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Echos 2 pros 12eme édition

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EchosPROS

PRESSE papier

VS numérique

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Directeurs d'édition -Directrice de la publication

Rédactrice en chefMaquettistes / Design Asistants de rédaction

InfographisteRédacteurs

LL

Dépôt légal Echos de Pros

Edition Montpellier III

Page 4: Echos 2 pros 12eme édition

SOMMAIRE

Le déclin du

papier

Les nouvelles stratégies

d'information

Le papier, cet éternel lien social

LE POINT SUR LA SITUATION

DES MEDIAS LOCAUX

La presse quotidienne, une réelle fracture dans les rédactions

Vos habitudes de lecture de la presse écrite locale

La presse montpelliéraine face au déclin du papier

LA RECHERCHE DE

SOLUTIONS

Ces journaux qu'on lit encore

La gratuité pour les lecteurs : est-ce la solution miracle ?

Le bi-média un réel défi pour la presse écrite française

Webmagazine, le virage du département

LA CONFIANCEABSOLUE

Redonner confiance en l’info Web : un challenge de taille

Web ou papier : en qui avoir le plus confiance ?

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© Jorlan Mariotat© Amélie Boban© Lucile Moustafa

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LE DECLIN ECONOMIQUE

La métamorphose contemporaine

Le papier disparaît, mais le journalisme survivra

Un changement de stratégie remarquable chez les annonceurs

Clément Boulle : « Être rentable sur le Web est difficile

Imprimeries : L’adaptation face au déclin du papier

UNE NOUVELLE

LIBERTED'INFORMATION ?

Vers un monde sans papier

Presse de qualité : lutte entre Web et Print

Comprendre le journalisme citoyen en trois minutes

Le lecteur, une nouvelle composante du journalisme

Internet : un espace de liberté pour les journalistes

Je clique, on me dit !

En route vers de nouveaux usages d’information !

LE PAPIER NE DISPARAITRA

JAMAIS !

Les kiosques de presse, solide relais de proximité face à Internet

Cafés et salons de thé, remparts de la presse papier

Moi le papier, j’y tiens !

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EVOLUTION DES PRATIQUES

PROFESSIONNELLES

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A CAUSE DE QUOI, DE QUI ?

Le déclin de la presse écrite : la faute à qui ?

Ils n'ont pas pris Internet au sérieux

L’oscilloscope du papier

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LE CHOIXDELIBERE DU PAPIER

Bout à bout : les irréductibles du quartier Boutonnet

Le Poing veut « ressusciter la presse populaire

Aurélien Courbon choisit le papier. Sans hésiter !

Presse papier et institutions locales : un lien sans faille

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«

«

© Suzie Brémond© Flicker, Petteri Sulonen© Céline Pascal

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UN CONSTAT, LE DECLIN DU PAPIER

DD

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La presse écrite locale doit répondre de nos jours à de nouvelles exigences, notamment technologiques. Le support papier ne suffit plus au lecteur du XXIe siècle qui tend vers de nouvelles habitudes de consommation de l'information.

LE DECLIN DU PAPIERLe point sur la situation des médias locaux

Le Monde Libération

Midi Libre

www.midilibre.fr

Depuis quelques années, la presse écrite traverse une crise considérable. Les journalistes Marie-Eve Chamard et Philippe Kieffer, s'interrogent sur l'avenir du journal papier face au numérique, et parlent des contraintes de bouclages qu'ils qualifient « d'inflexibles ». Les prix de production élevés, la lenteur de sa diffusion, ainsi que le poids du journal sont des facteurs qui participent largement à son déclin. Avec le développement d'Internet et des plateformes sociales, l'instantanéité de l'information est devenue possible.

Pour subsister, il devient alors essentiel que la presse écrite papier s'adapte non seulement à ce changement de support, mais aussi, à l'utilisation abondante du

La presse quotidienne, une réelle fracture dans les rédactions

D Depeptravertraver

lecteur aux technologies de l'information et de la communication. Du simple site Internet, en passant par les réseaux sociaux et les applications mobiles, l'information locale est désormais accessible partout.Cette gratuité, cette instantanéité et cette variété des supports que propose le Web satisfait d'autant plus le lecteur, qu'elle demande un autre mode d'organisation dans les rédactions.

« Dans les rédactions, la fracture est nette » explique Elisabeth Quin, journaliste.

À travers le Web 2.0, le lecteur n'est plus un simple passif de l'information, il est désormais participatif et diffuseur d'infos.

Les 25 étudiants en Master 2 Information et Communication qui composent notre promotion, ainsi que des citoyens de 40 à 80 ans ont accepté de répondre à quelques questions concernant leurs habitudes de lecture de la presse écrite. Comparons-les !

Lisez-vous la presse locale quotidienne ? Pourquoi ? Si oui, sur quels supports ?

Vos habitudes de lecture de la presse écrite locale

Gérard, 53 ans, viticulteur - Le Bosc 34« Je lis la PQR papier tous les jours. C'est une habitude que j'ai depuis des années. Dès que j'ai un moment, surtout après le repas du midi, je le lis. Et je finis par faire les mots croisés le soir devant la

télévision. Je ne peux pas m'en passer. On m'a déjà offert un abonnement à l'année du Midi Libre, ma famille sait que ça me fait plaisir. »

Célia, 23 ans, étudiante – Montpellier 34

« Je ne lis pas vraiment la presse quotidienne locale, papier. À la limite, un peu sur le Web et les réseaux sociaux, mais à dose très restreinte.Je n'aime pas ça ! �.

Véronique, 45 ans, sans emploi – Le Bosc 34« Je lis beaucoup l'actualité nationale et locale sur internet gratuitement, je trouve que l'acheter tous les jours, ça revient cher. Étant élue à la Mairie de Le Bosc, j'ai des codes d'accès pour

lire l'intégralité du journal Midi Libre sur Internet. Mais je ne le lis pas tous les jours. Et quand il se passe quelque chose vers chez moi, j'aime bien me faire prêter le journal, voir même découper l'article. »Jorlan, 24 ans, étudiant – Montpellier 34

« Je lis la PQR gratuite quand j'ai le temps (au tram), pour rester informé de l'essentiel de l'actu, et ne pas rater les trucs importants. Je privilégie du coup les rubriques inter-nationales. Je préfère le sup-

port papier parce qu'une pré-sélection de l'info a déjà été faite en amont. Sur internet, on ne sait plus où donner du clic ! »

L Lise

Numérisation de l'information - © Coralie Vanel

Rédaction - Coralie Vanel

Rédaction - Coralie Vanel

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Avec l'arrivée du numérique et l'instantanéité de l'information, les médias ont vu leurs ventes décliner et la consommation des lecteurs se modifier. La preuve en chiffres...

La presse montpelliéraine face au déclin du papier

Midi LibreLa consommation

d'information a évolué. Le quotidien est obsolète avant qu'il ne paraisse

puisque l'information est déjà disponible ailleurs avec l'instantanéité du

numérique

La Gazette

La presse écrite est en crise […] les quatre

postes de recettes traditionnelles [...] sont

en évolution négative par rapport à l’année 2012

tratégies Magazine

Monday Note

pour l'infor-mation quotidienne, le

basculement du papier vers le digital est inévitable

LE NUMÉRIQUECHEZMIDI LIBRE

par rapport àOctobre 2013

par rapport àDécembre 2013

LA PRESSE PAPIER

0

5000

10000

15000

20000

25000

2005 2013

La GazetteDiffusion payée

1999

par rapport àOctobre 2013

Visites mensuelles

0

50000

100000

150000

200000 Midi Libre

20131999 2005

-31.07%depuis1993

-20.62%depuis2005

(de Montpellier)

Rédaction - Laurène FagotRéalisation - Camille Chavoutier

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Le déclin de la presse écrite donne aujourd’hui carrément le vertige : l’exemple de La Dépêche du Midi dont la baisse des publications avoisine près de 91 000 exemplaires en 28 ans.

LE DECLIN DU PAPIERÀ cause de quoi, de qui ?

Cette profession, ancien-nement prestigieuse se précarise. On perçoit une forme de mutation car la plupart des embauches deviennent pigistes. Métier d’ailleurs peu valorisé en termes de rémunération et instable par son statut juridique.

Elle tend à se confondre avec la notion de distraction. Dominique Porté considère que le journalisme devient un concours de beauté ou la standardisation des idéaux devient la norme, en somme « une caricature

du journalisme ».

Contrairement à ce que l’on pense, Internet n’a rien à voir avec la crise de la presse écrite, puisqu’elle est bien antérieure. Internet n’a finalement fait qu’accélérer les difficultés de la presse, démontrant au passage ses lacunes et ses erreurs stratégiques.

Dominique Porté commente la société en ces termes : « Les grandes idéologies

françaises se replient dans

des temps de résignation.

Pourtant, les journaux

disparaissant enlèvent à

la démocratie le peu de

débat qu’ils nous restent ».

Finalement, toujours le même débat. Mais qui sont les coupables d’une décadence toujours plus agressive de la presse écrite ? Notre belle et passionnée presse écrite régionale ! Si elle a prospéré pendant un temps, 1970 arriva et tout s’effondra. Mais quelles sont les raisons de ce basculement ? C’est une riche et longue histoire que la presse écrite a vécu et que Dominique Porté, ancien directeur du développement à La Gazette de Montpellier nous conte.

Serait-ce la faute des patrons ? Pour vous donner un exemple bien concret de ce phénomène, allons à Marseille. 1987, Gaston Defferre jusque-là propriétaire du journal Provençal décède. Le groupe Hachette Lagardère décide de racheter ce quotidien et de le faire fusionner avec un autre, celui du Méridional dès 1997. Tout cela pour réduire les coûts de production et réunir les lectorats des deux journaux autour d’un nouveau quotidien appelé La Provence.

Malheureusement, en réduisant le nombre de « canards » dans la ville, le nombre de lecteurs diminue également (voir encadré). « En cause, une ligne éditoriale consensuelle et édulcorée amenant vers une aspérité bien fade » nous explique Dominique Porté. Cependant, comme le démontre Patrick Eveno dans son ouvrage « La presse », « cette stratégie continue d’être employée en vue de ralentir la lente érosion de la presse écrite ».

Et les publicitaires dans tout cela ?

La publicité représente une très grosse part des bénéfices dans le milieu journalistique. Seulement les supports d’information s’étant multipliés, la part des recettes publicitaires ne cesse de diminuer. La presse écrite jouissait pourtant jusqu’en 1980 d’un monopole exclusif sur la publicité, la radio et la télévision n’en produisant pas encore. 8

Le déclin de la presse écrite : la faute à qui ?

F FinFinquiqu

Seulement le nombre toujours plus croissant des concurrents directs et indirects risque aujourd’hui la rentabilité des institutions de la presse écrite.

Et si le système journalistique français était en panne ?

L’institution de la presse écrite, véritable porte-parole de la démocratie et de l’intellect humaine est fondée sur une culture riche et ancienne. Quant au journaliste, il est expert de notre société. Cependant, les pertes des bénéfices amènent la presse écrite à bâcler son travail, à se conforter autour d’idées stéréotypées et privilégie le sensationnel au détriment de la véritable information, plus ordinaire on le concède ! Thibault Gajdos, auteur de l’article « Presse, pouvoir et dépendance » paru dans le journal Le Monde ne nous contredira pas :

Beaucoup trop de canards, trop dépendants des politiciens et des familles influentes perdent de leur indépendance éditoriale, tout cela dans le but d’être subventionnés par ceux qui ont l’argent et le pouvoir. Alors peut-être que la presse écrite disparaîtra mais toujours avec panache et dignité. Peut-être aussi qu’elle perpétra avec force et puissance qui l’a fait naître.

Cependant, il est possible que nous ayons notre mot à dire, nous autres citoyens. Nous avons besoin de réalité au travers le toucher du papier, nous avons besoin de manipuler le verbe et la prose. En somme, l’information n’est pas qu’une simple question de données parce qu’elle est tellement plus que cela.

Le Méridional publiait 170 000 exemplaires et Le provençal quant à lui, en publiait 232 000 exemplaires en 1987. La fusion des deux journaux, contrairement aux prévisions, fit diminuer la publication de 286 000 exemplaires. C’est d’ailleurs un fait qui se généralise à tous les journaux régionaux qui perdent chaque année un peu plus de leurs lecteurs, à force de fusions.

La presse écrite française se noie dans son déclin© Lucille Moustafa

La stratégie éditoriale des patronats s’est cassée

la gueule ! commente Dominique Porté

Rédaction - Lucile Moustafa

Page 11: Echos 2 pros 12eme édition

Ils n'ont pas pris Internet au sérieux

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Aidons le financement de la presse écrite, en taxant les abonnements Internet. Le

site GigaOM, promoteur d’un nouveau mode de

journalisme, réfute sévèrement cette propo-

sition de plus en plus entendue : « À charge

pour les quotidiens de

se réinventer » !

La mode du rétro, fait un retour triomphal, que ce

soit dans les objets du quotidien ou en termes de

philosophie de vie. Pourquoi ne pas profiter

d'un tel rebond, pour donner une seconde

chance à la presse papier traditionnelle ?

Le papier journal est composé à 12 % de chutes

de l'activité de scierie, à 28% de coupe d'éclaircies

et d'entretien et à 60% de papiers et cartons

récupérés et recyclés.

COPACEL/Insee, 2013

Les coûts externes de l'industrie du papier

(énergie de production, transport et distribution)

sont incriminés dans l'accroissement du prix du papier, mais les stratégies

d'innovations et le développement durable

tendent à le rééquilibrer.

SESSI/Insee 2008

Internet bouscule la presse, le papier en fait les frais...© Céline Pascal

Rédaction - Coline VermandéRéalisation - Camille Chavoutier

Rédaction - Céline Pascal

Coupe d'éclaircies,chute de sciagede bois

Pâte à papier

Frais d'extraction

Frais d'acheminement

Frais de distribution

Frais de production

À l’aire du numérique, de nouvelles contraintes écologiques et économiques remettent en cause notre bon vieux papier journal. Combien coûte le papier et quels sont vraiment les coûts actuels associés à sa fabrication ?

L’oscilloscope du papier

L Loin de toute menace face à ces avancées technologiques, la direction du groupe les Journaux du Midi prône encore un modèle classique de presse quotidienne régionale. Ce modèle n'encourageant guère à l’innovation, « bride l’audace journalistique, ainsi que la conquête du nouveau lectorat 2.0 », souligne un chef d’agence.

Nombreux sont ceux qui ont sous-estimé la capacité d'influence et le pouvoir de la Toile, considérant le Net comme une évolution quelconque et non comme une révolution du paysage médiatique.

