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2012 Paul Mariuzzo-Raynaud 9/7/2012 Projet Douzi’Action

Présentation du projet Douzi'Action

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Voilà la première étape du projet Douzi'Action, une réflexion personnelle sur le monde rural et l'intérêt de la création d'un site citoyen pour le village de Douzillac

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2012

Paul Mariuzzo-Raynaud

9/7/2012

Projet Douzi’Action

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LE TEMPS D’UNE BALADE

Il y a des routines que l'on abandonnerait pour rien au monde, peu importe le chemin que nous décidons de prendre dans la vie. Moi, ma routine préférée, quand je suis dans le foyer familial de Douzillac, c'est la balade.

Une balade seul, avec un ou deux camarades ou mon chien. Souvent un tour rapide consistant à partir de la mairie jusqu'au stade, longer le chemin de fer et remonter la côte de l'école pour m'installer au bar de la pétanque. Parfois un tour plus long consistant à rentrer dans la Double d'un côté et à en ressortir d'un autre, le temps de respirer l'air frais que je ne trouve plus dans les villes où je vis. Bref.

Ces marches sont avant tout l'occasion pour moi de reconnecter avec ce qu'ont été douze ans de mon enfance et adolescence. Douze années paisibles dans un environnement serein et calme, ponctués de quelques festivités traditionnelles et de faits de jeune en pleine croissance. Le rituel veut que mes camarades restés dans les parages me content les dernières nouvelles, histoires et potins en tout genre. On fait alors l'inventaire de nos souvenirs semés le long des chemins du village.

Ma dernière balade elle remonte courant juin-juillet, retrouvant alors la famille après une année à Montréal. Celle-ci m'a offert un paysage relativement similaire à celui que j'avais laissé un an plus tôt. L'église est à sa place, on sert toujours de bonnes bières au Moneta, l'Isle suit son court.

Mais c'est souvent dans les détails qu'il faut s'arrêter pour comprendre ce qu'il se joue sous nos yeux. Les flux de personnes moins importants au quotidien. La vue d'une maison calcinée dans le centre du bourg. Les horaires de plus en plus restreints de la Poste. La disparition du bal durant la fête du village. Des jeunes adolescents qui boivent de l'alcool en pleine semaine dès 4h de l'après-midi. Aucun enfant qui, comme nous avant, parcourt ce monde comme s'il le découvrait à chaque fois.

Il ne faut pas voir là que tout va mal, bien des choses positives se déroulent au quotidien. Ayant grandi avec mes propres repères, je me concentre sur ce que j'ai vécu et ne regarde plus nécessairement dans la bonne direction. De nouvelles personnes s'installent en quête d'un cadre de vie plus agréable. Le monde s'active pour faire tourner la boutique du quotidien.

Seulement le temps d'une balade, j'ai pu me rappeler que tout ce qui tourne autour de moi n'est pas le fruit d'une mécanique bien huilée. Et que quand bien même, je retrouverais toujours la constellation de la Grande Ourse au même endroit où je l'ai laissé, je pouvais contribuer à son existence et montrer à mon prochain dans quelle direction regarder.

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AVANT-PROPOS

La vie pourrait être cette succession de balades qui nous assure confort et sécurité, où la nostalgie cache à nos yeux les changements qui s'opèrent avec le temps. Mais je ne suis pas un homme de routines. Et pour vous le prouver, même si une bonne partie d'entre vous me connaissent bien, une petite présentation s'impose.

Je m'appelle Paul, j'ai 22 ans. Je suis arrivé à Douzillac à l'âge de 5 ans en 1995, année où le patriarche de la famille Raynaud prend en charge le bureau de poste du village. J'y ai donc fait tout mon primaire et suis passé par le collège de Neuvic et le lycée Jay-de-Beaufort à Périgueux.

A 17 ans, je quitte le foyer familial pour m'installer à Rennes, où je suis mon cursus universitaire en sciences politiques. J'y reste trois années entrecoupées d'un stage de sept mois passé en Inde dans le cadre de mes études. Enfin je pars à Montréal en août 2011 pour suivre un diplôme en Management au sein de l'école HEC locale.

