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1 Conférence inter-gouvernementale pour l’emploi des jeunes : 12 novembre 2013 à Paris Proposition de la JOC pour l’emploi des jeunes

Contribution joc pour la conference Européenne sur l'emploi des jeunes

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Conférence inter-gouvernementale

pour l’emploi des jeunes :

12 novembre 2013 à Paris

Proposition de la JOC pour l’emploi

des jeunes

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La Jeunesse Ouvrière Chrétienne (JOC), première association nationale des jeunes de milieu ouvrier, porte la parole des jeunes proches du monde du travail (précaires, apprentis, stagiaires, jeunes en formation…) et des jeunes des quartiers populaires. Par le passé, l’action de la JOC a permis la création des premiers centres d’orientation professionnelle et de placement, des foyers de jeunes travailleurs, des comités de chômeurs et de nombreuses autres avancées pour l’emploi des jeunes. Au travers d’enquêtes réalisées auprès de plusieurs milliers de jeunes et par sa présence sur tout le territoire, notamment dans les Zones Urbaines Sensibles (ZUS), la JOC a donc une expertise sur ce public.

La JOC mène chaque année des enquêtes sur ce public cible : emploi, loisirs culture, liberté de choix... Cela conduit à des actions locales qui portent leurs fruits, CIO, les premiers centres d'aide à la recherche d'emploi, les missions locales, les maisons des saisonniers...

La JOC est membre de la Coordination internationale des JOC qui réunit les JOC de plus de 70 pays du monde. En Europe, elle réunit les JOC de France, du Portugal, de l’Espagne, d’Angleterre, de Pays de Galles, d’Italie, de Malte, de Roumanie et d’Hongrie.

Par cette présence sur le territoire et par son action, la JOC souhaite apporter son expertise et la parole des jeunes aux acteurs de la conférence inter-gouvernementale pour l’emploi des jeunes du 12 novembre 2013 à Paris.

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I. Constats

Ia. Le chômage et la précarité, destructeurs de vie et de lien social

Le taux de chômage des jeunes est de près de 25% en France (23,5% dans l’UE). Dans les « zones urbaines sensibles », 40,4% des jeunes sont sans emploi en 20111. L’entrée dans ce monde est souvent un parcours du combattant. Et quand ils trouvent du travail, ce sont très majoritairement des emplois précaires et peu rémunérés ne permettant pas la réalisation d’un projet de vie. Près des trois-quarts des embauches des jeunes de moins de 25 ans s’effectuent sous la forme de contrat à durée déterminée, intérim, contrats aidés2. Les conséquences de cette réalité est à la fois matérielle car l’entrée dans le monde du travail provoque une chute brutale du niveau de vie des jeunes actifs. Les conséquences de cette réalité est tout d’abord matérielle. Pour les jeunes, l’entrée dans le monde du travail correspond à une chute brutale de leur niveau de vie :

• Santé : alors que seuls 4% des jeunes en scolarité affirment ne pas avoir accès aux soins. Ils sont 15% chez les jeunes actifs3.

• Logement : alors que seuls 13% des jeunes en scolarité affirment ne pas vivre dans un logement décent. Ils sont 33% chez les jeunes actifs4.

• Emploi : 51% des jeunes actifs affirment ne pas avoir un emploi stable et correctement payé, 75% chez les intérimaires5.

• Revenus : 10,9 % des 18-29 ans sont considérés comme pauvres en 2009, au seuil de 50 % du revenu médian, contre 7,5 % de l’ensemble de la population en moyenne6.

« Mélanie travaille dans le secrétariat d’une clinique et a son calendrier au jour le jour. Elle a une situation si précaire qu’elle n’est pas toujours sure de payer son loyer ».

Les conséquences sont également morales puisque les jeunes actifs ont une vision du monde du travail, des employeurs et d’eux-mêmes qui se dégrade avec l’entrée dans le monde du travail :

• 51% des jeunes actifs ont le sentiment d’être considéré comme des objets par leur employeur.

