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Observatoire de l'islam 1 OBSERVATOIRE DE L'ISLAM La revue de la presse (n°3)

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OBSERVATOIRE DE L'ISLAM

La revue de la presse (n°3)

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Islam et islamisme : entre foi individuelle et dérive politique collective La question de l’islamisme, très prégnante dans toutes les sphères des sociétés arabes, interpelle aujourd’hui, plus que par le passé, les musulmans partout dans le monde. C’est une posture qui consiste à faire de la religion une sorte de plateforme idéologique et politique pour dominer la ‘’communauté des musulmans’’.

L’islamisme, une posture politique Enfant naturel du wahhabisme, importé sans contrainte d’Arabie Saoudite, l’islamisme s’enracine progressivement parmi nous et parmi de très nombreux autres peuples arabes et africains, très souvent par conviction intéressée, parfois par mimétisme, désormais davantage par une espèce de contrainte sociale diffuse partout, dans les écoles, les médias de toutes sortes, publics autant que

privés. ‘’Parce qu’il n’est plus possible de faire autrement’’ dans la psyché et le comportement de milliers d’hommes et de femmes. Parce qu’ils sont pauvres, illettrés, marginalisés/brimés ou tout cela à la fois par le système politico-religieux dominant ou parce qu’ils en veulent à la planète entière d’être responsable de leur mal-vie, de leur déprime ou de leurs reculs matériel, politique et intellectuel… Nous parlons ici de l’islamisme et non de

l’islam – de ce nouveau ‘’isme’’, comme on parlait/on parle encore de communisme ou de libéralisme,… – en tant que religion monothéiste. Nous parlons de cette approche idéologico-comportementale qui met en avant les aspects visibles et parfois sectaires, en tout cas ségrégationnistes et exclusifs de la religiosité. Une telle approche est aussi aisée que confortable, parce qu’elle se limite à des apparences

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comportementales ou vestimentaires, à l’évocation de l’au-delà et à des slogans/messages subliminaux tendant à donner à ceux qu’elle embrigade un sentiment de paix intérieure et de satisfaction de soi et, très souvent également, de supériorité sur les autres, tous les autres (les autres nations, les autres religions, celles qui ne pensent pas et ne se comportent pas comme eux/nous). L’islam, une religion de la Raison L’islam, lui, nous ont appris les grands penseurs de l’islam d’hier et d’aujourd’hui, a, par contre, toujours laissé une grande latitude à la Raison (avec un grand R (Al Akl) dans la conduite de la vie quotidienne des humains et dans leur réflexion et leur rapport à Dieu. C’est pour cela qu’il n’y a point d’intermédiaires en islam, ni de sacerdoce (La Rahbaniata Fi Al Islam). La relation y est directe entre Dieu et les croyants. L’islam a toujours incité le musulman à raisonner, à réfléchir, à philosopher, à se relever par la pensée, par la création, par la foi et par le travail (Ijtihad). Ibnou Rochd avait clairement souligné ‘’qu’en cas de contradiction entre la

science rationnelle et la foi, il faut choisir la raison’’. Ibn Al Banna, père des ‘’Frères musulmans’’, soutenait à la fin du 19ième siècle ‘’qu’en cas de contradiction entre un ‘’Hadith’’ et la Faculté (au sens d’Ecole supérieure et donc de Science), il faut revenir à la Faculté’. C’est dans cet esprit qu’il faut considérer l’islam. Une religion qui n’a pas vocation à être figée dans une interprétation radicale et encore moins à se transformer en arme de guerre contre ceux et celles qui ne pensent pas et n’agissent pas comme vous. Les oulémas d’Al Azhar au Caire viennent d’interpeller, dans un communiqué de leur dernier congrès en décembre 2014, l’opinion publique arabe et internationale pour condamner énergiquement ceux qui instrumentalisent la religion musulmane pour des intérêts politiques. L’instrumentalisation de la religion Au Maroc, l’observateur, même le moins attentif, relève désormais partout, dans tous les espaces sociaux, publics et privés, une forte présence de symboles, cérémonials, discours et pratiques à connotation islamiste tendant à avoir prise sur toutes les manifestations de la vie,

autant intime que sociale. Il y a une volonté chez les islamistes de vouloir tout régenter, tout déterminer, tout contrôler, d’où l’instrumentalisation de la religion à des fins de pouvoir. L’islamisation des consciences s’est produite sous l’effet du discours tantôt ‘’salafiste’’, tantôt ‘’takfiriste’’– qui a pris le relais, avec des moyens financiers importants venant de la péninsule arabique et de la puissance médiatique des paraboles (environ 500 chaînes TV de prêche), historiquement incomparable du discours communiste venu de l’ancienne URSS – qui a eu un effet d’attraction/d’intimidation sur les illettré(e)s et parfois les lettré(e)s aussi de la société musulmane. Nombreux sont ceux et celles, de tous les milieux, de toutes les couches sociales, qui prétendent aujourd’hui ‘’connaître’’ l’islam, qui le propagent dans le tissu social et l’inculquent chacun à sa façon à leurs concitoyens, pensant les mettre ou les remettre sur ‘’le droit chemin’’, en attendant rédemption et rétribution dans l’au-delà (Al Ajr Fi Al Jana). Lorsque cette démarche émane du ‘’petit peuple’’, pauvre et

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analphabète et très souvent soumis, on comprendrait et on lui tiendrait moins rigueur, même si des parades contre les dérives toujours possibles doivent être recherchées et trouvées. Le vrai problème se pose lorsque la propagation et l’endoctrinement islamistes viennent de personnes supposées averties et pondérées. L’état d’esprit d’une bonne partie des citoyens marocains est désormais caractérisé par un repli identitaire allant, parfois, jusqu’au plus petit détail de la vie familiale et sociale, privée et publique des individus. Les exemples sont bien nombreux et très divers. Les aspects les plus manifestes ont pour illustration la barbe hirsute chez les hommes et le port d’habits de ‘’type religieux’’ chez les hommes et les femmes, de même que la façon de se comporter avec son propre corps et les autres comme le refus de certains hommes de tendre la main aux femmes ou le fait pour ces dernières de refuser celle des hommes. Lorsque les hommes sont habillés à ‘’l’afghane’’, ils sont évidemment vite repérables. Ils le sont moins dans l’espace public lorsqu’ils sont normalement vêtus et ne portent pas la barbe. Il

leur arrive, par effet de mode, de vouloir se confondre avec les modernes mal-rasés ! Les femmes sont évidemment les plus visibles dans le même espace, où les hommes ont désormais tendance à être à leur égard des agents de la ‘’bonne vertu’’, les rappelant à l’ordre à chaque ‘’déviation vestimentaire ou comportementale’’. A ce propos, plus spécialement, le port du voile (ou du ‘’Niqab’’) est justifié, d’abord, par le fait d’être un ‘’acte de foi’’ et de spiritualité, une ‘’prescription divine’’, et donc, une obligation qui concernerait toutes les femmes croyantes. Et toutes doivent être croyantes, tout en exprimant leur nouvelle subordination par l’acceptation de la nécessité impérieuse où elles ont été mises de se protéger des ‘’regards de la convoitise’’ des hommes, considérés comme rien d’autre que des ‘’envies ambulantes’’. L’habit/Niqab matérialise, dans cet esprit, l’indication de la décence et de la pudeur des femmes et aussi leur ultime arme d’autodéfense dans un milieu prétendument peuplé de ‘’rapaces’’, où la loi ne semble être d’aucune espèce

