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Jeudi 8 octobre L’entrepreneuriat journalistique : entre créativité et innovation professionnelle. Patrick Séverin, Journaliste | Instants Productions David Leloup, Journaliste | Médor Damien VanAchter, Mediacker, Journaliste entrepreneur | IHECS

L’entrepreneuriat journalistique : entre créativité et innovation professionnelle par Patrick Séverin | LIEGE CREATIVE, 08.10.15

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Jeudi 8 octobre

L’entrepreneuriat journalistique : entre créativité et innovation professionnelle.

Patrick Séverin, Journaliste | Instants Productions David Leloup, Journaliste | Médor Damien VanAchter, Mediacker, Journaliste entrepreneur | IHECS

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Liege Creative, en partenariat avec :

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L’entrepreneuriat journalistique

@SEVERIN_Patrick

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L’entrepreneuriat journalistique

@SEVERIN_Patrick

artisanat

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Au programme

• Comment je suis passé de journaliste à « entrepreneur » <parcours>

• Pourquoi l’entrepreneuriat journalistique est inévitable<contexte>

• Quel impact sur le métier de journaliste ?<perspectives>

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<parcours>

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Vers l’Avenir

• Journaliste assistant de rédaction

• Journaliste au National à Namur, puis en Local à Liège puis Huy

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Ma punchline Depuis 2007

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ASBL

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L E D O C U M E N T A I R E Q U I D É M A N G E

chômage - profiteurs - activation - ONEM - exclusion - emplois

préc

aire

s - a

liénation -

Un film de Patrick Séverin

www.stop632

.be

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mac

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UN DOCUMENTAIRE TRANSMÉDIASUR LA MENDICITÉ

WWW.SALAUDSDEPAUVRES.BEAvec le soutien de la Région de Bruxelles-Capitale, du Fonds pour le Journalisme et de la Fédération Wallonie-Bruxelles Editeur responsable : Nicolas De Kuyssche - rue Fernand Bernier 40, 1060 BXL Photos : Michaël De Plaen - Design : gaellegrisard

(c) LES EDITIONS DE L’AVENIR S.A. CE JOURNAL EST PROTEGE PAR LE DROIT D’AUTEUR. LA REPRODUCTION DE TOUT ELEMENT (TEXTE, PHOTO, INFOGRAPHIE), PAR QUELQUE MOYEN QUE CE SOIT, EST SOUMISE A AUTORISATION. TEL : +32 81/248.801 FAX : +32 81/222.840

vents migratoires ont tourné25 000 C’est l’estimation

la plus hautedu nombre de Rwandais d’originequi vivraient en Belgique.

L ’ « UTC », Union trade cen-ter, symbole de la croissance« à l’occidentale » de Kigali.

Dans les étages de ce vaste cen-tre commercial, le bureau dePierre Kalinganire. Il y a deuxans, ce jeune homme ambitieuxétait encore en Belgique à se dé-mener pour trouver un emploi.

« Quand j’arrivais dans les agen-ces d’intérim, on me demandait sije cherchais une place d’ouvrier, sesouvient-il. J’essayais alors d’ex-pliquer que j’étais ingénieur indus-triel mais les gens avaient manifes-tement du mal à y croire. C’étaitplutôt choquant. »

Aujourd’hui, il est employépar un grand groupe rwandaisqui n’hésite pas à lui confier desresponsabilités. Pour son projetactuel, c’est un budget de deuxmillions d’euros qu’il a dû gérer.

« En Europe, ça ne serait jamaisarrivé. Quand je vois que mes an-ciens camarades de classes font tou-jours du helpdesk ou du monito-ring dans les sociétés qui les ont en-gagés, je me dis que j’ai vraimentfait le bon choix en décidant de reve-nir au Rwanda. »

Ces opportunités de grimper

les échelons sociaux, ils sontnombreux à les saisir. Arméed’un lourd bagage universitaire,Dalida ne parvenait pas à trou-ver un emploi intéressant cheznous.

« Tout ce qu’on m’avait proposé,c’était de faire du secrétariat pourun marchand de yoghourt. »

Fatiguée de chercher, elle dé-cida d’aller tenter sa chance auRwanda en 2007. Quelques moisplus tard, elle décrochait de hau-tes responsabilités dans l’unedes plus grosses boîtes du pays.

« Je sais très bien que le poste quej’occupe aujourd’hui, je n’aurais ja-mais pu y prétendre en Belgiqueavant d’avoir 45 ou 50 ans. Et en-core, à condition d’avoir de la chan-ce… »

Ces Belges qui reviennent auRwanda ne sont donc pas seule-ment animés par de nobles in-tentions humanitaires. C’estaussi une question de développe-ment personnel.

« Quand on entend parler del’Afrique, c’est toujours dans destermes exotiques ou dramatiques,regrette Dalida. Je trouve ça dom-mage. Il faudrait dire aux gensqu’ici, il se passe aussi des chosesnormales. L’Afrique est un conti-nent comme les autres et il est possi-ble d’y bâtir une carrière aussi inté-ressante qu’en Europe. »

Ce n’est pas Pierre qui lacontredira : « D’ailleurs, dans lespays occidentaux, on ne sait pluscréer un business parce que toutexiste déjà. On ne peut que se cou-ler dans le moule. Au Rwanda,tout est neuf. Tout est à faire. Etpeut-être que dans 20 ans, avec lerecul, on pourra se dire “Eh oui,j’ai participé à ça.” » ■

Marie-Laurence est la fille aînéede Joseph et Jeanne. Elle avaitdeux ans quand ses parentsont quitté le Rwanda pour laBelgique. Pourtant, quand sonpère a émis l’envie de rentrerau bercail, elle fut sa plusfervente supportrice. « J’ai dûrester pour poursuivre mesétudes, explique la jeuneBruxelloise. Mais je regrettaisvraiment de ne pas pouvoir lesaccompagner à Kigali. »

Ses études terminées, ellecherchera d’abord du travail enBelgique «parce que quitte àgalérer, je préfère que ce soit enBelgique plutôt qu’au Rwanda».Mais à long terme, il n’y aaucun doute dans son esprit :« Je veux retourner en Afrique.Là-bas, même si je ne connaispas la langue et que parfois onm’y considère un peu commeune «blanche», je me sens chezmoi. C’est un peu bizarre parceque je n’ai finalement connuque la Belgique dans ma vie. »

Le besoin d’un retour aux

sources joue évidemment unrôle dans cette envie mais cen’est pas l’unique raison.«Beaucoup de jeunes veulentaller travailler en Afrique, sur cecontinent qu’on dit à la dérive.Je crois qu’on est nombreuxdans ma génération à se dire“Est-ce qu’on ne pourrait pasfaire quelque chose pourchanger ça?”»

Le génocide, elle était trop jeunepour comprendre ce qui sepassait. Mais ses parents ontpris le temps de lui expliqueren détail les tristes événementsde 94. Ce qui ne l’empêche pasde rester lucide. « Je ne peuxpas me comparer à ceux quiont vécu ça. Ceux qui n’étaientpas là ne pourront jamaiscomprendre ce qu’il s’y estvraiment passé. Je ne veuxmême pas essayer. Ça resteinaccessible. Comme ces gensqui pardonnent… J’ai descousins qui vont en prisonapporter à manger aux meur-triers de la famille. Cette forcequasi surhumaine me dépassecomplètement…»

Aujourd’hui, Kigali estun vaste chantier où les buildingspoussent à chaque coin de rue.

!PIERRE ET DALIDA!