• Alors que pour 66 % des jeunes en scolarité, réussir sa vie passe par une belle carrière professionnelle, ils ne sont plus que 49 % des jeunes actifs à l’affirmer.

• Alors que 79% des jeunes en scolarité se disent confiants dans leur propre avenir, ils ne sont que 66% chez les jeunes ouvriers et 63% chez les chômeurs.

• Alors que 45% des jeunes en scolarité affirment ne pas être écoutés et reconnus dans la société, ils sont 57% des jeunes actifs à le dire7.

Cette situation est avant tout une réalité des jeunes du milieu ouvrier car le chômage, la précarité

des contrats et leurs conséquences matérielles et morales sont souvent liés au milieu social d’origine

de la personne.

1 Rapport 2012 de l’Observatoire national des zones urbaines sensibles. 2 Voir Yaëlle Amsellem-Mainguy et Joaquim Timoteo (INJEP), « Atlas des jeunes en France. Les 15-30 ans, une génération en marche » Editions Autrement, octobre 2012. 3 Enquête JOC-CSA sur la liberté de choix des jeunes réalisée auprès de 6028 jeunes, avril 2011. 4 Idem. 5 Idem. 6 INSEE 2009 citée par l’Observatoire des inégalités - http://www.inegalites.fr/spip.php?article373&id_mot=76. 7 Enquête JOC-CSA sur la liberté de choix des jeunes réalisée auprès de 6028 jeunes, avril 2011.

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Ib. Un regard positif et lucide des jeunes sur le travail

L’entrée dans le monde du travail est toujours considérée comme la clé pour entrer dans la vraie

vie : une vie d’adulte libre et autonome avec des projets. Au point que 80% des jeunes se disent

enthousiastes à l’idée d’entrer dans le monde du travail8. Pour les jeunes, l’entrée dans le monde du

travail est la clé de l’épanouissement à deux égards :

• L’épanouissement par les produits du travail : entrer dans le monde du travail, c’est avoir un revenu et une crédibilité qui permet de faire des projets d’avenir (fonder une famille, prendre son autonomie…) et de mener une vie épanouissante (vie de famille, vie sociale, engagement dans la vie de la cité…).

• L’épanouissement au travail : les jeunes sont attachés à faire un métier intéressant qui a du sens et une utilité sociale. Et à le faire dans de bonnes conditions. A la question « quel est selon toi, l'aspect le plus important dans le travail ? » les deux premières réponses sont : les conditions de travail (51%) et l’intérêt du métier (50%)9.

Concernant l’épanouissement au travail, les jeunes expriment un attachement fort à deux aspects de

celui-ci : l’amour du travail bien fait et l’ambiance au travail :

• L’amour du travail bien fait : les jeunes expriment l’importance de fournir un travail de qualité et que celui-ci soit reconnu. Il l’exprime de trois manières distinctes :

o Comme un combat : c’est ce qu’expriment beaucoup de jeunes travaillant dans des métiers où le contact humain est important (santé, social…) et où la qualité du travail entre en conflit avec les impératifs de rendement et de rentabilité. « J’ai fait le choix de devenir infirmière militaire car il y a plus de moyens et moins de patients, ça me permet de faire un travail de qualité auprès des malades » nous dit Elodie de Bordeaux.

o Comme une reconnaissance : Certains veulent faire connaître leur travail et être reconnus pour cela. Il y a le sentiment d'accomplir une œuvre. C’est souvent le cas dans les métiers artistiques ou artisanaux. « Je suis paysagiste et mon patron a un site internet avec les photos des travaux effectués. Dès que je le peux, je le montre à mes amis pour qu’ils voient ce que je fais » Gaétan d’Albi.

o Comme une échappatoire : même les jeunes faisant des métiers peu créatifs et sans contact avec des collègues ou des clients attachent de l’importance au travail bien fait par leur recherche de la perfection technique et de la productivité. « Je suis heureuse quand j’arrive à être la plus rapide et à ranger les produits à la perfection », nous dit une jeune magasinière de Lidl.

