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Ad blocking Blocage de publicités, état des lieux

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Ad blockingBlocage de publicités, état des lieux

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Les adblockers ( en français « bloqueurs de publicités » ) permettent

de naviguer sur internet sans publicité. Ce sont pour la plupart des

extensions de navigateur, comme Adblock Plus, qui bloquent l’affichage

des bannières et vidéos publicitaires. Or, sur internet, de nombreux

modèles économiques reposent principalement, voire exclusivement, sur

la publicité. Le principe consiste à offrir des contenus et / ou des services

gratuits en échange de l’exposition à la publicité. Aussi les adblockers

sont-ils considérés comme une menace par les éditeurs, les annonceurs et

tout l’écosystème de la technologie publicitaire.

Les adblockers représentent-ils une menace pour vous ? Comment réagir

face à ce phénomène ?

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Un phénonème qui touche le grand publicUtilisation des adblockers : tendances

Comment expliquer le succès des adblockers ?

Quels enjeux pour le secteur de la publicité ?

Comment fonctionnent les adblockers ?Sur desktop

Sur mobile

Les réponses aux adblockersDe nouveaux standards publicitaires

Informer le public : la réponse de la majorité des éditeurs

Tirer parti des adblockersÉditeurs — Mieux connaître son audience grâce à l’analyse de trafic appliquée

au blocage publicitaire

Éditeurs — Être à l’écoute de son audience et explorer de nouvelles stratégies

de monétisation

Éditeurs & annonceurs — Penser « contenu et contexte »

Conclusion

p. 4

p. 10

p. 11

p. 15

p. 19

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Un phénomène qui touche le grand public

Utilisation des adblockers : tendances

Le blocage de publicités n’est plus

limité aux pionniers ( early adopters )

ni aux technophiles : désormais très

largement utilisé, il touche le grand

public. Selon le rapport annuel de

PageFair et Adobe, les principales

extensions de blocage publicitaire

comptaient 198 millions d’utilisateurs

actifs mensuels en juin 2015.

À l’échelle mondiale, le nombre de

personnes utilisant des logiciels de blocage publicitaire a augmenté de

41 % entre 2014 et 2015.

De plus, il y a de fortes chances pour que le taux d’adoption des

adblockers augmente à mesure que

vieillit la classe d’âge où elle est la plus

courante – la génération Y –, mais aussi

à mesure que les utilisateurs mettent

à jour leurs navigateurs internet. Ces

derniers, qui facilitent de plus en plus

l’installation d’adblockers, ont une

influence majeure sur ce phénomène

en fonction de leur politique

d’utilisation, de leur compatibilité

avec les adblockers et des paramètres

installés par défaut.

Le taux d’adoption varie selon les pays

Adobe/PageFair, The cost of adblocking, 2015

Étude PHD ( Omnicom ), 2015

Google Chrome : premier moteur de croissance des adblockers

La facilité avec laquelle on peut installer des

extensions d’adblocking sur Google Chrome,

conjuguée à la part de marché croissante du

navigateur de la firme californienne, constituent

des moteurs essentiels de la croissance du blocage

de publicités. L’utilisation d’adblockers sur Chrome

a augmenté de 51 % entre le 2e trimestre 2014 et

le 2e trimestre 2015.

Adobe/PageFair, The cost of adblocking, 2015

10,4 %

15 %

20,3 %

25,3 %

10 à 12 %

France

États-Unis

Royaume-Uni

Allemagne

Chine

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Enfin, si initialement la question ne se posait que sur desktop,

elle concerne à présent également le mobile. La méthode

la plus courante consiste à télécharger sur les app stores un

navigateur tiers, qui bloque les publicités par défaut sur les

pages web mobiles. Ces navigateurs rencontrent un succès

grandissant : ils ont enregistré une croissance de 90% en 2015

et comptaient 408 millions d’utilisateurs mensuels actifs en

mars 2016 2. À date, leur utilisation se cantonne surtout au

marché asiatique, puisque 93% des utilisateurs se situent dans cette

région. Le navigateur UC Browser, développé par Alibaba Group, y

est particulièrement plébiscité. Toutefois, leur utilisation devrait se

populariser dans les pays occidentaux, à mesure que

les fabricants de mobiles et éditeurs de navigateurs

proposent des fonctionnalités d’ad blocking. Ainsi, les

navigateurs par défaut sur iOS 9 et sur les smartphones

Samsung sont désormais compatibles avec des

applications tierces d’ad blocking.

