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» P. 15 »  P. 11 SPORT / GOLD CUP 2015 SOCIÉTÉ » lire page 4 Haïti vs Panama 1 - 1 » suite page 6 Les coopératives veulent s'unir pour renforcer l'économie haïtienne Par Elisée Décembre Rose Adele Joachin : « Ne t'inquiete pas des propositions... » Par Pierre Clitandre « Le CEP a pris des engagements, lesquels seront tenus. Il y aura des élections le 9 août. Dès six heures du matin, tout sera en place pour recevoir les électeurs. » C’est ce qu’a déclaré au National le pré- sident du CEP, qui a admis cependant qu’il y avait trois raisons majeures qui pourraient justifier le scepticisme des citoyens. Entre 2012 et 2013, aucune élection n’a pu avoir lieu tandis que trois CEP avaient vu le jour pour dis- paraître rapidement, ce qui démontrait une incapacité réelle et un manque de volonté de réaliser les joutes élec- torales. Ensuite, l’actuel CEP est le résultat d’un compromis entre des politiciens qui, peut-être, ne veulent des élections que s’ils sont certains de les gagner et, enfin, le fait qu’à chaque élection il faut pratiquement renouveler la machine électorale, mobiliser d’autres ressources humaines, qu’il faut prendre le temps de former pour les rendre performantes, dans un contexte de jour en jour plus difficile, auquel s’ajoute le retrait des troupes de la Minustah de certaines zones du pays. « Les élections auront lieu» , assure Pierre Louis Opont Par Gary Victor HAÏTI / ÉLECTIONS MERCREDI 8 JUILLET 2015 NUMÉRO 34 WWW.LENATIONAL.HT QUOTIDIEN • 25 gourdes RÉPUBLIQUE D’HAITI ÉCONOMIE Frustrations, préoccupations et incertitudes ENTREVUE DU PRÉSIDENT DU CONSEIL ÉLECTORAL PROVISOIRE AVEC LE NATIONAL Le vice-président, Pierre Manigat Jr, et le président du CEP, Pierre Louis Opont. / Photo : J. J. Augustin

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SPORT / GOLD CUP 2015

SOCIÉTÉ

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Haïti vs Panama

1 - 1 » suite page 6

Les coopératives veulent s'unir pour renforcer l'économie haïtiennePar Elisée Décembre

Rose Adele Joachin : « Ne t'inquiete pas des propositions... »Par Pierre Clitandre

« Le CEP a pris des engagements, lesquels seront tenus. Il y aura des élections le 9 août. Dès six heures du matin, tout sera en

place pour recevoir les électeurs. » C’est ce qu’a déclaré au National le pré-sident du CEP, qui a admis cependant qu’il y avait trois raisons majeures qui pourraient justifier le scepticisme des citoyens. Entre 2012 et 2013, aucune élection n’a pu avoir lieu tandis que

trois CEP avaient vu le jour pour dis-paraître rapidement, ce qui démontrait une incapacité réelle et un manque de volonté de réaliser les joutes élec-torales.

Ensuite, l’actuel CEP est le résultat d’un compromis entre des politiciens qui, peut-être, ne veulent des élections que s’ils sont certains de les gagner et, enfin, le fait qu’à

chaque élection il faut pratiquement renouveler la machine électorale, mobiliser d’autres ressources humaines, qu’il faut prendre le temps de former pour les rendre performantes, dans un contexte de jour en jour plus difficile, auquel s’ajoute le retrait des troupes de la Minustah de certaines zones du pays.

«Les élections auront lieu», assure Pierre Louis Opont Par Gary Victor

HAÏTI / ÉLECTIONS

MERCREDI 8 JUILLET 2015 NUMÉRO 34

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QUOTIDIEN • 25 gourdesRÉPUBLIQUE D’HAITI

ÉCONOMIE

Frustrations, préoccupations et incertitudes

ENTREVUE DU PRÉSIDENT DU CONSEIL ÉLECTORAL PROVISOIRE AVEC LE NATIONAL

Le vice-président, Pierre Manigat Jr, et le président du CEP, Pierre Louis Opont. / Photo : J. J. Augustin

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2 | N0 34 MERCREDI 8 JUILLET 2015

TRIBUNE

J’aime la loi du marché, car indépendante de la volonté humaine, son jugement est juste. Je l’aime encore plus,

car elle revient toujours avec un principe naturel : on moissonne ce qu’on a semé. Tout ceci pour vous dire qu’Haïti est en train de couler sous le poids des résultats de la mise en œuvre des politiques publiques fantaisistes par les gouvernements haïtiens des quatre (4) dernières années (2011 – 2015).

Le dernier exemple de l’amateurisme du gouvernement est l’impuissance des autorités centrales devant la dépréciation de la gourde Haïtienne par rapport au dollar Américain dès le premier trimestre 2015. En effet, au lendemain du tremblement de terre du 12 janvier 2010, le pays a entamé sa plus grande traversée du désert, discrètement. Il ne faut pas oublier qu’à cette époque, la solidar-ité internationale empêchait, même aux analystes économiques les plus avisés, de prévoir que plus rien ne sera comme avant pour Haïti. On ne pouvait pas non plus prévoir que le pays allait s’enfoncer dans une crise financière sans précédent pour finir par déboucher sur une crise moné-taire dès la fin de 2014. Mais juste avant de rentrer dans le vif du sujet, permettez-moi d’abord d’établir la dif-férence entre dépréciation et dévalu-ation d’une monnaie. Ensuite, je montrerai comment une dévaluation peut être considérée comme un outil de création de richesse, mais aussi comme une arme redoutable sur les marchés de change. Enfin, je tenterai de montrer, à l’aide d’un cas pratique, comment la justice haïtienne, par son mode de fonctionnement, entrave significativement l’investissement direct étranger et, par conséquent, a une grande part de responsabilité dans cette crise monétaire.

Dépréciation et dévaluation

Il existe une différence entre « dépré-ciation » et « dévaluation ». La pre-mière résulte de la loi de l’offre et de la demande. Ainsi, quand la demande n’est pas suffisante, on peut assister à une dépréciation de la monnaie locale. Dans le cas d’Haïti, la gourde n’est pas recherchée sur les marchés, car le pays n’a presque rien à vendre. À titre d’exemple, en 2013, selon « Perspective Monde de l’Université Sherbrooke », le secteur agricole a représenté 23 % de la totale importa-tion du pays. Alors que ce secteur ne représente que 4 % de son expor-tation totale pour la même année. Cependant, sur cette même période, Haïti a eu des produits manufactu-rés pour 96 % de son exportation totale. Dans ce cas, peut-être que vous allez rapidement penser que c’est une bonne chose pour le pays. Pourtant, ces exportations ne créent pas de la richesse pour la majorité de la population haïtienne, car il s’agit de la sous-traitance ! Alors retenez bien cette leçon : la sous-traitance ne peut en aucun cas, sortir un pays de sa pauvreté. Ces économies profi-

tent uniquement à un petit groupe d’entrepreneurs nationaux. En regar-dant de plus près les chiffres globaux du commerce des marchandises du pays pour 2013, on voit que pour cette même période, Haïti a importé pour 3 milliards 551 millions 166 mille dollars US contre seulement 900 millions et 500 dollars US en exportation. D’où une balance com-merciale négative. Voici une pre-mière explication à la dépréciation de la gourde Haïtienne. Toutefois, un État peut aussi laisser, de bonne foi, déprécier sa monnaie. Mais je n’ose pas croire que c’est le cas d’Haïti.La seconde, à savoir la dévaluation, consiste pour un État à diminuer la valeur de sa monnaie nationale au profit d’une monnaie de référence ou d’un panier de monnaies. Mais il faut dire que ces décisions se pren-nent en général dans un régime de change fixe. Reste à savoir à quel régime économique appartient Haïti ! Car je ne suis pas en mesure de le dire. Et je prends la responsabilité de dire que ni le ministre de l’Économie et des Finances, ni le gouverneur de la Banque de la République d’Haïti ne sait, de 2010 à juin 2015, à quel régime économique ou modèle, pour être moins embarrassant, appartient l’économie Haïtienne, telle qu’elle est en train de se dessiner sous nos yeux tous les jours.

Dévaluation comme création de richesse et comme arme redoutable

J’avais dit plus haut que la dévalua-tion peut être utilisée comme outil de création de richesse. Effectivement, la Chine le fait merveilleusement bien. Cependant, c’est un pays grand producteur. En effet, en 2014, le PIB de la Chine était de 10,355 milliards US, selon le Fonds Monétaire Inter-national (FMI). Dans un tel cas de figure, avec la dévaluation de sa mon-naie, tout le monde peut acheter en Chine. Par la même occasion, ce pays devient le plus grand marché mondi-al, car il est totalement accessible aux petites bourses. Parallèlement, cette dévaluation est une arme car elle peut crever les économies des autres pays. Ainsi, on assiste aujourd’hui à une certaine peur mondiale de l’ampleur du géant asiatique. Je veux aussi ajouter que la dévaluation du Yuan (monnaie chinoise) est réalisée pour contrer les actions des fonds spéculatifs. En d’autres termes, la dévaluation de la monnaie pour un pays qui produit massivement est un moyen efficace pour doper son expor-tation. Dans le cas d’Haïti, pourquoi la Banque de la République d’Haïti (Banque centrale Haïtienne) ne peut pas arrêter l’hémorragie de la valeur monétaire haïtienne ? Je veux pren-dre le cas des personnes qui ont emprunté de l’argent à la banque en devise étrangère (dollar Américain). Les dépréciations de la gourde Haïti-enne sont particulièrement en train d’être mal vécues par ces ménages, car ils doivent payer plus d’argent que prévu. Je reviens à la Banque centrale haïtienne. Pour qu’elle

puisse assurer la conversion d’une monnaie par rapport à une autre, elle doit disposer de réserves dites de change très élevées. Or la demande du dollar Américain est bien supérieure à celle de la demande de la gourde Haïtienne. Ainsi, les réserves en mon-naie étrangère chutent rapidement et arrive l’incapacité de continuer la conversion de la devise. Mais je crois que le problème est encore pire, car je ne pense pas que la Banque Centrale dispose de moyens d’assurer la conversion de la monnaie natio-nale en monnaie étrangère. Il y a eu des soupçons de prêt de la Banque au Palais National. Si tel est le cas, d’ici la fin de l’année, il se peut bien qu’on utilise un chariot de gourdes Haïtiennes pour s’acheter un sachet de pains. Il reste à cette banque de tenter de rassurer la population haï-tienne !

La justice haïtienne entrave l’investissement direct étranger

L’autre entrave à la relance économique haïtienne et qui est pro-fondément responsable de la pauvre-té dans laquelle vivote les haïtiens est la justice haïtienne, plus particulière-ment son mode de fonctionnement.

Il est vrai que l’économie haïtienne est caractérisée par de maigres inves-tissements étrangers. Mais cette situ-ation n’est pas un hasard. En écono-mie, il ne faut pas toujours penser que tout ce qui est bon est juste.

Cependant, quand l’injustice règne en maitre sur un marché, l’économie ne pourra pas travailler à la reprise de la croissance et de la distribution des richesses créées. Or, la justice sociale est la seule garante pour le peuple de l’accès aux services sociaux de base.Maintenant, posez-vous cette ques-tion : « quelle garantie faut-il à un investisseur avant d’injecter son argent dans une économie ? » La réponse est : « une garantie que son argent ne sera pas volé et que l’État du pays dans lequel il veut investir dispose de lois fiables et d’un sys-tème judiciaire qui inspire confiance ». Car l’économie est une affaire de confiance. Quand le Ministère public accepte à un procès des documents falsifiés et qu’il s’érige en intimida-teur, comment attirer des investisse-ments dans une situation pareille ? Cette justice est orientée vers la recherche de mobilisation de fonds des mains des justiciables et non vers la recherche de la vérité.L’investisseur analyse toujours son environnement extérieur. Car c’est le facteur qu’il maitrise le moins.Considérons la situation carcérale en Haïti. Quand un investisseur apprend qu’une prison qui a été construite pour 1200 personnes, accueille 4000 prisonniers. Et que de cette popula-tion carcérale, seulement 20 % sont effectivement condamnés et purgent leur peine, il va se dire que c’est un pays ou le droit de personne n’est respecté. De plus, il va s’imaginer lui qui ne connait pas le pays, com-

ment il va faire pour avoir une jus-tice équitable s’il doit se présenter devant un tribunal. Si les libertés individuelles ne sont pas respectées, l’environnement ne sera pas propice aux investissements étrangers. Car n’importe qui peut trouver un avocat malintentionné capable de corrom-pre le ministère public et le juge qui préside le dossier. À partir de ce moment, l’investisseur qui n’a pas de force de pression peut tout perdre. Quand des juges sont capables de faire, au mépris de la loi, des arresta-tions fantaisistes et de compliquer une situation judiciaire simple, Haïti ne sera jamais « open for business ».Le développement économique est étroitement lié à la justice sociale. Car après la création de richesse par l’agent économique, il se peut bien qu’un individu trouve un substitut au Parquet d’une circonscription capa-ble de décerner un mandat d’arrêt illégal afin de pouvoir par la suite confisquer l’avoir du propriétaire sans aucune forme de procès. Jean-Jacques Rousseau, dans la Nouvelle Héloïse, critiquait déjà l’injustice de sa société. Il parlait d’individus guidés par leur amour-propre. Et quand des personnes n’ayant aucune affection naturelle occupent des postes dans une chaine de justice, elles ne sont que des génératrices d’abus. Ces gens font fuir à toute vitesse des investisseurs étrangers.En comparaison avec la République Dominicaine qui a reçu durant ces quatre dernières années, en moyenne annuelle un investissement direct étranger de 2 milliards de dollars Américains, Haïti, pour cette même période ne dépasse pas 200 millions de dollars Américains.

Il est un fait certain que la justice haïtienne creuse notre tombe. Pour répéter une jeune adolescente de 12 ans, « la justice d’un pays est un outil incontournable de son dével-oppement ». J’ajoute aussi que c’est un outil à double tranchant. Si cela continue, le pays deviendra inviv-able et les autres pays de la région se concerteront à mettre Haïti sous redressement.

Aujourd’hui, Haïti est dans un état de pourriture à tous les niveaux de la vie nationale. Le pays est aussi en passe de renouveler sa classe dirigeante. Et cette question revient : « Qui doit gouverner ? ».

TAVOILLOT (2011) nous invite à se demander est-ce un seul ou plusieurs ou tous qui doivent gouverner. C’est aussi le temps de sortir des réflex-ions sur la nature de la démocratie haïtienne. C’est le moment de se demander qui est le véritable peuple haïtien. « Se depi nan kalepwa, pou w konnen si vant ou applen ».

*1 : Pierre-Henri Tavoillot. Qui doit gou-verner ? Une brève histoire de l’autorité. (2011). Edition Grasset. 320 pages.

Directeur GénéralInstitut National des Filières Agricoles (INAFA)

La dépréciation de la gourde Haïtienne : résultat de la mise en œuvre des politiques publiques fantaisistes et du fonctionnement de la justice des quatre (4) dernières années en HaïtiPar JEAN-FRANCOIS Jacob Eliezer Jonas

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MERCREDI 8 JUILLET 2015 N0 34 | 3ACTUALITÉ

Le nombre inorganiséCe qui n’est pas organisé est anarchique, confus, désordonné, inorganique, inorgan-

isé. Ce qui n’est pas organisé obéit à ses seules pulsions de survie et a tendance à

broyer, à détruire tout ce qui ne peut nourrir ses désirs. Il peut aussi détruire l’objet

de ses désirs par trop de soif. Si on n’agit pas sur l’inorganisé pour lui donner une

forme, surtout dans le but de lui permettre de travailler à la réalisation saine de ses

propres désirs, il peut devenir comme un mauvais cadre qui donne une mauvaise

perspective sur toute création nouvelle jusqu’à même détruire sa fonction première.

La route surélevée au « Carrefour Aéroport », qui fait la fierté du gouvernement,

et tous les travaux réalisés autour dans le but louable de faciliter la circulation en

rendant la prise des diverses directions plus faciles, risquent de déboucher sur un

casse-tête urbain digne du chaos haïtien. Ce n’est pas sans rappeler le spectacle

déplorable du beau pont sur le fleuve Artibonite qui est plusieurs fois par semaine

recouvert par un marché public ce qui rend sa traversée alors plus que difficile. Aucun

pouvoir public n’a jugé jusqu’à présent qu’un marché public sur un pont ou sur une

route nationale n’était pas concevable dans un pays qui se veut en marche vers la

modernité. N’accordons pas d’attention à ces plaisantins qui trouveront dans ces

pratiques une spécificité culturelle haïtienne.

À partir du « Carrefour Aéroport », quand on tourne vers l’est, direction Delmas

en venant de Nazon, on est déjà gêné par une station de taptap qui ne fait que

grandir jour après jour. Véritable cour des miracles avec ses enfants mendiants, ses

voleurs, ses policiers ripoux. Direction nord, vers les agglomérations de Tabarre,

Clercine, c’est la même chose. Le marché public, qui colonise la zone, se développe

déjà sous la route surélevée. Bientôt, tout l’endroit ne sera qu’un marché immense

auquel seront annexées plusieurs stations de transports en commun permettant

d’aller d’un point à l’autre de cette hideuse mégapole que devient Port-au-Prince.