Autant l'avouer donc, je n'ai pas du passer plus d'un an cumulé au village au cours des cinq dernières années. Par contre, je peux vous dire que le label "Douzillac" s'est exporté à travers le monde et que bien des personnes connaissent son existence. Je voue un amour profond pour la terre qui m'a vu grandir et pour les personnes qui ont partagé mon quotidien et m'ont construit. Car si j'ai pris la clé des villes, je dois ma différence et souvent les qualités que l'on me prête à la quiétude que j'ai partagé au milieu rural.

Aujourd'hui donc j'aspire à une vie pleine et diversifié, tant sur mes déplacements géographiques que sur la nature de mes travaux. Ceux-ci peuvent autant consister en des travaux de recherche, de l'enseignement, du journalisme ou encore des conseils à différentes organisations. Une situation qui se distingue bien du commun des mortels à Douzillac, mais pas totalement incompatible.

Le projet que je porte est celui d'une vie citoyenne renouvelée et dynamisée à l'aide des nouveaux moyens disponibles. Il est je pense temps d'intégrer l'utilisation des nouvelles technologies dans l'animation du village tout en valorisant la coordination physique sur le terrain. Cela permettrait entre autres que des exilés comme moi puissent faire profiter de leur expérience et compétences afin de faire vivre le village, mais également d'égaliser les relations de concitoyens, qui s'ils sont bien présents sur le village connaissent une certaine distance mentale avec les institutions en place. J'en détaillerai mon analyse dans les pages qui suivent.

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Ceux qui n'apprécient pas nécessairement le style romanesque que je peux utiliser pour illustrer ma pensée devraient être plus en accord avec les pages qui suivront. Je trouvais important cependant de partir d'une expérience concrète et personnelle pour montrer à quel point de petites choses peuvent avoir un impact. Je sais à quoi je me risque en dessinant de grands projets sans prendre en compte l'assentiment et la motivation de mes voisins ainsi que les nombreuses contraintes institutionnelles qui existent sur place. On ne fait que me le rappeler dès que je pose un pied en France. Mais j'aurais une grande satisfaction si un seul projet peut émerger d'une telle démarche, et je compte sur l'intelligence commune pour faire vivre cet espoir.

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TABLE DES MATIÈRES

Le temps d’une balade ................................................................................................................................2

Avant-propos .................................................................................................................................................3

Introduction ...................................................................................................................................................6

Une analyse globale de la vie en ruralité .............................................................................................6

Dynamiques générales et ruptures institutionnelles : ...................................................................6

Vie des organisations : ........................................................................................................................8

Vie des hommes : .............................................................................................................................. 11

Problématique de l’initiative Douzi’Action ........................................................................................ 14

Conception et Mise en œuvre .................................................................................................................. 15

La conception du site : forme et contenu .......................................................................................... 15

Structure de soutien et fonctionnement global ............................................................................... 16

La gestion des risques et contraintes ................................................................................................ 17

Un exemple de projet : les fêtes intercommunales ......................................................................... 18

Détermination d’un échéancier .............................................................................................................. 19

Le mot de la fin .......................................................................................................................................... 20

Annexes ....................................................................................................................................................... 21

Objectif ........................................................................................................................................................ 21

Le constat actuel : ..................................................................................................................................... 21

Les leviers de la coopétition : .................................................................................................................. 23

Perspective technique / économique : .............................................................................................. 23

Perspective psychologique : ................................................................................................................ 24

Perspective symbolique et politique : ................................................................................................ 24

Les conditions de réalisation d’une entente : ....................................................................................... 25

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INTRODUCTION

Si le projet Douzi’Action repose principalement sur l’introduction de nouvelles pratiques de concertation et de prise de décisions, il se base avant tout sur une analyse globale de la vie en ruralité aujourd’hui et sur la remise en valeur de principes jugés essentiels à la communauté.

