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1 euro Le Progressiste Hebdomadaire du PPM - Fondateur : Aimé Césaire Le Progressiste “La chance de la Martinique c’est le travail des Martiniquais” - Aimé CESAIRE mercredi 13 avril 2011 - N° 2172 AU SOMMAIRE - MERCI, M. LETCHIMY (PP.2 et 3) - FRANCE : FEU SUR LES ENSEIGNANTS (P.10) « LES MEILLEURS SPÉCIALISTES DES AFFAIRES MARTINIQUAISES SONT LES MARTINIQUAIS EUX-MÊMES » (DR ALIKER) POUR CESAIRE (P.6,7,8) Césaire au frontispice du Théâtre Municipal « Le Progressiste » est disponible en librairies, grandes surfaces et stations-service. Réclamez-le. Sur Radio EKLA, 102 FM tous les dimanches à midi, Serge LETCHIMY Césaire au Panthéon (in Actustar.com)

Le progressiste n° 2172

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1 euro

Le ProgressisteHebdomadaire du PPM - Fondateur : Aimé Césaire

Le Progressiste“La chance de la Martiniquec’est le travail des Martiniquais”

- Aimé CESAIRE

mercredi 13 avril 2011 - N° 2172

AU SOMMAIRE- MERCI, M. LETCHIMY (PP.2 et 3)

- FRANCE : FEU SUR LES ENSEIGNANTS (P.10)

« LES MEILLEURS SPÉCIALISTES DES AFFAIRES MARTINIQUAISES SONT LESMARTINIQUAIS EUX-MÊMES » (DR ALIKER)

POUR CESAIRE(P.6,7,8)

Cesaire au frontispice du Theatre Municipal

« Le Progressiste » est disponible en librairies, grandes surfaces et stations-service. Réclamez-le.Sur Radio EKLA, 102 FM tous les dimanches à midi, Serge LETCHIMY

Cesaire au Pantheon (in Actustar.com)

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EDITO

Le Progressiste - Page 2 - mercredi 13 avril 2011

Au vu de sa grande timi-dité, il ne suppose certai-nement pas en juin 2000

quand il est désigné candidat àla succession dʼAimé Césairequʼun tel parcours lʼattend.

La tâche semble insurmontableà ce moment là. Il sʼagit dʼamor-cer lʼarrivée dʼune nouvelle gé-nération qui ne prétend pascomme il se plaira à répéter,«  remplacer Aimé Césaire  »

mais humblement lui succé-

der.

Les « pʼtits jeunes » que nousétions à lʼépoque qui lʼaccompa-gnent dans cette campagneélectorale déjà maculée des af-

freux dégâts du populisme

sʼaccrochent à son rythme. Etquel rythme ! Un rythme fait derigueur et dʼexigence envers soi-même, envers les autres et pourles autres. Rien nʼest laissé auhasard et à lʼà peu-près. Lesqualificatifs de «  parfait  » etdʼ »extraordinaire » doivent êtreau rendez-vous de tous les quo-tidiens dʼune campagne. Une campagne remplie de mil-liers de contacts humains etdʼinitiatives toutes aussi auda-cieuses les unes que les autres.Il y laissera quelques kilos,

ses chaussures mais jamaiscette inépuisable énergie qui in-terpelle et qui fait dire à tous« comment il fait ? »

Cet enfant à lʼavenir pris enmains dans ces quartiers pétrisde la main généreuse du poètesait ce quʼest la survie, épouseau quotidien les mêmes pro-blèmes mais jamais ne sʼage-nouille devant eux. Une solutionmerveilleuse sort toujours de lʼairrigoureusement sérieux quiémane de ce visage au calmequi serait selon lui hérité de sesascendances indiennes.

La victoire une fois obtenue aubout de cette année dʼefforts, demornes et de « fonds » ne chan-gera, ni nʼémoussera nulle-

ment cette inoxydable

volonté. Le quotidien de la villedevient un vrai bouillonnementdʼactions et dʼidées. Pas un jourqui ne passe sans quʼon nelʼaperçoive, limite courant au-près dʼun chantier, dans une réu-nion, les enchainant avecpassion et détermination. Remplir la mission, lʼassumerfièrement et ne jamais baisserles bras telle est sa devise. Ondevinera sa fatigue à certainsmoments, sa faim, sa soif après10 réunions et 50 audiences

en 16 heures de présence me-nées tambour battant mais… ja-mais une plainte, jamais unecomplainte sur son sort à lui.«  Fort-de-France est notre

force, notre bastion, notre na-

vire-amiral, travaillez !!!! » ré-pète-t-il à qui lʼentendra…forcément.