• L’ambiance au travail : Les jeunes expriment leur besoin de travailler dans une bonne ou au moins une saine ambiance. « J’ai préféré démissionner car dans cette entreprise, l’ambiance devenait invivable ». Pour les jeunes c’est le relationnel, la création de lien d’amitié et les temps de convivialité qui apportent l’ambiance. Mais c’est un luxe qui se fait rare à cause du contexte extérieur (crise, finances difficiles, financiarisation de l’économie...) qui conduit à une recherche plus forte de rentabilité par la pression de la hiérarchie, la mise en concurrence des salariés…

Malgré cet amour du travail, les jeunes sont de plus en plus lucides sur le monde du travail qui les

attend. Un monde où ils n’ont pas de droits, où ils sont en concurrence avec les autres et où ils sont

seuls pour faire face. Les jeunes mettent donc le plus souvent leurs exigences matérielles et morales

8 Enquête JOC-CSA sur l’emploi des jeunes réalisée auprès de 31000 jeunes, 2006

9 Idem

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de côté pour rechercher et accepter n’importe quel travail dans n’importe quelles conditions. « Je

travaille beaucoup et mes heures ne me sont pas payées. Pourquoi je devrais me plaindre car pour tous mes

collègues c’est pareil, nous dit Alain, 21 ans. Même si je voulais ne pas me laisser faire, je ne fais pas le

poids face à mon patron ».

Ic. Les obstacles à la construction du projet professionnel

2 jeunes sur 310 interrogés déclarent avoir rencontré des obstacles dans la construction de leur

avenir professionnel. Parmi ceux qui n’en rencontrent pas, une majorité de jeunes issus des milieux

aisés (30% d’enfants de patrons et 28% d’enfants de cadres).

Les difficultés qui ressortent principalement sont le manque d’informations (31%), le manque

d’accompagnement (22%), les problèmes financiers (19%) et les résultats scolaires (18%).

Pour les jeunes qui ont été aidés par un conseiller Pôle emploi/mission locale, 1 jeune sur 3

rencontre encore un manque d’accompagnement.

1 jeune sur 5 rencontre des problèmes financiers. Ce rapport augmente pour les jeunes qui ont des

parents ouvriers. La formation initiale devrait être gratuite pour tous et les problèmes financiers ne

devraient pas intervenir dans la construction d’un avenir professionnel.

L’insuffisance des résultats scolaires ne représente que 18%. Mais ce sont 18% de trop. Le système

scolaire devrait donner les moyens à tous les jeunes, peu importe leur milieu d’origine, de construire

et d’atteindre ses objectifs. Aujourd’hui, certains jeunes issus de milieux aisés n’ont pas de bons

résultats. Mais leurs parents ont les moyens de leur payer des cours particuliers pour qu’ils

progressent. Il se pose alors la question de l’inégalité des chances.

« J’ai 3 diplômes en mécanique, tourneur et maintenance des systèmes industriels mais comme je suis une femme et que j’ai une petite fille, je ne trouve pas de travail. Maintenant Pôle emploi me propose de devenir aide à domicile » Ambre de Limoges. « J’ai un BTS de comptabilité. J’ai une expérience de seulement un an et ça fait des années que je ne trouve pas d’emploi. J’ai un diplôme, c’est le métier que je veux faire. Pourquoi est-ce que je devrais changer de voie ».

Impossibilité de se projeter dans l'avenir :

La précarité grandissante et l'incertitude autour du monde du travail font que rare sont les jeunes travailleurs qui arrivent à se fixer des projets à long terme. Ils attendront d'avoir une situation stable pour cela.

Le changement de métier, de formation

Seulement 1 jeune sur 3 considère qu’il est facile de changer de métier ou de formation au cours de leur vie. La difficulté à changer est d’autant plus vraie pour les jeunes qui sont déjà dans le monde du travail : 50% des salariés du secteur public ou privé contre 45% des demandeurs d’emploi. En revanche, ceux qui ont déjà changé de métier ou de formation au cours de leur vie, trouvent que c’est facile (49 %).