Avant donc de définir concrètement en quoi consiste l’idée de Douzi’Action, il me paraît donc nécessaire de vous exposer les fondements de cette analyse.

UNE ANALYSE GLOBALE DE LA VIE EN RURALITE

Je considère ici trois axes d’analyse : les changements macro, c’est-à-dire les grandes évolutions du paysage, les organisations et l’individu. Si cette description reste générale, elle s’applique bien à mon sens à la situation de Douzillac autant qu’à bon nombre de communautés rurales aujourd’hui.

DYNAMIQUES GENERALES ET RUPTURES INSTITUTIONNELLES :

L’opposition entre natif et arrivant :

Si celle-ci a toujours existé dans nos campagnes, elle prend une tournure exacerbée depuis quelques années. Le rôle des familles ancrées dans le paysage local n’est plus à démontrer, mais sur l’autre plan on constate une hausse croissante de nouveaux arrivants. Ces derniers, souvent de jeunes couples en quête d’un environnement paisible et idéal pour la construction de leur famille, trouvent à Douzillac un terrain consensuel avec leur lieu de travail. Autour de ces deux populations, même s’il existe bien sûr des situations hybrides, se jouent un axe de légitimité important : la tradition.

Le natif connaît bien les rouages de l’action locale, il est souvent impliqué au sein des institutions traditionnelles – municipalité, associations, partis politiques – et utilise cette notoriété pour se distinguer. L’arrivant, s’il veut s’impliquer, doit faire ses preuves par d’autres chemins, en montrant de la présence sur le terrain et en faisant bon usage de ses compétences. Or le profil du nouvel arrivant est souvent plus discret qu’auparavant. S’il est dans une catégorie sociale plus aisée que la moyenne, il aura tendance à privilégier des festivités se déroulant dans les plus grands centres du département. L’attractivité du village se perd avec la diversité des opportunités aux environs et leur accessibilité, d’autant plus que la construction des centres d’intérêts se spécialise au fil du temps. Dans le panel des activités culturelles et ludiques, on cherche de plus en plus l’originalité quand les activités présentes dans le village sont très limitées.

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Il en résulte un espace de tensions : d’un côté, les nouveaux arrivants peuvent être intimidés par l’existence de groupes déjà bien établis, dans lesquels ils ont peur de ne pas trouver leur place. De l’autre, ils trouvent moins d’intérêt à l’implication car s’ils séjournent sur le territoire, ils « vivent » dans un espace plus hétérogène. L’intérêt, le « coût » de l’implication ne représente pas alors le gain que ceux-ci peuvent y trouver, quand bien même ils détiennent souvent des compétences utiles et différentes des natifs.

Disparition institutions publiques / opportunités privés :

L’autre principal axe de rupture auquel nous pouvons rattacher la réflexion précédente concerne la place du public et du privé dans l’espace communal. Je ne vous apprendrai rien ici qui n’est pas été débattu au cours des dernières élections, mais j’aimerais me prémunir de l’argumentaire alors développé par l’extrême-droite et qui a fait un effet assez considérable dans nos campagnes.

La disparition des services publics dans les campagnes est un fait avéré, où la moindre réduction d’horaires et la disparition progressive de service est sujet à discussion. Alors que l’impératif budgétaire pèse sur les organisations étatiques qui justifient les fermetures selon le principe de rentabilité, nous avons conscience de la perte bien plus grande qui se joue ici. Nos bureaux de poste, nos commerces et nos mairies ne sont pas que des lieux de service administratif. Ce sont des lieux de passage, où la socialisation et le sentiment d’appartenance à une communauté se forme. J’ai grandi dans un de ces lieux de passage et j’ai suivi de prêt l’évolution que celui-ci prenait. Si le fonctionnaire et le natif restent dédiés à une population vieillissante et dans le besoin, la disparition de ces espaces entraîne une diminution des opportunités de rencontre. C’est là que j’ai appris à connaître la grande partie des habitants de Douzillac. C’est là que se perd aujourd’hui le lien social, tout comme dans l’ensemble des événements rassemblant du monde, et derrière ça une valeur économique moins visible en numéraire mais qui pourrait coûter l’élection d’un extrême à la tête du pays. Ce n’est pas l’idéal que je défends.

