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Politique i voixdumidi i n°7044 i 2octobre2014 i 9 La crise persiste, le chômage aussi, le désespoir des Fran- çais culmine au zénith, l’im- popularité du couple Hol- lande/Valls également… Avec quelle humeur se lève-t-on le matin lorsqu’est membre du gouvernement ? D’un esprit très combatif ! Secré- taire d’État à la Consommation, au Commerce et à l’Artisanat, j’ai des propositions concrètes et correspondantes aux attentes à défendre. Je m’y applique de tou- tes mes forces avec la certitude que le contexte nécessite plus que jamais un travail acharné. Lors du dernier remaniement, et après avoir été confirmée parmi l’équipe gouvernemen- tale, certaines personnes m’ont demandé si vu le contexte, je faisais bien de poursuivre mon engagement. Je n’ai pas hésité une seconde ! Quand on fait de la politique, il faut savoir prendre ses responsabilités, il faut savoir s’engager dans les bons comme dans les mauvais moments. Vous avez été appelée au gou- vernement en juin dernier suite à la démission de Valé- rie Fourneyron pour raison de santé. Vous attendiez-vous à cette nomination ? Au lendemain du premier rema- niement, lorsque Manuel Valls a succédé à Jean-Marc Ayrault, il m’avait été glissé qu’on avait pensé à moi. Mais le coup de téléphone de François Hollande, le 3 juin dernier, fut quand même une surprise. L’inquiétude devant l’am- pleur de la tâche a-t-elle suc- cédé à la surprise ? Tout s’est enchaîné tellement vite que je n’ai pas trop eu le temps à l’inquiétude. Par ailleurs, les thématiques qui m’ont été confiées ne me sont pas incon- nues. En ma qualité de vice-pré- sident de la région Midi-Pyrénées et d’élue rurale du Comminges, j’ai toujours évolué au contact des artisans, des problématiques du commerce et également de l’économie sociale et solidaire. La consommation était peut-être la thématique que je maîtrisais le moins mais le président de la République m’a rassuré et m’a demandé de privilégier avant tout l’énergie de l’élue de terrain que j’ai toujours été, pour conser- ver un contact permanent avec l’ensemble des acteurs. Un ensemble d’acteurs dont les attentes sont fortes notam- ment au niveau de l’artisanat, des PME et TPE où l’activité est réduite. Quelles mesures concrètes déployez-vous pour leur redonner de l’air et de la confiance ? Le 1 er janvier, un nouveau dispo- sitif de réducations des cotisa- tions sociales entre en vigueur pour les entreprises ne béné- ficiant pas du Crédit d’impôt pour la compétitivité et l’emploi (CICE). Un dispositif qui s’ajoute à l’exonération de charges pour les salariés au Smic et à un allé- gement pour les indépendants. Conscients qu’il faut également agir pour les trésoreries des TPE en particulier, nous mettons en place un fonds de soutien avec la Banque publique d’investis- sement (BPI) afin de permettre aux entrepreneurs d’accéder plus facilement à des financements. Je rappelle qu’une loi artisanat, commerces et TPE a été promul- guée le 18 juin. Afin d’apporter des mesures pragmatiques aux entreprises de proximité, elle vise quatre objectifs : dynamiser les commerces de proximité, favo- riser la diversité des commerces sur leur territoire, promouvoir la qualité et les savoir-faire de nos artisans, simplifier et harmoniser les régimes de l’entreprise indivi- duelle. Une loi consacrée à l’éco- nomie sociale et solidaire porte également beaucoup d’efforts en faveur de ce secteur. Nous sommes réalistes vis-à-vis d’une conjoncture économique tou- jours difficile, mais ce sont d’ex- cellentes nouvelles. Vous supervisez également l’entrée en vigueur progres- sive d’une vaste loi sur la consommation dont le point le plus médiatique reste l’ins- tauration d’un label « fait maison » pour la restauration. Quel est le premier bilan de cette mesure qui a été autant commentée que critiquée ? Il est encore trop tôt pour évaluer ce dispositif. Quoique