« En Belgique, ce poste, on ne l’aurait pas eu »

Mille collinesd’AfriqueLe Rwanda est un petit paysd’Afrique centrale coincé entre laRD Congo, le Burundi, la Tanzanieet l’Ouganda, d’une superficietotale un peu inférieure à cellede la Belgique. De par satopographie accidentée, il ahérité du surnom de «Pays desmille collines». Depuis 2007, il estmembre de la Communautéd’Afrique de l’Est et a intégré leCommonwealth fin 2009.

La marque belgeÀ la suite du démembrement del’empire colonial allemand aprèsla Première Guerre mondiale,entre 1916 et 1962, leRuanda-Urundi (territoireconstitué des Rwanda et Burundiactuels) fut administré par laBelgique sous mandat desNations Unies. Sans être unecolonie comme l’était le Congobelge, le pays sera fortementmarqué par l’empreinte belge.

Tristement célèbreSi aujourd’hui tout le mondeconnaît le Rwanda, c’est parcequ’il fut le théâtre du derniergénocide du XXe siècle. Entre le6 avril et le 4 juillet 1994, environ

un million de Rwandais identifiéscomme de l’ethnie tutsi ouopposants au régime en placedominé par l’ethnie hutu ont étémassacrés, le plus souvent àl’arme blanche. Faisant suite à unconflit armé entre les forcesgouvernementales et le FrontPatriotique Rwandais mené parle général Paul Kagame, legénocide a relancé cette guerrequi a vu la victoire du FPR, aupouvoir depuis lors. Lesmeurtriers conflits au Kivu de cesquinze dernières années sontdes conséquences directes dugénocide.

Présidentiellesen 2010Depuis 2000, le Rwanda estprésidé par Paul Kagame,l’homme fort qui a inscrit le payssur la voie d’un développementintensif. Adulé par les uns,accablé par les autres, leprésident se soumettra ausuffrage à l’automne prochainpour ce qui devrait être sondeuxième et dernier mandat.

! !

er jouer un 1er rôle chez soi»

L’UTC, au cœur de Kigali,symbolise à lui seul le nouvelessor de la capitale rwandaise.

VIDEO / Kigali, la Singapourafricaine? Ce serait pour... 2020.

Marie-Laurence : « Un jour, j’y retournerai »

REPÈRES

11SAMEDI 9 JANVIER 2010

(c) LES EDITIONS DE L’AVENIR S.A. CE JOURNAL EST PROTEGE PAR LE DROIT D’AUTEUR. LA REPRODUCTION DE TOUT ELEMENT (TEXTE, PHOTO, INFOGRAPHIE), PAR QUELQUE MOYEN QUE CE SOIT, EST SOUMISE A AUTORISATION. TEL : +32 81/248.801 FAX : +32 81/222.840

! À Kigal i , Patr i ck SÉVERIN

I ls sont Belges. Citoyens à partentière. Certains ont mêmevécu plus longtemps en Europe

que dans leur pays d’origine. Ilsont un chez-soi, un travail, une fa-mille, parfois, qu’ils ont fondée ici.Et pourtant, alors qu’on necompte plus les canots remplisd’Africains s’échouant sur les pla-ges espagnoles pour fuir ce conti-nent qu’on dit maudit, eux, ils ontdécidé de faire le voyage inverse.De rentrer au Rwanda, au cœur del’Afrique, sur les lieux même du gé-nocide qu’ils ont fui en 1994.

« Eux », ils sont nombreux. Trèsnombreux. Cela en fait un phéno-mène sociologique peu courant.

« Je crois qu’il s’agit d’un processusassez unique, explique de Dr JosephMucumbitsi. Dans la majorité descas, on rencontre des modèles de dias-pora où les gens s’exilent, se fixent àl’étranger, s’y développent et organi-sent un flux de devises vers leur paysd’origine. Mais je ne suis pas vrai-ment surpris de voir que le Rwandane suit pas ce modèle. Ce mouvementinverse est rendu possible parce qu’onrevient ici dans un pays qui a une vi-sion, une volonté politique, qui assure

la sécurité et qui est prêt à financerdes projets. »

Quelques gorilles, un beaupays, des tas de citoyens

Quinze ans après le génocide, leRwanda affiche en effet une vita-lité économique plutôt rare dansla région. Celle-ci peut s’expliquerde nombreuses manières maispour Joseph, seule compte la philo-sophie qui sous-tend l’ensemble.

« Nous n’avons que peu de ressour-ces naturelles. Tout ce sur quoi onpeut compter, ce sont quelques gorillesdans les montagnes, un beau pays etun tas de citoyens. Donc, il faut inves-tir dans les gens ! Cet espoir de déve-lopper le Rwanda d’ici 2020, on peutle trouver irréaliste. Je crois pourtant

que c’est là que réside la clé de notresuccès : la possibilité de rêver et de sedire qu’on va y arriver. On ne saitpas très bien comment. On ne sait pasd’où viendra l’argent. Mais ça,comme le dit notre président, c’est unequestion de second plan. »

Bruxelles, une ville rwandaiseLe Rwanda compte à tel point sur

sa diaspora qu’il a créé une institu-tion pour faciliter sa participationau développement.

« Nous considérons d’ailleurs Bruxel-les comme une ville rwandaise, expli-que Robert Masozera, directeur gé-néral de la cellule diaspora.D’après les estimations, il y aurait en-tre 15 000 et 25 000 ressortissantsrwandais en Belgique. Cette popula-tion recèle une grande potentialitépour notre pays. »

Mais toute la diaspora n’est pasfavorable au régime en place. Loinde là. « Tout le monde est le bienvenu,souligne pourtant M. Masozera.Nous devons être inclusifs sous peinede répéter les erreurs du passé. LesRwandais, c’est notre pétrole, notre ri-chesse. Nous ne pouvons pas nous enpasser. Si les membres hostiles de ladiaspora reviennent, on leur mon-trera que notre projet n’est pas simal. »

Avant de conclure avec une éton-nante franchise. « Ce sera aussi plusfacile pour les contrôler. Ils sont plusdangereux de l’extérieur que de l’inté-rieur. » ■

Rwanda : les

À bord de sa grosse voiture,Joseph commente le pay-sage qui défile sous nos

yeux. « Encore un nouveau buil-ding !, s’étonne le médecin. Tousles jours, on commence une nou-velle construction à Kigali. On ditque les Belges ont une brique dansle ventre mais depuis quelques an-nées, les Rwandais rivalisent vrai-ment. »

Accompagné de Jeanne, safemme, et de leur premier bébé,Joseph est arrivé en Belgique en1988 pour une spécialisation enpédiatrie. Dix-sept ans et deuxautres enfants plus tard, la fa-mille Mucumbitsi a fait le che-min inverse. « Au début, la vie àBruxelles était très difficile et nousavions prévu de rentrer au termede ma formation. Heureusement,mon épouse était enceinte à cetteépoque et on a retardé cette éta-pe… »

« Heureusement », car peu detemps après, le génocide devaitravager le Rwanda. D’étudiant,Joseph est devenu réfugié. Puisil a obtenu la nationalité belge.Les années ont passé, les en-fants ont grandi et un certain

confort de vie s’est installé. Mal-gré ça, en 2005, Joseph décided’embarquer toute la famille pourKigali.

« Ce fut une décision très difficile àprendre, se souvient-il. Mais commeje n’avais reçu une bourse que pourvenir étudier en Belgique, je sentaiscomme une dette morale envers monpays. Et puis, il y avait cette envie devenir créer quelque chose ici. Quandon voit le pas de géant accompli endix, quinze ans seulement, on veutnous aussi prendre part à cet effortpour le développement. »

Depuis son retour, il apporte sonexpérience occidentale et travailleactivement à moderniser le sys-tème de santé national. Depuis2006, on parvient d’ailleurs à fairede la chirurgie à cœur ouvert auRwanda. C’était impensableavant. L’une des fiertés de Joseph.