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Enquête JOC sur l’avenir professionnel des jeunes réalisée auprès 18 108 jeunes en décembre 2012. Tous les résultats dans la partie I.c sont issus de cette enquête.

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Les jeunes semblent donc être majoritairement dans une réticence, une peur de changer de métier ou de formation. Les difficultés exprimées par les jeunes quant aux changements de métier ou d’orientation viennent étayer notre constat :

- La peur de perdre des années de formation ou d’expérience professionnelle arrive largement en tête (37%). Le contexte actuel de crise touche en priorité les jeunes. Ils représentent une importante part des demandeurs d’emploi (22% en 2012) et sont en première ligne des emplois précaires. Dans ce climat, la peur de l’instabilité prédomine chez les jeunes et changer de métier ou de formation, représenterait un risque certain pour la majorité d’entre eux.

- Le manque de passerelles entre les filières (30%).

- Le manque d’offres de formation (28%).

- Le manque de financement pour se former (25%).

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II. Propositions En 2006, suite à une enquête réalisée auprès de 30 000 jeunes, la JOC organisait les « Etats généraux de l’emploi des jeunes » qui réunirent 1200 jeunes pour faire des propositions concrètes avec le soutien des responsables politiques, des syndicalistes, d’entrepreneurs… Depuis, les jeunes n’ont cessé de poursuivre la réflexion et de les mettre à jour au regard de la crise qui nous frappe. C’est ce qui les a poussés à organiser, suite à une enquête réalisée auprès de plus de 18 000 jeunes, en 2012, des « Etats généraux Régionaux pour l’avenir pro des jeunes » dans chaque région. Et à organiser les « Etats généraux nationaux pour l’avenir pro des jeunes » le 18 mai 2013 où 300 délégués des régions se sont retrouvés pour formuler 6 propositions. Nous proposons 3 axes de propositions concrètes et réalisables :

- Créer des emplois durables pour les jeunes - Faciliter l’insertion des jeunes - Prendre en compte la parole des jeunes du monde du travail

IIa. Créer des emplois durables Le devoir d’avenir implique une novation à la mesure des transformations des conditions du passage

à l’âge adulte, des modes d’acquisition des connaissances et de la réorganisation du travail et de

l’emploi. La société doit prendre acte aussi de la transformation des âges de la vie, garantir une

protection sociale à tous et renforcer les conditions des solidarités intergénérationnelles. Elle doit

assurer à tous, dès la majorité, les mêmes droits.

L’emploi des jeunes est une nécessité pour l’épanouissement de toute une génération mais aussi pour

l’avenir et la cohésion de la société française. Il faut donc faire de l’embauche durable des jeunes un

objectif des politiques publiques mais aussi des structures privées. Il en est de la responsabilité sociale

et citoyenne de tous. Cette politique doit se faire sur le droit commun.

Pour cela plusieurs actions doivent être menées conjointement.

Arrêter les mesures dérogatoires pour les jeunes

Les différents dispositifs pour les jeunes montrent qu’ils n’ont pas permis de créer de l’emploi

durablement. Il faut permettre aux jeunes de rentrer dans le droit commun.

Limiter le recours aux contrats précaires dans les entreprises

Aujourd’hui, de nombreuses entreprises ont les moyens de proposer à des jeunes un emploi stable.

Pour permettre aux jeunes de participer à la vie citoyenne et de construire un projet de vie, il est

indispensable de limiter le recours aux contrats précaires au strict nécessaire. Nous proposons de

limiter le recours aux contrats précaires à 10% de l’effectif total d’une structure (sauf pour les

activités saisonnières). Au-delà les contrats devront être reconvertis en CDI.

Définir les emplois de demain

Nos sociétés évoluent. Notre système économique ne peut plus résonner en termes de

consommation et de profit. Chacun a une responsabilité à définir les emplois de demain. Les

entreprises doivent réinvestir fortement la formation des salariés et des jeunes travailleurs, un

transfert des compétences doit pouvoir se faire entre les générations… Cette définition ne doit pas

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se définir seulement au niveau français. Elle doit se définir au niveau européen et se traduire par une

politique commune durable créatrice d’emploi en Europe.