l’on puisse dire, il a permis de franchir une étape. Jusqu’ici tout le monde pouvait déclarer sa restauration faite maison sans que ne puisse être sanctionnée une éventuelle publicité mensongère. On pro- gresse donc dans l’information au consommateur. Ce dispositif est destiné à être amélioré. Après une évaluation complète début 2015, nous proposerons, le cas échéant, des modifications au décret originel. La loi consommation prévoit également la création des Indications géographiques pour les produits non ali- mentaires dès cet automne. Quel est le but de cette « tra- çabilité » fondée sur le même principe que les IGP ? Il s’agit de donner une mar- que à un savoir-faire et mettre en valeur par un label une pro- duction locale. Demain, on par- lera véritablement d’un savon de Marseille, avec un vrai label, de la pierre de Volvic ou encore, plus proche de nous, du granit du Sidobre, incontournable res- source naturelle de notre région Midi-Pyrénées. Une région Midi-Pyrénées qui ne risque pas de vous oublier puisque vous y revenez très souvent. Ce contact assidu avec votre territoire natal est-il une priorité de votre agenda ? Absolument. Mon ministère ne me coupe pas de Midi-Pyrénées. Rares sont les week-ends que je ne passe à Martres-Tolosane, mon village, où j’ai été maire de 2008 à cette année. Je participe à de nombreuses manifestations sur l’ensemble du Comminges, dont j’ai été élue députée en 2012. Un vrai bol d’air qui me coupe de l’austérité du bâtiment de Bercy (siège du ministère de l’économie, ndlr) ! En semaine, je garde un œil constant sur l’actualité midi- pyrénénne au point que j’ai fait suivre jusqu’à mon bureau mes abonnements à la presse locale. Du coup, on vous cite parmi ceux qui pourraient avoir envie de relever le challenge des élections régionales en 2015, si Martin Malvy (PS) ne se représentait pas… Je suis aujourd’hui concentrée sur ma mission ministérielle. C’est ce qui compte. Vous savez, je n’ai pas de plan de carrière et je peux même dire que mon par- cours a plus souvent été le fruit du hasard que du calcul politique. Mais, du fait de mon ancrage sur le territoire, il est évident que je serai forcément impliquée dans les futures échéances électorales d’une façon ou d’une autre. La fusion des régions va ouvrir de nouvelles perspec- tives. Poussiez-vous plutôt l’idée d’un regroupement avec Aquitaine ou avec Lan- guedoc-Roussillon ? Fusionner avec Languedoc-Rous- sillon est une excellente chose car c’est faire sens avec Barcelone. On ne construit pas pour les 5 ans à venir mais pour des décen- nies. Il y a une logique à regarder, à terme, la possibilité de mettre en musique un triangle d’or Tou- louse-Montpellier-Barcelone. En plus d’une identité culturelle déjà affirmée, nous gagnerions un véritable potentiel économi- que. Dans une même logique transfrontalière, il serait égale- ment intéressant de grouper à la future grande région, le dépar- tement des Pyrénées-Atlantiques. Le droit d’option, dès 2016, le per- mettra et il s’agira peut-être de l’étudier sérieusement. Que pensez-vous du livre de Valérie Trierweiller ? Sa démarche est lamentable. C’est le journal intime d’une adolescente qui n’a pas com- pris le destin national de Fran- çois Hollande. Quant aux sup- positions que le président de la République soit condescendant envers les plus modestes d’entre nous, c’est purement mensonger. Je peux d’autant plus vous l’as- surer que je viens d’une famille modeste. Pascal Pallas [email protected] © Margot L’Hermite « La démarche Valérie Trierweiller est lamentable.  Son livre est le journal intime d’une adolescente ». Carole Delga : « Mon ministère ne me coupe pas de Midi-Pyrénées » À Toulouse la semaine dernière, la secrétaire d’État à la Consommation, au Commerce et à l’Artisanat évoque sa mission mais n’oublie pas de marteler son attachement à son Comminges et sa région de naissance. Interview exclusive.