« En Belgique, même très bien inté-gré, je resterai toujours un étranger.Je sais que je ne pourrai jamais y bri-guer une bonne place dans un hôpitaluniversitaire. C’est aussi pourquoi, àun moment donné, on en vient à se de-mander s’il ne vaut pas mieux allerjouer un premier rôle chez soi. »

Revenir vivre dans une ville où

une partie de sa famille a péridans un contexte atroce n’est tou-tefois pas une expérience com-mune.

« Au début, je n’avais pas envie derevenir. Parce que croire que le géno-cide ne recommencera jamais, c’esttrès dur. Je l’espère mais je ne peuxpas l’affirmer. J’ai traversé les violen-ces de 59, de 63 et de 73 et, avant 94,j’ai connu des périodes plus pacifi-ques qu’aujourd’hui, où on pensaitqu’on était tous Rwandais, sans dis-tinction… Et malgré cela, il y a eu legénocide. » ■

L’INFOMONDE

Pat

S.

«R wanda, Vision 2020 :l’immigration à l’en-vers »… Une série de

reportages menés par Frédé-ric Moray (Bel RTL) et PatrickSéverin (free-lance pour lesÉditions de l’Avenir) en colla-boration avec la FondationRoi Baudouin.

Trois vendredis, et trois same-dis, pour tenter de comprendrepourquoi tant de Belges d’ori-gine rwandaise décidentaujourd’hui de rentrer au pays;un plongeon au cœur d’une so-ciété complexe et en pleine mu-

tation.Prochaine thématique :

«Rwanda, la face sombre du dé-veloppement». Une émission àécouter le vendredi 22 janvier,de 19 à 20 h, dans L’Essentiel,sur Bel RTL ; des reportages àlire le samedi 23 janvier dansles quotidiens L’Avenir, Le Jour,Le Courrier. ■

«L’Afrique est un continentcomme les autres. Il est possibled’y bâtir une carrière aussiintéressante qu’en Europe» Dalida

Prochains rendez-vous :vendredi 22 et samedi 23 janvier

H UMEUR

Entre doutes et silence,une société insaisissable

" "

Ce soir, de cette terrasse,Kigali s’étend sous nospieds comme une sombremare où scintillent quelquesmilliers de luciolesdispersées. C’est mon amiequi a choisi le restaurant.Elle est Belge. Mais d’abord,elle est Rwandaise. Elle aquitté le pays en 94, elle adécidé d’y rentrer en 2007.Suivant les circonstances etle jour où je la rencontre, jepeux la trouvercomplètement occidentaleou très africaine.Je commande un steakfrites. J’ai besoin de meraccrocher à une valeursûre. Cela fait deuxsemaines que j’essaie desaisir l’essence de cettesociété rwandaise et je mesens complètementdéboussolé.Mon second reportage surle terrain touche à sa fin,alors je m’ouvre à cetteamie. Elle a une formationen journalisme, peut-êtrepourra-t-elle me rassurer.« Tu sais, j’ai l’impressionque plus j’apprends àconnaître ton pays et taculture, moins je lescomprends. »Sa réponse est pluspertinente que tout ce quej’ai entendu jusque-là aucours de mon périple : «Situ as compris que tu necomprends rien au Rwanda,c’est que tu commences

seulement à lecomprendre.»Au Rwanda, tout estexacerbé, tout estcomplexifié. Le discoursmodéré, balancé est rare. Etpour cause : chaque prisede position, ici, renvoied’une manière ou d’uneautre au million de victimesde 1994 et auxinnombrables qui ont péridans la décennie qui asuivi. Cela dramatise tout.Cela fige les opinions. Toutest noir ou tout est blanc.Pour les uns, par exemple,le président Kagame est unhéros et un visionnaire.Pour les autres, il est undictateur à peine déguiséqui mériterait le titre deplus grands criminels deguerre encore au pouvoir.Et ce qui complique encoreun peu plus les choses,c’est cette loi du silence quirègne partout. Les Rwandaisparlent peu. Pas de ça, entout cas…Par principe et parce que jene comprends pas leRwanda, je ne veux être niblanc, ni noir. Et pour nepas être gris et sanssaveur, il ne me reste quedeux options : renoncer àécrire ou tenter de partagercette complexité à traverscette série. Mon steakarrive. C’est de la semelle.Décidément, rien n’estsimple dans ce pays.

"APRÈS 17 ANS EN BELGIQUE "

Joseph Mucumbitsi, pédiatre : « Repartir, pour all

« Les Rwandais,c’est notrepétrole. Nousne pouvons pasnous en passer. »

Pat

S.

par PatrickSÉVERIN

Développer le système de santéau Rwanda : pour JosephMucumbitsi, un défi excitant.

Fuir le marasme économique pour trouver l’eldoradoau Rwanda... Citoyens belges à part entière, ilssont de plus en plus nombreux à tenter l’aventure.

10 SAMEDI 9 JANVIER 2010

• Documentaires : Des Cendres dans la Tête • Grands reportages : Rwanda, Territoires occupés palestiniens,

Le monde ne tourne pas Rom, Révolution de Jasmin, Ces Wallons qui ont combattu pour l’Allemagne

• Formation pour journalistes : Take your chance, Storylab • Expériences transmédia : BENEVOLES, #SALAUDSDEPAUVRES,

Les Parasites • Pôle de compétences : Espace Liberté

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L E D O C U M E N T A I R E Q U I D É M A N G E

chômage - profiteurs - activation - ONEM - exclusion - emplois

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Un film de Patrick Séverin

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UN DOCUMENTAIRE TRANSMÉDIASUR LA MENDICITÉ

WWW.SALAUDSDEPAUVRES.BEAvec le soutien de la Région de Bruxelles-Capitale, du Fonds pour le Journalisme et de la Fédération Wallonie-Bruxelles Editeur responsable : Nicolas De Kuyssche - rue Fernand Bernier 40, 1060 BXL Photos : Michaël De Plaen - Design : gaellegrisard

(c) LES EDITIONS DE L’AVENIR S.A. CE JOURNAL EST PROTEGE PAR LE DROIT D’AUTEUR. LA REPRODUCTION DE TOUT ELEMENT (TEXTE, PHOTO, INFOGRAPHIE), PAR QUELQUE MOYEN QUE CE SOIT, EST SOUMISE A AUTORISATION. TEL : +32 81/248.801 FAX : +32 81/222.840

vents migratoires ont tourné25 000 C’est l’estimation

la plus hautedu nombre de Rwandais d’originequi vivraient en Belgique.

L ’ « UTC », Union trade cen-ter, symbole de la croissance« à l’occidentale » de Kigali.

Dans les étages de ce vaste cen-tre commercial, le bureau dePierre Kalinganire. Il y a deuxans, ce jeune homme ambitieuxétait encore en Belgique à se dé-mener pour trouver un emploi.

« Quand j’arrivais dans les agen-ces d’intérim, on me demandait sije cherchais une place d’ouvrier, sesouvient-il. J’essayais alors d’ex-pliquer que j’étais ingénieur indus-triel mais les gens avaient manifes-tement du mal à y croire. C’étaitplutôt choquant. »

Aujourd’hui, il est employépar un grand groupe rwandaisqui n’hésite pas à lui confier desresponsabilités. Pour son projetactuel, c’est un budget de deuxmillions d’euros qu’il a dû gérer.

