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Le VRAI MESSIE, ou L'ANCIEN ET LE NOUVEAU TESTAMENT EXAMINÉS D'APRÈS LES PRINCIPES DE LA LANGUE DE LA NAtURE; PAR G. OEGGER, ANCIEN PREMIER VICAIRE DE LA CATHEDRALE DE PARIS. Un peu de philosophie éloigne du christianisme, beaucoup de philoso phie y ramène. PARIS, DE L'IMPRIMERIE DE FÉLIX LOCQUW, RUE NOtRE-DAME-DES-VICtOIRES , j6. 1829.

Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

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Page 1: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

Le

VRAI MESSIE,

ou

L'ANCIEN ET LE NOUVEAU

TESTAMENT

EXAMINÉS D'APRÈS LES PRINCIPES DE LA LANGUE

DE LA NAtURE;

PAR G. OEGGER,

ANCIEN PREMIER VICAIRE DE LA CATHEDRALE DE PARIS.

Un peu de philosophie éloigne du

christianisme, beaucoup de philoso

phie y ramène.

PARIS,

DE L'IMPRIMERIE DE FÉLIX LOCQUW,

RUE NOtRE-DAME-DES-VICtOIRES , N° j6.

1829.

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C4- yjtuyZc,

Page 3: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

Se trouve aussi chez .

FROMENT, Libraire, galerie Véro-Dodat, n" 8.

H. SERYIER, Libraire, rae de l'Oratoire, n° 6.

LEVAVASSEUR , Libraire , Palais-Royal. _

Alex. MESNIER , Libraire , place de la Bourse.

L'AUTEUR , barrière de l'Étoile., pince de l'Arc-de-Triomphe ,

n» 3.

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LE

OH

L'ANCIEN ET LE NOUVEAU TE8TAMENS

tHWISF.S d'IPKÈS LES PRINCIPES 1»K IA I.UfljCÏ

DE LA NATURE.

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A MONSIEUR CHARLES COQLEREL,

RÉDACTEUR DE LA REVUE PROTESTANTE.

Monsieur,

Le présent ouvrage expliquera suffisam

ment le long silence que j'ai gardé sur la

lettre que vous avez bien voulu m'adresser

en i827, relativement à une Profession de

foigénérale de toute l'Eglise Protestante.

Il me suffira donc d'ajouter ici deux ou trois

réflexions.

En premier lieu, je crois faire une chose

utile à toutes les communions, en rappelant

l'univers au dogme de Vunité absolue de

personne , comme d'être , dans la Divinité,

laquelle ne saurait être triple que considérée

par rapport à l'homme ; et cela, sans qu'au

cun parti puisse raisonnablement s'en plain

dre , vu la manière dont jeconsidère ensuite

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VJ

la personne du CHRIST, auquel j'attribue

la divinité la plus absolue. Persuadé qu'il

faut, de toute nécessité, que tôt ou tard le

CRÉATEUR se manifestepersonnellement ,

soit dans cette vie, soit dans la vie future,

et qu'il sorte de son état d'être métaphy

sique, infini et insaisissable , pour entrer

en un rapport réel avec ses créatures,

j'aime autant croire que cette démarche a

déja étéfaite sur notre globe , ainsi que

l'histoire le raconte, que de la placer au-

delà de la tombe. JÉSUS-CHRIST me pa

raît l'être le plus parfait , le plus glorieux,

le meilleur dont la raison humaine puisse

concevoir L'idée; la bonté prouvant mieux

la divinité que toutes les auréoles de

gloire et que tous les miracles possibles.

Aucun ange de lumière ne peut, selon moi,

être comparé à JÉSUS-CHRIST : et par- là

même, si on me permet ces expressions,

JÉSUS- CHRIST est le côté apperceptible

de l'essence divine, laquelle demeurera

éternellement cachée en lui sous le nom de

Père; par-là même JÉSUS-CHRIST est le

foyer de cette gloire et de cette puissance

infinies avec lesquelles l'homme fini ne

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saurait autrement avoir de point de contact.

Après la proclamation ( et l'adoption , sans

doute) du dogme de 1''unité absolue, ce

sera aux philosophes et aux Chrétiens à s'ex

pliquer sur le reste; et nécessairement on

sortira enfin du vague dans lequel une dis

tinction toute humaine , réprouvée par l'É

criture bien comprise ( et rappelant l'idée

d'une pluralité d'êtres ) , retient l'univers

depuis quinze siècles.

Quant à ce que j'entends par la Langue

de la nature , vous ne pourrez le voir que

par la lecture des principaux passages de

mon Introduction. Je vous avertirai simple

ment ici que cette Langue consiste à re

monter, en esprit, au-delà de toutes les

langues de convention , et à ne voir dans

les Livres -Saints ni de Vhébreu, ni du

grec, ni du latin^ etc; mais uniquement

des emblèmes naturels, des symboles, des

hiéroglyphes , tels qu'on a dû les employer

pour exprimer les idées de métaphysique

et de morale, avant qu'on eût créé les mots

conventionnels correspondant à ces idées.

En étudiant ce que les auteurs allemands

ont appelé la symbolique; en se rappelant

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Vllj

quelle a du être la nature du langage hié

roglyphique des anciens prêtres égyptiens;

en examinant en outre les caractères du phé

nomène de Vextase moderne, et en compa

rant le tout avec les images prophétiques

et les paraboles de l'Évangile, oh trouve que

la plupart des livres que l'antiquité nous a

transmis comme inspirés, sont écrits, d'un

bout à l'autre, en images parlantes, prises

dans la nature visible, en d'autres termes,

en langue de la nature. Et de cette manière

aussi on. n'y trouve partout que la morale

la plus pure et la plus sublime, comme la

plus haute et la plus saine philosophie. A

quoi il faut sans doute ajouter une appari

tion de la Divinité en personne , appari

tion formant le seul mystère qui reste , et

constituant proprement ce christianisme

qui devait offrir des mystères d'amour plu

tôt que des mystères d'intelligence.

Ayant ainsi fait ma profession de foi bien

claire et bien nette, je puis, Monsieur,

déclarer maintenant, sans crainte comme

sans arrière- pensée,, que dans l'Eglise

extérieure, telle queje la conçois, l'admets

indistinctement tous les Chrétiens de

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ix

la grande unité dont vous parlez dans

votre lettre ? même ceux qui se diraient

simplement Chrétiens : car s'ils se disent

Chrétiens, c'est que sans doute ils pour

ront un jour le devenir réellement , au

sein d'une Église dont Vunique but est de

faire naître CHRIST dans les cœurs qui

ne le connaissent pas , et de l'y faire

naître par la charité fraternelle encore

plutôt que par des instructions orales. Et

c'est dans le lien de cette même unité, dans

laquelle il me sera doux de voir entrer bien

tôt des Chrétiens de toutes tes dénomina

tions , que je vous prie d'agréer l'expression

des sentimens d'estime et d'amitié que je

vous ai voués.

Paris, ce ier mai 182g.

OEGGER.

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AUX AUTORITES

QUI SE CROIRONT COMPÉTENTES;

;

Le vrai sens des Livres-Saints étant

enfin irrévocablement fixé par la décou

verte de la Langue de la nature , le sous

signé demande que les diverses autorités

ecclésiastiques se hâtent de supprimer des

abus dorénavant incompatibles avec la

société perfectionnée, et d'organiser par

tout un cahesimple et sublime comme l'É

vangile.

S'il arrivait, ce qu'il ne peut croire, qu'a

près un délai convenable les autorités

ecclésiastiques n'eussent point pris sa dé

marche en considération , le soussigné de

manderait alors , au nom des lois, qu'appré

ciant les effets des progrès toujours crois-

sans des lumières, le gouvernement lui

assignât, dans la capitale, une Église ou un

Temple où il pût commencer à exercer le

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saint ministère d'après ses nouvelles con

naissances acquises, et sans une odieuse

distinction des sectes; distinction aussi

contraire à VEvangile qu'à la raison et

au repos des États.

OEGGER,

Ancien premier Ficaire de la Cathédrale

de Paris.

Nota. En attendant l'accomplissement de ses vœux,

M. OEgger se fera un plaisir de correspondre avec les

personnes ou Sociétés qui prendraient à cœur la nou

velle cause de l'Évangile, et qui, après avoir lu le

présent ouvrage, auraient quelques éclaircissemens

ultérieurs à demander.

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« Nous ne doutons pas que l'esprit de Dieu n'ait

» pu tracer dans une histoire admirable une histoire

» encore plus surprenante , et dans une prédiction une

» autre prédiction encore plus profonde. Mais j'en

» laisse l'explication à ceux qui verront venir de plus

» près le règne de Dieu, ou à ceux à qui Dieu fera la

» grâce d'en découvrir le mystère. Cependant l'homme

» chrétien adorera ce secret divin, et se soumettra par

» avance aux jugemens de Dieu , quels qu'ils doivent

» être, et dans quelque ordre qu'il lui plaise de les

» développer; seulement il demeurera aisément per-

>> suadé qu'il y aura quelque chose qui n'est point entré

» dans le cœur de l'homme. » (L'apocalypse expliquée

par Bossuet. Paris, in-8°, p. 43o.)

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LE

V1M MESSIE,

on

L'ANCIEN ET LE NOUVEAU TESTAMENS

lïjuirais d'aisés les principes de la langue

DE LA NATURE.

INTRODUCTION.

Il n'est qu'un moyen de se former une

idée juste et précise de la personne de JÉ

SUS-CHRIST : ce moyen consiste à se mettre

avant tout en état de ne point profaner la

sainte vérité, si on vient à la reconnaître,

condition sans laquelle Dieu est forcé de

nous aveugler; puis à jeter un regard atten

tif et impartial sur l'Ancien et le Nouveau

Testamens. La première de ces dispositions

dépend principalement des individus et de

CELUI qui tient dans sa main le cœnr Ar

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2 LE VRAI MESSIE.

l'homme ; mais l'histoire est du ressort de la

critique, et le raisonnement peut être soumis

à l'analyse. C'est donc sous ce dernier point de

vue, point de vue si in téressan t , que nous nous

proposons de remplir une tâche utile. Faire

passer dans l'esprit de nos lecteurs une par

tie des convictions salutaires qui depuis

quelques années font notre plus douce con

solation , tel est notre désir. La carrière que

nous avons parcourue, et qui nous a mis à

même d'apercevoir le fort et le faible de la

pldpart des opinions philosophiques et reli

gieuses en vogue au dix-neuvième siècle ,

nous donne quelque espoir de réussite. Une

idée sur la langue de la nature piquera né

cessairement la curiosité des plus indifférens

en matière de religion; et cette idée est l'i

dée dominante de notre ouvrage. Pour abré

ger toutefois un travail que la frivolité du

siècle pourra trouver encore trop sérieux,

nous nous en tiendrons principalement à

Isaïe , le plus riche des prophètes , et à Saint-

Jean , le plus sublime des évangélistes, nous

contentant de ramener, dans l'occasion , à

ces deux sources principales, les passages les

plus frappans des autres écrivains extatiques.

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LE VRAI MESSIE. 3

Prévenant, d'un autre côté, l'impatience

de ces lecteurs qui , avant de s'engager dans

nos dissertations, nous demanderaient quelle

sera l'issue de l'examen que nous leur pro

posons de faire , nous déclarerons ici , sans

détour, que l'issue de cet examen pourra

être pour eux ce qu'elle a été pour nous-

mêmes , savoir : la croyance à la divi

nité absolue de JÉSUS - CHRIST , et la

conviction intime qu'en tenant cette

croyance , on tient la vérité tout entière.

Une pareille promesse vaut bien la peine

que l'on parcoure quelques pages avec at

tention, quand bien même on serait averti

d'avance qu'il va être question de christia

nisme. La distinction de la vérité en vérité

chrétienne et vérité philosophique est une

absurdité qui n'eût jamais dû entrer dans

des têtes bien organisées. Que les lecteurs

apprennent donc qu'en commençant notre

travail , nous étions , comme ils peuvent

l'être, déistes ou quelque chose d'appro

chant, et qu'en le terminant , nous nous

sommes trouvé chrétiens , et chrétiens plus

profondément convaincus que jamais théo

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4 LE VRAI MESSIE.

logien ne l'a été , parce que notre conviction

a été le résultat de l'usage le plus libre et le

plus légitime de notre raison individuelle.

Les témoignages qui s'accumulent, en effet,

par ce nouveau mode d'étudier les livres

saints, qui consiste à les lire comme écrits

d'un bout à l'autre dans la langue de la na-

ture , sont plus que suffisans pour convaincre

tout homme de bonne foi, ou plutôt tout

homme de bonne volonté , que JÉSUS-

CHRIST n'était pas seulement un homme

extraordinaire ou un prophête plusgrand

que les autres; qu'il n'était pas seulement

une image de la Divinité, une étincelle de

la Divinité, ou un fils éternel de Dieu dis

tinct de lui quant à la personnalité; mais

qu'il était JÉHOVAH lui-même, JÉHOVAH

en personne; que c'est en se faisant JESUS-

CHRIST, que le Dieu caché, le Dieu méta

physique et insaisissable , s'est manifesté;

que c'est en se faisant JÉSUS-CHRIST , que

l'Etre infiniest entré en communication avec

les êtresfinis et enfouis dans la matière;

en un mot, qu'en paraissant sur les confins

de sa création pour montrer à des enfans

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LE VRAI MESSIE. D

égarés autant d'amour qu'il leur avait mon

tré de puissance , le Dieu CRÉATEUR est

devenu aussi RÉDEMPTEUR.

Nos idées paraîtront extraordinaires, sans

doute, à plus d'un genre de lecteurs; mais

qui osera nous en faire un sujet de reproche ?

Quand , au dix-neuvième siècle , on voit en

core le christianisme dans un état si précaire,

que la philosophie ose douter de son triom

phe ultérieur, que risque-t-on à essayer

quelque grand moyen ? En jetant un regard

impartial sur la société chrétienne depuis

dix-huit cents ans, et ses haineuses et in

concevables divisions, n'est-on pas endroit

de soupçonner que, dès les premiers temps,

il a dû être commis quelque grande erreur

qui aura entravé l'œuvre de la régénération

de l'univers, et qu'il y a par conséquent

quelque grand obstacle à lever pour que

la vérité puisse se répandre ? N'est-il pas plus

que probable que depuis long-temps les In

fidèles et tous ces Chrétiens qui ne sont

Chrétiens que de nom, auraient embrassé la

vraiefoi, si la vraiefoi leur eût été bien

présentée? N'est-il pas plus que probable

que depuis long-temps les malheureux des

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6 LE VRAI MESSIE.

cendans d'Israël , aussi bien que ceux d'entre

nos philosophes qui cherchent la vérité de

bonne foi, auraient reconnu le Dieu qui

s'est manifesté sur notre globe, si on n'en eût

pas, pour ainsi dire, dégradé la majesté?

Dût, en conséquence, notre profonde con

viction être taxée de témérité , dût notre

courage causer du scandale, nous ne recu

lerons pas , convaincus que nous sommes ,

avec Saint-Chrysostôme , que , quand bien

même la vérité causerait du scandale , il

faudrait encoreplutôtsouffrirce scandale

que de laisser périr la vérité.

Ce qui nous a le plus enhardi dans cette

grande entreprise, c'est l'entière certitude

que nous avions acquise de nous trouver dé

finitivement sur la voie de cette langue de

la nature, que chacun concevra facilement

avoir dû précéder toutes les langues de con

vention ; dans laquelle nous avons trouvé,

en effet, la plupart de nos livres saints

écrits, et qui jette sur leur ensemble un jour

si inattendu et si vif, qu'il n'est guère possible

au déisme de résister.

Rien n'est plus conforme à une saine phi

losophie que de reconnaître l'existence pri

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LE V*AI MESSIE. 7

mitive d'une langue de la nature. Les plus

grands noms figdrent en tête de ceux d'entre

nos savans qui se sont occupés de ce qu'ils

appelaient une langue universelle , langue

dont ils sentaient par conséquent les avan

tages, et qu'ils ne croyaient point impossible

de réaliser sur notreglobe parmi les hommes

instruits. La langue de la nature ne diffère

de celle dont ces savans avaient conçu l'idée,

qu'en ce qu'elle doit moins servir à nos rela

tions terrestres qu'à celles que nous devons

avoir un jour avec l'universalité des êtres,

dans ce monde où tous les autres mondes

affluent, et où il nous faudra des moyens de

communication bien plus étendus que tous

ceux que requiert notre existence matérielle.

Le philosophe moraliste, qui est bien per

suadé de l'immortalité de Vhomme , doit

l'être, par-là même, de l'existence actuelle

d'une langue tout autre que celle qui con

siste en sons articulés moyennant l'élasticité

de l'air, et dont la signification n'est que pu

rement conventionnelle. Le moraliste pen

seur se persuadera même facilement que sur

notre globe terrestre lui-même, quelque

matériel qu'il puisse être aujourd'hui avec

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8 LE VRAI MESSIE.

ses habilans dégradés, il a dû exister, dans

des temps d'une plus grande perfection , des

moyens de communication différens de ceux

qui ne sont que de pure convention , vu

que, pour établir des conventions, il faut

de toute nécessité savoir déjà s'expliquer au

préalable. Jean -Jacques a avancé le plus

grand des paradoxes, quand il a dit que l'é

tat sauvage était l'état primitif de l'homme :

l'état sauvage n'est, au contraire, que l'état

de notre plus grande dégradation , quand ,

devenus incapables de nous relever par nous-

mêmes, Dieu est obligé de venir à notre se

cours. Toute connaissance, dît Platon , est

souvenir, et toute ignorance est oubli.

Primitivement l'homme a dû être parfait, du

moins dans son genre; et par suite il a dû

aussi avoir un langage parfait, langage qui

n'a pu se perdre que dans lA suite des temps,

et dont la philosophie pourra retrouver les

traces, quand elle voudra tourner ses inves

tigations de ce côté'là. . •

On pourra se former une idée générale

de la langue de la nature, par l'application

que nous avons faite de ses principes à une

explication nouvelle de plusieurs passages

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LE VRAI MESSIE. Ç>

des saintes Écritures. Nous ne placerons ici

que quelques réflexions préliminaires qui

mettent les lecteurs à même d'entrer dans

toute notre pensée.

Avant d'avoir réfléchi plus profondément,

on se persuade d'ordinaire que, quand Dieu

a produit notre univers visible, le choix qu'il

a fait des diverses formes et couleurs des

animaux, des plantes et des minéraux, a été

une chose absolument arbitraire de sa part.

Mais cette idée est entièrement fausse.

L'homme peut agir quelquefois par fantai

sie; Dieu ne le peut jamais. La création vi

sible ne peut et ne doit donc être , si on

nous permet ces expressions, que la circon

férence extérieure du monde invisible et

métaphysique; et les objets matériels ne

sauraient représenter que des espèces de

scories des pensées substantielles et intimes

du CRÉATEUR;scories qui doivent toujours

conserver une relation exacte avec leur pre

mière origine; en d'autres termes, la nature

visible a nécessairement un côté spirituel et

moral, Pour Dieu tout est , tout existe :

créery pour lui, n'emporte pas la même idée

que pour nous. Pour Dieu, créer n'est que

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IO ht. VRAI MESSIE.

montrer. L'univers, jusque dans ses moin

dres détails, existait pour Dieu aussi réelle

ment avant la création qu'après la création ,

parce qu'il existait en lui substantiellement,

comme la statue existe dans le bloc de mar

bre dont le sculpteur la tire. Par la création,

nous seuls avons été mis en état de perce

voir une partie des richesses infinies éter

nellement enfouies dans l'abîme de l'essence

divine. Le parfait, surtout, a dû toujours

ainsi exister en Dieu. \!imparfait seul a

pu recevoir une sorte de création, moyen

nant l'homme, agent libre , quoique encore

placé sous l'influence d'une Providence qui

ne le perd jamais de vue. Donc ni les for

mes, ni les couleurs d'aucun être, d'aucun

objet dans la nature entière , ne peuvent

avoir été choisies arbitrairement. Tout ce

que nous voyons, touchons, sentons, depuis

le soleil jusqu'au grain de sable, depuis notre

propre corps avec ses admirables organes,

jusqu'à celui du ciron , tout est proflué, avec

une raison suprême, du monde où tout est

esprit et vie. Nulle fibre dans l'animal , nul

brin d'herbe dans le règne végétal, nulle

forme de cristallisation dans la matière inerte,

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1E VRAI MESSIE.- M

qui n'ait son rapport bien clair et bien dé

terminé dans l'univers moral et métaphy

sique. Et si cela est vrai des couleurs et des

formes, à plus forte raison faut-il le dire des

instincts des animaux et desfacultés plus

étonnantes encore de l'homme. Les pen

sées, par conséquent, et les affections les

plus imperceptibles que nous croyons con

cevoir par nos propres forces, les composi

tions que nous croyons nôtres , dans les do

maines de la philosophie et de la littérature,

les inventions que nous croyons faire dans

les sciences et les arts, les monumens que

nous croyons ériger, les usages que nous

croyons établir, dans ce que les hommes es

timent grand, comme dans les transactions

les plus insignifiantes de la vie civile et ani

male: tout cela existait avant nous; tout cela

ne nous est simplement que donné, et donné

avec une raison suprême, selon nos divers

besoins du moment. Un degré infiniment

petit de consentement à recevoir, qui forme

notre liberté morale, est la seule chose que

* nous ayons en propre. Et à la seule inspec

tion, des objets qui entourent un homme,

ou de quelques-uns des usages qu'il a adop

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i2 LE VRAI MESSIE.

tés, une intelligence supérieure doit pou

voir déterminer quel est le prix moral de

son être; car, à mesure que les êtres mo

raux, pour lesquels seuls la nature infé

rieure existe, se modifient, cette nature doit

admettre des emblèmes nouveaux, analogues

aux perfections ou aux dégradations surve-

nues.

Et, eu effet, sans tous ces emblèmes de

vie qu'offre la création , point d'idée morale,

point de sentiment moral appréciables ,

point de moyen possible de communiquer

une pensée, une affection, de la part de

Dieu, nous osons le dire, à sa créature, pas

plus que de la part d'un être sensible à un

autre. Point de communication possible,

surtout, entre l'état présent de l'homme , et

son état de transformation : tout est rompu,

tout est anéanti dans la nature sensible et

pensante : la vie la plus intime de l'être in

telligent s'efface et rentre dans le néant.

Des exemples peuvent rendre cette vérité

palpable. Sans ce qu'on appelle, par exemple,

un père selon la nature , pourriez-vous «

vous faire une idée de cette portion de la

bonté de Dieu, qui correspond à la tendresse

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LE VRAI MESSIE. l3

d'un pere pour ses enfans? Pourriez-vous

même savoir en aucune façon ce que c'est

que tendresse paternelle ? Si jamais dans

la nature il n'avait existé d'homme géné

reux, pourriez-vous vous former une idée

de ce que c'est que générosité ? Si vous n'a

viez jamais rien aimé sur la terre , vous se

rait-il possible d'avoir la moindre notion de

ce que peut être Yamour? Ou bien, pour

choisir nos exemples dans l'ordre des dégra

dations, vous serait-il possible, sans les défec

tuosités , les maladies , et les souillures du

corps humain , de vous représenter les vices

honteux qui sont leurs analogues dans

l'homme moral? Si vous n'aviez jamais vu

tuer, tourmenter, dévorer des animaux,

l'idée de cruauté et de barbarie pourrait-

elle être communiquée à votre esprit? Si

enfin il ne vous était jamais rien parvenu re

lativement auxpersécutions, aux trahisons,

aux infidélités, aux attentatsparricides qui

régnent quelquefois sur la terre, votre âme se

rait-elle en état de recevoir le premier germe

des idées de haine, de perfidie, d'atrocité?

La chose ne paraît réellement pas possible.

Cette considération , d'ailleurs, de la né

Page 27: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

l4 LE VRAI MESSIE.

cessité de^constater, par dés emblèmes sen

sibles, des nuances morales, autrement inap-

perceptibles, explique seule ces phénomènes

terribles, ces monstruosités et ces images-dé

goûtantes, indignes évidemment du CRÉA

TEUR , qu'offre la nature aux yeux de

l'homme dégradé. Le fond de notre être,

véritable abîme , ne peut se révéler que par

des phénomènes de vie appréciables. Il en

est de nous, sous ce rapport, comme du

CRÉATEUR lui-même , à l'image duquel

nous avons été créés, et à la connaissance

duquel nous né pouvons nous élever que

moyennant ses merveilles visibles. La nature

est comme un livre dans lequel on lit les

perfections de Dieu , ou comme un miroir

dans lequel on les voit réfléchies. Il faut dire

la même chose de l'homme et des divers phé

nomènes qu'il offre dans sa manière de vivre,

desenourrir,desevêtir. Nous nousappuyons

sur la matière pour remonter aux substances

pures; et il nous faut encore des substances

et des images emblématiques , pour que

nous nous puissions élancer dans le monde

moral et métaphysique ; raison pour laquelle

le CRÉATEUR a été lui-même obligé de ve

Page 28: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

LE VRAI MESSIE. l5

nir à notre rencontre, en franchissant l'a

bîme qui nous sépare de son essence pre

mière. En tant que CRÉATEUR, Dieu a

de toute nécessité des moyens de communi

cation analogues à ceux qu'il nous a dépar

tis pour se faire remarquer de nous. Nous

sommes , pour ainsi dire , hommes créés, et

Dieu homme incréé. C'est au point intermé

diaire entrel'm/în/qui est tout, et Y'infiniqui

n'est rien , que Dieu et l'homme se sont

rencontrés. Et ce point , c'est la vie , la vie

manifestée, la vie révélée par des em

blèmes.

Avant toutes les langues de convention et

par sons articulés, quand le CRÉATEUR

a voulu se manifester ou se révéler pour la

première fois à l'homme , comment l'eût-il

pu faire autrement qu'en se montrant à cet

homme sous la forme substantielle d'un

PÈRE , emblème naturel de Dieu créateur?

L'esprit humain ne saurait véritablement

trouver un emblème différent, ni imaginer

un autre moyen de communiquer la pre

mière idée du CREATEUR à quelque intel

ligence secondaire que ce soit. Nous verrons

ailleurs que , quand les hommes n'auront

Page 29: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

ï6 LE VRAI MESSIE.

plus voulu reconnaître pour leur CRÉA

TEUR cet Etre ineffable qui leur apparaissait

comme PERE, cet Etre a dû employer na

turellement, pour défendre ses droits, le

moyen que nous appelons la Rédemption du

genre humain , moyen évidemment divin ,

par lequel il a fait voir qu'il était plus intel

ligent, plus puissant, et surtout MEIL

LEUR qu'eux tous ; système immense qui ,

conduit depuis les temps les plus reculés

jusqu'à son entière exécution , avec une

science, une sagesse et une bonté infinies ,

écrase du moins le mortel dont il ne peut

toucher le cœur.

La nécessité indispensable de ce que nous

appelons des emblèmes de iue, montre que

notre existence future elle-même ne saurait

être aussi métaphysique qu'on se l'imagine

quelquefois. Il faut qu'il y ait encore, dans '

notre état de transformation, des formes ap

préciables, des images substantielles, des

objets vus, sentis, perçus, comme cela se

passe dans le monde matériel. Hors de là une

existence quelconque, heureuse ou malheu

reuse, n'est qu'une vraie chimère. La vie

future, c'est évidemment le monde de Ber-

Page 30: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

LE VRAI MESSIE. i7

keley. Ce philosophe n'a eu que le tort de

ne point faire une distinction claire et nette

entre le monde substance et le monde ma

tière, ou de ne point reconnaître la nuance

qui les sépare; car, s'il est vrai que la ma

tière existe , il est vrai aussi qu'elle n'est

étendue et impénétrable qu'autant que le

CRÉATEUR le veut , et que pour les êtres

qu'il désigne particulièrement à cet ef

fet. S'il y avait réellement Vinfini entre

la matière et l'esprit , on aurait pu sou

tenir avec raison l'impossibilité de la

création (i).

(1) Si une curiosité , fort naturelle sans doute, nous

demandait ici ce que nous verrons dans l'autre monde,

et ce que nous yferons, nous répondrions sans hésiter,

en nous fondant sur la nécessité indispensable des

emblèmes naturels, que nous nous y verrons entourés,

comme dans le monde matériel , d'un horizon plus ou

moins étendu, rempli par un plus ou moins grand

nombre à!images substantielles prises dans la nature

connue, et que nous nous y occuperons à peu près

comme on s'occupe sur terre quand on cherche le

logement, la nourriture et le vêtement : seulement les

images susdites seront alors en un rapport exact avec

notre être moral: \c firmament , par exemple, re

présentant nos rapports célestes ; les divers objets de

la nature , nos affections sociales ; et le sol qui nous

1..

Page 31: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

l8 LE VRAI MESSIE.

Donc, au résumé, l'univers moral et mé

taphysique , en tant que se révélant succes

sivement aux êtres secondaires, c'est-à-dire,

à tous ceux qui ne sont point JEHOVAH,

ne peut être conçu possible que par des

emblèmes analogues dans l'univers des plié-

porte, la nature de noire confiance en CELUI qui

seul sait l'affermir sous nos pieds. Quant à nos oc

cupations diverses , elles seront celles que le Ciel

jugera les pluspropres à caractériser incessamment

l'intime de notre être moral, et les diverses manières

dont nous chercherons à nous approprier la nourri

ture spirituelle de I'amour et de la vérité, en

d'autres termes, k satisfaire a tous mos besoins mo

raux. Toutes ces idées , quoique neuves, ne surpren

dront aucun de ces philosophes qui savent que la na

ture est toujours conforme à elle-même , ou , comme

l'exprime Leibnitz, qu'elle ne fait jamais rien par-

sauts et par bonds. D'après cet apophthegme philo

sophique, notre existence future ne doit, en effet, diffé

rer de la présente que d'une nuance ; et cette nuance

est celle d'un monde matériel à un monde substan

tiel. Nous devons passer à l'existence future , comme

on entre dans un songe agréable : toute la nature

doit nous y accompagner. Cette vérité reçoit un sur

croît de probabilité, ou plutôt d'évidence, quand on

se rappelle que , examinée sans ces préjugés que

donne l'idée vague d'une puissance infinie , que les

Page 32: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

LE VRAI MESSIE. i9

nomènes : phénomènes matériels pour le

monde physique , substantiels pour celui

qui ne l'est pas. Le monde moral et méta

physique, pour nous, est comme ancré ,

comme enraciné dans le monde visible , sur

lequel il repose comme sur une base indis

pensable.

bornes de l'impossible, que la simplicité et l'à-pro-

pos ne restreignentjamais , je pourrais même dire,

examinée géométriquement , la chaîne des êtres est à

peu près complète ici-bas dans les trois règnes, et que

par conséquent la nature connue renferme elle-même

tous les élémens nécessaires au bonheur éternel des

créatures sensibles; ce qui rend aussi impossible

qu'inutile la destruction des images de la nature vi

sible , pour l'existence future. C'est le sentiment qui

fait le bonheur , et non la science; et par-là même le

cercle des choses possibles doit être bien plus res

treint qu'on ne le pense communément. Essayez de

supprimer l'horizon d'images célestes et terrestres qui

vous entoure, véritable Eden dans lequel vous vous

trouvez placés ; que restera-t-il pour former le pré

tendu ciel d'un esprit bienheureux ? Il ne restera rien .

Et si ces mêmes images, devenues capables de repaître

dignement les yeux des êtres immortels, enrevêtis-

sant un caractère tout-à-fait spirituel et moral, suffi

sent à votre bonheur, pourquoi les supprimer, ou

même pourquoi leur en substituer d'autres?

Page 33: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

20 LE VRAI MESSIE.

L'expérience journalière pourrait prouver

ces vérités à tout le monde sans de grands

raisonnemens. Qu'on prenne un dictionnaire

de morale, qu'on en examine les termes, on

verra qu'ils sont tous dérivés de la vie cor

porelle et animale, depuis le premierjusqu'au

dernier. C'est la naissance, l'accroissement,

la décadence et la mort du corps , son état

de santé ou de maladie, de force ou de fai

blesse, qui ont seuls fourni les idées corres

pondantes dans l'homme moral. Chaque

membre de ce corps , considéré sous le rap

port de son emploi et de son utilité terres

tre , offre les mêmes résultats. Tous les em

blèmes que peuvent fournir l'agriculture,

les arts et métiers, les différentes manières

de se nourrir et de se vêtir chez les hommes,

ont été mis à contribution pour fournir des

moyens de caractériser les diverses nuances

de vie morale et intellectuelle, chez les in

dividus comme chez les sociétés ; et , sans

tous ces emblèmes que la nature elle-même

fournit, le monde moral et métaphysique

serait resté tout entier enseveli dans l'é

ternel abîme.

De là donc la réalité d'une langue de la

Page 34: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

LE VRAI MESSIE. 21

nature , que la philosophie devrait déjà ad

mettre, quand bien même on ne pourrait

plus retrouver aucune des lettres de l'alpha

bet immense qui servait à la parler; car cette

langue n'est autre chose, après tout, que la

perception des emblèmes de vie et d'intel

ligence que la nature renferme dans son

sein , et la faculté de transmettre cette per

ception à d'autres êtres.

Toutefois, nous sommes bien éloignés

d'accorder que le dictionnaire de la langue

de la nature soit entièrement perdu; nous

pourrions en retrouver les traces même dans

les langues de convention, dérivées néces

sairement d'elle, si la Bible ne suffisait à elle

seule pour nous remettre en possession d'une

science aussi précieuse. Ce livre si peu connu

et si peu apprécié de l'univers prétendu

éclairé , n'aura pas simplement servi à nous

conserver la langue hébraïque, il nous aura

encore fourni tous les matériaux nécessaires

à la reconstruction de la langue dela nature.

Un certain nombre de nos premiers écri

vains ecclésiastiques, tels que l'apôtre Paul ,

Lactance, Origène, Jérôme et autres, étaient

évidemment sur la voie de cette langue, ainsi

Page 35: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

22 LE VRAI MESSIE.

que leur manière particulière d'écrire le

démontre : mais, par un secret jugement du

ciel, les traces précieuses en ont été aban

données presqu'aussitôt par leurs succes

seurs. On a traité ces écrivains de mystiques,

comme ou fait encore aujourd'hui de tous

ceux qui prétendent voir dans la parole de

Dieu quelque chose de plus que dans un

livre ordinaire. Du temps de Théophile, dit

Horsley, le grand art d'interpréter l'An

cien Testament consistait à trouver par

tout des types et des emblèmes. Si , au lieu

de se moquer de cet art, on eût cherché à

voir jusqu'à quel point il était fondé, on en

eût mieux compris les mystères de l'amour

et de la sagesse du PÈRE, et on ne se fût

point égaré pendant dix-huit siècles dans le

labyrinthe des pensées humaines. La parole

de Dieu doit nécessairement être plus riche

et plus féconde en sens que tous les vains

écrits des savans ; son sens doit même être

infini. : •

En abandon nant , en conséquence , la

fausse marche de l'école , qui consiste à

prendre chaque texte comme isolé, par où

on peut évidemment prouver les choses les

Page 36: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

LE VRAI MESSIE. 23

plus contradictoires , et en étudiant Ven

semble des livres saints, on acquiert l'entière

certitude que tous les hommes extatiques,

depuis Abraham jusqu'au dernier des pro

phètes, et qu'après eux tous le RÉDEMP

TEUR lui-même, quoiqu'en s'exprimant par

des mots pris dans la langue conventionnelle

en usage de leur temps , ont néanmoins

toujours parlé la langue de la nature, et

que le sens qu'elle offre était le principal, si

ce n'est le seul , qu'ils avaient réellement

l'intention de transmettre à la postérité.

Pour ne parler ici que de JÉSUS - CHRIST ,

c'est là cette langue à laquelle il cherchait à

accoutumer ses apôtres pendant les trois an-

néesqu'il vécut avec eux; c'est là cette langue

qui les embarrassait souvent si fort , qui les

forçait à solliciter en particulier des expli

cations auprès de leur Maître, et même à le

prier de ne point parler ainsi en paraboles.

Quand une similitude, une comparaison est

suivie dans toutes ses branches , et soutenue

aussi longrtémps que JÉSUS-CHRIST l'a

fait, il en résulte une véritable langue ,

qui s'enlace, pour ainsi dire, dans le dis

cours ordinaire , et offre un sens suivi et plus

Page 37: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

24 . LE VRAI MESSIE.

relevé à côté du sens naturel. Qu'on se rap

pelle seulement jusqu'où JÉSUS-CHRIST a

porté la signification morale des mots man

ger et boire, on verra qu'il faut un nouveau

dictionnaire, un dictionnaire encore à faire,

pour comprendre l'Écriture sainte ; livre

non-seulement obscur , maisfermé et scellé

jusqu'à ce jour sous mille rapports ; et que

ce ne sera qu'à l'aide de ce dictionnaire que

l'on pourra y trouver les richesses infinies que

la main de PÉTERNEL y a entassées. Celui

qui a la moindre idée des emblèmes de la

nature et de leur signification , lit la Bible

comme avec une loupe : il y voit ce qu'il

n'y avait jamais vu; il lui semble que ce soit

un autre livre. Ce sont, en effet, les hiéro

glyphes égyptiens lus moyennant le système

de M. Champollion. L'homme, dit JÉSUS-

CHRÏST, vit dela parole de Dieu, comme

il vit de pain. Le grain dont on fait le

pain est, selon lui , cette divine parole. Le

pain est la substance de Dieu que l'homme

doit s'approprier, parce que Dieu est bonté

et vérité, et que Phomme moral ne doit

point être autre chose. Le corps et la chair

de JÉSUS- CHRIST sont par conséquent

Page 38: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

LE VRAI MESSIB. a5

aussi ce paifl; parce que JÉSUS-CHRIST

n'est que le Verbe ou la vérité divine,

incarnée par amour pour l'homme. Le

pain quotidien ne rappelle qu'une ap

propriation journalière de la bonté et

de la vérité, qui sont Dieu. Les multi

plications miraculeuses du pain opérées

par JÉSUS-CHRIST, signifient l'abon

dance des exemples de vertu ménagés aux

hommes par l'infinie miséricorde. J'ai à

manger d'un pain que vous ne connaissez

pas, dit le SEIGNEUR aux apôtres : mon

manger consiste à faire la volonté de mon

FÈRE. Celui qui mangera du pain que je

lui donnerai, ne mourra pas , mais il iwra

éternellement. Et ce pain, c'est ma pi'opre

chair; il faut que vous me mangiez, alors

seulement Vous aurez la vie en vous. Ex

pressions inconcevables et repoussantes dans

le sens de la langue conventionnelle, mais

riches autant que vraies dans la langue dela

nature. Je suis , dit encore JÉSUS-CHRIST,

le pain de vie descendu du ciel , figuré gros

sièrement par la manne dont vos pères ont

mangé dans le désert : ma chair est par con

séquent une vraie nourriture, comme mon

Page 39: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

20 LE VRAI MESSIE.

sang est une véritable boisson. Et cela,

ajoule-t-il, ne doit point vous scandaliser;

car ces paroles sont esprit et vie; la chair

en tant que chair ne sert de rien. Prenez

et mangez ce pain en mémoire de moi ,

dit-il la veille de sa mort ; c'est le corps qui

sera livré demain pour.vous ; et cela signi

fie : appropriez-vous toujours davantage la

vérité et Vamour, qui sont DIEU , en vous

ressouvenant incessamment de mes exem

ples, f^oyez, je me tiens à la porte et je

frappe; celui qui m'ouvrira , j'entrerai

chez lui , je mangerai avec lui , et lui

AVEC MOI....

Qui ne voit qu'il est partout question ici

d'une manducation toute spirituelle? et que

ces dernières paroles, surtout, ne peuvent

el ne doivent être traduites que par celles-

ci : Celui qui m'ouvrira son cœur, je l'ai

merai et il m'aimera. Dieu ne saurait man

ger avec nous d'une autre façon que par

l'amour, ni, par conséquent, nous avec

lui. Cet autre passage de saint Jean , où

JÉSUS-CHRIST dit : De même que je vis

par le PÈRE , de même celui qui me man

gera vivra par MOI, rend cette vérité si

Page 40: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

LE VRAI MESSIE. 2T

évidente, que la folie la plus caractérisée

pourrait seule la révoquer en doute.

Mais ce n'est pas tout encore ; la compa

raison de la manducation matérielle, avec

l'appropriation de l'amour et de la vérité

qui font le bonheur de l'homme immortel ,

est encore portée plus loin dans l'Évangile.

Le semeur, y est-il dit, c'est Dieu; le

champ que l'on ensemence, c'est le cœur

de l'homme , où celte semence doit germer;

c'est une église tout entière qui doit por

ter du fruit au temps de la moisson. Le

froment représente les hommes aimant

Dieu; les pailles légères, les âmes sans

valeur morale. Le grenier renferme les ri

chesses du ciel; lefeu de l'enfer consume

la zizanie. Le van est le jugement sur les

bons et sur les méchans. Trois mesures de

farine ou de pâte représentent le royaume

des cieux; le levain des pharisiens , les

fausses doctrines, les disputes haineuses.

La meule elle-même conservera une signi

fication analogue; au renouvellement de

l'Église deuxfemmes tourneront la meule

dans un moulin; l'une sera prise > l'autre

laissée. A cause de leur manière différente

Page 41: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

28 LE VRAI MESSIE.

d'annoncer la parole de Dieu, telle église

particulière sera approuvée , telle autre dé

sapprouvée au temps de l'arrivée du FILS

DE L'HOMME. Une meule attachée au cou

d'un homme scandaleux , et précipitée avec

lui dans la mer, sera un bonheur pour lui ;

car cette meule représente le moyen- de s'ap'

proprier la parole de Dieu , et la mer n'est

que la collection des vérités naturelles i

capables de préparer l'homme à la récep

tion des vérités divines, comme nous Tal

ions voir tout à l'heure ; l'eau, dans les dis

cours de JÉSUS- CHRIST, étant partout

l'emblème de la vérité.

Voici, en effet, une légère esquisse sur le

mot boire. De même que manger, c'est s'ap-

proprier l'amour de Dieu, ou la bonté

morale ; de même, boire , c'est s'approprier

la vérité. La vérité délaye pour ainsi dire

la bonté , qui , autrement , ne pourrait s'in

corporer à notre âme , la bonté sans la vé

rité n'étant point appréciable pour des

créatures , en d'autres termes , la bonté ma

nifestée devenant, par- là même, vérité.

Si vous m'aviez demandé de l'eau, dit

JÉSUS-CHRIST à la Samaritaine , je vous

V

Page 42: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

LE VRAI MESSIE. 29

en aurais donné qui jaillit jusqu'à la vie

éternelle. Celui qui boira de l'eau que je

lui donnerai, n'aura plus de soif. Celui

qui reçoit ma doctrine , des Jleuves d'eau

jailliront de son cœur. Ces paroles n'ont pas

besoin de commentaire; non plus que celles-

ci , que JÉSUS-CHRIST prononça haute

ment en enseignant dans le Temple : Que

Celui qui a soif vienne boire. Suivez-moi,

jevais vousfairepécheurs dhommes, dit-il

aux apôtres en les associant à la prédication

de l'Évangile; car, des vérités naturelles , ils

devaient élever les hommes aux connaissan

ces spirituelles. De là l'usage du baptême ,

lequel n'est évidemment que l'emblème de

l'acquisition de la vraie doctrine , con

duisant l'homme à la pénitence et à la rési

piscence; car , encore une fois , l'eau ,

comme faisant le mirvir et réfléchissant les

images des objets, est l'hiéroglyphe de la

vérité, plutôt encore qu'elle n'est celui de

la purification. Le vin et le sang^ dans la

bouche de JÉSUS- CHRIST,- considérés

comme boissons, ont , par-là même, des si

gnifications analogues. Seulement ces em

blèmes seront d'un degré plus relevé; le

Page 43: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

3o LE VRAI MESSIE.

sang étant plus proche de la vie, et arrosant

la chair même des hommes et des animaux,

tandis que l'eau n'arrose en général que les

objets dont ils se nourrissent; et le vin

ayant , de son côté, plus d'affinité avec l'es

prit de l'homm-e dont il réjouit le cœur,

selon l'expression emblématique de David :

unique raison qui leur fait jouer un si grand

rôle dans les Saintes -Écritures , où il est

question, à chaque instant, du sang des

victimes et de la vigne du SEIGNEUR de

l'ancienne loi, et du sang de l'agneau, du

vin qui fait germer les vierges de la loi

nouvelle. Le premier miracle de JÉSUS-

CHRIST a consisté à changer de l'eau en

w'«, parce que le principal objet de son ap

parition était de changer les vérités natu

relles en vérités divines , et de substituer

sa doctrine à celle de la sagesse humaine. On

met le vin nouveau dans des outres neuves,*

dit-il, en parlant de cette doctrine. Prenez

et buvez, s'écrie-t-il à la dernière Cène, après

avoir préparé depuis long-temps les apôtres

. à un pareil langage , prenez et buvez; ce

vin est le sang de la nouvelle alliance;

c'est mon sang qui est répandu pour la ré-

Page 44: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

LE VRAI MESSIE. 3l

mission des péchés; c'est le Nouveau Tes

tament en mon sang. Et les apôlres ont si

bien compris la signification de tous ces dis

cours de leur maître, qu'ils ont donné gé

néralement, plus tard, le nom de Nouveau

Testament au recueil qui renferme sa doc

trine. Le sang de JÉSUS-CHRIST, par con

séquent, partout où il en est question dans

l'Évangile, ne rappelle et ne représente que

la collection des vérités de salut annon

cées par lui à l'univers ; vérités que l'univers

refusait de recevoir, comme il l'a prouvera/'

le fait, et par un embleme matériel, en

répandant sur le Calvaire le sang du RÉ

DEMPTEUR. Et il faut dire la même chose

du vin; car le vin n'est lui-même qu'un

emblème du sang. Je ne boiraiplus de ce

jus de la vigne,jusqu'à ce que je le boive

tout nouveau dans le royaume de mo n

PERE, ne peut signifier, comme on s'en con

vaincra pleinement dans le corps de notre

ouvrage , que l'union complète de la vé

rité divine et de l'amour divin dans la

personne de JÉSUS-CHRIST , en d'autres

termes, la glorification du VERBE dans

les cieux.

Page 45: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

32 LE VRAI MESSIE.

Quand on connaît ainsi la vraie significa

tion de boire et de manger', en tant que

ces actions sont des emblèmes moraux, on

conçoit aussi très-bien la raison du choix de

ces mots coupe etplat, dont JESUS-CHRIST

s'est servi en faisant ce reproche aux Phari

siens : Pharisien aveugle , lave d'abord

l'intérieur de la coupe et du plat, afin

que l'extérieur soit propre aussi. lie plat

représente Vhomme, en tant qu'il est le ré

ceptacle de la bonté de Dieu; et la coupe le

mémehomme, en tant qu'il est le réceptacle

de la vérité. Dans un vase matériel, la pu

reté de Vintérieur n'entraîne point néces

sairement, comme chacun sait, la pureté de

l'extérieur. On voit aussi que ces paroles,

heureux ceux qui ontfaim et soif de la

justice, ne sont point choisies sans raison ,

mais qu'elles sont tout entières dans le gé

nie de la langue, de la nature. On comprend

enfin clairement ce texte si obscur de saint

Jean : Ily en a trois dans le ciel qui ren

dent témoignage , le Père, la Parole, et

l'Esprit; et ces trois ne sont qu'une même

chose : ily en a aussi trois qui rendent

témoignage sur la terre, savoir, /'esprit ,

Page 46: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

" LE VRAI MESSIE. 33

I'eav et le sang , et ces trois se rapportent

à la même chose ; où Veau signifie les véri

tés naturelles qui annoncent Dieu, le sang

les vérités évangéliques qui révèlent le

même Dieu , et l'esprit, l'action invi

sible de CELUI qui seul peut nous faire

goûter une vérité quelconque, même alors

qu'elle nous serait annoncée par quelque

prophète. Ces trois-là se rapportent à la

même chose , parce que et la raison , et l'É

vangile , et les personnes extatiques , par

lant par l'esprit, s'accordent, à témoigner

que le vrai Dieu n'est autre que le CHRIST

manifesté en chair. Nous verrons ailleurs

que Père, c'est Dieu dans son essence, ou

quant à son amour et sa puissance : parole ,

Dieu dans sa forme , ou la vérité, la sa

gesse divine , que l'on a appelée VERBE ou

FDL.S ; et Vesprit. Dieu dans son action

immédiate sut l'âme ou sur l'intime de tous

les êtres spirituels.

Les lumières victorieuses que la connais

sance des emblèmes naturels ou de la langue

universelle jette sur toute la parole de Dieu,

sont telles , que le mystère de la sainte Cène

se révèle lui-même tout entier. Quand on

Page 47: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

3/( £E VRAI MESSIE, '

fait, en effet, tous les rapprochemens que

nous venons de mettre sous les yeux des

lecteurs, et qu'on se rappelle qu'avant de

dire que le pain était son corps , JESUS -

CHRIST avait dit que son corps était du

pain, et qu'avant de dire que le vin était

son sang , il avait dit que le sang était la

vérité, est-il possible qu'on s'y méprenne ?

N'est-il pas plus clair que le jour que, dans

tout cela , il n'a entendu parler que de l'a/M

propriation de Vamour divin et de vérité

divine ? Et ce dogme de la transsubstantia

tion, par lequel on est parvenu à éloigner

les hommes de la pratique la plus sainte et la

plus touchante dela terre etdescieux, n'est-

il pas aussi absurde que si l'on voulait sou

tenir que la parole de Dieu est réellement

dufroment, que JÉSUS-CHRIST est une

vigne véritable , ou que les vérités évan-

géliques sont réellement de Veau et du

sang(l)l

( i) Je conjure ceux de mes frères les catholiques ro

mains qui tiendraient encore à une transmutation de

substances proprement dite, de ne point regarder ici

le mot absurde comme une attaque injurieuse : la

force de la vérité a seule pu me l'arracher. On verra

Page 48: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

LE VRAI MESSIE. 35

II nous serait facile de faire les mêmes re

marques sur nombre d'autres emHèmes na

turels familiers à JÉSUS-CHRIST dans ses

instructions, tels que ceux de pierre, de

que, plus bas, je m'élève également plusieurs fois , et

avec force , non contre la Très-Sainte et Très-Ado

rable Trinité, devant laquelle toute intelligence

créée doit s'anéantir, mais contre une Trinité de trois

personnes réellement distinctes, sans que, dans tout

cela, il y ait aucune intention hostile. Je sais que ces

deux points importans étaient si difficiles à saisir

sans la connaissance de la langue de la nature , que

toutes les erreurs dans lesquelles ils ont fait tomber le

genre humain, sont excusables. Dieu étant triple, on

pouvait facilement le croire trois, et ne l'en aimer pas

moins. JÉSUS-CHRIST, dans les idées de la philo

sophie transcendentale , pouvant être considéré

comme placé entièrement hors du temps et de l'es

pace, même en tant qu'homme , certaines personnes

pouvaient aisément se persuader la possibilité d'une

manducation plus ou moins réelle de la chair du fils

de l'homme , et être , avec cela , des chrétiens très-

fidèles et très-aimans. Le zèle du cœur, au yeux du

SEIGNEUR , efface sans peine les méprises de l'esprit.

Et une preuve que les erreurs susdites , quoique graves

en elles-mêmes, pouvaient être tolérées jusqu'ici , c'est

que la Sagesse éternelle n'a pas jugé convenable de les

corriger plus tôt.

Page 49: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

36 LE VRAI UTESSIE.

sable, de maison , déporte, de berger, de

brebis, d'arbre, de soleil, de lune, d'é

toiles ;.'par où l'on verrait, à n'en pouvoir

douter, que , même dans ses discours les

plus simples en apparence, il parlait néan

moins toujours la langue de la nature. Pierre,

pour en donner encore cet exemple, c'est

Dieu , c'est le rocher éternel et l'éter

nelle vérité; des principes généraux , des

vérités mères, sont des pierres particu

lières détachées de ce rocher; une maison,

un temple, bâtis avec ces pierres, c'est un

système religieux dont toutes les parties

sont parfaitement liées ; élevée sur le roc,

votre maison est éternelle comme Dieu;

élevée sur le sable incohérent des pensées

humaines, le torrent des tribulations la

renverse; une ville entière de maisons as

sises sur le rocher, c'est un ensemble de sys

tèmes réguliers et inébranlables ; bâtie sur

une montagne , une telle ville éclaire toute

une contrée; enfin , construite entièrement

en pierres précieuses, cette même ville

n'est que la réunion générale de toutes les

vérités divines propres" h opérer le salut du

genre humain; en d'autres termes, c'est la

fc_

Page 50: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

LE VRAI MESSIE. 3^

nouvelle Jérusalem descendant du ciel de

la part de Dieu.

Il faut, par conséquent, connaître quel

que chose de la langue de la nature, et en

avoir étudié un peu le génie, pour savoir ce

que les hommes extatiques ont voulu dire;

et faute de cette science, Rome, aussi bien

que les autres sociétés chrétiennes que les

lumières croissantes lui ont successivement

arrachées , ont dû naturellement mal in

terprète^ l'Évangile sur différens points.

Il serait même miraculeux que cela n'eût

point eu lieu. Car, comment ne point.se

fourvoyer , quand on prend grossièrement à

la lettre les mots de père, defils, de man

ger , de boire, de monter, de descendre ,

d'envoyer, dans des discours où il n'est

question que de l'essence divine ? Les véri

tés du salut ont été forcément enveloppées

d'un langage tout humain, par CELUI qui

est sorti des splendeurs éternelles pour visi

ter notre retraite obscure; et il faut savoir

écarter de son langage l'alliage et les scories,

pour avoir purs l'or et l'argent de la doc

trine et de la vérité. Le langage embléma

tique est, comme nous l'avons montré, fondé

Page 51: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

38 LE VRAI MESSIE.

sur la nature même des choses : tout autre

langage eût été absurde dans la bouche de

DIEU RÉDEMPTEUR. Des discours qui ne

se seraient adressés qu'à unefraction d'êtres

dans la création, eussent été indignes de

JÉSUS-CHRIST. La langue de la nature,

ou universelle, a des avantages qu'aucune

langue de convention ne peut réunir : seule

elle peut être rendue aussi riche et aussi

concise que le CRÉATEUR le juge néces

saire dans l'occasion ; seule elle peut se faire

entendre de la société éternelle de l'univer

salité des êtres , où la simple idée d'une

langue par sons articulés paraîtrait une ab

surdité. Même en se servant d'une langue

conventionnelle comme instrument, l'Etre

des. êtres a du encore s'adresser à toute sa

création, en enlaçant dans celte première

langue une autre langue tout-à-fait univer

selle. La création n'est, en effet, pour lui,

qu'une unité; et il doit toujours pouvoir

être compris de tous les êtres, depuis l'ange

le plus élevé jusqu'au plus pervers des dé

mons ; avec cette seule différence que , plus

un être a d'intelligence , mieux il démêle le

sens de ses oracles; tandis que celui qui est

Page 52: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

LE VRAI MESSIE. 3g

indigne de les bien saisir, en voyant ne

voit point , et en entendant ne comprend

point. Cet objet, encore une fois, est indis

pensable dans les relations du CRÉATEUR

avec une société d'êtres dégradés, et les

emblèmes naturels peuvent seuls le rem

plir.

Que si les contemporains de JÉSUS-

CHRIST n'ont pas saisi , de son temps, toute

la richesse de sa doctrine , c'est que cela ne

pouvait ni ne devait être : J'aurais encore

beaucoup de choses à vous dire, mais

vous n'êtes point en état maintenant

de les comprendre, dit le SEIGNEUR aux

apôtres. Que penserait-on aujourd'hui de

JÉSUS-CHRIST, si, pour faire comprendre

de son temps sa divine nature, il eût dit,

par exemple, en supprimant les emblèmes

de Père et de Fils : La cause première est

le moi universel; moi qui vous parle, je suis

ce même moi universel manifestéparticu

lièrement ? — L'univers alors n'était réelle

ment point assez avancé. Il fallut que le

genre, humain se cultivât peu à peu sous

l'influence de l'esprit et de la vertu d'en-

haut; il fallut qu'il apprit à réfléchir pro

Page 53: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

40 LE VRAI MESSIE.

fondement ; il fallut qu'il parvint , avec la

philosophie, à s'élever entièrement au-des

sus des notions de temps et d'espace^ pour

apprécier tous les discours et toutes les dé

marches de son ÉTERNEL BIENFAITEUR.

Mais ces temps heureux sont arrivés à leur

tour. Non-seulement des individus isolés ,

mais la masse entière du genre humain est

prête aujourd'hui à entrer véritablement

dans les vues de l'amour divin. Dix-huit

cents ans sont à peine écoulés, et le plan

éternel de DIEU RÉDEMPTEUR peut se

développer! Une troisième explosion de la

miséricorde infinie, selon l'expression d'un

journal philosophique peut avoir lieu; et,

au moment où l'univers se croira le plus près

du déisme, il sera à la veille de devenir

plus véritablement chrétien qu'il ne l'a ja

mais été.

Nous trouvant ainsi mis sur la voie de la

langue de la nature par les livres inspirés,

nous pouvons maintenant, sans crainte de

nous tromper, citer quelques-uns de ces em

blèmes de la nature que les hommes eux-

mêmes ont conservés dans leur langage ,

sans savoir qu'ils appartiennent réellement

Page 54: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

LE VRAI MESSIE. .( I

à une langue distincte. C'est ainsi que l'ins

tinct général du genre humain a déterminé

depuis longt-temps la signification morale

du soleil aussi bien que celle de sa chaleur

et de sa lumière. Le soleil a toujours été le

principal emblème de la Divinité sur la

terre; sa chaleur, celui de l'amour , et sa

lumière, celui de la vérité : de là, dans des

temps de superstition et de barbarie, l'ado

ration du soleil , et le culte du feu , que

l'on retrouve presque chez tous les peuples.

L'or signifie aussi, presque généralement

chez toutes les nations, ce qui est précieux ;

la pierre, ce qui est solide; la graisse, ce qui

est riche, et cent autres emblèmes qu'il "se

rait trop long de rappeler. Moins , en géné

ral, les peuples avaient de mots convention

nels, plus il leur fallait d'emblèmes naturels;

et quand ils n'avaient point de termes con

ventionnels du tout, ce qui se conçoit faci

lement, du moins pour les termes de mo

rale, alors ils n'avaient absolument que des

emblèmes dans leur langage.

Il n'est qu'un seul de ces emblèmes au

quel nous devions nous arrêter encore un

instant ici, à cause de son importance : c'est

Page 55: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

42 LE VRAI MESSIE.

celui de l'homme que l'on n'a pas toujours

remarqué autant que ceux qui sont hors de

nous, les objets extérieurs nous frappant, en

général, plus que notre propre être. Dans

tous les temps quelques esprits profonds ont

reconnu que l'homme était l'emblème le

plus parfait possible, l'emblème, par consé

quent , naturel et vrai de tout ce que l'on

peut appeler intelligence et vie. Le nom de

microcosme , ou de monde en petit, donné

à l'homme par les anciens sages, suffirait

pour le prouver. La forme humaine est,

en effet , une vraie forme d'amour et de

sagesse , capable , à elle seule, de caractéri

ser toutes les nuances possibles de l'être

moral' pris dans son état complexe. L'être

vivant et intelligent ne saurait avoir une

autre forme que laforme humaine. L'ange

n'est que l'homme esprit ou l'homme sub

stantiel. Et Dieu lui-même, quand on veut

bien y réfléchir, n'est réellement conçu par

l'esprit humain que comme homme divin.

L'homme divin est le seul côté apercep-

tible de Dieu; son essence infinie demeu

rant éternellement cachée dans cet homme

ou dans cette forme, laquelle nous ne con

Page 56: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

LE VRAI MESSIE. 43

cevons pas vide et métapliysique , dans le

sens que l'on donne d'ordinaire à ce mot,

mais pleine et substantielle , puisque Dieu ,

pour paraître comme homme, n'a pas be

soin, à proprement parler, de créer cet

homme^ et qu'il ne fait que le montrer. Ce

qui rend encore l'homme un emblème si in

téressant, c'est le rapport qu'il a ensuite

avec tous les autres êtres vivans que nous

apercevons sur la terre. Après ce roi de la

nature, tous les autres animaux, formes de

vie toujours moins parfaites, inclinant tou

jours davantage la tête vers le sol, ne sont

que les emblèmes des diverses nuances pos

sibles de vie ou d'intelligence dégradée.

Quand l'homme est ce qu'il doit être , il ne

diffère de l'ange que par la pesanteur de sa

matière; quand l'homme se dégrade, il par

court la chaîne de tous les degrés de vie in

férieure, figurée par les animaux : chaque

animal, par ses formes et ses instincts, of

frant une nuance particulière de cette vie.

Tous les rayons du zénith à l'horizon, ou de

la perpendiculaire à la ligne horizontale,

sont ainsi remplis : L'homme et le serpent

forment l'angle droit; le reste des animaux

Page 57: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

44 ï-E VRAI MESSIE.

remplit tout le quart du cercle ; et un autre

genre d'êtres est géométriquement impos

sible. '

Nous ne citerons pas un plus grand nom

bre d'emblèmes naturels, en cet endroit,

pour prouver notre thèse ; le corps de l'ou

vrage les fournira en abondance: car, en

envisageant sous, ce même point de vue

tous les objets de la nature, soit morte, soit

vivante, et les phénomènes sans nombre

qu'elle présente, dans un globe entier comme

dans un atome de ce globe, on voit claire

ment que, conservant toujours un rapport

réel, quoique éloigné, avec quelque nuance

de vie ou d'intelligence, non-seulement ils

peuvent servir à les caractériser, mais qu'ils

les caractérisent dans la réalité. La poussière

elle-même et la boue ont ainsi des significa

tions arrêtées. Elles représentent tout ce

qu'il y a de bas et de vil; le bas, le vil ,

l'abject et le dégoûtant, se retrouvant dans

la morale à côté du grand, du noble et du

relevé. C'est évidemment d'un souvenir

éloigné de toutes ces relations nécessaires

entre le monde moral et le monde phéno

ménal , que vient à l'homme ce goût décidé

Page 58: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

LE VRAI MESSIE. ^5

pour les comparaisons, dont toutes les

autres figures de rhétorique .ne sont, dans

le fait, qu'une variété. C'est de là que vient

à l'homme ce goût irrésistible pour les fables

et les paraboles; moyens sûrs de faire goûter

à la multitude les idées du juste et de l'in

juste, mais par où les peuples ont été portés

trop souvent à se composer des mythologies

absurdes. Le passage de la langue de la na

ture aux langues de convention, s'était fait

par des progrès si insensibles , que personne

n'avait jamais eu l'idée de remonter à la

source : on ne savait pas le chemin que l'on

avait fait; mais la distance paraît frappante

dès que l'on y est rendu attentif. Primitive

ment on n'aura pas nommé les objets , on

les aura montrés; non corporellement, il

est vrai , mais substantiellement et par la

force de la pensée , tels que ces objets exis

tent en Dieu, et tels que nous les apercevons

encore dans les songes, dans lesquels il y a

évidemment plus que de l'imagination (i).

(i) A moins que l'on n'avoue qu'avec cette imagi

nation on puisse former le monde de Berkeley tout

entier, et par conséquent tous les mondes possibles.

Page 59: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

46 LE VRAI MESSIE.

Une communication de pensées et de senti-

mens immédiate est tout aussi concevable ,

et même plus simple -, que toutes celles qui

ne se font que. par des moyens plus ou moins

éloignés : et la richesse d'une pareille com

munication est telle , qu'elle ne souffre au

cune comparaison avec la pauvreté de toutes

les autres. Quand cette faculté primitive de

voir et de faire voir l'objet immédiat de la

pensée et l'emblème naturel des sentimens,

se sera affaiblie, alors seulement les signes

extérieurs seront venus s'y joindre. De là, le

langage des gestes, parlé d'abord plus parti

culièrement par les yeux, la bouche et la

composition particulière du visage, et qui

aura fini par amener les sons conventionnels,

et tous les signes extérieurs, tels que ceux

qui se retrouvent encore chez les sourds et

muets, et enfin ceux qu'offrent les hiéro

glyphes et l'Écriture. A. l'époque où les

deux manières de se parler, celles par em

blèmes naturels et celle par sons articu

lés , se seront mêlées, alors il en sera résulté

le langage que l'on appelle encore aujour

d'hui prophétique ou extatique , dans le

quel les mots conventionnels ne servent

Page 60: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

LE VRAI MESSIE. 47

qu'à rappeler les emblèmes plus significatifs

de la nature.

C'est dans cette dernière langue ^évidem

ment. double, nous le répétons, que nous

avons trouvé écrit le plus grand nombre des

livres que l'antiquité nous a transmis comme

livres inspirés. Pour comprendre la Bible,

il ne suffît pas, par conséquent, de com

prendre X'hébreu, le grec , le latin, ou

tel autre idiome dans lequel elle est tra

duite; mais il faut encore comprendre la

langue de la nature; les auteurs sacrés

n'ayant primitivement emprunté du langage

usité de leur temps, que tout juste les mots

nécessaires pour retracer les images natu

relles qui parlent d'elles-mêmes. De là , pour

le dire en passant, ces bizarreries qui se

rencontrent dans les prophètes, et qui ont

si fort choqué des philosophes superficiels ,

ces images monstrueuses réunissant à la fois

les membres discordans de nombre d'ani

maux divers: car, en parlant de sociétés col-

. lectives, ou de diverses nuances du carac

tère moral du même individu, les prophètes

ont été forcés d'amalgamer les emblèmes

primitifs et d'en former de composites, tels

Page 61: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

48 LE VRAI MESSIE.

qu'on en remarque principalement dans

Ezéchiel , Daniel et saint J.ean. Tout cela

était entièrement dans le génie de la langue

de la nature, et, par suite, dans l'essence

des choses; et se moquer des animaux , des

cornes , des roues couvertes d'yeux , des

prophètes, du cheval blanc de l'Apoca

lypse, et même du déjeûner d'Ezéchiel ,

c'est ressembler un peu à ces ignorans qui

rient en voyant de l'écriture chinoise ou des

hiéroglyphes égyptiens (i).

Telles sont les considérations qui nous

ont engagés à publier l'Essai qu'on va lire.

(i) En parlant de matières religieuses, Voltaire, le

plus souvent, ne raisonnait pas, il plaisantait. Quant

à Dupuis , il ne s'était point assez rendu maître de la

matière qu'il traitait. Une lecture attentive de la sym

bolique .de Kreutzer, ouvrage très-utile au philosophe

qui voudrait entreprendre l'étude de la langue de la

nature , fait voir avec une évidence qui exclut toute

espèce de doute, que les anciennes religions païennes

avec leurs diverses mythologies et cosmogonies , n'é

taient généralement nées que de la langue de la na

ture mal comprise, et que, par conséquent, le com

plément de la religion chrétienne , la seule véritable ,

consistera dans la connaissance de cette même lan

gue retrouvée , et portée à une certaine perfection.

Page 62: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

LE VRAI MESSIE. 49

En étudiant nous-mêmes les saintes Écri

tures avec cette nouvelle clef, nous y avons

vu si clairement les véritables intentions du

CRÉATEUR et RÉDEMPTEUR du genre

humain, que nous nous serions cru coupa

bles , si nous n'avions point fait part de nos

idées -à un mondé si dérouté dans toutes ses

conceptionsreligieuses, que l'on n'y rencon

tre à peine autre chose que de l'athéisme ou

delà susperstition.

Le moment, du reste, n'est point défa

vorable pour engager l'univers à soumettre

à un nouvel examen, à un examen sérieux

et réfléchi, ces événemens immenses qui

sur notre globe ont substitué le> Christia

nisme à l'Idolâtrie. La philosophie du dix-

neuvième siècle n'est réellement plus- celle

du dix-huitième. Depuis les dernières révo

lutions européennes, lesquelles ont été mo

rales autant que physiques, la philosophie

est devenue en grande partie spiritualiste,

de matérialiste qu'elle était. Plusieurs dé

nos penseurs modernes ont enfin reconnu

la vérité de cette prédiction de Platon, que

« ceux qui se livreront aux recherches pro

fondes (de tout ce qui se rattache à la mo

Page 63: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

5o LE VRAI MESSIE.

raie et à la religion) avec un esprit humble ,

et qui fuiront cette maniepeuphilosophique

et peu religieuse , de décider, de trancher

tout, à la première vue des difficultés, trou

veront que souvent ce qui leur paraissait le

plus incroyable , était ce qu'il y avait de

plus certain et de plus évident (i). ,» De

grands noms se rattachent déjà à ces nou

velles et rayonnantes doctrines d'un monde

lumière, d'un monde substance^ enclavé

partout dans le monde matière : doctrines

seules vivifiantes, seules vraies, et qui de

vaient triompher tôt ou tard (2).

Nous ne parlerons point ici de ces phé

nomènes qui sembleraient devoir familiari

ser la médecine elle-même avec ces idées

qui agrandissent l'univers de toute l'étendue

de l'espace. Quelques médecins distingués,

en France aussi bien qu'en Allemagne, s'é-

levant, comme on sait, au-dessus de deux

espèces de préjugés opposés, ont examiné,

(1) Ëpître à Denys.

(2) Il est inutile de dire qu'en tête de ces noms il

faut inscrire celui de M. Royer-Collard et de l'école

qu'il a formée.

.

Page 64: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

LE VRAI MESSIE. 5l

avec quelque attention , cet étatparticulier

de l'organisme produit par les manipula

tions magnétiques, ou l'imposition des

mains, appelé depuis extase provoquée;

et ils ont reconnu la réalité de phénomènes

surprenans, connus évidemment dans l'an

tiquité, et qui montrent que l'homme,

même en restant dans les liens de l'existence

corporelle, peut néanmoins s'élever quel

quefois au-dessus de l'organisme, et fran

chir ainsi plus ou moins le temps et. l'espace.

Les mots de voyant , de prophète et iVins

piré, ont commencé en conséquence à pa

raître moins étranges à ces savans ; les

traces du langage emblématique ou prophé

tique, reparaissant assez souvent dans l'état

d'exaltation produite par le magnétisme.

Quelques philosophes modernes se sont

même convaincus par - là de la réalité de

certaines communications entre les hom

mes, qui , dépouillant leur enveloppe maté

rielle, ont passé dans ce monde lumière,

lequel se joue au milieu de tous les globes,

comme les rayons du soleil se jouent dans

un globe de cristal, et où se parle la langue

emb lématique, et des hommes vivant encore

.- 3.

Page 65: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

5.*? LE VRAI MESSIE.

sur la terre, où jusqu'à présent on ne con

naissait que les langues de convention et par

sons articulés (i). Mais, outre que la méde-

(i) Les preuves de raisonnement que nous avons

données de l'existence primitive d'une langue natu

relle parmi les êtres intelligens, nous paraissaient si

claires et si convaincantes, que nous avions cru inu

tile de surcharger cet avant-propos de citations d'au-

îeurs anciens ayant les mêmes convictions que nous ,

ou rapportant des faits capables de les appuyer. Ici ,

toutefois , où nous touchons à la question délicate du

magnétisme animal, les remarques suivantes pourront

trouver leur place. Le pythagoricien Épicharme parlait

déjà de la manière suivante de ce que j'appelle les

formes substantielles : « L'art de jouer de la flûte,

dit-il , est sans doute quelque chose de séparé de

l'homme qui enjoué. Il en est de même de ce qui est

bien ou de ce qui est bon ; la bonté est nécessairement

une chose séparée de l'homme qui la possède. » A quoi

Alcime ajoute : « L'âme apprend certaines choses,

moyennant les sens, et d'autres sans leur secours,

parce qu'elle considère ces choses en elles-mêmes ; »

ce qui prouve assez clairement que les anciens atta-

, citaient très-souvent l'idée de réalité à ce qui, pour les

modernes , n'a plus été qu'une qualité abstraite. (Voir

Diogène Laè'rce, m, i4, 12.) Philopone assure avoir

vu dans un des livres perdus d'Aristote sur le bien

ou la philosophie , ces propres expressions: « Les idées

ou lesformesdes choses contiennent la matière, comme

i

Page 66: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

LE VRAI MESSIE. 53

cine moderne est encore bien loin d'être

d'accord sur ces divers points; outre qu'il

doit être dangereux de chercher à établir

les nombres contiennent les choses nombrées ; car la

matière étant en soi une chose indéterminée, c'est-à-

dire, sans attributs réels, ce sont les formes seules

qui en font des objets. (De An. page 17, Venise, i535.)

En général, selon Pythagore et ses disciples, les

choses seules étaient des objets en soi, c'est-à-dire des

objets réels et éternels, quoique immatériels ; tandis

que les objets matériels, en tant que matériels, n'é

taient rien en soi. Leurs idées se rapprochaient beau

coup de celles émises parmi nous par Berkeley sur la

non-existence de la matière comme quelque chose en

soi; et quand , par suite, ils disaient le monde éternel,

ils n'entendaient souvent parler que des formes sub

stantielles du même monde , telles que chacun les voit

et palpe encore dans l'état de songe. Sous ce rapport,

les nouveaux phénomènes somnambuliques observés

en Allemagne semblent avoir mis quelques-uns de ses

savans à même de comprendre la philosophie des an

ciens, mieux qu'on ne l'avait jamais comprise. « Timée ,

dit Tiedeman dans sa vie de Pythagore, page 545,

promet à ceux qui observent les règles prescrites , la

vue des dieux ( c'est-à-dire , celle de leurs ancêtres

transformés); il en faut évidemment conclure que les

pithagoriciens avaient trouvé le moyen d'être en un

véritable état d'extase. » (État dans lequel l'homme in

térieur et immortel d'un individu , se réveillant pen-

Page 67: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

54 1E VRAI MESSIE.

ces sortes de communications entre le

monde naturel et l'univers des hommes-es

prits, vu la dégradation de notre être qui ne

nous permet nécessairement d'entrer en

rapport qu'avec d'autres êtres dégradés qui

dant un sommeil passager , peut naturellement s'en

tretenir avec ceux dont les organes matériels dorment

définitivement du sommeil de la mort.

Stillingfleet , qui, comme on sait, avait fait l'é

tude la plus profonde de l'antiquité, était convaincu,

comme nous, que, dans l'origine, le nom d'une chose

signifiait son essence. On peut consulter les Origines

sacrée ; on y verra la confirmation de presque toutes

nos idées. Le père Kircher était persuadé que la pre

mière langue n'avait pu être conventionnelle. Clément

d'Alexandrie dit en propres termes ( Stromates , L. v.)

que les anciens faisaient quelquefois la relation de

leurs actions par une suite de symboles. C'est de l'E

gypte que la Grèce reçut l'usage des symboles , sa my

thologie , ses temples pour la guérison des malades et

la reddition des oracles ; et l'Egypte elle-même n'avait

trouvé toutes ces choses que moyennant ses hommes

extatiques, ses prêtres et ses prêtresses. Il est impos

sible de se refuser à l'évidence des preuves que l'his

toire fournit à cet égard, et que de nouvelles expé

riences sont venues confirmer dans ces derniers temps.

Aristé Proconensis, qui vivait du temps de Cyrus, est

représenté par des historiens contemporains comme

Page 68: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

LE VRAI MESSIE. 55

se trouvent à notre unisson, et que nous ne

serions point en état de bien comprendre,

même alors qu'ils seraient disposés à nous

être utiles; nous regardons les phénomènes

magnétiques comme de bien peu d'usage .

un homme qui pouvait faire sortir son âme de son

corps et l'yfaire rentrera volonté : ce n'était évidem

ment qu'un somnambule. Socrate lui-même, comme

tout le monde sait , entrait de temps en temps dans

l'exaltation magnétique : le démon ou esprit familier

qu'on lui attribue , n'a point d'autre origine. « Ces dé

mons des pythagoriciens , disait Diogène Laërce ( dé

mons, quij comme nous l'avons déjà dit, n'étaient que

les hommes substantiels de leurs ancêtres), influencent

les mortels par des pressentimens et des songes qu'ils

leur donnent; ils leur envoient la santé et la maladie,

et leur révèlent les choses cachées et les événemens fu

turs. » Tout le monde connaît la science cabalistique

des Rabbins, que plus d'une forte tête a défendue dans

les temps passés, et que le progrès des sciences a forcé

quelques savans. modernes à envisager avec un peu

moins de dédain. Enfin , tous les passages des épîtres

de saint Paul , où cet apôtre trace des règles touchant

l'ordre à garder parmi ceux qui parlent des langues

inconnues , ceux qui ont des visio?is, des révélations ,

et ceux qui interprètent les songes, prouvent que

l'imposition des mains , observée par lui, ressemblait

entièrement à nos modernes- expériences sur l'extase

Page 69: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

56 LE VRAI MESSIE.

quand il s'agit de morale et de religion :

quoique, du reste, nous serions bien éloignés

de détou/ner de son entreprise celui qui

voudrait se confirmer dans la croyance à

l'immortalité par les expériences du som

provoquée. Il fallait, alors comme aujourd'hui, éprou

ver les esprits pour savoir s'ils sont de Dieu, et faire

la part à l'exaltation imaginaire ou simulée, à la

fourberie et à la. folie. Et ce que les apôtres, en per

sonne, nous ont appris à cet égard, nous dispense

d'entrer dans le détail de ce qu'en ont dit les SS. Pères

et les premiers écrivains ecclésiastiques , qui , sans en

excepter un seul, admettaient tous des extases, des

guérisons , des possessions, et en parlaient comme de

phénomènes connus de tout le monde, parmi les

païens aussi bien que parmi les chrétiens. Tertullien a

écrit à lui seul sept livres sur l'extase ; et il n'est de-:

venu montaniste que pour s'être laissé tromper par

l'extatique Montan, et ses deux compagnes, prophé-

lesses ou somnambules , comme on voudra les appe

ler. Il faut réellement n'avoir jamais ouvert un auteur

ancien, pour pouvoir se persuader que l'étatparticulier

de l'organisme, appelé crise extatique par le docteur

Bertrand, n'a pas été connu de tout temps; qu'il n'a

pas fait souvent l'objet principal des recherches des

peuples , sous le rapport du culte comme sous celui de

la science thérapeutique, et que la plupart des reli

gions de l'univers , n'ont pas eu pour premier principe

cet étonnant phénomène.

\

Page 70: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

LE VRAI MESSIE. 5^

tiambulisme artificiel, en se rendant témoin

oculaire de la clairvoyance physique ou

morale de certains individus extatiques,

dans lesquels l'état futur de l'homme dégagé

de la pesanteur de la matière, se montre

d'une manière aussi palpable que tous les

autres phénomènes de la nature.

Le chrétien éclairé n'a jamais eu besoin

d'aucune de ces expériences tardives que

les sciences humaines viennent de temps

en temps ajouter à sa foi. Il lui a toujours

suffi de jeter un regard impartial sur l'ac

cord admirable de l'Ancien et du Nouveau

Testament, et sur le système immense et évi

demment au -dessus du pouvoir de toutes

les intelligence créées, qui en résulte, pour

reconnaître le doigt de Dieu. Mais il n'en

est point ainsi de ces chrétiens simplement

de nom^ qui dans la réalité ne savent plus

ce qu'ils croient, et qui enveloppent dans

un égal mépris et les abus religieux et les

principes les plus indispensables de la mo

rale et de la religion , faute de pouvoir dé

mêler la vérité d'avec des prétentions ab

surdes. Il n'en est point ainsi , surtout de

ces nombreux mécréans du jour, qui ont

3..

Page 71: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

53 LE VRAI MESSIE.

souvent de si terribles préjugés à surmon

ter, ne conservant souvent pas la première

idée, la première notion d'une vie immor

telle et dégagée de la pesanteur de la ma

tière. Pour tous ceux-là , la plus simple

planche de passage devient la chose la plus

précieuse ; et l'idée de la langue de la na~

ture , retrouvée dans les livres saints,

nous a surtout paru propre à représenter

cette planche; nous nous en sommes em

paré avec d'autant plus d'empressement que

le nombre de ceux qui doivent y passer est

plus considérable.

Nous avons partagé notre ouvrage en

deux parties : la première traite de la vraie

nature de JÉSUS-CHRIST; la seconde, du

vrai sens de sa doctrine.

Page 72: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

LE VRAI MESSIE. §ÇJ

CLEFS HIÉROGLYPHIQUES.

Avant de commencer notre explication

des principaux passages des Saintes-Écri

tures d'après les principes de la langue éton

nante dont nous venons de signaler l'exis

tence, nous voudrions de tout notre cœur

mettre sous les yeux du lecteur le diction

naire qui nous a guidé. Mais, comme c'est

véritablement ici le cas de dire avec Jean-

Jacques , que notre livre serait aussi gros

que le monde, que nous n'aurions point

épuisé notre sujet , nous nous bornerons à

quelques données absolument générales,

simples clefs^ au moyen desquelles le lecteur

lui-même pourra pénétrer plus avant dans

les domaines immenses de la nature. Tout

notre dictionnaire se réduira, en attendant,

aux mots suivans :

I. DIEU, AMOUR, VÉRITÉ.

II. SOLEIL , CHALEUR, LUMIÈRE.

Page 73: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

6ô LE VRAI MESSIE.

III. HOMME ^ BONTÉ, SCIENCE.

IV. VIVRE, MANGER, BOIRE.

V. RÉGNE ANIMAL, règne végétal,

RÈGNE MINÉRAL.

VI. CRÉATION, PRODUCTION, DESTRUC

TION.

VII. SUBSTANCE, forme, couleur.

VIII. MARCHER, MONTER, DESCENDRE.

IX. MILIEU, DROITE, GAUCHE.

X. POINTS , NOMBRES , ÉLÉMENS.

I. DIEU, amour , vérité. Par-là même

que, dans sa première essence , Dieu est le

Grand-Tout, l'Etre infini; il n'est rien

pour nous, s'il ne concentre les rayons de

sa gloire éternelle sur un point déterminé ;

en d'autres termes,-*'// ne se présente à

l'homme sous l'image et la ressemblance

de l'homme. Même considéré dans la pre

mière grande division de son être, comme

amour, bonté ou puissance , et comme

vérité , ordre ou sagesse, Dieu ne devient

point encore apperceptible ni saisissable

pour nous. Non - seulement, en portant

notre attention sur ce* deux grands attri

butsprimitifs, son être déjà nous échappe;

Page 74: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

LE VRAI MESSIE. # 6l

mais, ces attributs eux-mêmes ne nous

sont connus que par les emblèmes naturels

dont ils sont les abstractions. Comment

connaît-on , en effet, l'amour, si ce n'est par

le cœur? Et comment connaît-on la vérité,

si ce n'est par les objets quinous la révèlent?

De là, nécessité absolue pour toutes les

intelligences créées de n'atteindre Dieu

que moyennant l'emblème d'un homme-

Dieu, ou d'un Dieu-homme. L'homme , par

conséquent, est le véritable hiéroglyphe de

la Divinité: hiéroglyphe in/îni dans ses dé

tails , même à ne considérer l'homme qu'en

tant qu'il est uneforme matérielle, puis

que saforme matérielle n'est elle-même que

l'emblème de son être moral.

II. SOLEIL, chaledr, lumière. Quoi

que la vérité que nous venons d'exposer ne

puisse être méconnue par aucun esprit juste,

pour peu qu'il se rende attentif, les hom

mes, toutefois, n'ont pas cherché généra

lement Dieu dans le type si naturel du beau

idéal de la nature humaine. Guidés, sans

doute, par la conscience secrète dela dégra

dation de leur être , ils ont presque toujours

commencé par chercher Dieu dans un cm

Page 75: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

62 LE VRAI MESSIE.

blême du second ordre; emblème inanimé,

et, sous ce rapport, moins susceptiblede dé

gradation, mais aussi d'une perfection pure

ment physique, nous voulons parler de Vas

tre du jour. Toutes les qualités inconceva

bles que l'on remarque dans l'Etre divin se

trouvent en effet tjpifiées d'une manière

presque aussi inconcevable dansle soleil. Le

soleil, dans le firmament , astre toujours le

méme,astre toujours nouveau^paraîtaussi

unique, éblouissant les regards des mor

tels, infiniparsa lumière, présent à toute

la terre , et principe de vie de toute la na

ture. Ses deux qualités essentielles, qui sont

la chaleur et la lumière, se rapportent éga

lement , la première à Vamour, la seconde

à la vérité. Feu mystérieux , dans sa mar-

ché^covame dans la nature de ses rayons ,

les hommes n'en connaissent clairement

que les bienfaits. Tout dans l'univer* est

comme nourri, comme formé de sa sub

stance, depuis Vherbe la plus tendre jus

qu'au diamant le plus dur. De là des mil

lions d'hiéroglyphes que chacun peut faci

lement retrouver. Tous les phénomènes de

la lumière réfléchie, toutes les couleurs,

Page 76: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

LE VftAI MESSIE. 63

conservent quelque rapport éloigné avec la

morale : depuis le blanc qui représente les

vérités complexes , jusqu'au noir qui rap

pelle les ténèbres de l'ignorance absolue;

depuis le pourpre qui \et\eVéclat dufeuet

de laflamme, jusqu'au violet le plusfaible>

à peine capable de caractériser les /ormes

des objets. Et cet examen étonnant de la

lumière morte, comparée à celle de l'esprit,

se soutient jusque dans les mystères de la

réfraction et des accès de transmission.

De quelque manière que l'on envisage la

lumière , sous quelque point de vue qu'on

la considère, elle répond toujours à quelque

nuance de vérité ; et l'œil de l'homme , qui

est l'emblème de son a/ne, n'est réellement

nourri que de lumière , dans la contempla

tion de la création entière.

III. HOMME, bonté, science. Nousavons

déjà dit un mot de l'homme dans notre In

troduction ; et on trouvera dans le corps de

notre ouvrage une esquisse assez détaillée

sur les hiéroglyphes sans nombre de ses dil*

t'érens organes. Nous dirons donc simple

ment ici que tout ce qui peut se remar

quer chez l'homme dans les parties végéta-*

Page 77: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

64 LE VRAI MESSIE.

tive, instinctive et animale de son être, se

retrouve également dans son être moral,

et n'est de ce dernier que l'hiéroglyphe de

détail. De même que l'homme civil est in

cessamment occupé à acquérir des qualités

personnelles , et à amasser des possessions

capables de le faire rechercher dans le

monde ," de même l'homme immortel ac- -

quiert à tout moment des vertus et des

connaissances célestes qui le rendent digne

• de la société éternelle ; et ces diverses qua

lités métaphysiques sont rendues sensibles

jusque dans leurs dernières nuances, par

les hiéroglyphes infinis des acquisitions

terrestres; hiéroglyphes dont les images

substantielles accompagneront nécessaire

ment l'homme dans son état de transforma

tion; que dis-je? qui l'accompagnent pro

bablement déjà aujourd'hui,quoique àson

insu. L'homme, comme tous les animaux,

peut être envisagé comme un cylindre

creux au travers duquel passent des matières

emblématiques. Tout ce qui entre figure des

appropriations morales ; tout ce qui sort,

des réfections. Autour de celte première

souche,se rangent ensuite tous les divers or-

Page 78: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

I/E VRAI MESSIE. 65

ganes des sens, plus ou moins nombreux,

plus ou moins développés selon les sujets, et

qui, envisagés de la même façon, donnent

une masse d'hiéroglyphes moraux qu'il n'est

point au pouvoir humain de nombrer. Et

on remarquera encore ici cette différence

caractéristique, qu'en tout, la bonté perfec

tionne plutôt que la science, parce que la

bonté se rapporte à Vamour, la science a

la vérité. Considéré comme un appareil de

leviers, ou deforces quelconques, l'homme

offre encore un spectacle admirable. La

main est à elle seule un appareil tout entier;

chaque doigt même en est un. Ces appa

reils sont toujours divisés en trois leviers

distincts, pour les raisons que nous donne

rons en parlant de l'hiéroglyphe des nom

bres. Lepouce, placé à la racine de la main,

est l& force la plus considérable du même

appareil ; et en cela il correspond à l'e-

paule et à la hanche, qui sont placées de

même. Par un acte de volonté, de trois le

viers, l'homme n'en fait quhm. Uneforce

rendue nulle, le devient comme en trois

temps : la main plie d'abord , puis le coude,

puis l'épaule; et l'homme est vaincu. Ainsi

Page 79: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

66 LE VRAI MESSIE.

se distribuent sur hforme humaine comme

sur une échelle de proportion, les points

hiéroglyphiques de toutes les nuances pos

sibles de forces morales. D'après les don

nées que nous avons déjà à cet égard , nous

pourrons peut-être dire un jour, lesnuances

particulières de chaque doigt et de chaque

phalange.

IV. VIVRE, manger, boire. Dieu est la

vie; l'homme vit : en d'autres termes , chez

l'homme la vie est progressive; en Dieu,

non. Tout dans l'homme se fait par progrès

insensibles : le CRÉATEUR lui-même ne .

saurait intervertir cet ordre. Pour cette rai

son , le corps humain croît et décroît éga

lement par des accessions et des pertes qui

ne se remarquent qu'avec le temps. L'a-

mour même et la vérité , qui sont les pro

priétés exclusives de DIEU , ne peuvent

être appliqués à l'homme que par des

nuances imperceptibles. De là cette écono

mie si admirable de la réhabilitation du

genre humain dégradé, opérée dans un

laps de temps proportionné : vérité essen

tielle, qu'il ne faut jamais perdre de vue

un. instant quand on veut juger sainement

Page 80: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

LE VRAI MESSIE. 67

de la marche de DIEU RÉDEMPTEUR. Le

manger, dans l'homme physique, se rap

porte encore une fois à Vamour, et le boire

à la sagesse; et cela , jusque dans leursplus

petits détails. Il en est de la nourriture., en

général , comme du vêtir, lequel rappelle

de même Vamour ou la charité par la

chaleur, et la vérité par les couleurs et les

formes.

V. RÈGNE ANIMAL, règne végétal,

règne minéral. Tous les animaux, par

leurs formes corporelles, comme par leurs

instincts, sont autant d'hiéroglyphes des di

verses dégradations de la nature humaine,

ou des parties détachées de l'ensemble

d'organes de vie appelé homme. Qu'on exa

mine les formes animales géométriquement,

depuis ce même homme qui représente la

perpendiculaire, jusqu'au reptile qui forme

la ligne horizontale , et appliquant par con

séquent à cesformes les règles des sciences

exactes que la Divinité elle-même ne sau

rait changer, on verra que la nature visible.

les renferme toutes; que les combinaisons

des septformesprimitives sont entièrement

épuisées, et que par -là même elles peu

Page 81: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

68 LE VRAI MESSIE.

vent représenter toutes les nuances de mo

ralité possibles. De là la chaîne immense

des' types moraux , offerte par tous les ani

maux , dans leurs manières progressive

ment plus imparfaites de pourvoir à leur

frêle subsistance: types qui paraissent quel

quefois arbitraires, et même bizarres, aux

yeux du philosophe superficiel , mais qui ne

le sont plus pour le philosophe naturaliste,

lequel a étudié les rapports délicats des

formes et des instincts dans leurs détails

sans fin, et qui sait que chaquefbrille a été

disposée avec une raison suprême dans le

ciron comme dans l'éléphant. Quant aux

deux autres règnes, le règne végétal n'est

qu'une dégradation du règne animal par la

suppression des mouvemens volontaires; et

le règne minéral , qu'une -dégradation du

régne végétal , par la suppression de mou-

- vemens sensibles quelconques. Mais les rap

ports éloignés du bien et du vrai s'y trou

vent toujours conservés. L'herbe naissante,

par exemple, est le symbole d'une puissance

productive dans son germe; l'arbre, celui

d'une faculté pourvue de tous les moyens

nécessaires à la production de fruits de

Page 82: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

LE VRAI MESSIE. 69

toute espèce. Il en est de même des miné

raux. Les modes si variés de cristallisa

tion n'ont sans doute point été abandonnés

au hasard , ni choisis sans quelque raison

morale , par la Bonté et la Sagesse su

prêmes. Seulement la chaleur , dans le

règne minéral, est généralement moins

grande que dans le précédent, ainsi que

dans celui-ci elle est moindre que dans le

premier.

VI. CRÉATION, PRODUCTION, DESTRUC

TION. Si pour Dieu créer n'est pas un acte

proprement dit, c'est-à-dire un effort, chez

l'homme, faire le bien, c'est créer avec

Dieu et par Dieu. Et faire le mal, chez

lui, est créer en un sens encore plus réel;

car, dans le mal, l'homme agit seul; Dieu

ne crée point aVec lui. Aucun des emblèmes

parfaits n'a eu besoin d'une création propre

ment dite. Ils se trouvaient tous dans l'Être

infini, dans VEtre absolu qui peut tout

donner, parce qu'il possède tout. Mais quant

aux emblèmes imparfaits , ils ont tous été

créés ; et cela nécessairement, depuis l'em

blème de la hainefraternelle , laquelle s'est

peinte sur le visage du premier méchant >

Page 83: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

70 LE VRAI MESSIE.

jusqu'à celui d'un Dieu cruéifié, qui n'est

qu'un Dieu outragé. Dans l'ordre simultané,

Vinfini est dit créer ou produire le/îni; le

tout est dit créer ou produire la partie.

Tout ce qui produit est créateur ou père ;

tout ce qui est produit estJîls ou vérité. La

substance produit laforme; la forme pro

duit la couleur, etc. La production se rap

porte au é/ett, à l'affirmation , à la réalité,

à l'ordre, à l'harmonie; la destruction , au

roa/, à la négation , à. lafausseté , au e?e-

sordre, à la désharmonie. La nature, dans

sa beauté, est l'emblème de la première ; les

phénomènes terribles , les élémens en co/i-

vulsion, sont l'emblème de la seconde.

L'économie admirable des hommes et des

animaux .se reproduisant entre eux , offre

l'hiéroglyphe de tous les co/yw moraux ,

lesquels ont aussi leur naissance , le temps

de leur croissance et leur dépérissement.

Quand le corps moral est considéré comme

ayant vie, il est représenté par un éVre w-

<»arc£ plus ou moins développé; quand ce

corps n'est qu'un ensemble sans vie, quoi

que régulier, il est figuré par un être mort ,

une statue plus ou moins parfaite, plus ou

Page 84: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

LE VRAI MESSIE. 7 i

moins achevée. Toule harmonie divine est

typifiée par les divers degrés des amours et

des unions légitimes et honnêtes; toule

désharmonie , tout péché, toute erreur,

par ceux des amours et des unions illégi

times et déshonnétes. Et ici , ce rapport se

soutient jusque dans les unions inorgani

ques et les attractions ou répulsions de la

matière. Il était métaphysiquement impos

sible , autrement , que toutes ces nuances

morales devinssent appréciables pour des

intelligences créées.

VIL SUBSTANCE, forme, couleur. Sub

stance est tout ce qui est réel. Le Créateur

est substance au suprême degré. Tout ce

qui se voit et tout ce qui se manie dans la

nature , est emblème de cette substance. En

ce sens, les objets que nous apercevons dans

l'état de songe, sont des substances comme

toutes les autres. Chez l'homme, c'est Ja

chair qui représente lasubstance ou lefond

de son- être ; les formes variées de cette

chair représentent ses qualités. Et la chair

de nouveau, comme substance , se rapporte

à Vamour, lesformes et les couleurs à la

vérité. De plus, toutes les formes géométri

Page 85: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

72 LE VRAI MESSIE.

ques possibles sont autant de types mo

raux; et, considérées dans leurs dévetop-

l>emem primitifs, elles ne peuvent pas être

en plus grand nombre que les nuances pri

mitives des couleurs. Les trois dimensions

savoir, la longueur, la largeur et laprofbn-

deur^ ont par conséquent aussi leurs signi

fications arrêtées; seulement ^profondeur

devrait être nommée la première comme se

rapportant à la substance. Ces dimensions

doivent faire exactement le parallèle du cen

tre^ de la droite et de hgauche^ dont il sera

question tout à l'heure. Nous avons considéré

plus haut les hommes et les animaux comme

des cylindres creux, ou comme des vases ,

qui contiennent les matières emblémati

ques capables de caractériser leur être.

Que le lecteur étende maintenant cette

idée à tout ce qui est creux', il aura d'abord

Vhorizon et la coupole des cieux qui l'en

tourent comme d'immenses courbes figu

rant Véternité ; il aura ensuite leè édifices

faits de main d'homme de toutes lesformes

et de toutes les grandeurs, depuis le temple

hiéroglyphe de la demeure de la Divinité,

ou plutôt de la vérité divine , jusqu'au

Page 86: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

LE VRAI MESSIE. ^3

moindre vase et à la plus petite boite. Et

tous les détails considérés dans leur rapport

avec la forme primitive , avec la forme uni

verselle qui est Vhomme , offriront le type

de quelque nuance morale plus ou moins

éloignée de la source première.

VIII. MARCHER, monter, descendre.

L:'action de marcher est l'emblème général

de la vie et des relations sociales. Dans son

origine, la locomotion chez l'homme est

d'une nature fort simple; mais lui-même la

varie ensuite à volonté : le cheval , Vélé

phantt le char., le vaisseau, le reçoivent

alternativement. Il se fait même des ailes,

et s'élève vers les cieux. De là des hiérogly

phes sans nombraide vie et de relations so

ciales , dont tomes les nuances diverses

peuvent être trouvées et appréciées. L'm-

telligence humaine elle - même , comme

partie abstraite, mettant tous ces appareils

en mouvement, eslfigurée par eux dan3

ses divers dévcloppemens. Et en cela le de

gré d'élévation du sol a aussi sa signification

particulière. Monter est pris en bonne part

et rappelle un rapprochement de la bonté

incréée; de là l'usage des anciens ^adorer

Page 87: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

^4 LE VRAI MESSIE.

sur les montagnes. Descendre est pris dans

le sens opposé. Ces deux emblèmes toute-

lois se renversent complètement , quand il

s'agit du vice de l'orgueil et de la vertu de

Vhumilité, ainsi qu'il peut arriver à tous les

emblèmes en général. D'un autre côté, s'as

seoir^ c'est cesser d'agir, c'est se fixer,

c'est se reposer, et même se reposer sur soi.

Se coucher , c'est se reposer sur Dieu, sur

le ivcher éternel. Les. païens appelaient la

Terre la mère de toute la nature ; le Chré

tien sait que cette mère , c'est CELUI qui

n'abandonnerait pas ses enfans, quand bien

même une nourrice pourrait oublier le

nourrisson qu'elle a porté sous ses en

trailles. De là donc les «hiéroglyphes sans

nombre du sommeil de ld~Auit, du réveil ,

de la succession des jours et des travaux ,

et jusqu'à celui du lit , qui représente lafoi,

et de la couverture , qui représente la

charité.

IX. Le MILIEU, la droite, la gauche. Le

milieu représente en général la perfection,

le centre d'un tout, et, en première ligne

par conséquent, l'ÊTRE DES ÊTRES, placé

entièrement hors du temps et de Vespace.

Page 88: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

LE VRAI MESSIE. ^5

La droite rappelle la bonté, Impuissance;

la gauche , la vérité , la sagesse. II en est

évidemment de cet hiéroglyphe comme de

celui de la substance , de laforme et de la

couleur. Celui des points et des directions,

qui suit, s'y rapporte également et l'expli

quera tout-à-fait, sans qu'il soit besoin de

nous étendre davantage.

X. POINTS, nombres, élémens. En pla

çant -l'homme au zénith, il a derrière lui

Vorient, devant lui l'occident, à sa droite le

nord , à sa gauche le midi. L'orient , dans

cet état de choses, représente pour lui le

Créateur invisible , le Dieu caché, que la

foiseule peut atteindre. L''orient, caractérisé

par la marche du soleil, emblème matériel

de la Divinité, désigne également un ac-

cmissement dans la bonté et la vérité ;

et par-là même Voccident désigne un dé-

cix>issement analogue : tout comme lenord

rappelle une perte dans la charité, et le

midi , un progrès dans la vérité. Ici, sans

doute, l'ordre que nous remarquions tout à

l'heure par rapport au bien et au vrai , se

trouve renversé, puisque l'homme a la bonté

ou Vamour à sa gauche , et la vérité ou la

4-

Page 89: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

76 LE VRAI MESSIE.

sagesse à sa droite. Mais on doit toujours

juger de ces choses, avant tout, par rapport

à ce Dieu , en présence de qui l'homme se

tient. Et dapkis l'homme lui-même, placé

naturellement d'abord par le CRÉATEUR

dans un état d:'accroissement possible , dans

un état par conséquent de liberté morale

pleine et entière, doit faire servir le premier

usage de cette noble faculté à chercher son

CRÉATEUR, et à se tourner librement vers

lui. De là une signification morale de toutes

les directions vers les différens points de

l'immensité, auxquels autant de points

dans le corps humain se rapportent pour les

caractériser. Ces points sont plus réels en

core dans la nature intime de notre être

qu'ils ne le sont dans l'univers physique.

Comme nous l'avons dit, Vâme humaine ne

saurait être considérée sans cet ensemble

d'organes appelé homme; et par-là même

elle ne saurait être conçue sans droite , sans

gauche, ni sans toules les autres directions

qui s'ensuivent. Les points de hauteur nous

sont déjà connus comme rappelant la no

blesse , l'élévation de l'âme; ceux de pro

fondeur, comme rappelant la bassesse et

Page 90: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

LE VRAI MESSIE. «7

Vabjection. Considérées comme enmouve-

ment, la direction en hauteur représente

en outre la vie céleste; la direction opposée,

lavie infernale. Les êtres d'une perfection

supérieure , quand ils apparaissent , sont

vus descendant d'en haut; les êtres dégra

dés arrivent d'era bas, quoique les lieux en

eux-mêmes ne soient rien de déterminé ,

tout comme lesformes n'offrent jamais que

des grandeurs relatives. Tout le côté de la

face de l'homme correspond aussi à la bien

veillance , et tout le côté du dos à Vaver*

sion. Le même instinct fait avancer l'amitié,

et reculer l'horreur et le dégoût. Les di

versesformesproéminentes elles-mêmes du

corps chez les humains, désignent, comme

elles créent , leurs diverses affections.

Les nombres qui se rapportent aux points

ont aussi leurs significations arrêtées. Mai*

il n'y a que des considérations extrêmement

étendues et métaphysiques qui pourraient le

faire comprendre. Nous n'entrerons point

en discussion à cet égard. L'analogie que

cette matière a nécessairement avec tout le

reste, nous tiendra lieu de preuve. L'unité

se rapporte à Dieu; la dualité à Vamour et

Page 91: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

78 LE VRAI MESSIE.

à la vérité. La dualité se rapporte par- là

même aussi à Yhomme , qui , pour cette

raison , a été créé mâle etfemelle; le mari

rappelant plutôt la sagesse, la.femme plu

tôt la bonté. La Trinité , ou le nombre

trois , désigne toujours la perfection d'un

être ou d'un objet, probablement à cause

des trois rapports distincts que l'esprit

humain peut y découvrir. Il sera ample

ment question , dans le corps de notre ou

vrage, des étonnantes propriétés du nombre

sept et du sabath de la nature humaine.

Nous n'ajouterons ici qu'un mot sur les

nombres dix et douze , pour faire comme

toucher au doigt à nos lecteurs que certains

nombres ne sauraient, en aucune façon,

être tout-à-fait arbitraires. La dizaine,

qui est prise du nombre de nos doigts, est

par -là même fondée dans la nature des

Choses ,, puisque le CRÉATEUR n'a pas

choisi ce nombre sans raison. Il en est de

même de la douzaine : Les différentes par

ties du jour et de la nuit, par exemple,

n'auraient jamais pu être divisées dans une

proportion différente. Les quatre points

radicaux qui leur servent de base, et dont

Page 92: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

LE VRAI MESSIE. IJ9

deux sont dans l'horizon , et les deux autres

au zénith et au nadir, amenaient nécessaire

ment douze ou vingt-quatre , nombres qui

ont également une importance propor

tionnée dans les Saintes-Écritures, ainsi que

nous le ferons voir.

Enfin, les quatre élémens, dans tous

leurs immenses détails, n'offrent à l'esprit

réfléchi que des emblèmes moraux en si

grand nombre, qu'aucun philosophe ne sera

en étal de les compter. La terre, commefon-

dement solide , comme base soutenant le

roi de la nature, l'homme aufront élevé',

rappelle toujours Dieu, l'éternel appui

deses créatures. Comme productive de tou

tes sortes defruits agréables au goût et à la

vue^ la terre rappelle incessamment la so

ciété humaine , l'Église de Dieu. Uair

avec ses habitans ailés , Vathmosphère avec

ses innombrables phénomènes, annon

cent partout Vaction invisible d'un Dieu

caché , son immensité , sa bonté inépuisa

ble envers tout ce qui respire , unie à une

majesté aussi imposante que terrible.

Veau, comme élément transparent , fu

gitif, mobile, réfléchissant les images des

Page 93: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

8o I/E VRAI MESSIE.

objets avec l'exactitude du miroir (quand

elle est calme), rappelle, avec tout le cor

tège quiy trouve sa vie, les diverses nuan

ces , les divers degrés de vérités; et cela ,

par opposition à la terre habitable, laquelle

se rapporte plutôt à la bonté et à la sub

stance. Et quant aufeu, il nous ramène au

soleil, dont il émane; et il représente par-

là même la charité et les sciences parmi

des èlccsfaibles images de leur AUTEUR ,

lequel est I'Amour et la Vérité incréés.