Les embouteillages peuvent devenir monstrueux si les autorités ne prennent pas

les mesures qui s’imposent.

Le drame c’est que le nombre inorganisé ne se manifeste pas seulement dans la

pauvreté. Le nombre inorganisé, il est aussi à toutes les strates de notre société. Nos

« beaux quartiers » n’ont souvent pas de routes, pas de trottoirs, pas d’électricité.

Ce sont des bidonvilles riches tout simplement. Et puis le nombre inorganisé meurt

facilement d’une simple indisposition. Une crise cardiaque à Port-au-Prince,

l’obligation de trouver des soins en urgence, met sur la même banquette, le riche

des prétendus beaux quartiers et le pauvre de Grand-Ravine.

Tout un programme pour notre futur président de la République, n’est-ce pas ?

Il faut bien avoir le sens de l’humour en ces temps si moroses où il faut plus de

cinquante-trois gourdes pour un dollar américain.

Le National

Édito

Le nombre de rapatriés baisse, mais le processus se poursuit

Sources : Alterpresse

HAÏTI / RÉPUBLIQUE DOMINICAINE / MIGRATION

De juin 2015 à date, 4 mille 822 rapatriements ont été opérés à partir de postes officiels et 10 mille 447 à

partir de points non-officiels, indique la Direction de la protection civile (DPC).

Quoique mise en garde par les organismes de défense de droits humains, la séparation des enfants de leurs parents (en République dominicaine) est constatée depuis la mi-juin 2015.

Le processus de rapatriement des migrants et travailleurs haïtiens par la République dominicaine continue, avec une certaine baisse observée sur les points officiels, selon les informations obtenues par l’agence en ligne AlterPresse.

Une grande vague de personnes, la plupart des migrants haïtiens, a commencé à traverser la frontière après la fin, le mercredi 17 juin 2015, du Plan national dominicain de régularisation des étrangers (PNRE).

« Les gens continuent à rentrer, mais le nombre de personnes par jour a baissé sur les points officiels », explique à AlterPresse le titulaire du ministère de la communication, Rotchild François Jr.

Plus de 18 mille personnes sont déjà rentrées en Haïti depuis la fin du PNRE dominicain, suivant les chiffres officiels.

Le souhait des autorités haïtiennes, pour l’instant, est de négocier, avec les autorités dominicaines, l’utilisation de deux points officiels, Malpasse/Malpaso (Ouest) et Ouanaminthe/Dajabon (Nord-Est) pour le processus de rapatriement des migrants haïtiens sans papiers.

Or, 4 mille 822 rapatriements ont été opérés, de juin 2015 à date, à partir de postes officiels et 10 mille 447 à partir de points non-officiels, selon la Direction de la protection civile (DPC).

Arrivent, également, sur le territoire haïtien, plusieurs Dominicaines et Dominicains expulsés, car ils ne sont plus reconnus par leur propre pays suivant l’arrêt 168-13 de la République Dominicaine, adopté le 23 septembre 2013.

Des Haïtiens sont aussi contraints, de force, à laisser le pays voisin par des citoyens ou des soldats dominicains.

Le Groupe d’appui aux réfugiés et rapatriés (Garr) rapporte des cas de rapatriement, en Haïti, d’enfants nés sur le sol dominicain, qui sont expulsés.

La séparation des enfants de leurs parents, mise en garde par les organismes de défense de droits humains, est constatée depuis la mi-juin 2015.

Le dernier cas, recensé le jeudi 2 juillet 2015, est celui de Nancy Dorméus, âgée de 29 ans et qui a laissé son pays quand elle avait 13 ans.

Elle est rentrée avec deux enfants, tous deux nés d’un père dominicain.Ces enfants ne parlent pas le Créole.

Quoique née en Haïti, leur mère a perdu presque toute son habilité à s’exprimer parfaitement dans sa langue maternelle, raconte le responsable de communication du Garr, Josué Michel.

Le président haïtien, Michel Joseph Martelly, a dénoncé, le vendredi 3 juillet 2015, le comportement des dirigeants dominicains, qui semblent n’avoir pas tenu promesse, quant à une déportation respectueuse des droits humains, lors d’un sommet réunissant les chefs d’État et de gouvernement des Caraïbes.

Les autorités haïtiennes entendent, dorénavant, demander l’aide des pays de la communauté internationale.

Le département d’État américain se dit préoccupé du processus de déportation des Haïtiens de la République dominicaine.

« Nous suivons la situation de très près (…) », fait savoir à AlterPresse Karl Adam, porte-parole de l’ambassade des États-Unis d’Amérique en Haïti.

Les États-Unis d’Amérique affirment reconnaître le droit de tout pays de régulariser sa situation migratoire.

Cependant, le département d’État américain se déclare également « engagé activement » auprès du gouvernement dominicain et du Haut-commissariat des Nations-Unies pour les Réfugiés (HCR), et de la communauté internationale « pour insister sur le fait que toute action devrait être prise, en conformité avec les obligations et les engagements internationaux », paraphés par la République Dominicaine.

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4 | N0 34 MERCREDI 8 JUILLET 2015

ACTUALITÉ» suite de la première page

Huit conseillers électoraux, à l’exception de Lourdes Édith Joseph, indisponible, étaient présents à cette

rencontre. Ils étaient accompagnés du directeur exécutif du Conseil, maître Mosler Georges, et celui des opérations électorales, Jean Francky Hortes.

Si le président du CEP, Pierre Louis Opont, se sent confortable dans le calendrier électoral en tenant compte des pas déjà franchis, tel n’est pas le cas des acteurs politiques qui ont exprimé de vives préoccupations par rapport au respect de certaines échéances insérées dans le calendrier électoral. Aujourd’hui encore, les hostilités électorales se font sentir lors de cette rencontre entre les partis politiques et les membres du CEP. Invités à se prononcer sur certaines modalités concernant le choix des membres de bureaux de vote et des mandataires, ces dirigeants politiques ont saisi l’occasion pour exprimer certaines frustrations et préoccupations à l’égard du processus électoral qui, à leur avis, n’augure pas de beaux jours.

Tout allait bien à la salle Franck de l’hôtel Montana jusqu’à ce qu’Esdras Cadet, candidat au Sénat pour le département du Nord pour la plateforme Vérité, ait brandi une photo du candidat à la présidence de cette structure politique, Jacky Lumarque, écarté de la course électorale au dernier moment par le CEP pour défaut de décharge. Cette action a suscité de vives réactions dans la salle, notamment des représentants de partis politiques qui ont demandé qu’Esdras Cadet soit mis à la porte. Vacarme dans la salle. Petite prise de bouche. Esdras Cadet, Rudy Hériveaux, Yvon Feuillé, tous d’anciens lavalassiens, se querellent entre eux, avant que

l’ancien député Fredly Georges, membre du Collectif des candidats écartés par le CEP (Coce/CEP), ne se mêle de la partie.

Esdras cadet conteste avec véhémence la décision du CEP d’écarter son candidat à la présidence. « Le CEP veut-il réaliser les élections en écartant la plateforme Vérité, le seul regroupement politique à avoir 3 832 candidats agréés avec 102 candidats à la députation, 15 au Sénat pour 20 postes disponibles, 119 cartels de mairie, 352 cartels de Casec, 339 cartels d’Asec et 80 cartels de délégués de Ville ? » se demande, perplexe, le représentant de Vérité, invitant les membres du CEP à faire preuve de grandeur d’âme en publiant la liste définitive des candidats agréés à la présidence avec la réintégration de Jacky Lumarque.

Les interventions se suivent et les préoccupations sont nombreuses. Le climat de sécurité, le mécanisme de relocalisation des électeurs, le financement des élections (budget), la subvention des partis politiques, le manque de crédibilité qui entoure le processus électoral sont parmi les multiples préoccupations soulevées par les responsables des partis politiques à l’approche du 9 août, date retenue pour le premier tour des législatives. Tenant compte de tous ces soucis autour du processus électoral, certains politiques ont même opté pour l’organisation d’élections en deux temps, avec le premier tour des législatives et de la présidentielle le 25 octobre et le second tour, qui inclura les collectivités territoriales, le 27 décembre.

Même Pierre Louis Opont se montre préoccupé du climat d’insécurité qui règne actuellement dans le pays. D’ailleurs, le CEP en est déjà

victime pour avoir eu deux de ses employés victimes d’attaques à main armée. « Nous prenons très au sérieux la mort du directeur de cabinet du conseiller Jaccéus Joseph. Surtout, il y a des gens qui avaient publiquement déclaré que les membres de ce CEP ne seraient pas présents le jour du scrutin en chantant officiellement nos funérailles », a fait savoir le patron de l’institution électorale, visiblement tourmenté par le climat d’insécurité.

Par ailleurs, Pierre-Louis Opont dit avancer très bien dans le calendrier électoral. « À date, nous respectons le calendrier en ce qui concerne les opérations électorales », a-t-il lancé, précisant que le CEP a appliqué l’article 139-1 en invitant les partis politiques à choisir les membres des bureaux de vote depuis le 9 juin dernier, soit soixante jours avant la tenue du scrutin. « Au courant de cette semaine, le tirage au sort est en train de se faire dans les régions », a informé le président du CEP qui dit agir dans le strict respect de la loi.

De son côté, le directeur exécutif du CEP, maître Mosler Georges, a mis l’emphase sur l’importance du jour du vote. « C’est le jour le plus important dans le processus électoral », dit-il, avant de rappeler le rôle que doivent jouer les MBV, les mandataires, les superviseurs, les agents de sécurité et les observateurs dans la réussite de ce jour. Il souligne par ailleurs le problème d’espace dans les centres de vote. « Nos bureaux de vote n’ont pas la capacité de recevoir toutes ces personnes tenant compte du nombre de candidats qui doivent se faire représenter par un mandataire », précise Mosler Georges qui invite les dirigeants politiques à aider le CEP à trouver une formule pour gérer cette affluence le jour du vote.

Frustrations, préoccupations et incertitudes

par Noclès Débréus

HAÏTI / ÉLECTIONS

À l’hôtel Montana, le mardi 7 juillet 2015, le Conseil électoral provisoire (CEP) avait rendez-vous avec les partis politiques pour traiter du recrutement des 41 238 membres de bureaux de vote pour les législatives du 7 août prochain. Les participants ont profité de l’occasion pour cracher leurs frustrations et leurs préoccupations.

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MERCREDI 8 JUILLET 2015 N0 34 | 5ACTUALITÉ

Des attaques armées contre des hommes politiques

par Pierre Paul Ancion

SUD-EST / ÉLECTIONS / INSÉCURITÉ

Dans la nuit du dimanche 6 au lundi 7 juillet 2015, des bandits armés ont attaqué la résidence de Garaud Histo-

rique, membre du parti Renmen Ayiti, dans la localité de Cibao, commune de Belle-Anse. Plusieurs impacts de balles sont encore visibles sur les murs de la maison. Cependant, il n’y a pas eu de victime.

Au cours de cette même soirée, à l’avenue Baranquilla à Jacmel, des hommes armés ont pénétré chez Jean Raymond Jean-François, candidat de la Fusion des socio-démocrates à la mairie de Bainet. Les bandits ont tiré sur tout ce qui bougeait, blessant au thorax Kensly Jean-François, 16 ans et neveu de Jean Raymond Jean-François. « Ils ont emporté l’une de mes valises contenant des documents importants », a révélé ce dernier.

Ces deux incidents ne manquent pas d’irriter les politiciens du Sud-Est. Jean Apollon Sayo, responsable départemental de la Fusion, et Marc Elder Charles, de Renmen Ayiti, qualifient de politiques ces deux attaques armées. Ils demandent au CEP et à l’État haïtien de

renforcer la sécurité de la région, pour rendre possible l’organisation des élections. « Dans ce climat, aucun de nos candidats n’osera faire campagne », a commenté Jean Apollon Sayo, qui a rappelé l’agression du conseiller spécial du président Martelly, Joseph Lambert, sur l’étudiant en communication sociale, Wesnel Jeudi, à la fin du mois de juin, pour prouver que la vie des politiciens est menacée dans le Sud-Est.

Marc Elder Charles invite pour sa part les autorités judiciaires et policières à faire tout ce qui est en leur pouvoir pour freiner cette vague de violences dans le département.

De son côté, Antonius Télémaque, responsable départemental de l’Organisation du peuple en lutte (OPL) dans le Sud-Est, baptise de « zone rouge » le département sur la carte électorale. Il dénonce la distribution substantielle d’armes à feu dans les sections communales. Monsieur Télémaque promet la mobilisation de son parti pour, pacifiquement, mater cette forme d’intimidation.

Des appels téléphoniques menaçants

Certains candidats, comme madame Yolande Jean-Baptiste Pascal, disent recevoir des menaces à travers des appels téléphoniques anonymes et des SMS.

Position de la Police nationale

À la tête d’une délégation de l’Inspection générale, l’inspecteur général de la Police nationale d’Haïti, Jean Saint-Fleur, s’est rendu à Jacmel, ce lundi 6 juillet, pour discuter de la sécurité des élections avec le directeur départemental de la PNH, Frantz Elbe, et les institutions impliquées directement dans le processus électoral.

Dans une rencontre avec la presse régionale, en marge de sa mission, l’inspecteur Saint-Fleur a donné la garantie que la PNH allait assurer correctement la sécurité des personnes et des biens durant la période électorale. « Le Sud-Est, a-t-il déploré, est le seul département du pays où il n’y a pas

de militaires de la Minustah. Il y a seulement des policiers nationaux et des UNPOL, cependant pour les élections, il est prévu d’envoyer plusieurs militaires dans toute la région. »

Comme l’a dénoncé le responsable départemental de l’OPL, plusieurs régions du Sud-Est telles que Cayes-Jacmel et Belle-Anse, sont toujours en ébullition en période électorale.

Cette année, la majorité des partis politiques et les citoyens avisés craignent davantage de violences, à cause de la quantité importante d’armes à feu qui circulent dans le département.

Cayes-Jacmel, Marigot et Belle-Anse sont les communes où les gens armés exhibent le plus leurs armes. En 2012, à Pérédo, localité de Marigot, une distribution de produits alimentaires par un organisme international a été pillée par des jeunes armés de pistolets 9 mm. Ces jeunes, de 20 ans en moyenne, ont mis en déroute les responsables de la distribution en pointant leurs armes.

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« Les élections auront lieu », assure Pierre Louis Opontpar Gary Victor

6 | N0 34 MERCREDI 8 JUILLET 2015

ACTUALITÉ

ENTREVUE DU PRÉSIDENT DU CONSEIL ÉLECTORAL PROVISOIRE AVEC LE NATIONAL

Le président du CEP s’est dit confiant quant à la mise en place du mécanisme de vote. Certes, à un mois des élections, assure-t-il, il reste encore à travailler à la formation du personnel électoral, au recrutement des membres des bureaux de vote (MBV) et finalement la publication de la liste électorale. À presque trente jours des élections, les partis politiques, comme prévu à l’article 139-1 du décret électoral, n’avaient pas encore fait parvenir au CEP ce lundi 6 juillet les noms des membres des BV qu’ils devaient choisir sur une liste fournie par des organisations de la société civile.

Avec ce retard dans le calendrier, le CEP devra convenir avec les partis politiques d’autres modalités pour le choix des membres des MBV pour rester dans les temps.

Pierre-Louis Opont n’a, par contre, manifesté aucune inquiétude concernant les 22 millions de dollars américains manquant au budget électoral. Le gouvernement fera le nécessaire pour que cette somme soit disponible à temps, a promis le Premier ministre Évans Paul. Le président du CEP s’en tient donc à la promesse du gouvernement : « Le CEP n’a aucune préoccupation de financement. Les 36 millions dont nous disposons

déjà suffisent pour le premier tour. On donne au gouvernement le temps nécessaire pour la recherche des fonds additionnels. »

Le Pnud et le CEP

Pour ce qui a trait à l’implication du Programme des Nations unies pour le développement (Pnud) dans le processus électoral, Pierre Louis Opont a tenu à rappeler que cet organisme ne finance pas les élections mais ne fait que gérer un Trust Found, opération pour laquelle il prélève 7 à 12 % pour ses frais de gestion. Qui contribue à ce fonds ? Les États-Unis d’Amérique, la France, le Japon, le Canada, le Brésil, l’Union européenne et l’État Haïtien, ce dernier à la hauteur de 14millions de dollars américains. Pourquoi le Pnud gère-t-il ces fonds, même ceux du Trésor public ? Jusqu’en 2012, selon le président du Conseil électoral provisoire, le Pnud ne gérait que la contribution étrangère alors que la part du Trésor public était gérée par le Conseil électoral provisoire. En 2010, le gouvernement avait demandé de confier tous les fonds au CEP afin de responsabiliser l’organisme en l’habituant à la gestion directe de ses propres ressources. Les bailleurs avaient alors manifesté de grandes réticences.

En 2012, continue Pierre Louis Opont, pour une raison non clairement définie, l’État haïtien a choisi de confier ses prérogatives de gestion de ses propres fonds au Pnud. Les responsables du CEP, en particulier son président d’alors, Emmanuel Ménard, avaient refusé de signer cet engagement. Le ministère de la Planification avait pris la responsabilité de parapher le document, manifestant ainsi la volonté de l’État haïtien de transférer sa souveraineté au Pnud contre l’avis des membres du CEP.

