dans la même situation de stress sans être capable d’en identifier la cause. Je fis à nouveau le tour de mes comportements possibles et je conclu de faire une démarche auprès du directeur de mon école pour diminuer tout de suite ma tâche

comme je l’espérais (image idéale de 50% d’une tâche) pour la prochaine année scolaire. À mon grand soulagement, il accepta de réduire ma tâche de 15% ; ce qui m’enlevait deux groupes d’élèves et une préparation de cours. Je me remis au travail, décidé plus que jamais de terminer mon contrat. STATION DE COMPARAISON

Le même manège s’acharnait… tout tournait dans ma tête; le petit hamster se mettait à tourner dans son manège. (Dans mon cas, la dominante de mon comportement global est le comportement/pensée. D’autres angoissent face au stress dans un comportement/émotion, d’autres s’activent dans des activités compensatrices dans un comportement/action et pour d’autres, le stress se

jette dans un mal dos, digestion difficile dans un comportement/physiologie.) Je me disais que mes deux années loin du milieu de l’éducation m’avaient distancé de ma vocation première. Décidément, j’avais moins de patience envers les élèves turbulents. Je ne voulais pas leur faire vivre une relation avec un adulte qui ne sait pas gérer ce stress lié normalement au métier d’enseignant. Je ne veux pas ouvrir trop le débat, mais je perçois tout de même une augmentation du temps consacré à la gestion de la

17

discipline dans notre système d’éducation actuel au détriment de l’enseignement. Dans ce sens, le nombre d’interventions disciplinaires qu’un enseignant doit faire aujourd’hui ne me semble pas normal, acceptable… Deux facteurs étaient déterminants dans mon cas : des coupures de périodes de cours dans mon champ de spécialisation – plus de 300 élèves à rencontrer au lieu de 120 élèves – et l’intégration des élèves en difficulté d’adaptation et d’apprentissage dans les classes régulières, sans un support adéquat de professionnels. Bref, c’est tout de même la responsabilité des adultes – et la mienne – d’encadrer cette nouvelle réalité… Je me remis à ma tâche d’auto-analyse. MONDE IDÉAL (image idéale/besoin fondamental)

En acceptant de réviser mon monde idéal, j’y ai retrouvé une image profonde qui marquait un fossé profond avec mon monde perçu. J’ai déjà précisé que j’avais révisé dans mon monde idéal une image importante pour moi, celle de la relation signifiante prof/élèves. Une autre image idéale de la même racine profonde était en déséquilibre dans ma station de comparaison : celle de ma vocation. En effet, j’avais choisi le domaine de l’enseignement pour articuler des propositions de réponses au questionnement des jeunes en relation avec des stratégies

pédagogiques adaptées à leur culture. Je sentais que je m’éloignais du sens premier de mon appel à l’enseignement dans mon présent travail. Je craignais ne plus pouvoir vivre mon engagement personnel répondant à mon besoin d’appartenance dans le cadre des nouvelles orientations du ministère de l’Éducation du Québec. Je crois sincèrement que notre monde idéal est plus difficile à réviser que notre monde perçu ou que notre comportement global. Nos images idéales ont répondu avec succès à des besoins fondamentaux dans nos expériences passées; elles sont chargées d’une énergie agréable, affective. Dans ce sens, l’abandon de ces images idéales nécessite un processus de deuil plus ou moins intense pour s’en détacher selon l’importance de l’investissement affectif comme, par exemple dans mon cas, la perte de la qualité des relations humaines dans mon travail ou dans un autre contexte plus extrême comme le décès de sa compagne ou compagnon de vie. Pour retrouver mon équilibre, je devais vivre le deuil de cette image idéale de la relation prof/élèves qui m’avait tellement motivé et qui m’avait procuré un fort capital d’estime de soi. RÉSUMÉ DE CETTE TRANCHE DE MA VIE Dans ma situation décrite, j’avais mis sur pied un nouveau réseau de communication avec mes élèves pour compenser un déséquilibre au niveau de mon image idéale de la relation prof/élèves. J’avais effectué une nouvelle planification de cours moins serrée suite à ma révision de mon monde perçu en relation avec la perception de ma situation avec l’aide d’un collègue. Finalement, j’avais fait diminuer ma tâche de travail (de 100% à 85%) suite à la révision de mon comportement global, toujours dans le but de compenser un déséquilibre persistant. Maintenant, je comprenais que la persistance de mon déséquilibre, de mon mal-être intérieur annonçait un changement fondamental. Je devais adopter un comportement responsable face aux insuccès répétés de ma démarche pour trouver un équilibre (station de comparaison) entre mon monde perçu et mon monde idéal. Cet équilibre passait nécessairement par l’abandon de l’image idéale de l’enseignement dans mon plan de carrière, car je n’avais pas de pouvoir sur les plans sur les visées ministérielles. Mon choix final (comportement global) dans cette saga personnelle fut d’abandonner ma carrière d’enseignant. Cependant, j’ai décidé de poursuivre mon appel premier auprès des jeunes par mon implication dans des projets pour la jeunesse en dehors du cadre de l’enseignement. J’ai fait le deuil de l’image idéale (carrière d’enseignant), mais je l’ai remplacée par une autre image idéale (intervenant auprès des jeunes) en m’impliquant dans un organisme pour aider les jeunes.

18

Raconter cela en quelques paragraphes, cela semble peut-être facile ou rapide? Ici, la douleur causée par le deuil de cette dernière image idéale fut multipliée, car elle répondait à de multiples besoins, outre mon besoin d’appartenance avec les élèves! Par exemple, mon travail répondait à un besoin de survie (sécurité financière). De plus, je réalisais un besoin de pouvoir me permettant d’être un agent de transformation auprès des jeunes (du moins selon ma perception). Finalement, mon travail répondait encore à mon besoin d’appartenance, car il se situait dans un contexte de travail favorisant la poursuite d’objectifs éducatifs communs à une équipe-école. Pour compliquer les choses, je pourrais ajouter que la réalité de ma condition de vie en couple faisait que mon besoin d’appartenance était touché à nouveau, car je tenais compte des propres besoins de ma compagne de vie. Par exemple, son besoin de sécurité financière était aussi en déséquilibre par rapport à sa perception de mon choix de donner ma démission comme suppléant et, encore plus, face à sa perception de mon choix de ne plus travailler comme enseignant. STATION DE COMPARAISON (maintenant)

Présentement, je vis à nouveau en équilibre dans cette dimension de ma vie professionnelle de mon monde perçu comparé avec mon monde idéal. Comprenons que nous sommes toujours en déséquilibre face à au moins un besoin fondamental relié à une image idéale présente dans notre station de comparaison. En fait, nous sommes en manque perpétuel – case vide du jeu

de pousse-pousse. Le défi consiste à retrouver continuellement l’équilibre en adoptant des comportements responsables de soi tout en respectant les besoins des autres pour répondre à nos images idéales (maintenant) que compare notre station de comparaison (maintenant) avec notre monde perçu (maintenant). Donc, présentement, je me sens à nouveau généralement en équilibre, en contrôle de ma vie. Cette évaluation de se sentir en équilibre ou en contrôle de sa vie est éminemment personnelle. Ce senti fait appel à notre perception de soi et à notre seuil de tolérance face aux signaux de stress engendrés par notre station de comparaison. Ce qui est certain, c’est que je vis présentement la conséquence de mes choix personnels; je ne peux accuser les autres, mes parents, mon éducation, Dieu ou je ne sais quoi ! Et, c’est justement l’objectif essentiel de cette approche: la responsabilisation de l’individu face à ses besoins fondamentaux dans le respect de soi et des autres. Cette responsabilisation est le fondement commun avec la Thérapie de la réalité. William Glasser a développé une démarche thérapeutique structurée où l’intervenant, l’intervenante accompagne une personne en perte de contrôle effectif dans au moins un aspect important de sa vie en se basant sur la Théorie du choix. C’est cette approche thérapeutique que je vais développer dans la deuxième partie de ce livre.

N.B. Je vous rappelle que le prochain chapitre 4 poursuit dans cette lancée d’approfondissement théorique de la Théorie du choix (comportement/pensée). Pour suivre un rythme d’apprentissage axé sur la pratique (comportement/action), vous pourriez vous rendre directement à la 2e partie portant sur la Thérapie de la réalité. La Théorie du choix et la Thérapie de la réalité sont deux vases communiquant. Vous pourrez revenir, ici, après avoir exploré plus concrètement l’application de la Théorie du choix comme parent, enseignant, intervenant ou gestionnaire de personnel.

19

Choix deux… CHAPITRE 4

APPROFONDISSEMENT DU DIAGRAMME EXPLICATIF Dans un mouvement circulaire, nous avons…

1. Je perçois le monde réel à partir de mon système perceptuel (cinq sens, tête, cœur). 2. Ces informations se rendent dans mon monde perçu (mémoire). 3. Je compare mon monde perçu dans ma place de comparaison avec mon monde idéal composé de… 4. mes désirs personnels reliés… 5. aux besoins fondamentaux communs.

6. Cette comparaison déclenche un signal de déséquilibre dirigeant… 7. un comportement global (pensée, agir, émotion, physiologie). 8. Je me comporte dans le monde réel pour maintenir ou retrouver mon équilibre. 1. Je perçois, à nouveau, le monde réel pour vérifier si la situation s’est améliorée pour retrouver ou maintenir mon équilibre.

1. SYSTÈME PERCEPTUEL Je perçois le monde réel à partir de mon système perceptuel (cinq sens, tête, cœur).

2. MONDE PERÇU Ces informations se rendent dans mon monde perçu (mémoire de toutes mes perceptions emmagasinées depuis ma naissance).

3. PLACE DE COMPARAISON

Je compare mon monde perçu dans ma place de comparaison avec…

4. MONDE IDÉAL (désirs personnels)

… mon monde idéal (mes désirs personnels reliés aux…

5. MONDE IDÉAL (besoins fondamentaux communs)

… besoins fondamentaux communs).

20

6. SIGNAL DÉCLENCHEUR

Cette comparaison déclenche un signal de déséquilibre dirigeant un…

7. COMPORTEMENT GLOBAL

…comportement global (pensée, action, émotion, physiologie).

8. MONDE RÉEL

Je me comporte dans le monde réel pour maintenir ou retrouver mon équilibre.

1. SYSTÈME PERCEPTUEL Je perçois, à nouveau, le monde réel pour vérifier si la situation s’est améliorée pour retrouver ou maintenir mon équilibre.

Si ma perception plus ou moins douloureuse de ma situation ne s’améliore pas encore, je vais continuer à ne pas me sentir actuellement en contrôle de ma vie. Je vais me sentir en déséquilibre dans cette situation de ma vie… Advenant que cette perception douloureuse se répète dans plusieurs situations de ma vie, je vais me sentir en perte de contrôle de ma vie en général…

Ou, si ma perception plus ou moins douloureuse de cette situation s’améliore, je vais sentir que je gagne actuellement du contrôle de ma vie. Je vais me sentir plus en équilibre dans cette situation de ma vie.