Les projets sortent à desrythmes effrénés et mêmequand lʼargent manque… il fautaffronter cette misère financière,ces «  purges  », faire preuvedʼimagination et toujours se rap-peler symboliquement ce

« marré rein ou » que Césairelui avait lancé comme un défi, cesoir de 2001 au Grand Carbet.

Le Parti quant à lui, doit survivre.Pour toiser les coups de « Jar-nac  », les traitres, les chapar-deurs, le patron lui réclame avecune émotion non feinte…. dʼas-sumer la Maison de Trénelle.Impossible de dire non à Mon-

sieur Césaire et il ne résisterapas longtemps à son éloquent« je suis désormais sur votre

compte  » tellement plein desens et dʼinterpellations.

Au Réservoir, rien ne se faitsans douleur, sans déceptionsmais le sens du devoir lʼemporte.Il le vaut bien ce « Parti Patri-moine ». Lʼexigence y est égale-ment de mise  : il faut fairerenaître lʼenthousiasme des mi-litants, repartir au combat etdonner encore plus pour rendrede l  émotion à ce majestueuxhéritage. Les adhésions grim-pent, les manifestations sʼen-chainent avec une montée enpuissance en audaces et en ini-tiatives.

Le « Parti » retrouve plus quejamais son rôle de gardien dutemple, celui du peuple et de ladémocratie et ne laisse désor-mais rien au hasard. Loi de lahonte vantant la colonisation,aventure fumeuse du 74…NON… !!! sʼinsurge t-il « pas tantque nous sommes là ». Il exigela réaction de tous, monte aucréneau face à lʼinfamie, à la dé-magogie, souvent seul, lâchépar une «  certaine gauche  »,mais lʼenfant de Trénelle a af-

fronté la misère des années

60, alors……

MERCI, MONSIEUR LETCHIMY

Catherine CONCONNE

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EDITO (SUITE)

Le Progressiste - Page 3 - mercredi 13 avril 2011

Consciencieux à lʼextrême et re-fusant de courir après tout, il dé-cline poliment la pression des

législatives de 2002 et préfèrese consacrer exclusivement àcette ville et cette Cacem enverslesquelles il à pris des engage-ments. « Nʼinsistez pas » dira t-ilpour décourager plus dʼun quivoyait déjà en lui un destin quisuccéderait au Palais Bourbon àlʼami Camille.Car il sʼagit de tenir chaque pasgagné et ces pas ont un prix  :humilité, sacrifice, vigilance…Et les pas sont là, indélébiles,…les combats sont honorables.Refuser le populisme, lʼaffronteren 2010 au bout de semaines dequestionnements où seule unesalle surchauffée, un soir de fé-

vrier à la Ferme Perrine eut

raison dans la douleur du di-

lemme de sa fidélité à lʼœuvre

Capitale.

Toujours ouvert à lʼautre, le ras-semblement nait petit à petit,désormais … mais pas autourde sa personne. Il déteste le

MOI. Son moi, à lui, cʼest cepays, ce peuple quʼil a décidé deservir au mieux, coûte quecoûte, vaille que vaille. Nouveaudéfi, nouvelles audaces… la ma-

nière plait, le dialogue nait, renaitet « lʼoxygène naissant » sembleparcourir projets, idées, objec-tifs, et organisation.

Dans le silence de ses regardsépurés, la démarche séduit au-delà de tout fossé et les forte-resses réputées imprenables nerésisteront pas à ces armes mi-raculeuses au service dʼune se-reine mission dʼélévation desconsciences.

10 années dʼun combat loindes moi haïssables, loin des moije, loin des rancunes, loin descoups bas, loin des lèche-chèques et des égos surélevés.

10 années dʼune impénétrable

pureté au service dʼune cause,dʼun peuple.10 années pour lesquelles on

a tout simplement envie de lui

dire un simple mot qui ne doit

pas être réservé aux épi-

taphes.

Merci MONSIEUR Let-

chimy !!!! 10 années de plus,

10 années encore… on est

preneurs !!!!