d’utilité. Son abandon engendrerait un malaise au sein du corps social. On en oublierait presque que, voici quelques décennies encore, nos mères et grand-mères portaient des ‘’djellabas’’ marocaines dont l’élégance des coutures et des couleurs le disputait à leur piété naturelle, sans qu’il y ait eu jamais besoin qu’elles se couvrent de la tête aux pieds de ces tissus, noirs ou marrons ou gris, venus de cieux sous lesquels l’histoire semble s’être figée. L’idée que les femmes ne peuvent se montrer dans l’espace mixte que vêtues de voile paraît avoir pris comme un feu de paille. Sa pratique s’intègre, aujourd’hui, dans un processus socioreligieux, culturel et politique global. Il est devenu ce symbole qui atteste du besoin de retour sur soi, de la volonté de se positionner contre l’aliénation et les libertés, considérées comme étant excessives, régnant en Occident, notamment par rapport au corps des femmes exhibé ou à leurs droits civils, sociaux et politiques. Cette pratique, du voile intégral, exprimerait l’angoisse de la dissolution des mœurs, la peur de la négation des vertus élémentaires qui fondent la civilisation

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arabo-musulmane. Elle est en réalité l’expression de l’aliénation de la femme, de sa subordination et de son infériorité et, au final, de son exclusion de la sphère publique de débat et de production. C’est même là l’une des principales victoires des islamistes purs et durs jusqu’à aujourd’hui : l’intériorisation de la soumission par les femmes. Notre société serait ainsi privée de la moitié de ses forces vives, ce qui n’est pas un moindre handicap dans notre compétition permanente vis-à-vis du reste du monde dont nous importons tout ce qui est déterminant (de la voiture au téléphone, au sucre ou aux médicaments….) pour notre existence matérielle et même religieuse, puisque sans avions fournis par les mécréants de chez Boeing ou Airbus, point de Hajj à la Mecque et pas, non plus, de web sites pour propager de par le monde les fatwas rétrogrades. On peine à dénoncer cette pratique. S’y opposer, c’est aller contre les commandements du Coran, sans que personne, y compris parmi les plus zélés, ait jamais signalé le moindre verset imposant le voile intégral ou la ‘’burka’’ ou

encore leur couleur ou la façon de les porter aux femmes. Un grand cheikh d’Al Azhar avait clairement dit que le port du voile n’est pas, en islam, une obligation. Les réformateurs de l’islam le confirment aujourd’hui clairement dans leurs discours et écrits. En le portant, la femme nie, en fait, sa féminité, son individualité, cache son corps non seulement aux autres mais aussi à elle-même. Avec ce vêtement, elle se fond dans la masse et perd son entité en tant que femme et, in fine, en tant qu’être humain. L’époque contemporaine dicte et propose d’autres formes de défense, certainement pas en termes vestimentaires. Les moyens de défense devraient être plus sophistiqués. Les femmes musulmanes, comme les hommes musulmans, ont besoin surtout de moyens d’autodéfense, d’une bonne image de soi, d’armes en matière de responsabilité, d’intellect, bien enracinées et viscéralement structurées en elles/eux. Ils ont besoin aussi de lois bien faites et de pouvoirs publics forts, capables de les appliquer et de juges vertueux en mesure de sanctionner leur non-application. Dans les sociétés civilisées, c’est la loi

démocratiquement discutée et adoptée qui protège, pas l’habit, quelles que soient son épaisseur et ses opacités, pas les postures. Le voile peut constituer aujourd’hui, par ailleurs, un vrai handicap pour les femmes, qui se voient parfois, même lorsqu’elles sont très brillantes, refuser des postes de travail ou des possibilités d’avancement dans un certain nombre d’entreprises nationales et internationales au Maroc, comme dans d’autres pays. Ces entreprises sont-elles discriminatoires ? Peut-être, mais toujours est-il que leur choix se porte sur les femmes sans apparence religieuse marquée. Et de fait, on n’a pas à faire montre de son appartenance religieuse dans des lieux où des personnes de toutes religions, et même sans religion, ont vocation à se retrouver en travaillant ensemble ou comme clients. Feu Mohammed V avait, bien avant l’Indépendance du pays, libéré ses filles et les Marocaines du voile, sans que la religiosité de la société en souffre outre mesure. Aussitôt après l’Indépendance, les femmes ont enlevé

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‘’L’tam’’ et les filles la ‘’Djellaba’’. Et le Maroc avançait lentement vers une modernité émancipatrice. En Tunisie, le président visionnaire à ce propos, Bourguiba, en avait fait autant. Mais ça, c’était un autre siècle, un autre monde. Aujourd’hui, avec le voile généralisé et les barbes en bataille, on est entré de plain-pied dans l’ère du hooliganisme sur tous les terrains (sportifs ou politiques) et dans celle de Daech, soit celle de ces jeunes désœuvrés que nous envoyons détruire des civilisations millénaires en Syrie ou en Irak, en attendant un ‘’retour victorieux’’ au Maroc, en Arabie ou ailleurs. La Tunisie, qui avance aujourd’hui dans la construction de sa démocratie, le doit pour beaucoup à ses femmes compétentes, lettrées, libérées, mais combien respectées et respectables. Manifestations islamiste dans l’espace éducatif et universitaire Dans un autre espace social vital, celui de l’éducation nationale, les pratiques islamistes infiltrent les établissements scolaires et universitaires. L’idéologie politico-religieuse s’affiche ouvertement dans les écoles, collèges et lycées.