Il faut en plus de ce fait constater l’apparition grandissante des acteurs privés qui investissent ce nouvel espace libre. Si cette situation n’existe pas encore à Douzillac, elle a fait de sérieux dégâts dans d’autres communautés qui se rapprochent de chez nous. En effet, on voit de plus en plus de promoteurs privés taper aux portes des particuliers, en agitant l’appât d’un gain sans que l’ensemble de la communauté ne soit impliqué dans la discussion. Il en est ainsi pour les projets éoliens et autres nouvelles énergies en vogue. Les nouvelles manifestations de cette logique de propriété privée repoussent la réflexion publique et politique. On fait valoir notre droit sur un terrain pour l’implantation d’une machine qui impactera peut-être le quotidien de tous.

Souvent là aussi se télescope la rupture précédente entre natifs et nouveaux arrivants. Les premiers détiennent un grand nombre de terrains communaux et y voient une opportunité

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économique quand les seconds voient dans ces projets privés une atteinte à leur cadre de vie. L’entente qui était alors cordiale à défaut d’être extraordinaire entre les voisins peut devenir extrêmement négative et nocive dès lors que le gain privé fait son apparition dans nos campagnes. Pour illustrer cela, je me réfère à l’encadré suivant qui part d’une analyse réalisée dans une communauté québécoise et qui reprend bien la situation générale.

Exemple de controverse croisée : Les éoliennes de l’Erable (Québec, Canada)

Grâce à mes études à Montréal, j’ai eu l’occasion d’étudier une controverse entourant l’implantation d’un champ d’éoliennes dans une communauté rurale du Québec. Celle-ci vit encore actuellement des tensions importantes au sein de sa population du fait de l’impossibilité d’accord entre ses différents membres. On voit là exactement les ruptures dont nous avons discuté avant, avec une opposition entre anciens et nouveaux et toutes les situations intermédiaires existantes. De plus, ce projet a été mené par des entreprises privées et donc contournant la logique de concertation publique – via des contacts aux seuls propriétaires terriens concernés, puis tardivement des mairies – alors qu’il y a encore 20ans, un tel projet n’aurait pu être réalisé qu’à travers une entreprise publique.

Plus de renseignements sur le site suivant : http://cloitrecofi.org/eoliennes-erable/

Et pour vous prouver que cette situation peut se dupliquer même à côté de chez nous, je vous invite à vous informer sur la situation du village de Cherval en Dordogne, dont vous pourrez avoir un aperçu sur le site de Sud-Ouest : http://www.sudouest.fr/2012/08/24/vent-debout-contre-l-installation-d-eoliennes-802837-1793.php#xtor=RSS-10521769

VIE DES ORGANISATIONS :

Au-delà de ces mouvements de fond, il est utile de s’interroger sur la place des organisations dans notre communauté. Parce que celles-ci expriment la complexité de phénomènes contemporains, comme la relation entre démocratie et Etat mais aussi entre capitalisme et organisations publiques et citoyennes.

Manque de financement de la municipalité / Nouveau pouvoir des techniciens de l'intercommunalité

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Je me réfère là à une tendance qui n’est pas nouvelle. Le pouvoir municipal, a qui l’on prête historiquement un devoir de gestion du bien collectif (concernant la gestion des affaires communes) au bien public (ayant un horizon politique), a renforcé cette césure au cours des dernières décennies. Les projets portés par les élus relèvent davantage de l’entretien tandis que les postes de charges accordés aux activités publiques et culturelles sont les premiers à être touchés. C’est un fait largement dû à des politiques impulsées par le haut, mais il faut prendre conscience de cet état d’esprit qui abreuve depuis toujours le système politique français : l’organisation municipale a dans la tradition républicaine un seul rôle administratif, le politique étant le terrain des élus de la Nation, à savoir députés et Président.