Malgré cela, en 2015, les supports mobiles

représentaient environ 38 % de l’ensemble de la

navigation internet, mais seulement 1,6 % du trafic publicitaire bloqué au

niveau mondial 3. Cet apparent paradoxe est lié au fait que les utilisateurs

mobiles passent la majorité de leur temps sur des applications, et

que ces dernières ne sont ( pour l’heure ) pas touchées par le blocage

publicitaire.

En 2015, les utilisateurs mobiles ont passé 88 % de leur temps sur des applications 1

1 The Mobile Majority, "iOS9: Will Mobile Ad Blocking Ruin Advertising?", septembre 2015

2 PageFair, Mobile Adblocking Report, 2016

3 Adobe/PageFair, The cost of adblocking, 2015

Au sein de la région Asie-Pacifique, 36% des utilisateurs de smartphone ont recours à un navigateur tiers d’ad blocking 2

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À ce jour, les supports mobiles ne sont pas un facteur majeur dans la

croissance du blocage publicitaire, mais ils pourraient le devenir, surtout

si l’ad blocking tient réellement ses promesses – permettre aux utilisateurs

de naviguer sur un écran plus grand débarrassé de publicités et d’accéder

plus rapidement aux contenus et aux services, tout en économisant leur

batterie et en limitant la consommation de données.

Qu’en est-il du blocage publicitaire dans les applications mobiles ?

D’un point de vue technique, le blocage publicitaire dans les applications mobiles est possible.

Jusqu’à présent, les applications permettant de le faire ont cependant été exclues des app stores de

façon systématique. En janvier 2016, Apple a par exemple retiré de son App Store une application

intitulée BeenChoice. Depuis mars 2016, Google précise explicitement dans les réglementations du

Google Play Store que les « applications qui bloquent ou perturbent l’affichage des annonces d’une

autre application » sont interdites 1.

1 Centre d’informations réglementaires pour les développeurs du Google Play Store, section Confidentialité et sécurité

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Pourquoi avez-vous installé un adblocker ?

69 % « Des publicités agaçantes, ou qui

interrompent ma navigation »

66 % « Un impact négatif sur la performance

des sites »

60 % « Trop de publicités affichées »

Teads, « Pourquoi installe-t-on des ad blockers ? », janvier 2016

Comment expliquer le succès des adblockers ?

L’utilisation des adblockers

est motivée par trois raisons

majeures :

— Se débarrasser de

publicités qui nuisent à

l’expérience de navigation ;

— Limiter, ou bloquer

la collecte de données

personnelles ;

— Naviguer plus

efficacement sur internet

grâce à un chargement

plus rapide des pages, qui permet d’économiser de la batterie et des

données, en particulier sur mobile.

Le recours aux adblockers est une forme de défense

contre une expérience en ligne devenue désagréable

voire inacceptable selon les utilisateurs. Leur décision

d’opter pour cette solution relève d’une approche

rationnelle et proactive : d’après une étude menée

par l’IAB 4, même si le simple fait d’entendre parler de

l’existence des solutions d’adblocking est la première

raison avancée pour expliquer l’installation d’un

adblocker, une partie des utilisateurs se lance également

à la recherche de telles solutions de manière spontanée.

Le secteur de la publicité se trouve actuellement à un tournant décisif :

la majorité des acteurs s’accorde à reconnaître que le développement

4 L’Interactive Advertising Bureau est une organisation professionnelle du secteur de la publicité dont le but est de mettre au point

des normes, de mener des recherches et d’offrir un soutien juridique aux acteurs de la publicité en ligne

« Nous avons laissé l’équilibre subtil entre contenus, commerce et technologie sur internet se dégrader. »— Scott Cunningham, IAB Tech Lab

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des adblockers découle directement du fait que l’expérience utilisateur

a trop longtemps été négligée lors de l’élaboration des formats et des

campagnes. Or, le développement rapide de formats et de plateformes

divers, ainsi que la multitude d’acteurs impliqués dans la chaîne

publicitaire, ne facilitent ni la prise de conscience de la responsabilité de

chacun, ni la mise en place d’un consensus sur la façon dont le secteur

doit réagir face à la montée en puissance des adblockers.

Quels enjeux pour le secteur de la publicité ?

