1
Lundi 20 juin 2016 l’économie C omment le marché de la publi- cité se porte-t-il? Quelles en sont les tendances actuelles et les évolutions futures? Le Cannes Lions en cerne tous les contours cette se- maine au Palais des festivals de Can- nes. Tous les grands décideurs et spécialistes mondiaux y sont réunis pour échanger et inventer le monde de demain. Et chaque jour, jusqu’à vendredi, Dentsu Aegis Network, groupe d’origine japonaise dans le top 5 mondial, et la régie publicitaire 366 invitent experts et grands noms de la publicité à en discuter lors des Nice Morning, brunchs organisés en partenariat avec notre quotidien sur la plage de DAN en face du Grand Hôtel. En amont de ces échanges, un pre- mier regard sur le monde de la publi- cité actuel avec Pierre Calmard, pré- sident d’iProspect France, l’agence de performance digitale du groupe Dentsu Aegis Network, et auteur de L’Homme à venir, ou comment le nu- mérique va nous transformer, aux édi- tions Telemaque. La dynamique du marché « La France reste un pays curieuse- ment assez en retard sur les investis- sements des annonceurs en matière de publicité et de communication en général. Comparée aux pays anglo- saxons, la pression publicitaire effec- tive est beaucoup moins forte chez nous, pour des questions historiques, culturelles. Tout cela se répercute sur l’économie. La faiblesse du mar- ché en France a probablement un im- pact sur la progression de croissance que la France connaît. » La digitalisation « Dans ces investissements plutôt en berne, avec des volumes et valeurs qui n’ont pas évolué depuis 2008, 2009, cela bouge considérablement dans l’équilibre des masses, avec une poussée très forte des médias digi- taux. Et ce, de deux façons. On assiste d’abord à une vraie prise de pouvoir des plateformes numériques comme Google, Amazon qui captent de plus en plus les budgets des annonceurs dans une logique de communication. C’est une tendance forte et vraie par- tout dans le monde. Le deuxième point clé est que les médias dits tra- ditionnels se digitalisent eux aussi très fortement. Le revenu est en train de s’équilibrer petit à petit entre le pa- pier et le digital. C’est le cas dans les grands quotidiens nationaux et la presse régionale accélère. » Une publicité responsable « Historiquement, la publicité a une ré- putation sulfureuse auprès du public car perçue comme un nuisible qui nous pousse à consommer des cho- ses dont on n’a pas forcément be- soin, qui nous influence et nous fait dépenser alors qu’on n’en a pas for- cément le budget. En même temps, le public a toujours plébiscité la créati- vité de la publicité qui vient enchan- ter le quotidien. Face à cette ambiva- lence, la publicité a réagi et c’est, à mon avis, le grand changement de ce XXI e siècle dans notre métier, la pu- blicité devient responsable. » L’ère de la transparence « Avec le digital, on est entré dans l’ère de la transparence pour les mar- ques. On l’a vu avec Volkswagen ou la viande de cheval, les marques ne peuvent plus cacher leurs scandales aux consommateurs. Avec les ré- seaux sociaux, elles se présentent au grand jour de manière beaucoup plus forte qu’avant. Facebook, Twitter sont des caisses d’amplification, reprises par les médias traditionnels. Dans les années quatre-vingt, à la fin du XX e siècle, on était dans une publi- cité aspirationnelle. On était dans le “Oublie le produit, je te vends du rêve”, avec des pubs très déconnectées de la réalité du produit. Aujourd’hui, on en revient de plus en plus à des con- tenus beaucoup plus proches de la réalité des produits et des contenus de marques. Apple par exemple est dans une démarche mécanique : face à une informatique compliquée, je te vends un usage en un clic, très intuitif. On est sur une motivation sociétale. Au- jourd’hui, on est dans le “Faire ce qu’on dit et dire ce qu’on fait”. » Plus d’écologie « La publicité était aussi associée à de la pollution, mentale, sonore, visuelle et de plus en plus, les publicitaires cherchent des emplacements plus propres. C’est vrai dans l’affichage comme la presse. Le publicitaire cher- che des formats beaucoup plus ac- cordés à l’environnement. C’était tout le génie d’un Decaux que de trouver des emplacements qui s’intégraient parfaitement dans le paysage. On as- siste aussi beaucoup à une volonté zéro papier, plus de recyclage, de di- gital y compris dans l’affichage. Une écologie au bénéfice de tous. » Une approche ciblée « L’un des grands débats actuels de la publicité, c’est la personnalisation. Avec une ambivalence là aussi. D’un côté, on voit des personnes s’équiper d’Ad Blockers et l’on pourrait croire à un rejet de la publicité. De l’autre, on voit des jeunes qui partagent des pubs avec leurs fans sur Facebook, c’est bien que celles-ci leur parlent. Pourquoi dans ce cas, ne sont-elles pas perçues comme intrusives? Parce qu’elles portent sur un sujet qui con- cerne celui qui la reçoit. Un des en- jeux de la publicité aujourd’hui est d’arroser chacun avec des spots per- tinents pour lui. » Des campagnes mondiales Aujourd’hui, la publicité est dans une logique mondiale. Le monde devient de plus en plus plat et les campagnes publicitaires de moins en moins loca- lisées. On tend à une uniformisation des campagnes quel que soit le pays de diffusion. PROPOS RECUEILLIS PAR CHRISTELLE LEFEBVRE BtoB Le Cannes Lions bat son plein au Palais des festivals. Le tout-publicitaire mondial y débat de son avenir. Projection dans le digital en vue Pierre Calmard : « La publicité devient responsable. C’est le grand changement du XXI e siècle. » (DR) La pub se projette à Cannes A chaque brunch sur la plage Dentsu Aegis Network, à Cannes cette semaine, sa thématique. Aujourd’hui, lundi, les intervenants échange- ront leurs points de vue sur l’évolution des mé- dias. Demain mardi, il s’agira du digital, de ses tendan- ces et enjeux. Mercredi, brunch Jamais sans mobile ! Jeudi, les échanges por- teront sur les nouvelles grammaires créatives. Et vendredi, pour con- clure, ils se concentre- ront sur les nouveaux enjeux de la géolocalisa- tion et du Drive to store. Autour de la table, au fil des jours, se rencontre- ront Jean-Luc Chétrit (Ca- rat), Sabrina Gros (isobar), Marie Laloy (Ci- troën), David Lacombled (président IAB), Sandrine Préfaut (Vizeum), Jessica Delpirou (Meetic), Alexandre Molla (Uber), Julien Lefèvre (The story Lab), Julien Brault (Ende- mol), Grégoire Peyroles (Dentsu Aegis Région) et Stéphane Delporte (). D’autres invités vien- dront se joindre à eux au fil des brunchs. Et pour partager leurs discussions, retrouvez chaque jour le meilleur de ces échanges en vi- déo et en textes sur no- tre site Internet nicematin.com. Cinq brunchs cinq thèmes