« En Europe, ça ne serait jamaisarrivé. Quand je vois que mes an-ciens camarades de classes font tou-jours du helpdesk ou du monito-ring dans les sociétés qui les ont en-gagés, je me dis que j’ai vraimentfait le bon choix en décidant de reve-nir au Rwanda. »

Ces opportunités de grimper

les échelons sociaux, ils sontnombreux à les saisir. Arméed’un lourd bagage universitaire,Dalida ne parvenait pas à trou-ver un emploi intéressant cheznous.

« Tout ce qu’on m’avait proposé,c’était de faire du secrétariat pourun marchand de yoghourt. »

Fatiguée de chercher, elle dé-cida d’aller tenter sa chance auRwanda en 2007. Quelques moisplus tard, elle décrochait de hau-tes responsabilités dans l’unedes plus grosses boîtes du pays.

« Je sais très bien que le poste quej’occupe aujourd’hui, je n’aurais ja-mais pu y prétendre en Belgiqueavant d’avoir 45 ou 50 ans. Et en-core, à condition d’avoir de la chan-ce… »

Ces Belges qui reviennent auRwanda ne sont donc pas seule-ment animés par de nobles in-tentions humanitaires. C’estaussi une question de développe-ment personnel.

« Quand on entend parler del’Afrique, c’est toujours dans destermes exotiques ou dramatiques,regrette Dalida. Je trouve ça dom-mage. Il faudrait dire aux gensqu’ici, il se passe aussi des chosesnormales. L’Afrique est un conti-nent comme les autres et il est possi-ble d’y bâtir une carrière aussi inté-ressante qu’en Europe. »

Ce n’est pas Pierre qui lacontredira : « D’ailleurs, dans lespays occidentaux, on ne sait pluscréer un business parce que toutexiste déjà. On ne peut que se cou-ler dans le moule. Au Rwanda,tout est neuf. Tout est à faire. Etpeut-être que dans 20 ans, avec lerecul, on pourra se dire “Eh oui,j’ai participé à ça.” » ■

Marie-Laurence est la fille aînéede Joseph et Jeanne. Elle avaitdeux ans quand ses parentsont quitté le Rwanda pour laBelgique. Pourtant, quand sonpère a émis l’envie de rentrerau bercail, elle fut sa plusfervente supportrice. « J’ai dûrester pour poursuivre mesétudes, explique la jeuneBruxelloise. Mais je regrettaisvraiment de ne pas pouvoir lesaccompagner à Kigali. »

Ses études terminées, ellecherchera d’abord du travail enBelgique «parce que quitte àgalérer, je préfère que ce soit enBelgique plutôt qu’au Rwanda».Mais à long terme, il n’y aaucun doute dans son esprit :« Je veux retourner en Afrique.Là-bas, même si je ne connaispas la langue et que parfois onm’y considère un peu commeune «blanche», je me sens chezmoi. C’est un peu bizarre parceque je n’ai finalement connuque la Belgique dans ma vie. »

Le besoin d’un retour aux

sources joue évidemment unrôle dans cette envie mais cen’est pas l’unique raison.«Beaucoup de jeunes veulentaller travailler en Afrique, sur cecontinent qu’on dit à la dérive.Je crois qu’on est nombreuxdans ma génération à se dire“Est-ce qu’on ne pourrait pasfaire quelque chose pourchanger ça?”»

Le génocide, elle était trop jeunepour comprendre ce qui sepassait. Mais ses parents ontpris le temps de lui expliqueren détail les tristes événementsde 94. Ce qui ne l’empêche pasde rester lucide. « Je ne peuxpas me comparer à ceux quiont vécu ça. Ceux qui n’étaientpas là ne pourront jamaiscomprendre ce qu’il s’y estvraiment passé. Je ne veuxmême pas essayer. Ça resteinaccessible. Comme ces gensqui pardonnent… J’ai descousins qui vont en prisonapporter à manger aux meur-triers de la famille. Cette forcequasi surhumaine me dépassecomplètement…»

Aujourd’hui, Kigali estun vaste chantier où les buildingspoussent à chaque coin de rue.

!PIERRE ET DALIDA!

« En Belgique, ce poste, on ne l’aurait pas eu »

Mille collinesd’AfriqueLe Rwanda est un petit paysd’Afrique centrale coincé entre laRD Congo, le Burundi, la Tanzanieet l’Ouganda, d’une superficietotale un peu inférieure à cellede la Belgique. De par satopographie accidentée, il ahérité du surnom de «Pays desmille collines». Depuis 2007, il estmembre de la Communautéd’Afrique de l’Est et a intégré leCommonwealth fin 2009.

La marque belgeÀ la suite du démembrement del’empire colonial allemand aprèsla Première Guerre mondiale,entre 1916 et 1962, leRuanda-Urundi (territoireconstitué des Rwanda et Burundiactuels) fut administré par laBelgique sous mandat desNations Unies. Sans être unecolonie comme l’était le Congobelge, le pays sera fortementmarqué par l’empreinte belge.

Tristement célèbreSi aujourd’hui tout le mondeconnaît le Rwanda, c’est parcequ’il fut le théâtre du derniergénocide du XXe siècle. Entre le6 avril et le 4 juillet 1994, environ

un million de Rwandais identifiéscomme de l’ethnie tutsi ouopposants au régime en placedominé par l’ethnie hutu ont étémassacrés, le plus souvent àl’arme blanche. Faisant suite à unconflit armé entre les forcesgouvernementales et le FrontPatriotique Rwandais mené parle général Paul Kagame, legénocide a relancé cette guerrequi a vu la victoire du FPR, aupouvoir depuis lors. Lesmeurtriers conflits au Kivu de cesquinze dernières années sontdes conséquences directes dugénocide.

Présidentiellesen 2010Depuis 2000, le Rwanda estprésidé par Paul Kagame,l’homme fort qui a inscrit le payssur la voie d’un développementintensif. Adulé par les uns,accablé par les autres, leprésident se soumettra ausuffrage à l’automne prochainpour ce qui devrait être sondeuxième et dernier mandat.

! !

er jouer un 1er rôle chez soi»

L’UTC, au cœur de Kigali,symbolise à lui seul le nouvelessor de la capitale rwandaise.

VIDEO / Kigali, la Singapourafricaine? Ce serait pour... 2020.

Marie-Laurence : « Un jour, j’y retournerai »

REPÈRES

11SAMEDI 9 JANVIER 2010

(c) LES EDITIONS DE L’AVENIR S.A. CE JOURNAL EST PROTEGE PAR LE DROIT D’AUTEUR. LA REPRODUCTION DE TOUT ELEMENT (TEXTE, PHOTO, INFOGRAPHIE), PAR QUELQUE MOYEN QUE CE SOIT, EST SOUMISE A AUTORISATION. TEL : +32 81/248.801 FAX : +32 81/222.840

! À Kigal i , Patr i ck SÉVERIN

I ls sont Belges. Citoyens à partentière. Certains ont mêmevécu plus longtemps en Europe

que dans leur pays d’origine. Ilsont un chez-soi, un travail, une fa-mille, parfois, qu’ils ont fondée ici.Et pourtant, alors qu’on necompte plus les canots remplisd’Africains s’échouant sur les pla-ges espagnoles pour fuir ce conti-nent qu’on dit maudit, eux, ils ontdécidé de faire le voyage inverse.De rentrer au Rwanda, au cœur del’Afrique, sur les lieux même du gé-nocide qu’ils ont fui en 1994.

« Eux », ils sont nombreux. Trèsnombreux. Cela en fait un phéno-mène sociologique peu courant.

