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Exprimeo : le 4 novembre 2014 et la vague du Parti Républicain

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Lors des élections intermédiaires du 4 novembre, le Parti Républicain est en passe de réussir un score historique changeant totalement à la fois les deux dernières années du second mandat d'Obama mais aussi le lancement de la présidentielle 2016.

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N°273 - 24 septembre 2014

Le 4 novembre et la vague du Parti

Républicain

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Le 4 novembre et la vague du Parti Républicain

Traditionnellement, les Américains votent pour une destinée, pour un spectacle, pour un ga-gnant. La destinée, c’est l’assu-rance que le rêve est pos-sible pour chacun. Le spectacle, c’est le mor-ceau d‘Histoire raconté par un cursus et par le sens perçu de la campa-gne. Le gagnant, c’est celui qui devient d’abord le maître du temps de la campa-gne, qui pousse l’autre à la faute, qui réagit plus vite, qui incarne l’énergie qui doit donner demain une espérance pour cha-cun. Ce tempo est aujourd’hui celui du Parti Républicain, de son leader, Mitt Rom-ney et de ses candidats partis à l’assaut y compris des plus traditionnels bastions démocrates. Quand Mitt Romney com-

muniquait cet été sur ses vacances familiales via le réseau social Medium (cf photo de couverture), il ne se doutait pas que la sortie de l’été lui serait aussi favorable.

Transformer 2014 en referendum sur

le retour de l’Amérique

Les sondages l’attestent. Si Romney devait affron-ter actuellement Obama, il l’emporterait largement. Obama est tombé dans le «piège Carter», une ima-ge terrible faite d’indéci-sion, de faiblesse, de poisse. En 1980, face à Carter, l’un des plus grands stra-tèges électoraux améri-cains, Richard Wirthlin, Conseiller de Ronald Rea-gan, a résumé en une for-mule les campagnes plé-

biscitaires «si nous réus-sissions à faire de la cam-pagne de 1980 un réfé-rendum sur les résultats obtenus par Jimmy Car-ter, l’élection était acqui-se». Son homologue dans le camp démocrate à cette époque, Patrick Caddell, a résumé leur enjeu de la façon suivante «sachant ce que le peuple pensait du Président, nous de-vions axer notre campa-gne sur le futur car sur le passé nous ét ions convaincus d’être battus à plate couture». Le scrutin 1980 a tourné sur la Présidence Carter et R. Reagan a réalisé l’un des plus beaux scores de toute l’histoire électorale des USA. Depuis 1980, rien n’a changé ou plutôt tout s’est amplifié. Premier élément, les campagnes sont deve-nues des campagnes plé-

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Kristi Noem : les «hot» républicaines Kristi Noem est l’une des figu-res emblématiques de la nou-velle génération républicaine. Elle est belle, photogénique, incarne les valeurs familiales de façon exemplaire. Mais surtout, elle sait commu-niquer avec l’électorat populai-re. Un électorat souvent éloi-gné de l’élitisme républicain. Cette nouvelle génération doit réconcilier le parti républicain avec la jeunesse et les classes qui font la victoire.

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biscitaires. C’est un réfé-rendum sur une ou deux questions qui font l’opi-nion publique à un mo-ment donné. Tout l’enjeu réside dans la capacité à influer sur l’émergence desdites questions. Cette «batai l le culturel le» conditionne le choix du terrain de la bataille élec-torale. Second élément, la réalité politique a de plus en plus imposé le bilan du prési-dent sortant comme l’un des enjeux majeurs si ce n’est en permanence l’en-j e u p r i n c i p a l d u «référendum». La société est tellement atomisée qu’il est impos-sible de concevoir une campagne portant sur des réponses précises cas par cas.

Un territoire fédéral avec une mosaïque

de situations Chacun s’accorde à re-connaître que l’opinion publique Française est de plus en plus segmentée. L’impact géographique est de plus en plus fort. Le Sud a une sociologie et un comportement électo-ral différents du Nord. Face à cette réalité, que dire d’un Etat fédéral considérablement plus grand, diversifié, exposé