Nous soutenons l’effort de l’Organisation Internationale du Travail (OIT) qui vise à inclure l’agenda du travail décent dans le cadre du programme post-2015 et donne corps aux principes exprimés lors de la Déclaration de Philadelphie de l’OIT (1944), déclaration établissant que le travail n’est pas une marchandise.

La promotion du travail comme moyen d’éradiquer la pauvreté ne devrait pas faire l’objet de compromis. La quantité d’emplois disponibles ne doit pas nuire à leur qualité; le travail doit être décent.

Il est du devoir et de la responsabilité de tous les acteurs impliqués dans le monde du travail de coopérer afin de réaliser cet objectif dans un véritable esprit de justice et d’équité. Lorsque que tous ces acteurs sont impliqués, alors cet engagement est riche d’espoir. Cependant, dans le monde globalisé que nous connaissons aujourd’hui, le travail au noir, précaire ou encore sans protection sociale est de plus en plus répandu.

Ni les objectifs d’emploi, ni les profits -des employeurs, des entreprises ou des économies- ne devraient nuire aux conditions de travail. Les Hommes ne sont pas des «marchandises».

Nous demandons à tous les responsables politiques et à toutes les entreprises, privées ou publiques, de prendre en compte la dignité humaine des travailleurs, leur talent, leur travail et leurs familles, leur donnant la possibilité de mieux accomplir leur vocation humaine au travail. Nous demandons également à la communauté internationale de mettre en œuvre les quatre piliers de l’Agenda pour le travail décent de l’OIT, c’est-à-dire la création d’emploi, la protection sociale, le droit du travail et le dialogue social à tous les travailleurs, y compris les travailleurs non-déclarés.

Déclaration des organisations d’inspiration catholi que (dont la CIJOC) sur le travail décent et le programme de développement post-2015 , le 13 juin 2013

IIb. Faciliter l’insertion professionnelle Tous les acteurs se rejettent la balle sur la question de l’insertion professionnelle. Tout le monde va

devoir faire un effort pour permettre aux jeunes de construire un projet professionnel réaliste et

bénéficier du soutien nécessaire pour le réaliser.

Sécuriser les parcours par un droit à la formation :

Créer un droit à l’éducation/formation tout au long de la vie : chaque jeune dispose dès l’entrée dans le système scolaire (arrivée en primaire) d’un capital initial de formation de 20 années, garanti par l’Etat en assurant le financement des formations, la rémunération et les droits sociaux des actifs qui se forment. Ce capital sera utilisable dans le cadre de la formation initiale et/ou continue. Il pourra être employé ultérieurement, augmenté des droits cumulés lors d’un travail (CIF, DIF) pour suivre une formation, reprendre des études, acquérir des compétences par d’autres voies (service civique, stages d’immersion, coopération…). Ces différentes expériences devront pouvoir être relues tout au long

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du parcours de chaque jeune avec les organismes compétents afin qu’ils puissent construire leur projet de vie. En ce sens, la Garantie jeune mise en place depuis septembre 2013 dans 10

départements en France et existant déjà dans plusieurs pays européens, doit aller plus

loin. Cette « Garantie jeune » doit devenir un droit et s’accompagner d’un capital initial

de formation.