Advenant que cette perception douloureuse s’améliore dans plusieurs situations de ma vie, je vais sentir que je gagne du contrôle de ma vie en général. Je vais me sentir mieux.

Ainsi, je suis toujours en mouvement. Je n’ai d’autres choix que de choisir un comportement global. Je suis en perpétuelle recherche d’équilibre, d’être heureux.

21

22

DIAGRAMME EXPLICATIF DU FOCTIONNEMENT DU CERVEAU COMME SYSTÈME DE CONTRÔLE DE NOTRE ÉQUILIBRE DE VIE SELON GLASSER Je viens de terminer un tableau explicatif du fonctionnement du cerveau comme système de contrôle de notre équilibre de vie avec des illustrations de mon choix. En visualisant, un peu plus loin, le diagramme original explicatif du cerveau selon la Théorie du choix, vous remarquerez que j’ai pris la liberté d’illustrer différemment les différentes composantes du diagramme du cerveau du Dr William Glasser. Un premier exercice d’approfondissement pourrait être de situer mes illustrations en relation avec le diagramme du cerveau selon Glasser8. (Le diagramme original de Glasser – grand format – se retrouve à : https://goo.gl/p2jH7B)

23

1.

2. 3. 4. 5.

6. 7. 8. 1.

CONCLUSION L’objectif de base est de me responsabiliser face à mes besoins fondamentaux, illustrés dans ma vie par des images personnelles à atteindre, en adoptant un comportement plus efficace pour que je me sente en contrôle de ma vie dans le respect de soi et des autres. La motivation première à tout comportement découle d’un mécanisme intérieur universel, d’un vide à combler, visualisé par une image personnelle idéale à atteindre. Pour reprendre l’exemple du jeu de pousse-pousse, j’essaie de trouver, de déplacer une pièce pour atteindre l’agencement désiré des chiffres. J’ai un plan dans ma tête (une image idéale des chiffres ordonnés : 1, 2, 3, 4, etc.) et je manipule les chiffres du pousse-pousse pour reconstituer ce plan idéal. Le carré vide représentant un besoin non comblé. Je suis à la recherche d’une pièce de mon puzzle pour combler cet espace vide. Plus mes images idéales se réalisent maintenant, plus je me sens en contrôle de ma vie maintenant. Comprenons qu’il peut s’agir de comportements que nous faisons machinalement comme se verser un verre d’eau pour combler le besoin de la soif ou il peut s’agir de comportements plus complexes comme lancer un regard insistant vers une personne qui nous attire particulièrement pour combler un besoin d’appartenance.

Système sensoriel / Monde perçu / Place de comparaison / Monde de qualité / Besoins fondamentaux / Signal de frustration / Comportement global / Monde réel / Système sensoriel / …

24

Le principe est encore le même pour un comportement que je juge inacceptable : je suis violent envers une personne lors d’une discussion d’opinions pour combler un besoin de pouvoir. En fait, lorsque je ne trouve pas de verre d’eau, lorsque je ne suis pas capable d’entrer en relation interpersonnelle ou lorsque je suis incapable de résoudre un conflit sans violence avec un adversaire, je ne suis pas capable de combler ma case vide. Alors, je me sens en perte de contrôle de ma vie. Ceci dit, nous vivons tous temporairement des pertes de contrôle, des échecs dans nos efforts pour répondre à l’un ou l’autre de nos besoins fondamentaux. Par exemple, nous échappons le verre d’eau en question, la personne visée ne répond pas à notre désir de communication ou l’adversaire nous menace avec une arme. Ces expériences nous placent en situation de stress, de déséquilibre. Donc, nous adoptons un autre comportement pour contourner l’obstacle à l’atteinte de l’image idéale toujours désirée dans l’immédiat. Imaginez un individu qui vit constamment des échecs dans ses tentatives pour combler ses propres besoins fondamentaux, qui se sent en perte de contrôle, en déséquilibre constant pour trouver des comportements efficaces pour atteindre ses images idéales reliées à ses besoins fondamentaux ! Ici, une aide professionnelle ou le support d’une personne amie/confidente ou le texte que vous lisez présentement peut compléter sa démarche personnelle de recherche d’équilibre de vie. Les gens qui consultent un thérapeute ne se sentent pas en contrôle effectif dans au moins un aspect important de leur vie. Notre senti est le meilleur indice de l’efficacité de notre contrôle. Lorsque nous nous sentons bien, nous croyons être en voie de gagner du contrôle effectif.

Dans la deuxième partie, j’expliquerais que la Thérapie de la réalité est l’approche curative en écho de la Théorie du choix. Conséquemment, la Thérapie de la réalité est aussi en cohérence avec le diagramme explicatif du fonctionnement du cerveau comme système de contrôle de notre équilibre de vie selon Glasser.

25

PREMIÈRE PARTIE Théorie du choix

DEUXIÈME PARTIE Thérapie de la réalité

TROISIÈME PARTIE Lectures complémentaires

Choix trois…

DEUXIÈME PARTIE

THÉRAPIE DE LA RÉALITÉ

INTRODUCTION

e qui me fascine encore dans la Thérapie de la réalité, c’est sa polyvalence d’application. Pour bien comprendre cette multiplicité, je vous réfère au site québécois Réalité Thérapie Pro-Action9 duquel

proviennent les citations encadrées.

La Réalité Thérapie est le modèle d’intervention enseigné par le Dr Glasser depuis 1965. L’approche repose maintenant sur une assise solide : la Théorie du choix et son succès est lié à la connaissance et à l’habileté de l’intervenant à se familiariser avec cette dernière. Dans la pratique, l’intervenant enseigne maintenant la Théorie du choix à son client (client ou étudiant). Puisque l’incapacité à créer et à maintenir des relations harmonieuses est à la source de la plupart des problèmes humains, l’objectif poursuivi par la Réalité Thérapie est de permettre aux individus de créer ou de recréer des liens entre eux. Le rétablissement de rapports humains satisfaisants débute presque toujours par la mise en place de conditions propres à créer une ambiance chaleureuse par l’intervenant ou l’enseignant, conditions qui serviront à leur tour de modèles pour le client ou l’étudiant désireux d’établir ou de rétablir des relations avec les personnes de son entourage. Dans son livre Une école sans déchets10, William Glasser développe l’application de la Thérapie de la réalité dans toutes les facettes d’un milieu éducatif. Dans ma carrière, j’ai expérimenté cette approche avec mes élèves (12-17 ans) dans une école qui avait un système disciplinaire basé sur la Thérapie de la réalité. Bien que cette école n’appliquait pas l’approche du Dr Glasser à toutes les facettes de la vie scolaire, j’ai été témoin de la grande efficacité de ses méthodes au niveau de la discipline en comparaison avec les méthodes disciplinaires traditionnelles. Ces dernières méthodes se basent sur le contrôle externe de l’élève au lieu de cibler la motivation interne de l’élève comme l’enseigne Glasser. Concrètement, l’utilisation de la Théorie du choix pour résoudre un problème chronique de retards chez un élève donne ceci… Le règlement stipule que l’enseignant, l’enseignante doit fermer la porte de la classe au son de la cloche. Évidemment, l’enseignant ou l’enseignante prend le temps de regarder si un élève se pointe dans son champ de vision avant de fermer la porte. Mais, lorsque la porte est fermée, l’élève sait qu’il ne sert à rien de demander d’entrer dans la classe. Il doit se diriger dans un local de transition pour toute la période. Un adulte l’accueille, signifie sa présence à l’administration et l’assigne à une retenue équivalente à la durée du cours, un soir de la semaine. Pour cette période dans le local de transition, l’élève est autonome dans son travail. Après trois retards, l’élève a une retenue le samedi matin suivant et, après cinq retards, il fait sa retenue toute la journée du samedi. Lors de sa retenue du soir ou du samedi, il doit avoir planifié du travail scolaire. L’élève a la responsabilité de s’informer auprès de son enseignant, de son enseignante de la matière vue en classe. Ce système de discipline préserve la relation de l’élève avec son enseignant, son enseignante, car il sait très bien que c’est une directive de la direction de ne pas ouvrir la porte aux retardataires. Aussi, ce

C

26

système responsabilise l’élève car, d’un côté, il a une période de travail autonome suite à son choix de retard et, d’un autre côté, il doit faire les démarches auprès de l’enseignant, de l’enseignante pour s’enquérir de la matière vue en classe pour réparer son erreur en faisant une retenue en lien avec la matière. Ainsi, la conséquence est logique et naturellement reliée au manquement. J’ajoute que c’est un système facilitant pour le personnel enseignant; il peut garder son énergie et se concentrer pour les trente autres élèves présents en classe. Idéalement, il faut que le rationnel sur lequel est basé ce système soit expliqué à tous. Par exemple, en début d’année scolaire, l’enseignant, l’enseignante explique que les élèves présents en classe ont le droit d’avoir toute son attention. Ce qui n’est pas le cas lorsqu’il doit négocier et administrer la cause des retards. Par expérience, j’ai déjà travaillé dans une école où, régulièrement, les dix premières minutes de mon cours étaient consacrées à gérer deux ou trois élèves en retard. Ces retards étant espacés, je devais interrompre l’introduction de mon cours à chaque fois. J’avais entendu parler de ce système avant de faire un remplacement dans cette école et j’avais de sérieux doutes. Je me disais que les élèves pourraient se donner toutes sortes de raisons pour se « payer » une période de travail autonome. Comme enseignant et comme adulte ayant supervisé certaines périodes au local de transition, je me suis vite rendu compte que l’élève ne trouvait pas sa stratégie si payante que cela. De mon côté, je pouvais même accueillir chaleureusement l’élève retardataire, car il n’était pas en faute avec moi. Comme il n’avait pu se déresponsabiliser sur « un enseignant, une enseignante insensible à sa détresse » et comme il n’avait pas de raison de m’en vouloir, il restait seul avec son choix d’être en retard ; il devait en assumer les conséquences. Nous considérons que ses autres choix de l’emploi de son temps ont causé son retard au cours. Il a choisi de traîner pendant la pause; il a choisi d’aller manger à l’extérieur de l’école, etc. Évidemment, les circonstances hors de son contrôle sont prises en considération. Toujours sur la lancée de mes expériences personnelles, j’ai expérimenté la Théorie du choix comme famille d’accueil, alternativement, avec 5 enfants de 6 à 17 ans et même avec une enfant ayant un handicap mental sévère. Puis, ce que je regrette le plus, c’est ne pas avoir été mis en contact avec l’oeuvre du Dr Glasser dès la tendre enfance de mes enfants. J’aurais aimé leur manifester le même amour mais d’une manière plus intelligente – entendre, adaptée aux images de leur monde de qualité différent pour chacun d’eux.

