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REGARDS SUR LE NUMÉRIQUE NOVEMBRE 2007 start-up Le grand retour Elles sont le nouveau souffle de l’économie numérique française et l’atout de nos territoires. Enquête sur ces futures championnes. Divina Frau Meigs Pour une société des savoirs le regarD De… Jacques attali

RSLN #1 - Start-up : le grand retour

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Page 1: RSLN #1 - Start-up : le grand retour

regardssur le

numériquenovembre 2007

start-upLe grand retour

Elles sont le nouveau souffle de l’économie numérique françaiseet l’atout de nos territoires. Enquête sur ces futures championnes.

DivinaFrau MeigsPour une société

des savoirs

le regarD De…

Jacques attali

Page 2: RSLN #1 - Start-up : le grand retour

2.1_regards sur le numérique 2.1_regards sur le numérique

5 La vie numérique Enbref,l’actualité

delasociéténumérique

10 Panoramiques Tourdumonde

delacréationnumérique

38 rePères Lesindicateursde2.1

39 Lu Lasélectionlivresde2.1

ETaussi

Je suis heureux de vous présenter ce premiernuméro de 2.1, magazine trimestriel d’analyse etde décryptage de ce nouveau monde tout-numérique dans lequel nous avançons à vive allure. Économie, société, culture…, les enjeux du numérique sont partout et ils sont considérables.Pourquoi, au mépris de tout sens pratique, avoir choisi un titre évolutif, sorte de titre sans fin ? Pour inscrire au cœur même de l’identité du magazine la nécessité, intense dans un secteur où les innovations sont quotidiennes, de mettre constamment à jour les perspectives, les certitudes, les questionnements.Notre entreprise est née avec l’idée de faire, du numérique, un formidable outil de changement. Ses fondateurs ont rêvé de démocratiser des technologies complexes, de les rendre accessibles au plus grand nombre, de les libérer de la tenta-tion des spécialistes de les enfermer dans un monde qu’eux seuls maîtrisent. Elle s’est donc naturellement engagée dans un large processus de réflexion sur les impacts du numérique pour nos sociétés. Mais notre position de leader de l’édition logicielle lancé dans une course constante à l’innovation nous impose des responsabilités particulières. Et notamment d’être à l’écoute des attentes, voire des exigences de la société. Ce magazine répond ainsi à notre volonté de susciter et de recueillir une réflexion collective sur tous ces sujets, celle des acteurs, penseurs et décideurs du monde numérique et d’ailleurs.Tel est l’objet de 2.1. Sa rédaction, composée de jeunes journalistes indépendants, a toute latitude pour traiter les enjeux du numérique tels qu’ils existent déjà, tels qu’ils les rêvent. Les opinions exprimées ici n’ont certainement pas pour objet de refléter la seule position de notre entreprise, au contraire… Et c’est tant mieux car c’est du débat que naît une réflexion collective ouverte et transparente. Alors fai-tes-nous part de vos réactions et de vos remarques – coups de cœur ou coups de sang – afin qu’avec vous, 2.1 aiguise toujours plus son regard sur les mille enjeux du numé[email protected]

Éditorial~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~ _•2.1_regards sur le numériqueMagazine trimestriel

www.regardsurlenumerique.fr

Microsoft FranceSAS au capital de 4 240 000 euros, 18 avenue du Québec 91957 Courtabœuf 1 Cedex

DirecteurdelapublicationÉric BoustoullerDirecteurdelarédactionMarc MosséDirecteurdéléguéBertrand Salord

RédactriceenchefConstance [email protected]

ConceptionetréalisationgraphiqueJBA - 2, rue des Francs-Bourgeois 75003 Paris [email protected]

DirectriceartistiqueVirginie Kahn

OntcollaboréàcenuméroAnaïs Coutrey, Christian Desbois, Caroline Marcelin, Pierre Michaud, Alexandra de Panafieu

RemerciementsContemporary Architecture Practice, Jianping He, Atelier Télescopique

Photosnoncréditéesdroits réservés

imprimerieEscourbiac GraulhetDocument imprimé avec des encres végétales sur du papier blanchi sans chlore, fabriqué à partir de pâtes provenant de forêts gérées de façon durable.

Les opinions exprimées dans ce magazine n’engagent que leurs auteurs et ne reflètent pas nécessairement celles de Microsoft.

Conformément à la loi « Informatique et Libertés », toute personne ne désirant plus recevoir le magazine peut en informer la rédaction ([email protected]) qui annulera immédiatement son abonnement.

Le titre 2.1 (prononcer « deux point un ») est d’abord un clin d’œil à l’expression « Web 2.0 » qui désigne la génération actuelle de sites Internet, plus participative que la première génération des années 90, décrite rétrospectivement comme « 1.0 ». C’est aussi un second clin d’œil au jargon informatique utilisé pour distinguer les versions successives des logiciels. Premier magazine au titre évolutif, 2.1 deviendra, dès le prochain numéro, 2.2 puis 2.3, etc. afin d’illustrer notre volonté de demeurer au plus près d’une société numérique en perpétuel changement.

rendez-vous

PourunesociétédessavoirsDivina Frau Meigs, 48 ans, sociologue des médias. Chercheuse prolifique née dans un milieu populaire, elle œuvre pour une large démocratisation du savoir. Une mission qui s’appuie sur l’appropriation éclairée, par tous, des nouvelles technologies

Portéepardesentrepreneursvisionnairesetdynamiques,unenouvellegénérationdestart-updulogicielaffichedescroissancesspectaculaires,embaucheàtourdebrasetinvestitmassivementdanslarechercheetledéveloppement.Enquêtesurcenouveausouffledel’économienumériquefrançaise

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grand-angLe

Aux Ateliers du Bocage, unesecondevie

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Le regard de…

JacquesattaliDe l’importance des start-up en France

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nE

16<  InnovatIon 2.0  >

Les start-up sont de retour !

À la communauté Emmaüs des Ateliers du Bocage, dans les Deux-Sèvres, la récupération et le retraitement de déchets électriques et électroniques créent des emplois, favorisent la réinsertion de personnes en difficulté et participent à la préservation de l’environnement

2 3

ÉRIC BOUSTOULLERPrésident de Microsoft France

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2.1_regards sur le numérique 2.1_regards sur le numérique2.1_regards sur le numérique2.1_regards sur le numérique

¦300 milliards d’euros par an, c’est l’économie qui pourrait être réalisée à l’échelle de l’Europe grâce à une généralisation à 100 % de la facturation

électronique et de la passation électronique des marchés publics, selon les prévisions de la Commission européenne. ¦

LOGICIEL ANTIBROYEURUn puissant logiciel de reconnaissance de formes, mis au point par l’Institut berlinois Fraunhofer, a commencé à reconstituer les 600 millions de fragments de papier, reste des archives de la Stasi passées au broyeur après la chute du mur le 9 novembre 1989. Durée prévue : 5 ans.

Malgré ses 227 000 abonnés payants et ses 10 millions de dol-lars de chiffre d’affaires, le New York Times a définitivement renoncé, cet automne, à faire payer l’accès à certaines parties de son site Inter-net. Le journal va même plus loin et propose gratuitement aux inter-nautes l’ensemble des archives du journal de 1851 à 1922 et de 1987 à nos jours. Le Wall Street Journal lui

emboîte le pas et devrait bientôt rendre son site entièrement gratuit. Raison invoquée : le modèle écono-mique de la publicité en ligne offre des perspectives beaucoup plus intéressantes que celui de l’abon-nement. Le Financial Times, quant à lui, vient d’opter pour une solution hybride : l’internaute peut consulter gratuitement jusqu’à 30 articles par mois ; au-delà, il doit s’abonner.

pERspECTIvEs

vent de gratuité dans la presse en ligne

Cyber- commissariatLa France rejoint l’Italie, la Belgique et l’Espagne en permettant aux citoyens de porter plainte sans se déplacer, à travers un commissariat virtuel sur Internet. Inscrit dans le cadre de la future loi d’orientation et de programmation pour la sécurité intérieure (LOPSI), ce dispositif, réservé aux délits mineurs et aux plaintes contre X, pourrait entrer en service dès 2008.

TOUs vIRTUELs !Selon l’Institut d’étude Gartner, d’ici 2011, 80 % des internautes et les 500 plus grandes entreprises du monde auront tous une « deuxième vie » dans un univers virtuel, qu’il s’agisse du jeu Second life (qui revendique 9,2 millions d’utilisateurs) ou d’un autre.

collèges branChésPour la première fois cette année, en fin de 3e, les collégiens devront obligatoirement s’acquitter du B2i, le Brevet informatique et Internet. Créé en 2000 et déjà largement intégré aux cursus scolaires, il valide cinq types de compétences dont « l’adoption d’une conduite responsable » en ligne, le traitement et l’exploitation des données numériques et la capacité à s’informer et se documenter sur Internet.

n ce début de XXIe siècle, les enjeux écono-

miques, sociaux et sociétaux de la conver-

gence numérique ne sont plus à démontrer.

Les nouvelles technologies ont aujourd’hui

profondément imprégné nos sociétés,

accompagnant une révolution profonde de

nos modes de communication, de consom-

mation, de travail, d’acquisition du savoir

et de participation à la vie publique. Dans

le nouveau monde numérique, la part immatérielle de la

valeur ajoutée des nouveaux produits est en perpétuelle

augmentation ; l’investissement dans le capital imma-

tériel est devenu un enjeu absolument décisif pour la

compétitivité des nations. Il est donc essentiel que la

France se positionne avantageusement à cet égard.

Une forme d’entreprise adaptée aux marchés numériques

Une des caractéristiques du secteur numérique est d’être,

du fait de sa très grande vitalité, constamment en flux,

chaque innovation ayant le potentiel de révolutionner

les usages, rendant instantanément obsolètes toutes

celles qui l’ont précédée. Particulièrement réceptive

aux moindres variations de la demande car très ciblée

– dans ses consommateurs ou dans ses produits – la

start-up, que l’on peut définir comme une entreprise

jeune, de petite taille mais disposant d’un fort potentiel

de développement à court terme, est une forme d’en-

treprise particulièrement bien adaptée aux marchés

numériques.

Dans ce secteur à fort renouvellement, la compé-

tition permanente, extrême, offre plusieurs avantages.

Pour rester profitables, les start-up doivent constam-

ment innover afin de toujours mieux répondre aux exi-

gences de leurs clients. Seules celles qui y parviennent

survivent ; les consommateurs sont donc le moteur du

marché. Deuxième avantage, l’immensité d’un secteur

dans lequel les perspectives sont grandes ouvertes et

les opportunités d’innovation innombrables. C’est dans

l’exploitation de cette diversité que se trouve le potentiel

français. Troisièmement, point regroupant les deux pre-

miers, la concurrence étrangère a pour conséquence que

seules les start-up vraiment performantes se taillent une

place durable sur le marché. Celles, aussi, qui savent se

projeter à l’international. Ainsi le secteur reste-t-il très

vaste, largement ouvert aux nouvelles entreprises pour

peu qu’elles soient innovantes, assurant à la France une

économie numérique vigoureuse et profitable.

Un enjeu déterminant pour l’économie française

Le positionnement de la France dans ce secteur et la

vitalité dont feront preuve les start-up françaises sont un

enjeu déterminant pour l’économie du pays. Dynamiques,

inventives, ces dernières ont un formidable potentiel de

création d’actifs stratégiques, mobilisant les meilleurs

diplômés, les meilleurs entrepreneurs, les talents les plus

variés et les meilleurs résultats de la recherche scienti-

fique. Ces actifs sont pour la France d’une importance

capitale car ils sont de formidables leviers pour conserver

un avantage compétitif durable, générer de la croissance

à forte marge et fixer sur le territoire la plus grande part

possible de la valeur ajoutée créée.

La présence en France de nombreuses start-up dans des

secteurs aussi variés que la mobilité, les logiciels d’entreprise,

les services liés à l’Internet ou les technologies vertes sont

le reflet de la grande vitalité dont le secteur fait preuve. Elles

constituent un élément de référence pour déterminer les

grandes tendances économiques de demain car elles sont

aussi le reflet de l’état économique d’une nation et préfigu-

rent son futur. Ce sont ces sociétés qui, à terme, permettront

le rayonnement international de la France, équilibreront

sa balance commerciale, créeront des emplois hautement

qualifiés et, surtout, assureront à notre pays une place dans

le peloton de tête des économies de la connaissance.

« Les start-up sont  le reflet  de l’état économique d’une nation  et préfigurent son futur. »

EDe l’importance des start-up en France

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jacqUEs attali

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< et vous >

2.1_regards sur le numérique 2.1_regards sur le numérique

sAvOIRs EN LIGNED’ici à la fin de l’année, le prestigieux Massachusetts Institute of Technology (MIT) aura fini de publier gratuitement sur Internet les 1 800 cours qu’il propose dans dix langues différentes. Cela représente un investissement de 100 millions de dollars sur une période de dix ans.

di Roma Antica ». La complexité et la petitesse du modèle original ont obligé les ingénieurs à utiliser des scanners laser issus de l’in-dustrie aéronautique, permettant d’atteindre le 10e de millimètre. La numérisation du scan produit des résultats étonnants : un survol virtuel des 7 000 immeubles de la ville, permettant d’aller examiner des lieux auxquels les Romains eux-mêmes n’avaient pas accès comme les sculptures ornant le haut d’un arc de triomphe.