Rendre obligatoire la diffusion du passeport pour son avenir pro11

Le web classeur et livret des compétences, qui devraient être obligatoires d’après la loi, ne permettent pas de construire un projet professionnel en lien avec un projet de vie. Quant au passeport pour son avenir pro, il est conçu par les jeunes, pour les jeunes, comme un livret pour toute la vie. C'est un outil personnel qui appartient au jeune. Il sera rempli par le jeune, seul ou en groupe. Le jeune doit pouvoir choisir à qui il le présente et dans quel but. Sans cela, le passeport ne serait pas un moyen de valoriser les compétences des jeunes, de construire son projet pro en lien avec un projet de vie mais simplement un outil de plus pour les juger et les évaluer sans tenir compte de qui ils sont. Il devra constituer une référence, être utilisé régulièrement et être accompagné par les professionnels de l’accompagnement des jeunes. Ceux-ci doivent être formés à l’outil et à son intérêt et le rendre accessible à tous. Le passeport, dont le contenu est identique partout en France, sera distribué au collège dès la 4e, au lycée, dans les CFA / CFAS, MFR, ESAT, en enseignement supérieur, en Institut Médico-Educatif, en IM Pro, mais aussi dans les différentes structures : missions locales, Pôle emploi, Cap Emploi, le réseau information jeunesse, les Centres d’information et d’orientation, les Foyers de Jeunes Travailleurs, IMS... jusque dans les entreprises.

Créer des passerelles et se préparer à un métier

Il faut développer et faire connaître les filières professionnelles, principalement pour les niveaux V à II (collège, lycée, bac plus 3) en leur accordant des moyens suffisants ; en améliorant la qualité de l’enseignement technique et général. L’information sur l’existence de ces filières doit aussi être améliorée, notamment par l’intervention d’anciens élèves et de professionnels. Ces filières professionnelles doivent prendre en compte les besoins du bassin d’emploi. Il faut améliorer les connaissances générales dans les filières professionnelles permettant de donner

une meilleure image de cette voie de formation. Cela devra entraîner la création de passerelles entre

les formations de la filière générale vers la filière professionnelle et de la filière professionnelle à la

filière générale.

Il faut mettre en place des stages dans toutes les filières générales et professionnelles et ce dès la 4e. Ils doivent donner le temps de pratiquer un métier plus que de l’observer. Un statut du stagiaire est à définir et il doit comporter les droits, les devoirs, la fonction du stagiaire. Un dossier de suivi du stage doit être rempli par le tuteur de stage et doit retranscrire les compétences acquises. Les établissements doivent mettre en place une structure pour aider à trouver les stages. La filière générale doit proposer un stage par an pour une meilleure approche du travail. Les programmes scolaires devront intégrer la relecture de ces expériences professionnelles indispensables pour construire et réaliser un projet professionnel en lien avec un projet de vie. Cette relecture doit être accompagnée par un tuteur qualifié.

11 Le Passeport pour son avenir pro a été créé par la JOC en mars 2013.

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Se former au droit du travail

Une formation aux bases sur les droits et devoirs du travailleur doit être obligatoire en fin de collège, en CFA et au lycée, études supérieures, tout au long de la vie active pour chaque jeune. Toute formation proposée doit être adaptée aux publics concernés. Cette formation doit également permettre d'apprendre à connaître les services disponibles en termes d'emploi (missions locales, Pôle emploi...), de formation (CIF, DIF et VAE...), de santé (mutuelles, sécurité sociale) et de démarches administratives.

Cette formation doit être préparée en commission par une équipe de professionnels spécialisés dans ces domaines (syndicats, partenaires publics, associations...), en lien avec un projet pédagogique d’établissement. Les enseignants qui sont au quotidien au contact des jeunes dans le système scolaire doivent avoir une connaissance des services d’accompagnement pour orienter les jeunes vers le bon service.

Entreprise : Développer l’apprentissage12

Selon 65,6% des jeunes, l’apprentissage permet de trouver un emploi stable rapidement. Pourtant

plus de la moitié des jeunes ayant pour projet de faire un apprentissage y renonce avant même

d’avoir débuté (53,8%). Le principal obstacle est de trouver une entreprise puisque seulement 14,3%

des jeunes interrogés affirment qu’il est facile de trouver un maître d’apprentissage pendant que

61,1% d’entre eux affirment le contraire. Les incitations fiscales ne suffisent pas. Il est essentiel

d’obliger les entreprises à recruter des apprentis et jeunes en contrats de professionnalisation

principalement pour les niveaux V à III. Les entreprises qui n’assumeront pas leur responsabilité

sociale en proposant l’apprentissage et l’emploi devront être lourdement sanctionnées. Celles qui ‘en

ont pas les moyens devront être aidées.