Mon itw à la Voix du Midi

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La crise persiste, le chômage aussi, le désespoir des Fran-çais culmine au zénith, l’im-popularité du couple Hol-lande/Valls également… Avec quelle humeur se lève-t-on le matin lorsqu’est membre du gouvernement ?D’un esprit très combatif ! Secré-taire d’État à la Consommation, au Commerce et à l’Artisanat, j’ai des propositions concrètes et correspondantes aux attentes à défendre. Je m’y applique de tou-tes mes forces avec la certitude que le contexte nécessite plus que jamais un travail acharné.Lors du dernier remaniement, et après avoir été confirmée

parmi l’équipe gouvernemen-tale, certaines personnes m’ont demandé si vu le contexte, je faisais bien de poursuivre mon engagement. Je n’ai pas hésité une seconde ! Quand on fait de la politique, il faut savoir prendre ses responsabilités, il faut savoir s’engager dans les bons comme dans les mauvais moments.

Vous avez été appelée au gou-vernement en juin dernier suite à la démission de Valé-rie Fourneyron pour raison de santé. Vous attendiez-vous à cette nomination ?Au lendemain du premier rema-

niement, lorsque Manuel Valls a succédé à Jean-Marc Ayrault, il m’avait été glissé qu’on avait pensé à moi. Mais le coup de téléphone de François Hollande, le 3 juin dernier, fut quand même une surprise.

L’inquiétude devant l’am-pleur de la tâche a-t-elle suc-cédé à la surprise ?Tout s’est enchaîné tellement vite que je n’ai pas trop eu le temps à l’inquiétude. Par ailleurs, les thématiques qui m’ont été confiées ne me sont pas incon-nues. En ma qualité de vice-pré-sident de la région Midi-Pyrénées et d’élue rurale du Comminges,

j’ai toujours évolué au contact des artisans, des problématiques du commerce et également de l’économie sociale et solidaire. La consommation était peut-être la thématique que je maîtrisais le moins mais le président de la République m’a rassuré et m’a demandé de privilégier avant tout l’énergie de l’élue de terrain que j’ai toujours été, pour conser-ver un contact permanent avec l’ensemble des acteurs.

Un ensemble d’acteurs dont les attentes sont fortes notam-ment au niveau de l’artisanat, des PME et TPE où l’activité

est réduite. Quelles mesures concrètes déployez-vous pour leur redonner de l’air et de la confiance ?Le 1er janvier, un nouveau dispo-sitif de réducations des cotisa-tions sociales entre en vigueur pour les entreprises ne béné-ficiant pas du Crédit d’impôt pour la compétitivité et l’emploi (CICE). Un dispositif qui s’ajoute à l’exonération de charges pour les salariés au Smic et à un allé-gement pour les indépendants. Conscients qu’il faut également agir pour les trésoreries des TPE en particulier, nous mettons en place un fonds de soutien avec la Banque publique d’investis-

sement (BPI) afin de permettre aux entrepreneurs d’accéder plus facilement à des financements. Je rappelle qu’une loi artisanat, commerces et TPE a été promul-guée le 18 juin. Afin d’apporter des mesures pragmatiques aux entreprises de proximité, elle vise quatre objectifs : dynamiser les commerces de proximité, favo-riser la diversité des commerces sur leur territoire, promouvoir la qualité et les savoir-faire de nos artisans, simplifier et harmoniser les régimes de l’entreprise indivi-duelle. Une loi consacrée à l’éco-nomie sociale et solidaire porte également beaucoup d’efforts

en faveur de ce secteur. Nous sommes réalistes vis-à-vis d’une conjoncture économique tou-jours difficile, mais ce sont d’ex-cellentes nouvelles.