Nous pensons que cette esquisse , quel

que comte et quelque imparfaite qu'elle

soit, suffira pour réveiller l'attention de

toutes les classes de lecteurs , et pour leur

prouver d'avance que nos explications des

Livres Saints ne sauraient être arbitraires ,

comme celles qure l'on avait données jus

qu'ici. Entrons en matière.

Page 94: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

tE VRAI MESSIE. 8i

PREMIÈRE PARTIE.

VRAIE NATURE DE JÉSUS-CHRIST.

CHAPITRE PREMIER.

Jésus-Christ d'après l'Ancien Testament.

Le premier passage de nos livres inspirés

qui ait rapport à JÉSUS-CHRIST , c'est ce

lui que Moïse met dans la bouche même

du CREATEUR, au moment où le genre

humain , lassé, pour ainsi dire , de son bon

heur originaire, commence à se séparer de

DIEU , et à croire qu'il peut se passer de lui.

Voici ce passage :

Alors JÉHOVAH-DIEU dit au serpent :

Je mettrai une inimitié entre toi et la

Page 95: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

82 LE VRAI MESSIE.

femme , et entre sa race et la tienne. Elle

te brisera la tête, et tu lui briseras le talon .

(Genèse, III. i5.)

Telles sont, selon Moïse , les paroles pro

phétiques par lesquelles le CRÉATEUR an

nonça lui - même la restauration de l'uni

vers déchu. Examinons-les avec l'attention

qu'elles méritent. Faisant abstraction des

mots conventionnels, voyons quelle doit

être la signification des emblèmes qu'elles

offrent dans la langue de la nature. Dépouil

lons nous, surtout, de tous les préjugés mo

dernes.

Quoique conçue en termes généraux et

énigmatiques, cette prophétie a paru si

claire dans tous les temps, qu'on l'a tou

jours appliquée à un libérateur céleste ;

. avant l'ère chrétienne, à un messie futur ;

après cette ère , à JÉSUS-CHRIST. Et si JE-

SUS^CHRIST n'est point ce libérateur, on

se persuade aisément aujourd'hui que l'an

nonce elle-même d'un envoyé quelconque

était chimérique.

Quand on s'est élevé à l'idée d'une langue

de la -nature, on ne demande plus d?où

vient cette manière de s'exprimer si étrange,

Page 96: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

LE VRAI MESSIE. 83

et qui ne ressemble en rien à notre langage

accoutumé; on ne dit plus : Pourquoi ce

serpent, pourquoi cette inimitié entre lui

et la femme, pourquoi cette tête et ce talon

écrasés? On serait étonné au contraire que

cette prophétie antique ne fût conçue entiè

rement qu'en termes conventionnels et ne

rappelant aucune image de la langue pri

mitive. On ne dit plus surtout avec l'impie :

Pourquoi DIEU n'a-t-il point parlé sans fi

gure, et ne s'est-il pas annoncé clairement

sous le nom et la personne de JÉSUS-

CHRIST? Cette demande serait risible si

elle ne renfermait un blasphème. Pour peu

que l'on ait compris lanature intime du mode

de communiquer les pensées chez les êtres

sortant immédiatement des mains du CREA

TEUR , soit que ces êtres parlent entre eux ,

soit que leur CRÉATEUR lui-même condes

cende à leur adresser la parole, on con

çoit aussitôt que cette prophétie importante,

rapportée par Moïse, n'a dû se faire que

moyennant des emblèmes pris immédiate

ment dans la nature; et que par consé

quent JÉHOVAH n'a ni pu ni dû s'expri

mer autrement qu'il n'a fait.

Page 97: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

84 LE VRAI MESSIE.

DIEU, en manifestant ses volontés d'une

manière emblématique, les ordres de génies

les plus élevés, qu'il s'est associés dans le

gouvernement de l'univers, peuvent lire

dans son langage une infinité de choses qui

échappent aux mortels, et ils sont ainsi mis

en état de diriger les destinées de la terre

selon le plan arrêté par le TRÈS-HAUT,

sans que les hommes eux-mêmes, ou les

génies dégradés, puissent déranger en au

cune façon ce plan, tout en ayant reçu la

même manifestation. C'est là un dernier

avantage de la langue de la nature, que nous

n'avons fait qu'indiquer sommairement dans

notre Introduction. La vie d'un homme,

l'histoire d'un peuple entier peuvent deve

nir ainsi, entre les mains de la Providence ,

un langage muet, un type immense , un em

blème ou hiéroglyphe infini, qui instruit tous

les ordres d'intelligences, et chacun de ces

ordres dans le degré qui lui est propre, de

ce qu'ils doivent savoir. Les familles que

nous appelons patriarchales, et toute la na

tion Israélite, ont offert de semblables types

à la terre et aux cieux; comme tout homme

de bonne foi est obligé de le reconnaître,

Page 98: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

LÉ VRAI MESSIE. 85

dès qu'il consent à s'élever au-dessus des

préjugés de ces écrivains, qui ne se sont mo

qué de l'histoire des Juifs, que parce qu'il ne

leur était pas donné de la bien comprendre.

La voix du CRÉATEUR parlant à l'univers

par l'organe vivant du peuple Juif, avait été,

du reste, si bien entendue, que Vattente

d'un être extraordinaire qui devait pa

raître sur notre globe, annoncé et figuré

en même temps par ce peuple inconcevable,

était devenue générale, même parmi les

payens, quoiqu'alors on n'eût aucune idée

claire du génie de la langue emblémati

que ((). Et aujourd'hui on pourra se con

vaincre par des preuves qui ne le cèdent en

rien à celles des sciences exactes , que tout

ce qui est arrivé aux enfans d'Israël, depuis

(1) D'après une tradition ancienne et constante,

dit Suétone (yie de Vespasien), le bruit s'était répandu

dans tout l'Orient que les destins portaient que des

hommes partis de Judée s'empareraient de tout l'uni

vers. Tacite dit de même : Nombre depersonnes étaient

alors persuadées que les Livres sacrés desprêtres an

nonçaient que /'Orient devaitprévaloir, et que les ton -

quérans partiraient de la Judée ( Histoires , liv. y,

chap. i3.)

Page 99: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

86 LE VRAI MESSIE.

la vocation d'Abraham jusqu'à leur établis

sement définitif dans la terre promise, ne

présente qu'un type détaillé de ce qui de

vait arriver au MESSIE, et à la société qu'il

devait former pour commencer son règne

éternel (i). Abraham était évidemment

l'emblème du CRÉATEUR visitant notre

globe et voulant redevenir le PÈRE de cette

multitude d'en fans qui l'avaient méconnu.

Isaac figurait principalement la catastrophe

sanglante qui devait constater éternellement

l'amour inconcevable du CRÉATEUR , ainsi

que la perversité et la haine plus inconce

vables de ses créatures. Jacob avec ses

douze enfans et leurs douze tribus, annon

çait de même JÉSUS- CHRIST avec ses

apôtres et les diverses églises particulières

qu'ils ont fondées, comme nous avons la

certitude de pouvoir le prouver dans la

(i) Jusqu'à la vocation d'Abraham i l'Histoire sainte

n'est absolument qu'emblématique , et comprend une

durée indéterminée. A dater de cette époque , elle est

en même temps emblématique et historique; ce qui la

met parfaitement d'accord avec l'histoire profane , la

quelle ne reconnaît guère de faits certains au-delà

d'Abraham.

Page 100: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

LE VRAI MESSIE. 87

suite de cet ouvrage, et d'une manière à

élever le lecteur au-dessus de toute espèce

de doute : le tout conformément à la pre

mière prophétie de JEHOVAH déclarant

que le règne du serpent serait détruit. Les

rapprochemens de tous ces événemens,

même à ne les considérer que comme des

points d'histoire, ont de quoi frapper o?é-

tonnement les esprits les plus prévenus ,

quand ils viennent à les examiner dans leurs

détails immenses. L'histoire de Joseph

venduparsesfrères^ et devenant leur sau

veur en Egypte, ne peut être lue qu'avec

une émotion profonde, quand on remarque

toutes les allusions qui y sont faites à JEHO-

VAH-CRÉATEUR devant devenir un jour

JÉSUS-CHRIST-RÉDEMPTEUR.C'est aussi

là le nommé Judas , l'un des douze, qui se

laisse aveugler par le misérable gain de quel

ques pièces d'argent. Et dans le palais des

Pharaons , comme dans le cénacle de Jéru

salem, le JOSEPH que l'on croyait mort, se

présente tout à coup, et dit : Ne craignez

point , c'est moi! Je suis Joseph, votre

frère, que vous avez vendu en Egypte. Le

Fils bien -aimé d'Israël avait également

Page 101: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

88 LE VRAI MESSIE.

trente ans , quand il se présenta devant le

monarque d'Egypte, comme JÉSUS-CHRIST

quand il commença sa carrière évangélique;

et VÉgypte étant l'emblème de la sagesse

humaine, comme la rareté du pain est ce

lui de la disette de la parole de DIEU, les

rapports de ressemblance entre Joseph et

JÉSUS-CHRIST se multiplient à l'infini. La

sortie d'Israël prodigieusement multipliée >

de la terre d'esclavage , le passage de la

Mer Rouge, la loi donnée sur Sinaï, le

séjour dans le désert, les combats livrés

auop nations corrompues, et l'entrée dans

le pays de Canaan ; tout cela indique si

clairement la rédemption opérée depuis

par JÉSUS-CHRIST et l'établissement de

son règne céleste , qu'il faudrait être plus

qu'insensé pour n'y point reconnaître un

plan profondément calculé de la divine

Providence, et vraiment digne de l'ÉTER-

NEL , qui seul pouvait le porter à exécu

tion.

La philosophie a été choquée, il est vrai,

de ces guerres d'extermination livrées par le

peuple choisi aux habitans de la terre de

Canaan ; mais c'était précisément par -là

Page 102: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

LE VRAI MESSIE. 8c)

qu'Israël offrait l'emblème le plus clair de la

destruction de tous les vices représentés

par ces divers peuples, par un autre vice,

celui de la cruauté. A proprement parler,

Dieu ne punit personne , le vice se punit et

se détruit toujours lui-même. Nulle part il

est dit que Dieu ait approuvé la cruauté des

Israélites, plus que tous les vices de leurs

ennemis; et dans cette rencontre Dieu s'est

simplement servi des Israélites comme il au

rait pu faire de tout autre peuple barbare de

ce temps-là, s'il avait pu remplir ses desseins.

Il est facile de trouver ainsi l'Écriture-Sainte

en défaut, quand on commence par mettre

"en avant cette erreur évidente, que les Juifs

étaient un peuple réellement plus chéri de

Dieu que tout autre. Dieu chérit tous ceux

qui font bien, et haït tous ceux qui font mal,

Israélite ou autre, n'importe. Il serait diffi

cile de dire aujourd'hui lequel de tous ces

anciens peuples était le moins barbare ;

peut-être étaient-ce encore les Juifs , quoi

qu'on en ait dit. Quand les deux frères Juda

et Simëon coupèrent les pieds et les mains

au roi Adonibezek, pour l'enchaîner ensuite

Page 103: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

90 LE VRAI MESSIE.

le reste de ses jours, ce roi ne leur reprocha

point leur cruauté : il se contenta de dire

qu'il avaitfait subir lui-mêm.e un traite

ment semblable à soixante rois , et leur

avaitfait manger ses restes sous sa table.

Dieu n'avait rien de commun avec de pa-

reilleshorreurs, quineprouventelles-mèmes

que la nécessité indispensable d'une rédemp

tion ou restauration générale des masses;

mais il avait besoin de caractériser et de re

présenter sous des emblèmes naturels les

malheurs réels, non-seulement de toutes les

nations vicieuses sur la terre , mais surtout

ceux des sociétés dégradées du monde uni

versel , par les égaremens moraux auxquels-

elles se livrent; et pour cela l'histoire des

Juifs, aussi bien que celle de leurs ennemis,

servit admirablement ses desseins.

Les noms mêmes des lieux et des person

nes étaient significatifs dans celte histoire

étonnante : Canaan signifie terrée de pos

session (le ciel, l'immortalité qui nous est

promise); Jérusalem signifie , elle verra la

paix (la paix que JÉSUS-CHRIST a ap

portée); Abram signifie le Père Très

Page 104: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

LE VRAI MESSIE. 0, I

Haut (le Dieu du ciel, le Créateur invisible

et insaisissable); Abraham^i), lepèred'une

multitude (le Dieu-Homme, le Dieu-Ré

dempteur visible et abordable); Joseph veut

dire l'homme surajouté (le Dieu incarné,

offrant en apparence deux personnes dans

la Divinité); Benjamin veut dire fils de la

droite, oufils de la vieillesse (l'un et l'autre

peuvent s'appliquer à JÉSUS-CHRIST), etc.

Ce plan immense, œuvre évidente du ciel,

et préparé de longue main, ne faisait que se

développer. Le caractère des personnages

avait été choisi , et les noms donnés en con

séquence. Les noms des lieux, différentes

circonstances avaient concouru à les rendre

significatifs. Sinaï^ après la loi donnée, si

gnifia la même chose que la loi, et rappe

lait en outre les circonstances imposantes

qui avaient accompagné sa promulgation.

Babel et Sodome représentaient infiniment

mieux, l'une l'orgueil, l'autre la corrup

tion des mœurs, après que ces noms étaient

devenus emblématiques, que n'auraient pu

_(i) Cet H est pris du mot JÉHOVAH , dont la ra

cine est HIH , Être , parce que Abraham devait figu

rer l'essence divine mieux connue des hommes.

Page 105: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

g2 LE VRAI MESSIE.

faire tous les mots conventionnels possibles.

Nous ne pouvons entrer ici dans des détails

qui -rempliraient des volumes ; et nous nous

bornerons à déclarer que les rabbins, aussi

bien que les théologiens, ont étrangement

restreint le nombre des endroits de l'Ancien

Testament, où il est réellement question,

selon eux , du MESSIE. Par l'étude de la

langue de la nature, on acquiert la certitude

qu'il en est question d'un bout à l'autre; que

les moindres détails , les moindres circons

tances où se trouvaient les patriarches et les

prophètes, ont rapport à quelque démarche

ou perfection particulière du MESSIE; que

la vie entière de ces hommes emblématiques

était une prophétie en action; et que l'É

vangile tout entier pourrait être composé

de phrases extraites , mot pour mot, de

VAncien Testament. Quand l'École voudra

une fois laisser de côté ses disputes sans fin

et sans objet, qui ne sont plus, pour la plu

part, que des disputes de mots , et étudier

le génie de la langue de la nature, remon

tant à la signification originaire et radicale

des principaux termes de convention em

ployés par les écrivains extatiques, ils coin

Page 106: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

LE VRAI MESSIE. g3

prendront aussi mieux ce qu'ils ont voulu

dire.

Il est à peu près démontré que dans la

Bible le mot de création lui-même doive

être pris pour création spirituelle ou régé

nération de l'homme. Ce point est plus in

téressant et plus digne des soins de l'ÉTER-

NEL, que des détails sur la production ma

térielle de l'univers; détails inconcevables

pour nous, et de peu d'usage, vu que

l'homme qui à la simple inspection du ciel

et de la terre , n'est pas persuadé qu'ils n'ont

pas pu se faire d'eux-mêmes, ne le sera pas

davantage par le récit de Moïse. Il faut dire

la même chose de nombre d'autres mots

conventionnels, tels que jardin, arbre ,

fleuve, eau^ déluge, soleil, lune, nuée,

arc-en-ciel , et même de ceux d'homme, de

femme, de pere, èejils, defille, d'idolâtrie,

de prostitution , qui , tout en nous rappe

lant des objets connus, peuvent en même

temps avoir des significations emblémati

ques appropriées au monde moral. Jérémie,

en parlant de la perversité de l'homme , se

sert absolument des mêmes expressions que

Moïse emploie en parlant du chaos, qui,

Page 107: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

p4 LE VRAI MESSIE.

selon PÉcole, aurait précédé la création du

globe habitable : « Mon peuple est insensé,

dit Jérémie , ils ne montpoint reconnu; ce

sont desenfans insensés et qui n'ont point

d'entendement ; ils sont habiles à faire le

mal; mais ils ne savent pas faire le' bien.

J'ai regardé la terre , et voici elle est sans

forme et vide ( terra erat inanis et <va-

cua); j'ai regardé les cieux , et ils sont sans

lumières. (FecitDeus luminaria. . .) J'ai re

gardé, et il n'y avait pas d'homme {d!Adam\

et tous les oiseaux des cieux avaient dis

paru. » (Jérémie iv, 22, 23,25.)

C'est donc nécessairement que Dieu

parle par emblèmes quand il manifeste ses

volontés à ses créatures; les esprits purs eux-

mêmes, aussi bien que les hommes extati

ques qui entrent en rapport avec eux, ne

doivent point parler un autre langage : et

toutes ces considérations mises en avant , le

passage de la Genèse que nous avons cité

n'a pas besoin d'un long commentaire. Le

serpent , dans la bouche de JÉHOVAH , ne

peut signifier que le mal moral dans son

dernier degré de perversité. Ce reptile

forme en quelque sorte l'anneau le plus bas

Page 108: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

LE VRAI MESSIE. C>5

de la chaîne des animaux malfaisans. Il se

traîne dans la fange et mord la poussière.

La race de lafemme écrasant la tête du

serpent , est évidemment un de ses descen-

dans , détruisant le mal moral jusque

dans sa racine. Et la morsure du talon de

la femme ne peut signifier qu'une ven

geance exercée sur la partie la moins

élevée de CELUI qui devait naître d'elle.

Le talon du descendant de la femme repré

sente aussi naturellement Yhumanité de

DIEU INCARNÉ, que la terre ou les na

tions représentent Vescabeau de ses pieds.

Lafemme^ enfin , est l'emblème de la bonté

de DIEU, comme Vhomme est celui de sa

sagesse: aussi est-ce, en général, par sa

bonté et son amour que Dieu nous a ramenés,

plutôt que par les nouvelles maximes de mo

rale qu'il nous aurait apprises. Avant JÉSUS-

CHRIST, les hommes connaissaient encore,

jusqu'à certain point, leurs devoirs; mais ils

n'avaient plus le courage de les remplir; ils

manquaient moins de lumières que de bonne

volonté , moins de leçons que d'exemples ; et

c'est là le vide que le CRÉATEUR est venu

remplir lui-même, en entrant en personne

Page 109: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

96 LE VRAI MESSIE.

dans la sphère d'action de tous les êtres, en

établissant par-là d'éternels rapports d'a

mour et de reconnaissance et rendant

ainsi le bonheur du ciel une chose conce

vable.

Celle première annonce de l'apparition

d'un RÉDEMPTEUR est devenue en général

si claire dans toutes ses parties, par la nais

sance, la vie et la mort de JÉSUS-CHRIST,

qu'il est inutile de nous y arrêter plus long

temps; la plus insigne mauvaise foi pourrait

seule y méconnaître le doigt de Dieu. JÉSUS-

CHRIST, naissant d'une vierge, et ressusci

tant des morts peu de jours après sa cruci

fixion, accomplit iaprophétiejusquedansses

moindres détails. 11 n'est question, en effet,

dans les paroles de JÉHOVAH que de la

semence de la femme , expression singu

lière , et qui naturellement enveloppait quel

que mystère; et l'expression, tu lui briseras

le talon, ne désigne pas une destruction en

tière et irrévocable, de sa semence; par où

on pouvait voir que le descendant de la

femme devait survivre. Joseph, dit en con

séquence l'Évangile, n'avait point connu

safemme, quand elle enfanta son premier-

Page 110: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

fcE VRAI MESSIE. gn

né. Et JESUS survécut à son sacrifice,

comme le jeunelsaac survécut au sien, lors

que, gravissant avec Abraham la montagne

de Horeb, chargé du bois du sacrifice, il

offrit le type le plus clair et le plus touchant

du SAUVEUR mourant plus tard sur la

même montagne(i), après y avoir traîné sa

croix , et ravissant ensuite à la mort la proie

dont elle s'était saisie.

La mort de JEHOVAH , en tant que re

vêtu de chair; ou en tant que VERBE in

carné, est elle-même l'emblème nécessaire

de celles de ses infortunées créatures qui

l'ont méconnu, et dans le cœur desquelles

il avait trouvé une véritable tombe; tout

comme sa résurrection est celui de la re

naissance à la vie spirituelle de toutes

celles qui seront assez heureuses pour re

trouver JÉHOVAH dans le CHRIST, ainsi

que nous le verrons plus bas.

Telles sont quelques-unes des réflexions

(i) Quelques interprètes, du moins, prétendent que

c'était la même montagne. Nous ne savons jusqu'à quel

point cette prétention est fondée; mais la chose nous

parait fort naturelle.

5

Page 111: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

98 LE VRAI MESSIE. .

sans nombre que peuvent suggérer le peu

de lignes emblématiques de la Genèse que

nous avons citées, même à ne les considé

rer que par rapport aux destinées de notre

terre. Car la manière dont les anges de Dieu

auront, envisagé ces démarches de JEHO-

VAH-RÉDEMPTEUR , est un autre mys

tère, ou plutôt un autre abîme, dans lequel

il ne nous sera permis de hasarder nos re

gards que lorsque nous serons nous-mêmes

transformés en lumière; quoiqu'il soit proba

ble que généralement le SEIGNEUR n'aura

voulu montrer aux esprits parfaits, du spec

tacle de sa vie et de sa mort sur notre globe,

que ce que ce spectacle pouvait avoir

d'attendrissant , réservant pour des cœurs

plus dénaturés celui de sa passion maté

rielle.

Voyons maintenant dans quels détails sont

entrées les personnes favorisées de visions

extatiques, quand, dans la suite des siècles,

elles ont porté leur attention sur le libéra

teur qui devait naître.

Nous ne nous arrêterons pas. à l'assurance

que Dieu donna à Abraham de l'arrivée du

MESSIE, quand, l'envoyant dans une terre

Page 112: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

LE VRAI MESSIE. go

de pèlerinage, il lui dit que ses descendans

( les vrais croyans) seraient plus nombz'eux

que les étoiles dufwmament ; que dans sa

vieillesse il lui naîtrait unfils , et qu'en

lui toutes les nations de la terre seraient

bénies (Genèse xn. 3). Nous ne nous ar

rêterons pas à l'assurance que Dieu renou

vela à Jacob, quand, dans une vision sur les

confins de la terre de Canaan , il lui dit : Je

suis JEHOVAH, je vous donnerai à

vous et à votre race la terre où vous

dormez : votre postérité sera nombreuse

comme la poussière de la terre, et toutes

les nations seront bénies dans CELUI

qui sortira de vous (Genèse, xxvm. i3,

i4)« Ces passagesne nous apprennent rien

de particulier sur la nature intime du libé

rateur promis. Nous passerons également

sous silence ce passage fameux qui repré

sente JEHOVAH apparaissant à Abraham

sous l'emblème de trois hommes ou anges ,

par où certains écrivains ont voulu prouver

une trinité de trois personnes distinctes en

Dieu , savoir, JEHOVAH, ou le Créateur

et Père de la nature ; JÉSUS- CHRIST, son

fils éternel, né dans le temps; et enfin le.

5.

Page 113: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

IOO LE VRAI MESSIE.

Saint-Esprit , recevant son existence des

deux autres. Les théologiens eux .-mêmes

abandonnent > en général, l'Ancien Testa

ment, quand il s'agit de prouver la trinité

de trois personnes distinctes. JÉHOVAH,

en effet,quoique unique en personne comme

en être, ce qui est la même chose , a très-

bien pu être représenté devant Abraham

par trois anges à la. fois, comme emblème

de sa triple essence relativement à l'homme ;

triplicité ou trinité que la philosophie elle-

même a reconnue d'après Platon. A Sodome,

le même JÉHOVAH ne fut plus représenté

que par deux anges, sans que cela tirât à

conséquence. Du reste, le premier de ces

anges (en admettant qu'Abraham n'appelait

JÉHOVAH que celui-là seul exclusivement

aux autres, pouvait n'être lui-même qu'un

individu distinct de l'ÊTRE DES ÊTRES, et

dans qui JÉHOVAH s'était simplement per

sonnifié, comme cela arrivasouvent.il le fit

ainsi en apparaissant à Ézéchiel : La maison

était remplie de lagloire du SEIGNEUR,

dit ce prophète; alors je l'entendis qui

me parla du dedans de la maison; et

.l'ANGE qui étaitproche de moi me dit : Eils

Page 114: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

LE VRAI MESSIE. 10i

de l'homme , c'est ici le lieu de MON

trône; où l'on voit que le SEIGNEUR et

Vange parlent comme un être identique.

(Ézéch. , xliii. 5, 6, 7). Il se montra

de même à Manoah , père de Samson.

L'ange du SEIGNEUR, est -il dit au livre

des Juges , n'apparut plus à Manoah ni

à sa femme. Alors Manoah dit ' à sa

femme : Nous mourrons très-certainement,

parce que nous avons vu JÉHOVAH.

(Juges, xiii. 2i , 22). Il apparut de la

même manière à Gédéon. L'ange du Sei

gneur, dit l'écrivain sacré, apparut à Qé"-

déonj et lui parla; et au verset i45 il con

tinue :Alors le SEIGNEUR le regardant

lui dit: Allez... c'est MOI qui vous ai en

voyé (Juges, vi. i2). Enfin , au même livre,

chap. II, #. I, se lisent ces paroles: L'ange

de l'ÉTERNEL monta de Guilgal à Bokim ,

et dit : JE vous ai fait entrer au pays que

J'AVAIS JURE de donner à vos pères......

Ce qui prouverait, au besoin, qu'Abraham,

ni aucune autre personne de l'Ancien Testa

ment, n'a jamais vu JÉIIOVAH d'une façon

différente, c'est cette déclaration formelle

faite à Moïse : Nul homme ne me verra

Page 115: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

i02 LE VRAI MESSIE.

sans mourir. Si pour voir JÉHOVAH tel

qu'il est , il ne faut pas être un autre

lui-même^ et cesser par conséquent d'être

homme, du moins faut-il cesser d'être

homme dégradé , comme le sont tous

ceux de notre terre. Le DIEU INCARNÉ ,

l'enfant qui nous est né, lefils qui nous a

été donné , pouvait seul nous faire voir JÉ

HOVAH, autant qu'il est donné à de faibles

mortels de le voir sans être anéantis par sa

présence. Et encore, après sa glorification,

dans le ciel, la même mystérieuse appari

tion , moyennant un être intermédiaire ,

reparaît. Car, dans l'Apocalypse, JÉSUS-

CHRIST se présente souvent tellement per

sonnifié dans un ange distinct de lui, que

saint Jean même y est trompé, et tombe

deux fois à terre pour adorer cet ange, qui

deux fois l'en empêche (Genèse xxm ,

Nous passerons enfin sous silence la fa

meuse bénédiction prophétique donnée à

Juda par Jacob devenu vieux , et entré dans

l'état d'extase immédiatement avant sa mort.

Le sceptre ne sortira pas de Judajusqu'à

ce que vienne CELUI qui doit venir, et

Page 116: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

LÉ VRAI. MESSIE. Io3

qui sera l'attente des nations ( Genèse ,

xux, i0). Cette bénédiction ne prouve

qu'une chose, la certitude que de tout temps

la nation israélite a attendu quelque envoyé

extraordinaire du ciel. Mais ici, comme ail-

leurs, cet envoyé n'est annoncé qu'en ter

mes généraux; et, à l'égard de la nature

intime de son être, il n'y a réellement au

cune lumière directe à tirer du Penta-

teuque.

Il n'y aurait tout au plus qu'une preuve

indirecte que l'on pourrait faire dériver des

livres de Moïse, et qui est commune à tous

les autres endroits de l'Ancien Testament,

ou le CRÉATEUR est appelé JÉHOVÀH.

Nous la donnerons en passant, parce qu'elle

rentre entièrement dans la thèse que nous

nous proposons de défendre, et que, pour

être indirecte, elle n'en est pas moins pé-

remptoire. C'est la racine même du mot

JEHOVAH; et sa signification intime , qui

la fournira? En effet, en prouvant que la

Divinité est une et indivisible dans son es

sence ou son être^ on prouve en même

temps que si la Divinité a dû réellement pa

raître sur là terre, ce n'a pu être que le

Page 117: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

i04 LE VRAI MESSIE.

CRÉATEUR ou l'être JÉHOVAH lui-même

qui a paru. Or, le mot Jéhovah, selon la

force du terme hébraïque, signifie Vêtre in

fini, l'être,parexcellence , tout l'être. Dieu'

est donc aussi une personne infinie; il est

la personne par excellence ; il est toute

personnalité; en d'autres termes, JÉHO

VAH est une seule personne, comme il

est un seul être, tout en étant triple par rap

port à l'homme. Si cette proposition n'est

pas vraie, il faut renoncer à faire usage de

la raison. Maintenant de deux choses l'une,

ou le MESSIE sera la personne même de JÉ

HOVAH , ou il ne sera qu'un pur homme ;

il n'y a point de milieu. Un verra, par la

suite de cet ouvrage , lequel est le vrai.

Passons donc aux temps postérieurs,

quand, l'univers étant assez préparé à sa

venue , les personnes extatiques ont pu par

ler plus clairement du MESSIE promis. Par-

là nous serons mis à même de porter un ju

gement motivé non-seulement sur le mo

ment précis de son arrivée et sur les diverses

circonstances de sa vie et de sa mort , qui ne

permettent pas de le méconnaître, mais en

core sur la véritable nature de sa personne

Page 118: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

LE VRAI MESSIE. ) o5

sacrée, rendue depuis long-temps mécon

naissable par toutes les finesses de nos pré

tendus interprètes de Platon , aussi étran

gers , ce semble , sous ce rapport , aux

opinions des savans, qu'aux déclarations les

plus formelles de nos Livres Saints.

Avant de passer définitivement à Isaïe,

que nous avons choisi pour notre grand in

terprète, disons seulement un mot de Da

vid et de ses psaumes. Ce roi-prophête fut

lui-même un emblème vivant du MESSIE

comme ROI ÉTERNEL. Le rapport entre

David, souverain terrestre^ JÉSUS,souve

rain du royaume qui n'estpas de ce monde,

ne saurait être méconnu par un homme de

bon sens. Il n'y a qu'à rapprocher quelques-

unes des circonstances de la vie du roi

d'Israël de celles du ROI de GLOIRE, pour

s'en convaincre. Il suffit de lire un petit

nombre des psaumes pour voir , à n'en pou

voir douter, qu'il y est question de toute au

tre chose que des événemens du moment du

petit royaume de Judée. En effet, la vue

prophétique de David perçait souvent dans

l'avenir le plus éloigné. Tous ses cantiques

offrent comme un écho des hymnes célestes.>.

5.. .

Page 119: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

Io6 1E VRAI MESSIE.

Ses psaumes ne sont pas seulement des ar-

rarigemens de mots, tels qu'en offrent nos

.vers ordinaires : ce sont des relations de pen

sées, bien plus capables de ravir l'âme. Plu

sieurs de ces psaumes dépeignent JÉSUS-

CHRIST trait.pour trait , et sont compris de

'tout le monde , même sans le secours d'au

cune connaissance de k langue de la nature.

Nous n'en citerons qu'un seul , le vingt et

unième, où évidemment le spectacle du

Calvaire était tout entier sous les yeux du

prophète. Mon Dieu , mon Dieu !pourquoi

m'avez-vous abandonné ?... Je suis un ver

de terre, et non un homme ; je suis l'op

probre des hommes et le rebut du peuple.

Ceux qui me voyaient se moquaient de

moi; ils parlaient de moi avec outrage , et

ils m'insultaient en remuant la tête. Il a

espéré au SEIGNEUR , disaient-ils ; que le

SEIGNEUR le délivre maintenant, qu'il le

sauve, s'il est vraiqu'il l'aime Ils ont

percé mes mains et mes pieds , et ils ont

compté tous mes os. Ils se sont appliqués à

me regarder et à me considérer. Ils ont

partagé entre eux mes habits, et ils o n

jetéle sort surma robe... . Tous lespeuples

Page 120: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

LE VRAI MESSIE. 107

jusqu'aux extrémités de la terre se ressou

viendront du SEIGNEUR, et se converti

ront à lui; toutes les nations se proster

neront devant lui et l'adoreront. Qu'on

lise l'histoire de la Passion dans Saint-Mat

thieu , et que l'on juge si c'est une chose fa

cile de distinguer l'historien du prophète.

Ce même psaume, JÉSUS-CHRIST l'a évi

demment rappelé sur la croix, quand il s'est

écrié : Eloï', eloï, lamma sabactani? c'est-

à-dire, mon Dieu, mon Dieu, pourquoi

m'avez-vous abandonné ? Les bourreaux

ont continué ce psaume en action , et l'hisr

toire du genre humain régénéré le ter

minera.

Et si David, en dépeignant ainsi le MES

SIE dans sa vie et dans sa mort , rend la

méprise" impossible, il ne célèbre pas moins

clairement l'unité absolue de JÉHOVAH en

être et en personne. Il n'est guère qu'un

seul passage des psaumes dont on pourrait

inférer une dualité : c'est celui auquel JÉ

SUS-CHRIST nous a rendus lui-même at

tentifs, quand il a demandé aux Pharisiens

comment il se faisait que David en extase

appelait le CHRIST son SEIGNEUR, en di

Page 121: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

Io8 tÈ VRAI MESSIE.

sant : Le SEIGNEUR a dit à mon SEI

GNEUR : asseyez-vous à ma droite ( Saint-

Matthieu, xxn, 44)? Mais une preuve que

ce passage devait être difficile à comprendre,

et que du temps de JÉSUS-CHRIST les

hommes n'étaient pas encore en état de

s'élever à des conceptions aussi hautes et

aussi métaphysiques que celles de Vunitéde

personne entre le PÈRE et le FILS, c'est

que JÉSUS-CHRIST n'a point expliqué alors

ce texte, et n'a point permis qu'on l'inter

rogeât à cet égard. Aujourd'hui, en s'élevant

avec la philosophie au-dessus des notions de

temps et d'espace, en pénétrant, pour ainsi

dire, dans la nature et l'essence intime de

TÊTRE INFINI, et en examinant cette ques

tion d'après les lumières que donne la con

naissance de la langue de la nature , on

trouve, à n'en pouvoir douter, que, par le

SEIGNEUR adressant la parole , il fallait

entendre JÉHOVAH , en tant que CRÉA

TEUR ou MOI UNIVERSEL ; et par le SEI

GNEUR à qui la parole est adressée , le

même JÉHOVAH en tant que RÉDEMP

TEUR OU MOI DIVIN MANIFESTÉ SUR UN

point. Il y a, en effet, une différence entre

Page 122: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

' LE VRAI MESSIE. i09

les deux mots hébreux qu'on a rendus in

distinctement par celui de Seigneur: le

premier, est Jéhovah , le sçcond Adoni ou

Adonaï, que l'on sait être deux noms dif-

férens du même être adorable , considéré

seulement sous différens points de vue. Et

quafld même on voudrait soutenir que le

mot Aàoni ne se rapportait simplement qu'à

David, on n'en serait pas plus avancé; car

David était lui-même l'emblème personnel

de 5ÉH0VAH , comme devant devenir le

conquérant des siens , et emmener la cap

tivité captive. Pour le dire en passant, Dieu

est généralement désigné dans la Bible sous

quatre dénominations diverses , Elohim ,

Jéhovah , Adonaï et Adonaï-Jéhoïh. La

première dénomination , celle dont Moïse se

sert avant la création ou plutôt avant la ré

génération de Vhomme - Adam , est un

pluriel vague, qui veut dire les Très-hauts ,

les Dieux, pour ainsi dire éloignés , peu

connus. La seconde, donnée à Dieu à la fin

de l'œuvre des six jours, marque l'essence

même de llïTRE DES ÊTRES, Dieu par con

séquent mieux manifesté à l'homme ré

généré, et mieux connu de lui. La troisième

Page 123: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

1 i0 LE VRAI MESSIE.

semble indiquer le CREATEUR se montrant

sous la forme humaine ou angélique, la

quelle, en tant que la Forme la plus parfaite

de la vie et de l'intelligence, est aussi la

sienne. La quatrième enfin nous paraît dési

gner plus spécialement Dieu comme RÉ

DEMPTEUR ou MESSIE FUTUR. C'esPpro-

prement en JÉSUS-CHRIST que l'essence

divine et la forme visible se sont unies dé

finitivement pour donner un ROI ÉTERNEL

à toutes les créatures sensibles, même Sux

plus dégradées et aux plus enfoncées dans la

matière, lesquelles en avaient effectivement

le besoin le plus indispensable. Le nom

'S!Adonaï-Jèlioïh est aussi principalement

donné à Dieu dans les Saintes -Écritures

lorsque l'individu qui s'adresse à lui est dans

l'affliction et implore sa miséricorde. Abra

ham le prononce pour la première fois

quand il représente à Dieu qu'il n'a point

d'enfans, et qu'il est prêt à descendre dans

la tombe sans un héritier dans lequel les

promesses du ciel puissent se réaliser.

Toutes ces remarques, minutieuses en appa

rence, sont plus importantes qu'on ne pense :

aucun iota , aucun trait n'est inutile dans

Page 124: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

LE VRAI MESSIE. I I I

la parole de l'ÉTERNEL. Pour éviter toutes

les méprises à cet égard , nous avons rétabli

le nom trois fois saint de JEHOVAH partout

où nous l'avons trouvé dans le texte original.

Ce nom est, en effet, de toutes les langues;

le CRÉATEUR lui-même se l'est donné : Je

suisr JÉHOVAH, a-t-i.l dit à Moïse ; c'est là

mon nom pour l'éternité. Et on n'aurait ja

mais dû se permettre de le traduire ni de le

changer en aucune langue (i).

Ecoutons maintenant Isaïe. Nous par

courrons ses prophéties avec rapidité. Il est

inutile, aussi bien qu'impossible, que nous

nous arrêtions à chacun de ses passages aussi

long-temps que nous nous sommes arrêté

au texte de Moïse du commencement de la

(i) Si l'occasion ne s'en représente plus, nous con

signerons ici' notre conviction qu'outre la langue en

tièrement universelle par images naturelles , il doit y

avoir aussi une langue naturelle par sons articulés ,

quoique infiniment moins riche que la première. En

effet , à en juger par analogie, les sons de la voix de

l'homme, et les articulations de sa bouche, doivent se

diviser comme les élémens des autres sens, en sept

nuances principales; et en partant de ce principe,

l'organe de la parole peut être réduit à des règles sûres

Page 125: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

ii2 LE VRAI MESSIE.

Genèse. Une ou deux courtes réflexions suf

firont en général. Ce sera au lecteur lui-

même à tirer les conclusions. D'un autre

côté, quand il se rencontrerait un petit

nombre de textes que le lecteur ne trou

verait pas côncluans du tout, il n'y aurait

encore aucun mal; car- il s'en tiendrait alors

aux mille autres que nous avons assurément

présentés avec clarté et précision, et qui

établissent la vraiefoi d'un* maniè-re incon

testable. \

Il arrivera aux derniers jours que la

montagne de la maison de JEHOVAH sera

affermie au sommet des montagnes , et

qu'elle sera élevée par-dessus les coteaux ;

et toutes les nations y aborderont. Et

et géométriques, règles applicables même au cri aies

animaux. La langue à la fois la plus simple et la plus

riche sera la langue naturelle des sons. Certains noms

pourraient, être alors comme des noms naturels ;• cer

tains mots pourraient avoir comme une vertu particu

lière capable de percer, plutôt que d'autres, dans ces

sociétés transformées qui se sont retirées davantage

au sein de la nature humaine primitive ; et la langue

hébraïque pourrait bien être un dialecte d'une langue

originairement aussi parfaite.

Page 126: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

LE VRAI MESSIE. Il3

plusieurs peuples iront et diront : Venez,

et montons à la maison de JÉHOVAH, à

la maison du Dieu de Jacob; et il nous

instruira de ses voies, et nous marcherons

dans ses sentiers^ car la loi sortira de

Sion, et la parole de JÉHOVAH sortira

de Jérusalem. Il exercera le jugement

p/xrmi les nations, et il reprendra plu

sieurs peuples ; ilsforgeront de leurs e'pées

des hoyaux, et de leurs hallebardes des

serpes; une nation ne levera plus l'çpée

contre une autre, et ils ne s'abandonne

ront plus à la guerre. Venez , ô maison de

Jacob ! marchons dans la lumière de JÉ-

nUVAH (ïsaïen^ 2, 3, 4, 5).

Il est impossible de lire le premier cha

pitre d'Isaïe, dont le passage qu'on vient de

lire fait la suite, sans reconnaître dans son

langage quelque chose qui n'est point hu

main. Comparez la manière de s'énoncer

de ce prophète avec- tout-.ee que la littéra

ture orientale peut fournir de plus fort en

images et de plus hardi en conceptions ;

vous ne trouverez nulle part rien d'appro

chant. Toutefois, ce n'est pas l'art du rhé

teur que nous admirons dans#ces sortes de

Page 127: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

Il4 LE VRAI MESSIE.

passages; nous sommes persuadé, au con

traire, qu'il n'y a pas l'ombre de ce qu'on

appelle rhétorique dans tous les écrits d'I-

saïe. Ceuxfqui cherchent à faire ressortir les

beautés du langage 4es différons pro

phètes, font injure à la parole de DIEU.

CELUI qui a parlé par la bouche des pro

phètes, est le même qui a dit : Que votre

langage soit oui, oui, non, non; ce qui

est au-delà vient du mal (Matth-. V. 37).

Isaïç , dans le vrai , est donc aussi simple que

l'Évangile. Cette vérité, assez claire déjà aux

yeux du simple bon sens, devient évidente

pour celui qui connaît la langue de la na

ture. Ce qui rend, en effet , ïsaïe si fort ,

n'est autre chose que la force même de la

vérité; et ce qui le rend si fleuri, ce ne

sont que les images ou emblèmes naturels

moyennant lesquels il parle.

Montagne, dans l'Ecriture-Sainte, a deux

significations : l'une favorable, savoir, éléva

tion vers Dieu, amour de Dieu; l'autre dé

favorable , savoir, Vorgueil humain ; c'est

pour cela qu'il est dit ailleurs, qu'à la venue

du SEIGNEUR toute montagne sera abais

sée et toute vallée sera élevée. La maison

Page 128: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

LE VRAI MESSIE. Il5

de JÉHOVAH, ou. son temple, n'est autre

chose que l'emblème d'une doctrine ou

d'une collection de vérités, formant un sys

tème plus ou moins régulier, plus ou moins

bien lié dans toutes ses parties, et capable

de faire connaître Dieu et de mener à lui.

Ce passage d'Isaïe , en entier, dans la langue

de la nature, veut donc dire tout simple

ment qu'au moment de la décadence de

l'église israélite , la connaissance et l'amour

de JÉHOVAH, au lieu de périr avec elle,

se répandront, au contraire, et s'élèveront

avec une société choisie au-dessus de toutes

les autres sociétés qui croiront aussi con

naître, aimer et adorer Dieu ; au point que

toutes les nations, les idolâtres mêmes, ver

ront la gloire de JÉHOVAH se révélant aux:

.hommes, et se joindront à la foule de ses

vrais adorateurs.

Mais, pour toucher au point principal de

notre examen , il est prédit ici qu'à l'arrivée

du MESSIE il s'établira une paix perpétuelle

par toute la terre. Changer les épées en

hoyaux , les hallebardes en serpes , et re

noncer à toute guerre, signifie la fin des

massacres de nation à nation, aussi bien que

Page 129: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

I l6 LE VRAI MESSIE.

la fin des disputes haineuses et passionnées

de l'esprit humain en fait dé doctrine et de

connaissance de la vérité. Faudrait-il con

clure de tout ce qui s'est vu dans la société

chrétienne depuis dix-huit cents ans, et au

physique et au moral, que JÉSUS-CHRIST

n'était point le MESSIE véritable, vu que,

depuis ce temps, les guerres et le carnage

n'ont fait, en quelque sorte, que s'enflam

mer au lieu de s'éteindre? Non; il y a une

autre manière d'expliquer ce phénomène.

La prédiction d'Isaïe n'était point limitée au

moment précis de la venue du SEIGNEUR.

Le plan de la régénération de l'univers de-1-

vait Seulement commencer à se développer

à cette époque', mais ne devait se déployer

•entièrement qu'avec le temps. Qu'est-ce que

dix-huit cents ans dans les plans de l'ETER--

ISELpourqui mille ans sont comme lejour

d'hier qui est passé, et comme une veille

dans la nuit? Nous avons l'intime convic

tion qu'en levant aujourd'hui le grand ob

stacle de la distinction de trois personnes di

verses en Dieu (erreur pernicieuse, quoique

dans le temps.elle ait sauvé la.foi au MESSIE

d'une extinction entière); la vraie connais

Page 130: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

LE VRAI MESSIE. H^

sance du CRÉATEUR visitant notre globe,

et. établissant des rapports d'amour et de

vérité, aussi élonnans entre la terre et les

cieux ,' que ceux que peuvent réaliser l'an

cienne et la nouvelle alliances, se répandra

définitivement sur les deux hémisphères. ^l

est de toute impossibilité que l'esprit hu

main se résigne à croire que jamais le CRÉA

TEUR, ni dans l'ancien temps, ni dans des

temps plus rapprochas de nous, n'a eu

aucune espèce de rapport avec les mortels ,

lesquels auraient été , durant des milliers

d'années, le jouet d'une vaine promesse,

d'une vaine attente, et resteraient pour tou

jours dans une incertitude plus cruelle mille

fois que ne le serait l'ignorance totale d'un

ÊTRE CRÉATEUR.

L'année que mourut le roi Hosias, je

vis le SEIGNEUR séant sur son trône

haut et élevé , et les pans de ses vêtemens

remplissaient le temple. Les séraphins se

tenaient au-dessus de lui, et chacun d'eux

avait six ailes. : de deux ils couvraient

leurface , de deux ils couvraient leurs

pieds, et de deux ils volaient. Et ils criaient

l'un à l'autre et disaient : Saint, saint,

Page 131: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

I i8 LE VRAI MESSIE.

saint est JÉHOFAH, le Dieu des ar

mées : toute la terre est remplie de sa

gloire. Et les poteaux et le seuil de la porte

furent ébranlés par la voix de celui qui

criait; et la maisonfut remplie defumée.

Alors je dis: Malheur à moi ! c'estfait de

moi? carje suis un homme souillé de lè

vres, et je demeure au milieu d'un peuple

souillé de lèvres, "et mes yeux ont vu

JÉHOVAH, le Dieu hes armées (Isaïe> vi,

i,2,3,4,5).

Ce passage , aussi bien que tout le cha

pitre m qui le précède, est rempli de mots

emblématiques. Il n'y a qu'une étude lon

gue et approfondie qui pourra les faire com

prendre tous dans leurs détails. Sur plu

sieurs, nous n'avons encore que des conjec

tures. Celui du trône est le plus connu; il

signifie puissance, autorité. Les pans des

vêtemens de JÉHOVAH remplissant le

temple, offrent un emblème plus difficile à

saisir. En se rappelant, toutefois, que les'4>&-

temens de JÉSUS-CHRIST devinrent lumi

neux sur le Thabor , lors de sa transfigura

tion devant les apôtres, et en rapprochant

de cette circonstance les autres textes de

Page 132: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

LE VRAI MESSIE. I I g

l'Écriture qui représentent Dieu comme re

vêtu de lumière, on en doit conclure que

les vêtemens sous lesquels JÉHOVAH s'est

montré quelquefois, figuraient l'éternelle

vérité , en tant que connue des hommes

auxquels il se montrait : ici Vabondance des

vérités divines maniféstéesà l'église juive; car

il est dit que les pans de ses vétemens rem

plissaient le temple.

La porte du Temple est l'introduction à

la vraie doctrine. Les ailes des séraphins si

gnifient, en général, leur agilité, leur fa

culté d'élever leurspenséesjusqu'à FETRE

DES ETRES. Mais quant à la raison pour la

quelle ces. séraphins avaient six ailes, quant

à la raison pour laquelle» les poteaux de la

porte furent ébranlés , nous n'avons pas

même osé^ jusqu'ici, former.aucune conjec

ture à cet égard, quoique nous soyons cer

tains que toutes les dimensions géométriques,

soit en hauteur, en largeur, en longueur ou

en profondeur, doivpnt avoir une significa

tion morale déterminée (i). Contentons-

(1) Les tonnes primitives des corps doivent se ré

duire à des élémens très-simples. Les nuances primi

tives des couleurs se trouvent classées dans l'iris :

Page 133: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

120 LE- VRAI MESSIE.

nous donc de faire , en cet endroit, une re

marque plus précise. Isaïe prétend , dans

cette vision , avoir vu JEHOVAH de sespro

pres yeux , sans l'intermédiaire par Consé

quent d'aucun ange, comme l'avaient vu

d'autres prophètes ou hommes extatiques.

Comment donc l'aura-t-il vu ? Saint Jean

nous l'explique. D'aprèslui, c'était l'emblème

du MESSmftttur, sous .lequel JÉHOVAH

parut dans cette circonstance; Isaïe , dit

elles sont an nombre de sept. Les mêmes proportions

se retrouvent dans les tons et les sons , peut-être dans

les saveurs, et en général dans tous les sens de l'homme.

Le nombre des sens lui-même pourrait facilement être

porté à sept, en admettant ce qu'on pourrait appeler

des demi-sens , tels que «elui du cœur et celui de la re

production. Dites la même chose du règne minéral. Il

est probable qu'il n'existe que sept métaux primitifs,

auxquels l'extatique Bœhm attribuait la formation de

tout l'univers. Rien donc n'est plus naturel que la sup

position que les formes variées des corps, dans les

trois règnes , puissent devenir significatives de cer

taines nuances morales ; et une étude approfondie de

la langue de la nature changera probablement nos con

jectures en certitude. Le septième jour de la création ,

ou régénération de l'homme, et le sabbat ou jour

saint , ne doivent point avoir d'autre origine. Nous

reviendrons encore sur cette matière.

Page 134: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

LE VRAI MESSIE. i2i

l'apôtre, rapporte ces choses lorsqu'il a

vu la gloire de JÉSUS-CHRIST et qu'il a

écrit de lui ( Jean xn, 4 i). ^ y a donc iden

tité parfaite de personne entre l'ETRE qui

se montra avec tant de gloire au prophète,

et CELUI avec qui l'apôtre eut le bonheur

de vivre en une sorte de familiarité sur la

terre: seulement, l'un a vu la forme angé-

lique et emblématique de CELUI qui devait

s'incarner plus tard; et l'autre a vu cette

même forme poussée , pour ainsi dire, jus

que dans le degré de l'existence matérielle,

sous laquelle l'ESSENCE DIVINE était voi

lée.

Et JÉHOVAH continua de parler avec

Achaz , en disant : Demande un signe

pour toi de JÉHOVAH, ton Dieu, soit en

haut dans le ciel, soit en bas sur la terre.

Et Achaz dit : Je n'en demanderai pas, et

je ne tenteraipas JÉHOVAH. Alors Isaïe

décria : Ecoutez maintenant , 6 maison

de David! Ce vous semble-t-ilpeu de chose

defatiguerles hommes ? Voulez-vous aussi

fatiguer Dieu ? C'est pourquoi le SEI

GNEUR lui-même vous donnera un signe.

Voici: une vierge sera enceinte, et elle

Page 135: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

122 LE VRAI MESSIE.

ENFANTERA UN FILS , ET ELLE APPELLERA SON"

nom EMMANUEL; il mangera du beurre

ET DU MIEL, JUSQU'A CE Qu'lL SACHE REJETER

LE MAL ET CHOISIR LE BIEN. Mais , avant

que l'enfant sache rejeter le mal et choi

sir le bien , la terre que tu as en détesta-

tion , sera abandonnée par ses deux rois

(Isaïe, vu, i0, ii , i2, i3, i4, i5, i6).

A la première vue de ce passage dans

Isaïe, un lecteur ordinaire peut croire qu'il

n'y est question tout simplement que de la

ligue des rois d'Israël et de Syrie contre Jéru

salem , et de la délivrance de cette ville , sol

licitée par Achaz. Mais quand en examine

tout le chapitre de plus prés, et qu'on se

rend raison des détails ; quand on se rappelle

surtout que l'histoire entière des descendans

d'Abraham était un type ou hiéroglyphe

immense annonçant l'apparition de JÉHO-

VAH comme RÉDEMPTEUR de tous les

peuples, histoire où, comme nous l'avons

vu, les noms des lieux et des personnes, et la

vie même et toutes les démarches de celles-

ci étaient emblématiques; alors on finit par

V découvrir, avec une égale clarté, l'an

nonce positive de ce grand LIBÉRATEUR.

Page 136: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

LE VRAI MESSIE. I a3

En effet , JEHOVAH , apparaissant sur la

terre sous le nom et la personne de JÉSUS-

CHRIST, né de la vierge nommée Marie ,

laquelle avait étéfiancée à Joseph , à la

suite d'une conception opérée immédiate

ment par la vertu créatrice, explique seul

ce prodige, qui devait être le plus étonnant

que l'on put trouver au ciel et sur la terre.

- S'il ne s'était agi là que d'une jeune fille qui

dût se marier , qui dût avoir des enfans

comme toute autre femme, que l'un de ses

enfans dût être appelé Emmanuel^ qu'enfin

cet enfant dût manger réellement du beurre

et du miel, ce n'eût point été là un miracle

que l'on dût chercher bien loin. Que l'on se

dépouille donc de tout préjugé , et surtout

que l'on se familiarise avec la langue des pro

phètes, en étudiant l'ensemble de leurs dis

cours; on verra encore clairement, sous

l'emblème cité, qu'il y est toujours question

du plan immense conçu parJEHOVAH pour

se faire reconnaître de ses créatures déchues;

plan, nous le répétons, suivi avec une exac

titude si divine, depuis l'époque la plus recu

lée des annales humaines jusqu'à nos jours,

Page 137: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

124 LE VRAI MESSIE.

qu'un être d'une sagesse infinie pouvait seul

l'exécuter, et qui prouve par conséquent

que JÉHOVAH est seul le MAITRE ÉTER

NEL des anges et des hommes, quoiqu'il pa

raisse au milieu d'eux sous une forme ana

logue à la leur, et qu'il ait semblé à plusieurs

n'être que l'un d'entre eux.

EMMANUEL , dans la langue hébraïque ,

signifie Dieu avec nous. Dans la langue de

la nature, le beurre doit signifier la richesse

de l'amour de Dieu; le roze/, la douceur de sa

loi. Quant aux divers rois qui sont ici repré

sentés comme se faisant la guerre, l'un, ce

lui de Jérusalem , doit représenter une

doctrine vraie; les autres , les erreurs con

traires.

Rendez gloire à la sainteté de JÉHO

VAH , le Dieu des armées ; qu'il soit lui-

même votre crainte et votre terreur, et il

deviendra votre SANCTUAIRE. 72 sera

une pierre d'achoppement , une pierre de

scandale pour les deuoc maisons d'Israël ,

un piège et un sujet de ruine à ceux qui

habitent dans Jérusalem. Plusieurs d'en

tre eux se heurteront contre cette pierre ;

Page 138: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

LE. VRAI MESSIE. i25

ils tomberont et se briseront; ils s'engage

ront dans le filet , et ils y seront pris

(Isaie, vin, ï3, i4, i5, i6).

JÉSUS-CHRIST ne saurait être méconnu

dans ce passage, non - seulement comme

MESSIE, tel qu'on l'entend communément,

mais comme JEHOVAH en personne. D'a

près le prophète, ce n'était point un envoyé

de JEHOVAH, ni un fils de JEHOVAH

distinct de lui quant à la personnalité, mais

JEHOVAH le Dieu des armées lui-même ,

qui devait être la crainte d'Israël, qui devait

devenir son sanctuaire et une pierre d'a

choppement pour ses deux maisons. Aussi

l'apôtre ne s'y méprend -il pas : La pierre ,

dit-il aux Juifs, que les architectes ont re

jetée , et qui néanmoins est devenue la

pierre de l'angle, leurest unepierre contre

laquelle ils se heurtent , et une pierre oui

lesfait tomber (I. de Saint-Pierre, n, 7, 8).

L'expression de sanctuaire , employée

par le prophète, est remarquable en ce que

JÉSUS-CHRIST s'est lui-même dit plus tard

le sanctuaire ou temple d'Israël : Détruisez

ce temple; dans troisjours je le rebâtirai

(Jean, 11, 9).

Page 139: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

I2Ô 1E VRAI MESSIE.

Temple , comme nous l'avons déjà remar

que, signifie un ensemble de vérités rela

tives à la connaissance de Dieu et à son

culte. Le temple et la maisondu SEIGNEUR

signifient aussi souvent le ciel et le bonheur

que Vony goûte. Pierre signifie générale

ment Dieu ,foi enDieu, ou vérité divine ,

par toutes les Saintes-Écritures.

Un PETIT ENFANT nous est né, et un

ELLS nous a été donné; il portera sur son

épaule la marque de sa principauté; il

sera appelé ADMIRABLE , CONCILIA

TEUR, DIEU, HÉROS, PÈRE DU SIÈCLE

FUTUR, PRINCE DE LA PAIX. Son em

pire s'étendra de plus en plus , et la paix

qu'il établira n'aura point de fin. //

s'asseoira surle trône de David, et il pos

sédera son royaume pour Vaffermir et le

fortifier dans l'équité et dans la justice

depuis ce temps jusqu'à jamais. Le zèle de

JÉHOVAH-ZEBAOTH/ëm ce que je dis

(Isaïe,ix, 6, 7).

En prenant , comme l'on doit , tous les

mots figurés du prophète pour autant d'em

blèmes naturels et pleins de vérité , plutôt

que pour des expressions emphatiques con

Page 140: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

LE VRAI MESSIE. I27

formes à ce qu'on appelle le génie oriental ,

on trouve dans ce passage une prophétie

aussi claire qu'incontestable de l'apparition

de JÉHOVAH sur notre terre, visitant ses

enfans pour les sauver, et ne se faisant con

naître que par degrés , afin de ne point ef

frayer l'esprit humain par la vue subite de

l'AMOUR INFINI. Le CRÉATEUR s'est vé

ritablement montré parmi nous comme un

de ces bons princes qui se font un plaisir de

cacher leur dignité royale sous un habit

commun pour visiter une chaumière pen

dant la nuit, et ne faire deviner leur passage

que par leur munificence. Et qu'on ne dise

pas que cette comparaison est un blasphème :

le SEIGNEUR lui-même nous accoutume à

un pareil langage dans les Saintes-Écritures.

Il se plaît dans le simple titre de David et de

roi d'Israël , c'est-à-dire, roi de tous ceux

qui veulent bien être de ses sujets; et les

hommes qui ont un cœur comprennent

tout ce que renferment de pareils titres.

Dans le passage que nous venons de citer ,

Dieu s'annonce même sous la dénomination

d'un petit enfant , tfun fils ; noms qui ne

respirent et ne rappellent que la douceur >

Page 141: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

i28 LE VRAI MESSIE.

Vinnocence , la confiance et Vamour. L'em

blème du petit enfant est un emblème trop

cher et trop connu, pour exiger une expli

cation. Les anges les plus parfaits sont ces

enfans célestes qui voient toujours laface

du PÈRE. Vdivfils, Isaie n'entend pas en cet

endroit unfils éternel de Dieu : il n'entend

pas même Vhumanité de JÉSUS- CHRIST ,

qui devait avoir un vrai rapport de filiation

avec JÉHOVAH revêtissant notre chair, et

se faisant pauvre pour nous enrichir : Isaïe

ne parle réellement que dufils de l'homme^

c'est-à-dire , du Dieu humilié et anéanti

par amour pour l'homme. C'est aussi là le

titre que JÉSUS-CHRIST s'est donné le plus

ordinairement lui-même pendant sa vie mor

telle. Pendant les démarches de son amour

sur notre terre, il était éminemment le fils

de l'homme. Ce petit enfant , cefils devait

être, en outre , lui-même le PÈRE du siècle

futur; et si JÉSUS-CHRIST est le PÈRE en

personne, il ne peut donc être FILS qu'au

figuré. Le même être ineffable, la même

personne divine sera PÈRE en tant que

CRÉATEUR, et FILS en tant que RÉ

DEMPTEUR.

Page 142: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

LE VRAI MESSiE\ f2Q

Uépaule^ dans la langue de la nature , si

gnifie laforce ou la puissance. La marque

de la royauté du petit enfant devait être la

croix! Par le zèle de JÉHOVAH , il faut en

tendre son amour. Le reste du chapitre ix

est rempli d'expressions emblématiques ,

ainsi que tout le chapitre x. Le lecteur

pourra facilement en deviner la signification

naturelle, quand il saura qu'il n'est ques

tion d'un bout à l'autre, dans ces deux cha

pitres, que de la décadence et de la perver

sion entière de l'Eglise israélite , et de la

restauration dela société des enfans de Dieu

par l'apparition du SEIGNEUR.

Il sortira un rejeton de la tige de Jessé

et unefleur naîtra de sa racine. Et Ves-

prit de JEHOVAH se reposera sur lui:

l'espatde sagesse et d'intelligence , Vesprit

de Conseil et deforce , l'esprit de science et

de piété; et il sera rempli de Vesprit de la

crainte de JEHOVAH. Il ne jugera point

sur le rapport des yeux , et Une condam

nera point sur un ouï-dire ; mais iljugera

les pauvres dans lajustice, et il se décla

rera le vengeur des humbles qu'on op

prime. Ilfrappera la terre de la verge de

6..

Page 143: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

l3o LE VRAI MESSIE.

sa bouche , et il tuera l'impie par le souffle

de ses lèvres. Lajustice sera la ceinture

de ses reins , et la fidélité la ceinture de

ses flancs. Le loup demeurera alors avec

l'agneau , et le léopard gîtera avec le che

vreau. Le veau , le lionceau et le bétail

qu'on engraisse seront confondus ensem

ble , et un petit enfant les conduira. La

jeune vache paîtra avec l'ours , leurs pe

tits gîteront ensemble , et le lion mangera

dufourrage comme le bœuf. L'enfant qui

tette s'ébattra sur le trdu de l'aspic , et

l'enfant qu'on sevré mettra sa main dans

la caverne du basilic. Aucun ne nuira ni

nefera aucun dommage'surma montagne

sainte , parce que la terre aura été rem

plie de la connaissance de JEHOVAH ,

comme le bassin de la mer est rempli des

eaux qui le couvrent. En ce jour-là , le

rejeton de Jessé sera exposé comme on

étendard devant tous les peuples ; les na

tions viendront lui offrir leurs prières, et

son sépulcre sera glorieux. Alors le SEI

GNEUR étendra sa main plus loin, pour

acquérir le résidu de son peuple qui sera

demeuré de reste en Assyrie , en Egypte ,

Page 144: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

LE VRAI MESSIE". ï3<

à Patras , à Cus , à Hélam , à Sinhar, à

Hamath et dans les îles de la mer : il

élevera son étendard parmi les nations ,

et assemblera les Israélites qui auront été

chassés , et recueillera des quatre coins

de la terre ceux de Juda qui auront été

dispersés (fsaïe, xi, de i à i3).

Il faudrait être bien aveugle et bien préoc

cupé, pour prétendre que de pareilles prédic

tions n'avaient de rapport qu'au petit gouver

nement temporel des Juifs. Ce peuple et son

gouvernement ne sont donc icique l'emblème

d'un peuple et d'un gouvernement plus inté-

ressans. Le royaume dont parle le prophète

est un royaume spirituel dont le roi est éter

nel , le royaume, par conséquent, de JÉ-

HOVAH et de ses immortels enfans. Mais

examinons quelques emblèmes de détail.

Rejeton et /leur sont compris aisément :

nous remarquerons simplement que ces deux

emblèmes, trop insignifians pour caractériser

une personne réelle , éternelle et distincte,

dans l'essence de JEHOVAH, semblent avoir

été choisis exprés pour écarter cette idée. Ils

indiquent que Dieu , se revètissant de chair;

ne déploiera sa divinité que peu à peu, et qu'it

Page 145: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

l32 LE VRAI MESSIE.

croîtra insensiblement en sagesse, en âge

et en grâce devant Dieu et les hommes 7

jusqu'à ce qu'il atteigne la plénitude de la

divinité, et que JEHOVAH apparaisse en

lui corporellement. Li'aspic et le basilic ,

espèces particulières de serpens, ne sont que

des nuances de l'emblème du serpent en

général ; et ils offrent une preuve incontes

table que tous les autres animaux qui sont

nommés ici, ne représentent également

qu'autant de nuances variées du caractère

moral de l'homme dégradé , quoiqu'il soit

difficile d'assigner aujourd'hui tous les degrés

particuliers de perversité que le prophète

avait en vue. Les emblèmes du loup et de

Vagneau sont les seuls qui nous soient res

tés familiers depuis l'introduction des mots

de convention dans la morale; et encore

n'en connaissons-nous pas toute l'étendue.

hafoin dont le prophète dit que le lion fera

sa nourriture comme le bœuf, doit repré

senter un moyen d'acquisition de certaines

qualités morales , de la connaissance par

conséquent et de l'amour de la vérité et de la

vertu. Quant à l'ensemble du passage, il est

hors de toute espèce de doute qu'il annonce

Page 146: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

LE VRAI MESSIE. i 33

la paix entière et parfaite, le bonheur inal

térable et éternel qui devait s'établir dans la

société de ceux qui s'attacheraient à JÉHO-

WU.Uétendard que le SEIGNEUR devait

élever d'abord parmi les peuples , puis

parmi les nations idolâtres, est évidemment

la croix de JÉSUS-CHRIST : Quand vous

aurez élevé le Fils de l'homme (le rejeton

de Jessé, lefils de David), alors toutes les

nations s'assembleront autour de lui, dit

le SAUVEUR. C'est de la tombe de JÉSUS-

CHRISTqu'est sortie cette gloire qui lui a at

tiré des adorateurs.

Il est inutile de remarquer que ce sont ces

sept différens esprits qui selon le prophète

devaient remplir le RÉDEMPTEUR, qui ont

donné lieu à ce que l'on a appelé, depuis, les

sept dons du Saint-Esprit. Saint Jean a vu

la même chose figurée par sept lumières

brillant devant le trône de Dieu, qu'on lui dit

être les sept esprits de Dieu. Et on voit

combien on a eu tort de faire de l'esprit de

Dieu une personne distincte dans l'essence

divine : erreur pour laquelle l'Écriture n'offre

aucun prétexte, et bien plus impardonnable

encore que celle qui distingue dans JÉHO

Page 147: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

l34 LE VRAI MESSIE.

VAH la personne particulière d'un FILS.

Nous verrons dans le chapitre suivant que le

vent (en latin spiritus, esprit) est l'emblème

naturel de l'action du Dieu cachér en tant

qu'elle est invisible comme le vent; de même

que les oiseaux, et en particulier la colombe,

sont à leur tour les emblèmes du vent et de

l'atmosphère terrestre inapperceptibles à

nos yeux par eux-mêmes, et nécessairement

représentéspardesemblèmesapperceptibles.

Saint Paul appelle tous les esprits dégradés,

ou les hommes transformés et devenus invi

sibles à l'œil de chair , les puissances de

l'air.

La malédiction de Babel, qu'Isaïe,

fils d'Amoz, a vue. Élevez l'enseigne sur

la haute montagne; élevez la voix vers

eux; remuez la main, et qu'on entre dans

les portes des orgueilleux. C'est moi qui

ai donné charge à ceux qui me sont dé

voués, et j'ai appelé mes hommes Jbrts

pour exécuter mes rigueurs : ils se réjouis

sent à cause de ma grandeur. Il y a sur

les montagnes un bruit d'une multitude ,

tel qu'est celui d'un grand peuple , la bruit

du son éclatant des royaumes et des na

Page 148: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

LE VRAI MESSIE. i 35

tions assemblées. JÉHOVAH , le Dieu des

années,fait sa revue pour le combat. JÉ

HOVAH et les instrumens de son indigna

tion viennent d'un pays éloigné, du bout

des cieux, pour détruire la terre.... La

journée de JÉHOVAH est venue : elle n'est

quefureur et ardeur et colere , pour ré

duire le pays en désolation , et il en exter

minera les pécheurs. Même les étoiles des

deux et leurs astres neferont point luire

leurs clartés ; le soleil s'obscurcira quand

il se levera , et la lune ne fera point res

plendir sa lueur. Je punirai le monde ha

bitable à cause de sa malice , et les mé-

chans à cause de leur iniquité. Jeferai

cesser l'arrogance desjïers, etj'abaisserai

la hauteur des tyrans (Isaïe , xm, i, 2, 3,

4,5,9,i0,ii).

C'est l'empire de l'orgueil que JÉHOVAH

promet iei de venir détruire en personne. Il

est généralement reconnu que Babel est

l'emblème de ce vice odieux. Dans les cha

pitres suivans, jusqu'au vingt-quatrième in

clusivement , le prophète annonce de même

la destruction de tous les autres vices repré

sentés par d'autres villes fameuses, ou d'autres

Page 149: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

l36 LE VRAI MESSIE.

pays connus par différens désordres, tels que

Tyr, Moab, l'Egypte, l'Assyrie. Si on ne con

naît pas aussi clairement quels sont les vices

particuliers signifiés par ces divers pays et

villes, comme on le connaît de Babel , c'est

simplement parce que ce dernier emblème

s'est conservé, et que les autres ont été per

dus. Et qu'il soit ici question d'une guerre

faite aux désordres moraux, communs à

toutes les nations dégradées, communs

même à tout individu déchu du caractère

de l'homme parfait , plutôt que de guerres

•réelles entre ces divers pays, le prophète le

déclare formellement. JÉHOVAH, dit -il,

viendra pour réduire le pays en désola

tion, et pour en exterminer tous les pé

cheurs.

Mais , demandeiâ-t-on , comment recon

naître la douceur et l'humilité de JÉSUS-

CHRIST sous ces images terribles par les

quelles le prophète annonce la visite de JE-

HOVAH? Nous répondons que ceci se com

prend très-bien par celui qui a pénétré tout

le génie de la langue de la nature : il con

çoit facilement comment l'amour peut être

appelé quelquefois zèle, justice, vengeance

Page 150: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

LE VRAI MESSIE. i3t

et même colère etfureur, surtout quand il

se rappelle que les apparences sont telles. Ce

sont les hommes eux-mêmes qui se trou

blent et s'effraient à l'approche de leur

ÉTERNEL MAITRE. C'est la grandeur de

son amour elle-même qui enflamme la haine

et la colère de ceux qui lui résistent; c'est le

feu de leurs propres passions qui dévore

ces derniers à l'approche d'une miséricorde

qu'ils ne veulent ni reconnaître ni recevoir.

Si JÉHOVAH, en visitant notre malheureuse

retraite, a répandu du sang, ce n'a été que

le sien : les passions humaines seules ont

fait couler celui qui a été versé à l'occasion

de sa religion.

Les autres emblèmes de ce passage se

comprennent aisément', ou seront expliqués

plus tard. \j obscurcissement du soleil et de

tous les astres indique le moment de la

plus profonde ignorance et de la plus pro

fonde barbarie , quand le CRÉATEUR mé

connu est obligé de se manifester d'une

manière extraordinaire. L'emblème des té

nèbres a accompagné physiquement et mo

ralement la mort du RÉDEMPTEUR.

JÉHOVAH , le Dieu des armées , prépa~

Page 151: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

l38 LE VRAI MESSIE.

rera à tous les peuples sur cette montagne

unfestin de viandes délicieuses et unfes

tin de vin , des viandes pleines de suc et

de moelle , un vin pur et sans aucune lie.

Il brisera sur cette montagne cette chaîne

qui tenait liés tous les peuples. Il rompra

cette toile que l'ennemiavait ourdie, etqui

enveloppait toutes les nations. Il précipi

tera la mortpourjamais; et le SEIGNEUR-

DIEU (ADONAI-JÉHOLB>ecAera les lar

mes de tous lesyeux ; il effacera de dessus

la terre l'opprobre de son peuple.... En ce

jour-là,sonpeuple dira : c'est la vraiment

celui qui est notre Dieu; nous l'avons at

tendu, et il nous sauvera : c'est luiqui est

JEHOVAH ; nous l'avons attendu long

temps , et maintenant nous serons dans

l'allégresse , nous serons ravis dejoie dans

le salut qu'il nous a donné (Isaïe, xiv, 6,

7/8,9)-

Montagne , dans le sens favorable ,

comme nous l'avons déjà dit , signifie une

élévation vers Dieu ; ici, par conséquent,

une société ou église remplie de la connais

sance et de l'amour de Dieu. Les viandes

et le vin ^ comme nourriture, dans le sens

Page 152: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

LE VRAI MESSIE. \3g

moral, ne peuvent représenter que les bons

désirs et les vérités pures , ou le plaisir de

faire le bien et la jouissance de connaître

le vrai. Ici, toutes ces choses dans leur der-

nier degré de perfection; car il est dit que

les viandes seront délicieuses et le vin sans

aucune lie. C'est dans ce mê,me sens, quoi

que dans un degré plus sublime, que JÉ

SUS-CHRIST a dit depuis que les hommes

doivent mangersa chair et boire son sang

pour avoir la vie. La mort précipitée pour

jamais ne peut être que la mort éternelle,

la mort prise au sens moral. Mais voyez

comment ,l'identité de la personne de JÉ-«

HOVAH et de JÉSUS-CHRIST est encore

une fois clairement exprimée en cet endroit :

En ce jour-là , le peuple de JÉHOVAH

dira : c'est là vraiment celui qui est notre

Dieu, c'est lui qui est JÉHOVAH; nous

l'avons attendu long-temps ; mais main

tenant nous serons dans l'allégresse, nous

serons ravis de joie dans le salut qu'il

nous a donné. Ces paroles ne prêtent véri

tablement à aucune amphibologie; et il est

absolument impossible de méconnaître dans

ce passage, bien examiné et comparé avec

Page 153: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

l4o LE VRAI MESSIE.

d'autres passages semblables , la restaura

tion de l'Eglise juive, ou plutôt la substitu

tion de l'Eglise chrétienne qui devait lui être

faite par JÉHOVAH, et la conversion des

Gentils. Tous les chapitres suivans ne son

qu'une explication détaillée de ce grand évé

nement, et de la manière dont il devait s'ac

complir. Partout la vanité des sciences hu

maines est dépeinte sous l'emblème* de

VEgypte; partout le prophète montre l'im

possibilité d'établir le bonheur sur la terre

autrement que par le retour des peuples au

SEIGNEUR. Et ce même SEIGNEUR, con

sidéré, comme CRÉATEUR, il l'appelle JE-

HOVAH; considéré comme RÉDEMPTEUR,

ill'appelle ADONAI-JÉHOIH. A mesure que

l'on fera des progrès dans l'étude des em

blèmes naturels , on verra ces choses plus

clairement. Passons au chapitre xl , intelli

gible même pour ceux qui n'auraient aucune

idée d'une langue de la nature.

Consolez - vous , consolez - vous , mon

peuple, dit votre Dieu; parlez à Jérusa

lem selon son cœur, et lui annoncez que

son temps est arrivé, que son iniquité est

tenue pour acquittée , et qu'elle a reçu de

Page 154: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

LE VRAI MESSIE. I/fl

la main de JÉHOVAH le doublepour tous

ses péchés. On a entendu la voix de celui

qui crie dans le désert : préparez la voie

deJÉHOVAH; rendez droits dans la soli

tude les sentiers de notre Dieu. Toute

VALLÉE SERA COMBLÉE, ET TOUTE MONTAGNE

ET TOUT COTEAU SERONT ABAISSÉS , et les

chemins tortueux seront redressés, et les

lieux raboteux seront aplanis. Alors la

gloire de JÉHOVAH se manifestera , et

toute chair la verra en même temps ; car

la bouche de JÉHOVAH a parlé Voici

JÉHOVAH-Z^'ew qui vient dans sa puis

sance ; il dominera par la force de son

bras. Ilporte avec lui les récompenses, et il

tiententre ses mains le prix des travaux. Il

menera son peuple dans les pâturages

comme un pasteur qui paît ses brebis. Il

assemblera les petits agneaux entre ses

bras , il les placera dans son sein, et con

duira celles qui allaitent (Isaïe, xn, i, a,

3,4/5, i0 i i).

Nous engageons le lecteur à lire ce cha

pitre en entier : il se convaincra pleinement

que le JÉHOVAH dont il est ici question

n'est autre que ce JÉSUS dont le précurseur

Page 155: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

l/\1 LE VRAI MESSIE.

Jean a préparé Ici voie (Matth., m, 3) ; le

même qui a dit depuis : Je suis le bon pas

teur, je donne ma vie pour mes brebis

(Jean, x, 2); le même qui nous avertit, par

la bouche du disciple bien aimé, de nous te

nir prêts pour son second avènement : Je

vais venir bientôt, et j'ai ma récompense

avec moipour rendre à chacun selon ses

œuvres (Apoc, xxn, i 2). Tous les emblèmes

naturels dans ce passage peuvent être com

pris sans une explication particulière. La

vallée, prise en bonnepart, représente Vhu-

milité; en mauvaise part , la bassesse. Les

petits agneaux sont lesfidèles exicovefai

bles. Le sein de Dieu , c'est son amour. Al~

j,iter, c'est enseigner la charité et hvérité^

à cause de l'emblème des seins et du lait.

Voici mon serviteur dont je prendrai

la défense ; voici mon élu dans lequel mon

ame a mis toute son affection. Je répan

drai mon esprit sur lui, et il annoncera

la justice aux nations. Il ne criera point^

et il ne haussera ni nefera ouïr sa voix

dans les rues. Il ne brisera point le roseau

CASSÉ , ET N'ÉTEINDRA POINT LE LUMIGNON

fumant. 77 mettra avant tout lejugement

Page 156: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

LE VRAI MESSIE. i 43

et la vérité. Il ne se retirera point et ne se

désistera point qu'il n'ait mis ordre sur la

terre; et les îles espéreront en lui. Ainsi a

dit JÉHOVAH-DIEU, qui a créé les cieux

et qui les a étendus , qui a préparé la terre

et tout ce qu'elle produit, qui donne la

respiration à ses habitans et Vesprit à

ceux qui y marchent. MOI JÉHOVAH

je t'ai appelé pour lajustice ; je prendrai

ta main et je te garderai; je t'établirai

l'alliance despeuples et la lumière des na

tions^ afin d'ouvrir lesyeux des aveugles,

de retirer les prisonniers des souterrains

oit ils sont enfermés , et d"•amener ceux qui

sont dans les ténèbres à la lumière du

jour. Je suis JÉHOVAH , c'est là le nom

qui m'est propre , etje ne donneraipoint

ma gloire à un autre (Isaïe , xlii, de i à g),

lsaïe parle à la vérité ici de Cyrus, roi de

Perse, qu'il nomme par son nom plusieurs

siècles avan t sa naissance; mais ceroi,quoi-

quepaïen, devait lui-même, dans le moment

de son expédition, devenir un emblème de

certaines démarches particulières du MES

SIE , comme Abraham idolâtre l'était de-

venul ong-temps avant lui .Cesont les vie

Page 157: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

l44 LE VRAI MESSIE.

toires que la bonté et l'amour de Dieu de

vaient remporter sur le vice et l'erreur parmi

les hommes, qui sont ainsi représentées par

des conquêtes et des triomphes terrestres ; et

c'est avec raison que les apôtres ont appliqué

ces divers passages au RÉDEMPTEUR ,

quand ils ont écrit l'histoire de sa vie. C'est

du reste toujours JEHOVAH qui s'annonce,

et qui ne reconnaît aucune autre personne

qui soit digne de partager sa gloire.

II faut se rappeler que quand une fois un

emblème est adopté par les écrivains sacrés,

ils le poursuivent ensuite, selon l'occasion,

dans toutes ses branches. Ainsi, la mer et

les Jleuves ayant leur signification , le ro

seau en a une analogue; le feu ayant la

sienne, le lumignon, et même Xafumée qui

en sort, en conservent une semblable. R est

d'ordinaire assez facile de deviner ces rap

ports une fois qu'on est sur la voie. Nous

dirons seulement que la grandeur des ob

jets, à moins qu'elle ne soit elle-même un

emblème distinct, n'y est pour rien dans la

signification , et que la mêchefumante est

aussi significative qu'une machine à va

Page 158: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

LE VRAI MESSIE. 1^5

peur, ou que le cratère d'un volcan, quand

elle est bien appliquée à son objet.

Écoutez-moi donc maintenant, vous ,

Jacob, mon serviteur, et vous, Israël, que

j'ai choisis. Ainsi a dit JÉHOVAH , qui

vous aformés dès le sein. Ne crains point,

Jacob , ni toijuste , mon élu; car je ré

pandrai les eaux sur celui qui est altéré,

et des rivières sur la terre sèche ; je répan

drai mon esprit sur la postérité et ma bé*

nédiction surceux qui sortiront de toi. Ils

germeront parmi les herbages comme les

saules plantés sur les eaux courantes.

L'un dira: je suis à JEHOVAH; l'autre se

glorifiera du nom de Jacob. Un autre

écrira sur sa- main : je suis à JÉHOVAH;

et un autre prendra le surnom d'Israël.

Ainsi a <to /'ÉTERNEL, le ROI D'ISRAËL

et son RÉDEMPTEUR ,JÉHOVAH, le Dieu

des aimées: Je suis le PREMIER et leDER-

NIER, et il n'y a point d'autre Dieu que

MOI (Isaïe, xliv, i, 2, 3, 4? 5,6).*

Il faut également lire ce chapitre en entier.

JEHOVAH s'y déclare encore , et à plusieurs

reprises, SEUL DIEU, SEUL CRÉATEUR

et SEUL RÉDEMPTEUR. Où trouverez -

7

Page 159: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

l/fi LE VRAI MESSIE.

vous, dit-ilr un créateur autre que moi?

En existe-t-ilpeut-être un queje ne con

naisse point ? S'il y avait réellement dans

son essence un Fils éternel, distinct de lui

comme personne , JEHOVAH ne l'eût-il

pas déclaré en cet endroit, afin que nul ne

s'y trompât, et qu'on lui rendît des homma

ges divins comme au PERE? S'il y avait sur

tout trois personnes distinctes en lui , son

espritformant la troisième, n'était-ce point

le lieu de le" proclamer hautement? Loin de

là : JÉHOVAH ne cesse de répéter qu'il est

seul, qu'il est unique; il porte même le défi

à Israël de lui faire connaître un Créateur

et un Rédempteurautre que lui. C'est donc

ce même JÉHOVAH, unique en être et en

personne, qui a répété depuis , par saint

Jean , dans son Apocalypse ou Révélation ,

ce qu'il avait déclaré ici par Isaïe : Je suis

/'ALPHA et /'OMEGA, le PREMIER et le

DERNIER, le PRINCIPE et k FIN , le RE

JETON et le FILS DE DAVID (Jpoc. , xx,

i3, i6). Il est impossible de méconnaître,

dans ces sortes de passages, l'intention for

melle du SEIGNEUR de faire bien connaître

Vunité de son être avant toute autre chose,

(^^"X,

Page 160: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

LE VRAI MESSIE. 1^>J

pour éviter par-là toute espèce d'idolâtrie.

Dans le chapitre précédent, il avait répété

jusqu'à tix fois la même vérité : C'est MOI,

c'est MOI qui suis JÉHOVÀH , avait-il dit ,

et hors de MOI il n'y apoint de SAUVEUR ;

c'est MOI-MEME qui vous ai annoncé les

chosesfutures, et c'estMOlquivous aisau

vés; c'est MOI, le SAINT d'Israël, qui vous

airachetés; cWMOI, c'est MOI-MÊME qui

efface vos iniquités pourl'amour JeMOI ,

et pour neplus me souvenir de vos péchés.

Il n'est point de véritéqui soitaussi souvent ré-

pétéeniaussi fortement inculquéeque celle-ci

dans toute l'Ecriture-Sainte. Combien donc

les théologiens et les conciles auraient-ils dû

craindre de changer la triple essence de

JÉHOVAH , en tant que considéré par

l'homme, en trois personnes réellement

distinctes , tandis que le contraire était par

tout intimé dans l'Ancien Testament , et que

les apôtres avalent tous parlé dans le même

sens! Le SEIGNEUR est SAUVEUR selon

saitit Pierre, et leSAUVEUR est SEIGNEUR.

JÉSUS-CHRIST, selon saint Jean , est lui-

même le vrai Dieu et la vie éternelle , quoi

qu'il soit appelé Fils à cause de son incar

Page 161: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

î4$ LE VRAI MESSIE.

nationale tout d'après la déclaration formelle

de leur MAITRE et du nôtre : MOI et le

PÈRE nous sommes une même chose; celui

qui ME voit , voit le PÈRE. Pour en revenir

au passage d'Isaïe, l'expression de S'aint d'I

sraël est aussi formelle pour désigner le

CRÉATEUR que celle de JÉHOVAH. Le

«oro d'une chose, dans la langue de la na

ture, signifie Vessence de' cette chose : le

nom de Dieu signifie par conséquent Ves-

sence de Dieu. Dieu, comme l'on voit, met

en cet endroit les noms de Jéhovah, d'Israël

et de Jacob, sur la même ligne : preuve évi

dente que ces derniers étaient en même

temps les noms d'hommes et de peuples, et

les emblèmes de JÉHOVAH, envisagé sous

certains rapports particuliers. Il en est comme

du nom de David et d'un grand nombre

d'autres.

yiinsi a dit JÉHOVAH à son oint , à

Cjrus : Je t'ai appelé par Ion nom ,^t je

t'ai nommée bien que tu ne me connusses

point (Cyrus ne devait naître, et connaître

par conséquent le SEIGNEUR qu'au bout de

plusieurs siècles); je suis JÉHOVAH, et il

n'y en a point d'autre; il n'y a point

Page 162: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

LE VRAI MESSIE. i 4g

de Dieu que moi. Je t'ai ceint, quoique tu

ne me connusses point, afin que l'on ap

prenne de l'Orient au Couchant qu'il n'y

a point d'autre que MOI JÉHOVAH UNI-

QUE, quiforme la lumière et qui crée les

ténèbres , quiproduis le bonheur et le mal

heur. O cieux ! envoyez la rosée d'en haut;

que les nuées distillent le JUSTE ; que la

terre s'ouvre et produise le SAUVEUR.

C'est MOI JÉHOVAH qui ai créé ces mer

veilles Voici ce que dit JÉHOVAH :

L'Egypte avec tous ses travaux , l'E

thiopie avec ses richesses , et Saba avec

ses grands hommes ^passeront vers vous ,

ô Israël! ils vous appartiendront et mar

cheront à votre suite; ils viendront , les

fers aux mains , et ils diront : Il n'y a de

Lfteu cjuo psimni atous : il riV cl point d'au

tre Dieu que le vôtre. Fous êtes vraiment

le DIEU CACHÉ, o DIEU D'ISRAËL, DIEU

SAUVEUR! Les fabricateurs de l'erreur

ont tous été confondus; ils rougissent de

honte; ils sont couverts de confusion :

mais Israël a reçu du SEIGNEUR un salut

éternel : il 'ne rougira jamais, et ne sera

point confondu dans les siècles éternels.

Page 163: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

l5o LE VRAI MESSIE.

Voici ce que dit le SEIGNEUR : Je suis

JÉHOVAH, et il n'y a point d'autre Dieu

que moi. Je n'aijamais parié en secret ni

dans quelque coin obscur de la terre! Ce

n'est point en vain que J'ai dit à la race

de Jacob : Reeherchez-moi, carje suis le

SEIGNEUR qui enseigne lajustice, et qui

annonce la droiture et la vérité. Assem

blez-vous , approchez , vous tous qui avez

été sauvés des nations parlez: qui a

annoncé ces merveilles dès le commence

ment? Qui les aprédites dès les premiers

temps ? N'est-cepointMOUÉUOYAH, qui

ne reconnais point d'égal ? N'est-ce point

MOI, le seul Dieujuste et capable de sau

ver ? Convertissez-vous donc à MOI , peu

ples de toute la terre, et vous serez sauvés,

pfl.Vf.P nue Tir SUIS H H-™» wnrçuu , JST HORS

de MOI, il n'y en a point d'autre. J'aijuré

par MOI-MÊME; cette parole de justice

est sortie de ma bouche, et elle ne sera

point vaine : c'est que tout genoufléchira

devant MOI, et que toute languejurera

/wMON NOM. Lajustice, dira-t-on, et

laforce sont à JÉHOVAH; tous ceux qui

viendront contre lui, tous ceux qui vou

Page 164: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

LE VRAI MESSIE. l5l

dront luifaire la guerre seront anéantis ,•

mais la postérité d'Israël serajustifiée, et

se glorifiera en son Dieu ( Isaïe , xlv , pres-

qu'entier).

II faudrait plus que de la mauvaise foi

pour soutenir qu'il n'est question ici que des

guerres du peuple juif, et de ses triomphes

sur ses voisins. Dans le vrai, il n'est pas plu

tôt question ici d'un peuple que d'un autre :

tout vrai adorateur de JEHOVAH est en

fant d'Abraham; tout homme sérieuse

ment converti est hébreu et Israélite ; et

c'est bien à pure perte que nos prétendus

sages se sont appliqués à ravaler le peuple

juif comme nation: il était aussi bien ques

tion d'eux-mêmes, dans ces transactions,

que de ceux dont leur haine cherchait avec

tant de soin à nous faire remarquer les fai

blesses et la perversité. Que si JEHOVAH a

effectivement remporté les triomphes qu'il

annonçait ici, il ne les a évidemment rem

portés qu'en paraissant sous la forme du

CHRIST, et en devenant le pontife éternel

selon l'ordre de Melchisédec. Chose éton

nante! U faut le répéter jusqu'à satiété : dans

aucun endroit des Saintes-Écritures il ne se

Page 165: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

l52 LÉ VRAI MESSIE.

trouve une seule expression qui insinuerait

que JEHOVAH dût nous sauver par un au

tre que lui, qu'il dût nous racheter par un

Fils distinct de sa personne : au contraire ,

il est-reprsenté partout commejaloux d'ê

tre seul DIEU et seul SAUVEUR. Dieu ,

dans l'Ancien Testament, nous parle sou

vent de tous ses attributs divers, de toutes

ses diverses qualités; il se dit étemel, im

mense , infini, tout-puissant, miséricor

dieux, vrai, juste ; et jamais un mot de

deux personnes distinctes qui doivent se

trouver dans son essence. Que l'on juge

par-là de quel côté est la vérité.

Ces expressions, Dieu crée les ténèbres ,

Dieu crée le malheur, dont des hommes

superficiels ont abusé, prouvent clairement

qu'il faut prendre tout ce passage au figuré,

et entendre par la lumière ceux qui sont dans

la vérité, et par les ténèbres, ceux qui sont

dans le mensonge. Tous ceux qui restent dan s

les ténèbres ne sont malheureux que parleur

propre faute; et Dieu n'a ordonné, ou per

mis, leurs souffrances que conformément h

sa sagesse infinie qui veut que l'homme ne

cherche que le vrai bonheur»

\.

Page 166: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

LE VRAI MESSIE. l53

Lesroisserontvos nourriciers et les.reines

vos nourrices. Ils vous adoreront en bais

sant le visage contre terre ; ils baiseront

la poussière de vos pieds ; et vous saurez

que c'est MOI qui suis JÉHOVAH, et que

ceux qui rriattendent ne seront jamais

confondus. Peut-on ravir à un géant la

proie dont il s'est saisi , et enlever à un

hommefort ceux qu'il a rendus ses cap

tifs ? Voici ce que dit JÉHOVAH : Les cap

tifs du géant lui seront ravis , et ceux

que l'homme fort avait pris lui seront

arrachés des mains. Je jugerai MOI-

MÊME ceux qui vous avaient jugés , et

je sauverai vos enfans. Jeferai manger

à vos ennemis leur propre chair, je les

enivrerai de leurpropre sang comme d'un

vin nouveau; et toute chair saura que

c'est MOI qui suis JEHOVAII qui vous

sauve, et que le PUISSANT DIEU DE JA

COB est votre RÉDEMPTEUR (Isaïe,xLix,

23, 24, ?5, 26).

Si cette prophétie n!a point été accomplie

en JÉSUS-CHRIST, évidemment elle ne l'a

jamais été et ne le sera jamais. Dans lésons

littéral, il était impossible qu'elle reçut son

Page 167: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

i54 Ï-E VRAI MESSIE.

accomplissement; et un homme extatique,

doué du moindre degré de moralité, n'eût

jamais parlé défaire manger en réalité leur

propre chair à ses ennemis terrestres. Il

est donc clair que le prophète était exalté

ici au-dessus de son sujet apparent, et qu'il

ne parlait que de la destruction des méchans

et du triomphe des bons , sous la conduite

du SEIGNEUR. Ceux qui m'attendent , dit

JEHOVAH , ne seront jamais confondus.

Qui attendait donc la nation Israélite au

nom de tout le genre humain? En mettant

de côté les Juifs charnels qui n'attendaient

qu'un grand conquérant terrestre, on sait

que les autres attendaient le MESSIE; qu'ils

attendaient CELUI qui devait venir ,; un

LIBÉRATEUR spirituel et moral. Et s'ils

ne faisaient aucune conjecture déterminée

sur la nature intime de cet ETRE SAU

VEUR, du moins s'attendaient-ils plutôt

que ce serait le JEHOVAH de Sinaï lui-

même, qui s'était annoncé tant de fois, qui

viendrait les sauver, qu'un Fils né de lui

de toute éternité : chose dont ils n'avaient

pas la moindre idée. Et si, d'un autre côté,

ils ne l'ont point attendu en vain , c'est aussi

Page 168: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

LE "VRAI MESSIE. l55

cet ETRE adorable en personne qui est

venu se faire leur LIBÉRATEUR, ou plu

tôt celui du genre humain.

Par cet emblème repoussant d'hommes

mangeant leur propre chair et buvant

leur propre sang, est signifié que ces

hommes seraient forcés de reconnaître que

leur bonheur prétendu n'est que misère,

et que leur prétendue sagesse n'est que

fausseté, ainsi que les emblèmes de chair

et de sang le donnent suffisamment à en

tendre.

Le géant dont il est ici question ne peut

être autre que celui que JÉSUS-CHRIST a

appelé depuis le Fort armé, et le Prince

.de ce monde, en d'autres termes, le mal

moral^enferpersonnifié; car, comme nous

l'avons dit, la société collective de tous les

êtres dégradés est toujours représentée

sous l'emblème d'un seul être monstrueux,

caractérisant la nature de sa perversité, tout

comme des sociétés nombreuses d'anges cé

lestes sont souvent dépeintes par un seul

ange, emblème de leur amour et de leur sa

gesse. JÉSUS- CHRIST admettait une ac

tion universelle de tous les êtres moraux

Page 169: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

l56 LE VRAI MESSIE.

les uns sur les autres. S'élevant au-dessus

de la notion' commune de l'espace^ et ne

regardant la grandeur des formes que

comme une chose relative, il admettait

même la présence d'êtres bons ou mauvais

dans l'homme : idée éminemment philo

sophique, comme nous le prouverons dans

la seconde partie, à la honte de cette pré

tendue sagesse humaine qui s'est permis si

souvent et si sottement de sourire de pitié

en lisant certains passages de l'Évangile.

Réveille-toi', réveille-toi, Sion; revêts-toi

de taforce , Jérusalem 7 ville de sainteté;

revêts-toi de tes vêtemens magnifiques;

car l'incirconcis et le souillé ne passeront

plus désormais par tes rues. Jérusalem 7

secoue la poudre de dessus toi; lève-toi et

t'assieds; défais-toi des liens de ton cou,

fille de Sion captive. Car ainsi a dit JÉ-

HOVAH : vous avez été vendus pour rien,

et vous serez aussi rachetés sans ar

gent. 'Mon peuple descendit autrefois

en Egypte pour habiter dans ce pays

étranger; et Assur l'a depuis opprimé

sans aucune raison. Qu'ai-je donc à

faire maintenant, dit JÉHOVAH , voyant

Page 170: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

LE VRAI MESSIE. i 57

mon peuple enlevé sans aucune raison ?

Ceux qui le dominent le maltraitent in

justement, et mon nom est blasphémé

sans cesse pendant tout le jour. C'est

pourquoi il viendra un jour où mon

' peuple connaîtra la grandeur de MON

NOM, parce qu'alors je dirai : MOI qui

PARLAIS AUTREFOIS , ME VOICI PRÉSENT!

Que les pieds de CELUI qui annonce la

bonne nouvelle sont beaux sur la mon

tagne, les pieds de CELUI qui prêche la

paix, qui prêche le salut, et qui dit à

Sion : TON DIEU va régner. JÉHOVAH

afait voir SON BRAS SAINT aux yeux

de toutes les nations , et toutes les ré

gions DE LA TERRE VERRONT LE SAUVEUR

que notre Dieu doit vous envoyer (Isaïe ,

lu, jusqu'au verset 9).

Le Dieu de Moïse pouvait- il s'annoncer

plus clairement en personne, que par ces

paroles : MOI qui parlais autrefois (par

les prophètes), ME VOICI maintenant

PRÉSENT? N'est-ce pas évidemment le

même MOI DIVIN qui est PÈRE et qui est

FILS, qui est CRÉATEUR et qui est RÉ

DEMPTEUR? Quant aux mots embléma

Page 171: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

l58 LE VRAI MESSIE.

tiques employés dans ce passage, et que

nous n'avons point encore rencontrés, As-

sur doit avoir une signification analogue à

celle SEgypte^ c'est à-dire défavorable. Et

Egypte^ comme nous l'avons vu, indique

le faste et la vanité des sciences hu

maines. Les pieds de CELUI qui annonce

la bonne nouvelle, sont Vhumanité de

Dieu incarné; humanité représentée dès

le commencement par le talon de la femme.

La bonne nouvelle, c'est l'Évangile; car

évangile signifie bonne nouvelle en grec.

Le bras de Dieu, la droite de Dieu, c'est

s&force, c'est son amour : voilà pourquoi

JÉSUS-CHRIST, le Verbe ou la vérité di

vine, est dit être à sa droite. Étant à sa

droite, il tient lui-même .réellement la

gauche, et cela, parce que la vérité ne pa

rait que comme une chose secondaire en

Dieu, comme si elle n'était que le fruit de

l'éternel AMOUR. Et que ce soit JÉSUS-

CHRIST que le prophète avait ici en vue

quand il annonçait JÉHOVAH, le chapitre

suivant le prouve d'une manière aussi claire

que chose puisse être prouvée parmi les

hommes. Le lecteur va en juger.

Page 172: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

LE VRAI MESSIE. l59

Et maintenant , qui a cru à notre pa

role ? A qui le bras de JÉHOVAH a-t-il

été révélé? Il s'élevera devant lui comme

UN ARBRISSEAU, et COMME UN REJETON d'une

terre sèche. Il est sans beauté et sans

éclat. Nous l'avons vu , et il n'avait rien

qui attirât l'œil, et nous l'avons méconnu !

Il nous a paru un objet de mépris , le

dernier des hommes , un homme de dou

leur, qui sait ce que c'est que souffrir.

Son visage était comme caché: il nous

paraissait méprisable , et nous n'en avons

fait aucun cas. Il a pris véritablement

nos langueurs sur lui; il s'est véritable

ment chargé de nos douleurs. Pour nous,

nous l'avons considérécomme un lépreux,

comme un hommefrappé de Dieu et hu

milié. Et cependant c'est pour nos iniqui

tés qu'il a été percé; c'est pour nos crimes

qu'il a été blessé. Le châtiment qui devait

nous procurer la paix est tombé sur lui :

il nous a guéris par ses meurtrissures.

Nous nous étions tous égarés comme des

brebis errantes ; chacun de nous s'était

détourné pour suivre sa propre voie ; et

JÉHOVAH l'a chargé LUI SEUL de Vini

Page 173: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

l6o LE VRAI MESSIE.

quité de nous tous. Il a été offert , parce

que LUI-MEME l'a voulu; et il n'a point

ouvert la bouche. Il sera'mené à la mort

comme une brebis que l'on va égorger; et

il gardera le silence comme un agneau

est muet devant celui qui le tond. Il est

mort au milieu des douleurs , condamné

par des juges. Qui racontera sa généra

tion ? car il a été retranché de la terre

des vivans. Je l'aifrappé à cause des

erreurs de mon peuple. Il donnera les im

pies pour le prix de sa sépulture , et les

riches pour la récompense de sa mort ,

parce qu'il n'a point commis d'iniquités ,

et que le mensonge n'a point été trouvé en

lui. Mais JEHOVAH l'a voulu briser clans

son infirmité. S'il livre son âme pour le

péché, il verra sa race se multiplier éter

nellement ; et la volonté de JEHO VAH

s'exécutera heureusement sous sa con

duite. Il verra lefruit de ce que son âme

a souffert, et il en sera rassasié. Comme

MON SERVITEUR est juste, il justifiera

par sa doctrine un grand nombre , et il

portera sur lui leurs iniquités. C'est pour

quoi je lui donnerai pour partage une

Page 174: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

LE VRAI MESSIE. l6l

grande multitude; et il distribuera les

dépouilles des -forts , parce qu'il a livré

son âme à la mort et qu'il a été mis au

nombre des scélérats ; parce qu'il a porté

les péchés de plusieurs et qu'il a priépour

les violateurs de la loi ( Isaïe, lui ).

C'est à regret que nous ajoutons ici quel

ques réflexions; car si le cœur n'a point

parlé au lecteur, tous les discours sont su

perflus. Ce passage n'est pas simplement em

blématique, comme la plupart des précé

dons : il regarde le RÉDEMPTEUR directe

ment', il le montre du doigt; il contient

toute l'histoire de sa personne sacrée. Les

évangélistes n'ont pu parler plus clairement

depuis, et Isaïe avait évidemment sous les

yeux tous les tableaux à la fois.

Nous avons déjà fait remarquer la ten

dance de ces expressions, comme un arbris

seau, comme un rejeton : elle3 éloignent

toute idée d'une seconde personnedistincte.

Et saint Jean semble avoir conservé à des

sein cette manière de parler, même après

l'incarnation , quand il dit : nous avons vu

la gloire comme d'un fils unique du père :

expression que le concile de Nicée aurait dû

Page 175: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

IÔ2 LE VRAI MESSIE.

examiner attentivement, avant de porter at

teinte à l'unité d'être et de personne dans

la Divinité. L'adverbe de comparaison

comme tombe nécessairement s\ivfil& plutôt

que sur gloire. L'apôtre donne à entendre

par-là que Dieu ne saurait avoir unjîlspro

prement dit et distinct de lui quant à la

personnalité, comme cela a lieu parmi les

hommes.

Réjouissez-vous , stérile qui n'enfantez

point; chantez des cantiques de louange et,

poussez des cris de joie, vous qui n'aviez

point d'enfuns , parce que celle qui était

abandonnée a maintenant plus d'enfans

que celle qui avait un mari, dit JEHO-

VAH. Donnez de l'espace à vos tentes;

étendez le plus que vouspourrez les peaux

qui les couvrent ; rendez-en les cordages

plus longs et les pieux plus affermis. Car

vous vous étendrez à droite et à gauche :

votre postérité aura les nations pour

héritage , et elle habitera les villes dé

sertes. Ne craignez donc point , car vous

ne serez point abandonnée ni confuse, et

vous ne rougirez point; mais vous ou

blierez la honte de votre jeunesse et l'on

Page 176: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

LE VRAI MESSIE. l63

probre de votre veuvage. CELUI qui vous

a créée sera lui-même votre 'épouï : son

nom est JEHOVAH, le Dieu des armées.

Le SAINT D'ISRAËL vous rachètera , et

il s'appellera le DIEU DE TOUTE LA

TERRE(Isaïe, iv, i , 2, 3, 4, 5).

Après avoir raconté la mort de JEHOVAH-

JÉSUS-CHRIST comme exemple de charité

et d'amour , capable de toucher tous les

hommes , et de les rappeler au SEIGNEUR ,

le prophète procède à la description de sa

nouvelle Eglise. Car , il ne faut point s'y

tromper , ces mots : qui racontera sa géné

ration, car il a été retranché de la terre

des vivans , ne veulent pas dire que JÉ

SUS-CHRIST n'aura point de descendans.

Us annoncent, au contraire, que ses géné

rations seront si nombreuses , qu'on ne

pourra les compter , ainsi qu'il avait été

prédit à Abraham.