En plus de cela, les récentes réformes de nos collectivités renforcent ce mouvement de dépolitisation des communautés. Prenons par exemple la mise en place d’un niveau d’intercommunalité en matière de transports, de gestion des déchets ou de développement économique. Celles-ci s’accompagnent de nombreuses structures spécialisées – syndicats et autres – créées pour répondre à l’éparpillement d’un pays divisé en près de 36700 communes (soit près de 40% de l’ensemble des communes de l’Europe des 271). Mais en contrepartie, ces structures qui gèrent les gros budgets et les dossiers les plus sensibles sont mises à distance du citoyen. Il n’y a pas de vie démocratique dans ces syndicats ad hoc, on laisse renaître une démocratie indirecte qui laisse à l’écart jugement et délibération du citoyen.

Ce transfert des domaines d’intervention de l’Etat vers les collectivités territoriales entraine une dépolitisation massive des communautés qui ont bien du mal à voir concrètement à quoi correspond une communauté de communes.

Manque de renouvellement au sein des associations

Comme exprimé plus haut, l’une des grandes spécificités de nos associations locales réside dans la stabilité des personnes que l’on retrouve en leur sein. Cette classe active ne change que de manière partielle et les postes occupés s’échangent souvent en leur sein. Plusieurs raisons peuvent expliquer cela et cela ne constitue pas une critique en soi que de poser ce constat : les personnes en question sont souvent des membres de longue date, impliqués et généreux de leur temps et de leurs moyens. J’ai grandi dans ce milieu, et c’est là que je retrouve les modèles d’altruisme auxquels j’aime m’identifier car le bénévolat n’est pas l’activité la plus mise en valeur aujourd’hui.

Cependant il faut noter des pertes quantitatives et qualitatives considérables : Le premier aspect concerne le renouvellement des effectifs.

Il est parfois difficile d’assurer la reprise progressive des associations par la nouvelle génération. Cette dernière se décompose souvent en deux groupes : les nouveaux habitants de la commune, souvent des jeunes couples en recherche d’un cadre idéal comme défini auparavant. Ils peuvent être intimidés par l’existence de groupes déjà bien établis, dans

1 Cf. La société des égaux, de Pierre Rosanvallon, p.391

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lesquels ils ont peur de ne pas trouver leur place, car issue d’un autre milieu ou tout simplement timides.

La seconde catégorie comprend la jeune génération qui a grandi au village, souvent très attachée aux institutions locales comme la fête du village, mais qui doivent souvent partir pour faire leurs armes ailleurs. C’est aussi parfois le jugement porté par la génération précédente, encore aux manettes, qui peut désinciter ce groupe à s’investir : on attaque leur manque de responsabilité, leur légèreté apparente face aux événements, des critiques récurrentes à l’égard d’une génération peu habituée à l’investissement sans faille mais qui n’est autre que la progéniture des anciens.

Un autre aspect à prendre en compte et dont j’ai souvent été le témoin relève de la passation des pouvoirs. Gérer une fête de village n’est pas un travail aisé et sans rémunération – si ce ne sont la gratuité des repas que l’on prépare soi-même. Cela engendre du stress, des pressions et des tensions, sans que l’on ait nécessairement le sentiment de profiter des festivités et même d’être apprécié à sa juste valeur.

Cela fait que si les organisateurs s’impliquent à fond le moment venu, ils n’hésitent pas à rendre le tablier ou à souhaiter une place moins exposée au fil des années, engendrant une rotation régulière des postes à responsabilité.