Le « wiki » de la Rome numériquePour Bernard Frischer, directeur de l’Institute for Advanced Tech-nology in the Humanities de l’uni-versité de Virginie, l’objectif est de créer une sorte de « wiki », sur le modèle de l’encyclopédie col-laborative Wikipedia où chaque discipline, de l’histoire de l’art à l’ingénierie en passant par l’archi-

ARChéOLOGIE

La Rome antique ressuscite grâce à la 3D

tecture, viendrait apporter de nou-veaux éléments d’information. La Rome numérique permettra éga-lement aux scientifiques de tester in situ différentes hypothèses de recherche, relatives aux systèmes de chauffage ou à la régulation des foules aux abords du Colisée. Les chercheurs sont également en train de s’interroger sur la manière de mettre cet outil à la disposition des internautes. À quand la Rome antique sur Second life ?

Survoler virtuellement, en temps réel, la Rome de l’empereur Constantin, explorer l’intérieur du Colisée, déambuler dans les ruelles sinueuses ou admirer les colonna-des du Forum, il aura fallu dix ans de recherche, 2 millions de dollars, des processeurs d’une grande puissance et des scanners de pointe pour y parvenir. Une équipe d’historiens, d’ingénieurs et d’ar-chéologues issus des universités américaines de Virginie, de UCLA et du Politechnico de Milan a présenté cet été une simulation 3D intégrale d’une précision inouïe de la Rome de l’an 320 après Jésus-Christ.

Survoler virtuellement la cité antiquePour créer « Rome Reborn » (litté-ralement « Rome ressuscitée »), les chercheurs ont notamment numérisé au laser une maquette de 900 mètres carrés, conçue dans les années 1970 : le « Plastico

Le projet « Rome Reborn » permet un survol virtuel de la cité antique d’une précision stupéfiante.

quE faiTEs-vOus POuR LE numéRiquE LOCaLEmEnT ? lA « téLé

de PoChe » pour 2008Le coup d’envoi de la future télévision mobile personnelle a été donné fin septembre. Christine Lagarde, ministre de l’Économie, Hervé Novelli, secrétaire d’État aux entreprises et au commerce extérieur, et Christine Albanel, ministre de la Culture, ont signé l’arrêté fixant la norme de diffusion de cette « télé de poche » qui pourra être regardée depuis téléphones portables et baladeurs numériques. Objectifs attendus : « la création d’une dizaine de milliers d’emplois », les premiers services commerciaux opérationnels pour les JO de 2008 et un déploiement massif en 2010.

Devenir pirate informatique va-t-il devenir une activité comme une autre ? Dans son rapport semestriel, l’éditeur de logiciels de sécurité Symantec souligne la prolifération alarmante de kits conçus par des cybercriminels pour leurs pairs, disponibles sur Internet pour quel-ques dizaines d’euros. Ces kits permettent notamment de se livrer au « phishing » – « hameçonnage » en français – technique de fraude associant l’envoi d’un courrier élec-

tronique et la mise en place d’un site Internet illégal. Accessible au travers d’un lien dans le mail, le site imite l’apparence d’un organisme légitime (banque, enchères en ligne, etc.) et invite l’internaute à y saisir ses coordonnées bancaires. Les pirates peuvent ensuite détourner le compte de la victime.

Piratage « clés en main »L’enquête dévoile que les trois kits les plus usités sont à eux seuls responsa-

bles de 42 % des attaques détectées au cours du premier semestre 2007. Les industriels se mobilisent pour lutter contre la diffusion de ces outils « clés en main » aux effets multiplica-teurs préoccupants. En septembre, une action initiée par Microsoft a ainsi débouché sur la condamnation à 10 mois d’emprisonnement avec sursis et 8 000 euros d’amende d’un délinquant français ayant mis à dis-position des internautes un tutoriel de ce type sur son blog.

séCURITé

Attention aux pirates du dimanche !

¦80 millions, c’est le nombre d’URL que l’Institut national de l’audiovisuel (INA) a archivé afin de conserver la mémoire de la campagne présidentielle sur le Web, soit un corpus

de 2 200 sites et blogs, et plus de 15 000 vidéos. ¦

« Avec trois partenaires fondateurs : le Conseil général, l’Association des maires de l’Aube et le centre de gestion de la fonction publique territoriale, nous avons mis en place le « portail des collectivités », une plate-forme mutualisée de services gratuits dédiée aux collectivités locales du département.Guichet unique, cet extranet fédère aujourd’hui une dizaine de partenaires institutionnels dont chacun contribue à l’enrichir : préfecture, trésorerie, service

départemental d’incendie et de secours, etc. Le panel de services proposés est large : gestion des fichiers électoraux, plate-forme mutualisée pour les marchés publics, numérisation et consultation du cadastre, signature électronique, veille juridique, gestion des bibliothèques… nous avons d’ailleurs reçu le Trophée Édifrance 01 Informatique pour le caractère innovant du portail et la pluralité des services offerts.La dématérialisation est, à nos yeux, un enjeu essentiel. Il fallait

donc qu’on se dote du bon service pour la réaliser. Et puisque le Conseil général le faisait pour lui, autant le proposer à d’autres collectivités du département qui, seules, n’en auraient pas eu les moyens administratifs, financiers ou humains. Le nombre de communes qui adhèrent aujourd’hui à notre portail, 397 sur un total de 433 – sans oublier une trentaine de communautés de communes –, nous laisse à penser que nous avons plutôt bien réussi ! »“ www.collectivites-aube.fr

PhiLiPPE aDnOT PRÉSIDEnT Du ConSEIL GÉnÉRAL ET SÉnATEuR DE L’AuBE

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< les favorIs de >

Le livre numéri-que n’avait pas bonne presse. Trop cher, désagréable pour les yeux,

sans valeur ajoutée… On le croyait disparu dans l’explosion de la bulle Internet, le voilà qui revient en force à travers l’initiative du quotidien économique Les Échos. « Le pre-mier journal numérique mobile » propose à ses lecteurs de consul-ter, sur une tablette électronique, une version du journal réactuali-sée toutes les heures. Selon le type d’abonnement, d’autres services sont proposés : dépêches AFP et téléchargement de livres de diffé-rents éditeurs. À la lecture, on peut mesurer les progrès réalisés depuis

les premiers boîtiers des années 2000 : l’image est stable et sans scintillement même en plein soleil grâce à une technologie avancée d’encre électronique. Malgré le prix élevé, entre 649 et 769 euros selon la tablette choisie, le quotidien vise entre 1 500 et 2 000 lecteurs d’ici à la fin de l’année.

Bientôt le papier électroniqueL’initiative des Échos est loin d’être isolée. Le géant du e-commerce Amazon s’apprête à lancer prochai-nement un boîtier permettant de télécharger l’ensemble de son offre. De son côté, la société anglaise Plas-tic Logic a levé 100 millions de dollars il y a quelques mois pour construire la première usine de production de

papier électronique à grande échelle. Pour la feuille véritablement pliable et enroulable, il faudra encore attendre un peu mais les résultats sont bluf-fants. Il ne manque plus que l’odeur, direz-vous, mais même ce détail est prévu pour convaincre les derniers nostalgiques. La société américaine Cafescribe.com, qui commercialise des manuels scolaires électroniques, propose désormais à ses clients un autocollant dégageant « cette déli-cieuse odeur de renfermé » qu’ex-halent les vieux livres.

pREssE

Le e-papier revient !

pEUT MIEUX FAIRELes entreprises américaines du logiciel investissent quatre fois plus en recherche et développement (R&D) que leurs homologues européennes selon l’enquête annuelle de la Commission européenne. À lui seul, le budget de R&D de Microsoft, premier mondial pour les NTIC avec 5,4 milliards d’euros, dépasse celui de l’ensemble des entreprises européennes du secteur (3,5 milliards d’euros).

débat & CoFort du succès de Débat2007.fr, site participatif lancé à l’occasion de la présidentielle dont la cellule de chiffrage des programmes avait fait couler beaucoup d’encre et attiré un million de visiteurs en cinq mois, le think tank l’Institut de l’entreprise réitère l’expérience avec Débat & Co. Constitué de dossiers multimédias, de blogs et d’un outil de suivi des réformes mises en œuvre à l’étranger, le nouveau site ambitionne de devenir la plate-forme française de référence des questions économiques et sociales.“ www.debateco.fr

INNOvATION

L’ordinateur de demain est… une table !Les films de science-fiction l’ont compris depuis longtemps, l’avenir est à l’écran tactile. Mais le projet Surface, dont les premiers modèles vont être commercialisés cet hiver, va plus loin. Sortie des laboratoires de Microsoft, cette table, qui res-semble à un grand écran plat hori-zontal, sait faire des choses éton-nantes. Posez votre appareil photo numérique ou votre téléphone sur l’écran, il sera immédiatement identifié et analysé par Surface, les photos téléchargées, votre réper-toire mis à jour. La suite est entre vos mains : d’un simple geste, sans clavier ni souris, vous pouvez trier vos clichés comme s’ils étaient posés pêle-mêle sur votre table de salon, les retoucher et les envoyer au développement. Plus étonnant encore, vous pouvez y travailler à plusieurs et interagir tous en même temps avec la machine grâce à des mini-caméras qui détectent les mouvements, les analysent et

les retranscrivent à l’écran. Pour l’instant proposée uniquement aux professionnels (bars, restau-rants, opérateurs téléphoniques, etc.), Surface est conçue par ses fondateurs comme la première pierre d’un futur où « l’informati-que de surface » s’inviterait sur nos réfrigérateurs, nos murs, voire « le miroir de l’entrée ».

¦2,3 milliards d’euros, c’est le chiffre d’affaires estimé du jeu vidéo en France cette année selon les prévisions de l’institut GfK. Le poids des logiciels de loisirs dans les biens culturels

atteint ainsi 16 %, autant que la musique. Le lancement spectaculairement réussi du jeu Halo 3 en septembre – dépassant même le record du film Spiderman 3 – en est un formidable exemple. ¦

AvATARs EN COLèRE Le vaste monde virtuel de Second life a connu sa première manifestation. Près de 2000 « avatars » issus de 30 pays ont défilé fin septembre à l’appel de la fédération syndicale internationale UNI, pour protester contre la politique d’austérité salariale menée, selon elle, par IBM en Italie.

La table-ordinateur « Surface ». Sans clavier ni souris, elle analyse les objets posés sur son écran, se dirige d’un geste de la main et permet de travailler à plusieurs.

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Ma page d’accueil :

le site du New York Times, à mon sens

la meilleure source

d’information mondiale

à ce jour. La qualité,

l’exigence et la garantie

de la marque d’un côté,

une vraie réflexion sur

ce que le multimédia

peut offrir en terme

d’interactivité,

de pédagogie,

d’instantanéité, de l’autre.

“ www.nytimes.com

Ï� rue89, l’un des rares

lieux encore vraiment

impertinents de la presse

française. Ils tiennent

le bon bout pour le « Web

3.0 », celui qui passe du

« user-generated content »

(ce sont les internautes

qui créent le contenu), au

« professional and user-

generated content »

(le contenu est coproduit

par une communauté

de professionnels

et d’internautes). “ www.rue89.com

Ï

u-lik.com, une start-up

pour laquelle j’ai une

attention toute

particulière puisque je

fais partie de son conseil

d’administration. Ce sont

deux jeunes qui ont

développé un outil très

bien conçu de « social

cataloging and

networking », une sorte

de bibliothèque virtuelle

qui permet de partager

ses goûts culturels avec

d’autres internautes.

“ www.u-lik.com

JEan-LOuis missika

SPÉCIALISTE DES MÉDIAS, AuTEuR DE La Fin de La téLévision (SEuIL, 2006), VICE-PRÉSIDEnT Du ConSEIL D’ADMInISTRATIon D’ILIAD.