Cannes Lions 2016 & Nice Morning

  • Upload
    366

  • View
    739

  • Download
    1

Embed Size (px)

Citation preview

Page 1: Cannes Lions 2016 & Nice Morning

Lundi 20 juin 2016ll’’ééccoonnoommiiee

Comment le marché de la publi-cité se porte-t-il? Quelles en sontles tendances actuelles et les

évolutions futures? Le Cannes Lionsen cerne tous les contours cette se-maine au Palais des festivals de Can-nes. Tous les grands décideurs etspécialistes mondiaux y sont réunispour échanger et inventer le mondede demain. Et chaque jour, jusqu’àvendredi, Dentsu Aegis Network,groupe d’origine japonaise dans letop 5 mondial, et la régie publicitaire366 invitent experts et grands nomsde la publicité à en discuter lors desNice Morning, brunchs organisés enpartenariat avec notre quotidien surla plage de DAN en face du GrandHôtel.En amont de ces échanges, un pre-mier regard sur le monde de la publi-cité actuel avec Pierre Calmard, pré-sident d’iProspect France, l’agencede performance digitale du groupeDentsu Aegis Network, et auteur deL’Homme à venir, ou comment le nu-mérique va nous transformer, aux édi-tions Telemaque.

La dynamique dumarché« La France reste un pays curieuse-ment assez en retard sur les investis-sements des annonceurs en matièrede publicité et de communication engénéral. Comparée aux pays anglo-saxons, la pression publicitaire effec-tive est beaucoup moins forte cheznous, pour des questions historiques,culturelles. Tout cela se répercutesur l’économie. La faiblesse du mar-ché en France a probablement un im-pact sur la progression de croissanceque la France connaît. »

La digitalisation« Dans ces investissements plutôt enberne, avec des volumes et valeursqui n’ont pas évolué depuis 2008,2009, cela bouge considérablementdans l’équilibre des masses, avec unepoussée très forte des médias digi-taux. Et ce, de deux façons. On assisted’abord à une vraie prise de pouvoirdes plateformes numériques comme

Google, Amazon qui captent de plusen plus les budgets des annonceursdans une logique de communication.C’est une tendance forte et vraie par-tout dans le monde. Le deuxièmepoint clé est que les médias dits tra-ditionnels se digitalisent eux aussitrès fortement. Le revenu est en trainde s’équilibrer petit à petit entre le pa-pier et le digital. C’est le cas dans lesgrands quotidiens nationaux et lapresse régionale accélère. »