Bon nombre de responsables administratifs et pédagogiques sont de plus en plus d’obédience islamiste radicale, dans la forme comme dans l’esprit. Il arrive que l’on impose même à des fillettes, encore gamines, de porter le foulard en classe. Il existe, par ailleurs, dans de nombreux établissements, un amalgame dans le contenu des cours. Il y a une dualité dans le contenu du module de l’éducation à la citoyenneté, puisée dans la double référence à la culture musulmane et à la culture universelle. L’élève se trouve alors tiraillé entre les valeurs inhérentes à ses croyances et les valeurs universelles. Cette coexistence d’un double référentiel a induit une dilution de la notion de citoyenneté en faveur de valeurs humaines restrictives fondées d’abord sur la culture religieuse. Cette dualité favorise le développement de différentes instrumentalisations idéologiques des principes et valeurs des droits humains, introduits dans les contenus des manuels scolaires, dans un contexte socioculturel marqué par la prééminence des pensées conservatrices,

dans de larges couches de la population marocaine. La rupture constitue la condition primordiale de dépassement de l’opposition du spécifique et de l’universel et de réconciliation de l’apprenant avec la culture humaine. Lorsque les manuels se contredisent et s’opposent, ils déstabilisent l’élève. Et, de là, toute la société s’en trouve, à plus ou moins brève échéance, affectée. Pour ce qui est des universités, celles-ci sont devenues également des lieux de ‘’propagande islamiste’’. Aujourd’hui, bon nombre de professeurs et d’étudiant(e)s ne font plus mystère de leur appartenance à l’idéologie islamiste, en classe, dans les amphithéâtres, comme dans les enceintes universitaires. Les étudiantes voilées représentent aujourd’hui une bonne moitié de l’ensemble des filles inscrites dans les universités, peut-être un peu plus. Les rencontres et conférences d’islamistes sur le campus y sont nombreuses… On avait, jusqu’à une date récente, l’habitude d’évoquer les étudiant(e)s islamistes

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dans l’enceinte universitaire et plus précisément au sein de l’organisation syndicale estudiantine, mais quasiment jamais d’enseignant(e)s islamistes. Aujourd’hui, ce sont ces derniers qui font le plus parler d’eux. On les voit se multiplier et s’organiser pour mieux faire passer leurs messages par l’entremise de la ‘’science’’ et de la ‘’recherche’’, non conventionnelle, comme certains le soutiennent à présent, surtout s’agissant de sciences sociales comme l’économie et la finance , puisque ‘’l’Economie islamique’’ est désormais ouvertement enseignée comme une discipline à part, là où il n’est question jusqu’à présent que de quelques préceptes portant sur la redistribution, tels Zakat ou l’héritage, ou sur la finance dite islamique. Mais un système financier, aussi performant et ‘’vertueux’’ soit-il, peut-il être intelligible s’il n’est pas accolé à un système de production dont il n’est question nulle part ? En organisant des rencontres sur des thématiques d’ordre religieux, les groupes d’enseignants à référents islamistes, incarnent les ‘’modèles’’ à suivre pour les étudiant(e)s. Ils soumettent, pour

accréditation, des programmes de diplômes (DUS, Licences professionnelles ou Masters spécialisés en ‘’Economie et finance islamiques’’). Parfois, les enseignements proposés sont payants. Cet état de fait est, de notre point de vue, une vraie dérive car l’université a pour vocation de dispenser des enseignements réservés aux sciences et d’organiser des manifestations à caractère strictement scientifique. L’amalgame est déroutant. A l’université, chercher à s’informer sur les religions et analyser l’évolution des phénomènes à caractère religieux pour en comprendre les motivations internes est un acte plus que louable, puisqu’il relève aussi de la Science (histoire, sociologie, anthropologie,…). C’est une nécessité intellectuelle. La position de repli et d’ignorance des doctrines religieuses conduit sans doute à une impasse. Mais l’université devrait rester en dehors des démarches prédicatrices des islamistes. Son espace public n’a pas besoin de voir se développer en son sein des discours à soubassement idéologique islamiste. On ne devrait pas tolérer et accueillir des

événements dont c’est cela l’objectif. Il y a bien d’autres lieux où les prédicateurs font entendre leur voix. Pour les enseignements à caractère religieux, il y a aussi des universités spécialisées (Qaraouiyine et Dar Al Hadit Al Hassanya’’, notamment). Les enseignements dans les universités à caractère scientifique devraient se limiter à leur vocation, à savoir la transmission et l’acquisition de connaissances scientifiques. La posture de la finance sans usure En ce qui concerne la finance, suite au feu vert donné par le Conseil économique, social et de l’environnement à la création des ‘’banques islamiques’’, dites participatives, au Maroc, la loi est déjà prête pour autoriser leur fonctionnement avec des conditions qui les rendraient non concurrentes aux banques classiques. La création de ce type de banques est-t-elle nécessaire dans un pays qui ambitionne de devenir un pays émergent ? Peut-elle sortir les gens non bancarisés de leur paupérisation ? Ce qui est certain, c’est que cette création répond

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aux intérêts des fondateurs des banques islamiques, pour la plupart originaires des riches pays pétroliers du Golfe où ‘’l’argent’’ – pour parler trivialement – a une origine et donc aussi une signification différentes qu’il en a dans les pays où l’on ‘’travaille dur pour en gagner’’. En outre, ces mêmes banquiers, quand bien ils seraient nos ‘’frères en islam’’, ne seront ni moins affairistes ni moins mercantiles que leurs confrères qu’ils voudraient supplanter, même si leur discours n’arrête pas de puiser dans la morale et l’éthique. Si cela pouvait en être autrement, on l’aurait déjà remarqué dans l’aide au développement que les pétromonarchies accordent aux pays arabes moins nantis. Or, les ressources immenses de ces monarchies et autres émirats sont plus investies dans des fonds de pension et autres groupes industriels et de services américains ou européens que dans le soutien à la ‘’Oumma islamique’’, combien dans le besoin. Du reste, a-t-on déjà vu des fonds qataris investir dans une équipe de football marocaine ou tunisienne ou égyptienne, alors qu’ils trustent à ‘’tour de

bras’’ des équipes du gotha des championnats anglais, français ou espagnol, plus voyants à l’international et combien profitables, etc. ? Dans la même veine, les jeunes des banlieues de Rabat ou de Tunis seraient-ils moins pieux ou moins à plaindre que ceux des banlieues parisiennes, sur lesquels ‘’pleuvent’’ depuis quelques années des millions d’euro venus de l’Emirat du Qatar, soutien indéfectible, entre autres, des Frères musulmans ? Nonobstant, une partie des clients des ‘’banques islamiques’’ est convaincue religieusement par ‘’leurs bienfaits’’. Mais, une autre partie serait plutôt mue par le désir de voir se développer sur le marché financier des produits bancaires concurrentiels aux banques ‘’classiques’’ (considérées à juste titre comme trop voraces dans notre pays). Mais, la ‘’Mourabaha’,’ par exemple, – pour ne pas parler de la ‘’Moucharaka’’ ou de la ‘’Moudaraba’’, autres prêts ‘’spéculatifs’’- produit phare de la finance islamique, remplaçant l’intérêt usuraire (Arriba), n’est rien d’autre qu’un crédit déguisé, d’ailleurs plus coûteux qu’un crédit conventionnel. Il ne peut

et il ne pourra jamais y avoir de finance islamique, dans le sens de l’absence d’intérêt. Ce que l’islam, comme les autres religions monothéistes, condamne c’est l’intérêt d’usure, celui qui se pratique hors concurrence, hors la loi et dans le déséquilibre total entre le débiteur et son créancier. Evoquer un système financier sans intérêt relève de la pure chimère, puisque dans tout système marchand (et l’économie dite islamique ne remet pas en cause ni le système marchand ni l’économie libérale qui le fondent), toute chose a un coût et, donc, un prix. Et l’argent est une chose, une marchandise (même s’il est aussi beaucoup ‘’d’autres choses’’ à la fois, dont les tenants de la finance islamiste ne parlent jamais) qui doit avoir absolument un prix, et ce, quelle que soit l’appellation qu’on lui donne. Soutenir la possibilité de ‘’gratuité’’ à ce propos, ou même de partage ou de participation dans le cadre d’un ‘’échange équitable’’, entre des partenaires égaux relève du pur mensonge, de l’ignorance des bases mêmes de l’économie ou des deux à la fois. En guise de conclusion Il est important de souligner au terme de ce