« Le fait que les fonds ne soient pas gérés par le CEP implique que toutes ses dépenses sont soumises aux procédures du Pnud », a confié Pierre Louis Opont. Cela explique la décision de donner le contrat à une firme de Dubaï (Émirats arabes unis) pour l’impression de 30 % des bulletins de vote.

« Les procédures du Pnud, le peu de temps dont on disposait, entre la finalisation des listes et l’impression des bulletins liés à d’autres contraintes du marché, ne permettaient pas la participation des imprimeurs haïtiens. Mais nous allons faire en sorte que les firmes haïtiennes puissent participer aux appels d’offres pour l’impression des bulletins pour le second tour le 25 octobre et peut-être pour

le troisième tour le 27 décembre 2015. »

Le National a voulu rappeler au président du CEP la période trouble des élections de 2011 ayant abouti à l’élection de Michel Martelly en lui demandant s’il ne craignait pas encore une intervention de la communauté internationale «Il n’est pas question que ce CEP publie d’autres résultats que ceux des urnes », a riposté Pierre-Louis Opont, précisant que « le CEP a toujours eu toute la latitude de respecter le verdict des urnes ».

Sans entrer dans le détail des circonstances ayant provoqué cette mainmise de l’international dans le processus en 2011, il a tenu à assurer que le Centre de tabulation où doivent être acheminés tous les procès-verbaux est totalement sous le contrôle de cadres haïtiens qualifiés. En 2011, rappelle-t-il, c’est un technicien international qui était responsable de la coordination des activités au CTV. Il jouait également le rôle d’assistant technique chargé d’entraîner le personnel haïtien. « Aujourd’hui, nous contrôlons tout le processus. »

Le cas Lumarque

La question des critiques adressées au Conseil électoral provisoire,

Le président du CEP, Pierre Louis Opont. / Photo : J. J. Augustin

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entre autres, dans la gestion des cas Level et Lumarque a été évoqué au cours de l’entrevue. Ces deux candidats évincés, entre sommations, déploiement d’une impressionnante campagne de presse et mouvements de rue, défraient la chronique. Pierre Louis Opont affiche la plus parfaite sérénité. « Aucun des candidats ayant contesté une décision du CEP n’a pu argumenter sa position avec des preuves valables. » Dans le cas Lumarque, il a rappelé que l’article 90-H du décret électoral exige de tout candidat ayant été gestionnaire de fonds publics la présentation d’un certificat de décharge au moment de l’inscription. Le CEP demande au candidat un résumé de carrière pour savoir si nécessité de décharge il y a. Il est vrai que le CV de Lumarque n’avait pas permis au CEP d’estimer nécessaire une décharge, reconnaît Pierre-Louis Opont.

« Il n’avait présenté qu’un papier pour un poste à l’Institut national de la formation professionnelle (INFP) en 1990. Mais quand les partis politiques nous ont informés du cas Lumarque, en mettant sur le tapis sa position à la tête de la Commission présidentielle sur l’éducation et les correspondances de la CSCCA à l’effet qu’il lui fallait un certificat de décharge. Nous avons dû réétudier son dossier. Le fait est qu’il devait avoir décharge et qu’il n’avait pas produit la pièce au moment de l’enregistrement.

» Pierre-Louis Opont a soumis au National deux correspondances de la Cour supérieure des comptes, les deux signées de son président Fritz Robert Saint Paul, la dernière en date du 2 juin 2015 adressée à Jean Renel Sanon, le Secrétaire général du Palais national, où il est clairement dit qu’une commission a été formée pour auditer la gestion de Jacky Lumarque.

Dans cette lettre, on peut lire ce qui suit : « La CSCCA apprécierait que vous preniez toutes les dispositions nécessaires pour permettre à la commission d’effectuer son travail. À cet égard, elle vous saurait gré de lui faire savoir quand l’accès aux documents comptables lui sera donné. »

Le National a bien vérifié que cette dernière lettre a été effectivement transmise le 2 juin 2015. Cependant, un certificat de décharge est délivré à Jacky Lumarque après un arrêt de quitus rendu le mercredi 3 juin 2015 par la Chambre des affaires financières composée des conseillers Fritz Robert Saint Paul, président, Jean Ariel Joseph et Saint Juste Momprévil, membres.

« Jacky Lumarque n’avait pas ce certificat de décharge au moment de son inscription. Débat clos », tranche Pierre Louis Opont sans questionner cet arrêt. « Le CEP ne reviendra pas sur sa décision. »

Nouveau décret électoral et innovations

Le président du Conseil électoral provisoire a tenu à souligner pour Le National ce qui fait la différence

entre le nouveau décret électoral et les législations antérieures. Pour lui, ce décret comporte trois innovations majeures. D’abord, précise-t-il, il y a une modification des instances contentieuses. « Aujourd’hui, le CEP n’est plus juge et partie. Toute décision, explique-t-il, est prise à la majorité des juges siégeant au niveau des instances contentieuses. Le CEP ne dispose pas de la majorité des voix.

Le Bureau du contentieux électoral communal (BCEC) est composé de trois juges : un membre du Bureau électoral communal (BEC), tiré au sort, un avocat choisi au hasard sur une liste fournie par le barreau de la région, et un juge de siège choisi également au hasard sur une liste fournie par le Conseil supérieur du pouvoir judiciaire (CSPJ). Même procédé au niveau du Bureau du contentieux électoral départemental (BCED) : un membre du Bureau électoral départemental (BED), par tirage au sort, un avocat et un juge. Le Bureau du contentieux électoral national (BCEN), qui juge en dernier recours, est composé de deux conseillers électoraux tirés au sort, deux avocats de la Fédération nationale des barreaux d’Haïti, et un juge de la Cour d’appel fourni par le CSPJ. Donc le CEP n’a plus le contrôle des décisions au niveau des instances contentieuses. »

La deuxième innovation, selon Pierre-Louis Opont, est le mode de choix des membres des bureaux de vote qui sont choisis par les partis politiques sur une liste fournie par des organisations de la société civile. La dernière, et la plus marquante peut-être, est la transmission par voie électronique des résultats des procès-verbaux affichés sur les murs des bureaux de vote. Après dépouillement, les procès-verbaux seront disponibles sur le net, ce qui permettra aux candidats de pouvoir examiner leur parcours avant même que les procès-verbaux n’arrivent au Centre de tabulation. « Un téléphone sécurisé sera fourni à chaque bureau de vote pour cela. Nous aurons un accès aussi sécurisé pour la transmission des données à Port-au-Prince. Cet accès ne pourra pas être piraté », a certifié le président du Conseil électoral provisoire. Le coût des élections et la question sécuritaire

À la question de savoir s’il n’était pas possible à l’avenir de réduire les coûts des élections, le président du Conseil est convaincu qu’on devrait repenser complètement le modèle électoral actuel en Haïti, ce qui par ailleurs remet sur le tapis la nécessité d’une institution permanente avec un personnel permanent et qualifié.

La question sécuritaire a été également évoquée au cours de cette entrevue. « Toutes les mesures seront prises pour assurer la sécurité pendant la période électorale et le jour du vote. On a eu des garanties de la Minustah et de la Police nationale qui ont travaillé à un plan de sécurité. » Mais il se dit conscient que ce sont là des éléments hors de contrôle directe du

Conseil électoral provisoire, alors que c’est « une question cruciale de la problématique électorale ». Un proche du conseiller électoral Jaccéus Joseph a été assassiné dimanche soir. « Nous prenons au sérieux maintenant les menaces qu’on nous a faites », a dit Pierre-Louis Opont. « Nous ne pensions pas que ces gens passeraient à l’action. Nous avons eu tort. Nous avons eu une rencontre en ce sens avec le ministre chargé des

questions électorales et la sécurité des conseillers et de leurs proches a été renforcée. » Le flot des rapatriés aura-t-il un impact sur les élections ? Réponse laconique de Pierre-Louis Opont : « Ils ne sont pas sur les listes électorales, cependant nous espérons que l’État haïtien prendra toutes les dispositions pour éviter que cette situation n’affecte le processus électoral. »

Cap donc vers les élections ?

MERCREDI 8 JUILLET 2015 N0 34 | 7ACTUALITÉ

ÉCHO

Financement des candidats : le CEP attend les moyensLe gouvernement haïtien tarde encore à fournir au Conseil électoral provisoire des fonds nécessaires en vue de financer les candidats aux prochaines élections législatives. C’est ce qu’a révélé Frantz Bernadin, Porte-parole du CEP, qui a fait remarquer qu’il revient à l’organisme électoral de décider du montant à allouer aux partis politiques en fonction du nombre de candidats agréés. Aucune subvention financière ne sera allouée aux candidats indépendants. La campagne pour les législatives débute ce 8 juillet.

Le CEP forme les ASE du 13 au 25 juillet prochains

Le Conseil électoral provisoire travaille actuellement sur le recrutement des agents de sécurité électorale (ASE) ainsi que des superviseurs. Le corps de sécurité électorale devrait avoir un effectif de 5 000 membres, selon un communiqué du CEP informant que la formation pour ces agents se tiendra du 13 au 25 juillet 2015, à travers tout le pays.

Haïti-RD, l'OEA se réunit sur le dossier de déportations

Le Conseil permanent de l’Organisation des États américains (OEA) organise, ce mercredi 8 juillet 2015, une réunion spéciale autour de l’expulsion du territoire dominicain des migrants haïtiens illégaux ainsi que des personnes d’origine haïtienne frappées par l’arrêt 168-13 de la Cour constitutionnelle dominicaine.

Cette rencontre se tiendra au siège de l’OEA à la Salle Simón Bolívar à Washington DC. Lener Renauld, ministre des Affaires étrangères d’Haïti, soumettra un rapport sur l’évolution de la situation entre Haïti et la République dominicaine, informe un communiqué de l’OEA indiquant que cette réunion sera diffusée en direct sur son site Web.

La FNP, pour l'érection d'un mur sur la frontière haïtiano-dominicaine

Les dirigeants de la Force nationale progressiste (Fuerza Nacional Progresista - FNP) proposent d’établir un système complet de surveillance de la frontière haïtiano-dominicaine. Ils préconisent la construction d’un mur sur 388 km entre la République dominicaine et Haïti. Selon les nouvelles, ces dirigeants estiment non nécessaire que ce mur soit construit sur toute la ligne frontalière en raison de l’existence des zones escarpées qui empêchent le passage des migrants illégaux et entravent la contrebande de toute sorte sur le territoire dominicain.

Une nouvelle commission communale à Fort-Liberté

Un nouveau conseil exécutif intérimaire est installé, lundi, à la tête de la mairie de Fort-Liberté. Ce conseil est présidé par Ken Lafosse, qui a remplacé Guito Pierre actuellement candidat à la députation aux prochaines élections. L’installation est faite en présence d’Hugo Charles, délégué départemental du Nord-Est, qui a conseillé à monsieur Lafosse de travailler au progrès de la commune.

Cayes : EPPLS annonce un projet de construction de 300 maisons L’Entreprise publique de promotion de logements sociaux (EPPLS) a inauguré récemment un modèle de six unités de logement au quartier de La Savane dans la ville des Cayes. Le projet vise la construction de 300 maisons. En attendant la disponibilité des fonds nécessaires à l’exécution intégrale du projet, l’EPPLS a construit trois duplexes. C’est ce qu’a indiqué Esson Dorisca, son directeur, informant que ces constructions ont pu être effectuées grâce aux cotisations de bénéficiaires des logements sociaux gérés par l’EPPLS.

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8 | N0 34 MERCREDI 8 JUILLET 2015

MONDE

443 Américains ont remis leur

très officielle Déclaration de

candidature à la commission

électorale fédérale, pour

l’élection présidentielle américaine

de novembre 2016. Une poignée

seulement a ses chances, évidemment.

Vous aviez déjà des difficultés à

vous y retrouver parmi la vingtaine

de prétendants républicains «

sérieux » qui souhaitent défier la

favorite démocrate Hillary Clinton

dans la course à la Maison-Blanche

en 2016 ?

Accrochez-vous: au total, ce sont

443 candidats qui se sont déjà

déclarés pour l’élection présiden-

tielle américaine. Un nombre qui

marque une nette inflation des

vocations: ils étaient 417 en 2012

et 369 en 2008.

100 Républicains, 72 Démocrates et les autres...

La plupart n’a aucune chance

d’aller au bout des primaires,

ni même de commencer ce

processus long et coûteux. Mais

ces 443 Américains ont rempli la

Déclaration de candidature.

Ce document doit être soumis

à la commission électorale

fédérale, dans les 15 jours après

que le candidat s’est lancé dans

la bataille et dès qu’il a levé plus

de 5 000 dollars pour financer sa

campagne. Parmi ces aspirants

au Bureau-Ovale, figurent 100

Républicains, 72 Démocrates,

11 Libertariens, 3 Ecologistes, 1

Fédéraliste... et surtout beaucoup

d’indépendants ou de non-inscrits.

[Voir notre tableau de répartition].

Au-delà des étiquettes, qui sont

ces candidats? Mais surtout d’où

viennent-ils? Le site Mother Jones

(qui a dénombré 448 candidats au

total) les a situés sur une carte:

c’est de Californie que viennent le

plus de candidats (59). La Floride

(42), le Texas (41), l’Etat de New

York (32) et la Pennsylvanie (18)

sont les autres gros pourvoyeurs

en candidats.

Le seul Etat qui n’en fournit

aucun: l’Alaska... Mais que fait

Sarah Palin?

Etats-Unis: Bush, Clinton, Trump et les 440 autres candidats à la Maison-Blanche Sources : LEXPRESS.fr

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Le retour d'Edward Snowden aux États-Unis envisagé sources : Lefigaro.fr

L’ancien ministre de la justice,

Eric Holder, a laissé enten-

dre que la justice américaine

pourrait négocier un accord

avec l’ex-consultant informatique de

la NSA. Des poursuites judiciaires

seraient néanmoins maintenues.

En mars dernier, son avocat lais-

sait entendre qu’Edward Snowden

souhaitait rentrer aux États-Unis.

Son retour semble désormais aussi

envisageable pour les États-Unis.

Dans une interview accordée à

Yahoo News, Eric Holder, l’ancien

ministre américain de la Justice, a

indiqué que «la possibilité existe»

pour le département américain de

la Justice de conclure un accord

avec l’ancien consultant informa-

tique de la NSA. Ce dernier devrait

néanmoins faire face à des pour-

suites judiciaires.

Trois sources proches du dossier,

citées par les médias américains,

estiment qu’Edward Snowden ne

pourra rentrer aux États-Unis qu’à

condition de plaider coupable et

purgerait une peine de prison de

trois à cinq ans. Il devrait aussi

coopérer pleinement avec le gou-

vernement américain.

En mars dernier, Edward Snowden,

actuellement en Russie, avait

exprimé le souhait de regagner

les États-Unis. Son avocat avait

annoncé que des efforts étaient

entrepris en ce sens, mais à la

condition qu’on lui garantisse un

procès légal et équitable.

Eric Holder, alors encore en poste

au ministère, avait uniquement

fait la promesse qu’il ne serait pas

condamné à mort. Une sentence à

laquelle il s’est exposé après avoir

révélé les pratiques de surveil-

lance de la NSA, en violation du

Espionage Act de 1917.

Ces déclarations d’Eric Holder

sont les premières à affirmer que

la justice américaine pourrait

négocier avec Edward Snowden,

mais elles ne disent pas si le gou-

vernement d’Obama à changer de

position sur l’affaire Snowden.

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Page 9: N34

MERCREDI 8 JUILLET 2015 N0 34 | 9MONDE

Quatre pays parrainant les

pourparlers entre le gou-

vernement colombien et les

Farc (Forces armées révolu-

tionnaires de Colombie) ont appelé

mardi à une « désescalade urgente »

des violences qui menacent de faire

dérailler le processus de paix.

« Nous exhortons les parties à

s’abstenir strictement de toute

action causant des victimes ou des

souffrances en Colombie, et à accé-

lérer la mise en œuvre des mesures

d’établissement de la confiance »,

peut-on lire dans un communiqué

signé de la Norvège, de Cuba, du

Chili et du Venezuela. « Nous con-

sidérons ces mesures comme essen-

tielles. »

Le principal négociateur du gou-

vernement colombien a menacé de

quitter les négociations en raison

de cette récente intensification des

violences sur le terrain.

Les Farc réclament pour leur part

un cessez-le-feu bilatéral, ce que

Bogota refuse, s’appuyant sur des

exemples passés de trêves que les

rebelles avaient mises à profit pour

se réarmer.

Le conflit le plus long de

l’Amérique latine a fait 220 000

morts et des millions de déplacés

depuis 1964. Les pourparlers de

La Havane, qui ont débuté en

novembre 2012, ont produit des

résultats encourageants, les plus

importants jamais engrangés

lors de négociations de paix

entre les deux parties. Mais les

violences se sont intensifiées ces

dernières semaines, depuis une

embuscade rebelle qui a coûté la

vie à dix militaires en avril et qui a

conduit le président Juan Manuel

Santos à ordonner une reprise des

bombardements aériens contre la

rébellion, qu’il avait suspendus

un mois plus tôt en gage de bonne

volonté. Depuis le début des

pourparlers, Bogota et les Farc ont

réglé plusieurs points importants,

sur la réforme agraire, l’avenir

politique des Farc et la fin du trafic

de drogue.