Catherine Conconne

Avril 2011

Le president sur le pont

A venir

• 12/04 – installation du CCEE

• 13/04 – le Président enregistre 1 émission à Zouk TV sur le thème de lʼEurope

• 14/04 – installation du CESR

• 14/04 - conférence de presse sur le premier bilan du Plan de Relance

• 14/04 – Visite de courtoisie du Président du TGI de Fort-de-France au Président de Région

Serge LETCHIMY

• 15/04 – Visite de courtoisie de Monsieur lʼAmbassadeur de lʼInde en France au Président

de Région

Page 4: Le progressiste n° 2172

REGION

Le Progressiste - Page 4 - mercredi 13 avril 2011

« LA REGION MARTINIQUE : UN VRAI SOUFFLE »

12 mois après lʼavènement dugroupe « Ensemble pour une

Martinique nouvelle  », cʼestbien un réel et vrai souffle socio-économique qui est impulsé àlʼinstitution qui ronronnait,jusquʼalors, managée par un au-tocrate dont on peut dire quʼil nʼapoint été visité durant ces 12 anspar lʼaudace et la vision dʼunquelconque développement. Au-jourdʼhui, le peuple souverain amis un terme à cet intermède et,comme le dit si bien Daniel

ROBIN «  nos premiers mois àla tête de la Région se caractéri-sent tout à la fois par un chan-gement de méthode, maissurtout un abandon de la pos-ture au profit dʼune dynamiquedʼactions. La mise en œuvre duPlan de Relance, dès le mois deseptembre [2010] a été à cetégard exemplaire. Elle a permisdʼidentifier et de mettre en pro-grammation avec lʼensembledes communes, EPCI, bailleurset autres opérateurs sociauxprès de 300 projets pour les-quels les cofinancements vontentraîner une meilleure irrigationde lʼéconomie martiniquaise parla commande publique ».Et Daniel MARIE-SAINTE aurabeau agiter le « boulier », cʼestune nouvelle réalité qui sʼimposeà sa vue incrédule : oui, la rouea tourné et le pays sʼest résolu-ment engagé, avec la volontéscellée et partagée de tous lesMartiniquais, dans une œuvrede réalisations et de construc-tion.

Oh, certes ! Ce ne sera pas fa-cile ! Ils en sont bien conscients.Et brandir le hochet des 5.000emplois promis, sur lesquels sa

fixation est devenue patholo-gique, nʼentamera pas la volontéde celles et ceux qui font soufflerun vent dʼespérance sur le pays.Car ces emplois sont dans lesactivités que nous favorisons etles initiatives que nous prenonspar la «  nouvelle organisationde la collectivité » en mettant leshommes et les femmes au cœurdu développement de la Marti-nique en sʼappuyant sur une dé-marche participative  ; par lamise en œuvre dʼun Plan de Re-lance caractérisé par un mara-thon des communes, pour uneaction collaborative de 350 mil-

lions dʼeuros ; par la Plan Am-bition Jeunes qui crée lesconditions pour encourager cesjeunes à être les acteurs de leuravenir  ; par la création dʼuneAgence Régionale de Déve-

loppement Culturel  ; par latransformation de lʼIRAVM enEtablissement Public de Coopé-ration Culturelle ; par le dévelop-pement de projets dʼintérêtrégional des secteurs privés telsle Grand Saint-Pierre, le Leyritzet les zones dʼactivités. Par la re-lance du chantier du haut débitaprès un an et dix mois de retardpris par la précédente gouver-nance ; par la création dʼun grou-pement de commande pour uneplus grande efficacité du chan-tier de Transport Collectif en SitePropre (TCSP). Par le transfertdu Parc Régional  ; par le votedʼune motion pour ne pas laisserla politique énergétique au seulsecteur privé.

Et puis : pour faire de lʼagricul-ture un atout pour le développe-ment en y injectant 5 millions €

qui viennent sʼajouter au budgetrégional 2011 ; pour une aide ap-

propriée aux étudiants  ; pourune continuité territoriale repen-sée dans le, cadre dʼun partena-riat avec LADOM (Loi surlʼOutre-mer) ; pour lʼélaborationdʼun schéma prévisionnel desformations initiales des lycées etcollèges…

Alors, nous voulons dire quelʼEmploi avec un grand E ne secomptabilise pas forcément enfaisant des comptes dʼapothi-caire, tant il est visible, palpable,évident, que cʼest lʼemploi quiporte la philosophie de notre po-litique. Soulignons encore quʼunan de retard a été rattrapé pourle versement de la prime de viechère : 28.724 bénéficiaires pourun volume financier de5.778.587 €. Pour la secondephase de référence, 4.381 bé-néficiaires ont été payés pour unmontant de 1.056.983 €.