Désormais une question brutale revient avec insistance : Internet est-il en train de tuer la presse écrite traditionnelle ? Les préoccupations grandissent. Le sociologue Erik Neveu a même ajouté un dernier chapitre au titre emblématique dans son ouvrage Sociologie du journalisme (3e édition) : « Les derniers jours du journalisme ? ».

Le journalisme traditionnel revendique son histoire et s'affirme comme véritable pilier sociétal. Le secteur coexiste depuis toujours avec les nouveaux médias, faisant face aux diverses mutations (radio, TV, etc.). Alors pourquoi se soucier de la montée en puissance d'Internet ?

Pour cause, les temps sont durs et après dix années de crise, la presse écrite peine toujours à négocier le virage du numérique. Désormais, les journalistes sont forcés de repenser les fondamentaux de leur métier. Alain Plombat, PDG des Journaux du Midi, est conscient qu'aujourd'hui, « la stratégie du groupe doit être pluri-médias, car un seul titre ne peut plus vivre sans l’appui d’autres supports ». Ainsi, alors que les rédactions Print et Web se sont toujours regardées en chiens de faïence, elles doivent désormais coexister.Robert G. Picard, spécialiste en économie des médias, affirme que la presse papier doit se réinventer : ce sera « s'adapter ou mourir ».

Une erreur qui va leur coûter cher !

t

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L’économie de la presse est à la quête d’une nouvelle stabilité. Des pistes sont à trouver car les presses locales voient de nouveaux problèmes émerger. Rencontre avec Jacques Molénat et Henri-Marc Rossignol.

LE DECLIN DU PAPIERLe déclin économique

81% des Français déclarent être attachés au papier

C’est ce que révèle l’enquête menée par l’observatoire Culture Papier en novembre 2014. C’est l’omniprésence de ce support (courriers, magazines, journaux, livres, etc.) qui procure une relation sentimentale à sa subsistance.

Deux alliés avec des missions complémentaires

Si l’on a tendance à les opposer, les chiffres (78% des français) montrent une complémentarité évidente. Le papier rassure, permet un recul, tandis que le numérique diversifie et multiplie.

Étude de l’Observatoire Culture Papier

Marc Lévy et le papier, une histoire d’amour

« Je suis attaché au papier et à ce qu'il représente: mémoire, espace de liberté, qualité et validation de l'information, détente, mais aussi au rôle qu'il joue dans le processus de l'écriture. (...)Et si, dans vingt ans, on ne savait plus former de lettres ? »

Où va l’Hérault du Jour ?

Le journal l’Hérault du Jour, qui appartient à La Marseillaise, connaît actuellement une situation plus que compliquée. La solution serait surement de changer le modèle économique. Les bruits de couloir affirment que l’édition essaierait de survivre en améliorant son identité numérique, en étant présent sur la Toile… À voir.

En plein tumulte de la reconstruction des localités, la France avait jusqu’alors misé sur la proximité avec ses habitant-e-s et citoyen-ne-s. Cette dernière implique la nécessaire reconnaissance de la vie et de l’activité locale. Ainsi, chaque ville, chaque département, chaque région va voir ses événements, ses polémiques, ses victoires et défaites, etc. être publié dans le papier du coin.

L’économie de la presse reposait, il y a encore peu de temps, sur un savant équilibre de talents, de management, d’activité etc. C’est l’arrivée d’un nouvel élément, dans une mécanique déjà bien huilée, qui va déterminer les métamorphoses de la presse écrite locale. Aujourd’hui, le numérique s’impose dans la vie sociale, professionnelle, et privée de toutes et tous. C’est en regardant les différences de consommation de l’information qu’il dévoile, que se pose la question de la survie de la presse locale.

Jacques Molénat, journaliste depuis 50 ans, et Henri-Marc Rossignol, directeur de la rédaction et co-fondateur de La Gazette, dressent les différents constats de l’impact du numérique et les préconisations nécessaires à la survie des presses locales.

Un premier constat est à réaliser : le papier résiste bel et bien. Il y a des mutations qui sont induites par la considération de la sphère numérique, mais le papier n’est pas (encore) mort. Un attachement sentimentalo-historique au support persiste et signe la guerre déclarée avec l’écran. Quand une relation se crée entre le lecteur et le papier, la lecture d’un article sur l’écran suscite les phénomènes de déshumanisation intrinsèquement liés aux angoisses du pouvoir d’Internet et du numérique, en général.

Deuxièmement, toutes les formes ne sont pas épargnées ou victimes du numérique de la même manière.

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La métamorphose contemporaine

E Elocali

Les quotidiens, plus spécifiquement, subissent les coups (coûts ?) de l’immédiateté et de l’accessibilité de l’information circulant sur internet : un fil d’actualité nourrit par tranches et couches d’intérêts personnels. C’est une des forces du numérique : l’internaute-lecteur est acteur de sa propre culture !

Enfin, nous sommes à l’heure de l’innovation, dans toutes ses formes ! Ces nouvelles technologies ayant déjà modifié les méthodes de travail du journaliste, l’Internet y apporte encore une fois des changements.

Cette fois il faut envisager de restructurer l’activité des journaux, les faire devenir une marque locale ! C’est cette démarche qu’a adopté La Gazette sur Montpellier en diversifiant ses activités avec, par exemple, la création d’un café « La Gazette » au court du premier trimestre 2015. La Lettre

M, journal économique local, publie un guide de l’économie de toute la région et complète ainsi ses revenus afin d’assurer ses publications mensuelles.

Et si l’on arrêtait le débat sur le fait que l’information n’est pas perdue, et que son acolyte, le papier, perdurera. Nous sommes juste en attente de sa forme contemporaine, non ?

L'histoire suit son cours

« Au début on écrivait à la main, puis il y a eu l’invention de l’imprimerie avec Gutenberg, et puis est arrivée la radio, la télévision, etc. À travers cette permanence, il y a toujours le besoin d’information. Il faut s’adapter aux nouvelles formes ! Je ne crois pas que le numérique va tuer le papier, mais diminuer l’importance de la version Print. Tant qu’on ne perd pas le goût de la lecture... » Jacques Molénat.

Jacques Molénat discute avec M.Babr de l'influence des innovations sociales sur le monde de la presse - © Soraya Bouzraa

Rédaction - Nazanin M. Babr

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Médiapart : le modèle à suivre ?

Pouvons-nous employer le terme de réussite pour

Médiapart ? Un média qui suscite l’intérêt, qui fait

de l’investigation… et surtout un média qui vit

sur Internet et qui a aujourd’hui environ 60 000 abonnés. Jacques Molénat

met en lumière le travail fourni et l’existence

d’abonnement sur la toile. Autre point de vue, qui va

dans le même sens : « Il fait deux choses ce

type, qui sont magnifiques : il démontre qu’il y a un

modèle possible entre le papier et Internet et

il a un rôle essentiel dans la presse aujourd’hui».

La Gazette comme une marque

L’idée phare est la création du Café Gazette : « Ce sera un lieu culturel qui servira à rebondir sur ce que fait

La Gazette. (…) Des débats, des personnalités qui font l’actualité à Montpellier…

mais aussi des journaux papier et des accès

Internet ». H.M Rossignol.

Le cas de Midi-Libre

La situation difficile que connaît actuellement Midi-Libre s’explique

certainement par le fait que celui-ci fonctionne

toujours avec un modèle ancien, avec beaucoup

d’employés (425 en 2012).

L’annuaire ECO du LR

La génération Y : les plus connectés ?

On associe ces jeunes à l’ultra-connexion, à raison. Ils sont toutefois ceux qui

expriment le plus le besoin de se « déconnecter » (plus d’un jeune sur deux). Quoi de mieux pour cela que le

papier, représentant du bien-être et de la sérénité (89% des jeunes sondés).

Le journalisme n’est pas mort, il évolue, suit son cours avec une logique d’innovation. Le numérique s’inscrit dans cette logique et amène de nouvelles formes. Le déclin de la presse écrite permet alors d’ouvrir le « champ d’action ».

Le papier disparaît, mais le journalisme survivra

J économique actuel. Toutefois, il tient à préciser que le numérique n’est en aucun cas un de ses facteurs.

Henri-Marc Rossignol, Directeur de la rédaction et co-fondateur de La Gazette Montpellier et fondateur de La Gazette Sète, est d’accord pour dire que le déclin de la presse écrite est tel que la disparition du papier est évidente. Cependant, il différencie la presse généraliste de la presse spécialisée qui, elle, perdurera.

« Je ne suis pas du tout pessimiste mais

oui, la presse telle qu’elle est aujourd’hui,

c’est fini. Je pense qu’il restera des niches

de la presse avec une périodicité différente

du quotidien, peut-être même différente de

l’hebdo. (…) Dans les relais H, l’espace

réservé aux quotidiens est tout petit, par

contre, il y a beaucoup de titres nouveaux,

mensuels, trimestriels qui sont la limite de

la presse et de l’édition, qui donnent envie

d’acheter d’ailleurs ».

Henri-Marc Rossignol illustre cette idée en racontant l’histoire de ses enfants, qui lui permettent de comprendre la génération Y mais aussi les évolutions du journalisme qui passent également par le numérique :

« Mes enfants ont tous les quatre une fibre

qui se développe de plus en plus pour

l’information. Et on ne met pas le mot de

journaliste, surtout pas, derrière ça. Il y a un

intérêt pour l’information. L’un d’eux,

ingénieur, est fou d’informations. Mais ça

passe par des tweets, Twitter ! Il n’arrête

pas de m’envoyer toute la journée des

infos. Il est abonné à Médiapart et n’achète

pas de journal. Il ne va pas chez le diffuseur

de presse, c’est terminé… Et il est

quasiment aussi intoxiqué que moi au

niveau de l’info ».

L’idée que l’on se doit de retenir est la suivante : « Le papier n’est pas essentiel,

c’est le récit qui compte ! » Henri-Marc Rossignol.

Henri-Marc Rossignol présente un livre sur l'évolution du métier de journaliste - © Soraya Bouzraa

Internet ouvre le champ des possibles, y compris dans la presse !

« C’est le papier qui disparaît, le métier il est de plus en plus intéressant. Le métier reste le métier de journaliste, c’est le même métier, c’est l’écume qui change un petit peu mais le fond reste la même chose. »Henri-Marc Rossignol, à propos de la disparition du papier.

Rédaction - Soraya Bouzraa

Jacques Molénat et Henri-Marc Rossignol, deux journalistes qui ont vécu les années phares de la presse écrite, mais également l’apparition du numérique, affirment qu’il ne faut pas être autant attaché à l’objet. Avoir cette nostalgie du papier, ne sert à rien puisqu’elle de va pas changer la situation. Les deux « monu-ments » du journalisme local insistent sur le fait que la fin du papier ne va pas entraîner la disparition du journalisme. Avec le numérique et le temps qui passe, l’information ne disparaît pas, mais se raréfie.

« Le journalisme ne suffit plus » affirme Jacques Molénat. Il explique cela par le fait que le journalisme pur, comme l’entend la plupart d’entre nous, c’est-à-dire la presse écrite ne peut plus vivre seule. Le contexte socio-économique aspire le journal et il n’est plus aussi évident, pour la presse, d’exister. Aussi, les usages et la pratique des lecteurs ont évolué et il va dans la logique pour le journalisme de suivre son court en innovant. Il est donc important de ne pas se braquer et d’accepter les nouvelles formes de journalisme, comme l’apparition et le développement du numérique.

Toujours selon Jacques Molénat, le déclin de la presse écrite est lié au contexte

Page 14: Echos 2 pros 12eme édition

Ces dernières années, les secteurs mobiles et Internet paraissent être les moyens sur lesquels les annonceurs se tournent désormais afin de promouvoir leur marque et leurs produits contrairement à la presse quotidienne régionale.

LE DECLIN DU PAPIERLe déclin économique

Selon l’Irep, en 2013, le secteur du mobile est en augmentation de +55%, et Internet de + 3.1% dans les dépenses de communication des annon-ceurs. De l’autre côté la presse, la PQN et la PQR sont dans une pente descendante avec respecti-vement -8,4%, - 10,2% et -6,4%.

Depuis 2004, Internet semble avoir pris le dessus sur la presse. La presse a depuis, selon le site Web www.challenges.fr, perdu la somme de 1,8 milliards d’euros. En revanche Internet aurait pris 2 milliards d’euros depuis 10 ans.

Pour Clément Boulle, la Presse Quotidienne Régionale aura du mal à rivaliser avec le Web, car son motif d'achat principal reste les services (météo, horaires de cinéma etc.) qu’on retrouve aujourd’hui gratuitement et rapidement sur la Toile.

ontpellier-journal.fr

Ce média local indépendant se lance en octobre 2008. Gratuit, il ne s’appuie sur aucune publicité ni aide publique et se finance via les dons de ses lecteurs. Mais pour survivre, le site passe à l’abonnement payant en septembre 2012, soit 4 ans plus tard.

Face à une constante baisse de la presse écrite, nous déplorons aujourd’hui de nouvelles stratégies de la part des annonceurs afin de communiquer vers leurs publics. Avant, il était commun pour chaque citoyen de consulter tous les matins son quotidien favori et d’y retrouver les derniers événements de sa ville en pleine page, ou encore les produits phares d’une entreprise de la région.

De nos jours, ces pages de publicité sont de moins en moins fréquentes dans nos quotidiens. Pour cause, des entreprises de la région disent prendre en compte le budget important d’un achat d’espace afin de communiquer sur un produit ou un événement local. Celui-ci est aujourd’hui, selon les annonceurs, très important pour une faible rentabilité. Elles soulignent ensuite, l’incroyable retour sur investissement qu’elles obtiennent sur les nouveaux médias. Elles préfèrent, désormais, investir plus de budget dans un bandeau publicitaire pour avoir une meilleure visibilité sur les médias en ligne.

La volonté de se porter essentiellement sur les médias en ligne n’empêche pas l’achat

12

Un changement de stratégie remarquable chez les annonceurs

F Fa Faécritéc

d’espaces dans la presse quotidienne régionale. Malgré que cette dernière soit moins lue, il y a un véritable enjeu d’entretenir leur relation presse. Dans une politique de média planning, il y a le souci de la réussite d’une opération.

Comment toucher le mieux possible, avec les moyens dont on dispose, le public que l’on cible, et sur la durée préserver un équilibre de bonne relation, avec l’ensemble des vecteurs relais d’information ? Finalement, l’achat d’espace dans la presse quotidienne régionale, n’est-il pas indispensable pour le développement d’un annonceur ?