C’est avant tout une bonne chose. Cela permet de faire respirer l’organisation et de laisser filtrer les nouvelles idées qui permettent à une fête de garder son intérêt. Là où le problème se pose plus souvent, c’est dans la passation des pouvoirs entre anciens et nouveaux dirigeants. Si les nouveaux sont souvent déjà membres de longue date, ils ne voient pas nécessairement toutes les obligations et délais importants des postes à responsabilité. La transmission des informations est souvent orale et réglée par le besoin immédiat. Cela entraîne alors des oublis, des imprécisions et des incompréhensions qui peuvent renforcer la rupture entre les équipes successives.

Exemple de soucis possibles : Communication aux offices de tourisme pour le programme, rapports avec les fournisseurs et forains, organisation matérielle d’un repas, etc.

Il y a souvent là une incapacité à penser la transmission des connaissances et expériences au sein d’une organisation, or c’est là que se joue beaucoup de la valeur qu’apporte une association au sein de la communauté.

Manque d'intégration des organisations virtuelles

Un dernier point qui me permet de faire le pont avec le projet Douzi’Action, c’est le manque de présence de la communauté villageoise sur la sphère virtuelle, un environnement quoi qu’on en dise primordial aujourd’hui. Alors que bon nombre de communautés d’intérêt et d’organisations usent de ces nouveaux outils pour construire de la cohésion, c’est un point souvent oublié par les communautés géographiques.

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Là encore, nous pouvons faire une liste de raisons valables expliquant cette absence (population vieillissante, manque de compétences), mais il faut comprendre quelque chose. Les réseaux sociaux, dont nous connaissons tous les plus connus (Facebook, Twitter…) n’en sont qu’au début de leur développement. Chaque communauté comprend de plus en plus l’intérêt de rassembler ses membres via une technologie qui rend un accès facile et direct. Les hiérarchies tombent, la communication est simple et l’on parle des choses qui nous intéressent, autant de facteurs expliquant la réussite de ces nouvelles technologies. Et les technologies entraînent au nouveau rapport au social, comme la télévision a entraîné ses révolutions, positives comme négatives.

Une technologie n’est ni bonne ou mauvaise en soi, c’est son usage qui en décide. Et il revient à la communauté de mettre sur pied une existence virtuelle qui prouve sa pertinence, auquel cas ses membres iront trouver un autre hobby sur le marché des intérêts existant sur la toile. De même, la spécificité de l’internet et des réseaux sociaux est de penser un nouveau rapport politique et démocratique, où chacun peut dire ce qu’il veut. Il faut ainsi se saisir de ces nouveaux espaces de débats et concertations pour les orienter de manière positive et constructive, au-delà des débats souvent superficiels qu’ils font naître.

VIE DES HOMMES :

Le dernier aspect est probablement celui qui vise mon projet en premier lieu, et qui découle de l’analyse précédente : la vie d’un être humain en milieu rural. Si nos vies se déterminent en premier lieu par des cercles comme la famille ou encore l’école, la communauté rurale joue un rôle important dans notre évolution. Je considère devoir beaucoup à ce cocon dans lequel j’ai grandi et je m’inquiète parfois de petites choses qui s’y déroulent. Je pense là la désertion du centre du village, au vote extrême qui grandit et à la jeunesse qui se radicalise quand les personnes âgées dépérissent. Il s’agit là de récits de vie plus que d’une analyse formelle et objective, car il faut savoir redescendre à un moment sur le plancher des vaches et assumer ce qu’il se passe sous nos yeux.

Des personnes voisines qui ne se parlent pas

A chaque fois que je reviens en terre douzillacoise, je suis surpris par le nombre de maisons qui sont sortis de terre. « Et qui sont ces gens ? Et que font-ils ? ». Rares sont ceux qui m’apportent des réponses claires quand bien même ils vont être destinés à vivre quelques années à quelques mètres l’un de l’autre. Ce constat me paraîtrait naturel en ville, où les changements de logement et mouvements sont plus fluides, mais où l’on peut quand même voir émerger une vie de quartier.