« Je crois qu’il s’agit d’un processusassez unique, explique de Dr JosephMucumbitsi. Dans la majorité descas, on rencontre des modèles de dias-pora où les gens s’exilent, se fixent àl’étranger, s’y développent et organi-sent un flux de devises vers leur paysd’origine. Mais je ne suis pas vrai-ment surpris de voir que le Rwandane suit pas ce modèle. Ce mouvementinverse est rendu possible parce qu’onrevient ici dans un pays qui a une vi-sion, une volonté politique, qui assure

la sécurité et qui est prêt à financerdes projets. »

Quelques gorilles, un beaupays, des tas de citoyens

Quinze ans après le génocide, leRwanda affiche en effet une vita-lité économique plutôt rare dansla région. Celle-ci peut s’expliquerde nombreuses manières maispour Joseph, seule compte la philo-sophie qui sous-tend l’ensemble.

« Nous n’avons que peu de ressour-ces naturelles. Tout ce sur quoi onpeut compter, ce sont quelques gorillesdans les montagnes, un beau pays etun tas de citoyens. Donc, il faut inves-tir dans les gens ! Cet espoir de déve-lopper le Rwanda d’ici 2020, on peutle trouver irréaliste. Je crois pourtant

que c’est là que réside la clé de notresuccès : la possibilité de rêver et de sedire qu’on va y arriver. On ne saitpas très bien comment. On ne sait pasd’où viendra l’argent. Mais ça,comme le dit notre président, c’est unequestion de second plan. »

Bruxelles, une ville rwandaiseLe Rwanda compte à tel point sur

sa diaspora qu’il a créé une institu-tion pour faciliter sa participationau développement.

« Nous considérons d’ailleurs Bruxel-les comme une ville rwandaise, expli-que Robert Masozera, directeur gé-néral de la cellule diaspora.D’après les estimations, il y aurait en-tre 15 000 et 25 000 ressortissantsrwandais en Belgique. Cette popula-tion recèle une grande potentialitépour notre pays. »

Mais toute la diaspora n’est pasfavorable au régime en place. Loinde là. « Tout le monde est le bienvenu,souligne pourtant M. Masozera.Nous devons être inclusifs sous peinede répéter les erreurs du passé. LesRwandais, c’est notre pétrole, notre ri-chesse. Nous ne pouvons pas nous enpasser. Si les membres hostiles de ladiaspora reviennent, on leur mon-trera que notre projet n’est pas simal. »

Avant de conclure avec une éton-nante franchise. « Ce sera aussi plusfacile pour les contrôler. Ils sont plusdangereux de l’extérieur que de l’inté-rieur. » ■

Rwanda : les

À bord de sa grosse voiture,Joseph commente le pay-sage qui défile sous nos

yeux. « Encore un nouveau buil-ding !, s’étonne le médecin. Tousles jours, on commence une nou-velle construction à Kigali. On ditque les Belges ont une brique dansle ventre mais depuis quelques an-nées, les Rwandais rivalisent vrai-ment. »

Accompagné de Jeanne, safemme, et de leur premier bébé,Joseph est arrivé en Belgique en1988 pour une spécialisation enpédiatrie. Dix-sept ans et deuxautres enfants plus tard, la fa-mille Mucumbitsi a fait le che-min inverse. « Au début, la vie àBruxelles était très difficile et nousavions prévu de rentrer au termede ma formation. Heureusement,mon épouse était enceinte à cetteépoque et on a retardé cette éta-pe… »

« Heureusement », car peu detemps après, le génocide devaitravager le Rwanda. D’étudiant,Joseph est devenu réfugié. Puisil a obtenu la nationalité belge.Les années ont passé, les en-fants ont grandi et un certain

confort de vie s’est installé. Mal-gré ça, en 2005, Joseph décided’embarquer toute la famille pourKigali.

« Ce fut une décision très difficile àprendre, se souvient-il. Mais commeje n’avais reçu une bourse que pourvenir étudier en Belgique, je sentaiscomme une dette morale envers monpays. Et puis, il y avait cette envie devenir créer quelque chose ici. Quandon voit le pas de géant accompli endix, quinze ans seulement, on veutnous aussi prendre part à cet effortpour le développement. »

Depuis son retour, il apporte sonexpérience occidentale et travailleactivement à moderniser le sys-tème de santé national. Depuis2006, on parvient d’ailleurs à fairede la chirurgie à cœur ouvert auRwanda. C’était impensableavant. L’une des fiertés de Joseph.

« En Belgique, même très bien inté-gré, je resterai toujours un étranger.Je sais que je ne pourrai jamais y bri-guer une bonne place dans un hôpitaluniversitaire. C’est aussi pourquoi, àun moment donné, on en vient à se de-mander s’il ne vaut pas mieux allerjouer un premier rôle chez soi. »

Revenir vivre dans une ville où

une partie de sa famille a péridans un contexte atroce n’est tou-tefois pas une expérience com-mune.

« Au début, je n’avais pas envie derevenir. Parce que croire que le géno-cide ne recommencera jamais, c’esttrès dur. Je l’espère mais je ne peuxpas l’affirmer. J’ai traversé les violen-ces de 59, de 63 et de 73 et, avant 94,j’ai connu des périodes plus pacifi-ques qu’aujourd’hui, où on pensaitqu’on était tous Rwandais, sans dis-tinction… Et malgré cela, il y a eu legénocide. » ■

L’INFOMONDE

Pat

S.

«R wanda, Vision 2020 :l’immigration à l’en-vers »… Une série de

reportages menés par Frédé-ric Moray (Bel RTL) et PatrickSéverin (free-lance pour lesÉditions de l’Avenir) en colla-boration avec la FondationRoi Baudouin.

Trois vendredis, et trois same-dis, pour tenter de comprendrepourquoi tant de Belges d’ori-gine rwandaise décidentaujourd’hui de rentrer au pays;un plongeon au cœur d’une so-ciété complexe et en pleine mu-

tation.Prochaine thématique :

«Rwanda, la face sombre du dé-veloppement». Une émission àécouter le vendredi 22 janvier,de 19 à 20 h, dans L’Essentiel,sur Bel RTL ; des reportages àlire le samedi 23 janvier dansles quotidiens L’Avenir, Le Jour,Le Courrier. ■

«L’Afrique est un continentcomme les autres. Il est possibled’y bâtir une carrière aussiintéressante qu’en Europe» Dalida

Prochains rendez-vous :vendredi 22 et samedi 23 janvier

H UMEUR

Entre doutes et silence,une société insaisissable

" "

Ce soir, de cette terrasse,Kigali s’étend sous nospieds comme une sombremare où scintillent quelquesmilliers de luciolesdispersées. C’est mon amiequi a choisi le restaurant.Elle est Belge. Mais d’abord,elle est Rwandaise. Elle aquitté le pays en 94, elle adécidé d’y rentrer en 2007.Suivant les circonstances etle jour où je la rencontre, jepeux la trouvercomplètement occidentaleou très africaine.Je commande un steakfrites. J’ai besoin de meraccrocher à une valeursûre. Cela fait deuxsemaines que j’essaie desaisir l’essence de cettesociété rwandaise et je mesens complètementdéboussolé.Mon second reportage surle terrain touche à sa fin,alors je m’ouvre à cetteamie. Elle a une formationen journalisme, peut-êtrepourra-t-elle me rassurer.« Tu sais, j’ai l’impressionque plus j’apprends àconnaître ton pays et taculture, moins je lescomprends. »Sa réponse est pluspertinente que tout ce quej’ai entendu jusque-là aucours de mon périple : «Situ as compris que tu necomprends rien au Rwanda,c’est que tu commences

seulement à lecomprendre.»Au Rwanda, tout estexacerbé, tout estcomplexifié. Le discoursmodéré, balancé est rare. Etpour cause : chaque prisede position, ici, renvoied’une manière ou d’uneautre au million de victimesde 1994 et auxinnombrables qui ont péridans la décennie qui asuivi. Cela dramatise tout.Cela fige les opinions. Toutest noir ou tout est blanc.Pour les uns, par exemple,le président Kagame est unhéros et un visionnaire.Pour les autres, il est undictateur à peine déguiséqui mériterait le titre deplus grands criminels deguerre encore au pouvoir.Et ce qui complique encoreun peu plus les choses,c’est cette loi du silence quirègne partout. Les Rwandaisparlent peu. Pas de ça, entout cas…Par principe et parce que jene comprends pas leRwanda, je ne veux être niblanc, ni noir. Et pour nepas être gris et sanssaveur, il ne me reste quedeux options : renoncer àécrire ou tenter de partagercette complexité à traverscette série. Mon steakarrive. C’est de la semelle.Décidément, rien n’estsimple dans ce pays.