Partout, dans le langage emblématique,

une Eglise ou une société de personnes

fidèles à Dieu est figurée par unefemme, une

épouse , une mère (sans doute à cause de sa

fécondité, et parce que la bonté doit y régner

Page 177: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

l64 LE VRAI MESSIE.

plutôt que la science). Ces mois , fille de

Sion, Jillê de Jérusalem, etc., ne sont

que les églises de Sion et de Jérusalem :

et les femmes de mauvaise vie, les pros

tituées , quand il en est question dans

l'Ecriture-Sainte, ne sont que des églises

corrompues. Par suite JÉHOVAH, comme

objet du culte et de l'amour d'une Eglise ,

est aussi représenté généralement sous

l'emblème d'un époux. Le précurseur du

MESSIE comprenait parfaitement ce lan

gage : CELUI , dit-il , en parlant de JÉSUS-

CHRIST , qui a /'épouse est /'époux ; ilfaut

qu'il croisse et que je diminue ; Uami de

^époux est ravi d'entendre sa voix. Saint

Jean l'évangéliste décrit également l'union

de la société céleste avec JEHOVAH sous

l'emblème de noces. Réjouissons - nous ,

dit-il ; faisons éclater notre j'oie , et ren

dons-lui gloire; car les noces de l'agneau

sont venues, et son épouse s'est préparée

(^/>oc.,xix,6).JÉHOVAH-JÉSUS-CHRIST,

au surplus, pourra seul devenir dorénavant

le Dieu de toute la terre : jamais le Dieu

métaphysique du déisme ne le deviendra;

Page 178: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

LE VRAI MESSIE. i 65

parce qu'il ne pourra jamais s'établir aucuns

rapports réels de reconnaissance et d'amour

entre lui et les hommes.

Nous passerons les chapitres suivans, qui

traitent du même sujet , l'établissement

d'une société nombreuse d'adorateurs de

JEHOVAH, à la suite de son apparition sur la

terre, malgré tous les efforts du vice et de l'er

reur. Ces chapitres pourront facilement être

compris du lecteur d'après les connaissances

que nous lui avons suggérées jusqu'ici. Nous

n'expliquerons même plus qu'un seul pas

sage de tout le reste des prophéties d'Isaïe,

abandonnant au zélé de chacun le soin de

pousser plus loin par lui-même des recher

ches aussi précieuses.

Qui est celui qui vient cPEdom , qui

»vient de Bosra avec sa robe teinte de

rouge , qui éclate dans la beauté de ses

vêtemens, et qui marche avec uneforce

toutepuissante? C'est MOI dequila parole

est la parole de justice , qui viens pour

défendre et pourSAUVER. Pourquoidonc

votre robe est-elle toute rouge , et pour

quoi vos vêtemens sont-ils comme les ha

bits de ceux qui foulent le vin dans le

Page 179: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

l66 LE VRAI MESSIE.

pressoir? J'ai été seul à fouler le vin,

sans qu'aucun homme d'entre tous les

peuplesfût avec moi. Je les aifoulés dans

mafureur, je les aifoulés auoc pieds dans

ma colère, et leur sang a jailli sur ma

robe, et tous mes vêtemens-en sont tachés.

Car j'ai dans le cœur le jour de la ven

geance; le temps de racheter les miens est

venu. J'ai regardé autour de moi , et il n'y

avaitpersonnepour m'aider;j'ai cherché,

et je n'ai point trouvé de secours : ainsi

mon bras seul m'a suffi pour sauver.

J'aifoulé les nations en ma colère ; je les

ai enivrées en mafureur , et j'ai abattu

leurforce par terre. Jeferai mention des

gratuité* de JÉHOVAH , qui sont les

louanges de JÉHOVAH , à cause de tous

les biens que JÉHOVAH nous afaits. Car

grand est le bonheur d'Israël , lequel il lui

a préparédans ses compassions et selon la

grandeur de ses gratuités. Il a dit : quoi

qu'il en soit , ils sont mon peuple, ils ne

périront point , et il leur a été SAUVEUR

(Isaïe,XMii, du v. i au 8).

Aucun passage n'est plus propre que ce

lui-ci à nous donner une idée claire de la

Page 180: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

LE VRAI MESSIE. i67

langue de la nature, et une preuve évidente

que l'Écrilure-Sainte est conçue tout en

tière dans cette langue. Presque chaque mot

est ici un emblème. Celui des vêtemens en

est le plus remarquable : nous y avons déjà

rendu le lecteur attentif. Les vêtemens di

vers ne sont que différentes vérités; ici ce

sont les vérités évangéliques, l'alliance nu

sang du SAUVEUR. Ce qui paraît surtout

incroyable à celui qui commence cette étude

étonnante des emblèmes naturels, c'est que

les noms mêmes des lieux et des personnes

puissent avoir des rapports à la morale et à

la religion. Cette vérité est néanmoins pal

pable dans le texte cité; car sans doute que

l'on ne voudra point croire que le hasard seul

a fait que Edom signifie précisément rouge

dans la langue hébraïque , et Bosra un ven

dangeur: deux circonstances qui caractéri

sent elles-mêmes JÉHOVAH ou JÉSUS -

CHRIST , représenté ici avec une robe d'un

rouge de sang, comme celle d'un homme

quifoule le pressoir. Mais s'il est prouvé in

contestablement par-là que les noms de pays

mêmes sont emblématiques dans le passage

rapporté , à plus forte raison les objets na

Page 181: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

l68 LE VRAI MESSIE.

turelsle sont-ils. Aussi qui peut méconnaître

ici que le rouge , que les raisins , que le

sang ne signifient également ce Dieu d'a-

mour, dont la colère et la fureur elles-

mêmes ne sont que de Vamour ^ ainsi que

nous l'avons expliqué plus haut ? Et quel

sens auraient autrement toutes ces expres

sions énigmatiques? Ge ne peut être que

pour cette raison que le prophète , après

avoir entendu comment le SEIGNEUR, seul

bon^ seuljuste , a foulé toutes les na

tions, engage l'univers à célébrer lagratuité

et la miséricorde qu'il a fait éclater dans sa

délivrance.

Le résumé de ce que l'on trouve claire

ment d'un bout à l'autre dans Isaïe, quand

on l'étudié. ainsi à fond, et que l'on a plus

d'égard au sons des emblèmes de la nature

qu'à celui des mots de convention dont il

s'est servi, c'est que JÉHÔVAH , le DIEU

CRÉATEUR du ciel et de la terre, quoique

triple , envisagé dans ses rapports avec

l'homme , est néanmoins UN en personne

comme en être et en essence ; et que ce

même JÉHOVAH ou CRÉATEUR devait

paraître sur notre terre sous le nom et la

Page 182: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

LE VRAI MESSIE. i69

forme de JÉSUS-CHRIST pour deveniraussi

son RÉDEMPTEUR, afin que toute louange,

adoration, reconnaissance et tout amour

fussent rendus à CELUI-LA seul qui éter

nellement sera tout en tous pour le bonheur

de ses innombrables créatures.

Et une telle foi n'est-elle pas parfaitement

propre à satisfaire le cœur aussi bien que

l'esprit de tout être sensible ? Pourquoi

quelque autre être que ce soit serait-il l'objet

de nos hommages et de notre affection ?

Toutebonté et toute beautédansses créatures

ne sont-elles point à JÉHOVAH, et ne doi

vent-elles point lui être rapportées? N'est-ce

point JÉHOVAH seul que nous devons ai

merdans ses créatures? Oui, JÉHOVAH est

le centre de tout, il est seul, il est unique,

il n'y en a point d'autre que lui, et il n'en .

faut point d'autre. Une multiplicité de per

sonnes distinctes , même dans sa propre

essence, serait inutile, si elle n'était ab

surde. JÉHOVAH-JÉSUS-CHRIST est lui^

même PÈRE, FILS et SAINT-ESPRIT , le

vrai mystère de Dieu, consistant en ce que

les deux MOI apparens en JÉSUS-CHRIST

n'étaient pourtant qu'a/ze seule et même

8

Page 183: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

I^O LE VRAI MESSIE.

personne, et non en ce que trois personnes

réellement distinctes ne seraient qu'un

même Dieu.

Voyons maintenant quelques passages

des autres prophètes. Nous nous convain

crons de plus en plus que le même langage

et les mêmes vérités se retrouvent partout

dans les Saintes-Écritures.

Malheur aux pasteurs quifontpérir et

qui déchirent les brebis de mes pâturages,

dit JÉHOVAH; c'est pourquoi voici ce

que dit JÉHOVAH, le DIEU éTISRAEL ,

auxpasteurs qui conduisent mon peuple :

Vous avez dispersé les brebis de mon

troupeau ; vous les avez chassés , et vous

ne les avez point visitées : et MOIJe vous

visiterai dans ma colère, pour punir le

dérèglement de votre cœur et de vos

œuvres, dit JÉHOVAH. Je rassemblerai

toutes les brebis qui resteront de mon

troupeau , de toutes les terres dans les

quelles je les aurai chassées; je lesferai

revenir à leurs champs; et elles croîtront

et se multiplieront. Je leur donnerai

des pasteurs qui auront soin de lesfaire

paître. Elles ne seront plus dans la

Page 184: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

1E VRAI MESSIE. I^[

crainte et dans l'épouvante; et le nombre

s'en conservera, sans qu'il en manque une

seule, dit JÉHOVAH. Le temps vient , dit

JÉHOVAH, où je susciterai à David un

germe juste. Un . roi régnera qui sera

sage , qui agira selon l'équité, et qui ren

dra lajustice sur la terre. En ce temps-là

Juda sera sauvé, Israël habitera dans

ses maisons , sans rien craindre ; et voici

le NOM qu'ils donneront àce roi: JÉHO-

VAH-NOTRE-JUSTICE. (Jcrémie, xxm,

i, 2, 3,4,5,6.)

On retrouve ici la même langue em

blématique parlée par Isaïe. Les individus

changent; mais la nature ne changeant

pas, leur couleur est partout la même.

Le mot de germe revient à celui de re

jeton, que nous avons expliqué plus haut;

nous le rencontrerons encore.

Jusqu'à présent la théologie n'a pas pro

noncé clairement ce NOM : JÉHOVAH-

NOTRE -JUSTICE. En distinguant deux

personnes diverses, c'est plutôt le Fils que

le Père qui est devenu notre justice; car

dans les idées des Chrétiens du jour, le

Père est resté au ciel pendant le temps de

8.

Page 185: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

172 LE VRAI MESSIE.

la rédemption ; et le Fils nous a aimés plus

que lui, puisque l'amour du Père n'a éclaté

qu'en ce qu'il a consenti au sacrifice que

le Fils a consommé dans la réalité : autant

d'idées fausses, qui, nous le répétons, ont

fait méconnaître, dans ces derniers temps,

le Dieu CRÉATEUR avec le Dieu RÉ

DEMPTEUR. Il est temps de reconnaître

enfin que JÉSUS-CHRIST était le PÈRE

LUI-MEME, en tant que voilé et caché sous

notre chair, et de lui donner son VRAI

NOM : JÉHOVAH-NOTRE-JUSTICE.

Nous nous abstiendrons de parler ici de

l'application que l'on pourrait faire de ce

texte aux pasteurs modernes, qui semblent

en être exactement au même point où en

étaient ceux de l'ancienne loi, immédiate

ment avant la venue du MESSIE; qui,

comme ces derniers, dispersent le troupeau

et le divisent par des disputes absurdes,

au lieu de le réunir par l'amour: cette di

gression serait trop étrangère à notre sujet.

D'un autre côté, ce sera là le seul pas

sage que nous citerons de Jcrémie. Les

bornes de notre ouvrage ne nous permet

tent pas de suivre tout au long ce prophète

Page 186: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

LE VRAI MESSIE. i^3

si abondant et si évidemment sur-humain.

II pourra faire le sujet d'une étude particu

lière pour le lecteur qui se sentirait quelque

envie de pousser plus loin la science des em

blèmes naturels.

C'est pourquoi , ô pasteurs , écoutez la

parole de JÉHOVAH : Je jure par MOI-

MÊME, dit le SEIGNEUR -DIEU, que

parce que mes troupeaux ont été livrés

en proie à l'ennemi, et que mes brebis ont

été exposées à être dévorées par les bêtes

sauvages , comme n'ayant point de pas

teurs , puisque ces pasteurs n'ont point

cherché mes troupeaux , mais qu'ils n'ont

eu soin que de se paître eux-mêmes

Je viens MOI-MEME contre ces pasteurs

chercher mon troupeau , et le reprendre

de leurs mains. Jeferai en sorte que ces

pasteurs ne se paîtront plus eux-mêmes ;

car je soustrairai mon troupeau à leur

violence, et empêcherai qu'il devienne

dorénavant leur proie .Je visiterai

MOI-MEME mes brebis, comme un pas

teur rassemble son troupeau quand il se

tient au milieu du lieu de leur disper

sion dans des jours de nuages et d'ob~

Page 187: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

i74 LB VRAI MESSIE.

scurité. Je ferai MOI-MEME paître mes

brebis; MOI-MEME je les ferai r-eposer,

discernant par mes propres yeux etju

geant entre les brebis grasses et les brebis

maigres. C'est moi JÉHOVAH qui ai parlé

(Ézéchiel, xxxiv, 7,8,9, i0, i1, 12, i5,

i6,20).

Nous ne craignons pas de nous tromper, en

supposant que le lecteur aurait cru entendre

encore ici le langage de Jérêmie , si nous ne

l'avions point averti, tant est grande l'analo

gie entre les hommes extatiques parlant la

même langue ! .'

Dans ce texte se remarque une particu

larité qui se rencontre dans quelques psau

mes de David : c'est qu'au commencement

et à la fin Dieu se nomme JÉHOVAH, tan

dis que dans tout l'intervalle où il paraît

comme pasteur des brebis, c'est-à-dire,

comme leur SAUVEUR, il prend le nom

d'ADONAI ou d'ÉLOIM. Nous ne répéte

rons plus que ces dénominations diverses

n'indiquent nulle distinction de personnalité

en Dieu : quand JÉHOVAH veut bien nous

répéter lui-môme aussi souvent qu'on vient

de le voir, qu'il nous visitera en personne ,

Page 188: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

LE VRAI MESSIE. i 75

nous devons l'en croire. Nous releverons

simplement ici une objection que l'on pour

rait faire contre cette grande vérité , en s'ap-

puyant de ces paroles par lesquelles Ézéchiel

termine le même passage : Je susciterai sur

mes brebis un pasteur unique pour les

paître. David, mon serviteur, aura soin

de les paître lui-même ; il leur tiendra lieu

de pasteur. MOI JÉHOVAH, /<? serai leur

Dieu, et mon serviteur David sera au mi

lieu d'elles comme leurprince. JÉHOVAH,

pourrrait-on dire, distingue entre lui et

David, qui représente JÉSUS- CHRIST;

donc la distinction des deux personnes est

fondée. Mais d'abord ce passage est uni

que, après cinq ou six déclarations formel

les qui lui sont contraires; il faudrait donc

se départir de ce dernier texte, quand même

il prouverait quelque chose. Toute difficulté

néanmoins est levée, quand on sait que Da

vid était lui-même l'emblèméde JÉHOVAH,

comme devant devenir le ROI ÉTERNEL

de ses créatures; que c'est par conséquent

JÉHOVAH lui-même qui a paru dans la

personne de JÉSUS- CHRIST que l'on avoue

être ce ROI, et que là distinction des per

Page 189: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

I76 LE VRAI MESSIE.

sonnes entre Dieu CRÉATEUR et Dieu

RÉDEMPTEUR , n'était qu'apparente.

Vous étiez attentif à cette vision, dit

Daniel à Nabuchodonosor, en lui expliquant

le songe de la grande statue composée de

quatre espèces de métaux; voies étiez at

tentifà cette vision , lorsqu'une pierre se

détacha de la montagne, sans la main

d'aucun homme ; et frappant la statue

dans ses pieds defer et d'argile, elle les

mit en pièces. Alorsfirent brisés ensem

ble le fer , la terre, l'airain, l'argent et

l'or, et ils devinrent comme la paille de

Vaire d'été, que le vent transporte çà et

là ; et il ne fut point trouvé aucun lieu

pour eux; mais cette pierre qui avait

frappé la statue devint une grande mon

tagne, et remplit toute la terre Puis 7

après avoir expliqué l'emblème des métaux

comme désignant quatre royaumes divers,

ou plutôt quatre Églises diverses dont ces

royaumes n'étaient que l'emblème terrestre,

il ajoute : Dans le temps de ces royaumes,

le Dieu du ciel suscitera un royaume qui

ne passera point à un autre peuple , qui

renversera et qui réduira en poudre tous

Page 190: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

LE VRAI MESSIE. IJn

les royaumes , et qui subsistera éternelle

ment^ selon que vous avez vu que la pierre

qui avait été détachée de la montagne

sans la main d'aucun homme, a brisé la

terre , lefer , l'airain, l'argent et l'or. Le

GRAND DIEU a fait voir au roi ce qui

doit arriver à l'avenir. (Daniel, n, 34, 35,

44,45).

C'est ici un nouvel et frappant exemple du

langage emblématique usité dans le monde

universel, et connu dans l'antiquité. La con

duite de Nabuchodonosor aût été absurde

au-delà de toute expression, si la possibilité

de communiquer avec le monde des esprits,

c'est-à-dire, avec les hommes dépouillés de

leurs organes matériels, et d'apprendre par

leur moyen certaines choses cachées , n'avait

point été généralement reconnue dans son

empire. Qu'on lise cette transaction intéres

sante tout au long dans la Bible , on verra

qu'il n'y a qu'à admettre que l'être qui agit

dans nos rêves, est un être réel et substan

tiel ; que ce même être survit après la des

truction du corps 5 qu'alors il parle par em

blèmes , tandis que l'homme -matériel ne

connaît que le langage par sons articulés; et

8..

Page 191: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

inS ie VRAt messie.

que de cette manière certaines communica

tions peuvent s'établir moyennant les son

ges, entre les vivans et les morts autrement

séparés comme par un mur d'airain ; et tout

s'explique!

Dans la mythologie païenne , qui avait re

tenu bien des choses des emblèmes naturels

dont la connaissance venait seulement de

s'effacer, les quatre métaux signifiaient les

quatre différens âges du monde. Dans la

langue dela nature, ils représentent quatre

différens degrés de bonté et de vérité, et

par - là même les Églises ou sociétés 'cor

respondantes à ces degrés.

Mais qui pourrait se tromper aujourd'hui

sur l'application spirituelle de ce songe de

Nabuchodonosor ? Cette pierre , détachée

sans mains d'homme, n'est-elle point évi

demment JÉSUS - CHRIST , la pierre de

l'angle, le rocher des sièclesl En d'autres

termes, n'est-elle point évidemment JÉHO-

VAH, paraissant sur la terre comme VERBE

ÉTERNEL ? Ce royaume, qui ne sera jamais

détruit, n'est-ce point évidemment celui que

JÉSUS-CHRIST a établi , lequel seul pourra

^. enfin engloutir tous les autres , quand il sera

Page 192: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

LE VRAi MESSIE. i 79

bien connu sur la terre, parce que c'est un

royaume d'AMOUR tout différent de ceux

établis par les enfans des hommes?

La première année de Darius,fils d'As-

suérus, de la race des Mèdes,..moi Daniel,

j'eilS , PAR LA LECTURE DES LlVRES SAINTS ,

l'intelligence du nombre des années dont

JÉHOVAH avait parlé au prophête Jéré-

mié, en disant que la désolation de Jéru

salem durerait soixante-dix ans. J'arrê

tais mes yeux et mon visage sur le SEI

GNEUR, pour le prier et le conjurer....Je

n'avais pas encore achevé ma prière ,

lorsque l'ange Gabriel, quej'avais vu au

paravant dans une vision, vola tout à

coup à moi, et me touùha au temps du sa

crifice du soir. Il m'instruisit , me parla

et me, dit: Dès le commencement de votre ,

prière,j'ai recu cet ordre, etje suis venu

pourvous découvrir toutes choses , parce

que vous êtes un homme rempli de désirs.

Soyez donc attentif à ce que je vais vous

dire , et comprenez cette vision. Dieu a

abrégé et fixé le temps à soixante-dix

semaines , enfaveur de votre peuple et de

votre ville sainte , afin que les prévarica*

Page 193: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

l8o LE VRAI MESSIE. .

tions soient abolies , que le péché trouve

safin , que l'iniquité soit effacée, que la

justice éternelle vienne sur la terre, que

les visions et les prophéties soient accom

plies, et que le SAINT DES SAINTS SOIT

OINT DE L'HUILE SACRÉE. Sachez donc

ceci, et legravez dans votre esprit. Depuis

l'ordre quisera donnéde rebâtirJérusalem,

jusqu'au CHRIST,CHEFDEMONPEUPLE,

il y aura sept semaines et soixante-deux

semaines; et les places et les murailles de

la ville seront bâties de nouveau , parmi

des temps fâcheux et difficiles , pendant

sept semaines. Et après soixante-deux se

maines, le CHRIST SERA MIS A MORT;

et le peuple qui doit le renoncer, ne sera

plus son peuple. Un peuple, avec son chef

qui doit venir , détruira la ville et le sanc

tuaire ; elle finira par une ruine entière ,

et la désolation qui lui a étéprédite arri

vera après la fin de la guerre. Il conti

nuera son alliance avec plusieurs dans une

SEMAINE ; et A LA MOITIÉ DE LA SEMAINE les

hosties et les sacrifices seront abolis ; l'a

bomination et la désolation seront dans

le temple, et la désolation durera jusqu'à

Page 194: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

LE VRAI MESSIE. l8l

la consommation et/usqu'àlaJin(Dan\el ,

ix, i, 3,3, 21,22, 23, etc.).

Cette prophétie est si claire et en même

temps si touchante, que nous ne ferons pas

au lecteur l'injure de vouloir la lui expli

quer. Nous nous contenterons de lui faire

remarquer que la manière de tompter dont

se sert ici l'ange Gabriel, quoique envelop

pant un nouveau mystère , que nous ne

comprendrons peut-être que dans le ciel(i),

consiste à entendre par semaines des se-

maines ou septaines d'années; et que cela

ne doit point étonner.; car, qu'au lieu du

mot semaine , devenu exclusif parmi nous ,

on se figure le mot douzaine ,on verra clai

rement que le prophète pouvait entendre

des années comme toute autre mesure

de temps. C'était pour l'intelligence des

soixante et dix années de Jérémie que Da

niel priait, persuadé qu'il était déjà alors

(i) Nous croyons avoir découvert, depuis que ceci

est écrit, que cette nouvelle manière mystérieuse de

s'énoncer, n'a été employée que pour dérouter ceux

des êtres dégradés du monde universel qui auraient

«herché à contrarier les desseins de Dieu , si le plan

de son amour leur eût été connuplus clairement.

Page 195: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

i82 LE VRAI MESSIE.

que ce nombre n'était qu'emblématique.

Maintenant l'ange lui apparaît et lui parle ,

non plus d'années, mais de semaines; nou

vel hiéroglyphe , mais que le prophète com

prit parfaitement, et que l'histoire a rendu

depuis fort clair. En comptant par semaines

ou septaines d'années , on trouve juste les

4go ans qui s'écoulèrent entre le règne d'Ar-

taxerce, sous lequel la construction du tem

ple fut reprise, et la mort de JÉSUS-CHRIST;

sept fois 70 faisant juste 490. Comme nous

l'avons déjà dit, quand JÉHOVAH parle, il

s'adresse à toute sa création intelligente; et

chaque être trouve dans ses paroles ce qui

lui est approprié. Les esprits purs quiagissent

sur le genre humain, doivent nécessaire

ment être toujours en avance sur lui, dans

l'intelligence des oracles du Très-Haut; ora

cles dont ils concourent à amener l'accom

plissement parfait , malgré les efforts réunis

de tous les esprits dégradés, et malgré la

liberté laissée aux hommes, sur lesquels les

destinées de la terre ne sont jetées simple

ment que comme dimmenses réseaux en

veloppant lesmasses sans gêner les individus.

Ce grand but, le Ciel ne l'atteint qu'en par

Page 196: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

LE VRAI MESSIE. l83

lan t par emblèmes. Les nombres surtout en

offrent de riches et de difficiles à saisir, dans

ce monde qui est placé hors du temps et de

l'espace, ou plutôt dans ce monde où le temps

et l'espace ne sont plus que des apparences

susceptibles du plus et du moins. Pour ce

qui nous concernait, il suffisait que, d'après

cette prophétie, nous pussions fixer assez

clairement l'époque de l'arrivée du MESSIE,

pour ne le point méconnaître ; et pour cela,

elle était assurément assez claire et assez pré

cise. Au milieu juste des trois années et de

mie indiquées par l'ange , JÉSUS DE NA

ZARETH A ÉTÉ SACRÉ ROI DES JUIFS

SUR LE CALVAIRE, POUR COMMENCER

SON RÈGNE ÉTERNEL.

Daniel déclare, dans ce texte, que c'est

par la lecture des Livres Saints qu'il est

entré en communication avec le monde

spirituel. En reconnaissant aujourd'hui que

ces Livres sont écrits en langue naturelle,

on conçoit que Daniel avait pris le vrai moyen .

Le même prophète dit ailleurs que rien

n'est plus difficile au monde que de bien

comprendre les visions; qu'il faut une sa

gesse, une science et une persévérance dont

Page 197: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

l84 LE VRAI MESSIE.

.peu de mortels sont susceptibles. Nous le

croyons facilement , car l'alphabet de la

langue de la nature est bien plus immense

que celui de la langue chinoise. Cet alphabet

a dérouté non-seulement les confesseurs de

sainte Thérèse et ceux de cent autres exta

tiques, mais, selon quelques-uns, le profond

Pascal lui-même. — Que l'on ne se hâte pas

toutefois d'en conclure que nous, chétif,

qui avons démêlé quelque chose de cette

langue, nous sommes doué d'un génie tel

qu'il n'en a pas encore paru. Non , ce phé

nomène peut s'expliquer d'une toute autre

façon; et quand il sera utile de le faire ou

que le temps en sera venu, nous dirons le

fin mot. Nous ferons même plus, nous prou

verons nos assertions; car l'expérience que

nous ont fait acquérir les ouvertures que

nous avons cru devoir faire à cet égard à

trois ou quatre savans ( ecclésiastiques et

autres ), nous a convaincu que la raison,

la conscience ni Vhonneur ne suffisent plus

pour que l'on soit cru sur parole, dès que

l'on avance desfaits relatifs à une autre vie ,

et sentant tant soit peu la science cabalis

tique.

Page 198: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

LE VRAI MESSIE. l85

Vous allez être pillée, ô fille des vo

leurs ! Ils vous assiégeront de toutes

parts; ILS LEVERONT LA VERGE SUR LE

PRINCE D'ISRAËL, et le frapperont sur

la joue. Et vous j Bethléhem Ephrata ,

vous êtes petite entre les villes de Juda ;

c'est de vous toutefois que sortira CELUI

qui doit rgéner dans Israël , dont les gé

nérations sont dès le commencement, dès

l'éternité. Après cela, il les abandonne

ra jusqu'à ce que celle qui doit enfanter

ait enfanté ; et ceux de sesfrères qui se

ront, restés , se convertiront et sejoindront

aux enfans d'Israël. Il demeureraferme,

et il paîtra son troupeau dans laforve de

JEHOVAHj dans la sublimitéde la majesté

de JÉHOVAH, SON DIEU. Et les peuples

seront convertis , parce que sa grandeur

éclatera jusqu'aux extrémités du monde.

C'est LUI qui sera notrepaix (Michée, v,

i,a, 3,4).

Michée a ppelle Jérusalem/?//e des voleurs,

parce qu'elle était une Eglise corrompue, qui

s'arrogeait le droit d'expliquer la parole de

Dieu d'après son propre sens pervers, et qui ,

s'attachant à la lettre, faisait consister la Reli

Page 199: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

l86 LE VRAI MESSIE.

gion dans de vaines subtilités , et négligeait

les points les plus importons de la loi, sa

voir, lajustice et la miséricorde , ainsi qu'il

arrive à toutes les Eglises sur leur déclin.

Bethléhem^ en hébreu, signifie la Maison

du Pain, où est né CELUI qui est le pain

de vie. Il serait très - possible que par un

second emblème, Bethléhem représentât, à

l'égard des esprits célestes, notre terre tout

entière. Elle est également une des plus pe

tites du firmament, et c'est d'elle néanmoins

qu'est sorti CELUI qui sera éternellement le

Pain des anges. .

Ces mots : dont les générations sont

éternelles, n'indiquent nullement xmfils de

Dieu engendréde toute éternité, mais bien

le CRÉATEUR lui-même, dont les produc

tions sont dès le commencement. D'autres

. passages analogues, bien examinés, prouvent

jusqu'à l'évidence que c'est là leur unique

vrai sens.

Ces mots : après cela , il les abandonne

ra JUSQU'A CE QUE CELLE QUI DOIT ENFANTER

ait enfanté , nous paraissent extrêmement

remarquables, en ce qu'ils annoncent déjà

par avance le renouvellement de l'Eglise que

Page 200: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

LE VRAI MESSIE. i87

JÉSUS-CHRIST devait établir; renouvelle

ment dont , du reste , le SAUVEUR a parlé

lui:même ouvertement, en prédisant l'extinc

tion de toute charité et de toute foi, et un

second avènement du Fils de Vhomme.

Voici comment ce passage doit être entendu:

Après être sorti de Bethlêhem Ephrata ,

c'est-à-dire, après avoir établison Eglise, le

MESSIE doit abandonner les siens, en

d'autres termes, être méconnu des siens,

jusqu'à ce que celle qui doit enfanter ait

enfanté, c'est-à-dire, jusqu'à ce que lasocié-

té, ou Eglise formée par lui, ait donné

d'elle-même naissance à une autre socié

té ou Eglise,comme saint Jean l'a prédit éga

lement depuis dans l'Apocalypse sous l'em

blème d'unefemme enceinte , accouchant

d'un enfantmâle enprésence d'undragon.

Alors ceux de sesfrères qui seront restés,

c'est-à-dire, lesJuifs actuels,se convertiront

et se joindront aux en/ans d'Israël, c'est-

à-dire, aux Chrétiens actuels, car les vrais

enfans d'Israël ne sont autres que les vrais

adorateurs de JÉHOVAH.

Si cette explication n'est point la véritable,

il est inutile d'en chercher d'autres. Mais

Page 201: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

l88 LE VRAI MESSIE.

aussi, en admettant par une conséquence

forcée, que les seuls vrais adorateurs sont

aujourd'hui ceux qui reconnaissent l'iden

titédepersonne entre JEHOVAH et JÉSUS-

CHRIST, il ne serait point étonnant que

nombre de Juifs reconnussent enfin la vérité,

en entendant annoncer ce MESSIE-JEHO-

VAH, MESSIE-PÈRE , MESSIE véritable

ment NOUVEAU pour .eux, comme il l'est,

hélas! pour un trop grand nombre de Chré

tiens de nos jours. Dieu veuille que nospres-

sentimens ne nous trompent pas: mais nous

espérons tout de la nouvelle époque qui se

présente pour le Christianisme.

Jegarderail'alliance quej'aifaite avec

vous lorsque vous êtes sortis du pays d'E-

gj"pte7 etmon esprit sera au milieu devons.

Ne craignez point. Voici ce que dit JE

HOVAH, le Dieu des armées: Encore un

peu de temps , et j'ébranlerai le ciel et

LA TERRE, LA MER ET TOUT L'UNIVERS ; j'É-

BRANLERAI TOUS LES PEUPLES , ET LE DESIRE

DE TOUTES LES NATIONS VIENDRA; et

je remplirai cette maison de gloire La

gloire de cette derniere maison sera plus

grande que celle de la première (Aggée, n,

Page 202: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

LE VRAI MESSIE. i 89

Une prédiction aussi solennelle annonce

autre chose qu'un grand conquérant, autre

chose qu'un prophète, et, nous osons le dire,

autre chose qu'un fils de Dieu distinct de

sa personne sacrée ; un fus même éternel,

personnellement distinct de lui, si cela était

possible, ne pouvant jamais remplacer JÉ

HOVAH. C'est JÉHOVAH, le CRÉATEUR

lui-même, qui est le DESIRE de toutes les

nations ; c'est LUI que le cœur réclame et

que les yeux cherchent. Aucun bonheur ne

peut remplacer auprès d'une créature celui

de voir et de posséder son CRÉATEUR.

C'est précisément pour cela que ce CRÉA

TEUR, aussi bon qu'il est puissant, s'est

tellement personnifié eh JÉSUS-CHRIST,

que celui qui voit JÉSUS-CHRIST voit

la PERSONNE MÊME du Dieu caché:

vérité évidente pour le philosophe qui a

reconnu la nécessité absolue des emblèmes

naturels; vérité disons-nous, évidente, au

point que si JÉHOVAH ne s'était point ma

nifesté comme homme, il faudrait qu'il se

manifestât tôt ou tard comme ange : et

par-là même l'incrédulité n'en serait pas

plas avancée puisque seulement alors

Page 203: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

i90 LE VRAI MESSIE.

on concevrait moins comment la bonté

infinie aurait visité . plutôt l'homme déjà

transformé et devenu pareil aux esprits im

mortels, que l'homme malheureux acca

blé du poids de la matière , et dont la

perversité et les souffrances de tout genre

le rendaient un objet plus digne de pitié et

de commisération.

Alliance veu.t dire, union intime par la

connaissance et l'amour. — Ebranler le

ciel, la terre et la mer, c'est amener des

changemens dans la société céleste , dans

l'église terrestre qui lui correspond, et

dans les vérités naturelles ou la sagesse

humaine.

Ecoutez , 6 Jésus, grand-prêtre, vous et

vos amis qui sont auprès de vous (car

ILS SONT DESTINÉS A ÊTRE LA FIGURE DE

l'avenir), je vais faire venir /'ORIENT

qui est mon serviteur. Koici la pierre

que j'ai mise devant Jésus : il y a sept

yeux sur cette unique pierre : je la taille

rai, et je la graverai moi-même avec le

ciseau, ditJEHOVAH, le Dieu des armées;

etj'effacerai en unjour l'iniquité de cette

te/Te (Zachariê . n , 8, .9).

Page 204: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

LE VRAI MESSIE. i0i

Nous citons ce passage principalement

comme une preuve de la signification em

blématique de certains personnages des

Saintes-Écritures, personnages choisis et mis

pour ainsi dire exprès à part pour être la

figure de l'avenir. Les emblèmes que des

personnes choisies ainsi exprès offraient,

étaient moitié naturels, moitié factices; et

le même JÉHOVAH, comme RÉDEMP

TEUR FUTUR, a été représenté par une

infinité de personnages différens, depuis

Abraham jusqu'à saint Jean -Baptiste; le

même mystère d'amour pouvant être consi

déré sous une infinité de rapports divers.

Quelques-uns des emblèmes de ce passage

ne sont pas encore connus dans leurs détails.

Il en est ainsi de celui de la pierre taillée à

sept facettes, à moins que cette pierre

n'ait rapport à l'arc septicolore de Val

liance de FÉternel avec la nature, et ne re

présente la foi sacrée en JÉSUS - CHRIST,

devenu à la fois notre rocher, notre vie,

notre lumière, noirejustice ^ et par-là notre

Sabbat pu éternel bonheur (i).

(1) Le nombre sept est un nombre si remarquable

dans la langue de la nature , que nous ne pouvons

Page 205: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

ig2 LE VRAI MESSIE.

Quant à VOrient, serviteur de JEHO-

VAH, il ne peut être que JÉHOVAH lui-

nous défendre d'en dire encore un mot à cette occa

sion , quoique à peine il nous sera possible d'effleu

rer cette matière. Par toute la Bible, dans l'Ancien

comme dans le Nouveau Testament , le nombre sept

signifie toujours une chose infiniment sainte et sacrée;

et par conséquent , dans le sens opposé , une chose in

fernale au suprême degré. De là le Sabbat , la sep

tième époque, ou le septième Jour , qui n'est que la

perfection morale d'une créature, sa sainteté, son

éternel bonheur en Dieu. De là le repos du Créateur

lui-même, à la suite de l'œuvre des six jours; de là

l'année jubilaire des Juifs, après sept fois sept ans,

figure du jubilé éternel des esprits devenus parfaits,

selon leur nature ; et cent autres rapprochemens qu'il

nous serait facile de faire des passages des Saintes-

Écritures rappelant le nombre sept. Mais c'est surtout

en tant que s'appliquant à la nature physique, que

notre intention est ici de considérer ce nombre re

marquable , persuadés que deux mots, à cet égard,

suffiront, pour faire voir au lecteur le plus prévenu

que nos convictions ne. reposent point entièrement

sur des chimères , et que les emblèmes moraux , four

nis par les nombres eux-mêmes , peuvent être fondés

en nature. C'est évidemment d'après la base du nom

bre sept que tous les organes du corps humain ont

été formés. La voix de l'homme est divisée en sept

tons différens , savoir : cinq tons pleins et deux demi-

Page 206: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

LE VRAI MESSIE. I 0,3

même, apparaissant sous la forme de JÉSUS-

CHRIST. JÉSUS-CHRIST seul a effacé de-

tons. La même division se remarque dans les sons que

rend le gosier, et qui donnent cinq voyelles et deux

diphthongues. Les yeux distinguent de même sept

couleurs principales, dont deux peuvent être régar

dées comme des demi-couleurs. Dites la môme chose

de l'oreille qui est en un exact rapport avee la voix.

Dites la même chose, en un mot, de tous les sens de

l'homme , dont le nombre lui-même pourrait facile

ment être porté à sept, comme nous l'avons remarqué

ailleurs , en y faisant entrer le cœur et l'organe de la

reproduction : car il est évident que les mêmes pro

portions se trouvent dans les odeurs, les saveurs, et

en général dans toutes les formes géométriques primi

tives. Nous sommes si convaincus de cette vérité , que

nous osons prédire à messieurs les phrœnologistes

qu'ils porteront un jour le nombre de nos organes

cérébraux , au nombre jubilaire, c'est-à-dire, à sept

fois s»ept, ou "à quarante-neuf; de même qu'un de

nos amis leur avait déjà 'prédit qu'ils y reconnaîtraient

trois catégories distinctes. Il nous est également par

venu qu'un savant médecin de la capitale croit avoir

trouvé certains rapports entre la structure du corps

humain, et celle des temples d'Egypte, et entre ces

derniers et la distribution de notre système plané

taire; et nous osons l'engager à livrer hardiment son

travail au public , sur , d'avance , qu'il ne peut qu'être

ingénieux.

9

Page 207: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

194 I^E VRAI MESSIE.

v.

puis l'iniquité de la terre; seul il a déclaré

avoir par lui-même ce droit incommuni

cable de la Divinité de remettre les péchés :

afin que vous sachiez que le fils de

l'homme a sur la terre le pouvoir de re

mettre les péchés , levez-vous, dit-il au

paralytique ; emportez votre lit, et vous

en allez dans votre maison.

Vous recevrez l'or et l'argent, et vous

enferez des couronnes que vous mettrez

sur la tête du grand-prêtre Jésus, fils de

Josedec , et vous lui direz : Voici ce que

dit JÉHOVAH, le Dieu des armées; voila

l'homme qui a pour nom /'ORIENT; ce

sera un germe qui poussera de lui-même;

et il bâtira le temple de JÉHOVAH. Oui,

lui-même , il bâtira le temple de JEHO-

ATAH; il sera couronné dé gloire, il s'as-

séjera sur son trône et dominera. Le

grand-prêtre sera aussi assis sur le sien , *

et il y aura entr'eux une alliance de

paix (Zacharie, vi. ii, i2, i3).

En examinant de près, et conformément

au génie de la langue de la nature, ce nom

d'OIUENT donné au MESSIE par plusieurs

prophètes, on ne peut y méconnaître ce

Page 208: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

LE VRAI MESSIE. igS

vrai soleil levant qui devait éclairer nos

ténèbres, savoir, JÉHOVAH en tant que

verbe ou étemelle vérité, naissant dans

l'obscurité sur la terre des mortels, et arri

vant par degrés au midi ou à la plénitude

de son être. — Le mot de germe implique

la même idée : imperceptible d'abord, il doit

se développer peu à peu, et devenir enfin

le temple de JEHOVAH. Ce germe doit en

outre pousser de lui-même : c'est évidem

ment l'incarnation immédiate et volontaire

de DIEU RÉDEMPTEUR : c'est lui qui est

devenu le vrai temple de JÉHOVAH,détruit

et rebâti au bout de trois jours; le taber

nacle de la Divinité , laquelle y habite cor-

porellement et dans tou-te sa plénitude,

pour être à ^mah/iccessible aux hommes.

Nous-mêmes, nous devons plus tard former

autant de pierres vivantes de ce temple ,

afin qUe tous soient consommes dans l'u

nité,

JÉSUS-CHRIST s'est -assis sur le trône

de son PÈREquand le FILS DE L'HOMME

est remonté là oà il était auparavant ;

et le grand-prêtre ( selon Vordre de Mel-

chisédec) s'y est assis en même temps; car

. . 9-

Page 209: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

i96 LE VRAI MESSIE.

JÉHOVAH, DIEU CRÉATEUR, et JÉSUS-

CHRIST, DIEU RÉDEMPTEUR , ne sont

qu'un seul et même Etre adorable, uni

que dans son essence , triple par rapport à

l'homme. C'est une union , ou plutôt une

unité entière et parfaite que le prophète

entendait par une alliance de paix entre

le germe de JÉHOVAH et le grand-prêtre.

JÉSUS est UN avec JÉHOVAH ; l'homme

peut simplement lui être uni: telle est la

différence.

Pour mettre tous les lecteurs en état d'é

tudier par eux-mêmes plus à fond ce pas

sage emblématique de Zacharie, en le com

parant à d'autres passages analogues, nous

rappellerons ici que Jésus-Josedec signifie

Sauveur- Jéhovah-Justice , Jo étant une

abréviation de Jéhovah.

En ce temps-là , dit JÉHOVAH , je tra

vaillerai à réduire en poudre toutes les

nations qui viendront contre Jérusalem ,

et je répandrai sur la maison de David et

sur les habitans de Jérusalem un esprit de

grâces et deprièi l <vIls jetteront les yeux

sua MOI qu'ils auront percé; ils pleure

ront avec larmes et avec soupirs CELUI

Page 210: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

LE VRAI MESSIE. i97

qu'ils auront blessé , comme on pleure un

fils unique; et ils seront pénétrés de dou

leur, comme on l'est à la mort d'un fils

aîné (Zacharie, xn, g, i0).

Il ne reste rien a expliquer ici : il n'y

a qu'a engager le lecteur a reconnaître

SON SEIGNEUR ET SON DIEU, si jusque-

la IL A EU LE MALHEUR DE LE MÉCONNAÎTRE.

Ce n'est point un faible mortel comme lui,

• c'estJÉHOVAH, son DIEU en personne, qui

lui parle en -cet endroit. Les expressions de

fils unique^ de fils aîné^ ne sont que des

comparaisons.

En cejour-là^ chacun de ces prophêtes

qui auront inventé des prophéties ; sera

confondu par sa propre vision. Ils ne se

couvriront plus de sacs pour donner de

Pautoritéà leurs mensonges ; mais chacun

d'eux dira: Je ne suis point prophête ; je

suis un homme qui laboure la terre dès

majeunesse, à l'exemple d'Adam. Alors

on lui dira : D'où viennent donc ces plaies

que tu as dans les mains ? et il répondra :

J'ai étépercé de ces plaies dans la maison

de ceux qui m'aimaient. 0 épée, réveille-

toi! YiENS CONTRE MON PASTEUR, CONTRE

Page 211: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

igS LE VRAI MESSIE.

l'homme qui se tient toujours attaché

a moi, dit JÉHOVAH,LE Dieu des armées;

FRAPPE LE PASTEUR, ET LES BREBIS SERONT

DISPERSÉES, ET j'ÉTENDRAI MA MAIN SUR LES

petits ( Zacharie, xm , 4 , 5 , 6 , 7 ).

On voit par ce passage que la coutume

des faux prophètes, chez les Juifs, était d'a

voir les mains percées : coutume qui ne

pouvait venir que d'une connaissance anti

cipée de la mort du MESSIE, ou bien de

quelque connaissance vague de la significa

tion naturelle des mains percées en elle-

même. Il y avait anciennement dans l'Orient

de nombreuses écoles, où on formait de

jeunes prophètes par centaines, comme dif-

férens passages de l'Ancien Testament le

prouvent. Ceux qui ne pouvaient s'élever à

la hauteur de l'extase divine, ou plutôt

ceux que le SEIGNEUR n'élevait point à

cette hauteur, tâchaient alors d'imiter les

prophètes véritables le mieux qu'ils pou

vaient ; en d'autres termes, ilsjouaient les

prophêtes, aidés en cela plus ou moins

par les mauvais esprits. Et cet abus fut to

léré deda part de la Providence, comme un

contre-poids dans la balance de la liberté

Page 212: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

LE VRAI MESSIE. I QO.

humaine, et pour éviter de plus grandes

profanations.

Par l'homme qui se tient toujours à la

droite de JÉHOVAH, et que David appelle

souvent le fils de la droite, on ne peut

entendre qu'ADONAI^ l'éternelle vérité,

fruit de l'éternel amour, comme nous l'a

vons déjà fait remarquer; ou JÉHOVAH,

apparaissant sous laforme angélique ou

humaine; forme qu'il a revêtue de chair ^

quand le pasteur devait être frappé, les

aînés du troupeau dispersés . et lesjeunes

brebis recueillies pour former une société

nouvelle.

JÉHOVAH paraîtra ensuite , et il com

battra cette nation, comme il afait quand

il.a combattupour sonpeuple. En cejour-

là, IL POSERA SES PIEDS SUR LA MONTAGNE DES

Oliviers j qui est vis-à-vis de Jérusalem

vers l'orient; et la montagne des Oliviers

serafendue par le milieu , vers l'orient et

l'occident , de sorte qu'il y aura une très-

grande vallée ; et une moitié de la mon

tagne se retirera vers l'aquilon, et l'autre

moitié vers le midi. Et vous fuirez par

cette vallée des montagnesjusqu'à Astal;

Page 213: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

200 1È VRAI MESSIE.

vous vous enfuirez comme vous vous en-

fuites devant le tremblement de terre , aux

jours de Josias, roi de Juda. Alors JÉHO

VAH monDieu viendra; et tousses Saints

seront avec lui. En ce temps-là, on ne

verra point de lumière ; mais il n'y aura

que froid et gelée. Ily aura unjour connu

de JÉHOVAH ^ qui ne sera nijour ni nuit;

et sur le soir de cejour\ la lumière paraî

tra . Il.soHira alors deJérusalem des eaux

vives , dont la moitié se répandra vers la

mer d'orient , et l'autre moitié vers la mer

d'occident; et elles couleront l'hiver et

l'été. En ce temps-là, JÉHOVAH sera le

roi de toute la terre; JÉHOVAH sera UN,

et son nom UN (Zacharie, xiv, 3, 4j 5, 6,

7,8,9).

Nous pensons en avoir dit assez au lecteur

pour qu'il soit persuadé que tout ce passage

est emblématique, et qu'il n'est point impos

sible d'en retrouver toutes les significations

de détail. Un travail approfondi sur la lan

gue de la nature, parlée par tous les prophè

tes, travail qui sans doute ne sera pas l'ou

vrage d'un seul homme, mènera à ce résultat.

En attendant, on voit clairement que , par

Page 214: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

LE VRAI MESSIE. SOt

les eaux sortant de Jérusalem, il faut en

tendre les vérités divines ; que ce jour oh

il n'y a ni lumière ni ténèbres , mais seule

ment un crépuscule , duJrvid et de la gelée,

est le moment de l'extinction totale de la

vérité et de la charité, quand JÉHOVAH

est obligé de venir LUI-MEME au secours

de ses faibles enfans , pour rétablir et multi

plier parmi eux les liens de l'amour; enfin ,

que Vo/'ient indique Vaccroissement de cer

taines vérités, et Voccident le décaisse

ment de certaines autres; tout comme le

midi indique les sociétés,qui sont dans la

charité , et le nord^ celles qui manquent

de charité.

Nous savons bien déjà ce que veut dire

montagne; mais la circons-tance des oli

viers , et celle de la séparation de la mon

tagne des Oliviers en deux parties , pour

laisser un vallon au milieu, sont encore des

énigmes pour nous.

Le reste de cette prophétie est fort

clair: JÉHOVAH paraîtra; il posera se&

PIEDS SUR LA MONTAGNE DES OLIVIERS. Ses

pieds, comme nous Pavons prouvé, sont

son humanité tout entière. Il ne reste

9-

Page 215: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

202 LE VRAI MESSIE.

donc maintenant qu'à attendre ce moment

solennel, où JÉHOVAH deviendra par le

fait LE ROI de toute la terre ; et ce mo

ment arrivera quand on ne dira plus que

JÉHOVAH est trois, mais UN , ni que son

nom est trois , mais UN.

Je vais vous envoyer mon ange , qui

préparera ma voie devant Mkface , et aus

sitôt le DOMINATEURquevous cherchez ,

l'ANGE DE L'ALUANCE QUE VOUS DÉ

SIREZ, viendra dans son temple : LE

^OICl QUI VIENT, dit JÉHOVAH, LE

DIEU DES ARMÉES (Malachie, m. i).

On remarque avec autant d'admiration

que de joie, comment les prophéties sont

devenues toujours plus claires, à mesure que

les temps du MESSIE approchaient : LE

VOICI QUI VIENT, dit Malachie, le der

nier des prophètes.

Et dans ce moment décisif, encore nulle

mention d'utifils éternel^m d'une seconde ,

ni encore moins d'une troisième personne

distincte dans L'ÊTRE DIVIN. JÉHOVAH

ne dit pas imon ange préparera la voie à

mon fils , mais mon ange préparera MA

VOIE devant MA FACE.

Page 216: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

US VttAt MESSIE. 303

Nous nous arrêterons ici, et nous n'accu

mulerons pas un plus grand nombre de té

moignages tirés del'Ancien Testament , pour

prouver notre thèse : ce que nous avons dit

est plus que suffisant pour éclairer tout

homme sensé et de bonne foi. Malheur au

lecteur qui jusqu'ici n'aurait point reconnu

le DIEU DE SON COEUR, et SA PART

POURl'ÉTERNITÉ!

Réponse à quelques objections.

Avant de passer à ce que le disciple bien

aimé et les autres apôtres nous apprendront

sur la personne sacrée du MESSIE, avec le

quel ils ont vécu, pour ainsi dire , dans une

amitié intime, nous devons répondre à quel

ques objections insignifiantes, que, dans

des temps d'ignorance, on a cru pouvoir

faire contre l'unité absolue de personne en

JEHOVAH) d'après quelques expressions

particulières de l'Ancien Testament.

Elohim, dit-on, est un des noms que les

prophètes, après Moïse, donnent le plus

souvent à Dieu : or, ce nom est évidemment

un pluriel. On voit même plusieurs fois ce

nom construit avec des adjectifs ou des

Page 217: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

20-4 l-E VRAI MESSIE.

verbes au pluriel. Ainsi Abraham dit ( Ge

nèse , xx, i3) : Depuis quEzonm mont

fait sortir de la maison de mon père

(Genèse, xxxv, 7); il est dit : Elohim se

sont montrés à Jacob ; les deux verbes

niguelou iSaa , et hithehou innn 1 étant in

contestablement des pluriels dans la langue

originale. Ainsi, au Deutéronome(iv, 7), on

lit : Elohim Kérébim omp daiSn les Dieux

proches; dans Isaïe (uv, 5), on trouve le

verbe osika, "pn, vrai pluriel , en parlant du

CRÉATEUR, comme si le prophète avait

dit : ceux qui vous ont fait. Au second

livre de Samuel (vu, 23), Elohim Halé-

kou^ inSn D'nbx; ailleurs enfin, on .rencon

tre ces expressions : Elohim Kedoshim ,

OTznp dviSn, Elohim Gebahim ,dVqj ovhx ,

autant de pluriels; donc, dit-on, même

d'après l'Ancien Testament, on peut recon

naître plusieurs personnes en Dieu.

Mais, nous le demandons, comment dans

une question d'une telle importance^ ques

tion qui touche à la nature même de l'ETRE

que Ton ne peut diviser qu'en le détruisant,

on ose s'appuyer de telles autorités? Même

en reconnaissant quelque force à ces petites

Page 218: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

LE VRAI MESSIE. 2o5

remarques, que pourraient-elles prouver

contre plusieurs milliers de passages formels

qui représentent le CRÉATEUR comme un

être absolument unique! . .

Tous les passages cités, au reste, ou ne

sont qu'autant d'anomalies grammaticales ,

ou sont des textes mal compris et mal appli

qués, comme nous Talions montrer.

Sans parler des faux dieux , tout le monde

ne sait-il pas en effet qu'anciennement on

appelait quelquefois les anges, quelque

fois même les grands hommes, du nom de

Dieux! Et est-il étonnant alors qu'avec le

temps il se soit introduit une terminaison plu

rielle dans un des noms donnés à JÉHOVAHi

sans que personne ait prétendu par-là mul

tiplier en aucune façon son être ni sa person

nalité! Entrez dans les détails, vous verrez

qu'aucune de ces objections ne mérite d'être

prise en une sérieuse considération. Abra

ham, dans l'endroit cité, parle à un idolâtre,

à Abimelek , de visions qu'il avait eues en

songe par le ministère des anges, dans un

temps où lui-même ne regardait encore

.1EH0VAH que comme un Dieu distinct, et

plus puissant que les autres (si toutefois

Page 219: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

2o6 LE VRAI MESSIE.

Abraham a jamais eu avant sa mort des

idées plus saines; ce que nous ne décidons

pas ici (i)); il pouvait donc se servir tout natu

rellement de l'expression plurielle Elohim ,

sans que l'on en puisse tirer aucune con

séquence. Dites la même chose du passage

relatif à Jacob, à qui Dieu s'était également

révélé moyennant les sociétés du inonde

spirituel, ou du moins accompagné de ces

sociétés , sur l'échelle emblématique. Au

Deutéronome, il est évidemment question

de faux dieux. Isaïe , où il n'a ajouté Vlota

que par euphonie au participe osika^ selon

l'usage reçu; ou bien il aura voulu donner

à entendre par-là les soins multipliés que

le Seigneur avait pris dans divers temps pour

réformer Israël. Enfin Elohim Kedoshim

ne veut dire autre chose que Dieu les sain

tetés, ou Dieu très-saint; Elohim-geba-

him^ Dieu les hauteurs, ou Dieu très

(i) Abraham n'a jamais appelé Dieu directement

Jéhovah; seulement , quand il donna un nom à la

montagne où il allait sacrifier Isaac, il l'appela Jéhovah

y pourvoira. Aussi l'ÉTERNEL déclare-t-il à Moïse

(Exode vi, 3.), qu'il n'a point été connu d'Abraham

par son NOM JÉHOVAH; ce qui est très-digne de

remarque.

Page 220: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

LE VRAI MESSIE. 207

haut, un pluriel n'étant très souvent qu'un

superlatif. Le mot Elohim, d'ailleurs, n'est

pas le seul mot de la langue hébraïque qui ,

avec une terminaison plurielle ne soit en ef

fet qu'un singulier. Nous pourrions en citer

des exemples. De plus, ce même mot Elo-

him se trouve, en revanche, construit avec

un singulier dans dés endroits où il est un

pluriel véritable, désignant les faux dieux :

Lo ihe/eh leka Elohim ekarim , est-il dit

dans le premier commandement, au lieu

ù'Ihejou. Et enfin , les deux mots Jéhovah

Elohim qui sont très souventjoints ensemble

peuvent tout .naturellement se traduire

ainsi : JÉHOVAH qui nous tient lieu de

tous les Vieux, ou bien JÉHOVAH qui est

le Dieu de bonté, le Dieu de- sagesse et

le Dieu de puissance. Au résumé, aucune

objection quelconque ne doit paraître de

quelque poids à côté de cette déclaration

solennelle de JÉHOVAH sur Sinaï : Écoute,

ô israel, JÉHOVAH ton dieu (ou Jébovah

QUI EST POUR TOI TOUS LES DIEUX ), EST UN

JÉHOVAH unique. Quand il n'y aurait dans

toute la Bible que cette seule déclaration ,

il faudrait s'y tenir (Deut. vi, 4)-

Page 221: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

208 LE VRAI MESSIE.

Mais, ajoute-t-on, voilà qui est plus sé

rieux. Dieu dit dans la Genèse : faisons

l'homme à notre image; l'homme est de

venu comme l'un d'entre nous; descen

dons et confondons leur langage. . . Cela

n'est-il pas décisif ?

Nousrépondons que ces sortes depassages,

ou n'offrent que des manières de parler

communes à toutes les langues, ou prouvent

que Dieu s'adresse quelquefois aux anges

qui l'entourent, efc que pour leur bonheur

il associe à ses œuvres. Quand Moïse fait

dire à Dieu , faisons , descendons , confon

dons, ce n'est évidemment que parce que

dans aucune langue l'impératif n'a de

première personne au singulier. Et pour ce

qui est do ces mots , l'homme est devenu

comme l'un d'entre nous, ils paraissent fort

naturels, quand on faj{ attention que le ser

pent , s'adressant à Adam et à Eve , avait dé

jà été représenté comme parlant au pluriel :

vous serez comme des dieux; car le Seigneur

n'a fait de son côté que rappeler ce propos.

Il faut sentir véritablementquel'on défend

une mauvaise cause , quand on a recours à

des inepties pareilles à celles que L'on n'a pas

Page 222: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

1E VRAI MESSIE. 20O.

craint d'avancer, quand on a voulu mainte

nir une trinité de personnes distinctes dans

l'essence divine. C'est ainsi que l'on s'est ac

croché à ce passage des Nombres ( vi, 24 ),

où est décrite la triple bénédiction que le

grand-prêtre devait donnera Israël dans cer

taines circonstances : Que JÉHOVAH vous

bénisse et qu'il vous conserve; que JÉHO

VAH <vous découvre son visage, et qu'il ait

pitié de vous ; que JÉHOVAH tourne son

visage vers vous ,^t qu'il vous donne la

paix.CeUe bénédiction peutsansdoute avoir

quelque rapport à la triple essence de JÉ

HOVAH, quand on le considère dans son

rapport avec l'homme; mais il y a loin de là

à une distinction réelle de personnes.

Terminons donc en déclarant de nouveau,

et solennellement, que dans tout l'Ancien

Testament il n'y a aucun vestige deladistinc-

tion dangereuse que l'on a faite dans les temps

modernes; que le MESSIE lui-même n'y est

jamais annoncé comme constituant une per

sonne à part, et qu'aucune vérité n'y est plus

souvent ni plus formellement répétée que

celle de L'UNITÉABSOLUEDEJÉHOVAH.

Page 223: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

3i0 LE VRAI MESSIE.

CHAPITRE IL

Jésus-Christ d'après le Nouveau Testa

ment.

Saint-Luc est celui des évangélistes qui est

remonté le plus haut dansl'histoire de la vie

mortelle de JÉSUS-CHRIST; saint Jean, ce

lui quia pénétré le plus avant dans la nature

de son être. Avant donc de parcourir par

ordre tout l'évangile de saint Jean, citons

d'abord quelques passages de saint Luc.

Alors un ange du SEIGNEUR apparut

à Zacharie ( le grand-prëtre) , se tenant

deboutaucôté droit de l'autel desparfums.

Et Zacharie , en le voyant,fut troublé, et

la frayeur le saisit ; mais l'ange lui dit :

Zacharie, ne crains point, car ta prièr-e

est exaucée , et Elisabeth , tafemme, t'en

fantera unfils; et tu lui donneras le nom

^^v.

Page 224: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

LE VRAI MESSIE. 2 M

de Jean. Il sera pour toi un sujet de joie

et de ravissement, etplusieurs se réjouiront

de sa naissance , car il sera grand devant

le SEIGNEUR. Il ne boira point de vin tii

d'autres liqueurs fermentées , et il sera

rempli du Saint-Esprit dès le ventre de sa

mère. Il convertira plusieurs des enfans

d'Israël au SEIGNEUR leur Dieu, et il

marchera devant lui dans l'esprit et lu

vertu d'Elié, pour tourner les cœurs des

pères vers les enfans, et les rebelles à la

sagesse des justes , afin de préparer au

SEIGNEUR un peuple parfait ( Saint Luc ,

du verset u au \^m° ).

Dans ce passage, il n'est encore question

directement que de la naissance du Pré

curseur : aussi ne le citons-nous que pour

mieux faire voir comment les deux Testamens

sontliés ensemble; comment le mémeplan est

partout poursuivi par le ciel, et annoncé à

la terre en termes emblématiques. Jean est

évidemment cet ange qui devait être en

voyé devant la face du SEIGNEUR pour

lui préparer sa voie , selon le prophète

Zacharie. On attribue ici à Jean les qualités

d'ÉuE, parce qu'il représentait le même

Page 225: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

2 i2 LE VRAI MESSIE.

emblème que cet ancien serviteur de Dieu.

De même que Moïse représentait toute la

loi, de même JElie, et après lui Jean, repré

sentaient tous les prophêtes. La loi et les

prophêtes, dit le SEIGNEUR, se terminent

dans la personne de Jean. Et cette circons

tance avait donné lieu à cette croyance po

pulaire répandue du temps de JESUS -

CHRIST , qu'Elie reparaîtrait immédiate

ment avant la venue du MESSIE.

Jean n'est plus compte au nombre des

prophètes proprement dits , parce qu'il a

montré du doigt CELUI qui devait venir.

77 est plus qu'un prophête ; il est le plus

grand des enfans des hommes, selon la dé

claration de JÉSUS-CHRIST. Et par-là, pour

le dire en passant, JÉSUS-CHRIST s'est dit

Dieu au moins indirectement ; car quel

autre pourrait être CELUI de qui ce même

Jean , le plus grand des enfans des hommes,

comme on vient de l'entendre, se recon

naissait néanmoins indigne de dénouer les

cordons des souliers /si ce n'est le PÈRE de

tous les hommes? Nous aurons plus d'une

fois occasion de remarquer combien estera-

tuile l'assertion de ces esprits superficiels qui

Page 226: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

LE VHAI MESSIE. 2l3

prétendent que JÉSUS-CHRIST ne s'est

jamais déclaré Dieu assez ouvertement. Cent

passages paraissent aussi concluans, à cet

égard , aux yeux de l'homme exempt de pré

jugés, que celui qui contient la réponse de

JÉSUS-CHRIST au grand-prêtre, lorsque,

interrogé par lui, au nom du Dieuvivant^'A

est le CHRIST le FILS DE DIEU, il répond :

OUI, JE LE SUIS. De plus , vous verrez

le fils de l'homme assis à la droite de la

puissance de Dieu, venant dans les nuées

duciel. Saint-Marc rend par une affirmation

claire et catégorique cette expression usitée

anciennement, vous le dites, pour affirmer

une chose.

Or, ausixième mois, Dieu envoya l'ange

Gabriel dans une ville de Galilée appe

lée Nazareth, à une viergefiancée à un

homme nommé Joseph , de la maison de

David; et cette vierge s'appelait Marie.

Et i'ange étant entré dans le lieu où elle

était , lui dit : Je te salue, toi qui es reçue

en grâce; le SEIGNEUR est avec toi; tu

es bénie entre toutes lesfemmes. Et ayant

vu l'ange, elle fut troublée de son discours,

et elle pensait en elle-même ce que pouvait

Page 227: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

2l4 EE VRAI MESSIE.

être cette salutation. Alors l'ange lui dît :

Marie, ne crains point , car tu as trouvé

grâce devant Dieu ; et tu concevras et

enfanterixs un fils à qui tu donneras le

nom de JÉSUS. // sera grand et sera ap

pelé le filsdu Très-Haut; et le SEIGNEUR

DIEU lui donnera le trône de David son

père. Il régneraÉTERNELLEMENT sur la

maison de Jacob; et il n'y aura point de

fin à son règne. Alors Marie dit à l'ange :

Comment cela sefera-t-il , puisque je ne

connais point d'homme ? Et Vange lui ré

pondit :LeSxiJfT-EspRiT surviendra entoi,

et la vertu du Très-Haut te couvrira de

son ombre : c'est pourquoi aussi /«chose

sainte qui naîtra de toi sera appelée le

fils de Dieu (St.-Luc, i, du v. 26 au 35).

Plus on examine ce passage, plus on est

frappé de son exact rapport avec tout ce qui

avait été prédit, depuis les paroles de JÉ-

HOVAH au serpent, jusqu'à celles du père

desaintJean-Baptiste dans son cantique d'ac

tions de grâces. Et si, d'après toutes les pro

phéties de l'Ancien Testament que nous

avons rapportées, le lecteur est persuadé

qu'un libérateur céleste devait paraître

Page 228: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

LE VRAI MESSIE. 3l5

sur notre terre, il doit être persuadé éga

lement que ce libérateur n'était autre

que JÉSUS-CHRIST.

Mais c'est ici le lieu où nous nous som

mes réservé d'expliquer définitivement ce

qu'il faut entendre par ces mots fils de '

Dieu , en parlant du SAUVEUR DU MON

DE, que nous prétendons être JÉHOVAH

lui-même en personne.

Sans rappeler que dans les temps anciens

le mot defils était extrêmement vague, et ne

signifiait très-souvent qu'une relation quel

conque^ non-seulement parmi les animaux,

mais même parmi les choses inanimées,

ainsi que le prouvent les expressions âefils

de celle qui est sous lejoug , defils du car-

quois , fils de la mort , fils du tonnerre,

fils de la lumière, etc.; dans un sens plus

restreint, fils de Dieu, signifiait ancienne

ment un homme vertueux : en ce sens,

nous disons encore enfans de Dieu, par o[>-

positions aux enfans de Bélial. Fils de

Dieu signifiait aussi dans l'Ancien Testament

un voyant, un prophête, un ange, un

envoyé de Dieu , comme celui qui apparut

au milieu des trois jeunes gens dans la four

Page 229: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

ai 6 LE VRAI MESSIE.

naise, quand Nabuchodonosor dit : N'ai-je

point fait,jeter trois hommes liés dans ce

Jeu? d'où vient donc que j'en vois un

quatrième semblable à un fils de Dieu?

Les prophètes étaient appelés du nom de

fils de Dieu1 comme des personnes chéries

de DieUj et du nom de fis de l'homme,

comme des envoyés de Dieu près des hom

mes. Ces mêmes dénominations étaient enfin

transportées à l'image emblématique , sous

laquelle JEHOVAH apparaissait aux patriar

ches en extase, surtout quand cette image,

au lieu d'être un simple phénomène, comme

le buisson ardent ou lesfeux de Sinaï, re

présentait la forme distincte de l'homme

ou de l'ange. Tel Daniel décrit JÉHOVAH

sous le nom de \ancien des jours, s'as-

séyant sur son trône defeu et de flammes ,

ayant un vêtement blanc comme la neige,

et une chevelure éclatante comme la laine

la plus pure (Daniel vu, 9, 1^), donnant,

au eils DE i'hommb , qui arrive avec les

nuées des cieux et se lient devant lui,

unedominationéternelle etunr-ègne qui ne

finira point; quand , malgré l'apparition de

ces deux personnages, le prophète ne conçut

Page 230: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

IE VRAI MESSIE. 2i7

jamaisl'idée d'aucune duplicité de personnes

divines; l'ensemble de cet emblème impo

sant étant pour lui JÉHOVAH, le vieillard,

comme emblème particulier du CRÉA -

TEUR éternel , et le fils de l'homme,

comme emblème particulier du MESSIE

futur, ou du CRÉATEUR devant s'incarner

un jour. Tel JÉHOVAH fut également vu

d'Ézéchiel quaud il dit : Quelqu'un m'ap-

parut commeunfeuardent; depuis les reins

Jusqu'en bas, ce n'était qu'uneflamme, et

depuis les reins jusqu'en haut, il parais

sait un airain mêlé d'orétincelant de lu

mière. Ici encore, outre ce prejnier person

nage, un autre, qu'Ézéchiel appelle éga-;

lemei\tfils /Je l'homme, toucha les lèvres du

prophète. Deux emblèmes, qui, comme le

précédent, et comme les trois anges d'A-,

braham. ou les deux de Sodom-e , se confon

daient si bien dans l'esprit d'Ézéchiel, etgé-

néralementdetousles prophêteSjque jamais

ils n'eurent la moindre idée de multiplier

pour cela la personnalité divine ( Ëzéçhiel,

vin, 2). Dans le Nouveau Testament,

JÉSUS-CHRIST, vrai//* de l'homme, en

tant que PROPHETE et SAUVEUR, fut

Page 231: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

2l8 LE VRAI MESSIE.

transformé de la même manière sur le Tha-

bor, en un emblème vivant de JEHOVAH

DANS SA GLOIRE, resplendissant comme

le soleil, et communiquant cettelumière di

vine même à ses vêtemens (Saint Matthieu,

xvn, 2 ), quand une voix partit de la nue,

( et non du Père distinct demeuré au ciel ,

comme on le croit communément ), et dit:

Cest ici mon Fils Bien-Aimé, écoutez-le.

Le même être adorable reparaît enfin dans

l'Apocalypse : Au milieu des sept chande

liers d'or, dit saint Jean , je vis quelqu'un

qui ressemblait au fils de l'homme. //

êtaitvêtu d'une longue robe,et ceint d'une

ceinture d'or au-dessus des mamelles. Sa

tête et ses cheveux étaient blancs comme

la laine pure et comme de la neige , et ses

yeux paraissaient comme uneflamme de

feu. Ses pieds étaient semblables à de Vai

rain fin, quand il est dans une four

naise ardente (Apoc. i, i3, i4 ? *5)-

Ici, le personnage que Jean désigne par

le mot quelqu'un, n'est évidemment autre

que le CRÉATEUR apparaissant sous une

forme emblématique. Il ressemblait au

FILS DE L'HOMME, parce que JÉSUS

Page 232: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

LE VRAI MESSIE. 2i9

CHRIST n'était qu'un être identique avec

ce même CRÉATEUR. L'agneau, dit ail

leurs Jean , vint recevoir le livre des mains

de CELULqui était assis sur le trône; où évi

demment Vagneau ne représente que l'hu-

» inanité de.ÏÉHOVAH, c'est-à-dire, le Dieu

incarné/le CHRIST ou Roiparexcellence;

et CELUI qui est assis sur le trône, la divi

nité du même Etre.

Dans tous ces passàges,les mots defils de

Dieu sont généralement appliqués aux di

vers emblèmes sous lesquels JEHOVAH s'est

montré, et avec lesquels il s'était plus ou

moins identifié. Car JEHOVAH se montre à

chacun selon sa capacité, ou selon l'idée

qu'il est essentiel de lui communiquer dans

le moment. Moïse, homme passionné,

voit Dieu dans une épine enflammée , et le

peuple d'Israël, qui ne connaît que le senti

ment de sa crainte, le voit dans une tem

pête. Chaque ange même du ciel doit voir

Dieu d'une manière un peu différente, selon

le degré de sa sagesse ou de son amour.

Et pour le dire en passant, les descrip

tions elles-mêmes de ces prophètes, vivant

à des époques si éloignées, commesont celles

10.

Page 233: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

330 LE VRAI MESSIE.

do saint Jean et d'Ézéchiel, descriptions

toutefois d'une ressemblance si parfaite,

suffiraient pour démontrer à l'esprit le plus

préoccupé que JÉHOVAHetJÉSUS-CHRIST

ne sont qu'une même personne et qu'un

même être, appelé tantôt PÈRE, tantôt FILS,

tantôtJÉHOVAH, tantôt le MESSIE, tantôt

FILSDE DIEU, tantôt FILS DE L'HOMME,

selon les diverses manières de l'envisager.

D'après tout cela , et vu Vunité absolue

de l'ÊTRE DIVIN, inculquée si fortement

par toute l'EcriturerSainte, la seule vraie si

gnification des motsJïls de Dieu appliqués

à JÉSUS-CHRIST, doit être celle-ci : le Dieu

de gloire, le Dieu créateur, c'est JÉ-

HOVAH PÈRE; le verbe, la par-oie, le

Dieu incarné et rédempteur, c'est JÉ-

HOVAH FILS; en tant qu'amour, ou puis

sance, ou volonté éternels, Dieu est PÈRE ,

en tant qu'éternelle sagesse ou éternelle

vérité, il est FILS; en tant que moi uni

versel, il est PÈRE , en tant que moi person

nifiéparticulièrement en Judée, il est FILS;

enfin, en tant que né immédiatement par

la vertu du Tres-Haut, il est FILS DE

DIEU, en tant que né par amour pour

Page 234: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

LE VRAI MESSIE. 22 1

les malheureux mortels , il est FILS DE

L'HOMME: par où l'on voit que la qualité

de FILS DE L'HOMME est réellement su

périeure à celle de FILS DE DIEU; l'une

ne se rapportant qu'au VERBE ou à la VÉ

RITÉ, l'autre à ï'AMOUR. Mais quant à Vu-

nitéïïêtre, comme de^emm/2e,ellea tou

jours été une, indivisible et absolue dans

Vessence divine, et le sera éternellement.

JÉSUS-CHRIST , dit l'apôtre Paul lui-même,

étant dans la forme de Dieu, .n'a pa.s craint

de s*anéantir et de paraître sur la terre sous

la forme de l'esclave ; en d'autres termes ,

JÉHOVAH apparaissant dans le ciel sous la

forme d'un homme divin, n'a pas craint de

se montrer sur la terre sous la forme d'un

faible mortel. C'est donc le même ETRE

ineffable, la même PERSONNE DIVINE,

qui nous a créés et qui nous a rachetés ; qui ,

comme créateur, nous a montré sa puis

sance, et qui, comme réparateur, nous a

prouvé son amour. Quand on s'en tient stric

tement aux expressions simples de l'Évan

gile, Dieu manifesté en chair , leverbefait

chair,etqu'on ne réunitpas toutce que l'es

prit humain a de plus sophistique pour les

Page 235: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

222 1E VRAI MESSIE.

embrouiller, tout demeure clair et intelligible

dans la grande démarche de JEHOVAH pa

raissant en roi au milieu de ses enfans.

QueMarie soitrestéevierge,malgrésa con

ception, la chose est fort claire, puisque l'E-

TRE CRÉATEURs'estincarnélui-même, par

saproprevertu créatrice, appeléeSaint-Esprit

par l'ange. JEHOVAH, le, roidegloire, est lui-

même,en un sens,leyt>ère deJÉHOYAHhumi-

lié et anéanti dans le sein de Marie : JEHO

VAH es,t, pour ainsi dire,fils à lui-même; ce

qui se conçoit parfaitement, malgré la singu

larité de l'expression : tandis que, dans la mar

nière ordinaire d'entendre ce mystère, l'ab

surdité saute aux yeux : outre l'idée funeste

d'une multiplicité de dieux, qu'une distinc

tion ree//edepersonnesnepeutquefaire naî-

tre,ilya encore là cetinconvénient,quela per

sonne du CHRIST serait plus véritablement

fils de la personne appelée Saint-Esprit,

que de celle appelée Père, puisqu'il est dit :

elle conçut du Saint-Esprit.

Mais ce qui prouve jusqu'à l'évidence que

notre explication est la seule vraie, c'est que

l'ange lui-même répète deux fois , que CE

LUI qui naîtra de Marie ne sera ^w'appe

Page 236: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

• LE VRAI MESSIE. 223

lé Fils de Dieu; c'est que pour faire voir que

Marie ne fournira que la chair mortelle du

Û4ESSIE , il se sert des mots, la chose sainte

qui naîtra de toi, évitant de dire, Venfant

qui naîtra de toi.

Et en consignant ici, pour la première fois,

une vérité aussi importante, nous osons con

jurer le lecteur, au nom detout ce qu'il y a de

plus sacré, de ne jamais plus entendre que le

même et unique JEHOVAH, sous le nom de

Fils comme sous celuide Père, s'il veut con

server des idées claires sur la Divinité, et ne

point s'exposer à perdre entièrement la foi

au Dieu créateur aussi bien qu'au Dieu ré

dempteur, en divisant et en multipliant

dans son esprit l'ÊTRE DES ÊTRES.

Joseph aussimonta de Galilée en Judée,

savoir, de la ville de Nazareth à la ville

de David, nommée Bethléhem, parce qu'il

était de la maison et de lafamille de Da

vid, pour être enregistré avec Marie , son

épouse, qui était enceinte. Et pendant

qu'ils étaient là, le temps auquel elle de

vait accoucher arriva. Et elle mit au

monde son premier né; et elle l'emmail-

lotta et le coucha dans une crèche, parce

Page 237: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

524 LE VRAI MESSIE. •

qu'il n'y avait point de place pour eux

dans l'hôtellerie. Or, il y avait dans la

même contrée des bergers qui couchaient

auoc champs, et qui gardaient leurs trou

peaux pendant les veilles de la nuit. Et

tout à coup un ange du SEIGNEUR se

présenta à eux,et la gloire du SEIGNEUR

resplendit autourd'eux, et ilsfurent saisis

d'une grande peur. Alors l'ange leur dit :

N'ayez point de peur, carjevous annonce

unegrandejoiequiserapourtout le-peuple:

c'est qu'aujourd'hui, dans la ville de Da

vid, un SAUVEUR, qui est le CHRIST, le

SEIGNEUR, vous est né; et vous le recon

naîtrez à ceci : c'est que vous trouverez

LE PETIT ENFANT EMMAILLOTTÉ ET COUCHÉ

dans une crèche. Et au même instant il

y eut avec Vange une multitude de l'armée

céleste, louantDieu et disant : Gloiresoit à

Dieu au plus haut des cieux , paix sur la

terre aux hommes de bonne volonté ( Saint

Luc, du verset 4 au i4me )•

D'après l'Ancien Testament , ainsi que

nous l'avons vu, le MESSIE devait naître à

Bethléhem, et malgré cela, être appeléNa

zaréen ; il devait être SEIGNEUR, CHRIST

-X

Page 238: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

LE VRAI MESSJE. 223

el SAUVEUR , DOMINATEUR, ROI et RÉ

DEMPTEUR, et paraître en même temps

si humble et si pauvre^ qu'à peine il pût être

remarqué. N'est-ce point là l'Etre étonnant

dont les anges annoncent ici à des bergers

la réjouissante naissance, et dont l'histoire

nous a transmis depuis des détails Si divins

sur sa vie et sur sa mort?—Et vous le recon

naîtrez à ceci : c'est que vous trouverez

LE PETIT ENFANT EMMAILLOTTÉ ET

COUCHÉ DANS UNE CRÈCHE! — Philo-

sophesdudix-neuvièmesiècle, quelle marque

pour reconnaître le Dieu de l'univers! ! ! —

De grands hommes toutefois, et des hommes

qui se piquaient de philosophie comme vous,

l'ont reconnu. Et encore tous les jours de

profonds génies, admirés comme tels de l'u

nivers civilisé, deviennent so\i\ent chrétiens

àforce de philosophie , sans que leurs fri

voles contemporains s'en doutent. Le mo^1

ment même n'est pas éloigné où plus d'un

de ces hommes vraiment grands, vraiment

philosophes, déconcerteront le siècle incré

dule et vain par une déclaration franche et

éclatante. Nous nous attendons du moins à

une conduite aussi belle et aussi noble de la

Page 239: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

22Ô LE VRAI MESSIE.

part de ceux qui nous ont fait l'honneur de

nous entretenir en particulier de _eette im

portante matière , et de nous avouer qu'ils

étaient chrétiens. Quant à nous-mêmes,

nous n'avons acquis aucun droit à nous mêler

dans leurs rangs : jusqu'ici nous ne sommes

connu dans le monde que par une démar

che que quelques personnes ont bien voulu

appeler courageuse : qu'on nous permette

toutefois de déclarer ici que, tout en conti

nuant d'admirer plus d'une page de Jean-Jac

ques, nous ne laissons pas d'être devenu un

chrétien plus décidéque ne l'était cethomme

immense qui se surprenait quelquefois à

prouver le pour et le contre, mais qui évi

demment était encore cent fois plus chré

tien que tous ses prétendus disciples du

dix-neuvième siècle, qui, ou ne l'ont jamais

/«-, ou ne l'ont jamais compris (i). Nous

"devenons même chrétien tous les jours da-

(i) Il est impossible, en lisant certains passages de

Jean-Jacques sans prévention, de ne pas reconnaître

en lui certaines convictions chrétiennes. Jamais un hy

pocrite, n'eût trouvé ce ton; une incrédulité absolue

n'eût jamais parlé avec cette chaleur, Jean-Jacques ,

d'ailleurs, hypocrite! quel blasphème ! Ah ! si l'homme

Page 240: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

Le vrai messii*. "2'ï+j

vantage, à mesure que nous nous élevons

mieux au-dessus de tout fanatisme et de

toute superstition. Oh! que ne nous est-il

donné de faire connaître de même de tous

nos contemporains cet antique JEHOVAH

de l'univers, devenu aujourd'hui JESUS-

CHRIST; cet EHEJEH de Moïse, ce DIEU

$Abraham, SIsaac et de Jacob , qui

parlait autrefois, et qui maintenant nous

est présent ! Que ne nous est-il donné de

faire connaître de tous les hommes ce Dieu

caché des prophètes , manifesté en chair,

ce Dieu métaphysique des philosophes i

devenu saisissable , cet ETRE DES ÊTRES,

en un mot, que nous cherchons souvent si

loin, tandis qu'il est à notre côté! Malheu

reux! vous voulez seulement oue Dieu soit

puissant, vous ne voulez pas qu'il soit BON

aussi! Juifs modernes, vous seriez peut-

être prêts à adorer JÉHOVAH dans quelque

grand conquérant terrestre revêtu de pour

rie la nature a déclaré que la mort de JÉSUS-CHRIST

luiparaissait la mort d'un DIEU , nous pouvons bien

l'en croire. Et quand on accorderait que Rousseau

doutait, toujours sera-t-il qu'il n'avouera jamais pour

ses disciples des hommes qui ne doutent de rien»

Page 241: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

228 LE VRAI MESSIE.

pre et entouré de flatteurs; mais vous ne

voulez point le reconnaître dans ce héros

de l'évangile qui n'avait oà reposer sa

tête. Depuis quand donc un acte de bonté

et de vertu, depuis quand un sentiment

de bienveillance et iïamour , ne sont-ils

pas plus grands que la conquête de l'u

nivers?

L'emblème de berger est assez facile à

deviner, aussi bien que la raison pour la

quelle des pâtres furent informés de la nais

sance du RÉDEMPTEUR préférablement

aux monarques de la terre. La naissance

dans une crèche est un problème plus dif

ficile à résoudre; à moins qu'elle n'ait un

rapport éloigné avec la nourriture, et, par

suite, avec l'état de dégradation morale

dans lequel le RÉDEMPTEUR a trouvé le

genre humain à son arrivée; dégradation

telle , que les hommes s'étaient rangés au

niveau des brutes.

SEIGNEUR, dit le vieillard Siméon, tu

laisseras maintenant mourir ton servi

teur en paix selon ta parole; car mes

yeux ont vu ton SAUVEURque tu aspré

paré pour être exposé à la vue de tous les

Page 242: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

1E VAAI MESSIE. 2^g

peuples^pour être la lumière quidoit éclai

rer les nations et la gloire de ton peuple

Israël. . . V^oici, cet enfant est mispour être

une occasion de chute etde résurrection de

plusieurs en'Israè'l(Si. Luc, il, v. 29 au 34).

Qui ne reconnaît ici l'apparition réelle de

ce LIBÉRATEUR si long-temps promis et

si long-temps attendu? Qui ne reconnaît

avec Siméon dans cet ENFANT PRÉCIEUX

qu'il tient entre les bras, la pierre d'achop

pement , lapierre de Vangle, dont parlaient

les prophètes?

Mais passons à saint Jean, surnommé avec

raison le Théologvsn, parce qu'il a le mieux

compris la nature de son Maître, probable

ment pour l'avoir le mieux aimé. Tâchons

de suivre cet aigle s'élançant d'un vol assuré

vers le soleil éternel : nous ne ferons que

nous confirmer de plus en plus dans toutes les

vérités que nous avons reconnues jusqu'ici.

Au commencement était la PAROLE,

et la PAROLE était avec DIEU , et la PA

ROLE était DIEU. Elle était au commen

cement avec Dieu. Toutes choses ont été

faites,par elle , et sans elle rien de ce quia

étéfait n'a étéfait. En elle était la viE,ef

Page 243: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

23o LE VRAI MESSIE.

la vie était la lumière des hommes; et la

lumière luit dans les ténèbres; mais les

ténèbres ne l'ont point reçue... Et la PA

ROLE A ÉTÉ FAITE CHAIR, elle a ha

bitéparmi nous; et nous avons contemplé

sa gloire, une gloire comme d'un Fils uni

que du Père, plein de grâce et de vérité

( Saint Jean, i, i , a, 3, \, 5,... i4)-

Jusqu'au verset 5, saint Jean parle de

JÉHOVAH comme manifestant seulement

son essence divine par l'action, ou la créa-

tion (i),etson influence sur les êtres comme

vie et comme lumière. De là ce verbe , cette

parole , que l'on a eu raison depersonnifier,

mais que l'on n'eut jamais dû distinguer de

la personne même de l'ÊTRE CRÉATEUR.

LayôrroedeDieu n'est que son essence vue,

autant qu'elle peut l'être; et cette essence

ne peut être vue que comme vérité, puis

que la bonté manifestée devient vérité ,

ainsi que saint Jean l'exprime par ces mots :

La PAROLE était avec DIEU au com

mencement, et cette PAROLE était elle-

(i) La création n'est elle-même qu'une manifesta

tion ; car , comme nous l'ayons dit , créer , pour Dieu >

n'est que montrer.

Page 244: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

LE VRAI MESSIE. 23 i

même DIEU (i). A quoi il ajoute que les

ténèbres n'ont point reçu cette PAROLE ,

parce que les intelligences créées , égarées

par le sentiment de leur propre excellence,

n'ont plus voulu reconnaître pour leur

CRÉATEUR ce VERBE, ou cette FORME

DIVINE qui leur apparaissait comme PÈRE.

Et c'est alors que cette PAROLE , ou VERBE,

s'est fait chair, pour forcer ainsi l&foi

des êtres les plus enfoncés dans la matière.

Si, par ce qu'il appelle la PAROLE, saint

(i) Cetfe vérité, comme nous l'avons vu dans la

première partie, était déjà renfermée implicitement

dans le nom ÏÏAdonaï donné à Dieu dans l'Ancien

Testament : ce qui a fait dire, depuis, à saint Paul,

que JESUS -CHRIST est le commencement de ta

créature de Dieu; en d'autres termes, qu'il est une

substance produite spontanément , par opposition à ce

qui est réellement créé. C'est le genitum non factum ,

le lumen de lumine du Concile de Nicée. C'est même ,

si l'on veut, l'ange de M. Brouwer, dont il a été ques

tion il y a quelque temps dans les feuilles publiques ;

car évidemment cet auteur, dans sa dissertation, a

plutôt entendu parler de Informe angélique, insépa

rable de Dieu manifesté, que d'un individu distinct

de sa personnalité divine , en qui Dieu se serait trans

formé préalablement à son apparition sur notre

globe.

Page 245: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

23a 1E VRAI MESSIE-

Jean avait entendu un Filsproprement dit,

et personnellement: distinct de Dieu , il l'eût

déclaré sans détour, et n'eût point employé

ce mot vague de parole , susceptible de tou*

les sens qu'on veut bien lui donner. Parole,

en grec, Aoyeç, en hébreu, -ot (Dabar),

signifiait anciennement chose, essence in

connue, substance dont on ignore les at

tributs ou principes constitutifs , et dont

un sonfugitif, un vain son, était en effet

l'emblème le plus naturel : il y avait loin de

là à l'idée du Concile de Nicée. Platon lui-

même , qui a donné lieu à l'erreur de la plu

ralité des personnes, déclare, en propres

termes, que par le Logos il n'entend que la

sagesse de Dieu. Le ternaire par lequel

Platon exprimait la triple essence dela divi-

vinité, en tant que perçue par l'homme,

était AyaQov , . bonté, Nous , intelligence,

et Hav^rt, vie (i). Rien n'était plus vrai,

(i) Il est des auteurs qui donnent d'autres noms

aux trois principes de Platon. Le premier, selon eux ,

est ïlpuroi Qiof, le second, Attftiovpyos ; le troisième,

ner«£ï tu Koa-^a. Mais cela revient toujours au

même. Le Xiparc; ©so? , c'est XInfini; le Kripievpyos ,

c'est cet Infini se manifestant, appelé ailleurs \tyos ,

Page 246: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

LÉ VRAI MESSIE. 233

ni plus philosophique, que cette distinction

de Dieu en amour, sagesse et i)ie , ou en

et la ftrv%n rU Ketrftv , l'action de cet Infini sur

l'intime de tous les êtres intelligens et sensrbles. Platon

ayant pris ses notions , à cet égard , chez les prêtres

égyptiens (et juifs', selon Pbilon), et s'étant contenté

de les transmettre verbalement à ses disciples, il n'est

pas étonnant qu'elles nous soient parvenues envelop

pées d'expressions différentes. Ées Chinois, moyen

nant , sans doute, quelques personnes extatiques , ont

aussi reconnu , de temps immémorial , la triplicité ou

trinité de Dieu, envisagé par rapport à l'homme. C'est

leur trimourte. Tao, essence triple et ineffable , a

créé , selon eux, le ciel et la terre en se divisant en

trois [parties pour ne pas dire personnes). La pre-1

mière partie de l'ÊTRE DIVIN est chargée de lapro

duction; la seconde, de l'arrangement; et la troi-

sième , du maintien de la succession régulière. C'est

toujours la même vérité. Produire est de l'amour;

arranger, de la sagesse; et maintenir, de l'influence.

Il faut dire la même chose de la manière de voir des

anciens Parsis. La doctrine des Mythras est exacte

ment celle de saint Jean , comme elle est également en

core celle de l'extatique Swedenborg. On y présente la

lumière essentielle comme étant le premier emblème

de la Divinité. On y parle du soleil spirituel, type et

cause du soleil naturel; des ténèbres combattant la

lumière; et jusque d'un Médiateur appelé parole ou

vie.

Page 247: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

234 LE VRAI MESSIE.

bonté , vérité et leur union; et rien en

nfême temps n'est plus conforme à l'Évan

gile. En plaçant la substance, Vamour ou

la puissance, avant laforme, la vérité ou

Vaction, quand on parle de l'ETRE DES

ETRES, tout devient simple et intelligible

dans sa nature divine; tandis qu'en renver

sant ou dénaturant cet ordre, comme on a

fait malheureusement depuis, on rend le

CRÉATEUR tellement métaphysique, qu'il

ne reste que des mots; ou bien on le dé

truit entièrement en le multipliant. DIEU

en lui-même est UN; il est triple par rap

port à l'homme ! cela est clair, cela est obvie ;

un enfant même est en état de le compren

dre. Mais si JÉHOVAH est bonté et vie

avant d'être intelligence; si, par une prio

rité de raison , il est substance avant d'être

forme, ETRE avant d'être tel être, il n'est

pour cela ni deux ni trois personnes dis

tinctes; il est , au contraire , toute person

nalitépossible , parce qu'il est l'ETRE PAR

EXCELLENCE, TOUT L'ÊTRE; et il serait

plutôt une infinité de personnes que trois

seulement (i).

(i)Tout ce que l'on pourrait accorder à la Théologie

Page 248: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

LE VRAI MESSIE. 235

Nous ne saurions, du reste, nous persua

der que les pères de Nicée eux-mêmes

aient eu, dans le temps, des idées aussi gros

sières que celles qui ontreprésenté, depuis,

le Père, ou la première personne, au ciel; le

Fils, ou laseconde, sur la terre; et le Saint-

Esprit, ou la troisième, montant et descen

dant de l'un à l'autre : idées diamétralement

opposées aux déclarations les plus formelles

de l'Évangile, représentant partout le Père

comme étant dans le CHRIST, comme ne

l'ayant point laissé seul , et comme n'étant

qu'une chose avec lui; par où l'on a réelle

ment détruit la vraie notion de DIEU dans

l'esprit d'une infinité de Chrétiens. Saint

Basile, entre autres, déclare que le FILS

est appelé la PAROLE, parce qu'ils est l'i

mage du PÈRE. Mais Vimage de quelqu'un

n'est pas sonfilsproprement dit. Dans la lan

gue de la nature, Vimage d'une chose est ,

dans toute la force du terme , la parole de

cette chose, parce que, comme nous l'avons

moderne , ce serait de dire que , quoique la personne

de Dieu , en elle - même , soit une , elle est pourtant

triple par rapport à l'homme , ainsi que nous l'a-vons

dit de son Être.

Page 249: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

236 LE VRAI MESSFE.

montré 5 toutes les images de la nature sont

parlantes, toutes sesformes sont embléma

tiques. Saint Cyrile ajoute : le FILS est né

du PÈRE, comme la sagesse naît de Vintel

ligence. Nouvelle preuve que toute cette

génération du VERBE n'était que figurée,

et qu'elle n'eût jamais dû amener une dis

tinction réelle de personnes; ce qui était

porter une main sacrilège sur l'UNITÉ de

l'ÊTRE JÉHOVAH,ot ce que Platon eut en

horreur de faire. Aussi Atliénagore disait-il

encore en propres termes, de son temps, que

le Fils n'était qu'âne relation , et que la gé

nération du VERBE n'était quefïgurative.

Théophile, évêque d'Antioche, est le pre

mier qui ait prononcé le mot de Trinité :

Les trois jours y dît-il, qui précèdent la

création des luminaires, sont les types de

la TRINITÉ > et le quatrieme jour est le

type de l'homme qui a besoin de lumière.

On pouvait trouver quelque chose de mieux

que la trinité de personnes distinctes dans

les paroles de ce mystique. Il nous mettait

sur la voie d'une solution satisfaisante de

cette choquante contradiction du soleil ma

tériel créé seulement le troisièmejour. Les

Page 250: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

LE VRAI MESSIE. 23^

premiers Pères étaient, en général, très va

gues, en parlant de la nature intime du

Père , du Fils et du Saint-Esprit en Dieu.

Je dis trois personnes, avouait ingénument

saint Augustin (de Trinit. v. 9), non'pour

dire quelque chose , maisyoowr ne point me

taire. Du temps des premiers Pères, les

idées, à cet égard, n'étaient point aussi fixes

qu'elles le sont devenues dans les temps pos

térieurs; et, par-là même, c'est un pointsur

lequel on peut et on doit revenir. Si vous

me demandez, disait Atliénagore à Marc-

Aurèle et à Commode, comment le fils est

appelé fils , je vous répondrai (avec saint

Jean ) que c'est parce qu'il est comme un

premier néf non cependant comme une

chose faite ou créée , mais comme une

chose qui ÉTAIT; car Dieu étant une in

telligence éternelle, il avait aussi le logos

éternellement avec lui. Ce n'est que long

temps après Platon que l'erreur capitale des

trois personnes distinctes s'est introduite;

elle n'a même pris une entière consistance

dans tous les esprits que long-temps après

le concile de Nicée. On désigna d'abord les

trois principes de Platon par le mot de

Page 251: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

238 LE VRAI MESSIE.

HpoctoTtov , qui veut dire face , comme si

l'on eût voulu distinguer en Dieu troisfa~

ces. Est venu ensuite le mot YTOorao-tç des

Pères de Nicée, qui signifie une substance

sur une autre; ce qui n'impliquait point en

core clairement une pluralité de personnes.

Ce ne fut que chez les Latins que le mot hj~

postase fut enfin rendu par le mot per-

sona, pris du rôle que remplissait un indi

vidu sur la scène , et que fut accréditée dé

finitivement la foi, non pas seulement en

deux personnes , première origine de la dis

pute, mais en trois personnes réellement

distinctes.

Le bon sens eût suffi depuis long-temps

à corriger une erreur aussi palpable, si en

général l'homme ne répugnait à attaquer les

idées des masses, dans l'objet de leur adora

tion, et s'il ne respectait trop la Divinité pour

en faire, sans une urgente nécessité (i), le

sujet d'une dissertation scientifique. Qu'on

se représente un peu ce qui résulte de trvis

moi réellement distincts, ne faisant pour

tant qu'arc moi\ Trois moi, ou personnes^ ou

(i) Cette nécessité, devenue indispensable à l'époque

où nous vivons , est notre excuse.

Page 252: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

LE VRAI MESSIE. 23a.

êtres, ne peuvent devenir véritablement

distincts que par une volition ou une pen

sée distincte. Or, on l'avoue, tout ce qu'une

personne divine pense ou veut, l'autre le

pense et le veut semblablement et en même

temps. La distinction serait donc encore inu

tile quand elle ne serait point absurde. C'est

un mystère, dit-on, un mystère ineffable,

que vous devez adorer et non comprendre.

•Il est facrle de faire ainsi des mystères, en

voulant accorder des choses contradictoires.

Ce ne sont point des mysteres, ce ne sont

point des distinctions métaphysiques que

l'homme adore , mais ÏEtre créateur dont

le nom est JÉHOVAH. En JÉSUS-CHRIST,

Dieu incarné, nous sommes obligés, il est

vrai, d'admettre une diversité apparente et

comme une nuance du MOI divin; le MOI

universel étant autre chose que le MOIpar

ticulier de CHRIST, le DIEU DE GLOIRE

autre chose que le DIEU humilié; mais du

moins là l'identité d'être et de personne est

conservée.

Ceux qui seraient persuadés que le con

cile de Nicée a réellement attaché un même

sens aux mots hypostaseet être, et qui en con

Page 253: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

2^0 LE VRAI MESSIE.

séquence sentiraient quelque répugnance à

secouer le joug d'une telle autorité, pour rec

tifier leurs idées, devront se rappeler que

les Chrétiens des premiers temps n'ont pas

dû mieux connaître la vérité que nous ; que

nous avons le même Évangile, lequel est en

core pour nous aussi clair et aussi simple

qu'il l'était pour eux; qu'enfans de Dieu

comme eux^ nous sommes nécessairement

aussi bien partagés qu'eux en secours spiri

tuels; et qu'enfin nous savons nécessairement

mieux qu'eux comment les paroles et toutes

les démarches de Dieu RÉDEMPTEUR doi

vent être considérées comme placées hors de

tout temps et hors de tout espace; parce

que c'est là une hauteur de vue, à laquelle

les esprits cultivés par une philosophie trans-

cendentale, devaient seuls pouvoir s'élever-

Ce n'est jamais qu'avec le temps que la vé

rité se fait jour parmi les masses. La connais

sance de la langue de la nature n'eût jamais

pu se répandre dans les premiers siècles.

Ceux même qui alors avaient été mis sur la

voie de celte langue par la crise extatique ,

ne l'ont jamais développée. Les préjugés et

l'ignorance élant le partage des masses, du

Page 254: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

LE VRAI MESSIE. 2^t

temps du SAUVEUR, quoique l'on comptât

alors quelques bonnes têtes chez les Grecs

et les Romains. Les ténèbres et tous les cri

mes, voilà le siècle de JÉSUS-CHRIST; et

l'univers péchait encore plutôt par le cœur

que par Vesprit. Ce n'était donc que peu à

peu que la salutaire influence de son Evan

gile devait se faire sentir; et si les Pères de

INicée étaient plus près du berceau du chris

tianisme, nous avons en revanche une ex

périence de quinze siècles, qui doit être

considérée pour quelque chose. Quand on a

parcouru le cercle de toutes les erreurs, alors

on est plus près de la vérité. Toutes les er

reurs dans lesquelles on est tombé^ relative

ment à la nature de JÉSUS-CHRIST, depuis

dix huit cents ans, venaient généralement

de ce qu'on n'avait pas pris une idée assez

grande de sa personne. L'esprit humain s'ob

stinait en quelque sorte à le regarder, à

cause de la simplicité de ses manières, comme

un être purement humain, qui avait besoin

d'une espèce de protection de la partd'un être

supérieur, distinct de lui, et auquel des se

cours même terrestres , des sociétés infail

libles, des vicaires et des remplaçans, pou

Page 255: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

242 LE VIIAI MESSIE.

vaient n'être point inutiles. Les apôtres eux-

mêmes partageaient encore des idées aussi

grossières. Ils reçurent depuis, dira-t-on, le

Saint-Esprit. Nous ne l'ignorons pas, nous sa

vons même qu'ils le reçurent trois ou quatre

fois , preuve qu'ils en avaient besoin , et que

le Saint-Esprit n'était point une personne.

Nul homme n'a peut-être une plus grande

idée que nous des douzes pêcheurs de Gali

lée; mais toujours étaient-ils des hommes ,

et des hommes de leur temps. Aujourd'hui

seulement , la masse du genre humain devait,

par conséquent, pouvoir envisager un vrai

rayon de la DIVINITÉ MANIFESTÉE.

Que l'on, s'en tienne donc à saint Jean , au

disciple bien-aimé, au théologien par excel

lence, qui connaissait notre MAITRE à tous,

pour le moins aussi bien que tous les con

ciles. Dieu a paru en chair, il s'est revêtu

de chair; LA PAROLE n'était pas le Fils

de Dieu, mais elle était Dieu lui-même, et

cette PAROLE s'estfaite chair. Il n'y a ici

aucune amphibologie. Nous nous étions en

foncés dans la matière, nous ne pouvions

plus remonter au Dieu lumière , au Dieu

vérité, au Dieu we,'raême alors qu'il se se

Page 256: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

' LE VRAI MESSIE. 243

rait présenlé à nous sous la forme angélique.

JEHOVAH a donc franchi le dojuble abîme

qui nous séparait de lui, en venant nous

chercher en chair, suivant en cela toutes

les lois de l'ordre et de la nature , établies

primitivement par lui, à l'exception de sa

seule conception , laquelle fut immédiate :

et par-là la philosophie elle-même recon

naîtra dorénavant plus facilement son Dieu;

car assurément elle le cherchera plutôt dans

la bonté, dans Vamour personnifiés , que

dans tous les autres emblèmes possibles,

fussent-ils plus étincelans que tous les so

leils ensemble.

Saint Jean répète deux fois le mot com

mencement^ pour éviter celui d'éternité que

nous ne comprenons pas; car quand nous

croyons penser à l'éternité, nous ne pensons

réellement qu'au temps.Tont est commence

ment pour nous, à quelque distance que

nous placions la création; et Moïse enten

dait déjà ce mot comme l'apôtre , et non

comme on l'a entendu depuis.

P.ourmoi,je ne le connaissaispas; mais

CELUI qui m'avait envoyé baptiser d'eau

m'avait dit *. CELUI surqui tu verras l'Es

Page 257: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

244 LE VRAt MESSIE.

prit descendre et s'arrêter, c'est LUI qui

baptise du$aint-Esprit (Saint Jean, i, 33).

Saint Jean était un homme extatique, dont

la vue intérieure avait été ouverte pour qu'il

pût voir ce qui se passait dans le monde des

hommes-esprits. Ceux qui ont suivi quelques

expériences somnambuliques, d'un ordre

tant soit peu relevé, qui ont étudié un peu

la nature du phénomène appelé songe , ou

qui se sont familiarisés avec les idées de

Kant, de Berkeley et deMalebranche, com

prennent cela parfaitement. Une voix avait

envoyé Jean baptiser d'eau, c'est-à-dire

annoncer les vérités naturelles et porter

les hommes à la pénitence. Celle même

voix lui avait donné un signe pour recon

naître la présence de JEHOVAH incarné,

qui devait baptiser d'esprit , c'est-à-dire

annoncer les vérités divines; et cet Etre

adorable se trouva être JÉSUS de Nazareth;

car ce fut sur lui que la colombe emblémar

tique se montra. Nous avons déjà expliqué

l'emblème de la colombe, et toute voie est

dorénavant fermée au blasphème. Le vent

est Vembleme naturel dc Vaction invisible

de Dieu; et le vent étant, par suite, un

Y,

Page 258: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

LE VRAI MESSIE. 2^

emblème qui ne peut être que senti et non

vu, il est représenté lui-même par les êtres

qui y vivent, c'est-à-dire les oiseaux : ici

par une colombe qui est, en outre, le sym

bole de la douceur et de la pureté. Cette

action invisible de Dieu peut être caracté

risée de mille- manières différentes : toutes

sont autant d'emblèmes différens du même

ESPRIT INEFFABLE, c'est-à-dire de Dieu

lui-même agissant sur les hommes sans se

montrer à eux en personne.

(JYous croyonspouvoir annoncer ici que

par la suite nous serons, en général, plus

courts dans nos explications , le lecteur

commençant à être en état de suppléer

parlui-même à ce que nous omettronspour

abréger}.

Nathanaël répondit àJÉSUS : MAITRE,

tu es le FILS DE DIEU , tu es le ROI D'IS

RAËL. JÉSUS lui répondit : En vérité, en

vérité , je vous dis que désormais vous

verrez le ciel ouvert^ et les auges de Dieu

descendre sur le FILS DE L'HOMME

(Saint Jean, i, 49, 5i).

Ces paroles, tu es le Fils de Dieu , dans

la bouche de Nathanaël, signifiaient, tues le

Page 259: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

246 LE VRAI MESSIE.

MESSIE que nous attendons; et ces autres,

tu es le roi d'Israël, voulaient dire , tu es

JÉHOVAH; car Israël avait été dans le prin

cipe une vraie théocratie, et ce règne devait

être repris , avec la seule différence que

Vuniversalité dugenre humain devait alors

être Israël.

