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L ’équipe transfrontalière étudie l’utilisation du chanvre pour l’élaboration de matériaux composites. Elle a d’ailleurs trouvé différentes applications, notamment dans les domaines de l’automobile, du bâtiment, des meubles et du sec- teur nautique. Plusieurs partenaires se sont joints au projet. Du côté belge, les parties prenantes sont l’Université de Liège avec son département Gem- bloux Agro-Bio Tech et le centre de recherche technologique en chimie de Seneffe (Certech). Du côté fran- çais, on a l’Institut national de re- cherche agronomique (Inra), et le Centre régional d’innovation et de transfert des technologies (Critt). Deux opérateurs se sont joints au projet: Valbiom, pour la valorisation de la biomasse et ChanvrEco, seul transformateur primaire en Wallonie. Une complémentarité pour une valeur ajoutée L’objectif est de réaliser des com- posites de polymère-chanvre à partir de granulats de chanvre écologiques. «A l’origine, nous voulions fabriquer du béton chaux-chanvre. Nos re- cherches vont permettre une valori- sation du chanvre wallon», explique le chef de file du projet, Jean-Luc Wertz. «Les matériaux correspondent bien aux compétences des quatre partenaires. Chacun apporte ses connaissances et son équipement. Il y a une réelle complémentarité sur la partie procédé et la partie maté- riaux», poursuit le chercheur. Un procédé compliqué Les chercheurs partent de tiges de chanvre hachées. Les fibres (la chè- nevotte) sont extraites et mélangées à des polymères; une théorie difficile à appliquer. M. Wertz explique: «Nous devons trouver la meilleure interface possible polymère-chanvre. Cela passe par différentes étapes. Ensuite, nous devons évaluer les pro- priétés.» L’équipe qui travaille sur ce pro- jet améliore les caractéristiques du polymère en incluant du chanvre. «C’est un renfort naturel, une inter- face entre la fibre et la matrice», note Bénédicte Goffin, du Certech en Wal- lonie. «L’avantage, c’est de remplacer la fibre de verre qui n’est pas idéale pour l’environnement par des granu- lats de chanvre qui ont de bonnes performances», ajoute-t-elle. Béton chaux-chanvre, matériau prometteur Le chanvre suscite depuis plu- sieurs années un intérêt croissant dans le secteur du bâtiment. Un ma- tériau, le «béton chaux-chanvre», destiné à l’isolation de la maison, a un excellent écho en Wallonie. En France, le procédé commence à se ré- pandre car il peut s’intégrer dans n’importe quel habitat, aussi bien traditionnel qu’à ossature bois ou dans la rénovation. Le projet polychanvre Un développement transfrontalier Depuis 2008, des chercheurs belges et français tra- vaillent au développement de matériaux composites polymère-chanvre dans le cadre d’un projet de re- cherche interreg IV franco-wallon. Sur papier en 2008, débuté en avril 2010, le projet s’achèvera en juin 2014. Il vise la valorisation du chanvre comme matière première renouvelable dans un souci de dé- veloppement durable. On peut remplacer la fibre de verre, peu idéale pour l’environnement, par des granulats de chanvre qui ont de bonnes performances. L’ensemble des applications possibles du chanvre amène des agriculteurs wallons à désirer produire plus de chanvre. Les chercheurs réunis au Critt de Charleville-Mézières. Le «béton chaux-chanvre», destiné à l’isolation de la maison, a un excellent écho en Wallonie. Par la pose de blocs, de plaques ou par projection, le chanvre se révèle être un très bon matériau isolant. LE SILLON BELGE 25/01/2013 www.sillonbelge.be - 7

Article Polychanvre dans le Sillon Belge

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L ’équipe transfrontalière étudiel’utilisation du chanvre pourl’élaboration de matériaux

composites. Elle a d’ailleurs trouvédifférentes applications, notammentdans les domaines de l’automobile,du bâtiment, des meubles et du sec-teur nautique.

Plusieurs partenaires se sontjoints au projet. Du côté belge, lesparties prenantes sont l’Université deLiège avec son département Gem-bloux Agro-Bio Tech et le centre derecherche technologique en chimiede Seneffe (Certech). Du côté fran-çais, on a l’Institut national de re-

cherche agronomique (Inra), et leCentre régional d’innovation et detransfert des technologies (Critt).Deux opérateurs se sont joints auprojet: Valbiom, pour la valorisationde la biomasse et ChanvrEco, seultransformateur primaire en Wallonie.

Une complémentaritépour une valeur ajoutée

L’objectif est de réaliser des com-posites de polymère-chanvre à partirde granulats de chanvre écologiques.«A l’origine, nous voulions fabriquerdu béton chaux-chanvre. Nos re-cherches vont permettre une valori-sation du chanvre wallon», explique

le chef de file du projet, Jean-LucWertz. «Les matériaux correspondentbien aux compétences des quatrepartenaires. Chacun apporte sesconnaissances et son équipement. Il ya une réelle complémentarité sur lapartie procédé et la partie maté-riaux», poursuit le chercheur.