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Page 6: RSLN #1 - Start-up : le grand retour

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CONtEMPORARy ARCHItECtURE PRAtICE_ÉtAtS-UNISBasé à New York, ce collectif d’architectes s’est distingué pour son œuvre élégante et futuriste qui exploite toutes les

possibilités des technologies numériques dans le design et la construction. On voit ici les plans d’un immeuble d’habitation

de Dubaï, mélange de béton, de verre et d’un filet d’acier, dont l’enveloppe fait fusionner deux tours contiguës de 45 étages

chacune. À droite, une de leurs réalisations les plus connues, le flagship store de Reebok à Shanghai, conçu pour donner un

sentiment de vitesse lorsqu’on se déplace à l’intérieur. « c-a-p.net

< archItecture >

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10PanORamiquEs

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< desIgn graphIque >

JIANPINg HE_CHINE/ALLEMAgNENé en 1973 dans un village chinois, Jianping He partage aujourd’hui sa vie entre Shanghai et Berlin où il a

ouvert Hesign, un studio de graphisme, en 2004. On trouve dans le style du jeune artiste, qui a fait de l’affiche

sa spécialité, un mix d’influences issues de l’avant-garde chinoise, des affiches politiques de la Révolution

culturelle, ainsi qu’une recherche sur la typographie des caractères calligraphiques. Ici deux œuvres réalisées

pour des revues de graphisme chinoises, New Graphic et Art and Design. « hesign.com

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< MultIMedIa >

AtELIER tÉLESCOPIqUE_FRANCECréé et développé par l’Atelier télescopique, collectif d’artistes lillois, en partenariat avec la Maison de l’architecture et de la ville

de Lille, Calacala City est une cité imaginaire et interactive où chacun peut apporter sa pierre à l’édifice en combinant des motifs

architecturaux d’inspiration indienne. Exposée sous la forme d’une immense fresque évolutive dans le cadre de l’exposition

« Bombaysers » de Lille en 2006, la ville continue chaque jour à se développer sur Internet. « calacalacity.fr ~~~~~~~~~ _•

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>>>

retour des

tal-risque, en France, au cours du second semestre 2006, ont progressé de près de 20 % par rapport au second semestre 2005, atteignant leur plus haut niveau depuis l’éclatement de la bulle1.

les prOMesses De la « nOuvelle ÉcOnOMie » sOnt enFin tenues

« Après la crise de mars 2000, on a eu ten-dance à jeter le bébé avec l’eau du bain, rappelle Philippe Collombel, directeur associé et manager pour l’Europe du fonds de capital-risque Partech International. Et pourtant, tout ce qu’on annonçait en 1999-2000 a fini par arriver. » Question de timing donc, et de maturité des technolo-gies comme des usages.

Car l’explosion du haut-débit, la crois-sance exponentielle des capacités des ordi-nateurs et la multiplication des objets noma-des et communicants ont bel et bien fini par « numériser » complètement nos vies. « On assiste actuellement à une digitalisation

du monde, ajoute Philippe Collombel. Tout circule et se duplique à l’infini, et le moin-dre ordinateur devient une véritable base de données multimédia connectée à des millions d’autres : dès lors, chacun se trouve face à des problématiques de gestion de contenus – photos, vidéo, musique…– qui offrent autant d’opportunités de proposer de nouveaux services. »

« Le matériel et les réseaux sont à présent à la hauteur des espérances de la fin du xxe siècle, estime Xavier Lazarus, directeur associé d’Elaia Partners, société de gestion de fonds d’investissement spé-cialisée dans les technologies logicielles.

« ce que l’on appelle aujourd’hui le Web 2.0 constitue en fait la réponse aux espoirs que les utilisateurs avaient placés dans l’internet des années 90. et de la même façon qu’on a le Web 2.0, on a aujourd’hui les entrepreneurs 2.0. »Xavier Lazarus, directeur associé d’eLaia Partners

Ce que l’on appelle aujourd’hui le Web 2.0, et qui est davantage un concept marketing qu’une véritable rupture technologique, constitue en fait la réponse aux espoirs que les utilisateurs avaient placés dans l’Internet des années 90. Et de la même façon qu’on a le Web 2.0, on a aujourd’hui les entrepreneurs 2.0. »

les « serial », les « survivants » et les « priMO »

Qui sont-ils, ces « entrepreneurs 2.0 » ? Les experts en distinguent trois principales familles. Les « serial entrepreneurs »,

1. Indicateur Chausson Finance

< InnovatIon 2.0 >

la France a définitivement tourné la page des années noires de « l’après-bulle ». tirant partie d’une conjonction de facteurs extrêmement favorables, une nouvelle vague d’entrepreneurs de talent dans le secteur logiciel affiche actuellement une santé et un dynamisme remarquables. À la fois ambitieux et lucides, ils sont le nouveau souffle de l’économie numérique française.enquête : Pierre Michaud. Photos : oLivier roLLer.

« start-up »… Un temps porteur des espoirs les plus fous, le mot était devenu presque tabou tant l’éclatement de la bulle Internet de 1999-2000, balayant tout der-rière lui, n’avait laissé subsister que le cli-ché injuste de business plans inconsistants vendus par des jeunes loups désinvoltes et trop pressés de faire fortune. C’est donc dans une certaine discrétion que l’on assiste aujourd’hui, en France, à la montée en puis-sance d’une deuxième vague de « sociétés

innovantes à fort potentiel » dans le secteur logiciel, dont la remarquable vitalité pourrait bien assurer à notre pays une place dans le peloton de tête des économies numériques. Créées par des entrepreneurs visionnai-res et dynamiques, les nouvelles start-up affichent des croissances spectaculaires, embauchent à tour de bras et investissent massivement dans la recherche et le déve-loppement (R&D). Indice significatif de ce renouveau : les montants investis en capi-

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Le grandstart-up

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16à La unE LE GRAnD RETouR DES START-uP

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2.1_regards sur le numérique 2.1_regards sur le numérique

métier. On voit plutôt des gens qui créent une entreprise, la développent, puis la ven-dent au moment où elle atteint une certaine taille critique, quitte à recommencer. En tout cas, l’économie a besoin du dynamisme et de l’énergie de ces entrepreneurs : ce sont eux qui font bouger les choses. »

l’innOvatiOn Bien accueillie par le puBlic Français

Dans le vaste monde de l’économie numé-rique, quelques secteurs ont vraiment le vent en poupe. Côté grand public, la demande est aujourd’hui particulièrement forte pour les produits et services liés aux usages personnels : jeux vidéos, systèmes domotiques, sites et services communau-taires, sans oublier les nouveaux horizons

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_ E Q u I T I M E _

Dix ans DE R&D POuR En finiR avEC LE CassE-TêTE DEs PLannings

de la téléphonie mobile. Autre tendance remarquable : la montée en puissance des nouveaux objets communicants uti-lisant les technologies de communication sans fil (Bluetooth et Wifi), tels que le lapin Nabaztag de Violet (cf. p. 26) ou la Liveradio mise au point par Baracoda et commer-cialisée en France par Orange (cf. p. 21).

« De façon générale, qu’il s’agisse des équi-pements ou des nouvelles fonctionnalités Web, je suis toujours surpris de constater avec quelle facilité le grand public accueille l’innovation, particulièrement en France », signale Philippe Collombel.

Du côté des entreprises, les domai-nes d’activité les plus porteurs

« On voit aujourd’hui émerger un vivier de jeunes bien formés aux techniques du business, qui ont compris qu’entreprendre par soi-même peut être une bonne façon de réussir. l’esprit entrepreneurial fait son chemin en France. » PhiLiPPe coLLoMbeL, directeur associé et Manager Pour L’euroPe de Partech internationaL

issue de l’université grenobloise Joseph-fournier, Equitime est la première société française à avoir bénéficié de la loi sur l’innovation de 1999. Enseignant chercheur et titulaire d’un double doctorat en médecine et en

informatique, georges Weil a créé cette structure après dix années de recherche sur les plannings de personnels infirmiers. « J’avais constaté que, dans les hôpitaux, la gestion prévisionnelle des emplois du temps constitue un épouvantable casse-tête

alors qu’il y a là des enjeux organisationnels, économiques et sociaux essentiels, explique georges Weil. D’où l’idée de créer des outils informatiques d’aide à la décision spécifiquement dédiés à cette tâche délicate. Et si le secteur de la

santé s’est avéré un modèle idéal, l’expérience a montré que le potentiel allait bien au-delà. » En effet, dès 2002 et après deux premières années difficiles, la start-up grenobloise conquiert de gros clients en plus du Chu de nîmes : la branche restauration d’auchan (flunch), EDf-RTE, les autoroutes et Tunnels du mont Blanc… « 2002 a été l’année du décollage commercial et, en 2003, nous avons doublé notre chiffre d’affaires, relate georges Weil. En 2004, nous avons levé 2 millions d’euros auprès de la société de capital investissement Truffle Venture, ce qui nous a permis de passer à la vitesse supérieure. Depuis 2005, nous sommes sur un rythme de croissance de 45 % par an. » La société, qui a réalisé en 2006 un chiffre d’affaires de 2,8 millions d’euros, emploie aujourd’hui 44 personnes. Elle s’attaque maintenant à ce qui sera la prochaine grande étape de son développement : l’international. ■

« entrepreneurs en série » qui, souvent issus de la première vague de start-up, ont vendu leur entreprise au bon moment, encaissant de confortables profits, puis utilisent ce capital pour investir dans de nouvelles sociétés. Aguerris, ils en sont donc à leur deuxième, voire troisième ou quatrième expérience. Les « survivants » ont lancé leur activité avant – ou peu après – l’éclatement de la bulle. Ils ont donc traversé des années difficiles mais sont aujourd’hui en position favorable car le marché est enfin mûr. Après ces années de vaches maigres, ils peuvent

affronter n’importe quel orage. Les « primo-entrepreneurs », enfin, viennent souvent de la recherche. Ils créent leur entreprise pour exploiter commercialement des connais-sances et des technologies qu’ils ont préa-lablement développées à l’université ou dans des labos de R&D, et ils profitent de l’expérience des « serial entrepreneurs » et des « survivants ».

« Cette variété de profils est une bonne nouvelle pour tout le monde, considère Laurent Kott, directeur général d’INRIA-Transfert (filiale de l’INRIA, l’Institut natio-

nal de recherche en informatique et en automatique, chargée de promouvoir les meilleures start-up du logiciel) et prési-dent de Capintech, think tank regroupant l’ensemble des acteurs de l’innovation (entreprises, investisseurs, organismes de recherche, incubateurs, etc.). Les gens se parlent, ils échangent, montent des projets en partenariat. Cela crée une émulation et des synergies. »

Laurent Kott signale toutefois que, dans les faits, la success story à l’américaine relève un peu du mythe. « Il est très rare qu’une même équipe parte de zéro – trois personnes dans un garage avec une bonne idée – pour finir par diriger une multinationale de plusieurs milliers de salariés, explique-t-il. Ce n’est ni le même univers, ni le même

_ M I yo wA _

LE suRDOué DE L’inTERnET suR TéLéPhOnE mOBiLEà 36 ans, Pascal Lorne en est à sa troisième start-up. après avoir revendu la précédente, ismaP, au fondateur de nokia, il a fondé miyowa en avril 2003. La société est aujourd’hui leader – en Europe mais aussi en asie – sur le marché de la messagerie instantanée et de l’e-mail sur téléphone mobile. « Ce créneau est actuellement en pleine explosion, se réjouit Pascal Lorne. Rapidement, nous avons signé avec MSN, Yahoo !, AOL et le Français Skyrock des accords mondiaux de licence de distribution nous permettant de porter leurs services de messagerie instantanée, de blogs et d’e-mails sur les plateformes des opérateurs de téléphonie mobile, et nous avons déjà déployé notre offre chez une vingtaine d’opérateurs, dont les cinq Français. » Pendant ses trois premières années d’existence, miyowa

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« l’économie a besoin du dynamisme et de l’énergie de ces entrepreneurs : ce sont eux qui font bouger les choses. » Laurent Kott, directeur généraL d’inria-transfert et Président de caPintech

a réinvesti tous ses profits pour financer sa croissance. après une première levée de fonds de 3 millions d’euros en 2006, elle se prépare à en effectuer une seconde et atteindra les 5 millions d’euros de revenus en 2007. Lauréate anvar et OsEO, labellisée « Jeune entreprise innovante », la société emploie déjà une cinquantaine de collaborateurs. son siège est à Paris et elle vient d’ouvrir un bureau à Taïwan mais l’essentiel de ses effectifs est basé à marseille. « Nous travaillons main dans la main avec les collectivités locales pour pousser l’emploi, souligne Pascal Lorne. Ainsi, à Marseille, où nous avons embauché plus de 40 personnes, nous avons des locaux magnifiques subventionnés par Euroméditerranée, la ville de Marseille et la région. » ■

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georges Weil_Pdg d'equitime

Pascal lorne_Pdg de miyoWa

Page 11: RSLN #1 - Start-up : le grand retour

2.1_regards sur le numérique 2.1_regards sur le numérique

actuellement sont ceux qui relèvent de la « démocratisation » de l’informatique pour les PME. « Dans le domaine du logiciel, les approches du type SaaS – Software As a Service (anciennement appelées ASP, Application Service Provider) – permettent désormais aux petites structures d’utili-ser des outils qui, jusqu’ici, n’étaient à la portée que des grandes entreprises, sou-ligne Xavier Lazarus. De même, il existe aujourd’hui des formules d’abonnements forfaitisés grâce auxquelles les PME peu-vent utiliser des plateformes collaboratives complètes ou la téléphonie sur IP dans d’ex-cellentes conditions sans investir dans une structure informatique lourde. » Plus large-ment, les entreprises de toutes tailles sont aujourd’hui preneuses de solutions relati-ves à la sécurité (cf. le succès de Skyrecon, p. 24), la simplicité d’usage et la mobilité. « On s’éloigne de plus en plus du schéma classique “un homme qui travaille dans un bureau devant une machine”, ajoute Xavier Lazarus. L’époque est à la mobilité géogra-

phique, à la souplesse horaire, aux concepts de bureau mobile, de travailleur nomade, voire de télétravail à domicile. » Autant de modes organisationnels qui nécessitent que les outils bureautiques et les applica-tions de l’entreprise fonctionnent partout dans les mêmes conditions de confort et de sécurité.