Le blocage publicitaire soulève plusieurs problèmes. De toute évidence,

il menace le modèle traditionnel de monétisation des éditeurs de

contenus et des vendeurs de technologie publicitaire. On a estimé à plus

de 21 milliards de dollars le coût du blocage publicitaire

en 2015, ce qui représente 14 % des dépenses

publicitaires mondiales. Les prévisions indiquent en

outre que ce coût mondial devrait atteindre 41,4

milliards de dollars à l’horizon 2016 5.

Du côté des annonceurs, les recherches de l’IAB montrent que le blocage

publicitaire réduit l’inventaire disponible : la quantité de publicités

affichables diminue, en particulier à destination d’une cible jeune et

masculine ( les pionniers ). Le déséquilibre entre l’offre ( les utilisateurs qui

peuvent être exposés à vos publicités ) et la demande ( les publicités que

vous souhaitez montrer à votre audience ) génère alors une augmentation

des coûts. Il affecte également la valeur de l’audience : en désactivant

les possibilités de tracking, les adblockers limitent la possibilité de

construire des audiences qualifiées. De ce fait, ils peuvent également

fausser l’évaluation de l’efficacité d’une campagne, ce qui a pour effet

de réduire la confiance des annonceurs dans la fiabilité des données de

performance.

5 Adobe/PageFair, The cost of adblocking, 2015

Coût du blocage publicitaire ( $ )

21 milliards en 2015 41,4 milliards en 2016

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On peut enfin avancer que, paradoxalement, le blocage de publicités

pourrait à terme limiter les choix qui s’offrent à l’utilisateur et pourrait

même faire augmenter les coûts pour lui. En effet, le modèle actuel de

la publicité en ligne a permis aux éditeurs de proposer gratuitement

des contenus depuis plus de dix ans. Si les frais de souscription

remplacent le financement par la publicité, le blocage publicitaire pourrait

potentiellement donner naissance à un internet où seuls ceux qui ont

les moyens de s’acquitter du paywall ( système payant bloquant l’accès

du site pour les non abonnés ) auraient accès à l’information, ce qui

menacerait la diversité des médias.

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Comment fonctionnent les adblockers ?

Sur desktop

Les adblockers sont pour la plupart des extensions de navigateur comme Adblock Plus. Ils se

réfèrent à une liste de sites et de scripts qui identifie toutes les expressions récurrentes, tous les

noms de fichiers, séquences de code ou structures à l’intérieur d’une page web qui connectent

cette dernière aux serveurs publicitaires. Cette base de données en Open Source, intitulée

Easylist, est alimentée par une communauté active en faveur du blocage de publicités. Les

extensions d’adblocking stockent l’Easylist et bloquent les requêtes correspondantes lorsqu’elles

filtrent le code de la page web, au moment du chargement.

Les utilisateurs ont la possibilité de créer une « liste blanche » ( whitelisting ), c’est-à-dire qu’ils

peuvent autoriser certains sites spécifiques à diffuser des publicités. Ils peuvent également signaler

des publicités qu’ils jugent inacceptables.

Sur mobile

Sur mobile, le blocage publicitaire repose sur le « filtrage de contenu », expression qui désigne

la capacité à bloquer tout type de contenu sur des pages web, parmi lesquels figurent les

publicités. D’un point de vue technique, il repose sur les mêmes principes que sur desktop : avant

que le navigateur ne charge les éléments d’une page, le bloqueur de contenu en examine la

concordance avec les modèles de son filtre. Les applications de filtrage de contenu comme Crystal

permettent une personnalisation assez poussée, et les utilisateurs peuvent en théorie bloquer des

sites entiers en référence à des mots-clés qu’ils choisissent d’exclure.

On notera qu’Apple donne à ses utilisateurs la possibilité de lire des articles sans publicités depuis

longtemps, grâce au « mode lecteur » de Safari.

Qu’est-ce que la « navigation privée », et quelle est la différence avec le blocage publicitaire ?

La « navigation privée » est une fonctionnalité des navigateurs qui désactive l’historique de navigation et le

cache. Elle permet ainsi de naviguer sur le Web sans stocker de données locales dans le navigateur.

La navigation privée ne bloque pas les publicités, mais répond à l’une des préoccupations qui poussent les

gens à installer des adblockers : elle leur permet de ne pas laisser de traces susceptibles d’être utilisées

ultérieurement, à des fins de reciblage par exemple.