à des cultures diverses ? L’Amérique décide selon des schémas qui ont fait l’objet d’études très préci-ses. Il existe un clivage réel entre les Républicains et les Démocrates. Les Républicains atten-dent un leader fort. Leur principal critère est l’examen de la force mo-rale de son tempérament. Pour les Démocrates, c’est la capacité de juge-ment qui compte. La sécurité nationale est la première priorité pour les Républicains tandis qu’elle est largement de-

vancée par l’économie pour les Démocrates. Pour ces derniers, les questions sociales arri-vent même devant la sé-curité nationale. Bien entendu, géographi-quement, l’Amérique des rivages est plus ouverte que l’Amérique profonde. Mais surtout, de toutes ces enquêtes, il résulte que l’électeur Américain ne vote pas quand il ne connaît pas le candidat. Ces données portaient en elles les scores des pri-maires 2008 dès l’instant que les candidats ne s’at-taquaient pas à la modifi-cation de certains traits de leur image de marque.

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Ainsi, chez les Républi-cains, Giuliani rassurait sur la question de sécuri-té mais son tempérament a p p a r a i s s a i t t r o p «libéral». Huckabee n’é-tait pas assez connu. Mitt Romney, en dépit d’ef-forts considérables, en janvier 2008, n’était tou-jours pas connu par 40 % des Américains. Par conséquent, seul McCain réunissait les trois données majeures chez les Républicains : être connu, être doté d’un tempérament fort, rassu-rer en matière de sécuri-té. Il a tenu face à tous les vents contraires et at-tendu l’élimination des autres concurrents. Chez les Démocrates, en janvier 2008, John Ed-wards était connu mais son profil restait un mys-tère. Hillary Clinton était connue, perçue comme compétente mais 50 % des Démocrates doutaient de sa sincérité. Hillary Clinton est progressive-ment devenue une carica-ture de la politicienne froide et calculatrice. Barack Obama était jugé comme commettant des erreurs sur le terrorisme mais parvenait à installer une communication émo-tionnelle accélérant sa notoriété et sa bonne image de marque. Barack Obama a non seu-lement bénéficié des fai-

blesses de ses concur-rents mais il a su monter une campagne qui soit une belle chorégraphie électorale calibrée pour devenir un feuilleton quo-tidien avec ses rebondis-sements et ses temps forts. Il a su s’adapter à la nouvelle démarche de communication : il faut parler à l’œil. Il faut d’autant plus parler à l’œil que l’électorat est infidèle. Il zappe. C’est la preuve de sa maturité donc de sa liberté. En 2012, Mitt Romney a bénéficié de ces tendan-ces pour être désigné dans le camp républicain. Mais sa campagne a ren-contré des obstacles dont des maladresses accrédi-tant l’idée d’élitisme. Mais surtout à cette épo-que, Obama bénéficie de l’impact du 2 mai 2011 : la «neutralisation» de Ben Laden. Obama avait gagné ses galons de «Commandant en Chef». Des galons que l’année 2013 a contesté parce que les images passées ont été celles de l’absence de résultat et surtout d’indécision. La nouvelle ère de com-munication réside dans le fait de considérer l’opi-nion comme seul interlo-cuteur permanent. Dans

Mitt Romney: incarner la confiance Le positionnement de Mitt Romney est entièrement axé sur deux sujets : l’emploi et les valeurs morales. Ses capacités de bon gestion-naire sont unanimement recon-nues. Il fut l’organisateur des JO de 2002 à Salt Lake City. Ses valeurs morales qui tran-chent avec les mœurs de Was-hington. Il est capable de lever des fonds considérables ; ce qui avait déjà été le cas en 2007 comme en 2012 donc a fortiori si ses perspectives de succès se confortent. Mais il doit faire face à deux problèmes. Il est perçu comme un modéré. Il est mormon. En 2007, cette question religieuse était deve-nue centrale lors du lancement réussi de sa candidature. Avec les deux premières cam-pagnes, Mitt Romney semble avoir purgé les questions que son cursus pouvait poser. Mais surtout l’opinion a gardé à l’esprit les analyses qui ont alors été les siennes. Et les faits lui ont donné raison de-puis. Si bien que le réseau de soutien de Mitt Romney a beau jeu d’indiquer «Mitt Romney avait eu raison trop tôt ... ». A ce «jeu», l’opinion a recons-truit son appréciation sur Rom-ney. Les sondages indiquent que si le vote Romney / Oba-ma se déroulait actuellement, Romney l’emporterait par 54 % / 46 %. Sur ces bases, Romney est le plus demandé pour les sou-tiens pour novembre 2014 ...