Deux dossiers restent à régler, celui

de l’indemnisation des victimes et

la démobilisation des Farc.

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Les pourparlers de paix sur la Colombie menacés de déraillement Sources : Reuters

Grèce: une sortie de l'euro pas exclue pour la Commission européennesources : AFP

Une sortie de la Grèce de la

zone euro n’est « pas exclue

» si Athènes ne présente pas

« un paquet de réformes

crédibles », a estimé mardi Valdis

Dombrovskis, vice-président de la

Commission européenne, avant un

sommet extraordinaire qui va explor-

er les minces chances de sauvetage

du pays.

« Si la confiance n’est pas établie,

si aucun programme de réformes

crédible n’est présenté », une

sortie de l’euro « ne peut être

exclue », a déclaré le commissaire

européen chargé de l’Euro, à son

arrivée à une réunion des minis-

tres des Finances de la zone euro

à Bruxelles.

Afin d’ « éviter le scénario du pire

» auquel la Commission « ne se

résigne pas », il revient aux Grecs

de « présenter des propositions

complètes, concrètes, crédibles

pour pouvoir démarrer la discus-

sion », a dit de son côté Pierre

Moscovici, commissaire euro-

péen aux affaires économiques.«

Les réponses de M. Tsakalotos

(nouveau ministre des Finances

grec, ndlr) doivent être concrètes,

crédibles, tangibles efficaces »,

a-t-il insisté.

A leur arrivée à cette réunion, les

ministres des Finances de Slova-

quie, Lettonie et de Malte ont

déclaré que le scénario du Grexit,

la sortie de la Grèce de la zone

euro, était désormais clairement

envisagé. « C’est une solution

que les marchés (financiers) ont

déjà envisagée depuis un moment

maintenant et ce ne sera pas un

problème pour l’Europe », a dit le

Letton Janis Reirs.

Pour le Maltais Edward Scicluna,

« nous devons envisager les deux

possibilités » d’un maintien ou

d’une sortie de la Grèce de la zone

euro, cette dernière possibilité

étant désormais « réaliste ». « Il

faut s’assurer qu’elle est très bien

gérée et pas utilisée comme un

bâton », a-t-il relevé.

« Personnellement je suis scep-

tique sur la possibilité d’un accord

» entre la Grèce et ses créanciers,

a dit le Slovaque Peter Kazimir

dont le pays fait partie du camp

des plus durs à l’égard d’Athènes.

A l’inverse, le ministre des Financ-

es espagnol Luis de Guindos s’est

voulu optimiste, assurant que le

scénario du Grexit n’était « pas

sur la table ». « La balle est dans

le camp grec », selon lui.

Le Grec Euclide Tsakalotos,

successeur de Yanis Varoufakis

comme ministre des Finances

d’Alexis Tsipras, ne s’est pas expri-

mé à son arrivée à l’Eurogroupe,

tout comme le Français Michel

Sapin.

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10 | N0 34 MERCREDI 8 JUILLET 2015

ÉCONOMIE

L'université populaire d'été pour le renforcement de l'économie sociale et solidairePar Karenine Francesca Théosmy / AlterPresse

L’université populaire d’été 2015 aurait permis de prendre des résolutions pour renforcer les expériences d’économie sociale et solidaire en Haïti, apprend AlterPresse.

L’événement s’est déroulé sur dix jours, du dimanche 21 juin au mercredi 1er juillet 2015, avec la participation de près

d’une centaine de représentantes et représentants d’organisations pay-sannes, de jeunes et de femmes.

Comme en 2014, les échanges ont tourné autour de l’économie sociale et solidaire pour la trans-formation sociale, thème retenu pour trois ans.

« L’on a pu prendre des résolu-tions pour faire atterrir l’économie sociale et solidaire. Parce que beaucoup d’expériences ont lieu dans ce domaine [en Haïti] et nous avons pris des résolutions pour améliorer ces expériences », déclare à AlterPresse Guy Numa, responsable de programme au sein de l’Institut culturel Karl Levêque (Ickl).

Une déclaration finale, en prépa-ration, devrait bientôt être rendue publique.

L’édition 2015 a signé des « évo-lutions importantes, positives », aux yeux du professeur Camille Chalmers, directeur exécutif de la Plateforme haïtienne de plaidoyer pour un développement alternatif (Papda).

« Cette année, nous avons pu con-crétiser, pendant les deux premiers jours, un échange magnifique

entre 16 étudiants - qui sont en maîtrise au niveau de l’université publique… - et les participants à l’université d’été », dit-il.

Les étudiants ont « produit des résultats très intéressants sur le plan des nouveautés, des inno-vations, de la créativité et sur le plan de la nécessité de mainte-nir un dialogue fécond entre les mécanismes de recherches de l’université publique et les efforts de la population ».

Les étudiants ont également eu la possibilité de présenter, en ate-liers, leurs recherches et de rece-voir les critiques.

Des expériences d’économie soci-ale et solidaire, en milieu rural et urbain, dont une expérience de boulangerie alternative dans quatre départements du pays, ont pu être présentées avec la partici-pation des étudiants.

« Cela a été un échange absolu-ment égalitaire, qui s’est déroulé dans une ambiance cordiale et qui a montré combien les étudiants travaillaient dans leurs recherch-es, sans avoir vraiment beaucoup d’informations sur ce qui se passe dans le pays, sans être connectés aux dynamiques collectives des organisations de base », relève le professeur Camille Chalmers, parlant d’une expérience positive pour l’avenir.

Des discussions autour de sous-thèmes en trois groupes ont égale-ment eu lieu.

Un groupe s’est penché sur l’économie sociale et solidaire sous la houlette de la Papda.

Un deuxième a considéré l’économie sociale et solidaire et la communication, sous les auspices de Sosyete animasyon ak kominikasyon sosyal (Société d’animation et de communication sociale / Saks).

Le troisième groupe a abordé la lutte des femmes et l’économie sociale et solidaire, avec la Soli-darité des femmes haïtiennes (Sofa).

Ont pris la parole plusieurs intervenantes et intervenants, à l’image de Kenidd Acelin, Evelyne Larrieux, Olga Benoît et Carole Pierre-Paul Jacob (toutes les 4 de Sofa), du professeur Jean Rénold Elie, coordonnateur général de la Faculté des sciences humaines (Fasch) de l’Université d’Etat d’Haïti (Ueh), du professeur Ary Régis, directeur général de la Saks et responsable du département de communication de la Fasch, ainsi que de Marc Arthur Fils-Aîmé et Muller Pierre-Louis de l’Ickl.

Cette université populaire, initia-tive du mouvement social haïtien, a pris naissance depuis déjà une

dizaine d’années avec l’Ickl. Par la suite, l’ont rejoint d’autres institu-tions, comme la Papda, la Saks, la Sofa, le Programme alternatif de justice (Paj) et l’Institut de tech-nologie et d’animation (Iteca).

Entre l’édition 2015 et la pro-chaine, ces organisations con-tinueront à travailler, en réalisant, notamment, une évaluation des 5 dernières éditions, des forums intermédiaires et un processus d’accompagnement des expéri-ences menées à la base, selon Chalmers.Le contexte sera marqué par les élections, prévues entre août et décembre 2015, pour le renouvel-lement de tous les postes électifs, sauf 10 au sénat de la république.

« L’on peut s’attendre à ce qu’au niveau des joutes électorales, il y ait beaucoup plus de présence des organisations sociales et populai-res… pour que les débats ne soient pas concentrés sur un individu », mais abordent aussi des thèmes, tels la réforme agraire, l’eau pota-ble, la reforestation, l’éducation, entre autres, annonce Chalmers.

Par ailleurs, le directeur de la Papda souligne les difficultés de financer l’université populaire. Cette année, un grand nombre de volontaires ont participé à son organisation, de même qu’une entreprise sociale et solidaire de restauration, Konbit Fanm Saj.

HAÏTI-DÉVELOPPEMENT DURABLE

Les participants ont pu prendre des résolutions pour faire atterrir l’économie sociale et solidaire. / Photo: Fritznelson Fortuné

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MERCREDI 8 JUILLET 2015 N0 34 | 11ÉCONOMIE

Les coopératives veulent s'unir pour renforcer l'économie haïtiennePar Elisée Décembre

ÉCONOMIE SOCIALE

OCDE : Le monde doit prendre en compte le coût réel du charbon pour vraiment protéger le climatLes gouvernements devraient reconsidérer le rôle du charbon dans les approvisionnements énergétiques, car l’ampleur des nouveaux investissements consacrés aux centrales à charbon polluantes représente la menace climatique la plus pressante, a déclaré le Secrétaire général de l’OCDE, Angel Gurría.

Les pays devraient procéder à une évaluation plus rigoureuse du coût réel du charbon. Comme les prix ne tiennent pas pleinement compte des coûts environnementaux, sanitaires et financiers de ce combustible, beaucoup de centrales électriques aujourd’hui en construction devront peut-être être fermées avant la fin de leur durée de vie utile, a souligné M. Gurría lors d’une conférence donnée à l’invitation de la London School of Economics (LSE) et d’Aviva Investors, associés à ClimateWise.

S’il s’avère que les énergies de remplacement du charbon sobres en carbone ne sont pas à la portée de certains pays en développement, les pays donneurs devraient mobiliser des financements pour combler l’écart.

« Le charbon n’est pas une énergie bon marché, a noté M. Gurría. Les gouvernements doivent se demander sérieusement si le choix de cette énergie est bénéfique pour les citoyens. »

En l’absence de nouvelles mesures d’atténuation, on estime que la production d’énergie à partir de charbon émettra plus de 500 mil-liards de tonnes de CO2 entre aujourd’hui et 2050, ce qui représente la moitié environ du « budget carbone » qu’il s’agira de ne pas dépasser pour maintenir l’élévation de la température mondiale en dessous de 2 °C.

www.timounaid.org

Cette journée de réflexion autour du thème « Tèt ansanm nan mitan fanmi kooperativ yo » organisée au local de «

Koprofer kenbe » à Cazeau a permis à ces acteurs de l’économie solidaire et sociale d’évaluer les interventions qui, de 1951 à nos jours, épaulent sur le terrain la masse populaire avec leur dispositif de microfinance.

La journée internationale des coopératives ne date pas d’hier. Elle a été instaurée dans les annales des journées mondiales par l’Association des coopératives internationales (ACI) depuis 1922, soit 32 ans après leur création. Pour célébrer ce 93e anniversaire, l’ACI a retenu comme thème : « Opter pour les coopératives, opter pour l’égalité. » Une grande théma-tique qui invite au positionnement militant. « Il nous fallait réagir cette année devant une telle per-spective » a indiqué Frantz Prinvil, l’un des membres de CCH.

Dans le cadre de cette journée, un représentant du ministère des Affaires sociales s’est prononcé sur « la protection sociale et les coopératives » et la séance s’est terminée par des échanges relatifs aux objectifs visés par le Collec-tif. « Notre vision est assez osée », avoue Mr Prinvil, car nous voulons de prime abord avoir un recense-ment de toutes les coopératives du pays pour ensuite les inviter à

intégrer les rangs de l’Association des coopératives internationales (l’ACI) et de la Confédération des coopératives de l’Amérique cen-trale (CCCA).

« Nous occupons une place prépondérante dans l’industrie de la microfinance en Haïti. Nous faisons un travail de proximité. Nous sommes présents dans tous les recoins du pays, du départe-ment du Sud au Nord-Ouest en passant par l’Ouest et le Centre

il n’y a pas une ville du pays où l’on ne retrouve pas au moins une coopérative », s’enorgueillit Frantz Prinvil.

De la plus ancienne coopérative d’Haïti, la Caisse populaire Sainte Anne fondée en 1951 à la Vallée de Jacmel, à toutes celles qui ont pris naissance au cours des années après, le souci est clair : aider les petites bourses à survivre dans un pays où l’emploi est comme une denrée rare. « Il est clair

que la présence de ces coopéra-tives exerce un impact positif sur l’économie haïtienne ».

Frantz Prinvil pense que c’est un affront à l’égard des coopératives le fait d’enlever de la constitution la phrase qui stipulait que : « Haïti est une République coopératiste. »Un accident de parcours pour le Collectif des coopératives haïti-ennes dont la mission est de défen-dre les intérêts des coopératives en Haïti.

La commémoration de la journée internationale des coopératives, ce samedi 4 juillet écoulé, a été l’occasion de la création du Collectif des coopératives haïtiennes (CCH), une association qui regroupe la majorité des coopératives du pays et qui se fixe déjà de grands objectifs.

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ÉCONOMIE

Les péchés d'Haïti Par Eduardo Galeano*

Ce texte de l’auteur des « Veines ouvertes de l’Amérique Latine » date de 1996. Galeano y revient sur l’Histoire d’Haïti. Et il explique comment l’Occident a construit la malédiction de cette île au fur et à mesure des ans, parce qu’elle était habitée par des noirs.

PAGE RETROUVÉE

La démocratie haïtienne est née il y a un moment. Dans son bref temps de vie, cette créa-ture affamée et malade n’a reçu

que des gifles. Elle était nouvelle-née, dans les jours de 1991, quand elle a été assassinée par le coup de force militaire du général Raoul Cedras.

Trois ans plus tard, elle a ressuscité. Après avoir subi et être sortie de tant de dictatures militaires, les États-Unis sont venus et ont mis en place le président Jean-Bertrand Aristide, qui avait été le premier président dans toute l’histoire d’Haïti élu par un vote populaire et qui avait eu la folle idée de vouloir un pays moins injuste.

Le vote et le veto

Pour gommer les traces de la participation américaine dans la dictature carnassière du général Cedras, les marines ont emporté 160 000 pages de dossiers secrets. Aristide est revenu enchaîné. Ils lui ont donné la permission de récupérer le gouvernement, mais lui ils ont interdit le pouvoir. Son successeur, René Préval, a obtenu presque 90% des votes, mais n’importe quelle personne de quatrième catégorie du FMI ou de la Banque Mondiale a plus de pouvoir que Préval, même si le peuple haïtien ne l’a pas choisi.Le veto peut plus que le vote. Veto aux réformes : chaque fois que Préval, ou quelqu’un de son gouvernement, demande des crédits internationaux pour donner du pain aux affamés, des lettres aux analphabètes ou une terre aux paysans, il ne reçoit pas de réponse, ou ils lui répondent en lui ordonnant : - Récitez la leçon. Et comme le gouvernement haïtien n’en finit pas d’apprendre qu’il faut démanteler le peu de services publics qui restent, les dernières pauvres protections pour l’un des peuples les plus abandonnés du monde, les professeurs considèrent l’examen comme perdu.

L’alibi démographique

À la fin de l’an passé quatre députés allemands ont visité Haïti. Ils n’étaient pas arrivés que la misère du peuple les a frappés. Alors l’ambassadeur d’Allemagne leur a expliqués, à Port-au-Prince, quel est le problème : - C’est un pays surpeuplé - a-t-il dit-. La femme haïtienne veut toujours, et l’homme haïtien peut toujours.Et voilà qu’il a ri. Les députés se sont tus. Cette nuit, l’un d’eux, Winfried Wolf, a consulté les chiffres. Et voilà qu’il a vérifié qu’Haïti est, avec le Salvador, le pays le plus surpeuplé des

Amériques, mais il est aussi surpeuplé que l’Allemagne : il a presque la même quantité d’habitants au kilomètre carré.Durant son séjour en Haïti, le député Wolf a été frappé par la misère : il a aussi été ébloui par la capacité de création des peintres populaires. Et voilà qu’il est arrivé à la conclusion qu’Haïti est surpeuplé... d’artistes. En réalité, l’alibi démographique est plus ou moins récent. Jusqu’à il y a quelques années, les puissances occidentales parlaient plus clairement.

La tradition raciste

Les États-Unis ont envahi Haïti en 1915 et ils ont gouverné le pays jusqu’en 1934. Ils se sont retirés quand ils ont réussi leurs deux objectifs : faire payer les dettes de la City Bank et abroger l’article constitutionnel qui interdisait de vendre les plantations aux étrangers. Robert Lansing, Secrétaire d’État de l’époque, a justifié la longue et féroce occupation militaire en expliquant que la race noire était incapable de se gouverner elle-même, qu’elle a “une tendance inhérente à la vie sauvage et une incapacité physique de civilisation”. L’un des responsables de l’invasion, William Philips, avait forgé quelque temps auparavant cette idée sagace : “Ils sont un peuple inférieur, incapable de conserver la civilisation que les français leur avaient laissés”.

Haïti avait été la perle de la couronne, la colonie la plus riche de France : une grande plantation de sucre, avec une main-d’œuvre d’esclaves. Dans L’esprit des lois, Montesquieu avait expliqué sans tergiverser : “Le sucre serait trop cher si les esclaves ne travaillaient pas dans sa production. Les

esclaves sont noirs depuis les pieds jusqu’à la tête et ils ont le nez si écrasé qu’il est presque impossible d’avoir pitié d’eux. Il semble impensable que Dieu, qui est un être très savant, ai mis une âme, et surtout une bonne âme, dans un corps entièrement noir”.En revanche, Dieu avait mis un fouet dans la main du berger. Les esclaves qui ne se distinguaient pas par leur volonté de travail. Les noirs étaient esclaves par nature et feignants aussi par nature, et la nature, complice de l’ordre social, était l’œuvre de Dieu : un esclave devait servir le maître et le maître devait punir l’esclave qui ne montrait pas un tant soit peu d’enthousiasme pour remplir le dessein divin. Karl Von Linneo, contemporain de Montesquieu, avait fait précisément un savant portrait du noir : “Un vagabond, paresseux, négligent, indolent avec des coutumes dissolues”.

