32
Colloque temps et temporalités du web 1 er – 3 décembre 2015, Paris CNRS / Paris-Sorbonne / UPMC Thierry Berthier, Chaire de cybersécurité & cyberdéfense Saint-Cyr

Colloque temps et temporalités du web

Embed Size (px)

Citation preview

Page 1: Colloque temps et temporalités du web

Colloque temps et temporalités du web1er – 3 décembre 2015, Paris

CNRS / Paris-Sorbonne / UPMCThierry Berthier,

Chaire de cybersécurité & cyberdéfense Saint-Cyr

Page 2: Colloque temps et temporalités du web

Projection algorithmique : une augmentation humaine qui défie le

temps Thierry Berthier

Chaire de Cybersécurité & Cyberdéfense Saint-Cyr Thales - Sogeti

Page 3: Colloque temps et temporalités du web

Projection algorithmique : une augmentation humaine qui défie le temps

Plan

Le facteur temporel dans …

1 - La projection algorithmique d’un individu,

2 - Le niveau d’ubiquité d’un lieu,

3 - Le consentement algorithmique,

4 - L’effet de la convergence NBIC sur notre projection globale.

Page 4: Colloque temps et temporalités du web

1 - La projection algorithmique d’un individu

Page 5: Colloque temps et temporalités du web

1 - La projection algorithmique d’un individu

Lorsqu’un individu H déclenche l’exécution (volontaire ou non)d’un algorithme A sur un système S, une partie de l’informationassociée à cette exécution est stockée quelque part dans lesarchives de S, dans le Cloud ou ailleurs. C’est la trace numérique de cette interaction. Cette information est notée PS(H/A), comme la projection algorithmique de H sur S selon A. PS(H/A) est unensemble de mots binaires m qui ont un sens pour la machine quiexécute A. Cette projection algorithmique peut se décomposer encomposantes ouverte et fermée :

PS(H/A) = POS(H/A) U PFS(H/A)

Page 6: Colloque temps et temporalités du web

1 - La projection algorithmique d’un individu

POS(H/A) est la composante ouverte de la projection, elle estpublique, consultable par tous les utilisateurs sur S. PFS(H/A) est lacomposante fermée de la projection, elle est privée, consultable par les administrateurs de S et d’autres… Elle peut aussi se décomposer en composantes volontaire etsystémique :

PS(H/A) = PVOL-S(H/A) U PSYST-S(H/A) PVOL-S(H/A) est la composante volontaire de la projection. (je rédige un mail et je l’envoie, j’achète un objet en ligne).PSYST-S(H/A) est la composante systémique de la projection.(les métadonnées créées lors d’une interaction).

Page 7: Colloque temps et temporalités du web

1 - La projection algorithmique d’un individu

Lorsque l’on considère maintenant la réunion de toutes lesprojections algorithmiques d’un individu H sur le système S, onobtient sa S-projection notée PS(H) :

PS(H) = UA PS(H/A)

Puis, on généralise encore en considérant la réunion de toutes les S-projections de H. On obtient la projection algorithmique globale de H notée P(H) :

P(H) = US PS(H)

Page 8: Colloque temps et temporalités du web

1 - La projection algorithmique d’un individu

La projection globale P(H) d’un individu se décompose encore en composantes globales ouverte, fermée, volontaire et systémique. Elle se construit tout au long de notre vie…

P(H) est croissante en fonction du temps t.

L’archivage et la duplication des données assurent cette croissance en volume, de la naissance jusqu’à la mort.

La composante globale systémique va bientôt dépasser en volume la composante volontaire. Les objets connectés vont contribuer à ce basculement du volontaire vers le systémique.

Page 9: Colloque temps et temporalités du web

1 - La projection algorithmique d’un individu

Cette évolution nous questionne individuellement

Page 10: Colloque temps et temporalités du web

1 - La projection algorithmique d’un individu

Dans quelle mesure notre libre-arbitre peut-il s’accommoder d’une projection globale systémique hyper croissante ?

Doit-on s’y opposer ?

Chacun possède sa propre réponse. Celle d’aujourd’hui n’est pas celle de demain. Ma réponse est toujours directement liée à mon niveau de consentement algorithmique (cf. partie 3).

Page 11: Colloque temps et temporalités du web

2 - Le niveau d’ubiquité d’un lieu

Page 12: Colloque temps et temporalités du web

2 - Le niveau d’ubiquité d’un lieu

Considérons à présent un individu évoluant dans une ville connectée durant l'intervalle de temps [0,T]. Au cours de cettepériode, il va produire des projections algorithmiques volontaires etsystémiques (involontaires) dont on mesure le volume total V Vol ( H , [0,T] ) et V Syst ( H , [0,T] ) . On s'intéresse ensuite au ratiodes volumes "volontaire / systémique" durant la période considérée : R ( H , [0,T] ) = V Vol ( H , [0,T] ) / V Syst ( H , [0,T] ) puis à la valeurmoyenne µ ( R ( H , [0,T] ) ) de ce ratio prise sur tous les individusfréquentant la ville durant la période [0,T]. On peut alors définir leniveau d'ubiquité d'une ville connectée en fonction de cette valeurmoyenne.