"APRÈS 17 ANS EN BELGIQUE "

Joseph Mucumbitsi, pédiatre : « Repartir, pour all

« Les Rwandais,c’est notrepétrole. Nousne pouvons pasnous en passer. »

Pat

S.

par PatrickSÉVERIN

Développer le système de santéau Rwanda : pour JosephMucumbitsi, un défi excitant.

Fuir le marasme économique pour trouver l’eldoradoau Rwanda... Citoyens belges à part entière, ilssont de plus en plus nombreux à tenter l’aventure.

10 SAMEDI 9 JANVIER 2010

• Métiers : Journaliste • Mais aussi : réalisateur, producteur, cadreur, monteur,

coordinateur, concepteur, community manager,… !• Mais encore : manager, PR, GRH, voire commercial…

Page 12: L’entrepreneuriat journalistique : entre créativité et innovation professionnelle par Patrick Séverin | LIEGE CREATIVE, 08.10.15

L E D O C U M E N T A I R E Q U I D É M A N G E

chômage - profiteurs - activation - ONEM - exclusion - emplois

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Un film de Patrick Séverin

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UN DOCUMENTAIRE TRANSMÉDIASUR LA MENDICITÉ

WWW.SALAUDSDEPAUVRES.BEAvec le soutien de la Région de Bruxelles-Capitale, du Fonds pour le Journalisme et de la Fédération Wallonie-Bruxelles Editeur responsable : Nicolas De Kuyssche - rue Fernand Bernier 40, 1060 BXL Photos : Michaël De Plaen - Design : gaellegrisard

(c) LES EDITIONS DE L’AVENIR S.A. CE JOURNAL EST PROTEGE PAR LE DROIT D’AUTEUR. LA REPRODUCTION DE TOUT ELEMENT (TEXTE, PHOTO, INFOGRAPHIE), PAR QUELQUE MOYEN QUE CE SOIT, EST SOUMISE A AUTORISATION. TEL : +32 81/248.801 FAX : +32 81/222.840

vents migratoires ont tourné25 000 C’est l’estimation

la plus hautedu nombre de Rwandais d’originequi vivraient en Belgique.

L ’ « UTC », Union trade cen-ter, symbole de la croissance« à l’occidentale » de Kigali.

Dans les étages de ce vaste cen-tre commercial, le bureau dePierre Kalinganire. Il y a deuxans, ce jeune homme ambitieuxétait encore en Belgique à se dé-mener pour trouver un emploi.

« Quand j’arrivais dans les agen-ces d’intérim, on me demandait sije cherchais une place d’ouvrier, sesouvient-il. J’essayais alors d’ex-pliquer que j’étais ingénieur indus-triel mais les gens avaient manifes-tement du mal à y croire. C’étaitplutôt choquant. »

Aujourd’hui, il est employépar un grand groupe rwandaisqui n’hésite pas à lui confier desresponsabilités. Pour son projetactuel, c’est un budget de deuxmillions d’euros qu’il a dû gérer.

« En Europe, ça ne serait jamaisarrivé. Quand je vois que mes an-ciens camarades de classes font tou-jours du helpdesk ou du monito-ring dans les sociétés qui les ont en-gagés, je me dis que j’ai vraimentfait le bon choix en décidant de reve-nir au Rwanda. »

Ces opportunités de grimper

les échelons sociaux, ils sontnombreux à les saisir. Arméed’un lourd bagage universitaire,Dalida ne parvenait pas à trou-ver un emploi intéressant cheznous.

« Tout ce qu’on m’avait proposé,c’était de faire du secrétariat pourun marchand de yoghourt. »

Fatiguée de chercher, elle dé-cida d’aller tenter sa chance auRwanda en 2007. Quelques moisplus tard, elle décrochait de hau-tes responsabilités dans l’unedes plus grosses boîtes du pays.

« Je sais très bien que le poste quej’occupe aujourd’hui, je n’aurais ja-mais pu y prétendre en Belgiqueavant d’avoir 45 ou 50 ans. Et en-core, à condition d’avoir de la chan-ce… »

Ces Belges qui reviennent auRwanda ne sont donc pas seule-ment animés par de nobles in-tentions humanitaires. C’estaussi une question de développe-ment personnel.

« Quand on entend parler del’Afrique, c’est toujours dans destermes exotiques ou dramatiques,regrette Dalida. Je trouve ça dom-mage. Il faudrait dire aux gensqu’ici, il se passe aussi des chosesnormales. L’Afrique est un conti-nent comme les autres et il est possi-ble d’y bâtir une carrière aussi inté-ressante qu’en Europe. »

Ce n’est pas Pierre qui lacontredira : « D’ailleurs, dans lespays occidentaux, on ne sait pluscréer un business parce que toutexiste déjà. On ne peut que se cou-ler dans le moule. Au Rwanda,tout est neuf. Tout est à faire. Etpeut-être que dans 20 ans, avec lerecul, on pourra se dire “Eh oui,j’ai participé à ça.” » ■

Marie-Laurence est la fille aînéede Joseph et Jeanne. Elle avaitdeux ans quand ses parentsont quitté le Rwanda pour laBelgique. Pourtant, quand sonpère a émis l’envie de rentrerau bercail, elle fut sa plusfervente supportrice. « J’ai dûrester pour poursuivre mesétudes, explique la jeuneBruxelloise. Mais je regrettaisvraiment de ne pas pouvoir lesaccompagner à Kigali. »

Ses études terminées, ellecherchera d’abord du travail enBelgique «parce que quitte àgalérer, je préfère que ce soit enBelgique plutôt qu’au Rwanda».Mais à long terme, il n’y aaucun doute dans son esprit :« Je veux retourner en Afrique.Là-bas, même si je ne connaispas la langue et que parfois onm’y considère un peu commeune «blanche», je me sens chezmoi. C’est un peu bizarre parceque je n’ai finalement connuque la Belgique dans ma vie. »

Le besoin d’un retour aux

sources joue évidemment unrôle dans cette envie mais cen’est pas l’unique raison.«Beaucoup de jeunes veulentaller travailler en Afrique, sur cecontinent qu’on dit à la dérive.Je crois qu’on est nombreuxdans ma génération à se dire“Est-ce qu’on ne pourrait pasfaire quelque chose pourchanger ça?”»