Ancien rédacteur en chef de la Gazette de Sète, et aujourd’hui à la tête d’une régie publicitaire digitale axée sur le local, Clément Boulle est bien placé pour nous renseigner sur la difficile pérennisation des médias online à l’ère du numérique. Rencontre.

Clément Boulle : « Être rentable sur le Web est difficile Rédaction - Kenny Pierre

Rédaction - Jorlan Mariotat

La presse papier propose des retours vagues sur l’impact des publicités de ses annonceurs. Faites-vous le même constat pour la presse en ligne ?Non pas du tout ! Le Web offre bien des moyens (Facebook par ex.) de cibler une audience qualifiée dont on anticipe les prévisions d'achat. Pour donner un aperçu, sur Internet, un annonceur peut avoir la quasi garantie de gagner 2€ ou 3€ quand il dépense 1€. Ce calcul du retour sur investissement et la migration de l'audience vers Internet ont déplacé les budgets publicitaires, au détriment de la presse papier. Mais la publicité seule ne permet pas de rentabiliser un média.

Contenu gratuit, payant, abonnements etc.,

les médias numériques tentent justement, tant bien que mal, d’assurer leur rentabilité. Est-ce si difficile sur le Web ?

C’est très compliqué en effet. Il faudrait, pour être vraiment rentable, pouvoir s’imposer face à une rude concurrence. C’est ce qu’ont réussi Leboncoin pour les petites annonces ou Allociné pour le cinéma. Une telle domination n'est ni possible ni souhaitable dans le monde de la presse, où la diversité des sources et audiences est une composante essentielle.

Alors existe-t-il un moyen de pérenniser un média numérique de nos jours ? À l’heure de la gratuité et de la facilité d’accès à l’information, il faut pour être rentable faire payer les lecteurs en contrepartie d'un contenu à forte valeur ajoutée. Mediapart est pour cela un bel exemple de réussite. Mais il faut alors pouvoir rémunérer des journalistes capables de produire ce contenu de qualité…

Il n’y a que le payant qui puisse rendre rentable

commente Clément Boulle

Ancien journaliste, Clément Boulle a fondé et dirige aujourd’hui la régie Local Media - © Clément Boulle

Une presse quotidenne régionale toujours présente © Kenny Pierre

«

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Pure Impression investit dans des machines performantes - © Olivier Courtade

Le rapport 2014 « Regards sur les marchés de la Communication graphique », annonce la fermeture de 10,3% des imprimeries régionales entre 2010 et 2011. Face à la concurrence, les entreprises locales s’adaptent pour rester compétitives et survivre.

Imprimeries : l’adaptation face au déclin du papier

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Chaque année, l’Institut

de Développement et

d’Expertise du Plurimédia (IDEP) publie un rapport

chiffré des données relatives à la Communi-

cation graphique, qui permet d’avoir une vue d’ensemble du secteur et d’en voir l’évolution.

Le Print se divise en quatre grandes parties :

le numérique, l’Offset, les rotatives et les grands

formats. Avec les NTICs, l’impression numérique est désormais de bonne

qualité, ce qui permet d’imprimer de plus petits tirages et à moindre coût.

Imprim’Vert

Le label Imprim’Vert est réservé à des imprimeries

qui mettent en place des actions concrètes pour

diminuer l’impact de leur activité sur l’environ-

nement. Aujourd’hui, il existe environ 2 200 sites

labélisés en France, répondant à des critères

précis, dont 31 dans l’Hérault.

Les certifications FSC et PEFC sont mondialement

reconnues. Soutenues par plusieurs associations

de défense de l’environ-nement, elles attestent

que le bois utilisé par une entreprise provient

de forêts aménagées de façon durable

et responsable.

Rédaction - Pauline Sicot

En Languedoc-Roussillon, le marché de l’imprimerie est assez centralisé. Si trois entreprises dominent le secteur (Pure Impression, JF Impression et Impact), il en existe également de plus petites qui résistent malgré tout face au déclin du papier. Chacune d’entre elles, quelle que soit sa taille, se démarque et investit, tant au niveau humain qu’au niveau économique, afin de ne pas être rattrapée par l’arrivée du numérique et le changement de consommation de papier de leurs publics cibles.

En effet, le public communique différem-ment aujourd’hui. Les commandes portant sur de gros volumes, anciennement réalisables uniquement par l’offset, sont remplacées par de plus petits tirages. Cela est possible grâce à la technologie de l’impression numérique qui permet des tirages réduits à moindre coût pour une qualité similaire. La demande se tourne alors vers de la qualité, avec une activité de conseil et d’accompagnement grandissante.

Selon Sébastien Rousseau, gérant de l’imprimerie Tomöe, « le moyen de résister, c’est de se spécialiser ». En se spécialisant, une imprimerie réduit le nombre réel de ses concurrents. Elle devient alors « experte » dans un domaine. Expertise que d’autres

n’ont pas et qui lui donne de la crédibilité face aux clients.

En termes d’adaptation, l’entreprise Pure Impression fait figure de modèle. Aurore Tourette, responsable de la Responsabilité Sociétale des Entreprises à Pure Impression, ne cache pas que la crise du papier se fait ressentir au niveau des ventes de produits imprimés. Pourtant, grâce à la mise en place de leviers d’action, l’entreprise se développe au fil du temps, avec un chiffre d’affaire annuel d’environ 11 millions d’euros !

Selon elle, « c’est par l’innovation que Pure Impression se démarque ». Cela se traduit par des améliorations régulières, du matériel très performant et un axe majeur autour du développement durable. Cette stratégie très poussée autour de l’écologie permet à l’entreprise de détenir des labels attestant de son implication responsable, comme le label Imprim’Vert ou encore la certification FSC et PEFC.

Pour ces professionnels de l’imprimerie, « la volonté du papier existera toujours chez le lecteur ». Cette importance de l’objet papier est soutenue par l’Association Culture Papier qui a été créée en 2010, face à la crise qui touche toutes les entreprises du secteur.

La question est maintenant de savoir quelles nouvelles idées émergent face à la concurrence des innovations numériques, toujours plus importante.

L’adaptation et la spécialisation comme

moyens de résister

Culture papier

En 2010, l’association Culture Papier a été créée en réponse à la crise qui touche le secteur de l’imprimerie et du papier en général.

L’objectif de cette association est de sensibiliser les pouvoirs publics et de potentiels donateurs économiques, sur le rôle majeur de l’imprimerie dans la société, le tout dans une démarche globale de développement durable.

Pour en savoir plus : www.culture-papier.com

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LES NOUVELLES STRATEGIES D’INFORMATION

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Depuis l’essor des NTIC, les journaux papier disparaissent inexorablement. De moins en moins de lecteurs s’intéressent à la presse quotidienne. Alors, quels sont les journaux qui font de la résistance ?

LES NOUVELLES STRATEGIES D’INFORMATIONLa recherche de solutions

Les magazines aussi sont de la partie

Dans l'ordre, c’est le programme TV, la presse féminine et les magazines people qui se vendent le mieux (OJD). Le papier a donc encore de beaux jours devant lui, au moins pour les vacances ou les salles d’attentes.

Les chiffres du numérique

C'est l'application mobile L'Équipe qui est la plus visitée avec plus de 71 000 000 visites pour le mois de novembre 2014, devant les sites LeMonde.fr, qui atteint quasiment 64 000 000 visites, et LeFigaro.fr (61 000 000, OJD).

En quelques chiffres

Sur la période d'octobre 2013 à septembre 2014, à Montpellier, plus de 13 608 000 journaux gratuits ont été distribués. Ces chiffres regroupent 20 minutes, Directplus et Metro.

OJD

And the winner is ?

Selon l’étude « ONE » d’Audipresse réalisé pour l’année 2012, 20 Minutes est le journal le plus lu en France avec 4 353 000 lecteurs. Ce classement englobe la presse gratuite, mais aussi la presse payante.

16

Ces journaux qu'on lit encore

L

Lundi 10 novembre à 8h à l’arrêt de tram St-Eloi, les usagers sortent, avec pour certains un journal dans la main. Je m’empresse de les arrêter pour leur poser une unique question : Pourquoi avez-vous pris un journal gratuit ?

La gratuité pour les lecteurs : solution miracle ?

J

Rédaction - Benjamin Gorlin

Mylène, 23 ans, étudiante

Je lis le journal dans le tramway, cela me fait patienter et il me permet de rester au courant de l’actualité en quelques pages.

Nicolas, 21 ans, étudiant

Ce que j’aime bien dans les gratuits, c’est qu’il s’agit d’un condensé de la l’actualité mondiale, nationale et locale. Acheter le Midi Libre ne m’intéresse pas. Je ne suis pas originaire de Montpellier et les informations sur les petits villages aux alentours me sont inutiles.

Danielle, 68 ans, retraitée

Je prends le journal gratuit pour le temps du trajet et pour les mots fléchés à la fin. Je suis une fidèle du Midi Libre. La vie Montpelliéraine tient sur deux pages dans 20 Minutes. J’aime savoir ce qu’il se passe précisément autour de moi, s’il y a des événements, des faits divers, etc. Cela fait des dizaines d’années que je le lis, je ne vais pas changer mes habitudes maintenant. Interview matinale à l’arrêt St Eloi des usagers du tramway

© Benjamin Gorlin

Les quotidiens gratuits sont distribués en grande quantité le matin aux arrêts de tram - © Camille Chavoutier

Les gratuits

Enfin, les gratuits tiennent bon, ils restent compétitifs, notamment en Languedoc-Roussillon. En effet la distribution des gratuits régionaux est en hausse. Métro news Languedoc est même en tête de classement : sa distribution connait une augmentation de 26.5% (OJD) suivi de près par 20 minutes Montpellier Languedoc en troisième position. Excepté le Midi Libre, qui reste incontour-nable dans la région, seuls les journaux gratuits seraient durables. Ils sont en tête des distributions et seraient donc les garants de l'existence du papier ?

La disparition du journal quotidien s’accélère. C'est flagrant chez les distributeurs : le journal se fait rare sur les présentoirs, mais surtout moins varié. Seuls quelques survivants font face à l’arrivée du numérique, des géants du paysage français notamment. Dans tout ça, les journaux locaux bataillent pour garder leur place.

Le journal local

D’après les marchands de journaux le Midi Libre est "quasiment le seul" journal encore demandé concernant la presse régionale. Pourtant, même ce quotidien local emblématique est victime de la crise du papier puisque les ventes ont tout de même baissé d’environ 4,5% entre 2012/2013 et 2013/2014 (OJD).

La version numérique

D’autres misent sur la version en ligne. Les applications sont une bouffée d’oxygène. Certains médias se convertissent même au tout numérique. Cependant, d'après les chiffres de l’OJD, quel que soit le journal concerné, c’est toujours la vente directe qui l’emporte largement sur la version numérique qui représente en moyenne 1 à 2% de la diffusion.

Rédaction - Camille Chavoutier

Pierre, 32 ans, commerçant

Je vois le journal gratuit comme le résumé d’un livre. Il parcourt dans son ensemble l’actualité sans jamais l’approfondir. De toute façon, si j’ai envie d’en savoir plus sur un sujet, j’ai une multitude d’outils gratuits pour le faire. Je peux prendre mon téléphone, écouter la radio, regarder la télé, ou aller sur des sites d’informations. Nous sommes connectés en permanence. Sans le demander, j’ai des informations au bout de mes doigts toute la journée. Les éléments donnés seront les mêmes. Les journaux payants sont chers, pour finalement avoir un contenu disponible gratuitement ailleurs.

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La presse nage en eau trouble depuis le raz-de-marée numérique. L’info en ligne n’attend pas nos vieux canards qui ont trouvé une bouée de sauvetage par le biais du bimédia. Un savant mélange entre technologies de pointe et tradition du journalisme.

Le bimédia, un réel défi pour la presse écrite française

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leparisien.fr passe à la vitesse supérieure

Le quotidien de la capitale détient l’application qui a connu la plus grande

progression cette année. Un chiffre multiplié tout

simplement par trois, avec un nombre de visites de plus de 1681% en 2014

selon l’OJD.

Un recul croissant pour la presse écrite

La Direction générale des médias et des industries

culturelles (DGMIC) déclare un recul de 5,3%

du chiffre global de la presse écrite en 2013.

La publicité qui représente une grande partie du finan-

cement des quotidiens régresse quant à elle

de 8,47%.

Le Monde a un plan de mobilité 2.0

Le quotidien national propose à ses journalistes Print, 35 nouveaux postes dans l’édition numérique.

Une restructuration adaptée à leur nouvelle

formule lancée en octobre 2014, une réforme

territoriale surnommée « plan 2.0 ».

L’Hérault du jour

à terre

Le quotidien du départe-ment est en difficulté,

filiale de La Marseillaise qui a déposé le bilan

en novembre 2014. Accusant une forte baisse publicitaire,

ils n’ont eu qu’un choix : une mise en redressement

judiciaire qui menace actuellement 30 postes au sein de l’Hérault du jour.

À l’heure actuelle, la majeure partie des grands titres de presse écrite français sont présents sur le Web. Le casse-tête principal : redéfinir une toute nouvelle façon de faire du journalisme, adaptée à ce nouveau format. Une tâche souvent complexe pour les acteurs de l’information.

Un équilibre à trouver

Diffuser l’information en ligne, c’est s’adapter aux exigences de la société numérique et de l’assoiffé d’informations qui sommeille en nous. Les lecteurs d’au-jourd’hui sont de plus en plus connectés sur les réseaux sociaux, moule dans lequel se fondent désormais les titres de journaux. Certains internautes n’y vont plus que dans le but de se nourrir d’infos en temps réel. De nos jours, le lecteur peut commenter et donner son avis d’un simple tweet. Les rédactions intègrent ainsi des outils multimédias à leurs contenus rédactionnels et un côté plus ludique pour les internautes. L’infographie par exemple, a vu son potentiel être si décuplé sur le format Web que ces modèles influencent désormais la version papier.

La transition au numérique

Au début des années 2000, les premiers à avoir maitrisé les enjeux liés au Web sont Le Monde, Les Dernières nouvelles d’alsace ou encore Libération. Mais durant de nombreuses années les titres présents sur Internet ne proposaient que des sites « vitrine », ou des transpositions de la version papier tout simplement numérisée sans aucune modification. Une méthode désuète à l’heure de l’hyper-interactivité et de la gratuité de l’information.

Le bimédia né de ce constat. Il désigne le fait d’utiliser en complémentarité plus-ieurs médias (journal imprimé, Internet…) pour diffuser l’information. Obtenir un journal de fond, interactif, consultable partout et tout le temps, et tenant dans un mouchoir de poche.