Page 13: Colloque temps et temporalités du web

2 - Le niveau d’ubiquité d’un lieu

Définition du niveau d'ubiquité d'une ville : Une ville est dite ubiquitaire de niveau N sur la période [0,T] si :

µ ( R ( H , [0,T] ) ) < 10 - N

Le niveau d'ubiquité d'une ville intelligente est l'entier N[0,T]

maximum vérifiant cette inégalité.

Plus N est grand et plus la partie systémique des projections estprépondérante sur la partie volontaire. Cela signifie que durant lapériode considérée, la densité des objets, systèmes de surveillancevidéo et infrastructures connectées de la ville provoque cettedissymétrie. Le niveau N est globalement croissant dans le temps ausein d'une ville intelligente.

Page 14: Colloque temps et temporalités du web

2 - Le niveau d’ubiquité d’un lieu

Ubiquité et temporalité

La durée d’observation choisie T détermine le niveau d’ubiquité du lieu.

On peut s’intéresser à l’évolution de ce niveau d’ubiquité lorsque T tend vers 0. La limite s’interprète alors comme le niveau d’ubiquité instantané d’un lieu donné.

Page 15: Colloque temps et temporalités du web

3 - Le consentement algorithmique

Page 16: Colloque temps et temporalités du web

3 - Le consentement algorithmique

Ce second niveau d'ubiquité s'appuie cette fois sur une appréciation rétrospective que l'usager porte sur sa propre projection algorithmique purement systémique. Le niveau de consentement algorithmique (ou ubiquité consentie) mesure en quelque sorte le degré de liberté algorithmique ressenti par les usagers d'une ville intelligente. On le définit à partir des projections algorithmiques systémiques des usagers : P Syst - S ( H / A). On observe leur production de projections purement systémique durant l'intervalle de temps [0,T] puis à l'instant T, on leur demande de se prononcer rétrospectivement sur l'admissibilité de chacune des projections systémiques par la question : "Vous avez produit involontairement P Syst - S ( H / A). Si vous aviez la possibilité de bloquer ou de supprimer cette projection, le feriez-vous ?".

Page 17: Colloque temps et temporalités du web

3 - Le consentement algorithmique

Les réponses de l'usager permettent alors de séparer l'ensemble des projections systémiques créées durant la période [0,T] en deux sous-ensemble : les projections systémiques rétrospectivement consenties d'une part, et celles qui sont rétrospectivement jugées non admissibles par l'usager, c'est-à-dire, celles qu'il aurait refusées s'il en avait eu la possibilité. Ainsi, la projection systémique sur un système S pendant la durée [0,T] s'écrit :

PSyst - S (H, [0,T] ) = UA, [0,T] PSyst - S (H/A)

On la généralise à tous les systèmes actifs pendant l'intervalle de temps [0,T] pour obtenir :

PSyst (H, [0,T]) = US PSyst - S (H, [0,T])

Page 18: Colloque temps et temporalités du web

3 - Le consentement algorithmique

Puis, on passe à la phase de jugement rétrospectif de l'usager, à l'instant T, sur ses projections systémiques :

PSyst (H, [0,T]) = PSyst - consentie (H, [0,T]) U PSyst - refusée (H, [0,T])

Cette partition fait apparaitre la projection algorithmique systémique consentie par l'usager d'une part PSyst - consentie (H, [0,T]) et d'autre part, celle qu'il refuserait rétrospectivement de produire s'il en avait la possibilité : PSyst - refusée (H, [0,T]). En considérant les volumes respectifs de ces projections consenties et systémiques, on peut alors définir le ratio de consentement algorithmique d'un usager de la ville sur l'intervalle de temps [0,T] par :R consentie ( H , [0,T] ) = V Syst - consentie ( H , [0,T] ) / V Syst ( H , [0,T] )

Page 19: Colloque temps et temporalités du web

3 - Le consentement algorithmique

Enfin, on définit la valeur moyenne de ce ratio µ (R cons ( H , [0,T] ) ) prise sur tous les individus fréquentant la ville durant la période [0,T]. Définition du consentement algorithmique : On appelle consentement algorithmique sur la période [0,T] ou niveau d'ubiquité consentie d'une ville intelligente sur la période [0,T], la valeur C[0,T] = µ (R consentie ( H , [0,T] ) ) .