27

CHAPITRE 1

CINQ ÉTAPES POUR L’INTERVENTION Je vais encore faire référence régulièrement aux sites virtuels des professionnels de la Théorie du choix/Thérapie de la réalité et je vais illustrer cette merveilleuse approche par des applications personnelles. Pour faciliter l’apprentissage des concepts et des modes d’intervention de la Théorie du choix, j’illustre la démarche en séquences…

1. Entretenir le lien d’appartenance (enfant, élève, employé) 2. en vérifiant leur perception des faits 3. pour connaître leur monde idéal 4. dans le but de susciter une autoévaluation – vérifier leur satisfaction – de leur

monde perçu (maintenant) en relation avec l’atteinte de leurs désirs (maintenant)

5. pour favoriser l’émergence de nouveaux comportements responsables.

1. Entretenir le lien Entretenir le lien d’appartenance (enfant, élève, employé)… - Comment vas-tu? Je suis content de te voir ! Qu’est-ce que je peux faire pour toi? Etc. (Non-verbal accueillant)

2. Découvrir les faits

…en vérifiant leur perception des faits… Qu’est-ce qui t’amène ici? Qu’est-ce qui est arrivé? Comment vois-tu cela? Etc.

3. Connaître ses désirs

…pour connaître leur monde idéal… Que désires-tu? Qu’est-ce qui est important pour toi? Etc.

4. Susciter une autoévaluation

…dans le but de susciter une autoévaluation – vérifier leur satisfaction – de leur monde perçu en relation avec l’atteinte de leurs désirs… Es-tu satisfait de toi? Est-ce que la situation s’est améliorée pour répondre à ce que tu désires? Etc.

5. Favoriser un plan pour de nouveaux comportements

…pour favoriser l’émergence de nouveaux comportements responsables. Que pourrais-tu faire pour te rapprocher de ce que tu veux d’une manière plus responsable dans le respect de soi et des autres? Veux-tu que je t’accompagne dans la réalisation de ton plan? Etc.

28

Entretenir le lien d’appartenance (enfant, élève, employé) en vérifiant leur perception des faits pour connaître leur monde idéal dans le but de susciter une autoévaluation – vérifier leur satisfaction – de leur monde perçu (maintenant) en relation avec l’atteinte de leurs désirs (maintenant) pour favoriser l’émergence de nouveaux comportements responsables. 1. ENTRETENIR LE LIEN (Nourrir le besoin d’appartenance / enfant, élève, employé)

Dans toutes interventions éducatives, que ce soit auprès de notre enfant, d’un élève ou d’un employé, William Glasser insiste sur la première étape incontournable : créer un lien. Maintenant que la Théorie du choix se précise pour vous, vous devinez que le besoin fondamental visé est l’appartenance.

Ainsi, nous choisissons la plupart de nos comportements, lesquels sont motivés génétiquement par 5 besoins de base : la survie, l’appartenance, le pouvoir, la liberté et le plaisir. Dans les faits, le plus important besoin serait l’appartenance, car il suppose l’interdépendance entre chaque individu pour satisfaire tous nos autres besoins. Je dois me faire accepter dans le monde idéal de la personne que j’accompagne dans sa recherche d’avoir plus de contrôle dans sa vie. Concrètement, lorsqu’un parent me consulte parce qu’il ou elle perd le « contrôle » de son adolescent, je lui communique qu’il ou elle ne peut pas contrôler son enfant pas plus que moi je ne peux le ou la contrôler. Cependant, si je suis assez signifiant pour ce jeune, si je fais partie de son monde idéal, de son album d’images parce que je réponds à son besoin d’appartenance, il y a de fortes possibilités que ce jeune tienne compte de mes suggestions et de mes demandes. Je rassure le parent en disant que tous les parents ont une entrée privilégiée dans le monde idéal de leurs enfants. Puis, qu’il faut peut-être miser gagnant en visant le besoin d’appartenance. Plus précisément, le parent pourrait prendre une pause au niveau de ses interventions disciplinaires et manifester une attention particulière à son enfant. Ce climat de calme retrouvé apaisera les signaux d’alarme du jeune qui se voyait attaqué dans ses besoins de plaisir et de liberté. Ceci dit, cela ne veut pas dire que l’adulte capitule devant les demandes de son enfant en niant ses propres valeurs. Parlons plutôt d’une trêve salutaire pour les deux. Plus loin, nous verrons comment intervenir avec rigueur et cohérence. Soyons clairs tout de suite, la cohérence de la Thérapie de la réalité peut aussi conduire le parent, l’éducateur, l’intervenant ou la direction à faire appel à une force coercitive si la personne est irresponsable, sans désirs de changer ses comportements. Encore plus, évidemment, si elle nuit aux autres. Puis, si la situation se détériore, les personnes en autorité pourront rendre compte de leur propre choix responsable pour assurer le bien-être et la sécurité des personnes. Seulement, l’autorité laissera toujours à la personne (enfant, élève, employé) le choix de changer son comportement et de réparer ses torts pour renouer les liens.

29

Entretenir le lien d’appartenance (enfant, élève, employé) en vérifiant leur perception des faits pour connaître leur monde idéal dans le but de susciter une autoévaluation – vérifier leur satisfaction – de leur monde perçu (maintenant) en relation avec l’atteinte de leurs désirs (maintenant) pour favoriser l’émergence de nouveaux comportements responsables. 2. DÉCOUVRIR LES FAITS (perception et monde perçu)

Je vais me servir d’un exemple familier pour bien des parents. Un adolescent veut disposer comme il entend de sa chambre. Il ne fait pas l’entretien selon vos exigences et il s’ensuit une vive discussion qui peut dégénérer selon l’état de votre relation générale avec votre adolescent. Même si la situation semble claire

pour vous, prendre le temps de demander à votre adolescent sa perception des faits reliés au conflit, vous donnera l’occasion de comparer votre perception du conflit et de préciser vos exigences d’une chambre en ordre (image idéale). Vérifiez donc la perception que votre adolescent a du conflit et reformulez sa perception en recherchant son accord sur votre propre formulation. Cela répondra encore à son besoin d’appartenance (être entendu, être compris). Entretenir le lien d’appartenance (enfant, élève, employé) en vérifiant leur perception des faits pour connaître leur monde idéal dans le but de susciter une autoévaluation – vérifier leur satisfaction – de leur monde perçu (maintenant) en relation avec l’atteinte de leurs désirs (maintenant) pour favoriser l’émergence de nouveaux comportements responsables. 3. CONNAÎTRE SES DÉSIRS (désirs personnels reliés aux besoins fondamentaux)

La prochaine étape consiste à mettre en lumière les désirs de votre enfant, son monde intérieur, ses objectifs. Si vous avez bien identifié le besoin en cause, incorporez-le dans votre formulation : « Si j’ai bien compris, tu veux avoir la liberté de disposer de ta chambre comme tu le veux ». Comme parent, vous voulez probablement que votre adolescent se responsabilise de plus en plus, donc qu’il devienne plus autonome. Les adolescents se projettent déjà dans leur monde idéal, libre de décider au sujet de leur habillement, coupe de cheveux,

heure de rentrée, fréquentations, état de salubrité de leur chambre, etc. Les conflits sont aussi des occasions de vérifier si vos attentes (votre monde idéal) envers votre enfant sont à jour selon l’évolution de l’autonomie de votre adolescent. Avez-vous un plan de match de la petite enfance à l’adolescence et à l’âge du jeune adulte? Par exemple, en ce qui concerne le lavage de son linge. À quel âge portera-t-il lui-même son linge sale dans la corbeille à linge? À quel âge fera-t-il le tri de ses vêtements au sortir de la sécheuse? À quel âge rangera-t-il lui-même son linge propre dans ses tiroirs? À quel âge fera-t-il lui-même son lavage? Reconnaissez que si vous n’avez pas responsabilisé votre adolescent dès son plus jeune âge à ce sujet, vous subirez plus de réticence de sa part aujourd’hui. Il ne s’agit pas de trouver un coupable ! Simplement, que chaque personne en cause se responsabilise face à son propre rôle. Ceci dit, centrons-nous sur le conflit présent. Dans l’exploration de son monde idéal, vous pouvez faire appel à la norme sociale en ce qui concerne l’entretien de la chambre d’un adolescent dans notre société. « Est-ce que tous les adolescents décident pour eux-mêmes de l’entretien de leur chambre? Est-ce que les autres parents ont un droit de regard sur la chambre de leur adolescent? » Il ne s’agit pas de conformer vos exigences avec celles des autres parents, mais de mettre en perspective l’image intérieure de votre jeune avec notre société pour ne pas polariser le conflit entre votre adolescent et vous seul. Le temps sera peut-être propice de préciser votre