Un service public de l’accompagnement des jeunes dans l’orientation et vers l’emploi CIO, Mission locale, Service Universitaire d’information et d’orientation, Réseau information jeunesse… Se repérer dans le millefeuille actuel de l’éducation formelle et des dispositions d’alternance et d’insertion professionnelle est un défi pour nombre de jeunes et leurs familles. Face à cela, nous avons avant tout besoin d’un accompagnement humain de qualité. Nous voulons un service public de proximité regroupant dans un même lieu les services d’orientation, d’insertion et d’information jeunesse. Ce n’est pas un guichet unique dans le sens un service par ville. Nous souhaitons ce nouveau service public proche des jeunes : une antenne dans chaque quartier. Ce service devra intervenir dans les établissements scolaires du quartier. Il est important que ce service soit coordonné et qu’il y ait une communication entre les professionnels. Il suivra chaque jeune et les accompagnera dans toutes les démarches de construction de son projet professionnel en lien avec son projet de vie, son histoire, ses aspirations de façon à le rendre acteur et responsable de son avenir. Ce service devra être doté d’un personnel en nombre suffisant. Nous voulons un référent, formé à une vraie pédagogie d’accompagnement, de reprise et de suivi, en lien avec la vie des jeunes et des rendez-vous ne dépassant pas une semaine d’attente. L’accompagnement sera basé sur le passeport et sur une interpellation prenant en compte toutes les filières qui existent. Il réalisera deux à trois rencontres annuelles avec le jeune et proposera des rencontres trimestrielles entre jeunes. Ces rencontres seront construites en fonction des besoins du groupe (rencontres entre jeunes ayant les mêmes projets professionnels, aides aux démarches, témoignages de professionnels…). Il devra être animé régionalement tout en restant service public d’Etat.

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Les chiffres cités proviennent de l’enquête JOC réalisée auprès de 1080 jeunes en septembre 2011

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IIc. Prendre en compte la parole des jeunes du monde du travail dans la construction de politiques publiques

70%13

des jeunes actifs ont le sentiment d'être considérés comme des objets, comme des chiffres

par les services d'aide à la recherche d'emploi. 70% par les employeurs. 80% par les hommes

politiques… A chaque fois, c'est 20 points de plus que les jeunes scolaires. Il y a donc une rupture

profonde entre les jeunes du monde du travail et les institutions. Les jeunes doivent pouvoir porter

une parole sur les politiques publiques qui les concernent. Or les jeunes du monde du travail et leurs

représentants sont quasi absents des trois chambres de la République. Le 20 juin 2012, 19

organisations nationales de jeunes (c’est-à-dire dirigées par des jeunes) ont lancé le Forum Français

de la Jeunesse en présence de Valérie Fourneyron, Ministre des Sports, de la Jeunesse, de l'Education

populaire et de la Vie associative. Les organisations de jeunes, à tous les échelons (local,

départemental, régional, national) et le Forum Français de la Jeunesse doivent être des partenaires

incontournables dans la construction des politiques publiques.

Nous demandons à tous les gouvernements, organisations de travailleurs et d’employeurs, ainsi qu’aux organisations de la société civile de travailler avec les mouvements et représentants des jeunes afin de garantir aux jeunes générations un futur sûr et épanouissant. Les jeunes devraient avoir l’assurance de pouvoir accéder à un emploi et devraient pouvoir profiter de conditions de travail décentes et de protection sociale, notamment au moment où ils quittent l’école pour entrer dans le monde du travail. Il conviendrait d’analyser attentivement et de réformer les systèmes éducatifs afin de garantir une bonne transition de l’école vers le travail. Les dirigeants d’entreprises ont une responsabilité importante dans le recrutement et l’accompagnement des jeunes générations lors de cette transition.

Déclaration des organisations d’inspiration catholi que (dont la CIJOC) sur le travail décent et le programme de développement post-2015 , le 13 juin 2013

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Les chiffres cités proviennent de l’enquête JOC-CSA sur la liberté de choix des jeunes réalisée auprès de 6028 jeunes, avril 2011

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