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texte que la tendance vers plus ‘’d’islamisme’’ est en totale contradiction avec l’orientation officielle que le Maroc dit avoir prise en matière de développement économique, social, humain et culturel depuis maintenant bien longtemps. Il est illusoire de croire que l’on peut aller vers la modernisation et la démocratisation de notre pays en ayant, en même temps, des pratiques et comportements qui ont effacé l’âge d’or de la civilisation du monde musulman à un moment où l’Europe somnolait dans son sous-développement. Si le développement est une affaire de changement des structures socioéconomiques, il est aussi, concomitamment, une affaire de

changement de mentalité et d’adoption de nouvelles valeurs de travail, de solidarité non confessionnelle, et d’inclusion sociale plutôt que d’exclusion de l’autre, à commencer par la femme. La religiosité et la foi sont des dimensions intrinsèques à la nature humaine. L’Homme a besoin d’une spiritualité qui lui donne une satisfaction morale et une paix intérieure. Le mieux est de faire en sorte qu’elles se perpétuent dans le champ de l’intime. C’est le sens même de l’islam lorsqu’il affirme et consigne dans le texte coranique qu’il n’y a point de contrainte en matière de religion. La liberté impose la laïcité qui n’a rien à avoir avec l’athéisme évoqué

souvent par les détracteurs antidémocrates. Nous n’avons franchement pas besoin de compliquer et de nous compliquer l’existence. Pour mieux coexister et pour un meilleur vivre-ensemble, nous avons plutôt besoin de consolider la cohésion sociale, le partage de valeurs d’humanisme et de progrès, ainsi que d’ouverture vers autrui. Nous avons plutôt besoin de mettre en exergue les moments phares de notre civilisation arabo-musulmane. Restons tout de même optimistes. Le pessimisme est un luxe que nous ne pouvons pas nous permettre. Mounir Zouiten et Mehdi Lahlou

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Houellebecq convertit la France à l’islam dans son prochain roman L’auteur situe son nouveau livre, Soumission, à paraître le 7 janvier 2015, dans la France de 2022. Une anticipation dans laquelle un parti musulman remporte la présidentielle contre le Front national.

Michel Houellebecq se lance dans la politique fiction. Son prochain roman, Soumission, paraîtra le 7 janvier chez Flammarion et risque de faire beaucoup de bruit. Le Goncourt 2010 plonge son lecteur dans la France de 2022. Il imagine une élection présidentielle en fin de second mandat de François Hollande. Le Front national de Marine Le Pen, qui a déjà perdu le scrutin de 2017, subit la loi d’une alliance UMP, UDI, PS, associée à la Fraternité musulmane, parti inventé par l’auteur. Son leader,

Mohammed Ben Abbes, finit par être élu et choisit François Bayrou comme premier ministre. Le narrateur, qui s’appelle François, est un universitaire malheureux et solitaire, spécialiste de Joris-Karl Huysmans. Il couche avec des étudiantes et comme toujours chez Houellebecq, l’amour est triste. La soumission du titre fait référence à celle des mécréants qui doivent se soumettre à Allah et à celle des femmes aux hommes. À la fin du roman, François se convertit à l’islam et, professeur adulé, voit se

soumettre à ses désirs de jeunes étudiantes voilées… Ce roman de 300 pages devrait attirer toute l’attention lors de la rentrée littéraire. Le sujet commence déjà à faire le tour du web, et la twittosphère n’a pas tardé à réagir. Et risque bien de ranimer la polémique née en 2001, lorsque l’écrivain en promotion de son roman Plateforme avait déclaré: «La religion la plus con, c’est quand même l’islam.» François Menia

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Maroc : L’émirat des croyants a repris les interdictions des activités d’ONG des droits de l’Homme L’émirat des croyants qui a accueilli le Forum mondial des droits de l’Homme continue d’entraver l’action des organisations locales.

En laps de trois jours, le Maroc gouverné par le parti islamiste du PJD a empêché la tenue de trois réunions organisées par des associations des droits de l’Homme dans les villes de Rabat et Tanger. Ces interdictions s’ajoutent aux dizaines d’activités que les organisations des droits de l’Homme marocaines ont essayé d’organiser dans le pays depuis juillet 2014 et qui ont été interdites par le ministère de l’intérieur. « Vendredi après-midi, les services de Mohamed

Hassad ont brandi le carton rouge devant une session de formation au profit des membres de l’AMDH, qui était prévue au siège du club des œuvres sociales du ministère de l’Agriculture et de la Pêche à Rabat, et ce malgré l’autorisation des gérants du lieu », note le portail marocain Yabiladi. Le lendemain dans la ville de Tanger, le même sort sera subi par une rencontre à l’occasion de la célébration du 66ème anniversaire de la proclamation de la

Déclaration universelle des droits de l’Homme qui devait être animée par Khadija Ryadi et Mohamed Zehari. La moindre explication de l’interdiction n’a été donnée aux organisateurs. Enfin, dimanche 14 décembre à Rabat, le ministère de l’intérieur a interdit une marche de solidarité avec les victimes des dernières inondations programmée par la Ligue marocaine de la citoyenneté et des droits de l’Homme. Pire encore, les forces de

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l’ordre, présentes en nombre, ont dispersé les manifestants à coups de matraques et procédé à plusieurs arrestations, nous informe le portail marocain Yabiladi. « Le Maroc abritait autrefois une ruche d’activités indépendantes dans le domaine des droits humains, mais les autorités ont récemment empêché diverses activités que certaines des organisations les plus critiques ont tenté d’organiser », avait déclaré Sarah Leah Whitson, directrice de la division Moyen-Orient et Afrique du Nord à Human Rights Watch.