Nathanaël n'avait sans doute point de

JÉSUS- CHRIST des idées aussi élevées

que nous pouvons les avoir aujourd'hui ;

mais cela ne prouve rien contre l'induction

que nous tirons de ses paroles. Ainsi que

nous l'avons déjà remarqué, aucun des apô

tres n'avait des notions précises sur la divi

nité de son MAITRE : leur conduite à tous,

et surtout celle de Judas, l'a suffisamment

prouvé : mais toujours savaient-ils queJÉSUS

était autre chose qu'un simple mortel, quoi

qu'il en eût hforme. Et s'il qtail autre chose,

qu'était-il donc ? Un ange du ciel eùt-il

pu venir fournir la carrière que JÉSUS-

CHRIST a fournie? Evidemment non.

r Par ciel ouvert, il faut entendre la vue

céleste ouverte chez l'homme; car le ciel

se trouve dans Vintime de chacun , et non

par-delà les astres. Si Lessing avait su cela.

Page 260: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

1E VRAI MESSIE. 247

il n'aurait pas prétendu que le premier venu

devait pouvoir entendre la Bath Kol , et

voir la colombe emblématique qui marqua

la présence de l'ÊTRE ABSOLU.

Mais JÉSUS ne se fiait point à eux

parce qu'il les connaissait tous , et qu'il

n'avaitpas besoinquequelqu'unlui rendît

témoignage d'aucun homme, parce qu'il

connaissait par lui-même ce qui était

dans l'homme (Saint Jean, n, n/\).

Ce privilège de lire dans la pensée des

autres hommes ne suffirait pas , par lui seul,

pour prouver la divinité absolue de JÉSUS-

CHRIST, puisque toutes les personnes ex

tatiques possèdent ce même privilège dans

un plus ou moins grand degré de perfec

tion. Mais quand on remarque que dans JÉ

SUS-CHRIST cette connaissance de l'intime

des âmes s'est montrée en un degré suprçme,

on y voit un témoignage de plus qui vient

se joindre utilement à tous les autres. Or,

comment est-il possible de concevoir .une

connaissance de ce qu'il y a de plus caché

dans le cœur humain , plus grande que celle

que JÉSUS-CHRIST montra, par exemple,

en prédisant à Pierre qu'il le renierait trois

Page 261: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

248 LE VRAI MESSIE.

fois? JÉSUS- CHRIST connaissait évidem

ment l'intime de Pierre mieux que cet

apôtre ne le connaissait lui-même; car pour

Pierre, il se croyait capable dans ce moment-

là de souffrir tous les tourmens et la mort

même pour CELUI qu'il aimait. Qu'on ré

fléchisse mûrement à ces circonstances, on

verra qu'elles décèlent en JÉSUS-CHRIST

la divinité tout entière. Et pour le dire en

passant , s'il est vrai qu'aucun homme ne

connaît le fond de son propre être; si le

SEIGNEUR nous connaît tous mieux que

nous ne nous connaissons nous-mêmes,

comment ne pas nous abandonner entière

ment à sa divine Providence, soit qu'il nous

conduise par la prospérité, soit qu'il choi

sisse, pour nous amener à la perfection mo

rale, le chemin de l'adversité qu'il nous a

frayg lui-même? d'autant plus qu'il ne suffi

rait pas encore à un homme de connaître

parfaitement son propre cœur pour se bien

conduire; puisque xtétant , lui, qu'une

seule des parties constitutives de Vensemble

de tous les êtres, il faudrait qu'il connût en

core cet ensemble avec ses détails infinis ;

connaissance évidemment incommunica-

Page 262: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

le! vrai messie. ifa

ble, et qu'il faut laisser au CRÉATEUR.

Sije vous ai parlé de choses terrestres

et que vous ne les croyiez pas , comment

croirez-vous quand je vous parlerai de

choses célestes?Aussipersonne n'est monté

au cielque CELUI qui est descendu du ciel,

savoir, le FILS DE L'HOMME qui est au

cré/(Saint Jean, m, i2, i3).

La seconde naissance dont JÉSUS -

CHRIST avait parlé à Nicodème quand il

lui dit , il faut que l'homme naisse deux

fois , n'est autre chose que la naissance

de l'homme au moral. C'est par l'âme que

l'homme est homme plutôt que par le corps,

lequel, à une différence de formeprès, nous

est commun avec les animaux. Le corps exté

rieur ou animal conserve toujours à peu près

la même nuance de forme chez l'homme,

quel que soit le degré de moralité ou d'im-

moralitéde l'individu; mais il ne doit pas en

être de même de l'homme intérieur et im

mortel, de cet être dont celui qui agit dans

nos songes nous peut donner une idée : cet

hommeAk ne sau l'ait être véritablement

homme que quand il est moral et religieux ,

que quand il connaît Dieu et s'attache à lui.

Page 263: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

û5o 1E VRAI MESSIE,

Jusque-là, plus ou moins près du simple ins

tinct des animaux, il doit en représenter tous

les caractères , dans le monde embléma

tique chacun portant comme sur le front

la marque de ce qu'il est , et une église ou

société corrompue, selon l'expression des

hommes extatiques, n'étant que la de-*

meure de toutes sortes d'animaux im

mondes. C'est à nous-mêmes à donner nais

sance à notre homme intérieur, quand notre

homme animal est assez formé ; et ceci ne

.se peut faire que par* une coopération libre

à la grâce et à l'amour de Dieu qui nous y

invite, et par l'étude et la réception de la

bonté et de la vérité.

Mais si les hommes, du temps de JÉSUS-

CHRIST, n'étaient point en état de saisir et

d'apprécier des idées qui nous paraissent

aujourd'hui si simples, comment auraient-ils

pu s'élever à la connaissance dela vraie na

ture duMESSIE pour laquelle il leur eût fallu

savoir faire entièrement abstraction du temps

' etde l'espace? Quand on voit JÉSUS-CHRIST

tenir un langage aussi éloigné de toutes

les idées terrestres, et déclarer que LE

FILS DE L'HOMME est descendu du ciel,

Page 264: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

LE VRAI MESSIE; a5t

et que néanmoins il est resté au ciel ,

on doit bien se persuader qu'il faut entrer

bien plus profondément dans sa pensée

qu'on ne l'a fait jusqu'à ce jour, pouf saisir

le vrai sens de ses discours. Les mots monter

et descendre , en particulier, ne sont évi

demment ici que des emblèmes signifiant

un état degloire et un état (^humiliation.

Celte vérité immense de JEHOVAH incarné

apparaissant à la fois comme PÈRE et

comme FILS, comme Dieu infini et comme

Dieu manifesté, et mis, en un point, en

contact avec l'êtrefaible et borné appelé

homme, ne pouvait se développer qu'avec

les progrès de l'esprit humain. Et cette appa

rition, pour ainsi dire anticipée, du CREA

TEUR au milieu d'hommes grossiers qui ne

pouvaient apprécier en aucune façon l'avan

tage ineffable qui leur était accordé, ne fait

que prouver davantage la profondeur incon

cevable de son amour; amour qu'aucun

homme cultivé ne devrait plus pouvoir con- .

lempler aujourd'hui sans répandre des larmes

d'attendrissement, et sans se sentir disposé à

reconnaître avec nous la divinité absolue de

JÉSUS -CHRIST, quand bien même aucun

Page 265: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

252 LE VRAI MESSIE.

apôtre ni aucun mortel ne l'eût reconnue

jusqu'à présent.

Celui qui croit en lui ne sera point con-

damné;mais celuiquinecroitpointest déj à

condamné, parce quHl n'a pas cru au nom

du fils unique de DIEU (Jean, m, i8).

S'il est vrai, s'il est incontestablement

prouvé que JEHOVAH s'est revêtu de chair

tout exprès pour se faire reconnaître des

hommes charnels, il est clair aussi que celui

quinelereconnaîtpointàcelte grande marque

deson amour, à cette demarcheextrêmedesa

charité, nele reconnaîtra jamais, et quepar-

lâ même il se trouve perdu sans ressource.

Comment le CRÉATEUR pourra-t-il, en

effet, se faire reconnaître dans l'autre monde,

dans le monde intime , à l'esprit orgueilleux

ou préoccupé qui l'aura méconnu dans la

PERSONNE de JÉSUS-CHRIST, dans la

BONTÉ et la VERTU PERSONNIFIÉES 7

Mille soleils ne seront pour lui qu'un phé

nomène de la nature; des millions d'anges

ne seront pour lui que des êtres fils du

hasard, comme il l'est lui-même. Moïse a

reconnu Dieu dans les feux de Sinaï et le

tison de Horeb;mais comment faudra-t-il

Page 266: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

LE VRAI MESSIE. 253

que le SEIGNEUR se présente à un de nos

prétendus sages, à un de nos demi-savans

ou de nos philosophes matérialistes, pourse

faire reconnaître? Tous ces raisonneurs

le reconnaîtront-ils plutôt, quand, dans le

monde esprit , il se présentera à eux comme

un ange resplendissant de lumière , qu'ils

ne le reconnaissent sousla forme d'unhomme

vertueux et aimantl II y a lieu d'en douter.

Encore une fois donc, celui qui croit en

JÉSUS -CHRIST voit en lui le PÈRE de

la nature; et celui qui n'y croit point , la

condamnation demeure sur lui; car il n'a

point cru au nom du fils unique de DIEU ;

il n'a point connu L'AMOUR ÉTERNEL;

amour qui a voulu ^éternellement celui

qui voit JÉSUS voie /ePERE, et que celui

qui parle à JÉSUS parle au PÈRE.

CELUI que Dieu a envoyé annonce les

paroles de Dieu, parce que Dieu ne lui a

pas donné l'esprit par mesure (Saint Jean ,

m, 34).

Les hommes, sans exception, ne reçoivent

l'esprit que par mesure; c'est-à-dire, qu'é

ternellement ils pourront se rapprocher da

vantage de la perfection incréée, ou de la

Page 267: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

354 LE VRAI MESSIE.

vérité et de la bonté éternelles,sans toute

fois jamais les atteindre. Mais .quant à JÉSUS-

CHRIST ^ il en a reçu toute la plénitude^

quoique aussi d'une manière successive ; à la

fin de sa vie, toute la bonté toute la vérité,

toute Vessence, et par conse'quent toute la

personnalité divines, habitèrent en lui

corporellement. II faudra bien que la phi

losophie , après s'être élevée au premier

degré de conception transcendentale qui

voit la création matérielle tout entière sous

elle, reconnaisse aussi enfin des degrés

dans le moi. Le moi n'est au fond que l'indi

vidu même ayant conscience de son exis-*

tetice. Le MOI JÉHOVAH est bien certaine

ment différent du moz'humain ou angélique.

Et cela étant, pourquoi ne reconnaîtrait-on

pas des degrés d'unwoz créé à un autre? Ces

aperçus, nous l'avouons, sontmétaphjsiques

au-delà de tout ce que l'esprit humain avait

avancé jusqu'à ce jour; mais il faut bien

aller jusque-là, quand on veut porter ses

regards dans les profondeurs de l'ETRE

DIVIN : ETREincompréhensible autant que

ion, qui a placé l'ange sur les premiers

degrés de son trône, et qui, selon l'expres

Page 268: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

le vrai messie. 255

sion de David, a voulu qu'entre l'ange et

l'homme il n'y eût qrfune nuance imper

ceptible.

Nous devons remarquer que le mot en*

voyer n'est pas seulement pris au figuré,

quand îl s'agit du MESSIE, mais que c'est

on véritable emblème. En Dieu, il n'y a que

l'AMOUR qui puisse envoyer la VÉRITÉ.

Quant à son ÊTRE , il est partout ; et il

peut uniquement se manifester plus ou

moins à l'homme.

Cettefemme (la Samaritaine) répondit à

JÉSUS : Je sais que le MESSIE doit venir;

qicanddonc ilseravenu^ilnousannoncera

toutes choses. JÉSUS lui dit : Je le suis ,

MOI qui te parle (Saint Jean, iv, 25, 26).

Le propos de cette femme prouve sans

réplique que les Juifs attendaient autre

chose qu'un prophète ordinaire. Et s'ils ne

donnaient pas, réellement au MESSIE le

nom de JÉHOVAH, ils supposaient du

moins que ce serait luij car qui peut ensei

gner aux hommes toute vérité, si ce n'est

la VÉRITÉ INCRÉÉE en personne ? Il faut

lire dans l'Évangile même la conversation

entière de JÉSUS-CHRIST avec la Samari

Page 269: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

256 LE VRAI MESSIE.

taine : elle n'est d'un bout à l'autre qu'une

suite d'emblèmes naturels , que le lecteur

n'aura plus de peine à comprendre, et qui

lui causeront plus de joie encore que de

surprise.

JÉSUS revint encore à Cana en Galilée,

oie il avait changé Veau en vin (Saint

Jean, iv, 46).

Sous ce premier prodige par lequel

JÉSUS-CHRIST manifesta sa gloire, nous

comprendrons tous ses autres miracles, tels

que la multiplication dupain, la guérison

instantanée des boiteux, des sourds-muets

et des aveugles de naissance , la résurrec

tion des morts rappelés à la vie par lui ,

l'action de marcher sur les eaux , de com

mander à la tempête , et les autres; et nous

déclarerons une fois pour toutes qu'ils

offrent tous autant de preuves irréfragables

de sa divinité absolue. Il n'y a évidemment

que la volonté créatrice elle-même qui puisse

opérer de semblables merveilles. S'il est

vrai que certains hommes extraordinaires et

certains prophètes ont également pu soula

ger par l'imposition des mains quelques ma

lades dans leur» souffrances , jamais la nature

Page 270: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

1Ê VRAI MESSIE. 25^

tout entière, avec tous ses élémens, n'a en-

tenduleur voixcommeelleentendaitcellede

JÉSUS-CHRIST. Mais ce qu'il est plus essen

tiel de savoir , c'est que toutes ces dé

marches du RÉDEMPTEUR guérissant les

malades, et changeant , dans l'occasion, les

lois dela nature, étaient, avant tout, autant

d'emblèmes de la langue de la nature, de

venus nécessaires pour le monde moral et

métaphysique. S'il n'en avait point été ainsi,

rien n'eût empêché que le SEIGNEUR ne

guérît tout le monde; et il n'y aurait point

de raison encore aujourd'hui pour qu'il

n' abolîtpoint entièrementles lois d'après les

quelles les souffrances nous arrivent : car JÉ

SUS- CHRIST'est encore tout aussi puissant, et

tout aussi intimement présent à tous les mal

heureux, qu'il l'était pendant sa vie mortelle.

—Pour peu que l'on réfléchisse, on trouve

facilement la signification emblématique de

toutes ces œuvres miraculeuses : changer

l'eau en vire, c'est élever les vérités natu

relles aux vérités divines ; rendre la vue aux

aveugles, c'est manifester la vérité à ceux

qui la méconnaissent; redresser les boiteux ^

c'est affermir «eux qui chancèlent dans les

Page 271: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

258 LE VRAI MESSIE.

sentiers de la vertu; rendre la voix et Voute

aux sourds-muets, apprendre aux idolâtres

à entonner les louanges du vrai Dieu,

ressusciter les morts, faire connaître CELUI

qui est la voie, la vérité et la vie, à ceux

qui l'ont méconnu , et dont la mort spiri

tuelle est bien plus terrible que la mort du

corps qui n'en est que Vimage. Toutes les

démarches de JÉSUS-CHRIST resteront

ainsi éternellement dans le monde substan

tiel pour constater et faire comprendre à

tous les esprits les rapports dans lesquels les

êtres moraux sont placés à l'égard de leur

CRÉATEUR; car, en mourant, l'homme ne

passe pas seulementau monde métaphysique

et substantiel avec laforme qu'il avait à la

fin de sa vie, mais avec toutes celles que son

être a successivement revêtues depuis son

berceau; et on y peut voir par conséquent

JÉSUS-CHRIST* à l'âge de douze ans, ou

• dans telle autre circonstance de sa vie,

comme dans la crèche ou sur la crvix; sa

vie entière , avec ses emblèmes infinis, parle

encore, et évangélise incessamment l'uni

versalité Aes êtres. La tombe du DIEU RÉ

DEMPTEUR elle-même parlera éternel-

Page 272: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

LE VRAI MESSIE. 2jg

lement; elle dira qu'ilfut des créatures in

fortunées qui méconnurent HAUTEUR de

leursjours, et qui dirent dans leur cœur:

DIEU N'EST PAS. Être mort et n'êtrepas,

sont en effet des corrélatifs dans la langue

de la nature. Le sépulcre de Dieu veut dire

Dieu méconnu ; et le sépulcre le l'hommç

veut dire Vhomme méconnaissant Dieu.

JÉSUS leur dit : Mon père agitjusqu'à

présent etj'agis aussi. A cause de cela, les

Juifs cherchaient encoreplusà lefairemou

rir, non-seulementparce qu'ilavait violéle

sabbat, mais encore parce qu'il disait que

Dieu étaitson propre père, se faisant égal

a Dieu. JÉSUS, continuant, leur dit: En vé

rité, en véritéje vous déclare que le FILS

NE PEUT RIEN FAIRE DE LUI-MÊME, A MOINS

QU'IL NE LE VOIE FAIRE AU PERE; GAR TOUT

CE QUE LE PÈRE FAIT, LE FILS LE FAIT PA

REILLEMENT; car le PÈRE aime le FILS et

lui montre tout ce qu'ilfait; et il lui mon

trera des œuvres plus grandes que celles-

ci, afin que vous soyez dans l'admiration ;

car comme le PÈRE ressuscite les morts

et leur donne la vie , de même aussi le

FILS donnt' a vie à qui il lui plaît. Le

Page 273: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

260 LE VRAI MESSIE.

PÈRE ne juge personne , mais il a donné

au FILS tout pouvoir de juger, afin que

TOUS HONORENT LE FILS COMME ILS HONO

RENT le PÈRE. Celui qui n'honore pas le

FILS n'honore pas le PÈRE qui l'a envoyé.

En vérité , en vérité,je vous dis que celui

qui entend ma parole , et croit à CELUI

qui m'a envoyé, a la vie étemelle; et il ne

sera point exposé à la condamnation ;

mais il est passé de la mort à la vie. En

vérité^ en vérité , je vous dis que l'heure

vient, et elle est même déjà venue, que

les morts entendront la voix du FILS DE

DIEU, et ceux qui Vauront entendue vi

vront; car comme le PÈRE a la vie en soi-

même, ainsi il a donné au FILS d'avoir

la vie en soi-même; et il lui a donnélepou

voir de juger, parce qu'il est le FILS DE

L'HOMME.Ne soyez point étonnés de cela,

car l'heure viendra en laquelle tous ceux

qui sont dans les sépulcres entendront sa

voix, et ils sortiront, savoir : ceux qui au

ront bien fait , pour la vie éternelle, et

ceux qui auront mal fait , pour la con

damnation éternelle (Saint Jean, v, du

verset i7 au 3ome).

Page 274: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

LE VRAI MESSIE. 26ï

Il parait que les Juifs avaient assez bien

compris à ce discours les prétentions de JÉ

SUS-CHRIST à la divinité, puisqu'ils se mi

rent en devoir de le lapider. Ils étaient en

cela plus intelligens que ceux de nos incré

dules modernes, qui prétendent que JÉSUS-

CHRIST ne s'est jamais dit Dieu assez

clairement. En effet, qui doit être honoré

comme Dieu, si ce n'est Dieu? qui peut res

susciter les morts, qui peut disposer dela

vie, qui a la vie en soi, si ce n'est Dieu?

Qui peut prendre sur lui de juger tous les

mortels, si ce n'est Dieu? Rien n'est plus

formel que ces passages , pour constater la

divinité absolue de JÉSUS-CHRIST, surtout

quand on s'élève au-dessus de la distinction

des personnes.

Ces mots , le FILS ne peut rienfaire par

lui-même, bien loin de prouver que JÉSUS-

CHRIST n'était pas Dieu, prouvent au con

traire qu'il était JÉHOVAH lui-même en

personne; car ils annoncent que le FILS ou

Vhumanité n'était que comme un instru

ment que le PÈRE faisait agir. Les plus

grandesœuvres que le PÈRE devait montrer

par JÉSUS-CHRIST, et qui devaient exciter

Page 275: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

262 LE VRAI MESSIE.

l'admiration, ou plutôt réveiller la foi des

hommes, ne sont autre chose que son entière

glorification, non-seulement dans les cieux,

mais surtout dans les cœurs des mortels qui

tôt ou tard devaient être forcés à le recon

naître; car, pour des miracles ordinaires,

plus grands que ceux rapportés dans l'Evan

gile, la nature , telle que nous la connais

sons , n'en paraît pas susceptible.

Et ses frères lui dirent: Pars d'ici et

t'en vas en Judée , afin que tes disciples

voient aussi les œuvres que tu fais ; car

personne nefait rien en cachette quand

il veut agirfranchement. Puisque tufais

ces choses, montre-toi toi-même au monde;

car ses frères même ne croyaient pas en

lui. JESUS leur dit : Mon temps n'est pas

encorevenu, mais votre temps est toujours

prêt. Le monde ne peut pas vous avoir en

•haine; mais il me hait parce que je rends

témoignage contre lui que ses oeuvres sont

mauvaises. Montez; vous autres , à cette

fête, pour moi je n'y monte point encore,

parce que mon temps n'est point encore

accompli. Et leur ayant dit ces choses, il

demeura en Galilée. Mais quand sesfrères

"X:

Page 276: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

LE VRAI MESSIE. 263

furent montés, alors il monta aussi à

cettefête, non point publiquement, mais

comme en secret. Or, tes Juif le cher

chaient et disaient : Oit est-il? Et il y

avait un grand murmure à son sujet

parmi les troupes. Les uns disaient : il est

homme de bien; et les autres disaient:

non, mais il séduit le peuple. Toutefois,

personne ne parlaitfranchement de lui,

à cause de la crainte qu'on avait des

Juifs. Et comme lafête était déjà à demi-

passée, JÉSUS monta au temple, et il en

seignait; et les Juifs s'en étonnaient, et di

saient : Comment celui-ci sait-il les Ecri

tures , vu qu'il ne les a point apprises

(Saint Jean, vu, du v. 3 au i6)?

On aurait tort de croire que l'incrédulité

de ses frères puisse fournir en aucune façon

une preuve contre la divinité de JÉSUS-

CHRIST. La foi est un don que Dieu n'ac

corde qu'à ceux qui en sont dignes; et sa

voir qui en est digne et qui n'en est pas digne,

qui laprofanera, qui ne la profanera pas, est

un mystère quelesangesmêmes ne cherchent

pas à connaître. Sous ce rapport donc,JÉSUS

ne reconnaissait point les degrés de parenté. .

Page 277: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

2Ô4 LE VRAI MESSIE.

De plus, ses frères ne disconvenaient nulle

ment des œuvres miraculeuses qu'il faisait;

au contraire, ils les jugeaient djgnes d'être

faites devant le monde entier; et ce sont ces

œuvres qui rendaient témoignage de lui.

On voit aussi par ce passage combien est

gratuite la supposition de ceux qui préten

dent que JÉSUS-CHRIST avait étudié en

Egypte, et qu'il connaissait les secrets de ses

prêtres. Si les Juifs n'avaient pas parfaite

ment bien connu JESUS pourJils de Joseph

le charpentier (i), et de Marie son épouse ,

et s'ils n'avaient point eu la certitude qu'il

n'avait point fait d'études, ils ne se seraient

point étonnés de ses enseignemens dans le

temple. Il est évident, d'ailleurs, que la

manière même dont JÉSUS-CHRIST ins

truisait, faisait le principal sujet de leur

admiration; car il enseignait comme ayant

de L'autorité, et non pas comme les scri

bes (Saint Marc, i, 22). Un jour qu'il entra

dans le temple, on lui présenta le livre de la

loi : en l'ouvrant, il tombe sur ce passage

(i) Avant que Newton eût appelé le CRÉATEUR le

grand Architecte de l'univers, cette vérité avait été

figurée par l'emblème du charpentier.

Page 278: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

LE VRAI MESSIE. 265

d'Isaïe : L'Esprit du SEIGNEUR est sur

moi; c'est pourquoi il m'a oint; il m'a en

voyé pour annoncer l'Evangile auœ pau

vres , pour guérir ceux' qui ont le cœur

brisé , pourpublier la liberté aux captifs

et rendre la vue aux aveugles , pour ren

voyer libres ceux qui sont dans l'oppres

sion, et pourpublier l'annéefavorable du

SEIGNEUR. Puis il leur dit : Cette parole

de l'Écriture est accomplie aujourd'hui

(Saint Luc, iv, i8, i9, 20, 2i ). Tout cela

avait sans doute de quoi surprendre : on en

eût encore été surpris quand bien même on

eût été persuadé que JÉSUS avait étudié en

Egypte. Qu'il faut de préjugés, pour mé

connaître le Dieu d'amour, sous le prétexte

même que ses démarches décèlent trop d'a

mour!

Nous ne nous arrêterons point à la ques

tion de savoir si JÉSUS-CHRIST avait des

frères véritables , ou seulement des parens

que l'on appelait également de ce nom chez

les Juifs. Cette question n'est absolument

d'aucune importance : nous sommes tous

les frères de JÉSUS-CHRIST.

Alors les Pharisiens lui dirent : Où est

12

Page 279: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

266 LE VBAI MESSIE.

ton père ? JÉSUS leur répondit : Vous ne

connaissez niMOl ni mon PÈRE; SI VOUS

ME CONNAISSIEZ, VOUS CONNAITRIEZ

AUSSI MON PÈRE. JÉSUS dit ces paroles

dans la trésorerie , enseignant au temple;

' mais personne fie le saisit, parce que son

heure n'était pas encore venue. Et JÉSUS

leur dit encore : Je m'en vais, et vous me

chercherez, mais vous mourrez en votre

péché. Là oùje vais, vous n'y pouvez ve

nir. Les Juifs donc disaient : Se tuera-t-il

lui-même, qu'il dit : là ohje vais vous n'y

pouvez venir? Alors il leur dit: Vous êtes

d'en bas , mais moije suis d'en haut ; vous

êtes de ce monde, mais moije ne suis point

de ce monde. C'est pourquoije vous ai dit:

Vous mourrez dans vos péchés; car, si

VOUS NE CROYEZ QUE C'EST MOI, VOUS

mourrez dans vos péchés. Et toi, qui es-tu ?

lui dirent-ils alors. JÉSUS leur répondit :

ce que je vous ai dit dès le commence

ment (Saint Jean, vm, i9,25).

Sans doute que si les Juifs avaient connu

JÉSUS-CHRIST, ils auraient aussi connu le

PÈRE, parce que ce n'est qu'un seul et

même JÉHOVAH. Un grand nombre d'au

Page 280: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

1E VRAI MESSIE. 267

très passages deviennent ainsi fort clairs

dans la foi à l'unité absolue de personne. Et

une preuve que les Juifs, malgré leur sens

obtus, s'étaient douté d'une signification

mystérieuse et emblématique renfermée

dans le mot de Père, c'est qu'ils demandè

rent oh il était , question absurde, s'ils

avaient clairement compris par- là l'Etre

infini et invisible.

Quand JÉSUS-CHRIST «lit : Fous mour

rez dans votre péché, et là oùJe vais vous

n'y pouvez venir, il sous -en tendait né

cessairement: vu votre mauvaise volonté,

vu votre disposition haineuse. JÉSUS-

CHRIST allait en effet prendre possession

d'un royaume où hfoi, Yamour et la bonne

volonté pouvaient seuls entrer.

Ces autres paroles ^ si vous ne croyez

que C'EST MOI (ou bien queje suis , on

syo stfju) signifient nécessairement l'une de

ces deux choses : si vous ne croyez que je

suis le MESSIE , ou bien , si vous ne croyez

que je suis CELUI QUI EST. Or, les deux

versions sont conformes à notre thèse. Ces

dernières paroles enfin , Je suis ce que je

vous ai dit dès le commencement, rappel

Page 281: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

268 LE VRAI MESSIE.

.'"s

lent la même vérité; et à moins de dire

qu'elles doivent être traduites ainsi : je suis

le Principe ou le Commencement de toutes

choses , ainsi que JÉSUS-CHRIST s'exprime

ailleurs, elles prouvent que le SEIGNEUR

était comme fatigué de leur répéter tou

jours la même vérité; vérité qu'ils ne pou

vaient goûter, parce qu'ils étaient de ce

monde, et qu'ils aimaient les choses ter

restres préférablement à celles qui sont

d'en haut.

Et JÉSUS leur dit : Quand vous aurez

élevé le fils de l'homme, alors vous sau

rez CE QUE JE SUIS ; et queje nefais rien

de moi-même, maisqueje ne dis que ce que

le PÈRE m'a enseigné. CELUI qui m'a en

voyé est avec moi; le PÈRE ne m'a point

laissé seul, parce que jeJais toujours ce

qu'il lui plaît En vérité, en vérité, je

vous dis : Avant qu'abraham fut, J'É

TAIS (Saint Jean, vin, 28, 29, 58).

Commentons ces paroles. Quand toutes

mes démarches sur la terre seront consom

mées; quand. je me serai rendu obéissant

jusqu'à la mort pour vous ramener à la vertu ; .

quand, après cela, vous aurez médité pen-

Page 282: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

LE VRAI MESSIE. 269

dant des siècles sur mon apparition, ma vie,

ma doctrine et la nature de mon être, rap

prochant tous les événemens dans leurs dé

tails, considérant toutes les prophéties dans

leur ensemble; quand la philosophie aussi

bien que la théologie se seront épuisées en

conjectures, que les Conciles et les Acadé

mies auront avancé successivement toutes

les erreurs , et seront enfin forcés d'avouer

que Dieu seul est sage, intelligent , infail

lible, comme il est seul bon, seul grand et

seul saint; quand, en un mot, vous aurez

considéré toutes les suites de ma mort, la

quelle aura changé l'univers, le christianisme

se relevant toujours plus radieux au mo

ment que la sagesse humaine croira pouvoir

triompher de lui, alors vous vous écrierez :

O ciel! ce JÉSUS qu*ils ont crucifié, il était

notre ÉTERNEL BIENFAITEUR, notre

ÉTERNEL AMI! Hélas l CELUI QUI EST

était si près de nous , et nous ne le savions

pas! JÉHOVAH en personne, ce Dieu

inépuisable en amour, est venu nous vi

siter! Son visage n'était que tant soitpeu

voilé, pour que nous pussions le voir et

vivre, ET NOUS L'AVONS MÉCONNU!

Page 283: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

27O , 1E VRAI MESSIE.

Nous remarquerons, pour la dernière

fois, que ces mots, enseigner, ordonner;

envoyer, monter, descendre , et autres sem

blables, seraient encorefigurés , même dans

la manière ordinaire de considérer la per

sonne de JÉSUS-CHRIST, et que par con

séquent elles ne peuvent arrêter personne.

Le Père ne m'a point laissé seul signifie :

Je n'agis que par LUI ; c'est LUI qui agit

en MOI. Cesautres paroles ; Jefais toujours

ce qu'il lui plaît , doivent évidemment être

traduites par celles-ci : Je ne fais que ce

qu'ilfait par moi. En entendant ainsi tous

ces passages dans leur vrai sens, on conçoit

enfin parfaitement la vérité de cette décla

ration remarquable, que JEHOVAH-JÉSUS-

CHRIST pouvait seul fair&: En vérité', je

vous dis, avant qu'Abraham fît , J'É

TAIS.

JÉSUS ayant appris que (les Pharisiens)

avaient chassé (l'aveugle né guéri par lui),

et l'ayant rencontré, il lui dit : Crois-tu

au FILS DE DIEU? // répondit: Qui est-il,

afin queje croie en lui? JESUS lui dit : Tu

l'as vu, et c'est LUI-MEME qui te parle

( Saint Jean , rx , 35 , 36 , 37 ).

Page 284: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

LE VRAI MESSIE. 27 i

Cet empressement de JÉSUS-CHRIST à

se faire connaître à ce malheureux montre

également qu'il était DIEU; car l'aveugle

étant guéri de son infirmité corporelle , n'a

vait plus besoin de croire pour obtenir cette

guérison; mais il avait encore besoin de

croire pour avoir la vie, en reconnaissant

le VRAI DIEU; il avait besoin d'être guéri

de cet aveuglement de l'âme qui porte

quelques infortunés à douter de l'existence

même de Dieu; et ufie infinité d'autres, à

se contenter d'un Dieu entièrement méta-

phjsique^ avec lequel on ne peut pas plus

avoir de rapports d:'amour et de reconnais

sance qu'avec une vérité géométrique.

JÉSUS-CHRIST se nomme ici FILS DE

DIEU contre son ordinaire; car il se dési

gnait presque toujours par les mots de FILS

DE L'HOMME. La première de ces dénomi

nations indique JÉHOVAH INCARNÉ; la

seconde a plutôt rapport à sa qualité de

PROPHETE; de même que d'autres déno

minations le rep/ésentent comme ROI, et

d'autres comme GRAND-PRÊTRE. Il était

réellement tout cela.

Une circonstance qui prouve que cet

Page 285: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

272 LE VRAI MESSIE.

aveugle -né, comme tous les Juifs, en

tendait quelque chose de plus par les mots

de Fils de Dieu qu'un prophète ordinaire,

c'est qu'après avoir cru JÉSUS-CHRIST

prophète , et apprenant qu'il est le. FILS DE

DIEU, il se prosterna et l'adora, JÉSUS-

CHRIST y consentant. Quand avec cela on

se rappelle que jamais la nation israélite n'a

eu la moindre idée d'une seconde personne

divine distincte de l'ÊTRE CRÉATEUR,

ce qui lui eût paru un blasphème, on ne

peut méconnaître un seul instant la grande

vérité que nous défendons. Il est probable

que par ces mots, Fils de Dieu, cet aveugle-

né comprit le MESSIE; sans cela il aurait de

mandé quelque explication. Toutes ces tran

sactions, au reste, eurent lieu enprésence des

Pharisiens ; circonstancequ'ilfaut examiner

avec attention dans l'Évangile même; car, en

général, les prêtres Juifs avaient une bien

plus grande idée de JÉSUS- CHRIST qu'on

ne l'imagine aujourd'hui. Ils le suivaient par

tout; ils le faisaient épier incessamment; ils

le craignaient , ils l'admiraient : quelquefois

ils arrivaient jusqu'au soupçon qu'il pour

rait bien être le MESSIE. Mais il était écrit

Page 286: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

LE VRAI MESSIE. 2^3

que le CHRIST souffrirait pour entrer

dans sa gloire. Ces choses avaient été dé

cidées dans d'autres conseils que ceux du

Sanhédrin. C'est, en effet, VEnfer qui a

crucifié JÉSUS-CHRIST, et non les Juifs!

Les Juifs n'étaient que les bourreaux, que

les exécuteurs de la volonté criminelle du

genre humain dégradé, à laquelle chacun

participe. Ils ne savaient ce qu'ils fai

saient; et s'ils eussent connu le Dieu de

gloire, ils ne l'eussentjamais crucifié. Peut-

être était-il nécessaire, dans le temps, que

l' Enfer lui-même ne connût point entière-

rement toute la dignité de la personne du

MESSIE, pour lui éviter la profanation

formelle de l'ÊTRE JÉHOVAH.

Personne ne m'ôte la vie, mais je la

donne moi-même,-y'cu lepouvoir de la quit

ter^ etfai le pouvoir de la reprendre ;fai

reçu cet ordre de mon PÈRE.... Les Juifs

s'assemblèrent donc autour de lui, et lui

dirent : Jusqu'à quand tiens -tu notre

âme en suspens ? Si tu es le CHRIST ,

dis-nous-le franchement. JESUS leur ré-

pondit : Je vous l'ai dit, et vous ne le

croyez pas..,. MOI et MON PÈRE nous som

Page 287: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

274 t-E VRAI MESSIE.

mes une MÊME CHOSE (Saint Jean, x, i8,

24, 25, 3o).

Après le commandement, aimez-vous les

uns les autres, ces paroles qui indiquent

l'unité absolue de la Divinité, MOI et mon

PÈRE nous sommes une même chose ,ye suis

dans le» PÈRE, e£ le PÈRE erf erc MOI , sont

celles que l'on trouve le plus souvent répé

tées dans l'Évangile. En entendant cette dé

claration, les Juifs qui l'avaient eux-mêmes

provoquée, se mirent encore en devoir de

lapider JÉSUS-CHRIST, et il leur dit; N'est-

il pas écrit dans votre loi, vous êtes des

dieux ? Si donc la loi appelle dieux ceux

à qui la parole du SEIGNEUR était (svm-

plemeni) adressée, pourquoi dites-vous que

Je blasphême, MOI que mon PÈREa SANC

TIFIÉ et envoyé dans le monde, si je dis

que je suis LE FILS DE DIEU ? Des person

nes superficielles ont voulu voir dans ces

paroles une espècede rétractation; mais très-

certainement elles énoncent tout le con

traire. Si JÉSUS-CHRIST avait voulu se

rétracter, il aurait sans doute trouvé des ter

ni es clairs et simples, tels que l'on en ren

contre dans rÉvangile. ..Mais non, JÉSUS

Page 288: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

LE VRAI MESSIE. 2^5

CHRIST insiste : Il y a une grande diffé

rence, dit-il , entre MOI et un simple pro

phète, ou une personne à qui la parole de

Dieu est simplement adressée : Je suis CE

LUI que le PERE a sanctifié et envoyé

dans le monde pour le sauver. Mais que

veut dire sanctifié , si ce n'est rendu divin,

préparé pour recevoir la plénitude de la

Divinité?Etpourcela, ajoute le SAUVEUR,

vous voulez me lapider! Comme s'il leur eût

dit : Que serait-ce donc si je me déclarais JÉ-

HOVAH lui-même, JÉHOVAH en personne ,

quoique voilé sous la chair de mes fragiles en-

fans? Si JÉSUS-CHRIST ne s'est pas servi

d'autres termes devant les Juifs, pour expri

mer sa divinité absolue, que ceux qu'il a jugé à

propos d'employer, c'est que ni leur cœur ni

leur esprit n'étaient disposés comme il conve

nait. La distinction de Dieu PÈRE et Dieu

FILS, en entendant par-là le moi universel

de JÉHOVAH et le moi individualisé en

CHRIST, est d'ailleurs une distinction trés-

réelle et très-vraie, quoiqu'elle n'indique

deux personnes qu'en apparence; et elle

était, en outre d'une absolue nécessité, dans

la supposition d'une rédemption , puisque,

Page 289: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

276 LE VRAI MESSIE.

sans cette distinction, le MESSIE n'aurait

jamais pu nous donner l'exemple de la ma

nière dont on doit s'y prendre pour retour

ner au PÈRE, par la patience dans les souf

frances; de la manière dont on doit prier le

PÈRE, craindre, aimer le PÈRE. JÉSUS-

CHRIST s'est donc déclaré Dieu autant qu'il

a pu et dû le faire; et si quelque Juif ne l'a

pas compris de son temps, ou si quelque

chrétien ne le comprend pas encore aujour

d'hui, c'est qu'ils n'ont pas su s'en rendre di

gnes. Qui a jamais pu dire qu'il est le maî

tre de laisser et de reprendre sa vie à <vo-

lonté, si ce n'est le CRÉATEUR?

Une preuve enfin que , par les mots Fils

de Dieu, les Juifs n'entendaient pas une per

sonne distincte de la Divinité, c'est la ré

ponse qu'ils firent dans une de ces cir

constances : Ce n'estpas pour tes guérisons

que nous te lapidons , mais pour ton blas

phême, parce qu'étant homme , tu tefais

Dieu. Ils ne lui reprochent pas de se faire

Fils de Dieu, mais DIEU.

Je sais bien que tu m'exauces tou

jours; maisje dis ceci à cause de ce peu

ple qui est autour demoi, afin qu'il croie

Page 290: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

LE VRAI MESSIE. 277

que tu m'as envoyé; et quand il eut dit

cela, il cria à haute voix : Lazare, sors

de ta tombe; et à l'instant même le mort

sortit , ayant les pieds et les mains liés de

bande$ , et la tête enveloppée d'un linge.

Depuis cejour-là donc les J[uifs consultè

rent ensemble pour lefaire mourir (Saint-

Jean , xi, 42i 43) 53).

Les premières paroles de ce passage sont

une preuve de ce que nous venons juste

ment de dire de la nécessité d'une distinc

tion apparente de deux personnes : le Père

et le Fils étant deuxfois la mêmepersonne .

Dans la supposition, en effet, que la pré

sence du CRÉATEUR devînt nécessaire

sur un globe, ce que la liberté morale de

l'homme pouvait naturellement amener,

comment conçoit-on que JÉHOVAH " eût

pu remplir en même temps l'office de

Créateur et celui de Médiateur, si , dans le

temps de son humiliation, pour donner des

exemples de charité à ceux qui en avaient

besoin, il ne lui eût point été permis d'ap

peler du nom de Père cette Essence divine,

cet Amour infini, cette Providence univer-

selle incessamment présente à tous les globes

Page 291: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

2^8 LE VRAI MESSIE.

et a tous les êtres, quoique manifestée comme

Verbeou Mérité sur un point déterminé de

la création matérielle? Dans la seconde par

tie, nous aurons très-souvent l'occasion de

faire voir que par Père , en parlant de la

Divinité, il faut^ entendre L'AMOUR ÉTER

NEL, tout comme par Fils, ou Verbe, on

entend L'ÉTERNELLE VÉRITÉ.

Donc , quand JÉSUS-CHRIST s'adressait

au Père, comme il le fit dans cette rencontre,

c'était moins pour le prier, Vinvoquer,

l'adorer, que pour montrer aux hommes

comment on doitfaire toutes ces choses.

JÉSUS-CHRIST le déclare ici formellement :

Je ne dis ceci qu'à cause de ce peuple qui

est présent. Et il répète la même chose dans

le même chapitre, quand une voix s'était

fait entendre, et que les assistans étaient à

conjecturer ce que cela pouvait être: Cette

voix, dit-il, n'est point pour moi; elle est

pour vous.

La résurrection de Lazare est une nou

velle preuve dela divinitéde JESUS-CHRIST.

Quel autre que le CRÉATEUR pourrait

ainsi se faire entendre d'un cadavre qui sent

déjà mauvais? Des prophètes ont bien aussi

Page 292: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

LE VRAI MESSIE. 2^9

ressuscité des morts sous l'ancienne loi ;

mais ces prophètes déclaraient nettement

qu'ils n'agissaient qu'au nom de DIEU, et du

MESSIE futur; tandis que JÉSUS-CHRIST

s'est dit depuis ce DIEU et ce MESSIE EN

PERSONNE.

Pour le dire en passant, la conduite des

Juifs résolvant la mort de JÉSUS-CHRIST,

parait assez naturelle à celui qui sait un peu

se reporter aux temps et aux lieux. Pour les

Juifs, il n'y avait point de milieu; n'ayant

aucune idée d'une pluralité de personnes,

JÉSUS-CHRIST, pour eux, était ou DIEU

lui-même , ou bien le plus dangereux des

imposteurs. Ne pouvant donc croire à la

divinité de JÉSUS - CHRIST , parce qu'ils

aimaient la gloire des hommes plus que

la gloire de Dieu ( Saint Jean , xn, 43 ),

ils résolurent de le crucifier. Les raisonne-

mens de nos prétendus penseurs modernes

sont moins justes. Ne pouvant reconnaître

dans le héros de l'Evangile les traits de la

Divinité elle-même, ils font du DIEU -

HOMME un être intermédiaire et inconce

vable qui au fond n'est ni Dieu ni homme.

Mon Père, dit JÉSUS-CHRIST , glorifie

Page 293: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

280 LE VRAI MESSIE.

ton nom. Alors il vint une voix du ciel,

qui dit:Etje l'aiglorifié, etJe le glorifierai

encore { Saint-Jean, xn, 28 ).

Le nom, dans la langue de la nature,

signifiant l'essence ^ ces mots, glorifie ton

nom, sont l'équivalent de ceux-ci : unis de

plus en plus ton essence divine à la na

ture humaine, jusqu'à ce que celle-ci

soit entièrement glorifiée (ou divinisée).

Et c'est aussi là ce qu'une voix da ciel pro

mit de faire; mais cette voix n'était partie

en effet que de JÉSUS-CHRIST lui-même

puisque le PÈRE ne l'avaitpointlaisséseul,

puisque le PÈRE était en lui , puisque le

FILS DE L'HOMME était demeuré au

ciel, quoiqu'ilfut descendu du ciel. Cette

glorification de JÉSUS-CHRIST, ou, si on

nous permet cette expression , cette divi

nisation de son humanité, a été successive;

elle semble même n'avoir été complétée

que dans le ciel, où Saint-Jean a vu, plu

sieurs années après, des emblèmes augustes

qui semblaient y avoir encore rapport (i).

(1) Voyez l'Apocalypse, surtout les 3e et 4e cha

pitres.

Page 294: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

LE VRAI MESSIE. 28 i

Or, JÉSUS criait à haute voix, et dit :

Celui qui croit en moi né croit point en

moi, mais en CELUI qui m'a envoyé; et

celui qui me voit [ne me voit point moi),

mais CELUI qui m'a envoyé (Saint Jean,

xii, 44, 45).

Est-il possible, nous le demandons à tous

les hommes tant soit peu disposés à s'élever

au-dessus des préjugés reçus, est-il possible

d'exprimer plus clairement l'identité de

personne entre JÉSUS et JÉHOVAH? Et

les philosophes , les penseurs du jour,

pourraient-ils trouver des termes plusfor-

mels pour exprimer cette vérité, quand ils

les chercheraient exprès? Aussi, qu'on lise

l'histoire;jusqu'au tempsd'Arius, nulhomme

n'avait distingué catégoriquement en Dieu

trois personnes différentes. Jusque-là, par

conséquent, tous ceux qui croyaient en JÉ

SUS-CHRIST, croyaient par-rà même plus ou

moins confusément à l'apparition ou à lama-

nifestation du PEPiE CÉLESTEenpersonne .

Mais c'est précisément ce qui devint une

chose impossible pour les hommes indignes

et incapables de comprendre un tel prodige

d'amour. Arius nia donc la divinité de

Page 295: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

23a LE VRAI MESSIE.

JÉSUS-CHRIST; et c'est là-dessus que les Pè-

resdeNicée imaginèrent leurJîls engendréde

toute éternité, etpersonnellement distinct

du Père, commissionné en quelque sorte

par luipour opérer notre salut. Le desir, ce

semble, de conserver sur la terrera quelque

prix que ce fût, la foi à une apparition quel

conque du CRÉATEUR, les fit tomber dans

cette erreur. Et DIEU le permit ainsi pour

un plus grand bien : car sî les Juifs eussent

lapidé JÉSUS, s'il se fût dit JÉHOVAH

assez in telligiblement pour leur sens grossier,

les Grecs et les Romains, incapables encore,

malgré leur esprit et leurs lumières, de s'éle

ver au-dessus des notions de temps et d'es

pace, auraient au moins maudit sa mémoire;

et la foi qui rend seule le salut possible, se

serait éteinte dès sa naissance. Aujourd'hui

seulement l'univers commence à être capable

de reconnaître "JÉSUS pour ce qu'il était

réellement. Et après l'avoir ainsi préparé

pendant dix-huit siècles, ce DIEU de bonté

se fera sans doute maintenant connaître à lui

sans réserve. Le temps en est venu; il faut

enfin que le grand mystère du ciel et de la

terre se dévoile. Et ce siècle des lumières ,

Page 296: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

LE VRAI MESSIE. ^83

que l'ignorance et la mauvaise foi se plaisent

quelquefois à calomnier, connaîtra encore

son SEIGNEUR et son DIEU mieux qu'on

ne l'a jamais connu. Le Juif et l'Infidèle

pourront enfin sejoindreau chrétien devenu

philosophe, et au philosophe ne rougissant

plus de se dire chrétien.

Philippe dit à JÉSUS : SEIGNEUR, mon

trez-nous le PÈRE, et cela nous suffit

( Saint Jean, xiv, 8 ).

On est tenté de s'impatienter à la vue de

cette inconcevable stupidité des apôtres.

Quelle question de la part de Philippe, au

moment que JÉSUS achevait ces propres

paroles : Si vous me connaissiez , vous con

naîtriez aussi le PÈRE; ET DÈS A PRÉ

SENT VOUS LE CONNAISSEZ, ET VOUS

L'AVEZ VU! Philippe, lui répète encore

une fois l'inaltérable douceur du SAU

VEUR, Philippe, QUI.M'A VU, A VU LE

PÈRE; NE CROIS-TU DONC PASENCORE

QUE JE SUIS DANS LE PÈRE, ET QUE

LE PÈRE EST EN MOI; ET QUE LES

PAROLES QUE JE DIS, CE N'EST POINT

MOI QUI LES DIS, MAIS QUE C'EST

LE PÈRE QUI PARLE ET AGIT EN MOI?

Page 297: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

284 hE VRAI MESSIE.

En vérité, si cela ne veut pas dire qu'il rûy a

pas d'autre PÈRE que JÉSUS-CHRIST,

nous ne savons plus ce que c'est que parler

clairement.

On aurait tort toutefois de s'impatienter

contre les Apôtres. Combien de Chrétiens

ont été plus intelligens qu'eux depuis dix-

huit cents ans?

Si vous m'aimiez , vous vous réjouiriez

de ce quej'ai dit : Je m!en vais à mon PÈRE;

car mon PERE est plus grand que moi

( Jean, xiv, 28).

Ce passage si embarrassant pour nos

théologiens scholastiques, devient toutclair

dans la nouvelle doctrine. Le Dieu humilié

et anéanti sur la terre, allait remonter au

degré de gloire qui lui était propre avant

lafondation du monde , et.ee devait être là

assurément un sujet de joie pour tous les

amis du SEIGNEUR. Les humiliations et les

opprobres du CREATEUR venant pour se

faire reconnaître par des enfans ingrats et

aveugles, ne pouvaient point durer toujours;

il devait enfin remonter sur ce trône éternel

dont il n'était descendu que par amour pour

eux, et rentrer dans cette gloire infinie qui

L

Page 298: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

LE VRAI MESSIE. 285

était sienne avant que la terrefut faite ;

JÉSUS-CHRIST devait en un mot retourner

vers son PERE, parce que son PÈRE était

plus grand que lui. Voilà tout le mystère

de ce passage.

Et c'est ici la vie éternelle, qu'ils te con

naissent SEUL VRAI DIEU, et CELUI que

tu as envoyé JÉSUS - CHRIST ( Jean ,

xvii, 3 ).

Ce texte n'est remarquable qu'en ce que

JÉSUS-CHRIST oarledc lui-même en tierce

personne, comme il parle d'ordinaire du

PÈRE. La conclusion naturelle que l'on en

peut tirer, c'est que rieii n'était moins fondé

qu'une distinction réelle de personnes ou

d'êtres entre JÉHÔVAH et le MESSIE. Le

seul vrai Dieu c'est le MOI INFINI, c'est

l'ESSENCE DIVINE incommunicable. Le

CHRIST est ce MÊME MOI proportionné

à la capacité de Vesprit humain^ lequel

est fini. Pour avoir la vie éternelle, il faut

* donc quel'homme connaisse le CPiÉATEUR,

le PÈRE de la nature, et en même temps

le CHRIST, le ROI par excellence, qui n'est

que ce même CRÉATEUR vu, ce même

PÈRE manifesté.

Page 299: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

286 LE VRAI MESSIE.

JÉSUS répondit : Mon royaume n'est pas

de ce monde ;'si mon royaume était de ce

monde, mes gens combattraient, afin que

je nefussepas livré auxJuifs : maismain-

tenant mon royaume n'est point d'ici- bas

( Saint Jean , xvm, 36 ).

Le règne du MESSIE ne devait point être

le règne d'un monarque terrestre, d'un con

quérant faible et vain; le régne du MESSIE

devait être un règne impérissable; sa domi

nation devait être une domination éter

nelle. Le royaume de JÉSUS-CHRIST n'est

donc autre que le royaume de JÉHOVAH-

DIEU, composé de tous ses immortels en fans,

où l'on ne connaît qu'une loi, celle del'amour.

Malheur', oui malheur à tous ces apôtres

ambitieux qui encore aujourd'hui ne sau

raient apprécier toute la sublimité, toute la

majesté de ce mot de JÉSUS CRUCIFIÉ:

MON ROYAUME* N'EST PAS DE CE

MONDE !

Et quand JÉSUS eut pris le vinaigre, il

dit .TOUT EST ACCOMPLI; et baissant

la tête, IL RENDIT L'ESPRIT (Saint

Jean, xix, 3o).

Si nous ne pouvons méconnaître un ins-

Page 300: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

LE VRAI MESSIE. 287

tant l'amour de notre Dieu dans le doulou

reux et imposant spectacle du Calvaire; si

nous sommes forcés d'y voir cette grande

loi de l'ordre qui contre-balance à jamais le

ciel et l'enfer, et maintient en équilibre le

franc arbitre de l'universalité des êtres; si,

en un mot, en examinant l'ensemble de l'An

cien et du Nouveau Testamens, qui com

prennent à peu près toute l'histoire du

genre humain, nous ne pouvons plus mé

connaître en JESUS- CHRIST la personne

même du CRÉATEUR : il n'en est pas de

même d'une infinité de petites circonstances

de détail dans l'histoire de sa vie et de sa

mort, dont le moindre trait est un hiérogly

phe infini. A cet égard, une étude approfon

die de la langue de la nature pourra nous

apprendre encore bien des mystères. C'est

ainsi que l'on peut conjecturer que le vinai

gre que JÉSUS-CHRIST Voulut goûter avant

sa mort, devait avoir rapport à la falsifica

tion complète de sa doctrine dans les der

niers temps, puisque le vin signifie généra

lement la vérité par toute l'Écriture-Sainte.

Mais qui sait si le mystère de l'amour du

Page 301: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

288 LE vrai messie:

PÈRE ne devra pas rester éternellement un

mystère, même pour les anges du troisième

ciel? — Si tout, absolument tout, nous était

enfin dévoilé, d'où se tirerait l'enthousiasme

religieux, d'où se tirerait le transport, le ra

vissement de l'admiration? — Que l'on ne

craigne donc point de voir disparaître quel

ques mystères de création humaine, quand il

est constant que les mystères vraiment di

vins de la TOUTE-PUISSANCE et de L'A

MOUR seront ÉTERNELS.

Et baissant la tête, IL RENDIT L'ES.

PRIT ! — 0 JÉHOVAH! qui sera digne de

te comprendre?

Huit jours après , comme ses disciples

étaient encore dans la maison , et que

Thomas était avec eux, JÉSUS vint, les

portes étant fermées , et il fut la au mi

lieu d'eux, et leur dit : La paix soit avec

vous ! puis il dit à Thomas : Mets ici ton

doigt, et regarde mes mains; avance aussi

ta main et la mets dans mon côté, et ne

sois plus incrédule, mais crois. Thomas

répondit et lui dit : Mon SEIGNEUR et

mon DIEU ! JÉSUS lui dit : Parce que tu

Page 302: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

LE VRAI MESSIE. 289

m'as vu Thomas tu as cru; heureux ceux

qui n'ont pas vu et qui ont cru (Saint

Jean , xx, 27, 28, 29).

Venir, en parlant de l'apparition de JE-

SUS-CHIST, après sa résurrection , doit se

prendre aufiguré, comme dans tous les en

droits où il est question de sa venue comme

envoyé duPÈRE; c'est ce que l'apôtre veut

donner à entendre quand il ajoute aussitôt :

Et il fut là au milieu d'eux, Quoique la

circonstance des portesfennées soit rappe

lée, l'évangéliste ne prétend pas pour cela

que JÉSUS-CHRIST soit passé au travers'

de ces portes. Le corps même de Dieu RE

DEMPTEUR, en tant que chair et os , était

évidemment divinisé, c'est-à-dire soustrait

au temps et à l'espace! Peu de lecteurs,

nous le craignons, seront capables de s'éle

ver à celte hauteur. Il est toutefois constant

qu'il n'y a point l'infini entre la matière et

l'esprit, et qu'on peut parvenir à se familia

riser avec toutes ces idées, quand, avec

Kant, Berkeley et Malebranche, on tâche

dese mettre entièrement au-dessus du monde

matériel , et des notions qui en dérivent.

Mon SEIGNEUR et mon DIEU ! s'écria

i3

Page 303: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

2QO LE VRAI MESStE.

Thomas en revoyant son MAITRE. Fasse le

ciel que ce cri soit aussi celui de l'incrédule

qui aura lu cet ouvrage! Il ne verra point de

miracles commeThomas en avait vu; il n'ap

prendra que les merveilles de L'AMOUR du

Dieu SAUVEUR. Mais, s'il croit, ah! s'il

croit, il sera plus heureux que Thomas ;

caria vue des miracles affaiblit toujours

plus ou moins la liberté morale.

Ces choses ont été écrites , afin que vous

croyiez que JÉSUS est le CHRIST, le FILS

DE DIEU, et qu'en croyant vous ayez la

VIE en son NOM (Saint Jean, xx, 3i ).

Il est donc vrai que ce JÉSUS si mé

connu, si vilipendé au dix -neuvième siè

cle, est néanmoins le même que JÉHO-

VAH, le DIEU DES ARMÉES, le CRÉA

TEUR du ciel et de la terre! Il est donc vrai

que hors de JÉSUS il n'y a point de RE

DEMPTEUR; qu'il est le PREMIER et le

DERNIER, le PRINCIPE et la FIN, LE

SAINT D'ISRAËL, CELUI QUI A ÉTÉ,

QUI EST ET QUI SERA, LE TOUT-PUIS

SANT ; qui a été percé pour nous sur la

croix, mais qui est VIVANT, DANS

TOUS LES SIÈCLES DES SIÈCLES !

Page 304: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

LE VRAI MESSIE. 29 i

Lecteur , qui que vous soyez, vous con

naissez maintenant notre foi, cette foi vivi

fiante que nous désirons être aussi la vôtre.

-En considérant de près ce globe teint de

sang, en examinant la condition vraie du

genre humain, et en pénétrant avec la clef

de la langue de la nature dans les Livres

Saints, nous avons reconnu que tout autre

Dieu que JÉSUS-CHRIST n'est point le

Dieu de cette terre. Il fut un temps, nous

le répétons, où nous nous égarions, comme

vous pouvez faire, sur l'océan sans rives des

pensées humaines; mais enfin, après vingt

' ans d'études, de recherches et de médita

tions, vers l'époque de l'entière maturité de

l'esprit , nous avons eu le bonheur de deve

nir chrétien, de déiste, il faut bien dire le

mot, que nous étions. Et le moment précis

qui détermina notre changement, fut ce

lui où , promettant solennellement au

CREATEUR de ne point profaner la

sainte vérité , si nous venions à la recon

naître, nous joignîmes à l'étude la prière.

Ce moment fut celui où, maudissant les prin

cipes relâchés de celte école qui prétend

que la perfection et les conseils évangéliques

i3.

Page 305: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

2Q2 LE VRAI MESSIE.

ne sont que pour les cloîtres, nous commen

çâmes à nous mettre au-dessus de toutes les

passions comme au-dessus de tous les pré

jugés. C'est alors, oui, c'est à cet instant,

que le voile est tombé, et que le SOLEIL

DE JUSTICE et de VÉRITÉ a lui à nos

yeux. Faites de même, lecteur; le chemin

vous en est frayé; vous avez dans notre

personne unepreuve vivante de la possibi

lité d'arriver à un point fixe, seul bonheur dé

sirable ici-bas, et à l'espoir d'un plus heureux

avenir. Nous sommes si persuadés aujour

d'hui dela divinité absoluede l'auteur de l'É

vangile, et du bonheur parfait dont il peut

faire jouir ceux qui s'attachent à lui, que nous

reconnaîtrions ces vérités, quand bien même

aucun mortel ne les eût reconnues avant

nous. Oui, là est la vérité', elle est là tout

entière! JÉSUSrCHRIST est la VÉRITÉ.

Mais encore une fois ne marchandez plus

avec votre conscience. Dans les plus petites

choses, allez droit à la perfection. Les peti

tes choses sont plus intéressantes en morale

que les grandes. L'homme du monde évite

lui-même les grandes fautes : il appartient au

chrétien d'éviter lesfautes légères, car c'est

V

Page 306: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

LE VRAI MESSIE. 2q3

dans les petites choses que se montrent vrai

ment la fidélité et l'amour. Il y a un grand

sens dans ces paroles : Un peu de philoso

phie rend incrédule; beaucoup de philo

sophie ramène au christianisme : il est

vrai que ce n'est point à la théologie sco-

• lastique à entonner le chant de triomphe.

Réponse à quelques difficultés.

Nous lisons, dit*on, dans saint Matthieu

(xix, i9) qu'un jeune homme ayant ap

pelé le SAUVEUR bon maître, JÉSUS lui

répondit : Pourquoi m'appelles-tu bon ? Il

n'y a qu'un seul bon , savoir, DIEU. Ces

paroles ne prouvent- elles pas clairement

que JÉSUS-CHRIST n'était point Dieu , et

qu'il ne voulait pas qu'on lui en donnât le

titre?

Nous répondons que si ceux qui font

cette objection avaient considéré d'abord

avec attention Vensemble de VÉvangile ,

seul moyen de connaître le vrai sens d'un

texte détaché, bien loin de voir ici un ar

gument contre nous, ils y auraient vu, au

contraire, toute notre doctrine, ou plutôt

Page 307: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

294 LE VRAI MESSIE.

toute la vérité. Ils y auraient vu, d'un côté,

Vunité de personne , car il y a dans le grec

eiç, et dans le syriac (kad)(i), mots exclu

sifs de toute autre individualité ; ils y au

raient vu, de l'autre, la divinité absolue

du RÉDEMPTEUR; car JÉSUS ne pouvant

se contredire, et s'étant déclaré clairement

Dieu dans d'autres endroits, ce passage doit

être évidemment entendu de la manière sui

vante : Tu m'appelles BON; appelle-moi

donc aussi DIEU, puisque DIEU SEUL

est BON.

Une autre objection est tirée de ces

paroles du SAUVEUR, en saint Matthieu

(xx , 23) : // est vrai que vous boirez le

calice que je boirai; mais pour ce qui est

d'être assis à ma droite ou à ma gauche ,

ce n'est point à moi à vous le donner ,

mais ce sera pour ceux à qui mon PERE

l'aura préparé; et de ces autres -en saint

Marc (xm, 3a) : Pour ce qui est du jour

et de l'heure (du dernier avènement), per

sonne ne le sait, non pas même les anges

(i) Notre SEIGNEUR ayant parlé le syro-chal-

déen , il est probable que c'est là le mot dont il s'est

servi.

.'.

Page 308: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

LE VRAI MESSIE. 296

qui sont dans le ciel, ni même le FILS ,

mais seulement le PERE. Dans le premier

de ces textes, dit-on , JÉSUS-CHRIST avoue

un défaut de puissance; dans le second,

un défaut de science: donc il n'était point

Dieu.

Mais quand on s'est convaincu par la con

frontation de tous les passages qui peuvent

jeter du jour sur ceux-ci , et une étude ap

profondie de ce que nous avons appelé la

langue de la nature, que par père il faut

entendre Vamour, qui , en Dieu considéré,

par rapport à l'homme, est comme placé en

avant ou au-dessus ou à droite de la vé

rité , le tout, par une priorité de raison ,

ces expressions n'offrent réellement plus au

cune difficulté. C'est Vamour de Dieu, c'est

le degré de charité dans les créatures,

et non la vérité divine, qui décident de la

place ou du rang que chacun doit occuper

dans la société éternelle. C'est aussi Vamour

de Dieu, c'est la bonté divine, et non save-

rité, qui decidentdumoment où l'Église doit

être renouvelée sur la terre , renouvelle

ment qui est toujours appelé jugement der

nier dans les Saintes-Écritures.

Page 309: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

2g6 LE VRAI MESSIE.

Les Sociniens tirent une autre objection

contre la divinité de JÉSUS-CHRIST, de

ces paroles qu'il adressa à son PÈRE céleste,

en priant pour les Apôtres et pour tous ceux

qui dans la suite des temps devaient croire

en lui : PÈRE SAINT ,/e te prie qu'ils

soient un, comme TOI, ô mon PERE , es

en MOI, et queje suis en TOI... , qu'eux

aussi soient consommés dans /'unité. Si ,

disent les Sociniens, l'union entre JÉSUS-

CHRIST et le PÈRE de la nature n'est pas

plus intime que celle qui peut se former en

tre lui et les autres hommes , il ne parti

cipe donc pas plus à la divinité que tous les

autres. La réponse à cette difficulté se trouve

tout entière dans le passage où nous avons

expliqué la nature du MOI universel et

du MOI personnifié particulièrement en

CHRIST : passage d'après lequel nous ne

craignons plus d'avancer cette vérité har

die : Qu'en s'èlevant au-dessus des notions

d'espace,pour déclarer que ses disciples se

raient unjour en lui et lui en eux, JÉSUS-

CHRIST EN A DIT ASSEZ POUR SE FAIRE RE

CONNAITRE POUR DIEU PAR LES PHILOSOPHES

du i90 siècle. Par sa glorification , JÉSUS

Page 310: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

'* 1E VRAI MESSIE. 297

CHRIST s'est tellement identifié avec'la plé

nitude de la divinité , qu'il ne lui est rien

resté de son individualité humaine, laquelle,

même pendant sa vie mortelle, n'était dis

tincte de l'ÊTRE JÉHOVAH qu'en appa

rence ; tandis que nous autres , tout en trou

vant en Dieu la vie entière de notre intellect .

et de notre volonté (à notre liberté morale

près), notre individualité, toutefois, nous

restera éternellement. JÉHOVAH est UN;

son NOM (ou JÉSUS-CHRIST) est UN. Et

les hommes lui seront éternellement unis.

Tel est le mystère de l'AMOUR INCRÉÉ.

Nous sommes persuadés, du reste, que

les chrétiens sociniens, ceux du moins qui

sont chrétiens véritables (car on n'est pas

chrétien comme on est platonicien), nous

sommes persuadés, disons -nous, que tous

ceux-là seront les plus disposés à reconnaître

et à embrasser la vérité. L'erreur de la Trinité

des personnes distinctes a seule donné nais

sance à une persuasion aussi vague que celle

de Vunitarianisme qui n'accorde au SAU

VEUR du monde qu'une étincelle de la

divinité. Et en levant cette erreur fonda

mentale, la vérité percera aussitôt dans tout

i3..

Page 311: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

2ûtf tE VRAI MESSIE. ♦ >

son éclat, au milieu d'une société instruite

et accoutumée au raisonnement. Élevez au

tant que vous voudrez l'excellence de l'être

JÉSUS-CHRIST, si réellement il n'est

point DIEU, il restera toujours infiniment

au-dessous de Dieu; et l'attente du genre

. humain est trompée jusqu'à ce jour.

JÉSUS-CHRIST, remarque-t-on encore^

dit à l'avant dernier verset de l'évangile de

saint Matthieu : Allez , instruisez tous les

peuples, et les baptisez au nom du PERE,

et du FILS, et du SAINT-ESPRIT. JÉ

SUS-CHRIST, dans le moment solennel de

son départ de ce monde, se serait-il servi de

semblables expressions , s'il n'y avait en Dieu

troispersonnes réellement distinctes ? Nous

répondons que ce passage ne prouve réelle

ment quelque chose que dans l'idée des

chrétiens déjà préalablement imbus de l'er

reur d'une distinction réelle de personnes;

mais que ceux qui ont eu le bon esprit de

reconnaître Vunité absolue de l'Etre divin ,

ne voient dans ce passage que troisfois la

même personne ou le même Etre, en tant

que Créateur^ Rédempteur et Régénéra

teur >• comme si JÉSUS-CHRIST avait dit :

Page 312: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

LE VRAI MESSIE. 299

Allez , baptisez tous les peuples au nom

de DIEU que vous connaissez mainte

nant comme PERE, comme FILS et comme

SAINT-ESPRIT. Nous verrons dans la se

conde partie que baptiser et instruire de

la vérité sont synonymes dans la langue de

la nature.

Le texte le plus embarrassant de tout l'É

vangile, relativement à cette vérité, sont

ces paroles du SEIGNEUR à Madeleine, après

sa résurrection : Dis à mesfrères : Je monte

vers MON PÈRE et vers VOTRE PÈRE,

vers MON DIEU et vers VOTRE DIEU.

Toutefois, cette difficulté elle-même dispa

raît entièrement , dès que l'on sait que par

le mot Dieu, dans les Saintes-Ecritures, il

faut toujours entendre puissance éternelle ,

comme par celui de Père il faut entendre

éternel amour. Et la preuve que toutes ces

paroles dites par le SEIGNEUR à Made

leine au moment qu'elle venait de le pren

dre pour un jardinier, étaient emblémati

ques, c'est qu'il lui dit en même temps: Ne

me touchepoint; tandis qu'un ipstant après,

d'autres saintes femmes, et peut-être Made

leine elle-même, le touchèrent sans diffi

Page 313: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

3oO LE VRAI MESSIE.

culte, en embrassant ses pieds. Toucher ,

dans la langue de la nature , signifie union.

Quant au mot montrer, il est emblémati

que bien évidemment, comme nous l'avons

souvent fait remarquer, puisque lePEREt/e

la nature est partout.

Terminons par un mot sur les épîtres ,

reliées d'ordinaire en un seul volume avec

les quatre Évangiles et la Révélation,ou Apo

calypse de saint Jean.

Quoique nous fassions une grande diffé

rence entre l'ÉVANGILE proprement dit,

c'est-à-dire, entre les paroles de l'ÉTER-

NELLE VÉRITÉ, et les lettres édifiantes que

les apôtres ont jugé à propos d'adresser à

diverses églises particulières , ou à des indi

vidus et des amis dont le salut leur tenait à

cœur, nous regardons néanmoins leur auto

rité comme devant être d'un très grand

poids aux yeux de tous les Chrétiens. Et en

cela nous croyons tracer une ligne de dé

marcation indispensable, entre laparoledu

CRÉATEUR en personne, et celle de ses

créatures. Les apôtres eux-mêmes n'ont ja

mais eu l'intention que leurs épîtres fussent

regardées comme une partie intégrante de

Page 314: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

LE VRAI MESSIE. 3o I

l'Évangile (i). Cette présomption étaitbien

loin de leur cœur. Nous pourrions en citer

des preuves, si cela était nécessaire, et si

l'histoire n'avait point suffisamment prouvé

la grande différence qu'il y a entre les Évan

giles et les épîtres. Presque toutes les dispu

tes qui ont déchiré la société chrétienne de

puis dix-huit cents ans, sont nées à propos

de quelques passages des épîtres, surtout de

celles de saint Paul qui a cru devoir en

tamer avec les Juifs de son temps des dis

cussions souvent personnelles et locales,

auxquelles les Chrétiens plus modernes n'au

raient jamais dû prendre part. L'Évangile

proprement dit est si clair et si simple,

( la charité d'ailleurs y perce partout si bien

dans chaque mot ! ) qu'il n'a guère été pos

sible d'engager des disputes à son sujet.

Les apôtres avaient des momens de ravis-

( i) Peut-être, dans la langue de la nature , faudrait-

il représenter les quatre Évangiles eux-mêmes , si ce

n'est pour le fond, du moins pour la forme par du

foin, c'est-à-dire, de l'herbefanée , afin de les distin

guer de laparole vivante de JÉSUS-CHRIST, repré

sentée plus naturellement par de l'kerbe verte et sur

pied. Nous traiterons ailleurs cette matière.

Page 315: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

3û2 LE VRAI MESSIE.

sement et d'extase; cela est constant, per

sonne n'en doute; les Évangiles et l'Apo

calypse, écrits d'un bout à l'autre dans la lan

gue de la nature, le prouvent. Mais les apôtres

n'avaient ces dons extraordinaires que dans

les momcnsoù ils mettaient directement la

main aux plans de la DIVINITÉ , et non

quand ils travaillaient de leur propre chef,

et écrivaient à leurs amis et à leurs disciples.

Paul lui-même distingue de la manière la plus

formelle entre ces moments de ravissement

d'espiit et les autres époques de sa vie :

Quand nous sommes en esprit , dit-il , nous

sommes avec DIEU; quand nous redescen

dons sur la terre , nous sommes avec vous

( II, auxCorinth. v. i3 ). D'un autre côté,

Vhomme perce souvent d'une manière évi

dente dans plusieurs endroits des écrits de

cet apôtre; endroits où il raisonne et se dis

culpe comme aurait fait à sa place tout autre

mortel bien intentionné, mais se ressentant

des imperfections de sa frêle nature. Il suffit

de lire les chapitres XI et XII de sa seconde

épîtreaux Corinthiens, pour s'en convaincre.

Quoiqu'il en soit toute fois , la grande vé

rité que nous avons établie jusqu'ici , d'après

Page 316: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

LE VRAI MESSiE. 3o3

l'Ancien et le Nouveau Testamens , se re

trouve également d'une manière assez claire

dans les épîtres des apôtres, quand on les

lit sans prévention. C'est ainsi que saint

Paul dit aux Romains (ix, 5): Des pa

triarches, est sorti, selon la chair, JÉSUS -

CHRIST même, qui es^DIEU, au-dessus de

tout, et béni dans tous les siècles. Aux

Corinthiens ( I, xv, 28 ) :Aprh,s que toutes

choses lui auront été assujetties , alors

aussi le FILS lui-même sera assujetti à

CELUI qui lui a assujetti toutes choses ,

afin que DIEU soit tout en tous: par où

l'on voit que, selon saint Paul, le Fils, ou

l'humanité elle-même, devait enfin se con

fondre dans Vunitè \de JÉHOVAH. Aux

mêmes (II, v. i9 ) : DIEU s'est réconcilié

le monde en JÉSUS-CHRIST , c'est-à-dire ,

étant JÉSUS-CHRIST. Aux mêmes ( I, vm.

6): Pour nous, il riy a qu'UN DIEU,

savoir, le PÈRE, et ^w'UN SEIGNEUR,

savoir, JÉSUS-CHRIST. Et une preuve que,

par DIEU et SEIGNEUR l'apôtre entendait

parler du même être divin , de la même per

sonne divine, c'est que nulle part, dans aucun

de ses écrits, il n'est clairement question

Page 317: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

3o4 LE VRAI MESSIE.

d'une distinction réelle de deux ou de trois

personnes. Il dit encore aux mêmes (xi, 3) :

La tête de CHRIST e*fDIEU;ce qui revient

à ce que nous avons vu dans les prophètes,

que l'humanité duRÉDEMPTEUR n'offrait,

pour ainsi dire, que les pieds , que le talon

de sa divinité; mais que quant à son être

réel, il n'était autre que JÉHOVAH en

personne.

Nous pourrions retrouver les mêmes véri

tés clairement exprimées dans tous les autres

apôtres. Quoiqu'ils désignassent le plus or

dinairement leur MAITRE par la dénomi

nation de FILS DE DIEU, pour les raisons

que nous avons données, quand il s'agissait

de définir nettement la nature de son être ,

ils ne l'appelaient plus que DIEU purement

et simplement. C'est ainsi que saint Jean, en

terminant une de ses lettres, dit, en parlant

de JÉSUS-CHRIST : Cest LUI gui est le

VRAI DIEU ET LA VIE ÉTERNELLE. La

première épître catholique du même Jean

estdirigèe tout entière contre les gnostiques

qui admettaient deux personnes dans le

CHRIST. Malgré cela, on y chercherait en

vain une seule expression qui aurait rap

Page 318: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

LE VRAI MESSIE. 3o5

port aux troispersonnes distinctes. Dans le

fait, ni Jean, ni aucun des autres apôtres,

n'ont jamais fait une mention formelle d'une

telle distinction. Quiconque, dit-il encore,

(ire Épit, h, 23), nie le FILS , n'a pas non

plus le PERE, et quiconque confesse le

FILS a aussi le PÈRE, évidemment parce

que le FILS n'est que le PÈRE MANIFESTÉ.

Dans toute autre supposition, cette assertion

serait fausse, car le déiste aurait du moins

le PÈRE. Dans la même épître ( v. i ), il

dit : Quiconque croit en CHRIST est né de

Dieu. Malgré cette naissance divine , les

fidèles ne sont pas des fils de Dieu propre-

ment dits; donc n\le verbe ou la sagesse

éternelle , quoique née ou issue de Véternel

amour , les mots née et issue devant se

prendre au figuré. Même comme né dans

le temps d'une vierge, le FILS DE DIEU

n'était point un fils proprement dit, et dis

tinct du PÈRE quant à la personnalité , car

alors , et selon le même Jean , il n'était que

comme un fils unique. On peut tirer les

mêmes conséquences des textes suivans :

Celui qui a le FILS a la vie ; celui qui n'a

pas le FILS n'a pas la vie (ibid. v. t2);

Page 319: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

3o6 LE VRAI MESSIEi

car si le PERE était une personne diffé

rente du FILS, on pourrait évidemment

avoir la vie par elle. Celui qui demeure

en la doctrine de CHRIST a le PÈRE et le

FILS (Épîlre n, v. g), parce que tous deux

ne sont qu'une même chose, un être iden

tique. Tout esprit qui confesse que JÉSUS-

CHRIST est venu en chair, est de Dieu

(Irede Jean, iv, 2). Dans ce dernier texte,

par JÉSUS -CHRIST, l'apôtre entend mani

festement LE ROI PAR EXCELLENCE, ou

le CRÉATEUR en personne; car quant à

l'homme Christ, nul ne peut nier qu'il n'ait

été en chair, etc.

Mais nous nous en tiendrons là, persuadés

que nous avons dit tout ce qu'il faut pour

inspirer la vraiefoi a. ceux qui sauront se

rendre dignes de la reconnaître. Quant aux

autres, nous ne pourrons que penser à eux

dans nos prières, en présence de CELUI qui

s'est réservé à lui seul de donner la foi, et

qui désire lui-même la communiquer avec

une ardeur dont aucun mortel ne peut se

faire une idée. Et nous prierons pour ces

infortunes avec d'autant plus de ferveur, que

noussommes persuadés que, n'y ayant aucun

Page 320: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

LE VRAI MESSIE. 3o7

rapprochement possible entre le fini et

l'infini, le malheureux qui ne croit point

au DIEU-HOMME, ne poursuit qu'une divi

nité entièrement métaphysique , qui fuira

éternellement devant lui, sans jamais se

laisser atteindre.

Page 321: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

^""V

Page 322: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

LE VRAI MESSIE. 3oO,

DEUXIÈME PARTIE.

VRAI SENS DE LA DOCTRINE DE

JÉSUS-CHRIST.

INTRODUCTION.

Après avoir ainsi reconnu la véritable

nature de l'Etre adorable qui s'est montré

sur notre globe, il est d'une égale impor

tance de savoir bien positivement quelle

doctrine il a annoncée , quelles croyances

et quelles œuvres il a exigées de nous; car

la connaissance de Dieu n'est point une

science spéculative, elle est toute pratique.

Entrons donc dans un examen détaillé

des principales maximes de morale de l'É

vangile, enveloppées d'ordinaire d'images

paraboliques, vraie langue de la nature.

Page 323: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

3lO , LE VRAI MESSIE.

que JESUS-CHRTSTa parlée lui même après

tous les prophètes, et que l'on n'a jamais bien

connue dans l'Église ; et nous verrons que

dans tous les discours de morale du SAU

VEUR, il y a aussi quelque chose de plus que

ce que les mots pris dans le sens du langage

de convention nesemblent annoncer; nous

verrons, en un mot, au plus juste, le véritable

objet de son apparition parmi nous, sous le

double rapport de la doctrine et des œuvres

qu'elle commande.

Le sens supérieur des discours de morale

de JÉSUS-CHRIST , sens supérieur même

au sens moral ordinaire, est assez facile à

trouver avec la clef des emblèmes naturels,

surtout quand on s'élève en esprit dans ces

sociétés plus pures , dégagées depuis long-

tems de leurs entraves matérielles, et qui

toutefois devaient également comprendre

toutes les paroles du CRÉATEUR , quoique

revêtu de chair et s'adressant à des hommes

mortels, et quand, dépouillant ces paroles

de leurs scories terrestres, on n'y voit que

leurs analogues dans le monde moral et mé

taphysique, (i) Avant néanmoins de com-

(i) Quand JÉSUS-CHRIST enseignait , chacune de

Page 324: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

LE VRAI MESSIE. . 3 I I

mencer à guider nous-mêmes les lecteurs

dans l'application de cette règle à un certain

nombre de passages choisis de l'Évangile,

nous leur en offrirons un exemple général

que les dix commandemens proclamés sur

Sinaï, sous l'ancienne foi, nous fourniront.

Jamais probablement aucun de nos lecteurs

n'aura pensé que ces commandemens pou

vaient aussi regarder les habitans des cieux,

et qu'ils les regardaient même plus directe

ment que nous, vu que le genre humain sur

notre globe n'est qu'un point imperceptible

dans l'universalité de ces êtres qui com

blent l'espace entre nous et le CRÉATEUR.

Voici pourtant, comment on conçoit que

les dix commandemens peuvent aussi re

garder les esprits purs. En passant sous

silence le premier de ces commandemens,

commun évidemment à tous les êtres sen

sibles , qui savent que bonheur et amour de

ses paroles était toujours adaptée, à la fois, aux be

soins des hommes de bonne volonté sur terre et à

ceux de la société qui leur correspond dans le monde

des esprits, aux" besoins des hommes pervers d'ici-

bas, et à ceux de la société infernale qui leur res

semble.

Page 325: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

3l2 » LE VRAI MESSIE.

Dieu sont synonymes, n'est-il pas évident

que, par le second, il peut être défendu

aux anges de s'attacher à aucun être du se

cond ordre de préférence au CRÉATEUR,

quel que soit le nombre ou le genre des per

fections dont cet être du second ordre se

trouve enrichi, et que, persuadés que l'on

rompt avec Vamour et la vérité éternels

par-là même que l'on croit avoir une pensée

un sentiment qui ne soient point actuel

lement à DieU; et de Dieu, ils ne doivent

point surtout s'appuyer sur eux-mêmes, s'a

dorer eux-mêmes, en se faisant eux-mêmes

Jéhovah; que par le troisième, il peut leur

être enjoint de ne jamais retourner aux

soucis de ces êtres qui se séparent de leur

CRÉATEUR, et veulent trouver le bonheur

par leurspropresforces, mais de goûter en

paix celui queDieuleur préparent qui est leur

vrai sabbat; que par le quatrième, il peut

leur être ordonné, sous les noms de père

et de mère, d'honorer leur CRÉATEUR, en

prenant part aux louanges que l'Église ou

société céleste dont ils font partie, lui dé

cerne, et en recevant continuellement par

son canal Vamour et la vérité qui sont la

Page 326: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

LE VRAI MESSIE. 3l3

nourriture impérissable des habitans des

cieux; que par le cinquième, il peut leur

être défendu de porter aucun de leurs frères

a se séparer en rien de son Dieu , séparation

qui constitue une mort plus terrible que celle

du corps; que par le sixième et le neuvième,

ils peuvent avoir été prémunis contre toute

espèce d'infidélité envers leur Éternel Bien

faiteur, les diverses espèces d'idolâtries ter

restres étant elles-mêmes toujours figurées

parles différentes sortes de prostitutions; que

par le septième et le dixième, il peut leur

avoir été interdit de ne jamais rien rapporter

à eux-mêmes, mais de rapporter toujours

tout à Dieu, à qui tout appartient, et à qui

rien ne peut être soustrait que par un vol

manifeste, même en parlant dubien.qui peut

se trouver chez sescréatures; que, d'après le

huitième enfin , ils doivent éviter toute es

pèce d'erreurs et de faussesdoctrines, s'appro-"

priant incessamment les vérités divines dans

toute leur pureté, parce qu'elles seules font

connaître et goûter le véritable amour ou le

vrai bonheur?

Dans toutes ces applications, mystiques,

si vous voulez, il n'y a évidemment rien de

«4

Page 327: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

3l4 LE VRAI MESSIE.

forcé, rien qui ne soit naturel, et qui par-là

même ne paraisse vrai. Et s'il en est ainsi,

pourquoi voudrait-on borner la parole de

Dieu aux tems, aux lieux et auxpersonnes?

Nous n'ignorons pas que ce sens transcen-

dental que l'on peut découvrir ainsi par

tout dans les Livres inspirés, ne soit souvent

purement spéculatif^our nous autres mor

tels, et qu'il nous suffit d'avoir connaissance

du premier degré de spiritualité supérieure ,

auquel nous pouvons atteindre, et que nous

pouvons réaliser dans notre conduite : mais

une étude de cette nature, même poussée à

cette hauteur de vues, peut-elle manquer,

en aucun cas , de nous faire voir les richesses

immenses entassées dans les Livres Saints?

peut-elle manquer d'engager des hommes

curieux de vérités religieuses, ou désireux

de trouver de quoi perfectionner leur être

moral, à examiner ces livres de plus près,

et à les approfondir tous les jours davantage?

Et la Chrétienté n'en recu eillera-t-elle pas

par-là même les fruits les plus précieux ?

Parcourons donc dans cette seconde par

tie , la clef de la langue de la nature à la

main, les passages les plus remarquables de

Page 328: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

LE VRAI MESSIE. 3l5

.l'Évangile, sous le rapport des maximes de

morale et des règles de conduite qu'il ren

ferme, et un torrent de lumières nouvelles

viendra éclairer notre esprit. Nous suivrons

de préférence l'exposition de saint Matthieu,

qui a donné le plus de détails sur les cir

constances de la vie mortelle de JÉSUS-

CHRIST, et qui, témoin oculaire et auri

culaire de tout ce qu'il rapporte , avait pro

bablement tenu un journal exact de toutes

les démarches de son Maître, à mesure que

les miracles se multipliaient sous ses pas,

et que les discours de la sagesse divine cou

laient de ses lèvres.

Quand dans le monde on se sera formé

une idée exacte de cette nouvelle et vraie

manière d'entendre et d'étudier l'Évangile,

on entreverra le plus beau jour pour le

christianisme , et le plus brillant avenir pour

le genre humain tout entier comme pour

chaque individu en particulier. Le savant

donnera toute sa science ^ l'avare tout son

or, et l'ambitieux tous ses titres , pour faire

l'acquisition de ces nouvelles richesses spi

rituelles que rien ne saurait corrompre pen

dant l'éternité. Nous-mêmes, quand, guidés

14.

Page 329: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

3l6 LE VRAI MESSIE.

par le Ciel, nous sommes tombés sur toutes

ces vérités, nous avons ressenti la joie de

cet infortuné égaré long-temps dans un

antre obscur, resaisissant tout à coup le fil

sauveur capable de le ramener à la lumière.

Hélas! il y avait quarante ans que nous

cherchions en vain ce CRÉATEUR infi

niment BON cpii nous avait placés sur cette

terre, et que l'on nous disait présent par

tout; il y avait quarante ans que nous

cherchions à connaître clairement les lois

de son amour, afin d'y trouver le bonheur

en nous y conformant. En attendant, nous

nous égarions au [loin , avec d'orgueilleux

philosophes et de plus orgueilleux théolo

giens, parcourant en insensé tout le monde

métaphysique, pendant que le DIEU de no

tre cœur était si près de nous, et nous sou

riait avec fcmt d'amour; pendant que son

code de charité et de bonheur, qu'un en

fant peut comprendre, quand on le lui pré

sente tel qu'il est, se trouvait sous notre

main! — malheureux que nous étions!

Comment, dira~t-on, ce DIEU et sa vo

lonté, sont-ils encore si difficiles à trouver

au dix-neuvième siècle? Comment, au sein

Page 330: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

fcÉ VRAI MKSSIE. 3l^

même du Christianisme, tombe-t-on encore

si facilement dans un déisme vague , inca

pable de rendre l'homme content de lui-

même, plus incapable de rendre les autre»

contens de lui? Est-ce la faute de DIEU?

Non, sans doute. La fausse manière dont on

enseigne publiquement l'Évangile à l'uni

vers, n'est pas même le véritable obstacle

qui s'oppose aux Chrétiens de nos jours,

quoique , sans doute , elle soit bien capable

de les dérouter. Nous avons dans notre per

sonne la preuve qu'il faut un effort moral

d'une certaine intensité, pour déchirer le

voile. Que les hommes se raprochent de

Dieu, et Dieu se rapprochera d'eux ;

qu'ils renoncent aux plus petites passions;

qu'ils ne marchandent plus avec leur con

science; qu'en attendant de plus grandes lu

mières, ils commencent par vivre confor

mément au peu de vérités morales qu'ils

connaissent; que, dans le doute, \ls s'ab

stiennent, selon leconseil'que leur donne un

païen; qu'ils ne distinguent plus entre pré

ceptes et conseils; qu'ils ne parlent plus

d'offenses vénielles, quand il s'agira de leur

Page 331: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

3l8 LE VRAI MESSIE.

ÉTERNEL PÈRE : et alors, en dépit de l'é-

cole et de ses subtilités , ce PERE se révélera

à eux; il se révélera à eux dans toute la

force du terme ! Mille voies lui sont ouver

tes à cet effet, et aucune ne sera merveil

leuse à ses yeux. Non , mortels , ce n'est

point Dieu qui nous a abandonnés , ce n'est

point Dieu qui s'est éloigné de nous, c'est

nous qui nous sommes éloignés de lui : il

nous cherche, et nous nous dérobons à ses

regards; il nous poursuit, et nous le fuyons;

il nous adresse la parole, et nous ne l'enten

dons plus; il vient se montrera nos yeux

sous notre propreforme, sous les traits les

plus palpables de l'être, et nous ne voulons

plus le reconnaître!!!

Qu'un seul de nos lecteurs parvienne aux

convictions salutaires que nous avons enfin

acquises, et qui sont pour nous une source

de joies si ineffables,nous serons assez payés

de notre travail. 0 ciel! ce frère que nous

aimons, que nous chérissons, nous l'aurons

mis sur la voie de cette perle précieuse , à

côté de laquelle toutes les richesses de la

terre ne sont rien; nous l'aurons mis sur la

^

Page 332: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

LU VRAI MESSIE. 3 i C)

voie de ce trésor caché dans le champ du

père de famille, qui mérite que l'on vende

tout ce que l'on possède pour en faire l'ac

quisition !

Page 333: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

>20 LE VRAI MESSIE.

CHAPITRE UNIQUE.

Doctrine de JÉSUS-CHRIST contenue

dans l'Évangile.

En ce temps là vint Jean-Baptiste prê

chant dans le désert de la Judée , en di

sant : Convertissez-vous , car le royaume

des deux est proche. C'est ici celui dont

il aétéparlépar Isaïe le prophête , quand

il dit : On a entendu la voix de celui qui

CRIE "DANS LE DÉSERT : PRÉPAREZ LE CHEMIN

du Seigneur, aplanissez ses Sentiers. Or,

Jean avait son vêtement de poil de cha

meau , et une ceinture de cuir autour de

ses reins; et son manger était des saute

relles et du miel sauvage. Alors les habi-

tans de Jérusalem et de toute la Judée, et

de tout le pays des environs du Jourdain,

vinrent à lui, et ils étaient baptisés par

lui, confessant leurspéchés. Mais voyant

Page 334: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

LE VRAI MESSIE. 32 1 *

plusieurs des Pharisiens et des Saducéens

venir à son baptême , il leur dit : Races

de vipères , qui vous a avertis de fuir la

colère à venir ? Faites donc desfruits con

venables de pénitence (Saint Matth., m, du

verset Ier au 8mc).

Le baptême d'eau qu'administrait le pré

curseur Jean, n'était que Vemblème maté

riel de cette conversion intérieure, de cette

conversion du cœur, indispensable pour en

trer au royaume céleste que JEHOVAH ve

nait fonder en terre. Baptême , vu la signi

fication emblématique de Veau et de l'ablu

tion, veut dire connaissance de la vérité,

et, par elle, pénitence (i); et la pénitence .

elle-même ne signifie que conversion. Sans

le changement radical de l'intérieur de

l'homme, le baptême et la pénitence ne sont

(i) On doit se rappelé» que l'eau, le cristal, le

verre, le miroir, et généralement tous les corps qui

réfléchissent la lumière, et où se peignent les images '

des objets , sont autant d'emblèmes naturels de diffé

rentes branches de vérités : raison pour laquelle l'arc-

en-ciel, dans lequel des myriade.s de gouttes d'eau •

réfléchissent les rayons de lumières de toutes les cou

leurs possibles, est le signe de l'e'ternelle alliance du

TRÈS-HAUT. Ucau signifie donc connaissance <lir.

Page 335: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

322 £E VRAI MESSIE.

que de pures cérémonies, : mais changer l'in

térieur de l'homme , c'est-à-dire, l'intime de

son esprit et de son cœur, n'est point une

chose aussi facile qu'on le pense , ni l'œuvre

d'un jour. L'homme n'est point , si on nous

permet cette expression, une simplesurface,

mais un solide profond , et, pour ainsi dire ,

immerise : vraie raison pour laquelle Dieu

ne peutjamais se décider à l'anéantir, quelque

progrès qu'ait fait chez lui la corruption. Il

y a des degrés de conversion , il y a des de

grés de bonne volonté qui vont jusqu'à l'in

fini. Aux yeux de Dieu, nous serons même

toujours dans le mal, et nous devrons tra

vailler éternellement à notre réforme.

Tel est donc le baptême que l'on doit prê

cher aujourd'hui :Convertissez-voussérieu

sement et sans retour; allez droit à la per

fection^même dans les plus petites choses;

suivez non-seulement ce que l'on a appelé les

vrai, avant que , par l'ablution , elle ne rappelle la-

purification et le changement de vie. Le corps de

l'homme, et surtout sa tête, est l'emblème général de

l'intelligence ; et baptiser quelqu'un ne signifie que

l'instruire , afin de réformer par - là son homme in

térieur et immortel..

Page 336: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

LE VRAI S'iESSïE: ^23

commandemens de Tjien, mais suivez les

conseils qu'il a bien, voulu vous donner, per

suades que vous ne pouvez les déprécier sans

blasphème. Reconnaissez, en un mot, JÉ

SUS-CHRIST, pour l'unique Dieu du ciel et

de la terre, et commencez dès aujourd'hui à

marcher sur ses traces; ou bien vous êtes per

dus. Tant que vous ne vous serez point atta

chés irrévocablement à la vérité qui sauver

vous neserez point baptisésdans toute laforce

du terme; et tant que vous ne vous se

rez point convertis de manière à ne plus

retomber, sciemment, même dans les plus

petites fautes, telle que de négliger une

plus grande perfection pour une moindre ,

vous ne pourrez point vous flatter d'avoir vé

ritablement reçu le sacrement depénitence.

Si jusqu'ici on avait bien compris tout

cela, une infinité de personnes ne se seraient

point fait un jeu de ce qu'elles appellent la

confession , quand elles promettent cent fois

la même chose à leur CREATEUR , et se par

jurent cent fois : moquerie infernale de la

part de ceux qui réfléchissent, et pratique

insensée de la part des autres , qui par-là ne '

font q,ue s'endormir sur leurs désordres Et

Page 337: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

324 EE VRAI. MESSIE.

les prêtres du SEIGNEUR n'auraient eu

garde de donner le nom de sacrement de

pénitence à ces cérémonies illusoires, qui r

chaque fois qu'on les répète , prouvent

elles-mêmes que jusque-là on n'avait com

mis que des sacrilèges. Si jusqu'ici on avait

bien compris ces choses , on se serait gardé

surtout d'imputer au SEIGNEUR la barba

rie de damner éternellement d'innocens

petits êtres qui n'ont pas même pu con

naître leur misère; et cela, pour la seule

raison qu'on ne leur a pas fait couler maté-

riellement de l'eau sur la tête. Aujourd'hui

donc que;, par la connaissance de la langue

de la nature, on voit clairement l'intention

du CREATEUR sous ces différents rapports;

que tous ces abus soient réformés. Encore

une fois, convertissez-vous, purifiez-vous

du vieux levain, car le règne de Dieu est

au milieu de vous; sortez de Babjlone;

retirez-vous de ceux qui vous flattent dans

vos crimes; fuvez en même temps ceux qui

crient : Nous ne voulons pas que celui-ci

règne sur nous ; reconnaissez JÉSUS -

CHRTSTpour laVÉRITÉ INCRÉÉE, pour la

personne même du CRÉATEUR invisible,

Page 338: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

LE VRAI MÈSSIË. 32 5-

du PERE que vous avez dans les cieUx de*

puis une éternité, et ne cherchez le bonheur

qu'en lui et par lui, ou vous êtes perdus.

Mais afin que l'on ne dise pas que nous

rejetons aucun des moyens de salut ména

gés au monde par DIEU RÉDEMPTEUR,

déclarons ici que, comme tous les théolo

giens, nous reconnaissons la nécessité d'un

baptême et d'une pénitence extérieurs, de

quelque façon qu'on les administre; que

nous les tenons, ainsi que la sainte Cène ,

pour des rites entièrement sacrés : la philo

sophie elle-même ne pouvant nier que si

l'on négligeait ces institutions matérielles,

leur partie correspondante au moral ne

se perdrait bientôt, et qu'en conséquence

il faut tenir à ces usages avec le même res

pect, la même religion que s'ils avaient de

l'efficacité par eux-mêmes. Nous l'avons dit,

le monde moral et métaphysique est comme

ancré, comme enraciné dans le monde

phénoménal, et il faut des emblèmes réels

pour établir parmi les êtres une communi

cation générale de pensées et de sentimens.

C'est là ce qui a donné lieu à ces institu

tions matérielles et grossières chez les Juifs,

Page 339: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

3a6 LE VRAI MESSIE.

moins matérielles et moins grossières chez

les Chrétiens. Mais si, grâce à l'Evangile,

nous ne sommes plus aussi barbares que ces

anciens peuples dont les holocaustes étaient

à peine autre chose qu'une abomination

aux yeux du SEIGNEUR, il ne faut point

pour cela nous imaginer que chez nous

Vécorce elle-même de nos institutions soit

devenue une chose sainte et efficace pour le

salut. De même que, chez les Juifs, la cir

concision ne représentait que le renonce-

cernent aux passions brutales , à la débau

che, à la cruauté et au carnage,quï étaient

devenus^ une seconde nature chez tous les

anciens peuples; de même le baptême, chez

nous, n'est que l'emblème de la réception

de ces vérités divines , qui, au milieu de

l'homme animal, peuvent donner nais

sance à cet homme immortel qui doit lui

survivre ; ce qui est né de la chair étant

chair, et ce qui est né de Vesprit étant es

prit. JÉSUS-CHRIST ni ses apôtres n'ont ja

mais attaché d'autre mystère à toutes ces

choses. . , . - '

Quant à la manière dont le précurseur

était vêtu et se nourrissait } elle caractéri

Page 340: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

LE VRAI MESSIE. 3^7

sait en langue de la nature ce que cet

homme extraordinaire était au moral ,

ainsi qu'une étude approfondie le prouvera

à l'observateur attentif qui confrontera tous

les textes de l'Écriture où il est question

d'emblèmes analogues, et ainsi qu'on pourra

le conclure clairement de ce qui en sera

dit occasionnellement dans la suite de cet

ouvrage. Le SAUVEUR lui-même a fait allu

sion à la signification emblématique du cos

tume de Jean v quand il a dit à la foule :

Qu'êtes-vous allé voir? un homme vêtu

avec mollesse? Koici ,ceux qui sont vêtus

avec mollesse sont dans les maisons des

rois. Tout mortel est obligé, dans sa per

sonne, dans sa vie et sa mort, de fournir

continuellement des emblèmes capables de

caractériser lefond de son être , lequel par

lui-même est une espèce d'infini insaisissable.

Nous ne savons plus, il est vrai, apprécier

tous ces emblèmes; mais un œilplus exercé

les apprécie et les détermine; et le CRÉA

TEUR en personne, apparaissant à une épo

que donnée, et dans des circonstances don

nées, ne pouvait que commencer par la

crèche et finir par la croix.

Page 341: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

3a8 LE VRAI MESSIE.

Bienheureux sont les pauvres d'esprit ,

car le royaume des deux est d eux (Sain.t

Matth., v, 3).

En passant les sept autres béatitudes assez

faciles à comprendre, arrêtons-nous à ces

mots profonds que le fanatisme a si fort dé

naturés. Pauvreté d'esprit ne veut pas dire

qu'après avoir renoncé à sapropge volonté,

à ses propres lumières, il faille ensuite se

soumettre aveuglément aux volontés et aux

caprices d'un autre faible mortel. Pauvreté

desprit ne veut pas dire qu'il faille être igno

rant et grossier, ridicule et misanthrope,

condamner tous les plaisirs et renoncer à

tout bonheur terrestre. Pauvreté d'esprit

ne signifie qu'humilité , simplicité , dou

ceur , renoncement à soi et confiance en

Dieu. Pour être pauvre d'esprit, il suffit de

se laisser conduire comme un enfant parce

Dieu qui parle incessamment au cœur de

chacun. Il suffit d'examiner avec calme en

toute circonstance ce qui est le plus agréable

au SEIGNEUR-, et de l'exécuter ensuite avec

fermeté, ayant soin surtout de ne jamais

rien s'approprier du bien que l'on fait , per

suadé que c'est Dieu seul qui opère en nous

Page 342: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

LE VRAI MESSIE. 329

le vouloir et le faire, qu'il ne nous reste à

nous qu'un simple- consentement à servir

d'instrument du bien entre les mains de

CELUI qui seul est BON, et qui nous donne

incessamment touteslesbonnespcnsées, tous

les bons désirs, comme le soleil nous donne

sa lumière et sa chaleur. Pauvreté d'esprit

signifie donc aussi manger de Varbre de

la science le moins .que possible , et se

contenter deVarbre de vie; car le bonheur

n'est point un raisonnement, mais un senti

ment. Quel est le philosophe quî ne soit pas

forcé deconvenir qu'il a étéplusheurauxpen-

dant le temps desjeux innocens de son jeune

âge, que pendant les plus brillantes années

de ses études et de sa réputationdesavant?

Quel est le philosophe qui niera qu'après

avoir soulevé le premier pourquoi, il n'a

jamais pu arriver au dernierl

Mais au lieu d'entrer ainsi profondément

dans la pensée de Dieu qui seul voulait rester

propriétaire de l'intime de notre vie, parce

que seul il connaît les besoins de Vensemble

de tous les êtres, et ce que chacun doit être

par rapport à tous les autres, ce qui constitue

effectivement le règne de Diou en nous, on.

Page 343: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

33o 1E VRAI MESSIE.

faussé dans ces derniers temps ses intentions,

au point de soutenir que pauvreté d'esprit

voulait dire renoncement aux richesses ter

restres; oe qui a amené quelques-uns à faire

profession publique depauvreté, entassant

souvent d'un autre côté plus de richesses

que jamais, non, il est vrai, en leur propre

nom, mais au nom de leur établissement.

Il serait assez singulier qu'un homme riche

dans le monde ne pût entrer dans le royaume

de Dieu aussi bien qu'un pauvre. Si la fortune

a ses tentations, la misère a bien les siennes

aussi. Quand JÉSUS-CHRIST parle- de la

position critique des riches quant au salut,

il faut, en suivant toujours le rapportdu phy

sique au moral, entendre surtout ceux qui

sont riches à leurspropres yeux,<\u\ croient

avoirde grandes vertus,qui se persuadentque

leurs nombreuses bonnes œuvres les sauve

ront nécessairement. A.lorsdevient aussi claire

et intelligible cette expression si fortedu SEI

GNEUR, qu'ilest mPossiBLEque le riche en

trée au Ciel, qu'un chameaupasseraitplu

tôt parle trou d'une aiguille, et que Dieu

seul est capable de le sauver ! Depuis les temps

adamiques, les hommess'étaientsifortaccou

Page 344: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

LE VRAI MESSIE. 33 f

tumés à se croire quelque chose par eux-

mêmes et en eux-mêmes , que DIEU RÉ

DEMPTEUR, pouvait seul venir à leur se

cours , et leur faire comprendre que vou

loir être et vivre par soi, c'est la mort , et

que vouloir exister, sentir, agir unique

ment en Dieu etpar Dieu, c'est la seule vie

possible.

Prenez-garde de ne point faire vos

bonnes œuvres devant les hommes , pour

être regardés d'eux ; autrement vous n'en

recevrez point la récompense de votre

PÈRE quiest aux cieux ( Saint-Matthieu ,

yr, i).

C'est effectivement là notre grand mal sur

la terre: faire tout pour nous, rapporter

tout à nous, n'attacher de prix qu'à l'orgueil,

à la vanité, à la renommée; ne voir jamais

que notre individu dans toutes nos dé

marches, même dans nos prétendues bonnes

œuvres; nous appuyer, en un mot^ sur nous,

sur notre bras , et non sur le PÈRE.

Mais en attendant que nous trouvions

l'occasion de discuter ce sujet à fond, rappe

lons ici en peu de mots la vraie signification

du mot Père, en tant qu'il désigne nos rap

Page 345: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

332 LE VRAI MESSIE'.

ports avec le CRÉATEUR; car ce mot repa-»

rai ira souvent dans les différens textes que

nous citerons. Notre PERE unique et véri

table n'étant autre, comme nous l'avons

montré dans la première partie, queJÉSUS-

CHRIST lui-même, CRÉATEUR aussi bien

que RÉDEMPTEUR, ce Père qui est aux

cieux ne peut représenter ici, comme en

cent autres endroits, que l'AMOUR ÉTER

NEL, par opposition à l'ÉTERNELLE VÉ

RITÉ manifestée en chair. C'est en effet le

sentiment de l'amour qui devient notre ré

compense dans le Ciel plutôt que la vue de

la vérité. Qui vous reçoit me reçoit, dit

JÉSUS-CHRIST aux apôtres, etqui me re

çoit reçoit le PÈRE qui m'a envoyé; parce

que celui qui reçoit les apôtres reçoit la

vérité qui est JÉSUS-CHRIST, et que celui

qui reçoit JÉSUS-CHRIST reçoit l'AMOUR

ETLERONHEUR qu'il peut nous procurer.