Midi Libre en constante évolution

Malgré l’arrivée tardive du bimédia à la rédaction locale en février 2013, le quotidien régional est sans cesse à la recherche de La bonne formule. Cet été, Midi Libre a lancé une nouvelle version de son site Internet. Adaptée aux écrans pour un meilleur confort de lecture, mais aussi intégrant une nouvelle offre basée sur le bimédia, et proposant à ses lecteurs de vivre l’expérience papier et numérique pour 24€99 par mois.

À À l À grandgrand

L’adaptation est longue et complexe, notamment pour la presse régionale, pour laquelle la tradition du papier est un emblème. Les rédactions locales de Midi libre utilisent une stratégie bimédia depuis un peu plus de deux ans, et certains titres comme Charly Hebdo ne l’ont pas encore adopté. Et pour cause! C’est parfois le choc des cultures dans les rédactions.

Journalisme et polyvalence

Tout comme les logiciels qu’il utilise, le journaliste traditionnel de presse écrite doit opérer une mise à jour de ses compétences. Il doit rendre son travail sur le papier et sur le Web tout en jouant sur leur complémentarité. Utiliser un article en ligne afin d’attirer le lecteur sur une enquête de fond en format papier.

Paradoxalement, on lit moins longtemps sur nos écrans que sur notre feuille de chou. Savoir combiner ces enjeux tout en apprenant à diffuser des vidéos, animer des débats, être disponible pour ses lecteurs, … Le journaliste a bien du travail devant lui : réapprendre un métier en constante évolution.

En attendant un horizon tout-numérique, le bimédia est le lien qui peut permettre à tous les acteurs de l’information de joindre les deux bouts.

Rédaction - Maureen Jupin

Le bimédia, un compromis entre la version papier et le tout numérique - © Maureen Jupin

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LES NOUVELLES STRATEGIES D’INFORMATION

Selon le Baromètre Ideose, les collectivités territoriales les plus présentes sur les réseaux sociaux sont les conseils régionaux avec 85% sur Facebook (contre 62% pour les conseils généraux) et 70% sur Twitter (contre 51%).

Le taux de lecture des publications territoriales (magazines municipaux) a chuté de 89 % de 2009 à 2011. L’audience des réseaux sociaux et blogs a augmenté de 23 % durant la même période (baromètre CSA-Epiceum).

www.NetPublic.fr

5 idées reçues à combattre sur l’utilisation des réseaux sociaux par les collectivités territoriales :

C’est un effet de mode ;Le débat va dégénérer ;Tout ceci est virtuel ;Les informations peuvent être volées ;Les réseaux sociaux ne concernent pas toute la population.

www.lagazettedescommunes.com

Lionel Jospin a prononcé le 25 août 1997 le discours d'Hourtin ; dans le cadre de l'Université de la Communication : « Préparer l'entrée de la France dans la Société de l'Information ». Il exprime le choix de l'Etat d'accompagner les territoi-res au passage à Internet.

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Webmagazine, le virage du Département

Rédaction - Roeam Medarhri

Le magazine a été distribué durant une vingtaine d’années dans les boîtes aux lettres des Héraultais. Pourquoi avoir fait le choix d’un Webmagazine ?

Nous avons opté pour un Webmagazine en 2006 pour plusieurs raisons. D’abord, nous nous sommes rendus compte que les méthodes de consommation d'informations chez les citoyens changent : de plus en plus de personnes veulent de l'information réactive.

Ensuite, le magazine en ligne permet plus d’interactivité puisque les citoyens peuvent publier eux-mêmes les événements, les photos prises sur le territoire, participer à des débats etc. D’ailleurs on compte aujourd’hui 60.000 visiteurs par mois en moyenne.

Enfin, les collectivités ont actuellement des soucis de financement. Passer au numérique nous permet de maintenir un bon niveau d'information à des coûts et impacts écologiques moindres.

Donc vous avez complètement supprimé le papier ?

Non, pas du tout, nous sommes passés de 400.000 à 100.000 exemplaires. Nous sommes dans une phase de transition et beaucoup de personnes sont encore attachées au format papier, notamment dans les milieux ruraux. Nous distribuons donc le mensuel papier uniquement aux abonnés et dans les lieux publics comme la gare, les mairies, etc. Cela nous permet d’éviter le gaspillage et d’envoyer le magazine uniquement aux personnes intéressées.

Votre objectif est-il de tendre progres-sivement vers le « Tout-numérique » ?

Pas vraiment, parce qu’il y’a encore un public pour le papier, mais les coupes budgétaires imposées aux institutions font

qu’à mon avis le support papier sera fortement revisité : la pagination qui change, la périodicité qui va être plus étendue etc.

En tout cas, si on cherche à faire des économies, le support papier va devoir y participer.

Ce nouveau concept ne risquait-il pas de vous faire perdre des lecteurs ?

Nous avions consacré un magazine à l’explication du nouveau concept, puis un dernier magazine publicitaire avec une lettre T pour les personnes qui souhaitaient s'abonner. La diffusion était complétée par une campagne d’affichage, une campagne presse, etc.

Ensuite, nous achetons régulièrement un listing à La Poste qui recense tous les nouveaux arrivants (12.000 chaque année dans l'Hérault) auxquels nous envoyons un premier magazine papier expliquant le concept.

Y a-t-il eu des changements dans l'organi-sation du travail au sein du service presse ?

Oui, mais il n’a pas été question de faire deux rédactions. Les journalistes qui travaillent habituellement sur le papier ont tous eu une formation pour faire de l’information en ligne et la publier.

Nous sommes maintenant des journalistes bi-média.

Il nous reste toutefois du chemin à faire puisque le numérique est une grande famille. Je pense notamment aux médias sociaux, applications etc.

Mais des questions se posent notamment sur la posture d’une institution à travers ces plate-formes et quel type de contenu sera pertinent à diffuser. Il nous faudra donc un profil de Community manager.

Page 21: Echos 2 pros 12eme édition

Vers un monde sans papier

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C’est démultiplier les compétences et donc

les contenus. En effet, il faut qu’un journaliste aujourd’hui sache faire du Print, du Web et du

multimédia. L’Agglorieuse à Montpellier par exemple

innove en mettant en place une Web TV avec du

contenu vidéo.

Effectifs des journalistes en baisse pour la première

fois depuis la création de la carte de presse en 1935, ils passent

de 37.140 en 2012, à 36.907 en 2013. Leur

répartition dans la presse écrite évolue de 72,6% à

66,4% entre 2000 et 2013, soit une baisse de -6,3

(nombre de points).

Mariannes & Observatoire des métiers de la presse

Le salaire d’un pigiste passe de 1863 € à 1605 €

entre 2000 et 2013, soit une baisse de -13,8%.

Et les CDI diminuent en passant de 77,5 % à 74,3 %

entre l’année 2000 et 2013. Un constat qui

dénonce la précarisation de la profession.

CCIJP / Observatoire des métiers de la presse

Le Web a aussi ses limites. La publicité Internet

rapporte 100 fois moins que la publicité papier.

En effet, si on trouve environ 50 publicités

dans un Midi Libre, c’est parce qu’effectivement

le support reste rentable.

La presse locale innove dans le numérique malgré les difficultés que peut rencontrer le métier. C’est le « Big Bang » de l’info, assure Tristan Cuche, responsable de publication du journal l’Agglorieuse à Montpellier.

Avènements des réseaux sociaux, médias de plus en plus intuitifs, toujours plus d’informations, toujours plus rapides…Comment les journalistes s’adaptent à cette Révolution de la presse écrite ?

Diversification des contenus, photos de meilleure qualité, pré-enquêtes plus poussées, les supports se déclinent, et tout est retweeté dans la seconde. « La rapidité des réseaux sociaux n’est pas

appréciée par tous, le travail d’écriture

n’est plus le même », dixit Leslie Anagnostopoulos, ancienne journaliste à La

Gazette.

Pour elle, « il faut un début et une fin dans

un papier. On ne prend pas de recul, on ne

cherche plus à comprendre ». Tristan Cuche affirme de son côté que « le métier n’a pas

changé, il est déstructuré, mais il faut

toujours aller voir des gens et être en prise

avec la réalité ».

De son côté, Mia Romero, ancienne correspondante de Paris Match à Midi Libre, confirme que « ce n’est plus le même

métier, plus la même ambiance et que le

métier s’est un peu « fonctionnarisé » ».

L’apparition des nouvelles technologies a impacté le modèle économique de la presse. Les grosses structures n’ont plus le monopole.

Ceux qui quittent le journalisme

D’après notre enquête, les journalistes font ce métier pour l’exercer sur le terrain, avoir un avis critique et chercher à comprendre les choses en prenant le temps d’écrire.

Avec Internet, le métier change, évolue, sans compter la baisse des salaires et la précarité de l’emploi.

L La malgmalg

« C’est une révolution car on n’aurait jamais

pu penser que Midi Libre ou Libération

iraient très mal », affirme Mia Romero. Les agences de presse doivent faire preuve d’innovation pour continuer d’exister.

Cette réalité économique amène une certaine pression sur les journalistes comme le raconte Julie Sala-Décot. « J’ai fait valoir mon droit de retrait dans un mensuel

plutôt que de faire relire mes articles par le

service commercial ».

Sur le registre des contraintes de ces nouveaux changements, Leslie Anagno-stopoulos affirme que les sources sont trop rapidement vérifiées : « Nous n’avons plus

le temps, ça va trop vite ».

Auparavant, le carnet d’adresses était l’outil essentiel, mais aujourd’hui, Internet devient l’outil incontournable. Les journalistes n’ont plus de liens avec les « petites gens », et ne sont en contact qu’avec les communicants et les politiques comme le dit J. Salat-Décot.

« Si être journaliste c’est de régurgiter des

condensés de dossiers de presse, sans être

sur le terrain, autant donc être directement

communicant, créer l’information et être la

source », toujours à en croire Julie Sala-Décot. C’est la raison pour laquelle, tant de journalistes basculent dans le monde de la communication.

Rédaction - Émilie Prou

LES NOUVELLES STRATEGIES D’INFORMATION

L'Agglorieuse

Il y a désormais deux processus d’édition :

le papier & le Web Selon Tristan Cuche

Page 22: Echos 2 pros 12eme édition

LES NOUVELLES STRATEGIES D’INFORMATION

Lorsque les intérêts du lectorat se dégradent : People, télé-réalité ou encore sports, une nouvelle hiérarchisation de l’information se met en place. Suivre ce mouve-ment ou rester classique, voici le dilemme auquel font face les rédacteurs et journalistes aujourd’hui.

Le Monde, Le nouvel obs, L’équipe… De nombreux journaux ont pris le train en marche et tentent d’apporter une valeur ajoutée différente en fonction du support. Que font les autres ? Hormis réécrire sur le Web leurs articles papiers sans profiter des outils technologiques ?

Les sites ou blogs de fact-checking se développent et créent le buzz. Les décodeurs, Factcheck.eu, nombreux sont les sites qui utilisent cette tendance pour angler leur sujet. Une nouvelle tendance de qualité exploitant parfaitement les ressources et les outils du Web.

« Si vous trouvez que l'éducation coûte cher, essayez l'ignorance ». Cette phrase d’Abraham Lincoln face aux Américains critiquant les dépenses publiques s’applique à la presse d’aujourd’hui. Pas d’argent, pas de qualité…

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Presse de qualité : lutte entre Web et Print

V

Rédaction - Gabriel CabrolRéalisation Camille Chavoutier

La presse écrite, proximité et profondeur au rendez-vous

« Vite, une info tombe, j’ai devant moi quelques heures pour écrire mon article ». Cette phrase prononcée par les rédacteurs du magazine Echos de Pros, c’est le quotidien des journalistes de presse écrite.

De cette information brute, il doit en ressortir un article de qualité avant le bouclage du journal. Un délai court, mais suffisant pour offrir un certain temps de réflexion permettant de collecter, analyser, synthétiser des informations tout en vérifiant leurs sources. Ceci en comptant sur un maillage très fin du territoire qui permet en donnant un angle unique au sujet. C'est-à-dire choisir un point de vue original d’après le caractère et la personnalité du journaliste et de son journal. C’est dans ce processus que s’ajoute toute la valeur ajoutée qu’il est impossible de trouver dans une brève ou un flash info.

La presse numérique, voyage de l’info à chaud au contenu haut de gamme

D’un point de vue journalistique, le Web dispose de plusieurs facettes. D’une part, les journalistes Web se vantent d’une souplesse et d’une réactivité imbattable, c’est un fait. Mais cette actualité à chaud, relayée par les réseaux sociaux et les flash infos, donne uniquement qu’une impression d’abondance de l’information totalement superficielle.

D’autre part, en cherchant plus loin, le Web regorge de pure-players et de blogs d’informations se démarquant par une créativité et une originalité exceptionnelle. En effet, de plus en plus de journalistes Web s’imposent à travers une stratégie de valorisation de l’information exclusive au Web. Ceci à travers des outils et contenus spécifiques tels que le fact-checking, le data-journalisme, le Web-documentaire ou même les serious games. Ces nouvelles formes d’informations offrent un contenu de qualité unique en jouant sur leur coté tendance et séduisant.

La presse s’adapte pour survivre

Au-delà des différences de contenus et de forme entre les journaux, la qualité de l’information reste influencée par une donnée importante : l’argent. La crise de la presse impose aux journalistes d’écrire plus rapidement avec moins de moyens. Malheureusement, la qualité a un prix. Sans compter qu’un journal vit grâce aux publicités ou aux subventions. Cela peut donner lieu à des conflits d’intérêts et des rapports de force parfois inégaux pouvant donner lieu à une censure ou influence. Sans oublier qu’un journal à besoin pour survivre que ses articles soient lus. En effet, les journalistes tentent d’intéresser et attirer les lecteurs quitte à bouleverser la hiérarchie de l’information. La domination des réseaux sociaux propulse au-devant de l’actualité des sujets légers qui sont par la suite repris par les journalistes. Jusqu’où ira cette spirale infernale ?

Les différences de traitement de l’information

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INFORMATIONBRUTE

Analyses de fondInterviewsRecherches

documentairesBreve

E ncadré

Retweet BrèvesFast-checking#Tendances

Web-documentaireSerious games

M ots clésTraitement des

donnéesTra

Page 23: Echos 2 pros 12eme édition

Comprendre le journalisme citoyen en trois minutes

21

Jaimepaslactu.com fait travailler bénévolement

une quinzaine de journalistes formés

au journalisme et au multimédia.

Des personnes de qualité que jaimepaslactu.com

juge inexploitées par les médias traditionnels.

Medialab Session

Incubateur pour start-ups de l’information, la Medialab s’installe

le temps d’un week-end en France et ailleurs.