Un procédé compliquéLes chercheurs partent de tiges de

chanvre hachées. Les fibres (la chè-nevotte) sont extraites et mélangéesà des polymères; une théorie difficileà appliquer. M. Wertz explique:«Nous devons trouver la meilleureinterface possible polymère-chanvre.Cela passe par différentes étapes.Ensuite, nous devons évaluer les pro-priétés.»

L’équipe qui travaille sur ce pro-jet améliore les caractéristiques dupolymère en incluant du chanvre.«C’est un renfort naturel, une inter-

face entre la fibre et la matrice», noteBénédicte Goffin, du Certech en Wal-lonie. «L’avantage, c’est de remplacerla fibre de verre qui n’est pas idéalepour l’environnement par des granu-lats de chanvre qui ont de bonnesperformances», ajoute-t-elle.

Béton chaux-chanvre,matériau prometteurLe chanvre suscite depuis plu-

sieurs années un intérêt croissantdans le secteur du bâtiment. Un ma-tériau, le «béton chaux-chanvre»,destiné à l’isolation de la maison, aun excellent écho en Wallonie. EnFrance, le procédé commence à se ré-pandre car il peut s’intégrer dansn’importe quel habitat, aussi bientraditionnel qu’à ossature bois oudans la rénovation.

Le projet polychanvre

Un développement transfrontalierDepuis 2008, des chercheurs belges et français tra-vaillent au développement de matériaux compositespolymère-chanvre dans le cadre d’un projet de re-cherche interreg IV franco-wallon. Sur papier en2008, débuté en avril 2010, le projet s’achèvera enjuin 2014. Il vise la valorisation du chanvre commematière première renouvelable dans un souci de dé-veloppement durable.

On peut remplacer la fibre de verre, peu idéale pour l’environnement, par des granulats de chanvre qui ont de bonnes performances.

L’ensemble des applicationspossibles du chanvre amène des

agriculteurs wallons à désirerproduire plus de chanvre.

Les chercheurs réunis au Critt de Charleville-Mézières.

Le «béton chaux-chanvre», destiné àl’isolation de la maison, a unexcellent écho en Wallonie.

Par la pose de blocs, de plaques ou par projection, le chanvre se révèle êtreun très bon matériau isolant.

LE SILLON BELGE 25/01/2013 www.sillonbelge.be - 7

Autres applicationsMais le projet interreg Polychan-

vre vise d’autres applications ambi-tieuses qui permettront à terme undéveloppement industriel de la fi-lière. On envisage, par exemple, laréduction du poids des voitures.«Nous visons le secteur automobile.Nous pouvons leur faire gagner 2 à3% en masse. C’est important carcela se traduit par une moindreconsommation de carburant, et doncpar un meilleur bilan carbone», in-siste Bruno Cauwe, directeur de re-cherche et développement au Critt deCharleville-Mézières.

Il poursuit: «Le développement dela filière passe aussi par le mobilierurbain, les meubles de jardin, le pvcdans le bâtiment, le secteur nau-tique…».

Bernard Kurek, directeur de re-cherche à l’Inra à Reims voit aussidans ce matériau composite «despropriétés vertueuses en matière debilan environnemental».

PerspectivesBien sûr, le projet n’est pas totale-

ment abouti, il le sera à l’échéance dejuin 2014. Mais l’ensemble des appli-cations possibles du chanvre amèneles agriculteurs wallons à désirerproduire plus de chanvre. «Cette an-née, l’exploitation a été de 70 ha. Elledevrait être de 200 ha l’an prochain.Il faut savoir qu’elle était nulle en2001. En France, 10.000 ha de chan-vre sont plantés, dont la moitié dansle département de l’Aube, en Cham-pagne-Ardenne», compte Jean-LucWertz.

Si la culture du chanvre satisfai-sait surtout l’industrie papetière, desdébouchés de plus en plus nombreuxfont que l’agriculture est en attente.

Mais ce n’est pas le seul secteurqui garde un œil intéressé par un dé-veloppement de la filière.

«Les industriels sont attentifs ànos recherches. Nous avons une tren-taine de contacts des deux côtés de lafrontière. Mais dans le meilleur descas, une véritable industrialisationn’est pas envisageable avant 2020.Nous allons mettre en place des ac-tions de sensibilisation dans les moisqui viennent», se réjouit BénédicteGoffin.