Quand vous priez , n'usezpoint devaines

redites, commefont les païens ; car ils s'i

maginent d'être exaucés en parlant beau

coup. Pour vous , priez ainsi: NOTRE

PÈRE qui êtes au cieux, Que votre nom

soit sanctifié; Que votre règne vienne;

Page 346: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

le vrai messie. 333

Que votre volonté soitfaite sur la terre

comme au ciel; Donnez-nous aujourd'hui

notre pain quotidien; Pardonnez-nousnos

offenses comme nous pardonnons a ceux

QUI NOUS ont offensés; Et ne nous laissez

point tomber en tentation; mais délivrez-

nous du mal ; Car c'est a vous qu'appar

tiennent LE RÈGNEjLAPUISSANCE ET LA GLOIRE

aux siècles des siècles. Amen. (Saint-

Matthieu, vi, du verset 7 au i3 ).

On ne conçoit guère comment, après cette

déclaration si formelle du SEIGNEUR , U

puisse se rencontrer encoretant d'abus à cet

égard dans certaines sociétés chrétiennes, où

l'on ne croit point avoir trop fait quand on a

répété quinze dixaines de fois Jla même

chose. Le Chrétien éclairé n'adressera pas fa

cilement à son CRÉATEUR d'autre prière

que celle qu'il lui a lui-même enseignée.

Et quand il l'aura dite une ou deux fois dans

une.journée avec une confiance et une piété

vraimenti filiales, il sera persuade que l'A-

MOURÉTERNEL l'a suffisamment compris,

et qu'au moins, pour ce jour-là, le pain lui

est assuré. Le Chrétien éclairé évitera sur

tout cet usage sacrilège de s'adresser à d'au

Page 347: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

334 LE VRAi MESSIE.

tres êtres qu'à Dieu, quelque parfait que ces

autres êtres puissent paraître, le PERE, le

CHEFde la famille pouvant etdevant seuldis-

poserdetout. Chose admirable! Cetteoraison

vraiment dominicale contient toutes les vé

rités, et suggère toutes les affections dont

nous devons nous nourrir pendant la vie et

pendant l'éternité; elle est susceptible de

sentimens variés, comme les différentes posi

tions dans lesquelles les hommes peuvent se

trouver sur la terre; et les anges mêmes peu

vent encore la répéter dans le Ciel : son sens

est véritablement infini, comme cela devait

être.

NOTRE PÈRE ! Quel nom! Et qui l'a ja

mais compris? Le meilleur des pères de la

terre, le représentant le plus digne de la Di

vinité dans une famille, est-il capable de

nous donner une idée de la bonté pater

nelle de notre Dieu? Les habitans du troi

sième Ciel savent-ils eux-mêmes 'tout ce

qu'ils disent quand ils appellent le CRÉA

TEUR leur PÈRE? PÈRE, c'est AMOUR : et

quia jamais compris l'AMOUR ?

Qui êtes aux cieux ; c'est-à-dire, qui

êtes tout entier dans l'intime de notre âme :

Page 348: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

LE VRAI MESSIE. 335

qui êtes plus réellement présent à chacun de

nous, que ne l'est ee soleil qui nous éclaire.

Le soleil est présent tout entierà chaque in

dividu en particulier ; son éloignement l'ait

même que quand nous marchons, il semble

nous suivre. Vous nous êtes toutefois infi

niment plus présent encore, ô vous , CRÉA

TEUR de tons les astres, DIEU DE BONTÉ,

qui nous poursuivez partout de votre pré

sence commede votre amour! Même comme

homme, ô Dieu RÉDEMPTEUR , vous êtes

réellement présenta chacun de nous comme

sa propre pensée! car ce Fils de votre

droite vous l'avez glorifié^ vous l'avez divi

nisé , vous l'avez soustrait à ce temps et à

cet espace que vous avez vous-même créés

en créant l'univers. C'est nous,ô JÉHOVAH,

ô ÊTRE DES ÊTRES, qui vous reléguons

dans les cieux par notre aveuglement -et

notre perversité! Nous vous croyons loin de

nous, nous vous plaçons par-delà les astres,

parceque nous sommes haine et vous amour,

et que ces deux sentimenssont éloignés l'un

de l'autre, comme la terre l'est des cieux.

Que votre nom soit sanctifié. Le nom

de Dieu c'est son essence, et son essence

Page 349: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

336 LE VR'AI MESSIE.

c'est l'AMOUR. Ce souhait veut donc dire :

Que votre nature soit connue autant qu'elle

peut l'être, o vous , Dieu incommunicable

dans votre essence première , vous dont

personne n'a vu la face ! Ce souhait veut

dire que JÉSUS - CHRIST soit reconnu

pour JÉHOVAH , puisqu'en se personni

fiant de la sorte, le CRÉATEUR nous a

manifesté son ETRE le plus parfaitement .

qu'il lui a été possible.

Que votre règne vienne : ce Règne, ô

DIEU RÉDEMPTEUR, que vous avez com

mencé quand vous refusâtes d'être Roi;

quand vous déclarâtes que votre royaume

' n'était pas de ce monde^ quand un roseau

fut votre sceptre, une épine votre couronne,

et la croix votre trône; quand toute votre

puissance fut anéantie sur le Calvaire ; quand

toute votre majesté fut éclipsée, et que,

par dérision, on écrivit au-dessus de votre

tète : JÉSUS DE NAZARETH, ROI DES

JUIFS; — oui, que ce règne-là vienne, car

c'est le règne de L'AMOUR.

Que votre volonté soit faite sur la

terre comme au ciel. Il faut que tous les

Etres de l'immense création renoncent à

S

Page 350: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

LC VRAI MESSIE. SSj

leur propre volonté : un seul d'entre eux

qui voudrait agir par lui-même détruirait

toute l'harmonie des cieux. Voilà jusqu'à

quel point notre propre volonté doit être

anéantie par celle du SEIGNEUR. Le siècle

éclairé dans lequel nous vivons aura lui-

même encore de la peine à comprendre ces

vérités; c'est néanmoins ici l'unique moyen

de confondre toutes ces myriades <d'êtrcs

que la puissance créatrice fait naître à tout

moment., dans cette unité divine qui doit

être aussi étroite que celle qui unit en JÉ-

HOVAH le PÈRE et le FILS.

Donnez -nous aujourd'hui notre pain

quotidien. L'amour et la vérité fprment,

pour ainsi dire, la vie.de Dieu : ils doivent

aussi former la nôtre. Voilà le pain que

nous devons demander tous les jours , et

que les anges demandent comme nous. La

vie du ciel, comme celle.de la terre , est une

vie de relations, une vie do services de

mandés et rendus. Nos relations avec l'ETRE

DES ÊTRES forment la première source de

oette vie précieuse qui est la vraie félicité.

Dieu lui-même s'est chargé de multiplier

ces relations ; et combien n'en a-t-il pas in

i5

Page 351: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

338 LE VRAI MESSIE.

troduit de nouvelles dans l'éternelle sociélé ,

par cet amour infini qu'il a déployé dans

l'œuvre de la Rédemption! Sans cette Ré

demption, vous seule eussiez été connue

des mortels, puissance irrésistible de notre

Dieu! ces images plus touchantes de la ten

dresse paternelle poursuivant un enfant

égaré, et de cet enfant malheureux, vaincu

par l'amour, se jetant enfin dans ses bras ,

seraient restées dans l'éternel néant. Re

penti?* du pécheur, retour de l'enfant pro

digue, premier soupir d'un cœur déna

turé reconnaissant l'empire de la vertu ^vous

n'eussiez jamais humecté les joues d'aucun

être sensible ! La Rédemption doit donc

nourrir notre amour, comme la création

nourrit notre admiration. Qu'admirerait-on

éternellement, si ce n'est le Dieu CRÉA

TEUR? Qu'aimerait-on éternellement, si ce

n'est le Dieu RÉDEMPTEUR?

Pardonnez -nous nos offenses comme

nous pardonnons a ceux qui nous ont of

fensés. Dieu pardonne toujours, car il est

AMOUR. Ce sont les hommes qui doivent

se pardonner entre eux, afin de s'accoutumer

peu à peu à s'aimer. A proprement parler,

Page 352: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

LE VRAI MESSIE. 33g

nous ne pouvons pas offenser Dieu; nous

ne faisons que nous offenser nous-mêmes

quand nous abandonnons ses lois. Il n'y a

qu'une chose que Dieu ne nous pardonne

pas : c'est de voir que nous ne cherchons

qu'à nous rendre malheureux nous-mêmes,

qu'à nous rendre malheureux les uns les

autres , par la haine , l'envie, la vengeance ,

le mépris , l'intolérance , la persécution ,

sentimens infernaux qui nous rendent à

jamais indignes du bonheur que Dieu nous

prépare, comme ils nous rendent incapables

de le goûter.

Ne nous laissez pas tomber en tenta

tion. On a souvent si mal compris ces pa

roles, qu'on a cherché à les dénaturer. On

a prétendu que Dieu ne nous pouvait con

duire par les tentations. Quel philosophe

cependant peut dire l'effet que dofveht pro

duire sur l'intime de notre être la tenta

tion et la souffrance ? Qui peut savoir

quelles conditions , dans une occasion don

née, feront naître dans notre intérieur telle

nuance de pensées et d'affections plutôt

que telle autre ? Les souffrances ne sont-

elles pas Vopposé des jouissances des pas

i5.

Page 353: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

34o LE VRAI MESSIE.

sions ; et n'est-il point naturel que ce soient

elles qui les guérissent? Les tentations

sont-elles autre chose qu'une lutte; et n'est-

ce point Vexercice qui fortifie les lutteurs?

Et s'il est vrai que les tentations nous for

tifient dans le bien et nous prémunissent

contre le mal, pourquoi donc Dieu ne pour

rait-il pas nous faire passer par le creuse^

des tribulations , pour nous y purifier

comme on purifie l'or dans le feu ? La phi

losophie , en contradiction sur ce point

avec elle-même, avoue que lefond de notre

être est un véritable infini ; pourquoi

donc ne pourrait-il pas devenir, dans cer

tains, cas nécessaire et indispensable qu'un

homme dégradé tombât à une certaine pro

fondeur dans des déchiremens de l'âme

capables de le réveiller et de le ramener au

bien ? Le sens de cette demande de l'oraison

dominicale doit donc être celui-ci : Ne nous

conduisez pas par les tentations , SEI

GNEUR , s'il est possible que notre âme

dégradée se réforme par d'autres voies

(comme , par exemple f celle de la prière

qui peut aussi relever l'âme, quand elle

estfaite avecferveur) } mais si cela n'est

,

Page 354: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

LÉ VRAI MESSIE. 34 i

pointpossible , que votre volonté soitfaite

et non la nôtre*

Mais déliVKeznous du mAl. Ce mal, c'est

le mal moral, c'est l'influence de l'enfer, qui, .

faisant effort contre le ciel, établit cette ba

lance de ïa libçrté du genre humain qui

donne la vie et le mouvement à l'universa

lité des êtres, et qui y introduit à cha

que instant des millions de relations nou-1

velles. Sans cette action continuelle' de l'en

fer, l'équilibre de notre liberté morale se

romprait évidemment à chaque moment;

quoique , sans doute , il soit toujours vrai

de dire que les efforts de l'universalité des

êtres dégradés, ne sont nécessaires que con-

ditionneïlement, et vu leur perversité vo

lontaire. Ce n'est qu'en attendant que leurs

propres malheurs les corrigent, que Dieu

tire un avantage pour la vertu, de la fureur

même de ces êtres.

Dans les temps où l'on comprenait encore

mieux la doctrine de JÉSUS- CHRIST, on

personnifiait le mal moral , et on disait : dé

livrez-nous de Satan, du Diable, ou du

malin esprit. Mais telle est la bizarrerie de

l'esprit humain , que ceux-là même qui dans

Page 355: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

342 LE VRAI MESSIE.

leurs moindres discours personnifient inces

samment cent objets inanimés, et qui ne

parlentquedu géniédes empires, du monstre

. de la guerre , de l'hydre des révolutions, se

scandaliseraient d'entendre encore appeler

diable, ou serpent, ce génie du mal qui

nous poursuit partout, et qui dans le lan

gage emblématique apparaît réellement sous

la forme d'un être monstrueux , caractéri

sant la société entière de tous ces hommes

pervers que notre terre vomit à chaque ins

tant dans le monde des esprits, et qui, dé

pouillés de leurs organes matériels, poussent

encore les mortels aux crimes qu'ils ne peu

vent plus commettre eux-mêmes.

Cak c'est a vous qu'appartiennent le

règne, la puissance et la gloire aux siè

CLES des siècles. Ces paroles, retranchées

mal à propos par les Catholiques romains, ren

ferment à elles seules tout ce qui vient d'être

dit. Dieu doitêtre tout en tous, parce que seul

il peut faire le bonheur de tous. Les êtres

secondaires ne peuvent être des dieux

qu'en JÉHOVAH et par JÉHOVAH, qui

éternellement leur attribuera plus de per

fection et de bonheur qu'ils ne pourraient

Page 356: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

LE tRAI MESSIE. 345

s'en approprier eux-mêmes s'ils étaient in-

dépendans de lui. Telles sont quelques-unçs

des réflexions infinies que peut suggérer la

prière enseignée par JÉSUS-CHRIST, quand

on l'examine dans le sens spirituel qui y est

caché.

L'œil est la lumière du corps; si ton œil

est net , tout ton corps sera éclairé; maissi

ton œil est mal disposé, tout ton corps

sera ténébreux. Si donc la lumière qui est

en toi n'est que ténèbres , combien seront

grandes les ténèbres mêmes /(Saint-Matth.,,

VI, 22, 23).

L'œil du corps n'est ici que l'emblème de

cet œil intérieur, de cette vue inconcevable

qui remplit le système planétaire tout en

tier, et dont les phénomènes qu'offrent les

personnes jetées dans le somnambulisme par

l'imposition des mains, aussi bien que cer

tains songes ordinaires, peuvent donner l'i

dée la plus claire à chacun. Notre homme

intérieur est armé d'un œil infiniment plus

pénétrant que celui de notre homme exté

rieur : œil divin , qui reçoit les rayons de

lumière de toutes parts, et pour qui ces

rayons ne sont plus divergens; qui non-seu

Page 357: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

344 £8 VRAI MESSIE.

lement sait rapprocher les distances, mais

pour qui les distances n'existent plus. C'est

là l'œil qu'il faut tâcher de rendre net pour

pouvoir contempler éternellement les mer

veilles de la puissance et de l'amour du SEI

GNEUR; c'est là cet œil qu'il faut chercher

incessamment à préserver des ténèbres de

l'incrédulité, des préjugés de l'ignorance

et de la perversité ." ténèbres plus épaisses

mille fois que celles de l'Egypte, et plus

à craindre que celles de la tombe.

Ne donnez pas les choses saintes aux

chiens , et ne jetez pas vos perles devant

lespourceaux, de peur qu'ils ne lesfoulent

aux pieds , et que^ se retournant y ils ne

vous déchirent (Saint-Matth., vu , 6).

La crainte de la profanation des choses

divines,yon>/ârea£«>rcqueDieudoit empêcher

autant que possible, dans le système éter

nel des; êtres, explique bien des difficultés

relativement à sa conduite envers le genre

humain et son action sur les créatures. Ou

tre la nécessitégénérale d'envelopper tout le

mystère dela Rédemption dansles emblèmes

et les paraboles de la langue de la nature ^

pour le soustraire par-là aux attaques impies

Page 358: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

LE fAA'l' MESSIE. 345

<]es hommes-démons, c'est par-là que s'expli

quent ces passages devenus si fameux par

les réflexions superficielles de l'incrédulité,

où il est dit que Dieu aveugle les hommes

de peur qu'ils ne voient; qu'il les rend

sourds de peur qu'ils n'entendent ; et qu'il

endurcit leur cœur de peur qu'ils ne se

convertissent et, soient guéris. Dieu assuré

ment ne demande pas mieux que de vous

voir revenir à lui : mais si ce même Dieu

prévoit que ce n'est que pour un temps que

vous revenez vous mêler parmi ses adora

teurs; s'il' prévoit qu'infâmes déserteurs des

bannières de son amour, vous devez un

jour retourner à votre vomissement , en

vous associant avec ses ennemis, n'est-ce

pas pour lui un devoir de vous dérober ses

dons sacrés ? La crainte de la profanation

explique même cette manière progressive,

et comme insensible, par laquelle le SEI

GNEUR régénère le genre humain, quand

il laisse s'écouler des siècles entre un de

gré d'amélioration et un autre. C'est bien as

sez qu'il soit mort unefois pour nospéchés,

et ressuscité pour notre justification; il

tout qu'après une telle démarche il mette

i5-

Page 359: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

346 LE VRAI MESSIE,

son éternelle majesté à couvert de nos ou

trages; et encore cela, non pas à cause de

lui, mais à cause de nous , et pour nous

épargner des regrets éternels. Il faut qu'il

aille, pour ainsi dire, pas à pas, se dût-il

passer dix-huit siècles entre une faveur et

une autre. Pendant ce temps, les relations

des êtres se compliquent à l'infini, et pré

parent les voies à d'éternels transports; Dieu

sachant tôt ou tard tirer le- bien du mal

même. Ces dix-huit siècles , du reste, con

tre lesquels l'irréflexion peut se récrier, ne

sont pour les individus que soixante ans,

ou la durée de la vie de chaque homme;

chacun, en particulier, pouvant incessam

ment trouver son salut dans l'Évangile, sans

se mêler de ce que cet Évangile doit être

par rapport aux masses , ou à l'universalité

des êtres; point que le CRÉATEUR seul

peut et doit déterminer. Les mille erreurs

scolasliques qui ont défiguré la doctrine du

salut depuis près de deux mille ans, n'ont

empêché aucun de ceux qui pendant tout

ce temps ont passé à l'existence immaté

rielle,^ reconnaître leur RÉDEMPTEUR r

dès qu'ils ont été présentés devant lui :. au.

Page 360: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

LE VRAI' MESSIE. 347

contraire, ils n'en ont été que mieux prépa

rés à ne se fier qu'à l'ÉTERNELLE VÉRITÉ,

ayant connu par leur propre expérience

la faiblesse et l'insuffisance de l'esprit hu

main. Il faut dire la même chose de toutes

les générations d'infidèles que la terre a

nourries depuis l'apparition du SEIGNEUR.

Et combien de ceux que nous appelons des

grands hommes n'eussent point à se repro

cher, depuis dix-huit cents ans, l'attentat

sacrilège d'avoir voulu effacer de dessus la

terre le nom du CHRIST, si, en général, ils

avaient cru son règne moins chancelant,

et s'ils n'avaient espéré que son royaume

s'écroulerait de lui-même?

Nous dirons ailleurs comment la réaction

de l'univers des esprits dégradés contribue

de son côté à rendre les progrès de la ré

génération du genre humain comme insen

sibles. Cette réaction a dû être terrible , à

en juger seulement par l'opposition que

l'œuvre du SEIGNEUR a rencontrée sur no

tre petite terre. Ce sont deux mers infinies

qui ont été mises en contact , l'une fu

rieuse, l'autre calme; et ce ne sera qu'après

Page 361: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

348 tE VRAI MESSIE.

des balancemens sans fin que l'éternel

équilibre pourra se rétablir.

La même crainte de la profanation des

choses divines nous explique enfin ce que

ce peut être que ce péché contre le Saint-

Esprit^ qui ne doit point pouvoir être re

mis. Assurément le Saint-Esprit, quand

bien même il serait une personne distincte

dans l'essence divine , ne laisserait pas pour

cela d'être aussi miséricordieux que les

deux autres, et il pardonnerait aussi bien

que le Père et le Fils. Mais si, après avoir

connu la VÉRITÉ, c'est-à-dire le CREA

TEUR incarné par amour pour vous ,

vous le méconnaissez de nouveau, et l'aban

donnez de nouveau, outrageant ainsi son

inconcevable charité, alors il ne reste plus

pour vous aucune ressource , parce que Dieu

lui-même n'a plus d'autre moyen de se

frayer un chemin à votre cœur.

Nous pouvons aussi expliquer en cet en

droit comment il se fait qae l'on trouve quel

quefois dans la bouche de JÉSUS-CHR.IST

des expressions qui choquent certaines^

oreilles délicates, telles que les expressions.

Page 362: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

le vrai messie: 34g

de chien, de pourceau , de serpent, de

race de vipères, de génération Hypocrite^

adultère, et autres. En se rappelant qu'il

existe une langue de la nature, dans laquelle

tous les .objets terrestres, et principalement

les animaux 7 deviennent autant d'hiérogly

phes infiniment plus significatifs que tous

les mots de convention que l'on pourrait

employer, on ne s'étonne plus devoir figu

rer de temps en temps les noms de ces

mômes animaux dans les Saintes-Écritures.

Rien n'était mieux appliqué aux descendans

de ces homme* qui s'étaient laissé séduire

primitivement par Vantique serpent, que

Fexpression de race de vipères dont le pré

curseur Jean, parlant la même langue, s'é

tait déjà servi. Le mot de chien revient éga

lement bien souvent dansles Livres inspirés,

et toujours à propos. David avait déjà dit

dans ses visions prophétiques touchant le

SEIGNEUR r Je me suis vu entouré d'une

troupe de chiens et de taureaux. Dans

l'Apocalypse,, l'ange s'écrie : Dehors les

chiens , les empoisonneurs et lesfornica-

teursl JÉSUS-CHRIST , en éprouvant la foi

de la Cananéenne, lui observe qu'il ne con

Page 363: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

35o LE VRAI MESSIE.

vient point de prendre le pain des en/ans

et de lejeter aux chiens; et elle ne se re

bute pais : comprenant , à ce qu'il paraît , le

sens allégorique de cette expression , elle

s'en sert "elle-même pour renouveler sa de

mande, et elle est exaucée. Quant à la dé

nomination de génération adultère , si sou

vent appliquée aux Pharisiens , et aux Juifs

en général, par le SEIGNEUR, elle signifie

Vinfidélité à Dieu, dont Vinfidélité matri

moniale est l'emblème naturel. Et qui mé

rita mieux une semblable dénomination , que

ce peuple si favorisé du ciel, et si indigne de

l'être, qui adorait le veau d'or quand Sinaï

fumait encore de la foudre du.Dieu vivant;

qui se montra incorrigible à toutes les épo

ques de son existence, et qui méconnut enfin

son JEHOVAH au moment même qu'il ne

mit plus de bornes à ses bontés? De là donc

ces mots de chiens et de pourceaux dans

le texte que nous avons cité, et qui ont un

rapport réel avec les êtres moraux qui mé

connaissent les vrais biens. Quand le Dieu

incarné lui-même veut bien être représenté

par un agneau, comme emblème de sa dou-

ur, de son innocence et de sa bonté, des

Page 364: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

LE VRAI MESSIE. 35 1

hommes corrompus ne doivent pas trop se

plaindre de voir caractériser leur degré de

moralité par ces animaux domestiques ,

souvent plus doux et plus utiles qu'eux : té-

•moin ce bœuf patient avec sa généreuse

compagne , qui nourrissent une famille. en

tière, qui ne méconnaissentJamais la crè

che de leur maître , et qui lui donnent leur

chair à manger après leur mort. Depuis que

Dieu nous a fait la grâce de nous ouvrir l'es

prit pour l'intelligence; des Saintes-Écri

tures, et de nous donraer une idée des em

blèmes naturels , nous ne trouvons plus

rien de choquant dans les Livres Saints, pas

même dans ce troupeau de porcs que des

démons sortis d'un possédé ont précipité

dans la mer. Cet événement à la fois histo

rique et^mblcmatique peut être très-digne

du SEIGNEUR, sans que jusqu'ici on en ait

compris tout le sens.

Demandez , et il vous sera donnée cher

chez, et vous trouverez ;frappez, et il vous

sera ouvert (Saint Matth. , vu, 7).

Certaines personnes se . rebutent dans

leurs prières quand elles restent long-temps

sans être exaucées, et se persuadent que ces

Page 365: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

35a LE VRAI MESSIE.

paroles du SEIGNEUR n'ont été dites que

par manière d'acquit. Nous ne dirons point

à ces personnes que probablement elles ont

mal prié; mais nous les rendrons attentives

à quelques autres vérités auxquelles elles"

n'ont peut-être point assez' réfléchi. Mille

considérations guident le SEIGNEUR, quant

au temps et à la manière de nous accorder

nos demandes, même alors qu'elles sont"

dans l'ordre. Tantôt un malheur apparent

nous est utile, etunbonheur nuisible;;' tan

tôt ceux qui nous entourent^ OU' l'universa

lité des êtres, souffriraient d'un avantage

qui nous serait personnel; tantôt enfin l'é

poque à laquelle nons attendons une faveur

n'est pas la plus convenable. Il est écrit .::

« Au tempsfavorableje vous ai exaucé,

et au temps opportunje suis vent» à votre

secours. » Tel jeune homme qui avait solli

cité sa conversion et l'entière réforme de

son être vers l'âge de vingt ans, ce qui était

sans doute une prière bien entendue, n'a

pourtant été pleinement exaucé que vers

l'âge de quarante. Jusque-là , sans douté, il.

eût été exposé à abuser des connaissances

de Dieu, en n'y conformant point sa vie, ou

Page 366: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

LE VRAI MESSIE. 353

eh les faisant servir à l'acquisition d'une sa

crilège renommée dans le monde. Jusque-là,,

par conséquent, c'eût été pour lui le plus

grand des malheurs que d'être exaucé ;'et le

Cieï l'exauçait réellement en nelui envoyant,

pendant tout ce temps, que des peines, des

afflictions et des épreuves capables de ré

former l'intime de sa nature corrompue. Et

chacun ne peut-il pas dire la même chose de

l'effet de ses prières? Ne peut-on pas même

le dire avec vérité d'une société, d'une

Eglise tout entière? Qui peut décider, si

ce n'est le SEIGNEUR, à quelle époque il

sera le plus utile à une Église de connaître

toute la vérité ; si c'est au bout de quatre

siècles ou au bout de dix-huit? Insensés!

avec quelle témérité nous critiquons quel

quefois les voies adorables de la Providence !

Quand nous nous plaignons de n'avoir point

été exaucés, nous le sommes d'ordinaire

depuis long-temps. Les dons de Dieu sont

d'ordinaire tout prêts quand nous les solli

citons. Au fond, nous ne prions que pour

nous en rendre moins indignes; et c'est

Dieu lui-même qui nous, a portés à prier

pour les obtenir.

Page 367: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

354 iE VRAI MESSIE.

Entrez par la porte étroite, car c'est le

chemin spacieux et la porte large qui

mènentà laperdition; etily en a beaucoup

qui entrent par elle. Et la porte est étroite

et le chemin étroit qui mène à la vie, et il

y en a peu qui le trouvent (Saint Matth.,

Mi, i3).

On a conclu de c© texte,- et d'autres sem

blables, au petit nombre des élus, préten

dant qu'à peine ilse rencontre dixpersonnes

dans une grande ville qui se sauvent. Une

telle doctrine, bien loin de ranimer le zèle

des fidèles pour leur salut , comme certains

théologiens veulent bien se l'imaginer, est

bien plutôt faite pùur les décourager. La vé

rité est que le SEIGNEUR n'a rien voulu

déterminer à cet égard : quand il parle du

petit nombre des élus, il ne parle jamais que

comparativement. Si petit que soitlè nombre

des réprouvés, il sera toujours trop grand;

et quelque nombreux que soient les élus,ils

ne le seront jamais assez. Rien de positif ne

pouvant donc être statué à cet égard, les

vrais apôtres de l'Évangile se contenteront

toujours de déclarer que tous ceux qui le

voudront sincèrement seront sauvés; tandis

Page 368: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

1E VRAI MESSIE. 355

que les lâches et les vicieux se perdront,

quel qu'en soit le nombre.

Ainsi toutbon arbrefait de bonsfruits;

mais le mauvais arbre fait de mauvais

fruits. Tout arbre qui nefait pas de bons

fruits est coupé etjeté aufeu ( Saint Mat

thieu, vu, i7, i9).

Il est bien digne de remarque que cette

comparaison de l'arbre avec l'homme soit

constamment suivie par toute l'Éciïture-

Sainte. Et à en juger par le soin que pren

nent les hommes inspirés, de nommer sou

vent des arbres en particulier, il paraîtrait

que l'espèce même d'un arbre figure un ca

ractère particulier de l'homme. Cueille-t-on

du- raisin sur Vépine , dit le SEIGNEUR,

ou desfgues sur le chardon? Et ailleurs :

Voyez le figuier , comme tous les autres

arbres ; quand ses branches deviennent

tendres et que ses feuilles se montrent,

vous dites, l'été estproche. JÉSUS-CHRIST

très-certainement n'a pas nommé particu

lièrement l'épine , le chardon et lefiguiery

sans de bonnes raisons. Au livre des Juges^

( ix, 8 ), se lit une parabole, ou fable, dans

laquelle on fait figurer Volivier pour son.

Page 369: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

356 LE VRAI MESSfE.

huile, le figuier pour sa douceur, h-vïgner

pour son jus qui réjouit, et enfin l'épine

comme servant à mettre lefeu même aux

cèdres du Liban ; preuve évidente que tous

ces divers arbres ne sont qu'autant d'e/ra-

blèmes moraux quand ils sont nommés

dans les Saintes-Écritures. Saint-Jean , dans

l'Apocalypse, fait plusieurs fois mention de

l'olivier et de l'arbre de vie. Selon David ,

l'hommejuste est un arbreplanté le long

des eaux t dont lafeuille ne tombe pas, et

qui donne régulièrement son fruit. Le

cèdre et l'olivier reviennent souvent dans

ses psaumes.Jean le précurseur enfin déclare

que la cognée est déjà placée à la racine

des arbres. N'en doit-on pas conclure que

les arbres de ha vie et de la science du bien

et du mal, dont parle Moïse au commen

cement dela Genèse, sont des emblèmes

analogues; que Varbre dévie est Dieu, ou

l'homme s?attachant à Dieu; et Varbre

de la science du bien et du mal, ce même

homme s1éloignant de Dieu et se repo

sant sur lui-même? L'homme n'a de vie

qu'en Dieu et par Dieu : Je suis la vie , a

déclaré le SEIGNEUR. Si donc l'homme se

Page 370: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

LE VRAI MESSIE. 357

sépare de Dieu pour se reposer sur lui-

même, par où ii acquiert la connaissance

du bien et du mal , la mort est son partage;

non la mort du corps, mais la mort bien

plus terrible de l'âme, dont celle du corps

n'est que l'emblème.

Quoi qu'il en soit de cette dernière conjec

ture,.une vérité démontrée, c'est que géné

ralement les arbres,quand il en est question

dans les Livres inspirés, ne représentent que

les hommes considérés sous un rapport

particulier. Quant à la signification des es

pèces diverses parmi les arbres, nous en

sommes sans doute réduits aux conjectures.

Le cèdre peut rappeler la grandeurou Vor-

gueil; Vépine, les tribulations ou la mé

chanceté) Volivier, la douceur ou la paix.

Tel est le génie de la langue de la nature,

que tous les objets créés conservent tou

jours quelque rapport avec l'homme; et cela

dans leurs plus petits détails; jusque-là que

les feuilles mêmes, les fleurs et les fruits

d'un arbre , conservent leurs significations

relatives, que les feuilles représentent les

pensées de l'homme , les Jleurs ses bons dé-

airs, et lesfruits ses actions.

Page 371: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

358 LE VRAI MESSIE.

Mais s'il est démontré par-là que le mot

arbre est toujours pris au figuré dans les

Saintes-Ecritures, pourquoi ne prendrait-on

pas également au figuré ce Jeu dans lequel

les mauvais arbres doivent être jetés? Assu

rément notre intention n'est point ici de

diminuer en aucune manière la crainte que

l'homme doit avoir de l'enfer, des horreurs

duquel nous ne sommes pas en état, dans

cette vie, de nous faire des idées justes, non

plus que nous ne le pouvons faire des joies

du ciel : mais nous ne saurions nous arrêter

à ces images grossières qui représentent les

damnés comme brûlés éternellement dans

unfeu matériel. A quoi sert aujourd'hui

cette croyance surannée. que l'on veut de

force imposer à l'univers, si ce n'est à por

teries peuples à nepluscroireàaucune espèce

de châtiment quelconque dans la vie future?

Nous ne risquons donc rien de dire franche

ment notre pensée à cet égard. Le feu in

fernal ne saurait être que l'emblème de

l'état moral des êtres dégradés : c'est lefeu

de leurs passions , de leurs haines, de leurs

feireurs qui les dévore. Et sous ce rapport,

nous ne nions pas que l'image dufeu ^ des

Page 372: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

LE VRAI MESSIE. 35g

flammes ., de lafumée^ etc. , ne doive être

aperçue souvent au milieu, ou autour des

sociétés infernales, pour les caractériser aux

yeux de ceux qui les contemplent.

Que l'on ne s'y méprenne pas toutefois;

pour n'être point matérielles, les souffrances

des damnés n'en sont pas moins terribles.

Déjà sur la terre , la société de ces hommes-

monstresquinerespirent quevengeance,que

carnage, et dont les passions les plus fu

rieuses comme, les plus dégoûtantes for

ment la vie , est une société assez lugubre

aux veux de toute âme honnête. Que sera-

ce quand ces êtres dégradés se serontencore

précipités plus'avantdansl'abîmede la perdi

tion , et que , ne pouvant plus persécuter le

j uste que Dieu aura soustrait à leur rage, cette

rage s'exercera enfin entre eux seuls, et

s'enflammera en raison de leur nombre?

Plusieurs me diront alors : Seigneur,

Seigneur^ n'avons-nous pas prophétisé

en ton nom ? n'avons-nous pas chassé les

démons en ton nom ? n'avons-nous pasfait

plusieurs miracles en ton nom? Maisje

leur répondrai tout ouvertement : Je ne

vous ai jamais connus ; retirez-vous de

Page 373: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

36o LE VRAI MESSIE.

tooï, vous tous gui vous adonnez à l'ini

quité ( Saint-Matthieu, vu, 22 ) /

Ce passage prouve sans réplique que les

miracles, les prophéties, les guérisons par

la prière et l'imposition des mains, et en gé

néral toutes les œuvres surnaturelles , ne

sont point un signe infaillible de sainteté,

quand même on accorderait que le titre de

Saint puisse jamais être donné à un autre

qu'à Dieu, qui est seul Saint. Dieu seul

guérit, Dieu seul prophétise , Dieu seul fait

des miracles^ et il. choisit pour cela les ins-

trumens qu'il lui plaît, quelquefois les plus

vils. Ce sont des œuvres, des fruits, de

bons fruits, que le SEIGNEUR nous de

mande, et rien autre chose; et encore,

quand nous avons fait tout ce que nous de

vons à cet égard , ne sommes-nous que des

serviteurs inutiles. Et qu'à Rome on ne

dise pas . que dans la canonisation de ce

qu'on y appelle les Saints , on a aussi, et

particulièremsnt, égard aux vertus qu'ils

ont pratiquées dans un degré héroïque : il

n'est point donné à l'homme de connaître

ce degré dans un individu. C'est là un mys

tère que Dieu seul connaît; un mystère que

Page 374: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

LE VRAI MESSIE. 36 i

âui seul peut connaître, et aucun de nous

ne sait s'il est digne d'amourou de haine.

Quiconque entend donc les paroles que

je dis , et les met en pratique , je le com

parerai à l'homme prudent qui a bâti s'a

maison sur la roche ; et lorsque la pluie

est tombée , et que les torrens sont venus,

que les vents ont soufflé et ont donné

contrecette maison,elle n'estpoint tombée,

-parce qu'elle était fondée sur la roche

( Saint Matthieu , vm ,24,25).

Nous avons vu dans la première partie

quel est l'emblème de la Pierre et du Ro

cher: c'est la vérité, c'est la solidité, lafoi,

la confiance inébranlable en Dieu; par

opposition au sable qui représente Verreur,

l'inconstance, la faiblesse , Vincohérence.

David donne très-souvent à Dieu le nom de

\Rocher, ainsi que les prophètes qui l'ap

pellent Rocher éternel, Rocher des siècles.

Quand JÉSUS-CHRIST rencontra pour la

première fois l'apôtre Simon, il lui donna

Je nom de Pierre à cause de la fermeté

de caractère qui devait le distinguer des

autres apôtres; et, plus tard, il déclara que

-ce serait sur la Pierre, qu'il bâtirait son

16

Page 375: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

362 1E VRAI MESSIE.

église. Ce sont ces sortes de passages qui

ont donné lieu aux abus de l'Église de

Rome, quand elle a voulu dominer sur toutes

les autres Églises de l'univers. Elle oublia.,

ou affecta d'oublier, que la Pierre , c'est

JÉSUS-CHRIST ; et que personne ne peut

donner d'autre fondement à FEglise que

celui-là. Quand JÉSUS-CHRIST, au mo

ment que Simon reconnut sa divinité , avec

une conviction si profonde, qu'il lui sem

blait qu'il pourrait donner sa vie pour cette

foi, dit à ce disciple ,: Vous êtes Pierre , et

sur cette Pierreje bâtirai mon Eglise, et

les portes de l'enfer ne prévaudront point

contre elle, c'est évidemment comme s'il

lui .avait dit : Je vous ai appelé Pierre dès

le commencement , à cause de cette foi

jferme dont vous donnez en ce moment la

preuve; je vous déclare donc que c'est

sur une telle foi que reposera toute l'œu

vre de la régénération du genre humain.

En d'autres termes, tous les en/ans des

hommes m'avaient méconnu, m'avaient

abandonné. Je viens me montrer à eux

en chair : ceux qui comme vous recon-

'naitT'ont ma divinité à cette marque d'a-

1k... •..

Page 376: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

VE VKAI MESSIE. 363

mour, seront sauvés et constitueront mon

Église ; je les mettrai à couvert de toutes

ces attaques des enfers. Quant aux au

tres , ils périront nécessairement, puis

qu'il ne me reste aucun autre moyen de

me révéler à eux. Rome est d'autant plus

coupable d'avoir abuse de ce texte, que

dans le latin il n'y a pas la même amphibo

logie que dans le français; pour Pierre,

homme, ily a Petrus, et pourpierre, rocher

ou foi", il y apetra. Le pouvoir des clés,

c'est-à-dire , le pouvoir d'ouvrir et defer

mer les cieux à volonté, que Rome dérive

de ces prétendues promesses particulières

faites à l'apôtre Simon,, n'est également

qu'une usurpation sacrilège; et il est éton

nant qu-il ait jamais trouvé des apologistes

dans le monde chrétien. Il y a par trop

•d'orgueil, de la part des apôtres de l'humi-

Jité, à vouloir se mettre ainsi à Ja place de

CELUI qui ne saurait céder sa gloire à

un autre. Le SAINT et le VÉRITABLE,

est-il dit dans l'Apocalypse, qui a la clef

de David, qui ouvre et personne neferme,

iqui ferme et personne n'ouvre (in, 7).

»Dieu seul s'est réservé de faire usage de

16.

Page 377: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

364 LE VRAI MESSIE.

cette elef^ qui, du côté de Dieu , signifie -la

Toute-Puissance ; et du côté de l'homme,

la confiance, la foi qui lui ouvrç le ciel;

car sous ce rapport les deux emblèmes de

la Clefet de la Pierre se rapprochent. Si

mon Pierre lui-même , ni les autres apô

tres de JÉSUS-CHRIST, n'ont jamais eu là

moindre idée de ces prétendus droits qu'une

ambition tout humaine a seule pu s'arroger

depuis. Il y .a plus encore^ quand bien

même il serait prouvé que Pierre eût pos

sédé des pouvoirs aussi divins, et qu'il les

.eût transmis à ses successeurs, on ne pourrait

encore évidemment écouter ces derniers que

dans le cas où leurs décisions seraient rai

sonnables , justes , et conformes à l'Évan

gile^ puisque, hors de là, ils ne seraient

jamais que des Satans , comme l'était

Pierre lui-même, lorsqu'enflé , enorgueilli

malheureusement aussi par l'approbation

particulière qu'il croyait avoir reçue, il mé

rita que le SAUVEUR lui dise, en rappe

lant le mot de la Pierre , mais l'appliquant

d'une manière fort différente : Retirez-vous

de moi , Satan, vous m'êtes (une pierre)

jje scandale (Saint Matthieu, xvi, a3). •

Page 378: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

LE VRAI MESSIE. 365

Le soir étant venu , on présenta à JÉ

SUS plusieurs démoniaques , desquels il

chassa par sa parole les Esprits malins ,

et guérit tous ceux qui étaient malades

(Saint Matthieu , vin, i6). , .-.- v.

Il est assez singulier que cette doctrine

des possessions , ou de Vaction des hommes

méçhans et qui ont perdu leurs organes

matériels sur les hommes vivans qui ont

encore les leurs, et qui a fait sourire si

ironiquement les philosophes du dernier

siècle, soit précisément la doctrine la plus

évidemment philosophique de tout l'Évan-

vangile, pour peu qu'on vienne à l'appro

fondir : doctrine seule capable de mettre

tant soit peu la raison humaine d'accord avec

elle-même, dans ses idées sur le temps et

l'espace , sur la liberté morale et Vorigine

du mal. En effet, tous ces philosophes pré

tendus n'étaient-ils point forcés d'admettre

• l'immortalité de Vhomme et son libre ar-,

bitre? N'étaient-ils point forcés de recon

naître ce grand ensemble, ce grand tout?

qui réunit tous les mondes et tous les êtres

dans une unité parfaite? Quelques-uns d'en-

tr'eux n'avaient-ils pas donné eux-mêmes

Page 379: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

366 1E VRAI MESSIE.

aux penseurs la plus grande latitude rela

tivement à la nature de la matière et à celle

de nos idées ( i ) ? Comment donc ces

philosophes ont-ils pu nier, après cela, 1»

possibilité des possessions , ou de Vaction

de méchans morts sur de méchans vivans ?

Si tous ces êtres sont libres, pouvez-vous

les empêcher d'agir les uns sur les autres ?

Ils sont morts , dit-on. Nous le savons. Ils

sont morts quant au corps matériel et pe

sant , mais non quant au corps spirituel ,

dont celui qui agit dans nos songes peut

donner à chacun l'idée la plus claire et la

plus distincte. Les hommes sans corps, ou

plutôt ceux qui n'ont plus qu'un corps sub

stantiel, exercent leur action sur l'homme

intérieur ou substantieldes possédés, et, par

ce moyen, jusque sur leurs organes extérieurs

et matériels ; de même que déjà dans le

monde un ami perfide s'empare de toutes

les facultés morales de son ami, et cause sa

(i) Sans parler de ceux qui se disaient douter de

tout, puisque douter d'une chose c'est supposer par-

là même qu'elle pourrait être vraie , et donner ainsi à

chacun la liberté de laisser pencher son doute du

côté qu'il lui plaît.

Page 380: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

£E VRAI MESSIE. $67

idoine. Disons-le donc, les idées des philo

sophes du dernier siècle, sur la liberté des

êtres, n'étaient point encore assez étendues :

Hs n?ont point revendiqué tous leurs droits.

La liberté de l'homme n'est pas seulement

comme un seul rayon qui s'étend toujours

dans la même direction; elle est bien plutôt

comme un soleil tout entier qui lance ses

rayons de toutes parts. Si nous n'étions pas

libres, par exemple, au moins jusqu'à un

certain point, de suivre notre raison ou de

ne la pas suivre, d'embrasser la vérité ou

de la repousser, nous ne serions point libres

dans toute la force du terme. Notre liberté

morale est par conséquent telle, qu'elle

nous permet de méconnaître à la longue les

principes mêmes les plus clairs, après les

avoir admis pendant un temps; elle est telle,

qu'elle nous permet d'affaiblir et de dé

truire peu à peu notre propre raison. Que

dis-je? notre liberté morale est telle, qu'il

ne lui est point impossible qu'elle se détruise

elle-même. Ceci est vrai, surtout quand on

considère les hommes e» masse; car la li

berté des masses est encore bien plus grande

que celle des individus. Les masses, comme

Page 381: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

368 LE VRAI MESSIE.

L'histoire le témoigne, peuvent s'abrutir en

tièrement; elles peuvent adorer Dieu et la

vertu à une époque , et les nier à une autre

époque; elles peuvent même parvenir à ce

point de dégradation , de ne plus s'occuper

de l'un ni de l'autre y de n'y plus penser, à

la manière des brutes. Que dis-je encore? ô

Dieu créateur et rédempteur ! la liberté

de vos enfans va jusqu'à leur permettre de

vous prendre en haine !— Vraie et entière

liberté chez les hommes, suppose tout cela.

Quand donc, au milieu de ces réflexions ,

nous entendons certains sages parler de leur

raison comme d'une Divinité, mettre tou

jours en avant leur raison , même en dis

sertant de ces secrets terribles de la nature

dont à peine ils ont soupçonné l'existence T

nous ne pouvons nous empêcher de leur

dire : Où en est, nos bons amis, cette rai

son que vous nous vantez tant? est elle bien

lumineuse? On rirait d'un enfant, ou d'un

paysan , qui mettrait toujours sa raison en

avant : êtes-vous sûrs que la vôtre est la rai

son suprême? Ne s'est-il pas trouvé au con

traire parmi vous certains individus dont

vous avouez vous-mêmes que, sous certains

Page 382: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

LE VRAI WESSIE. 36g

rapports, leur raison n'était plus que la su

prême déraison ?

Mais si l'on est forcé de reconnaître que

notre liberté est illimitée au point que nous

venons dedire,sera-t-il étonnant que quel

ques êtres s'obstinent dans le mal, même

après avoir subi la transformation que nous

appelons la mort? Sera-t-il étonnant qu'ils

poussent la perversité jusqu'à finir par trou

ver du plaisir à mal faire , à se plaire dans le

crime , à haïr enfin Dieu et la vertu au

point de chercher à les attaquer et à les

anéantir, si cela était possible, dans tous les

êtres qui offrent encore quelques traits de

vérité ou de bonté éternelle?

Quant à la manière dont les êtres sous

traits à nos yeuxde chair, agissent sur nous,

elle n'est ni si inconcevable ni si inexpli

cable qu'on a bien voulu le croire. Il suffit

pour cela de se rappeler que la grandeur

des formes n'est qu'une chose relative;

qu'elle n'est rien en elle-même , et que dans

la pensée de l'homme il y a de la place

non-seulement pourw/i ou deux êtres^mais

pour un système planétaire fout entier. ,

i6„

Page 383: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

SjO EE VRAI MESSIE.

Toutefois, pouvons-nous ajouter encore-

que nous avons donné dans notre première

partie des raisons encore plus palpables ,

pour porter une saine philosophie à admet

tre une action plus ou moins grande des

esprits dégradés sur les hommes mortels.

Dans cette suppositionravons-nousdit,n'ex-

plique-t-on pas bien plus facilement le phé

nomène de ces crimes horribles dont des

êtres d'un jour se rendent quelquefois cou

pables sur la terre? Le crime d'un Judas, par

exemple, ne devient-iK pas plus concevable,

par-là même que l'on nous apprend que ce

fut un Satan qui le lui dicta, après s'être

rendu entièrement maître de son cœur?

Quel philosophe ne se sent point soulagé,

quand il apprend qu'il lui est permis de

répartir la culpabilité d'un pairicide

sur un plus grand nombre d'êtres per

vers, d'êtres surtout vieillis depuis des

siècles dans le crime, et dont rien ne doit

plus nous étonner? Ce n'est évidemment

que dans l'ensemble de la création , et dans

l'action simultanée des masses , que le

CRÉATEUR a pu admettre ces monstres

Page 384: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

ES VRAI ltfESSÏÊ. 37 i

dont la conduite effraie quelquefois la

terre (i).

Rien do»c n'est plus croyable que les

possessions , quand l'histoire nous les ra

conte comme èHautresfaits arrivés devant

témoins : d'autant plus, qu'à coté de l'action

des méchans, se trouve partout cette des

bons, et forme le contre-poids nécessaire de

la liberté morale du genre humain; balance

éternelle, qui peut quelquefois pencher,mais

dont l'équilibre ne peut jamais être anéanti.

Quand l'homme se livre au mal, il est aidé

par mille êtres sortis de l'abîme ; quand il se

livre au bien, des millions d'anges viennent à

son secours; au point qu'un individu né dans

la fange, sans autre appui que sa méchan

ceté, peut parvenir à faire le malheur de

flous ses contemporains, comme l'histoire

de plus d'un peuple le prouve; au point heu-.

(i) Reimbaùer, Reimbaùer! composé horrible d'hy

pocrisie, de débauche et d'atrocité! y aurait-il en

core pour toi, dans la révolution des siècles ,....

quelque chance de bonheur ? Malheureux ! si dans le

système de la rédemption, cette chance n'existe pas ,....

il ne faut plus espérer!

Mais quels témoins, contre une loi sacrilège ,.»...

qu'un Reimbaùer,.... un Mingrat !!..;...

Page 385: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

372 LE VRM MESSIE.

reusemcnt aussi, qu'un pauvre pâtre peut

faire plus de bien dans sa patrie que plusieurs

générations de ses princes : exemple qu'un

Vincent de Paul a réalisé parmi nous.

Comment il se fait que les possessions cor

porelles (car pour celles qui n'ont lieu que

sur l'homme esprit, nous ne doutons pas

qu'elles ne soient encore très-fréquentes )

soient plus rares aujourd'hui qu'elles n'é

taient autrefois? Il est superflu, nouspensons,

d'en dire la cause. Cette amélioration dans

le sort des humains est due sans doute

à l'action puissante du Christianisme, qui a

donné une nouvelle trempe à la société;

elle est due surtout à l'action divine de

CELUI qui est venu mettre l'enfer comme

un escabeau sous ses pieds. C'est une loi

dans l'univers moral, que chaque être com

mande aux autres d'après le degré de vertu

qu'il s'est acquis dans le monde; et même

comme pur homme, JÉSUS-CHRIST serait

encore le maître et le chefnaturel de tous

les êtres qui ont jamais respiré sur la

terre.

Et comme JÉSUS était à table dans la

maison de Matthieu, voiciplusieurs péa-r

Page 386: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

LE VRAI MESSIE. . 3^3

gers et desgens de mauvaise vie quiétaient

venus là , se mirent à table avec JÉSUS et

ses apêtres. Ce qu'ajantvu^ les Pharisiens

dirent à ces derniers: Pourquoi votre

maître mange-t-il avec des pêagerS et des

gens demauvaise viel MaisJÉSUS l'ayant

entendu ,leur dit : Ceux qui sont en santé

n'ont- pas besoin de médecin, mais ceux

Qui se portent mal (Saint Matthieu, ix,

TO, II, i2 ). ;

Cette conduite de JÉSUS -CHRIST est

bien opposée à celle de ces docteurs mo

dernes, qui non-seulement défendent à des

Chrétiens tout commerce avec d'autres

Chrétiens, mais qui vont jusqu'à leur inter

dire de prier dans le même temple ; commesi

les mursj- étaientpour quelque chose dans

le Christianisme. Selon l'esprit de JÉSUS-

CHRIST, la tolérance extérieure, dans tout

ce qui concerne le culte public, devrait être

parfaite. C'est là, en effet, la seule unité

possible dans l'Eglise visible , et le seul

acheminement praticable vers Vunité de

foi intérieure. Comment les sociétés di

verses pourraient-elles jamais se rapprocher

et se fondre en une, si vous les tenez toutes

Page 387: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

374 LE VRAI MESSIE.

séparées défait, si les unions matrimoniales

même sont prohibées des unes aux autres, et

par-là les réunions en famille, et en général

toute espèce de fraternité? Ne verrait-on pas

plutôt les temples matériels se rapprocher les

uns des autres, que des sociétés séparées de

la sorte? Le vrai Chrétien regardera donc

toujours comme des frères véritables tous

lesautres Chrétiens, de quelque pays ou secte

qu'ils puissent être, et même ceux qui se

diront seulement Chrétiens; car il doit les

croire, et non les juger. S'ils se disent

Chrétiens, c'est que sans doute ils pourront

un jour le devenir en effet , surtout si vous

leur donnez un accès libre dans vos assem

blées, et si votre conduite a de quoi les édi

fier. Le vrai Chrétien se souviendra même

que tous les hommes, jusqu'au païen -et au

publicain , sont encore ses frères; et pour

ne plus oublier ses devoirs à cet égard , il

mettra partout la charité avant la foi , renver

sant, même dans le langage, l'ordre introduit

mal à propos par des hommes peu réfléchis;

il ne dira plus la Foi, VEspérance et la Cha

rité , mais la Charité, la Foi et {'Espé

rance. Ces dernières, en effet, ne sont que le

Page 388: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

LE VRAI MESSIE. S-jS

fruit de la Charité, et doivent unjourdispa

raître, tandis que la Charité est éternelle.

Lesgens de la chambre du nouveau ma

rié peuvent-ils s'affliger pendant que le

nouveau marié est avec eux? Les jours

viendront que le nouveau marié leur sera

été, et c'est alors qu'ils jeûneront (Saint

Matth., ix% i5).

Toutes les expressions figurées dans ce

passage sont conformes au génie de la langue

de la nature. Nous avons vu que de même

que l'infidélité à Dieu est toujours désignée

dans les Saintes-Écritures par l'adultère, de

même l'union avec Dieu y est toujours repré

sentée par un mariage légitime. Comment,

en effet, trouver un emblème plus naturel

pour les unions morales, que celles qui déjà

dans la vie forment les liens les plus étroits

et les plus chers? Dieu est donc le nouveau

marié ou Vépoux; l'Église qui s'attache à

lui la nouvelle mariée ou l'épouse; et le

moment de Vétablissement d'une Église

est le moment des noces. L'univers moral

n'est, dans la réalité, qu'une union immense

de la bonté et de la vérité, de Vamour et

de la sagesse : mariage sacré, qui tient à

Page 389: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

3^6 !"« VIUI MESSIE.

Vessence même de la Divinité. En Dieu

l'AMOUR et la VÉRITÉ sont UN ; dans les,

êtres créés, ils s'unissent, et s'uniront

ÉTERNELLEMENT.

On voit aussi par ce passage que, par

jeûner^ le SEIGNEUR entendait simplement

s'affliger dans le sens moral, ou s'affliger,

de ses péchés. Le jeûne corporel /en usage

dans certaines Églises, et que, dans quelques-

unes, on a rendu si ridicule par les détails

minutieux et absurdes dans lesquels on est

entré , n'est donc , dans la réalité, qu'un

mémorial du jeûne du cœur, et dont l'u

nique importance est de rappeler ce dernier.

Ce n'est point du tout entrer dans l'esprit

de l'Évangile que de croire que l'on a tout

fait quand on a jeûné au printemps , et qu'on

s'est abstenu pendant quelques semaines

d'oeufs et de graisse : il faut jeûner toute

l'année : Faites jeûner vos passions, rom

pez votre pain avec le pauvre, voilà là

vraie manière dejeûnerr dit le prophète.

Et l'Évangile ajoute : Demeurez inviolable-

ment attaché au SEIGNEUR, pratiquez

incessamment la CHARITÉ , et mangez

de tout ceque Von vous servira surla table.

Page 390: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

LE VRAI MESSIE. 3jff

Etquand JÉSUSy«£ arrivé dans la mai

son , deux aveugles le suivirent. Il leur

dit : Croyez-vous que je puisse vous gué

rir? Oui, nous le croyons, répondirent-ils.

Alors JÉSUS leur toucha les yeux en di

sant : Allez , qu'ilvous soitfaitselon votre

foi (Saint Matth., vin, 28).

Ce passage et d'autres semblables , celui

surtout où il est dit que dans certain pays

JÉSUS-CHRIST ne fit point beaucoup de

miracles, à cause de l'incrédulité de ses ha-

bitans, montrent que le SEIGNEUR n'agis-^

sait jamais arbitrairement dans les guérisons

qu'il opérait, mais qu'une coopération quel

conque dela part des individus était indis

pensable. Nous avons vu en outre que ces

guérisons corporelles étaient toujours en

même temps les emblèmes naturels de di

verses réhabilitations morales ; emblèmesi

qui étaient devenus absolument nécessaires

parmi les êtres immortels pour la commu

nication immédiate de la pensée et du sen

timent qui s'y rattache. Il s'ensuit qu'il faut

en général une foi peu commune pour ob

tenir des guérisons instantanées et d'une na

ture supérieure à celles que procurent les

Page 391: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

378 tÙ VRAI MESSIE.

remèdes ordinaires. Il faut, pour ainsi dlrey

que la guérison morale ou la suppression to

tale du désordre qui était la première cause

du mal corporel, ait eu lieu auparavant,

puisque les maladies corporelles ne sont ja

mais que des remèdes de rame, et que Dieu,

qui a lui-même fait ces sages dispositions,

se contredirait s'il enlevait les souffrances

avant que leur but ait été atteint. Il est rare

qu'une maladie, même chez les individus

les moins bien disposés, n'amène quelque

amélioration morale. On est d'ordinaire

moins porté à l'irréligion, à l'orgueil, à la?

dureté, après une indisposition un peu sé

rieuse : la douceur^ au contraire, la bonté,

la reconnaissance, se remarquent presque

chez tous les convalescens. Mais si les gué-

risons qu'on appelle miraculeuses sont dif

ficiles à obtenir, elles ne sont pas pour cela

impossibles en elles-mêmes. Dans les temps

apostoliques, quand les fidèles avaient en

core assez de foi et de courage pour pren

dre tout à coup de bonnes résolutions, et

les soutenir ensuite jusqu'au dernier soupir,

de semblables guérisons s'obtenaient tous

les jours. Aujourd'hui les dispositions re

Page 392: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

LE VRAI MESSIE. 3fty

quises nous manquent ; nous n*avons plus-

une foi assez exclusive en CELUI qui est

venu pour guérir toutes nos langueurs.

Le courage de demeurer fidèle à la résolu

tion une fois formée de ne plus manquer

sciemment au plus petit des conseils évangé-

Eques, est encore plusrare.Ni les malades, ni

les prétendus apôtres qu'ils appellent pour les

oindre d'huile et leur imposer les mains,,

ne régardent plus aujourd'hui ces choses

que comme de vaines cérémonies; de part

et d'autre on les remplit le plus souventavec

répugnance , et il serait étonnant que les

malades ressentissent te moindre soulage

ment. On se moque même, de nos jours, des

succès que certaines personnes pieuses ob

tiennent encore quelquefois dans des fa

milles pauvres et simples, où un malade sur

son grabat rappelle l'idée de l'or dans la

fournaise, et où un christianisme-pratiquer

resté au fond des cœurs, malgré le manque

d'instruction (peut-être malgré les cnsei-

gnemens absurdes de l'école), laisse encore

quelque entrée libre aux grâces, du SEI

GNEUR. Si ces personnes qui guérissent

sont des prêtres, comme l'est aujourd'hui le

Page 393: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

38o LE VRAI MESSIE'.

prince de Hohenlohe, on rit en secret, et1

on laisse aller lefanatisme son train. Si

ces personnes sont des laïques, le clergé

croit tout au plus de ^on devoir de s'enqué

rir s'il n'entre pas quelque diablerie dans

leurfait. Si enfin quelques-unes de ces per

sonnes changent les termes, et déclarent

qu'elles guérissentpar le magnétisme, alors

on s'écrie: Qu'est-ce que le magnétisme?

une chimère, une absurdité, qui ne vaut

pas la peine d'être examinée. En un mot,

laïques comme ecclésiastiques, nous ne sa

vons plus aujourd'hui que nous attirer mille

maux par mille excès : malgré les déclara

tions les plusformelles, vous imposerez les

MAINS AUX MALADES ET ILS SERONT GUÉRIS,

nous ne croyons plus que le SEICNEUR

puisse ou veuille nous soulager : et la théo

logie, aussi bien que la philosophie, ont dé

cidé que les souffrances sont inséparables

de la nature.

Quiconqueneprendpassa croix et vient

après moi , ri'est point digne de moiÇSaint

Matth. x,38).

La croix a été de tout temps l'emblème

des souffrances et des tentations. Le SEI

Page 394: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

VE VRAI • MESSIE. 38>{

tGINEUR. a prononcé la sentence qu'on vient

de lire, long-temps avant sa mort sur le Cal

vaire. Les anciens peuples, qui connaissaient

encore quelques-uns des emblèmes natu

rels, avaient choisi ce genre de supplice

pour d'autres raisons que celle de la gran

deur des souffrances qu'il cause. Maudit,

est-il dit dans l'Ancien Testament, tout

homme attaché sur le bois\ Chez les Ro

mains, la crucifixion était estimée un sup

plice si honteux qu'on ne l'infligeait jamais

à aucun citoyen. Mais ce qui, à nos yeux,

est une preuve sans réplique que la mort

sur la croix est un emblème de la langue

-naturelle, c'est que ce genre de mort fut

celui auquel le DIEU RÉDEMPTEUR a

voulu se soumettre. Cette mort, en effet,

avait déjà été figurée long-temps d'avance

par le serpent d'airain érigé dans le dé

sert au milieu des Israélites frappés de ma

ladie. Le serpent, dont la nature est de ram

per sur la surface de la terre, élevé ainsi vers

le ciel, semble montrer que, par l'ancienne

loi, les hommes méchans par leur nature

pouvaient devenir naturellement bons ,

comme sont les animaux doux et utiles,

Page 395: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

382 LE VRAI MESSIE.

par opposition aux animaux féroces (i) : et

le corps de JÉSUS - CHRIST , élevé de la

même manière lors de la promulgation de

la loi nouvelle, après avoir été humilié jus

qu'à terre comme un ver que l'on écrase,

doit montrer que, moyennant l'Évangile,

la bonté purement naturelle des hommes,

peut être changée en une bonté morale et

religieuse , qui est seule une bonté réelle.

Tout était emblème, nous le répétons , dans

la viedeJÉSUS-CHRIST, depuis sa naissance

dans une crèche, jusqu'à sa mort sur la

croix, parce qu'il était mélaphysiquement

nécessaire que cette vie renfermât tous les

emblèmes naturels d'un Dieu RÉDEMP

TEUR. En faisant abstraction de toutes les

langues de convention, comment eût-on pu

montrer les diverses manières de renier

Dieu, de le repousser, de le méconnaître,

si ce n'est par les divers tourmens corpo

rels qu'on lui a fait endurer pendant sa pas-

(i) Ce serpent était sans doute d'airain, parce que

l'airain représente un degré de bonté analogue parmi

les métaux. On connaît les âges defer, d'airain, d'ar

gent et d'or, l.'or-et l'airain se rapportent à l'amour,

l'argent et le fer à la vérité.

Page 396: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

LÉ VRAI MESSIE. 383

•sion? Par une étude,approfondie de la lan

gue de la nature, on parviendra enfin à com

prendre cet hiéroglyphe infini du mystère

d'amour.

Quand JÉSUS-CHRIST déclare, en cet

endroit, que pour être digne de lui, il faut

que l'homme se charge de sa croix,, il ne

veut pas dire qu'il faut que nous nous tour

mentions sans nécessité, comme l'ont pré

tendu certains esprits sombres et misan

thropes , mais seulement que nous suppor

tions avec patience les peines inséparables

de notre condition actuelle, comme lui-

même s'est soumis, sans ouvrir la bouche,

à la mort de la croix , quand cela était de

venu indispensable.

Bienheureux est celui qui n'aura point

été scandalisé en moi (Saint Matth. xi, 6).

Il n'y avait d'autre scandale à prendre en

JESUS-CHRIST que celui de méconnaître

sa divinité, de ne le point prendre pource

qu'il était, de ne point voir en lui le

CHRIST, LE ROI PAR EXCELLENCE, OU

JEHOVAH en personne. En vain les théo

logiens scolastiques prétendraient -ils que

ce scandale consistait à ne le point recon

Page 397: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

384 ,£E VRAI MESSIE.

naître pour fis de Dieu né de toute éter

nité. Nulle part, comme nous l'avons vu, ni

dans l'Ancien Testament ni dans l'histoire

du Christianisme, il n'est question d'un fis

semblable, jusqv^au Concile de Nicée, quatre

cents ans après la mort de JÉSUS-CHRIST.

C'est donc bien plutôt le saint Concile lui-

même qui s'est scandalisé en JESUS-

CHRIST, en n'ayant point une idée assez

haute de L'AMOUR DU PÈRE, et en lui

associant pour cette raison unepersonne dis

tincte de lui, pour opérer notre Rédemption .

En ce-temps là JÉSUS', prenant la pa

role, dit : Je te rends grâces, ô mon

PÈRE, SEIGNEUR DU CIEL ET DE LA TERRE,

de ceque tu ascachéces choses auxsAGv.s

etaux intelligenSj etque tu lesas révélées

aux petits enfans (Saint Matth.xi, a5).

La vérité peut bien se montrer , mais

elle n'est bien comprise que par Vhumilité ,

la simplicité et l'amour, toutes qualités

dont Venfance est l'emblème naturel. L'É

vangile condamne en cet endroit tous ceux

qui sont trop épris de leurs propres lu

mières , de leurs propres raison et intelli

gence, et qui, en conséquence, ne croient

Page 398: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

LE VRAI MESSIE. 385

point avoir besoin à chaque moment du se

cours du CREATEUR comme un petit en

fant a besoin du secours de son père ; tous

ceux, en un mot, qui ne savent ce que c'est

que candeur, douceur, charité, réserve, et

qui oublient ces vertus, surtout quand il

est question de discuter et de décider des

questions religieuses.

Quant à la vraie philosophie, à la vraie

sagesse», aux vraies lumières, dont l'hami-

lité sans doute a toujours été le premier apa

nage, comme elle l'est de tout vrai mérite,

il serait absurde de supposer que l'Évangile

les ait jamais condamnées, son AUTEUR dé

clarant, au contraire, qu'il n'est lui-même

que lumière, que sagesse et que vérité.

JÉSUS-CHRIST rendgrâce au PÈRE, de

cette disposition de la providence qui favo

rise les petits plus que les grands , et par-là

il ne veut que donner à entendre que cette

disposition est dans la nature même , des

choses , ou dans l'essence intime de Dieu,

qui est amour avant d'être vérité. Nous

verrons , à l'occasion du texte suivant, com

bien nombre de passages de l'Évangile, où

L'HOMME-DIEUparle du PÈRE, deviennent

17

Page 399: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

386 LE VRAJ MESSIE.

.f

clairs, quand par Père on entend amour^

comme depuis long-temps par Fils on a

entendu vérité.

Personne ne connaît le FILS , que le

PÈRE; et personne ne connaît le PÈRE,

que le FILS et celui à qui le FILS l'aura

voulu révéler (Saint Matth , xi, 27 ).

De tous les textes du Nouveau Testament

qui prouvent que par PÈRE il faut entendre

L'AMOUR ÉTERNEL, comme on est con

venu depuis long-temps d'entendre par le

FILS la DIVINE VÉRITÉ sous le nom de

VERBE ou de PAROLE, et que tous deux

ne sont qu'UN dans l'essence de JÉHOVAH,

ce texte-ci parait le plus remarquable. Rap

pelons donc ici un moment cette grande vé

rité de l'unité absolue de la personne ou de

Vêtre divin , que nous avons établie dans

notre première partie, malgré les dénomi

nations diverses de Père. , de Fils et d'Es

prit-Saint, qu'on lui donne, afin que les

lecteurs voient que, d'un bout à l'autre,

l'Évangile n'est pas moins péremptoire,

sur ce point, que l'Ancien Testament. Dieu

est CHARITÉ, et Dieu est VÉRITÉ : ce

jsont deux textes bien connus du Code sa

Page 400: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

LE VRAI MESSIE. 387 •

cré. Mais Dieu est, pour ainsi dire, l'un

avant Vautre; du moins y a-t-il pour la cha

rité ou Vamour une priorité de raison

que personne ne disputera. Les hommes

eux-mêmes reconnaissent cette priorité en

pardonnant plus facilement Verreur que la

haine. La première essence de Dieu est

donc amour, et la vérité en est comme le

fruit. Ce sont toutefois deux infinis qui seuls

se comprennent l'un l'autre : Personne ne

connaît le FILS , que le PÈRE ; et personne

ne connaît le PERE que le FILS. Voyons

maintenant comment JÉSUS-CHRIST a pu

ajouter qu'il dépend de lui de révéler le

PÈRE à celui qu'il en juge digne. Il y a

plusieurs manières de connaître Dieu. La

contemplation des merveilles de la nature

peut nous élever à une connaissance géné

rale de son auteur, ou plutôt à la connais

sance des divers attributs de son auteur :

c'est ainsi quoDieu est connu par les déis

tes, quand ils lui donnent les divers noms

à!Etre suprême, d'Etre éternel, d'Être

créateur, d'Etre invisible, infini et in

compréhensible. On peut encore connaître

Dieu comme un Etre individuel, dans les

Page 401: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

388 LE VRAI MESSIE.

occasions où il lui plaît de se manifester

dune manière plus directe, soit par des

emblèmes qui sont hors du cours ordinaire

de la nature (tels que le buisson ardent ,

la voix qui sefit entendre lors de la trans

figuration), soit moyennant des individus,

anges ou hommes, qu'il remplit tellement

de son esprit, que leur individualité propre

disparaît. Ainsi l'ont connu différens per

sonnages de l'Ancien Testament, les pa

triarches, les prophètes. On peut le connaî

tre enfin personnifié entièrement , comme

J'ont connu les apôtres quand il a bien voulu

converser familièrement avec eux pendant

trois années sur la terre, après y être né

comme tous les autres hommes , et y avoir

passé par tous les degrés de la vie. Mais il

est une manière de le connaître plus par-

. faite encore que toutes celles-ci; c'est celle

enseignée par saint Jean, quand il dit : Celui

qui n'aime point ne connaît point Dieu;

il ne l'a point vu , il demeure dans LA

MORT; Vamour seul donne l'instinct qui

reconnaît Dieu parfaitement, l'amour seul

connaît Dieu. Et combien , même sous ce

rapport, notre connaissance de Dieu n'est-

Page 402: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

LE VRAI MESSIE. . 330,

elle pas encore étroite et obscure? De même

que JÉSUS-CHRIST, comme VÉRITÉ, ne

pourra jamais être connu que successive

ment et pendant l'éternité (c'est-à-diré

qu'il ne sera jamais connu tel qu'il est) de

même JÉSUS-CHRIST, comme AMOUR,

neserajamais connu tout entier (i). La seule

manière donc dont on conçoive queJÉSUS-

CHRIST puisse révéler ce PÈRE que per

sonne n'aJamais vu^ et qu'il est même im

possible de voir, c'est de dire que celui

qui,par l'apparition du DIEU INCARNÉ ,

aura conçu une assez haute idée de L'A

MOUR DU DIEU INVISIBLE, pour se per

suader que JÉHOVAH LUI-MÊME s'est

manifesté en chair, celui-là connaîtra le

PÈRE autant qu'il est donné à unfaible

(i) Connaître Dieu n'est pas en connaître le nom.

Le Dieu incarné , le Dieu manifesté et mis à notre por

tée, est lui-même encore un infini. Dix-huit siècles de

disputes sur la nature de son être l'ont bien fait voir.

Comment donc tant de savans du dix-neuvième siècle

prétendent-ils connaître la Divinité, sans avoir con

sacré à cette étude la centième partie, peut-être, du

temps qu'ils auront donné à l'étude des sciences

exactes, de la. géométrie par exemple?

Page 403: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

390 LE VRAI MESSIE.

mortel de le connaître, et qu'il le connaî

tra même tous lesjours davantage, à me

sure qu'il apprendra à l'aimer davan

tage.

Rien n'est évidemment plus naturel que

cette explication , et rien , au contraire, n'est

plus absurde que toutes celles que l'on

voudrait lui substituer, en conservant la dis

tinction absolue des personnes (i). On sent

surtout vivement cette vérité, quand on se

rappelle que JÉSUS-CHRIST n'a cessé de

déclarer que le PERE était en lui, et lui

dans le PERE, el que tous deux ils n'é

taient qu'une même chose; quand on se

rappelle que ce ne fut qu'à la fin de sa vie,

(1) Nous avons remarqué ailleurs qu'en suppri

mant toutes les langues de convention, il ne restait

que l'emblème de père pour caractériser le créateur.

Père , avons-nous dit , est généralement l'être qui

produit; fils , celui qui est produit. De même que

dans la nature morte , le créateur est représenté par

le soleil, de même, dans la nature vivante, il l'est par

un père ; et celui qui connaît la langue de la nature ,

ne peut abandonner les expressions qui rappellent ces

emblèmes primitifs, lors même qu'il parle une langue

de convention.

"X.

k

Page 404: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

LE VRAI MESSIE. 3g I

quand ses apôtres eurent suffisamment re

connu sa Divinité, et eurent fini par t'aimer

par-dessus toutes choses, qu'il cessa de leur

parler du PÈRE en figures ., et qu'il leur

dit ouvertement, en parlant de ce PERE :

Maintenant vous connaissez le PERE, et

dès àprésent VOUS L'AVEZ VU.

Père signifie amour divin , d'une ma-

nièreaussi évidente, en maintautres endroits.

Quiconque, dit JÉSUS-CHRIST , a été ins

truit parle PÈRE vient à MOI, parce que

le FILS, ouïe VERBE, n'est lui-même bien

connu que de ceux à qui l'AMOUR l'a ré

vélé. Touteplante, dit-il ailleurs, que mon

PÈRE n'aura point plantée, sera arra-.

ehée,pavce que la vérité sans l'amoui\ ou

\afoi sans la charité, ne sont rien. Quicon

que, dit-il encore, me confessera devant

les hommes, je le confesserai devant mon

PÈRE qui est dans les cieux, parce que

c'est l'amour céleste qui devient la récom

pense de ceuxquireconnaissentque la VÉRI

TÉ DIVINE a été incarnée par le DIVIN

AMOUR, plutôt que la -connaissance de

cette même divine vérité; l'amour seul.

pouvant constituer lafélicité suprême.

Page 405: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

392 IE VRAI MESSIE-.

Il est inutile de rappeler ici la raison pour

laquelle JÉSUS-CHRIST parlait constam

ment de Père et de Fils, tout en nous en

tretenant de JÉHOVAH unique : nous l'a

vons montré dans la première partie. De

même que Père est l'emblème naturel du

CRÉATEUR, de même Fils est l'emblème

naturel de ce qui vient du CRÉATEUR,

et par conséquent éminemment DU DIEU

HUMILIÉ, devenu l'AMI de l'homme, son

CONSOLATEUR et son RÉDEMPTEUR.

Il y a une différence réelle entre le MOI

UNIVERSEL, et ce même MOI individua

lisé en CHRIST , quoique celte différence

ne tombe pas sur la personnalité. Il y a une

différence surtout, comme nous venons de le

voir, entre Dieu comme AMOUR ÉTER

NEL, PUISSANCE ÉTERNELLE, et entre

Dieu comme ÉTERNELLE VÉRITÉ ou

ÉTERNELLE SAGESSE. Et enfin on doit

se le rappeler, la distinction du CREATEUR

en PÈRE et en FILS, ou en JÉHOVAH et

en MESSIE, était métaphjrsiquement . né

cessaire, dans la supposition d'une réhabili-

• tation du genre humain déchu.

Venez àmoi, vous tousqui êtesfatigués

Page 406: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

LE VRAI MESSIE. 3p;3

et chargés, et je vous soulagerai ( Saint

Matthieu , xi , 28 ). •.

Ces paroles s'adressent à tous les enfans

des hommes sans exception : nous voulons

tous, plus ou moins, nous appuyer sur nous-

mêmes, être quelque chose par nous-mêmes:

voilà d'où vient notre charge, no.tre fatigue.

Il faut que par les souffrances nous recon

naissions notre erreur, et que nous reve

nions à nous appuyer entièrement sur Dieu.

Dieu nous avait tellement favorisés, il nous

avait placés si près de lui, que nous avons

voulu monter sur son trône, et être d'autres

Jéhovah : il n'y a que le sentiment de notre

faiblesse et de «notre misère qui puisse

nous corriger. Toute cette malheureuse

vie terrestre, que nous croyons follement

l'état naturel de l'homme, n'est là, en ef

fet, que pour nous dégoûter de tout ce

qui n'est point Dieu et vie en Dieu et par

Dieu. '

Quiconquefait la volontéde raorePÈRE

qui est dans les cieux, celui-là est mon

frère , ma sœur, et ma mère ( Saint Mat

thieu, Xii, 5o ).

On voit encore ici que tous les mots qui

17.. •

Page 407: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

Sg4 tâ ttna messie.

dans l'Évangile , et en général dans tous les

Livres inspirés, désignent les degrés de pa

renté , n'expriment au fond qu'une relation

d'amour. C'est l'amour qui forme toutes les

relations véritables. Ce qu'il y a surtout de

remarquable dans ce texte, c'est l'espèce de

renoncement qu'y fait JÉSUS-CHRIST* de

sa propre mère; comme s'il avait voulu

donner à entendre que la maternité n'avait

point formé entre elle et lui de lien plus

étroit que celui qui lui attache tout autre

Chrétien dont l'amour est ardent et sans

feinte. Déjà aux Noces de Cana, JÉSUS'

avait prononcé ce mot dur et froid en appa

rence :Femme, qu'y a-b-il entre moi et

toi? Et en mourant, il recommanda sa

mère à Jean en ces termes : Femme^voilà

ton fils; Jean^ voilà ta mère. Ne semble-

t-il point déclarer assez clairement, par

toutes ces expressions, que Marie n'avait

fourni, dans le principe, que la chair qui

devait revêtir ADONAI, ou rendre sensible,

dans le degré matérielr l'éternelle forme

de JÉIIOVAH; de plus, que cette chair in

firme elle-même, ill'avaïtenfing-^or^îeeen la

soustrayant au temps et à l'espace; et qu'en

Page 408: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

LIS VBAI MESSIE. 3p5

conséquence, ce n'était qu'improprement

qu'il pouvait être appelé Fils de Marie ?

Ceci devrait donner à penser à ceux qui ne

craignent point d'élever des autels à celte

créature , qui , tout intéressante qu'elle

puisse être, ne devrait jamais, sous aucun

rapport, être assimilée au CREATEUR, et

qui serait évidemment elle-même la pre

mière à renverser ces autels, s'il lui était

donné de revenir sur la terre.

Alors ses disciples s'approchant lui

dirent: Pourquoi leurparles-tupar simili

tudes ?Jl répondit : C'est parce qu'il vous

est donné de connaître les mystères du

royaume des cieux , et que pour eux cela

ne leur est point donné : car à celui qui a

Usera donné , et il abondera; mais à celui

qui n'a rien, cela même qu'il a lui sera été

( Saint Matthieu, xm, i0, i i, i2 ).

En reconnaissant que le SEIGNEUR, qui

ne fait aucune acception des personnes,

n'avait ainsi favorisé les apôtres de préfé

rence aux autres hommes, que parce qu'il

savait que les apôtres devaient répondre à sa

confiance, tandis que les autres en auraient

abusé ; comment, dira-t-on, parmi le nombre

Page 409: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

396 LE VRAI MESSIE.

des douze, JÉSUS- CHRIST en choisit-il

un qui devait si cruellement en abuser

lui-même, savoir, Judas Iscarioth? Nous

répondrons que sans doute Vamitié et la

confiance que JÉSUS lui montra dans cette

' rencontre, étaient l'unique moyen de mettre

ce malheureux suf un degré de la balance

de la liberté morale qui lui rendait le salut

possible. Tous les hommes ne naissent pas

avec des dispositions égales pour le vice et

Ja vertu : que dis-je? aucun homme ne res

semble à l'autre comme être moral; et, sous

ce rapport, CELUI-LA. SEUL peut gouver

ner les cœurs, qui les connaît à fond, et

personne ne peut lui donner des conseils.

Il y a dans la vie de chaque individu une

époque, un point, où il est placé exacte

ment sur la balance éternelle \Veux-tu ser

vir le SEIGNEUR, ou ne veux-tu pas ?

C'est à Dieu à régler cette balance, et à

avantager chacun également; et là-dessus

nous pouvons assurément nous en rapporter

à son impartialité (i), Ce Judas qui poussa

(i) Voici , au juste, quelle conduite le SEIGNEUR

tient à l'égard de tous les hommes sur la terre :

Si l'homme est dans le bien , le SEIGNEUR le mène-

Page 410: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

LE VRAI MESSIE. 3g^

le repentirjusqu'à ne plus pouvoir vivre ,

tandis qu'il n'est point dit que les autres

apôtres , à l'exception de Pierre, aient pensé

le moins du monde à pleurer leurs lâches

défections ; ce Judas , qui pouvait s'être

laissé persuader que son Maître n'était qu'un

faux prophète, ou bien qu?étant un pro

phète véritable il n'aurait qu'un miracle à

faire pour se sauver, n'était, au fond, que

Vemblème vivant de tous ceux qui trahis

sent leur Dieu. 11 était notre emblème à

tous! Nous sommes tous des Judas; et

malheur à celui qui se croirait meilleur que

lui! Quand on lit dans l'Ancien Testament

que ce fut de même celui des douze enfans

de Jacob dont le nom était Judas, qui fit

vendre Joseph , mais qui en même temps

contribua ensuite le plus efficacement à dé

cider Israël à laisser descendre Benjamin

en Egypte lors de la seconde famine, en'lui

disant, avec une touchante fermeté : « En

par là route dans laquelle il pourrafaire le plus de

bien possible , dût-al avoir quelque chose à souffrir

sur cette route. Si Chomme est dans le mal, il lui

trace la carrière dans laquelle ilpourra faire le moins

DE MAL POSSIBLE.

Page 411: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

398 LE VRAI MESSIE.

\oie l'Enfant avec moi, j'en réponds! Rede

mande-le de ma main , si je ne te le ramène !

Si je ne te le représente, que le péché en

soit sur moi le reste de ma vie. » Quand on

pense, en outre , que plus tard Joseph par

donna indistinctement à tous ses frères, à

Judas comme aux autres, on reconnaît

avec un attendrissement profond qu'évi

demment cette parole dir SAUVEUR : Il y

A PLUS DE JOIE DANS LE CIEL AU RETOUR

D'UN SEUL PÉCHEUR, Qu'lL NE s'en EXCITE A.

L'OCCASJONDE QUATRE-VrNGT-DIX-NEUF JUS

TES, a dû trouver un heureux accomplisse

ment dans le disciple traître. Quel spec

tacle, ô Dieu ! que de se représenter le

pauvre Judas au ciel avec son an-

cien MAITRE!... aimant beaucoup, parce

qu'on lui a beaucoup pardonné..... et ce

même BON MAITRE, ne faisant d'autre dis

tinction entre lui et les autres apôtres , que

de le choisir plus particulièrcmen t pou r aider

à ramener ceux de ses derniers et malheu

reux enfans^ représentés par Benjamin..:.

et qui ne sont autres que les Juifs actuels..!

Lecteur, qui que vous soyez, vos larmes

coulent en cet endroit! oui, elles coulent ,

V

Page 412: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

le vrai messie. 3gg

car les miennes inondent ma plume [....Mal

heur, oui malheur à ce cœur assez infor

tuné, qui ne palpiterait point à la seule

idée de Judas sauvé , ou même d'une

chance de salut en sa faveur! Hélas! ce

pauvre malheureux^ il n'avait pu survivre à

sa faute : J'AI PÉCHÉ, J'AI PÉCHÉ! s'était-

il éerié, en. livrant le sang innocent , et

îl était allé s'arracher la vie ! N'en doutons

plus , c'est là I'enfant prodigue., pour le

quel le PÈRE... A TUÉ LE VEAU GRAS..

Il est extrêmement remarquable qu'entre

les deuxfamines de la terre de Canaan,

et pendant que Joseph resta inconnu en

Egypte, ceux de la famille qui parlaient de

lui ne l'appelaient que cet homme. On ne

parle pas autrement depuis dix huit cents

ans, intervalle entre les deux grandes

dispensations correspondant aux deux

grandesfamines du genre humain; on ne

parle pas autrement, disons-nous, du véri

table JOSEPH, du DISPENSATEUR du

pain de vie : cet homme, dit-on, ce Jésus

qui a paru en Judée : le moment ne serait-

il pas venu, par conséquent, où JÉHOVAH-

JÉSUS-CIIRIST dira à tous ses frères, tant

Page 413: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

4oO LE VRAI MESSIE.

aux aînés qu'aux plus jeunes : C'EST MOr,

ne craignez point; je suis JOSEPH, votre

FRÈRE, que vous avez vendu au pays

d'Egypte? Et y en aura-t-il un seul qui

pourra le méconnaître ?

Quant à ces paroles si obscures, ou plu

tôt si contradictoires en apparence, celui

qui a , il lui sera donné, et celui qui'n'a

rien, on lui ôtera même ce qu'il a , elles

deviennent claires quand on sait entrer assez

profondément dans la pensée de CELUI qui

parlait , pour ainsi dire , forcément la lan

gue de la nature, parce qu'il s'adressait aux

anges du Ciel , en même temps qu'aux

hommes sur la terre. En effet, JÉSUS-

CHRtST n'avait-il pas dit long-temps au

paravant : Ou faites l'arbre mauvais et

son fruit mauvais, ou Varbre bon et son

fruit bon? Ne devait-il pas dire plus tard

par la bouche de saint Jean :Plût à Dieu

que vous fussiezfroid ou chaud; mais

parce que vous êtes tiède,je commencerai

par vous vomir de ma bouche ? Ne faut-il

pas, par conséquent, de toute nécessité,

que tous les êtres moraux deviennent enfin

ou"tout-à-fait bons ou tout-à-fait mauvais?

Page 414: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

LÉ VRAI MESSIE. 4or

Èri d'autres termes, ne faut-il pas que Dieu

donne de plus grandes grâces à celui qui en

possède déjà, et qu'il retire peu à peu toutes

ses faveurs à celui qui en abuse? L'homme

est, en général, un être bien plus compli

qué qu'on ne le pense. Sur cette terre, nul

n'est jamais bon sous tous les rapports , ni

mauvais sous tous les rapports. Le juste a ses

•taches, et le méchant son bon côté ; mais cet

état de choses est pour Dieu un état violent;

c'est pour lui urt état de profanation conti

nuelle; le mal- mêlé ainsi au bien attaque sa

sainteté et excite son zèle; il ne peut s'em

pêcher d'ajouter incessamment de nouvelles

perfections à celles que l'homme de bien

réunit déjà, et de retrancher de celles qui"

restent au méchant , ou plutôt de celles

qu'il croit lui être propres; car ee que

l'homme croit. avoir en propre, il ne l'a

réellement pas. Selon lui ,'il a; selon Dieu,

il n'a pas. L'homme ne peut avoir dans la

réalité que ce que Dieu lui approprie , et

qu'il reconnaît lui- même n'être point sien.

De là cette expression : on lui ôtera ce qu'il

n'a pas. - . • *

Ce passage suppose aussi quelque chose

Page 415: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

4o2 LE VRKI MESSIE.

d'analogue à ce que les Catholiques romains

ont appelé le Purgatoire, mais qu'ils ont

peint sous de si fawsses couleurs. Quand la

séparation entière du bien et du mal, chez

un individu , n'a point été faite sur la terre ,

il faut bien qu'elle s'achève dans l'autre vie.

De là l'action qu'il est permis aux hommes

dépouillés de leur corps matériel, d'exercer

encore sur les hommes vivans dans le monde,-

et probablement entre eux. En servant ainsi

aux tentations par lesquelles les bons sont

entièrement réformés, les méchans se dé

gradent eux-mêmes de plus en plus, jusqu'à

ce qu'enfin il ne reste plus rien de bon en

eux. •

Nous dirons ailleurs que, selon nous, les

peines de l'autre vie ne sont éternelles que

pour ceux qui voudront bien rester éter

nellement méchans ; mais qu'il y a toujours

lieu au repentir devant le PERE, quoique

le retour devienne plus difficile à mesure

qu'on s'enfonce dans l'abîme. -

// leur proposa une autre similitude en

leur disant : Le royaume des cieux est

semblable à un homme qui a semé de la

bonne semence dans son champ ;maispen

Page 416: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

LE VRAI MESSIE. 4°^

dant que les hommes donnaient , son en

nemi vint, et sema de l'ivraieparmi le blé,

puis s'en alla. Et après que la semencefut

venue en herbe, etqu'elle eutportédufruit,

alors parut aussi l'ivraie. Les serviteurs

du père defamille vinrent donc à lui et

lui dirent : Veux-tu que nousy allions et

que nous cueillions l'ivraie ? Et il leur ré

pondit: Non, de peur qu'en arrachant l'i

vraie vous n'arrachiez en même temps le

blé. Laissez-les croître tous deux ensem

blejusqu'à la moisson i et au temps de la

moissonje dirai aux moissonneurs : cueil

lezpremièrement l'ivraie, et la liez enfais

ceaux pour la brûler; mais assemblez le

blé dans mon grenier ( Saint Matth. , xm,

du v. 24 au 3ome).

En examinant cette parabole selon la si

gnification qu'elle doit avoir dans la langue

de la nature , on y voit mille vérités qu'on

n'y avait jamais aperçues jusqu'alors. On y

voit d'abord que Dieu se compare à un

homme ^ comme il a fait dans plusieurs au

tres endroits de l'Évangile, où il va quelque

fois jusqu'à se dire ouvertement Homme^

Roi, et Père defamille. Vous cherchez à

Page 417: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

4of le vrai Messie.

mefaire mourir, dit JÉSUS-CHRIST aux

Juifs, moi qui suis un homme qui vous ai

dit la vérité (Saint Jean, vm, 4<>)- Dieu

est effectivement homme au suprême degré,

comme nous l'avons dit dans notre introduc

tion. Les hommes de la terre, destinés à de

venir anges dans le ciel , n'ont tous été créés

que d'après son image et sa ressemblance.

Cette double expression est , sans aucun

doute, employée par l'écrivain sacré, dans

l'intention que l'on ne s'y trompe point. Le

mot Kenéget (ij:d) dont se sert Moïse en

cet endroit, est exactement le même que

celui par lequel il exprime qu'Adam ne

trouva point de compagne semblable à lui",

passage où bien évidemment il est question'

d'uneforme réelle et substantielle. En tant

qu'elle est la plus parfaite des formes, l'u

nique forme même de tout ce qui peut être

appelé intelligence, sagesse , amour et vie,

la forme humaine , ou angélique , est aussi

la propre forme de Dieu , qu'il n'a fait que

transmettre à ses créatures sensibles. Seule

ment, dans l'homme cette forme est hu

maine, dans l'ange angélique, et dans Dieu

divine. Je suis le DIEU VIVANT, disait

Page 418: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

LE VRAI MESSIE. 4°5

JÉHOVAH; je suis la VIE, a dit JÉSUS-

CHRIST. l)es philosophes superficiels, qui

ne peuvent comprendre que Dieu est sub- •

stance -avant d'être forme , amour avant

d'être vérité', et que créer^ pour lui, n'est

que montrer , riront de cette idée; mais

qu'ils se rappellent que tous les peuples, les

plus civilisés comme les plus grossiers,

qu'eux-mêmes, tout philosophes qu'ils sont,

donnent malgré eux la forme humaine à

Dieu dans leur pensée, et qu'il ne leur est

guère possible de faire autrement, même en

enfonçant leur esprit dans des abstractions

-métaphysiques , où l'on peut bien aperce

voir encore un certain agrégat d'attributs

indéfinis , mais où VEtre a réellement dis

paru. Qu'on examine avec impartialité la

forme admirable de l'homme, non, il est

vrai, en tant que terminée par des lignes, et

de telle ou telle grandeur, mais dans sa

nature qui est celle d'un être intelligent

en rapport avec tous les autres, et en tant

que placée hors du temps et de l'espace , on

verra qu'elle n'est point aussi indigne de la

Divinité qu'on veut bien le croire : on y

trouvera une espèce d'infini dont toutes les

Page 419: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

4o6 LE VRAI MESSIE.

autres formes de vie possibles ne sont que

<les dégradations; on y trouvera en un mot

une espèce de noyau ou cœur, organe né

cessaire de tout être intelligent.

Pour ne faire ici qu'un léger croquis des

richesses infinies de la forme humaine, nous

remarquerons que la Tête correspond à

VIntelligence ; le Cœur, à l'Amour; les

Organes de la Respiration, à la Vie; VOEU,

à la Science, à la Toute-Présence ; le Nez,

à la Pénétration , à la Finesse; \'Oreille , à

la Miséricorde , al! Obéissance; la Bouche,

à la Sagesse, à la Vérité; la Langue, à la

Communication de la Pensée, à la Persua

sion; VÉpaule, à la Puissance et à la

Force; le 2?ra.? et la Main, à la Puissance

et à VAdresse ; les Jambes , à VImmensité;

les Pieds , à la Stabilité, à la Fermeté , ou

bien à une Force ennemie qui détruit, qui

écrase; la Face, à la Bonté, à la Bienveil

lance; le Z?o.y, à VAversion et au Mépris',

la Forme entière, à tout ce que l'on con

çoit être intelligence, amour et w"e. Et

ici nous avons passé mille autres rappro-

chemens qu'il serait impossible d'énumérer,

car, ni les Os, ni la Chair , ni le Sang , ni

"

Page 420: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

LE VRAI MESSIE. " 4°7

les Cheveux , ni les Dents, ni les Doigts ,

ni les Ongles , ni les Veines, ni les Nerfs,

ni aucun Muscle, m^aucune Fibrille, ne

sauraient être sans leur partie correspon

dante dans le monde moral et métaphysique.

Nous avons passé surtout la signification mo

rale des innombrables instincts ,facultés ,

fonctions et affections de cet ensemble

d'organes de vie appelé homme, et dont

nous ne rappellerons que deux, pour ex- #

pliquér mieux notre pensée. Le Mire, par

exemple, révèle le Bonheur vrai oufac

tice; et le Pleurer, la Douleur ou le su

prême de l'attendrissement et de la Joie.

De là tous ces détails qui paraissent minu

tieux dans les Saintes-Ecritures, mais qui

cessent de le paraître dès qu'on s'est formé

la moindre idée de cette langue de la nature,

d'après laquelle aucun objet créé, depuis les

plus grands jusqu'aux plus petits, n'a pu de

meurer sans un rapport bien déterminé avec

la vie la plus intime. Les cbeveux de votre

tête ,. disait JÉSUS-CHRIST, ont tous été

comptés; et aucun d'eux ne tombera à

terre sans votre PÈRE. Dans le livre de

l'Apcalypse, le cheval est représenté comme

Page 421: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

4o8 • LE VRAI MESSIE.

l'emblème de cette portion de l'instinct hu

main qui nous porte à la recherche de la

vérité. Une ignorance impie pourra se mo

quer d'une pareille disposition; mais cela

n'empêchera pas le philosophe chrétien de

la trouver admirable. Nous l'avons dit,

examinées géométriquement , toutes les

formes animales possibles se trouvent ren

fermées dans le quart de cercle formé par

Vhomme emblème de Vintelligence univer

selle , et Vanimal rampant qui n'offre que

le dernier degré de la vie. Or, le cheval

est incontestablement une des premières

dégradations de cette forme universelle

de l'Etre intelligent. Rien donc de plus na

turel que d'apprendre que c'est lui qui est

le premier hiéroglyphe d'une portion de

cette intelligence. Les aptitudes , d'ailleurs,

du cheval, aussi bien que sa manière de se

nourrir, contribuent, de leur côté, à carac

tériser cet emblème. Le cheval sert à nous

faire parcourir un horizon terrestre,

comme notre imagination nous faitparcou

rirunhorizon intellectuel; il sert à charrier

les objets terrestres et à mettre un certain

ordre dans les divers emblèmes matériels ,

k

Page 422: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

LE VRAI MESSIE. 4°9

comme notre intelligence nous sert à ar

ranger convenablement les images de nos

pensées. Enfin , il se nourrit iïherbe, de

foin et de grain , autant d'objets que nous

avons reconnu être les emblèmes des pre

miers germes de nos idées.

Et en parlant des diverses significations

emblématiques des différentes parties dis

tinctes du corps humain , nous ne craignons

pas même les sottes remarques de quelques

philosophes cyniques qui , au lieu de pen

ser profondément, ne sauraient que faire

ici des remarques grossières. Les rapports

privés de l'époux et de l'épouse, rapports

dont les hommes corrompus ont seuls fait

une chose brutale et dégoûtante, représen

tent de la manière la plus significative le

mystère éternellement caché de la Création

divine., ou de l'union primitive de la sub

stance et de la forme , de l'Amour et de la

Vérité; union qui seule constitue la pre

mière essence de tous les êtres. S'il y a d'ail

leurs dans la forme humaine un côté réelle

ment plus matériel et moins noble , c'est

précisément ce côté-là qui caractérise ce

qu'il y a en nous de vil et d'abject; car le

18

Page 423: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

4lO LE VRAI MESSIE.

vil et Vabject se retrouvent encore une

fois dans le moral comme dans le physique

qui en est l'emblème; et celte grossièreté,

qui n'est qu'accessoire, peut très-bien dis

paraître sans que la forme elle-même soit

altérée. Tout cela n'empêche nullement

que le corps humain , ou plutôt la forme

substantielle de l'homme, ne soit un type

universel de toutes les nuances possibles

de vie et de valeur morale : au point que

si dans le Ciel les diverses sociétés d'anges ,

correspondantes à ces nuances, sont arran

gées selon un certain ordre, ce qui paraît

hors de doute , elles ne le sont encore que

d'après ce même type : idée qui a pu donner

lieu à celui des apôtres qui connaissait le

mieux la langue de la nature (probablement

parce qu'il avait subi plus souvent ou à un

plus haut degré la crise extatique), à dire

que pierres vivantes , ou maison spiri

tuelle, nous sommes tous destinés àfor

mer le corps {ou le temple ) de JÉSUS-

CHRIST dans les cieux.

= Cent passages de saint Paul prouvent que

les images de la Langue de la nature , vues

par lui dans ses extases, avaient passé dans

Page 424: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

LE VRAI MESSIE. 4ii

son langage ordinaire. On n'a qu'à lire le

chapitre m de la première Épître aux Corin?

thiens,pours'en convaincre :Manger, Boire,

Lait, Viande, Édifice, Or, Argent, Pierres

précieuses , Bois, Foin, Chaume, etc.,

sont autant de mots de la Langue de la na

ture. A savoir jusqu'à quel point il était utile

anciennementque Paulconnût cetteLangue,

ce ne sera point nous qui le déterminerons.

Mais ce qu'il y a de certain , c'est qu'il était

bien éloigné de la connaître parfaitement ,

puisque cette connaissance devait, à la fin

des temps ,faire descendre la nouvelle Jé

rusalem sur la terre.

On voit, en second lieu , par la parabole

citée, que la faute de notre dégradation

n'est nullement la faute de Dieu, mais bien

celle de l'homme insouciant dans l'affaire

de son salut, et celle de l'enfer, ou de la so

ciété des Méchans, transformés en hommes-

esprits, qui le portent incessamment au mal,

en quoi ils font consister leur vie et leur

bonheur. L'enfer est encore une fois per

sonnifié en cet endroit, comme le génie de

la Langue de la nature l'exigeait. Le Mal

moral se présente toujours dans le monde

18.

Page 425: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

4l2 LE VRAI MESSIE.

métaphysique et substantiel, comme Ven

nemi de Dieu et des hommes; de même

que la Bonté éternelle se montre toujours

comme VAmi de tous.

On voit, en troisième lieu, par la même

parabole, la raison philosophique du pro

fond degré de corruption où Dieu peut

laisser tomber les sociétés intelligentes avant

de venir personnellement à leur secours;

aussi bien que la raison philosophique de la

lenteur avec laquelle se fait la réhabilitation

des êtres déchus : réhabilitation qui ne peut

être amenée que par progrès insensibles ,

de la même manière que la dégradation avait

eu lieu. Tant que le bien et le mal se trou

vent mêlés, et que le bien souffrirait -de

l'entière suppression du mal , Dieu peut

et doit attendre. Aussi long -temps qu'un

homme égaré peut revenir au bien par lui-

même, et sans un secours extraordinaire

de la part du CRÉATEUR, il est bon qu'il

demeure abandonné à sa proprelîberté : car

s'il revient , il sefait une plus grande joie

dans le Ciel que n'en occasionne la per

sévérance de quatre-vingt-dix-neufjustes.

Une pareille disposition est , sous' tous les

Page 426: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

LE VRAI MESSIE. 4*3

rapports , la plus admirable qui puisse être

offerte aux méditations de l'Esprit humain ;

et cette déclaration : Celui à qui on a

pardonné beaucoup 3 aime davantage ,

serait le mot le plus philosophique que l'on

ait jamais prononcé, s'il n'était divin; parce

qu'il explique Vorigine du mal mieux que

tous les raisonnemens humains n'avaient pu

-faire (i).

Mais ce qui est dit ici d'un individu/ il

faut le dire également des masses , lesquelles

ne sont que des unités collectives, surtout

dans le plan de Vunité éternelle. Dieu rie

peut ni ne doit entreprendre lui-même

l'œuvre de la régénération d'une société dé

gradée, que du moment où il est devenu

impossible à cette dernière de se relever

par ses propresforces, ou par les moyens

(i) Le passage le plus attendrissant de tout le poème

de la mort d'Abel, est celui où Caïn est représenté

ébranlé un moment par les remontrances de son père,

et prêt à rentrer en lui-même : or, c'est là le spectacle

qu'offrent tous les pécheurs revenant à de meilleurs

sentimens ; pourquoi donc eût-il fallu tarir, dans la

«création, cette source de la joie la plus pure pos

sible ?

Page 427: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

4 i 4 ,E VRAi MESSIE.

ordinaires. Mais aussi, dans cetle circons

tance, Dieu s'est-il réservé d'entrer lui-

même comme partie active dans le système

des êtres créés, afin de ne point leur rester

étranger, et surtout afin de ne point rester

responsable de leurs souffrances ; car le

Dieu du Calvaire^ comme nous l'avons dit ,

a seul le droit d'engager les hommes à la

patience dans les maux qui les accablent.

Quant au temps et au lieu où le secours

extraordinaire doit être accordé, Dieu seul

en est le juge. Mille mesures partielles peu

vent avoir été prises depuis une éternité ,

pour relever mille mondes déchus, jusqu'à

ce que , dans la plénitude des temps , sera

arrivée lagrande époque del'Incarnation^

destinée à maintenir efficacement la ba

lance éternelle des êtres moraux , lorsque

leur universalité aura menacé de succomber :

époque unique qui partage en quelque

sorte l'éternité en deux éternités, celle qui

précéda l'Incarnation , et celle qui la suit.

Jusqu'au temps de JÉSUS-CHRIST, ou de

JÉHOVAH INCARNÉ, l'univers moral^ow-

vait se dégrader : depuis cette époque , il

peut se relever. Et le débordement universel

Page 428: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

LE VRAI MESSIE. ^l5

de tous les esprits ennemis du bien ne

cessera que par degré , comme il arriva du

temps de Noé , lorsque les eaux du déluge ,

emblème de l'inondation de tous les maux

selon David, se retirèrent peu à peu de toute

la surface de la terre.

On voit enfin par la même parabole, pour

ne point prolonger ces remarques sans fin ,

que le temps de la moisson ne saurait être

la fin du monde matériel , comme l'a ima

giné la faiblesse de ces prétendus penseurs

qui ont cru que Dieu finirait par ne plus *

avoir de place au Ciel ; mais qu'zm Juge

ment dernier n'est jamais que la fin d'une

Église, quand elle est remplacée par une

autre. Après une moisson , le PÈRE DE

FAMILLE en prépare toujours une autre.

Il s'était fait une moisson au temps de

JÉSUS-CHRIST, quand il disait que les

campagnes blanchissaient , et invitait ses

apôtres au travail. Le jugement dernier

eut lieu alors au moment que le SEI

GNEUR dit : C'est maintenant le Juge

ment du monde, c'est maintenant que le

Prince de ce monde est mis dehors. Une

nouvelle moisson et un nouveau Jugement

Page 429: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

4l6 LE VRAI MESSIE.

dernier devaient avoir lieu, quand l'Église

chrétienne devait être gâtée elle-même au

point que le FILS DE L'HOMME arrivant

n'y trouverait plus defoi, et serait obligé

par conséquent de la renouveler entière

ment. L'éternel Semeur moissonne aussi

éternellement : c'est là l'occupation de ses

anges, dont la joie suprême est d'assembler

incessamment tous les en/ans de Dieu ,

des bouts delà terre aux bouts des cieux,

et de les incorporer à leurs sociétés heu-

' reuses. C'est là l'unique cause d'éternelles

relations parmi les êtres. Et où en serait le

Ciel avec ses habitans, si Dieu n'y créait

plus rien de nouveau ? Frappé au cœur,

il cesserait de vivre à mesure qu'il cesserait

d'agir. La fin du monde , telle qu'on l'en

tend d'ordinaire, ne serait en effet que la

fin de toutes choses.