Le génocide, elle était trop jeunepour comprendre ce qui sepassait. Mais ses parents ontpris le temps de lui expliqueren détail les tristes événementsde 94. Ce qui ne l’empêche pasde rester lucide. « Je ne peuxpas me comparer à ceux quiont vécu ça. Ceux qui n’étaientpas là ne pourront jamaiscomprendre ce qu’il s’y estvraiment passé. Je ne veuxmême pas essayer. Ça resteinaccessible. Comme ces gensqui pardonnent… J’ai descousins qui vont en prisonapporter à manger aux meur-triers de la famille. Cette forcequasi surhumaine me dépassecomplètement…»

Aujourd’hui, Kigali estun vaste chantier où les buildingspoussent à chaque coin de rue.

!PIERRE ET DALIDA!

« En Belgique, ce poste, on ne l’aurait pas eu »

Mille collinesd’AfriqueLe Rwanda est un petit paysd’Afrique centrale coincé entre laRD Congo, le Burundi, la Tanzanieet l’Ouganda, d’une superficietotale un peu inférieure à cellede la Belgique. De par satopographie accidentée, il ahérité du surnom de «Pays desmille collines». Depuis 2007, il estmembre de la Communautéd’Afrique de l’Est et a intégré leCommonwealth fin 2009.

La marque belgeÀ la suite du démembrement del’empire colonial allemand aprèsla Première Guerre mondiale,entre 1916 et 1962, leRuanda-Urundi (territoireconstitué des Rwanda et Burundiactuels) fut administré par laBelgique sous mandat desNations Unies. Sans être unecolonie comme l’était le Congobelge, le pays sera fortementmarqué par l’empreinte belge.

Tristement célèbreSi aujourd’hui tout le mondeconnaît le Rwanda, c’est parcequ’il fut le théâtre du derniergénocide du XXe siècle. Entre le6 avril et le 4 juillet 1994, environ

un million de Rwandais identifiéscomme de l’ethnie tutsi ouopposants au régime en placedominé par l’ethnie hutu ont étémassacrés, le plus souvent àl’arme blanche. Faisant suite à unconflit armé entre les forcesgouvernementales et le FrontPatriotique Rwandais mené parle général Paul Kagame, legénocide a relancé cette guerrequi a vu la victoire du FPR, aupouvoir depuis lors. Lesmeurtriers conflits au Kivu de cesquinze dernières années sontdes conséquences directes dugénocide.

Présidentiellesen 2010Depuis 2000, le Rwanda estprésidé par Paul Kagame,l’homme fort qui a inscrit le payssur la voie d’un développementintensif. Adulé par les uns,accablé par les autres, leprésident se soumettra ausuffrage à l’automne prochainpour ce qui devrait être sondeuxième et dernier mandat.

! !

er jouer un 1er rôle chez soi»

L’UTC, au cœur de Kigali,symbolise à lui seul le nouvelessor de la capitale rwandaise.

VIDEO / Kigali, la Singapourafricaine? Ce serait pour... 2020.

Marie-Laurence : « Un jour, j’y retournerai »

REPÈRES

11SAMEDI 9 JANVIER 2010

(c) LES EDITIONS DE L’AVENIR S.A. CE JOURNAL EST PROTEGE PAR LE DROIT D’AUTEUR. LA REPRODUCTION DE TOUT ELEMENT (TEXTE, PHOTO, INFOGRAPHIE), PAR QUELQUE MOYEN QUE CE SOIT, EST SOUMISE A AUTORISATION. TEL : +32 81/248.801 FAX : +32 81/222.840

! À Kigal i , Patr i ck SÉVERIN

I ls sont Belges. Citoyens à partentière. Certains ont mêmevécu plus longtemps en Europe

que dans leur pays d’origine. Ilsont un chez-soi, un travail, une fa-mille, parfois, qu’ils ont fondée ici.Et pourtant, alors qu’on necompte plus les canots remplisd’Africains s’échouant sur les pla-ges espagnoles pour fuir ce conti-nent qu’on dit maudit, eux, ils ontdécidé de faire le voyage inverse.De rentrer au Rwanda, au cœur del’Afrique, sur les lieux même du gé-nocide qu’ils ont fui en 1994.

« Eux », ils sont nombreux. Trèsnombreux. Cela en fait un phéno-mène sociologique peu courant.

« Je crois qu’il s’agit d’un processusassez unique, explique de Dr JosephMucumbitsi. Dans la majorité descas, on rencontre des modèles de dias-pora où les gens s’exilent, se fixent àl’étranger, s’y développent et organi-sent un flux de devises vers leur paysd’origine. Mais je ne suis pas vrai-ment surpris de voir que le Rwandane suit pas ce modèle. Ce mouvementinverse est rendu possible parce qu’onrevient ici dans un pays qui a une vi-sion, une volonté politique, qui assure

la sécurité et qui est prêt à financerdes projets. »

Quelques gorilles, un beaupays, des tas de citoyens

Quinze ans après le génocide, leRwanda affiche en effet une vita-lité économique plutôt rare dansla région. Celle-ci peut s’expliquerde nombreuses manières maispour Joseph, seule compte la philo-sophie qui sous-tend l’ensemble.

« Nous n’avons que peu de ressour-ces naturelles. Tout ce sur quoi onpeut compter, ce sont quelques gorillesdans les montagnes, un beau pays etun tas de citoyens. Donc, il faut inves-tir dans les gens ! Cet espoir de déve-lopper le Rwanda d’ici 2020, on peutle trouver irréaliste. Je crois pourtant

que c’est là que réside la clé de notresuccès : la possibilité de rêver et de sedire qu’on va y arriver. On ne saitpas très bien comment. On ne sait pasd’où viendra l’argent. Mais ça,comme le dit notre président, c’est unequestion de second plan. »

Bruxelles, une ville rwandaiseLe Rwanda compte à tel point sur

sa diaspora qu’il a créé une institu-tion pour faciliter sa participationau développement.

« Nous considérons d’ailleurs Bruxel-les comme une ville rwandaise, expli-que Robert Masozera, directeur gé-néral de la cellule diaspora.D’après les estimations, il y aurait en-tre 15 000 et 25 000 ressortissantsrwandais en Belgique. Cette popula-tion recèle une grande potentialitépour notre pays. »

Mais toute la diaspora n’est pasfavorable au régime en place. Loinde là. « Tout le monde est le bienvenu,souligne pourtant M. Masozera.Nous devons être inclusifs sous peinede répéter les erreurs du passé. LesRwandais, c’est notre pétrole, notre ri-chesse. Nous ne pouvons pas nous enpasser. Si les membres hostiles de ladiaspora reviennent, on leur mon-trera que notre projet n’est pas simal. »

Avant de conclure avec une éton-nante franchise. « Ce sera aussi plusfacile pour les contrôler. Ils sont plusdangereux de l’extérieur que de l’inté-rieur. » ■

Rwanda : les

À bord de sa grosse voiture,Joseph commente le pay-sage qui défile sous nos

yeux. « Encore un nouveau buil-ding !, s’étonne le médecin. Tousles jours, on commence une nou-velle construction à Kigali. On ditque les Belges ont une brique dansle ventre mais depuis quelques an-nées, les Rwandais rivalisent vrai-ment. »

Accompagné de Jeanne, safemme, et de leur premier bébé,Joseph est arrivé en Belgique en1988 pour une spécialisation enpédiatrie. Dix-sept ans et deuxautres enfants plus tard, la fa-mille Mucumbitsi a fait le che-min inverse. « Au début, la vie àBruxelles était très difficile et nousavions prévu de rentrer au termede ma formation. Heureusement,mon épouse était enceinte à cetteépoque et on a retardé cette éta-pe… »

« Heureusement », car peu detemps après, le génocide devaitravager le Rwanda. D’étudiant,Joseph est devenu réfugié. Puisil a obtenu la nationalité belge.Les années ont passé, les en-fants ont grandi et un certain

confort de vie s’est installé. Mal-gré ça, en 2005, Joseph décided’embarquer toute la famille pourKigali.