Vous supervisez également l’entrée en vigueur progres-sive d’une vaste loi sur la consommation dont le point le plus médiatique reste l’ins-tauration d’un label « fait maison » pour la restauration. Quel est le premier bilan de cette mesure qui a été autant commentée que critiquée ?Il est encore trop tôt pour évaluer ce dispositif. Quoique l’on puisse dire, il a permis de franchir une étape. Jusqu’ici tout le monde pouvait déclarer sa restauration faite maison sans que ne puisse être sanctionnée une éventuelle publicité mensongère. On pro-gresse donc dans l’information au consommateur. Ce dispositif est destiné à être amélioré. Après une évaluation complète début 2015, nous proposerons, le cas échéant, des modifications au décret originel.

La loi consommation prévoit également la création des Indications géographiques pour les produits non ali-mentaires dès cet automne. Quel est le but de cette « tra-çabilité » fondée sur le même principe que les IGP ?Il s’agit de donner une mar-que à un savoir-faire et mettre en valeur par un label une pro-duction locale. Demain, on par-lera véritablement d’un savon de Marseille, avec un vrai label, de la pierre de Volvic ou encore,

plus proche de nous, du granit du Sidobre, incontournable res-source naturelle de notre région Midi-Pyrénées.

Une région Midi-Pyrénées qui ne risque pas de vous oublier puisque vous y revenez très souvent. Ce contact assidu avec votre territoire natal est-il une priorité de votre agenda ?Absolument. Mon ministère ne me coupe pas de Midi-Pyrénées. Rares sont les week-ends que je ne passe à Martres-Tolosane, mon village, où j’ai été maire de 2008 à cette année. Je participe à de nombreuses manifestations sur l’ensemble du Comminges, dont j’ai été élue députée en 2012. Un vrai bol d’air qui me coupe de l’austérité du bâtiment de Bercy (siège du ministère de l’économie, ndlr) ! En semaine, je garde un œil constant sur l’actualité midi-pyrénénne au point que j’ai fait suivre jusqu’à mon bureau mes abonnements à la presse locale.

Du coup, on vous cite parmi ceux qui pourraient avoir envie de relever le challenge des élections régionales en 2015, si Martin Malvy (PS) ne se représentait pas…Je suis aujourd’hui concentrée sur ma mission ministérielle. C’est ce qui compte. Vous savez, je n’ai pas de plan de carrière et je peux même dire que mon par-cours a plus souvent été le fruit du hasard que du calcul politique. Mais, du fait de mon ancrage sur le territoire, il est évident que je serai forcément impliquée dans

les futures échéances électorales d’une façon ou d’une autre.

La fusion des régions va ouvrir de nouvelles perspec-tives. Poussiez-vous plutôt l’idée d’un regroupement avec Aquitaine ou avec Lan-guedoc-Roussillon ?Fusionner avec Languedoc-Rous-sillon est une excellente chose car c’est faire sens avec Barcelone. On ne construit pas pour les 5 ans à venir mais pour des décen-nies. Il y a une logique à regarder, à terme, la possibilité de mettre en musique un triangle d’or Tou-louse-Montpellier-Barcelone. En plus d’une identité culturelle déjà affirmée, nous gagnerions un véritable potentiel économi-que. Dans une même logique transfrontalière, il serait égale-ment intéressant de grouper à la future grande région, le dépar-tement des Pyrénées-Atlantiques. Le droit d’option, dès 2016, le per-mettra et il s’agira peut-être de l’étudier sérieusement.

Que pensez-vous du livre de Valérie Trierweiller ?Sa démarche est lamentable. C’est le journal intime d’une adolescente qui n’a pas com-pris le destin national de Fran-çois Hollande. Quant aux sup-positions que le président de la République soit condescendant envers les plus modestes d’entre nous, c’est purement mensonger. Je peux d’autant plus vous l’as-surer que je viens d’une famille modeste.

Pascal Pallas [email protected]

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« La démarche Valérie Trierweiller est lamentable. Son livre est le journal intime d’une adolescente ».

Carole Delga : « Mon ministère ne me coupe pas de Midi-Pyrénées »À Toulouse la semaine dernière, la secrétaire d’État à la Consommation, au Commerce et à l’Artisanat évoque sa mission mais n’oublie pas de marteler son attachement à son Comminges et sa région de naissance. Interview exclusive.