Présente au BIC de Montpellier le 10/10/2014, l’opération brainstorming

a mobilisé une centaine de professionnels et fait

émerger les start-ups locales de l'information.

Thierry Watine, profes-seur du Département

d’Information et de Communication

de l’Université Laval (Québec) a écrit en 2003

« Le modèle du journalisme public », à retrouver dans

le n°35 de la revue Hermès (pp. 231-239).

Signifiant littéralement « les actualités où vous

témoignez », l’agence de presse Yahoo News

demande aux internautes du contenu qu’elle choisit ensuite d’utiliser ou non. Elle définit sa plateforme

comme du journalisme citoyen… qu’elle met

en scène.

La multiplication des sources et des médias casse incontestablement les codes des circuits traditionnels de l’information. En découlent d’interminables débats sur la relation qu’entretiennent les bloggeurs et les journalistes avec l’information.

Le journalisme citoyen, ça n’existe pas

Pour François Perea, c’est clair : le journalisme citoyen, ça n’existe pas. Ce maître de conférences de l’Université Paul-Valéry de Montpellier est formel : on a affaire là un problème de terminologie. C’est que l’expression est particulièrement ambigüe. Peut-on appeler « journaliste », un internaute qui pratique l’autopublication ? Tout dépend de comment il traite l’information.

Il développe : « Il ne suffit pas de prendre la parole pour être journaliste. Le journaliste, c’est celui qui va chercher l’information sur le terrain, qui enquête, qui se distancie, recoupe ses sources et vérifie ses données ». Cela nécessite, selon lui, une fonction et une formation.

Peut-on être journaliste, investiguer, sans carte de presse ? Assurément, répond Sébastien Sigaut, le fondateur du site Web multimédia jaimepaslactu.com, primé 3ème de la Medialab Session, qui a eu lieu à Montpellier le 10 octobre dernier.

Les rédacteurs du site, anciens étudiants niçois de l’école privée de journalisme « Nouvelles », n’en démordent pas : « Nous sommes journalistes puisque notre travail est celui du journaliste. Nos convictions également, même si, officiellement, aux yeux de la société et de la commission des journalistes, nous ne le sommes pas sans carte de presse ».

LL Lmédimédi

On est journaliste… ou on ne l’est pas

Pour François Perea comme pour Sébastien Sigaut, n’est pas journaliste le citoyen qui se prend en photo les pieds dans l’eau lors des dernières pluies diluviennes dans l’Hérault, celui qui filme avec son téléphone les incidents du métro de Londres (on se souvient de l’été 2005), ou encore celui qui immortalise les images d’un tsunami de Thaïlande, où il passe ses vacances, et qui envoie gratuitement son contenu à une chaîne d’information (en échange d’y voir apparaître son nom !).

Mais alors, quelle place pour le citoyen ?

« Le citoyen, il discute, débat et créé la cité. Et pour assurer le bon fonctionnement de notre démocratie, il faut le différencier du journaliste » postule le maître de confé-rence montpelliérain.

Aujourd’hui, grâce aux nouvelles techno-logies, tout citoyen peut être un émetteur, qui participe, décide, solutionne, agit… Selon le professeur Thierry Watine, « tout l’enjeu est de constituer des forums et arènes de débat pour rétablir les liens avec le public ». Le doctorant de l’Université de Rennes I Olivier Tredan fait remarquer que des plateformes de blogs de presse fleurissent sur la Toile, telles que You Witness News, née d’un partenariat entre Yahoo et l’agence de presse Reuters : les internautes sont invités à mettre en ligne des photos et vidéos, reprises ensuite par l’agence de presse pour un traitement journalistique.

En somme, intégrer la parole du citoyen ne lui confère pas un rôle de journaliste. Craindre sa participation est donc inutile. La réfléchir par contre…

Rédaction - Célia Paris

Page 24: Echos 2 pros 12eme édition

LES NOUVELLES STRATEGIES D’INFORMATIONÉvolution des pratiques professionnelles

Twitter rapporteur

En mai 2011, un jeune militant de l’UMP « twitte » une information révélant l’arrestation de l’ancien directeur général du FMI, Dominique Strauss-Kahn. Ce n’est que suite à sa propagation sur les réseaux sociaux, que les journalistes relaient l’information.

Le Net fait, le journaliste imite

« L’affaire Nabilla » suscitant l’engouement sur les réseaux sociaux, les médias nationaux mettent en avant cette actualité. Ceci révèle l’influence des interactions sur les réseaux sociaux sur la hiérarchisation de l’information.

Du tweet au papier

Geoffroy Boulard, premier adjoint à la mairie du 17e arrondissement de Paris, dénonce par son tweet, du 10 mai 2014, la méconnaissance de la Marseillaise de Christiane Taubira. Ce tweet faisant polémique, les grands quotidiens reprennent l’information.

Le nouveau média des manifestants américains

Aux Etats-Unis, la mort d’un jeune afro-américain, Micheal Brown, soulève une réelle révolution sur la Toile. Les Américains se mobilisent autour de cet évènement employant les réseaux sociaux pour diffuser, couvrir les manifestations.

22

Le Web 2.0 et la presse font émerger de nouveaux modes d’information. Le lecteur devient alors une composante non-négligeable de l’information locale, favorisant ainsi son adhésion et sa participation, voir son influence au sein de la rédaction.

Le lecteur, une nouvelle composante du journalisme

L Il est de plus en plus fréquent de voir apparaître des commentaires qui viennent en complément des articles. Les lecteurs détiennent des informations auxquelles le journaliste n’a pas accès, ou auxquelles il ne pense pas. Si certains journalistes n’y prêtent pas plus d’attention, d’autres prennent le temps d’en consulter une sélection. Selon la pertinence des commentaires et des informations apportées, le journaliste peut approfondir l’information dans un article de complément.Pour ainsi dire, les presses quotidiennes régionales s’efforcent d’élaborer des sujets qui feront parler les lecteurs devant la machine à café.

Les interventions des lecteurs par rapport à un article, mais aussi entre eux sur les réseaux sociaux sur un sujet précis, permettent, parfois, à une rédaction de définir les sujets d’actualité. « La tyrannie de l’opinion publique est à double tranchant, il faut savoir s’en inspirer, mais avec modération » précise Yannick Povillon, rédacteur adjoint à Midi Libre et adjoint au chef du Club de la presse de Montpellier. Si, jadis, les médias étaient sources d'infor-mation, aujourd’hui, il est évident que le lecteur en a une grande part.

Twitter entre dans l’équipe de rédaction presse - © Jean-Philippe Grandin

Rédaction - Jean-Philippe Grandin

« Le lecteur aime et souhaite participer à l’information » explique Wally Bordas, co-fondateur de Le nouveau Montpellier, un pure player conçu par des étudiants montpelliérains.

La posture des rédactions régionales face aux lecteurs évolue depuis cette dernière décennie. Leurs préoccupations relatives à la crise du papier, font émerger de nouvelles stratégies de diffusion. Les lecteurs sont toujours en quête de rapidité et de mobilité de l’information. Le journalisme se développe, ainsi, sur la toile afin de se rapprocher de ses lecteurs et ses exigences. Ceci offre la possibilité aux usagers de se tenir informés en temps réel. Mais également, de partager les articles à travers les différents réseaux sociaux numériques (Facebook, Twitter, ...), ainsi que de les commenter directement sur la page d’information. Faut-il prendre en compte les réactions des lecteurs ?

De manière positive ou négative, « tout le monde à quelque chose à dire sur un sujet » relève Wally Bordas. Avant l’explosion du Web 2.0, seul le courrier lecteur (ancêtre du commentaire) permettait la correspondance entre l’auteur d’un article et le lecteur, ou de réagir à un sujet. Commentaires, mails, tweets, postes Facebook, courrier lecteur, aujourd’hui, une multitude de moyens existe pour réagir à un article.

Notons que la rédaction d’un article est limitée à un certain nombre de caractères. Celui-ci est calculé selon la place accordée au sujet. Le journaliste s’efforce donc de développer un maximum d’informations dans un espace limité.Bien souvent, les lecteurs sont en demande d’informations complémentaires suite à la publication (Web ou papier) d’un article. Il peut donc arriver que des articles suscitent des réactions positives comme négatives (avis personnels, sensations face au sujet, protestations, critiques, etc.).

La Théorie de l'iceberg

Arnaud Mercier, professeur en Sciences humaines, remet en question la hiérarchisation de l’information par les médias. La face visible d’un iceberg est l’actualité traitée par les médias d’information et la face cachée est celle traitée par les réseaux sociaux.

Parfois, certains sujets font tellement de bruit qu'ils parviennent à attein-dre le sommet. C’est ce qu’il appelle « la montée au sommet de l’iceberg ».

Page 25: Echos 2 pros 12eme édition

Portraits croisés : Hubert Vialatte, rédacteur en chef à la Lettre M, et Jean-Marc Aubert, journaliste à l'Agglorieuse, deux journalistes locaux qui s'expriment très librement sur le Web.

Internet : un espace de liberté pour les journalistes

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Le succès d’Hérault H24

La page d'information Facebook Hérault H24

cartonne avec un reccord proche de 22 000 fans en 7

mois d'existence et une augmentation de plus de 10 000 depuis novembre 2014. La page alimentée

par les posts de Jean-Marc Aubert informe les

internautes sur l'actualité héraultaise et des dépar-

tements limitrophes.

Le billet du lundi : un RDV

Grâce à la publication du « billet du lundi »,

Hubert Vialatte donne rendez-vous à sa commu-

nauté. C'est quelque chose de très personnalisé et

une relation directe avec ses lecteurs. Ce papier est en moyenne lu par

300 à 400 personneschaque semaine.

L’Agglorieuse en danger

Le 23 novembre 2014 L'Agglorieuse a été condamnée à payer

la somme de 91 200 € à M. Robert Garzillo et

à ses sociétés pour diffamation envers le groupe Strada. Cette

décision de justice représente un véritable

risque pour l'avenir de l'hebdomadaire.

Expression libre

Les deux journalistes précisent que la liberté sur le Web par rapport

au papier c'est aussi que « le journaliste peut faire

ressortir son propre style ». Il n’est pas contraint

de « s’adapter à la ligne

éditoriale d’un journal ».

Ancrés dans la tradition journalistique de la transmission de l'information par le papier, deux journalistes locaux ont choisi d'emprunter une autre voix d'expression, qui leur procure une certaine liberté dans l'exercice de leur profession : Internet.

Deux profils opposés

Jean-Marc Aubert est un journaliste confirmé dont la carrière approche les 35 ans, tandis qu’Hubert Vialatte a une quinzaine d’années d’expériences dans le monde journalistique.

Le premier est spécialisé dans les faits divers et la chronique judiciaire, et le deuxième est rédacteur et correspondant pour plusieurs journaux.

Deux parcours différents

Au cours de sa carrière de journaliste débutée en 1979 dans le Vaucluse à La Provence, Jean-Marc Aubert a entre autre, été reporter régional à Midi-Libre et rédacteur à La Gazette de Nîmes, puis à La Gazette de Montpellier. Il est ensuite devenu journaliste à L'Agglorieuse. Puis suite à un infarctus qu'il a eu en 2004, il a été contraint de quitter les journaux quotidiens. Il s'est alors orienté vers le format de l'hebdomadaire, où il est exposé à moins de stress et de déplacements sur le terrain.

Hubert Viallate, lui, a suivi un parcours cohérent avec son envie de devenir journaliste depuis son adolescence. Après avoir fait une école de journalisme à Paris entre 1999 et 2001, il est aujourd'hui rédacteur en chef adjoint à la Lettre M de Montpellier. Il est aussi correspondant pour Les Echos, l'AFP et en collaboration avec une agence pour L'Express et Le Figaro.

A AAncnla trala tra

Le numérique : le point commun

À eux deux ils illustrent ces journalistes qui écrivent sur le papier et qui s’expriment aussi sur le Web. Ils m’expliquent que l’écriture sur le Web leur procure de la liberté. Jean-Marc aubert, qui est l’un des administrateurs de la page d’information Facebook Hérault H24 , met l'accent sur la rapidité et l'instantanéité de la publication des informations : « La liberté, c'est la rapidité de gérer et de diffuser l'information ». Il précise que les informations à chaud peuvent être traitées succinctement à condition de définir les circonstances. Il vérifie l'information auprès d'interlocuteurs habilités à parler à la presse, qui confirment ou infirment l'information. « On a des sources auxquelles on peut se fier. L'avantage d'un site Internet c'est que l'on diffuse l'information directement ». Puis, dans la journée, il affine l'information à chaud, en renseignant les détails.

Hubert Vialatte quant à lui, parle de la liberté d'expression que lui apporte l’alimentation de son site Web hubertvialatte.com. Grâce à la publication hebdomadaire du billet du lundi, Hubert Vialatte fait ressortir son style et écrit librement sur divers sujets.

Ce billet est pour lui « une espèce de lucarne numérique, une évasion person-nelle, le seul endroit où je peux livrer mes réflexions sur la société et sur des sujets très diversifiés ». C'est aussi pour lui la possibilité de se réconcilier avec l'écriture et de retrouver le plaisir d'écrire.

Cependant, les deux journalistes rajoutent que, même s'ils sont libres d'écrire ce qu’ils veulent sur le Web, ils appliquent toujours leur éthique et respectent leurs valeurs.

Rédaction - Leslie Antoine

LES NOUVELLES STRATEGIES D’INFORMATIONUne nouvelle liberté d’information ?

JL.Borloo et Hubert Vialatte. Ce journaliste qui allie écriture factuelle (Lettre M) et libre (Web)© André Hampartzoumian - Masters des 30 ans de la Lettre M

Jean-Marc Aubert, connecté H24 grâce au numérique© Leslie Antoine

Page 26: Echos 2 pros 12eme édition

Le journaliste, ce grand curieux de l’actu, confronté au lecteur trop ou pas intéressé. Un duel 2.0 qui pourrait très mal tourner pour les deux protagonistes. La dictature du « clic » ou le changement de la consommation d’actualités.

LES NOUVELLES STRATEGIES D’INFORMATIONUne nouvelle liberté d’information ?

La technologie rendrait asocial ?

Angèle Christin : rythmer contenu chaud et froid

Il y a une vraie réflexion sur la façon de se démarquer dans un paysage Web très concurrentiel où tout le monde publie des vidéos de chats. Il faut savoir combien on met d'articles à clics comme ceux-là pour subventionner le reste du contenu

Rien n'arrête la presse d'information

Ces cinq dernières années, la diffusion de la presse d’information a progressé de 5,7% dans le monde

Courrier International

Twitter : un nouveau journal ?