30

vision de sa responsabilisation progressive? À 18 ans, va-t-il être libre de l’entretien de sa chambre? De ses heures de rentrées? D’inviter quelqu’un à coucher dans sa chambre ou d’inviter sa blonde ou son chum à coucher? Chaque parent à ses propres valeurs et sa manière de les négocier. C’est à vous de voir. Cependant, il faut les communiquer à votre enfant pour qu’il puisse se situer, se responsabiliser vis-à-vis ses propres comportements. Il faut l’amener à juger de la pertinence, de la possibilité de la réalisation de son monde idéal en relation avec les comportements qu’il adopte pour atteindre ce qu’il veut. Par ricochet, de la pertinence ou non de ses comportements pour atteindre cette image de son monde idéal. En clair : est-ce que l’opposition envers vous (comportement) va l’aider à ne pas faire l’entretien de sa chambre (monde idéal)? S’il a devant lui un parent lui démontrant de l’écoute tout en lui offrant un modèle d’adulte responsable face à son rôle de parent et, de plus, devant un parent qui est prêt à l’accompagner vers une plus grande autonomie, ouvert au dialogue, il a de fortes chances que votre adolescent admettre que son comportement ne l’aide pas et qu’il accepte un compromis. En parlant justement de compromis, il faut toujours se situer dans un continuum du poupon jusqu’au jeune adulte en fonction de ses capacités à se responsabiliser. Ceci implique, aussi, de votre part une ouverture progressive à la négociation en fonction de l’augmentation de son niveau de responsabilisation. Pourquoi faire tous les repas de la semaine jusqu’à la majorité de votre enfant? N’est-il pas souhaitable qu’il participe graduellement à cette tâche? Je sais, je bifurque un peu, beaucoup, vers votre propre monde idéal au lieu de m’attarder à celui de votre jeune, mais notre rôle de parent ne nous appelle-t-il pas à être ce modèle d’une personne capable de remettre en question ses propres comportements? Je suis conscient, aussi, que je ne vous ai pas donné de réponse unique au sujet de cet adolescent ayant sa chambre en désordre… C’est que je vous laisse identifier, communiquer vos valeurs à votre jeune et, finalement, négocier une entente selon votre vision de la relation parent/adolescent. Prenons un autre exemple pour faciliter la compréhension de votre rôle comme accompagnateur de votre enfant dans sa responsabilisation face à sa vie. Un jeune enfant ne veut pas manger un légume. « Je comprends que tu n’aimes pas ce légume. Papa et maman aussi n’aiment pas certains aliments. Par contre, je veux que tu fasses un effort pour goûter différentes saveurs. C’est important pour nous. Je vais enlever le légume et te demander de prendre seulement une bouchée pour cette fois-ci. » Je vous vois très bien enlever le légume au complet et je vois la satisfaction de l’enfant qui sent son besoin de pouvoir comblé et, aussi, j’imagine sa moue devant la petite portion qui revient dans son assiette. Cependant, malgré sa déception, son besoin d’appartenance envers vous aura été nourri par son sentiment d’avoir été bien compris dans son désir de ne pas manger de ce légume et cela lui facilitera la tâche de répondre à votre demande de goûter le nouvel aliment. Si l’enfant s’entête, vous pouvez même lui donner un autre choix, mais qui sera limité par votre valeur d’élargir ses horizons gustatives: «Je te donne le choix de manger ton légume directement ou de le mélanger avec tes autres aliments. Cependant, la prochaine fois tu devras y goûter directement.» Vous venez de répondre à son besoin de liberté même si son choix se situe dans les limites que vous avez établies. Surtout, il faut que les deux parents soient conséquents la prochaine fois. Il n’y aura pas de passe-droit. Idéalement, que son entêtement à répétition aura une conséquence claire, par exemple, qu’il ne pourra pas manger autre chose avant d’avoir goûté à ce légume. La limite annoncée doit être maintenue; il devra manger son légume sans le mélanger. Son désir a été entendu, vous avez accepté des accommodements mais, dans la société, les parents ont l’amour et le devoir de transmettre des valeurs auxquelles ils croient. Le drame pour l’enfant serait de ne pas sentir que vous tenez à lui en ne voulant pas le meilleur pour lui. Si cet exemple ne vous concerne pas, que ce n’est pas important pour vous que votre enfant diversifie son alimentation ou que vous vous dites qu’il y goûtera lorsqu’il sera prêt, identifiez tout de même le principe que j’essaie de mettre en lumière et soyez conséquents avec vos propres valeurs.

31

Entretenir le lien d’appartenance (enfant, élève, employé) en vérifiant leur perception des faits pour connaître leur monde idéal dans le but de susciter une autoévaluation – vérifier leur satisfaction – de leur monde perçu (maintenant) en relation avec l’atteinte de leurs désirs (maintenant) pour favoriser l’émergence de nouveaux comportements responsables. 4. SUSCITER UNE AUTOÉVALUATION (vérifier la satisfaction du monde perçu en relation avec l’atteinte des désirs).

L’étape de l’autoévaluation est cruciale si l’on veut envisager un changement de comportement volontaire de la part de notre enfant en l’accompagnant dans l’élaboration d’un plan de meilleurs comportements pour atteindre des buts plus réalistes. Cette étape est l’étape cruciale de la Thérapie de la réalité. Elle peut se terminer par une question qui amènera une réponse humble de sa part

: « Est-ce que ton comportement (s’opposer, crier ou bouder ses parents pour ne pas entretenir sa chambre) a fait que tu peux faire comme tu veux à la maison? Est-ce que ta crise pour ne pas manger ton légume a fait que tu peux manger ce que tu veux? » Devant votre détermination et devant votre rôle de parent consistant à amener l’enfant à adopter des comportements responsables, développant ainsi son autonomie, il admettra que son comportement n’était pas approprié. De plus, il y a toujours la réflexion de la généralisation qui appuie votre position : « Quelle genre de société aurions-nous si les élèves et les employés adoptaient les mêmes comportements d’oppositions pour atteindre leur objectif d’autonomie? Un des rôles fondamentaux du parent n’est-il pas de préparer son enfant à la vie en société? » Je le répète : son lien d’appartenance avec vous, tout en sachant que vous êtes prêts à négocier certains ajustements jusqu’à l’âge adulte, le rassurera. Attendez, espérez, nourrissez-vous de ce moment révélateur d’un processus de croissance intérieure où il admettra que son comportement ne l’aide pas et qu’il envisagera volontairement de nouveaux comportements plus respectueux. Il aura compris qu’il n’est pas obligé de faire une crise pour négocier plus d’autonomie, car vous voulez effectivement l’accompagner dans sa responsabilisation face à sa vie. Il comprendra, aussi, que ses demandes doivent se négocier dans le respect de votre rôle de parent, qu’il ne peut pas obtenir toujours ce qu’il veut dans son monde idéal. Il vous verra comme un allié dans l’atteinte de son monde idéal en le situant dans le contexte de la réalité de la vie en société. Après cette étape cruciale, vous pourrez lui demander quel comportement l’aidera à obtenir plus d’autonomie dans le domaine de l’entretien de sa chambre (l’adolescent) ou dans le choix de sa nourriture (l’enfant). Quel plan propose-t-il? Il comprendra facilement que ses suggestions devront se situer à l’intérieur de vos limites personnelles. De toutes manières, n’est-ce pas notre lot à tous? La liberté totale sans considérer les autres, nos parents, nos amis, nos enseignants, nos patrons, etc. n’existe que dans le monde imaginaire d’une personne socialement inadaptée. En termes de la Thérapie de la réalité, on parle d’une personne irresponsable… dans le sens de ne pas se responsabiliser dans l’atteinte de ses désirs dans le respect des autres. L’apprentissage des concepts et des modes d’intervention de la Théorie du choix aide l’individu à amorcer le changement en le responsabilisant face à l’atteinte de son monde idéal.

32

Entretenir le lien d’appartenance (enfant, élève, employé) en vérifiant leur perception des faits pour connaître leur monde idéal dans le but de susciter une autoévaluation – vérifier leur satisfaction – de leur monde perçu (maintenant) en relation avec l’atteinte de leurs désirs (maintenant) pour favoriser l’émergence de nouveaux comportements responsables. 5. FAVORISER UN PLAN (pour favoriser l’émergence de nouveaux comportements responsables)

L’adolescent aura un plan à concevoir pour ses prochaines demandes concernant l’entretien de sa chambre. Puis, il devra faire sa demande d’une manière respectueuse en vous proposant des options qui tiennent compte de vos exigences en tant que parents. Cela l’amènera sur le terrain de la négociation et l’aidera à développer des habilités en communication. En fait, il comprendra que toutes ses

demandes touchant son autonomie grandissante devront passer par ce processus qui est la base même de l’harmonie de la vie en société : communiquer respectueusement ses désirs et négocier la meilleure entente possible dans le contexte de la perception de sa situation et de la perception de son vis-à-vis. Le plan pour l’enfant suit la même démarche. Ceci dit, l’adolescent qui aura vécu très tôt cette dynamique familiale, adoptera vraisemblablement plus rapidement des comportements responsables. Pour le jeune enfant, il ne s’agit pas non plus de mettre toute votre énergie à négocier chaque pouce de terrain de son autonomie grandissante. Chaque parent a son propre rythme et ses propres valeurs. Le jeune enfant saura qu’à quatre ans, il a bénéficié du compromis de s’habituer à goûter à un nouveau légume progressivement, mais que cela ne veut pas dire qu’il décidera l’heure de son coucher à chaque soir lorsqu’il entendra une réponse négative et ferme de votre part. Il comprendra que toutes les décisions du parent ne sont pas négociables. C’est à vous de poser les limites de la négociation selon l’âge de l’enfant. Aussi, vous avez le droit de ne pas avoir le goût de négocier sur un sujet dans un contexte où vous n’avez pas l’esprit disponible. Cela aussi se communique en laissant la possibilité de revenir sur le sujet une autre fois… EXEMPLES Je suis dans un centre commercial. Une petite fille court, crie et manifeste sa colère. Son papa lui dit : « Je compte jusqu’à trois, si tu ne me donnes pas la main, je te remets dans la poussette ». La petite fille poursuit sa course. Son papa l’arrête et l’installe dans la poussette. La maman ajoute : « Nous te l’avions dit. Tu peux marcher avec nous si tu tiens la main de papa ou de maman ». Et le papa de conclure : « Nous allons faire un autre essai la prochaine fois, mais c’est terminé pour aujourd’hui. ». La petite fille voulait marcher comme une grande fille. Sa demande a été acceptée, mais dans un encadrement précis : en tenant la main. Les parents veillent à sa sécurité dans cet endroit public. La conséquence a été annoncée : retourner dans la poussette. Le plan pour que la petite fille puisse atteindre son désir est qu’elle respecte la consigne la prochaine fois. Lors de la prochaine visite au centre commercial, les parents devront appliquer la même intervention. Ainsi, la petite fille se responsabilisera face à son désir de faire comme une grande fille. Ces parents viennent d’appliquer la Thérapie de la réalité. Quel bel héritage à donner à nos enfants… et à nos petits-enfants. Je suis au téléphone avec un ami. Il interrompt la conversation et je l’entends dire à son enfant: « Est-ce que tu veux vraiment briser ton jouet? » En une question stimulant l’autoévaluation de son COMPORTEMENT GLOBAL en relation avec son MONDE IDÉAL, en lui demandant d’évaluer son geste agressif en relation avec son désir de préserver son jouet, le parent a désamorcé une crise potentielle. Imaginez un autre scénario de contrôle externe… On pourrait entendre le papa crier après son enfant en disant de ne pas briser le jouet ou en disant d’aller dans sa chambre parce que l’enfant n’est pas gentil, etc. Ici, la punition accompagnée d’une violence psychologique se dévoile dans toute sa laideur, tout à fait à l’opposé d’une conséquence imposée par le parent dans une démarche éducative.