Le Maroc devrait arrêter d’entraver arbitrairement les activités pacifiques des organisations indépendantes de défense des droits humains dans le pays et leur permettre de fonctionner librement, selon Human Rights Watch. Kamal Znidar, penseur musulman auteur du livre « Islam : meilleure religion au monde », dénonce à son tour ces interdictions et appelle les autorités marocaines à mettre fin à ces interdictions qui nuisent à l’image de l’Islam et poussent les gens à croire que dans les systèmes où règne

l’Islam, il n’y a pas de place pour le respect des libertés et des droits de l’Homme. Double poids, double mesure. La conférence organisée samedi dernier à Rabat par l’association Mountada Al Karama présidée par Abdelali Hamieddine, membre du secrétariat général du PJD et proche de Mustapha Ramid, sur l’état des lieux des libertés au Maroc n’a pas été interdite… une preuve qui confirme que le ministère de l’intérieur mène une politique sélective qui épargne les associations proches du PJD. Nezha Chakour

Pakistan : attaque meurtrière de talibans contre une école Six terroristes lourdement armés appartenant au groupement du taliban ont attaqué ce mardi une école pour enfants de militaires à Peshawar, dans le nord-ouest du Pakistan. L’attaque a fait au moins 130 morts, en majorité des écoliers, ainsi que de nombreux blessés.

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L’assaut a duré près de 7 heures. Il s’est terminé avec la mort du dernier assaillant, le 6ème, par des tirs de l’armée pakistanaise. Les assaillants -portant des uniformes militaires- ont réussi à pénétrer dans l’école en escaladant un mur, a précisé une source interne à l’école. Cette opération terroriste est la deuxième attaque sanglante depuis quelques mois visant une institution de l’armée pakistanaise. Le mois dernier, il y avait eu une cinquantaine de morts à la frontière avec l’Inde au terme d’une cérémonie militaire. Le premier ministre pakistanais Nawaz Sharif a évoqué une tragédie nationale et déclaré que le Pakistan allait «continuer le combat pour éradiquer définitivement les insurgés». Le gouvernement provincial a annoncé trois jours de deuil national.

La France et l’Inde ont dénoncé vigoureusement cette attaque terroriste, la qualifiant d’«ignoble» et «lâche». Le président Obama a déclaré qu’«En visant des étudiants et des enseignants dans cette attaque odieuse, les terroristes ont une nouvelle fois montré leur dépravation» et a renouvelé l’engagement des Etats-Unis aux côtés du gouvernement pakistanais «pour combattre le terrorisme et l’extrémisme» et promouvoir la paix et la stabilité dans la région. La militante pakistanaise Malala Yousafzai a pris la parole après l’attaque. «Je condamne ces actes atroces et lâches et je reste unie avec le gouvernement et les forces armées du Pakistan» dans leurs «efforts louables» pour gérer la situation, a écrit la jeune fille de 17 ans dans un communiqué. Même son pour le penseur musulman Kamal Znidar. L’auteur du livre « Islam :

meilleure religion au monde » a qualifié d’«ignoble» et «lâche» cette opération et avancé que «Si la pensée des talibans et ce cauchemar auquel le monde a assisté aujourd’hui étaient l’Islam, moi, je serais sans doute non-musulman et islamophobe en plus». «Le dieu des talibans est en réalité un diable qui ne prend d’Allah que le nom», a ajouté le penseur musulman. Ali Dayan Hasan, ancien directeur de Human Right Watch au Pakistan, s’est de son coté démarqué en lançant une petite pique à la politique américaine, selon lui responsable de la naissance du mouvement Taliban : «Ne disons pas que nous sommes « unis dans la peine » avec ceux qui ont permis aux talibans de s’installer. Ils doivent prendre leurs responsabilités. Maintenant». Imad Doublali

Grande-Bretagne : une « poupée islamique » sans visage en vente Un modèle de poupée étiquetée « islamique », hijab sur la tête et sans visage, vient d’être mis en vente en Grande-Bretagne. Baptisée Romeisa, du nom d’une des première femmes à s’être convertie à l’islam (et non d’une des femmes du Prophète Muhammad), cette poupée est la première de la marque Deeni Doll. Vendue 25 £ (31 € environ), la poupée est fabriquée

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en Chine. Les yeux, la bouche et le nez ne sont pas représentés pour être « compatible avec la charia », explique sa créatrice.

Ridhwana B., une ancienne professeure d’une école musulmane de Lancashire, a expliqué avoir eu cette idée après s’être entretenue avec des parents d’élèves, inquiets à cause des jouets représentant des visages. « Il existe une règle islamique qui interdit la représentation des traits du visage en tout genre, qui inclut les images, les sculptures et, dans ce cas, les poupées », a-t-elle expliqué au Lancashire Telegraph. « J’ai parlé à un érudit religieux de Leicester qui m’a guidée dans ce qui était autorisé lors de la production du produit et ce qui ne l’était pas », a poursuivi la créatrice. Pour Fawaz Gerges, un professeur spécialisé dans les sociétés musulmanes à la London

School of Economics, la majorité des musulmans ne sera pas intéressée par l’achat d’un tel modèle. « La poupée est un gadget, une interprétation ultra-conservatrice » a déclaré Fawaz Gerges au Mail Online. « L’écrasante majorité des musulmans vivent selon des modes de vie du XXIe siècle, les choses n’ont pas été gelées au VIe siècle », note le professeur. Dans les premiers temps de l’islam, l’imagerie était interdite « pour une variété de raisons », déclare ce dernier. « Mais le débat est de savoir jusqu’où allons-nous maintenant ? (…) Il y a des personnes qui voudraient nous faire croire que l’histoire musulmane est figée dans le temps et

l’espace, mais elle a évolué », insiste Fawaz Gerges. Si Deeni Doll a fait le tour des médias britanniques, elle n’est pourtant pas la première « poupée islamique » à être commercialisée, mais avec des visages comme la poupée Fulla, qui fait un carton au Moyen-Orient. Mais c’est la première fois qu’est lancée une production à plus grande échelle et de qualité, selon sa créatrice… Si tant est que des parents soient convaincus par ses arguments, rien n’empêchera les enfants qui recevront des poupées sans visage de dessiner eux-mêmes le visage… SaphirNews

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Eric Zemmour écarté d’iTÉLÉ après des propos controversés sur l’islam Le polémiste français Eric Zemmour, phénomène de librairie avec son livre « Le suicide français », a été écarté d’iTELE en raison de propos controversés sur l’islam qui avaient indigné les journalistes de cette chaîne d’information et des associations antiracistes.

La chaîne a diffusé un communiqué laconique précisant que l’émission dans lequel intervenait Eric Zemmour depuis 2003 ne reprendrait pas en janvier alors que celui-ci a indiqué ne pas vouloir « réagir pour le moment« . Eric Zemmour, qui travaille aussi pour le quotidien Le Figaro et la radio RTL, est célèbre pour ses prises de position contre l’Europe, l’immigration ou les élites politiques, économiques, médiatiques et intellectuelles qu’il accuse d’avoir bradé les valeurs de la France.