ExcEllEncE sciEntifiquE Et créativité

Dans ce contexte favorable, la France affiche des atouts précieux, à commencer par un

haut niveau de formation scientifique. « Il est intéressant de voir que notre pays se caractérise à la fois par un savoir-faire tech-nique lié à un système d’éducation plutôt matheux et par une tradition de production de biens culturels qui se reflète aussi dans des domaines comme le cinéma ou la chan-son, note Laurent Kott. Cette conjonction relativement unique d’excellence scientifi-que et de créativité explique le dynamisme remarquable de la France dans des secteurs tels que les effets spéciaux numériques ou le jeu vidéo. »

>>>

>>>

_ b a r a co d a _

Une start-Up poUr deUx sUccess storieschez Baracoda, on mène de front deux activités aussi florissantes l’une que l’autre. « Nous sommes leader mondial des lecteurs de codes-barres Bluetooth, explique thomas serval, ens/ensae spécialiste de l’économie de l’internet et fondateur de la start-up avec olivier Giroud (x télécoms). Reliés par Bluetooth à un téléphone mobile ou à un ordinateur, nos lecteurs communiquent en temps réel avec n’importe quelle base  de données. » en d’autres termes, un commercial qui feuillette, avec son client, un catalogue de produits n’a qu’à scanner les codes-barres des références qui l’intéressent pour en vérifier la disponibilité, lancer une commande, prévoir la date de livraison,

le tout via l’écran de son téléphone portable. « Le champ des applications possibles est vaste, s’enthousiasme thomas serval. Aux USA,  par exemple, où toutes  les voitures sont munies  de codes-barres,  des municipalités utilisent  nos scanners pour  vérifier les autorisations  de stationnement. » Mais c’est aussi Baracoda qui a mis au point et produit la Liveradio, premier radio-réveil Wifi autonome. capable de capter plus de 8 000 stations de radio internet et de lire à haute voix n’importe quel contenu en ligne, cette petite merveille a été lancée en France sous la marque orange, rencontrant depuis lors un vif succès commercial. ■

« les entrepreneurs et les innovateurs ne sont pas valorisés socialement. les grands comptes et l’état lui-même ne leur font pas assez confiance. Dans le public comme dans le privé, ils se heurtent souvent aux barrages des services achats ». Xavier Lazarus, directeur associé d’eLaia Partners

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up « Love money » :

« argent de l’amour », il émane du créateur ou de ses proches.

Business angel : 4 000 en France environ (40 000 en Grande-Bretagne), ils investissent leur propre argent.

Aides publiques à l’innovation et à la création d’entreprise : prêts à taux zéro, incitations fiscales, concours, etc. (OSEO, régions, ministères).

Levée de fonds auprès de sociétés de capital-risque Premier tour : 2 à 3 millions d’euros.

Incubateur : structure d’hébergement et de conseil, principalement publique.

À l’origine de la start-up, un entrepreneur : souvent ancien(ne) cadre en entreprise, chercheur(euse) ou jeune diplômé(e).

La start-up se structure et s’adosse à un pôle de compétitivité.

La start-up se développe,ses comptes sonten cours d’équilibre.

L’entreprise est rentable, en forte croissance et internationale. De nouveaux horizons s’offrent à elle.

Protectionde l’innovation à l’origine du produit.

Ouverture d’un bureau à l’international

Partenariats avec d’autres entreprises et grands groupes

Élargissementde la gamme de produits

Introduction en Bourse

Rapprochement industriel : rachat par un acteur important

Développement du produit

Levée de fonds auprès de sociétés de capital-risque Deuxième tour : 5 à 10 millions d’euros.

Levée de fonds auprès de sociétés de capital-risque Deuxième tour : 5 à 10 millions d’euros.

ou

AMORÇAGE

STRUCTURATION

DÉVELOPPEMENT

MATURITÉ

0 à 500 000 €

1 à 2 M€

4 à 5 M€

Chiffre d'affaires

Chiffre d'affaires

10 à 15 M€Chiffre d'affaires

Chiffre d'affaires

Page 12: RSLN #1 - Start-up : le grand retour

Trois questions à… Marc Jalabert

2.1_regards sur le numérique 2.1_regards sur le numérique

_ I nT R A S E n S E _

un LOgiCiEL au sERviCE Du DiagnOsTiC méDiCaL

étonnant parcours que celui de stéphane Chemouny. informaticien de formation, il a d’abord étudié la détection d’explosifs sur les images scanner des aéroports dans la silicon valley puis, de retour en france, s’est penché sur la modélisation de la croissance des plantes au CiRaD de montpellier. Là, un postulat étonnant l’amène à collaborer avec le Centre régional de recherche contre le cancer : celui d’une similitude entre la structure des arbres et celle du foie. En juillet 2001, le jeune chercheur qui a trouvé sa voie soutient sa thèse de doctorat sur l’exploitation des images scanner des cancers du foie. « À cette occasion, j’ai pu constater à quel point le corps médical est demandeur d’outils permettant d’établir des diagnostics plus précis à partir de l’imagerie abondante fournie par les scanners, radios et autres IRM, explique stéphane Chemouny. D’où l’idée de créer un outil logiciel dédié

à cette problématique. » Ce sera myrian, un logiciel dont les applications sont considérables pour le diagnostic des cancers. Encore fallait-il passer du stade de la recherche à celui de la création d’entreprise. « Ce qui a tout déclenché, c’est d’être accompagné par un incubateur très efficace qui m’a poussé à me présenter au concours Anvar 2003, dont j’ai été lauréat. Cela m’a permis de réunir autour de moi toutes les compétences techniques, managériales, commerciales et financières nécessaires, mais aussi d’obtenir des financements de business angels. » Créée en mars 2004, la société emploie aujourd’hui 20 personnes réparties entre montpellier, Paris et shanghai où un bureau a été ouvert en juillet. intrasense collectionne prix et honneurs, le dernier en date étant le European iTC Prize, considéré comme la récompense européenne la plus prestigieuse dans le domaine des technologies. ■

Certes, les Français sont moins réputés pour leurs talents en matière de commerce et de marketing mais les choses bougent. « Il y a vingt ans, il n’y avait en France que quatre ou cinq écoles de commerce vala-bles, or on voit aujourd’hui émerger un vivier de jeunes bien formés aux techniques du business, qui ont compris qu’entrepren-dre par soi-même peut être une bonne façon de réussir, note Philippe Collombel. L’esprit entrepreneurial fait son chemin. Cette ten-dance ne concerne encore qu’une petite partie de la population mais les mentalités évoluent. »

la France, chaMpiOnne Du haut-DÉBit

Autre avantage de l’Hexagone : la qualité et la densité de ses infrastructures de réseau. « Si la France est aujourd’hui dans le pelo-ton de tête sur ce terrain, c’est grâce aux investissements de France Télécom, mais il faut aussi rappeler que l’ART (Autorité de régulation des télécommunications) a exigé que le dégroupage se fasse dans de bonnes conditions concurrentielles, ce qui a amené les opérateurs à proposer des offres intéres-santes à des tarifs compétitifs, remarque

Xavier Lazarus. Lorsqu’on explique aux étrangers qu’il existe, en France, des offres Internet HD + téléphonie + TV à moins de trente euros, ils sont surpris. » Bilan, avec 11 millions de foyers connectés au haut-débit (contre 500 000 en 2002)2, la France a connu la plus forte croissance mondiale en la matière.

L’indice peut-être le plus significatif de ces atouts français est l’intérêt qu’y portent

certains grands groupes du secteur high-tech comme Microsoft. C’est la France, en effet, que l’éditeur a choisie pour lancer, il y a deux ans, un programme de soutien aux start-up de l’édition logicielle, une première mondiale pour le groupe (cf. l’interview de Marc Jalabert ci-contre). Aujourd’hui, l’en-treprise parraine 50 start-up et éditeurs de logiciels, et l’initiative a été étendue à la Chine, à l’Inde et à Israël.

Ce tableau optimiste n’empêche pas que la France ait encore fort à faire

« la situation n’a rien à voir avec ce qu’elle était au moment de la bulle de 1999-2000. nous sommes sur des fondamentaux positifs et durables » Xavier Lazarus, directeur associé d’eLaia Partners

C’est après avoir co-fondé puis revendu 404 found !, société leader dans les domaines de l’e-marketing et de l’affiliation, que David Lerman crée Excentive en mars 2002. « Le marché commençait à se remettre de l’explosion de la bulle, les rescapés sortaient des caves », raconte-t-il. Ce diplômé de l’EDhEC pressent l’émergence d’un nouveau besoin dans le domaine des rémunérations. « À cette époque, les plans de rémunération des grandes entreprises ont commencé à se faire plus complexes et l’individualisation à gagner du terrain, tant pour motiver les salariés que pour maîtriser les coûts ». Excentive se spécialise donc dans l’automatisation de la « rémunération individualisée », autrement dit la gestion de la rémunération variable des collaborateurs et partenaires –

commissions, primes, bonus, etc. – ainsi que le processus de révision salariale. « L’objectif est de mettre fin aux “usines à gaz”, sources d’erreurs, de réclamations et de démotivation. Mais au-delà des aspects techniques, il s’agit aussi de proposer aux entreprises un véritable outil de management et de pilotage », résume David Lerman. une première version du logiciel a été commercialisée en 2004 après deux années de recherche. Trois ans et deux levées de fonds plus tard, Excentive affiche un chiffre d’affaires annuel de 3 millions d’euros, emploie 30 collaborateurs et peut déjà se targuer de sérieuses références : groupama, Bouygues Télécom, le groupe Caisse d’épargne, Barclays, Cetelem… L’ambition de David Lerman est à présent de conquérir le marché européen, évalué par iDC à 300 millions d’euros en 2010. ■

_ E xC E nT I V E _

DE L’inTELLigEnCE En amOnT DE La fiChE DE PayE

>>>

>>>2. Source Médiamétrie

« Les start-up françaises que nous parrainons sont au meilleur niveau mondial »

Lancé fin 2005 par Microsoft France en partenariat avec des sociétés de capital-risque et des incubateurs publics, le programme IDEES1 parraine aujourd’hui 50 start-up françaises à haut potentiel.

quel est le principe d’« iDEEs » ?Il s’agit d’accompagner les start-up françaises les plus innovantes pour qu’elles franchissent avec succès les étapes importantes de leur développement : création, développement technologique, ventes et marketing, internatio-nalisation. Nous leur donnons du temps, des moyens et nous leur facilitons l’accès à nos clients ou nos partenaires (grands comptes, PME ou grand public en fonction du marché de la start-up). Nous les aidons également à se déve-lopper à l’international en pre-nant appui sur le réseau mondial de Microsoft.

La france est le premier pays où l’initiative a été lancée, avant même l’inde, la Chine ou israël. Est-ce à dire que microsoft s’intéresse de près aux talents français ?Bien sûr. Une idée reçue et dom-mageable veut que notre pays ait « perdu la bataille du logiciel ». Rien n’est plus faux ! Nous avons, en France, un vivier de talents de grande qualité, mondialement reconnu. Les jeunes Français font tous les ans très forte impression au concours Imagine Cup, sorte de Jeux olympiques du logiciel organisés par Microsoft, atti-rant plus de 100 000 étudiants du monde entier. C’est égale-ment en France que nous avons ouvert récemment un laboratoire

de recherche fondamentale, en partenariat avec l’INRIA (Institut national de recherche en infor-matique et en automatique), une première mondiale pour Micro-soft. Quant aux équipes techni-ques des start-up que nous par-rainons, elles sont clairement au meilleur niveau mondial.

microsoft n’a aucune participation capitalistique dans les start-up du programme et n’a pas l’intention de les racheter. quel est donc votre intérêt dans cette entreprise ?Il est simple : une société éditrice de plateformes telle que Micro-soft évolue bien si ses partenai-res, c’est-à-dire ceux qui inno-vent autour de ses technologies, sont dynamiques, créatifs et performants.Nous allons bien quand nos par-tenaires, quelle que soit leur taille, vont bien. Par ailleurs, de Busi-ness Object à Dassault Systèmes en passant par Ilog et Kelkoo, l’histoire de l’informatique en France montre que les grandes sociétés de ce secteur se sont toutes développées dans le sillon de grands groupes. Nous espé-rons que ce programme favori-sera à son tour l’émergence des nouveaux leaders de l’industrie française du logiciel.

“ www.microsoft.com/france/apropos/idees/

Marc Jalabert, Directeur de la division plateformes et écosystème de Microsoft France, initiateur du programme

IDEES1.