33

Prenez le temps de vous assurer que vos exigences ont été bien comprises et que vous avez bien saisi la demande de votre enfant. « Si je comprends bien, tu veux rentrer à la maison à 10 heures?» Même si vous voulez refuser cette demande, l’enfant saura au moins qu’il a été bien compris dans son monde idéal. Vous avez communiqué votre exigence. Il y a refus. Identifier jusqu’où vous êtes prêts à aller pour défendre une valeur importante pour vous. Votre « non » se situe à quelle limite du terrain de la liberté de votre enfant? Une éducatrice spécialisée auprès de jeunes mères ayant de la difficulté avec un « enfant roi », énonce une situation fictive pour amorcer une discussion de groupe… Votre enfant est maintenant un adolescent. Il est au téléphone. Il veut inviter une copine à coucher. Il se tourne vers vous : « Maman, en fin de semaine, il va falloir que tu couches ailleurs, car une copine va venir coucher. Aussi, on va prendre ton lit, car le mien est trop petit ». Cette situation imaginaire permet à la mère de se mettre en contact avec une limite intérieure qu’il n’est pas question que son adolescent piétine. C’est un non catégorique qui monte en elle. Peut-elle identifier aussi solidement quels autres comportements de son jeune enfant sont autant inadmissibles avec ce non intérieur? Par exemple, si elle dit mielleusement à son enfant de ne pas donner un coup de pied à un autre enfant, son enfant pourra-t-il vraiment identifier la limite à ne pas franchir, soutenue par une valeur importante pour son parent? Vous connaissez la réponse…. CONCLUSION Établissez un plan d’éducation pour votre enfant de responsabilisation de l’enfance à l’âge adulte, négociez un compromis selon l’autonomie visée en relation avec son âge pour répondre à son besoin de pouvoir et annoncez une conséquence d’un manquement à cette entente de responsabilisation progressive. Il ne s’agit pas de négocier d’adulte à adulte ; vous avez un droit de veto. Ceci dit, vous serez tout de même amené à formuler des demandes qui tiennent compte du monde idéal de votre enfant. Il faut que votre jeune sente que son monde idéal a été bien compris par vous et qu’il sente qu’il a fait un gain vers son autonomie jusqu’à l’âge adulte… dans les limites tracées par vous et que vous essayez d’adapter à son âge. Par exemple : « Lorsque tu auras 14 ans, nous reprendrons la discussion sur ta demande de rentrer à la maison à telle heure. » N’est-ce pas fondamentalement ce que vous voulez? Qu’il devienne de plus en plus responsable? Être cohérent et persévérer (nourrir le besoin d’appartenance)

J’ai ciblé l’appartenance en début de notre démarche par le lien affectif essentiel à créer avec l’enfant, l’élève ou l’employé. Je termine en rappelant que la cohérence et la persévérance dans nos interventions visent aussi à nourrir le besoin d’appartenance. J’ouvre une parenthèse… Je suis impatient à vous témoigner à quel point la Théorie du choix m’a aidé à devenir plus compétent dans ma vie en couple, à m’adapter à ma

compagne de vie et réciproquement. Évidemment, je ne parle pas en termes d’intervenant ou dans un rôle d’autorité. Imaginez comment l’énoncé plus haut – communiquer respectueusement ses désirs et négocier la meilleure entente possible dans le contexte de la perception de sa situation (sa perception, ses désirs et ses comportements) et de celle de son vis-à-vis (sa perception, ses désirs et ses comportements) – peut être bénéfique dans la vie en couple sur le plan des tâches quotidiennes, des engagements professionnels, des responsabilités parentales, des liens avec les familles élargies et, surtout, de la vie amoureuse… À cet effet, William Glasser a développé son approche dans son livre Vivre ensemble11.

34

Les deux premiers axiomes de la Théorie du choix sont particulièrement aidant dans la vie en couple : 1. La seule personne dont on puisse contrôler le comportement, c’est soi-même ; 2. Tout ce que nous donnons aux autres, c’est de l’information. J’y reviendrai… La Thérapie de la réalité enseigne que les gens qui acceptent la responsabilité de leurs choix de comportements ont plus de possibilités de vivre leur vie en harmonie avec leur monde idéal, de se sentir en équilibre, de se sentir en contrôle de leur vie. Le rôle des intervenants en Thérapie de la réalité (ou parents ou enseignants ou patrons) est de maintenir une ambiance à la relation d’aide qui:

1) Aide leurs clients (ou enfants ou élèves ou employés) à éviter les excuses et à accepter leurs responsabilités;

2) Stimule les forces psychologiques de leurs clients (ou enfants ou élèves ou employés); 3) Offre aux clients (ou enfants ou élèves ou employés) l’opportunité d’apprendre et d’essayer de

nouveaux choix de comportements plus efficaces. Onze principes qui sous-tendent la Théorie du choix 1. La seule personne que nous pouvons contrôler est nous-même ; 2. Tout ce que nous pouvons faire c’est d’offrir de l’information aux autres ; 3. Tous les problèmes psychologiques à long terme sont causés par des problèmes relationnels ; 4. Malgré notre passé, c’est dans notre présent que nous éprouvons des problèmes relationnels ; 5. Nous sommes le produit de notre passé, mais nous ne pouvons satisfaire nos besoins que dans le présent et chercher à poursuivre cette satisfaction dans le futur ; 6. La seule façon de répondre à nos besoins est par la satisfaction de nos représentations spéciales individuelles de ces besoins universels 7. Tout ce que fait l’être humain tout au long de sa vie est de se comporter ; 8. Le comportement est global et composé de quatre composantes : l’action, la pensée, l’émotion et les manifestations physiologiques. 9. Nous avons un contrôle direct sur nos actions et nos pensées et un contrôle indirect sur nos émotions et manifestations physiologiques par la modification de nos actions et de nos pensées. 10. Tous les comportements globaux sont nommés en verbe et appelé par la composante la plus évidente. Pour l’émotion : Je déprime, j’angoisse, je m’apitoie… Pour la pensée : je pense, je jongle, je rêve… Pour l’action : j’agis, je cours, je joue… Pour les manifestations physiologiques : je migraine, j’étouffe, je rougis. 11. Chacun de nos choix de comportements constitue toujours le meilleur choix disponible qui puisse être fait à ce moment précis de notre existence.

35

CHAPITRE 2

FORMATION BONIFIÉE DANS L’INTERNET Des ajouts pour quelqu’un qui privilégie l’apprentissage comportement/pensée dans une approche plus rationnelle… 1. Compte rendu du livre : WILLIAM GLASSER, États d’esprit – La puissance des perceptions, Éditions Le Jour, Montréal, 1982, par François Leduc. Santé mentale au Québec, vol. 8, n° 1, 1983, p. 148-153

« Dès le début de l’ouvrage, le Docteur Glasser nous informe qu’il a adapté sa théorie à partir des travaux du psychologue William T. Powers sur le fonctionnement du cerveau humain. L’approche de W.T. Powers étant peu connue, il m’est apparu utile de la présenter à grands traits avant d’aborder à proprement parler l’adaptation que le Docteur Glasser en a faite ». (http://goo.gl/0NuQbQ)

2. Document de travail de la Maison d’Enfants d’Avenches, située en Suisse, portant sur leur approche nommée Approche de la réalité. (http://goo.gl/lmFrXg) 3. Une réflexion appropriée sur l’importance du rôle du personnel enseignant de Clermont Barnabé. (http://goo.gl/UhD2Uq) 4. Finalement, une présentation Power Point du cours EDU 5671 de la Faculté de l’éducation de l’Université d’Ottawa par le Professeur André Samson Ph. D,.c.o. (http://goo.gl/dUf3R3) Des ajouts pour quelqu’un qui privilégie l’apprentissage comportement/action dans une approche plus concrète… 1. Une série de 9 vidéos réalisées dans la classe de Bob Cantin, enseignant au secondaire (12-17 ans), CS des Affluents. (http://goo.gl/dpXMj7) 2. La Thérapie de la réalité bénéficie maintenant de certaines études sur le terrain de la pratique. En voici une du Centre jeunesse de Québec-Institut universitaire (CJQ-IU) Équipe L’Impact R.T. Les impacts de la Thérapie de la réalité et de la Théorie du choix dans quatre foyers de groupe du Centre jeunesse de Québec-Institut universitaire qui utilisent cette approche depuis cinq ans Sylvie Bilodeau, éducatrice au foyer de groupe Du Parc et les équipes des foyers de groupe Du Parc, Pie XI, Pelican et St-Louis. Conclusion (p.39)

« À la lumière de cette recherche, nous sommes maintenant davantage en mesure de comprendre pourquoi l’utilisation de l’approche de la Thérapie de la réalité fonctionne si bien dans des équipes qui l’adoptent et l’utilisent régulièrement. Elle est gage de succès, entre autres à cause des résultats suivants : – Le climat organisationnel dans les équipes est plus satisfaisant, les gens adhèrent et utilisent l’approche. Ils sont fiers du travail accompli. – Il y a moins de contentions à faire pour les intervenants et à subir pour les enfants. – L’ambiance est plus agréable pour tous et l’encadrement beaucoup moins cœrcitif. – L’approche, qui prône un encadrement bienveillant et de préserver l’estime de soi en tout temps, contribue à augmenter le bien-être des enfants en souffrance qui doivent être hébergés dans nos services.

36

Ainsi, les attitudes dures et les « jeux de pouvoir » qui pouvaient être utilisés autrefois cèdent la place à l’enseignement, l’accompagnement et les apprentissages. Les parents et les enfants témoignent qu’ils ont de meilleures relations avec les autres et sont engagés plus positivement suite à leur passage dans nos services. Les besoins des jeunes et de leurs parents concordent avec les services que nous leur offrons et ils apprécient notre façon d’intervenir et les résultats obtenus. L’approche fait appel à l’intelligence, à l’autocontrôle, aux habiletés de l’intervenant et à son expertise. Du simple exécutant qui utilise « son gros bon sens », l’intervenant devient un clinicien en contrôle de ses processus. De jeune en difficulté, l’enfant devient un jeune avec des capacités. Cette recherche aura donc permis de témoigner de façon concrète des résultats obtenus avec l’utilisation de l’approche de la Thérapie de la réalité et de la Théorie du choix. Elle a également servi à articuler davantage notre pratique en nous incitant à mieux la décrire et à se rapprocher du monde de la recherche. Si cette recherche peut maintenant servir à démontrer à nos collègues et collaborateurs, la pertinence d’utiliser la Thérapie de la réalité dans l’ensemble de nos services, il semble qu’elle se révèlera être un des meilleurs investissements fait pour les enfants présents et à venir qui passeront par nos foyers. » (http://goo.gl/RhvEDu)

3. Le Rucher (http://goo.gl/OAH4DD) Le Centre de traitement des dépendances Le Rucher est un organisme favorisant le rétablissement et la réinsertion sociale des personnes présentant une problématique de surconsommation d’alcool, des drogues et de médicaments. Des ajouts pour quelqu’un qui privilégie l’apprentissage comportement/émotion dans une approche plus près d’un témoignage de vie… Je vous propose un blogue qui se développera selon vos questions et interventions à partir de vos expériences. À suivre sur… www.cyberauteur.com/blogue

37

PREMIÈRE PARTIE Théorie du choix

DEUXIÈME PARTIE Thérapie de la réalité

TROISIÈME PARTIE Lectures complémentaires

TROISIÈME PARTIE LECTURES COMPLÉMENTAIRES

e vais personnaliser encore l’apprentissage de la Théorie du choix/Thérapie de la réalité. Je vous propose des lectures qui me semblent contribuer à notre révision de notre monde idéal (album

d’images de qualité), de notre monde perçu ou de notre comportement global (action, pensée, émotion et physiologie). J’ai pensé choisir un livre au moins pour chacun des segments du diagramme du fonctionnement du cerveau comme système de contrôle de notre équilibre de vie selon William Glasser. 1. NOTRE MONDE IDÉAL (album d’images de qualité) Judith Viorst

Sans contredit, le premier livre qui me vient à l’esprit est Les renoncements nécessaires12 de Judith Viorst. Ce livre me semble éclairer les nombreux deuils que nous devons tous vivre. L’auteur nous parle de la nécessité d’accepter les pertes inévitables à toute vie humaine pour accéder à une vie féconde.