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Les réponses aux adblockers

De nouveaux standards publicitaires

Dans un communiqué datant d’octobre 2015, l’IAB a admis que

l’industrie dans son ensemble avait « perdu de vue la notion d’expérience

utilisateur », en « ciblant les utilisateurs avec des publicités de plus en

plus lourdes, ayant pour effet d’avoir ralenti internet et vidé plus d’une

batterie ». Dans ce contexte, plusieurs initiatives ont été lancées par des

acteurs du secteur :

— L’IAB recommande la mise en place de nouvelles normes mondiales

dans l’écosystème publicitaire, l’objectif étant d’obtenir des publicités

plus « propres » de façon à minimiser tout impact négatif sur l’expérience

utilisateur. L’organisation a donc créé l’initiative L.E.A.N. , un acronyme

qui désigne des publicités légères, chiffrées, donnant le choix à

l’utilisateur, et non-intrusives ( Light, Encrypted, Ad-choice supported,

Non-invasive ). L’IAB travaille actuellement sur une notation L.E.A.N. qui

s’appuiera sur des

critères objectifs pour

évaluer les annonceurs

et éditeurs.

— L’IAB Tech Lab

est allé plus loin en

développant le script

de détection D.E.A.L.

( Detect, Explain, Ask

and Limit, c’est-à-dire

« détecter, expliquer, demander et limiter » ). Cette technologie en open

source permet aux éditeurs de déterminer de façon fiable et systématique

si un processus de blocage publicitaire est en cours sur une page, et

d’agir en conséquence.

Le script D.E.A.L. de l’IAB

— Détecter la présence d’un processus de blocage publicitaire

lors du chargement d’une page grâce à un script fiable

— Expliquer aux utilisateurs le fonctionnement de l’échange de

valeur dans le secteur des médias et de la publicité

— Appeler les utilisateurs à désactiver le blocage publicitaire ou à

mettre le site sur liste blanche

— Lever les restrictions ou limiter l’accès utilisateur

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— Teads, la plateforme de publicité vidéo native, a publié un

« Manifeste pour une publicité durable » qui détaille 10 étapes visant

à « éveiller l’intérêt des utilisateurs plutôt que de les irriter ». Parmi ces

étapes figure notamment l’interdiction des bannières interstitielles, des

pop-ups et des formats vidéo non skippables.

— Le projet AMP ( Accelerated Mobile Pages, ou « pages mobiles

accélérées » ) a été lancé en octobre 2015 par Google dans le but d’établir

une norme open source permettant aux éditeurs de créer des pages

internet à chargement rapide sur mobile. Il est à l’origine d’un nouveau

format HTML plus léger, conçu pour accélérer le chargement sans pour

autant sacrifier la richesse des contenus. Le HTML AMP est déjà utilisé par

des éditeurs majeurs comme la BBC, El Mundo ou Condé Nast.

À suivre…

Un collectif d’entreprises de technologie publicitaire, réunies sous le nom de DigiTrust, travaille actuellement

à la mise en place d’un identifiant utilisateur unique pour éviter aux éditeurs de surcharger leurs pages d’une

multitude de scripts tiers ou de pixels qui ont un impact négatif sur l’expérience utilisateur. L’initiative a pour

but d’offrir une meilleure expérience de navigation en réduisant la quantité d’échanges de données et donc

la durée de chargement des pages. En garantissant des intégrations plus fiables avec les partenaires tiers, ils

veulent aider les annonceurs à toucher des audiences ciblées à plus grande échelle et sur une gamme plus

large de plateformes et d’appareils.

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Informer le public : la réponse de la majorité des éditeurs

La majorité des créateurs de contenu comprennent aujourd’hui ce

qui pousse les utilisateurs à bloquer les publicités. Ils estiment que

la meilleure façon de faire face à ce défi est d’être à l’écoute de

leur audience, de l’informer et de la convaincre de la valeur que

représente la publicité pour l’ensemble du secteur. Cette stratégie

est actuellement mise en place au moyen de tactiques diverses : là

où certains demandent poliment aux utilisateurs de désactiver leur

adblocker, d’autres restreignent voire interdisent l’accès aux contenus,

et établissent un paywall plus ou moins strict. En plus d’adopter une

approche pédagogique, ces éditeurs comprennent que certains types de

publicités, comme les pop-ups, peuvent être envahissants, et s’engagent

donc aussi à diffuser des publicités plus propres.

Éthique et responsabilité

Le New York Times a qualifié

« Bloquer ou ne pas bloquer » de

questionnement philosophique et

Fortune 500 a publié une double

page sur l’éthique du blocage

publicitaire.