1. Initiative

pour le

développement

économique

des éditeurs

de logiciels

et des start-up

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22LE GRAnD RETouR DES START-uP LE GRAnD RETouR DES START-uP

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Page 13: RSLN #1 - Start-up : le grand retour

2.1_regards sur le numérique 2.1_regards sur le numérique

Chez neolane, le chiffre trois porte chance. Troisième entreprise créée par un trinôme de « serial entrepreneurs » passionnés de nouvelles technologies et de logiciels – stéphane Dehoche (président), stéphane Dietrich (directeur général), et Thomas Boudalier (directeur technique) –, la start-up avait pourtant choisi la pire période pour se lancer : l’année 2001. « Survivre n’a pas été facile et ce n’était pas le meilleur moment pour trouver des fonds. Nous nous sommes lancés sur fonds propres et, début 2002, avons réussi à lever 2 millions d’euros », se souvient stéphane Dietrich. Le trio a d’ailleurs eu raison de persévérer : aujourd’hui, une centaine de grands comptes issus de tous les secteurs d’activité – banque, finance, assurance, distribution, transport, tourisme,

Présenter le bon contenu à la bonne personne sur la bonne page Web, tel est le concept de Criteo, moteur de recommandation et d’analyse prédictive des comportements des internautes développé par l’entreprise du même nom. Lancé début 2007, le produit a été adopté par 3 000 sites en moins d’un semestre. « Nous avons mis au point une technologie très performante, brevetée et considérée comme faisant partie des meilleures du monde », s’enorgueillit à juste titre Jean-Baptiste Rudelle, son fondateur, ingénieur issu de dix années dans l’industrie et le conseil en stratégie, et déjà père d’une première start-up, kiwee, revendue en 2004. « Notre produit intéresse trois types de clients, explique-t-il. Les sites de commerce électronique qui

l’utilisent pour valoriser leur fond de catalogue et augmenter le panier moyen par client, les portails de contenu qui optimisent ainsi la navigation des visiteurs et fidélisent leur audience, et les médias en ligne qui améliorent la pertinence de leurs bandeaux publicitaires et donc leur rentabilité. » La start-up, qui a bénéficié de la collaboration des chercheurs de l’inRia et obtenu un soutien financier d’OsEO, emploie aujourd’hui 22 personnes dont trois sont basées outre-atlantique. « Nous sommes leaders en Europe sur un marché qui présente de fortes opportunités mais nous investissons encore énormément en recherche et développement, note Jean-Baptiste Rudelle. Notre effectif est constitué pour un tiers de chercheurs. » ■

_ n E o L A n E _

TRiO gagnanT

_ C R I TE o _

DEs aLgORiThmEs qui savEnT CE quE vOus aimEz

et même des ministères ou encore l’aPEC – utilisent ses logiciels. « Nous fournissons aux grandes entreprises une plate-forme marketing unifiée qui leur permet d’orchestrer l’ensemble de leurs stratégies d’acquisition et de fidélisation des clients, y compris les canaux émergents que sont l’e-mail et le téléphone mobile », précise stéphane Dietrich. L’entreprise emploie aujourd’hui 70 personnes dont une cinquantaine est basée à Cachan, dans le val-de-marne. Le reste de l’effectif est réparti entre les filiales britannique, danoise et américaine car neolane réalise 30 % de son chiffre d’affaires à l’international. à la fin 2006, elle a d’ailleurs bénéficié d’une seconde levée de fonds (5 millions d’euros) mise à profit pour attaquer le marché nord-américain. ■

_ S K y R E Co n _

infORmaTiquE hauTE séCuRiTé« Le marché de la sécurité “proactive” du poste de travail, qui consiste à détecter les menaces avant qu’elles ne produisent leurs effets, est en pleine effervescence », explique Ravy Truchot, président de skyrecon qu’il a créé fin 2003 après avoir travaillé pour différents éditeurs de logiciels américains. Portant le niveau de sécurité à près de 100 %, la suite logicielle stormshield

sur certains points : frilosité des investis-seurs institutionnels et des grands grou-pes, pénurie de business angels, lourdeurs administratives ne facilitant pas la création et la gestion d’une entreprise… « On parle souvent d’un “maquis des aides publiques” mais la chaîne d’aide et de financement de l’innovation est un vrai atout », signale toutefois Xavier Lazarus, en évoquant notamment le concours d’aide à la créa-tion d’entreprises innovantes du minis-tère de la Recherche, le statut fiscal JEI (Jeune entreprise innovante) ou encore des financements du type OSEO. « Il faut reconnaître qu’un effort assez extraordi-

>>> naire a été accompli depuis quatre ou cinq ans sur les dispositifs publics d’aides aux start-up technologiques », ajoute Philippe Collombel.

l’agilitÉ Des territOires

Les collectivités locales ne sont pas en reste et rivalisent pour attirer les jeunes pousses sur leur territoire : incubateurs, technopo-les, fonds d’amorçages régionaux, etc. Les résultats sont là et de plus en plus d’entre-preneurs se laissent séduire, à l’instar de Miyowa (cf. p. 18), d’Equitime (cf. p. 19) ou d’Intrasense (cf. p. 23). Sans doute l’écono-mie de la connaissance passe-t-elle aussi

par une plus grande confiance dans la dyna-mique et l’agilité des régions.

Finalement, de l’avis de tous les spécia-listes, le principal frein dont pâtit actuelle-ment la France tient aux mentalités. « Les entrepreneurs et les innovateurs ne sont pas valorisés socialement, regrette Xavier Lazarus. Les grands comptes et l’État lui-même ne leur font pas assez confiance ; dans le public comme dans le privé, ils se heurtent souvent aux barrages des services achats .» Dans ces conditions, il est d’autant plus difficile d’envisager un développement à l’international, pourtant incontournable pour toute entreprise un tant soit peu ambitieuse. « Attaquer les marchés nord-américains et asiatiques coûte très cher », souligne en effet Laurent Kott.

un ÉcOsystèMe cOMplet et cOhÉrent

Impossible d’évoquer le récent boom de l’économie numérique sans se demander s’il faut craindre un nouveau phénomène de bulle. « Certainement pas », répondent unanimement experts et analystes. « La situation n’a rien à voir avec ce qu’elle était au moment de la bulle de 1999-2000, explique Xavier Lazarus. Nous sommes sur des fondamentaux positifs et durables. Il y a aura évidemment des échecs – car toute innovation représente un pari sur l’avenir qui comporte une part de risque –, mais personne ne répétera les erreurs grossiè-res du passé. » « L’économie numérique s’appuie aujourd’hui sur un écosystème complet et cohérent, avec toute une chaîne de valeur qui ne repose pas sur du vent, rappelle Philippe Collombel. Beaucoup de sites Internet ont démontré leur capacité à monétiser leur audience et, plus large-ment, les projets sont de bien meilleure qualité qu’il y a quelques années. En outre, le système financier s’est adapté, les finan-ceurs se montrant aujourd’hui beaucoup plus sélectifs. » Forte de ces bases saines, la nouvelle génération de start-up françai-ses peut envisager l’avenir avec optimisme, d’autant que les progrès technologiques laissent encore entrevoir d’innombrables pistes d’innovation à explorer. Recherche automatique dans les vidéos, reconnais-sance de la parole, traduction simultanée, vision par ordinateur… Les e-entrepreneurs n’ont pas fini de nous étonner. ■

protège le poste de travail contre l’ensemble des menaces non couvertes par les antivirus : contrôle d’accès au réseau, contrôle des supports amovibles (clés usB et autres périphériques), du Wifi et de l’utilisation des logiciels, protection des PC mobiles, chiffrement des données dans le cas d’un vol d’ordinateur… « Il nous a fallu trois ans de recherche pour mettre au point et finaliser notre produit, indique Ravy Truchot. En 2005, nous

avons levé 3 millions d’euros, ce qui nous a permis de passer du statut de petite société de R&D, où les fondateurs assurent la partie commerciale, à un vrai éditeur de logiciels structuré à l’anglo-saxonne avec une présence internationale. » Comptant aujourd’hui plus de 150 clients en Europe – des grands comptes tels que groupama, le minefi, aviva ou encore la Direction de la construction navale –, skyrecon étoffe régulièrement ses effectifs (plus de 35 personnes à la mi-2007). une seconde levée de fonds (5 millions d’euros en février 2007) va lui permettre d’accélérer son développement à l’international, avec l’ouverture de bureaux aux états-unis, berceau historique du marché de la sécurité informatique. ■

24LE GRAnD RETouR DES START-uP LE GRAnD RETouR DES START-uP

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2.1_regards sur le numérique 2.1_regards sur le numérique

lA numERiC COnnECTiOn De lA RégiOn RhônE-aLPEs

C’est fin 1996, dans le cadre d’un concours européen ouvert aux villes de plus

de 400 000 habitants, que quatre chefs d’entreprises désireux de promouvoir l’industrie numérique dans la région lyonnaise fondaient l’association Lyon Infocité. Trois ans plus tard, suite aux difficultés que connaissait alors le secteur du jeu vidéo, un certain nombre de salariés licenciés créaient leurs propres sociétés dans la région. Soucieux d’être représentés, ils fondaient Lyon Game qui n’était au départ qu’un club hébergé par Lyon Infocité. « Puis, dès les années 2000, le jeu vidéo a com-mencé à sortir du rouge, expli-que Julien Villedieu, directeur de l’association. Entre les éditeurs – Atari, Electronic Arts, Ubisoft, Nobilis…– et les studios de créa-tion – Arkane studios, Étranges Libellules, Eden Games, Phoenix Interactive…– la région Rhône-Alpes représente aujourd’hui 40 % de la filière française du jeu vidéo. Ce secteur est donc devenu de plus en plus important dans notre structure, ce qui nous a finalement amenés à adopter le double nom Lyon Infocité/Lyon Game. »

La première association régionale française du secteur

Aujourd’hui, Lyon Infocité/Lyon Game compte 250 entrepri-ses adhérentes, ce qui en fait la première association régionale de France dans ce secteur. De tailles très variables, ces entre-prises couvrent tout le spectre de l’informatique, du webdesign à

l’édition de progiciels de gestion. « Nous sommes largement soute-nus par l’État, la région, le dépar-tement et la communauté urbaine de Lyon, sachant qu’au-delà du financement sur les projets, nous travaillons avec les collectivités dans une vraie logique de par-tenariat public-privé », souligne Julien Villedieu.

informer, connecter, accompagner

« Dans un écosystème innovant, il est important que les entrepri-ses soient informées des nou-veaux acteurs du marché et des innovations proposées, poursuit Julien Villedieu. Nous assurons donc une veille sur ces points et nous aidons les entrepreneurs à se connaître, à échanger des opportunités de business et à nouer des partenariats. Nous leur permettons aussi d’identi-fier des prospects et de conquérir de nouveaux clients. Enfin, nous accompagnons les entreprises adhérentes en sélectionnant pour elles des prestations de conseil et de formations dispensées par des cabinets spécialisés et nous pro-grammons des actions collectives visant à améliorer la façon dont elles abordent leurs marchés. »Lyon Infocité/Lyon Game organise deux événements annuels qui se tiendront le 3 décembre 2007 à la Cité des congrès de Lyon : les INTERCOnnectés – Rencontres nationales des intercommunalités et des technologies de l’informa-tion et de la communication – et le Serious Games Sessions Europe, salon dédié à la promotion, auprès

des industriels ou des collectivités locales, des technologies du jeu vidéo appliquées aux domaines de la simulation ou de l’apprentis-sage. L’association est également à l’initiative de la Game Connec-tion, une convention business internationale qui fait aujourd’hui référence dans le domaine du jeu vidéo et se tient chaque année à Lyon (en décembre), à San Fran-cisco (en mars) et à Tokyo (en sep-tembre). « En partenariat avec la Cité de l’image en mouvement, basée à Annecy, et Images Rhône-Alpes, qui regroupe des entrepri-ses du cinéma, nous avons fondé le cluster/pôle de compétitivité Imaginove », signale enfin Julien Villedieu qui compte encore mul-tiplier les projets dans les années à venir. « Ce qui est motivant, c’est de constater à quel point les entre-prises se sont approprié l’associa-tion, qu’elles considèrent comme un levier de développement », souligne-il. Exemple à suivre ? PIERRE MICHAUD

Regroupant 250 entreprises de la région Rhône-Alpes spécialisées dans l’informatique et le jeu vidéo, cette association bicéphale multiplie les initiatives.

lyon infocité/lyon gAme

Le jeu test drive Unlimited du studio lyonnais Eden games, d’un réalisme saisissant.

La PREmièRE univERsiTé fRançaisE Du JEu viDéO

Créé par Lyon infocité/Lyon game en 2003 pour dispenser des formations continues aux salariés du jeu vidéo, gamagora est devenu en 2007, dans le cadre d’un partenariat avec l’université Lumière Lyon 2, un dispositif de formation initiale. La première promotion de 60 étudiants a fait sa rentrée en octobre

dernier. Les effectifs sont répartis en trois formations spécialisées : game et Level design, programmation et infographie 3D. La démarche se veut pragmatique et en phase avec les besoins du marché : les entreprises sont très fortement impliquées et la réalisation d’un projet de jeu vidéo compte pour une large part de la note finale.