Plus cette valeur moyenne C[0,T] est proche de 1 et plus il y a consentement algorithmique des usagers de la ville intelligente. Plus ce ratio s'approche de 0 et plus les usagers ont le sentiment d'une perte de liberté et d'une captation illégitime par les infrastructures connectées de leurs données personnelles. Le ratio fournit une mesure sur la période [0,T] du degré de liberté ressentie par l'usager au sein de la ville intelligente.

Page 20: Colloque temps et temporalités du web

3 - Le consentement algorithmique

La valeur du consentement algorithmique dépend en particulier de la période sur laquelle on la mesure et du lieu d'implantation de la ville intelligente. Par exemple, la demande en systèmes de vidéo surveillance automatisés semble plus forte chez les habitants de Songdo (Corée du Sud) que dans une ville connectée européenne.

C'est avant tout une question de culture, de perception des risques et d'acceptation d'une technologie parfois intrusive.

Page 21: Colloque temps et temporalités du web

3 - Le consentement algorithmique

Prospérité et développement d’une ville intelligente :

Une ville intelligente ne peut prospérer, se développer, et augmenter ses capacités algorithmiques que si, lorsque N[0,T] croît, alors C[0,T] croît également.

Autrement dit, le développement et la prospérité d'une ville connectée reposent sur les croissances conjuguées de son niveau d'ubiquité N[0,T] et de son consentement algorithmique C[0,T] .

Page 22: Colloque temps et temporalités du web

4 - L’effet de la convergence NBIC sur notre projection globale.

Page 23: Colloque temps et temporalités du web

4 - L’effet de la convergence NBIC sur notre projection globale.

Page 24: Colloque temps et temporalités du web

4 - L’effet de la convergence NBIC sur notre projection globale.

La convergence NBIC rend aujourd’hui possible l’interfaçage neuronal. Les interfaces neuronales vont assurer la liaison entre le cerveau humain et l’espace numérique.

Notre projection algorithmique globale va se réifier. Le transfert d’informations entre le cerveau biologique et le cyberespace s’effectuera à la vitesse de la pensée humaine… Il faudra considérer sa projection algorithmique comme une augmentation de son propre corps.

Selon Ray Kurzweil, 2030 sera l’année de la pensée hybride grâce à la connexion généralisée du neocortex humain au cloud…

Page 25: Colloque temps et temporalités du web

4 - L’effet de la convergence NBIC sur notre projection globale.

Page 26: Colloque temps et temporalités du web

4 - L’effet de la convergence NBIC sur notre projection globale.

Page 27: Colloque temps et temporalités du web

4 - L’effet de la convergence NBIC sur notre projection globale.

Page 28: Colloque temps et temporalités du web

4 - L’effet de la convergence NBIC sur notre projection globale.

Page 29: Colloque temps et temporalités du web

4 - L’effet de la convergence NBIC sur notre projection globale.

La convergence NBIC va accorder les temporalités biologiques avec celles du cloud, du web et du cyberespace en général.

Il s’agit là d’un défi technologique majeur qui peut s’inscrire comme un nouveau seuil dans notre évolution darwinienne.

Page 30: Colloque temps et temporalités du web

La plasticité, principe de la dignité humaine.Pic de la Mirandole - 1486

Page 31: Colloque temps et temporalités du web

« Le parfait artisan décida finalement qu’à celui à qui il ne pouvait rien donner en propre serait commun tout ce qui avait été le propre de chaque créature. Il prit donc l’homme, cette œuvre à l’image indistincte, et l’ayant placé au milieu du monde, il lui parla ainsi : « Je ne t’ai donné ni place déterminée, ni visage propre, ni don particulier, ô Adam, afin que ta place, ton visage et tes dons, tu les veuilles, les conquières et les possèdes par toi-même. La nature enferme d’autres espèces en des lois par moi établies. Mais toi, que ne limite aucune borne, par ton propre arbitre, entre les mains duquel je t’ai placé, tu te définis toi-même. Je t’ai mis au milieu du monde, afin que tu puisses mieux contempler autour de toi ce que le monde contient. Je ne t’ai fait ni céleste ni terrestre, ni mortel ni immortel, afin que, souverain de toi-même, tu achèves ta propre forme librement, à la façon d’un peintre ou d’un sculpteur. Tu pourras dégénérer en des formes inférieures, comme celle des bêtes, ou régénéré, atteindre les formes supérieures qui sont divines » - Pic de la Mirandole. Discours sur la dignité de l’homme. 1486 ou 1487.

Page 32: Colloque temps et temporalités du web

http://cyberland.centerblog.net/ http://echoradar.eu/

http://www.chaire-cyber.fr/