Juif originaire d’Afrique du nord, véritable bête médiatique que s’arrachent les émissions de talk show, Eric Zemmour est au centre d’une nouvelle polémique depuis la diffusion d’un entretien au quotidien italien Corriere della Sera dans lequel il déclarait que les musulmans « vivent entre eux, dans les banlieues » et que « les Français ont été obligés de les quitter« . Si le journaliste italien a reconnu avoir ajouté le mot « déporter » (cinq millions de musulmans français) dans une de ses questions en

retranscrivant l’entretien, la controverse n’a pas faibli en France autour des propos de Eric Zemmour. iTELE a fait interviewer Eric Zemmour par un de ses journalistes « pour bien comprendre sa pensée et cela n’a fait que confirmer qu’il n’était plus possible de continuer l’émission« , a expliqué à l’AFP un porte-parole de iTELE. Dans un communiqué, la Société des journalistes (SDJ) de la chaîne s’est « félicitée » de cette « prise de position forte« .

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« Les déclarations d’Eric Zemmour dans le Corriere della Sera ont profondément choqué les membres » de la SDJ qui s’est « mobilisée » dès le début de la semaine à ce sujet, écrit-elle.

L’association SOS Racisme s’est « félicitée » de la décision d’iTELE et « attend de RTL, de Paris Première (autre chaîne de télévision) et du Figaro qu’ils prennent la même décision« . Ces derniers jours, d’autres associations

antiracistes avaient lancé des appels aux médias pour qu’ils cessent leur collaboration avec le polémiste, et annoncé leur intention de saisir la justice après ses propos au Corriere della Sera. Belga

Daesh: 100 jihadistes étrangers voulant fuir la Syrie exécutés Le Financial Times affirme que pour surveiller les potentiels déserteurs, Daesh a créé une police militaire. Début décembre, BFMTV assurait que plusieurs français partis en Syrie avaient pris contact avec un avocat spécialiste des questions de terrorisme pour regagner l’Hexagone.

Le groupe jihadiste Daesh ou Etat islamique (EI) a exécuté 100 de ses combattants étrangers qui tentaient de quitter la ville syrienne de Raqqa au nord du pays, a affirmé samedi dans le Financial Times un activiste opposé au régime syrien et à Daesh. Ce militant qui témoignait sous couvert de l’anonymat et que le quotidien dit « bien connaître » affirme

« avoir vérifié ces 100 exécutions » jihadistes étrangers tentant de fuir les combats. Une police militaire créée par Daesh Selon des membres du groupe Etat islamique à Raqqa, une police militaire a été créée pour s’occuper des combattants étrangers tentant de déserter les combats, donnant lieu à

des dizaines de fouilles de domiciles des combattants et à autant d’arrestations. La presse britannique affirmait mi-octobre que cinq Britanniques, trois Français, deux Allemands et deux Belges, qui voulaient rentrer dans leur pays d’origine après s’être plaints de combattre des groupes rebelles plutôt que les forces du régime de

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Bachar Al-Assad, avaient été faits prisonniers par le groupe EI. Au total, entre 30 et 50 Britanniques souhaiteraient rentrer mais craignent d’être emprisonnés à leur arrivée, évaluaient également mi-octobre des chercheurs du King’s College de Londres qui avaient été contactés par l’un d’entre eux affirmant parler au nom des autres. Des Français veulent rentrer mais… Derrière les images de propagande, la désillusion frappe certains Français partis en Syrie gonfler les rangs de Daesh. Plusieurs jeunes recrues – dont BFMTV racontait le quotidien il y a peu – cherchent même à rentrer. Et certains ont contacté des avocats

spécialistes des questions de terrorisme. Mais le retour est souvent difficile: « La première difficulté rencontrée par ces gens c’est qu’ils appartiennent à des groupes qui ne les laissent pas partir », pointe Martin Pradel. « Autre difficulté, ils sont dans une situation administrative délicate, leurs passeports leurs ont souvent été retirés à leur arrivée sur place. Enfin, quand ils vont rentrer en France, s’ils ne sont pas en mesure de s’expliquer, de justifier leur passage en Syrie puis leur revirement, ils devront faire faire face à la justice française ». Depuis 2012, seulement 200 jihadistes français, sur plusieurs milliers, ont réussi à regagner la France.

Plusieurs chefs de Daesh tués par la coalition? Depuis le lancement en août de la campagne de frappes aériennes menée par la coalition formée par les Etats-Unis, le groupe jihadiste a perdu du terrain et vu le nombre de ses membres tués augmenter notablement. Cette semaine, le Pentagone a affirmé que plusieurs chefs du groupe EI en Irak avaient été tués par les frappes aériennes de la coalition. En 40 jours, entre octobre et novembre, quelque 2.000 raids ont fait plus de 500 morts, selon l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH), une ONG qui dispose d’un réseau de militants et sources médicales sur le terrain. BFMTV

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Joué-lès-Tours : le drapeau de l’Etat islamique sur le profil Facebook de l’agresseur Né au Burundi en 1994, il avait choisi le nom de «Bilâl» lorsqu’il s’est converti à l’islam.

Hier après-midi, Bertrand Nzohabonayo, 20 ans, est entré dans le commissariat de Joué-lès-Tours (Indre-et-Loire) où il aurait crié «Allahou Akbar» avant d’agresser plusieurs policiers avec un couteau. Il a été abattu. Français né au Burundi, il est arrivé à Joué-lès-Tours, en Indre-et-Loire, il y a quelques années, de parents séparés. Ce jeune costaud et plutôt sportif «naviguait apparamment entre des membres de sa famille»,

a dit samedi le procureur de la République de Tours, Jean-Luc Beck. Il avait choisi le nom de «Bilâl» lorsqu’il s’est converti à l’islam, selon un de ses proches qui s’est confié à l’AFP. Il était connu pour des affaires de petite délinquance, trafic de stupéfiants, extorsion, vol à l’étalage et recel. Plusieurs spécialistes de l’antiterrorisme ou des groupes jihadistes lui attribuent un compte Facebook dont la photo

de profil est, depuis jeudi seulement, le drapeau de l’organisation Etat islamique (EI) qui mène le jihad en Syrie et en Irak. Plusieurs textes et slogans inspirés de l’islam radical sont aussi postés sur cette page. Sur les photos de lui qui circulent sur les réseaux sociaux, on distingue un jeune souriant au crane rasé et au collier de barbe noire fourni mais sans moustache. Il n’était pas fiché par la Direction générale de la sécurité intérieure

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(DGSI). En revanche, son frère est connu des services pour ses positions radicales et a un temps envisagé de partir en Syrie avant de renoncer, selon une source proche de l’enquête. Sur Twitter, le journaliste David Thomson, auteur du livre Les Français

jihadistes(Les Arènes), signale que cette agression intervient au lendemain de la diffusion d’un message de menaces d’un jihadiste français de l’Etat islamique sur Youtube, «faites exploser la France». Il ajoute qu’entrer dans un commissariat français pour y faire un carnage

était un scénario évoqué par un Français de l’organisation» dans son livre et rappelle que la France est officiellement une cible de l’Etat islamique depuis une déclaration de son porte-parole le 21 septembre dernier. Libération

Algérie – Islam : des imams algériens formés en France L’idée de la convention signée cette semaine entre Paris et Alger est de « lutter contre le dévoiement et l’abaissement de l’islam ».