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LE LaPin qui DOnnE DEs iDéEs aux inDusTRiELs

figure incontournable de la galaxie numérique française, Rafi haladjian est le serial entrepreneur par excellence : violet, fondée en 2003 avec Olivier mével – lui-même créateur, en 1994, d’une des toutes premières Web agencies françaises –, est sa seizième entreprise… Et une fois de plus, il a eu le nez creux. « Toute une génération de produits numériques “post-PC ” est en train d’apparaître, explique-t-il. La miniaturisation, le coût dérisoire des composants électroniques, la disponibilité de technologies comme le Wifi, Bluetooth ou le RFID permettent aujourd’hui de rendre communicant n’importe quel objet. Imperceptiblement, notre environnement va se peupler de nouveaux types d’objets, tandis que nos objets familiers deviendront de plus en plus ouverts et communicants. Nous avons créé Violet pour nous inscrire dans cette mutation industrielle aussi importante que l’apparition de l’ordinateur individuel dans les années 70. »

souhaitant lancer un objet grand public emblématique de cette évolution, violet a imaginé le « lapin communicant » nabaztag, « premier ambassadeur de l’internet des objets ». Lancé en 2005, ce qui n’était au départ qu’un « pied de nez », selon l’expression même de ses créateurs, a donné lieu à un carton commercial : les distributeurs se sont très vite retrouvés en rupture de stock. « Ce succès a déclenché de multiples demandes spontanées d’industriels de tous secteurs intéressés par ce genre de produits », constate Rafi haladjian qui a financé violet sur ses fonds propres depuis sa création jusqu’au lancement du nabaztag. « Ensuite, pour grossir et surtout produire beaucoup plus, nous avons cherché des investisseurs, ce qui fut relativement facile puisque huit sociétés de capital-risque se sont proposées. » un créneau visiblement porteur, des investisseurs empressés : Rafi haladjian peut envisager l’avenir avec sérénité… ■

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qui DiT E-COmmERCE DiT E-LOgisTiquE

Leader français de la logistique pour l’e-commerce, L4 Logistics est à la fois un éditeur de logiciels – brevetée, la technologie L4 Epsilon a reçu le soutien financier de l’anvar/OsEO – et un prestataire logistique, puisque l’entreprise réalise la logistique d’une quinzaine de sites d’e-commerce depuis ses deux entrepôts de la région parisienne. « Dans une certaine mesure, nous sommes aussi un incubateur car nous accompagnons les sociétés qui veulent développer un business de commerce électronique, en leur permettant de se concentrer sur leur offre et de s’appuyer sur nous pour tout ce qui est stockage, préparation de commande, livraison, etc. », souligne sébastien valoggia, qui a créé L4 Logistics fin 2000 avec deux partenaires issus, comme lui, du monde

de la logistique. « Lorsque nous avons levé nos premiers fonds, fin 2001, le secteur était en pleine tourmente mais il y avait une forte demande des clients grands comptes pour la technologie sur laquelle nous étions en train de travailler. » L4 Logistics a, depuis, effectué trois autres levées de fonds pour un total de 7,5 millions d’euros, dont 3,5 investis dans la R&D. La société double chaque année son volume d’activités. Elle emploie aujourd’hui 100 personnes et va réaliser un chiffre d’affaires de 9 millions d’euros en 2007. « Nous avons l’intention de continuer à croître rapidement et déployer notre concept dans le reste de l’Europe, explique sébastien valoggia. Nous nous donnons jusqu’à 2010 pour devenir le leader européen des solutions d’e-logistique. » ■

26LE GRAnD RETouR DES START-uP LE GRAnD RETouR DES START-uP

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2.1_regards sur le numérique 2.1_regards sur le numérique

« Nos métiers sont de ceux qui tirent la croissance du pays »

président de l’association française des éditeurs de logiciels (aFDel), patrick Bertrand nous livre un regard éclairé sur l’ébullition qui anime actuellement cette industrie, ses atouts pour la France et les leviers d’action à privilégier.

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Peut-on dire qu’il y a actuellement une effervescence dans le monde du logiciel français ?Effectivement, beaucoup d’entrepre-neurs – jeunes et moins jeunes – prennent aujourd’hui des initiatives et créent des start-up dans ce secteur. L’énergie et le dynamisme sont particulièrement nota-bles dans quatre domaines : la sécurité, les moteurs de recherche et l’archivage intel-ligent des données, les projets Software as a service, et tout ce qu’on appelle impro-prement le Web 2.0 que je préfère dénom-

mer « Internet Software », approche dans laquelle le modèle de business des édi-teurs ne repose pas sur la vente de licen-ces mais sur les recettes publicitaires. Il y a aujourd’hui, en France, un formidable vivier d’entrepreneurs qui possèdent les compé-tences techniques et marketing nécessaires pour se positionner efficacement sur ces nouveaux marchés.

Pourquoi ce secteur est-il stratégique pour l’économie française ?L’édition de logiciels est un des >>>

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PATRICK BERTRAnD

< Idees d'aIlleurs >

comment isRaëL est Devenu l’ELDORaDO DEs sTaRT-uP

i ci, les enfants ne rêvent pas de devenir médecin ou président de la République. « Ils veulent

tous être entrepreneur dans les nouvelles technologies », s’exclame Yossi Vardi. Considéré comme le père fondateur du high-tech dans le pays, il a, ces dix dernières années, investi dans une soixantaine de projets liés à Internet ou aux télé-phones mobiles et reste à l’affût des idées à fort potentiel. Parmi les fleurons de Yossi Vardi, ICQ a fait le tour du monde avec son service de messagerie instantanée, téléchargé 370 millions de fois dix ans après sa création en 1996.En un temps record, Israël s’est imposé dans les nouvelles tech-nologies, jusqu’à rivaliser avec la Silicon Valley. Quelque 300 start-up y voient le jour chaque année. Les jeunes pousses ont levé 1,2 milliard d’euros en 2006, dont 51 % dans les technologies de l’information et de la communication.

une priorité, l’exportation

Israël bénéficie de la plus forte concentration d’ingénieurs au monde, soit 140 pour 10 000 habi-tants, formés dans des universités réputées, telles que Technion ou l’Institut Weizmann. Pour les entre-preneurs en herbe, le service mili-taire obligatoire apporte aussi une solide expérience dans les unités de recherche de l’armée. Nombre d’en-tre eux développent ensuite leurs innovations dans le civil, à l’instar de Check Point, devenu leader des fire-walls. Et, dans un pays à peine plus grand que la Picardie, tous ont une priorité, l’exportation. « Israël n’est qu’un champ d’expérimen-

tation », estime Israel Tenenbaum, de l’Institut israélien de l’export et de la coopération internationale, un organisme public-privé. « Les start-up doivent se tourner vers l’inter-national si elles veulent survivre », poursuit-il. À ce titre, la présence, dans le pays, d’une soixantaine de centres de recherche et dévelop-pement étrangers s’avère des plus stimulantes.

Au sein de cet écosystème propice à l’innovation, les fonds d’investissement jouent un rôle crucial. « Les capital-risqueurs sont prêts à donner sa chance à un projet, même porté par quelqu’un sorti de nulle part », observe Roy Timor Rousso, l’un des responsa-bles de fring, une start-up qui a lancé sur le Web, début 2007, une application VOIP (Voice-over-Inter-net Protocol) pour les téléphones portables. « Il suffit de prendre son téléphone et de présenter son idée à un fonds de capital-risque pour être mis rapidement en contact avec la bonne personne, poursuit Roy Timor Rousso. L’industrie est aussi très compréhensive avec ceux qui échouent. » C’est le cas des deux tiers des start-up. Mais « le tiers qui réussit rapporte cinq à dix fois la somme de départ, ce qui surpasse le montant perdu », renchérit Assaf Harel, président de l’Association israélienne du capi-tal-risque (IVA).

L’impulsion du gouvernement

Tout a commencé en 1993, avec le lancement du programme public Yozma, de l’hébreu « initiative ». Objectif ? Impulser la création d’une industrie du capital-risque

alors quasiment inexistante, adap-

ter la R&D aux réalités du marché,

attirer les multinationales. Dans

ce cadre, le gouvernement a créé

une dizaine de fonds, financés à

40 % par des capitaux publics et

à 60 % par des partenaires étran-

gers. Auprès de ces derniers, « les

Israéliens ont beaucoup appris »,

note Assaf Harel. En 1997, les fonds

sont privatisés et le gouvernement

récupère sa mise. En 2006, le pays

compte 30 fonds.

Aujourd’hui, la stratégie du

gouvernement se décline en diffé-

rents programmes d’aide à la R&D.

Dans les incubateurs, les entre-

preneurs qui bénéficient de sub-

ventions remboursent ensuite le

gouvernement en royalties, fixées à

5 % de leurs ventes. Là aussi, sur les

24 incubateurs du pays, 17 ont été

privatisés. La question se pose, à

présent, de la croissance et du ren-

forcement des start-up existantes.

Vingt entreprises innovantes ont

fait leur entrée en bourse en 2006,

pour un total de plus de 500 mil-

lions d’euros. D’autres passent aux

mains des multinationales, comme

Whale Communications, avec ses

solutions d’accès sécurisé à dis-

tance. L’an dernier, les fusions et

acquisitions de sociétés high-tech

ont représenté 8 milliards d’euros.

Sans perdre de vue le cap de l’in-

novation. « C’est sur ce créneau

que nous devons nous position-

ner, estime Yossi Vardi. Le but est

de mettre nos innovations sur le

marché le plus vite possible, avant

le reste du monde. »

ANAïS COUtREy

Surnommé Silicon Valley bis, Israël jouit d’une forte culture entrepreneuriale et du dynamisme des fonds de capital-risque. Un écosystème redoutablement efficace, renforcé par le soutien de l’État et la présence des centres de recherche et développement internationaux.

« le but est de mettre nos innovations sur le marché le plus vite possible, avant le reste du monde. » Yossi Vardi, entrepreneur

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le parcOurs De patrick BertranD

Diplômé de l’Institut d’études politiques de Paris.

• 1977 : Fondé de Pouvoirs au Crédit Chimique.

• 1983 : Directeur Financier d’Eurafrep, filiale du groupe Lazard.

• 1988 : Rejoint le groupe français CEgID comme directeur financier.

• 2002 : Devient directeur général du groupe.

Co-fondateur et membre du Conseil d’administration de l’ESA (European Software Association).

Co-fondateur de l’AFDEL qu’il préside depuis septembre 2006.

Il est par ailleurs investisseur à titre personnel dans des start-up.

« la France affiche un atout culturel de taille : un socle de formations scientifiques de haut niveau conjugué avec un génie inventif et créatif remarquable ».

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Page 16: RSLN #1 - Start-up : le grand retour

2.1_regards sur le numérique 2.1_regards sur le numérique

L’afDELL’afDEL est une association loi 1901 créée en octobre 2005. Regroupant plus d’une soixantaine d’éditeurs, elle s’est fixé trois principales missions : • Promouvoir le secteur des éditeurs de logiciels en france en défendant notamment son modèle économique dans toutes ses composantes (commercial, R&D, propriété intellectuelle…).• Devenir l’interlocuteur de référence de l’industrie de l’édition de logiciels professionnels en représentant ce métier auprès des acteurs institutionnels et économiques, de la recherche et de l’opinion publique.• assurer la représentativité de tous les éditeurs, qu’ils soient petits, moyens ou grands, et garantir la prise en compte des préoccupations propres à chaque catégorie.

car il ne s’agit pas de donner des subventions aux entreprises mais de leur fournir des commandes et des clients. Dans notre pays, ce type de démarche concerne éminemment le secteur du logiciel : l’administration française s’oriente résolument vers le « zéro papier » tout en tendant à réduire ses effectifs, ce qui ne pourra se faire que par la mise en place de nouveaux systèmes d’information dans le secteur public.Par ailleurs, les sociétés de services et d’ingénierie informatique – les SSII, qui sont très puissantes en France –, ont encore trop souvent tendance à privilégier les grands éditeurs, au détriment des plus petits qui proposent pourtant des solutions très performantes et inno-vantes. Nous attendons de ces pres-cripteurs qu’ils jouent davantage le jeu des PME innovantes.

Enfin, le système d’enseignement forme quasi exclusivement les étudiants en infor-matique aux technologies et aux métiers des services. Or les activités du logiciel ont des caractéristiques propres, relevant d’un vrai modèle industriel : il s’agit de déve-lopper des produits pendant deux ou trois ans puis de les vendre ensuite à des milliers, voire des millions de clients… Cela nécessite des savoir-faire spécifiques en ter-mes de processus de production, de suivi qualité, de marketing et d’intégration, or ces compétences professionnelles ne se retrouvent pas dans les programmes d’éducation ni dans les catalogues des organismes de for-mation continue dédiés à l’informatique. Il y a donc des efforts importants à faire sur ce terrain.

quel est, dans ce contexte, le rôle de l’afDEL et quel bilan tirez-vous aujourd’hui de l’action de l’association ?Fin 2005, lorsque nous avons créé l’AFDEL, nous partions du constat que, dans l’es-prit des décideurs, le secteur informatique signifiait « services » (SSII) ou « fabrication de matériels », quasiment jamais « édition de logiciels », alors que notre industrie se trouve au cœur même de l’écosystème

génie inventif et créatif remarquable. Si nous avions des améliorations à suggérer, ce serait d’abord de développer davantage la culture du marketing. Ce que les Anglo-Saxons appellent le « go to market », expression que l’on peut traduire par « stratégie d’orientation marché », est insuffisamment ancré dans les esprits en France. En outre, les universités, les laboratoires de recherche et les entrepri-ses travaillent encore chacun trop dans leur coin. En cela, il est tout à fait positif que des « clusters » soient actuellement mis en place pour instaurer davantage de proximité et d’échanges entre les acteurs qui concourent à l’innovation dans notre pays.

qu’est-ce qui pourrait être fait pour faciliter la croissance du secteur du logiciel en france et en Europe ?Très clairement, trois leviers d’action majeurs sont à privilégier. Le premier, initié par le comité Richelieu, soutenu par l’AFDEL et retenu par le gouvernement actuel, est la mise en place d’un Small Business Act dont le principe est de permettre aux gouverne-ments d’édicter des règles qui imposent aux administrations de réserver une partie de la commande publique aux PME. De tels dispositifs existent aux États-Unis et au Japon et ils s’avèrent totalement vertueux

informatique et joue un rôle crucial dans le développement de l’innovation.Après deux années d’existence, le bilan est largement positif. Alors que, pendant vingt ans, les organisations professionnelles ne parlaient quasiment pas de nos métiers, la plupart des actions menées aujourd’hui tournent autour de la promotion du logi-ciel. De plus, la campagne présidentielle nous a donné l’occasion de faire parler de nos activités. Nous avons rencontré les candidats et leur entourage, et tous se sont exprimés sur l’importance de l’industrie du logiciel en France. Dynamiser ce secteur fait aujourd’hui partie des priorités en termes de développement économique.PROPOS RECUEILLIS PAR PIERRE MICHAUD

secteurs dont on peut dire qu’ils tirent la croissance du pays. En France, nos entreprises emploient 60 000 sala-riés pour un chiffre d’affaires annuel de plus de 7,2 milliards d’euros. Elles affichent des taux de croissance largement supérieurs au PIB national et créent de nombreux d’emplois. En outre, elles consacrent une part significative de leur chiffre d’affaires à la recherche et au développement.