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ce cadre, l’hyper-visibilité est devenue une nécessi-té. Elle est la seule façon de maintenir le lien avec un public de plus en plus exposé à des messages divers et de plus en plus exigeant. Alastair Campbell (ancien Conseiller de Tony Blair) rappelle l’expression d’u-sage «il faut faire la mé-téo». L’enjeu consiste donc à préempter le ter-rain et à imposer aux au-tres d’y venir. Obama a longtemps su remarquablement gérer cette technique. Mais cet-te sur-exposition produit des effets redoutables dès le moindre flottement. Et les flottements ont été

nombreux depuis le début du second mandat de Ba-rack Obama. Si bien qu’Obama et les démocrates sont confron-tés à une impopularité re-cord. Actuellement, le bi-lan d’Obama est jugé comme celui de …. GW Bush en 2006 !

Un extrême

visibilité sur des bases simples

La campagne des Répu-blicains est donc simple : voter contre Obama, sanctionner Obama. Cette communication ré-pond à un constat simple.

Dans la journée, tout est zapping. Pour échapper à cette érosion immédiate, le message doit être percu-tant, concret, unique et répété. Il doit être unique dans son évocation mais multi-ple dans ses applications. Parce qu’il est unique dans son évocation, il ad-met la répétition qui est la meilleure garantie de sa perception. Cette évocation passe également par des polé-miques qui vont animer l’opinion. Les polémiques sont nombreuses. La der-nière concerne le salut d’Obama avec le mug de

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café à la main. Dans ce contexte, Rom-ney incarne la «vraie Amérique». L’Amérique profonde face à Obama supposé incarner l’élite qui passe d’un pied sur l’autre selon les circons-tances. En réalité, la bataille ac-tuelle de communication porte davantage sur l’i-mage d’Obama. Les répu-blicains veulent installer l’image d’un Obama dis-tant, qui sourit devant les caméras mais qui préfère les dossiers aux être hu-mains. Un responsable froid, voire même hautain

qui n’a pas été à la hau-teur de la situation parce q u ’ i l e s t t r o p «compliqué». Le Parti Républicain prê-che des valeurs simples : - une croisade morale sur l’emploi et la baisse des impôts, - la lutte contre la dette publique, - la rigueur sur les débats de société. Il prépare un choc d’ima-ges : Obama le sinueux face au roc républicain, tout d’un bloc.

Là est la force du Parti ré-publicain : incarner une

image de l’Amérique qui répond aux besoins pro-fonds des classes populai-res et moyennes.

Comme du temps de Rea-gan, l’enjeu n°1 est de redonner confiance aux Américains.

Le Parti Républicain ne parle pas de politique mais de valeurs. Il parle de loi et d’ordre.

L’optimisme est son tra-vail. Il s’agit de revenir aux valeurs traditionnel-les à l’intérieur et au res-pect de l’Amérique à l’ex-térieur. C’est simple donc efficace.

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retraite. A partir de jan-vier 2015, la présidentiel-le s’engage dans la cour-se habituelle mais avec une donne nouvelle : le Parti républicain a la confiance soudée au corps d’être à la porte du pouvoir avec une généra-tion qui veut revivre une révolution conservatrice comme du temps des an-nées Reagan.

Un sacré programme qui va impacter bien au-delà des Etats-Unis.

Le Parti Républicain veut incarner la renaissance de l’Amérique face aux bu-reaucrates de Washing-ton. Il se sert de la crise comme d’une alliée. Elle serait le constat quotidien des échecs de Washing-ton. Pour l’instant, cette dialectique fonctionne.

C’est le retour du cow-boy républicain qui veut défaire l’intellectuel dé-mocrate. Et les «cow-boys» républicains sont nombreux. Scott Brown (photo page 06) peut conquérir le New Hamp-shire et effectuer un come back irréel qui fera de lui l’un des marqueurs de

l’ampleur de la vague ré-publicaine.

Kristi Noem (photo page 03) et Mia Love (photo page 07) vont incarner la nouvelle génération répu-blicaine, jeune, rebelle et de couleur.

Martha McSally (photo ci-dessous) est la guerrière sans complexe. Un fem-me hier Colonel dans l’armée Américaine et qui ne supporte pas la fai-blesse qui fragilise la sé-curité des Etats-Unis. Si la victoire républicaine se confirme avec l’ampleur actuelle, le 5 novembre, Obama débute sa pré-

Editeur : Newday www.exprimeo.fr

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