Rappelons le maintien de lʼaidede la Région à hauteur de 16,9

M€ pour la reconstruction du

plateau technique de La May-

nard et lʼaccompagnement àtitre exceptionnel du CHU(achat de médicaments et dematériels, ravalement des fa-çades, voiries et espaces verts,amélioration des conditions detravail dans les écoles paramé-dicales).

En 12 mois, nous ne pouvonscertes pas « désenkayer » uneinstitution que 12 ans dʼinertieont paralysée. Mais ça bouge !Le nouveau souffle se fait sentir.

Scipion

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ÉDUCATION

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CESAIRE AU PANTHEON

PANTHEON  : Temple que lesGRECS et les ROMAINS, consa-craient à tous leurs DIEUXPANTHEON  : Ensemble de per-sonnes qui se sont illustrées dansun domaine.

A dire vrai, je suis allé parce que lescontacts me laissaient entendreque je devais dire tes textes de CE-SAIRE, enfin bref … glissons !Dès lors comment apprécier lʼévé-nement sans interrogation, sanschercher à donner du sens à cetteaction du PRESIDENT DE LA RE-PUBLIQUE FRANCAISE.Je nʼai plus 20 ans et mes nom-breuses années de présence surterre et dans la lutte mʼont aidé àmieux appréhender les faits, en toutcas à définir des objectifs et à éva-luer les démarches entreprises.Comme dirait CESAIRE lui-même : «…A recueillir le sang duson ».Que lʼhomme soit mis en terre dansson pays MARTINIQUE est très im-portant. Que son nom soit inscritdans ce monument au côté de biendʼautres qui ont mené bataille, cʼestaussi bien.Je me dis quʼil y a un temps pourtout et que les combats justes nesont jamais vains.Jʼy étais et bien content dʼy être ;cela mʼa rappelé aux bons souve-nirs où nous étions regroupés dansla cour de la Mairie sous les gaz la-crymogènes dénonçant et haran-guant un président qui nʼétait pasvenu… le MAIRE était il un diable ?Lui faisait-il peur ? Alors le diable a rejoint lesDIEUX !!!De temps en temps, durant cet

hommage, je décrochais et mapensée partait à la rencontre denotre désir dʼune meilleure consi-dération pour la pensée delʼhomme, une soif de reconnais-sance y compris chez nous, de lavaleur de lʼhomme.  Ses discours qui – à lʼépoque - fai-saient de lui un pestiféré,un « mové sijé » a laissé place à unbâtisseur, à un homme riche, ha-bité par lʼamour de son pays, parlʼamour de lʼHOMME.Ce nʼest plus discutable, Césaireétait visionnaire et porteur dʼes-poir, non seulement pour nous,pour son peuple, mais aussipour tous les « Juifs errants dumonde. »

Entendre parler de ce géant par unprésident qui lui est de droite, mʼaune fois de plus remis en présencede notre député-maire- écrivain-poète, rencontrant les gens de monquartier, prêtant une écoute sanshypocrisie, et recherchant des solu-tions pour aider et améliorer le sortde nos concitoyens rencontrant desdifficultés. Malgré lui, il a été obligé de re-connaître que lʼhomme noir estdans lʼhistoire et ne la subit pas,quʼil rayonne de par le monde etque sa pensée universelle contri-bue à une construction pacifiqueet égalitaire de celui-ci.

Belle revanche et belle victoiresi lʼon fait le parallèle avec le dis-cours de Dakar !...