Plus de 7 Français sur 10 consultent l’information sur Internet à travers les réseaux sociaux tel que Twitter

Rue89

Je clique, on me dit !

D

Alors que l’information est partout, sur tous supports, j’ai décidé d’interroger Nazanin, étudiante en information et communication afin de connaître ses pratiques d’information. Comment suivons-nous l’actualité dans l’ère du numérique ?

J

Rédaction - Nazanin M. Babr

Rédaction - Amélie Boban

Jean-Philippe Zappa, délégué général de l’association Culture Papier fondée en janvier 2010, m’annonce « nous arrivons à un stade où nous ne pouvons pas absorber l’information de tous les jours.

La cause de cette réalité : il existe une trop forte multiplicité des supports médias en France ». Mais il ajoute que pour contrer cette réalité :

C’est justement ce que fait Nazanin. En effet, elle me confie qu’elle souhaite faire le lien entre numérique et papier.

« Je regarde à la télévision, essentiellement les reportages. Par exemple les dossiers exclusifs sur les mouvements révolution-naires au moyen Orient. Mais je préfère définitivement m'informer via les réseaux sociaux numériques ».

Cependant Nazanin m’annonce qu’elle se rend également sur les réseaux sociaux pour obtenir une information en directe, « je regarde les informations sur Twitter afin d’obtenir une actualité instantanée. Mais j’achète des journaux comme le Courrier International pour avoir de plus grands points de vus ».

Il appartient donc à chacun d’entre nous de faire son tri dans l’actualité. Et vous comment vous informez-vous ?

« La question du clic cristallise les inquiétudes sur l'avenir de la profession » Angèle Christin - © Nazanin M. Babr

Dans l’océan de l’information, il y a différents nageurs : ceux et celles qui prennent le temps d’explorer les abscisses afin d’y trouver la perle rare, ceux et celles qui traversent les lignes de bouées, frontières disgracieuses du confort, ou encore ceux et celles qui nagent à perdre haleine afin d’oublier qu’ils n’ont plus pied.

Le monde du journalisme est chamboulé actuellement par l’arrivée d’une nouvelle forme de lecteurs. À ceux qui pensaient pouvoir lire leurs articles, à l’abri, derrière leurs écrans, sans les yeux racoleurs du voisin dans le bus… Halte ! Que nenni !

Une fois les rotatives conduites au chômage forcé, ce sont les compteurs digitaux qui se mettent en route.

Des clics au temps passé sur un article, chacune des actions du lecteur est scrupuleusement décortiquée. Il était libre de lire ce qu’il voulait, il l’est toujours, mais sous les yeux des grands gourous du web. Mais aussi, du journaliste ayant écrit l’article. Ou encore du webmaster et de l’analyseur de consultation.

C’est ici que commencent vraiment les jeux pervers entre l’artiste et sa scène.

Plébiscitez une plume, elle deviendra incontournable. Les chiffres ne mentent peut être pas… Mais que montrent-ils ? Les dérives (ou la réalité) des intérêts « ludiques » du grand public mettant à mal les grandes enquêtes. En somme, quelles valeurs choisir quand on écrit et qu’on est journaliste aujourd’hui, celles « du clic ou du Pullizer » ? La vie d’une Première Dame trompée ou les dangers de la désertification médicale ? Le débat est ouvert.

En route vers de nouveaux usages d’information !

Nazanin suit l’actualité chaque jour grâce à son smartphone et Twitter - © Amélie Boban

Page 27: Echos 2 pros 12eme édition

Le papier, cet éternel lien social

ECHOS de PROS #12

NN Nombreux sont ceux qui prédisent la disparition pure et simple du papier dans l'univers des médias, à court ou long terme, faute de pouvoir concur-rencer son rival Internet.

Et pourtant... aujourd'hui encore, de jeunes médias prefèrent sa compa-gnie à celle du Web. Les journaux papiers, toujours présents dans les kiosques et les cafés, montrent bien à quel point le peuple français y reste attaché. Le papier est loin d'avoir dit son dernier mot !

Dossiers

La confiance absolue Le choix délibéré du papier

Le papier ne disparaîtra jamais !

LE PAPIER, CET ETERNEL LIEN SOCIAL

Page 28: Echos 2 pros 12eme édition

LE PAPIER, CET ETERNEL LIEN SOCIALLa confiance absolue

De nombreux journaux font aujourd’hui le choix de faire payer un abonnement à leurs lecteurs Web com-me par exemple, Le Figaro. Il serait cependant judi-cieux de nous demander si une version gratuite du journal sur Internet ne permettrait pas, sur du long terme, de fidéliser le public.

Avec le développement technologique actuel, les journaux peuvent désormais être présents sur de très nombreux supports. Optimisés pour l’information, les smartphones et autres tablettes sont particulière-ment en vogue et permet-tent aux journaux de toucher plus de lecteurs.

Facebook, Twitter, Instagram ou encore Tumblr, ce sont tous autant de réseaux sociaux sur lesquels les journaux peuvent s’exprimer. Permettant une interaction plus simple avec les lecteurs, les réseaux sociaux sont aujourd’hui l’une des clés de la continuité de la presse.

Selon le professeur Franck Rebillard, le journalisme participatif tend aujourd’hui à se normaliser. Posant la question de la place du journaliste professionnel dans notre société, cette pratique est en perpétuelle évolution. Les années à venir seront donc décisives, affaire à suivre.

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Face à la multiplication des médias sur le Web, un besoin de clarification est nécessaire pour les lecteurs. Les professionnels de l’information développent aujourd’hui différentes techni-ques pour parvenir à redonner confiance au public.

Redonner confiance en l’info Web, un challenge de taille

L

Rédaction - Florian Lousplaas

Le développement d’Internet au cours de ces dernières années a permis une véritable révolution dans la circulation de l’information.

La rapidité est aujourd’hui le maître-mot, mais donne naissance à de nombreux doutes de la part des lecteurs. Face à la méfiance du public, notamment envers l’information Web, il est nécessaire pour les professionnels de développer différentes techniques afin de redorer le blason des journalistes dans l’esprit des lecteurs.

Selon Johanna Cas, journaliste indépen-dante établie entre Marseille et Montpellier et travaillant à la fois pour la presse papier et pour des sites Internet, « s’implanter sur les réseaux sociaux est un premier pas vers une nouvelle relation de confiance. Il semble, en effet, important de donner de l’importance à l’opinion du lecteur », notamment pour qu’il puisse ressentir une certaine appartenance à un groupe et donc s’en rapprocher.

L’idée d’appartenance est donc cruciale dans cette démarche de recherche d’une relation de confiance. Comme nous l’explique d’ailleurs notre journaliste interviewée : « la confiance se joue dans les deux sens. Si le lecteur donne son avis et participe en livrant quelque chose de vrai et d’authentique, c’est qu’il considère que l’information l’est-elle aussi ».

Le journalisme participatif en quelques mots

Créée au début des années 2000, l’expression « journalisme participatif » ou encore « journalisme citoyen » désigne, selon Franck Rebillard, professeur à la Sorbonne Nouvelle, « l’intervention de non-professionnels dans la production et la diffusion d’information d’actualité ». Le journalisme participatif s’est d’ailleurs grandement développé avec la démocratisation d’internet, mais aussi des réseaux sociaux.

Des supports toujours plus nombreux, la diversification est désormais nécessaire - © Florian Lousplaas

Faire participer pour redonner confiance

Le journalisme participatif, ou citoyen, très en vogue depuis ces dernières années, semble également aller dans ce sens. Appelant les lecteurs à devenir eux-mêmes émetteurs de l’information, cette nouvelle pratique « n’est pas sans comporter des dérives, car les informations doivent être vérifiées plus minutieusement par le lecteur, mais permet à tout un chacun de s’investir ».

Selon Johanna Cas, le fait même de faire du lecteur un émetteur d’informations l’amènerait à s’intéresser à nouveau à la presse. En effet, « avant de livrer une information, le lecteur se rendra plus régulièrement sur les sites des journaux pour se tenir informé ». Il est donc crucial pour les journaux de développer leurs sites web et d’offrir des articles d’une aussi bonne qualité que celle que l’on peut trouver dans la presse papier.

Le Web a encore besoin du papier

Notre source va même plus loin en expliquant « qu'une présence renforcée des journaux sur Internet pourrait amener les lecteurs Web à se rediriger vers la presse papier, notamment pour des articles apportant une véritable réflexion sur un phénomène de société par exemple ». La presse semble aujourd’hui encore être dans une phase de transition entre le papier et le Web et il est primordial d’établir un lien entre ces différents supports.

« ... ce qui permet au lecteur de connaître la qualité de l’article, qui est digne de la presse papier, mais également d’y avoir accès plus facilement ». Associer les supports papiers et numériques pourrait donc être en finalité l’une des clés de la création d’une nouvelle relation de confiance entre les journaux et leurs lecteurs.

De nombreux journaux publient désormais les

mêmes articles sur le Web et sur leur édition papier

Page 29: Echos 2 pros 12eme édition

Web ou papier, en qui avoir le plus confiance ?

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Soutien à donf !

Voici ce qu’un lecteur de Montpellier Journal inscri-vait au pied d’un article en

commentaire suite aux difficultés que rencontrait le média en ligne en 2009. Les commentaires sont de

véritables indicateurs de confiance des lecteurs et

apportent de la plus-value à un article.

Créé en 2009, OWNI présente ses propres

articles et d’autres, venus de blogs externes. Après avoir travaillé en parte-

nariat avec Wikileaks puis reçu deux prix prestigieux en 2010 et 2011, il ferme

fin 2012 à cause de son modèle économique (en accès libre et sans pub).

Il reste consultable.

Le point de vue de Raphaël Giovanetti, Concepteur

multimédia et MC à l’Itic de Montpellier : « Le papier est vecteur de valeur. A l’heure actuelle, faire le choix délibéré du papier

c’est donner de la valeur à son contenu ».

De plus en plus de données sont publiées et le

phénomène s’amplifie avec les objets connectés. Le

data journalisme (journalisme de données)

est une discipline qui consiste à analyser ces

bases de données et les rendre accessibles au plus

grand nombre.

Accordez-vous plus de crédit à l’infor-mation papier ou Web ?

Ambre Déharo – Peu importe le média, si le journaliste fait bien son boulot, son article aura de la valeur. Un professionnel doit pouvoir recouper plusieurs sources.

Simon Challier – Tout à fait ! Peu importe le canal, du moment que l'info est vérifiée et recoupée. Le Web permet d'avoir des infos factuelles de grande qualité (chiffres, actes notariés), ou de retrouver des éléments qui ont disparu de la circulation, comme les photos de Sarkozy et Kadhafi au cœur de la crise libyenne, retrouvées par OWNI.

Web/papier : quels sont leurs atouts et leurs faiblesses ?

AD – Il faudrait que tout journaliste enquête. Mais, ce que l'on demande aux jeunes aujourd'hui, c’est de bâtonner des dépêches AFP. Résultat : tout se ressemble, quel que soit le support. Seul avantage : le prestige de la presse papier où on attend donc un vrai travail de fond.

SC – Le Web a d’immenses avantages comme sa portée, sa durée de vie, les vidéos et les hyperliens. Il offre ainsi une vision plus juste de l'info. Mais le gros problème du numérique, c'est la question des intentions. Du coup, je redouble d'efforts pour recouper mes sources.

Quelles sources privilégiez-vous pour une recherche ?

AD – Aucune. Mais j’ai un penchant pour Twitter et Facebook. Infos et sources y sont extrêmement variées. Ce sont des viviers d’anecdotes percutantes et truculentes.

SC – Je privilégie les personnes. Un coup de téléphone est parfois plus rapide et plus sûr qu’un mail. Toutefois, une info balancée sur Twitter ou Facebook constitue souvent une bonne piste que j’emprunte avec prudence…

AAmatio

Rédaction - Olivier Courtade

La fiabilité s’y fait rare. En revanche, des archives ou des comptes rendus d’audien-ces écrits appellent la confiance.

Comment vivez-vous la crise de la presse écrite ?

AD – L’info gratuite, Web ou papier, dissuade les lecteurs de payer. Les secré-taires de rédaction disparaissent, mais on assiste également à l’émergence de métiers utiles comme le data journalisme.

SC – La crise des années 80's s’est nourrie d’une crise de confiance vis-à-vis des politiques. Internet ne fait qu’amplifier le phénomène. Du jour au lendemain tout le monde est devenu « éditorialiste » en quelque sorte. Il suffit d'ouvrir son blog et de donner son analyse sur tel ou tel sujet. Aujourd’hui, rachetée par des grands groupes (Dassault pour le Figaro), la presse n’améliore ni la confiance des lecteurs, ni sa qualité.

Selon vous, comment va évoluer la profession ?

AD – Je suis pessimiste par rapport aux intérêts financiers des grands groupes de presse qui ont tendance à museler le journaliste. C'est la qualité de l’info qui est en jeu. Et aujourd’hui, si le métier de journaliste a évolué, c’est parce que les outils ont changés. Toutefois, les personnes restent volontaires et le cœur du métier reste le même Informer. C'est-à-dire apporter aux citoyens des éléments pour comprendre le monde et ainsi pouvoir se forger un avis.

... Et sur le Web, excepté Mediapart, il n'existe pas de modèle économique viable. L’avenir ? Survivre entre actionnaires et annonceurs.

Donnez, donnez-moi

Le 21 novembre 2014, « Les Amis de La Marseillaise » lançaient une souscription afin de soutenir financièrement le journal.

L’Hérault du Jour, Montpellier Journal, Causette ou même Wikipédia : l’appel aux dons concerne les deux types de presse, Web et papier. Et Si la multiplication de cette pratique témoigne de difficultés financières, elle est également preuve d’engagement de la part des lecteurs.

Toute presse confondue, le problème

numéro un, c'est l'argent.

Qu’il s’agisse de la presse en ligne ou de la presse papier, la question d’actualité est : qui donne les meilleures infos ? Question à laquelle répondent Simon Challier, jeune journaliste à La Gazette de Nîmes et Ambre Deharo, étudiante à l’École Sup du Journalisme de Montpellier.

« Comment savoir qui est derrière le clavier avec Twitter et sa flopée de comptes parodiques ? » Simon Challier - © DR

Page 30: Echos 2 pros 12eme édition

Mercredi 12 novembre, je suis invité à la soirée de relecture du journal Bout à bout avant la sortie de ce dernier. Rencontre avec ces rédacteurs bénévoles, lors d’un moment de convivialité et de découverte.