Plus généreusement, un autre contemporain, David Hume, avait vérifié que le noir “peut développer une certaine habileté à s’humaniser, comme le perroquet qui parle quelques mots”.

L’humiliation impardonnable

En 1803 les noirs d’Haïti ont administré une raclée terrible aux troupes de Napoléon Bonaparte, et l’Europe n’a jamais pardonné cette humiliation infligée à la race blanche. Haïti a été le premier pays libre des Amériques. Les États-Unis avaient conquis avant son indépendance, mais il avait environ un million d’esclaves qui travaillaient dans les plantations de coton et de tabac. Jefferson, qui était propriétaire d’esclaves, disait que tous les hommes sont égaux, mais il disait aussi que les noirs ont été, sont et resteront inférieurs. Le drapeau des libertés

a été dressé sur des ruines. La terre haïtienne avait été dévastée par la monoculture du sucre et détruite par les calamités de la guerre contre la France, et un tiers de la population était tombée au combat. Alors a commencé le blocage. LA nation nouvellement née a été condamnée à la solitude. Personne ne li achetait, personne ne lui vendait, personne ne la reconnaissait.

Le délit de la dignité

Même Simón Bolívar, qui si brave qu’il pu être, n’a pas eu le courage de signer une reconnaissance diplomatique du pays noir. Bolivar avait pu reprendre sa lutte pour une indépendance américaine, quand l’Espagne l’avait déjà battu, grâce à l’appui d’Haïti.

Le gouvernement haïtien lui avait remis sept navires et beaucoup d’armes et de soldats, avec pour seule condition que Bolivar libéra les esclaves, une idée qui n’était pas due au Libérateur. Bolivar a rempli son contrat, mais après sa victoire, quand il gouvernait déjà la Grande Colombie, il a tourné le dos au pays qui l’avait sauvé. Et quand il a convoqué les nations américaines à la réunion de Panama, il n’a pas invité Haïti mais il a invité l’Angleterre.

Les États-Unis ont reconnu Haïti récemment 60 ans après la fin de la guerre d’indépendance, tandis qu’Etienne Serres, un génie français de l’anatomie, découvrait à Paris que les noirs sont primitifs parce que chez eux la distance entre le nombril et le pénis est courte.

A ce moment là, Haïti était déjà aux mains de dictatures militaires carnassières qui destinaient les ressources faméliques du pays au paiement de la dette française : L’Europe avait imposé à Haïti l’obligation de payer à la France une indemnisation gigantesque [Lire “La dette extérieure d’Haïti, une hypocrisie française”]**, à la manière d’une dette du pardon pour avoir commis le délit de la dignité.

Cette histoire de persécution contre Haïti, qui de nos jours prend des dimensions de tragédie, est aussi une histoire du racisme dans la civilisation occidentale.

*Los pecados de Haití : originalement publié par Eduardo Galeano – Brecha 556, Montevideo, 26 juillet 1996.

**La dette extérieure d’Haïti, une hypocrisie française” : http://www.primitivi.org/spip.php?article180

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SOCIÉTÉ

Qui sont-ils ?

Il est dimanche matin, Jamson et Rosena, respectivement neuf et onze ans, enlèvent les étiquettes sur les bouteilles plastiques dans un site de stockage à l’angle des rues des Miracles et Pavée où envi-ron une dizaine de collecteurs informels préparent et emballent leurs marchandises vers les entre-prises clientes. Ils nous expliquent : « on aide notre grand-mère. C’est grâce à cette activité qu’elle paie l’école et nous donne à manger ». Cependant, si Jamson et Rosena sont pris en charge par leur grand-mère, Watson, enfant de cité soleil de 12 ans, pratique cette activité depuis la mort de sa mère. Train-ant un gros sac dans lequel il met des objets ramassés devant le parc industriel Sonapi à Trois mains sous un soleil de 14 heures, il nous explique : « c’est avec cela que je gagne un peu d’argent pour nourrir mes frères et sœurs et moi. Maman est morte, papa nous a abandonnés et depuis, je suis devenu kokorat ».

Pour Osnel, un jeune garçon de 20 ans à Delmas 9, s’il ne quitte pas cette activité, explique-t-il, c’est parce qu’il n’a aucun autre moyen de survivre avec sa famille dont il est l’ainé. « Imagine-toi, quand tu portes le sac sur ta tête, un liquide puant mêlé de tout ruisselle jusqu’à ta bouche, ce n’est pas bon pour ton cerveau», argumente-t-il avec une voix morne. Quant à Fritzner, 32 ans, père de deux enfants, en plus de la journée, il sort à la tombée de la nuit pour rentrer à l’aube. Comme tous les autres collecteurs interrogés, Fritzner n’utilise aucun matériel de protection. Ni masque, ni gants, ni chaussures appropriés

mais il est obligé, explique-t-il debout au milieu des déchets col-lectés à l’angle des rues Saint-hon-oré et Réunion : « on nous dit que nous mettons nos mains dans la matière fécale, mais je sais ce que je cherche », déclare-t-il.

Pour Silvia, 61 ans, elle a peur du risque de chercher dans les ravins cependant il lui arrive quand même de se faire blesser la main par les tessons de bouteilles, explique-t-elle, non loin d’un ravin à Bois-Verna. Mais, n’ayant aucune assis-tance de l’État, elle doit continuer pour gagner environ 300 gourdes contre une grande balle (plusieurs sacs cousus ensemble, qu’elle dit remplir dans environ trois jours de travail) afin d’aider ses enfants.

Quel risque encourent ces

citoyens en fait?

Abdias JOACHIM, un médecin de SODEC Hospital, n’hésite pas (sans aucune intention de minimisation) à qualifier ces citoyens d’ « infec-tions ambulantes ». Ces citoyens qui achètent à manger en faisant leurs activités sans la possibilité de se laver les mains, ne sont à l’abri d’aucune des maladies que nos déchets peuvent transmettre, nous explique-t-il. Et leur entourage n’en est pas non plus à l’abri. De plus, étant sans matériels de protec-tion, ils courent conséquemment le risque d’attraper la leptospirose, une maladie attrapée à partir de l’urine des rongeurs provoquant de fortes douleurs articulaires, et de fièvres continues. Est-ce là la cause des douleurs atroces et longues fièvres d’Osnel ( 20 ans ) et de Silvia (61 ans ) qu’ils associent aux fatigues de leusr activités ? En

fait, le risque de maladie le plus évident que courent ces concitoy-ens restent la gastro-entérite qui agit sur l’estomac et les intestins et provoquent des diarrhées et vom-issements.

Ces citoyens doivent-ils

cesser ces activités à haut

risque?

Si tous nos interviewés confessent qu’ils ne peuvent, malgré leur volo-nté, suspendre ces activités, Fritz Gerald Louis, un expert en anal-yse économique et développement international, cadre de la direc-tion des études du ministère de l’économie et des finances, pense que tous les métiers ont un certain niveau de risque et que les métiers à hauts risques existent partout dans le monde. S’ils en sont arrivés là, c’est à cause de la faiblesse de la protection sociale de l’État, pense-t-il. Ce qu’il faut, dit-il, c’est de réguler le secteur. Il faut des normes pour la collection, mais ses activi-tés rapportent, c’est du travail, cela rend les pratiquants autonomes et aide à l’assainissement, explique l’expert. Quelle économie ? Celle des bourgeois marchands, sous-traitants qui achètent les déchets de ces survivants à huit gourdes le kilo comme l’a confié Watson, sous prétexte de recyclage dans le pays ? Une de ces entreprises, sise à bon repos à laquelle plusieurs col-lecteurs disent vendre les déchets, n’a pas voulu trop réagir sur le tra-vail pourtant rentable.

Les grandes théories de l’État l’attribuent la protection des citoy-ens qui le constituent. Même si certaines théories voient dans la mission de l’État (bourgeois) la protection des dominants de la société, cependant certaines socié-tés établissent des mécanismes de prise en charge des plus démunis du système avec l’argent des con-tribuables. Ces mécanismes de protection sociale dont il convient de parler d’assistance dans le cas de ces démunis travaillant dans l’informel ne touchent aucun des interrogés. Seul Sonson, un autre enfant de 13 ans à la rue Saint- Honoré, a dit avoir déjà vu de distri-butions de kits cependant les «gwo nèg » (plus âgés violents), pour reprendre son expression, l’ont toujours empêché d’en bénéficier. Pour ce qui est de savoir s’il est de la volonté des citoyens de prendre ces risque ou si c’est l’inadéquation de la protection sociale de l’état qui ne les en empêche pas, des cadres du ministère des affaires sociales et du travail ont répondu que « les programmes ne peuvent pas touch-er tout le monde. On doit accepter

le fait que les gens font leur travail et qu’il faut c’est de les encadrer ».

Au fait, aucun de la gamme des droits universels de l’homme (à la santé, art 25 ; à la sécurité socia-le, art 22 ; au travail, à la protec-tion, art 23 ; à un niveau de vie suffisant, art 25 ; à l’éducation, art 26) promu par l’occident et en vogue dans le pays surtout depuis 1986, n’arrive à empêcher ces citoyens d’arriver à ce niveau de contradiction pour reproduire leur vie. Ces droits seraient-ils ceux des individus égoïstes, repliés sur eux mêmes; droits favorisant (occultant) l’exploitation comme le pense Marx dans la « question juive » (1843, p 22-23) ? En fait, ni la liberté, ni l’égalité, ni la fra-ternité de ces droits, et triade de notre drapeau, n’empêche les citoy-ens de risquer leur vie sans aucune protection, aucune assistance dans ces ravins et décharges aux déchets mêlés. Dans l’individualisme (exac-erbé avec le capitalisme), on pense que seul son bonheur et « celui des siens » importent. Mais est-il vrai, comme le laisse croire le capital-isme, qu’on peut construire son bonheur ignorant celui des autres, autrement dit, sur le mal-être des autres? Nous qui prétendons ignor-er le sort de ces concitoyens-là, n’est-il pas incohérent même dans la logique individualiste et égoïste, dans la mesure où ces enfants qui ne vont pas à l’école et aspirent au bonheur comme tout le monde risquent de devenir des hors la loi (comme aucune loi ne les ont jamais protégé) et nuisent à notre bonheur égoïste en générant de l’insécurité ? Ces grands-mères qui font les courses aux mêmes marchés que nous, ne risquent-elles pas de con-taminer notre cuisine égoïste par toutes sortes de maladies? En tout, cas réfléchissez sur votre individu-alisme exacerbé !

Enfin, est-ce que ces citoyens vont être pris en charge par le nouveau gouvernement où est-ce qu’avec ces milliers de citoyens (personnes plutôt?) « rapatriés » par l’autre partie de l’Ile ils seront encore plus à prendre ce risque mortel pour, paradoxalement, reproduire leur vie? En tout cas, si Silvia a résolu qu’elle ne votera plus, malgré la déception dont fait mention tous les potentiels votants de nos inter-rogés. Ceux- ci attendent les pro-chaines élections pour aller voter. Alors, peut-être que de ces milliers de candidats ils trouveront des concitoyens qui, une fois élus, ne les oublieront pas jusqu’aux pro-chaines élections, comme l’a pensé Fitzner qui. Malgré tout, pense voter.

Un gagne-pain à double impactpar Sabry ICCENAT

HAÏTI SOCIÉTÉ / RÉCUPÉRATEURS DE DÉCHETS

Qui ne tombe pas encore sur un de ces concitoyens en train de fouiller dans les poubelles, les montagnes de débris en pleine rue ou les ravins ? Sans aucune distinction de sexe ni d’âge, ils cherchent dans les déchets des objets en plastique, des canettes, du fer, du cuivre. Bref, tout objet ayant une valeur marchande.

Des enfants au travail sur un site de stockage à l’angle des rue pavée et des miracles.

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MERCREDI 8 JUILLET 2015 N0 34 | 15SOCIÉTÉ

La robe noire taillée

LN-Je fais une chose non profes-sionnelle en te félicitant pub-liquement pour ta beauté noire et lumineuse. En espérant que ce compliment sera pris dans son élé-gance sociale, engageons les sujets de notre entretien. Il se déroulera sur ton parcours dans la vie, sur l’entreprise Raj Magazine, sur tes croyances religieuses et tes sou-haits pour ta terre, madame, pour la prochaine décennie. Tu es née à Port-au-Prince? Ou ? Dans quel joli bourg d’Haïti as-tu pris naissance ?

RAJ -Merci pour les compliments, Pierre. J’apprécie l’élégance inves-tie dans la formulation de ta pensée.J’ai pris naissance à Port-à-Piment dans le Sud, là où se trouve l’une des plus belles grottes des Caraïbes: la grotte Marie-Jeanne.

Je ne m’accroche à aucune dénomi-nation religieuse précisément. Je crois en Dieu, en sa puissance, en sa présence en chacun de nous. Je suis en quête de Lui. Je cherche à pouvoir communiquer avec Lui en vue de trouver ma paix intérieure.

Mes souhaits pour Haïti, ma terre, pour la prochaine décennie, c’est de voir émerger une classe moyenne capable de répondre à ses besoins. Mon engagement personnel veut que je m’investisse à apporter, à travers Raj Magazine, ma singulière contribution dans la revalorisation de la conscience de l’Haïtien en l’encourageant à capitaliser sur le positif...

LN.Quels sont les meilleurs souve-nirs qui te restent de ton adoles-cence? Une nostalgie amoureuse? Un succès de classe ? Un deuil ? Une belle robe ? Un poème, à toi, dédié ?

RAJ- En élémentaire II, je ne con-nais pas la nouvelle nomenclature dans l’enseignement, j’étais la moins âgée et la plus menue de la classe. Un jour, à la récitation, la professeure s’est rendue compte que j’étais l’unique élève à réciter convenablement toute la leçon d’histoire. Pour marquer cette performance, elle m’avait invitée à monter sur son bureau pour être applaudie par toute la classe. Enfin, j’avais droit, pour mon exploit, à une surette (un bonbon). J’étais fière de moi ! De plus, j’ai en mémoire cette belle robe noire que je m’avais

taillée, elle épousait parfaitement mes lignes... Le tissu rétrécissait après lavage. Un jour tandis que je m’en suis revêtue pour me rendre à l’INAGHEI (1ère année), ma mère pestait contre ma tenue. Elle avait trouvé que c’était un juste-au-corps et que cette robe laissait lire tous les détails de ma morphologie. Catégoriquement, elle m’interdisait de laisser la maison accoutrée de ma belle robe dont j’étais si fière. Je me souviens d’avoir essayé de la convaincre.

Entre temps, je ne sais par quel miracle, la robe allait reprendre ses dimensions normales et redevenir décentes. Elle ne se laissait prendre à mes fantaisies et mes réponses ne faisaient pas le poids. Quand elle a compris que j’étais entêtée à porter ma robe malgré tout, elle m’a appelée et de ses ciseaux, l’a a fendue de haut en bas. Là, elle m’a invitée à sortir en lambeaux... si j’y tenais encore. J’étais en colère ce jour-là contre ma mère. Mais, avec l’âge et le raisonnement, j’ai fini par comprendre cette éducation ferme et disciplinée... De nos jours, nos jeunes s’habillent n’importe com-ment et affichent n’importe quel comportement antisocial voire déviant. Les parents n’exercent sur eux aucun contrôle et la société devient de plus en plus permissive.

Y AVAIT-IL DES PROPOSITIONS

INDECENTES ?

LN. Qu’est-ce qui t’avait porté à créer Raj Magazine ?

Mon amour pour Haïti. Mon désir de contribuer à l’évolution de notre société et surtout mon engoue-ment à encourager la culture de la positivité chez nos lectrices et nos lecteurs, et bien sûr, chez nos collaboratrices et collaborateurs et chez moi (la charité bien ordonnée commence par soi. Rires).

LN. Femme, cela a dû être dur pour toi de faire comprendre ce projet ?C’est malheureusement dur, en effet, pour les femmes de faire valoir leur projet. Mais la déter-mination, la persévérance, la pas-sion et l’amour pour Haïti, pour ce travail, ont permis à Raj Magazine d’exister encore. C’est tout un pro-blème de discrimination.

LN. Quel a été le plus grand défi pour toi ? La rédaction ou le sup-port financier ?

Mes collaborateurs aiment autant que moi l’idée de vendre Haïti autrement que la promotion de ses sites naturels et historiques. Donc, la rédaction n’a jamais été un trop grand défi. Le support financier, oui, c’est le plus grand défi de Raj Magazine. Au fait, ce serait mieux de trouver des mécènes, des entre-preneurs pour des engagements à long terme plutôt que de courir derrière des patronages tout au long de l’année pour assurer la pérennité de Raj Magazine. Nous envisageons tant de choses pour promouvoir positivement Haïti (avoir une version audio pour les non-voyants comme nous l’a sug-géré le Dr Michel A. Péan. Une ver-sion vidéo qui serait publiée sur YouTube, FaceBook et les télés qui voudraient bien; organiser au moins quatre activités culturelles par an; inviter des jeunes à nous accom-pagner dans les villes de province à chaque déplacement pour leur permettre de visiter le pays, etc.)Dans tous les pays du monde, il existe pas mal magazines à dévelop-per des thématiques différentes. En Haïti, on dirait même que c’est une fierté de voir des revues naître un jour et mourir un à trois ans plus tard. Bien souvent des entreprises de sponsorisation me déclarent qu’elles n’y sont pas intéressées parce qu’en général les magazines ne vivent pas longtemps. Elles feignent d’ignorer que justement c’est par leur déni de support que ces initiatives meurent aussi rap-idement. D’ailleurs, RAJ Magazine est distribué gratuitement. L’argent doit circuler pour asseoir une classe moyenne qui soit en mesure de se procurer les biens et les services de ces entreprises... En faisant ce travail de promotion du pays, ces entreprises contribueraient à la promotion de leur environnement et les retombées leur seraient favo-rables dans le temps.

