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EN SAVOIR PLUS La visite surprise de François Hollande à Théo Aulnay-sous-Bois : l'appel à la paix de Théo Faits diversAulnay-sous-BoisAffaire ThéoViolences policièresinterpellationpoliciers FAIT DU JOUR. L'affaire d'Aulnay, suivie d'échauffourées, a pris une tournure politique mardi. Elle révèle plus largement le profond malaise entre une partie de la police et les jeunes. Depuis son lit d'hôpital,Théo est devenu un symbole. Jeudi dernier, à Aulnay- sous-Bois (Seine-Seine-Denis), ce Français de 21 ans à la peau noire a été victime d'une interpellation qui a dégénéré au point qu'une matraque télescopique l'a mutilé au niveau de la zone rectale. Voilà que des soupçons de viol pèsent sur un policier, quand trois de ses collègues sont poursuivis pour violences volontaires. Geste accidentel comme le plaide le gardien de la paix impliqué ou sévice sexuel délibéré comme le pense la juge d'instruction ? L'enquête va disséquer image par image la séquence, tournée en plein jour par les caméras de vidéosurveillance. Ces investigations prendront du temps. D'où la crainte d'un enterrement du dossier, selon l'expression M e Eric Dupond- Moretti, l'avocat du jeune homme. Une affaire devenue politique Méfions-nous cependant des clichés. D'abord parce que les protagonistes de cette sordide affaire ne sont pas forcément ceux que l'on imagine. Théo, sans passé judiciaire, est décrit comme posé. S'il s'est vigoureusement rebellé, il n'a pas le profil d'un boutefeu. Quant aux quatre jeunes policiers mis en cause, ils sont loin d'être considérés comme des chiens fous. Mais l'affaire met aux prises deux univers qui au mieux s'ignorent, au pire s'affrontent, ainsi que l'analyse le sociologue Sebastian Roché.

L'appel à la paix de théo

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EN SAVOIR PLUS

La visite surprise de François Hollande à Théo

Aulnay-sous-Bois :

l'appel à la paix de Théo

Faits diversAulnay-sous-BoisAffaire ThéoViolences

policièresinterpellationpoliciers

FAIT DU JOUR. L'affaire d'Aulnay, suivie

d'échauffourées, a pris une tournure politique

mardi. Elle révèle plus largement le profond

malaise entre une partie de la police et les jeunes.

Depuis son lit d'hôpital,Théo est devenu un symbole. Jeudi dernier, à Aulnay-

sous-Bois (Seine-Seine-Denis), ce Français de 21 ans à la peau noire a été

victime d'une interpellation qui a dégénéré au point qu'une matraque

télescopique l'a mutilé au niveau de la zone rectale. Voilà que des soupçons de

viol pèsent sur un policier, quand trois de ses collègues sont poursuivis pour

violences volontaires. Geste accidentel comme le plaide le gardien de la paix

impliqué ou sévice sexuel délibéré comme le pense la juge d'instruction ?

L'enquête va disséquer image par image la séquence, tournée en plein jour par

les caméras de vidéosurveillance. Ces investigations prendront du temps. D'où

la crainte d'un enterrement du dossier, selon l'expression Me Eric Dupond-

Moretti, l'avocat du jeune homme.

Une affaire devenue politique

Méfions-nous cependant des clichés. D'abord parce que les protagonistes de

cette sordide affaire ne sont pas forcément ceux que l'on imagine. Théo, sans

passé judiciaire, est décrit comme posé. S'il s'est vigoureusement rebellé, il n'a

pas le profil d'un boutefeu. Quant aux quatre jeunes policiers mis en cause, ils

sont loin d'être considérés comme des chiens fous. Mais l'affaire met aux

prises deux univers qui au mieux s'ignorent, au pire s'affrontent, ainsi que

l'analyse le sociologue Sebastian Roché.

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Depuis jeudi, l'affaire d'Aulnay est devenue politique. François Hollande s'est

rendu par surprise à l'hôpital Robert-Ballanger pour s'entretenir avec le blessé.

Marine Le Pen (FN), elle, a déclaré sur LCI que son «principe de base» est de

«soutenir les forces de police et de gendarmerie, sauf démonstration par la

justice qu'ils ont commis un délit ou un crime».

De son côté, Théo a exhorté à ne «pas faire la guerre» et à «rester unis». La

ville, sa ville, a subi en effet trois nuits consécutives d'incidents, avec son lot

de voitures, de restaurant et d'abribus vandalisés. Dans la nuit de lundi à

mardi, les policiers ont même tiré à balles réelles, en l'air, pour se dégager. A

la suite de ces incidents, 17 jeunes dont 11 mineurs sont présentés aujourd'hui

devant la justice. Des manifestations contre les violences policières se sont

déroulées sous tension mardi soir, à Ménilmontant, dans l'est de Paris. Il y a eu

quelques voitures brûlées et des jets de projectiles dans plusieurs communes

de Seine-Saint-Denis. Mais à minuit, mardi, Aulnay-sous-Bois était calme.

C'est dans ce contexte qu'hier cinq mères de famille ont demandé à être reçues

au commissariat local. Leur message ? Eloignez les forces de l'ordre et la

tension s'apaisera. Cette demande marque un échec, celui des politiques

successives en matière de sécurité, de la police de proximité à la police

d'intervention. Les flics eux-mêmes, engagés chaque jour sur le front de la

délinquance, confient leur désarroi. Parfois, ils hésitent à intervenir, par

crainte des incidents.

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