Comme accompagnateur de vie, je suis toujours sur le qui-vive pour déceler dans le discours de la personne une référence avec un des segments principaux du diagramme du fonctionnement du cerveau comme système de contrôle de notre équilibre de vie. Comme les images que nous avons placées dans notre monde idéal ont déjà comblé des besoins dans nos expériences passées, nous nous y attachons fermement. De mon point de vue, le MONDE IDÉAL de l’individu est le domaine le plus délicat à intervenir. Il est beaucoup plus aisé de questionner l’autre sur son COMPORTEMENT GLOBAL ou de l’informer sur d’autres perceptions différentes de son MONDE PERÇU. Rappelons-nous que nous n’avons pas de contrôle sur l’autre. Encore moins sur son MONDE IDÉAL. Je ne peux que lui donner de nouvelles informations qui, reliées à son lien d’appartenance avec moi, auront plus de chances d’influencer son MONDE IDÉAL.

Reconnaître que tous les humains passent par une succession de pertes et que ces passages annoncent une croissance nécessaire vers la maturité humaine, nous aide à diminuer progressivement notre attachement à une image de notre monde idéal qui peut devenir pathologique, qui nous distance du monde réel et qui fait que nous adoptons des comportements irresponsables. Sans entrer dans les détails, à ce moment-ci, pensons à la perte d’un emploi, à un divorce, à la perte d’une faculté physique, la mort d’un proche, etc. Judith Viorst conclut son livre ainsi :

« Voici ce que j’ai appris : tout au long de notre vie, nous quittons, nous sommes quittés et nous renonçons à une grande part de ce que nous aimons. La perte est le prix de la vie. C’est aussi la source de presque tous nos progrès et nos gains :

J

38

– en quittant l’unicité mère-enfant, nous devenons un être conscient, unique et séparé, donc autonome. En acceptant l’interdit et l’impossible, nous devenons un être moral, adulte et libre, donc responsable. – en renonçant à nos folles espérances, nous devenons un être capable de connexions amoureuses, donc relié aux autres. – en étant confrontés aux pertes nombreuses qu’amènent la mort et le temps, nous devenons un être capable de prendre le deuil et de s’adapter, donc conscient. Nous ne pouvons comprendre notre histoire en termes de continuité ou de changement. Il faut voir l’un et l’autre. On ne peut devenir un être séparé, responsable, relié aux autres, conscient, sans passer par des moments de renoncement, de deuil, de lâcher-prise. »

Jean Monbourquette Je pense que les propos de Judith Viorst préparent le terrain à la démarche concrète de Jean Monbourquette de faire son deuil. Si l’individu en deuil intègre la pensée de Judith Viorst, son comportement/pensée aura plus de force face à un comportement/émotion de détresse. Rappelons-nous que nous avons plus de contrôle sur nos roues avant (comportement/pensée et

comportement/action) que sur nos roues arrière (comportement/émotion et comportement/physiologie). Judith Viorst nous convainc de l’équilibre naturel de la vie qui se déroule dans une succession de pertes ; Jean Monbourquette nous donne des moyens concrets, une démarche de croissance par étape pour vivre ces deuils personnels. Ainsi, le comportement/action de faire une démarche sur le deuil avec l’approche de Jean Monbourquette devient plus accessible. D’ailleurs, ce dernier propose une maison offrant de tels services : la Maison Monbourquette.

« Le deuil ne se limite pas à la perte d’une personne aimée. Lors de remue-ménage majeurs, il s’impose à toute personne qui s’est investie dans un emploi qu’elle aime bien, dans l’affection d’un animal de compagnie ou dans des choses précieuses à ses yeux. Cela prend tout son sens quand il y a, par exemple: la perte d’un emploi que l’on a occupé durant plusieurs années, la perte d’une activité sportive à cause d’un accident, l’abandon de son pays par un immigrant, la mort d’un chien fidèle ou la disparition d’un objet précieux qui a acquis de l’importance pour soi. J’ai déjà traité des clients qui avaient perdu un chien, leur seul compagnon de jeu, une maison familiale, un bijou de famille qui symbolisait la lignée des ancêtres, etc. Le propre de l’être humain est de valoriser ses activités comme le travail et le sport, ses animaux de compagnie ainsi que d’autres objets qui ont pour soi des valeurs sentimentales. On attribue à tous ces êtres perdus des significations personnelles comme si on les avait incorporés à soi-même ». 13

En résumé, des auteurs nous aident à revisiter notre MONDE IDÉAL. L’important est de tenter cette aventure, de juger nous-mêmes de la pertinence, de l’efficacité de nos images personnelles à nous maintenir en équilibre, à nous sentir en contrôle de notre vie. Étape nécessaire qui nous permettra de les mettre en perspective, en balance avec notre monde perçu. Plus notre image secrète sera éloignée de la perception de notre vécu (de la possibilité de vivre ce désir dans notre existence maintenant), plus grand sera notre douleur à vivre et surmonter notre deuil. Un deuil, un certain lâcher-prise peut être salutaire dans notre recherche d’équilibre.

39

Psychologie positive Je vous présente cette petite vidéo portant sur la psychologie positive – dont je vous reparlerai en fin de livre - qui favorise notre monde idéal habité par des exemples de personnes qui réussissent. Ces personnes devenant des exemples qui peuvent se glisser avantageusement dans notre monde idéal. Cette branche de la psychologie humaniste étudie leurs « recettes » de succès au lieu d’essayer de comprendre les personnes en identité d’échec. Je pense que l’admiration envers ces personnes nous aide à développer notre identité de bonheur. L'Université de Sherbrooke au cœur du développement de la psychologie positive.

Cible(s) de formation Introduire la psychologie positive : historique, concepts et données empiriques. Favoriser une approche expérientielle permettant de mieux comprendre la façon de rendre sa vie plus heureuse et plus signifiante.

Contenu Découvertes scientifiques et stratégies d’autodéveloppement associées à la psychologie positive. Différents concepts, notamment le bonheur, le bien-être, la gratitude, les émotions positives, l’optimisme, les forces du caractère, la compassion, la résilience, le courage, l’authenticité, la pleine conscience. Une belle introduction par l’enseignante Lucie Mandeville.

« Ce livre vous donne des outils concrets pour accroître votre bien-être au quotidien. Véritable antidote au pessimisme, il vous explique comment cultiver le «bonheur des gens ordinaires». Dans un langage accessible, l'auteur aborde le courant révolutionnaire de la psychologie positive, qui s'intéresse davantage à ce qui va bien chez les gens qu'à leurs problèmes. Elle présente avec simplicité et humour les principales découvertes en psychologie positive, accompagnées d'anecdotes et d'exercices. Elle vous invite entre autres à mettre de la magie dans votre quotidien grâce à dix gestes d'une simplicité désarmante. »

2. NOTRE SYSTÈME PERCEPTUEL / NOTRE MONDE PERÇU Scott Peck

Le livre de Scott Peck, Le chemin le moins fréquenté14, m’a aidé à réviser mon MONDE PERÇU. Dans mon autre livre électronique – Témoignage personnel… sur le chemin le moins fréquenté15, je précise l’événement qui a suscité cette lecture :

« La vie est difficile. » Le livre de Scott Peck, Le chemin le moins fréquenté, commence par cette petite phrase. À l’été 89, j’avais besoin de lire, d’assimiler cette vérité. Faisant partie du club des nombreux employés précaires de notre société, je me retrouvais encore sans contrat de travail à la fin de cette année scolaire.

https://youtu.be/5WVgzlUIzv0

40

J’identifie clairement cette époque de ma vie où j’avais « acheté » de ma culture nord-américaine – je pense même de ma culture plus générale de la société de surconsommation – que la vie devait nécessairement être facile. Cette fausse perception imprégnée dans mon monde perçu générait un mal disproportionné. Oui, j’avais perdu mon emploi. Oui, étant père de trois enfants en bas âge, je vivais un déséquilibre compréhensible. Mais, il fallait me questionner, me demander pourquoi j’étais paralysé et désorienté. Comprenons qu’une autre personne, dans la cinquantaine, en perte d’emploi devra plutôt réviser les images de son MONDE IDÉAL si cet emploi avait une valeur très importante parce qu’il a répondu pendant de nombreuses années à ses besoins de sécurité, de pouvoir, d’appartenance et de liberté. Pour cette personne, le processus du deuil sera ardu. Dans mon cas, même dans la trentaine, j’avais l’expérience de plusieurs emplois successifs. Je m’inquiétais moins pour mon besoin de sécurité (trouver un autre emploi) ou pour mon besoin de pouvoir (me sentir compétent pour trouver un autre emploi). Aujourd’hui, ayant en tête la Théorie du choix, je comprends pourquoi le livre de Scott Peck m’a aidé à cette étape précise de ma vie.

(Quatrième de couverture) « La vie est difficile. C’est par cette affirmation que Scott Peck, psychiatre mondialement connu et respecté, commence son livre. Si nous souffrons autant, le problème n’est pas lié à la difficulté de la vie mais au fait que nous croyons qu’elle devrait être facile. Cette attitude, en partie due à notre éducation et aux idées fausses que la société transmet, entraîne dépression, maladies, échecs et névroses. Scott Peck nous invite à ne plus fuir ce qui fait mal en utilisant des subterfuges ou des excuses. A travers les récits de ses patients et des exemples issus de sa propre vie, il nous enseigne ce que personne ne nous a jamais appris : des leçons fondamentales pour grandir, aimer, s’engager et être plus fort. Le chemin le moins fréquenté vous permettra de faire des pas de géants dans votre vie en vous offrant des clés d’évolution psychologique et spirituelle.» 16

En résumé, des auteurs nous donnent des informations différentes de celles diffusées par la culture ambiante. Selon nos valeurs, nos filtres personnels, nous les acceptons dans notre MONDE PERÇU, ce qui modifie notre perception du monde. Si cette nouvelle perception nous aide à retrouver l’équilibre, nous les accueillons dans notre monde idéal pour, ensuite, actualiser ces nouvelles visions du monde dans notre vie. C’est le même processus – j’ai le goût de dire combat – que des parents, conscients que notre culture de surconsommation déresponsabilise l’individu, vivent en offrant à leurs enfants des valeurs de solidarité humaine ou de respect de l’environnement. En termes de Théorie du choix, je dirais… des valeurs de responsabilités humaines et de responsabilités environnementales. Vous voyez, on pourrait développer longtemps la Théorie du choix dans différents champs de l’activité humaine! Voici une petite vidéo incontournable sur une expérience des perceptions produite par l’Université Harvard.

https://youtu.be/Sa6-u0H3Wsk

41

3. NOTRE COMPORTEMENT GLOBAL (comportement/pensée, comportement/action, comportement/émotion, comportement/physiologie)

Avant de préciser des lectures pertinentes au comportement global tel qu’identifié par Glasser, je veux m’attarder aux particularités de chacune de nos quatre roues, des quatre facettes de notre être en mouvement.