L’objectif de Raj Magazine par exemple est de porter les touristes à venir en Haïti, à influencer les gens positivement (les lecteurs de Raj Magazine) en vue de les encourager à réfléchir et agir dif-féremment... Comme si rien de ce qui a rapport avec la collectivité, la culture de la positivité, la promo-tion du pays et des artistes qui nous distraient ne nous intéresse... C’est à se demander qu’est-ce qui peut bien faire réagir certains Haïtiens de nos jours? Nou pa konen nan kisa nou kwè.

LN. J’enragerais de savoir que, sur le plan des contacts avec le milieu des affaires, on t’aurait fait des “propositions indécentes”.

Eh bien! Ne te gêne surtout pas, Pierre. Cette attitude fait partie du lot. C’est un véritable problème auquel j’ai fait face plus d’une fois.

Mais ne t’inquiète pas parce que j’aurais préféré voir Raj Magazine aux oubliettes plutôt que de succomber à ces ‘’propositions indécentes’’. Comment comprends-tu que je fais la promotion de notre pays avec Raj Magazine mettant en exergue le côté positif des gens, encourageant ses lecteurs à consommer les fruits et légumes du terroir..., ce que toute haïtienne, tout haïtien conséquents devraient encourager... Je devrais me compromettre moi-même pour y parvenir?... Franchement, Pierre?

Autant faire taire mon patriotisme et me trouver un pis-aller dans une ONG, ou fuir Haïti comme fait la majorité de la jeunesse du pays livré à lui-même... Il est grand temps que les hommes apprennent à apprécier le travail des femmes plutôt que de les considérer comme de vulgaires marchandises. C’est odieux...

L.N. Quels sont les meilleurs numéros que tu as imprimés ?

Pour moi, chaque numéro de Raj Magazine a sa singularité et sa beauté. Mais, j’avoue apprécier plus les hors-séries: ‘’Frank Etienne l’Immortel’’, ‘’Rhum Barbancourt l’Or du temps’’, ‘’l’Age d’Or’’, les numéros réguliers: ‘’Destination Sud-Est’’, ‘’Bienvenue dans le Marien’’, ‘’Destination Grand’Anse’’, ‘’Destination Môle Saint-Nicolas’’, ‘’Regard sur l’Art en Haïti’’ un numéro fin prêt, mais que nous avons des difficultés à imprimer faute de 13 000.00 $ US pour l’occasion... Je profite de cette entrevue pour solliciter le support financier de certaines entreprises moyennant des pages publicitaires en contre -partie.

12- J’ai aimé, Rose, ta photo avec le bouquet de fleurs dans le numéro sur la BPH.

Merci pour ton appréciation. Les couleurs de mon sourire reflètent la beauté de mon âme. Mes plus beaux sourires viennent de mon cœur, Pierre...

Rose Adele Joachin : « Ne t'inquiete pas des propositions... »Par Pierre Clitandre

FOCUS

Rose Adèle Joachin est belle. Responsable de RAJ Magazine, elle se bat pour la présentation d’une image positive du pays. Cela ne se fait pas sans déceptions. Elle nous raconte son aventure avec des nuances qui disent qu’elle veut garder certains secrets…

Rose Adele Joachin.

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SOCIÉTÉ

Marche pacifique, danse, témoignages, chants, scènes de théâtre, ont été les principales activités

réalisées pour marquer cette céré-monie de clôture.

Il s’agit d’un séminaire de for-mation et de sensibilisation à l’intention de 60 élèves de la classe de 5e année fondamentale de l’École nationale Toussaint Louverture (Lascahobas) contre

les violences (physiques, émo-tionnelles et sexuelles) faites aux enfants dans les milieux scolaires.

À cette formation ont pris égale-ment part près de 51 élèves de 7e, 8e et de 9e année fondamentale de l’institution Mixte de l’Avenir (Carrefour-Feuilles) et 30 profes-seurs, dont 15 de Lascahobas et 15 de Port-au-Prince. Des séances de sensibilisation ont été réalisées à l’intention des parents sur la dis-cipline positive en lieu et place de la violence.

Droits de l’enfant, participation citoyenne, leadership et protec-tion contre la violence ont été, entre autres, les thèmes agités lors de ces séances de formation, débutées en avril dernier.

La protection des enfants con-stitue l’une des grandes priorités de l’IBESR, affirme le représent-ant de l’IBESR, Elie Serge. C’est dans cette perspective qu’il a établi un bureau à travers les dif-férents départements du pays et déployé un ensemble d’agents de protection des mineurs afin de veiller au strict respect des droits des enfants, notamment les plus vulnérables.

De son côté, la représentante d’« Enpak », Jo-Ann Garnier Lafon-tant, a indiqué que les parents et les professeurs peuvent aider les enfants à s’autodiscipliner sans pour autant user de violence à leur endroit. Les enfants, a-t-elle ajouté, peuvent être éduqués en passant avec eux des contrats et par la négociation.

De l’avis de la représentante d’« Enpak », il convient de sensibilis-er tout un chacun à la nécessité de s’engager dans la protection des

enfants. Car, soutient-elle, toute action violente exercée contre un enfant risque de conduire celui-ci dans une spirale où il exercera à son tour la violence sur un autre plus petit que lui.

Pour remédier à cette situation, Mme Lafontant appelle au respect du droit intégral des enfants. Elle préconise l’usage de la discipline positive en vue d’enrayer les actes de violence sur les enfants.

Cette série de séminaires, indique la conseillère de « HPP AKSE », Marjorie K. Bertrand, s’inscrit dans le cadre du support de l’organisation qu’elle représente à l’État haïtien pour aider celui-ci à mettre en place une politique publique via l’élaboration d’un cadre légal devant contribuer à prévenir la violence et à en proté-ger les enfants.

Elle rappelle qu’une enquête réali-sée en 2012 a révélé que plus d’un tiers des filles interrogées ont été victimes de violences de toutes sortes avant d’atteindre l’âge de 18 ans. Selon ce qu’elle a indi-qué, le milieu scolaire est désigné comme l’endroit où les enfants sont victimes d’abus soit de leurs enseignants, soit des directeurs d’écoles.

Face à cette situation, informe Mme Bertrand, une stratégie nationale de protection de l’enfant est en cours d’élaboration. Elle permettra de freiner les violenc-es faites aux enfants en vue de contribuer à l’épanouissement de cette catégorie vulnérable.

Dominique Yanick, une écolière, participant à ces séances de for-mation, informe y avoir appris les méthodes lui permettant de résoudre un conflit avec ses pairs.

Elle a aussi indiqué que ce sémi-naire a contribué à l’aider de manière positive, arguant qu’elle était une fille conflictuelle et que maintenant elle ne l’est plus.

Bélizaire Stevenson, un autre écolier également participant à cette formation, ne tarit pas de louanges quant aux bienfaits de ce séminaire.

Il dit espérer que cette initiative va s’étendre sur toute l’étendue du territoire afin de permettre à d’autres enfants d’en tirer profit. Aussi se propose-t-il de partager avec les enfants de son âge les leçons qu’il a apprises durant ce séminaire.

Marche de Sensibilisation Contre la Violence faite aux Enfants.

Clôture du projet Kapabpar Reynold Aris

Suite aux résultats de l’enquête sur la violence faite aux enfants (VACS) (Violence Against children survey), commanditée par l’État haïtien, l’organisation « Enpak » (Engagement, participation et kapasite), en partenariat avec l’Institut du bien-être social et de recherches (IBESR) et le projet « HPP AKSE », a clôturé le projet baptisé Kapab (Konprann mwen, Ankadre m pou m aprann pi byen). La cérémonie a été tenue le dimanche 5 juillet 2015 à Lascahobas (Plateau central). Ce projet est financé par l’Agence américaine internationale de développement (USAID) pour un montant de 42 mille dollars américains.

HAÏTI / DROITS DE L’ENFANT

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MERCREDI 8 JUILLET 2015 N0 34 | 17

CULTURE

Depuis sa réouverture offi-cielle le 19 juin dernier, le grand public, les cinéphiles et les amants du théâtre ont

hâte de voir fonctionner ciné Triom-phe. Mais ses portes restent toujours fermées.

« Dans la communauté urbaine de Port-au-Prince, il y avait autrefois plus d’une vingtaine de salles de cinéma, mais depuis la chute des Duvalier en 1986 qui traîne derrière elle l’instabilité politique et l’insécurité, les salles du ciné Triomphe sont fermées », a fait remarquer Robert (Boby) Denis, coordonateur du comité d’administration du bâtiment.

Propriété de Joseph Saliba, le ciné théâtre Triomphe a cessé de fonctionner le 28 novembre 1987. L’État haïtien, qui en a fait l’acquisition, a décidé de mettre en place un comité en vue de le rendre fonctionnel.D’après le chiffre avancé par Boby

Denis, l’État vient de dépenser environ sept millions de dollars pour réparer l’édifice qui a résisté au séisme du 12 janvier 2010 et acheter du matériel moderne pour équiper les salles. « Il y a des ajouts, comme vous pouvez le constater.

La façade a été refaite en vitre. Ensuite, il y avait une cour sur le côté nord qui n’existe plus ; maintenant il y a un garage et, au-dessus, c’est une grande salle de convention avec 600 places, et encore au-dessus de cette salle, le bloc administratif », explique le coordonateur.

Dans la structure principale, les deux grandes salles existent toujours. Rien n’a changé, selon Boby. Il y a des modifications et des rénovations. La Salle 1 compte 450 places. Avant elle en comptait 600 places. « C’est pour l’extension de la scène qui peut maintenant accueillir

une trentaine de danseurs, de danseuses et de musiciens. C’est une scène standardisée », a dit M. Denis.

Le public présent le jour de l’inauguration avait une idée avec les musiciens et les danseurs qui défilaient sur la scène sans problème.

Boby Denis a signalé pour nous qu’avant le Triomphe n’avait pas de loge. « Maintenant c’est différent, il y a de vraies loges et de vraies coulisses », signale le coordonateur du comité de gestion.

Pour la seconde salle de 300 places, rien n’a changé. « C’est une salle de cinéma, a dit Boby. Mais il y a la possibilité de mettre de l’éclairage et de la sonorisation pour faire jouer un quintet si besoin est. »

Les deux salles disposent d’un

écran de 12,50 m, de chaises spéciales, de la sonorisation, de l’éclairage et de tampons sur les murs pour absorber le son.

Bobby Denis a averti les producteurs haïtiens de films et de spectacles que les portes du ciné théâtre Triomphe sont grandes ouvertes et les attendent. Ils sont prioritaires pour projeter leurs films, mais en partenariat.

Il a parlé aussi d’un accord avec les chaînes de télévision qui diffusent certains films haïtiens sans autorisation et projettent les films étrangers le jour même de leur sortie comme cela se fait partout dans le monde.

Avec le lancement de la Carifesta en Haïti, le public aura l’opportunité d’assister à des spectacles dans les salles du ciné théâtre Triomphe.

Des événements sont prévus. Attendons pour voir.

Ciné Triomphe : inauguré mais pas encore opérationnel par walcam

Mieux comprendre le métier d'explorateur Par Schultz Laurent Junior

Théophile Jarbath, jeune étudi-ant de la IERHA, a prononcé une enrichissante causerie dans l’après-midi du jeudi 2

juillet 2015 à l’École normale supéri-eure de l’Université d’État d’Haïti. Cette conférence didactique était articulée autour du thème : « Le métier d’explorateur, enjeux et per-spectives dans les pays du Sud ».

Devant un auditoire peu nom-breux, mais manifestant un vif intérêt pour le sujet, Théophile Jarbath a retracé dans un premier temps son itinéraire et expliqué minutieusement, dans un second temps, le métier d’explorateur avant de mettre sous les feux des projecteurs les enjeux et les per-spectives.

Membre de la National Geograph-ic, militant écologiste, spéléo-logue, membre de la Fédération des randonnées à Cuba, membre de la Société spéléologie fran-çaise, l’intervenant est un fou d’aventures et d’explorations.

À pieds il a parcouru sept départe-ments de notre pays avec son sac

à dos comprenant nourriture, hamac et duvet.

L’intervenant a montré que le métier d’explorateur n’a pas encore trouvé sa place en Haïti. Il n’y a malheureusement pas de fonds alloué à la recherche. Il a souligné que le métier d’explorateur nous met en contact avec la nature dans une démarche scientifique.

Ce n’est pas faire du tourisme. C’est un métier interdisciplin-aire qui a pour objet l’ethnologie, la climatologie, la géographie, l’archéologie pour ne citer que ces domaines. Définissant l’exploration comme le fait de cher-cher avec l’intention de découvrir quelque chose d’inconnu, Théo-phile Jarbath a présenté des argu-ments relatifs à son travail.

Il a expliqué le cadre épistémologie de cette profession et montré la possibilité de pratiquer ce métier dans les pays du Sud en termes d’espace géographique et géo-politique. « Face à des problèmes territoriaux et des problèmes d’intégration auxquels les pays du

Sud sont confrontés, j’ai choisi d’inventorier non seulement les méthodes, les perspectives qui me poussent à comprendre la ques-tion du patrimoine, mais aussi la perspective spéléologique. » Cette initiative est un appel aux étudi-ants, aux chercheurs de diriger des explorations scientifiques pour des objectifs humanitaires et sociaux.

Comparant les similarités existant entre l’environnement, la santé, la géographie, l’ethnologie, la géologie et les autres sciences, il a proposé des conférences un peu partout afin qu’il y ait des démarches cohérentes pour une science citoyenne qui permettrait de prendre des résolutions et des décisions dans le cadre des recherches en Haïti.

Ayant suivi des cours de paléontol-ogie et de plongées sous-marines en France, il part souvent à la conquête des lieux pour arpenter l’inconnu.

« Je me sens étranger à tout espace qui ne m’est pas encore

découvert. J’apprends à donner du sens à ma vie quand je pénètre dans l’intimité des forêts, des océans.

Quand je peux pénétrer dans les grottes, dans les cavernes. Quand je peux planer au-dessus des mon-tagnes et des collines. L’espace est ma demeure », nous confie t-il l’air serein et heureux.

Toutefois, il a déploré le fait qu’on méprise cette profession en Haïti tout en reconnaissant qu’il est nécessaire de continuer à explorer, même quand l’exploration néces-site un matériel cher et sophisti-qué.

Même quand chez nous l’on accorde aucune importance à la recherche.

Il croit que le métier d’explorateur est le métier scientifique qui pousse à une démarche déductive, interdisciplinaire, analytique de la notion d’espace et du temps dans une dimension culturelle, ethnique, biologique idéologique, sociale et humanitaire.

CONFÉRENCE / DÉBATS / ENS

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CULTURE

Le Roumain de Dorestal Par Carl-Henry PIERRE

« Jacques Roumain (1907-1944) : un communiste haïtien », avec le sous-titre « le marxisme de Roumain ou le commencement

du marxisme en Haïti », est un livre du docteur Yves Dorestal, paru en mai 2015 aux Éditions C3. Ce livre, dont la couverture, par son esthétique, attirerait tout lecteur, comporte plus d’une centaine de pages et est com-posé en cinq chapitres.

Les cinq chapitres du livre sont les suivants : 1) Pour une métacritique des lectures de Jacques Roumain, 2) Marx, Engels, Weerth et Haïti, Marx et Haïti, 3) La troisième internationale et Haïti, la longue marche du marxisme haïtien, 4) Le marxisme de Roumain, 5) Le marxisme de Jacques Roumain dans le contexte du marxisme latino-américain. Mon interpré-tation de la pensée de Roumain, lit-on dans l’introduction, est un acquittement d’une dette que nous avons envers lui.

Le docteur continue de dire que

la meilleure façon d’honorer Jacques Roumain est de le rendre vivant en le continuant en pensée et en acte.

En lisant ce livre, on aura com-pris d’abord que Roumain est le premier marxiste haïtien et le premier qui a su lire Marx dans Marx. En fait, en allemand. D’où le marxisme haïtien. Mais ce marx-isme n’est pas un marxisme fermé. On aura compris ensuite que le marxisme roumainien a grande-ment contribué au marxisme lati-no-américain.

Par ailleurs, on aura compris qu’il est aussi un moment important dans l’histoire du marxisme uni-versel. Et la grande question est donc de savoir quel sera le marx-isme en Haïti par rapport à son histoire liée au marxisme de Rou-main.

La portée du livre ne permet pas trop de tout saisir en l’espace de quelques lectures. Les phrases

en allemand, en espagnol, etc. Le docteur Yves Dorestal se réfère parfois à Yves Dorestal lui-même. Le livre est largement corsé.