Une publicité responsable«Historiquement, lapublicitéauneré-putation sulfureuse auprès du publiccar perçue comme un nuisible quinous pousse à consommer des cho-ses dont on n’a pas forcément be-soin, qui nous influence et nous faitdépenser alors qu’on n’en a pas for-cément le budget. En même temps, lepublic a toujours plébiscité la créati-vité de la publicité qui vient enchan-ter le quotidien. Face à cette ambiva-

lence, la publicité a réagi et c’est, àmon avis, le grand changement dece XXIe siècle dans notre métier, la pu-blicité devient responsable. »

L’ère de la transparence« Avec le digital, on est entré dansl’ère de la transparence pour les mar-ques. On l’a vu avec Volkswagen oula viande de cheval, les marques nepeuvent plus cacher leurs scandalesaux consommateurs. Avec les ré-seaux sociaux, elles se présentent augrand jour de manière beaucoup plusfortequ’avant.Facebook,Twittersontdes caisses d’amplification, reprisespar les médias traditionnels. Dansles années quatre-vingt, à la fin duXXe siècle, on était dans une publi-cité aspirationnelle. On était dans le“Oublie leproduit, je tevendsdurêve”,avec des pubs très déconnectées dela réalité du produit. Aujourd’hui, onen revient de plus en plus à des con-tenus beaucoup plus proches de la

réalitédes produitsetdes contenusdemarques. Apple par exemple est dansune démarche mécanique : face à uneinformatique compliquée, je te vendsun usage en un clic, très intuitif. On estsur une motivation sociétale. Au-jourd’hui, on est dans le “Faire cequ’on dit et dire ce qu’on fait”. »

Plus d’écologie« La publicité était aussi associée à dela pollution, mentale, sonore, visuelleet de plus en plus, les publicitairescherchent des emplacements pluspropres. C’est vrai dans l’affichagecomme la presse. Le publicitaire cher-che des formats beaucoup plus ac-cordés à l’environnement. C’était toutle génie d’un Decaux que de trouverdes emplacements qui s’intégraientparfaitement dans le paysage. On as-siste aussi beaucoup à une volontézéro papier, plus de recyclage, de di-gital y compris dans l’affichage. Uneécologie au bénéfice de tous. »

Une approche ciblée« L’un des grands débats actuels de lapublicité, c’est la personnalisation.Avec une ambivalence là aussi. D’uncôté, on voit des personnes s’équiperd’Ad Blockers et l’on pourrait croireà un rejet de la publicité. De l’autre, onvoit des jeunes qui partagent despubs avec leurs fans sur Facebook,c’est bien que celles-ci leur parlent.Pourquoi dans ce cas, ne sont-ellespasperçuescommeintrusives?Parcequ’elles portent sur un sujet qui con-cerne celui qui la reçoit. Un des en-jeux de la publicité aujourd’hui estd’arroser chacun avec des spots per-tinents pour lui. »

Des campagnes mondialesAujourd’hui, la publicité est dans unelogique mondiale. Le monde devientde plus en plus plat et les campagnespublicitaires de moins en moins loca-lisées. On tend à une uniformisationdes campagnes quel que soit le paysde diffusion.

PROPOS RECUEILLISPAR CHRISTELLE LEFEBVRE

BtoB Le Cannes Lions bat son plein au Palais des festivals. Le tout-publicitaire mondialy débat de son avenir. Projection dans le digital en vue

Pierre Calmard : « La publicité devient responsable. C’est le grandchangement du XXIe siècle. » (DR)

La pub se projette à Cannes

A chaque brunch sur laplage Dentsu AegisNetwork, à Cannes cettesemaine, sa thématique.Aujourd’hui, lundi, lesintervenants échange-ront leurs points de vuesur l’évolution des mé-dias.Demain mardi, il s’agiradu digital, de ses tendan-ces et enjeux.Mercredi, brunch Jamaissans mobile !Jeudi, les échanges por-teront sur les nouvellesgrammaires créatives.Et vendredi, pour con-clure, ils se concentre-ront sur les nouveauxenjeux de la géolocalisa-tion et du Drive to store.Autour de la table, au fildes jours, se rencontre-ront Jean-Luc Chétrit (Ca-rat), Sabrina Gros(isobar), Marie Laloy (Ci-troën), David Lacombled(président IAB), SandrinePréfaut (Vizeum), JessicaDelpirou (Meetic),Alexandre Molla (Uber),Julien Lefèvre (The storyLab), Julien Brault (Ende-mol), Grégoire Peyroles(Dentsu Aegis Région) etStéphane Delporte ().D’autres invités vien-dront se joindre à eux aufil des brunchs.Et pour partager leursdiscussions, retrouvezchaque jour le meilleurde ces échanges en vi-déo et en textes sur no-tre site Internetnicematin.com.

Cinq brunchscinq thèmes