LE PAPIER, CET ETERNEL LIEN SOCIALLe choix délibéré du papier

Journaux Montpelliérains

Il existe d’autres journaux de quartier à Montpellier. Le quartier Malbosc avec Le Petit Echo de Malbosc, Celleneuve avec Le journal de votre quartier, les Aubes avec Aubesessions et d’autres encore.

Journal et solidarité

L’association nîmoise Quartier Libre se sert de son journal pour faire participer des jeunes enfants venant d’arriver en France. Le journal de quartier est aussi un vecteur d’entraide et de solidarité.

Vous avez dit presse populaire ?

D'après les Archives de France, c'est à la fin du XIXème siècle que la presse populaire fait son apparition en France avec Le Petit Journal. Un quotidien à bas prix à destination d'un vaste public et reprenant « faits divers et informations variées » est né.

L'exception qui confirme la règle

Vous savez tout, Tout Montpellier, Le nouveau Montpellier, Montpel'yeah… Les nouveaux venus de la sphère médiatique locale semblent préférer le média Web à celui du papier, mis à part le journal Le Poing qui fait figure d'exception.

Depuis presque 20 ans, le journal Bout à

bout assemble les instants de la vie quotidienne des habitants du quartier montpelliérain Boutonnet.

Ce journal, qui n’à aucun but lucratif parvient à éditer 300 exemplaires papier par numéro. Philippe Batbedat, rédacteur dans le journal, souligne « Nous préférons rester sur le papier, c’est un support vivant.

Nous pensons aussi à tout le monde, une

personne âgée aura du mal à lire notre

journal s’il est sur Internet ». La distribution se fait avec la collaboration des com-merçants volontaires.

En terme de contenu, le cahier s’articule avec des parties récurrentes d’un numéro à l’autre. Le but est de mettre en lumière des lieux inconnus ou des personnalités qui contribuent à la vie de Boutonnet, ce qui permet une interaction entre les habitants. Le journal donne l’envie de découvrir et de s’intéresser à son faubourg dans une grande ville comme Montpellier.

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Bout à bout : les irréductibles du quartier Boutonnet

D Depepboutbout tt

Que cela se fasse avec sérieux ou avec grande dérision, l’équipe rédactionnelle s’active en coulisse pour distribuer un journal de qualité.

Mon récit se termine le 15 novembre. Le numéro 56 sort à l’occasion d’un évène-ment de l’association Bout’entrain, sur la place principale de Boutonnet. Pour se faire, je retrouve les rédacteurs qui vendent le journal comme dans le temps : à la criée. Les riverains répondent au rendez-vous et le journal s’arrache. Ce que je retiens de ces moments avec cette équipe, beaucoup de générosité, de sympathie et d’engage-ment. Lire Bout à bout, c’est s’imprégner de la vie d’un quartier vivant et humain.

À l'ère du numérique, Le Poing a fait le pari du papier. Lancé en novembre 2013, ce journal mensuel d'information généraliste indépendant est chaque mois distribué à prix libre dans les Facultés de Droit et de Lettres et ne manque pas de caractère. Portrait.

Le Poing veut « ressusciter la presse populaire

U

Rédaction - Benjamin Gorlin

Rédaction - Suzie Brémond

Une « arme pour lutter contre la morosité

ambiante ». C'est en ces termes que Le

Poing décline son identité.

Le choix du papier ? C'est pour exister.Un média ne vit qu'à travers ses lecteurs et c'est en distribuant l'imprimé papier directement aux lecteurs que Le Poing tisse ce lien si précieux. S'il ne paie pas de mine avec ses 16 pages de papier brillant et son imprimé noir et blanc, derrière ce petit journal se cache un grand projet.

Fondé par une poignée d'étudiants en Sciences Politiques, le canard sarcastique traite l'actualité locale à internationale, avec des titres comme « Colère froide à

Montpellier ; Liberté, Précarité, Fraternité ; Nelson Mandela était socialiste » et cherche à défier le système médiatico-politique en place, en offrant un autre regard sur l'actu.

« Ça change de ce qu'on trouve dans les

médias », confirme Camille, une lectrice. Révolutionnaire, il aspire à ressusciter la presse populaire écrite d'antan en créant un espace d'expression ouvert à tous et pour tous ; n'importe qui peut écrire dans ses colonnes. « On n’est pas maîtres du journal,

il nous échappe », s'enthousiasme Jules, son rédacteur en chef.

Même si comme Arthur, certains lecteurs jugent les contenus parfois « déplacés et

sexistes », le mensuel qui, depuis sa fondation a été tiré à près de 12 000 exemplaires, ne manque ni de retours positifs, ni de contributions. L'avenir du journal s'annonce même ambitieux : bientôt tiré à 3000 exemplaires, il compte élargir sa diffusion aux autres universités.

Le papier pour exister

Vente du journal à la criée toujours dans la bonne humeur© Benjamin Gorlin

Nous préférons rester sur le papier,

c’est un support vivant.

«

La diffusion du journal sur le campus permet aux rédacteursd' géchanger avec les lecteurs et de récolter leurs avis © Suzie Brémond

Page 31: Echos 2 pros 12eme édition

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Des débuts sur la Toile

Faute d’annonceurs, le premier numéro de

JackerMag sort sous forme… numérique ! Mais

le tirage papier débute dès le second magazine,

imprimé à 500 exemplaires, pour le plus grand bonheur

du rédacteur en chef. Depuis, le nombre d’exem-

plaires imprimés augmente à chaque numéro.

Après le papier, le textile

Définitivement plus orienté solide et palpable que numérique, l’équipe Jacker lance début 2014 sa propre ligne de vête-

ments et accessoires, avec les 15 premiers t-shirts Jacker Authentic Dope. La deuxième collection

doit bientôt voir le jour.

Conservons le papier

« Notre rapport résultat/investissement est très

largement favorable c’est une raison pour lesquelles

nous souhaitons également conserver notre support papier.» - N. Castandet.

Quelques chiffres clés

La Communauté de communes de la vallée de l’Hérault : une date

de création, 28 décembre 1998 ; un Président, Louis

Villaret ; un siège, Gignac ; des communes, 28 ;

des habitants, 3 4926.

Implanté à Montpellier, le magazine Jacker est diffusé gratuitement depuis 2012 en France et à l’international en format papier, car son fondateur, Aurélien Courbon, voit dans ce support des opportunités que n’offre pas le numérique.

« Je ne me suis même pas posé la

question ». Pour cet autoentrepreneur de 26 ans bercé par des magazines variés (skateboard, graffiti etc.) depuis son adoles-cence, le papier s’impose naturellement lorsqu’il élabore son propre projet de magazine en 2010.

Gribouillant toujours des dessins plutôt que des notes sur ses cahiers d’école, ce jeune créatif originaire de Cavaillon ressent très tôt un lien particulier avec ce support. Ce lien se renforce pendant ses études de graphisme, quand il travaille dans une imprimerie pendant 6 mois. « J’avais

toujours ce rapport entre le papier, l’impres-

sion, l’odeur de l’encre etc. ».

Passionné de street art et de culture urbaine, skateur à ses heures perdues, Aurélien décide donc en 2010 de lancer son propre magazine, avec l’ambition de créer un lien entre les personnes partageant ses passions. Et rien de plus efficace pour lui qu’un magazine papier. « Le simple fait de

prêter un magazine à quelqu’un crée un lien

direct impossible à retrouver avec le

numérique ».

Avec un penchant pour le vintage, Aurélien voit aussi dans le papier l’occasion de créer

Aurélien Courbon choisit le papier. Sans hésiter !

queu

ansan

un objet qui puisse être conservé, col-lectionné. Les numéros de Jacker Magazine ne comportent jamais de dates, pour appuyer cette intemporalité. Pour lui, le numérique reste éphémère, c’est pour-quoi le « Print » peut et va survivre.

Le support papier fait donc partie intégrante de l’identité d’Aurélien Courbon et de son magazine et lui permet de se démarquer, à l’heure où les webzines se trouvent par centaines sur la Toile.

Nadège Castandet, responsable communication de la Communauté de communes Vallée de l’Hérault, se positionne en faveur de la sauvegarde de la presse territoriale papier qui diffuse le magazine d’information intercommunale Alentours.

Presse papier et CCVH : un lien sans faille

C

Rédaction - Jorlan Mariotat

Rédaction - Amélie Boban

Comment font ces institutions publiques pour garantir une presse papier de qualité ?

Depuis quand est-ce que votre journal existe en support papier ? Et numérique ?NC - Nous possédons un support papier depuis 2004. Un support numérique est disponible via notre site Internet en téléchargement gratuit depuis 2006.

Cependant la version numérique du journal n’est pas identique à la version papier que nous diffusons actuellement en version papier à tous les habitants de la CCVH.

Est-ce que ces équipes de rédaction (Printet Web) travaillent ensemble au quotidien ?

NC - Notre équipe de rédaction constituée de Marion Montet, chargée de publication, et Manon Delafournière, Webmaster, travaillent en effet main dans la main.

Pourquoi continuer à diffuser un supportpapier à l’heure du tout numérique ?NC - Notre but, en tant que collectivité territoriale, est de garantir une égalité d’accès à tous à l’information. Voilà ce qui nous concerne! Malheureusement nous avons encore des territoires qui ne possèdent pas un accès à internet en haut débit. De plus, Alentours diffuse une des rares informations écrites gratuite pour rester proche de nos habitants.

Et vous seriez-vous prêt à passer au toutnumérique ?NC - Passer au tout numérique pourquoi pas, mais tout en s’assurant que tout le monde soit équipé pour, avec dans chaque foyer un accès à Internet.

Le mot de la fin pour définir votre Communauté de communes ?NC - Notre support papier diffuse un mes-sage d’égalité que nous tentons également de faire véhiculer dans notre CCVH.

Alentours le magazine de la CCVH depuis 2004 © www.cc-vallee-herault.fr

Le papier et le numérique, c’est comme le vinyle

et le mp3

Jacker Magazine est aujourd’hui tiré à plus de 20 000exemplaires distribués à travers le monde - © Jorlan Mariotat

Page 32: Echos 2 pros 12eme édition

LE PAPIER, CET ETERNEL LIEN SOCIALLe papier ne disparaîtra jamais !

Les habitants sont attachés aux kiosques dans leur ville. Pour plus de 85% d'entre eux, le kiosque fait partie de la vie de quartier.

Étude réalisée par Harris Interactiv pour Mediakiosk

en février 2013

Mais où trouver votre journal préféré ? www.trouverlapresse.com est le site malin pour localiser le kiosque le plus proche de chez vous qui détient votre graal. Choisissez un titre ou type de presse, indiquez votre ville et le tour est joué !

La distribution des journaux de presse quotidienne en France est la mieux organisée d’Europe. Nos kiosques sont le symbole de la parole démocratique française depuis le XVIIème siècle.

Zeens

Avec Zeens, vous êtes alertés des dernières unes des magazines, de leur date de sortie et vous géolocalisez les magasins. Vous pouvez aussi suivre vos titres favoris et partager vos découvertes et coups de cœur avec vos amis.

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Que vont devenir nos kiosques de presse si demain il n’y a plus de journaux papier ? Pour Philippe Saltet, gérant du dernier kiosque traditionnel à Montpellier, « jamais ils ne disparaîtront ! ». Rencontre avec cet homme relais de l’actualité.

Les kiosque de presse, solide relais de proximité face à Internet

E

Rédaction - Christelle Waterlot

En diffusant l’actualité, votre métier de kiosquier est « d’intérêt public », comment assumez-vous votre rôle de proximité dans cette société de l’information ?

Philippe Saltet - Nous maintenons un lien social essentiel. C'est ce que j'aime dans mon métier : rencontrer des publics dif-férents. Même si les ventes de la presse ont baissé, mes vieux habitués achèteront toujours leur journal ou leur magazine TV. Il faut aussi faire la différence : mes clients reviennent dans mon kiosque satisfaits du service rapide et puis j’ai plus de deux mille titres dans mon kiosque. Je peux conseiller et orienter mes clients indécis.

Comment les partenaires publics ou la presse soutiennent-ils votre profession ?

PS - Nos salaires vont être valorisés en 2015. Je travaille seul dans mon kiosque. Au prorata du nombre d’heures travaillées, je n'ai pas un gros revenu. Les conditions sont parfois difficiles mais j’apprécie surtout mon indépendance.

Les kiosques n’ont plus une activité exclusive de diffusion de la presse. Il faut savoir se diversifier : les cartes postales, les recharges téléphoniques, sont de bons compléments dans notre activité. Il y a des produits, tout comme certains journaux, sur lesquels nous faisons de meilleures marges. Certains magazines, comme la presse féminine, publient leur numéro en plusieurs formats. Voyez le format classique et le format de poche. La presse jeunesse, qui inclut des objets cadeaux, se vend bien aussi.

Kiosques en fête !

En mai dernier, se tenait la deuxième édition de « Paris aime ses kiosques ». Une belle initiative de Mediakiosk qui met « à l’honneur ces symboles de l’information et de la

culture au cœur des quartiers ». Cette structure a pour mission de pérenniser le réseau des kiosques de presse.

Au programme de la semaine : expositions, rencontres et débats animés par des professionnels de la presse écrite, dans un esprit d'échange et de convivialité.

La baisse des ventes de journaux est alarmante pour la presse qui accuse le numérique. Ne craignez-vous pas pour l’avenir de votre métier ?

PS - C’est sûr que le numérique contribue à cette crise. Mais il n’est qu’un médiateur. Le public est attaché au papier. C’est la tradition, surtout pour la PQR.Les gens aiment le papier, parce qu’il se transmet dans les lieux publics. Je vois encore rarement des personnes lire les nouvelles sur tablettes dans le tram. Je pense que les gens lisent des articles raccourcis en ligne, puis achètent la version papier pour en savoir plus. C’est surtout que les usages sont différents aujourd’hui. Le numérique et le papier se complètent. Mon fils achetait L’Équipe pour ses pronostics. Maintenant il utilise des applications très efficaces sur son Smart-phone, mais continue d’acheter parfois le journal parce qu’il y est attaché.

Vous représentez une tradition culturelle, un symbole démocratique. À l’image de nos bibliothèques ou de nos médiathèques, les kiosques de presse pourraient-ils devenir des « kiosthèques » ?

PS - Ha ! Ha ! (sourire). C’est vrai que nous avons des fonctions similaires. Les kiosques sont aussi un repère dans la ville. C’est une idée de vendre des produits touristiques et culturels, comme des cartes postales, des plans ou de la billetterie pour les spectacles et les musées. Mais sur quel modèle éco-nomique ? Faudrait-il différencier les acti-vités commerciales de celles non lucratives d’utilité publique et les associer au Web ?