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Or il s’agit bien d’un village de 800 âmes ici. Et le culte de la propriété privée a fait que nous engageons plus souvent des relations litigieuses avec nos voisins qu’un rapport cordial et emprunt d’intérêt vers l’histoire de ces derniers. C’est au détour d’une discussion qu’on se rend compte ce que fait réellement celui qui habite à côté de chez soi depuis plus d’un an et que l’on commence à comprendre qu’on pourrait bien s’entendre.

Ce rapport d’égalité, ce sentiment d’appartenance à une communauté privilégiée se perd au fil du temps et c’est un vecteur de défiance en la société en générale. On se met à cumuler les a priori et préjugés infondés sur l’autre et on favorise les séparatismes alors que l’on aurait tout intérêt à échanger. C’est à travers ce sentiment de confiance que l’on peut justifier un impôt local et autres mécanismes de redistribution, des outils largement remis en cause en cette ère libérale.

Des idées qui germent mais qui ne se transmettent pas

Parmi ces 800 âmes dont il est question, on peut facilement parier que 3/5 d’entre elles ont un jour une idée visant l’amélioration des conditions de vie en communauté. Combien de repas de famille j’entends ce qu’il faudrait faire sur tel sujet, dans tel domaine, sans même que l’idée ne traverse le portail de la maison. Les gens portent des projets intéressants, sujets à discussion, mais les lieux où ceux-ci ont une raison d’exister sont limités : il faut être élu, avoir un auditoire réceptif et des moyens financiers d’appuyer son projet. Or aujourd’hui, ces trois conditions sont difficiles à obtenir en même temps.

Alors au final on se plaint dans son coin, se contente de l’inertie des institutions et se justifie sur des « et si on m’avait écouté ». Raisonner de telle manière n’est pas positive, et il est nécessaire de se demander comment mettre sur la table ces débats en obtenant de l’attention et des leviers d’action. Là encore, le projet Douzi’Action s’inscrit dans une telle démarche.

Une jeunesse en mal de vivre et une vieillesse abandonnée

Un dernier sujet qui me touche plus particulièrement : la vie des générations. Lorsque je regarde mes aînés et mes cadets, plusieurs réflexions me viennent à l’esprit.

Quand je vois la jeunesse du village se trimballait avec une bouteille d’alcool dans les mains à 16h de l’après-midi en pleine semaine durant l’été, je me dis d’abord que celle-ci devient n’importe quoi. Puis je repense à ce que j’ai vécu en tant qu’adolescent et conçois ces petits changements. Déjà à mon époque, nous faisions quelques conneries et pouvions être alcoolisés en fin de journée, certains connaissent trop bien ces histoires. Mais imaginez alors la vie d’un adolescent d’aujourd’hui dans un petit village : il ne peut pas se déplacer à volonté, il a vu bien plus de choses extrêmes du fait de l’essor des moyens de communication, et il a de moins en moins de chance de réussir à l’école et de sortir de ce cercle vicieux. Alors, que fait-on en attendant ? Et bien on s’amuse, comme on a appris à s’amuser et comme on voit parfois nos parents le faire. On n’arrive pas à les occuper de manière constructive et à

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leur ouvrir l’esprit, faute de moyens, de temps et de perspectives. Tous ne sont pas destinés à mal terminer, j’en suis la preuve vivante et je grossis les traits pour caricaturer, mais une petite part de cette jeunesse suffit à mettre à rude épreuve le reste de la communauté. Multiplication des incivilités, dégâts plus ou moins importants, il ne faut pas voir ce problème comme résultat d’une mauvaise éducation ou autre, mais dans une perspective beaucoup plus large, où le jeune soumis à de plus en plus de pressions et de choses à suivre se sent mal dans un cadre où tout vit au ralenti.

J’en arrive à nos aînés, qu’il n’est pas question d’oublier ici. Jeune, nous développons un sentiment ambivalent pour cette population qui va parfois nous faire la morale, parfois nous considérer comme leurs petits-enfants. Ce jeu de représentations intergénérationnel doit être dépassé. L’animation d’un village et l’égalisation d’un rapport passe par des relations apaisées entre générations, un travail pas si simple au premier abord. Il est alors nécessaire de montrer toutes les connaissances utiles qu’ont emmagasinées les anciennes générations et que ces dernières comprennent ce à quoi sont confrontés les plus jeunes. S’il est difficile de dire concrètement comment réaliser cet objectif, il existe bien des possibilités de projet commun entre générations. Nous en discuterons ensuite.