Sur fond de lutte contre les extrémismes religieux, en l’occurrence l’islamisme, le ministre français de l’Intérieur, Bernard Cazeneuve, a été reçu à Alger par le Premier ministre Abdelmalek Sellal, par son homologue, Tayeb Bélaïz, et par le ministre des Affaires religieuses, Mohamed Aïssa. C’est avec ce dernier que Bernard Cazeneuve a

signé cette convention sur la formation préparatoire des imams algériens délégués en France, mais aussi sur la réhabilitation de la Grande Mosquée de Paris (GMP) et de l’institut El Ghazali de formation des imams, lequel est rattaché à la GMP. Des imams délégués « en harmonie avec les

exigences de la République » Faisant allusion aux « actes terroristes abjects et barbares [qui] n’ont rien à voir avec la religion musulmane », le ministre Bernard Cazeneuve a indiqué qu’ »il est important qu’il y ait des imams formés en harmonie avec les exigences de la République, des imams

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qui permettent de lutter contre le dévoiement, l’abaissement » de l’islam. Cette déclaration s’emboîte parfaitement avec la démarche adoptée en Algérie par Mohamed Aïssa. Le ministre des Affaires religieuses s’était déjà en effet engagé à revoir la formation des imams. Objectif : « Immuniser » définitivement l’Algérie, qui compte 17 000 mosquées, contre l’intégrisme religieux qui a conduit à une guerre civile meurtrière dans les années 90. Il y a deux semaines, il avait ainsi animé une discussion religieuse à la Grande Mosquée de Paris, une première pour un membre du gouvernement algérien. Le monde universitaire et intellectuel ciblé

Cette convention a permis de part et d’autre de partager la volonté de « mobiliser le monde universitaire et intellectuel ». Objectif affiché : « lutter contre le mensonge et les manipulations » de l’islam auxquels se livrent les groupes terroristes. Il faut noter que cette réflexion intervient au moment où les actes islamophobes sont en hausse en France, si l’on en croit de nombreuses associations. L’occasion pour M. Cazeneuve, cité par l’AFP, d’affirmer que « le gouvernement français est déterminé à lutter contre toute forme de racisme, d’antisémitisme, d’islamophobie et de xénophobie ».

Précision : pays à forte tradition laïque, la France compte quelque deux mille lieux de culte musulman. Quelque cent imams sont affiliés à la Grande Mosquée de Paris (GMP). Celle-ci est financée par l’Algérie et est l’une des composantes du Conseil français du culte musulman (CFCM). Pour clore cette séquence, une note personnelle liée au ministre français de l’Intérieur a marqué la signature de cette convention. Après Alger, Bernard Cazeneuve s’est rendu à Oran, dans l’ouest, pour se recueillir sur la tombe de son grand-père. Aïda Haddad

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Un ancien du Djihad islamique : les Frères musulmans sont très ignorants des principes du Coran Nabil Na’im Aboul Fattah était en son temps l’un des fondateurs du Djihad islamique en Egypte, groupe alors connu non moins que l’Etat islamique actuellement.

Ayant purgé plus de 20 ans pour activités terroristes en prisons égyptiennes, Nabil Na’im est de nos l’un des plus âpres critiques des fanatiques religieux. Salafistes, takfiristes, frères musulmans sont de diverses branches d’un même arbre, a-t-il constaté dans un entretien avec notre correspondant. « La Confrérie musulmane est étroitement liée aux takfiristes (de l’arabe «excommunier »). Je peux même dire qu’elle les a engendrés. Ainsi, les

Frères musulmans prétendent que ceux qui fréquentent la mosquée pour prier ne sont pas des musulmans. Saïd Kutb lui-même et tous les adeptes des Frères musulmans ne comprennent rien en Islam. J’ai étudié à l’Université la loi musulmane et je peux juger du niveau de leurs connaissance de la religion ». « Quant aux leaders de groupes radicaux islamiques (Frères musulmans, salafistes), je peux dire qu’ils sont des personnes sans

scrupules, des personnages machiavéliques, à la recherche uniquement du gain et des sponsors. Après la révolution du 25 janvier, à laquelle les salafistes n’ont pas pris part, tous nous avons été surpris par leurs fatwas odieuses, telles que le droit de donner le sein à un homme adulte, de prendre pour femme des fillettes (7-9 ans), d’avoir des rapports sexuels d’adieu avec l’épouse morte. Est-ce que ce sont des enseignements de l’Islam ? Par leur faute l’Islam a commencé à susciter de la répulsion

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chez des gens à travers le monde. Les salafistes représentent un danger pour la société. Après le 25 janvier ce sont eux encore qui ont brûlé des mosquées, car ils sont les descendants de Mohammed ben Abdelwahhab, qui considérait tous, dont des musulmans, comme des apostats ».

« Les salafistes cherchent à mettre à leur profit toute situation, avec pour motif un impératif religieux. Ils n’ont pas pris part à la révolution du 30 juin, amis ont prétendu à leur part du gâteau. C’est-à-dire que des jeunes font la révolution, tandis que les salafistes cherchent à

profiter de ses fruits. Un travail d’explication est nécessaire pour que les gens comprennent que les salafistes égyptiens sont des wahhabites et non pas des adeptes du prophète Mahomet. Ma tâche est d’expliquer aux gens qui est qui ». Amru Beltagi

Tariq Ramadan : « La résistance du Hamas est digne ! » Invité d’Audrey Crespo-Mara, Tariq Ramadan, qui publie De l’islam et des musulmans, considère le Hamas comme une « organisation de résistance ».

Audrey Crespo-Mara : Au retour en France de Serge Lazarevic, vous avez déclaré vous réjouir de sa libération, pour lui et sa famille, condamner toute prise d’otage, quelle qu’elle soit, mais

vous écrivez aussi ressentir un « profond sentiment de malaise »… Tariq Ramadan : Oui, parce que, vous savez, la France a toujours négocié. Et je ne suis pas

de ceux qui pensent qu’il ne faut pas négocier. Il faut, à un moment donné, sauver des vies ! On ne peut pas accepter simplement qu’on tue les otages. Mais il y a des limites. Pour la libération

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d’un otage juste avant Noël afin de réjouir la France, on a accepté qu’un prisonnier qui a tué de sang-froid un gardien de prison africain soit libéré. On est revenu à la pensée coloniale : la vie d’un Blanc vaut plus que la vie d’un Noir. En France, il faut vraiment qu’on se pose la question de la perception qu’on a de l’Afrique. On ne peut pas continuer cette politique de la Françafrique. Et si c’était l’ultime exigence des ravisseurs, il fallait, selon vous, renoncer à libérer Serge Lazarevic, le laisser se faire exécuter ? Non, il ne fallait pas le laisser se faire exécuter, mais libérer un meurtrier… Il y a des choses qu’on ne fait pas, non. On ne peut pas libérer un meurtrier pour simplement sauver l’un des nôtres. Ça suffit. À partir d’un certain moment, la dignité humaine doit être la même pour tous. La vie d’un Noir vaut la vie d’un Blanc. Dans votre livre, vous n’avez aucune ambiguïté à l’égard d’Aqmi, d’al-Qaida, de Daesh, de ceux qu’on appelle les « djihadistes ». Sont-ils des musulmans ou des barbares qu’il faut anéantir ?