Alors JÉSUS ayant appelé ses disciples ,

leur dit : Je suis ému de compassion en

vers cette multitude de gens ; car ily a

trois Jours qu'ils ne bougent d'avec moi^

et ils n'ont rien à manger; si je les ren

voie à jeun, lesforces leur manqueront en

chemin (Saint Matth. , Xi. 3a).

Page 430: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

LE VfcÀI MESSIE. 4l^

Quelle bonté touchante de la part du

SEIGNEUR dans cette circonstance ! Et de

combien toutes ses démarches ne devien

nent-elles pas plus touchantes encore, quand

on pense qu'il était, non un Envoyé person

nellement distinct du Père céleste , mais

JÉHOVAH, le CRÉATEUR lui-même, vi

sitant notre humble retraite, et entrant

dans tous les détails de nos besoins et de

nos misères ? Quel attrait irrésistible ne de- '

vaient point avoir, d'un autre côté, ses dis

cours et ses instructions, pour faire ainsi ou

blier à unepopulace grossière jusqu'au besoin

de manger ! Où sont les philosophes, où

sont les sages, ayant quelquefois une si pe

tite idée du SAUVEUR DU MONDE , et

une si haute idée d'eux-mêmes , qui puis

sent montrer quelque chose d'approchant?

Et ces prédicateurs modernes qui, avec tous

les charmes de ce qu'ils appellent de l'élo

quence, ont tant de peine à réunir un audi

toire, que doivent-ils penser de leur manière

d'annoncer l'Evangile Y

Et six jours après , JÉSUS prit Pierre

et Jacques et Jean sonfrère , et les mena

<i l'écart sur une haute montagne; et il

18..

Page 431: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

4l8 t,E VRAI MESSIE.

fut transfiguré en leur présence, et son

visage resplendit comme le soleil, et ses

vêtemens devinrent blancs comme de la

lumière ( saint Matthieu, xvi, i, 2 ).

Nous avons déja vu que le soleil était le

véritable emblème de la Divinité, comme

présidant à la nature : il l'est comme astre

unique dans le firmament, donnant la vie ,

à la fois, à l'homme et au vermisseau, au

cèdre et au brin d'herbe; il l'est par sa pré

sence à chaque homme en particulier, qui

en jouit tout entier, et qu'il poursuit de ses

bienfaits,selon l'expression duRoi-prophête;

il est enfin par la distinction de sa cha

leur et de sa lumière, qui correspondent

exactement à l'AMOUR ou au PÈRE, et à la

VÉRITÉ ou au FILS. La Divinité ne pou

vait donc se montrer sous desemblèmes plus

vrais et plus caractéristiques qu'elle ne s'est

montrée sur le Thabor. Son visage res

plendit comme le soleil, et ses vêtemens -

devinrent blancs comme la lumière. Les

apôtres eux-mêmes, et le lieu de la scène,

étaient des emblèmes dans ce moment :

Pierre représentait ta/tu, Jacques l'amour,

et Jean la réunion des deux ou les bonnes

y' "v. .

Page 432: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

le vrai Messie. 4'9

œuvres; comme on peut le voir, en exami

nant avec attention les autres endroits de

î'Évangile où JÉSUS-CHRIST est dit avoir

pris avec lui particulièrement ces trois

mêmes apôtres, la résurrection de la fille de

Jaïrus, l'agonie dans le jardindes Oliviers....

Quant à la montagne du Thabor, elle

montrait l'élévation vers Dieu , l'amour de

Dieu ou l'Église céleste.

Nous avons également déjà remarqué que

la voix qui se fit entendre alors, n'était que

celle du MOI UNIVERSEL conversant avec

le MOI INDIVIDUEL en CHRIST, quoique

le PÈRE et le FILS ne fussent réellement

que le même JÉHOVAH. Dans des temps

plus barbares encore que ceux du MESSIE ,

quand une loi de crainte fut d'abord publiée

parmi les hommes corrompus, comme moyen

préparatoire à la loi de Vamour , une voix

semblable s'était fait entendre; mais elle

avait parlé du milieu de nuages sombres ,

recelant la foudre et inspirant une terreur

salutaire. On peut conjecturer, par consé

quent, que les nuages interposés entre le

CRÉATEUR et ses créatures, sont l'emblème

du plus ou moins d'empressement avec

Page 433: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

420 LE VRAI MESSIE.

lequel celles-ci reçoivent les lois de sort

amour, et cherchent par elles à dissiper les

ténèbres de leur ignorance. La parole ou

le livréde la loi, vraie colonne du désert,

dont un côté est lumineux , l'autre obscur,

est donc aussi ce nuage dont Dieu s'est en

touré, et qui voile plus ou moins la Divi

nité à nos regards , selon que nous nous

rendons plus ou moins indignes de la voir.

Les Juifs charnels ne l'apercevaient qu'au

travers de la tempête , comme un être for

midable, dont le seul son de voix pouvait

donner la mort (i); ils ne comprenaient

que la lettre de la Bible, et ils demandaient

un Messie conquérant. La nouvelle loi ne

s'interpose plus entre Dieu et ses adorateurs,

plus disposés à un amour filial, que comme

une nuée blanche au travers de laquelle on

distingue déjà la place du trône étincelant,

et qui promet de laisser voir incessamment

CEL\]\ quiy est assis , l'Époux universel

(i) « Nil praeter nubes et coeli numen adorant, » di

sait-on anciennement des Juifs; ce qui toutefois était

encore un éloge , en prouvant que l'idolâtrie était de

venue universelle chez toutes les autres nations.

Page 434: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

LE VRAI MESSIE. /['2i

de toutes les sociétés célestes, qui s'avance

comme un soleil radieux pourfoui*tùr sa

course. En lisant l'Évangile avec attention ,

chacun pourra aujourd'hui entendre une

voix qui lui dit : JÉSUS-CHRIST EST JÉ-

HOVAH INCARNÉ, l'unjque CRÉATEUR

DU CIEL ET DE LA TERRE, LE DIEUD'AMOUR,

AUSSI BIEN QUE DE VÉRITÉ : NE LE MÉCON

NAIS pas ! Il a plu à I'agneau de briser enfin

les sept sceaux du livre de vie, et d'en ou

vrir le sens, riche comme la nature tout

entière, dans chaque ligne, dans chaque

mot, et dans chaque virgule. Et quand

les clartés du code sacré, perçant de

tous côtés nos ténèbres, auront fait dé

couvrir généralement son DIVIN AU

TEUR sous son vrai jour , tout l'univers

aura vu le FILS DE L'HOMME venant

DANS LES NUÉES DU CIEL AVEC UNE GRANDE

PUISSANCE ET UNE GRANDE MAJESTÉ. Oui ,

n'en doutons pas, c'est là le second avène

ment: il n'en faut plus aitendre d'autre. Le

FILS DE L'HOMME et le VERBE, la PA

ROLE et l'ÉVANGILE, sont synonymes.

La NOUVELLE JÉRUSALEM n'est que la

VÉRITÉ entièrement DÉVOILÉE: elle

Page 435: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

423 LE VRAI MESSIE.

est descendue sur la terre; et JÉSUS-

CHRIST A DÉJÀ PARU !

Et Jésus répondant dit : O race incré

dule et perverse, jusqu'à quand serai-je

avec vous ? Jusqu'à quand vous supporte-

rai-je?Amenez-moi l'enfant.Et ayant cen

suréfortement le démon , il sortit à l'heure

même; et Venfant fut guéri (Saint Mat

thieu, xvu, i7 ).

Ces paroles de JÉSUS - CHRIST à ses

apôtres n'indiquent point un mouvement

d'impatience de sa part, mais bien un désir

ardent de leur voir faire des progrès plus

rapides dans la perfection morale, qui seule

donne une puissance capable de commander

en maître aux esprits dégradés. Dans ce

monde où tant de myriades d'êtres agissent

les uns sur les autres, c'est la volonté la

plusfortement arméepar lafoi et Vamour,

qui maîtrise toutes les autres," parce que

Dieu lui-même lui prête saforce. Et c'est

pour nous armer d'un pareil bouclier que le

DIEU-HOMME a paru sur la terre. Tant, par

conséquent, que nous restons faibles et dé-

fians, c'est lui qui est obligé de nous sup

porter, c'est lui qui en souffre. Sivous aviez

Page 436: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

LE VRVl MESSIE. 4'-^

de lafoi comme un grain de sable , avait

dit ailleurs JÉSUS-CHRIST à 'ses apôtres ,

vous diriez à cette montagne de se jeter

dans la mer, et ellevous obéirait. Legrain

de sable était alors pris par lui en bonne

part, comme provenant de la pierre; et

montagne signifiait l'orgueil ou une société

orgueilleuse; la me/-, les vérités naturelles

ou une société qui est dans ces vérités : ce

qui rend ce passage très-intelligible. Dans

le texte cité, c'étaient des êtres réels qui

avaient pris possession de toutes les facultés

morales et spirituelles, et même par- là,

du corps d'un individu vivant, auquel

il s'agissait de commander : œuvre réelle

ment plus difficile que de transporter des

montagnes. Et les apôtres n'avaient acquis

encore alors ni assez d'amour , ni assez de

confiancerfouv agir avec une telle efficacité;

ce n'est que plus tard qu'ils devaient par

venir à tout pouvoir dans celuiijui lesfor

tifiait. Il y a des variétés infinies dans le

degré de perversité des esprits dégradés,

Ceux qui s'étaient attachés à cet enfant, ne

pouvaient être maîtrisés que moyennant le

jeûnét et la prière. Jeûne veut dire ici

Page 437: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

4a4 LE VRAI MESSIE.

renoncement entier auxpassions et à ta

volonté propre; et prière veut dire force

eh Dieu et par Dieu. Nous avons montré

plus haut que rien n'était plus simple ni

plus croyable que lefait des possessions ^

quand on réfléchit sérieusement à la nature

de l'homme, à son union indispensable avec

l'universalité des êtres, et à cette liberté

dont il conservera éternellement le germe,

quelle que soit sa conduite. Mais quant aux

lois particulières d'après lesquelles ces

sortes de rapports entre le monde spirituel

et le monde naturel s'établissent et se dissol

vent , elles seront toujours un mystère pour

les hommes mortels. Une chose seulement

est sûre , c'est que plus nous serons sembla

bles à Dieu,plus nous participerons à sa

puissance pour refouler dans les enfers

tous les genres de maux.

Malheur au monde à cause des scan

dales ! car il est nécessaire qu'il arrive des

scandales ; toutefois , malheur à l'homme

par qui les scandales arrivent! (Saint

Matlh. , xvin, 7).

Comment les scandales pourraient-ils être

nécessaires, autrement, que dans le système

Page 438: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

LÉ VRAI MESSIE. 42^

d'une influence exercée sur le genre humain

par Venfer? Mais cette influence une fois

admise, on conçoit clairement comment les

scandales peuvent devenir inévitables. Mal

heur cependant, dit le SAUVEUR, à

Vhomme par qui ils arrivent : parce que

l'homme a tort de se laisser ainsi aller à ser

vir d'instrument à la perversité infernale. Le

mal moral ne devient réellement nôtre que

quand nous nous l'attribuons; de même

que le bien ne devient nôtre que quand

Dieu nous l'attribue.

Et il leur répondit : N'avez-vous point

lu que CELUI qui les a faits dès le com

mencement, fit un homme et unefemme ,

et qu'il dit : A cause décela l'homme quit

tera son père et sa mère, et se joindra à

sa femme, et les deux ne seront qu'une

seule chair : ce donc que Dieu a joint,

que l'homme ne le sépare point. (Saint

Matth.,xix, 4)-

La sainteté du mariage vient de ce que

Vhomme est l'emblème de la vérité divine, la

femme l'emblème du divin amour, et leur

union l'emblème de l'union éternelle de

Vun et de Vautre dans JÉHOVAH. Toute

Page 439: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

426 LE V&AI MESSIE.

la création n'est qu'une combinaison inv*

mense d'amour et de vérité, et le plan de

Dieu est partout uniforme. Ehomme et la

femme forment sans contredit le premier et

le plus noble nœud de cette combinaison.

Dieu est l'Etre unique, et il se suffit à lui-

même. Pour l'homme, créature faible, il

ne lui est pas bon d'être seul. De même

que pour JEHOVAH il n'y a qu'uNE éter

nité, pour l'homme deux, de même ce

dernier doit être double dans sa nature

pour être heureux. Il correspondra à la

fois aux deux perfections primitives que

l'esprit créé découvre dans son CRÉATEUR,

savoir, h. l'amour et à la sagesse : il sera, en

un mot , mâle etfemelle. Le mari recevra

éternellement l'influence de la bonté de

Dieu, mais il la recevra par lafemme. La

femme recevra éternellement l'influence de

la sagesse de Dieu; mais elle la recevra par

le mari; et ils s'avanceront ainsi, de siècle

en siècle, dans les voies de la perfection et

du bonheur, sans jamais atteindre ni éga

ler CELUI qui s'est proposé pour "leur éter

nel modèle. Tel est le premier nœud de ces

liens innombrables, destinés à former parmi

Page 440: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

LE VRAI MESSIE. 427

lés êtres d'éternelles relations d'amour

et de reconnaissance ; et le bonheur su

prême et sansfin des créatures n'est point

concevable d'une autre façon.

Est-il nécessaire, après cela, de longs

raisonnemens pour démontrer l'absurdité

du célibat tel que , dans des temps d'igno

rance et de barbarie, on l'a introduit parmi

les Chrétiens, au risque de donner naissance,

par-là, à tout ce que l'ordre des choses

possibles peut offrir de plus monstrueux et

de plus exécrable?—A des enfans de Dieu ,

qui seront à la fois débauchés, assassins,

et...PRÊTRES?—Et le célibat n'est-il pas dia

métralement opposé à tout ce qui est con

venable , honnête, bon , juste , saint ?— 0

Dieu ! faudra-t-il , au dix-neuvieme siècle ,

faire signer par... un Mingrat... un Reim-

baùer.... une pétition capable de décider nos

pontifes et nos législateurs au rappel d'une

pareille loi ?—Quand l'Écriture dit : Vous ne

séparerez pas ce que Dieu a uni, c'est de

l'homme et de la femme en général, du

mâle et de la femelle en général, et , par

suite, du moine comme de la cénobite, du

prêtre comme de la religieuse, qu'elle en-

Page 441: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

42^ Lfe VRAI MESSIE.

tend parler, plutôt que de ces prétendues

unions faites souvent par les convenances

et un prêtre , et dans lesquelles DIEU, la

vertu et le vrai bonheur des époux n'y ont

été pour rien : vraie caricature de la

sainte etprimitive institution de la nature.

On croit communément que le ma

riage n'a plus lieu dans l'autre vie, et que la

diversité des sexes s'efface entièrement. On

se trompe. Ce que l'union de l'homme et de

la femme a de grossier sur la terre, doit

sans doute disparaître; mais le mariage véri

table, ce lien sacré des cœurs et des âmes,

qui fait véritablement le bonheur de deux

êtres créés l'un pour l'autre, et dont nous

n'avons plus, en général , une idée assez

claire dans les temps de corruption où nous

vivons, doit toujours subsister : ce que

Dieu ajoint étant joint àjamais. S'il est

dit quelque part que dans le ciel on ne se

marie pas, cela ne s'enlend que des unions

telles qu'elles se font sur la terre, quand

tout est consulté, excepté DIEU et le bon

heur des hommes. Et s'il est dit que les

hommes sont dans le ciel comme les anges

de Dieu, cela signifie simplement que Va-

Page 442: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

' LE VRAI MESSIE. 429

rnour véritable suffira alors toutseulpour

unir éternellement ceux qui , vraies par

ties d'un tout, auront été créés les uns

pour les autres (i).

, Or, quand les premiers furent venus ,

ils croyaient recevoir davantage; mais

ils reçurent aussi chacun un denier. Et

l'ayant reçu, ils murmurèrent contre I0

père defamille , en disant : Ces derniers

n'ont travaillé qu'une heure, et tu les as

faits égaux à nous qui avons porté le

poids du jour et de la chaleur. Et il ré

pondit à l'un d'eux, et lui dit : Mon ami,

je ne tefais point de tort : n'as-tupas ac-

(1) Il est inutile de remarquer que cela n'empêche

pas que les globes matériels ne soient les seuls sémi

naires des cieux. Il faut que l'homme naisse deux

fois. Sur les globes , il naît selon la chair; et dans le

inonde universel, il naît selon l'esprit. On n'est point

homme par cela seul qu'on a des bras et des jambes ;

on n'est homme que par le désir du bien et la connais

sance du vrai. Dans le monde spirituel, on ne paraît

même sous une forme humaine qu'autant que l'on

connaît le SEIGNEUR, qui est l'unique source de toute

vie. Et donner naissance à de ces enfans spirituels (pie

le monde n'est point digne de voir, est la plus douce

jouissance des anges.

Page 443: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

43o LE VRAI MESSIE.

cordé avec moi à un denier? prends ce

qui est à toi et t'en vas. Sije veux donner

à ce dernier autant qu'à toi, ne m?est-il

pas permis défaire ce que je veux de mes

biens ? Ton œil doit-il être méchant , de ce

que\fe suis bon? (Saint Matthieu, xx, du

v. i0 au i5°").

De même que le PERE et le FILS sont

UN dans l'essence divine, de même les élus

seront un jour tous consommés dans l'uni

té. JÉSUS-CHRIST est dans le PÈRE, et le

PÈRE est en LUI ; et nous aussi , nous se

rons un jour plongés tout entiers dans cet

océan d'amour et de félicité. Seulement,

notre individualité nous restera, tandis que

le MOI de JÉSUS-CHRIST est le MOI per

sonnel de JÉHOVAH. Et n'était-il point ab

solument nécessaire que le CRÉATEUR

suivît un pareil plan , en établissant une so

ciété éternelle, infinie, et heureuse àja

mais! Serait-il bon, même en supposant que

cela serait possible, qu'il y eût plusieurs

JÉHOVAH; que d'autres êtres que LUI

fussent quelque chose par eux-mêmes ou

en eux-mêmes; que d'autres que lui fus

sent la source originaire de tout amour

Page 444: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

LE VRAI MESSIE. • fôl

et de tout bonheur? Ne 3uffit-il pas à une

créature quelconque de sesentir heureuse;

que ce soit elle qui agisse, ou que ce soit

DIEU qui agisse en elle? Non, il ne peut

ni ne doit y avoir qu'un seul JÉHOVAH,

qui sera tout en tous ; et tout le ciel

doit lui être soumis comme un seul homme.

Voyez ce qui se passe sur la terre, où les

hommes ne veulent pas être en DIEU. Lfen-

fer a-t-il des couleurs plus sombres que ces

scènes horribles que vous remarquez quel

quefois sur le théâtre du monde? Si DIEU,

dans la vie future, né réunissait tous les

cœurs et toutes les facultés dans l'uni

que nœudde son amour, une seulevolonté

non divine détruirait l'éternelle harmonie.

En entrant sans réserve dans les vues de

L'AMOUR ÉTERNEL, nous pouvons de

venir des dieux en Dieu, tandis quesi nous

voulions avoir la vie en propre, nous n'au

rions jamais pu être favorisés à ce point.

De plus , dans le plan adopté par le, CRÉA

TEUR, il peut admettre dans l'éternelle so

ciété une variété d'êtres à l'infini, sans

exciter par-là aucune jalousie, et sans pou

voir être accusé par aucun d'entre eux de

Page 445: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

432 LE VRAI MESSIE.

faire acception des personnes. Tous ses

dons lui restant en propre, un être moins

parfait en verra un autre plus parfait,

comme il voit DIEU lui-même; et aucun

ne se permettra de murmurer, comme fi

rent les serviteurs du père de famille de la

parabole dont nous venons de rapporter les

derniers versets :au contraire, chacun sera

heureux du bonheur de tous ses voisins. O

ciel! comme cet Évangile si peu connu est

toujours profond, philosophique, admirable,

divin, dans les petites choses comme dans

les grandes!

Alors JÉSUS parla aux troupes et à

ses disciples, en disant : Les Scribes et

les Pharisiens sont assis sur la chaire de

Moïse; toutes les choses donc qu'ils vous

disent d'observer^observez-les, et lesfaites,

mais non point leurs œuvres , parce qu'ils

disent et ne font pas; car ils lient en

semble des fardeaux pesans et insuppor

tables , et les mettent sur les épaules des

hommes ; mais ils ne veulent point les re

muer de leur doigt. Et ils font toutes

leurs œuvres pour être regardés des

hommes : ils portent de larges phylactères

Page 446: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

LE VRAI MESSIE. 4^3

et de longuesfranges à leurs vêtemens.

Ils aiment les premières places dans les

festins , et les premiers sièges dans les sy

nagogues ; et les salutations au marché ,

et d'être appelés des hommes, notre Maître,

notre Maître. Mais , pour vous , ne soyez

point appelés notre Maître; car CHRIST

seul est votre Maître. Pour vous, vous

êtes tous Frères. Et n'appelez personne

sur la terre votre Père ; car un seul est

votre PERE, lequel est dans les cieux. Ne

soyez pas non plus appelés Docteurs : car

CHRIST seul est votre Docteur. Que celui

qui est le plus grand entre vous soit votre

serviteur; car quiconque s'abaissera sera

élevé. Mais malheur à vous , Scribes et

Pharisiens hypocrites , * qui fermez le

royaume descieux aux hommes! carvous-

mémes n'y entrez pas, et vous ne souffrez

point que ceux qui désirent y entrer y

entrent. Malheur à vous , Scribes et Pha

risiens hypocrites, qui dévorez la maison

des veuves, même sous le prétexte défaire

de longues prières ! c'est pourquoi .vous

en recevrez une plus grande condamna

tion. Malheur à vous , Scribes et Phari

•9

Page 447: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

434 IE VRAI MESSIE.

siens hypocrites , qui courez la mer et la

terre pour faire un prosélyte , et apres

qu'il l'est devenu, vous le rendez Fils de

la géhenne deuxfois plus que vous ! Mal

heur à vous , Scribes et Pharisiens hypo

crites , qui payez la dîme de la menthe ,

de l'anet et du cumin, et qui laissez les

choses les plus importantes de la Loi^ la

justice , la fidélité et la miséricorde ! Il

fallait faire ces choses , et ne point

omettre celles-là. Conducteurs aveugles ,

vous coulez le moucheron et vous englou

tissez le chameaux. Malheur à vous,

Scribes et Pharisiens aveugles , car vous

êtes semblables aux sépulcres blanchis ,

qui paraissent beaux par dehors , mais

qui au dedant sont pleins d'ossemens

de morts et de toutes sortes d'ordures !

Vous paraissez justes par dehors aux

hommes ; mais au dedans vous êtes

pleins d'hypocrisie et d'iniquité. Malheur

à vous, Scribes et Pharisiens hypocrites!

car vous bâtissez les tombeaux des pro

phêtes , et vous réparez les sépulcres des

justes : et vous dites : Si nous avions été

du temps de nos pères, nous n'aurions

Page 448: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

LE VRAI MESSIE. 4^5

pas participé avec eux au meurtre des

prophêtes. Ainsi vous êtes témoins contre

vous-mêmes que vous êtes les enfans de

ceux qui ont fait mourir les prophêtes ;

vous achevez de remplir la mesure de

vos pères. Serpens et race de vipères ,

comment échapperez-vous au supplice de

la géhenne (Saint Matthieu , xxm , presque

en entier)? - .

Ceux qui prétendraient que l'Église chré

tienne n'a pas pu se corrompre entièrement,

devraient soutenir que l'Eglise israélite ne

le pouvait pas non plus : car elle était aussi

l'œuvre de DIEU (i). JÉSUS-CHRIST an

nonçait formellement la corruption future

et complète de l'Église qu'il fondait, en dé

clarant que dans les derniers temps il n'y

aurait plus ni foi ni charité : vertus sans

lesquelles toute Église n'est qu'un cadavre

infect. Il ne faut donc pas nous étonner

de voir une si grande ressemblance entre le

Clergé du siècle dernier et celui qui est ici

si fortement censuré par le SEIGNEUR ; et

(i) Dans le système d'une infaillibilité quelconque,

la foi n'eût jamais pu se perdre , ce qui pourtant est

contraire à l'Évangile.

J9-

Page 449: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

436 LE VRAI MESSIE.

aux mêmes caractères il nous faut recon

naître la même corruption de notre Église et

sa fin. Hélas! les temps modernes ne présen

taient-ils pas mêmeun caractère pluseffrayant

que ceux qui contristèrent JESUS-CHRTST ?

Pouvait-on dire encore, avec vérité, dans

ces derniers temps , en parlant de ceux qui se

donnaient pour les successeurs des apôtres,

ce que JÉSUS-CHRIST disait des prêtres

Juifs, qu'il fallait suivre leurs leçons et

non leurs exemples ? La doctrine elle-même

ne s'était-elle pas corrompue de mille ma

nières dans leur bouche? Et n'eût-on pas

été sacrilège par cela seul que l'on eût goûté

leurs doctrines ? Nos prêtres du dernier

siècle n'avaient -ils pas rejeté tout le far-

c deau de l'Etat sur les épaules du pauvre

ouvrier et du laboureur patient , englou

tissant eux-mêmes toutes les richesses, sans

vouloir contribuer aux charges publiques

pour une obole? Le Luxe, la Mollesse n'é

taient-ils pas devenus leur partage? Leurs

corporations immenses, et prétendues reli

gieuses, ne dévoraient-elles pas la substance

de la veuve et de l'orphelin, sous prétexte

de longues prières? Ne voulaient -ils pas

Page 450: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

LE VRAI MESSIE. 4%

avoir les premières places partout où ils

so présentaient , dans VÉglise comme dans

VEtat? Ne s'étaient-ils point fait appeler

Docteurs ? Ne s'étaient-ils point fait appeler

Pères? N'avaient-ils point eu l'impiété d'u

surper le titre sacré du SEIGNEUR lui-

même, trouvant celui de Maître trop insi

gnifiant? De toutes leurs corporations, la

plus fameuse, la plus orgueilleuse et la

plus intrigante, pour laquelle le nom de

Chrétien n'était plus une assez grande dis

tinction, n'avait-elle point pris le nom sacré

de Jésus, et ne l'a-t-elle point porté comme

si elle ne l'eût pris que dans l'unique inten

tion de le rendre odieux? Leurs chefs ro

mains n'avaient- ils point poussé l'audace

jusqu'à s'intituler Saintetés, faisant d'autres

saints à volonté, se faisant baiser la pous

sière des pieds, allant jusqu'à se faire ado

rer par une cérémonie sacrilège appelée

adoration du Pape ? Quelle étrange espèce

d'apôtres, juste ciel ! Et que leur manquait-

il donc, après avoir ainsi usurpé tous les

droits divins, en mettant leurs décisions

au-dessus de l'Évangile, que le titre même

de Dieu? Mais arrêtons-nous, et ne pous

Page 451: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

438 LE VRAI MESSIE.

sons pas plus loin un parallèle terrible qui

a frappé suffisamment tous les yeux.

JÉSUS-CHRIST se déclare ici notre SEUL

MAITRE, notre SEUL SEIGNEUR , notre

SEUL DOCTEUR, notre SEUL PÈRE. Et

en cela il n'usurpe rien; car le PERE qui

est aux cieux était en LUI, et il était

lui-même au Ciel et dans /ePERE, tout

en étant FILS DE L'HOMME sur la terre.

Pour nous, c'est-à-dire pour tous les êtres

créés , nous sommes tousfreres. Le plus ou

le moins de chanté et d'amour fait seul une

différence parmi les hommes. Et aucune

autre ambition n'est permise parmi eux, si

ce n'est que les pj*emiers pourront désirer

d'être les derniers.

Mais, ô ciel! pouvons-nous le dire? n'est-

ce point un blasphème? Ce JÉSUS lui-même,

que nous avons reconnu être le CRÉATEUR

du Ciel et de la terre , ce JÉSUS lui-même,

élevé par la nature de son Etre au-dessus

de toutes les créatures, n'est-il pas encore

notre FRÈRE? Ah! oui, cette vérité, vrai

mystère d'amour, n'en est pas moins une

vérité. L'Ecriture nous le dit : II n'a pas

craint de les appeler ses frères. Notre

Page 452: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

LE^VRAl MESSIE, 43g

CREATEUR est notre frère et notre ami;

et le respect seul nous empêche de lui don

ner des noms si doux à notre tour. Au lieu de

cela, nous l'appelons PÈRE, nom qui ne

respire ni moins d'intimité, ni moins de

tendresse. Oui, encore une fois , notre

CREATEUR est notre frère et notre ami ;

et c'est de LUI que nous devons apprendre

la douceur et Vhumilité. — Oh ! avec

quelle bonté, quelle simplicité touchante ce

CREATEUR incompréhensible ne doit-il

pas traiter les fortunés habitans des deux,

à en juger par sa condescendance pour les

Apôtres et pour les petits en fans qui se pres

saient autour de LUI sur la terre!

La dégradation héréditaire et graduelle

du genre humain pourrait se prouver par

la réflexion que fait ici JÉSUS-CHRIST aux

Scribes et aux Pharisiens, d'être les en/ans

de ceux qui ont tué les Prophètes; dégrada

lion toutefois qui ne leur eût point été im

putée, s'ils n'avaient point rempli eux-

mêmes la mesure de leurs pères. Mais une

telle digression nous mènerait trop loin, et

cette vérité est assez prouvée par le fait.

Quelques écrivains ont voulu voir de la

Page 453: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

44<> LE VRAI MESSIE.

dureté dans l'accusation d'hypocrisie si sou

vent répétée contre les Pharisiens; mais en

examinant tout le passage avec impartialité,

on n'y voit tout du long que la plus exacte

vérité, et le désir le plus ardent de montrer

, à ces infortunés le mal qui les consumait,

et dont ils ne s'apercevaient pas eux-mêmes.

JÉSUS-CHRIST était la VÉRITÉ; il devait

donc la dire1 la vérité; il devait la dire

tout entière, et sans aucuns ménagcmen shu-

mains. Ce n'était point, du reste, exclusive

ment aux individus vivant de son temps, que

le DIEU RÉDEMPTEUR s'adressait quand

il leur reprochait leur hypocrisie : c'est nous

qui sommes les vrais Pharisiens $ c'est nous

qui sommes les hypocrites véritables.

Si JÉSUS -CHRIST était la VÉRITÉ

MÊME, il était aussi l'AMOUR MÊME; et

on va voir si cet amour a su percer, à son

tour, dans les dernières paroles qui termi

nent tous ces reproches. .

Voici, je vous envoie des Prophêtes ,

et des Sages, et des Scribes; vous en tue

rez , vous en crucifierez , vous enfouette

rez dans vos synagogues , et vous les per

sécuterez de ville en ville , afin que vienne

k

Page 454: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

LE VRAI MESSIE. fâl

Sur vous tout le sang juste qui a été ré

pandu sur la terre , depuis le sang d'Abel

le juste, jusqu'au sang de Zacharie,fils

de Barachie , que vous avez tué entre le

temple et l'autel. En vérité , je vous dis

que toutes ces choses viendront sur cette

génération. Jérusalem , Jérusalem ! qui

tue les Prophêtes , et qui lapide ceux

qui te sont envoyés, combien de fois ai-je

voulu rassembler tes enfans, comme la

poule rassemble ses poussins sous ses

AILES, ET TU NE l'as POINT VOULU ! Voici ,

votre maison va devenir déserte; carje

vous disque désormais vous ne me verrez

plus jusqrfà ce que vous disiez : Béni soit

CELUI qui vient au NOM du SEIGNEUR

(Saint Matth., le reste du chapitre xxm)!

Les paroles touchantes que le SAUVEUR

adresse ici aux Juifs , il les adresse à chaque

homme en particulier. Hommes égarés,

nous dit-il à tous , combien defois vous ai-

je appelés au repentir? combien de fois

aije voulu vous réformer , vous créer de

nouveau, pour votre propre bien , pour

votre propre bonheur?Et... vous ne l'avez

point voulu!! Ces mêmes paroles, il lesa éga

19..

Page 455: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

442 LE VRAI MESSIE.

lement adressées, et depuis long-temps, à l'É

glise chrétienne tout entière, à cette Eglise,

à cette société chérie, qu'il s'était acquise

au prix de tout son sang. Avec quelle ar

deur, ô Ciel! il eût désiré qu'elle fût de-

meuréefidèle et chaste! avec quelle ardeur

il eût désiré qu'après ses égaremens , du

moins, elle fût retournée à lui! Et... elle

ne l'a point voulu (i)!

Aussi cette sentence terrible : V^oici,

votre maison va demeurer déserte , a-t-e!le

également enfin reçu son .accomplissement

sur elle? Car dans notre explication du cha

pitre suivant, on verra clairement que ce

qu'on appelle encore Église chrétienne dans

le monde, ne saurait plus être l'Église véri

table; que le second avènement doit déjà

être derrière nous, et que la société nou

velle, annoncée dans l'Apocalypse sous le

nom de Nouvelle Jérusalem , doit déjà

exister quelque part sur la terre.

(i) Tu ne l'as point voulu : quelle preuve de notre

liberté morale! Pendant toute l'éternité elle nous sera

conservée intacte : Dieu ne lui fera jamais d'autre vio

lence que celle de ses exemples de bonté, de charité

et de douceur.

Y

Page 456: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

le Vrai messie, ffi

Béni soit CELUI qui vient au NOM du

SEIGNEUR, en langue de la nature, signifie :

honneur et gloire à DIEU CRÉATEUR,

devenant aussi RÉDEMPTEUR. Nom

veut dire Essence; et VÉtre qui vient au

nom de JÉHOVAH, ne peut être que JÉ-

HOVAH lui-même. Les Juifs ne retrouve

ront ce JÉHOVAH qui autrefois leur était

si cher, que quand ils le reconnaîtront

dans la personne du CHRIST. Et les Chr-é*

tiens modernes , plus loin encore de la vé

rité que les infortunés enfans dAbraham,

ne trouveront le Dieu métaphysique et in-

, saisissable qu'ils poursuivent avec les

déistes, que du moment que, reconnaissant

que ce Dieu s'est PERSONNIFIÉ et rendu

ABORDABLE sur notre globe, ils s'écrie

ront avec un saint ravissement : Hosanna

au FILS DE DAVID ! Béni soit CELUI qui

est venu au nom du SEIGNEUR!

On remarquera que la preuve de la divi

nité afoo/«e de JÉSUS-CHRIST, que l'on

peut tirer de la déclaration qu'il fait, que

c'est lui-même qui envoie des Prophêtes au

genre humain, appartient à la première

partie de cet ouvrage. On remarquera aussi

Page 457: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

444 LE VRAI MESSIE.

que le mépris, là persécution , les souf

frances , et une mort plus ou moins vio

lente, ont toujours été les marques aux

quelles on a reconnu les vrais apôtres de

JÉSUS -CHRIST; car pour les faux pro

phètes, ils sont plus heureux, ils demeurent

dans les maisons des Pois.

Et comme JÉSUS sortait du temple , et

s'en allait , ses disciples s'approchèrent

de lui pour luifaire remarquer la beauté

de l'édifice. EtJÉSUS leur dit : Voyez^vous

bien toutes ces choses ? En méritéyje vous

dis qu'il ne sera pas laissé ici pierre sur

pierre qui ne soit démolie. Puis, s'étant

assis sur la montagne des Oliviers , ses

disciples vinrent à lui en particulier , et

lui dirent : Dis-nous quand toutes ces

choses arriveront , et quel sera le signal

de ton avènement et de lafin du monde ?

Et JÉSUS, répondant, leur dit : Prenez

garde que personne ne vous séduise , car

plusieurs viendront en mon nom, disant :

Je suis le Christ; et ils en séduiront plu

sieurs. Et vous entendrez des guerres et

des bruits de guerre; mais prenez garde

que vous n'en soyez point troublés \ car il

\

Page 458: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

LE VRAI MESSIE. ^4$

faut que toutes ces choses arrivent, Mais

ce ne sera pas encore lafin; car une na*

tion s'élevera contre une autre nation, et

un royaume contre un autre royaume , et

ily aura desfamines et des pestes et des

tremblemens de terre en divers lieux.

Mais toutes ces choses ne seront qu'un

commencement de douleurs. Alors ils vous

livreront pour être affligés , et ils vous

tueront; et vous serez haïs de toutes les

nations à cause de mon nom. Alors plu

sieurs seront scandalisés et se trahiront

l'un l'autre; et il s'élevera plusieursfaux

prophêtes qui en séduiront plusieurs. Et

parce que l'iniquité sera multipliée, la

charité de plusieurs se refroidira: mais

qui aura persévéréjusqu'à lafin , celui-là

sera sauvé. Et cet Évangile du royaume

seraprêché dans toute la terre habitable^

pour servir de témoignage à toutes les

nations; et alors viendra lafin. Or, quand

vous verrez l'abomination de la désola*

tion qui a été prédite par Daniel le pro

phête, être établie dans le lieu saint {que

celui qui le lit y fasse bien attention);

alors que ceux qui seront ^en Judée s'en

Page 459: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

44^> iE VRAI MESSIE.

fuient aux montagnes; et que celui qui

sera sur la maison ne descende pointpour

emporter quoi que ce soit de sa maison;

et que celui qui est aux champs ne re

tourne point en arrière pour emporter ses

habits. Mais malheur aux femmes en

ceintes et à celles qui allaiteront en ces

jours-là ! Priez, afin que votre fuite ne

soit point en hiver, ni en un jour de sab

bat; car alors il y aura une grande af

fliction, telle quHl n'y en a point eu de

semblable depuis le commencement du

monde jusqu'à maintenant, ni il n'y en

aura plus de telle. Et si cesjours-là n'eus*

sent été abrégés , il n'y eût eu personne

de sauvé; mais à cause des élus , cesjours-

là servnt abrégés. Alors si quelqu'un vous

dit : Voici, le CHRIST est ici, ou il est là,

ne le croyez point, car il s'élèvera defaux

Christ et defaux prophêtes, qui feront

de grands prodiges et des miracles pour

séduire même les élus , si cela était pos

sible. Voici, je vous l'ai prédit. Si donc

on vous dit : Voici, il est au désert, ne

sortez point ; voici, il est dans le lieu le

._-.-£&« retiré de' la maison, ne le croyez

Page 460: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

LE VRAI MESSIE. 44^

point : car comme l'éclair sort de l'orient

et sefait voir jusqu'à l'occident , il en

sera de même de l'avenement du FILS DE

L'HOMME : là où sera le corps mort, là

s'assembleront les aigles. Or, aussitôt

après l'affliction de cesjours-là , le soleil

deviendra obscur, et ta luhe ne donnera

point sa lumière, et les étoiles tomberont

du Ciel, et les vertus des cieux seront

ébranlées. Alors le signe du FILS DE

L'HOMME paraîtra dans le Ciel ; alors

aussi toutes les tribus de la terre se la

menteront en sefrappant la poitrine, et

verront le FILS DE L'HOMME venant

dans les nuées du Ciel avec une grande

puissance et une grande gloire. Et il en

verra les anges qui, avec un son éclatant

de la trompette, assembleront les élus des

quatre vents , depuis l'un des bouts des

deuxjusqu'à l'autre bout. Or, apprenez

cette similitude prise du figuier: quand

ses branches sont déjà en sève, et qu'il

pousse desfeuilles , vous connaissez que

l'été est proche. De même , quand vous

verrez toutes oes choses, sachez que le

FILS DE L'HOMME estproche et qu'il est à

Page 461: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

448 LE VRAI MESSIE.

la porte. En vérité, je vous dis que cette

génération nepassera point que toutes ces

choses ne soient arrivées. Le Ciel et la

terre passeront; mais mes paroles ne pas

seront points Quant à ce jour-là, et à

l'heure > personne ne lesait, non pas même

les anges du Ciel, mais mon PÈRE seul.

Mais comme il en était auxjours de Noé,

il en sera de même de l'avènement du FILS

DE L'HOMME : car comme aux jours

avant le déluge, les hommes mangeaient

et buvaient, se mariaient et donnaient

leurs enfans en mariage , jusqu'au jour

que Noé entra dans l'arche, et ils ne

connurent point que le déluge viendrait,

jusqu'à ce qu'il vint et les emporta tous;

il en sera absolument de même de l'avene

ment du FILS DE L'HOMME. Alors deux

hommes seront dans un champ : Vun sera

pris , l'autre laissé; deux femmes mou

dront au moulin : l'une sera prise et

l'autre laissée. Veillez donc^ car vous ne

savez à quelle heure votre SEIGNEUR

doit arriver. Sachez que si un père defa^

mille savait à quelle veille de la nuit le

larron doit venir, il veillerait et ne lais

Page 462: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

LE VRAI MESSIE. , 449

serait point percersa maison. C'est pour

quoi vous aussi tenez-vous prêts; car le

FILS DE L'HOMME viendra à l'heure oh

vous n'y penserez pas. Qui est le servi

teur prudent et fidèle que son maître éta

blit sur tous ses serviteurs pour leur don

ner la nourriture dans le temps qu'ilfaut?

Bienheureux est ce serviteur que son

maître, enari'ivant, trouvera agirde cette

maniere; en vérité, je vous dis qu'il l'é

tablira sur tous ses biens. Mais si c'est un

méchant serviteur qui dise en soi-même :

Mon maître tarde de venir, et qu'il se

mette à battre ses compagnons de service,

et à manger et à boire avec les ivrognes,

le maître de ce serviteur viendra aujour

qu'il ne l'attend pas et à l'heure qu'il ne

sait point; et il le séparera et le mettra

au rang des hypocrites : là il y aura des

pleurs et des grincemens de dents (Saint

Matth. xxiv).

Nous avons rapporté ce chapitre tout au

long, à cause de son importance à l'époque

où nous vivons. Examinons-le attentivement,

dans l'esprit quia présidé jusqu'ici à nos re

cherches, et un nouvel horizon se découvrira

Page 463: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

45o LE VRAI MESSIE.

devant nous; nous verrons paraître comme

un nouveau ciel et une nouvelle terre.

Avant de commencer , remarquons la

signification d'un certain nombre de mots

emblématiques employés dans ce passage ,

afin de montrer clairement au lecteur qu'il

ne faut point ici s'arrêter au sens naturel.

La lune , par opposition au soleil , est une

société qui reçoit un certain nombre de

vérités divines, et les propage; comme

l'astre de la nuit recoit sa lumière du

soleil , et la réfléchit sur la terre. Il n'est

point du tout rare que lune signifie

Eglise, on foi dans les Saintes-Écritures,

C'est ainsi que ce mot est pris par David

chaque fois qu'il déclare que la lune doit

passer ,qu elle doit disparaître , par oppo

sition au soleil qui doit demeurer toujours.

La lune, par Vaccroissement et le décaisse

ment de ses phases , rappelleTétat depros

périté ou de décadence des églises par

ticulières; ce qu'il était pour le moins aussi

intéressant de constater par un emblème na

turel, qu'il l'était de marquer la durée de la

vie des hommes et des empires. Ciel est une

Église céleste ; terre une Église terrestre;

Page 464: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

LE VRAI MESSIE. /{Si

car on sousenterid la terre de Canaan.

Il est absurde de supposer que le firmament

visible et la terre habitable soient jamais dé

truits , certaines personnes, comme on vient

de le voir, devant être laissées ici-bas. Le

signe du FILS DE L'HOMME dans le ciel

n'est point une croix dans la région stel-

laire,ou dans les nuages, visible auxfeux

des mortels, comme les esprits moqueurs

dont parle le prophète, pouvaient seuls

chercher à lefaire accroire à des hommes

faibles , mais bien un signal que les anges

verront exclusivement dans le ciel véri

table qu'ils habitent , et par où ils compren

dront que le moment est venu où, par leurs

soins, la Jérusalem céleste doit descendre

sur la terre delà part de Dieu. Quant aux

mortels dont la double ou la triple vue n'est

point ouverte, ils ne verront le FILS DE

L'HOMME que dans les nuées ; c'est-à-dire,

que leurs égaremens et leurs malheurs qui

sont annoncés ici par les lamentations de

toutes les tribus de la terre , lesforceront

à la fin à reconnaître le Dieu de toute con

solation dans ce héros de l'Évangile, dont

ils auront long-temps parlé sans le bien con

Page 465: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

45 2 LE VRAI MESSIE.

naître et dont ils auront lu, pendant des

siècles la parole sans la bien comprendre ,

à cause du voile ou du nuage qui la couvre

quand c'est l'œil du préjugé on de l'igno

rance qui la contemple. Les quatre vents

sont les esprits qui sont plus ou moins

dans Vamour de Dieu, et ceux qui sont

plus ou moins dans la divine vérité. Les

bouts des cieux représentent ceux des habi-

tans célestes qui sont les plus parfaits, et

ceux qui sont les moins parfaits. Enfin, si les

significations emblématiques du son de la

trompette^ du grincement des dents, du

figuier, et du serviteur qui bat ses compa

gnons et boit avec les ivrognes, ne nous

sont connus que d'une manière vague , au

moins savons-nous , à n'en pouvoir douter,

que ces significations existent, et qu'elles doi-

ven t avoir un rapport direct, lâpremière avec

le rassemblement des en fans de Dieu, la se

conde avec les divers genres desouffrances

des méchans, et la troisèmea\ec l'appropria

tion ou la réfection des vrais biens et la

falsification des vérités divines (i).

(i) Voir l'examen des mots manger et boire dans

notre Introduction,

Page 466: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

LE VRAI MESSIE. 453

Nous ajouterons seulement encore ici par

anticipation, que cette comparaison du dé

veloppement graduel du figuier comme

signe de la proximitéde l'été, avec l'arri

vée du FILS DE L'HOMME, montre claire

ment que tous les différens signes de son

apparition ne devaient être que des signes

moraux, qu'il faudrait reconnaître par les

seulesfoi-ces de la raison, et non autant de

prodiges visibles dans l'atmosphère ter

restre. Entrons en matière.

Au commencement de ce chapitre ,' on

voit que les apôtres avaient fini , à la longue,

par s'accoutumer à entendre parler à leur

MAITRE la langue de la nature. Quand ils

lui eurent montré le temple, et qu'il leur

eut déclaré qu'il n'y resterait pas pierre sur

pierre, ils avaient , ce semble , clairement

compris que le temple signifiait VEglise , et

les pierres les vérités delàfoi, qui devaient

entièrement périra la fin des temps, puis

qu'ils lui demandèrent aussitôt ijuand au

raient lieu son second avènement et la

consommation du siècle. lisse rappelaient

sans doute cette autre déclaration figurée :

Détruisez ce temple, et dans trois joursfe

Page 467: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

454 LE VRAI MESSIE.

le rebâtirai , quand par temple il fallait en

tendre le corps de JÉSUS- CHRIST et îe

verbe lui-même, ou la divine vérité révélée

aux hommes. Ce n'était point, en effet, le

temple matériel de Jérusalem qui devait

beaucoup occuper ce SEIGNEUR. Appor

tons donc la même intelligence à l'examen

de ces importantes prédictions, et saisissons-

en le vrai sens, afin que personne ne nous

séduise. Ceux qui nous appellent et qui nous

disent, venez^ le Christ est ici, sont ceux

quiprétendent nous expliquerl'Evangile,

mais qui ne le comprennent point eux-

mêmes : ne les écoutons pas. Par guerres et

bruits de guerres , n'entendons pas l'expé

dition toute matérielle de Tite contre Jé

rusalem , mais bien des divisions et des dis

putes dans l'Église chrétienne ^lesquelles

se sont montrées effectivement aussitôt

après la mort de son AUTEUR. Ne nous ef-

frayonspoint,en outre, de tous ces malheurs,

quoique plus terribles mille fois que des ba

tailles et des sacs.de villes, car ilfaut que

tout icela arrive auparavant. Tous ces

(liveee aeaildaies, Poflreun fondamentale

nièmo'smr Nullité absolue de JEHOVAH,

Page 468: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

l'e vrai messie. 455

la bonté divine saura les faire tourner enfin

à l'utilité du genre humain. En rencontrant

toutes ces choses inconcevables dans les

Saintes-Écritures, et ces disputes plus in

concevables encore parmi les premiers sec

tateurs du CHRIST , on sera forcé d'étudier

l'Évangile plus à fond, de mieux considérer

la parole de Dieu sous toutes ses faces; et la

vérité, ainsi découverte, n'en deviendra à la

fin que plus inébranlable; la vérité n'en sera

que d'autant plus lumineuse après que

Verreur aura prévalu.

Les pestes sont les mauvais exemples

et les mauvaises doctrines ; les famines ,

l'ignorance, l'oubli de l'Évangile, la rareté

de la parole de Dieu; les tremblemens de

terre sont des commotions générales dans

l'Eglise; les soulèvemens des royaumes

études nations , la subversion de tous les

principes du Christianisme; la génération,

enfin , qui ne doit point passer que tout ne

soit arrivé, c'est le peuple juif en entier, et

non pas uniquement les familles qui vivaient

du tempsdu SEIGNEUR. Le mot de généra

tion est souvent employé, en ce seus dans

l'Évangile : témoins ces expressions , gêné

Page 469: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

456 SE VRAI MESSIE.

ration méchante, génération adulter .

Et comme toutes ces choses ne pouvaient

évidemment avoir lieu du vivant même des

apôtres, JÉSUS-CHRIST, dans leur per

sonne, s'adressait à tous ses disciples, même

à ceux qui n'existaient pas encore, et pour

lesquels il priait d'avance quand il disait :

PERE SAINT, je ne te conjure pas seule

mentpour ceux-ci^ mais encorepour tous

ceux qui par leurs prédications croiront

e«;MOI (i).

Tel est^le sens général des importantes

prédictions du SEIGNEUR que l'on trouve

dans ce chapitre, quand on s'élève à la hau

teur du langage de la nature.

Jetons maintenant un regard impartial

sur l'histoire, et voyons si nous pourrons

(i) Nous pouvons remarquer ici en note, de crainte que

l'occasion ne s'en représente plus , que tous les dis

cours de JÉSUS - CHRIST s'adressaient plutôt au

genre humain en entier, qu'à ses seuls apôtres , les

quels , depuis Pierre, jusqu'à Judas , n'étaient que les

emblèmes de toutes les nuances d'Églises ou sociétés

chrétiennes possibles. La promesse du Saint-Esprit,

ou des lumières d'en haut, en particulier, a évidem

ment plutôt été faite à la chrétienté en masse , qu'aux

douze pécheurs exclusivement.

\

Page 470: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

LE VRAI MESSIE. 4^7

méconnaître un seul instant que toutes ces

choses, ainsi comprises, n'aient été réelle

ment déjà accomplies, que tous les mal

heurs prédits ne soient venus réellement

fondre sur l'Église, et que par conséquent

la fin ou la consommation n'ait dû les

suivre de près.

Parmi tant de sociétés qui prétendent

aujourd'hui que CHRIST est avec elles ,

où est celle qui puisse le prétendre avec la

moindre couleur de vérité? N'était-il point

dit que la véritable Église n'offrirait

plus qu'une seule bergerie, tandis que

nous avons vu toutes les sociétés chrétiennes

modernes, divisées enfactions, se damner

les unes les autres ? N'était-il point dit que

dans la véritable Église il n'y aurait

qu'un seul paîteur, tandis que nous avons

vu chez les Chrétiens de ces derniers

temps autant de chefs particuliers qu'ils

offraient de séparations de fait ? D'un

autre coté, la fin ou la consommation ne

devait-elle pas arriver aussitôt que VÉvan

gile du royaume, c'est-à-dire,/» nouvelle

du règne de DIEU sur la terre, aurait été

20

Page 471: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

458 LE VRAI MESSIE.

annoncée à toute la terre habitable ? Et

depuis la découverte et la transformation de

VAmérique, cette disposition n'était-elle

pas suffisamment remplie? Où est la contrée

qui n'ait point entendu invoquer le nom de

JÉSUS-CHRIST, qui n'ait point été teinte

du sang de quelque apôtre, qui n'ait point

vu le frère divisé contre le frère, les enfans

contre les pères, et les pères contre les en-

fans? Et où est par conséquent la contrée

sur la terre habitable, qui ne soit point

prête à reconnaître sans restriction son RÉ

DEMPTEUR, dés que, mettant de côté

toutes les disputes absurdes, on le lui an

noncera tel qu'il était véritablement, savoir ,

JÉHOVAH en personne , établissant parmi

les enfans des hommes, non d'interminables

dissentions et des haines sacrées, mais son

règne éternel de paix, d'amour et de

bonheur?

Il n'est donc guère possible de se tromper

de beaucoup sur l'époque réelle du second

avènement.

Les réformes opérées dans le seizième

siècle ont paru à quelques-uns avoir été un

Page 472: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

LE VRAI MESSIE. 4^9

acheminement vers ce grand événement;

Dieu faisant servir les passions humaines

elles-mêmes à l'accomplissement de ses des

seins. Ne nous y trompons pas toutefois; ce

n'a pas dû être uneforce humaine, ni phy

sique ni morale, qui a dû renouveler

l'œuvre de Dieu parmi nous. Il en est de

cette œuvre tout entière comme de la

révélation particulière qui en annonçait la

restauration. Celui qui avait dicté cette pro

phétie énigmatique, cette révélation vrai

ment obscure appelée Apocalypse , et qui

annonçait une Jérusalem nouvelle pour

l'époque de l'entière corruption de l'Église

ancienne, pouvait aussi seul en donner le

mot. De quel droit un faible mortel oserait-

il se mêler de diriger la marche de Dieu

RÉDEMPTEUR dans sa grande œuvre; de

ce Dieu dont chaque pensée , chaque pas

est un infini, si lui-même ne l'y invite? Ou

comment un faible mortel oserait-il mettre

la main à un plan calculé depuis le commen

cement du monde, pour déjouer toutes les

ruses de l'universalité des êtres dégradés, si

le CRÉATEUR en personne ne lui saisit et

Page 473: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

46o LU VRAI MESSIE.

ne lui dirige la main? C'est donc DIEU lui-

même qui a dû retoucher à son ouvrage.

Et s'il a voulu se servir dela faiblesse de quel"

que mortel, ce dernier n'a dû être entre ses

mainsqu'un instrumentauxj/J faisant lebien,

incapable de faire le mal , comme l'ont été

les envoyés de Dieu dans tous les temps.

Que si on nous demande, avec uhe sur

prise fort naturelle sans doute, comment

un aussi grand événement, un événement

dont les suites du moins doivent changer

l'univers , aurait pu passer, jusqu'à ce jour,

inaperçu, nous répondrons que c'est parce

que l'univers a des yeux et qu'il ne voit

pas, qu'il a des oreilles et qu'il n'entend

pas, et que son cœur est appesanti au point

qu'il ne connaît et qu'il n'aperçoit que les

vanités de la terre. Serait-il étonnant, en

effet, que la transaction que l'Évangile ap

pelle le second avènement du SEIGNEUR,

eût pu lieu, et fût accomplie dans toutes ses

parties, sans que jusqu'ici des hommes de

plaisir s'en fussent doutés? Le règne du

CHRIST ne devait point venir d'une ma

nière éclatante ni extraordinaire (Saint

Page 474: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

BjE VRAI MESSIE. fôt

Luc, xvii, 20). On ne devait point pou

voir dire, le CHRIST est ici, le CHRIST est

là. Sa lumière devait paraître comme un

éclair (frappant plutôt les yeux de l'âme

que ceux du corps), depuis l'orient jus

qu'à l'occident. Personne ne devait savoir

le jour ni l'heure -, afin que l'on se tint

toujours prêt , et afin qu'aucun être ne pût

se rendre coupable de l'entreprise sacrilège

de vouloir contrarier les desseins de L'A

MOUR ÉTERNEL. Le SEIGNEUR devait

arriver comme un voleur ( i ) (Apoc. xvi >,

i5)./II devait se présenter à minuit, au

moment oit personne ne l'attendait. On

devait être attentifet se tenir bien sur ses

gardes.,pour ne point méconnaître le FILS

(1 j De crainte que ce mot de valeur ne choque

une ignorance orgueilleuse , nous devons dire que >

par cette expression emblématique, lé SEIGNEUR

prédit qu'il convaincra tous ceux qui voudront s'ap

puyer sur leurs prétendues vertus et bonnes œuvres,

que rien de tout cela ne leur appartient en propre;

mais que tout ce qui est bon, vrai ajuste, est à Dieu

et de Dieu. Le plus grand des saints n'aura , eu effet,

que le mérite d'avoir voulu être un instrument du

bien , d'avoir voulu être heureux.

Page 475: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

462 LE VRAI MESSIE.

DEL'HOMME; et les personnes inattenti

ves devaient le méconnaître nécessairement.

Comme auxjours de Loth, et comme aux

jours de Noé (autres époques de renou

vellement ET DE RESTAURATION ) , les

hommes devaient manger et boire , se ma

rier', et donner leurs en/ans en mariage ,

et ne pas plus s'occuper de la venue du

SEIGNEUR que si elle ne dût jamais avoir

lieu. Eh! n'en avait-il pas déjà été de même

lors du premier établissement du Christia

nisme? Quand le CRÉATEUR s'est montré

en chair sur notre globe , sa présence était-

elle si apparente que personne ne pût s'y

méprendre? JEHOVAH ne s'était-il pas au

contraire voilé , de manière à pouvoir être

méconnu de tout le monde? Quand le

CHRIST prêchait son paisible Évangile dans

un coin de la Judée , l'univers s'en doutait-

il? Ne sait-on pas que ceux7là même qui

approchaient le SEIGNEUR de près, et vi

vaient avec lui comme des enfans vivent

avec leur père, étaient encore à se demander

qui il était ? Ne sait-on pas que ce n'a été

proprement que long-temps après la mort

Page 476: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

LE VRAI MESSIE. 4^3

du RÉDEMPTEUR, qu'on a commencé dans

l'univers à reconnaître plus ou moins obscu

rément sa Divinité; et qu'au bout de dix-

huit siècles oh s'avise seulement de soup

çonner toute la profondeur du mystère

d'amour de JÉHOVAH visitant en per

sonne des enfans encore incapables de le

reconnaître? Il faudrait ignorer les pre

miers élémens de l'histoire , pour ne point

savoir que le premier avènement lui-même

n'est devenu réellement apparent dans le

monde qu'à l'époque où le monde s'est vu

changé. A plus forte raison donc en, a-t-il

dû être de même au second avènement, où

aucune apparition en chair ne pouvait ni ne

devait plus avoir lieu, quand la Parole

devait être elle-même le VERBE, l'Évan

gile lui-même le FILS DE L'HOMME.

Mais ne poussons pas plus loin ces raison-

nemens. Les ecclésiastiques du jour eux-

mêmes nous en dispensent. Ils se plaignent

aujourd'hui en masse* qu'il n'y a plus ni

foi ni charité sur la terre; nos prédicateurs

l'annoncent à qui veut l'entendre. Les der

niers temps sont donc venus de leur propre

Page 477: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

464 1E VRAI MESSIE.

aveu! la consommation est donc accom~

plie de leur propre aveu ! Et il ne s'agit

plusque.de savoir à quelle époque, au juste,

la foi et la charité' se sont éteintes; à

quelle époque le soleil s'est obscurci, faute

de la connaissance du vrai Dieu; à quelle

époque la lune a refusé sa lumière, par

Vignorance qui a éclipsé l'Église, à quelle

époque les étoiles sont tombées du Ciel,

par la perte successive de tous les vrais

principes.

Que le lecteur se rappelle un peu l'his

toire, et qu'il juge. Avoir tout ce qui s'est

passé depuis une centaine d'années, et ce

qui se passe encore tous les jours , peut-on

méconnaître un seul instant que nous n'ayons

passé réellement depuis long -temps par

tous les malheurs prédits, et que le renou

vellement n'ait dû les suivre de près? Et ici,

il faut le rappeler, nous ne parlons point de

bouleversemens civils ni de révolutions

funestes dans les. États, fléaux purement

matériels , et simples emblèmes, des ravages

intimes qui se font dans les âmes. Nous

parlons ici de nos malheurs réels, parce

^ X

Page 478: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

LE VRAI MESSIE. 465

qu'ils sont spirituels , et entraînent des

suites éternelles. Ce n'est point d'ailleurs

comparativement à d'autres horreurs de

siècles encore plus barbares, que nous de

vons juger de nos misères, mais bien d'après

les grâces insignes, les faveurs extraordi

naires et les secours divins que nous avons

reçus du Ciel, -et l'abus que nous en avons

fait. Quand on pense que le CRÉATEUR,

l'ÊTRE des. ÊTRES, que JÉHOVAH, en un

mot, a bien voulu paraître en personne au

milieu de nous, pour établir sur la terre une

société parfaite, et se former un peuple

digne de lui, et que l'on voit qu'après dix-

huit siècles toutes ses démarches, tous ses

exemples, ses souffrances et sa mort lamen

table n'ont encore produit parmi nous que

la haine, les divisions , les schismes, les

persécutions, le fanatisme et l'établissement

sacrilège d'une autorité toute terrestre ,

toute mondaine, à qui souvent une seule

couronne ne suffisait plus , à qui il en

fallait trois posées les unes sur les autres,

contraste effrayant avec la couronne d'é

pines de CELUI qui refusa d'être Roi ,

Page 479: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

466 LE VRAI MESSIE.

autorité véritablement infernale, qui, plus

ou moins chez toutes les sectes, ne faisait

servir les choses saintes qu'au faste , à l'am

bition , à la domination sur des frères ,

et à la tyrannie des consciences; on doit

bien s'écrier : ô Dieu, nous avez -vous ré

servés à voir nous-mêmes ces malheurs

tels qu'il rty en avait point eu depuis le

commencement , et tels qriïl ne doit plus

s'en représenter? Nous avez-vous réservés

à voir de nos propresyeux /'abomination

de la désolation dans le lieu saint (i)?

Non, ce n'est point sans raison que le

SEIGNEUR a dit : Que ùelui qui lit Daniel

(i) Nous protestons dela manière la plus solennelle

que nous ne parlons point ici des individus , mais de

tous les chefs d'églises pris en masse. Nous savons

que l'esprit de Rome, même a singulièrement changé

depuis le seizième siècle. Et ce ne sera qu'aujourd'hui

que l'on pourra voir définitivement si la papauté

aura été plutôt un mal qu'un bien.pour l'univers. Un

pape du siècle dés lumières peut évidemment faire au

tant de bien à la chrétienté , que le plus égaré de ses

prédécesseurs lui a fait de mal. Tout cela dépendra de

la manière* dont on accueillera à Rome la Nouvelle

Dispensalion.

Page 480: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

LE VRAI MESSIE. '4^7

yfasse bien attention , et comprenne bien

ce prophête : l'application de cette pro

phétie devait être d'autant plus difficile à

faire , que, par un jugement terrible, elle

devait s'appliquer précisément à ceux qui

s'en douteraient le moins. .

Que faire donc? demanderont ici quelques

-hommes de bonne volonté, comme les pre

miers fidèles le demandèrent aux apôtres :

Hommes frères , qu'exigez-vous de nous?

Que faire? Écouter le SEIGNEUR et non les

hommes; sortirde Babylone et de sa corrup

tion, et chercher laface du Dieu de Jacob

avec uncœurcontrit et humilié; voir l'Église

véritable dans la foi à la divinité absolue du

SAUVEUR, dans la conversion du cœur,

et dans la perfection évangélique prise

dans le sens le plus strict et le plus noble,

plutôt que dans d'absurdes disputes sur la

foi, aux dépens de la charité, ou dans une

variété de cérémonies extérieures. Que

ceux qui se trouvent dans la Judéefuient

aux montagnes. Quittez ce temple aban

donné par le SEIGNEUR; quittez une église

qui n'en est plus une; cherchez l'église inté.

Page 481: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

468 LE VRAI MESSIE.

rieure , qui n'est qu'AMOUR : soyez vous-

même une église tout entière pour le SEI

GNEUR; que votre corps soit le temple, et

votre cœur l'autel. Le désert est une église

sans bonnes œuvres , n'y allez pas. Le lieu

le plus retiré de la maison est une église

sansfranchise, pleine de subtilités et de

mystères; n'y entrez point. Que celui qui

est dans sa maison ne descende point ; que

celui qui est dans les champs ne retourne

point en arrière. Si vous avez des convic

tions personnelles puisées immédiatement

dans l'Évangile, qui forment un système '

solide et lié dans toutes ses parties comme

un superbe édifice bâti sur le roc, n'écoutez

plus les vaines arguties de l'école , laquelle

dit eiNE fait pas. Si vous êtes sérieusement

occupé à faire le bien, à couvrir la honte

de votre nudité, et à vous préparer conve

nablement pour aller à la rencontre de l'É

poux, ne tournez point la tête en arrière;

car celui quia mis la main à la charrue,

et se détourne, n'est point propre au

royaume des dieux. La oie est le corps

mort, là les aigles s'assembleront. Si vous

Page 482: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

LE VRAI MESSIE- '. ^6q

êtes capables de vous élever à cette hauteur

de vue chrétienne qui vous permette de re

connaître que le SEIGNEUR a été de nou

veau crucifié dans son église , qu'il y est

mort de nouveau; alops vous irez à lui)

vous vous assemblerez autour de iui^ et

pour vous il sera plus que jamais le Dieu

VIVANT et éternellement fidèle aux

siens (i). Mais que votrefuite n'ait point

(i) Nous savons tout ce que l'on 'peut dire contre

cette manière nouvelle d'expliquer l'emblème du

corps mort. Nous nous y tiendrons, toutefois, jusqu'à

ce qu'on nous ait fourni une explication plus satis

faisante. Le corps du SEIGNEUR dans le sépulcre, sur

le Calvaire, a lui-même figuré l'extinction de l'Église

ancienne; et le mot grec irrafta que l'on rend d'ordi

naire par corps mort, et même par cadavre, ne si

gnifie, dans la réalité, qu'une chose renversée, et peut

rappeler tout aussi bien l'extinction de lafoi et de la

charité , tjue l'on sait être une crucifixion et une mort

du Seigneur dans les cœurs. Quant aux aigles , ils dé

signent incontestablement plutôt ces personnes in

telligentes parmi les hommes naturels qui, à la lueur

de l'éclair, devaient reconnaître la venue du FILS DE

L'HOMME , qu'ils ne représentent les enseignes ro- .

maines et les aigles de Tite, lors de la 'destruction

matérielle de Jérusalem.

Page 483: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

47« ^E VRAI MESSIE.

lieu en hiver ; car si la charité est éteinte

en vous , vous courrez en vain. Qu'elle

n'ait point lieu au jour du sabbat. Si la

semaine du travail est passée , et si vous

vous mposez sur vqs œuvres et votre mé

rite, vous n'êtes point digne d'augmenter

le nombre des enfans du royaume. Malheur

auxfemmes enceintes et à celles qui nour

riront en ce temps-là! Malheur à vous,

si vousfomentez des.passions injustes y si

vous nourrissez des desseins criminels , si

chaque moment voit éclore parmi vous de

nouvelles haines, de nouveaux désordres;

si vous n'établissez , pour ainsi dire, des so

ciétés et des églises particulières , que pour

mieux tyranniser, pour mieux écraser les au

tres ; car ni les médisans , ni les menteurs,

ni les avares , ni les fornicateurs , ni les

adultères , ni tous ceux qui aiment ou

commettent l'iniquité , n'entreront dans

le royaume des cieux !

Il est plus qu'évident que JÉSUS-CHRIST

n'entendait poùft parler en cet endroit de

vraies nourrices et de véritables mères

de famille. Ces femmes enceintes et qui

r^v

Page 484: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

LE VRAI MESSIE. 47 t

allaitent , ne sont, dans la réalité , que des

églises particulières : ce sont les filles de

Sion , lesfilles de Jérusalem , les filles de

Tjr et de Babylone devenues misérables ,

les femmes infidèles et adultères , en un

mot , de tous les temps. Et si au siège de la

capitale de Judée, des mères infortunées ont

dévoré effectivement leurs propres enfans,

c'estque cette ville représentait, dans la na

ture corporelle , l'emblème de ce qui devait

se passer dans la société spirituelle qui lui

correspondait.

De tout cela il faut donc conclure que

l'époque du second avènement est déjà der

rière nous , ou ce vingt-quatrième chapitre

de saint Matthieu demeure à jamais inintel

ligible.

Et, en effet, qui pourrait méconnaître

l'arrivée de JESUS-CHRIST au miKeu des

nuées du c/e/,dans cette influencé -victo

rieuse que mille personnes de tous les

pays et de toutes les sectes ressentent au

jourd'hui à la lecture des Saintes-Ecritures ^

et dans celle profusion avec laquelle le vo

lume sacré a été répandu récemment dans

Page 485: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

47 3 i«E VRAI MESSIE.

toutes les parties du monde? Qui pourraitmé .

connaître l'action puissantedecetteiVbitt>e//é

Jérusalemdescendant du Ciel de lapart de

Dieu*, dans ce mouvement moral qui porte,

pour ainsi dire , l'univers en masse à la re

cherche de la lumière; mouvement qui, de

puis près d'un siècle, se fait sentir dans toutes

les contrées, dans toutes les classes dela so

ciété, surtout dans les rangs les plus éclairés,

et qui tend à tout renouveler, à tout perfec

tionner? Qui pourrait méconnaître cette ac

tion puissante, dans ce besoin de la vraie li

berté chez les enfans de Dieu; dans celte

soif dévorante pour la justice , que rien ne

semble pouvoir étancher; dans ces senti-

mens généreux qui se révoltent contre tout

ce qui est abus, soit civils, soit religieux ; sen-

timens nouveaux sur la terre, qui ne recu

lent devant aucun genre de sacrifices , qui

font repousser au savant les lauriers acadé

miques, au courtisan les ^honneurs, à. l'é

goïste l'or de la corruption? D'où part ce

trésor de bonne volonté, si ce n'est de ce

Ciel qui ne nous oublia jamais, et qui

veut enfin réformer entièrement la. terre

Page 486: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

LE VRAI MESSIE. ^7^

après l'y avoir préparée depuis des siècles?

Nous ignorons quelles sont ici les pensées

du lecteur, et quelles résolutions il forme.

Nous désirons qu'elles soient telles, qu'il

n'ait jamais lieu de s'en repentir. Quant à

nous, nous savons ce qui s'est passé dans no

tre cœur, et nous pouvons le raconter;

nous nous en ferons même un plaisir et un

devoir.

Toutes les considérations que nous venons

de développer, nous ayant forcé de reconnaî

tre VEglise véritable du SEIGNEUR dans

cette charité universelle qui a horreurde

toutes les disputes^ de toutes les haines reli

gieuses , de toutes les divisions et sépara

tions défait, admisesmalheureusementJus

qu'ici parmi les enfans de Dieu, et qui adore

avec autant de simplicité que d'amour le

Dieu CRÉATEUR aussi bien que RÉDEMP

TEUR dans la personne admirable de JÉ

SUS-CHRIST , nous nous sommes vu forcé

par-là .même , il y a deux ans , à nous décla

rer publiquement chrétien universel, ou

chrétien vraiment catholique, en rendant

Page 487: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

4^4 LE VRAI MESSIE.

à ce terme sa première signification' (i). Et

quelle a été notre joie, quand nous avons

trouvé aussitôt que nous n'étions ni le pre

mier ni le seul à professer de pareils senti-

mens; quand nous avons- rencontré dans

toutes les communions chrétiennes avec les-1

• quelles nous avons eu occasion de fraterni

ser, nombre de personnes ayant les mêmes

convictions; quand no-us avons même dé

couvert des sociétés et des Eglises entières

formées déjà sur ce plan ; églises et sociétés

chez lesquelles la foi rivalise avec la charité,

les lumières avec l'amour, et chez les

quelles on ne balancerait pas à reconnaître

la divinité absolue de JÉSUS-CHRIST >

(ij Les mots catholique romain offrent une contra

diction dans les termes. C'est comme si l'on disait

universel-particulier. Sans les circonstances actuelles ,

le mot universel serait encore de trop. Les martyrs

disaient simplement, je suis chrétien; pourquoi en di

rions-nous davantage ? Un homme seul ne saurait être

universel; et l'Eglise véritable elle-même ne devien

dra de plus en plus universelle qu'à mesure que le

règne du SEIGNEUR s'étendra. Que si par le mot

universel vous entendez charité universelle , le mot

de chrétien l'a déjà dit : ce mot dit tout.

Page 488: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

le vrai Messie. ^5

quand même jusqu'ici aucun mortel, au

cun APÔTRE NE L'EUT JAMAIS RECONNUE!

N'en doutons plus par conséquent, la

nouvelle Eglise du SEIGNEUR a déjà pris

racine dans [les cœurs; 'V'épouse de l'a

gneau s'est parée, et le temps r>E ses no

ces est arrivé. Il suffira, en effet, que

tous ces sentimens se manifestent mainte

nant au dehors d'une manière victorieuse,

qu'ils constituent un culte visible et capa

ble de nourrir par la suite le feu sacré de

l'alliance éternelle, pour que l'univers re

connaisse que la SAINTE JÉRUSALEM,

ÉTERNELLE DANS LE CIEL, EST RÉEL

LEMENT DÉJÀ DESCENDUE SUR LA

TERRE.

Et il arriva que quandJÉSUS eut achevé

tous ces discours , il dit à ses disciples :

Vous savez que la fête de Pâque arrive

dans deux jours , et lefils de Vhomme va

être livré pour être crucifié (Saint Matth.

XXVI, i, 2).

Nous n'entrerons point ici dans de grands

détails ; jamais nous ne pourrions épuiser le

sujet immense de la passion et de la mort de

Page 489: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

476 J;E VRAI MESSIE:

DIEU RÉDEMPTEUR. Il faut que le lecteur

étudie lui-même ce récit à la fois lugubre et

majestueux fait par saint Matthieu : il y trou

vera matière à d'éternelles réflexions; il se

sentira surtout enflammé de sentimens d'a

mour, nouveaux peut-être pour lui, mais qui

pourront lui donner un avant-goût de ce

qu'éprouvent les esprits bienheureux dans

les creux. Ce sera la première occasion pour

lui de faire usage de la clef d'or de la Lan

gue universelle qui lui a été mise en main.

Tout était emblématique dans la passion et

la mort de JÉSUS-CHRIST : les temps , les

lieux , les moindres circonstances , la

trahison de Judas, l'interrogatoire , la

flagellation , la condamnation, la croixj

les clous , la couronne d'épines , le fiel et

le vinaigre, le côté ouvert, le sang et l'eau

qui en sortirent , les malfaiteurs crucifiés

à droite et à gauche , les vêtemens parta

gés, l'obscurcissement du ciel, le voile du

temple déchiré, les rochers fendus, les

morts ressuscites , le sépulcre, enfin , et la

résurrection glorieuse du troisième jour.

Les diverses souffrances du SEIGNEUR,

Page 490: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

LE VRAI MESSIE. 477

comme nous l'avons remarqué plus haut,

avaient toutes rapport aux diverses manié-

res dont DIEU peut être méconnu et ou

tragé par les créatures dégradées, à toute

espèce, par conséquent, d'erreurs et dépê

chés. Quelques-unes des-circonstances de la

passion doivent aussi avoir étéfiguratives

de l'avenir; et les Intelligences, soustraites

aux langages de convention , auront vu toute

la suite des temps dans cet hiéroglyphe in

fini. Quant à nous, ce que nous pourrons

y découvrir maintenant suffira pour nous

conduire au degré de perfection dont notre

nature est susceptible, pour peu que nous

veuillions entrer dans les vues de L'AMOUR

ÉTERNEL ; et la société humaine tout en

tière pourra enfin devenir ce qu'elle doit

être. Mais malheur, oui malheur à l'homme

qui pourra parcourir encore l'histoire de la

passion , racontée avec cette simplicité dont

un disciple dû CHRIST pouvait seul donner

l'exemple , sans être consterné autant qu'at

tendri, et qui, comprenant ce langage muet

dela nature prête à défaillir, ne s'écriera pas :

cette mort était la mort de mon Dieu !

Page 491: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

478 LE VRAI MESSIE.

S'il était utile , dans Vensemble de la

création , que le mal y fût admis comme

chose possible et éventuelle , et pour que

la liberté des êtres moraux demeurât tou

jours intacte et à cause du spectacle at

tendrissant du retour des égarés, le CRÉA

TEUR non-seulement a pu, mais il a dû l'y

admettre; sauf à devenir lui-même, dans

l'occasion, le plus malheureux . de tous les

êtres souffrahs; car alors aucun de ses en-

fans n'a de droit au murmure; il ne leur

reste à tous qu'un sentiment éternel d'ad

miration, d'amour et d'adoration.

La rédemption du genre humain, par la

mort de son AUTEUR, est un mystère bien .

plus profond que la sagesse humaine ne l'a

jamais soupçonné. Pour nous autres mor

tels, on peut bien dire que la rédemption

a consisté principalement dans les exemples

qui nous ont été donnés. Mais en était-il de

même pour toutes ces myriades d'êtres qui,

depuis l'origine des choses, s'étaient succes

sivement dépouillés de, leurs enveloppes

terrestres , et s'étaient élancés dans ce

inonde où toutes les lois deviennent des

"te...

Page 492: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

LE VRAI MESSIE. 4?9

lois métaphysiques ; où toutes les langues

conventionnelles elles-mêmes disparaisse!) t?

Ne peut-on pas dire qu'il était devenu indis

pensable que le CRÉATEUR entrât EN PER

SONNE dans le système de l'universalité des

êtres créés, pour ne point lui rester étran

ger , et pour s'y revêtir d'un caractère-moral

fait pour refouler l'influence du mal prêt à

rompre la balance de la liberté universelle? 77

était nécessaire que le FILS DE L'HOMME

souffrît, et entrât ainsi dans sa gloire, a

dit le RÉDEMPTEUR lui-même. Sans doute

que la puissance divine eût pu anéantit

en un instant la partje corrompue et deve

nue infernale de la création; mais est-ce là

la marche que le CRÉATEUR devait suivre?

Que penserait-on aujourd'hui de Dieu, si

en effet il s'était contenté , dans cette occu-

rence, de lancer la foudre éternelle? De

quel droit uneforce, une vertupour ainsi

dire métaphysique, se mêlerait-elle de met

tre l'ordre dans le monde moral? Qu'est-

ce que le levier de la toute-puissance a de

commun avec celui de la bonté et de Vd~

mour? L'homme vertueux sur la terre n'eût

Page 493: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

480 LE VRAI MESSIE.

il point été alors plus grand que son AU

TEUR , aux yeux mêmes de la raison ? Re

connaissons donc l'œuvre de l'ÉTERNEL ,

quand l'empreinte de son doigt est marquée

aussi fortement que nous le voyons dans le

récit des souffrances et de la mort de

l'HOMME-DIEU, et ne prolongeons point

éternellement une opiniâtreté absurde qui

ne veut point que le CREATEUR s'occupe

de ses créatures , et qui repousse le DIEU

D'AMOUR, sous prétexte que ses démar

ches démontreraient trop d'amour. Autant

il est nécessaire que Dieu se dérobe à la pré

sence de l'homme, quand l'homme com

mence à se retirer de lui pour s'appuyer sur

soi-même, autant il est naturel que Dieu

vienne à son secours , quand , arrivé au fond

de l'abîme, l'homme est devenu complète

ment malheureux. Rien ne nous donne une

plus grande idée du CREATEUR que

quand, s'étant retiré de nous, nous le con

templons comme Dieu caché. C'est alors

qu'avec Jean-Jacques, nous le voyons dans

son essence infinie , dans son être métaphy

sique , dans sa puissance illimitée , dans sa

i

Page 494: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

LE VRAI MESSIE. fôl

nature incompréhensible , qui partout

nous surprend, et partout nous échappe ,

comme un mystère immense, comme une

énigme sans mot; et moins alors nous le

comprenons , plus nous l'adorons. ETRE

DES ÊTRES! lui disons-nous ,je suis parce

que tu es; c'est m'élever à ma source que

de te méditer sans cesse. Le plus digne

usage de ma raison est de s'anéantir de

vant toi : c'est mon ravissement d'esprit,

c'est le charme de ma faiblesse, de me

sentir accablé de ta grandeur (i). Mais

(i) Il suffit de lire les deux alinéas qui précèdent

cette tirade de Rousseau, pour reconnaître l'embarras

où l'avait jeté le défaut d'une distinction entre Dieu

en tant qu'infini, et Dieu en tant que manifesté à sa

créature. Dieu, dit-il, est bon , juste , puissant, intel

ligent, etc., mais il ne l'est pas à la manière des

hommes : ce qui signifie, en d'autres termes, que toutes

ces qualités ne sont rien pour nous; car qu'est-ce

qu'une bonté que je ne puis saisir, que je ne puis

sentir? La force de la vérité amène Rousseau lui-

même à admettre cette conséquence : Affirmer toutes

ces choses, s'écrie-t-il à la fin, c'est, au fond, n'af

firmer rien. Il n'y a en effet d'autre réponse possible

à cette question : Comment Dieu est-il bon ? que celle-

Page 495: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

482 LE VRAI MESSIE.

quand l'homme en est là, quand il est ainsi

disposé, alors Dieu reparaît. Quand, à force

de s'appuyer sur soi-même , l'homme est

devenu tout-à-fait misérable, la nature en

tière, atteinte de son souffle glacé, s'étant

dwcie, et étant dc\enuefîjce et morte au

tour de lui, au lieu de représenter inces

samment l'emblème vivant de son pria:

moral, lequel n'est autre chose que la con

naissance et Vamour de son CREATEUR ;

alorsDieu se montre; il se montre nécessaire

ment; et de plus, il se montre avec bonté

ci : Dieu est bon, comme il l'a fait voir, en paraissant

sous laforme de JÉSUS-CHRIST; la bonté de Dieu

ressemble au sentiment que Von éprouve en lisant

l'Évangile,—en voyant l'ÈTRE des ÊTRES naissant

dans une étable, parce qu'il n'y avait point rie place

pour lui à l'hôtellerie, — en le voyant expirer sur la

croix , à la suite de cette prière : PÈRE , pardonne-

leur, ils nesavent ce qu'ilsfont,'—• Car encore une fois,

la création ne prouve que la puissance de Dieu ; la

rédemption seule prouve sa bonté. Ce sont du moins là

les bornes où notre philosophie s'est arrêtée. Si quelque

sage, plus heureux que nous, trouvait la bonté divine

ailleurs , nous lui aurions une grande obligation s'il

voulait bien nous faire part de sa découverte.

i

Page 496: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

LE VRAI MESSIE. 4^3

et avec simplicité', comme un consolateur,

comme un AMI. On peut même porter le

défi à l'esprit humain de trouver une seule

raison tant soit peu plausible pour prouver

qu'il doive se montrer autrement. 0 ciel!

quelle différence entre JÉSUS de Naza

reth... et le plus glorieux des monarques

de l'Asie! Quelle différence entre Vhumble

Fils de Marie... et le plus vanté des con-

quéransphilosophes!—Rien dans le christia

nisme ne craint l'investigation : au contraire,

l'ignorance et le fanatisme qui reculent de

vant l'examen , lui sont seuls funestes. Les

théologiens scolastiques, sous ce rapport,

ont eu à se reprocher des torts incalculables,

on ne peut se le dissimuler; mais combien

la prétendue philosophie du dernier siècle

n'a- t-elle point à rougir de la légèreté avec

laquelle elle a traité ces graves matières?

Or, au soir du Sabbat, aujour qui de

vait luire pour le premier de la semaine,

Marie-Madeleine et l'autre Marie vinrent

voir le sépulcre. Et voici, il sefit un grand

tremblement de terre , car l'ange du SEI

GNEUR descendit du Ciel, et vint, et

ai.

Page 497: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

484 LE VRAI MESSIE.

ivula la pierre à côté de l'entrée du sé

pulcre, et s'assit dessus. Et son visage

était comme un éclair , et son vêtement

blanc comme de la neige ; et les gardes en

furent tellement saisis defrayeur , qu'ils

devinrent comme morts. Mais l'ange , pre

nant la parole, dit auxfemmes : Pour

vous, n'ayez point de peur; car je sais

que vous cherchez JÉSUS qui a été cru

cifié. Il n'est point ici; il est ressuscité.

Venez et voyez où le SEIGNEUR a été

couché (Saint Matth. xxvm, i,2,3,4> 5, 6).

Quand l'ange ôta la pierre, le corps de

JÉSUS n'y était déjà plus. Ce corps, devenu

pareil à celui des esprits purs , n'avait pu être

retenu par aucun obstacle matériel. Berke

ley, Malebranche et Kant'avaient donc tous

trois plus ou moins raison dans leurs sys

tèmes divers sur la nature de la matière, sur

les êtres substantiels, sur la manière dont

les choses existent et sont vues en Dieu,

enfin sur la nature du temps et de l'espace;

et la philosophie est ici en un parfait accord

avec la Foi.

Ceux qui, après tout cela, douteraient

ï

Page 498: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

LE VRAI MESSIE. 4^5

encore de la résurrection deJÉSUS-CHRIST,

quant à son corps de chair , en quoi il ne res

semble point aux autres hommes qui voient

toujours la corruption (car nous ne conce

vons plus la possibilité de nier la résurrec

tion en elle-même), doivent faire attention

à cette circonstance péremptoire quejamais

les Juifs n'eurent l'idée de produire ce

corps pour donner le démenti à ceux qui

les accusaient publiquement d'avoir cru

cifié LE FILS DE DIEU.

Mais, pour laisser de côté toutes ces pe

tites difficultés d'une incorrigible incrédu

lité, quel est donc ce corps mystérieux qui

participe ainsi à toutes les qualités de l'es

prit; pour qui la matière n'existe plus, et

qui, selon toute la valeur de ce mot, est

soustrait au temps et à Vespace? N'est-ce

point évidemment le corps de JÉHOVAH,

ce corps qu'il a glorifié et uni intimement

à sa Divinité; ce corps devenu AD0NA1,

ou forme éternellement visible et palpable

de Dieu, qui peut devenir aussi intimement

présent a chaque être intelligent que sa

propre pensée ; forme et corps , s»ns les

Page 499: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

486 LE VRAI MESSIE.

quels les malheureux mortels n'auraient ja

mais pu avoir plus de rapports de recon

naissance et d'amour avec laDivinké, qu'ils

n'en peuvent avoir avec une abstraction

métaphysique? Quel est, en un mot, ce mys

tère plus inconcevable que toute la création

matérielle, et qui confond toutes les idées?

N'est-ce point évidemment JÉHOVAH l'É-

TER1NEL CRÉATEUR qui a opéré toutes

ces merveilles, en paraissant sur les confins

de sa création, pouryôrcer notre amour ,

après avoirforcé notre admiration?

Que la philosophie ne se fasse point illu

sion. En reconnaif-santà JÉHOVAH la forme

humaine, en tant que cette forme est mé-

taphysiquement la plus parfaite; en recon

naissant que cette forme, substantielle en

elle-même (i), il l'a poussée, par l'incarnation,

dans le degré le plus matériel de l'être , en

paraissant en chair, on trouve la solution de

plusieurs grands problèmes qui jusque-là

faisaient le désespoir de l'esprit humain. On

(i) Il faut toujours se rappeler que , selon nous ,

créer, pftur Dieu, n'est que montrer.

p*~^

l

Page 500: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

LE VRAI MESSIE. 4^7

conçoit comment certains êtres intelligens

ont pu méconnaître le CRÉATEUR, et se

séparer de lui, croyant lui être égaux. On

conçoit comment il ne reste que misère et

que souffrance à ceux qui l'ont ainsi aban

donné, sans qu'on puisse l'accuser en au

cune façon d'en être la cause : ceux qui

fuient l'unique source possible du bonheur,

ne pouvant s'en prendre qu'à eux-mêmes

de leurs tourmens. On conçoit encore com

ment l'amour infini a dû attirer le CRÉA

TEUR sur notre terre, et le porter à 5e

sacrifier pour nous, après avoir établi ce sys

tème immense de rédemption, développé

dans les deux Testamens^par où il a montré

que s'il leur ressemble par la forme, il sur

passe infiniment tous les mortels en science,

en sagesse, en puissance, et surtout en

bonté et en amour. « Les hommes meurent

quelquefois pour leurs amis, » semble-t-il

avoir dit : « ces insensés ne veulent plus me

reconnaître; ils se sont déclarés mes enne

mis; ils ont introduit le désordre dans l'é

ternelle harmonie, et le malheur dans des

sociétés où je ne prétendais voir régner que

Page 501: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

488 LE VRAI MESSIE.

la félicité. Je vais leur faire annoncer mon

apparition au milieu d'eux; je vais me pré

senter à eux; je vais leur donner tous les

exemples possibles de bonté et de vertu. Je

sais qu'ils me persécuteront à mort; mais

comparant enfin leur haine avec mon

AMOUR, ils reconnaîtront leur MAITRE;

et ils sauront queje suis JEHOVAH LEUR

DIEU. » La difficulté que trouve un maître,

même terrestre, à se faire reconnaître pour tel

par des serviteurs qu'il a gâtés par trop de

b'onté, est connue de tout le monde; et tout

indigne qu'une telle comparaison puisse être

d'un tel sujet, elle peut servir à l'éclaircir.

Les hommes primitifs approchaient tout près

de la perfection divine. Ces créations infinies

et ineffables de l'univers emblématique ,

dont l'œuvre des six jours n'offre que les

scories , et moyennant lesquelles l'homme

sondait les profondeurs du passé et perçait

les voiles de l'avenir , accompagnaient si

bien toutes ses pensées, toutes ses affections,

qu'il pouvait s'en croire lui-même l'auteur.

Le DIEU des Ùieuoc ne s'était en quelque

sorte réservé que le droit de dire, dans Poe-

Page 502: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

LE VRAI MESSIE* 4^9

casion,le CRÉATEUR, C'EST MOI; et en

cas de résistance, il ne pouvait qu'exhorter,

que prier, que conjurer; par où il compro

mettait de nouveau sa divinité. Il n'y avait

donc évidemment que le Chrétien, et que

le Chrétien du siècle des lumières , qui de

vait pouvoir apprendre, sans danger, quelles

bornes arrêtaient la Science éternelle et

la Puissance incréée; parce que ce Chré

tien seul devait pouvoir comprendre que

ces bornes n'avaient été posées que par

l'ÉTERNEL AMOUR. Il était de toute im

possibilité que l'œuvre de la Rédemption

reçût son dernier développement ailleurs

qu'au milieu d'une génération susceptible

de pensées et de sentimens assez sublimes

pour reconnaître toutes les condescen

dances du CRÉATEUR, sans le mépriser;

et pour l'adorer, au contraire, d'autant

plus profondément , qu'elle le verrait plus

humble et plus près d'elle. La toute-puis

sance, en effet, ne consista jamais à placier

au-dessus des hommes pour les dominer;

mais à ne se mettre qu'à leur niveau, et à

n'employer que les ressources de leurpropre

Page 503: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

4gO LE VRAI MESSIE.

nature , pour les maîtriser pendant l'éter

nité. On conçoit enfin, en partant du point

de vue élevé d'un DIEU-HOMME, tous les

rapports qui ont dû exister entre le CRÉA

TEUR et ses créatures , depuis les siècles

éternels; tous ces combats d'amour dont il

est parlé dans les Livres-Saints, sous le nom

de guerres de JÉHOVAH; et la raison ac

quiesce, satisfaite sur tous les points.

N'en doutons plus par conséquent.: le

grand secret de la Divinité est découvert.

Ce coup de maître, s'il est permis de s'ex

primer ainsi, qui cache en même temps et

qui décèle le Tout-Puissant, c'est de nous

avoir aimés au-delà de ce qu'aucune raison

créée ne pourra jamais concevoir ; c'est

d'avoir fait de nous autant de Dieux (i).

En se faisant semblable à nous, et en nous

faisant semblables à lui, Dieu a établi cette

balance éternelle dé la liberté des êtres qui

crée à chaque instant des millions de rap-

(i) Cette expression n'est point de nous : l'Écriture-

Salnte elle-même déclare aux hommes qu'ils sont tous

des dieux : Yos du estis.

"V

i

Page 504: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

LE VRAI MESSIE. 49 '

ports nouveaux , et répand incessamment

partout le mouvement et la vie. II nous a

émancipés en quelque sorte par-là de son

autorité divine, et nous a rendus libres

même en sa présence.

Que les philosophes nous disent, en effet,

comment JEHOVAH pourrait se communi

quer autrement à ses créatures qu'en se per

sonnifiant $ et supposé qu'il ait voulu se

personnifiersw notre globe, comment il eût

pu le faire mieux, ou comment il eût pu le

faire autrement qu'en se faisant JÉSUS-

CHRIST, et nous nous taisons pour tou

jours.

Mais les onze disciples s'en allèrent en

Galilée sur la montagne où JESUS leur

avait ordonné de se rendre , et quand ils

l'eurent vu, ils l'adorèrent; mais quel

ques-uns doutèrent. Et JÉSUS s'appro-

chant, leur parla en disant : Toute puis

sance m'est donnée au Ciel et sur la terre.

Allez donc, et enseignez toutes les nations,

les baptisant au nom du Père, et du Fils,

et du Saint-Esprit, et les enseignant de

garder tout ce que je vous ai commandé.

Page 505: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

492 - tE Vrai messie.

Et voici : je suis toujours avec vous jus-*

qu'à la consommation du siècle (Saint

Matth. xxvih, i6, i7, i8, i9, 20).

Quelques-uns doutèrent : Paroles éton

nantes, après tout ce que les apôtres avaient

vu et entendu! Comme elles prouvent bien

que Dieu ne porte jamais aucune atteinte à

notre liberté morale! Cette liberté a bien des

degrés; elle admtit bien le plus ou le moins

parmi les masses; mais sa racine nous restera

éternellement comme individus : et damnés

ou sauvés, nous ne serons jamais l'un ni

l'autre que parce que nous le voudrons

bien.

Toute-puissance m'est donnée ne veut

pas dire que le SEIGNEUR ait reçu cette

puissance de quelque autre : il se l'était ac

quise lui-même. Quand JÉHOVAH, comme

VERBE INCARNÉ, avait été entièrement

GLORIFIE, alors toute-puissance devint

naturellement sienne au Ciel et sur la terre,

même comme homme. Au Ciel, elle était

sienne comme ÉTERNEL CRÉATEUR; sur

la terre, il se l'était acquise par sa vertu.

r v

Page 506: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

LE VRAI MESSIE. ^9$

CONCLUSION*

Maintenant que toutes nos idées de détail

sont clairement exposées, nous pouvons pla

cer ici un précis très-court de la vraie doc

trine.

Dieu étant par sa nature un être infini ,

il ne peut entrer en un rapport direct avec

l'homme qu'en sortant de cet état primitif

et incommunicable , et en se constituant

un Etre fini. S'il est vrai que Dieu a créé

l'homme à son image et ressemblance, il

est vrai aussi que lui-même ne peut se dis

penser de se présenter à l'homme sous 17-

mage et la ressemblance de l'homme, vu

que laforme humaine est, métaphysique-'

ment et géométriquement parlant, la plus

parfaite. Tant que l'homme était inno

cent, Vapparition de cet ETRE CRÉA-

Page 507: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

494 LE VRAI MESSIE.

TEUR était pour lui une jouissance inef

fable; ta reconnaissance était pour lui le

suprême bonheur; et le doute même ne

lui venait pas que cet ETRE pût le tromper.

Quand l'homme devint criminel, il dit :

Qui me prouve que cet Etre est mon

Créateur ? Ne suis-je pas un Etre tout

semblable à lui? pourquoi dépendrais-/ e

de lui? pourquoi le reconnaîtrais-je pour

mon maître ?

Ce soupçon injurieux pouvait naître

d'autant plus facilement dans le cceur de

l'homme, que sa liberté était plus grande ,

que sesfacultés étaient plus étendues, et

que ses pensées , toutes substantielles , vé

ritable création ( quoique secondaire ) ,

l'entouraient incessamment comme d'une

suite non interrompue de miracles. Dans

une si triste conjoncture, que pouvait, que

devait faire Dieu? Rien , si ce n'est de re

prendre l'homme avec bonté, avec douceur.

D'om te vient , at-il dit dire, ce soupçon

criminel ? L'idée du mal ne vient qu'à un

Etre capable lui-même de malfaire. Qui

t'a appris ce que c'est que le mensonge et

I

Page 508: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

LE VRAI MESSIE. J\<^S

l'imposture , si ce n'est ta propre méchan

ceté (guis indicavit tibiquod nudus esses)!

Si je te déclare que c'est MOI qui t'ai créé,

pourquoi ne pas m'en croire ? Tu peux

sans doute te séparer de MOI , parce que

je t'ai créé libre; mais je dois t'avertir d'une

chose, c'est qu'il n'a pas dépendu de MOI

que dans ton nouvel état tu ne sois pas

malheureux (si maie agis nonne pecca-

tum cubât ad januamT). Tel a nécessaire

ment dû être le langage du SEIGNEUR : il

n'a pas dû être différent. Que s'il s'est trouvé

après cela une suite d'Etres assez infortunés

pour ne point écouter un pareil langage, le

mal a dû aller en empirant; et une branche

tout entiere de VEternelle famille a dû

arriver enfin au dernier échelon de la per

versité et du malheur : point où il lui était

impossible de sortir de l'abîme. Aussi est-ce

là le point où la Bonté de Dieu attendait

son infortunée créature. Les miracles de

la création n'ont pu la sauver; mais l'A-

MOUR LA SAUVERA. La BONTÉ ÉTER

NELLE est une qualité plus divine que

l'ÉTERNELLE PUISSANCE. Dieu est

Page 509: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

4g6 LE VRAI MESSIE.

AMOUR avant d'être VÉRITÉ, tl descen

dra donc dans l'abîme ; il se sacrifiera tout

entier : ce ne sera pas VAmi qui donnera sa

vie pour VAmi; mais ce sera VAmi qui

donnera sa vie pour VEnnemi. Dieu de

viendra, en un mot, I'hommk juste de

Platon. Il mourra sur la croix : en mou

rant, il AURA LE SOURIRE DU ï>ARDON SUR LES

lèvres; et à la vue d'un pareil spectacle, les

hommes diront : Voilà qui est au-dessus

des forces de la nature humaine! voila

qui est divin! VOILA NOTRE CRÉA

TEUR!!!

Si on nous demandait ici, en nous voyant

terminer la tâche que nous nous étions im

posée , ce que nous pensons au juste que

l'Évangile exige aujourd'hui de chacun de

nous, nous répondrions avec le même Évan

gile : Aimez votre Dieu par-dessus toutes

choses, et votre prochain comme vous-

même ; c'est à cela que se-réduisent la loi

et les prophêtes.

Si on insistait, et si on demandait des

détails sur la meilleure forme du culte exté

rieur, nous répondrions encore : Commen-

%

V

Page 510: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

LE VRAI MESSIE. 497

cez par établie dans vos cœurs, bien solide

ment, le cfuLTE de. Vamour de Dieu et du

prochain, et alors ce culte se manifestera

au dehors par les témoignages les plus na

turels et les formes les plus appropriées.

Nous dirions par conséquent aussi à chacun

de rester, en attendant, dans la communion

particulière dans laquelle il est né, parce

que dans toutes on peut servir Dieu en

esprit et en vérité , et édifier son prochain

par ses vertus.

Si, en troisième lieu, quelques personnes,

après avoir tout bien peséj bien examiné,

l'Évangile à la main, et l'entendant dans

son vrai sens, nous déclaraient leur convic

tion intime, que la société particulière de

Chrétiens dans laquelle elles sont nées , a

trop dévié de l'esprit de l'Évangile , et

même de la lettre de l'Évangile , dans son

culte extérieur, pour qu'en conscience elles

pussent prendre une part active à ses céré

monies; alors il ne nous resterait qu'à les

engage!' à s'attacher à une de ces sociétés

formées depuis peu en Angleterre , en

Suède, en Allemagne, en Amérique et

Page 511: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

4y8 LE VRAI MESSIE.

même en France, sous le nom de Chrétiens

de la Nouvelle Jérusalem ; car ce sont là

les sociétés que nous avons trouvées le plus

à la hauteur des lumières du siècle, sous le

rapport du culte aussi bien que sous celui

de la Foi. Ces sociétés ne sont exclusives en

rien de ce qui concerne les rapports exté

rieurs et civils. Quoiqu'on y ait adopté

quelques usages particuliers , on s'y fait

Un devoir de la tolérance la plus parfaite;

reconnaissant pour frères véritables tous les

Chrétiens, de quelque pays ou secte qu'ils

puissent être, et ne se permettant d'autre

persécution envers ceux que l'on croit dans

l'erreur, que celle de leur témoigner un

plus grand amour. Le culte extérieur de

ces sociétés est en général fort simple et

évangélique, et consiste dans l'administra

tion des deux seuls sacremens que le RE

DEMPTEUR a institués, celui du Baptême

et celui de la Sainte-Cène, dans le chant des

hymnes et des cantiques spirituels, et la pré

dication de la parole : le tout en langue na

tionale, conformément à ce mot de saint

Paul (I. aux Corinth. , xiv, i6) : Comment

Page 512: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

LE VRAI MESSIE. 499

celui qui est du simple peuple dira- 1- il

amen à ton action de grâce, s'il ne sait

ce que tu as dit ? Quant à la doctrine , ces

mêmes sociétés ne reconnaissent pour vraie

Parole de Dieu que les Livres que JÉSUS-

CHRIST a énumérés lui-même, quand il a

dit qu'il fallait que tout ce qui est écrit dans

la Loi de Moïse, dans les Prophêtes et

les Psaumes,fût accompli ; auxquels elles

joignent les Évangiles et la Révélation de

saint Jean ; les seuls livres qui soient effec

tivement écrits d'un bout à l'autre dans la

Langue de la nature. Mais ce en quoi ces

sociétés sont principalement d'accord, c'est,

outre la fraternité avec tous les hommes , le

dogme de l'unité absolue d'être et de per

sonne en JÉHOVAH , et son identité avec

JÉSUS-CHRIST, qu'elles adorent à la fois

comme PÈRE, FILS et SAINT-ESPRIT,

ou comme Dieu CRÉATEUR , RÉDEMP

TEUR et RÉGÉNÉRATEUR.

Si enfin quelques autres Chrétiens de

bonne volonté se plaignaient qu'il n'y a

point dans leur voisinage de sociétés sem

blables à celles dont nous parlons, nous

Page 513: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

5oO LE VRAI MESSIE.

leur dirions que rien ne les empêche de les

établir : carpartout où deux- ou trois s'as

semblent au nom du SEIGNEUR , le SEI

GNEUR est au milieu d'eux (i). La seule

chose que nous aurions à leur recommander

alors, serait de ne jamais se regarder pour

cela comme séparés défait d'aucune autre

société chrétienne, et de continuer inviola-

blement à avoir, dans l'occasion, tous les

rapports extérieurs, tant civils que religieux,

avec toute autre espèce de Chrétiens (2),

(1) Nous donnons cette latitude avec d'autant plus

de facilité, que nous sommes persuadés que, dans la

nouvelle ère qui se présente pour l'Évangile, il n'est

plus à craindre de voir la chrétienté se scinder en au

tant d'élémens hétérogènes , qu'on l'a vu aux époques

de réformes purement humaines, quand le SEIGNEUR

n'avait point encore permis que le vrai sens des Livres-

Saints fût déterminé d'après les règles infaillibles de la

Langue de la nature. La clarté et là raison dans la

doctrine , et la simplicité réunie à la majesté dans le

culte, donneront nécessairement à toutes les églises

nouvelles une nuance uniforme.

(a) Avec tous ceux du moins qui, de leur côté,

auraient assez de charité pour ne repousser aucun

frère.

à

Page 514: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

LE VRAI MESSIE. 5oi

persuadés que c'est ce malheureux principe

des divisions et des séparations haineuses ,

et cette erreur fondamentale qui prétendait

maintenir la Foi aux dépens de la Charité,

qui avaient causé tous les maux du Chris

tianisme; et qu'en les supprimant, l'Évangile

pourra enfin remplir le but pour lequel il a

été prêché, savoir, le bonheur général de

tous les humains.

Fm.

Page 515: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

errata:

Page 48, ligne 5 , dans la note, au lieu de Kreutzer,

lisez: Creuzer.

Page 3oo , ligne 3, au lieu de montrer, lisez : monter.

Page 516: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

TABLE DES MATIÈRES.

Page..

Lettre à M. Coquerel , v

Déclaration de M. OEgger x

Pressentiment de Bossuet . xij

Introduction sur la langue de la nature. ........ i

Clefs hiéroglyphiques 5n

Première Partie. Jésus-Christ d'après l'Ancien

testament 8i

Réponse à quelques objections 2o3

Jésus-Christ d'après leNouveau Testament. 210

Réponse à quelques difficultés 20,3

Deuxième Partie. Introduction 309

Doctrine de Jésus-Christ contenue dans

l'Évangile 32o

Conclusion 4p5

Page 517: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

V

Page 518: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

. ->

' •-

'vl

ESSAI

.

DICTIONNAIRE

DE LA LANGUE DE LA NATURE.

9i

Page 519: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

SE TROUVE .iUSSl :

..

