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L’entrepreneuriat social pour une croissance durable au Brésil

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L’entrepreneuriat social pour une croissance durable au Brésil

Par Challenges.fr Publié le 29-02-2016 à 10h41

Frédéric Donier, membre du réseau FrenchFounders, détaille les atouts de l'économie sociale dans ce pays d'Amérique latine.

En partenariat avec FrenchFounders -réseau professionnel de dirigeants

et d’entrepreneurs francophones à l’étranger- Challenges publie une série d'états des lieux relatifs à

l'entrepreneuriat social dans différentes régions du monde. Après Québec

(http://www.challenges.fr/tribunes/20160201.CHA4576/les-start-up-sociales-nouvel-

tendance-au-quebec.html), et la Chine

(http://www.challenges.fr/tribunes/20160211.CHA4963/l-entrepreneuriat-social-s-installe-

en-chine.html), voici le dernier volet:

Le Brésil est une terre de contrastes, avec des disparités tant sociales que territoriales qui engendrent de

fortes inégalités socio-économiques. Au littoral dense en habitants s’opposent les territoires dépeuplés de

l’intérieur du pays. Aux zones urbaines, et notamment les grandes mégalopoles, s’opposent les zones rurales.

Aux quartiers aisés des villes s’opposent les favelas aux conditions de vie dégradées, qui regroupent les

populations les plus pauvres et précaires.

Un pays où les inégalités sont fortes

Certes, les mesures sociales du gouvernement Lula ont permis de réduire la pauvreté – entre 2003 et 2009,

son niveau a ainsi connu une baisse de 45,5% - et de créer une "nouvelle classe moyenne". Mais

parallèlement, l’écart entre les plus riches et les plus pauvres s’est creusé. En 2014, selon l’IBGE, les 1% des

plus riches gagnaient près de 100 fois plus en moyenne par mois que les 10% les plus pauvres. Le coefficient

de Gini du Brésil, qui mesure de 0 (égalité parfaite) à 1 (inégalité totale) l’inégalité des revenus dans les pays,

reste l’un des plus élevés du monde, à 0,529 en 2013.

La situation ne va pas s’arranger, au contraire: après plusieurs années de forte croissance, le Brésil renoue

aujourd’hui avec la crise, mettant notamment en péril toute une partie de la population qui se croyait

définitivement sortie de la pauvreté.

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L’entrepreneuriat social pour les combattre

Le Brésil dispose pourtant de sérieux atouts, notamment sa population jeune et dynamique, et une culture

entrepreneuriale de plus en plus forte. L’économie sociale s’avère ainsi être un moteur fort pour lutter contre

l’accroissement des inégalités et la pauvreté dans le pays, parce que des jeunes sont prêts à s’engager, parce

que cela reste le meilleur moyen pour adresser des populations et des problématiques oubliées par les

programmes du gouvernement.

Si le secteur est encore timide et balbutiant, les bonnes idées ne manquent pas. Par exemple, la Banque

Palmas est une institution de microfinance solidaire du quartier Conjunto Palmeiras au sud de Fortaleza, qui

propose à ses habitants des microcrédits et une monnaie locale qui leur permet de recevoir un rabais sur leurs

achats dans le quartier. Favela Painting est une fondation qui prône l’art et la peinture pour redonner vie aux

favelas : elle embauche et rémunère leurs habitants pour repeindre leurs maisons et créer des œuvres d’art à

ciel ouvert. Mundo Jeri est coopérative d'une vingtaine de femmes artisanes en crochet, qui vise à l’inclusion

sociale des crocheteiras au développement économique de leur région par la vente de robes, chapeaux, sacs,

etc. Favela Organica s'adresse aux habitants les plus défavorisés des favelas et leur apprend à faire des plats

savoureux à partir de restes et de toutes les parties des légumes. Inova Urbis a pour vocation l’amélioration et

la réhabilitation des quartiers populaires de Rio, à travers de projets de design et de rénovation à bas prix.

Une législation de moins en moins contraignante pour les petites structures

Au Brésil, l’entreprise sociale ne dispose pas de statut juridique propre, les investissements publics sont

faibles et la pertinence des projets est difficile à évaluer par manque de données disponibles. Le secteur a

néanmoins pu bénéficier des dernières décisions gouvernementales relatives au développement de

l’entrepreneuriat, même si peu lui sont spécifiquement dédiées.

Le gouvernement mène en effet depuis 2006 une politique nationale visant à simplifier la vie des

entrepreneurs et des porteurs de projets : vote de la loi générale de la micro et petite entreprise en 2006,

création d’un département d'Etat des micro et petites entreprises et de l'économie solidaire en 2011, plan pour

réduire les temps nécessaires à l’ouverture d’une entreprise, etc.

Le soutien d’incubateurs, réseaux et autres organismes

Certains ont bien compris que les entreprises sociales pouvaient être force de proposition et de solutions

durables pour le Brésil (http://www.challenges.fr/tag/bresil). Incubateurs, réseaux d’entrepreneurs et

autres organismes de soutien ont fait leur apparition depuis quelques années, et leur nombre ne cesse de

croître.

Parmi eux, l’incubateur Social Good Brasil, qui fait partie du mouvement +Social Good et promeut la

technologie pour améliorer la société ; Artemisia, une organisation à but non lucratif qui soutient les

entrepreneurs sociaux avec un programme de formations et de réseautage ; ou encore Benfeitoria Rio +, une

plateforme de prototypage, sur laquelle les habitants de Rio envoient leurs idées pour améliorer la ville, et

votent pour les initiatives qu’ils souhaitent voir réaliser après analyse de leur viabilité par des experts.

Parce qu’il y prend tout son sens, l’entrepreneuriat social brésilien a de beaux jours devant lui.

Frédéric Donier, fondateur de Crescendo (Sao Paulo) et membre du réseau FrenchFounders.

Sur le web : Faut-il craquer pour le casque de réalité virtuelle Gear VR de Samsung?

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