Le paywall modéré

En octobre 2015, Axel Springer a

décidé qu’à chaque fois qu’un utilisateur

d’adblocker tenterait d’accéder au site de

Bild ( le journal le plus vendu d’Europe ), un

message s’afficherait pour lui demander de

choisir entre deux alternatives : désactiver

l’extension et naviguer gratuitement sur

le site, ou s’abonner à une version sans

publicités de Bild pour 2,99 € par mois. En

novembre, la maison d’édition a annoncé

que la proportion de lecteurs utilisant un

adblocker sur le site de Bild était passée de

23 % à un nombre « à un seul chiffre ».

Le paywall strict

Le Times a adopté l’une des

stratégies les plus dures en mettant

en place un paywall strict : celui-ci

ne donne accès qu’à un aperçu de

quelques articles puis nécessite un

abonnement payant.

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En France, l’association professionnelle

des éditeurs en ligne GESTE a

lancé la « Semaine sans adblocks »

pour rappeler aux utilisateurs que

« les contenus et services ne sont

pas gratuits » et pour souligner « le

caractère indispensable de la publicité

comme source de financement ».

Une quarantaine d’éditeurs y ont

participé, chacun à leur façon, en

diffusant des messages pédagogiques

et en demandant à leurs utilisateurs

de désactiver leur adblocker, voire

en les forçant à le faire. Les résultats

sont encourageants : suite à cette

campagne, la diminution de la part

d’audience utilisant un adblocker allait

de 11 à 20 % selon la catégorie de

contenus.

Une Semaine sans adblocks, chez Le Figaro

La part du trafic mensuel adblocké sur le site

du quotidien Le Figaro est estimée à 20 %.

Au cours de la « Semaine sans adblocks »

organisée en France par le GESTE, le journal a

progressivement flouté les contenus de son site

pour les lecteurs utilisant un adblocker, avant

d’afficher une bannière leur demandant de le

désactiver.

À la quatrième

page, les

articles devenaient illisibles. À la fin de

cette semaine d’essai, 20 % des utilisateurs

d’adblockers avaient mis le site sur liste

blanche, et 5 % d’entre eux avaient opté pour

un abonnement payant leur donnant accès à

des contenus sans publicités. Encouragé par

ces résultats, Le Figaro a décidé de prolonger

son interdiction des adblockers.

Digiday, "How Le Figaro got 20 percent of its blocking

readers to whitelist the site", avril 2016

Des solutions de contournement qui ne résolvent pas le problème…

Tandis que certains annonceurs et éditeurs tentent de trouver un moyen raisonnable de relever le défi que représente le

blocage publicitaire, d’autres ont choisi de le contourner complètement en tentant de diffuser des publicités coûte que

coûte ou de « nettoyer » la nature et le nombre des publicités diffusées, et ce de manière plus ou moins arbitraire.

On trouve par exemple :

— Des chiffrements permettant de tromper les listes des adblockers, comme le projet AdGateway de Digiteka.

— Le filtrage de la « quantité minimale de publicités », comme le propose DYP Solutions, qui a créé une extension

permettant d’afficher une seule publicité non-intrusive sur la page internet tout en bloquant toutes les autres.

— La mise sur liste blanche moyennant paiement : certaines entreprises paient une contribution pour figurer sur la « Liste

des Publicités Acceptables » d’Adblock Plus, ce qui signifie que les utilisateurs verront leurs publicités, et ce quels que

soient leur choix ( à moins qu’ils n’ajustent leurs paramètres sur la configuration la plus stricte ).

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Vous pouvez suivre le nombre

d’utilisateurs d’adblockers

directement dans Google

Analytics en utilisant un faux

script publicitaire ( comme advertising.js ), ce

qui déclenchera un adblocker et lancera un

événement dans Google Analytics.

En savoir plus : "Measure how many of your visitors

are using Adblock", dcarlbom.com

Tirer parti des adblockersComment tirer le meilleur parti du blocage publicitaire, même si vous

considérez avant tout ce phénomène comme une menace pour votre

entreprise ?

Éditeurs — Mieux connaître son audience grâce à l’analyse de trafic appliquée au blocage publicitaire

Le blocage publicitaire peut s’avérer

intéressant pour mieux comprendre vos

utilisateurs grâce à la webanalyse.