Chez Félix Locquin, Imprimeur, rue Notre-Dame-

des-Victoires, a" i6; ^

Treuttel et Wurtz, Libraires , rue de Lille,

Alexandre Mesnieb , Libraire , place de li

Bourse; *'.' I

q q y A /. -/| f

i'jt/.m aj :i<i

.'

ÏMPMMEIÏK DE FELIX LOCQUIIT ,

rua Notrv-Dauc-d»M-Victoirc*, a* 16.

Page 520: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

ESSAI

D'UN

DICTIONNAIRE

t DE LA LANGUE

' ./U.V.'ijjj

DE LA NATURE.

ou

ij • - .

Explication de liuit cents images hiéroglyphiques, sonrre

de toutes les anciennes myiliologics, et clef'dc l'Ecrituro

Sainte , aussi-bien que des songes extatiques en général ;

PAR M. ŒGGER,

Ancien premier Vicaire de la C.ijiieiir.iiu du Paris , Profcistnr

de philosophie au coijège du Quimper.

PARIS.

DELAUNAY, LEVAVASSEUR,

MBKAIBES, AU PALAIS-KOYAl ;

RISLER, RUE DE L'OKATOIRE. N° 6.

1831.

Page 521: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

VMO.

lJ. J»Jl ;/ rit ,l\JJl <i -JMH i

AVIS.

- L'autettu espère qu'après avoir essayé, à l'aide

de ce Dictionnaire, l'explication dje quelques pas-

sages obscurs de nos livres sacres , le public , et sur

tout le clergé , se feront des idées plus exactes sur la

nature de ses démarches , que jusqu'ici l'ignorance

et la malveillance ont si faussement interprétée».

*" j.iïH'Ô » »'"*'.•. " 'i.ii.fjj

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Page 522: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

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OBSERVATIONS

PRÉLIMINAIRES.

''...-,

.:

J'ai suffisamment expliqué, dans mon ouvrage

sur le vrai Messie, ce que j'entends par la langue

de la nature. C'est cette langue par images par

lantes qui a nécessairement précédé toutes les

langues de convention et par sons articulés.

C'est cette langue vue plutôt que parlée , dont

la richesse, comparée à la pauvreté des autres,

est comme celle d'un'paysage immense que l'œil

découvre à la fois, tandis que la description la

plus détaillée n'en peut donner qu'une idée va

gue et imparfaite. J'ai aussi indiqué, dans l'ou

vrage cité, les règles générales, et pour ainsi

dire la grammaire de cette langue. Maintenant

j'essaye d'en donner le dictionnaire, afin que

chacun puisse voir que ma théorie n'est point

une théorie vaifle et incapable dé fournir aucun

résultat. Renvoyant par conséquent le lecteur à

mon premier travail , je ne placerai ici que quel- !

qués observations préliminaires. !''P *.'*'

I. Toutes les images emblématiques de la

langue de la nature peuvent être prises en bonne

i

Page 523: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

- -• .a . -

ou en mauvaise part. La même force du lion, pour

ne citer que cet exemple, est bonne quand il

protège ses petits, et mauvaise quand il déchire

le voyageur. A cet égard , les circonstances qui

accompagnent ces images peuvent seules en dé

terminer le sens. Ceci rend, il est vrai , l'intelli

gence de la langue de la nature difficile ; mais ©n

attrait tort d'en conclure qu'il est impossible d'en

tirer parti. On s'est éh général abstenu , dans ce

dictionnaire, d'indiquer les deux significations

opposées, vu que l'une fait nécessairement devi

ner l'autre.

lï. Toutes les images emblématiques possibles

se rapportent ou au bien ou au vrai, qui sont

les deux attributs les plus généraux de la Divi

nité. La répétition multipliée de ces deux mots ne

doit donc étonner personne; d'autant plus qu'ils

ne reparaissent jamais qu'avec des nuances, quoi

que ces nuances ne puissent pas toujours être

saisies ni énoncées.

. III. Pour donner des bornes à un ouvrage

qui au fond n'aurait que celles de la nature, on

s'est contenté de l'explication d'un très -peut

nombre d'images hiéroglyphiques, et seulement

de celles qui ont paru les plus riches ou les plus

usuelles. Tout est si bien lié dans la langue de la

nature , que dès qu'on est sur la voie d'un em

Page 524: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

3

blême , on peut le poursuivre ensuite sans guide

dans toutes ses branches. En connaissant, par

exemple, la signification du pain, on découvre

aisément celle de lu pâte, du levain , de lafarine,

du moulin, de la meule, et des divers grains dont

le pain se fabrique, >

IV, Pour l'homme , il y a une différence entre

les images emblématiques prises immédiatement

dans la nature, et celles prises dans la conduite

et les usages particuliers d'un peuple. Ces; der

nières nous paraissent arbitraires, quoiqu'elles

ne le soient pas réellement. Dès l'article Abrar

ham, je remarque cette différence , et j'annonce

que, pour cette raison , on a écarté de ce diction

naire presque toutes les images hiéroglyphiques

de cette seconde espèce. Les curieux les trouve

ront dans le Dictionnaire des correspondances ,

publié à Londres il y a déjà quelques années,

et dans lequel on s'est arrêté de préférence aux

hiéroglyphes de l'Ecriture Sainte. Et quant au

petit nombre de nos savons qu'une injuste pré

vention aurait tellement éloignés de l'étude de

toute religion révélée, qu'ils voudraient avant

tout se convaincre que les diverses mythologies

ne sont nées que de la perte de la langue de la

nature, ils pourraient se contenter de consulter

les articles suivans : Animal, Astrologie, Atte

Page 525: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

lage , Baptême, Beauté, Cheval, Correspondances,

Eau, Eclen, Froment, Garçon, Langue de la

nature , Lion , Lune, Magnétisme , Mystères , Oi

seaux, Ours, Père, Prescience, Rivière, Sa

crifice, Serpent , Soleil, Songe, Vaisseau, Véte-

mens, Vierge, Vin, Voyant, etjèl'-'

•''iiV. La vérité la plus générale qui résulte de

la découverte de la langue de la nature , consiste

A dire que, si Dupuis a trouvé le christianisme

dans la mythologie , cette nouvelle découverte

fait trouver le christianisme aussi bien que la

mythologie dans la nature même'; avec cette dif

férence que le christianisme avec ses révélations

est la source pure, la mythologie la source cor

rompue. , *...•i. M).:- . •».•

VI. Dernière observation. S'il arrivé que le mot

que 1 on cherche a été omis, il fa lit avoir recours

â un mot analogue plus générique : par exemple,

ail lieu de palais ? on cherchera maison; au lieu

de orfèvre , on cherchera or et ouvrier; et ainsi

du reste. Il est d'ordinaire indispensable de lire

tous les renvois qui se trouvent à la fin d'un ar

ticle, pôùfsé faire une' idée exacte d'un emblème

en particulier. Si à chaque article oh avait voulu

tout dire , ce dictionnaire se serait enflé à une

grosseur démesurée.

-:'-'V. ,'i'v- . ^.v- , 'i. *V. : a'.'.t.iii 't.». : .f; r '.

Page 526: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

ESSAI

i

DICTIONNAIRE

DE LA LANGUE DE LA NATURE.

A.

ABEILLE. Disposition a disputer sur des ques

tions de morale et de religion , en particulier sur la

loi positive de Dieu. {Voy., Fleurs, Cire, Lumière,

Miel , Insectes , Mouchb , Frelon.) -

ABEL. La douleur. La Charité. {Voy. Abraham ,

Caïn.) 'i,''.. ' .<

ABIME. Tentations. Faussetés. Passion. Haine.

En général, Dégradation. Quelquefois la sagesse éter

nelle. {V^oy. Antre , Yallée, Descendre, Fosse.)

ABLUTIONS. {Voy. Eau , Baptême.)

ABOMINATION. Méchanceté infernale. (/^.Dé

solation , Vomissement.)

ABRAHAM. Père d'une multitude. Première

image du Père Très-Haut, ou du Dieu incommuni

cable dans son essence (Abram) , devant devenir

visible et abordable à toutes ses créatures. Le SEI

GNEUR , par conséquent , quant à sa nature divine

céleste. En général , tous les grands personnages des

Saintes Ecritures ne sont qu'autant d'emblèn>es de

Dieu, envisagé sous un rapport particulier',' soit

comme Créateur , comme Rédempteur , ou comme

Régénérateur. Les noms mêmes des peuples et des

lieux dont il est question dans les livres inspires , ont

'un sens moral se rapportant d'une manière plus ou

Page 527: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

6 .'.-

moins éloignée à Dieu et à sa providence. Nous n'en

citerons qu'un très-petit nombre d'exemples; car

cette partie demanderait un dictionnaire à part,

comme sortant des premiers élémens , des élémens

simples de la nature visible. {Voy. Isaac, Jacob,

Joseph, Moïse ^Prophète, David, Egyptien , Assy

rien, etc.)

ABSINTHE. Faussetés et souffrances causées par

l'erreur et le mensonge. {Voy. Bile , Amer.)

ACHETER. S'approprier les connaissances du

bien et du vrai. {Voy. Vendre.)

ADAM. Homme. Homme au moral. Homme

parfait. Mot à mot : Rouge , Terre. {Voy. ces mots.)

Adam est un nom générique qui n'indique pas né

cessairement le premier homme, ou le premier in

dividu de notre espèce , mais seulement un homme

ayant certaines qualités morales, savoir , celles rela

tives à la perfection morale. C'est absolument comme

si l'on disait aujourd'hui Israélite ou Chrétien.

{Voy. Création , Créer,- Beauté.)-

ADONIS. ( Voy. Garçon. ySefôri quelques-uns ,

Adonis n'étaitque le soleil personnifié. {Voy. Soleil.)

ADULTÈRE. Infidélltéà Dieu. Abandon du bien

et du vrai. L'adultère se rapporte plutôt à la corrup

tion du bien , la fornication plutôt à la falsification

du- vrai. {Voy. Mariage , Union , Fornication,

Sodomie. )

AGE D'OR.Règne d'innocence et de bonheur sur

la terre , selon la fable. ( Voy. Métal , et le nom

dos difféiens métaux.) L'âge d'argent fut celui où

les hommes commencèrent à se dégrader; l'âge

d'airain, celui où l'injustice se répandit; et l'âge do

fer, celui où les crimes se multiplièrent sur la terre.

{Voy. Astrée.') ; , ,, ) '. ..!,;','.,•'•

AGNEAU. Bien de l'innocence. Innocence inté

rieure. Douceur. Simplicité. Charité. {Voy, Ani

mal, Laine, Chaleur.) ,;;.•, •. .

AHRIMANE. {Voy. Ténèbres.)

AILE. Puissance par le vrai. Pensées célestes.

-

Page 528: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

7

Protection. ( Voy. Oiseaux , . Colombe , Poule ,

Aigeté. )

. AIGLE. Connaissances. Instruction. Providence.

( Voy* Oiseaux;, Voler, Voir,)

AIGUILLE. ( Voy. Ouvrage a l'aiguille.) Le

trou de l'aiguille signifie le vrai spirituel , comme

en général tout ce qui est percé à jour. ( Voy Fe

nêtre , Chameau. )

AIR. Vrai spirituel , par opposition à l'eau.

{.Voy. Eau , Vents , Oiseaux. ) L'air se prend aussi

en mauvaise part , surtout quand il est froid, malsain,

quand il est corrompu et méphitique. {Voy. Cave,

Souterrain. )

ALLER A CHEVAL. Faire des progrès dansées

connaissances humaines , représentées par tous les

emblèmes naturels que l'on rencontre en voyageant.

.Se perfectionner dans l«s sciences philosophiques,

•morales et religieuses. Raisonner par induction.

Discourir sur le vrai. ( Voy. Marcher , Voler, Ele

ver, Char, Chemin, Attelage, Cheval. )

AMANDE. {Voy. Fruits, Arbre.) •

AME. Homme intérieur et substantiel qui se dé

veloppe dans l'extase et le songe. L'âme n'est pas

un soufflei invisible et impalpable, comme une fausse

théologie l'a prétendu , mais un homme véritable ,

quoique immatériel , ayant tous ses organes. L'âme

raisonnable affecte même naturellement la forme

humaine ; et c'est elle" seule qui la communique à

la matière inerte. L'âme a , de plus^ trois degrés de

développement possible , savoir : te. naturel , le

rationnel ou spirituel , et le céleste. ( Voy, ces mots.

J'cy. aussi Homme, Ange, Substance, Songe,

Ciel; ) Le mot âme dans la Bible signifie souvent

simplement la vie et la respiration. Et- si l'on vou

lait, en cotisùqueucej distinguerunprincipe/«/ene«r,

ouuiièfl-nîc, chez l'ange' ou l'homme' immortel

lui-même , on ne trouverait que la vie immédiate

du SEIGNEUR eniihdus .: car lui seul est propre

ment la -uïevaussi-biert ;q«e l'être.

AMEN. Ija véritô>C'ef*Jijifc mot hébreu.

Page 529: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

8

AMER. Vrai falsifié. Vérité dénaturée. {V. Doux,

Fiel.).

AMOUR. Vouloir que ce qui esta nous soit à un

autre. Dieu est l'amour suprême , parce qu'il veut

nous approprier tout son être, c'est-à-dire, toute

bonté et toute vérité. Dieu se cache en quelque

sorte de nous , pour que nous puissions nous per

suader que nous sentons et pensons par nous-mêmes.

Il faut que nous découvrions par nos propresJbrces

tous lesattributs, et j usqu'à l' existence mêmedeDieu ,

afin que toutes ces vérités deviennent nôtres. Delà

la faiblesse et l'ignorance dans lesquelles nous nais

sons. Les plus grandes difficultés de la philosophie,

celles surtout de l'origine du mal physique et moral,

reposent sur cette vérité profonde , sur cette qualité

essentielle de l'amour divin , qui ne se communique

d'abord à nous que d'une manière indirecte, et ne

se montre comme être individuel et personnifié sous

notre propre forme , qu'après que nous nous sommes

approprié l'amour et la vérité eu général. {V. Haine,

Correspondances. )

ANE. ( Voy. Cheval , Attelage. )

ANGE. Forme d'amour et de sagesse. L'exté

rieur d'un ange exprime parfaitement son intérieur ,

Sarce que son homme substantiel est , pour ainsi

ire, mobile, et suit toutes les nuances de son être

moral; tandis que la forme extérieure de l'homme

est stationnaire en tant que matérielle. Un démon,

ou diable , n'est que le contraire de l'ange ; et

l'homme est l'un ou l'autre quant à sa forme inté

rieure , substantielle et immortelle , selon qu'il est

dans le bien ou dans le mal, même pendant cette

vie. ( Voy. Dieu , Ciel , Ame , Homme , Démons ,

Apparitions.) .>'.'• iy i

ANIMAL, ANIMAUX. Affections. Affections

bonnes,, s'il est question d'animaux domestiques ,

doux et utiles; affections mauvaises s'il est ques

tion d'animaux sauvages, nuisibles et féroces. Delà

les divers animaux dont parlentles prophètes aussi-

bien que les mythologistff*.; animaux qui sont eux

Page 530: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

9

mêmes. quelquefois surchargés d'hiéroglyphes nou

veaux, et offrent par-là des espèces de monstres,

tels que les centaures , les sphinx , les syrènes , etc. ,

de la fable , et les chérubins des livres saints. Nous

ne pourrons citer l'hiéroglyphe moral que d'un très-

petit nombre d'animaux. Ce sera par l'analogie

qu'ils auront avec ces premiers , que ceux que nous

ne citerons pas devront être expliqués. En connais

sant, par exemple, la signification du li<(n, de l'ours,

de la panthère , du chien , du chat , du rat , de la

souris, etc. ,' on pourra deviner celle de tous les

petits animaux et insectes garnis de poils qui dévo

rent les autres animaux. Les signes du zodiaque ne

proviennent originairement que d'une application

plus ou moins inexacte faite de l'hiéroglyphe naturel

des animaux à quelque ancienne doctrine de morale.

Il en est de même des autres constellations. Il est

arrivé en cela tout le contraire de ce qui arrive com

munément ; c'est le ciel moral qui a peuplé le ciel

physique. Hérodote dit formellement que le; Egyp

tiens outles premiers divisé l'année eu douze mois,

et ont donné des noms aux douze dieux. ( V. Douze,

Mois. )La doctrine de la métempsycose n'a pas non

plus d'autre origine que la signification morale des

divers animaux. (Voy. quelques animaux en parti

culier, soit Reptiles, Oiseaux, Poissons ou Qua

drupèdes. Voy. aussi Ange, Baptême, Beaute, Mé

tempsycose , Soleil , Etoile. )

ANNEAU. Marque d'autorité par le vrai. (^.Pen

dant d'oreille, Cercle, Bracelet, Main, Doigt,

Or.)

ANNEE. Période d'une église. Durée quel

conque. Eternité. Le monde spirituel étant placé

hors du temps et de l'espace , qui alors ne sont plus

que des apparences , les périodes ne désignent en

général qu'un certain état des sociétés, ou un chan

gement de cet état. ( fiy. Jour , Mois, Semaine,

Temps.,) .:»

ANTRE, CAVERNE. Lieu infernal. Lieu de

ténèbres , où apparaissent ceux qui sont dans l'igno

Page 531: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

rance, la fausseté et la méchanceté. {Voy. Cave.

Enfer, Abîme, Inférieur. )

APOLLON. Apollon était le même que Horos

chez les Egyptiens. Horus semble en effet venir de

or ou ur, feu, lumière. {Voy. Soleil, Chah,

CaEViL. )

APOTRE. Envoyé de Dieu. Les douze apôtres

représentent l'ensemble du bien provenant du vrai .

et chaque apôtre en particulier en représente um

nuance , Judas comme les autres ; il avait nécessai

rement son bon côté , sans cela le SEIGNEUR ne

l'eût point choisi; il ne lui eût point surtout confié

la bourse des pauvres. ( Voy. Douze. Voy. anssi

Pierre , Jacques , Jean , Judas. )

APPARITION du SEIGNEUR. LeSEIGNEUR

apparaît à chacun sous une formé qui est en rapport

avec le degré de sa foi et de son amour. Ceux qui

ne le connaissent point et ne l'aiment point ne le

voient point. Les apôtres eux-mêmes l'ont plutôt

vu par la foi que par la vue de son corps matériel.

( Voyez Avènement.)

APPARITIONS. On peut voir les défunts en

songe. Les extatiques et les somnambules les peuvent

voir également, quoique éveillés ou paraissant l'être.

Delà cette croyance universelle aux apparitions chez

tous les peuples , et qu'un siècle matérialiste ne sait

que tourner en ridicule. ( Voy. Ame, Substance,

Magnetisme. ) ' .

APPELE. Celui qui reçoit l'influence divine; car

cette influence est amour. Tout le monde est ap

pelé au bonheur par la perfection ; il n'y a point

d'autre prédestination. ( Voy. Prédestination

, Elu.)

APPELER. Donner un nom. ( Voy. Nom. )

APPUYER, S'APPUYER. Le même sens au mo

ral. {Voy. Rocher, Bâton, Béquille.)

ARAIGNEE. Tentations. Filets tendus par des

esprits dégradés qui sont dans le faux. {Voy. In

secte , Mouche , Fil , Filet.)

ARBRE, ARBUSTE. Bonté naturelledel'homme.

Page 532: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

II

Connaissances. Perceptions. Vrai scientifique. Tout

ce qui a rapport à la sagesse et à l'intelligence. Je

vois les hommes comme des arbres, disait l'aveugle

guéri par le SEIGNEUR , quand sa vue spirituelle

s'est ouverte, pour faire place ensuite à sa vue natu

relle. L'arbre de vie du jardin d'Ëden était la bonté

et l'amour ; celui de la science du bien et du mal , le

désir immodéré de la science , ou le désir de la

science pour la science même. En général , les arbres

à fruits représentent les hommes qui font de bonnes

actions ; les arbres qui ne rapportent point de fruits ,

les hommes durs et égoïstes. Et pour cette dernière

raison , des extatiques disent souvent que la vue

seule de l'épine , du pin , du chêne vert et des autres

arbres de ce genre , suffit pour leur causer de la ter

reur. En effet, l'arbre représente les nerfs et les fibre»

du corps humain, dont il imite toutes les ramifications}

et le- fluide nerveux a rapport à l'esprit, comme tous

les gaz et les premiers sucs nourriciers des plantes ,

en tant qu'ils sont invisibles et proviennent de l'eau

ou de la lumière : la bonté purement naturelle est

donc réellement comme une espèce de végétation.

[Voy. Eden, Fibres, Nerfs, Feuilles, Fleurs,

Fruits , Bois , Bonté , Magnétisme , Science.)

ARC. Doctrine du vrai, ou doctrine du faux.

{Voy. Flèches, Armes.)

ARC-EN-CIEL. Toutes les vérités divines. Al

liance éternelle. C'est par la vérité divine qu'on

s'allie et s'unit à la divine bonté. {Vcy. Eau,

Nuée , Couleur , Sept , Cercle.)

ARCHE. Eglise. {Foy. Vaisseau.)

ARGENT. Le vrai spirituel ; à cause de sa blan

cheur. {Foy. Or, Métal, Blanc.)

ARGENT MONNAYÉ. (Bourses ou sacs rempli

d'or et d'argent.) Le bien et le vrai en abondance.

ARMES. Raisonnemens. Disputes. Discussions.

Toutes les espèces d'armes , aussi-bien que les guer

riers, ont ces significations. {Voy. Arc, Flèche,

Bouclier , Lance, Fronde, etc.)

Page 533: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

,2

ARME A FEU. Persécution infernale. ( Voy.

Feu , Antre.) .-...

ARMEE. Système etappareil d'instruction. iVoy.

Armes.) '.'...•",.

. AROMATES. Vérités intérieures chez l'homme;

car les aromates proviennent en général de l'inté

rieur des arbres et des plantes. ( Voy. Encens ,

Myrrhe . Rksine, Arbre, Nez.) .

ARRÊTER, (S'arrêter, ou être arrêté.) Être dans

l'inaction, dans le faux. {Voy. Marcher, Lien , Pri

sonnier.) - •

ASSEOIR. Confirmer dans un état moral. {Voy.

Marcher.) Etre assis, signifie aussi autorité j et être

assis sur un trône, jugement. {Voy. Trône.)

ASSYRIE, ASSYRIEN, Ijationalité, rationnel;

par opposition à Egypte et,Egyptien, qui ne rap

pellent qu'un état purement naturel. Les mots Asie

et Assyrie viennent d'un mot hébreu qui signifie

feu ; c'est peut-être là ce qui a donné a ces pays ces

significations particulières. Je dis peut-être , car le

site d'un pays par rapport à un autre , ou le caractère

reconnu de ses habitans, peuvent aussi concourir à

la nuance particulière de la signification morale qu'on

lui donne. (Voy. Egypte, Naturel, -Orient, Points

cardinaux, Rationnel.)

ASTRËÉ. Fille de Jupiter et de Thémis, selon

la fable ; ou plutôt la Bonté et la Justice person

nifiées sous la forme d'une vierge ou d'une.femme.

Elle quitta, dit-on, la terre après l'âge, d'or. {Voy.

Vierge. Fille, Femme, Age d'or.)

ASTROLOGIE. Art prétendu de lire dans les

astres les éyénemens de la terre. D'où vient ce tra

vers-si accrédité de l'esprit buniain? La perte de la

langue de la nature en donne seule la' raison.' Dans

cette langue , le soleil signifie la vérité , les étoiles

certains principes généi'aux. Mais ces images hiéro

glyphiques ne se montrent que dans le ciel véritable

qui se découvre aux. extatiques ', et non dans le firma

ment matériel, où l'ignorance populaire et la foule

profane et étrangère aux initiations , a prétendu les

Page 534: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

J ï3

voir. Encore aujourd'hui , et parla même raison, no*

savans sont souvent injustes envers les brahmes, en

voyant des planètes où ceux-ci entendaient parler de

principes ou de sooie'le's spirituelles. On ne compren

dra bien les livres écrits en langue sanscrite, que

quand les disciples de la nouvelle Eglise se mêleront

de leur interprétation. ( Voy. Songe , Extase ,

Soleil, Etoile, Prescience, Voyant.)

AïRE. {Voy. Fourneau.) %

ATTEIAGE. Tous les animaux qui servent à

charrier des objets, ou à transporter l'homme , re

présentent , chacun dans sa nuance , la faculté de se

perfectionner par -le raisonnement discursif. {Voy.

Char , Cheval, Chameau, Eléphant, etc.)

AUBERGE. Le naturel extérieur. {Voy. ces deux

mots; voy. aussi Maison.)

AUGURES. (Voy. Oiseaux, Directions.) •

AUJOURD'HUI. Toujours. Éternellement.

AURORE. Commencement d'une Eglise. Etat

d'un npuveau régénéré. {Voy. Soleil, Jour , Prin

temps.1)

AUTEL. Amour de Dieu. Culte. Adoration.

(Voy. Elever, Montagne.)

AUTOMNE. Bonnes rouvres. Fruits de bonté et

de vérité dans leur perfection. {Voy. Printemps,

Moisson, Vendange.) ' >/

AVÈNEMENT DU SEIGNEUR. Le second avè

nement n'a pas lieu en chair; car cette mesure ne

pourrait évidemment être profitable qu'à un petit

nombre de personnes d'une seule génération ; et dès

la génération suivante, le genre humain n'en serait

pas plus avancé. Nous l'avons déjà dit à l'article Ap

parition , les apôtres eux-mêmes n'étaient point

chrétiens pour avoir vu le SEIGNEUR en un corps

de chair. Ily a tant de temps que je suis avec vous,

leur dit JESUS-CHRIST , et vous ne m'avez pas

connu ! L'avènement véritable du SEIGNEUR

dans une âme a lieu quand cette âme commence à

reconnaître la divinité du SEIGNEUR et à s'atta

cher à lui par amour. L'Evangile que JESUS

Page 535: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

CHRIST nous a laissé est véritablement le Verbe ou

le Fils de l'homme : c'est dans l'Evangile qu'avec le

temps on pourra finir par la voir, si ce n'est dès

cette vie matérielle, du moins dans la vie substan

tielle et immortelle. La connaissance de la langue

dela nature et de la nouvelle dispensation hôtera

parmi nous la connaissance du SEIGNEUR , et

établira définitivement son règne. ( Voy. Appari

tion, Correspondances, Consommation du siècle.)

AVEUGLE. Celui qui est dans l'ignorance et Ver-

reur. {Voy. OEii..>

B.

BABEL. Culte extérieur, saint en apparence,

mais corrompu au fond. Confusion. (.Voy. Tour,

Ville.)

BACCHUS. {Voy. Vin ,-Soleil.)

BAGUETTE. Puissance naturelle. {Voy. Bâton,

Main.) C'est de là que vient la>,eroyance à la,-divi.

nation par la baguette, et la rabdomantic. Dans le

songe ou l'extase , l'empire d'un individu sur ses

passions lui est figuré par une baguette plus ou

moins propre à chasser les animaux. {Voy. Ans-

maux.)

BAIN. Régénération. ( Voy. Baptême.)

BAISER. Union des sentimens. Conjonction par

affection. {Voy. Union, Communion.)

BALANCE. Liberté. Examen de la qualité d'un

objet. {Voy- Mesure, Lourd , Léger.)

BALAYER LA MAISON. Disposer en ordre ce

qu'il y a de bien et de vrai dans l'intérieur de

1 homme. ( Voy. Maiso.v.) Balayer le chemin signifie

préparer les voies. ( Voy. Chemin.)

BAPTEME. Régénération par la vérité. Péni

tence. ( Voy. Eau , Laver , Régénération. ) Le»

traces de^ cet emblème, plus oa moins défiguré , se

trouvent presque chez tnus les anciens peuples, qui

avaient géiiér;ilanient fait de Fusage des bains et des

ablutions des rites religieux. Nous ue^ rappellerons

Page 536: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

i5

ici que les mystères de Cottyto. Les initiés à ces

mystères s'appelaient Baples; leurs ablutions se fait

saient la nuit , et avec le soleil levant la procession

s-'avançait : les uns étaient habillés en soldats , 'les

autres en chasseurs, les autres en oiseleurs ; des ani-

mauxféroces mêmey figuraient en habits d'homme»

( Voy. Chasse , Armes, Lion , Ours, Animait*.)

BARBE. Scientifique sensuel. ( Voy. Bouchï ,

Poil , Cheveu , Fibre.)

BABQUE. Doctrine de l'Eglise puisée dans la pa

role. {Voy. Vaisseau. )_ 7

BATlR. Avancer dans le vrai par le bien. ( Voy.

Maison.) .;. ». * ' '.'..•.

BATON. Sceptre. Puissance naturelle , par op

position à la main qui est puissance spirituelle. De là

le bâton des devins et des enchanteurs. ( V. Sceptre.)

BATTRE. Tourmenter, punir. {Voy. Bâton.) .'

BEAUTE. Dans le monde spirituel , la beauté

dépend entièrement de la perfection morale des in

dividus. Celui qui connaît leSEIGNELR et cherche

le bien et le vrai , y apparaît seul sous la forme hu

maine; les autres hommes n'y apparaissent que sous

la forme de l'animal qui a le plus d'analogie avec

leur caractère dominant , quoique le plus souvent

eux-mêmes ne s'en doutent pas. Ce sont les visions

des anciens extatiques à cet égard , qui ont donné

naissance au dogme de la métempsycose et à toutes

les métamorphoses, de la Fable. ( Voy. Correspon

dances, Songes, Corps humain, Animal. )

BÉGAYER , BÈGUE. ( Voy. Muet , Langue. )

BÉLIEB. ( Voy. Agneau. ) . ' H

BELZEBUB. Le Démon. Un emblème du mal

moral , sous une forme humaine monstrueuse. Mot

à mot, le prince des mouches. ( Voy. Mouche , In

secte , Beauté. ) . .. '

BÉNIR. Enrichir des biens de la charité et de la

vérité. ( Voy. Main , Imposition des mains. ) »

BÉNÉDICTION. Réception du bien et du Vrai.

Union avec le SEIGNEUR. ( Voy. Bénir. ); ..;:.;

BÉQUILLE. Soutien hors de l'ordre naturel.

Page 537: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

:"-v

Marcher avec des béquilles signrfies'apptrrer strr nn

prétendu mérite des bonnes œuvres. ( Voy. Mi-

amt , Bois. ) „.

BERGER. Dieu. JÉSUS-CHRIST. Celui qui

conduit au bien et au vrai de la charité. ( Voy. PaS

TEUR , AGNEaU. )

BEURRE. Bien céleste du principe rationnel.

( Voy. Graisse, Huile. )

BIEN. ( Voy. Bonté. )

BILE. Faux infernal. {Voy. Amer, Fiel, Sang.)

BITUME. Le bien mélû de mal , probablement

entant que graisse imparfaite. ( Voy. Graisse. )

BLANC. Vérité pure , parce que le blanc réflé

chit toute la lumière. ( Voy. Couleur. )

BLÉ. ( Voy. Froment. )

BLESSURE. Conviction de fausseté. En bonne

{Sart, conviction de vérité. {Voy. Armes, Ulcère.)

BLEU. Affection pour les vérités célestes. Bleu

clair, affection pour les vérités spirituelles. Les

prêtres égyptiens portaient des vêtemens bleu-de-

ciel. (Voy. VÊtEMENS , IwDIGO , VlOLEt , COULEUR ,

Spirituel. )

BOEUF. Bonté naturelle, affection naturelle.

( Voy. Animaux , Veau, Taureau. ) C'est pour cette

raison que les Egyptiens sacrifiaient un jeune bœuf

blanc et pur. ( Voy. Blanc. ) Dans les hiéroglvphes

égyptiens , un bœuf diversement lié , soit par les

cornes , soit par les jambes , représentait aussi , selon

Horus-Apollon , un homme qui avait fait certains

efforts pour se corriger de ses défauts.

BOIS. Volonté naturelle chez l'homme dans le

K"is bas degré. Le bien ou le mal de ses affections,

bois de chaque arbre offre une nuance d'affection

différente. ( Voy. Arbre, Feuille, Fruit, Cèdre,

Epine , etc. )

BOITE. Ce qui contient une chose. ( Vcy. Vase,

Corbeille , Vaisseau , Maison. )

BOITER. Etre dans quelques faussetés , quoique

voulant généralement le bien. ( Voy. Béquille. )

BONNET. ( Voy. Ornemens de la tête. )

u

Page 538: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

H

B0NTÉ. Amour. Charité. {Voy. AMOUR.)Quai*d

la bonté n'est point raisonnée selon le plan de la

Providence, elle est mauvaise. Un bon cœur vaut

mieux, il -est vrai, qu'un mauvais naturel; mais il

ne donne pas par lui-même le moindre degré de

bonté morale. Celle-ci ne naît qu'avec l£s efforts

Î>ersonnels de l'individu. Et de plus, strictement par

ant, Dieu seul est bon. Si la bonté d'une créa

ture pouvait être bonté en soi , Dieu ne serait plus

la bonté infinie. Sa bonté - ne peut que nous être

appliquée. Les nuances du bon sont aussi innom

brables que celles du vrai, puisque le vrai n'est que

le bon manifeste'. Le bon ou le bien engendre tou

jours un autre bon ou bien. Il y a , par conséquent,

le bien provenant du bien , et le bien provenant

du vrai. {Voy. Mal, Être.)

BOUC. Un degré médiocre de charité provenant

de la vérité. ( Voy. Agneau , Chevreau , Animal.)

BOUCHE. Discours. Sagesse. ( Voy. Langue.)

BOUCLIER. Défense contre les raisonnemens

d'un adversaire. Raisonnemens. ( Voy. Armes. )

BOUE. {Voy. Sol.) ' r ...,.,, .1

' BRACELET. Espèce particulière de puissance

parle vrai. ( Voy. Ornemens, Main.) . . .:, . i

BRAS. Puissance. ( Voy. Epaule, Main, Doigt. )

BREBIS. {Voy. Agneau.)

BRIQUE. Vérité contrefaite. Vérité du degré

infime. Fausseté. ( Voy. Pierre. )

BRUIT. Discussions. Raisonnemens , surtout

quand il y a bruit des eaux , du vent , des ailes.

{Voy. Von, Cri.)

BRULE. ( Voy. Consume par le feu. )

BUISSON. Degré de scientifique. ( Voy. Verdure,

Arbre. )

CABANE. {Voy. Maison:.) './".'

CABBALE. Science secrète des Juifs {Voy. Mïs"

Page 539: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

i6

tirt*, MAft««Tis»ra, Soitoe, Extase , Langue m la

nature, Vètemews.)

CADAVRE. Extinction totale et corruption du

bien et du vrai. ( Voy. Mon , Blessure , Chair ,

Corps «umain. )

CAIN. La passion. La haine. La foi sans les œuvre*.

La foi sans la charité. ( Voy. Abex. )

CANAAN. Église. Ciel. ( Voy. Terre. ) ^

CANAL. Le bien du vrai , à cause de la direction

donnée à l'eau , et à cause de la pierre. Doctrine de

charité. ( Voy. Eau , Pierre. )

CANDELABRE. Intelligence. Foi. ( roy. Lu

mière.)

CANTIQUE. Glorification duSEIGNEUR. Joie.

Triomphe. ( Voy. Musique. )

CAPTIF. Celui qui est dans le faux. ( Foy. Pri

sonnier , Maison , Maladie. )

CASQUE. Défense par l'intelligence. Chez les

Egyptiens , le casque signifiait le plus haut degré

de sagesse. ( Voy. Ornemens de la tète. )

CAVE , SOUTERRAIN. Signe de dégradation

infernale. Air de cave , air pestilentiel d'un souter

rain signifie persécutions des mauvais esprits. Ten

tations infernales. {Voy. Antre, Enfer , Inférieur,

Air.)

CAVERNE. ( Voy. Cave , Antre. )

CÈDRE. Moyen de purification interne. Carac

tère de celui qui n'est que dans le scientifique ou le

rationnel. Grandeur. Orgueil. ( Voy. Hysope,

Arbre. ) #

CÈDRES DU LIBAN. Les connaissances de la

vérité , ou bien lés sociétés orgueilleuses qui sont

dans les faussetés. ( Voy. Cèdre. )

CEINTURE. Moycud'uniou. ( Voy. Lien.) Cein

ture des reins signifie le bien de l'Eglise quant à la

bonté et à la vérité. {'Voy. Flancs, Reins.) La

ceinture de poils que portaient les prophètes, et

notamment Saint-Jean , siguifiait l'ensemble de la

parole de Dieu quant à la lettre. ( Voy. Poil, Che-

VW.} . ; .--. ' - .-"

Page 540: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

*9

CELESTE. Ce qui a rapport au ciel supérieur

et à l'amour divin. ( Voy. Spirituel, Naturel.)

* CENDRES.Le faux provenant des passions. {Voy.

Poussière, Feu , Sable.) v .

CÈNE (La sainte )• ( Voy. Communion, Mange»,

Boire.) ' ,

CENT. Tout. La même nuance que dix dont cent

est le produit. ( Voy. Dix , Nombre. ) Il en est de

même de mille. . '- .

CENTAURE. ( V. Satyr.Cheval , Homme. ) '

CENTRE. Ce qui est intime. Ce qui est parfait.

Dieu , avaut tout. ( Voy. Intérieur. ) -.. •

CEP. Intellectuel de l'Église. ( Voy. Vigne,

Arbre. )

CERCLE. Durée sans fin. Éternité. Tout ce qui

est de forme ronde a rapport aux choses éternelles,

depuis la voûte des cieux et l'arc-en-ciel jusqu'au

moindre fruit et à la moindre goutte de rosée. {Voy.

Arc-en-ciel, Rond, Quarré.)

CÉRÈS. ( Voy. Froment. )

CERF. Affections naturelles. Caractère vif, sau

vage, orgueilJeux. {Voy. Animal, Ours, Loup.)

CERISE. ( Voy. Fruits , Pomme, Fraise.)

CERVEAT7. Science. Connaissance. Mémoire.

( Voy. Livre*, Tête , Poumon.)

CERVELET. Mouvemens volontaires. Amour.

( Voy. Cerveau.)

CERVOISE. Faux de l'Eglise : cervoise se prend

d'ordinaire en mauvaise part, par opposition au

vin. ( Voy. Vin , Pomme.)

CHAINE. Suite de choses morales tenant 'en

semble. Suite de vérités et de raisonnemens. La

qualité du métal indique la nuance particulière.

( Voy. Ruban , Corde.) Chaîne , prise en mauvaise

part, signifie empêchement. Impuissance. Fausse

doctrine. ( Voy. Lien.)

CHAIR. Amour. Le propre de l'homme. La chair

se rapporte à la substance , par opposition à la. forme

qui se rapporte à la vérité. {V. ces mots. V. aussi

Manger, Animal.) ;»».•.;: ... » .- •

Page 541: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

30

CHAISE. {F. Siège.)

CHALEUR. Amour, bon ou mauvais. {F. Fe.d.)

CHAMEAU. Choses scientifiques d'un ordre com

mun, d'un ordre purement naturel. Litière de cha

meau signifie Scientifique vrai. {F. Cheval,- Paille,

Herbe, Arbbe, Attelage, Aiguille.) Quand on

connaît l'hiéroglyphe du chameau , du trou de l'ai

guille et du riche, on ne s'étonne plus de cette sen

tence de l'Evangile : Il est plus facile à un chameau

de passer par le trou d'une aiguille, qu'à un riche

d'entrer dans le royaume des cieux ; car cela signifie

tout simplement qu'il est plus facile à une personne

qui est dans les connaissances scientifiques d'arriver

auxvérités spirituelles, quecela n'est facile à une autre

personne qui s'attache exclusivement aux sciences

naturelles. Dans le monde spirituel, d'ailleurs, les

objets n'ont point de grandeur déterminée , étant

placés hors du temps et de l'espace. Z»

CHAMP. Église. Bien de l'Église. Un champ de

blé signifie les Fruits du bien et du vrai de l'Eglise.

( F. Terre , Froment. ) -

CHAMPS-ELYSÉES. {F. Éden.)

CHAPEAU. {F. Ornemens de la. tête.)

CHAR. Doctrine. Système de vérité. (T^.^Boîte,

Maison, Vaisseau, Attelage, Cheval.)

CHARBON. Le faux provenant des passions. Le

faux des passions. {F. Feu , Bois.) -

CHARDON. {F. Épine , Verdure.)

CHARITÉ. {F. Amour.)

CHASSE, ALLER A LA CHASSE. Faire des

efforts pour acquérir le bien et le vrai , ou pour dé

truire le mal et le faux. (F. les noms des divers ani

maux qu'on prend ou qu'on tue à la chasse.)

CHAT. Mauvais caractère. Médisance. Calomnie.

(F. Ours , Chien , Panthère.) » •

CHAUME. Scientifique nul. {F. Paille.)

CHAUVE-SOURIS. Ignorance. {F. Hibou.)

CHAUVE (TETE). Privé de connaissances spi

rituelles ou naturelles. (^.Cheveu.) • . ._ •

Page 542: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

M

CHEMIN. Carrière de la vie. Le vrai conduisant

au. bien. {V. Rue , Place publique.)

CHEMINÉE. {V. Fourneau, Fumée.) V

CHÊNE. Caractère de l'homme difficile, dur et

sensuel, {r. Arbre.) - , - ,.^ '

CHEVAL. En tant qu'il sertàtransporterl'homme,

il signifie Facilité de se perfectionner dans les con

naissances utiles, principalement dans celle des vé

rités divines. Les anciens connaissaient très-bien

cet emblème. Les Perses , ^ux fêtes de Mythra , con

sacraient au soleil un cheval blanc. Chez les Grecs ,

Pégase fait jaillir avec son pied làfontaine d'Bip-

pocrène ; et quatre coursiers sont attelés au char

d^Apollon. Des antiquaires assurent même que les

chevaux d'Apollon étaient représentés avec les mê

mes couleurs que ceux dont parle Jean dans l'Apo-

• calypse. Dans 1 Écriture Sainte, le cheval signifie en

général l'intelligence de la parole de Dieu; et le che

val blanc, l'intelligence de son sens intérieur et spi

rituel. L'âne, le chameau et les autres quadrupèdes

du même genre , ont unesignification analogue, mais

dans un aegré inférieur. Du reste, l'emblème du

char attelé de quatre chevaux n'était pas seulement

connu des Grecs , mais de tous les anciens prophètes

et mythologistes étrangers à cette nation. {V. Char,

Aller a cheval^Attelage , Fontaine, Soleil,;

v. aussi les coule^P Blanc, Noir , Roux et Pale.)

CHEVEU. Dernier degré de vie quant au vrai.

Scientifique du dernier degré. Dans Ta langue de la

nature , on regarde les cheveux et les poils comme

étant les terminaisons des fibres çtdes nerfs. (/^.Poil,

Fibre, Nerf.)

CHEVREAU. Irinocenceextérieurc.(^. Agneau.)

CHIEN. Passions grossières , principalementcelles

du manger, de la colère. \V. Chat, Animaux.)

CHOUETTE. {F. Hibou.)

CHUTE. {V. Tomber, Degradatiok.)

CIEL. État de béatitude en Dieu. Le ciel est

partout, vu que dans le ciel le temps et l'espace ne

Page 543: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

a*

«ont qu'apparens. Cela n'empêche pas toutefois

que monter ne signifie aller au ciel , et desc-endre ,

venir du ciel. {V. ces deux mots.) Il y a trois cïeux.

correspondans aux trois degrés de développement

dont l'âme humaine est susceptible. [V'. Terri,

Ame , Jardin , Ëden.) Quant au ciel visible , ou au

firmament, il n'est que l'hiéroglyphe naturel du

ciel véritable et invisible aux yeux charnels, {y. So

leil , Etoile, Nuée.)

CINQ. Le nombre cinqsignifie pleinement, abon

damment, comme exubérance de quatre. (^.Qltatre,

Nombre.) Il signifie'aussi suffisamment , autant qu'il

en faut. . _ --

CIRCONCISION. Purification des amours gros

siers. {F. Chair, Organes de la génération, Corps

humain.)

CIRE. Moyen d'acquérir des lumières pures.

\V. Abeille, Suif.) -^

CITERNE. {F. Puits.)

CLEF. Puissance , principalement celle d'ouvrir

et d'introduire. {F. Porte, Sceau.)

CLOCHE , CLOCHETTE. L'ensemble de la doc

trine et du culte dirigés vers une société. {V. Bruit,

Métal.)

CLOU. Ce qui attache. Ce qui affermit. Ce qui

arrête.

CNEPH. Dion des EgyptiensJlfele représentaient

sous la'forme humaine, couleur ïïleu céleste, tenant

en main une ceinture et un sceptre , ayant une plume

sur la tête , et dans la bouche un œuf, duquel était

censé procéder un autre dieu;, nommé Phla , le

même que Vulcain. {V. tous les mots soulignés;

v. aussi VÊtEMENS.)

COEUR. Amour. Volonté. {F. Poumon.)

COLERE. Quand on l'attribue à Dieu ; c'est

amour ; car Dieu ne châtie que par amour. [V. Zèle,

Haine.)

COLLIER. Marque de la réunion de l'intérieur

avec l'extérieur. {V. ces deux derniers mots; v. aussi

Cou, Chaîne.)

.

Page 544: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

a3 •

COLLTNE. Bien de la charité. (F. Montagne.)

COLOMBE. Le bien et le vrai de la vérité chez

celui qui se régénère. La colombe , comme tous les

oiseaux, représente aussi l'esprit de Dieu et son ac

tion invisible sur ses créatures. {F. Oiseau, Vent,

Esprit, Songe , Extase.)

COLONNE. Bien de l'amour et de la foi , parce

qu'une colonne soutient une maison, un temple.

Colonne se prend au naturel , et est comme la base

du spirituel qui y correspond. {V. Naturel.)

COMPAGNON. {F. Frère.)

COMMUNION. Union mutuelle par l'amour.

(V. Manger, Boire.) La vraie commu nion chrétienne

consiste dans l'amourréciproquedeJESUS-CHRIST

et du fidèle; en d'autres, termes , en ce que le SEI

GNEUR mange avçc lefidèle, et lefidèle avec le

SEIGNEUR , selon l'expression même de l'Evan

gile. Quand on sait à n'eu pouvoir douter que laseule

communion vraie est celle de l'amour , il y a peu à

disputer sur le signe extérieur qui la représente.

(V. Cuair , Sang.) .»-'•

CONCEPTION. Première réception du bien et

du vrai. L'enfantement et tout le procédé de la gé

nération ont des significations analogues. {V. Ma

riage , Enfantement.)

CONNAISSANCE. Science raisonnée. Elle sup

pose un degré de plus que la science pure et simple ;

mais elle n'est pas iencore la foi , ni surtout la foi

vive, qui seule donne à l'dme la vie véritable.

{V. Science , Sagesse , Vie.)

CONSOMMATION DU SIÈCLE. Derniertemps

de l'Église; quand le SEIGNEUR est obligé de la

renouveler. {F'. Jugement dernier.)

CONSUMÉ PAR CE FEU. Anéanti par le.mal

de l'amour de soi. {V. Feu.)*

COQ. Matin. Chant du coq signifie Fin et com

mencement d'une Église. {F. Aurore. )

CORBEAU. Fausseté. {F. Oiseau, Noir, Co-

IX>MBE.)

CORBEILLE. Le contenant. Système de vérité

Page 545: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

a4

capable de contenir la bonté. {V. Boîte, Vase, Pa

rier.) De là l'emblème de Moïse recueilli sur les eaui

dans une corbeille de joncs. {V. Moïse, Vaisseau.)

CORDE. Moyen d'union. Suite de vérités. {F.

Lien , Lin , Chaîne.) . . ,.

CORNE. Puissance duvraiparlcbien. {fr. Chais,

Os, Ongle.) Dans la Bible, corne signifie quelque

fois les rayons du soleil, et la gloire dent ils sonl

l'emblème. •

CORPS HUMAIN. Le corps humain est le mi

crocosme des anciens, ou le monde en petit; car il

correspond même à l'univers moral et au ciel

(V. Homme.) Les objets matériels de l'univers vi

sible dans les trois règnes se rapportent tous à

quelque partie du corps humain , et deviennent des

hiéroglyphes moraux selon la njiancedc ce rapport

(F. Arbre.) De plus , la direction de ces objets par

rapportau corps, leur éloignement ou leur proximité

du corps, est un hiéroglyphe nouveau. Un fruit , une

fleur, par exemple, varient la nuance de leur signi

fication primitive, selon qu'ils se trouvent placés aui

pieds, à la hauteur de la main , ou au-dessus de la

tête. Le corps humain est une véritable échelle de

Sroportion pour s'orienter dans l'univers moral et

ans le ciel. {V. Forme humaine , Membres , et la si

gnification des diverses parties du corps; v. aussi

Conception, Enfantement.)

CORPS DES ANIMAUX. {V. Corps humai»,

Membres, Manger, Chair.)

CORRESPONDANCES. Significations morales

de tous les objets de la nature visible. La science

des correspondances sert à l'explication des images

que présentent les extases et les songes , et devient

ainsi la clé de toute l'Ecriture Sainte. La nécessité

absolue de constater les aberrations morales par les

aberrations physiques, explique également l'origine

du mal physique, et cela de manière à satisfaire la

philosophie la plus scrupuleuse. Chez les Egyptiens,

la connaissance imparfaite des correspondances »

donné naissance aux hiéroglyphes et a l'idolâtrie.

:

Page 546: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

;a5

( P' . Langue de la nature , Hiéroglyphes, Swe

denborg. ) ..'./.,.. i

COTE. Ce qui est. propre et cher à lîhomme.

Les côtes ont rapport au vrai , les .flancs au bien.

( V. Os; Pojtrine.), .; .". J. . i' ,->i;;.'

. ...COTON. Degré ou nuance du vrai naturels Le

coton est le Byssus de l'Ecriture Sainte. ( V. Soiç,

Lin , Toile, Vêtemens.) ,

COTTE D'ARMES. Système raisonné. Raison-

nemens. ( V. Armes, Bouclier.)

COU. Union du céleste et du spirituel , de Ja

charité et de la foi, ou du bien et du vrai, parce

Îue le cou unit y», tête et la poitrine.. {F(. Tête ,

oitrine , Collier. ) h. .;. \ •,:.>:*.": i

COUDRIER. {V. Noisetier , Baguette.). -;

COULEUR. Vérité, en tant que formée par des

rayons de lumière. Les trois premières cculeurs ,

savoir , le rouge, l'orangé et lé. jaune, se rapportent

au vrai de l'amour; les trois dernières, savoir-, le

bleu , l'indigo et le violet , au vrai simplement , ou

avec décroissance du bien. Quant au vert, il re

présente la nuance intermédiaire. ( V. Çliaque cou

leur en particulier j ,o>. aussi Arc -en -ciel , Soleil,

Sept.) ' ..:•• ,1 . -i ; »'I

COUCHÉ, ETRE COUCHÉ. Marque de tran-

. quillitéi et de confiance. Être couché au lit signifie un

état qui peut servir au spirituel, (f. Marcher, S'as

seoir , Lit. ) . i : . . .. . ; , , ; , .

-'; COURONNE. Divin. bien produisant le divin

vrai. {Pr. Ornement de la tête.) . ,-j . ,-. • ;' „

, QOUTEAU. Le vrai combattant. La purification

du vrai par les tentations. Le faux dans le 'sens

analogue. (^"V Glaive.)

CRÉATION. Elle se prend au moral. {T. Créer.)

Quant à la création matérielle, elle n'est d'aucun

intérêt en fait de morale. La vraie différence çptre

• matériel et substantiel échappe à l'esprit humain'. Le

monde matériel n'est peut-être que l'écorce ou la

scorie du monde substantiel.- Et Dieu a probable

ment toujours créé.; :.j... .'i»:ii » . .,.iû

3

Page 547: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

a6

CRÈCHE. Instruction pour l'intellect. < F. MaN

GER DES aNIMaUX. )

CRÉER. Réhabiliter au moral. Rendre à la "vie

spirituelle. ( V. Création. )

CRÉPUSCULE. État mitoyen entre la vérité

• et l'erreur, entre le bien et le mal. {pr. Aurori.

Lumière , Coq. )

CRI. Douleur à cause du faux. ( ^.Vorx , Bruit. |

CROCHET. Moyen d'union, {F. Clou. )

CROITRE. Augmentation dans le bien , par op

position à multiplier, qui est une augmentation dans

le vrai.

'CROIX. Souffrance. Tentation. Destruction du

bien et du vrai. {F. Crucifier, Bois, Clou, PrED,

Maiw.)

'CRUCIFIER. Punir pour la corruption du bien

et du vrai ; et dans le sens contraire , souffrir

pour l'un etpour l'autre. ( V. Lapider, )

CRUDITE. En parlant des fruits, absence d'a

mour et de charité dans la nuance particulière cor

respondant à chaque fruit. (F. Fruits. )

CRISTAL. Vérités spirituelles et divines , parce

Îae le cristal est clair comme l'eau pure. ( F. Eau,

li amant , Verre de vitre. )

CUIR. {F. Peau, Animai,.) i

i CUIRE. Préparer le bien par le vrai de la foi.

{F. Eau, Feu , Nourriture.)' ' «:

CUISSE. Degré de bonté et d'affection , à cause

de la proximité des flancs. {F. Organes de Î.a géné

ration , Pied.) ' • .' » . . !m .

CUIVRE. Bien naturel. ( V. Or, Argent, Métal.)

CYGNE, ( P". Oiseaux , Blanc , Ea.u . )

• v.v .) . . . . , , • [ .', v ; .

...}• ... • ,. . ..[, •.;; .

DAVID. Dieu comme roi éternel , comme divin

rçai. {F. Roi.) .J» '

DEBOUT. Ferme. ( F. Tenir. ), . ;

DÉGRADATION. La chute ou dégradation du

Page 548: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

genre humain , contre laquelle une fausse sagesse

ose quelquefois s'élever, n'est que la suite naturelle-

de l'abus de la liberté laissée à l'homme. Cette dé*-';

gradation pouvait avoir des suites d'autant plus

terribles, que la perfection de la nature, humaine va

jusqu'à permettre à l'homme de scruter dansTave

nir. La méchanceté pouvait ainsi, détruire le biea

i'usque dans sa. première source. {F. Pbesciehcie ,

-iiberte. ) ,. . ., , .i( . ; . . • ; , /

DEGRES. Tout , dans la vie spirituelle aussi-bien

que dansla nature , est disposépardegrés, et s'avance

par progrès insensibles. Il y a dans' l'âme deuxiçs-

pèces de degrés, ceux de latitude qui sont'homo

gènes , et ceux en hauteur qui sont distincts quanta

l'espèce; en tout trois degrés, le naturel;, le^spirituel

et le céleste, Tous ces degrés ont en même temps

leur intérieur et leur extérieur. {V. ces mots.) Entre,

les degrés distincts, il n'y a de communication que

par correspondances ou par imageshiéroglyphiques.

Dans l'homme terrestre on distingue de même trois

degrés , le corporel , le naturel et le rationnel ; mais

ces degrés communiquent entre eux directement.

( F. Ame, Ciel, Echelle, Correspondances, Langue

DE Là_ NAtURE ) V. UljSSÏ RAtIONNEL.)

DELUGE. Tentations. Tribulations. Extinction,

du vrai. {Voy% Eau. ). ,. . . ; -'

DEMAIN. Éternité. État nouveau. M

DÉMONS . Hommes devenus esprits bons ou mau

vais. Les hommes dégradés dans le monde spirituel

s'apparaissent les uns aux. autres sous la figure hu

maine; mais aux yeux des êtres supérieurs en mo

ralité , ils ne se montrent que sous des formes plus

ou moins monstrueuses, et même sous les formes

des divei's animaux. Dansla langue de la nature,

et par conséquent dans l'Écriture Sainte , le mal mo

ral est toujours appelé Diable ou Satan. Diable est

plïtôt la destruction du bien , Satan plutôt la falsi

fication du vrai. {Voy. Géwie , Beauté, Métemp

sycose.) . .,,•[ ;,; ;;;.

DENTS. Dernier degré de la vie naturelle ii»ui->

Page 549: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

28

rieure chez l'homme. Côté extérienr ou naturel de

renWndement. Grincement des dents signifie Col

lision entre les Vérités et les faussetés. ( Voy, Inté

rieur, Exterieur. ) '

DERNIER: ( Voy. Premier, Petit. )

-DESCENDRE. Se dégrader. S'humilier. ( V.

MONtER, ËtEVER.) :

- DÉSERT. Médiocrité, oïl absence du bien et du

vrai. Etat de, tentation. {Voy. Eden, Jardin.)

-DÉSOLATION. Faussetésinfernales. {Voy. ABO

MINAtION.)

DEUX. Conjonction. Le bien et le vrai. Ce qui

est 'Saint, complet. Deux et demi. La plénitude.

{Voy. Nombres-.)' . • .

DEVIN. Celui qui fait profession de découvrir

l'avenir etiles choses cachées , dans l'état de songe ou

d'extase. -( V. ces deux mots ; voy. aussi Magné

tisme, y On ne peut plus révoquer en doute que

l'état prophétique ne se soit plus ou moins déve

loppe' chez tons les peuples, même chez les sauvages

d Amérique. ( V. Jongleur. )

DÉVORER. S'approprier. Détruire. Dévorer

tiri livre ; s'approprier son contenu. Dévorer k chair

de quelqu'un ; détruire ce qui fait sa vie. Sans la

connaissance dé cet hiéroglyphe, il est impossible

de ne point trouver absurde ces passages des Saintes

Écritures , où il est question quelquefois , non-seu

lement de manger des choses dégoûtantes, mais

jusqu'à des chevaux avec leurs cavaliers, et des char-

riots avec ceux qui sont montés dessus. ( V. Man

ger. )

DIABLE. (V. Démons.) •: •"•' '•. :'

•-DIAMANT. Vérité divine. Vérité éternelle. {V.

Cristai , Verre dE'vitre, Elu , Mïroir. )

DIEU. Le Créateur', le Rédempteur et le Régé-

nérateur'des hommes. Comme PèM', il' test invisible ;

quand il se constitue visible, il devient Fils» Avant

son incarnation matérielle, la Divinité ne pouvait

se montrer que sous la forme d'un ange embléma-

^#-— ^ tique./ Mais cette fdraie ne suffisant plus pour lu

t

Page 550: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

a9

faire reconnaître par des esprits dégradés , DIEU

s'est fait le plus malheureux et en même temps le

plus vertueux des mortels , afin de leur montrer à

tous leur maître. Dieu s'est fait le premier et le

dernier , l'alpha et l'oméga de la création , afin

que toutes les sociétés éternelles pussent recon

naître leur Roi dans le héros du Calvaire , et s'at

tacher à lui dans une union éternelle. (/^o^'.-Appa-

bition, Avènement, JÉSUS-CHRIST, JËHOVAH,

Divin bien et Divin vbai , Roi , Fobme humaine ;

voy. aussi Eternel et Infini.) Les anciens admet

taient quelquefois plusieurs dieux inférieurs; mais

alors évidemment ils ne prenaient plus le nom de

Dieu dans le sens absolu , et ils n'entendaient plus

parler que de ces êtres que nous rangeons nous-

mêmes en diverses catégories sous l'Etre suprême ,

et que nous appelons anges ou âmes de nos ancêtres.

DIEUX. ( Voy, Dieu.)

DIRECTIONS. Les directions vers les points car

dinaux , vers le ciel , ou vers le centre de la terre ,

ont aussi des significations morales. {Voy. les Points

cardinaux; voy. aussi Monter, Descendre, Nombre,

Corps humain , Droite , Gauche. ) De là vient cette

prétention des anciens, qui disaient .que le fleuvg

Himérée avait des eaux douces quand il se dirigeait

vers le midi , et des eaux amères-quand il coulait,

vefs le nord. ( Voy. Rvvière , Eau. )

DISTANCES. Dans le monde spirituel les dis

tances ne sont qu'apparentes ; et représentent sim

plement des diversités d'étais moraux. Les êtres

dont les caractères sympathisent semblent proches

les uns des autres; ceux dpnt $es caractères se re

poussent semblent éloignés eh raisoiL des leur aver

sion. ( Voy. Espace. )

DIVIN BIEN et DIVIN VRAI. Dieu. Amour

et vérité. Volonté et intelligence. Bonté et sagesse.

Substance et forme. Père et Fils. IJout cela revient

au même dans le langage extatique. Par le procédé

de l'Incarnation, le, divinbien s'est uni au divin vrai, .

au point de personnifier pour nous r.es^e.ftee. divine,

3.

Page 551: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

3o

ti là* mettre en un rapport direct avec toutes les

créatures. Sans ce procédé il était devenu métaphy-

siqriemcnt impossible de donner un Roi éternels

toutes les créatures, dé les réunir, de les consom

mer toutes dans Yùnitë. { roy. Glorification.

Amour , Vérite , Dieu , etc. , etc. )

DIVINATION. ( Voy. Songe.)

DIX-. Tout. Cent signifie Tout également, n'étact

que dix multiplié par lui-même. ( Woy. Nomme.'

Dix signifie aussi ce qui reste, les reliques; ei

dixième mois ou jdur du mois, l'état de l'initiation

de l'homme intérieur.

DOIGT. Degré de puissance , eu particulier

quant au vrai. Chaque doigt offre une nuance dif

férente que l'expérience seule pourra déterminer.

Le doigt du milieu peut se rapporter à la liberté, le

pouce et l'index à la puissance par le bien , les dem

autres à celle par le vrai. ( Voy. Main , Bfus

Épaule. )

DOS. Partie volontaire du 'caractère de l'homme.

Aversion. Le dos a aussi rapport aux choses cachée?.

aux points qui' forment un objet de simple foi, pu

opposition a la face qui correspond aux connais-

.s*nces claires. Ou bien encore le dos correspond au

. passé , la face à l'avenir, {V. Marcher , se tourser.

DOUX. Ce qui est agréable. La dbuceur se rap

porte à Ja vérité, l'amertume à la fausseté. {F

'Amer;)

DOUZE. L'ensemble de tout ce qui a rapport

au* biens de la charité et de la foi. Dites la même

chose de 2.4, de <fi et de i/j4 > l11' ne sont que de»

dérivés de t'i:' ( V: Tttitfus ,. Apôtres ; voy. au»

Nombres), et en pârtïcufier Taëis et Quatre , Dix et

Deux, dont douze se ,comp,ose. ) C'est a "cause &(

cette signification morale du nombre, douze qu'on

jetrouve ce nombre 'si souvent; mentionné dans les

livres Saints et les nyytli'ologics anciennes. On con

naît les douze portes du soleil , les&ouze vents , etc.,

aussi-bien que les douze portes de la nouvelle Jéru

salem, les dou'zfe^p'ôti-es, les vingt quatre vlerflàrdj,

J.

Page 552: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

3i

lessoixante-douxe disciples, les céht qiiarante-qiiatré

mille élus. ,( V: Porte , Vieillard.) ....

Bj DROIT1 Ce qui est juste. jCq.cmi. est dans rendre, ,

ifii (^-Tordre;) ' ,'/:

. fc, DROITE. La droite se rapporte au bien, la gauche

' au vrai. Et par la droite et la gauche il faut en-

i tendre la moitié entière du corps humain lui-même^

Ljg aussi-bien que les objets extérieurs qui y répondent;

7 car chaque fibre de ce corps a une signification par-

j6, ' ticulière. Ainsi le pied droit , le talon , le genou ,Je

:uii " fémur droit , etc. , ont une nuance analogue à, la

signification de la droite en général. Dans le sens

„ défavorable , la gauche est prise pour le mal. Cet

,, hiéroglyphe revient assez souvent dans les livres

c saints j et la faible elle-même admettait deux chc-

j mins' se présentant aux âmes des défunts aumoment

,»> de leur mort, dont l'un conduisait , à droite, aux

^ Champs-Elysées, tandis que l'autre, sur la gauche.,

aboutissait au Ténare. Le* 4ruspices croyaient éga-

l lement favorable un éclair vu à droite, et fatal un

l,, éclair vu à gauche. (/^. Eclair.)

.j DUR. Le faux, par opposition à ce qui est tcti-

:t d.re. et mou, et rappelle le vrai. ( V. Os , Corne ,

1 Chair.) •

EA.U , EA.UX. Vérités , parce qu'elles sont trâns -

parentes et forment miroir. Pénitence, baptême,

parce qu'elles lavent les souillures. Prises eu mau

vaise- part, les eaux signifiant tentations, tribula

tions, faussetés, principalement quand elles sont

gâtées , et donnent naissance à dés insectes et à des

miasmes pestilentiels. C'est de:là que viennent tous

ces usages de bains et d'ablutions chez les anciens,

lès stoliastes' ou prêtres porteurs d'eau chez lés

Egyptiens, les fables de Tantale, du, Styx et du

Cocyte, etc. Les eaux se prennent aussi dans les'

trois degrés, savoir ,1e naturel; le spirituel et le

Page 553: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

3a

céleste. ( V . Boire , Laver , Baptême , Source , Puits,

Vase d'un étang , Degrés , Déluge. )

ECARLATE. Intelligence provenant de l'amour

spirituel. {V. Etoffe, Couleur, Pourpre, Spiri

tuel.)

ÉCHELLE. Communication entre les degrés hé

térogènes ou de hauteur. ( V. Miroir , Degrés ,

Métal.) La tête de l'échelle signifie le Ciel.

ECLAIRS. Vérités relatives au divin amour, se

faisant vivement sentir dans les âmes. ( V. Lumière,

Tonnerre. ) Eclair pris en mauvaise part. ( V. Feu

du ciel.)

ÉDEN. Jardin. Paradis. Etat de perfection

et de bonheur. ( V . Arbre. ) Les divers objets de

la nature végétale, principalement les arbres à

fruits, représentent l'état moral des esprits supé

rieurs , et les entourent comme d'un riant jardin

(v. Jardin) ; tandis que les êtres dégradés appa

raissent dans des déserts et dans des lieux arides.

{'V. Désert, Antre.) Les Champs-Elysées et le Té-

nare des païens nroiit point d'autre origine. Et ce

qui est plus étonnant encore , c'est que le Cb.ou-K.ing

et l'Y -Ring des Chinois parlent également dela for

mation de l'univers parles Trois Vertus suprêmes,

de la chute des premiers criminels , de l'état d'inno

cence des premiers humains , jouissant d'uue habi

tation délicieuse, arrosée par unefontaine d'immor

talité , divisée en quatre sources men'eilleuses , etc.

Ce sont absolumenUles mêmes images emblématiques

employées dans la Bible; et elles trahissent ainsi une

source commune, savoir, la langue de la nature.

( y. ce dernier mot ; v. ^ussi Source , Rivière.) ,

ÉGLISE. Société qui s'attache à Dieu. (f\ Terre.)

Chaque homme en particulier est aussi une Église.

EGLISE, en tant qu'édifice matériel. (/^.Temple.)

EGYPTE. Sciences naturelles , par opposition aux

sciences spirituelles. Faste et orgueil des connais

sances humaines. Amour de dominer par une fausse

sagesse. {V. Assyrie, Correspondances.)

ÉLÉPHANT. {V- Animal, Grand.) Il repré-

Page 554: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

33

sente les sentimens outrés des hommes qui croient

tout savoir ; et , comme moyen de transport , des

entreprises orgueilleuses. {V. Nez, Cheval, Almbr

a cheval , Attelage. )

ÉLEVER. Perfectionner, éclairer, parce qu'en

s? élevant on se rapproche du ciel et' du soleil.

( y. Monter , Montagne.) . '<

ÉLU. Celui qui est dans le bien et le vrai. {F. Ap-

KELÉ.) . ;; . » .','•.. I ' '.».:i

EMMANUEL. ,Dieu en rapport avec l'homme^;

par conséquent JESUS-CHRIST , leMessie : car en

tant que créateur invisible e\ insaisissable , Dieu ne

saurait avoir de rapports directs avec l'homme,

( V. Dieu. ) Mot à mot, Emmanuel veut dire Dieu

avec nous. Ceux qui ont étudié à fond les nouvelles

révélations de Swedenborg sont convaincus que c'est

par un effet particulier de la Providence que cet

homme extraordinaire avait reçu au baptême le

nom d'Emmanuel. Aucun des prophètes anciens ,

aucun apôtre ne l'avait porté , et il' ne devait êtrc:

domié au SEIGNEUR que plus tard. [V,. Prophète.)

ENCENS. Dernières vérités touchant le bien cé

leste. Vrai de la foi. Bien et vrai spirituel , et même

céleste. ( V. Aromates , Odeurs. ) , .

ENCHANTEMENT. Prouver d'une manière

plus ou moins plausible que le vrai est faux, et que

le mal est bien. {V: Devin, Songes , Magnétisme. )

ENFANT. Innocence. Affection. Faiblesse. Les

i enfans d'une famille signifient Affection du bien et

du vrai. ( V. Fille, Garçon.)

ENFANTEMENT. Commencement de la vie se

lon le bien et le vrai. Il se prend aussi en mauvaise

paît; ( V . Nourrice.) L'accroissement et le décrois-

sement des corps naturels correspondent dans toutes'

les parties à la formation et à la dissolution des corps-

moraux. ( V. Garçon, Fille, Homme, Femme,

Eglise, etc.)

ENFER. Étit inférieur. État de dégradation ,' et

par conséquent de souffrance. Toutes les images ter

ribles sous lesquelles on a dépeint de tout temps les

Page 555: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

souffrances des êtres dégradés, se rencontrent en

effet dans le monde spirituel ; mais elles ne font que

caractériser la nuance de leurs diverses souffrances

morales ; et ces êtres né se doutent souvent pas de

la présence des emblèmes horribles qni les entourent.

( y. Ciel, Ange , Antre, Feu , Fumée , etc. )

ENTENDRE. ( F. Oreille. )

ENTRAILLES. Affections sociales. Affections

de famille. Amour. Charité. ( F. Flancs , Orgaks

DE La GENERAtION, CORPS HUMaIN.)

ENTRER. Ce mot peut se prendre au moral

comme tous les autres. Il signifie le commencement

d'un état meilleur ou pire. {V. Sortir.) ^.-

ÉPAULE. Puissance dans toute sa force. La

marque royale se portait anciennement sur l'épauie.

{F. Bras, Main.)

EPEE. Raisonnement. ( V. Armes. )

EPI. Les épis- de toute espèce, même ceux dn

roseau, se rapportent aux choses scientifiques.

{F. Herbe, Foin, Paille, Arbuste.)

EPINE. Le faux provenant du mal. ( F. Arbre,

Piquer , Percer , Tuer.)

EP'OUSE. Église qui est dans l'amour du SEI

GNEUR. L'épousé est l'union du Lien et du vrai,

par opposition à la Vierge , qui est principalement

l'affection du vrai. ( y. Fiancée , Vierge.)

ÉPOUX. Le SEIGNEUR , auquel une Eglise s'at

tache par amour. {F. Mariage.)

ESPACE. Dans le monde spirituel les espaces ne

sont qu'apparéns. Ils désignent l'affection et l'aver

sion entre les êtres moraux, leur grandeur ou peti

tesse relatives. ( F. Grand, Distances, Lieu.)

ESPRIT. ( f. Vent.) Saint-Esprit. Action invi

sible de Dieu sur l'intime de l'homme, sur sa con

science. Vision emblématique. Songe hiérogly

phique.^. Influx divin, Colombe , Oiseaux.)

ÉTANG. Vérités en une certaine abondance. Pins

souvent , faussetés en abondance , et tribulations si

Page 556: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

35

les eaux sont stagnantes. ( F. Eau, Rivière , Mer. )

ÉTÉ. État d'amour et de vérité. ( V. HivEn.)

ÉTEINDRE. ( F. Fetj , Eàti. )

ÉTERNEL. Durée sans fin. {F. Éternite, Infini.)

ÉTERNITÉ. L'homme n'a pas une idée claire

ni pleine du mot éternité. Toutes les questions éter

nelles et infinies passent la conception-de l'esprit hu

main; et il est absurde de s'en occuper. ( F. Infini.)

ÉTINCELLE. ( F. Feu , Flamme.)

ÉTOFFE. Le vrai que l'on peut s'approprier.

( F. Vêtement, Laine, Lin.) ' •

ÉTOILE. Connaissances relatives au bien et au

vrai. Société qui est dans ces connaissances. ( F . So

leil , Lune.)

ÉTRANGER. Celui qui ne connaît pas Dieu.

( F. Parenté.)

ETRE. Il y a une différence entre VEtre-Dieu et

Yélre de la créature. Dieu a la plénitude de Vétre;

à proprement parler, lui seul est; les créatures çte

sont qu'à la seconde branche de l'être. {F. Bonté.)

EXCRÉMENT. Corruption infernale du bien.

( V. Nourriture, Enfer.)

EXTASE. Vue de l'âme dans le monde spirituel.

Vue des images emblématiques annonçant les choses

futures. ( V. Songe, Prophète, Magnétisme, Im-

, .POSItION ;DES MAINS.) 1

EXTERIEUR. Moins parfait, par opposition à

intérieur. ( F. Supérieur. )

F.*. ' . . . • • - , . i

FABLES. {Voy. Langue de la nature, Songe,

Mystères. ) , _. ; ' '

FACE. Intérieur de l'homme. Son âme, 6on ca

ractère , sa présence. Face . de Dieu signifie bien

veillance; fffx. colère de Dieu. ( Voy. Dos. ) . ; .,

-, FAIBLESSE. {F. Maladie , Vertu. ).

Page 557: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

36

FAIM. Désir du bien et du vrai pour soi ou pour

les autres. Leur privation. ( V. Manger. )

FAISCEAUX. {V. Gerbe.)

FARDEAU. Péché, peine du péché, {f^. Portes.!

FARINE. Vrai , pouvant conduire au bien. ( V,

Grain, Moulin, Pain.)

FATIGUE. {F. Las.)

FEMME. Affection du vrai. Affection en géné

ral. Église. ( V. Mari,) .'!

FENÊTRE. Lumière. Vérité. Faculté intellec

tuelle. Moyen de connaître. Caractère public d'mi

individu. La fenêtre représente aussi, ainsi que h

porte , la voie par laquelle un individu se défait de

ses défauts. Une personne qui a de fortes tentations

verra, par exemple, en songe , des araignées énorme

au milieu de sa chambre ou près de son lit ; si elle

vient à vaincre ces tentations plus facilement , les

araignées paraîtront moins grandes et près delà

fenêtre; enfin, délivrée de ces tentations, elle les

Verra blanches, petites, en dehors de la fenêtre,

d'où elles disparaîtront enfin entièrement. ( V. Lu

miere, Maison , Rideau,Volet.) .

FER. Vrai naturel. {F. Métal, Cuivre, etc.)

FERMENTATION. Effet des passions bonnes

' ou mauvaises. {V. Levain, Pâte, Farine, Raisin,

Vin, Ivrogne, Fruits. ) ' '

FEU. Amour bon ou mauvais. Passion. Colère. Le

feu du ciel signifie Punition à cause de l'amour de soi

Pris en bonne part , le feu du ciel peut aussi signi

fier la vérité divine, unie à la charité et arrivant ino

pinément dans une âme. De là l'usage chez les Ro

mains d'allumer des feux aux fêtes de Paies. Les

Celtes faisaient les mêmes cérémonies au solstice

d'été; et les chrétiens n'ont fait que les transférera

la fête de Saint-Jean. Chez les Chaldéens, on adorait

aussi Dieu sous l'emblème du feu; entre autres, dans

la ville d'Ur, ou lavilléVde Feu. On sait le défi

qu'ils portèrent aux Egyptiens, et comm'ènt la statue

fff- ->^ remplie d'eau, de ces derniers, éteignit le 'feu des

Page 558: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

Chaldééns, et vainquit ainsi leur dieu qu'ils préten

daient Invincible. {F. Eclair.)

FEUILLES. Connaissances. Vérités naturelles,

rationnelles et Sensuelles. Pensées scientifiques. .( F/

Arbre, Fleur , Fruit , Verdure.)

FIANCEE. Une Église ou personne qui désire le

SEIGNEUR , par opposition à celle qui le reçoit.

( V. Épouse. )

FIBRES. Les pensées , par opposition aux nerfi

et aux muscles, qui sont les actions qui v corres

pondent. ( V. Arbre,. )

FIEL. Faux infernal. ( F. Absynthe , Amer.)

FIÈVRE. Etat de celui qui s'est exalté par de

mauvaises passions. La fièvre chaude correspond au

feu infernal; la fièvre froide à l'absence del'amoftr

et de la charité. ( V, Maladie. )

FIGUE. Bonté naturelle; probablement parce

qu'ellFnaît sans avoir fleuri auparavant. ( F. Fleur.)

FIGURE. ( F, Face, Forme.)

FIGURE GÉOMÉTRIQUE. (^Quarre, Sept. )

FIL. Vérité. Suite d'idées. ( F. FiBRif, Lin, Corde

Chaîne.) /';

FILET DU PÊCHEUR. Moyen natur«^e per.

suasian. Moyen de faire passer les nommes ae^ûç-

trines purement humaines à la doctrine de l'Ëglist

du SEIGNEUR. Moyen de faire passer les hommes

du naturel au spirituel. Persuasion du faux. ( F. Fil,

Eau, Poisson, Air, Araigne'e, Lien, Prisonnier.)

FILLE. Affection du vrai. Eglise. Foi et charité.

Fille publique est une Eglise corrompue; Petite fille,

l'Eglise d'un individu quant à l'affection du vrai en

core un peu vague, mais pleine d'innocence; ( V.

Garçon. ) *••.,;..'.' .'.

FlLS. Vérité. Les fils représentent les penchams

vers les vérités provenant du bien, ou simplement les

vérités; et les filles les affections de ces vérités. {V,.

Enfans.) /.,'-.. w ' ' .•" "

FILS DE DIEU. La sagesse éternelle procéda*

4

Page 559: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

3*

r* -v

de l'éternel amour, et devant s'incarner dans letemps.

est appelée le Fils de Dieu, le Verbe. ( f. Verbe.,

Mais JESUS^HRIST comme homme est seul pro

prement le FILS DE DIEU , parce qu'il provient

du Père, quoiqu'il n'en soit pas distinct quant à la

personnalité. Fils de thomme signifie Dieu incarne

par amour pour l'homme, ou le vrai diiin quia

pu cire tenté. Enfin , l'expression de Fils de Dieu

appliquée à l'homme , veut dire la même chose que

Enfant de Dieu.

FLAMME. Bien spirituel , par opposition à I

lumière qui en émane et qui est le vrai spirituel.

FLANCS. Amour conjugal. Amour du prochain.

( V. Entrailles , Organes de LA.GENERA-rioK.)

FLÈCHE. Raisonnement. Conviction, (f^. Aame

Bo;s.) ^^'

FLEURS. Bonnes pensées. Bons désirs. État voi

sin, de la régénération. Science du vrai. Le^neurs

rouges ont rapport aux* pensées sur la charité- les

blanches , à celles sur la vérité. Quelques fleurs sont

suivies de fruit. , d'autres ne le sont pas : il en est

de même d<~ Donnes pensées et des bons désirs. Il

fautaussi £ .re attention commentles fleurs croissent,

pour er déterminer la signification précise , celles

qu,V.sf'-- ,Près de la terre, comme la violette , râp

aient l'humilité"; les autres indiquent une éléva

tion au moral , qui peut être prise en bonne oa

mauvaise part. ( V. Feuilles Frcits. )

FLEUVE. (^.RivrèRE.;':

FOIN. Véritésque l'homme s'est appropriées. Vé

rités, considérées abstractivement à la pratique , que

quelqu'un a, par exemple , consignées dans unJivre.

[ F . Herbe. ) ..'..-.

FOLIE. Suite d'idées et d'actions non en harmonie

av.eclavie commune. La folie peu* être causée parla

présence d'esprits bons aussi-bien que par celle d'es

prits mauvais. II suffit que ces esprits_soient dans

une sphère d'action plus intense, que l'individu

auquel ils,se•sont attachés. Toutes les. passions yébé-

Page 560: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

39

mentes peuvent nous mettre en rapport avec les

esprits, etnbus soumettre à leur influence. L'homme

est toujours accompagné au moins de deuxesprits ,

qui sont à peu près de sa nuance morale, l'unTheilleur,

Vautre moins bon que lui ; et cela pour l'avantage

moral de tous les trois. Mais dans les transports de

quelque passion violente , l'homme peut dépasser

cette ligne destinée a maintenir sa liberté, et il

peut rendre attentifs sur lui des êtres d'une autre

sphère , qui , jusque-là > ne se doutaient pas de sa

présence, et ne pensaient pas à l'influencer, puis

qu'ils ne le voyaient que sous des emblèmes vagiies.

Les passions les plus louables , l'amour et la piété,

peuvent causer les aberrations' appelées folies. Voilà

pourquoi les anciens mêlaient souvent une sorte de

vénération à leur pitié pour les fous. Cette manière

d'envisager la folie explique seule l'a conduite de la

Providence à l'égard d'une classe malheureuse, qui

autrement serait abandonnée du ciel. Les fous ne

sont eu général que des extatiques , des indivjdus

qui dorment du sommeil magnétique , et dont^la

seconde vue, ou la vue dans le monde spirtuel,

est ouverte ( V. Songe , Extase , Magnétisme ,

Vovant. )

FO>T>EMENT, FONDATION. La même chose

que rocher , pierre. ( F", ces mots. )

FONTAINE. La Sainte Écriture. La Parole de

Dieu. ( V. Eau , Source* }

FORCE. Elle se prend au moral pour vertu*

FORÊT. Lieu qui rappelle l'intelligence, (V.

Arbre, Eden. )

FORMÉ. Vérité, par opposition à la substance,

qui est bonté. ^

FORME HUMAINE. La forme humaine est; {géo

métriquement parlant, la forme la plus parfaite

sous laquelle un être intelligent et sensible puisse

se présenter à ses semblables. Elle est par consé

quent aussi la forme propre à Dieu, dans ses rapports

directs avec l'homme. L'homme représente la ligne

Page 561: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

4o

Ïierpendiculaire , le serpent la ligne horizontale, et

es autres animaux remplissent tout le quart du

cercle. ( V. Skrbent. ) Quand Dieu , dit Zoroastre ,

voulut organiser la matière de l'univers , il envoya,

sa volonté sous la forme d'une lumière très-bril

lante , et elle parut sous \a.Jîgure d'un homme. {Y".-

Corps humain, Substance, Homme.)

FORMES GÉOMÉTRIQUES. {.F. Quake*,

Cercle, Nombre.)

FORNICATION. Union illégitime. Infidélité s

Dieu. Corruption. Etat d'une Église dégradée. (F.

Adultèrk, Mariage, Union.)

FOSSE. Imperfection. Souffrance. Tentation.

Etre dans la fosse , c'est être dans le mal. {F. Abîjce,

Enfer , Prisonnier. )

FOURMI. Pensées et désirs des avares. Tous les

animaux grenctiers ont cotte signification. ( F. Rat,

Souris. ) C'est pour cette raison que les mages des

Perses se faisaient un si 'grand honneur de tuer des

serpens et des fourmis. ( F. Serpent. ) ,*.

FOURNEAU. Les plaisirs des affections natu

relles. Passions licites ou non licites. ( F. Feu,

Cendre , Fumée. ) Le fourneau ou la cheminée où

on prépare le manger, peut aussi" avoir rappprt à

une doctrine particulière de religion ou de morale.

{F. Cuire.-) . * --^V- H*j«*

FRAISE. Amour de Dieu , parce qu'elle est

rouge; et humilité, parce qu'il faut se baisser pour

la cueillir. {F. Fruits, Pomme.)

FRAPPER. Détruire. Tourmenter. Frapper à

la porte , demander l'entrée. Frapper le rocher ,

prier Dieu avec importunité.

FREIN. Ce qui sert à guider l'intelligence et

l'imaeinfllinn de l'homme. (^V Cheval;) .,. ^-^

FRELON. Crainte de ceux qui sont dans le faux

du mal, à cause de son dard. {F. Abeille, Mouche,

Insecte, Épine, Percer, Tuer.) • ',. ^.: ....«-r

FRÈRE. Le bien rationnel. Le bien naturel.

Quelquefois le Vrai de4a même espèce. L'affection

.

Page 562: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

. . •

<iu bien et du vrai dans l'homme naturel , est d'a

bord comme celle du frère et de la sœur; si cet

homme devient rationnel et par-là spirituel , cette

affection devient comme celle du mari et de la

femme. ( V. Rationnel , Soeur. ) , \

FRERES. Biens spirituels en général. ^

FRÈRE et COMPAGNON. Le bien, et levrai

qui lui correspond. j.'

FROID. Absence de la charité. {V. Chaleur,

Feu.)

FROMENT. Le bien de l'Église. Le bien na

turel , par opposition au pain qui est le bien spiri

tuel. Il en est comme du raisin par rapport au moût

et au vin. {V. ces .mots; v. aussi Farine.) C'est la

perte de cet hiéroglyphe naturel qui a donné lieu

a toutes les fables que les anciens ont débitées sur

Cérès. ( V. Moisson. )

FRONDE. .Moyen particulier de conviction ,

comme toutes les armes. ( V. Goliath.)

FRONT. Amour céleste. Science concernant cet;

amour. Dans le sens contraire, Haine, Opposition.-

( V. Tête. )

FRUITS. Bonnes œuvres. Connaissances du bien ,

par opposition aux feuilles et aux fleurs qui ne sont

que les pensées et les bons désirs. La signification de'

chaque fruit varie selon sa forme , sa couleur et sa

saveur. Il est impossible d'entrer ici dans des détails

que l'expérience seule pourra faire connaître. Les

fruits farineux se rapportent généralement au vrai ,

les huileux au bien. Ceux qui donnent le vin, comme

le raisin , la pomme , indiquent le bien conduisant

au vrai de la foi» La peine de cueillir les fruits re

présente la difficulté de s'approprier les diverses

branches de bonté morale. De là la défense en

Egypte de manger de certains fruits; les prêtres

dégradés ou ignorans de ce pays , ayant regardé les

tentations nécessaires à la purification du cœur ,

comme des punitions de dieux ennemis, qui s'irri

tent en voyant l'homme faire des efforts pour s'ap

4<

Page 563: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

proprier les qualités morales correspondantes à ce»

fruits. ( V . Manger , Crudité , Corps humain ,

Pomme, Raisin , etc. )'-

FUMÉE. Faste , ou Orgueil de l'intelligence

propre. Ignorance. Fausseté. Ténèbres provenant

des passions. ( F. Feu. ) Prise en bonne part , la

fumée peut aussi signifier quelquefois l'Ecriture

Sainte , quant à la lettre sous laquelle est voilé k

sens mystique. ( V, Nuée. )

G.» ,.

GABRIEL. Mot à mot, Force de Dieu. So

ciété angéliquc tout entière , ainsi que Michaël ,

Raphaël. Chacune de ces sociétés est chargée d'en

seigner quelque vérité particulière touchant Dieu

rédempteur, ( V.. Ange. )

GARÇON, PETIT GARÇON. Église d'une per

sonne , quant à la vérité du système et à la charité.

( V. Fille , Petite fille. ) A mesure que ces sortes

d'eufans hiéroglyphiques deviennent plus grands,

ils représentent' une affection plus intense, ou un

système de vérité plus solide, jusqu'à ce qu'ils de

viennent jeune homme , jeune personne , homme,

femme, époux ou épouse j car alors la signification

changei quant à l'espèce. ( V. ces différens mots.)

De là , entre autres , l'origine des fêtes à'Adonis , cé

lébrées par tant d'extravagances chez les anciens ,

quand ils pleuraient sa mort, et se réjouissaient de

sa résurrection. « Le petit garçon nous est né , le

fils nous a été donné, » dit d'un autre côté Isaje,

en annonçant la naissance de Dieu rédempteur, avec

lequel et- par lequel devait naître toute religion vé

ritable. ( Vi. Vierge. )

GAUCHE. (V. Droite.)

GÉNÉRATION. Production du bien et du vrai ,

quand une. vérité ou une vertu eu amène une autre.

{ F. Bonté , Mal , Enfantement. J*

GENIE. Être spirituel ou substantiel, chargé de;0*"" Sir-:-'* .•.

-,

Page 564: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

43

VeîHer aux destinées des individus ou d'une loi par

ticulière de la naturel La croyance à l'existence de

ces génies a été universelle. Il serait facile d'assi

gner une centaine de peuples des divers temps et

des divers paysnqui ont été et sont unanimes sur ce

point. Les communications extatiques, plus ou moins

connues partout , même chez les peuples sauvages,

ont seules pu rendre cette croyancef aussi univer

selle. Que feraient, en effet, tant de myriades d'êtres

immortels , si leur plaisir n'était pas de travailler

sous la direction de l'Être des êtres aux destinées

générales de l'univers ?,On- sait bien que Dieu n'a

pas besoin d'eux; mais il a besoin de les occuper et

de les rendre heureux ; ei vivre, agir, jouir, et être

heureux, sont des choses inséparables. ( V. Démons,

Anges. )

GERBE. Série de vérités eu de faussetés dans

l'esprit humain.JLes choses scientifiques s'arrangent

toujours comme en faisceaux de diverses herbes dans

la langue vus, et sont appelées gerbes dans l'Ecriture

Sainte. ( P\ Herbe. ) ^

GESTE. Les gestes expriment toutes sortes de

vérités morales et de senlimens du cœur. La mine,

la main peuvent former une langue tout entière.

{F. Face, Main.)

GLACE. Absence d'amour et de charité. ( V. Cha

leur, Froid, Eau. ) .. ,.

GLACE. Miroir. {K Miroir.)

GLAIVE. Combat contre le faux. Glaive tiré

du fourreau signifie Combat continuel , et Glaive à

deux tranchans, Combat pour le bien et le vrai. Por

ter le glaive sur la cuisse , c'est combattre par bonté.

. ( V. Armes , Couteau, Cuisse. )

GLOIRE. Sens interne et divin de la parole de

Dieu. Gloire se rapporte à la vérité; honneur à la

bonté. (/'.Soleil, Lumière.) • >

GLORIFICATION. *Union du divin bien et du

divin vrai. {V. ces mots.)

GOLIATH. Comme géant, orgueil. CommePhi

Page 565: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

44

listin, science et foi dénuées de charité. David a

vaincuGoliath, signifie, le SEIGNEUR avaincu l'or

gueil et le vice par la vérité et l'amour. {F^. Fronde,

Pierre , Front.)

GRAINS. Vérités en germes. Vérités qui se pro

pagent. Grain dé froment, parole de Dieu. {f^. Se

mence, Gerbe.)

GRAISSE. Bien céleste. Bien de l'amour. Cf.

Huile.)

GRAND. En bonne part, puissance ; en mauvaise

part, orgueil. La grandeur des' objets n'est pas ab

solue , elle n'est que relative dans le monde des es

prits. Les grandeurs disproportionnées sont toujours

prises en mauvaise part.. {V. Petit, Espace.)

GRELE. Faux infernal. Faux détruisant le vrai.

{V. Glace , Pluie.)

GRENOUILLES. Raisonncmens provenant du

faux. {V. Animal, Insecte, Eau.)

GUÉRISON. Résipiscence. {V. Médecin, Mé

decine.)

H. .

HACHE. Le faux de l'intelligence propre. Intel

ligence détruisant le vrai. Quelquefois la vérité de

la foi provenant de la charité. {V. Instrument , Ou

vrier , Bois , Fer.-) ' • .

HAINE. Eh parlant de Dieu , amour ; car Dieu

ne hait que le mal qui est en nous. Chez l'homme ,

mouvement désordonné contraireàl'amour, quoique

naissant de l'amour, savoir, de l'amoilr-propre, de

l'amour du monde.

HAUTEUR. Degré du bien et du vrai. {V. Su

périeur.)

HÉCATE. {V. Lune.) .

HERBE. Vrai scientifique. L'herbe verte et sur

pied représente des vérités vivantes et divines. Fau

chée et fanée, elle représente ces mêmes vérités

—1

Page 566: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

45

après que l'homme se les est appropriées; car tout

ce que l'homme touche , il le fane plus ou moins.

( y. LÉGUME.) .

HERBE (Mauvaise). {V. Zizanie.)

HERCULE. ( V. Force.) Hercule représentait le

soleil ; et ses douze travaux , les douze signes, {f. So

leil.)

HIBOU. Fausseté." Ignorance. Au rapport de

Çaussin , chez les anciens mystiques chrétiens, les

oiseaux de nuit signifiaient généralement les héré

tiques. (V. Oiseaux , Nuit.)

HIÉROGLYPHE ÉGYPTIEN. Signe allégé

rique déjà détourné de la signification primitive/

d'un ohjet pris dans la nature visible. {V. Corres

pondances, Langue de la nature.)

HIER. État précédent. Éternité. {V. Temm.)

HIVER. Etat d'absence de charité.

HOMME. Il n'y a point de différence entre

l'homme et l'ange, (f. Ame.) La partie la plus im

perceptible chez l'homme ayant une signification

morale, elle doit passer au_ monde substantiel,'

comme tout le reste de son être. L'homme corres

pond à toute la création; il est le type le plus par-

Fait de l'amour et de la vérité ,'et par conséquent il

est aussi celui de la Divinité. Un père de l'Église ap

pelait l'homme le Dieu terrestre. Le ciel -lui-même

est disposé, d'une manière analogue aux diverses

parties du corps humain. Les sociétés célestes , par

exemple, qui sont principalement dans la vérité j

sont dans la tête; ceux qui sont principalement dans

l'amour, Sont dans le cœur , etc. {V, Corps humain ,

Forme humaine, Statue.)

HOMME(Jeune) et JEUNE FILLE. Intelligence

et affection. {V". Jeune homme.)

HUCHE. Affections ou- passions de l'homme ex

térieur ou naturel, {y. Boîte , Bois , Farine , Pate#

Pain.)

HUILE. Le bien séleste. {V. Graisse.) Dans une

lampe allumée, l'huile est le bien; la flamme, le

Page 567: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

46

vrai. Répandre de l'huile sur une statue c'est an

noncer qu'elle est le vrai du bien. {V. Statue.)

HUIT. Commencementd'uuétat nouveau comm^

venant après sept.-(^. Sept, Sunt.) Huit SS£

aussi complètement. 8

HUMBLE. Mot à mot, près du sol. \r. Petit.)

HYACINTHE. Couleur écarlate. {F. Écablati i

Cèdr^°PE' M°yen de Purification extérieure. [F.

I.a * ^ »

IDOLATRIE. {F. CORRESPONDaNCES, L.AKGUE D£

La NatURE.) -

IDOLE. Fausseté. Faux culte. .(^-Statue.)

ILES. Églises ou individus encore éloiprjés dn

M»? b,en' mais *ïui les déritwat. ( /". Terre,

IMPOSITION DES MAINS. Signe de la com-

muniçation et de la réception du bien et du vrai

»(* Main, Front, Tète, Magnétisme.)

SU^CHRÏsTr -Cr' DlEU' JÉHOVAB' *

INCIRCONCI. Homme qui n'a renoncé à aucune

des passions grossières. ( F. Circoncision. ) ! "

INDIGO. (Bleu foncé.) Deuxième degré de l'af-

fection du vrai. ( F. Bleu, Violet, Couleur??

, INFERIEUR. Etat d'imperfection, de dégrada

tion et de souffrance. ( F. SupÈrIEUR , Abîme , g™ b )

INFINI Toutes les questions infinies aussi-bien

qu éternelles surpassent la portée de l'esprit bu

main; et si est absurde de s'en occuper, dans une

autre vue que de s'exciter à des sentimens d'humi

lité, d adoration et d'enthousiasme à la vue du

Grand-Ètre. ( F. Eternite. )

INFLUX DIVIN. Influence cachée de Dieu sur

ame humaine , par l'amour et la vérité. Insensible

1 influx divin ne forme que le mouvement de la

■.

Page 568: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

*3 -.

conscience : devenu sensible dans le souge ou l'ex

tase , il revêt des images emblématiques , et s'appelle

Saint-Esprit. ( V. Magnétisme , Saint-Esprit , Lan

gue r>B la nature. ) Dieu influe toujours par le- .

spirituel sur le naturel , par l'intérieur sur l'exté

rieur , par leisupérieur sur l'inférieur, et jamais

en sens, contraire. Il y a en outre un influx; indi

rect , c'est celui qui se fait sur l'homme par' les êtres

spirituels qui l'entourent : les mauvais même servent

comme moyen entre les mains de Dieu. ( V. Liberté ,

Divin bien, Divin vrai.)

INITIATIONS. ( V. Mystères, Songe, MaGNÉ

TISME.) * -

INONDATION. Tentation. Tribulation. {F. Dé

luge.) . ,

INSECTES. Faussetés de la malveillance. (^. Rep

tiles , Animal-, Mouche , Belzébub. )

INSTRUMENS. Moyens d'agir. (>, Ouvrier.)

INSTRUMENS DE MUSIQUE. {V. Musique,

Chant.)

INTÉRIEUR. Partie spirituelle et plus parfaite

de l'âme humaine. {f. Extérieur, Supérieur.)

ISAAC. Affection du vrai. Dieu rédempteur,

quant à son caractère divin rationnel. Mot à mot,

Isaac signifie le Rire. ( V-» Rire , Jacob. ).

ISIS.' {V. Minerve.); Les Egyptiens soutenaient

qu'Isis se montrait, aux malades pendant leur som

meil, et leur indiquait les remèdes. {V. Magnétisme . )

Il fallait bien que les anciens eussent quelque secret

extraordinaire : les médecins de-Darius ne purent

délivrer ce prince, en sept jours, etune maladie dont

Démocède le guérit en une heure.

ISRAEL/Le SEIGNEUR, quant à sou caractère

divin-,! céleste, spirituel. Une Eglise qui est dans

ce degré. {V. Jacob , Judas , Divin, Céleste. )

IVOIRE. Vrai naturel: \V. Os.)

IVROGNE. Cehii qui déraisonne dans Tes choses

<te la foi.-{V., Vite.) J'

Page 569: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

JACQUES. Apôtre.^. Pm«, Apôtre.)

JACOB. Le Rédempteur, quant à son caractère

divin naturel, [F. Isaic.) Uue Eglise, quant à sa

partie extérieure. ( f. Is.-.ael.)

JARDIN. Paradis. Bien de la sagesse. ( F*. Éde».

Arme. )

JAUNE. Troisième degré du vrai de l'amour.

(V. Coclecr , Rouge. )

JEAN. Apôtre, f F. Pierre , Apôtre. )

JÉHOVAH. L'Être par excellence,. LTÊtre des

êtres. Le Père de la nature. Le Créateur infini , in

compréhensible , invisible, inabordable dans son

essence première. Pour l'homme , JÉHOYAH n'est

antre que JÉSUS - CHRIST. (,f. Dietj, JÉSU&

CHRIST.)

JÉRUSALEM.' Église, quant nu vrai de la doc

trine. ( V. Lcse, Ville. ) La nouvelle Jérusalem,

qui, selon XApocalypse, doit descendre du ciel,

n'est que l'Église chrétienne renouvelée ; et ce re

nouvellement consiste uniquement dans la connais

sance de la langue de la nature : car, dans cette

langue , une ville emblématique , telle qu'est décrite

la nouvelle Jérusalem promise , n est qu'un système

religieux complet et partait. {V. Or, Cristal,

Pierres précieuses, Perles, Soleil, etc.) Lucien

.parle d'une-villc à peu près semblable à celle dé

crite dans XApocalypse, comme emblème d'un

enseignement religieux donné par des extatiques;

seulement il s'en lient à la division par sept , au lieu

de celle par douze. . -

JÉSUS:CHRIST. Sauveur. Roi. Roi par excel

lence. JÉHOVAH VU. Le côté aperceptible de

l'essence divine , incommunicable dans son premier

principe. Le FILS de Dieu,, en qui et par qui on

voit le PÈRE. Dieu Créateur, devenu aussi Dieu

Rédempteur. En un mot , l'Etre infini personnifie'et

constitué^/zm en faveur de toutes les créatures qui

.

Page 570: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

49

doivent s'attacher à lui par amour , et qui n'eussent

pu le faire si Dieu était resté dans son essence méta

physique et absolue. ( F. Dieu, JÉHOVAH.)

JEUNE. Fort, vigoureux. (^.Vieillard.)

JEUNE HOMME. Intelligence. Franchise. Vé

rité. Vérité confirmée -et assurée jusqu'à un certain

point. Les jeunes hommes et les jeunes filles signi

fient les vérités et les bontés. ( V. Enfant , Garçon,

Fille, Vierge.)

JEUNER. S'abstenir du mal. ( V. Manger. ) ,•

JONGLEURS. Nom que l'on donne aux prêtre»

des sauvages d'Amérique. Quand ou connaît les phé-

nomè.nes de l'extase provoquée, on ne s'étonne plu9

que presque tous les usages des anciens temples , les

ablutions , les circoncisions faites avec des couteaux

de pierre, toutes les horreurs des sacrifices humains ,

et les diverses initiations, se soient retrouvées jusque

chez les sauvages du Nouveau-Monde. {V. Devin ,

Prêtre , Magnétisme , Songe. )

JOSEPH. Le SEIGNEUR quant à son caractère

naturel -spirituel -céleste. Les hommes ou anges

qui sont dans ce degré. {V. Naturel, Spirituel,

Céleste , Degre's. )

JOUR. Etat;de lumière, d'intelligence et de foi.

Durée d'une Eglise , avec, son matin et son soir.

( V. Nuit. )

JUDAH. Le SEIGNEUR quant à son divin

amour. Le royaume céleste du SEIGNEUR. La

tribu de Judah était l'emblème du règne de JÉSUS-

CHRIST; elle se ' trouvait la première des tribus

après que Ruben, Siméon et Lévi eurent été mau

dits. ( V. Israël , Jacod , Judas.) On remarquera sans

surprise que la plupart des noms propres de l'Ecri

ture Sainte qui caractérisent lé SEIGNEUR, se

trouvent réunis dans la lettre / ou /, quand on

saura que cette lettre est une abréviation du nom

hébreu Jehovah, signifiant la plénitude de l'être.

JUDAS, l'Apôtre. Caractère violent, emporté,

sensuel, passionné, qui se laisse aller au premier

5

Page 571: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

5o

mouvement , mais n'excluaut pas d'autres bonnes

qualités. C'est à tort que l'on n'écrit pas le nom de

Judas de la même manière que celui du patriarche;

et c'est plus à tort encore qu'on a , dans le monde

chrétien , une idée si repoussante de ce disciple du

SEIGNEUR, si infortuné, qui D'a.pu survivre à sa

faute , et dont le SEIGNEUR' a probablement voulu

parler dans sa touchante parabole de l'Enfant pro

digue. Judas n'était que le type de toute la nation

juive , aussi-bien que de tous les hommes passionnés

chez les autres nations; car les chrétiens eux-mêmes

sont d'ordinaire aujourd'hui plus juifs que les eu-

fans d'Abraham selon la chair. {F. Juif, Apôtre.)

JUGEMENT. ( V. Justice. )

JUGEMENT DERNIER. Fin d'une Église, et

commencement d'une Église nouvelle. Le jugement

dernier de chaque individu se fait au moment de sa

mort; c'est sa propre conscience qui le juge» Cela

n'empêche pas qu'il n'y ait quelquefois certainsju-

gemens plus solennels des sociétés en masse , tel qu'il

v en a eu un lors^de l'apparition de la Divinité en

chair , lorsque JESUS-CHRIST dit : C'est mainte

nant le jugement du monde , et tel que celui qu'il

avait annoncé pour l'époque de son second avène

ment. {V. Terre , Mémoire, Livre, Jérusalem. )

JUIF. Caractère sensuel et tout terrestre. ( P. Ju

das. )

JUSTICE. Perfection morale. Justice se rapporte

au bien , jugement au vrai.

JUPITER. Le dieu suprême des païens . Mot à

mot , Dieu le père. C'est évidemment un dérive du

mot primitif Jéhovah ou Jah , signifiant l'Etre par

excellence. ( V. Jéhovah, Judah.)"Jou signifiait

toujours Dieu ou nature divine, chez les païens : de

là J unon. Io, Io Bacclie, Io Pœan, etc., etc..

:!-

..

Page 572: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

... . ..;•.(

LABOURER. Se préparer par le bien à fecevoir

le vrai. {V. Terre, Champ, Verdure.)

LABYRINTHE. Palais composé de douze cham

bres , et bâti en l'honneur du Soleil. ( V. Soleil ,

Maison , Douze. ) Plus tard, labyrinthe ne signifiait

plus, qu'un enclos d'allées tellement disposées qu'il

était difficile d'en trouver l'issue.

LAINE. Le vrai du bien de l'innocence. Le vrai

céleste chez l'homme intérieur. Laine ou poil de

chèvre signifie la même chose chez l'homme exté

rieur. '( V. Poil, Vêtement , Agneau. ) Les prê

tres égyptiens ne pouvaient ni entrer dans leurs

temples , ni se faire enterrer avec des étoffes de

laine : ce qui provenait nécessairement d'un senti

ment d'humilité. Les Juifs modernes s'enveloppent

encore aujourd'hui d'une étoffe blanche dans leurs

synagogues ; usage qui doit avoir une origine em

blématique analogue.

LAIT. Affection du vrai. Bien spirituel céleste.