Une reconstitution de lʼhistoire duparcours de lʼhomme, une recons-truction de notre relation à la Répu-blique Française, le débat nʼestcertes pas clos, mais nous avonsau Panthéon vécu un moment dʼin-tense émotion. Demain, rien nenous empêche de poursuivre noscombats, si sa pensée est dévoyée,usurpée. Peu importent les raisons de ceuxqui étaient présents, sûrement il yen avait qui se sentaient obligés :sa sé pwoblem yo ! Yo té ka tanʼnyo pas soud. Ce dont je suis cer-tain, cʼest la présence sincère destémoins de la valeur de lʼhommeJe me suis demandé ce qui pourraitempêcher de comprendre que lecombat du Nègre Fondamental estdans le prolongement du cri de sonpeuple, de la souffrance des

hommes lynchés, torturés en qui ilse sentait lui-même assassiné, hu-milié-AIME CESAIRE EST UN HOMMEFIDELEFidèle à lʼhomme – Fidèle à dʼau-tres conceptions de lʼhommeLʼhomme, un être qui a des droits…dʼabord à la vie, à lʼêtre… au bien-être.

Que dire de cette foule rassembléeen vainqueur, sans bien savoir dequelle victoire, mais rassemblée ensigne de reconnaissance  ? Ceuxqui mʼont dit à la sortie : « fout sabèl, mwen kontan bay. Enfin yo kapalé di misyé tala !

Alors je me suis demandé si lespropos de certains de chez nous nefaisaient pas plus de tort que ceuxdʼun président de la république àqui a été remis le Discours sur leColonialisme.

Et si lʼentrée de la pensée de CE-SAIRE au PANTHEON pouvaitouvrir lʼesprit de nos losers aigris et sʼy installer, ce serait àmon sens un pas important versune meilleure connaissance decet homme par les plus jeunesdʼentre nous, ou encore à nosfrères et sœurs que diverses rai-sons ont poussé à partir, et à secouper de leur base culturelle.

Alors on dirait à ces jeunes commele fait si bien STEPHANE HES-SEL :«  Regardez autour de vous, vous ytrouverez les thèmes qui justifientvotre indignation- le traitement faitaux émigrés, aux sans papiers, auxroms. Vous trouverez des situationsconcrètes qui vous amènent à don-ner cours à une action citoyenneforte. Cherchez et vous trouverez ».

La vie bien que généreuse, sur-prend toujours les rêveurs insatia-blesDe bout en bout, de part en part, delong en large, de jour et de nuitElle aveugle les arrogants qui sevantent de tenir le bon boutCeux qui disent de chacun de leurpas souvent mal assurés, une ré-volution.

JC DUVERGER(NDLR : Les passages surlignés le sont par nous)

POUR CESAIRE

Le Progressiste - Page 6 - mercredi 13 avril 2011

TémoignageLe 17 avril 2008 sʼéteignait son souffle volcanique, « péléen » dirait Christian Lapoussinière, président

du Centre césairien.

Légende photo: La rotonde du Panthéon,

le 6 avril

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Il faut sans doute souligner pourles nouvelles générations le re-tournement que constitue pour la

France officielle la décision de faireentrer au Panthéon le nom dʼAiméCésaire; elles nʼimaginent certaine-ment pas à quel point les Césaire,les Damas, les Cartayée, les Glis-sant et plus encore les FrantzFanon ont été considérés commelʼanti-France ! Des ingrats, des pes-tiférés, des ennemis quʼil fallait bientolérer au Parlement, pour Césaireet Cartayée, mais dont il nʼétait pasquestion de citer une phrase, unpropos, voire dʼen faire étudier lamoindre parcelle des œuvres dansles structures scolaires ou universi-taires.

Ne serait-ce que pour cela, enten-dre résonner dans le temple destemples de la grandeur françaisedes fragments mécréants du«grand cri nègre» avait une saveurréjouissante qui nʼexcluait paslʼémotion pure née de la poésieelle-même.

Mais fondamentalement cette « re-connaissance» tardive, commen-cée il est vrai cela fait quelquesannées, est après tout une affairefranco-française dont il nous faut,en tant que Martiniquais-e-s, mesu-rer la portée réelle. Et à regarder laquestion sans esprit critique, lesyeux embués par les paroles su-crées à lʼédulcorant dʼun Sarkozy,on risquerait de contribuer à lʼémas-

culation de ce quʼil y a demeilleur dans le mes-sage césairien. Quoi !Lʼévocation de la vie etde la pensée de Césairene serait quʼun jeu sansconséquences sur lesvaleurs professées parceux qui font mine de ledonner en exemple? Ceserait un simple lot deconsolation quʼon feraitmiroiter sous le regard

de peuples à qui on continue de re-fuser le droit à lʼinitiative historique? Un simple hochet quand on nʼarien dʼautre à offrir ?