Philippe Saltet, gérant du dernier kiosque de presse traditionnel, Tram Observatoire à Montpellier - © Christelle Waterlot

Page 33: Echos 2 pros 12eme édition

Dans les cafés, le papier fait partie du décor. Dans ces lieux, la presse écrite est… « chez elle » - © Yassine Benargane

Cafés et salons de thé, remparts de la presse papier

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Rencontré également au French Coffee Shop,

Jihad, jeune étudiant en Psychologie, reste

pessimiste quant aux types de papier qui peuvent survivre. Pour lui, les

journaux classiques ne tarderont pas à disparaître,

mais les magazines prendront certainement

le relais.

« Ne jetez pas votre journal

mais offrez-le à votre

voisin ». Le slogan des journaux gratuits marche

à merveille dans les cafés. Il est commun que les lecteurs offrent leurs

journaux aux autres clients, et c’est le même journal qui

fera pendant une journée le tour des tables.

Si la presse quotidienne a toujours sa place dans les

cafés, Mélanie affirme que les magazines et la presse

hebdomadaire sont bien positionnés dans les salles d'attente, dans les salons de coiffure, et également

dans les bibliothèques.

Les personnes qui n’aiment pas lire sur les tablettes et smartphones m’ont affirmé

que ces appareils électroniques sont moins

pratiques et non-adaptés à leurs habitudes de lectures.

Le problème de déchargement de batteries

de ces appareils est également évoqué.

Serait-ce une bonne idée de remplacer les journaux d'un café par des tablettes connectées ? C'est une des questions que j'ai posées à des Montpelliérains rencontrés dans deux cafés de la capitale de l'Hérault.

Première destination repérée, je décide de profiter des rayons de soleil, en savourant mon café au Petit Nice, Place Jean Jaurès. Ici, l’odeur du café et celle de la cigarette sont inséparables. Je remets ma casquette de journaliste, choisis la terrasse, et m’assois en plein centre, de façon à pouvoir surveiller tout le monde. Après une dizaine de minutes, je décide de m'adresser à la personne la plus proche à ma droite, un sexagénaire.

Le papier, ce fidèle ami

Devenu depuis quelques mois, habitué de ce café, Jean-Baptiste, retraité, semble avoir préparé ses réponses à l'avance. « Je ne peux pas imaginer un café sans journaux », m'affirme-t-il. Et d'ajouter que le journal papier demeurera « l'ami de ceux qui profitent de leurs moments de solitude pour étoffer leur culture générale ou s'informer sur le monde qui les entoure ».

Un point en commun qu'il partage avec Janine, infirmière de profession. Assise à quelques mètres seulement de Jean-Baptiste, cette montpelliéraine de 43 ans estime que « lire sur un écran d'ordinateur ou de tablette n'est pas pratique �, raison pour laquelle elle préfère avoir son « journal entre les mains ».

Elle m'avoue que son « amour pour le papier » la pousse « quotidiennement à aller vers les journaux ». Mais Janine pense qu'« il est rare de voir des jeunes qui lisent des journaux ».

S Se Seourour

Rédaction - Yassine Benargane

Ces jeunes qui « prennent le relais »

De l'autre côté de la terrasse du Petit Nice, Marine, jeune psychologue de 28 ans est assise seule. Après plusieurs secondes à analyser ma présentation et mon compor-tement, elle décide finalement de répondre à mes questions. « Non, je suis jeune et j'aime lire sur des supports papiers », me confie-t-elle.

« Les plus âgés pensent que les journaux disparaîtront avec eux, mais il y a bel et bien des jeunes qui prendront le relais », selon ses propos.

Après m'être adressé à deux autres personnes du même café, je décide de changer de destination. Je me rends au French Coffee Shop. Dans ce paradis des fans des boissons gourmandes, il est inutile d’utiliser son odorat pour commander.

Je me retrouve face à trois jeunes filles. Mélanie, l'une d'elles, considère qu'il n'« y a pas mieux que d'être assise conforta-blement dans une terrasse de café, déguster une bonne boisson, et feuilleter un journal ».

De l'autre côté de la terrasse, Adam reste sceptique à l'idée de « virer » les journaux des cafés. Journal à la main, il m'explique, malgré sa voix à peine audible, que le papier lui permet, entre autre, de créer des liens.

« Demander à quelqu'un son journal est encore permis, mais lui demander sa tablette reste inconcevable », dit-il.À en croire ses mots, « au-delà de sa mission purement informative, le papier permet aussi de créer des ponts entre les personnes et les générations ».

Les lieux où on a l'habitude de lire

Où est-ce que les gens ont l'habitude de lire leurs journaux ? Les personnes interviewées ont toutes cité les tramways en première position, suivis de leurs maisons, les cafés, les salles d'attente chez les médecins, à bord des trains, mais également les salons de coiffure. Dans les bibliothèques, ceux qui ont un penchant pour le papier, saisissent l'occasion pour jeter un coup d’œil sur l'actualité.

C'est l'amour pour le papier qui me pousse quotidiennement vers

les journaux dixit Janine

Considérés depuis plusieurs années comme des places acquises par la presse papier, il est encore inconcevable d'imaginer un salon de thé, un café, ou même un salon de coiffure, sans journaux ou magazines papier. Voici le reportage qui vous le prouvera.

Page 34: Echos 2 pros 12eme édition

« Moi le papier, j’y tiens !

D

Rédaction - Souad Charbal

GEOAdo

De Béziers à Montpellier, je rencontre mes quatre interlocuteurs choisis selon leur âge. Le but : comprendre les raisons de leur attachement au papier.

Le voyage commence dans le train en direction de Montpellier. Je me trouve face à Erwan, 22 ans, qui lit son journal. Etudiant en médecine, il a l’habitude de lire les quotidiens durant ses trajets Béziers-Montpellier. Il me dit qu’il préfère le papier car il favorise l’échange :

« Tu peux demander à ton voisin

d’emprunter son journal pour le lire, ou

même en discuter avec lui, alors qu’il est

impossible de lui demander son

Smartphone pour lire l’actu. Et puis c’est

classe de lire un journal papier ! ».

L’importance du support

Arrivée à Montpellier, je retrouve Laura rencontrée en amont au Relay. Laura, 47 ans, lit la presse quotidienne au bureau durant ses pauses et la presse spécialisée chez elle. Cette assistante de direction honore le papier car :

« Sentir le journal, le voir sur la table, le

toucher, ouïr la page qui tourne est

essentiel car [je me] l’approprie ».

Escale à Sète. Frank, retraité, est fils d’imprimeur. Assis sur le fauteuil de la médiathèque avec en main deux journaux, il m’avoue que lire la presse sur papier est plus qu’une habitude. Il me le fait comprendre lorsqu’il révèle que :

« Quand un article me plaît sur Internet, je

l’imprime ». Il ne peut pas délaisser le support, car il fait partie de ses rituels.

LE PAPIER, CET ETERNEL LIEN SOCIAL

La Lesbian and Gay Pride de Montpellier appelle au don sur les réseaux sociaux pour soutenir L’Hérault du Jour.

L’opération, menée pour affronter la cessation de paiement du journal, consiste à réaliser et poster des selfies avecune affiche « je soutiens les héros du jour ».

Pour affronter la « crise de la presse », La Marseil-laise, Siné Mensuel, etc. font appel à un acteur incontournable : leurs lecteurs. Par exemple, Siné Mensuel a pu récolter 50 000 € de donations grâce à ses abonnés.

Selon l’enquête de One Global, en 2013, Paris-Match compte « 11,8 millions de lecteurs papier mais seulement 1 million environ de lecteurs sur numérique ».

Gazettophile est l’expression pour désigner un collection-neur de journaux.

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Ses qualités

Retour à Montpellier, je rencontre Intissar dans une salle d’attente pleine de journaux. Accompagnée de ses parents, elle cherche un magazine. Après un entretien program-mé, Intissar, collégienne de 13 ans, justifie son attachement au papier car il est accessible à tous.

Pour elle, « nul besoin de connexion ni

comprendre comment ça fonctionne comme

pour Internet ».

En plus d’une habitude, le papier a une grande valeur pour Laura. « Pour moi tout

ce qui est officiel et sûr est sur papier, c’est

pareil pour l’actualité ». Par cette révélation, elle veut montrer symbolique-ment l’authenticité et la qualité de l’information traitée sur papier.

La presse papier ne va pas mourir car elle est essentielle, et ancrée dans les mœurs. Elle mute et devient un produit de luxe. Il existe désormais des collectionneurs pour préserver les journaux.

Et vous, êtes-vous attachés au papier ? Que pensez-vous du support que vous tenez entre vos mains ?

Le Collector, un luxe

L’art de la collection attire les amoureux de la presse papier. La collection de journaux la plus ancienne de France remonte à 1631 et démarre avec la première édition du journal La Gazette de Renaudot.

C’est ainsi que les journaux, collectionnés parce qu’ils sont rare et unique, deviennent des produits de luxe comme les vinyles par exemple.

«

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© Lucile Moustafa

Page 36: Echos 2 pros 12eme édition

Expériences/Secteurs visés : Communication sociale et politique. Orientée vers une thèse sur le lobbying associatif. Compétences : Communication stratégique, plan de com' et management.

[email protected]

Expériences/Secteurs visés : Passionné par la com' et les NTIC. Devenir responsable marketing et communication dans une société dynamique. Compétences : Marketing - Événementiel.

[email protected]

Jean-Philippe Grandin

Expériences/Secteurs visés : Communication des organisations. Compétences : Évaluation/conduite de projets, langues étrangères, planification/coordination d'événement, com' éthique, culture numérique.

[email protected]

Célia Paris

Expériences/Secteurs visés : Spécialiste en com' culturelle - Hauts lieux artistiques (Salle Victoire 2, Festival de Carcassonne, etc.). Compétences : Réactif, capacité d’adaptation, rigoureux et créatif.

[email protected]

Benjamin Gorlin

Expériences/Secteurs visés : Direction de la com' CR d’Aquitaine, lobbying et com', entreprise com' et marketing (Luxembourg). Compétences : Événementielle – Marketing - Com' interne (privé et public).

[email protected]

Amélie Boban

Expériences/Secteurs visés : Chargé de communication et événementiel. Compétences : Organisation d'événements - Communication interne et externe - Marketing.

[email protected]

Gabriel Cabrol

Expériences/Secteurs visés : Community manager en herbe. Spécialisation en communication numérique. Compétences : Compétences techniques et rédactionnelles en communication numérique.

[email protected]

Roeam Medarhri

Expériences/Secteurs visés : 2 ans en presse écrite. Orienté aujourd'hui vers l’événementiel et la com' externe. Compétences : Bon relationnel, bon rédactionnel, adaptation, flexibilité et créativité.

[email protected]

Yassine Benargane

Expériences/Secteurs visés : Passionnée par les problématiques de communication interne. Férue de création d’affiches publicitaires. Compétences : Créative, déterminée.

[email protected]

Lucile Moustafa

Expériences/Secteurs visés : Passionné de Web marketing. Nombreuses missions et stages en Community manager. Compétence : Maîtrise des Réseaux Sociaux - Community management.

[email protected]

Kenny Pierre

Expériences/Secteur visé : Rédactrice pour le webzine Montpellier City Crunch depuis janvier 2014. Passionnée d'écriture et aspire à devenir Web-journaliste. Compétences : Adaptabilité - Polyvalence.

[email protected]

Suzie Brémond

Expériences/Secteurs visés : Création multimédia - Direction artistique, chef de projet. Compétences : Création Graphique - Design Print & Web - Développement Web - Montage/Traitement Photo & Vidéo.

[email protected]

Céline Pascal

Expériences/Secteurs visés : Administrateur de site. Goût pour l’écriture - Web rédacteur philanthrope et Globe-trotter. Compétences : Rédaction, création visuelle, stratégie marketing.

[email protected]

Olivier Courtade

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Expériences/Secteurs visés : Direction de la com' à Montpellier Agglo - Com' institutionnelle, publique. Compétences : Gestion de projet, médiaplanning, organisation de manifestation, réactivité, [email protected]

Émilie Prou

Expériences/Secteurs visés : Intéressé par l’art et la littérature. Environnement journalistique et agences de com'. Orienté com' culturelle. Compétences : rédaction, maîtrise des réseaux [email protected]

Florian Lousplaas

Expériences/Secteurs visés : Apprentie chargée de communication - Stage chargée de projet culturel. Orientée vers l'organisation d'événements culturels. Compétences : Relationnelles, [email protected]

Coralie Vanel

Expériences/Secteur visés : Alternance à l'École d'Architecture de Montpellier - Se spécialise en audit de communication et mise en place de projets. Compétences : Graphisme - Stratégie de médiation. [email protected]

Camille Chavoutier

Expériences/Secteurs visés : Communicante dans l’âme et journaliste « en immersion » au sein d’un groupe de presse. Une plume en devenir. Compétences : Sa double casquette est un véritable atout. [email protected]

Soraya Bouzraa

Expériences/Secteurs visés: Exploratrice de l'Afrique et de l'Océan Indien, en InfoCom pour contribuer au développement de la com' en santé publique et vétérinaire. Compétences : dynamique, cré[email protected]

Coline Vermandé

Expériences/Secteurs visés : Voyager à l’étranger pour perfectionner l'anglais et découvrir d’autres cultures - Nouvelles expériences professionnelles. Compétences : Écoute des besoins - Bon relationnel. [email protected]

Leslie Antoine

Expériences/Secteurs visés : Chargé de com' - Jacker Magazine, Event Coordinator - Hurricane Action Sports Company / Street culture et sports extrêmes. Compétences : Logistique - RH - [email protected]

Jorlan Mariotat

Expériences/Secteurs visés : Orientée vers le métier de chargée de communication en entreprise privée ou publique. Compétences : Rédaction - Expression - Plans de communication - Logiciels [email protected]

Pauline Sicot

Expériences/Secteurs visés : Plus de 10 ans dans la communication 360° et toujours plus proche des TPE. Compétences : Stratégie et techniques de communication - Communication [email protected]

Christelle Waterlot

Expériences/Secteurs visés : Exercer dans le milieu culturel et devenir chargée de projet. Compétences : Sens de l'observation - Capacité d'adaptation - Sens de l’[email protected]

Souad Charbal

Expériences/Secteurs visés : Orientée vers le métier de chargée de communication dans une grande entreprise (public ou privé). Compétences : Pilotage stratégique et mise en œuvre opé[email protected]

Laurene Fagot

Expériences/Secteurs visés : Chargée de com'/journalisme d’entreprise. Compétences : Rigoureuse, organisée, aisance relationnelle, capacités rédactionnelles, bilingue, maîtrise des outils [email protected]

Maureen Jupin

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