À la page 116 à 117, nous lisons ceci : « Roumain est un marxiste original. Il aborde une question inédite à son époque : La néces-sité d’une relation du marxisme avec les sciences sociales ou sci-ences humaines.

Plusieurs années plus tard, le marxisme français (Sartre, Althusser), presque à la même époque que lui, le marxisme allemand (l’école de Francfort) formulent la difficulté : Le marx-isme peut-il ignorer les disciplines nouvelles des sciences humaines (sociologie, anthropologie, psych-analyse, psychologie), quel parti peut-il en tirer ? » Pour écrire le livre « Jacques Roumain (1907-1944) : un communiste haïtien », on imagine que l’auteur a mis un temps considérable de labeur, de persévérance, de correction. Le

tout pour parfaire le texte. C’est ce que Roland Barthes dans ces écrits critiques appelle « Normes artisanales ». Le livre semble con-naître un difficile trajet.

Le philosophe Yves Dorestal a eu un doctorat à l’Université de Francfort 1971-1974 et a obtenu la mention Summa cum laude pour sa thèse qui a été dirigée par Alfred Schmidt. Il a enseigné à l’étranger, dont à Honduras, Nicaragua, Santiago, Chili... Il a surtout enseigné en Haïti.

Il a été le doyen de la Faculté d’ethnologie d’Haïti de 2000 à 2010. S’il faut percer l’énigme du Roumain de Dorestal, il faut entrer sans modération dans le livre. Et nous tenons à dire que si pour Sigmund Freud le rêve est la voie royale qui mène à l’inconscient, pour le docteur Yves Dorestal Jacques Roumain est la voie royale d’où découle le marxisme haïtien.

Du sang et des Brides : on ne saurait oublier Par Jean Billy Mondésir

C’est une plainte qui a ouvert le spectacle. Elle vient du public comme pour signifier qu’elle pourrait être portée

par chacun de nous. Elle s’adresse à Dieu. C’est ce qu’on fait après avoir épuisé tous les recours ici-bas. On se tourne vers l’au-delà : vers Dieu, les dieux, les loas, les esprits, selon ses rapports avec l’arrière-monde. « Se nan bra w mwen vin lage lavi mwen/se nan pye w mwen vin plenyen mizè mwen », chante l’actrice, dissimulée dans la foule.

C’est une survivante qui a poussé le cri. Elle seule, de toute une

famille, a survécu à la catastro-phe. Elle était la mère de cette famille. On comprend alors toute la douleur condensée dans sa plainte. Elle n’est pas naturelle, la catastrophe qui a emporté son mari et ses enfants. Elle était tout aussi sanglante, mais pas aussi brève qu’une catastrophe naturel-le. Elle était politique, celle-là, et a secoué le pays pendant vingt-neuf ans.

La pièce se passe dans l’intimité de cette famille, de cette femme, mais elle laisse entendre l’écho de toute la douleur ambiante de cette

triste période de notre histoire. Celle des Duvalier. La femme finit sa prière et décide d’affronter son bourreau.

Elle est seule. Le bourreau est invisible mais se manifeste à trav-ers deux « fantômes ». L’un paraît être un simple soldat, l’autre un caporal. Son avantage, c’est qu’elle n’a plus rien à perdre sinon sa vie qu’elle est prête à donner pour avoir ses enfants, vivants ou morts. On apprend alors qu’ils n’ont pas été tous éliminés d’un coup. On apprend que le père fut d’abord longuement emprisonné.

Que sa femme, lors des démarches pour son élargissement, s’est fait continuellement violer. De ces viols est né son dernier fils.

Le mari ne fut malgré tout jamais libéré jusqu’à son élimination définitive. Les enfants sont ensuite enlevés et exécutés. Et la mère, dans ce grand vide, lutte, lutte encore et entend lutter jusqu’à son dernier soupir.

L’entrée aux représentations qui se tiendront à Fokal est sur invi-tation à retirer gratuitement à la réception de Fokal.

La Fondation Connaissance et Liberté (Fokal), a accueilli la pièce « Sang Brides » de Ketsia Vaïnadine Alphonse, mise en scène par Miracson Saint-Val, les vendredi 3 et samedi 4 juillet. Malgré le match de la finale de la « Copa America », ils étaient nombreux ceux qui ont choisi d’aller assister à la représentation de cette pièce qui est une belle aventure contre l’oubli.

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MERCREDI 8 JUILLET 2015 N0 34 | 19CULTURE

Trahi, Chris Brown refuse de payer la pension de Royalty ! Sources : Public.fr

Alors que tout allait pour le mieux et que les deux par-ents de Royalty étaient sur un terrain d’entente, Chris

Brown vient de refuser de payer la pension de sa fille. La raison ? Un couteau dans le dos…

La vie de Chris Brown est tou-jours aussi mouvementée qu’il y a quelques mois. Parce qu’être père demande du travail, il ne devait pas s’attendre à lutter autant pour obtenir une partie de la garde de sa fille. Car entre sa mauvaise entente avec la mère de cette dernière et son train de vie, pas facile de s’en sortir. Pourtant, mercredi 1er juillet, le chanteur était prêt à tout fair e pour prou-ver qu’il est le père de Royalty et qu’il ne la laissera pas tomber. Mais un évènement risque bien de tout faire basculer…

Tout ou rien

En effet c’est le site TMZ qui a informé que Chris Brown ne pay-erait plus la pension alimentaire de Royalty jusqu’à nouvel ordre. Un choix brutal et en complète contradiction avec ses propos. Mais alors que s’est-il passé ?

Comme nous vous l’informions au début de l’affaire, Nia Guzman réclame 15 000 dollars par mois de pension. Une somme que Chris refusait de payer et qu’il a baissé à 2 500 dollars. Finalement, les deux parties s’étaient mises d’accord sur 10 000. Mais alors que Chris s’apprêtait à accepter l’accord, c’est hier (2 juillet) que tout a dérapé.

Alors qu’il souhaitait voir sa fille cette semaine, il vient d’apprendre qu’elle était chez sa mère Joyce Hawkin, en Viriginie. Un fait dont il ignorait tout ! Se sentant trahi

par sa propre mère, Chris aurait alors tout envoyé valser.

En avril dernier, il avait posté une photo de la femme avec Royalty sur son compte Instagram. Un

cliché désormais effacé… Reste à savoir si Royalty doit payer à cause des conflits des adultes.

Chris Brown au cours de son concert à Port-au-Prince. / Photo: J. J. Augustin

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Le rappeur Lil Wayne a sorti samedi un album en exclusiv-ité sur le site Tidal, sur fond de conflit avec sa maison de

disque.

L’opus, intitulé Free Weezy Album, associe Lil Wayne à la star du hip hop Wiz Khalifa, au chanteur de reggae Junior Reid (ex-Black

Uhuru), et au rappeur Jeezy.

Lil Wayne, connu pour son carac-tère impétueux et ses nombreux tatouages, est en conflit avec son label Cash Money, mené par son ancien mentor Bryan «Birdman» Williams.

Il accuse Cash Money de délibéré-ment retarder la sortie de son album Tha Carter V, qui devait mettre un point final à sa carrière.

Tidal est le service de musique en ligne entièrement payant lancé le 30 mars par le rappeur améric-ain Jay Z. Il l’avait racheté cette année pour 56,2 millions de dol-lars au site suédois Aspiro.

Tidal mène une politique d’exclusivités pour attirer les auditeurs, avec un succès mitigé face au géant Spotify et aux autres concurrents comme Deezer, Rhap-sody, Google Play, ou Rdio, sans compter le petit dernier lancé par Apple.

Le service d’accès illimité à la musique, à la demande, est régu-lièrement critiqué par de nom-breux artistes qui s’estiment mal rémunérés.

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Le rappeur Lil Wayne sort un album en ligne Sources : AFP

Lil Wayne lors de son concert à Port-au-Prince. / Photo: J. J. Augustin

Diverses activités pour commémorer les 100 années de l'occupation américaine Sources : Alterpresse

CULTURE

HAÏTI / HISTOIRE

Des organisations et associa-tions, engagées dans la sen-sibilisation des citoyennes et des citoyens sur les évé-

nements qui ont marqué l’histoire du pays, envisagent diverses activités en vue de marquer les 100 années de la première occupation américaine en Haïti (28 juillet 1915 - 21 août 1934).

La Société haïtienne d’histoire, de géographie et de géologie (SHHGG) et le Mouvement patrio-tique démocratique et populaire (MPDP) sont parmi ces organisa-tions et associations.

La SHHGG compte « honorer les lieux [de mémoire] et toutes les personnalités » qui ont combattu pour le départ des soldats améri-cains, dans le cadre d’une série d’activités entre le mardi 28 juillet 2015 et le vendredi 21 août 2015.

Le mardi 28 juillet 2015, une cérémonie aura lieu au centre de la capitale, près de la rue des

Casernes (dénommée aujourd’hui Rue Paul VI), sur les lieux où des soldats haïtiens résistants ont été tués.

Une plaque y sera dévoilée à la mémoire de ces combattants.D’autres lieux, où sont tombés ou inhumés des combattants, seront pris en compte à travers le ter-ritoire national.

Le 21 août 2016, la Société haïti-enne d’histoire, de géographie et de géologie tiendra un colloque international pour clôturer ses initiatives autour des 100 ans de l’occupation américaine.

La SHHGG prévoit d’inviter des représentantes et représentants de pays des Caraïbes continen-tales et insulaires, ayant subi les agressions de l’armée américaine.

Les vendredi 17 et samedi 18 juil-let 2015, l’organisation politique Rasin Kan pèp la, membre du Mou-

vement patriotique démocratique et populaire (MPDP), organise un colloque international pour mar-quer les 100 ans de l’occupation américaine en Haïti. Le mardi 28 juillet 2015 (qui ramènera le 100e anniversaire du débarque-ment des marines en Haïti), sont annoncées, à partir de midi (16:00 Gmt), diverses activités, dont une marche dans la capitale Port-au-Prince, suivie d’une rencontre politico-culturelle, en fin d’après-midi.

Pour Guy Numa, responsable de mobilisation au sein du MPDP, toutes les initiatives - à l’occasion des 100 ans de la première occu-pation américaine en Haïti - visent à informer les citoyennes et les citoyens sur l’histoire de l’occupation américaine, les sen-sibiliser et relancer la bataille contre l’occupation.Pour le MPDP, avec ou sans bottes, l’occupation est toujours présente en Haïti.Le jeudi 17 décembre

2015, une audience (un tribunal symbolique) se déroulera pour juger toutes les personnes qui ont contribué à placer Haïti sous le joug de l’occupation.

Parallèlement, la Société haïti-enne d’histoire, de géographie et de géologie et le Mouvement patri-otique démocratique et populaire comptent présenter des exposi-tions de photos et de textes, rela-tives à l’occupation américaine dans divers endroits de la capitale Port-au-Prince.

Entre-temps, le Groupe Médialter-natif (GM), dont fait partie l’agence en ligne AlterPresse, a lancé, le lundi 6 juillet 2015, de concert avec la station privée Radio Kis-keya, une chronique en Créole, relatant divers faits autour de l’occupation américaine de 1915, à partir de la série d’ouvrages « les blancs débarquent » de l’historien Roger Gaillard (10 avril 1923 - 25 mai 2000).

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Malgré la déportation de nos compatriotes, des milliers de frères et de sœurs con-tinuent d’évoluer en terre

voisine. Parmi eux, plusieurs dizaines de nos footballeurs qui ont fait le bon-heur des fans en championnat nation-al et en sélection nationale, jouent dans le championnat professionnel dominicain appelé la Ligue de football dominicain (FDL). Cette ligue est à sa seizième journée. L’international Alexandre Boucicaut surnommé « musicien » en terre voisine, a été choisi par la direction technique de la Ligue de football dominicain (FDL) comme joueur le plus populaire de la seizième journée.

Musicien, comme il est appelé par les fans mocanos (fans du Moca FC), a permis à son équipe de battre le 5 juillet l’Atletico San Cristobal sur le score étriqué d’un but à zéro. Le virevoltant attaquant a inscrit le but à la 58e minute de jeu suite à une frappe de l’expérimenté Jean Philippe Peguero. Un but et une victoire qui permettent au Moca FC de se qualifier pour le second tour de la compétition.

« Cette semaine, le prix revient à Alexandre Boucicaut (musicien). Son but permet à son équipe de jouer les play-offs. Et il a été le meilleur de cette journée », a déclaré Carlos Ramirez, directeur technique de la ligue.

C’est la deuxième fois que Boucicaut a obtenu cette distinction. Lors de la treizième journée, il avait permis à son équipe de gagner. Il fait partie des meilleurs buteurs de la compétition avec sept buts. Il est classé à la 6e place du

classement des buteurs. La saison précédente Jean Michel Alexandre Boucicaut avait marqué neuf buts en 12 matches mais il jouait dans l’équipe San Cristobal dans l’ancien Major League (ancien nom du championnat actuel). Il était le meilleur buteur du tournoi d’alors.

« Mon objectif n’est pas seulement de décrocher des titres individuels mais surtout de sacrer champion de cette Ligue. Nous allons tout faire pour y arriver. Je suis sûr et certain que Peguero va m’aider à réaliser ce rêve », a informé le meilleur joueur de la 16e journée de la LDF.

L’ancienne gloire du foot national ne reste pas indifférente concernant la déportation massive des noirs vers

Haïti. « Nous autres, footballeurs haïtiens, nous voulons envoyer un message de paix et d’unité aux Dominicains pour les encourager à mettre fin aux déportations massives et illégales qu’ils réalisent maintenant. Nous allons faire passer notre message avec le ballon. Chaque fois qu’on gagne ou remporte un match, nous leur démontrons que les Noirs ne sont pas une menace pour leur pays. Au contraire, nous les aidons à aller plus loin. C’est pourquoi, nous leur demandons d’arrêter », a-t-il souhaité.

Il faut signaler que le milieu de terrain Jean Michel Alexandre Boucicaut est âgé de 33 ans. Il a joué au Violette AC et dans plusieurs

autres pays tels que : la Colombie, le Mexique et les États-Unis dans la MLS.

Avec ce succès, le Moca FC a gagné neuf matches, il a réalisé cinq matches nuls et deux défaites en 16 matches. Il est le dauphin du championnat avec 32 points. Il reste à jouer deux journées pour la saison régulière. Jean Michel Alexandre Boucicaut va-t-il obtenir le titre individuel une nouvelle fois durant ces deux dernières journées ? Ce dimanche 12 juillet, le Moca FC rencontrera en déplacement la Romana à 5 h p. m et le 19 du mois en cours, il aura sur sa route toujours à 5 h p. m, l’ Atlanstico.

Bauger de Bonny Pierre, le leader Si le Moca FC de Boucicaut et de Peguero est le dauphin du championnat, le Bauger FC de Bonny Pierre est le leader de la compétition suite à son succès en déplacement le 5 juillet aux dépens de La Vega (0-1). L’unique but a été l’œuvre de Jonathan Faña, meilleur buteur de la Ligue avec 16 réalisations. Grâce à cette victoire, l’équipe de Bonny Pierre enregistre son 12e succès et comptabilise 37 points. Tandis que Bonny est le dauphin du classement des buteurs avec 11 buts.

Ce dimanche 12 juillet, le Bauger FC accueillera l’Atlético Pantoja et le 19, il se rendra chez le Cibao FC de Charles Hérold Junior (Blan solo) qui avait fait (1-1) le dimanche 5 juillet avec les Delfines del Este FC. Une victoire qui lui permet de prendre la 4e place avec 26 points. Le samedi 11, l’Atlántico accueillera le Cibao FC.

MERCREDI 8 JUILLET 2015 N0 34 | 21SPORT

FOOTBALL / COMPATRIOTES

Alexandre Boucicaut, joueur populaire de la semaine en République dominicaine par Gérald Bordes

Le virevoltant Jean Michel Boucicaut. / Photo : ldf.com

L’attaquant vedette du Moca FC, notre compatriote Alexandre Boucicaut (musicien), a été choisi comme le joueur populaire de la semaine. Après seize journées, le Moca FC est le dauphin de la Ligue de football dominicain (FDL) tandis que le FC Bauger de Bonny Pierre est le leader de la compétition.

Âgé de 19 ans, et membre de l’équipe U-23 d’Haïti, Nerlin Saint-Vil se rendra en France ce jeudi 9 juillet en vue

d’effectuer un stage d’une quinzaine de jours environ au sein de l’ancienne équipe de Jeff Louis, AS Nancy.

Co-meilleur buteur de la série d’ouverture du Championnat national de première division, le numéro 17 bélairien aura pour objectif principal de s’imposer au club nancéien afin de décrocher son premier contrat en Europe.

Il faut signaler que Jeff Louis peut déposer sa valise dans le club Bursaspor du championnat turc. D’après les informations recueil-lies, le club turc est prêt à payer 3 millions d’euros à Standard Liège pour le Mirebalaisien. Selon la

presse Turque Jeff Louis aurait donné son accord pour rejoindre ce club de première division. Le seul hic est que Bursaspor veut offrir 1 000 000 par an à Jeff. Mais ce dernier désire 1 200 000 euros.