Il est bien évident quʼon ne sauraitattendre dʼun gouvernement fran-çais quel quʼil soit de résoudre lesproblèmes qui relèvent de notrepropre initiative. Mais commentpourrait-on supporter lʼhypocrisiede lʼhommage à Césaire lorsquʼici,maintenant, dans la pratique, on faitinjure de façon si évidente à ce àquoi il croyait le plus fort ?

La première décence ne serait-ellepas de reconnaître le point de dé-part obstiné de sa pensée à savoirlʼexistence dʼun peuple appelé lepeuple martiniquais ? Or quʼont-ilsfait les gouvernementsfrançais dans le silence coupablede leurs oppositions ? Ils ont sup-primé dans leur constitution touteréférence aux « peuples» dont laFrance «a la charge» et quʼelle de-vait «conduire à sʼadministrer eux-mêmes» pour remplacer cesnotions par celle de «populations»(par politesse on ne dit plus «peu-plades») pour désigner les peuplesde Martinique, Guadeloupe,Guyane,...»Mal nommer leschoses, disait Camus, ajoute à lamisère du monde». Mal nommerles peuples des dernières colonies,cʼest refuser de les considérercomme des entités avec lesquelleson doit discuter au lieu de décider

pour elles à tout bout de champ. Où est le respect de Césaire danscela ? Où est-il dans lʼobstination à ne pasfaire une réforme aussi banale quela « reconnaissance pleine et en-tière du fait syndical propre auxterres coloniales» ? Où est-il dans le refus de procéderà lʼélection démocratique dʼassem-blées constituantes par lesquellesces peuples diraient les institutionsqui leur conviennent au lieu êtresuspendus aux décisions unilaté-rales dʼun gouvernement-parlementfrançais?

Il y a du chemin à faire avant queCésaire entre vraiment dans leurPanthéon ! Il pourrait alors sansdoute croiser le fer avec le rétablis-seur en chef de lʼesclavage, Napo-léon, et même avec le grand Hugoà qui il dirait lʼhorreur que lui avaitprovoqué la lecture dʼun fameuxdiscours non dénué de pur racismecolonial sur lʼAfrique à aller conqué-rir parce quʼelle nʼest à personne! . Mais laissons le passé .La révo-

lution culturelle que la France doitopérer pour se mettre à la hauteurdu dialogue avec Césaire neconcerne pas hélas que la droite.Cʼest la gauche aussi et jʼose diredʼabord qui doit décoloniser sa pen-sée pour ne pas faire de Césaire unchantre de «lʼunité nationale» fran-çaise comme lʼa laissé échapperFrançois Hollande !

Il est vrai que quand on entend uneSégolène Royal incapable de rete-nir par cœur cette phrase tant répé-tée «ma bouche sera la bouche desmalheurs qui nʼont point debouche» on se dit que la vraie lec-ture ne fait que commencer de lʼau-tre côté de lʼocéan.Il faut un début à tout.

Philippe Pierre-Charles

POUR CESAIRE

Le Progressiste - Page 7 - mercredi 13 avril 2011

POLEMIQUEQUAND L’OMBRE DE CESAIRE ENTRE AU PANTHEON !

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POUR CESAIRE : POÈME

Le Progressiste - Page 8 - mercredi 13 avril 2011

ET LA BOUCHE S’EST TUE

Ce texte a été écrit en 2008, après le décès dʼAimé Césaire ; son auteure le conservait jusquʼà

lʼheure précieusement.

Au bout du petit matin, l’homme, ayant eu son compte de vie, Son plein de vie, son poids de vie,L’homme, ayant partagé avec tous, tout ce qu’il avait reçu, L’homme, ayant donné tout ce qu’il pensait et savait devoir donner,L’homme qui avait bâti la ville, qui avait agrandi la villeEn organisant les mornes avoisinants,En assainissant la valleuse et ses alentours,L’homme diversel, l’aimé des humbles et des autres,Le père des généalogies tronquées,L’homme qui s’était engouffré dans la bataille pour les sans-voix,Pour les sans-bouches,Le sauvage qui emmerdait ceux qui le méprisaient,L’homme, nègre-fondamental, épouseur des continents,L’homme-poète, l’homme-maire, l’homme-visionnaire,Le nègre-laminaire, l’inconsolé,L’homme quitta son pays natal, au bout de ce petit matin d’avrilOù l’heure de lui-même avait sonné.