En quoi la problématique de la propriété intellectuelle est-elle cruciale pour ces start-up du logiciel ? C’est un vaste sujet. En matière de logi-ciels comme dans d’autres domaines, je ne crois pas qu’il puisse y avoir d’innova-tion sans propriété intellectuelle et ce, pour une raison simple : celui qui a une idée et souhaite la concrétiser, qu’il soit écrivain, auteur de chanson ou créateur de logiciel, peut légitimement revendiquer une contre-

partie de son génie inventif, ce qui ne peut se faire que dans le cadre d’un dispositif de protection de l’idée et de l’innovation. Cet enjeu est d’autant plus crucial pour une start-up qu’on peut imaginer que, lors-qu’une petite structure a une bonne idée, une grande entreprise pourrait la copier et la mettre en œuvre. Il faut laisser à ceux qui sont à l’origine des innovations un laps de temps suffisant pour s’assurer un retour sur investissement.Plus largement, la propriété intellectuelle est un problème de société car l’idée est com-munément répandue que s’approprier un bien immatériel sans le payer n’est pas du

vol et que la facilité d’accès a pour corollaire la gratuité. Il y a un gros travail d’éducation et de pédagogie à faire sur ce point.In fine, l’enjeu est géopolitique : dans un contexte où la concurrence des pays émer-gents se fait de plus en plus forte sur la produc-tion de biens matériels, tous les observateurs ont mis en évidence que l’une des chances des pays occidentaux est leur capacité d’in-novation. L’économie de l’immatériel est une valeur ajoutée qu’il faut protéger.Certes, le « tout PI » n’est pas forcément sain ni favorable à l’innovation. Nous pensons notamment que, dans le cas de biens imma-tériels tels que les logiciels, le schéma du bre-

vet doit rester une piste possible mais qu’il doit être soigneusement encadré, de façon à éviter que certains ne déposent par dizai-nes des brevets très peu détaillés posant seulement des principes. Cela reviendrait à bloquer les possibilités d’innovation des petits éditeurs. Mais il est aussi absurde voire simpliste de prétendre que la protec-tion de son invention est le « mal » !

De façon générale, comment se porte le secteur du logiciel en france ?Il présente une fragilité principale, couplée à un certain nombre d’atouts. C’est un sec-teur encore trop fragmenté et atomisé. C’est une faiblesse car les métiers du logiciel sont des métiers à coûts fixes : ne pas pouvoir amortir ses investissements en recherche et développement et les coûts de commer-cialisation sur un volume d’affaires suffisant est un facteur de fragilité. Il y a là un vrai handicap car l’Europe n’est pas un mar-ché unique mais une somme de marchés locaux. Ce n’est pas le cas pour les éditeurs américains qui accèdent à un vaste marché sans être confrontés à des problèmes de langue ou de normes réglementaires.Ceci dit, la France affiche un atout culturel de taille : un socle de formations scienti-fiques de haut niveau conjugué avec un

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« Dans un contexte où la concurrence des pays émergents se fait de plus en plus forte sur la production de biens matériels, l’une des chances des pays occidentaux est leur capacité d’innovation. l’économie de l’immatériel est une valeur ajoutée qu’il faut protéger. »

« notre industrie se trouve au cœur même de l’écosystème informatique et joue un rôle crucial dans le développement de l’innovation. »

30LE GRAnD RETouR DES START-uP

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1,7 million de tonnes, 25 kilos par per-sonne, c’est le poids des déchets d’équipe-ments électriques et électroniques (DEEE) produits en France chaque année. Ordinateurs et imprimantes mis au rebut, cartouches d’en-cre usagées, téléphones portables remplacés, autant d’appareils aux composants haute-ment polluants dont la fréquence de renou-vellement augmente régulièrement. Depuis 2005, les DEEE doivent être remis à des filières spécifiques de collecte, transport, stockage et traitement.

Au nord du département des Deux-Sèvres, les Ateliers du Bocage, entreprise d’insertion du mouvement Emmaüs, sont une de ces struc-tures. Derrière ce nom bucolique se cache

un joyau d’économie solidaire où s’affairent 180 salariés, dont 42 en contrat d’insertion. Anciens chômeurs parfois très éloignés de l’emploi, pour certains hommes ou femmes de la rue, pour d’autres souffrant de handicaps parfois lourds, tous ont trouvé ici une forme de seconde vie, à l’instar des produits qu’ils recyclent. « La dimension sociale et éthique est notre vocation première, martèle Bernard

Arru, directeur des Ateliers, ici, chacun travaille à son rythme ; c’est le respect de la personne qui prédomine. » Trois travailleuses sociales sont présentes pour régler les problèmes de loge-ment et de santé des personnes en difficulté et les guider dans leurs démarches professionnel-les. Car l’objectif est, ici, le retour à l’emploi, que ce soit aux Ateliers – qui créent en moyenne dix emplois par an – ou ailleurs.

« la dimension sociale et éthique est notre vocation première. c’est le respect de la personne qui prédomine, chacun doit travailler à son rythme. »bernard arru, directeur des ateLiers

créés en 1991 à un moment où le chômage explosait, les Ateliers se sont initialement développés autour

de la récupération de cartons et de palettes. Une entreprise automobile locale qui dépensait des fortunes pour s’en débarrasser a alors l’idée de les confier aux compagnons d’Emmaüs. Naissait ainsi la première activité de recyclage des « DIB » (déchets industriels banals) au Peux du Pin, siège de la communauté locale d’Emmaüs.

par le relais des centres emmaüs mais, aussi, de

commerciaux spécialement embauchés à cet effet, l’unité des « DEEE » des Ateliers du Bocage reçoit, chaque jour, un semi-remorque de marchandises issues de grands groupes, collectivités ou ministères souhaitant se débarrasser de leurs matériels obsolètes (informatique, cartouches d’imprimante). Et, chaque jour, en repart l’équivalent en matériels prêts à vivre leur seconde vie.

POuR aiDERPARtICULIERS

Ne jetez plus vos anciens ordinateurs ou téléphones portables, déposez-les dans une boutique Emmaüs près de chez vous.

ENtREPRISES

Confiez vos déchets électriques et électroniques aux Ateliers, ils les collectent sur simple appel.

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À la communauté emmaüs des ateliers du Bocage, dans les Deux-sèvres, la récupération et le retraitement de déchets électriques et électroniques créent des emplois, favorisent la réinsertion de personnes en difficulté et participent à la préservation de l’environnement. Par notre envoyé sPéciaL, christian desbois.

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ÉcoNomIE solIDAIrE

Aux Ateliers du Bocage

une seconde vie< reportage > ~~~~~~~~~~~~~~~~ _•

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titulaire d’un Dut en informatique, Bernard arru dirige les ateliers depuis leur création. son engagement chez Emmaüs date du temps où, jeune scout, il avait travaillé bénévolement dans une communauté de handicapés. « Ce fut le coup de foudre, se souvient-il, c’est la dimension communautaire du mouvement qui m’a décidé. »Depuis, il met son savoir-faire au profit de cet engagement : « Pour moi, l’outil informatique a du sens quand il permet aux personnes en difficulté de retrouver des capacités. À mes yeux, il est au service de l’homme. »

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rebut, la possibilité de sortir des personnes de l’exclusion : « Il y a, en France, 10 millions de mobiles renouvelés chaque année. Imaginez le nombre d’emplois que cela peut créer ! » Cha-que téléphone est doté d’un code personnalisé qui définit sa provenance et permet la traçabi-lité. Il est ensuite soigneusement testé, vérifié et nettoyé s’il peut être remis sur le marché. On peut l’acheter en ligne sur le site des Ate-liers, comme bon nombre de pièces détachées. Quant aux pièces non réutilisées, elles sont,

elles aussi, décortiquées afin d’être recyclées.L’association n’oublie pas sa vocation solidaire et contribue également à la fourniture d’équi-pements informatiques d’autres associations et des écoles. « Nous avons sollicité Microsoft pour installer des logiciels à coûts très faibles pour des ordinateurs en seconde vie », indique Bernard Arru. L’association a ainsi travaillé avec les organismes scolaires de l’Académie de Poitiers et du diocèse pour équiper les éta-blissements scolaires du premier degré, publics

et privés, de la région Poitou-Charentes. Le prix des logiciels est symbolique : 5 euros par appareil.

Dans la continuité de cette collaboration initiée depuis près de cinq ans, Microsoft France a choisi les Ateliers du Bocage comme parte-naire privilégié de son activité de donation de logiciels aux associations. Pour Isabelle Leung Tack, responsable du développement durable chez Microsoft France, « ce partenariat revêt à nos yeux une importance toute particulière car les Ateliers sont la preuve qu’une entreprise peut être professionnelle, efficace, répondre parfaitement aux besoins de ses clients tout en plaçant le respect de la personne au cœur même du dispositif. » Ce ne sont pas les salariés des Ateliers qui diront le contraire. ■

« aux ateliers du Bocage, rien ne se perd, tout se recycle. seuls 3 % de ce qui nous arrive finit à la poubelle. » bernard arru, directeur des ateLiers

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Respect de la personne et professionna-lisme poussé, tel est donc le pari réussi de l’entreprise. Car il en va de la crédibilité de cette petite PME dynamique qui gère chaque année la collecte et le retraitement de plus de 2,5 millions de cartouches d’imprimante et près de 860 tonnes de matériel informatique en provenance des particuliers mais, surtout, des collectivités, ministères, banques dont les parcs sont fréquemment renouvelés.

rien ne se perD, tOut se recycle

À leur arrivée aux Ateliers, toutes les pièces récupérées sont passées au crible par les sala-riés dont certains ont bénéficié de formations spécifiques en informatique. Les ordinateurs en fin de vie sont démantelés et leurs composants

(carcasses, piles, métal, cartes électroniques, tubes, fils) sont triés. Ils seront envoyés dans des entreprises de retraitement ou de trans-formation, à l’instar des éléments de plastique qui, broyés, entreront dans la composition des matériaux d’enrobage des routes. Aux Ateliers du Bocage, « rien ne se perd, tout se recycle, se réjouit Bernard Arru, on estime que seuls 3 % de ce qui arrive chez nous finit à la poubelle. » Les ordinateurs en état de marche sont nettoyés, dotés d’un disque dur purgé de toutes les don-nées précédentes grâce à un logiciel spécifique, puis mis en vente pour une somme modique à la

boutique des Ateliers. Deux cents ordinateurs s’y écoulent chaque mois.

vOcatiOn sOliDaire

Depuis peu, l’activité s’est étendue à la récupé-ration et au retraitement des téléphones porta-bles, notamment grâce aux partenariats noués avec de grands groupes comme la Fnac. Plu-sieurs milliers d’appareils arrivent ainsi au Pin chaque mois. Un chiffre qui reste encore large-ment insuffisant aux yeux de Bernard Arru dont l’arithmétique personnelle ne peut s’empêcher d’apercevoir, derrière chaque appareil mis au

toutes les pièces reçues

sont examinées. les ordinateurs sont testés avant d’être destinés soit au démontage, soit à une remise en état intégrale. Djibrill et Armand, en charge de cette première vérification, ont tous deux bénéficié de formations en informatique. ©

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les 2,5 millions de

cartouches d’imprimante périmées reçues ici sont sélectionnées par type, démontées si elles ne sont plus réutilisables ou remises en état dans le cas contraire. chaque lot est doté d’un bordereau de traçabilité.

chez emmaüs depuis 2002, carlos remet à neuf,

chaque jour, une vingtaine d’ordinateurs destinés à la boutique du Pin. ce jeune Angolais de 27 ans, bousculé par l’histoire tragique de son pays, a d’abord trouvé ici l’apaisement. Il prépare aujourd’hui un certificat microsoft pour obtenir un diplôme de capacité qui lui permettra d’affiner son savoir-faire en informatique.