Denis Barbier

La Commission européenne veutpromouvoir au mieux l'agriculturebiologique en Europe. Elle lance uneenquête à ce sujet. Elle veut savoir ceque les consommateurs pensent dubio.Aujourd'hui, les produits alimen-taires ne peuvent être qualifiés debiologiques que si au moins 95% deleurs ingrédients agricoles sont issusde la filière bio. L'agriculture biolo-gique accorde une attention particu-lière à la protection de l'environne-ment et au bien-être des animaux.Les agriculteurs doivent éviter ou ré-duire considérablement l'emploi deproduits chimiques de synthèsecomme les engrais, les pesticides, lesadditifs et les médicaments.

Environ 2% des produits alimen-taires consommés aujourd'hui dansl'UE sont certifiés biologiques etquelque 200.000 exploitations agri-coles (2%) sont certifiées bio.

Comment accroître cette de-mande? La Commission voudrait re-cueillir les avis et idées sur différentsobjectifs:

– simplifier la réglementation touten évitant un relâchement desnormes;

– veiller à ce que des organismesgénétiquement modifiés (OGM), in-terdits dans les produits bio, ne se re-trouvent pas accidentellement dansla chaîne de production biologique;

– promouvoir les produits bio aumoyen des règles en matière d'éti-quetage (apposition obligatoire dulogo bio européen sur tous les pro-duits bio de l'UE?);

– actualiser le plan d'actionadopté en 2004 en vue du développe-ment de l'agriculture biologique;

– renforcer les contrôles afind'éviter la fraude;

– combler les lacunes des règlesactuelles en matière d'importation.

Jusqu’au 10 avrilLa consultation en ligne est ou-

verte jusqu'au 10 avril. La Commis-sion tiendra compte des contribu-tions reçues pour présenter, à la finde l'année, des propositions de révi-sion de la législation actuelle.

Pour participer à cette enquête:http://ec.europa.eu/yourvoice/ipm/forms/dispatch

Enquête au niveau européen

Que pense-t-on du bio ?

Les agricultrices de l’Uaw ont éluune nouvelle présidente pour les3 ans à venir: Marianne Streel. Elleremplace Anne-Marie Tasiaux-Bia-tour qui a présidé l’Union durant9 ans. Marianne Streel était l’une desvice-présidentes de celle-ci. Elle a 45ans et est agricultrice à titre princi-

pal en polycultures à Rhisnes, pro-vince de Namur. Graduée en sciencesjuridiques, elle fait partie du comitédirecteur de l’Uaw d’Eghezée depuis2007, et vice-présidente de l’Uaw de-puis 2008. Elle est membre des com-missions production végétale et envi-ronnement et structures de la Fwa. ●

-UAW

Nouvelle présidente

En France, à la suite du rapportde l'Efsa (Autorité européenne de sé-curité des aliments) concluant à l'im-pact négatif de trois insecticides dela famille des néonicotinoïdes (clo-thianidine, imidaclopride et thiamé-thoxam) sur les abeilles, l'Union na-tionale de l'apiculture française,Greenpeace et Générations futuresréclament le retrait de ces produitscar il en va de la survie des abeilleset des pollinisateurs sauvages, essen-tiels pour la production alimentaire.

La Confédération paysanne de-mande au ministre français del'Agriculture, la suspension immé-diate de l'autorisation de ces néoni-

cotinoïdes, pour éviter leur utilisa-tion une année de plus, mais aussi deproduits de la même famille chi-mique. Elle souligne qu’en Italie, cesproduits sont interdits depuis plus detrois ans sans entraîner une diminu-tion de la production de maïs.

Le Copa-Cogeca se dit prêt à tra-vailler avec la Commission pouridentifier les mesures de limitationdes risques effectifs sur la santé desabeilles qui pourraient limiter enpratique les effets défavorables desnéonicotinoïdes sur la santé desabeilles tout en assurant une protec-tion des plantes suffisantes pour sa-tisfaire la demande alimentaire. ●

Néonicotinoïdes

Demandes de retrait

BR20490800

$@$BR20490800-102.29M-150M@$@

Voyage avec Le Sillon Belge vers les Etats baltes:

Estonie, Lettonie, LituanieAvec entre autre la visite des trois capitales: Vilnius, Riga et Tallin

Un voyage exclusif du 29 avril au 5 mai 2013

Inscriptions jusqu’au 1er mars 2013

- Vols au départ de et retour à Bruxelles- Tous les déplacements en autocar de luxe- Pension complète- Logement en hôtels 4 étoiles- Accompagnateur multilingue au départ de Bruxelles

et guide local sur place

Pour de plus amples informations et inscriptions:BTS Travel ExpertsAvenue de Tervuren 421, boîte 6 - 1150 BruxellesContacts: Riet Deroover - tél. 02/663.05.41 ou

Rik Gerits - tél. 02/663.05.41E-mail: [email protected] ou [email protected]

Licence A5722

BR20490800-PEF

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