Oh ! Je n’ai pas été béni-oui-ouiPendant ces longues décennies.Oh ! Non, je n’ai pas lu tous ces livres ni tous ces écrits,Hé oui ! J’ai écouté certains de ses discours,Et il m’est arrivé d’avoir peur, parfois,De l’ambiance exaltée, que dis-je ?De l’ambiance démesurément passionnéeDe ses campagnes électorales.Cependant, je sais que son passage dans cette ville-échouée,Dans ce pays échoué, dans ce monde échoué,Je sais que son passageLaissera une empreinte large, profonde, bien appuyée,Ouverte à tous, offerte à tous.Et je sais aussi que plus d’un y posera ses pasQuand l’heure de lui-même sonneraEt qu’il aura cessé« D’être le jouet sombre au carnaval des autres »Et « dans les champs d’autrui l’épouvantail désuet ».L’arbre est tombé certes, mais regardez…Ne les voyez-vous pas Ces rejetons multiples qui, déjà, poussentTout le long de son tronc étendu ?

Suzy LAGUERRE MASSAL

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HOMMAGE A CESAIRE

AU PANTHEON

Oyez, oyez, gens de toutesraces confondues, nègres ac-courus des mornes sans halte nirépit, jaillis des cannaies assas-sines sans regrets, émergés desplaines buboniques aux plaiesimpatientes, tombés des calesétouffantes et suffocantes, allon-gés dans les plis des talwegs ac-cueillants, nègres de tous temps,hommes de lʼuniverselle soif…

Je vous demande sans tarder,par la voix du tambour sans re-tenue, dʼaccueillir le griot incan-descent, de le descendredélicatement de lʼolympe denotre conscience, où les dieux etles loas lʼavaient placé, pour leposer en ce jour dans la cryptedu temple où le temps figé sou-dain se prépare à émerveillerlʼéternité dʼun nouvel « élu ».«  Il y a un temps pour lʼhom-mage que lʼon rend à autrui,comme il est un temps pourlʼhommage que lʼon reçoit en re-

tour ». Voici donc venu le tempsde lʼhommage de la Nation Fran-çaise à Aimé CESAIRE. Il y eutle film dʼEuzhan PALCY, unetoile grandiose tentant de rendrelʼépure dʼune vie à travers uneœuvre qui, est comme celle detout homme : inachevée. Il y eutla flûte des mornes de Dédé

SAINT-PRIX, mélopée lanci-nante, « berceuse « ourlée lan-cée à lʼâme en déshérence dʼunpeuple orphelin. Il y eut les«  trouvères  », les «  trouba-dours », les « bardes », les « dé-clameurs sans voix », les, griotsenroués, qui parlèrent, déclamè-rent, célébrèrent lʼinstant et lemoment, gravèrent lʼévènementdans le marbre froid de lʼab-surde.Et puis il y eut le silence ; ce si-lence assourdissant que seultroublait lʼécho du tremblementdes hommages conventionnelset autres discours aseptisés,quand «  lʼélu », allongé sur lavérité de lʼéternité, peut se re-mémorer ses mots prophé-tiques : « Je tiens maintenant lesens de lʼordalie ; mon pays estla lance de nuit de mes ancêtresbambaras. Elle se ratatine et sapointe fuit désespérément versle manche. Si cʼest du sang depoulet quʼon lʼarrose, elle dit quedʼest du sang dʼhomme, quʼil fautà son tempérament de lagraisse, du cœur dʼhomme, nondu sang de poulet ».

Lʼhomme CESAIRE, jamaisapaisé, de convulsions saisi, vi-tupérant toujours « Jʼai remontédans mon cœur lʼantique silex, levieil amadou déposé parlʼAfrique au fond de moi-même ».

Serge SOUFFLEUR

POUR CESAIRE

Le Progressiste - Page 9 - mercredi 13 avril 2011

Page 10: Le progressiste n° 2172

Depuis qu'ont été dévoilés,

département par département,

les arbitrages sur la carte sco-

laire pour la rentrée de sep-

tembre 2011, parents d'élèves

et enseignants multiplient les

manifestations, occupations

d'écoles et pétitions. Ferme-

tures de classes et suppres-

sions de postes soulèvent

l'incompréhension et parfois

la colère face à *« une logique

purement comptable »*. Une

logique qui rejoint la stratégie

« managériale » que déve-

loppe depuis une dizaine d'an-

nées le gouvernement pour

tenter d'affaiblir le statut des

enseignants, un corps tradi-

tionnellement revendicatif.