Vous serez d’accord avec moi pour dire que nous connaissons tous des personnes qui carburent dans l’action (comportement/action), d’autres qui vivent beaucoup dans leur tête (comportement/pensée), d’autres qui sont à fleur de peau (comportement/émotion) et, enfin, d’autres qui habitent intensément leur corps (comportement/physiologie). Visualisez une automobile qui possède une roue disproportionnée et vous comprendrez qu’il est aussi nécessaire de se questionner sur nos comportements dans ses différentes dimensions. Rappelons-nous que tous nos comportements sont à la fois action/pensée/émotion/physiologie. Cependant, essayons d’identifier une situation où nous pouvons nous comporter exagérément dans une dimension de notre comportement! Je commence le premier. Je vous raconte une expérience pour illustrer mon propos... Roue comportement/pensée

Mon fils avait 18 mois. Il marchait encore avec hésitation. Sa mère et moi avions mangé une entrée de biscottes au fromage dans le salon et nous étions maintenant installés à la table pour le repas. Notre fils venait nous rejoindre avec un verre à vin vide, oublié dans le salon. Nous nous sommes retournés dans un même mouvement vers lui. Il était situé à la même distance de sa mère et de moi. Personnellement, j’étais conscient du danger en le voyant tituber avec un verre fragile. Je me souviens clairement d’avoir pensé au risque s’il tombait avec ce verre. Je me disais qu’un verre à vin peut éclater en fracassant le haut et laisser le pied

menaçant. Eh bien ! Mon fils est tombé en lâchant le verre à vin, le verre s’est fracassé par le haut et le pied est resté droit, tout menaçant… Le visage de mon fils a roulé à quelques centimètres de ce pied de verre sans subir d’égratignures. J’ai pris mon fils dans mes bras pour le consoler tout en restant songeur sur le déroulement de la scène. J’avais pressenti le danger, ce comportement/pensée avait monopolisé mon attention. Plus encore, je me souviens d’avoir retardé mon geste de secours en me disant que sa mère pouvait aussi intervenir étant à distance égale tout comme moi. Ma roue comportement/pensée venait encore de grossir au détriment de ma roue comportement/action. Je vais me rappeler de cet événement toute ma vie. Pour moi, ce fut un élément déclencheur pour rétablir un peu l’équilibre lorsque je suis en situation d’urgence. C’est à moi d’agir selon le danger et non pas perdre du temps précieux à vérifier si je suis la personne désignée pour porter secours. Plus profondément, comme jeune père de famille cherchant à trouver son équilibre dans ce nouveau rôle tout en expérimentant un nouveau partage des tâches avec sa mère, l’éclair de pensée (comportement/pensée) essayant de statuer sur celui ou celle qui devrait avoir la « tâche » d’intervenir dans cette situation d’urgence a retardé mon intervention (comportement/action). En fait, je suis convaincu que le détour fait par ma réflexion, que le temps consacré à réfléchir m’a empêché de saisir mon enfant avant qu’il ne roule en direction du pied de verre menaçant. Depuis cet événement, j’ai eu à réagir aussi rapidement dans d’autres situations d’urgence et je peux vous dire que ma roue de mon comportement/pensée a pris une place moindre, puis que ma roue comportement/action a repris une proportion significative. Pensez-vous que j’exagère la capacité du cerveau à faire autant de détour en une fraction de seconde? Si vous n’êtes pas convaincus, je vous encourage à vous mettre à jour au sujet de la recherche sur le fonctionnement de nos 100 milliards de neurones17.

Crédit photo : https://goo.gl/SjQ02k

42

Le même principe s’applique lors de situation extrême. Par exemple, dans le cas de la tuerie de Polytechnique18, je crois qu’une culture ambiante (comportement/pensée) du comportement masculin a influencé le fait que des hommes sont sortis en laissant des femmes seules devant une menace extrême (comportement/émotion). Comme je fais partie de la même culture, je dois admettre douloureusement qu’il est logiquement probable que j’aurais suivi le même comportement/action d’une roue affaiblie. Dans ce scénario, j’aurais figé par ma roue forte de la pensée (culture masculine) et, par la suite, j’aurais été envahi par la roue de l’émotion (peur). La roue de l’action suivant sans conviction les autres roues – je ne parle même pas de l’effet démobilisateur de la roue des manifestations physiologiques (battements de coeur accélérés, estomac noué, etc.) Ceci dit, étant confus devant notre réaction masculine, je me suis donné comme mandat de changer cette racine comportementale qui me cause un grand malaise. Présentement, je travaille comme intervenant dans une école secondaire – 12-17 ans – et je peux vous assurer qu’il ne se passe pas une semaine sans que je ne sois aux aguets, prêt à intervenir dans une situation semblable. Est-ce que je vais être à la hauteur de ma volonté d’agir expressément sur mon comportement/action en situation de crise? Je ne sais pas. Ce que je sais, c’est que je fais tout ce qui est à ma portée, maintenant, pour influencer ce comportement passif qui me causerait un déséquilibre difficile à surmonter. Ainsi, je me prépare mentalement à mettre ma roue de l’action en premier pour désamorcer l’effet paralysant de mes autres roues. Roue comportement/action Je poursuis l’exemple d’une situation extrême pour situer le rôle de la roue comportement/action. Nous n’avons pas de peine à imaginer qu’un homme qui aurait suivi un entraînement militaire ou policier aurait probablement réagi contre l’agresseur. Ce genre d’entraînement inculque justement de ne pas trop hésiter avant de poser un geste urgent et de ne pas se laisser emporter par ses émotions. Pensons simplement à l’attitude développée par des ambulanciers sur les lieux d’un grave accident. Eux-mêmes témoignent qu’ils ont appris à geler leurs émotions, de ne pas penser à leurs propres enfants devant un enfant blessé ou mort. Ceci, afin d’être plus efficace dans leurs interventions de secours. La roue comportement/action doit être la dimension prédominante dans ces situations d’urgence pour une plus grande adaptation à la situation réelle. Bien entendu vous comprenez, aussi, qu’il y a un prix à payer à exploiter exagérément une des roues de nos comportements. Pour être capable de retrouver son équilibre psychique, les intervenants de première ligne ont besoin de temps de repos (comportement/physiologie), de ventilation (comportement/émotion) après le drame et une douce oreille pour entendre leur discours intérieur (comportement /pensée) qui a volontairement été censuré pour donner la priorité à la situation d’urgence.

Moins tragiquement, pensons aussi à des gens de notre entourage qui sont toujours occupés, membres de plusieurs comités scolaires, sociaux, communautaires, etc. Eux aussi ont besoin de prendre un temps d’arrêt salutaire pour faire le point pour se poser des questions comme: Est-ce que mon train d’activités me permet d’être en relation affective avec mes proches? (comportement/émotion) Est-ce que je ne surchauffe pas trop la machine : stress, digestion, cœur? (comportement/physiologie) Est-ce que je prends le temps de réfléchir sur le sens de mes engagements, mes valeurs? (comportement/pensée)

Crédit photo : http://goo.gl/sDkkAn

43

Roue comportement/émotion C’est la roue qui a été la plus difficile à identifier dans mon apprentissage de la Théorie du choix/Thérapie de la réalité. Maintenant, je comprends pourquoi c’est aussi la plus difficile à faire identifier par une personne dans l’exploration de son propre comportement global. Chacun de nous vit certaines situations où nous n’avons pas le goût, l’énergie de faire un effort pour soi-même ou pour les autres. Cependant, certaines personnes choisissent systématiquement la procrastination en justifiant leur inactivité par un « Je n’ai pas le goût». D’autres répondent négativement à toute demande d’aide de la même manière. Je pense que dans l’accompagnement d’une personne dépressive, c’est la plus grande résistance. La pratique de la roue/action et de la roue/pensée peuvent développer chez cette personne un plus grand contentement du contrôle de sa vie. Ces deux roues à « traction avant » pourront entraîner d’autres émotions à se manifester et permettre ainsi à l’individu d’expérimenter des sentiments favorisant l’estime de soi comme moteur de motivation facilitant l’apprentissage d’autres comportements que celui de déprimer. Vous avez bien compris! Le fait de percevoir la dépression comme un comportement choisi est douloureux et… culpabilisant. Cependant, après avoir accepté que ce comportement fût le meilleur comportement à ma disposition à un moment précis pour essayer de retrouver mon équilibre de vie, je peux percevoir maintenant la dépression comme un défi à surmonter. Ce qui me fait sortir du cycle du rôle de victime de ma dépression… Par exemple, oui, le comportement choisi de déprimer m’a été utile pour ne pas envisager le suicide… ou de ne pas tomber dans d’autres dépendances plus nocives. Par contre, d’autres choix se présentent maintenant à moi! Je peux aussi invoquer tous les malentendus au sujet de l’amour/émotion et de l’amour comme engagement envers l’autre. Combien de personnes ont de la difficulté à vivre le passage du tomber en amour au monter en amour … Selon certains auteurs, l’attirance érotique et émotive est un piège efficace de l’espèce humaine pour assurer sa survie. Je dirais, c’est un défi pour la roue comportement/pensée qui aborde le sujet de l’amour de contrebalancer ce mécanisme très efficace! Suis-je obligé de changer de partenaire régulièrement pour vivre l’excitation sexuelle des premiers ébats? Qu’en est-il de mes sentiments envers l’autre? Est-elle une personne à part entière ou est-ce que je la réduis au simple écho de mon orgasme? Quel est le sens de l’amour dans ma vie? Y a-t-il un mystère de l’amour qui nous pousse au développement de notre plein potentiel? Ces dernières questions alimentent ma roue/pensée pour me donner plus de pouvoir sur ma roue/émotion qui peut se complaire dans un conte de fée ou de ma roue/physiologie qui peut se satisfaire d’une expérience sexuelle d’un soir... Occasion de bonheur ou bonheur d’occasion, comme on l’entend bien! Je ne suis pas en train de vous glisser subtilement l’importance de ma valeur personnelle de l’engagement dans la vie en couple ! La Théorie du choix n’est pas un système philosophique proposant son interprétation du réel avec son système de valeurs définies. Elle démontre seulement que la responsabilité humaine est au cœur du processus interne d’un mécanisme d’équilibre de vie personnelle. Cette responsabilité peut aussi se vivre selon des valeurs à l’opposé des miennes. Par exemple, un autre couple qui communique clairement qu’il ne veut pas vivre l’exclusivité sexuelle et qui adopte des comportements de santé et légaux responsables avec leurs partenaires sont en équilibre de vie avec leur monde vécu et leur monde idéal dans le respect de soi et des autres. Le Théorie du choix se pose comme une approche scientifique – dans les limites des sciences humaines en constante évolution – pour observer le comportement humain et décoder certaines structures récurrentes de son fonctionnement interne. Les choix de comportements humains sont infinis et la Théorie du choix ne pose pas de jugement de valeur sur l’un autre l’autre des choix de l’individu. Elle affirme seulement que certains choix responsabilisent l’individu et d’autres choix le déresponsabilisent en relation avec son propre équilibre de vie et le respect des autres. Ainsi, la réalité du bien et du mal est envisagé comme une donnée inhérente à la vie en société, défini par le contexte culturel de la personne. Ce n’est pas un dogme ou une morale à enseigner qui nous serait dictée par Glasser. Le bien

44

et le mal – que je développe en fin de livre – est considéré dans le même sens que la valeur du respect des autres, c’est-à-dire dans la mesure que je désire que les autres respectent mes désirs personnels.