Originaire du kosovo, luli assure

la maintenance de la boutique en ligne des Ateliers. Deux stages de formation lui ont permis d’acquérir les compétences nécessaires pour superviser cette activitéen plein développement, qui commercialise des téléphones portables reconditionnés et des pièces détachées.

le démantèlement des ordinateurs obsolètes emploie plus d’une centaine

de personnes. Parmi eux, michel assure le démontage. les composants seront ensuite triés, empaquetés puis confiés à des entreprises spécialisées. Depuis les tubes jusqu’aux piles au lithium, les éléments ainsi récupérés sont appelés à redevenir matières premières et connaître une nouvelle vie.

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vailleuse de fond, elle s’acharne. Elle joue des coudes et « instrumentalise les peurs médiatiques ». Son but : susciter le débat. « Quand tout ronronne, personne ne bouge », justifie-t-elle. La violence, la pornographie, la pédophilie : autant de menaces pour nos enfants si on ne leur donne pas les clés pour une bonne utilisation des nouveaux médias. Une partie de son travail est alors utilisée pour élaborer la signalétique télévisuelle. D’aucuns crieront à la censure alors que, de son côté, Divina Frau Meigs ne cessera de prôner une multiplicité de solutions et d’insister sur les termes « d’éducation » et « d’aide à la décision ». « C’est à ce moment que ma vie de chercheur a basculé », poursuit-elle. L’industrie l’interpelle pour réfléchir sur des systèmes de prévention comme l’autorégulation. Dès lors, elle ne se cantonne plus au seul milieu universitaire et place son action sur plusieurs fronts.

Pour une éducation aux médias

Son premier front est celui de l’éducation aux médias. Un travail de terrain qu’elle accomplit (notamment au sein du Collectif interassociatif enfance et média) en élaborant des outils pédagogiques à destination des enfants, des enseignants, des parents et des profes-

sionnels comme le Kit de l’éducation aux médias, publié début 2007 sous l’égide de l’UNESCO.

Sur un autre front, elle participe en tant que repré-sentante de la société civile aux débats sur la gouver-nance de l’Internet. Une mission qui concerne à la fois la technique et les contenus, à laquelle collaborent les États, les associations, les institutions locales mais aussi l’industrie. Car si certains diabolisent les grands acteurs économiques du monde numérique, Divina Frau Meigs, quant à elle, refuse la caricature. Elle clame qu’un consensus est possible. « Arrêtons de se regarder en chiens de faïence, instaurons un climat de confiance et raisonnons tous ensemble. » La diversité est son maître mot, aussi préconise-t-elle des solutions hybrides sur les questions épineuses de propriété intellectuelle et de libre circulation du savoir. L’enjeu en vaut la chandelle. Car, au fond, à l’entendre, il est ici ni plus ni moins ques-tion que d’imaginer une nouvelle société. Une société de réseaux axée sur le lien social, l’intelligence collective et la collaboration des individus pour le bien de la Cité. Et au final, de s’affranchir de la vision pessimiste et hobbe-sienne de la nature humaine. Divina Frau Meigs espère en cet avenir-là. Elle souffle qu’à la clé, nous y trouverons sans doute le bonheur. CAROLINE MARCELIN

lle a un nom aux consonances mystérieuses et, à coup sûr, quelques pouvoirs surnaturels. Du moins sait-elle terrasser l’effet délétère du jet lag pour accueillir, tout sourire, le visi-teur le lendemain d’un retour de vacances, s’excusant par avance « des quelques mots américains qui viendraient se glisser dans la conversation ». Professeur de civilisation

américaine et de sociologie des médias à Paris III, Divina Frau Meigs est un démenti vivant de l’image du cher-cheur grisonnant perdu dans les méandres de sa pensée. Chaleureuse et conviviale, elle évoque sa vie avec sim-plicité. Elle peut pourtant se targuer d’un CV de wonder woman de l’intellect : meilleure moyenne nationale au bac en 1977, 13e au concours de Normale Sup, 5e à l’agré-gation d’anglais, boursière du prestigieux prix Fulbright, diplômée de Stanford, de l’Annenberg School of Commu-nication… Un parcours qu’elle met sur le compte de la chance. De même qu’elle assure, sans fausse modestie, qu’il « n’y a aucun mérite à parler six langues ». Elle dédiera l’une de ses œuvres phares, Médiamorphoses américaines, à ses parents, Divina et Alfredo Frau, des immigrés républicains catalans de milieu modeste, pour lui avoir donné « le goût du savoir ».

Une Française dans la Silicon Valley

Les pérégrinations familiales dans le bassin méditerra-néen (le Maroc jusqu’à 6 ans puis la Corse jusqu’à 16) et ses racines catalanes marqueront ses choix intellectuels. Elle placera ainsi la défense de la diversité culturelle au cœur de l’engagement auquel elle consacrera toute sa vie de chercheuse : la participation à la création d’une nouvelle société, non plus celle de « l’information » ou

e de « la connaissance », mais « des savoirs », un pluriel qui fait toute la différence.

« La révélation » lui viendra lorsqu’elle débarque, au début des années 80, à Stanford, au cœur d’une Silicon Valley en pleine ébullition. Tandis qu’à l’ENS on s’inter-roge encore sur l’utilité de ces drôles de machines, en Californie PC et Mac ont envahi les campus. La tech-nologie avance à pas de géant et s’accompagne d’une réflexion sociologique. « L’avenir était là, cela sautait aux yeux », se souvient-elle. Elle perçoit très vite l’importance du rôle que les nouveaux médias peuvent jouer en faveur d’une large démocratisation du savoir. « Et pour les gens pauvres, poursuit-elle, le savoir, c’est le pouvoir. » Un pou-voir au sens de « l’empowerment », de l’autonomisation, c’est-à-dire la capacité de l’individu à prendre le contrôle de sa vie sociale, familiale et professionnelle. Et si, pour sa part, elle réussit à cumuler les rôles de mère de deux enfants, de « maîtresse de son mari » (Mark Meigs, « un Américain avec des racines ») et de chercheuse enga-gée, c’est grâce aux dons d’ubiquité et de simultanéité qu’Internet confère. Ce qui lui fait dire que « l’ordinateur a contribué à libérer les femmes ».

Objectif : susciter le débat

En France, elle va prendre des accents de Cassandre lorsqu’elle recentrera le débat sur les usages sociaux des nouvelles technologies. Certes Internet est un outil formidable, explique-t-elle, à condition de fournir le mode d’emploi aux usagers, d’élaborer un « service après-vente des contenus ». Son discours tombe alors à plat. Dans un pays où règnent les ingénieurs, nombre d’universitaires ne comprennent pas cette intrusion des sciences humaines dans un univers technique. Tra-

POuR unE sOCiéTé DEs savOiRs

Divina Frau Meigs, 48 ans, sociologue des médias. chercheuse prolifique, issue de l’immigration, née dans un milieu populaire, elle œuvre pour une large démocratisation du savoir. une mission qui s’appuie sur l’appropriation éclairée, par tous, des nouvelles technologies.< portraIt >~~~~~~~~~~~~~~~~ _•

Divina Frau Meigs

• 1959 : Naissance à Casablanca, au Maroc.

• 1980 : Reçue à l’ENS.

• 1983 : Arrive dans la Silicon Valley, recherche sur l’introduction de l’ordinateur dans les lycées.

• 1993 : Soutient sa thèse sur Les flux télévisuels internationaux.

• 1997 : Les écrans de la violence (en collaboration avec S. Jehel), Economica.

• 2001 : Médiamorphoses américaines, Economica.

• 2001-2005 : Participation au Sommet mondial de l’ONU sur la société de l’information.

• 2002 : L’environnement médiatique des jeunes, rapport du CIEM pour le ministère de la Famille.

• 2004 : Vice-présidence de l’Association internationale pour les études et recherches en information-communication (AIERI).

• 2006 : Qui a détourné le 11 septembre ? INA-De BOEK ; Rapport général pour le Conseil de l’Europe, Empowering young people in the information society.

• 2007 : L’éducation aux médias - Kit pour les enseignants, parents et professionnels, Unesco.

• 2008 : travaux à paraître sur Les paniques médiatiques et La diversité culturelle entre gouvernement et gouvernance.

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ÉQUIPÉS D'UN ORDINATEUR

PART DES FOYERS FRANÇAIS

DISPOSANT D'UN APPAREIL PHOTO NUMÉRIQUE

DISPOSANT D'UN ACCÈS INTERNET

DISPOSANT D'UNE CONNECTION INTERNET HAUT DÉBIT

DISPOSANT D'UN LECTEUR MP3 PORTABLE

DISPOSANT D'UNE CONSOLE DE JEU VIDÉO DE SALON

UTILISANT LA TECHNOLOGIE DE VOIX SUR IP

2e trimestre 2006 2e trimestre 2007

Source : La Référence des Équipements Multimédia, Médiamétrie, GfK, 2e trimestre 2007

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La pénétration d'Internet par profil

PAR SEXE PAR ÂGEPAR CATÉGORIES SOCIO-PROFESSIONNELLES

CSP+ CSP-11-15 ans 16-24 ans 25-34 ans 35-49 ans 50-64 ans 65 ans et plusHommes Femmes

2e trimestre 2006 2e trimestre 2007

Source : L'Observatoire des Usages Internet, Médiamétrie, 2e trimestre 2007

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unIVERS VIRTuELS

TERRaE inCOgniTaE E verquest, World of Warcraft, Second life, StarWars

Galaxies, Final Fantasy, si ces noms ne vous disent rien, il est temps de vous mettre à la page. Car

aujourd’hui les jeux en ligne dits « à univers persistants », c’est-à-dire dont les scenarii, les paysages, les quêtes et les personnages continuent à se développer même quand vous n’y êtes pas, rassemblent quotidiennement plus de 50 millions de personnes sur la terre entière. Ces mondes virtuels méritaient une première expédition et de nouveaux outils d’analyse : la propension des joueurs à s’immerger activement dans les récits, voire à mener une véritable existence parallèle dans des univers dont ils contribuent à créer les règles sociales, culturelles et économiques, empêchent en effet d’aborder ces envi-ronnements comme des médias classiques et en font peut-être l’un des premiers objets culturels complexes d’une ère renouvelée de la communication qu’il nous reste à pleinement appréhender. Cet ouvrage, fruit d’un collectif international de spécialistes, se veut une pas-serelle entre « ceux du dedans » et « ceux du dehors », premier voyage éclairant et fort nécessaire dans ces nouveaux Far West.

ÉConoMIE nuMÉRIQuE

LE COÛT Du gRaTuiT« L e gratuit n’est pas un miracle. Ni la grâce

d’un prince soigneusement répandue sur des nécessiteux. Ni même le bienfait

d’une science qui, effaçant le poids des coûts, ramènerait l’univers à sa bonne nature d’avant économique. Le gra-tuit est banal : c’est un outil, un instrument économique, un appât. » Pour Olivier Bomsel, professeur d’économie industrielle à l’École des Mines, il s’agit avant tout d’un instrument de création de marchés. Agissant comme un cheval de Troie, le gratuit permet de fabriquer les pre-miers noyaux de consommateurs des biens et services du monde numérique, lesquels sont régis par les fameux « effets de réseau » qui font que l’utilité, et donc la valeur d’un produit, est fonction du nombre de ses utilisateurs. Seulement voilà, il n’y a pas de « free lunch » rappelle le chercheur, paraphrasant la célèbre formule de Milton Friedman. Le gratuit est trompeur pour le consomma-teur puisque, au final, soit d’autres paient pour lui (les appelants de la téléphonie fixe qui subventionnent les appelés de la téléphonie mobile), soit il paie plus tard, soit il paie autre chose trop cher (les utilisateurs du peer-to-peer, prêts à dépenser davantage pour disposer d’un ordinateur et d’Internet). Un décryptage éclairé des rouages cachés de cette économie du gratuit.

Frank Beau (dir), Culture d’Univers Jeux en réseau, mondes virtuels, le nouvel âge de la société numérique, FyP Éditions, ouvrage collectif coordonné par la FINg et le gEt/télécom Paris, 384 pages, 26 €.

au deuxième trimestre 2007, la france compte près de 30 millions d’internautes1 dont 75 % se connectent tous les jours ou presque.

L’équipement numérique des foyers français

Si la part des foyers connectés à Internet place encore la France dans la moyenne basse européenne, il n’en va pas de même pour l’équipement en haut-débit qui continue à croître très rapidement (+ 27 % des foyers en un an) et concerne aujourd’hui la quasi-totalité des foyers connectés (91 %). grâce au succès des box triple play, l’usage de la téléphonie sur IP fait également une percée spectaculaire (un foyer sur quatre).

1. on considère comme « internaute » toute personne de plus de 11 ans s’étant connectée au moins une fois au cours du dernier mois.

14,8 millions de foyers français sont équipés d’un ordinateur, soit 57 % des foyers.

Olivier Bomsel, Gratuit ! Du déploiement de l’économie numérique, gallimard/Collection « Folio Actuel », 306 pages, 8,20 €

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et aussi…

< panoraMIques >

Architecture,multimédia,

design graphique…Tour du monde

de la création numérique

< grand angle >

aux ateliers du Bocage :une seconde vie

< en bref >

L’aCTuaLiTé DE La sOCiéTé

numéRiquE