Il est utile de contrôler de près le taux de

blocage publicitaire sur votre site, ainsi

que le taux d’utilisateurs d’adblockers

ayant mis votre site sur liste blanche. Considérez ces indicateurs clés de

performance comme une nouvelle source de retour utilisateur, qui vous

fourniront des informations sur le degré d’acceptation des publicités sur

votre site et les connaissances de vos utilisateurs en matière d’extensions

d’adblocking. fifty-five a déjà réalisé ce type d’analyses pour de grands

éditeurs et peut vous aider à mesurer les bons indicateurs clés de

performance pour ensuite prendre des mesures adaptées.

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Étude de cas

Ouest-France est le premier quotidien français en termes de diffusion. fifty-five a

collaboré avec Fabrice Bazard, Directeur des Services Numériques, pour assister le

journal dans sa mise en conformité avec les directives européennes sur la protection

des données personnelles. Une analyse complète du blocage publicitaire sur leur site a ensuite été réalisée.

Voici quelques informations tirées de cette analyse :

— 1 visite sur 5 est affectée par le blocage publicitaire, ce qui a un impact significatif sur le chiffre d’affaires

du journal.

— Le taux d’adoption des adblockers dépend du profil socio-démographique des utilisateurs et de leurs

habitudes de navigation. Les utilisateurs d’adblockers sont le plus souvent des hommes jeunes, et le trafic

apporté par les réseaux sociaux est plus impacté par les adblockers que le trafic en accès direct. L’étude a

confirmé que plus la mise à jour du navigateur était récente, plus il était probable qu’un adblocker soit activé,

en particulier sur Google Chrome et Firefox. Le blocage publicitaire sur mobile reste un phénomène marginal.

— L’utilisation d’un adblocker réduit de presque moitié le temps de chargement d’une page, et les

utilisateurs d’adblockers consultent un plus grand nombre de pages et restent plus longtemps sur le site. Cette

corrélation avec les indicateurs d’engagement laisse à penser que l’utilisation d’un adblocker a un impact

positif sur l’expérience utilisateur, et pourrait favoriser l’engagement sur site.

Et maintenant ?

Suite à cette première analyse quantitative, fifty-five se propose d’aider Ouest-France dans la conception et la

mise en œuvre de sa stratégie vis-à-vis des adblockers en examinant plus en détail ce qui motive leurs lecteurs

à utiliser ce type de logiciels et en testant une série de formats et de messages pédagogiques.

Éditeurs — Être à l’écoute de son audience et explorer de nouvelles stratégies de monétisation

Une fois que vous comprenez

mieux votre audience, montrez-

lui que vous savez donner

la priorité à l’utilisateur et

tenir compte de ses besoins.

Explorez de nouvelles sources

de revenus et des formats de

publicités plus riches et centrés

sur le contenu grâce aux outils

Forbes a adopté une approche fondée sur

l’expérimentation pour sa stratégie de monétisation :

son site demande aux visiteurs utilisant un adblocker de

désactiver le logiciel en échange

d’une « expérience allégée en

publicités » pour une durée de 30 jours, un concept encore

expérimental qui sera amené à évoluer en fonction des

données collectées.

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Les publicités natives permettent d’obtenir un gain d’efficacité supplémentaire de 9 % concernant l’affinité pour la marque et 18 % pour les intentions d’achat, par rapport aux bannières classiques 7

Est-il possible de bloquer la publicité native ?

Certains types de publicité native peuvent être

détectés par les adblockers.

Pour résoudre ce problème, certaines entreprises

de publicité native comme Ligatus Native diffusent

leurs publicités en les faisant passer par un « reverse

proxy » redirigeant vers les serveurs de l’éditeur. Les

publicités sont hébergées sur les mêmes serveurs que

les contenus, de telle sorte que l’adblocker ne peut

pas les bloquer sans bloquer aussi l’ensemble des

contenus.

de ciblage et de test A/B. Soyez à l’écoute de

vos lecteurs et laissez-les vous guider dans la

recherche d’un nouveau modèle « fondé sur la

valeur plutôt que sur le volume », pour reprendre

les termes du journaliste Jeff Jarvis 6.

Éditeurs & annonceurs — Penser « contenu et contexte »

Dans cette perspective, la publicité native peut

être une stratégie intéressante. Cette approche

consiste à diffuser des contenus promotionnels

à valeur ajoutée qui s’intègrent harmonieusement à l’environnement

éditorial, et qui portent sur des sujets qui intéressent réellement vos

lecteurs. Elle a été testée par de grands éditeurs comme le New York

Times, Forbes ou Buzzfeed.