C r. Nourrice , Veau. )

LAMPE. Connaissances et charité. ( V. Lumière ,

Huile. )

LANCE. Raisonnement naturel , à distance ou

par écrit. Coup de lance signifie Conviction. ( V.

Armes , Bâton , Fer. )

LANGUE. Doctrine. Opinion. ( V. Bouche. )

LANGUE PARLÉE. Toutes les langues parlées

sont conventionnelles , ayant nécessairement été pré

cédées de la flftigue de la nature , langue immuable

comme le Créateur , laquelle se fait par images par

lantes , et est vue plutôt qu'entendue. ( V. Corres

pondances. ) Les songes sont souvent conçus dans

cette langue. ( V. Songe. ) Pour les extatiques , tous

les objets de la nature, les arbres , les pierres, les

animaux ont leur signification morale arrêtée. Les

Page 573: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

5i

, animaux sont même souvent introduits , comme

parlant la langue conventionnelle du voyant. De là

toutes ces relations d'animaux parlans , dans toutes

les mvlhologies , et môme dans l'Ecriture Sainte. En

se perdant , la langue de la nature a donné naissance

à l'idolâtrie cl aux différentes mytliologies. ( V. Hié

roglyphes , Soleil. )

LANGUE DE LA NATURE. ( V. Langue pjj-

lée, Correspondances. )

LAPIDER. Punir quelqu'un pour la violation

de la vérité ; et dans le sens contraire , souffrir pour

la vérité. ( K. Crucifier.) Lapider et crucifier étaient

les principaux supplices des anciens , à cause de li

signification de la pierre, du bois, de la croix , etc.

( V . ces mots.)

LARGEUR. Elle a rapport au vrai. ( f. Lon

gueur.)

LAS, LASSITUDE. État de celui qui est prêt

de succomber, qui est prêt d'être vaincu. Accablé

de fatigue signifie 'Etat de combat violent et de

violente tentation.

LAVER. Purifier des souillures morales. {V, Bap

tême, Eau.)

LEGER. {V. Lourd , Balance.)

LEGUMES. Ce qu'il y a de plus ordinaire dans

les jouissances humaines et naturelles. [V. Verdure,

Manger.)

LEOPARD. Celui qui est dans des faussetés nom-

• creuses et dans la méchanceté. Hérésie destructive

de l'Eglise. \V. Animal, Taches.)

LÈPRE. Profanation du vrai , parce qu'elle pro

vient d'une décomposition du san {*.♦ '. Sang.) De

là cette persuasion des Perses qu'un lépreux avait

nécessairement péché contre le Soleil. {V. Soleil.)

On sait combien les Juifs ont eu à souffrir de cette

maladie, qui reparait aujourd'hui sous le nom de

dartres. On a toujours reconnu son rapport avec le

péché en général ; mais on ne savait pas qu'elle figu-

k.

Page 574: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

53

jrait -principalement la profanation de la parole de

Dieu. [V. Maladie, Ulcère.)

LEVIER. Puissance. [V. Main , Bâton, Sceptre.)

LEVAIN. Le faux et lemal. Manger du pain

sans levain , c'est se purifier de l'erreur et de la mé

chanceté. ( A^. Farine, Pain , Pâte.)

LIBERTE. La liberté de l'homme vient princi

palement de ce qu'il est continuellement balancé

entre les deux influences opposées du ciel et de l'en-

ferj influences auxquelles l'homme échappe d'autant

moins , que dans le monde spirituel chacun peut

pénétrer plus ou moins avant dans les destinées fu

tures des moi-tels. \V. Prescience.) Pour rendre

l'homme plus libre , Dieu n'a fait eu quelque sorte

que se laisser deviner par lui. Heureux celui qui le

trouve personnifié dans la crèche et sur le calvaire,

après l'avoir admiré dans le spectacle de la nature,

et l'avoir cherché en vain dans les régions incom

mensurables du firmament et dans-la lumière inac

cessible de son trône éternel. {P. Dieu, Jeiiovah, In

carnation, etc.) Libre et volontaire: sont presque

synonymes. Il est rare que l'homme soit placé sur

le degré d'un libre arbitre métaphysiquement par

fait, qui seul offrirait une liberté entière, et en pre

nant ce mot daiis le sens absolu. En ce sens ,.i! peut

se faire qu'un individu n'agisse librement qu'une

seule fois sa vie, et cela au moment où le Dieu

créateur, rédempteur et régénérateur , le met lui-

même sur l'éternelle balance, afin de savoir s'il veut

ou ne veut pas le servir. (/•*. Ïntlx'x, Volonté,

Ange, Folie.) La vue même des miracles n'ôte pas

à l'homme le degré de liberté véritablement morale,

à laquelle le Créateur s'est fait une loi.de ne jamais

toucher. Voilà pourquoi les oracles, les prophéties

et les prédictions les plus' positives, faites en songe

et en langue de la nature , laissent encore les hommes

dans un vague qui rie se détruit entièrement qu'a

près l'événement $ et c'est Cette circonstance qui dé

routait si fort les anciens quand ils consultaient sur

l'avenir, sans avoir assez de philosophie ni assez de

5.

Page 575: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

54

moralité pour le faire à propos. ( V. Miracle ,

Songe , Prescience, Magnétisme.) La vraie liberté

consiste à se laisser conduire par le SEIGNEUR :

se laisser conduire par l'influence infernale, c'est

l'esclavage véritable. {?'. Captif.)

LIE. Ce qu'il y a de pire dans le faux et le mal.

[V. Vase d'un étang.) La lie du vin est la falsifica

tion du bien de la foi. {V. Vin , Vinaigre.)

LIEN. Moyeu d'union. Défaut de liberté. Homme

lié signifie celui qui est dans le faux. ( V. Corde,

Captif , Maladie.)

LIEU. Dans leuiondespirituel, lelieun'est qu'une

apparence. De quelque manière qu'un ange se. tourne,

il a toujours le SEIGNEUR devant lui ; les sociétés

qui sont dans le bien , à sa droite, et celles qui sont

dans le mal , ou dans le vrai seulement, à sa gauche.

(f/. Distance, Directions , Espace, Orient.)

LIGNE. Suite d'idées. {V. Point, Nombre,

Centre, Directions, Corde, Chaîne, Fil.)

LIGNE A PÉCHER. Moyen de faire passer do

degré naturel au degré spirituel. {V. Filet, Ba

guette, Fil, Crochet, Poisson, Eau, Air.)

LIN. Doctrine vraie, à cause de la blancheur et

du tissu d'une étoffe de lin. Le vrai divin, {y. Corde,

Ouvrage a l'aiguille , Fil.)

LINGE. Vrai du dernier ordre. [V. Lin , Vête

ment.)

LION. Force, en bonne ou en mauvaise part.

Dans le sanctuaire de Mythra , les initiés étaient

élevés à différons grades de vertu et de force mo

rale , représentés par différens animaux. Le pre

mier grade ctait'celui de soldai , le second celui de

lion (pour les femmes, celui à'hjeiine); après on

devenait prêtre ou corbeau, puis Satyr, Bacchus

et Soleil. Tout cela sont des preuves irréfragables

de la connaissance primitive , et de la perte de la

langue de la nature. Œ. les mots souligné»; v. aussi

Animal, Baptême, Ours.)

LIS. Innocence. Raisonuemens vrai», mais qui

Page 576: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

55

n'engendrent point de fruits , ou que l'on envisage

abstractivement aux fruits. [V. Fleurs , Rose.)

LIT. Le lit représente un état purement naturel.

La tête du lit, le naturel intérieur. {F. Dormir.)

Le lit signifie aussi le naturel de la foi , et une doc

trine de fqi que quelqu'un s'est appropriée. Il en

est comme des vétemens , de la maison , du char, etc.

d'un individu. {V. ces mots; v. aussi Rideaux.)

LIVRE. Mémoire des choses transmises à la pos

térité. La mémoire de l'homme est elle-même ce

livre, où tout est écrit, et d'après lequel il sera

jugé. { V. Cerveau.)

LONGUEUR. La longueur se rapporte au bien,

la largeur au vrai. Elle correspond à l'Orient et à

l'Occident , au lieu que la largeur se rapporte au

Midi et au Nord. [V . ces mots; v. aussi Hauteur »

Profondeur.)

LOUP. Désir de ravager. Il peut aussi être pri»

eu bonne part. ( V. Animal.)

LOURD. Ce qui a de la valeur. {V. Léger, Subs

tance.)

LUMIÈRE. Vérité. Vérité divine. Vrai de la foi.

{F. Soleil, Dieu, àrc-en-ciel.) C'est de là que

vient cette doctrine anciennement si universelle

ment répandue sur les combats de la lumière contre

les ténèbres, ou d'Oromaze contre Ahrimane. (V. Té

nèbres.) Les Romain* allumaient des cierges au*

fêtes des Lubcrcalcs , en l'honneur du dieu Pan.

L'Eglise a transféré cet usage à la fête de la purifi

cation , pour détruire plus «facilement les désordres

qui l'accompagnaient.

LUNE. Eglise , parce qu'elle reçoit sa lumière et

sa chaleur du soleil. {V. Lumière, Chaleur, So

leil. ) La lune change, elle croîtet elle décroît, tan

dis que le soleil est toujours le même : il en est de

même des Eglises par rapport à Dieu. Cet emblème

est connu de tous les chrétiens instruits. C'est pour

cela qu'il en est si souvent question dans l'Ancien et

le Nouveau Testament. Il a aussi été la première ori*

Page 577: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

56

gine de la déesse Hécate de la Fable ) à laquelle 1•

anciens donnaient le plus souvent le nom de *«'

jeune fille, appiiTor **pi, fille indicible et mvsté

rieuse. ( V. Viebge. )

M.

MAGIE. Art de se mettre eu rapport avec les dé

mous. { f. Magnétisme. ) Quand on employait cet

art pour le bien , ou l'appelait anciennement Théur-

gie. {V. ce mot.) Quand on l'employait pour le mal.

on l'appelait Géotie. ( V. Devin.)

MAGNETISME. Le magnétisme moderne n'es:

que l'imposition des mains de l'antiquité. C'est un

agent inconcevable que l'ou peut employer pour le

bien ou pour le mal des hommes , et dont les limites

ne sont pas encore bien connues , même en ne le

considérant que dans son action sur les corps orga

nisés. Le somnambulisme , ou l'extase provoquée, à

laquelle le magnétisme a conduit , est cet état pro

phétique dont la corruption et l'idolâtrie des an

ciens peuples ne se servaient que. pour faire le mal,

ne dierchant en général à pénétrer l'avenir que

pour exterminer d'autant plus facilement leurs en

nemis , mais dont les lumières et la philosophie mo

dernes , fruits du christianisme, pourront tirer enfin

tout l'avantage que le Créateur y a attaché pour la

Elus grande perfection et pour le plus grand bon-

eur de ses créatures. ( V\ Vent , Songe , Extase,

PROPHEtE , SaINt-EsPRIT^ PRESCIENCE , TrOPHONIUS.)

Mais si le magnétisme , comme agent thérapeutique,

est déjà une chose si délicate , qu'en Prusse on a cru

devoir en régler l'emploi par des lois , que n'en

doit-on pas penser lorsqu'on l'emploie aux commu

nications spiritudles avec les êtres soustraits à l'exis

tence matérielle, communications dont la possibilité

es,t reconnue par tous ceux qui ont examiné d'un peu

{irès cet étonnant phénomène de l'extase provoquée?

1 n' y a plus lieu de s'étonner aujourd'hui que la ré

Page 578: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

57

vélation des mystères des anciens temples ait d'or*

j.r d inaire entraîné la peine de mort.

„;,, MAISON. Système. Doctrine. Intérieur de l'in-

„telligence de l'homme. L'intérieur de l'homme,

"" quant au bien et au vrai unis ensemble et disposés

en ordre. Pour désigner le bien exi particulier, on

dit d'ordinaire maison paternelle, on maison du

père, par opposition à la maison de la mère , qui se

rapporterait plutôt au vrai de la.môme espèce. Chez

ni; les prêtres égyptiens , on trouvait encore de ces

': £ grandes maisons quarrdes,à differens compartimens,

.A qui , selon eux , représentaient la vie humaine.

.jti (V. Toit, Vaisseau, Temple, Labyrinthe, Soleil,

"Pierre, Bois, Bâtir , Quarré , Figures géomé-

.; TRIGUES.)

MAL. Dégradation morale. Il y a le mal du faux ,

;i et le faux d.u mal ; car le mal et l'erreur s'engendijent

': mutuellement. {V. Bonte.)

MALADIE? Etat de celui qui est dans le mal

moral. Chaque espèce, de maladie correspond à un

genre de mal différent. La maladie peut aussi se

prendre en bonne part, comme la mort elle-même,

quand on la regarde comme le dépérissement du

vieil homme. {V. Lien, Captif, Prisonnier.)

MALE. Généralement les animaux mâles se rap-

'j portent à la vérité, les femelles à la bonté.

MAMELLES. Affection. Charité. Amour. La ma

melle droite se rapporte au vrai du bien , et la gauche

au bien du vrai. (V. Bonté, Lait, Corps humain.)

MANES. Les anciens appelaient ainsi les Ames

deleurs ancêtres. (V. Dieux.) Quelquefois par mânes,

ils n'entendaient que les divinités infernales, (jf". Su

périeur, Démons, A'nge, Génie.)

MANGER. S'approprier le bien et le vrai. Dé

truire le faux..{V: Dévorer*, Boire.)

MANGER DES ANIMAUX. La paille, l'herbe,le

foin , les racines , etc. ( qui en eux-mêmes signifient

losçientifiquenaturcl), quand on les considèrecomme

nourriture,' correspondent au bien de ce scientifique.

{F, Nourriture, Animaux, etc,}

Page 579: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

58

MANNE. Le bien spirituel. Le bien dix vrai. Le

SEIGNEUR. ( V. Pain , Pluie, Ciel. )

MANTEAU. ( V. Vêtement; ) Le manteau dé

signe en général le rogne spirituel. ( V. Spirituel,

Céleste. ) •

MARCHAND. ( V. Acheté» , Vendre. )

MARCHER. Vivre. Marcher devant le SEI

GNEUR , c'est Vivre selon sa loi. ( V . Alleu j

cheval, Voler, Char , Vaisseau.)

MARI ET FEMME. Le bien et le vrai. Mais

l'homme non marié signifie le vrai.

MARIAGE. Union du bien et du vrai. Église

établie chez une ou plusieurs personnes. Le mariage

de l'homme et de la femme , type de cette union ,

est éternel , quand les époux sont de vrais époux,

c'est-à-dire quand ils sont faits l'un pour l'autre. Le

mari perfectionnera éternellement la femme quant

à l'intelligence ; et la femme perfectionnera éter

nellement le mari quant à la bonté. Et les deux ne

font qu'un seul être, un seul ange, selon l'institu

tion même du Créateur qui les a unis de la sorte,

et a défendu expressément de les jamais séparer.

( V. Homme , Femme , Epoux , Epouse , . Noces ,

Union.)

MATIN. Etat nouveau, par opposition au soir.

Etat de perfection. Commencement d'une Eglise.

( V. Jour , Soir. )

MAUDIRF,. {V. Bénir.)

MEDAILLE. \V. Argent monnayé.)

MÉDECINE. Purification du mal. ( V. Maladk,

Herbe. ) »-

MÉLCHISÉDEC. L'homme intérieur du SEI

GNEUR. Mot à mot, 1% Roi de justice.

MEMBRES DU CORPS DE L'HOMME ET

DES ANIMAUX. Chaque membre a sa signification

particulière. Nous en avons indiqué un certain

nombre. Quant aux détails , il faut les deviner. ( V.

Corps humain , Forme humaine , Tète , Poitrine ,

^

Page 580: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

50

ïambes , Bras, Mains , Pieds,' Organes de lA géne'-

iation, Fibres, Nerfs, Sang, Os , etc.) Les anciens

ivaieut mis chaque membre sous la protection d'une

iivinité particulière : la tête était sous celle de

Jupiter , la poitrine sous celle de Neptune , la main

sous celle de la Foi , le dos sous celle de Pluton , etc. ,

La connaissance de la langue de la nature met sur

la voie de ces singulières inventions.

MERv Ensemble des connaissances humaines.

Collection de toutes les vérités naturelles. La bête

de la mer, dont il est parlé dans l'Apocalypse, est la

dernière limite du délire de la fausse philosophie et

de l'orgueil scolastique. ( V. Eau , Animal. )

MÈRE. Eglise quant à la vérité. Eglise en- géné

ral. Le vrai divin. ( V. Père, Vierge, Epouse. )

MERITE. Celui qui se fait un mérite quelconque

de ses bonnes œuvres , commet' envers Dieu le

péché qui est qualifié de vol dans l'Évangile. Dieu

seul est bon,, parce qu'il est la bonté infinie. Il ne

peut y avoir de bontéhors de lui, ni séparée de lui.

Nul homme par conséquent ne peut être vraiment

et absolument bon. Faire le bien chez l'homme n'est

autre chose que fuir le mal : et comment peut-on

être louable de fuir le mal ? Un homme qui se noie

a-t-il quelque mérite s'il vient à s'échapper? Encore

une fois , l'homme vicieux est malheureux, l'homme

vertueux est heureux; mais la conduite de ce der

nier n'est pas un mérite proprement dit; il n'est que

relatif. ( Vr Vie , Bonte. )

MESSIE. JÉSUS-CHRIST. Motàmot, l'Oint, le

Roi, le Roi par excellence. ( V. Dieu, Roi, Jehovah,

JÉSUS-CHRIST. )

MESURE, Qualité d'un objet quant au bien et

au vrai. ( V. Longueur, Largeur, Boîte, Vase ,

Balance. ) - . ., .

METAL. Les métaux représentent certains de

grés de bien et de vrai , comme la pierre et tous les

autres objets de la nature. De là les quatre âges du

monde , selon les anciens. De là aussi cette échelle

Page 581: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

6o

emblématique des prêtres deMythra, dans laquelle il

y avait sept portas correspondant aux différens pas

sages des âmes dans les étoiles pour arriver kla per

fection : la première en plomb, consacrée à Saturne;

la deuxième en étain, à Vénus; la^troisième en

airain, à Jupiter; la quatrième v en fer, à Mer

cure; la cinquième en métal mélangé , à Mars:);

sixième en argent , à la Lune ; et la septième en or.

. au Soleil. {V. Or, Argent, Cuivre , Fer, etc. ;

voyez aussi Sept, Porte, Etoile, etc.)

MEULE. Préparation du vrai pour servir an

bien. ( V. Moulin, Farine , Pain.)

MEURTRE , MEURTRIER. ( V. Tuer.)

MIDI. Etat de sagesse et d'intelligence. ( T.

Nord. )

MIEL. Jouissances extérieures ou naturelles. Le

bien de la foi ou de la loi de Dieu. {V. Doux, Amb,

Abeille. )

MILLE. Beaucoup. Grand nombre. A l'infini.

( V. Nombre , Cent.)

MINERVE. Déesse païenne. Elle représentait

• Dieu comme science et vérité éternelle. Les Grecs

la disaient sortie de la tête de Jupiter , parce que la

tête correspond à l'intelligence. Les Egyptiens l'ap

pelaient Isis , par opposition à Osiris , qui sans

doute pour eux était Dieu quant à la substance ou

à la bonté ; et ils mirent sur son temple de Sais

cette admirable inscription : Je suis tout ce qui a

été , est et sera ; nul mortel n'a encore soulevé mon

voile. C'est moi qui ai engendré le soleil. {F-

Soleil. )

MIRACLE. Événement contraire aux lois ordi

naires de la nature» Si on excepte les miracles de

l'Evangile qui ont été en même temps des emblèmes

moraux devenus nécessaires, les miracles sont en

général moins iutéressans qu'on ne croit, en fait de

moral, puisqu'ils détruisent toujours plus ou moins

le libre arbitre. (^.Liberte.)

MIROIR. Ressemblance/Vérité. Vie future.

Page 582: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

6i

Immortalité. Le miroir représente atissi les points

de séparation, entre les trois cieux et le degré de

moralité de celui qui s'y mire. ( V. Ame , Ciel ,

Degrés , Echelle. )

MOIS. Etat moral d'une société ou d'une per

sonne. Changement de cet état. ( J\. Temps, Année.)

MOÏSE. La loi du SEIGNEUR. Dieu en tant que

législateur. Mot à mot, Tiré des eaux, ou sauvé

des tribulations. ( V. Eau. )

MOISSON. Avancement dans le bien et le vrai.

Fruits de charité et de vérité. ( V. Champ , Fro

ment, Labourer. )

MONDE DES ESPRITS. {F. Ciel, Ame, Appa

ritions , Substance , Spirituel. )

MONNAIE. Prix du vrai et du bien. Apprécia

tion du vrai et du bien. Une pièce de monnaie re

présente en général le vrai provenant du bien.

Trente sicles d'argent est une estimation vile dans

l'Ecriture Sainte. ( V. Or , Argent. Trois , Nombre.)

MONTAGNE. Amour de Dieu , Élévation vers

Dieu. Orgueil. Anciennement on adorait sur les

hauts lieux, à cause de la première de ces significa

tions. ( V. Fosse , Abîme. )

MONTER. Se perfectionner. S'élever par or-

gneil. Descendre se prend dans le sens contraire.

( V. Elever, Supérieur.)

MONTRE. Epoques de l'histoire du genre hu

main, ou d'uncÉglise. Vie automatique. Montre d'or,

époques correspondantes au règne de l'amour et

à la charité. Montre d'argent, époques correspon

dantes au règne de la vérité seule ou de la foi sans

la charité, qui alors n'est qu'erreur.

MORT. Perte du bien et du vrai. Dans, un sens

opposé , Résurrection; car mourir pour l'état natu

rel est ressusciter pour l'état spirituel. ( V. Tom

beau. )

MOU. Le vrai , par oposition au ferme qui est 1«

bien. Mou signifie aussi faible , incertain.

6

Page 583: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

6 3

MOUCHE. Pensée méchante. Réflexion piquante.

Idées et affections suggérées par les mauvais esprits.

{V. Abeille, Insecte , Aile, Belzedud. ) Les Païens

eux-mêmes adoraient quelquefois Jupiter sous le

nom de Destructeur des mouches.

MOULIN. Examen du vrai. Eglise. Eglise par

ticulière, parce que dans un moulin on prépare le

frain pour en faire de la farine et du pain. {f. Paiit,

'arine. )

MOUT, VIN DOUX. Vrai naturel, par opposition

au vin qui est le vrai spirituel. {V. Raisin , Vin.)

MOUTARDE:GRAINDEjMOUTARDE. Propre

de l'homme. Bonté naturelle de l'homme avant

qu'il soit régénéré. Cette bonté n'a d'autre avan

tage que de pouvoir fournir la simple possibilitédu

salut. Mais aussi le premier pas une fois fait dans

la spiritualité , qui est seule une bonté réelle , alors

le fidèle peut faire les progrès les plus rapides.

MUET. Celui qui ne peut ou qui ne veut pas

adorer le SEIGNEUR. ( V. Oreille , Bouche. )

MULTIPLIER. {F. Croître. )

MUR. Le vrai en tant qu'il protège et défend

l'individu qui le connaît. La parole de Dieu dans Je

sens de la lettre ; parce que la lettre renferme et

protège le sens spirituel. Mur se prend aussi pour

un obstacle.

MUSIQUE. Joie. Culte. Les inîtrumens à cordes

se rapportent au bien spirituel , les instrumens à

vent au bien céleste. Les. premiers ont rapport à la

vérité ; les seconds à la bonté. {V. Cantique. ) De là

la fable d'Orphée apprivoisant les ours et les tigres,

et attirant môme à lui les^'ochers et les arbres par

les accens harmonieux de sa lyre à sept cordes. {V.

ces différens mots qui ne représentent qu'autant de

caractères variés des hommes. )

MYRRHE. Perception du vrai sensuel. (/^.Aro

mates.)

^MYSTÈRES. Les mystères des anciens tpmples

«insistaient à se mettre en rapport avec le monde

Page 584: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

63

spirituel par la connaissance des songes embléma

tiques. ( y. Songes) Les songes, en effet, expli

qués d'après les règles de la langue de la nature,

ont d'ordinaire rapport à la conduite morale des

individus pendant les premiers jours, mois ou an

nées qui suivent ces songes. C'est pour cela que

Cicéron ne craignait pas de ranger les mystères des

anciens temples , ceux d'Eleusis entre autres , au

nombre des établissemens les plus utiles à l'huma

nité. Quoique évidemment mille illusions pouvaient

se mêler à ces sortes d'expériences extatiques, on

ne peut se dissimuler que les anciens ne soient sou

vent parvenus à développer tellement chez les

initiés ce que l'on peut appeler l'éducation de l'étal

de songe, qu'ils les poussaient à de véritables

rapports avec le monde des esprits. « Je me suis

approché des confins de la mort , dit un 'fameux

initié; j'ai foulé aux pieds le seuil de Proserpine j

j'en suis revenu à travers tous les élëmens; ensuite

j'ai vu une lumière brillante , et me suis trouvé en

présence des dieux.» Les Pythagoriciens eux-mêmes,

au rapport de Tiedemann « avaient encore le secret

d'entrer dans une véritable extase. » ( V. MagnjÎ-

tIME, TbOPHONIUS.)

MYTHRA. ( V. Mystèiœ , Métal, Soleil. )

N.

NAGER. Surmonter les erreurs et les tentations.

( V. Eau , Déluge.)

NAISSANCE. Renaissance. Naissance au sens spi

rituel , quant à la pratique du bien et la connais

sance du vrai. ( y. Beauté-. ). • y

NATUREL. Premier degré de développement

moral et religieux dont l'âme humaine est suscep

tible. Les autres degrés sont le spirituel et le céleste,

( V. ces derniers mots; voyez aussi Degrés, Science,

Rationnel.) -v ."..-.yA^:lu

Page 585: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

64

NEIGE. Vérité , à cause de sa blancheur ; mais

absence de charité. ( V. Glace , Hiveb. )

NERF. Muscle. Action. CF. Fibbe. )

NEZ. Perception. Faculté de percevoir. L'odorat

a rapport à la fois et au bien et au vrai.

NEUF. Neufsignifie Conjonction, parce que sept

est un état parfait et huit un état nouveau. ( y. Deux,

Sept , Huit, Nombre. )

NOCES. Moment de l'établissement d'une Eglise,

soit chez plusieurs , soit chez un seul individu.

( V. Mariage, Union, Epoux.)

NOIR. Erreur. Fausseté. Mensonge. {V. Blanc,

Tache, Couleur. ) . .

NOISETIER. Vrai naturel. ( V. Arbre , Ba

rbette , Fruit. )

NOM. Essence d'une chose, Caractère d'une per

sonne. JÉSUS-CHRIST est véritablement le nom ,

le type ou Yhiéroglyphe de Dieu , puisqu'en lui et

par lui on peut connaître et aimer le Père de la

nature, incommunicable dans son essence métaphy

sique. JESUS-CHRIST est le premier mot dela

langue de la nature, parce qu'il est le VERBE

ETERNEL manifesté'( V. Dieu , Langue. )

- NOMBRE. Qualité des objets. Les significations

morales des nombres , connues des anciens , entre

autres de Pythagore , varient selon que l'on consi

dère les nombres en eux-mêmes ou par rapport à

ceux qui suivent ou précédent. Les nombres multi-

Eliés par eùxrmêmes ne changent, d'ordinaire, point

t signification primitive ; et lés nombres composés

ont des significations composées. ( V. chaque nombre

en particulier. ) Ceux qui rient des nombres de Py

thagore devraient se rappeler que rien dans la nature

ne peut être resté sans un côté spirituel et moral

quelconque. Si le nombre un représente plutôt Dieu

et la perfection que tout autre, deux plutôt la con

jonction ou la diversité que tout autre , pourquoi

tous les nombres n'auraient-ils pas également leurs

nuances arrêtées ? Il en est nécessairement de l'arith-

r N»

iix

Page 586: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

65

ftiétique comme de la géométrie : la ligne droite

correspond aussi plutôt à la franchise de la conduite

que la ligne courbe. ( F. Ligne, Direction, Quarré.)

NORD. Etat de sagesse médiocre , d'intelligence

obscure» ( V. Midi. ).

NOURRICE. Innocence. Le nourrisson signifie

là même chose. Nourrice se prend aussi en mauvaise

part. ( F. Enfantement , Nudité.)

NOURRIR. ( V. Nourriture, Mangée ,.Boire.)

NOURRITURE. Appropriation du bien et du

vrai. ( V. Manger, Boire.)

NUDITE. Innocence. Dénuement du bien et du

vrai. Sujet de honte et de confusion. ( F. Pauvre ,

Vêtement.)

NUEE. La parole de Diea dans le sens de la lettre.

Degré des connaissances célestes. Les nuées se pren

nent en bonne et mauvaise part , selon qu'elles sont

claires et servent simplement à tempérer l'ardeur

du soleil , ou que sombres et obscures elles recèlent

la foudre. ( F. Ciel , Soleil, Fumée. )

NUIT. Etat d'ignorance et d'erreur. Absence

complète de charité et de vérité. ( F. Jour.)

.-,-.. ' "" V :':.:. .. '. .:./;. :\-i 'i

0.•• v.- '.•"... -..

OCCIDENT. L'amour divin sur son déclin.

( F. Orient. )

ODEUR. Perception de l'état moral d'un indi

vidu ou d'une société. ( F. Nez , -Aromates.') Le»

mauvaises odeurs se prennent naturellement en

mauvaise part. Dans le monde spirituel , ceux qui

haïssent leurs frères jusqu'à la mort , exhalent une

odeur cadavéreuse. Ceux qui abusent de la parole-

de Dieu pour satisfaire leurs passions et leur orgueil,

sont trahis par une odeur de pain brûlé. D'autres

sentent la 'punaise , la souris , l'urine et l'excré

ment, etc. {F. ces différens mots.),

OEIL. Science. Connaissance. ( F, Science.) Un»

6.

Page 587: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

• 66

^v

poutre dans l'œil signifie un faux du mal considé

rable , et une paille dans l'œil un faux du mal peu

considérable. .' .

ŒUF. Projet. ( V. Semence , Multiplier ,

Oiseaux. ) C'est de" là que vient ce fameux œuf

epsmogonique des anciens jnystagogues.

OINDRE. Bonifier une chose ; la rendre céleste

et divine. Oindre une personne , c'est déclarer

qu'elle çsudans le bien , dans l'amour. De là l'usage

d'piudre et de.sacrer les rois. ( V. Huile , Graisse,

Statue. ) •

OISEAUX. Pensées. Pensées et affections re

latives au vrai spirituel. Car les airs elles vents dans

lesquels les oiseaux se meuvent , et dont ils sont

eux -mêmes l'hiéroglyphe , représentent les vérités.

\ V. Air, Sain r- Esprit. } La grandeur, la couleur

et les instincts des oiseaux changent lès nuances des

significations primitives. Les oiseaux de nuit sont

pris eu mauvaise part , aussi-bien que toutes les es

pèces d'insectes ailés. Il est évident que c'est cet

hiéroglyphe naturel des oiseaux vus en songe, qui

a donné naissance à la science des augures : il ne

fallait pour cela que confondre les oiseaux substan

tiels qui apparaissent à ceux qui songent ou sont en

extase, avec les oiseaux que l'on voit dans la nature

extérieure; et c'est ce que l'ignorance des anciens

n'a pas manqué de faire. Le môme emblème a fait

naître dans le christianisme l'usage de représenter le

Saint-Esprit sous la forme d'une colombe, {p^. Co

lombe, Vent, Animal, Aile, Mouche, Abeille,

Frelon. )

OLIVE. Amour divin. Bonté divine. Bien de

a charité. ( V. Huile. )

OLIVIER. Bien de l'Église céleste. {F. Vigne.)

Les rejetons de l'olivier sont les membres de cette

Église.

OMBRE. Décroissement de connaissance. Ombre

peut aussi se prendre en bonne part quand le soleil

se prend en mauvaise part, h'otnbre de la poutre,

Page 588: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

67

dans l'Ecriture Sainte, signifie un principe général

obscure.

ONGLE. Le vrai du bien , dans le plus bas degré,

chez l'homme comme chez les animaux. La chair

signifie le bien, et toutes les parties osseuses le vrai.

( V. Os, Poil, Cheveu, Fibre, Nerfs, etc. )

ONZE. La signification de ce nombre doit être

déterminée d'après celle de dix et de douze. ( V. ce»

nombres ;.v. aussi Um»)

OR. Le bien céleste. Le bien de l'amour , à causa

de sa couleur de feu, ( V. Argent,,Métal.)

ORGE. Degré de bouté purement naturelle do

l'homme encore étranger à la spiritualité. ( V. Fro

ment. ) •-...-

OROMAZE. Principe bon. Dieu de la lumière.

(f^. Ténèbres , Lumière , Soleil.)

ORANGÉ (Couleur). Deuxième degré du vrai

de l'amour. ( V. Couleur, Rouge, Jaune.)

OREILLE. Obéissance, Attention en Dieu. Mi

séricorde.

ORGANES DE LA GÉNÉRATION. Amour

conjugal. Affections de famille. ( V. Flancs , En

trailles, Union, Nudité.) Connaissant ces signi

fications sacrées, les anciens n'attachaient pas néces

sairement comme nous des idées rebutantes aux

Organes de la génération. On en rencontre mille

exemples dans l'Ecriture Sainte. Et on conçoit par-

là comment les emblèmes du Phallus et du C'te'is

ont pu s'introduire dans les cérémonies religieuses

des païens , écart qui avec nos idées actuelles pa

raîtrait tout-à-fait inexplicable.

ORIENT. Dieu , parce qu'il est le soleil éternel

qui ne se couche jamais. ( P. Soleil. ) Les autres

plages célestes se règlent toutes d'après l'Orient.

( F. Occident, Midi, Nord, j

ORNEMENS. Vérités divines que quelqu'un

«'approprie. ( V. Vêtement. )

. ORNEMENS DE LA TÊTE. Ils ont tous rap*

Page 589: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

68

port à l'intelligence et à l'autorité par le vrai , le

chapeau et le bonnet, aussi-bien que le diadème et

la tiare. ( V^ Couronne. .) Le chapeauUndique plus

d'intelligence que la simple tiare, sans doute parce

que cette dernière ne garantit pas le cou ni les

épaules.

ORPHÉE. ( V. Musique. )

ORPHELIN. Celui qui, sans qu'il y ait de sa faute,

manque des moyens de s'instruire et de se perfec

tionner au moral. ( V. Père, Mère , Enfant. )

OS. Le propre de l'homme quant au vrai , par

opposition à la chair qui est le propre de l'homme

quant au bien; (et en mauvaise part quant au faui

et au mal. ) Os de mes os et chair de ma c/iàir, si

gnifie Conjonction complète quant au"bien et quant

au vrai. L'os est, par rapport à la chair, ce que la

pierre ou le rocher est par rapport à la terre.

\V. Ivoire, Pierre.)

OSIRIS, Dieu des Egyptiens. Ils le représen

taient quelquefois sous l'emblème d'un œil; quel

quefois sous celui d'un sceptre. {V. ces mots. ) Osiris

n'était au fond que le soleil , ou , pour les gens

éclairés , celui dont le soleil est lui même l'eniblènie.

( V. Soleil, Minerve. )

OURS. Connaissances naturelles sur toutes choses,

jointes à un caractère sombre et parfois violent.

( V. Poil, Animal. ) On peut voir à l'article Lion

combien les anciens avaient été i déroutés par de

fausses applications des hiéroglyphes naturels des

animaux. Ils mêlaient à leurs processions jusqu'à des

ours et des singes déguisés en hommes, parce que

leurs prêtres extatiques avaient vu dé semblables

images dans leurs songes, sans en connaître la signi

fication réelle. Dans l'Ecriture Sainte, l'ours rappelle

surtout «ùx qui savent très-bien disputer sur la pa

role de Dieu , mais qui ne là comprennent nulle

ment. Des voyageurs racontent qu'encore aujour

d'hui certains paysans deia Sibérie croient que ceux

qui ont fait la guerre aux ours vont droit au ciel,

X

Page 590: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

<>9

tandis que ceux qui meurent tranquillement dan»

leurs lits, sont obligés dé servir long-temps sous terne

un Dieu très-sévère. J'aime mieux expliquer cette

croyance par une connaissance éloignée de la lan

gue mystique , que de toute autre manière. \

OUVRAGES A L'AIGUILLE. Travaux de l'es

prit. Objets scientifiques. ( V. Lin, Lien, Ouvrier,

Fll4 Etoffe.)

OUVRIER. Homme intelligent. L'espèce de l'in

telligence est déterminée par la matière que l'ouvrier

met en œuvre.

• • > ... • --.:»*

P.

PAILLE. Scientifique naturel. {V. Herbe, Fom,

Froment. )

PAIN. Tputenourriturespirituelle, l'amour aussi-

bien que la vérité. ( V. Manger , Boire. )

PAIX. Bonheur. Perfection morale. {V. Repos.)

PALE. Malsain. Malade. Faible. Mort^ Le cheval

pâle de MApocalypse signifie l'intelligence de l'Ecri

ture Sainte entièrement perdue. ( V-. Santé , Ma

ladie. )

PALMIER. Le bien spirituel, ou le bien du vrai.

( V. Olivier, Arbre. )

PAN, Dieu du paganisme; Mot à mot, le Tout,

le grand Tout. C'est ainsi que la superstition païenne

avait défiguré l'idée primitive de l'Etre infini. ( V.

Lumière. )

PANIER. Le volontaire de l'homme en tant que

contenant le bien. Jouissance sensuelle à l'occasion

du bien. {y. Bois, Boîte, Verre a boire.)

PANTHÈRE. [V. Léopard , Tacheté. )

PARENTÉ. Degré d'affinité spirituelle. On n'est

frères et parens, au sens moral et religieux, qup

quand on a le SEIGNEUR pour Père commun ,

c'est-à-dire quand on reconnaît la divinité person

nelle de JÉSUS-CHRIST.

Page 591: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

PABFITM. {V. Aromates.)

PAROLIv(^. Verbe.)

PASTEUR. Celui qui conduit au bien et au vrai.

{F. Troupeau. )

PATE. Premier état du vrai , disposé à produire

le bien. {F. Farine, Pair.)

PAUVRE. Celui qui ost privé du bien- et du vrai;

celui qui désire le bien et le vrai. {F. Petit. ) Pau

vreté se rapporte plutôt au manque du vrai , indi

gence au manque du bien. ( F . Riche. )

PEAU. Les affections extérieures. {V". Corps bu-

main.) '

PEGASE. ( F. Cheval , Àius. )

PENDANT D'OREILLE, Le bien de l'obéi»-

lance. ( F. Oreille. )

PERCER. {F. Tuer.) Percer à jour. ( F. Fe-

hetre, Aiguille.) . •

PERE. Le bien. L'amour divin ,_ par opposition

à Fils qui est la divine sagesse. L'Eglise quant à la

bouté, (f. Mère, Fils.) Le mot Pape vient évi

demment de cet emblème antique du Père. Pour

ruoi, dit Hérodote, je trouve .très-bien que les Scy

thes appellent Zeus papa. Dans les premiers siècles

de l'ère ebrétienne, tous les évêques se faisaient

appeler papes, nom qui s'est conservé jusqu'à ce

jour dans l'Eglise grecque, dont tous les ministres,

même les simples prêtres , sont appelés popes. Ce

n'est que long temps après queTévêque de Rome a

usurpé seul la dénomination exclusive de pape ou

de père de l'Eglise universelle; quoique évidem

ment, dans la réalité , il ne soit et ne puisse être le

Î>ère quede ceux qui le reconnaissent et s'attachent à

ui. {F. T,hot. )

PERFECTION. Dans le sens absolu , Dieu.

L'homme ne sera jamais absolument parfait ; mais il

pourra se perfectionner éternellement.

PERLE. Connai&anee du bien et du vrai. {F,

Pierres précieuses. ) La nacre réfléchit toutes les

nuances de lumière. {F. Lumière.)

Page 592: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

7',

PERSONNE. Nous n'avons une. idée claire du

mot personne que quand nous nous représentons un

homme ou un individu distinct. On a donc eu tort

de rendre le mot. hypostyse par le mot personne ,

qui donne nécessairement aux chrétiens l'idée de

trois dieux. ( V. Trinite. )

PESTE. Damnation. ( V. Malaime.) ,

PETIT. Insignifiant. Humble. Les plus petits

sont les plus grands dans le ciel , parce qu'ils y sont

les plus heureux. Il en est de même des premiers et

des derniers , de ceux qui sont à droite et de ceux

qui sont à gauche. Les uns sont dans le vrai par le

bien $ et les autres dans le bien par le vrai. Tous ces

mots peuvent sans doute être aussi pris en mauvaise

part.

PEUPLIER. Caractère de celui qui est dans le

bien et le vrai naturels de l'Eglise. ( P'. Arbre. )

PHILISTIN. État d'un homme tout-à-fait naturel.

( V. Incirconci , Circoncision.)

PIED. Puissance. Puissance inférieure et odieuse.

Affection dans le plus bas degré. La tête correspond

aux choses célestes , le tronc aux choses spirituelles,

et les pieds aux naturelles. ( F. Corps humain.)

PIERRE , ROCHER. Vérité, Foi en Dieu. Des

pierres détachées signifient des vérités particulières,

des vérités intellectuelles inférieures. La pierre cou

vrant un puits représente la fausse sagesse humaine

empêchant de reconnaître les vérités révélées. Une

Pierre taillée de main d'homme rappelle le vrai de

intelligence propre, et par conséquent le vrai fal

sifié , etc. H est bien remarquable que Iç surnom

de pierre ou de lapis ait été conservé à Jupiter par

les païens. { V. Maison , Jérusalem , Pierres prb-

creusEs. )

PIERRE , Apôtre. Pierre représente la foi , Jac

ques l'amour , et Jean les bonnes œuvres. ( V. Apô

tres, Pierre , Rocher. )

PIERRES PRÉCIEUSES. Vérités divines. Vérité»

tirées des Saintes Ecritures. Les nuancés suivent celle*

Page 593: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

de la lumière et de la couleur propre à ehaqnepierre

Un lapidaire représente le volontaire ou la bonne

volonté d'un homme qui travaille à sa régénération.

Delà les douze espèces de pierres précieuses connues

des écrivains inspirés de l'Ancien et du Nouveau Tes

tament, et même des mystagogues des anciens tem

ples. ( F. Diamant, Eau , Rosée, Perle, Lumière,

Couleur, Arc-en-ci'el, Piebre.)

PIQUER. {F. Tuer, Mouche, Frelon.)

PLAGE. Nuances d'états moraux déterminées

par le site de ces plages relativement aux pointa

cardinaux. ( V. chacun des points cardiuaux; ».

surtout Orient.)

PLAIE. {F. Blessure, Ulcère.)

PLANTE. ( r. Herbe , Légume. )

PLANTE DES PIEDS. {F. Pied, Talon.)

PLEURER. Le suprême de la douleur ou de la

joie. Pleurer peut aussi signifier reconnaître des vé

rités et renoncer à des erreurs. {F. Rire, Eau.)

PLOMB. Le bien et le vraF falsifiés, par opposi

tion à l'or et à l'argent qui sont le bieu et le vrai.

Plomb peut'aussi être pris en bonne part; alors ii

signifie le dernier degré du bien naturel. {F. Mé

tal. )

PLUIE. Bénédictions célestes , principalemeni

sous le rapport de la connaissance du vrai. Dans le

sens contraire , Malédictions. ( F. Eau. )

PLUTON. Divinité préposée aux maux et aux

souffrances. C'était l'Ahrimane des Perses. ( V. Ti

mbres, Lumière, Bonte, Antre.)

POIL. Dernier degré de la vie chez les animaux

et chez l'homme , quant au vrai procédant du bien.

( F. Ongle, Cheveux, Chair. ) Les poils des ani

maux sont assimilés au vêtement chez l'homme.

(F. Vêtement.) La laine se rapporte plutôt au vrai

de la charité, à cause de sa chaleur. ( F. Agneau. )

POINT. Réalité, Entité. ( F. Centre , Ligne. )

,

-

Page 594: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

*..

POINTS CARDINAUX. (Vovéz-les en'partttiui

lier. V. aussi Directions.) tes Rabbins et les " Oa-

balistes , en faisant le dénombrement des diverses

intelligences célestes , les classaient d'après les nuan

ces morales indiquées par les quatre points cardi

naux, en partant de l'orient, comme source "&ê

feu et de lumière , ou d'amour et de vérîté.Psellus

dans son livre des génies , les groupe aussi trois

par trois , faisant face aux quatre coins du monde,

a peu près comme saint Jean place ses anges sur les

douze portes de la nouvelJe Jérusalem.

POISON. ( V. Venin.)

POISSON. Degré, de connaissance du vrai na

turel. {V. Animal, Etang, Riviere, Mer, Filet

Ligne.) '

POITRINE. Charité, parce qu'elle renferme le

cœur. (/^Côte, Poumon.) .- .

POMME. Science du vrai. ( V. Pomme de Gee-

nade , h ruits , Cervoise. ) La manière dont les fruits

croisant y entre aussi pour quelque chose dans leur

signification. Ceux qui , comme la pomme, crois

sent sur des arbres plus hauts que la stature hu

maine sont censés lui être envoyés d'en haut, ou

du ciel. Ceux qui croissent à terre ou sous terre

ont une autre signification. ( V. Fraise, Sol , Corp,

HTJMaIN. ) ' .

POMME DE GRENADE. Science du-bifen

parce que ce fruit est rouge. La pomme ordinaire

eta^it verte ou jaune se rapporte plutôt à la science

du vrai De la sans doute j'antique tradition dela

pomme d'Adam. ( V. Fruit., Arbre.)

< r/?rRC> Affec,tions les plus basses et les plus viles

[T. Vase d un etang, Sol Animal.) Cette s.Vnifi*

auïZirT mil'ère 3UX Ë^tiens, aux Perses et

PORTE. Introduction. Entrée dans un certain .

état moral ou scientifique. Sortie de cet état. (T

Fenêtre , Maison , Poteaux. ) • •

PORTER. Se prend au moral, et souvent en

Page 595: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

74

mauvaise part. Le péché et la peine du péché sont

représentés par des fardeaux.

POSSESSION DU DÉMON. Les corps ne sont

plus guère possédés par de mauvais esprits dans les

temps modernes; mais les âmes le sont encore. De

là ces grands crimes que l'on ne peut presque pas

expliquer autrement que par de vraies possessions.

( V. Démons, Liberte.)

POTEAUX DE LA. PORTE. Les vérités natu

relles chez l'homme. La traverse de dessus est le bien

correspondant à ces vérités. ( V. Porte, Maison.)

POUCE. Puissance du vrai. ( V. Main , Doigt.)

POULE, qui couvre ses petits de ses ailes. Cha

rité. Protection. ( V. OEuf, Oiseau, Aile, Animal,

Coq, Aigle. )

POUMON. Emblème principal de l'affection du

vrai. Tout l'appareil de la respiration correspond à

l'intelligence, tout comme le cœur correspond à

l'amour. Voilà pourquoi le SEIGNEUR a soufflé

sur les apôtres on leur donnant le Saint-Esprit. Et

ces deux appareils organiques , savoir , le poumon

et le cœur, ont physiquement entre eux les mêmes

rapports qui existent moralement entre la sagesse et

l'amour, lesquels se nourrissent aussi mutuellement,

et se donnent réciproquement la vie. ( V. "Vent, Es

prit, Chaleur, Sang, Coeur, etc.)

POURPRE. Amour céleste. Connaissances rela

tives à cet amour ( ^ Ecarlate, Rouge, Couleur. )

POURRITURE. Corruption infernale du bien,

( V. Chair , Fruit'.)',

POUSSIÈRE. Faussetés infernales. {V. Sable,

Cendres.);

PRÉDESTINATION. Tous les hommes sont

Srédestinés au bonheur par la perfection. La pré-

esti nation proprement dite est un blasphème.

PRÉDICTION. {V. Prescience, Songe.)

_ TREMIER. En parlant de Dieu, premier signifie

Eternel, de même que dernier. Le premier, c'est

Page 596: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

75

JÉHOVAH; le dernier, JÉSUS-CHRIST , ou l'hu

manité de JÉHOVAH. {T. Petit.)

PRESCIENCE. Dieu a prévu la conduite morale

des humains . aussi long-temps d'avance qu'il l'a

.voulu. On ne doit pas dire qu'il l'a prévue éternelle

ment, car l'esprit humain ne compreud pas assez ce

mot. L'homme peut aussi connaître plus ou moins

les choses futures , sous la direction du SEIGNEUR ,

quand il connaît la langue de la nature et les hiéro-

glypes des songes eudes extases; mais l'ahus de cette

science est ce'qu'il y a de plus abominable dans la

création. Sur notre terre dégradée, cet abus a été

porté à un tel point par les peuples idolâtres de

l'antiquité , que la Providence a momentanément

retiré ce don, et qu'il a fallu, avant qu'il pût nous

être rendu, que le Créateur lui-même vînt rétablir

l'ordre primitif par l'appareil immense de, sa ré

demption. [V. REDEMPTION , SoNGE, ExTÀSEj, COR

RESPONDANCES , ËtERNEL , EnFINI .)

PRÉSSOÏR. Le bien et le vrai de l'amour , parte

que le pressoir sert à exprimer l'huile et le vin.

(V. ces deux mots.)

PRÊTRE. Dans le sens suprême, Dieu quant à

son amour; de même que Roi signifie Dieu quant à

sà'vérité. L'homme qui est dans l'amour s'appelle

aussi prêtre. (F. Roi , vètemens.) Mot a' mot, prêtre

signifie vieillard : et cette dernière dénomination

leur a été conservée dans presque toutes' les langues.

(F.-D,vrN.y ;

PRIÈRE, Désir. Entretien avec Dieu. Révélation;

car quand on prie avec ferveur le Père se révèle.

PRINCE. ( Fils de roi. ) Principe de vérité.'^.

Roi.) . '. •JJj:' .. i

PRINCESSE. Elle est au prince eiî'q'ir'une soeur

est à son frère , une fille à son père , sauf la nuance

de son rang. ( J'VRoi , Fille, Soeur.)

PRINTEMPS. Commencement de la production

dû bien et'du vrai. [V. Automne. ):: ,,: '' <

PRISONNIER. Celui qui est dans l'é foui: ( *

Lien , Maladie )"•. '." • .yi t sas•-»nu «oh mut• l iMU

Page 597: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

76

PROFANATION. Union dn bien et du mal du

vrai et du faux.

PROFONDEUR. Degrés du bien et du vrai , con

sidérés dans leur décroissement. ( F. Hauteur

Supérieur. )

PROPHÈTE. Doctrine. Vérité de la doctrine.

LE SEIGNEUR , en tant qu'il instruit les hommes

dans sa divine vérité. {F. Extase, Imposition des

mains, Voyant.)

PROPRE. Le propre de l'tanime, c'est l'intime

de 6a vie et de sa volonté. Ce propre» n'est que le

mal , parce que Dieu seul est bon , et que l'homme

ne peut l'être qu'en lui et que par lui. ( F. Mérite v

PROSTITUTION. {F. Union des.seks, Adul

tère , Sodomie , Vierge. )

PUANTEUR; Aversion. Abomination. ( V

Odeur.)

PUITS. Les faussetés , parce qu'on en suppose les

eaux mauvaises , par opposition à celles d'une source

vive. {F. Source. ) Nettoyer un puits, c'est purifier

un système de doctrine. Puiser de l'eau , c'est s'ins

truire. Boucher un puits, ne point vouloir s'ins

truire. ( F. Eau , Boire. )

PUNAISES. Penchant à attaquer l'innocence.

Dans le monde spirituel, le vindicatif sent la pu

naise, de' même que l'odeur, de souris trahit les

avares. {F. Insectes, Odeur.) On sait qu'il y a

diverses espèces de punaises; les animaux et "les

arbres en sont aussi infectés, et la diversité de ces

derniers en fait varier la nuance de signification.

^PUSTULES. Maux honteux. Blasphèmes. <iF.

Ulcère. )

PYTHONISSE. {F. Magnétisme.)

îl/'S . . .j

QUARRÉ. Ce qui est juste. Quarré double, Ce

qui est juste jet parfait. De là le Dieu quarré ou le

Dieu Terme des anciens , révéré sous la forme d'une

,aste e^

*i. enne des s i

i

Page 598: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

pierre dé taille. Toutes les formes géométriqaes Oût

leurs significations particulières-, aussi-bien que les

nombres et les couleurs. Le cercle ,. comme nous

l'avons dit plus haut, se rapporte à tout ce qui est

éternel. Du reste, les formes géométriques primi

tives doivent être en aussi petit nombre que les cou

leurs primitives. {Fi Sept, Cercle, Maison.)

QUATRE. Tout quant au bien. En tant que

deux fois deux-, Union. ( V. Nombre, Deux.)

QUEUE. Ternie de l'intelligence, en bien ou en

mal , par opposition à la tête dont la queue n'est

censée que le prolongement. La queue signifie aussi

le plùé -bas degré'eri' général. . ;.'

QUINZE. Peu. Suffisamment , comme cinçj. {V.

Cinq. ), Quand quinze veut dire' le quinzième du

mois , alors il signifie état de sainteté , état nouveau ,

comme huit,' parce que quinze renferme deux sab

bats. {V. Sabbat, j'1^" *. v"1 ' "'. '

•: . i i: ' -'i iijj'.'-i .'. i. 1» '. .:•.'.... .. . ' . . ',

[ .i . , •• . /-..'.

RACINE. Premier moyen de la production du

vrai et' du bien. Les racines qui se mangent se rap

portent plutôt au bien. ( V. Sol , Terre , Pomme ,

Verdure, Fruit. ) ' .'.:».-

RAISIN. Charité de l'Eglise. Bonté intérieure et

spirituelle. ( V. Vin, Vigne, Figue.)

RAISON. ( tr Révélation.) .' V '£

RAT- Les rats,, en tant qu'animaux grenetiersj

rappellent les passions de ceux qui ;$ par. avarice,

détruisent le bien de l'Eglise. {V. Froment, Fourmi ,

Souris. ) v .' r . . .

RATIONNEL. Opposé au naturel soiis !e:rappert

de la connaissance du vrai. Le degré, rationnel chez

l'homme est intermédiaire 'entre le naturel et le spi

rituel j et il diffère peu de. ce dernier. Le bien du ra

tionnel est représenté par l'hiéroglyphe aufrère , le

7-

Page 599: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

78

vrai du rationnel par celui dela sœur.{Fr. ces mots;

vqy. aussi Naturel, Bonté, Science , Degrés. )

RÉDEMPTION. La rédemption par le SEI

GNEUR neconsiste radicalement que dans ses efforts

personnels contre l'irruption des maux infernaux.

Par son incarnation et sa vie sur la terre , la Divi

nité s'est rendue saisissable et abordable , et les

hommes ne peuvent être rachetés , ou sauvés , qu'en

s'attachant à elle , en suivant ses exemples et en por

tant leurs croix à sa suite. ( V. Liberté , Régénéra

tion , Dieu. )

ftEGNE DE DIEU. Règne de l'amour et de la

vérité. Règne de CHRIST; car il est la vérité et

l'amour personnifiés. ( V. Jéhovah , Dieu.)

RÉGÉNÉRATION. Délivrance successiye de tous

les maux et de toutes les erreurs , opérée par le SEÏ-

GNEUR che? ceux qui s'attachent à lui. ( V. Vo

lonte, Liberté , Dieu , Baptême, Rédemption.)

REINE. Eglise , comme femme. ( V. Roi. )

BEINS. Discernement du vrai et du faux , à cause

de la sécrétion des urines qui se fait dans cette partie.

( F. Eau , Boire. )

REPOS. Bonheur. {F". Sabbat, Paix, Asseoir.)

REPTILES. Les passions sensuelles. ( if. In

sectes. ). . ' .

RESINE. Vrai du bien naturel intérieur. {F.

Encens , Aromates. )

RÉSURRECTION. Retour à la vie spirituelle.

L'homme ressuscite au moment même de la mort;

car son homme intérieur passe au monde spirituel

comme on entre dans un songe. Dieu seul est res

suscité avec son corps matériel, parce kju'il l'avait

entièrement glorifié et rendu substantiel. {V. Tom

beau. ) . . " •

REVELATION. Connaissance donnée à l'homme

extraordinairement ou avec appareil. La raison est

aussi une espèce de révélation; niais l'homme peut

plus facilement la fausser. Les systèmes les plus op-

.Hisés régnent sur la terre, pendant que chacun

Page 600: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

79

; prétend avoir la raison pour lui. Un appareil im-

i mense de révélations , tel que celui de l'Ancien et

du Nouveau Testament expliqués d'après les règles

. de la langue de la nature , finira nécessairement par

; triompher de toute la sagesse créée. Dieu a voulu

| entrer comme partie active dans les transactions

[ éternelles des êtres libres , et c'est ce qu'il a fait par

' son incarnation ; sans elle il nous serait resté per

sonnellement étranger à toute éternité. ( V. Rédemp-

RICHE. Celui qui possède beaucoup d'avantages

moraux, ou celui qui croit en posséder beaucoup.

; ( V. Pauvre. ) "-' " .

RICHESSES. Les biens de l'amour et de la sa

gesse sont seuls des biens véritables. Les richesses

naturelles n'en font que représenter les. diverses

nuances. ( V. Or , Argent , Pierres précieuses ,

Vêtemens. )

RIDEAUXDEFENÊTRE. Degrés de foi et d'in

telligence du vrai. Quand on prend le soleil en,

mauvaise part, alors c'est protection contre l'erreur

et le mal. ( V. Et6ffe , Voile , Volet. )

RIDEAUX DE LIT. ( V. Lit et Rideaux. )

RIRE. Le rire rappelle en général l'affection du

Vrai, le plaisir que l'on ressent à reconnaître Ja

vérité. ( y. I§aac , Pleurer. )

/RIVIÈRE. Le vrai en abondance. {V. Eau, Mer,

Etang.) Pour cette raison? les anciens Perses respec

taient les fleuves au pouit de ne pas permettre quel

quefois qu'on s'y lavât les mains. Les Juifs eux-mêmes

aimaient encore pour cette raison %célébrér leurs

fêtes sur le bord des rivières.

'ROCHER: Vérité. Confiance. 'Foi. ( V. Pierre.)'

ftOGNON. (T- Reins-V' 7: i"* ..)''.' -

ROI. Un.principe de vérité. La vérité. Dieu

quant à la véi'ité.. L'honnie qui est dans la vérité.

Les rois terrestres eux-mêmes représentent les ca

ractères particuliers d'une doctrine de vérité admise.

Page 601: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

8o

Voilà pourquoi l'Evangile dit que le SEIGNEUR

nous a faits Rois et- Prêtres. ( V. Prêtre. ) Voilà

pourquoi aussi JESUS-CHRIST, interrogé par Pi-

late s'il est Roi, répond qu'il est ne pour rendre

témoignage à la vérité.

RONCE. {F. Épine.)

ROND. Tous les objets de forme ronde bu cylin

drique se rapportent aux choses éternelles ; dans le

firmament, les astres; sur la terre, les fruits, les

plantes et les membres de l'homme et des animaux.

( ^V Cercle , Quarré. )

ROSE. Pensées touchant l'amour. Sentimens de

charité qui ne portent point de fruits. ( V. Fleurs,

Lis.)

ROSEAU. Rien du vrai extrêmement débile.

( V. Herbe , Eau , Epi. )

ROSEE. Le vrai , principalement le vrai de la

paix et de l'innocence. ( V. Eau , Pltjle , Ahc-en-

Cnx. ) Chez les Egyptiens la rosée était également

l'hiéroglyphe de la science.

ROUE. Faculté de raisonner sur les choses scien

tifiques. ( V. Char, Cercle. )

ROUGE. Amour de Djeu. Amour en général,

parce que le rouge est la couleur du feu. ( y. Feu,

Couleur.) ' .- ; >

ROUX. Disposition à la dispute. Passion hai

neuse, en tant que le roux est un faux rouge.

( V. Rouge, Couleur..} Le cheval roux de l'Apoca

lypse signifie Disputes.dans l'Eglise. Disputes sur la

foi aux dépens de la charité. ^ .

ROYAUME! Société céleste. ( V. Roi. ) On dis

tingue dans le ciel le, royaume céleste et le royaume

spirituel. Dans le premier, on est dans la vérité par

l'amour du SEIGNEUR; dans le second , on est

dans la charité par là vérité. Dans l'Ecriture Sainte,

lé royaume céleste est représenté parle royaume de

Judah, le royaume spirituel par celui d'Israël. {V. cei

deux mots; v. aussi Spirituel- )

Page 602: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

-8i

RUBAN. 8uite de raisonnemens ou de vérités.

( .V. Chaîne, Fil, Etoffe, Soie. )

RUE, PLACE PUBLIQUE. Le vrai conduisant

au bien. ( V. Chemin, Maison.).'

RUGIR COMME LE LION. Se lamenter très-

fortemjBt à cause de la perte du bien ou du vrai.

( V. LiOn^£ri. )

JS.

' ' - " , ' rc . -

SABBAT. Bonheur éternel. Perfection morale.

( V. Sept, Paix, Repos. )

SABLE. Scientifique faux ; quelquefois vrai, mais

léger. ( V. Pierre. )

SABOT DE CHEVAL ET DES AUTRES ANI

MAUX. Vrai du bien dans le plus bas degré.

( V. Oncéle, Dent, Chévetj. )

SACRIFICE. Ce que l'on abandonne par amour

pour Dieu. Quand 'on sait que tous les animaux

aussi-bien que tous les fruits de la terre ont des si

gnifications emblématiques, et que leurs images

entrent soiis toutes les formes dans le langage exta

tique, on conçoit très-bien l'origine des sacrifices

de toute espèce , chez les païens comme chez le

Seuple emblématique d'Israël.^V. les noms des

ivers animaux qu'on était dans l'usage de sacrifier. .)

Il n'en fallait pas moins que ces avertissemens cé

lestes mal compris, pour forcer ...quelquefois des

mères à sacrifier leurs enfans. On sait que les Car

thaginoises riches , niais qui ri'ayajent pas d'enfans,

en achetaient des mères pauvres. Et il fallait que la

mère assistât au sacrifice sans laisser échapper un

soupir ; sans cela on ne la payait pas, parce que Içs

prêtres soutenaient que le sacrifice- ne valait rien.

D'où peuvent provenir de pareilles idées, si ce n'est

de l'enfer? Pour ccqui est du sacrifice du Calvaire,

il n'est point un sacrifice proprement dit, et comme

l'entendent certains théologiens. Le sacrifice du Cal

Page 603: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

vaire n'est réellement que le sacrifice de Yamow

éternel. Dieu, dès le principe, ou dès Véternité (i

quelqu'un croit comprendre ce mot), avait résolu

d'arrêter par ses exemples, à leur dernière période,

les dégradations introduites par la libre volonté des

hommes. Il le fit par son incarnation ; et p^ir cette

raison Dieu rédempteur est appelé Yagneaïttmmolt

dès l'origine du monde. {V'. Rédemption. )

SAGESSE. Connaissance de la vérité jointe à

une vie qui y soit conforme. ( V. Vie.) Sagesse

vient du mot latin sapere , goûter ou distinguer les

choses bonnes à manger. ( V. Manger. )

SALUT. Bonheur éternel. Le saint consiste à

connaître Dieu et à s'attacher à lui par amour, afin

d'entrer ainsi dans l'ordre éternel, et les -vues de sa

bonté et de sa sagesse infinies. Le salut consiste par

conséquent aussi a connaître JESUS-.ÇHRIST, et à

vivre selon son Evangile ; car JÉSUS-CHRIST

n'est, autre que le créateur personnifié et devenu

abordable. Si l'Être-Suprême ne se fût pas person

nifié sous le nom et la personne de JESUS-CëLRIST

sur' notre sol matériel , il serait forcé de se person

nifier de la même manière dans le monde spirituel;

et la philosophie n'en serait pas plus avancée.

SANG. Vie. Charité. Le divin vrai du divin

bien. L'amour di^n procédant de l'humanité di

vine du SEIGNEUR. Le sang répandu signifie la

vérité divine falsifiée et détruite , méprisée et ou

tragée. ( V. Chajh, Vin, Raisin, Croix, Tuer. )

SANTE.Ce motseprendaumoral. ( ^.Maladie.)

- SATAN. (F", Démons.) 7

SATYRS, PRIAPES. Ceux qui s'adonnent aux

obscénités. ( V. Beauté. ) Les sphynx , les svrènes et

Jes,centaures , ont une origine semblable ; ce ne sont

que des réunions des emblèmes de la femme et du

lion ou du poisson , et de ceux de l'homme et du

cheval ou du bouc. ( V. tous ces mots.)

SAUTERELLE. Les faussetés dans le plus bas

Page 604: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

83

degré , probablement parce que les sauterelles dé

vorent la verdure. ( V. Verdure , Insecte. )

SAUVEUR, (f. RÉDEMPtION.)

SCEAU. Marque de consentement. Un objet

scellé signifie une chose cachée. Le livre scellé de

sept sceaux de l'Apocalypse signifié le secret du

Père céleste.

SCEPTRE. Puissance. ( V. Bâton. ) Le petit

sceptre d'ivoire aussi-bien que le siège des sénateurs

romains étaient aussi d'origine emblématique , et

par conséquent extatique. ( V. Ivoire , Siège. )

SCIENCE. Connaissance de toute espèce. La

science est purement naturelle , et n'a aucun prix

moral. Elle ne devient proprement connaissance

que quand elle est raisonnée; et elle ne mérite le

nom de sagesse que quand elle est devenue la règle

de vie de l'individu. Vouloir savoir les choses inu

tiles , ou vouloir trop savoir , est un péché. C'est

le fruit de l'arbre de la science du bien et du mal.

( V. Arbre, Verre a boire, Vie. )

SCORPION. Persuasion du faux mortel. Stupeur

et torpeur morales ; car la morsure du scorpion cause

des effets analogues dans le corps humain. ( V. In

secte, Mouches, Punaises, Odeur.) .

SEL. Dans le sens favorable, affection de la vé

rité; le vrai désirant le bien. Dans le sens défavo

rable, absence de la même affection; le faux repous

sant le bierr.J

SEMAINE. Période de temps. Grande période.

Période entière. {F. Sept, Sabbat, Temps.)

SEMENCE. Le bien et le vrai du SEIGNEUR

dans le cœur de l'homme , où ils doivent-fructifier;

ou simplement Je vrai du bien. La semence est aussi

la parole de Dieu , et ensemencer est instruire. Prise

en mauvaise part , la semence représente les erreurs

et les mauvaises affections- prêtes à se multiplier.

{V. Grain, Cuamp, Zizanie.^

SENS. Faculté d'apercevoir et d'apprécier}*

Page 605: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

84

vrai *t le bien. Les cinq sens , comme toutes les par

ties du corps humain, ont leurs significations parti

culières. Le toucher correspond à l'affection -du

bien , le goût à l'affection dû savoir , l'odorat à celle

de percevoir , l'ouïe à celle d'apprendre et d'obéir .

enfin la vue , à l'affection de la sagesse et de l'intelli

gence. {F". les noms des divers organes des- sens:

v. aussi Corps humai'n. ) . .

SENSUEL. Affections basses et purement natu

relles. Naturel et sensuel sont quelquefois synonymes

dans la langue mystique. {V. Naturel.)

SENTIER. ( F. Chemin. )

SEPT. Saint. Sacré. Etat de perfection. Tous le:

premiers élémens des sens de l'homme sont divisé

en sept nuances, les couleurs, les tons, les sons, et

probablement les saveurs, et les formes donnant

naissance au tact. De là sans doute cette signification

importante du nombre sept dans les Saintes Ecri

tures, qui se retrouve dans toutes les mythologies.

( F. Sabbat, Arc-en-Ciel, Couleur, Quarré.)

SÉPULCRE. Mort. Résurrection. {F. Mort.

Tombeau. )

SERPENT. Degré le plus bas de l'homme sen

suel. Ruse. (r.ANtMaL, Direction, Elever, Corps

humain. ) L'homme s'élève vers le ciel ; le serpent

rampe sur la terre ; ils forment entre eux l'angle

droit; et les autres animaux , par leurs différentes

manières de porter la tête ,' remplissenttout le quart

du cercle ; tous ensemble offrent l'image sensible de

tous les degrés possibles de perfection ou de dégra

dation morale. On voit par- là pourquoi les mages

de Perse se faisaient honneur de tuer les serpens.

( V. Souris, Fourmi , Forme humaine. )

SERVITEUR. Celui qui est dans le vrai, par

opposition à ministre, lequel représente celui qui

est danslebien. Les serviteurs et les servantes, dans

l'Ecriture Sainte , sont les moyens d'union entre le

bien et le vrai , entre l'homme intérieur et l'homme

extérieur. . . .

Page 606: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

85

SIBYLLE. (/^.Magnétisme, Songe.)

SICLE. {F. Monnaie.)

SIEGE, CHAISE, FAUTEUIL. Place que l'on

occupe dans la société. {V. Trône. )

SIGNES DU ZODIAQUE. La langue de la na

ture rend seule raison de la division et des noms des

douze signes du Zodiaque. ( V. les noms des diffé-

rens signes en particulier ; v. aussi Douze. ) On ne

peut nier que Dupuis ne dise des choses très-intéres

santes sur le rapport des signes célestes avec les

croyances religieuses des anciens; mais il'ne hasarde

pas même de conjecture sur la première origine de

noms si singuliers donnés aux constellations, (f. Ani

maux , Soleil. ) . '

SION. Eglise qui est dans l'amour. ( V. Jérusa

lem , Montagne. )

SIX. Etat de travail et de tentation, parce que

ce nombre précède immédiatement le nombre sept

ou le sabbat , qui est la perfection morale. Comme,

double de trois, six signifie aussi le tout, quant au

bien et au vrai.j^V. Sept, Deux, Trois.)

SOEUR. Vrai naturel.- Vrai rationnel. Vrai in

tellectuel. {V. Frère.) . ,

SODOMIE. Degré le plus grossier d'infidélité à

cDieu et de corruption morale. {V. Union , Fornica

tion , Adultère. )

SOIE. Bien çt vrai céleste , parce qu'elle est douce

au toucher et éclatante. ( V. Coton, Lin, Vête

ment. ) -

SOIF. Désir de la vérité. Désir de la science.

{f. Boire, Eau. )

SOIR. Fin d'une Église. État d'obscurité et de

déci'oissemènt dans le bien. ( V. Matin. )

SOL. Cœur de l'homme. Partie extérieure , sensi-

tive, de l'homme naturel , où le bien spirituel peut

prendre racine. (F". Terre, Champ.) Un sol mal

propre , qui salit ce qui ytouche , représente la fausse

8

Page 607: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

"^.

doctrine, l'hérésie d'une personne au d'une Église.

(V. Vase, Lie.)

SOLEIL. Dieu comme amour et vérité éternels,

o» le feu est amour , et la lumière vérité. ( V. Feu. )

Voilà pourquoi , lors de la Transfiguration , Dieu

Rédempteur s'est montréxomme. entouré du soleil.

Laperte de cet hiéroglyphe naturel a été la première

cause del'adoration du Soleil chez tous les anciens peu

ples. Aussi Myùira, Bacchus , Titan , Hercule , Apol

lon, Adonis même, et Atys„ étaient souvent con

fondus avec le Soleil. Labyrinthe veut dire Te

palais du Soleil. Le labyrinthe primitif a été com

posé de douze chambres correspondant aux douze

signes du zodiaque. Il est bien, remarquable que le

mot hébreu aïn signifie également le soleil, unefon

taine, et l'œil, trois hiéroglyphes de la vérité. Osi-

ris et Sérapis représentaient aussi le Soleil. ( F^. ces,

mots. ) Il y aurait une infinité de remarques à faire

sar cet intéressant hiéroglyphe naturel, du Soleil;

mais les bornes de ce dictionnaire s'y refusent.

Nous ajouterons seulement avec Procl'us, que les an

ciens admettaient d'ordinaire doux soleils , l'un ma

tériel, l'autre spirituel, cause du premier. Dupuis

montre très-bien comment les diverses mythologies

sont provenues des noms des astres "et des constella

tions : mais comment ces dénominations et ces divi

sions primitives des astres , ces hommes et ces ani

maux célestes se trouvaient-ils déjà préalablement

dans les cieux? C'est ce qu'il ne dit pas. La perte du

la langue de la nature peut seule en, rendre raison.

( f. Signes du Zodiaque. ) Pris en mauvaise part ,

le Soleil représente l'amour de soi, l'amour du

monde. (/^. Chaleur, Lumiere, Lune, Etoile,

Animal.)

. SOMMEIL. État purement naturel chez Ubommo

non régénéré. Insouciance. Ignorance. .Repos.

\F.hlT.)

. SOMNAMBULISME. {V. Extase, Magwétisms,

Sq»«e,).

. SON. {V. Voix,, S£B£, Gouwsw»..) .

V - ' .

Page 608: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

SONGE. Vue dans le monde spirituel. Vue des

images parlantes de la nature substantielle. Pres

cience. Prédiction. L'état de songe est le prélude

de notre existence immortelle. Les images hiérogly

phiques vues en songe annoncent d'ordinaire les

choses à venir, quoique se présentant sous la forme

du présent ; car le monde spirituel est placé hors dn

temps et de l'espace, au point que des prophètes

peuvent aller jusqu'à parier des choses futures,

comme si elles étaient passées.' ( V. Temps, Année. )

Le songe est le phénomène le plus remarquable de

la vie humaine, mais aussi celui dont il est le plus

difficile de tirer parti dans l'état de dégradation ac

tuel. Ce qui ajoute surtout à cette difiiculté, c'est

l'incertitude où l'on est souvent avant l'événement,

de savoir s'il est question de scènes historiques et

. civiles, ou purement morales et spirituelles. D'un

autre côté , il est extrêmement dangereux pour tout

homme qui ne se sent pas la force de tout sacrifier

pour Dieu, d'entrer en rapport avec le monde des

esprits par des songes emblématiques ; les plus ter

ribles des persécutions , la pauvreté , la maladie , !a

folie et la mort l'attendent. Cicéron, tout en admet

tant quelques songes remarquables , fait contre leur

signification hiéroglyphique des objections qui tom

bent toutes devant celui qui a des idées claires sur la

liberté humaine, sur la nature des rapports qui

doivent exister entre le monde matériel elle monde

spirituel, devant celui surtout qui connaît la langue

de la nature. (^".Liberté, Prescience. ) Dans le

principe , les songes servaient de guide à l'homme

moral et religieux. Le Christianisme est destiné à

ramener l'homme à cet état de perfection auquel ïl

faudra qu'on revienne tôt ou tard. Chez les anciens ,

la perte de la signification vraie des images offertes

dans le songe et l'extase, avait donné naissance aux

hiéroglyphes, à l'idolâtrie et aux diverses mytholo-

fics. {F. Correspondances, Extase, Prescience,

cbstance, Langue delà nature, Magnétisme.}

SORTILEGE. Dans la langue extatique, par

Page 609: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

sortilège et enchantement, on entend des raisonne-

mens captieux qui forcent, pour ainsi dire, l'esprit à

prendre le faux pour le vrai..(^. Devin , Enchan

tement , Magnetisme.)

SORTIR. Passer d'un état moral à un autre. Sor

tir d'un pays ; {P". Sol.) Sortir d'une maison, d'un

temple. -(T7. Maison, Temple.)

SOUFRE. Concupiscence provenant de l'amour

mauvais , principalement de l'amour de soi. {V. Feu ,

Jaune.)

SOURCE. Vérité pure. Vérité divine, principa

lement quand il y a Source d'eau vive. ( V. Eau ,

Puits,)

SOURD. Désobéissant. {V. Oreille.)

SOURIS. Sentimens d'avarice , surtout chez

l'homme de l'Eglise, à cause, sans doute, que la,

souris est un animal grenetier. Les avares sont in

festés de souris dans le monde spirituel : ils en ont

niérnè' l'odeur. C'est évidemment d'un songe ou

d'une crise extatique relative à un avare , que vient

l'érection de la tour aux souris dans le Rhin.

{V. Rat, Odeur, Fourmi.) On connaît l'aventure de

Crinis , prêtre d'Apollon , dont les champs , au dire

de la Fable , se remplirent de souris et de rats ,

parce qu'il avait négligé son devoir dans les sacri

fices. Apollon, touché de son repentir, tua. ces ani

maux avec ses flèches , ce qui lui valut le surnom de

Sminthéus. Mais il faut remarquer que ce n'est

qu'en songe ou en extase que Crinis avait vu ces

souris emblématiques. (F". Songe.)

SPIRITUEL. Opposé non-seulement à ce qui est

matériel et mondain , mais encore à ce qui est pure

ment naturel. Le monde spirituel est plus réel que le

matériel : Platon déjà l'enseignait , ainsi que tous les

pythagoriciens. Le cieLspirituel est celui ,où l'on est

dans le bien par le vrai., par oppositibn au royaume

céleste, où l'on est dans le vrai par le bien, {V. Na

turel, Substantiel , Ame, Ciel , Royaume.)

, STATUE, Système ou vérités , considérés abs-

"V

Page 610: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

89

tractivement et en eux-mêmes, par opposition à

ceux qui sont vivifiés par la pratique des individus.

Le bien et le vrai ayant vie, sont représentés par

l'homme; considères abstractivement, ils le sont par

son image ou sa statue. Les statues sont par consé

quent le dernier terme <le l'ordre éternel. Vous ne

vous Jerez point d'images taillées, veut dire , vous

ne vous ferez point de système religieux , car vous en

êtes incapables; tous les systèmes que vous feriez se-

raientfaux; et vous recevrez celui que votre Créateur

vous donnera. {V. Homme , Femme , Jeune Homme ,

Jeune Fille, Vierge, Epoux, Epouse.)

SUBSTANCE,, SUBSTANTIEL. Ce qui est réel

et palpable sans être matière. Nous disons que ce

que nous voyons et palpons en songe n'est point

• matière proprement dite, quoique dans le moment

nous ne puissions l'en distinguer. L'état d'immor

talité ne nous offrira que des substances semblables.

Voilà pourquoi Platon soutenait qu'elles étaient

plus réelles que les objets ou apparences matérielles.

En effet , apparence pour apparence ^ il vaut mieux

appeler de ce nom l'état terrestre que l'état céleste.

La -substance se rapporte à l'amour, la forme à la

vérité. Dieu est la substance et la forme infinies.

(V. Ame, Ciel, Spirituel,)

SUIF. Moyen naturel d'acquérir le vrai du bien.

(V. Cire , Graisse , Lumiere.)

SUPÉRIEUR. Plus parfait. Le supérieur et l'in

térieur représentent les degrés de perfection , par

opposition à l'inférieur et à l'extérieur, qui rap

pellent tes degrés d'imperfection, ou de perfection

moindre. S'élever , c'est se perfectionner , à moins

qu'on ne s'élève que par orgueil ; s'abaisser, c'est le

contraire. Quant à l'extérieur, il rappelle naturel

lement la simple éepree renfermant toujours on

noyau plus précieux. {?. Monter, Descendre.)- ;

SWEDENBORG. C'est le pins remattraable d«

tous les extatiques modernes. Il a resté près de

«ingt-ciuq ans dans cetétat singulier, connu anjour

8.

Page 611: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

d'hui sous le nom d'extase provoquée, et il passe à

juste titre pour un prophète véritable. Il a expliqué

en une trentaine de volumes une grande partie de

l'Écriture Sainte d'après les principes de la langue

de la nature , et il a donné la clef de tout le reste.

Son explication de l' Apocalypse, il a déclaré la tenir

tout entière du SEIGNEUR, qui, en effet, pou

vait seul donner le mot de cette étonnante énigme.

Il estinutile d'ajouter qu'après Dieu c'est à Swe

denborg que je suis principalement redevable de

la connaissance de la laugue de la nature. ( V. EMMA

NUEL.)

SYRÈNE. Beauté sans bonté ; beauté qui trompe.

{V. Femme, Beaute , Poisson , Satyr.)

T.

TABLE. Préparation éloignée pour l'appropria

tion de la nourriture de l'âme, qui est le bien et le

vrai. {V. Manger, Boire.)

TACHE. Erreur. Faute. Les païens enseignaient

d'après leurs extatiques , que les âmes, ou les corps

aériens des hommes criminels, conservaient des

taches ou des flétrissures analogues à tous les crimes

commis, et que c'était d'après 1,'inspection de ces

taches qu'elles étaient jugées. {V. Noir, Tacheté;

v. aussi Corps humain , Beaute , Ulcère.i,

TACHETE. Le vrai et lefaux mêlés ensemble.

Agneau tacheté , les erreurs de l'innç-cence. Cheval

tacheté ou moucheté, erreurs sur les doctrines de

l'Écriture Sainte. Panthère , erreur de la mé

chanceté, à cause de ses taches, etc. Les taches sé

parées montrent que les erreurs ne font pas un sys

tème entier et lié. Il en est autrement d'un animal

tout-à-fait noir. (f. Noir, Blanc)

TALON. Le plus bas degré des affections na

turelles. {F, Pied, Corps humain.)

,. TAPIS. Vérité du plus bas degré, ou concer-

Page 612: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

liant les choses les moins élevées. Vérités naturelles.

Vérités du ciel inférieur. En tant que tissus de laine,

les tapis ont aussi rapport à un degré de bonté. Les

tapisseries et, les tentures ont des significations ana

logues. {V. Etoffe, Rideaux.)

TARTARE. (f: Antre", Enfer.)

TAUREAU. Affections naturelles et grossières,

bonnes ou, mauvaises. Le bétail en général repré

sente ces affections. [V. Boeuf, Vache, Veau.) C'est

delà que vient la vénération pour le bceuf Apis,

l'adoration du Veau d'or, et les divers sacrifices de

bétail chez les anciens, etc. {V. Animal, Sacri

fices.)

TEMOIN. Confirmation du bien par le vrai.

_ TEMPLE. Le vrai divin. Système de Religion.

(V. Maison, Boîte.)

TEMPLES DES ANCIENS. {F. Mystères, Tro-

phonius , Magnetisme. )

TEMPS. Le temps dansle monde spirituel désigne

un état moral. 11 n'y est plus une longueur déter

minée. Déjà sur la terre il tient beaucoup de la sim

ple apparence : une lieure qui n'est qu'un instant

pour l'homme distrait, est une longueur mortelle

pour celui qui s'ejinuie Ou qui souffre. (/^Espace-,

Distance. ) Il n'y aura plus de temps, siguifie dan»

l'Apocalypse, il n'y aura plus d'Église.

TÉNÈBRES. Ignorance. Fausseté. {V. Lumière.)

Les ténèbres représentent l'Ahrimano. de la mytho

logie persane ; et la lumière , Oromaze son adver^-

saire. Elles représentent aussi le Pluton de la Fable,

dont le royaume devait se trouver à l'occident, par

opposition au séjour de la lumière, que l'on avait

placé à l'orient. ( V. Soleil.)

TENIR. Posséder. Se tenir debout , c'est être ré

formé , quant à l'homme naturel et extérieur. ( V.

Forme humaine, Serpent.)

TENTATIONS. Souffrances spirituelles. Com

bats contre le mal et le faux. Les tentations vien

Page 613: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

ga

nent principalement des efforts opposés que font

en nous les Esprits bons et mauvais pour nous at

tirer de leur côté. Il y a par conséquent des tenta

tions de diverses espèces : aujourd'hui il n'y en a

presque que de naturelles^ à cause du dépérissement

de la vraie foi. ( V. Liberté, Volonté , -Naturel ,

Spirituel.) ,

TERRE. Eglise. Le cœur de l'homme , ou doit

croître la bonne semence. Terre de Canaan, c'est le

Gel. ( V, Sol, Champ, Eden.) Il est parlé dans

l'Apocalypse d'un nouveau ciei et d'une nouvelle

terre j le jugement dernier sera donc un renouvelle

ment et non une destruction de la nature , comme

le croient les chrétiens ignorans. (V. Ciel.)

TERRE GLAISE. Église hérétique, qui enseigne

le faux. {F. Sol.)

TETE. Intelligence. Ciel supérieur. Amour.

Partie première quant au rang. ( V. Cerveau, Pou

mon, Queue, Forme humaine.)

THEURGIE. L'art de converser avec les esprits

immortels. {V. Magnétisme, Songe, Extase.)

TITAN. Nom du soleil et des étoiles chez quel

ques païens. ( V. Soleil. ) En bas breton, ou en cel

tique, Titan signifie Maison defeu.

THOT. Ancien nom de Dieu chez les Egyptiens.

C'est le même que le Teutatès des Germains , dont

ceux-ci prirent le nom de Teulseh. Les mots Qeoj

des Grecs , et Deus des Latins , en dérivent égale

ment. Il est très-probable que la vraie signification

du mot égyptien Thot était père. Tad signifie en

corepère en bas breton. {F'. Père.) Les Teuset lesDus

étaient aussi des espri/s supe'n'eurs , des espèces de

Faunes et de Satyrs chez ies Gaulois ; et encore au

jourd'hui dans quelques contrées ignorantes , on

donne ces noms à une certaine espèce de revenans.

TOILE. Vérités. (F. Lu» , LffcGE. )

TOIT. L'intérieur, l'iatime des pensées et du

cœur de l'homme. ( V. Maison , Tour. ) -

Page 614: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

93

TOMBEAU. Le tombeau du SEIGNEUR signi

fie Dieu méconnu par l'homme j et le tombeau de

l'homme signifie l'homme méconnaissant Dieu {F.

Sépulcre , Mort, Resurrection.)

TOMBER. Etre vaincu. Tomber en arrière,

s'éloigner du vrai «Tomber sur le côté droit, être

vaincu quant au bien. Tomber sur le côté gauche,

être vaincu, quant au vrai. Tomber sur la face,

adorer à la manière des anciens. {V. Las, FAtI

GUÉ.)

TONDRE LES BREBIS. S'occuper du bien de

l'Eglise; et, dans le sens contraire, lui faire du mal.

{¥. Berger, Troupeau.)

TONNERRE. Divin Amour et divine Vérité.

La parole de Dieu dans toute sa force. (V. Voix ,

Bruit, Eclair. )

TORDRE. Rendre, injuste et faux. Tordu, ta-

boteux et inégal , est opposé à ce qui est juste, bon

et droit. {V. Droit.)

TOUR. Orgueil. Culte de soi-même. Ce qu'il y

a d'intérieur et d'intime dans les vérités , dans les

systèmes. ( V. Maison, Toit.)

TOURNER. Se tourner, se convertir. {V. Dos.)

TRAVAILLER. Se prend au moral pour faire le

bien. Quelquefois, travailler signifie souffrir. {V.

Ouvrier. )

TREMBLEMENT* DE TERRE. Changement

d'état dans une Eglise. ( V. Terre.)

TRIBU. Religion quant au bien de la vie.

TRIBUS. (Les douze tribus.) L'ensemble des biens

et des vérités spirituels. Tout quant à la foi et à

la religion. Les douze pierres du rational d'Aarou

représentaient la même chose. {V. Apôtre, Douze,

Pierres précieuses, Vieillard. )

TRINITE. Dieu considéré dans son essence, dans

son humanité divine, et dans son action sur les

créatures \ en d'autres termes, Dieu considéré comme

Père, Fils et Saint-Esprit. La Trinité en Dieu n'est

Page 615: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

©4

que l'unité parfaite. On a eu tort d'y distinguer trois

personnes diverses : le mot hvpostase a été mal

compris.. En admettant en Dieu trois personnes,

ou trois êtres intelligens , ce qui est la même chose,

on arrive nécessairement à l'idée de trois Dieux ; ou

bien on nie la Divinité du Fils et du Saint-Esprit.

Pour rétablir partout la véritaSlc idée de Dieu , et

la foi au CHRIST, il faut dire aujourd'hui que Dieu,

en lui-même , est un , mais qu'il est triple par rap

port à l'homme , étant à la fois Créateur, Rédemp

teur et Régénérateur.

TROIS. Tout quant au vrai. Complet. Fini.

Achevé. Trois signifie aussi ce qui est parfait , ce

qui est saint , comme sept. ( V. Sept. ) Trois et

demi .dara les Saintes Ecritures, signifie la Fin

entière.

TROMPETTE. Révélation céleste. Manifesta

tion et, exploration de l'intérieur de l'homme ou

d'une Eglise. ( V. Bruit , Voix , Cuivre. )

TRONE. Puissance. Autorité par le vrai. Juge

ment. ( V. Siege. )

TROPHONIUS. ( Antre de Trophonius. ) Les

prêtres du temple érigé près de cet antre .prépa

raient les malades par des purifications, puis les fai

saient dormir dans cet antre, et quand ils avaient

eu un songe relatif à leur indisposition , les prêtres

l'expliquaient et indiquaient le remède. ( V. Magne-

ri&ME , Mystères , Songe. ) •

TROUPEAU. Ceux qui se laissent conduire vers

le bien et le vrai. ( V. Pasteur , Berger. )

TUER. Otcr la vie spirituelle. Enlever la foi et

la charité. ( V. Vie.) Tuer quelqu'un avec l'épée,

la pique , ou quelque autre arme' pointue , c'est dé

truire entièrement en lui la vérité, ou ce qu'il

prend pour la vérité. {V. Maladie , Mort , Sang,

Crucifixion , Cadavre. )

Page 616: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

9*

ULCÈRE. Corruption du bien de l'amour divin.

Blasphème. ( f". Blessure.)

UN. L'harmonie. La perfection. Dieu. {V. Union.)

UNION. L'union vraie , l'union parfaite et absa-

lue n'existe qu'entre l'essence divine et la divine

humanité J ou entre le PERE et le FILS , qui sont

un, comme le corps et l'âme chez l'homme sont un.

Entre les hommes, aussi-bien qu'entre l'homme et

Dieu, il ne peut y avoir que conjonction. {V. Un.)

UNION DES SEXES. Le mariage est une union

sainte ou sacrée , parce qu'il représente l'union du

bien et du vrai, qui, partant de Dieu, leur pre

mière source, forment toute l'immense création.

Toutfr union morale, toute harmonie, émane de

cette première et divine source. Quant aux unions

illégitimes , elles représentent toutes les nuances des

désordres moraux. {F'. Mariage, Adultère, etc. )

URINE. Vrai falsifié. ( V. Reins , Eau. )

V.

VACHE. Degré d'affections. Affections du vrai.

(V. Lait, Veau, Taureau, Mâle, Animal.)

VAISSEAU. Système. Doctrine d'une Église

puisée dans la parole de Dieu, par opposition à

Char, qui le plus souvent ne représente qu'un sys

tème de vie en général. ( V. Vent, Char, Roue,

Maison, Ville, Boîte, Corbeille.) L'arche de

Noé , avec tous ses détails , n'est qu'un immense

hiéroglyphe contenant la description d'une Eglise ou

société religieuse de l'antiquité. De là encore chez les

Egyptiens l'usage de consacrer un vaisseau chargé de

figures hiéroglyphiques aux fêtes d'Isis. Cette déesso

paraissait alors habillée sous les symboles dela Lune,

Page 617: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

96,

( V. Luire.) On y voyait des vases à'eau , des vases de

lait en forme de mamelles, une corbeille d'or rem

plie de rameaux d'or , des serpens d'or sur lesquels

étaient jetés quelques c'pis, etc. {V. tous ces mots.)

VAISSELLE DE TERRE. Idées et systèmes de

l'intelligence propre. Dans la Bible, cette image se

prend presque toujours en mauvaise part. [V. Vais

seau , Boîte.)

VALLEE. Etat inférieur. Etat de perversité.

Humilité. ( F. Montagne , Antre, Cave.)

VAN. Séparation de la vraie et de la fausse doc

trine d'une Eglise. Séparation de ceux qui sont dans

ces deux doctrines opposées. ( V. Froment, Paille,

Vaisseau. ) Les mvstagogues avaient consacré le

van à Bacchus , parce que ceux qui étaient initiés à

ses mystères étaient censés purifiés de leurs vices

Comme le froment est purifié de la /paille. -Les

mêmes emblèmes sont conservés dans l'Evangile.

VARIETE. Une variété à l'infini étaitjiécessaire

dans la création , même dans le bien , pour donner

de la vie aux sociétés et multiplier les rapports

parmi les êtres. Mais l'homme seul pouvait intro

duire cette variété , puisque Dieu ne peut faire

acception de. personnes. Delà le libre arbitre laissé

à chaque individu. De là ce degré de liberté, plus

grand encore, laissé aux masses. ( V. Liberté. )

VASE. Ce qui contient un autre objet. Le vrai

est d'ordinaire le vase du bien {V. Boîte, Vaisselle.)

. VASE D'UN ETANG. Souffrances et tribula

tions à cause du mal du faux. ( V. Eau , Lie, Sol. )

VEAU. Bonnes affections naturelles. Désir de

connaître les vérités divines. ( V. Animal , Lait ,

Vache. )

VENDANGES. ( V. Vin , Raisin , Vicnje , Mois

son, Fbuits. ) Nos ancêtres idolâtres célébraient les

fêtes de Bacchus les premiers jours d'octobre avec

de très-grands désordres. Les chrétiens eux-mêmes

avaient retenu quelque chose de cet usage , en invo

Page 618: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

quant Bacchus et écrasant du raisin en son honneur.

C'est pour obvier à ces inconVéniens que l'Eglise

réunit la fête de Saint-Bacque et de Saint-Denis

(noms véritables de deux saints , quoique dérivés

du noni' de Bacchus ) att g octobre. Le peuple fut

ainsi détourné de sa superstition et de ses désordres.

Tout le monde peut voir combien cette version est

plus naturelle que celle de Dupuis sur le même

sujet. ' . i -....). \ î

VENDRE. Approprier les connaissances dit bien

et du vrai aux autres personnes ;' par conséquent

enseigner. Acheter signifie se les approprier à spi-

même. Trafiquer a les deux sens. " '

VENIN. Tromperie. Hypocrisie. VV. Serpent,

Scorpion. )

VENT: Action invisible. Force.cachée. Influence

du vrai dans l'entendemept. Raisonncmcns. Vérités

célestes ou faussetés, infernales. ( V. Air , Esprit ,

Saint-Esprit, Oiseaux , Colombe. ) .-:•;, ,\

VENTRE; {.V. Ektraili.es. ) ;: T . - ,:,

VÉNUS. {F. Vierge.) .

VER. Tourment infernal. Il se dit principalement

du faux. Il peut aussi être pris en bonne part. ('^.

Insectes , Serpent , Tuer. )

VERBE, LE VERBE ÉTERNEL. L'éternelle;

(sagesse , par opposition à l'éternel amour, ( V. Vé-

«ite', Divin vrai , Nom, Fils, Père..)

VERD. Etat intermédiaire entre le vrai dé

l'amour et le vrai simple. ( V. Couleur. )

VERDURE. Affections scientifiques, La diversité

des herbes et des feuilles en forme les nuances. La

verdure est en général le premier .dearé de la dispo,

sition à rapporter des fruits, (f'. JIebbe, Fleur,

Arbre , Champ , Jardin , Le'gumes. ), j

VÉRITÉ. Dieu quant au vrai divin. ( V. Fils ,

Amour, Père.) ; zin . 1 i î *_• -. -. '

VERRE A BOIRE. Scientifique sensuel. Désir

immodéré de savoir. L'homme naturel s'occupe dé

Page 619: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

93

mille choses inutiles : c'est cette partie de la science

seule que l'Ecriture condamne, sous l'emblème de

l'arbre de la connaissance du bien et du mal , par

opposition à l'arbre de vie..Le bonheur est plutôt un

sentiment .qu'une science, et c'est ce que l'homme

n'a pas voulu comprendre., (.,/r, Sciehce, Ancra ,

V*E,etc.) • ,'o-ii- -/.-.'• --M •.!. i,(:i,/-.' j „ 'i

VERRE DE VITRE. Vérités naturelles ayant rap

port à la vie civilei ( V. Cristal , Diamant. ) .

VERTU. Force de l'âme,, Le mot latin est le

m,ème pour la.,force du corps., parce que cette der

nière est 1'hiéroglvphe naturel de la première.

1^TEMÉNà.''yèrités;;i^:'4oçU:iiies du dernier

ordre que quelqu'un s'est appropriées^La significa

tion des vêtemêns ' est modifiée parleur couleur,

leur forme et les parties du co^i'ps auxquelles ils cor

respondent ',''dêpùis'.lâ plumé' sfirlè chapeàji jusqu'à

la semelle des souliers^ { ^.,'Cneï>h. ) Dans la langue

de la nature; la vérité est dite revêtir le bien. De là

la différence des vêteniens chez les prêtres égyp

tiens. Leur DémiourgUe;, coiiime on- sait , 'portait

un manteau bleu céleste parsemé d'éioifes; il était

ceint d'une ceinture jrfune , et avait au coû une

chaîne d'or portant, un gros saphir entouré de

pierres précieuses. Les Sioliastes .portaient une

étoffe h raies blanches. Qunnd on connaît cet em

blème naturel, des vêteniens,, oo, ne, s'étonne plus

des détails minutieux de TEcrjtiure Sainte touchant

l'habillement du grand-prêtre. Les;Esséuieus eux-

mêmes 'donnaient encore à leurs récipiendaires un

habit blanc ;" un tablier, et une ermitieUç.Eu géné

ral, toutes les sociétés secrètes sont d'origine cabalis

tique. Il en existecucViré de ce genre chez lésDruses

en Syrie. ( V. Exterieur. ) Vêtemcus blancs signifie

vérités pures ; Vêtement rouge . vrai de l'amoiir.'Le

vêtement ou la tunique sans couture du SEIGNEUR,

signifiait un système de vérité complet. Le vêtement

ou les poils des animaux représentent leurs ins

tincts. ( F . Po]L,L»i»k'LAirtE,: Etoffe, Toile, CEIN

TURE, CqbïS HUMAIN.) mj. ,1 'ju.--- ..•..,;.-,

Page 620: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

99 rVEUVE. Église j ou personne qui est dans le

vrai , mais non encore dans le bien , parce qu'elle

ne fait encore que le désirer. ( V. Femme, Epouse.)

VERMINE. {F. Insectes, Punaise.) '

VIANDE. ( V. Chair, Manger ; Animal.) ,

VIE. Union du bien et du vrai. Dieu seul est

la vie, parce qu'il est l'amour et la vérité éter

nels, L'homme ne peut vivre qu'en lui et par lui.

En voulant vivre par lui-même , s'appuyer sur lui-

même, l'homme rencontre nécessairement l'erreur

et la mort. ( V. Dieu , JÉSUS -CHRIST , Regéné

ration, Rédemption, Ame, Salut. )

VIEILLARD. Sagesse. Innocence. Faiblesse. Les

vingt-quatre vieillards de l'Apocalypse représentent

la doctrine du bien et du vrai des deux Eglises sur

périeures , de la céleste et de la . spirituelle.

\ V. 'Douze-, Apôtres, Tribus, Ciel, Ame;. "} .

VIERGE. Eglise dans le vrai pur et non falsifiée

Doctrine de l'Eglise _quan1; au sens spirituel de la

parole. {V. Femme, Epouse, Lune, Ville, Vigne.)

Il est inutile de remarquer qu'au sens moral la

virginité peut être commune aux deux sexes. Chez

les païens, cet hiéroglyphe intéressant de la Vierge

s'était tellement dénaturé , qu'il ne rappelait plus

qu'un signe du zodiaque ou une Vénus impudique.

Dans les livres des Hébreux seuls , la vierge a con^

serve sa vraie signification , aussi-bien que l'enfant

qu'ils annonçaient • devoir naître d'elle. {V. Fils,

Enfant, Garçon (petit). , i. /

. VIGNE. Eglise quant à la doctrine tirée de la

parole , considérée abstractivement , et non comme

.vfiyantejchsz les individus. Le bien de l'Eglise spi

rituelle;- Une vigne considérée simplement comme

cep , c'est-à-dire , quant à son pied , ses branches et

ses feuilles , représente la partie intellectuelle cor

respondante au^vrai et au bien de l'Eglise ; et la

croissance" de là' vigne, les efforts successifs qui

amènent la régénération. ( V. Cep, Raisin. Olivier,

Vierge, V«lle.) ...D.tktff"'

Page 621: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

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. VILLE. Doctrine de l'Eglise dans le sens naturel,

par opposition à vierge qui est sa doctrine spiri

tuelle. Ville est aussi une doctrine considérée abstrac-

ttvemcnt. ( F. Vigne, Maison , Jérusalem , Vus-

seau. ) ,

VIN. Le vrai divin. Le vrai de la parole, parce

qu'il représente le sang. {V. Sang, Raisin.) Il est

Inutile de remarquer que c'est la perte de tous ces

hiéroglyphes naturels du' raisin , de la vigne et du

Vin, qui a donné nais*auce au culte de Bacchus et

tnx fêtes établies chez les anciens en faveur de cette

prétendue divinité. Jep'o'is, dit Hérodote, que c'est

Mélampus, homme sage et voyant, qui a introduit

les fêtes de Dionysius. ( V. Voyant, Vendanges.)

VINAIGRE. Le vrai divin falsifié. ( V. Vin,

Fiel. )

VIOLET. Troisième degré du vrai et,de l'affec

tion du vrai. Vrai naturel prêt à passer à l'amour

Spirituel. La progression dans le sens favorable se

rait du bleu au violet. 11 en est autrement du rouge

et du jaune. ( V. Couleur. )

VIOLETTE. ( r. Fleur, Violet, Fraise. )

VISION. ( V. Songe, Extase, OEil. ) '

VOILE. Degré d'ouverture de ViateNigence.

{V. OEil, Rideaux, Fenêtre, Volet. ) Voile de

vaisseau. ( V. Vaisseau , Toile» )

VOIR. Corinàf;tre. ( K Vue, OEil. )

VOIX. Vérité. Doctrine. Voix àe l'Éternel, Doc

trine divine. ( V. Bruit, Tonn*|»re. ) Le son d« voix

dans le monde spirituel trahît le fond du coeur et lé

caractère de l'individu, llne* vdix sifflante, par

exemple, et enrouée, indique l'avarice où des sèn-

timens terrestres. ( V\. Sept, i) »?

VOLER, Percevoir. S'instruire'. S'iiistruire des

ÀO'scs' cëîefctès. '( V. Marcher , Aller a cheval,

Char, iOiSEÀU, 'ÂitLE^j ^' ^ ,h'.;)n;t,.',.',J iu.l •

VOLET. Cause d'obscurité spirituels. Protection

Page 622: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

contre les erreurs. ( F. Ombre, Feuêtre, Rideaux.)

VOLONTAIRE. ( F. Libre. )

VOLONTÉ. Faculté de se porter vers un objet.

( V. Liberté. ) Bonne volonté suppose toutes les

vertus , dans toutes les circonstances , et éternelle

ment, et il n'est point aussi facile que l'on pense de

la posséder ni de la créer chez les autres. - Former

des hommes de bonne volonté n'était réservé qu'au

héros de l'Évangile, qu'a Dieu rédempteur. Les

lumières éclairent , les exemples seuls' unis aux souf

frances et aux tentations; changent Yintime de la

volonté et la convertissent. ( V . Rédemption, Régé

nération, Vie. ) *

VOMISSEMENT. Faussetés infernales. Maux

abominables. Vomir peut signifier qu'on y est , ou

qu'on s'en débarrasse. ( V. Manger , Boire , Fruits ,

Vin , Ivrogne. )

VOYAGEUR. Un être ayant un but moral.

( F. Marcher. )

VOYANT. Individu qui a la seconde vue , chez

qui les yeux de l'immortalité sont ouverts dès cette

vie. La/philosophie moderne n'admet plus les formes

substantielles ; mais elle a grand tort. Tous les an

ciens- les admettaient. Les anciens étaient même si

persuadés de la réalité de certaines transactions qui

avaient lieu dans le songe ou dans l'extase , qu'ils

confondaient souvent ces événemens avec ceux de la

vie matérielle; et c'-est ce qui a donné lieu à ces mille

fables de l'antiquité, absurdes, si on les suppose arri

vées matériellement, mais qui s'expliquent facile

ment par la connaissance de la langue de la nature ,

et en en transportant la scène dans le monde spiri

tuel. Bien des transactions arrivées ainsi dans le songe

ou l'extase, ont fini par passer dans l'histoire. ( F.Ex

tase, Spirituel, Substantiel, Magnétisme, Songe,

Apparitions, Langue de la nature, Swedenborg. )

.VUE. Dans le degré naturel , c'est science; dan'

le degré spirituel, connaissance; dans le degré cé

leste, sagesse. ( V. OEil, Science, Eau. ) ^

Page 623: Abbé Guillaume OEGGER Le Vrai Messie 1829

IM

VTJLCA1N. Dieu des païens, représenté sons la

forme d'un forgeron dans un antre , travaillant

principalement aux foudres de Jupiter. ( V, les mou

toulignés; v. aussi Fbu, Fer, Ouvrier, ciCmvu.

ZÈLE. Ardeur. Amour. ( V. Ftv. \

ZIZANIE. Le faux de l'Église. Le faux du mal.

( V. Froment , Herbe , Gerbe. )

ZODIAQUE. ( V. Animal . Sighes di Zodiaque-)

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