FOOTBALL / TRANSFERT

Nerlin Saint-Vil sera mis à l'essai par l'AS Nancy par Gérald Bordes et haititempo.com

Le jeune attaquant de l’Aigle noir, Nerlin Saint-Vil sera mis à l’essai par le club français de la Ligue 2, AS Nancy au cours de ce mois de juillet.

Le jeune prodige bélairien Nerlin Saint-Vil. / Photo : haititempo.com

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La zone des Palmes 2 a déjà livré son verdict. L’équipe d’Ascoli a été sacrée championne tandis que le champion de la zone des

Palmes 1 est encore à déterminer. La dernière journée du groupe se joue ce mercredi 8 juillet.

L’équipe de Laborde, de son côté, a raflé le titre pour la zone Sud. C’est ce qu’a informé Thierry Antoine Michel, coordonnateur de la Commission nationale de football jeune au sein de la FHF.

Le coordonnateur a aussi préci-sé qu’il reste à connaître quatre autres vainqueurs des zones des Palmes. «Cette zone était divisée en deux parties. L’une des d’elles a déjà donné son champion. Dans les semaines à venir, nous allons connaître les noms des autres champions », a-t-il signalé.

Ce championnat se joue dans huit zones du pays. Chaque zone va constituer une sélection qui pren-dra part dans un véritable champi-onnat national de la catégorie des moins de dix-huit ans. « Toutes les régions vont constituer une sélection avec les meilleurs élé-ments. Après, nous autres de la commission, nous allons organiser

un championnat national à la mi-août afin de déterminer le cham-pion national de cette catégorie », a-t-il fait savoir.

Ces sélections seront constituées par des techniciens très compé-tents dans le football des jeunes. La zone Ouest est divisée en deux: on retrouve comme détecteur dans l’Ouest 1, l’entraîneur chevronné, Gérald Beauvais et dans l’Ouest 2, l’expérimenté Salomon Médina.

La zone des Palmes 1 en activité

Ce mercredi, la dernière journée de la phase de groupe pour la zone des Palmes 1 se jouera. Dans le groupe A, au parc Julia Vilbon, le Cavaly de Léogâne affronte Goals. Au parc Ferrus de Grand-Goâve, l’Agefoot rencontrera le Milien Deams et au parc Saint-Jean de Gressier, le Jaguar sera opposé à Respire FC. Dans le groupe B, au Parc Cercey de Darbonne, l’EAFOOT jouera face au Valencia.

Au parc Hendrick de Four-à-chaud, Depoze se mesurera avec Somos et au parc Catherine Flon de Flon, la Faucille d’or croisera le fer avec l’US Dufort.

Les demi-finales pour la zone Nord-Ouest

Les demi-finales de la zone Nord-Ouest se tiendront ce mercredi, au parc Capois. L’équipe de Saint-Monfort rencontrera le Super classique et l’AS Bassin Bleu sera opposée au Cabaret FC. La finale est prévue pour le 12 juillet pro-chain.

La finale pour la zone bas-Artibonite

Ce mercredi 8 juillet, au Parc Levelt de Saint-Marc, la Flamme et Zenglen se disputent la grande finale.

Trois des quatre qualifiées pour la zone Ouest 2 connues

Au moment où nous mettions sous presse, le Ben Fica et le Faucon disputaient le match de barrage pour compléter le carré des demi-finales de la zone Ouest 2, l’Écofoot, Alliance, EFAT étant déjà qualifiées pour les demi-finales.

Club sportif Saint-Louis et Don Bosco éliminés

Les demi-finales de la zone Ouest 1 ont été disputées le samedi 4 juillet au stade Sylvio Cator. L’équipe de Viva Rio a eu raison du club sportif Saint-Louis grâce au pénalty (1-1, 6-5 t.ab). Dès la 29e, Edmondo Dorvilus avait ouvert le score pour Viva Rio et Jean Gardy Innocent avait égalisé sur pénalty pour les Saint-Louisiens (78e). Dommage, c’est ce dernier qui loupa son tir dans les séances fatidiques. Dans l’autre demi-finale, le Racing club haïtien s’est débarrassé du Don Bosco dans les séances des tirs au but (2-2, 7-6 t.a.b). Pourtant, ce sont les Pétion-Villois qui avaient pris l’avantage pendant les 90 minutes. À la 19e minute, Jean Yvelt Dorcin avait ouvert le score et à la 48e, Shneider Estimable égalisa pour le Racing club haïtien. À la 53e Miralex Pierre donna l’avantage aux Pétion-Villois (2-1) et à la 76e Shneider Estimable inscrivit son deuxième but personnel qui envoya le Racing dans la loterie.

Et les petits lionceaux furent plus adroits que les Pétion-Villois en gagnant 7-6. Ainsi, la finale opposera le Racing club haïtien au Viva Rio le samedi 11 juillet au stade Sylvio Cator.

CHAMPIONNAT NATIONAL DES U-18

Le Racing club haïtien et le Viva Rio en finale pour la zone Ouest 1 ! par Gérald Bordes

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SPORT

Afin de préparer la relève du football haïtien, la Fédération haïtienne de football (FHF) de concert avec la Commission nationale de football jeune organise un championnat pour détecter les meilleurs talents. Les zones Ouest 1 et Artibonite disputent leurs finales ce mercredi tandis que les zones des Palmes 2 et Sud livrent leurs champions.

Une phase de jeu de la rencontre entre le club sportif Saint-Louis (vert et blanc) et le Viva Rio. Photo : Ruben Chéry

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MERCREDI 8 JUILLET 2015 N0 34 | 23SPORT

Fil Info Football

Eto’o signe en Turquie (Off.)

Samuel Eto’o a signé un contrat de trois en faveur d’Antalyaspor. Le Camerounais pourrait être rejoint dans le club truc par Ronaldinho.

Zaza à la Juve (Off.)

Simone Zaza (24 ans) a signé un contrat de cinq ans avec la Juventus Turin. Pour s’attacher les services de l’attaquant de Sassuolo, la Juventus a déboursé 18 millions d’euros.

Muller à MU pour 82 M€ ?

Manchester United serait prêt à offrir 82 millions d’euros pour recruter Thomas Müller. Il y aurait eu des discussions ces derniers jours entre Karl-Heinz Rummenigge, président du conseil d’administration du Bayern Munich, et Ed Woodward, le vice-président de MU pour l’attaquant international allemand du club bavarois.

Zlatan désiré au Real Madrid ?

Selon le journal catalan Sport, Ramon Calderon l’ancien président du Real Madrid, aurait abordé le dossier Ibrahimovic à Doha le week-end dernier en compagnie de l’actuel président, Florentino Perez. Sous sa casquette d’entrepreneur du BTP, ce dernier a rencontré la famille royale du Qatar, et notamment le propriétaire du PSG. Présent lors de cette rencontre, Calderon s’est exprimé au sujet du Parisien : « Ibrahimovic sera en fin de contrat à l’issue de la saison prochaine et c’est un grand joueur, avec une grande attirance pour Bernabeu. Il y a de grandes chances pour que cela se fasse ».

Rafael Benitez, qui ne serait pas convaincu par Karim Benzema, serait intéressé par le profil du Scandinave. Le Real serait prêt à offrir à Zlatan Ibrahimovic un contrat de trois ans à 12 millions d’euros annuels.

Tennis

Djokovic souffre et passe

Novak Djokovic s’est qualifié pour les quarts de finale de Wimbledon en venant à bout de Kevin Anderson (6-7, 6-7, 6-1, 6-4, 7-5). Le Serbe, qui a bataillé pour s’offrir le Sud-Africain, retrouvera Marin Cilic pour une place dans le dernier carré.

Sharapova en demie

Maria Sharapova s’est qualifiée pour les demi-finales de Wimbledon ce mardi en battant l’Américaine Coco Vandeweghe (6-3, 6-7, 6-2). La Russe retrouve le dernier carré de Wimbledon pour la première fois depuis 2011, quand elle avait perdu contre Petra Kvitova en finale. Pour retourner à ce stade de la compétition, la quatrième joueuse mondiale devra venir à bout de l’Américaine Serena Williams ou de la Biélorusse Victoria Azarenka en demie.

Convoité par de nombreuses écuries européennes, Arda Turan a finalement choisi le Barça. Le club catalan a offi-

cialisé la signature de l’international turc sur son site internet. Le Barça débourse 34 millions dans l’opération et pourrait avoir à verser 7 millions supplémentaires à l’Atlético sous dif-férentes conditions. Le joueur, lui, signe pour 5 ans (jusqu’en 2020) sous le maillot blaugrana qu’il ne pourra officiellement endosser qu’à l’hiver prochain.

Petite subtilité de l’accord entre les deux clubs : le Barça aura la possibilité de revendre le joueur aux Colchoneros. Les Catalans, en pleine élection présidentielle, ont tenu à introduire cette clause afin d’attendre la validation du prochain président. Si celui qui est choisi par les socios le 18 juillet ne veut pas conserver Turan, il pourra le ren-voyer à l’Atlético avant le 20 juillet qui le rachètera au même montant moins 10 % (soit une perte de 3,4

millions d’euros pour le Barça). Une Liga au compteur

Si le Barça s’est précipité pour con-clure après de longs mois de négo-ciations, c’est que l’intérêt d’autres clubs (Chelsea, Manchester United) se faisait de plus en plus pressant. Face à la concurrence de grosses écuries européennes, il a donc pré-féré officialiser le transfert.

Le joueur quant à lui, ne pourra pas jouer sous ses nouvelles cou-leurs avant 2016 et la levée de l’interdiction de recrutement qui pèse sur les Blaugrana. Une condi-tion qu’il a apparemment acceptée, comme Aleix Vidal avant lui.

Formé à Galatasaray, le milieu de 28 ans a d’abord explosé avec le club de ses débuts avant d’acquérir une renommée européenne sous le maillot de l’Atlético. Il a notam-ment été un des grands artisans de la saison 2014 prolifique du club madrilène, vainqueur de la Liga

et finaliste de la C1 cette année-là. Par sa technique, la précision de ses gestes et sa hargne, il s’est imposé comme un des hommes-clé du système de Diego Simeone. Son départ devrait laisser un vide chez les Colchoneros.

FOOTBALL/TRANSFERT

Arda Turan au Barça, c'est fait ! Source : eurosport

Arda Turan de l’Atlético Madrid. / Photo : eurosport

La reine Serena Williams. Photo sport24.com

TENNIS / WIMBLEDON

Serena Williams a toujours le dernier mot ! Source : sport24.com

Accrochée par Victoria Azarenka, Serena Williams a décroché son billet pour les demi-finales de Wimbledon en s’imposant en 3 sets devant la Biélorusse (3-6, 6-2, 6-3).

Bousculée, contestée par Victoria Azarenka, Serena Williams a eu le dernier mot. Comme d’habitude. La

24ème mondiale a longtemps offert une belle résistance à la numéro une mondiale, avant de céder à bout de souffle, en trois sets au terme d’un combat d’une belle intensité (3-6, 6-2, 6-3). Serena Williams après deux tours faciles, avait frôlé l’élimination face à la Britannique Heather Watson, 6-2, 4-6, 7-5, elle avait ensuite facile-ment battu sa sœur Venus 6-4, 6-3. Elle a de nouveau puisé dans ses réserves face à Azarenka, sa meil-leure «ennemie», avec qui elle avait eu maille à partir lors du dernier Roland-Garros. L’Américaine mène désormais 17-3 dans les confronta-tions avec sa rivale et n’a toujours pas perdu contre la Biélorusse en Grand Chelem en dix confrontations... Leurs derniers affrontements à Madrid et à Roland-Garros avaient donné lieu

à des combats épiques en trois sets. Même scénario ce mardi sur le Centre Court de Wimbledon.

Azarenka, très efficace en retours, s’est offert le premier break de la rencontre 3-1, avant de conclure la première manche à l’issue d’un beau duel de fond de court (6-3).

Le combat est monté en intensité dans le deuxième set. Azarenka a notamment remporté un jeu de plus de 10 minutes en sauvant plusieurs balles de break. Mais la double vainqueur de l’Open d’Australie a cédé sa mise en jeu pour la première fois du match au sixième jeu de la deuxième manche. D’un très beau passing croisé, la cadette des Williams a fait la différence. Un break célébré par un cri de joie retentissant. Solide au service, Serena a égalisé à une manche partout (6-2). Et le

niveau de jeu de la Biélorusse a encore baissé dans le dernier set, alors que celui de Serena est resté constant. Après avoir pris le service d’Azarenka d’entrée de dernier set, la favorite n’a pas craqué au moment de conclure (6-3).

Plus que jamais Serena peut rêver de Grand Chelem à cheval sur deux saisons. Ce qu’elle avait déjà réalisé en emportant tout sur son passage entre Roland-Garros 2002 et l’Open d’Australie 2003. La cadette des Williams quintuple vainqueur de l’épreuve, qui va disputer sa 28e demi-finale en Grand Chelem, est par ailleurs toujours en route pour remporter les quatre Majeurs la même année. La belle Maria Sharapova aura la lourde tâche de tenter de briser son rêve en demi-finales.

Le FC Barcelone a officialisé lundi la signature d’Arda Turan pour les cinq prochaines saisons. Le club catalan a versé 34 millions d’euros à l’Atlético Madrid pour s’attacher les services du milieu international turc, qui ne pourra pas jouer avant janvier prochain et la fin de l’interdiction de recruter des Blaugrana.

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HAÏTI

L'équitation haïtienne en quête de renouveau ! par Kenson Désir

La Fédération équestre haïtienne (FEH) organise deux camps d’été d’introduction à l’équitation du 6 juillet au 7 août 2015, aux centres Équestre Athletic Club et Châteaux Blond, dans le but de vulgariser la discipline et de détecter de nouveaux talents.

Au centre Athetic Club, 22 par-ticipants auront l’occasion de faire la connaissance de l’équitation, et plus d’une

cinquantaine aux Châteaux Blond. Jean Patrick Chemaly, président de la Fédération équestre haïtienne, a expliqué que ce sport est de moins en moins pratiqué en Haïti, et qu’après plusieurs séances de travail, ils ont jugés bon de mettre sur pied une stra-tégie pour populariser la discipline par l’implication des jeunes.

« La Fédération équestre haïtienne existe depuis 1997. Au début nous avions plus de 120 compétiteurs maintenant il ne nous en reste que 10. Car après le tremblement de terre du 12 janvier 2010, cette dis-cipline a été l’une des plus touchées en matière d’infrastructures et de ressources humaines. Avec ce camp d’été, nous allons non seulement initier des jeunes à la pratique de ce sport, mais aussi en détecter les meilleurs talents pour les encadrer », a fait savoir Jean Patrick Che-maly.

Toute une équipe de professeurs et d’anciens cavaliers sont impli-qués dans la mise en place de ce projet. Mirlès Gilmé, professeur d’équitation, explique qu’il est très motivé par l’enseignement de ce sport qui en plus d’être sa profes-sion est une passion.

« Nous sommes là pour donner des cours d’équitation aux jeunes qui veulent s’initier dans cette disci-pline. J’ai déjà formé plusieurs élèves en ce sens. Il y en a parmi eux qui vivent à l’étranger et d’autres en Haïti. C’est une discipline qui aide à se libérer l’esprit en se décon-nectant du monde extérieur. Nous travaillons en équipe, et pour le moment nous sommes plus d’une vingtaine au sein de l’organisation. La particularité de ce sport, c’est qu’il aide à mieux se connaitre. C’est un sport qui a un aspect disci-plinaire très poussé. Nous sommes confiants que l’équitation peut reprendre sa place comme cela fut le cas au cours des années quatre-vingt-dix », a relaté Mirlès Gilmé.

Pour sa part, le cavalier d’origine dominicaine qui travaille dans la formation des jeunes au centre Athletic Club, Paco Antonio Sosa, a exprimé sa satisfaction de pou-voir mettre sa connaissance au ser-vice des jeunes à un moment où le nombre de pratiquants diminue considérablement en Haïti.

« J’ai pratiqué l’équitation depuis que j’avais cinq ans. En Haïti, j’ai remporté plus de sept champion-nats nationaux dont six en catégorie Open et un en Senior. L’équitation est pour moi une passion et une profession. Pour arriver à une cer-taine dimension, il faut l’avoir dans le cœur et dans le sang. Mainten-ant le plus important pour nous, c’est de doter le pays d’un noyau de cavaliers qui pourra le représenter dans des compétitions internatio-nales ».Il a rappelé que l’équitation a une particularité qui n’existe dans aucune autre discipline sportive : « L’équitation est différente des autres sports. Dans cette discipline

sportive, la responsabilité est par-tagée entre le cheval et le cavalier. Quand vous êtes cavalier profes-sionnel, cela traduit une certaine maîtrise qui n’existe en aucun sport. C’est le sport de la responsabilité et de l’indépendance », a-t-il ajouté.

En route vers l’organisation CT���6NQKC�)TLOHMF�"G@KKDMFD�

Au cours de son intervention, le président de la Fédération équestre haïtienne, Jean Patrick Chemaly, a informé que cette fédération organise le « World Jumping Challenge » en trois catégories à partir du mois d’octobre prochain.

« Sous l’égide de la Fédération équestre internationale (FEI), nous aurons à organiser le « World Jump-ing Challenge ». Les première et deuxième catégories débuteront respectivement le 4 et le18 octo-bre 2015 et la troisième est fixée pour le 22 novembre de la même année.

Un cavalier haïtien lors d’une exhibition. / Photo : Ruben Chéry

SPORT