« Dynamique et réactif », « dis-ponible », « grand sens de l'au-torité naturelle, alliant fermeté etsouplesse », « ouverture d'esprit», « capacité à mener des pro-jets », « capacité à innover ».Les exigences des employeurs

qui déposaient à la veille de l'été2010 leurs « fiches de recrute-ment » sur Internet n'étonnentguère. Plus inhabituelle, cepen-dant, est la catégorie profes-sionnelle à laquelle ilss'adressent : les enseignants.Un bouleversement ? Pas vrai-ment.

Depuis une petite dizaine d'an-nées, différents ministres se sontévertués à accommoder le ser-vice public de l'Education natio-nale aux principes dumanagement « moderne ». Avecla volonté d'imiter le modèle derelations sociales du secteurprivé, en transformant chaqueétablissement en petite entre-prise autonome.

Annoncé à bas bruit par le mi-nistre de l'éducation, M.Luc Cha-tel, au cours des Etats générauxde la sécurité à l'école, en avril,le programme Clair (Collèges etlycées pour l'ambition, l'innova-tion et la réussite) constitue ledernier avatar de cette « révolu-tion ».Encore expérimental et restreintà une centaine d'établissements« concentrant le plus de difficul-tésen matière de climat scolaire etde violence », ce dispositifdonne la possibilité aux chefsd'établissement de « recruter lesprofesseurs sur profil ». En d'au-tres termes, les enseignants, ycompris les détenteurs du certifi-cat d'aptitude au professorat del'enseignement du second degré(Capes) ou de l'agrégation, se-ront désormais nommés sanspasser par le mouvement natio-

nal de mutations qui leur garan-tissait depuis des décennies uneindépendance d'action par rap-port à leur direction administra-tive.

Autre mesure essentielle du dis-positif : « Un préfet des étudesest désigné pour chaque niveau.Elément central de la cohérencedes pratiques, du respect des rè-gles communes et de l'implica-tion des familles, il exerce uneresponsabilité sur le plan péda-gogique et éducatif.» Avec lacréation de ces « préfets », sortede contremaîtres, une hiérarchieintermédiaire voit ainsi le jourdans le corps des enseignants,jusqu'à présent relativementégalitaire.

Derrière le prétexte d'uneconsensuelle lutte contre la vio-lence scolaire, « les choses sontclaires, si je peux me permettrece jeu de mots,* grimace M.Willy Leroux, professeur de tech-nologie depuis seize ans àGrande-Synthe, près de Dun-kerque. Cette réforme est làpour remettre en cause notrestatut » un statut hérité des an-nées 1950 (...)

Lire la suite de cet article de Gilles Balbastre,publié dans *Le Monde diplomatique*

d'octobre 2010 : http://www.monde-diploma-tique.fr/2010/10/BALBASTRE/19740

Gilles Balbastre

ÉDUCATION

Le Progressiste - Page 10 - mercredi 13 avril 2011

FERMETURES DE CLASSES ET SUPPRESSIONS DE POSTESFEU SUR LES ENSEIGNANTS

par Gilles Balbastre

Page 11: Le progressiste n° 2172

ÉDUCATION

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Le Progressiste - Page 12 - mercredi 13 avril 2011

COMITÉ DE RÉDACTION :Daniel COMPERE

Jeannie DARSIERESDidier LAGUERRELaurence LEBEAU

Serge SOUFFLEURVictor TISSERAND

Appel du « Progressiste » aux Militants, aux sympathisants, à tous les Démocrates qui lui ont toujoursfait confiance.« Le Progressiste », organe du Parti Progressiste Martiniquais, a besoin de l’aide matérielle, intellectuelle de tous les militants, démocrates et sympathisants. Nous les remercions d’envoyer leursdons (à l’ordre du PPM), leurs articles et leurs suggestions au siège du PPM : - Ancien Réservoir de Trénelle - Fort-de-France.Directeur de la Publication : Daniel [email protected]éléphone du siège du PPM : 0596 71 88 01Site Internet : www.ppm-martinique.frN° de CPPAP : 0511 P 11495

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HISTOIRE

L’INSURRECTION DE MARTINIQUE

Betafe au Theatre Municipal