Les publicités natives sont adaptées au contenu et au style du site

internet qui les héberge, elles respectent les mêmes normes de qualité

en tant que contenu éditorial

et, surtout, elles apportent une

valeur réelle au public, là où la

publicité classique est trop souvent

considérée comme purement

envahissante et inutile. Avec ce

type de publicité centrée sur le

contenu, les éditeurs vendent

un véritable savoir-faire à forte

valeur ajoutée, plutôt qu’un simple

espace publicitaire. Les marques

démontrent leur capacité à produire

6 Jeff Jarvis, “Death to the Mass, Media must rebuild its business around relevance and value, not volume”

7 Sharethrough IPG Media Labs, "Native ads vs. standard banners", 2015

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des messages intéressants et bien documentés, éventuellement appuyés

par des partenariats et des influenceurs pertinents. Une étude détaillée

sur les conditions de vie des détenues aux États-Unis publiée par le

New York Times illustre parfaitement cette approche : elle a fait avec

intelligence la présentation et la promotion de l’intrigue de la série Netflix

« Orange is the New Black ».

Au-delà de la publicité native, il est absolument impératif de se

concentrer sur des formats de qualité et de veiller à ce que les

campagnes soient diffusées dans un contexte approprié. Cela signifie

par exemple s’assurer que les formats utilisés s’adaptent à la taille de

l’écran ( responsive ) et qu’il existe une forme de coordination et de

transparence entre ce qui est acheté en programmatique et ce qui est

acheté directement de gré à gré, ou encore en contrôlant et en instaurant

une limite de fréquence par le biais de l’analyse minutieuse des données

et des objectifs commerciaux. En un mot, penser, exécuter et piloter les

campagnes marketing en vue de toucher des individus, au lieu de penser

impressions et clics.

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ConclusionLes adblockers sont révélateurs d’une tendance plus générale : les

utilisateurs se sont peu à peu lassés de la publicité sur internet et veulent

reprendre le contrôle de leur expérience en ligne. Les marques, les

éditeurs et les acteurs de la technologie publicitaire ne peuvent plus

ignorer ces attentes. Ils doivent repenser la publicité, la communication et

le marketing dans leur ensemble et apprendre à exploiter et à combiner

la créativité, les données et les technologies de façon systématique.

Une réponse appropriée au blocage publicitaire doit être à la fois

pragmatique – savoir qui utilise les adblockers au sein de votre audience

et pourquoi, sélectionner un certain nombre de formats publicitaires

que vous jugez acceptables et interdire de façon explicite les formats

inacceptables, soutenir la standardisation des formats – et stratégique

– changer d’approche pour donner la priorité à l’utilisateur, penser

qualité, contexte et contenus… et être prêt à en accepter le coût si

besoin. La publicité digitale ne peut plus être considérée comme une

forme de publicité bon marché et doit être planifiée avec les ressources

et l’expertise adéquates. Tout cela ne peut être mis en place sans un

processus de formation et d’éducation étendu à l’ensemble du secteur

publicitaire. C’est à ces conditions que les marques pourront offrir des

expériences contextualisées adaptées et être perçues comme fournissant

une valeur réelle, et ainsi regagner l’intérêt des utilisateurs.

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propriété de fifty-five

fifty-five accompagne les entreprises dans l’exploitation des données et de la technologie au

service d’un marketing et un achat-média plus performants. Partenaire des annonceurs de la

collecte à l’activation des données, l’agence aide les organisations à devenir de véritables entités

omnicanales maîtrisant l’efficacité de leur écosystème digital et ses synergies avec le monde

physique. Pilier data stratégique de You & Mr Jones, premier groupe de BrandTech au monde,

fifty-five propose des prestations associant conseil, services et technologie. L’agence compte

aujourd’hui des bureaux à Paris, Londres, Hong Kong, Shanghai et New York.

www.fifty-five.com | [email protected] | Paris • London • Hong Kong • Shanghai • New York juin 2016

Références principales

Adobe/PageFair, The cost of adblocking, 2015

PageFair, Mobile Adblocking Report, 2016

IAB, Adblocking Report: Who Blocks Ads, Why, and How to Win Them Back, July 2016

Teads.tv, Why People Block Ads, 2016

Plus d’informations

www.ampproject.org

www.digitru.st