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Un discours manquant d’ ambition !? Mis à jour, modifié le 11/08/2015 par Eric LEGER Roxana Maracineanu, championne du monde et médaillée d'argent olympique du 200m dos, estime que l'encadrement de l'équipe de France n'a pas suffisamment accompagné les plus jeunes nageurs à se surpasser lors des Championnats du monde 2015 à Kazan. Lorsque j’arrivais en compétition internationale, mon but n’était pas de faire juste «de mon mieux». Il fallait que le tableau affiche un temps inédit. Quand j’étais jeune et inexpérimentée, je visais ce chrono en série. Mais, les résultats venant, j’ai appris à gérer. A laisser passer deux courses en m’économisant pour réaliser ce temps en finale et jouer la médaille. Avec le danger qu’une petite jeune, batailleuse, vienne modifier mes plans. Un nageur joue deux courses en une. Celle contre lui-même, pour se rassurer et exprimer le travail accompli dans la saison. Et une course contre les autres. C’est de cette double dimension que les jeunes pousses de l’équipe de France doivent apprendre à tirer profit. Trouver les bons mots Etre capable de se dire qu’on peut prendre la place de ceux qu’on pense meilleurs que soi, ça ne vient pas tout seul. Cela tient à des mots : ceux de l’entraîneur et, au-delà, ceux d’un manager (leader) d’équipe… Le mot d’ordre de ces Championnats était de « faire de son mieux…». La plupart des jeunes ont réalisé leur meilleur temps le matin en série. La suite des épreuves a démontré que ces jeunes n’ont su se surpasser (croire en leur potentiel) pour continuer à exister durant la compétition. Savoir rebondir, et ? Au-delà des nageurs «médaillables», « podiumisables » (Manaudou, Lacourt, …), le discours d’avant et après course était empreint de positivisme : savoir rebondir rapidement après une déconvenue ! Seulement la réalité est que, pour des jeunes nageurs (au sens non référents dans la hiérarchie de la natation mondiale) qui, eux, devaient se surpasser pour exister lors de ces Championnats du monde, ce discours n’était pas suffisamment ambitieux. Savoir reconnaître qu’on n’a pas réussi à franchir ce cap fait aussi partie de l’apprentissage. Et les pirouettes sur le thème «De toutes façon, ils ne seraient pas montés sur le podium» ne font pas de bien à la relève qui tarde à s’affirmer. Ne faudrait-il pas s’inspirer de la fable de Jean de la Fontaine « Le rat et l’éléphant », (en passant outre la vanité) et voir en celle-ci quelques bons usages ? L’éléphant (en l’occurrence les référents nationaux tels Manadou, Lacourt, Gilot, Stravius…) doit savoir jouer de son pouvoir d’influence, d’admiration auprès du rat (les « jeunes pousses ») afin de lui forger un mental vitaminé par le positivisme, par la réussite. Oublier le chat qui rôde (cf. fable) et relever chaque défi comme « la course de leur vie ». Dans ce rouage, l’entraîneur national doit être un fin leader et jouer de subtils moments d’échanges personnels entre les générations pour constituer un groupe, une famille !

Un manque d'ambition à Kazan ?

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Page 1: Un manque d'ambition à Kazan ?

Un discours manquant d’ambition !? Mis à jour, modifié le 11/08/2015 par Eric LEGER

Roxana Maracineanu, championne du monde et médaillée d'argent olympique du 200m dos, estime que l'encadrement de l'équipe de France n'a pas suffisamment accompagné les plus jeunes nageurs à se surpasser lors des Championnats du monde 2015 à Kazan.

Lorsque j’arrivais en compétition internationale, mon but n’était pas de faire juste «de mon mieux». Il fallait que le tableau affiche un temps inédit. Quand j’étais jeune et inexpérimentée, je visais ce chrono en série. Mais, les résultats venant, j’ai appris à gérer. A laisser passer deux courses en m’économisant pour réaliser ce temps en finale et jouer la médaille. Avec le danger qu’une petite jeune, batailleuse, vienne modifier mes plans. Un nageur joue deux courses en une. Celle contre lui-même, pour se rassurer et exprimer le travail accompli dans la saison. Et une course contre les autres. C’est de cette double dimension que les jeunes pousses de l’équipe de France doivent apprendre à tirer profit.

Trouver les bons mots

Etre capable de se dire qu’on peut prendre la place de ceux qu’on pense meilleurs que soi, ça ne vient pas tout seul. Cela tient à des mots : ceux de l’entraîneur et, au-delà, ceux d’un manager (leader) d’équipe… Le mot d’ordre de ces Championnats était de « faire de son mieux…». La plupart des jeunes ont réalisé leur meilleur temps le matin en série. La suite des épreuves a démontré que ces jeunes n’ont su se surpasser (croire en leur potentiel) pour continuer à exister durant la compétition.

Savoir rebondir, et ?

Au-delà des nageurs «médaillables», « podiumisables » (Manaudou, Lacourt, …), le discours d’avant et après course était empreint de positivisme : savoir rebondir rapidement après une déconvenue ! Seulement la réalité est que, pour des jeunes nageurs (au sens non référents dans la hiérarchie de la natation mondiale) qui, eux, devaient se surpasser pour exister lors de ces Championnats du monde, ce discours n’était pas suffisamment ambitieux. Savoir reconnaître qu’on n’a pas réussi à franchir ce cap fait aussi partie de l’apprentissage. Et les pirouettes sur le thème «De toutes façon, ils ne seraient pas montés sur le podium» ne font pas de bien à la relève qui tarde à s’affirmer.

Ne faudrait-il pas s’inspirer de la fable de Jean de la Fontaine « Le rat et l’éléphant », (en passant outre la vanité) et voir en celle-ci quelques bons usages ? L’éléphant (en l’occurrence les référents nationaux tels Manadou, Lacourt, Gilot, Stravius…) doit savoir jouer de son pouvoir d’influence, d’admiration auprès du rat (les « jeunes pousses ») afin de lui forger un mental vitaminé par le positivisme, par la réussite. Oublier le chat qui rôde (cf. fable) et relever chaque défi comme « la course de leur vie ».Dans ce rouage, l’entraîneur national doit être un fin leader et jouer de subtils moments d’échanges personnels entre les générations pour constituer un groupe, une famille !