« Ce fut une décision très difficile àprendre, se souvient-il. Mais commeje n’avais reçu une bourse que pourvenir étudier en Belgique, je sentaiscomme une dette morale envers monpays. Et puis, il y avait cette envie devenir créer quelque chose ici. Quandon voit le pas de géant accompli endix, quinze ans seulement, on veutnous aussi prendre part à cet effortpour le développement. »

Depuis son retour, il apporte sonexpérience occidentale et travailleactivement à moderniser le sys-tème de santé national. Depuis2006, on parvient d’ailleurs à fairede la chirurgie à cœur ouvert auRwanda. C’était impensableavant. L’une des fiertés de Joseph.

« En Belgique, même très bien inté-gré, je resterai toujours un étranger.Je sais que je ne pourrai jamais y bri-guer une bonne place dans un hôpitaluniversitaire. C’est aussi pourquoi, àun moment donné, on en vient à se de-mander s’il ne vaut pas mieux allerjouer un premier rôle chez soi. »

Revenir vivre dans une ville où

une partie de sa famille a péridans un contexte atroce n’est tou-tefois pas une expérience com-mune.

« Au début, je n’avais pas envie derevenir. Parce que croire que le géno-cide ne recommencera jamais, c’esttrès dur. Je l’espère mais je ne peuxpas l’affirmer. J’ai traversé les violen-ces de 59, de 63 et de 73 et, avant 94,j’ai connu des périodes plus pacifi-ques qu’aujourd’hui, où on pensaitqu’on était tous Rwandais, sans dis-tinction… Et malgré cela, il y a eu legénocide. » ■

L’INFOMONDE

Pat

S.

«R wanda, Vision 2020 :l’immigration à l’en-vers »… Une série de

reportages menés par Frédé-ric Moray (Bel RTL) et PatrickSéverin (free-lance pour lesÉditions de l’Avenir) en colla-boration avec la FondationRoi Baudouin.

Trois vendredis, et trois same-dis, pour tenter de comprendrepourquoi tant de Belges d’ori-gine rwandaise décidentaujourd’hui de rentrer au pays;un plongeon au cœur d’une so-ciété complexe et en pleine mu-

tation.Prochaine thématique :

«Rwanda, la face sombre du dé-veloppement». Une émission àécouter le vendredi 22 janvier,de 19 à 20 h, dans L’Essentiel,sur Bel RTL ; des reportages àlire le samedi 23 janvier dansles quotidiens L’Avenir, Le Jour,Le Courrier. ■

«L’Afrique est un continentcomme les autres. Il est possibled’y bâtir une carrière aussiintéressante qu’en Europe» Dalida

Prochains rendez-vous :vendredi 22 et samedi 23 janvier

H UMEUR

Entre doutes et silence,une société insaisissable

" "

Ce soir, de cette terrasse,Kigali s’étend sous nospieds comme une sombremare où scintillent quelquesmilliers de luciolesdispersées. C’est mon amiequi a choisi le restaurant.Elle est Belge. Mais d’abord,elle est Rwandaise. Elle aquitté le pays en 94, elle adécidé d’y rentrer en 2007.Suivant les circonstances etle jour où je la rencontre, jepeux la trouvercomplètement occidentaleou très africaine.Je commande un steakfrites. J’ai besoin de meraccrocher à une valeursûre. Cela fait deuxsemaines que j’essaie desaisir l’essence de cettesociété rwandaise et je mesens complètementdéboussolé.Mon second reportage surle terrain touche à sa fin,alors je m’ouvre à cetteamie. Elle a une formationen journalisme, peut-êtrepourra-t-elle me rassurer.« Tu sais, j’ai l’impressionque plus j’apprends àconnaître ton pays et taculture, moins je lescomprends. »Sa réponse est pluspertinente que tout ce quej’ai entendu jusque-là aucours de mon périple : «Situ as compris que tu necomprends rien au Rwanda,c’est que tu commences

seulement à lecomprendre.»Au Rwanda, tout estexacerbé, tout estcomplexifié. Le discoursmodéré, balancé est rare. Etpour cause : chaque prisede position, ici, renvoied’une manière ou d’uneautre au million de victimesde 1994 et auxinnombrables qui ont péridans la décennie qui asuivi. Cela dramatise tout.Cela fige les opinions. Toutest noir ou tout est blanc.Pour les uns, par exemple,le président Kagame est unhéros et un visionnaire.Pour les autres, il est undictateur à peine déguiséqui mériterait le titre deplus grands criminels deguerre encore au pouvoir.Et ce qui complique encoreun peu plus les choses,c’est cette loi du silence quirègne partout. Les Rwandaisparlent peu. Pas de ça, entout cas…Par principe et parce que jene comprends pas leRwanda, je ne veux être niblanc, ni noir. Et pour nepas être gris et sanssaveur, il ne me reste quedeux options : renoncer àécrire ou tenter de partagercette complexité à traverscette série. Mon steakarrive. C’est de la semelle.Décidément, rien n’estsimple dans ce pays.

"APRÈS 17 ANS EN BELGIQUE "

Joseph Mucumbitsi, pédiatre : « Repartir, pour all

« Les Rwandais,c’est notrepétrole. Nousne pouvons pasnous en passer. »

Pat

S.

par PatrickSÉVERIN

Développer le système de santéau Rwanda : pour JosephMucumbitsi, un défi excitant.

Fuir le marasme économique pour trouver l’eldoradoau Rwanda... Citoyens belges à part entière, ilssont de plus en plus nombreux à tenter l’aventure.

10 SAMEDI 9 JANVIER 2010

• Prix de la Presse Belfius - Radio 2011 • Prix de la Presse Belfius - Radio 2014 • Prix de la Presse Belfius - Presse digitale 2014 • Meilleure oeuvre transmédia au Liège WebFest 2014 • Prix du Public au Liège WebFest 2014 • Mention du jury au Liège WebFest 2013 • Nombreuses sélections en festival

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Entreprendre ?

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« On ne travaille pas pour les médias,

on les devance »

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« On ne se plie pas aux règles des médias,

on joue avec elles »

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<contexte>

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L’ère des médias mutants

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La presse traverse une période de trouble identitaire

• Tout le monde sait qu’Internet a tout changé mais quoi ?

• Le monde se divise en deux catégories : ceux qui pensent savoir et ceux qui cherchent

• Les modèles économiques sont de plus en plus friables

• Quel est le prix de l’info ?

• Les stratégies sont davantage au « sauve qui peut » qu’à l’audace et à l’innovation

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Les marques et les institutions sont devenues des médias

• Université de Liège : un journal, un site de vulgarisation, un site dédié à la culture, une radio, une webtv, une émission de télévision coproduite + contenu exclusif

• Red Bull n’a plus besoin de publicité : ils produisent du contenu et ils le diffusent eux-mêmes

• Starbucks a engagé un journaliste du Washington Post pour lancer la production de documentaires à dimension sociale

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Nous sommes tous des producteurs de contenus

• Démocratisation des moyens de production

• Explosion des canaux de diffusion : blogs, réseaux sociaux, YouTube, Soundcloud, Tumblr, Periscope,…

• Internet mobile haut débit

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<perspectives>

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News VS Journalisme +

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Documentaire Journalisme

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Projet citoyen Journalisme

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Militantisme Journalisme

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Communication Journalisme

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« Qui paie ? »

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L’expérience transmédia Transgresse les frontières