Je n’utiliserais pas ce mot de « barbares à anéantir ». Mais je pense que c’est à condamner ! Absolument. Ce n’est pas ça, le « djihad ». Le djihad, littéralement, ça veut dire l’effort et la résistance à tout ce qui peut être l’oppression. En soi et à l’extérieur. Le djihad, ce n’est pas la guerre ! C’est la résistance pour la paix. Et l’une des conditions de la paix, c’est la justice, la dignité. Comment se fait-il, s’il n’y a rien dans le texte originel, qu’on arrive à le tordre au point de lui faire dire l’inverse de ce qu’il dit ? Parmi ces islamistes, aucun n’a lu le texte ou tous l’ont lu de travers ? Ils l’ont lu partiellement. Ils en ont trahi la lettre et l’esprit. Et donc nous devons le dire. Ensuite, nous devons aussi avoir une analyse politique de ce qui se passe. Le silence de l’Occident, là où ça a commencé, quand des gens se faisaient massacrer en Syrie, et où on demandait au dictateur Assad de réformer. On ne peut pas dire : « Vous, musulmans, condamnez ! » Nous, on se lave les mains de notre soutien à Bachar el-Assad, à Saddam Hussein… À al-Sissi, reçu comme un président, c’est un dictateur ! Mille

condamnations à mort en moins de quinze minutes en Égypte et on le reçoit comme si c’était un être respectable ? Vous ne pouvez pas espérer qu’il n’y ait pas des « barbares » qui réagissent. Aux jeunes musulmans français tentés de partir faire la guerre en Irak, en Syrie, que dites-vous ? Il y a un vrai problème de compréhension de l’islam. On a des gens qui sont dans la pensée binaire, c’est eux contre nous, et qui réussissent à attirer ces jeunes. Donc, déjà, il faut leur dire : « Apprenez votre religion ! Apprenez que ce n’est pas nous, les musulmans, contre le monde. C’est nous, les personnes qui défendent des principes de justice, contre ceux qui défendent l’oppression. » Et puis j’aimerais dire aux gouvernements européens qu’il ne faut pas criminaliser ces jeunes. Beaucoup sont des victimes. Quand ils reviennent, les mettre en prison, les criminaliser, non ! Il faudrait utiliser ces jeunes, dans un travail de suivi éducatif, pour qu’ils puissent prévenir d’autres d’y aller et de s’y engager. Après la mort du ministre palestinien Ziad Abou Eïn en Cisjordanie,

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lors de heurts avec des soldats israéliens dans une colonie sauvage, vous avez condamné ces colonisations. Est-ce que, pour autant, vous légitimez les actions du Hamas ? Moi, je ne légitime aucune action qui s’en prend à des innocents et

qui s’en prend à des civiles. La résistance à l’armée israélienne, elle est légitime. Mais le Hamas, pour vous, ce n’est pas une organisation terroriste ? Non, c’est une organisation qui est du même type que l’ANC à

l’époque où on disait que c’était des terroristes. Ils ont des moyens que je réprouve, mais ont une résistance que j’approuve. Propos recueillis par Audrey Crespo-Mara

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«L’islam modéré n’est pas assez entendu» Pour les administrateurs de la mosquée de Graulhet, la principale crainte après les arrestations antiterroristes hier dans le Tarn réside dans l’amalgame qui pourrait être fait avec la majorité des musulmans, islamistes modérés.

L’étonnement régnait hier parmi les administrateurs de la mosquée de Graulhet. «Elle a été crée en 1981 dans une ancienne église. Il y a toujours eu une entente cordiale avec les catholiques ou les protestants. Nous avons le même imam depuis vingt ans, explique Ali Grhouti qui confiait hier «nous ne comprenons pas. Guillaume venait à la mosquée, il ne parlait pas. Nous ne savons pas de quoi il est aujourd’hui accusé». «à la base, l’islam est une religion de paix»

La principale crainte à présent des administrateurs est l’amalgame qui pourrait être fait. «L’islam modéré n’est pas assez entendu, témoigne Ahmed Mazari. À la base, l’islam est une religion de paix. Notre rôle est aussi de faire face aux réseaux sociaux. Certains jeunes se cherchent, ils sont perdus et sont des proies faciles. Pourtant, l’imam a expliqué ce qu’il ne faut pas faire. Parfois, certains parents sont même venus nous trouver pour nous dire qu’ils craignaient que leurs enfants ne tombent

dans la délinquance. Ici, tout le monde se connaît». Les deux responsables tiennent à répéter inlassablement que l’état prétendument islamique n’a rien à voir avec la religion, il est mené par des «barbares». Albi, Labastide-Rouairoux, et Graulhet et à nouveau Albi hier… Les personnes qui gèrent la mosquée graulhétoise comme Claude Fita, maire de la ville, ne pensent pas que le département du Tarn soit un terreau favorable.

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«C’est bien dans toute la France qu’il y a eu des interpellations. Nous avons à Graulhet un très bon vivre ensemble», insiste l’élu qui hier ne pouvait pas être très loquace.

«Ce que je peux vous dire, c’est que j’ai peu d’informations à vous communiquer pour l’heure sur cette affaire. Nous avons tous des enfants et nous ne savons pas toujours ce qu’ils font, ce qu’ils

décident. Le parquet de Paris gère cette situation. Même moi, maire de Graulhet, je ne sais pas qui a été interpellé et je suis vraiment surpris». Jean-Claude Clerc

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Tables des matières Islam et islamisme : entre foi individuelle et dérive politique collective ………………………… 2

Points d'info Houellebecq convertit la France à l’islam dans son prochain roman ……………………………… 10

Maroc : L’émirat des croyants a repris les interdictions des activités d’ONG des droits de l’Homme ……………………………………………………………………………………………………………………

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Pakistan : attaque meurtrière de talibans contre une école …………………………………………..

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Grande-Bretagne : une « poupée islamique » sans visage en vente ……………………………….

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Eric Zemmour écarté d’iTÉLÉ après des propos controversés sur l’islam ………………………..

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Daesh: 100 jihadistes étrangers voulant fuir la Syrie exécutés ……………………………………….

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Joué-lès-Tours : le drapeau de l’Etat islamique sur le profil Facebook de l’agresseur …….

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Algérie – Islam : des imams algériens formés en France …………………………………………………

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Communication Un ancien du Djihad islamique : les Frères musulmans sont très ignorants des principes du Coran ………………………………………………………………………………………………………………………..

21

Tariq Ramadan : « La résistance du Hamas est digne ! » ………………………………………………..

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Points de vue «L’islam modéré n’est pas assez entendu» …………………………………………………………………….

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