Voici une vidéo pour illustrer cette roue comportement/émotion en relation avec une colère incontrôlée. J’ai choisi un exemple où la victime est seulement une porte-moustiquaire… Transposez cette émotion dans un conflit humain lorsque l’autre – l’enfant, le collègue de travail, la compagne de vie, le voisin, etc. - ne s’ajuste pas dans le « cadre » relationnel prévu par la personne en perte de contrôle.

Roue comportement/physiologie Je suis dans un centre commercial à grandes surfaces. Je me dirige vers un magasin à rayons situé à une des extrémités de ce centre. Je connais bien ce centre commercial. Je passe devant la place centrale de laquelle s’étendent plusieurs ailes de multiples commerces, un peu en forme d’étoile. Je marche pendant plusieurs minutes et je m’arrête net. Je ne reconnais pas un des commerces à ma droite. Par contre, je connais bien ce commerce, mais il est situé dans l’aile opposée. En un clin d’oeil, je réalise que mon plan mental de ma situation géographique comme individu est inversé par rapport à ma situation réelle que je découvre à l’instant. Au même moment, je ressens un vertige aussi réel que si j’avais les deux pieds sur une poutre suspendue entre deux édifices en hauteur. Je visualise quasiment un mécanisme d’orientation ancré dans ma tête faisant un tour complet pour ajuster ma position comme dans un logiciel graphique en 3D nous montrant le changement en perspective réelle. Dans cette expérience, que j’appelle un vertige virtuel, rarement une pensée consciente a-t-elle eu dans ma vie une telle influence directe sur une manifestation physiologique personnelle. Avez-vous déjà expérimenté comment la pensée peut avoir une influence directe sur un mal de tête? Un mal de ventre? Une douleur au dos? Ici, j’ouvre sans aller plus loin la porte du domaine des maladies psychosomatiques…

« Destin, de la chaine YouTube Smarter Every Day, a réalisé une expérience très intéressante avec un vélo. On a coutume de dire "C'est comme le vélo, ça ne s'oublie pas". Mais Destin a réussi à désapprendre à faire du vélo classique. Son ami Barney l'a invité à venir tester un vélo dont le guidon est inversé. Il pensait pouvoir tenir en équilibre dessus mais c'était mission impossible. Toutes les personnes à qui il a fait tester le vélo ont misérablement échoué. Destin s'est fixé comme objectif de réussir à faire du vélo avec le guidon inversé. En essayant un peu chaque jour, il a réussi à en faire au bout de 8 mois ! Il n'a fallu que 2

semaines à son fils de 6 ans pour apprendre. Mais le plus marrant dans l'histoire, c'est qu'il n'était plus capable de faire du vélo normal ! Il lui a fallu 20 minutes pour réapprendre ». Cette vidéo illustre les défis de changer des comportements acquis. Ici, on parle d’une fonction physiologique, soit celle de rester en équilibre sur une bicyclette. Je propose que ce même mécanisme pour désapprendre une émotion addictive, une pensée obsédante, une action compulsive loge à la même adresse du défi et du combat à mener avec courage et détermination. Nous avons encore moins d’emprise sur notre comportement/physiologie que sur toutes les autres composantes de notre comportement global. Essayez de faire battre la charade à votre coeur à l’instant même! Cependant, nous avons plus de pouvoir sur notre comportement/action, lequel aura une

https://youtu.be/Kh50cHHmKy4

(https://youtu.be/MFzDaBzBlL0)

45

incidence sur notre comportement/physiologie. Faites-en l’expérience en montant en vitesse un grand escalier! Le résultat sera probant. Dans le même sens, nous avons moins d’emprise sur notre comportement/émotion que sur notre comportement/pensée. Essayez d’être triste à l’instant même! Cependant, nous avons plus de pouvoir sur notre comportement/pensée, lequel aura une incidence sur notre comportement/émotion. Faites un exercice de mémoire pour vous rappeler un souvenir angoissant. Peut-être que le rappel d’un tel événement récent aura un début d’influence sur une émotion triste? CONCLUSION À cette étape-ci, même si la Théorie du choix/Thérapie de la réalité est bien campée, nous en sommes à ma perception de son application dans ma vision subjective du monde. Tellement de liens restent à développer dans chacune de nos vies. Pour s’enrichir mutuellement de nos perceptions en vue d’avoir une vue plus juste du monde réel, je vous propose de nous partager vos réflexions au sujet de la Théorie du choix/Thérapie de la réalité. Je vous attends sur cyberauteur.com/blogue. Ainsi, fidèle à la démarche de William Glasser, je tente de tisser un lien d’appartenance dans le temps avec mon blogue… avec toutes les limites du monde virtuel. En fait, j’offre seulement mon désir de vous accompagner au salon pour une bonne discussion seul à seul. Je sais, je sais… Je me situe dans le monde de l’Internet. Nous serons confinés dans un « salon » virtuel… un peu froid. Cependant, peut-être que mon désir humblement offert d’aider mon prochain et mon espoir de faire une différence appréciée lors de mon bref passable sur cette terre deviendront une force de résilience sur le chemin de vos propres défis de vie? Là, sur ce terrain. Là, simplement... Pour faire naître une vague d’espérance dynamisante? Je trace cette ligne comme une limite, comme une fin réelle de mon résumé de la Théorie du choix. Pour bien marquer cette frontière entre mon désir de vous partager un discours plus personnel et pour respecter la pensée du Dr Glasser, je vous donne un aperçu de la suite de mes réflexions seulement en annexe de ce livre. Ainsi, je veux vous offrir le choix de terminer maintenant la dimension de l’approche psychologique de Glasser pour les uns ou de poursuivre – en annexe – un discours complémentaire philosophique pour les autres. Plus encore, nourri par ma formation en théologie, j’annonce tout de suite une conclusion bien campée pour éviter toute ambiguïté. D’ailleurs, j’ai déjà témoigné de ma démarche psychospirituelle dans d’autres écrits virtuels. C’est dans ce sens que j’écrivais dans mon livre Témoignage personnel… sur le chemin le moins fréquenté :

« Par expérience, je classe l’essai de Scoot Peck dans les écrits aidants, comme un ami qui livre ses réflexions sur l’amour, sur la vie et qui, parce qu’étant lui-même en contact avec son humanité, nous rejoint profondément. C’est Pierre Vadeboncoeur qui nous parlait de la «nécessité d’avoir au-dessus de soi un signe souverain qui nous garde dans un état d’humilité salutaire ». Pour Peck, le spirituel prend la forme d’une croissance psychologique faisant appel au dépassement de soi pour rencontrer l’autre. Nécessaire croissance passant par une discipline personnelle face aux joies de la vie, en regard de nos responsabilités et en relation avec l’authenticité d’être. » 19

Je suis déjà comblé si vous avez profité de mon résumé de la Théorie du choix. Je crois qu’elle possède une portée universelle dans laquelle vous pourrez y reconnaître des éléments de votre vie personnelle. Cependant, je veux vraiment faire une démarcation avec mes propres raisonnements, qui nous conduiront vers des sentiers parsemés de polémiques, pour que cette autre dimension de mon discours ne porte pas préjudice à l’approche du Dr Glasser. Donc, ma porte d’entrée vers une réflexion plus personnelle sera la réalité du bien et du mal – tout de même bien identifiée dans l’approche de Glasser – et un sens à la vie qui est susceptible de nous aider à discerner ce que je perçois comme une éthique du bonheur. Jacques Noël Cyberauteur [email protected]

46

1. Dufresne, Jacques. Encyclopédie de l’Agora. Le normal et le pathologique selon Claude Bernard.

(http://goo.gl/Ncrd7Z)

2. Lenoir, Véronique. Mot de la coordonnatrice, L’Entrain. (http://www.entrainsm.org/mot.shtml)

3. The William Glasser Institute (http://www.wglasser.com)

4. Association Québécoise de la Thérapie de la réalité (http://www.aqtr.qc.ca)

5. Réalité Thérapie Pro-Action Inc. (http://pro-action.ca)

6. Cette image me vient de Françoise Dolto.

7. Visuel du diagramme du fonctionnement du cerveau de Glasser (https://goo.gl/swdzsM)

8. Idem

9. Idem

10. Glasser, William. Édition française de The Quality School : Managing Students without

Coercion, New York, Haroer and Row (1989)

11. Glasser, William. Vivre ensemble [trad. de l’américain par Jean-Pierre Laporte] – Glasser,

William, 1925-1996

12. Viorst, Judith. Les renoncements nécessaires, 1986), 1988, éditions Robert Laffont, Paris.

13. La Maison Monbourquette (http://www.maisonmonbourquette.com)

14. Peck, Scott. Le chemin le moins fréquenté. Ed. J’ai lu.

15. Noël, Jacques. Témoignage personnel… sur le chemin le moins fréquenté

(https://temoinscottpeck.wordpress.com)

16. Idem

17. Les connexions par synapses, ne sont pas fixes, elles se font et se défont sans arrêt. On estime à 1O

puissance 14 (10 suivi de 14 zéro) le niveau moyen de liaisons synaptiques chez un adulte. Aucun

modèle mathématique ne permet aujourd’hui de rendre compte d’une telle complexité.

(http://goo.gl/GqdTQt)

18. Drame de Polytechnique (http://goo.gl/uX6NWx)

19. Noël, Jacques. Témoignage personnel… sur le chemin le moins fréquenté.

(www.temoinscottpeck.wordpress.com)