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PROBLEMATIQUE DE L’INITIATIVE DOUZI’ACTION

Le projet Douzi’Action, au-delà de sa seule déclinaison concrète à travers un site internet, répond à trois impératifs pour la production du commun définis par Pierre Rosanvallon dans son livre La société des égaux : la participation, l’intercompréhension et la circulation.

Le commun-participation s’exprime dans le fait de vivre ensemble des événements. On pense là aux différentes fêtes de village, activités et commémorations existantes, mais sur lesquels il faut aujourd’hui mettre l’accent. Celles-ci jouent un rôle festif bien sûr, démonstratif mais aussi réflexif, c’est-à-dire que nous sommes tous confrontés au même flux d’informations, aux mêmes interrogations. C’est là que les débats se créent et s’alimentent selon la curiosité et la participation de chacun.

Le commun-intercompréhension est fondé sur le fait d’une connaissance réciproque. C’est en multipliant les contacts, les rencontres et ainsi les récits de vie et les analyses savantes que l’on construit de nouveaux projets. C’est une logique de réduction de préjugés et de dynamiteur d’idées reçues. On pense ici au travail des journalistes comme des militants, mais aussi du nombre croissant de blogueurs qui mettent en image la vie du monde. Un site internet intégrant la fonction de discussion va dans ce sens.

Le commun-circulation se définit comme un partage de l’espace. Il considère les flux du quotidien, la circulation des personnes sur un territoire et la civilité qui en résulte. C’est cette facilité à aller dans un lieu où l’on sait que nous verrons du monde, et c’est un bien public fragilisé par les clôtures, l’existence de quartiers séparés et les intimidations sociales.

Ces trois axes répondent à un idéal de vie en communauté. Peu importe les décisions concrètes qui émergeront du site internet, j’en fais des conditions nécessaires pour l’atteinte de l’objectif que je me suis fixé. Mon but n’est pas de doter le village d’un simple site internet mais d’en faire un déclencheur possible pour la réflexion qui s’en suit.

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CONCEPTION ET MISE EN ŒUVRE

Passons aux choses sérieuses, à savoir quelle mise en œuvre pour toutes ces belles mais lointaines idées ? Le but n’est pas de créer seulement un outil technique et penser que tout ira de soi, c’est une des premières choses que l’on apprend en management. A chaque technologie, une nouvelle organisation sociale plus ou moins efficace, selon que l’on guide bien ou mal ses utilisateurs.

Je développe d’abord ici un premier modèle de ce qui pourrait servir autant de plateforme d’accueil pour les personnes désireuses de se renseigner sur le village mais aussi d’échanges entre les différents membres de la communauté. Alors il faut réfléchir à la meilleure manière d’intégrer tous les intéressés et d’accompagner les projets pouvant naître de cet outil.

LA CONCEPTION DU SITE : FORME ET CONTENU

Il faut imaginer le site comme un blog ou du moins un site affichant différents menus. Une première partie s’attache à la description du village et de ses institutions. Une seconde pourrait viser à faciliter les démarches administratives et récupérer toutes les données à disposition. Une troisième enfin, et probablement la plus novatrice, consiste à intégrer une logique de forums. Voilà quelles catégories nous pourrions ainsi dessiner :

1ere partie : Description du village Accueil : présentation du projet Histoire et géographie du village Fil d’actualité : événements, rédaction d’articles Les associations : Présentation, missions, contacts A propos (personnes à contacter, etc)

2eme partie : Ressources utiles Boîte à outils : démarches simplifiés de mairie, rapports de commissions…

3eme partie : Réseau social et discussion

La boîte à projets – Forums

S’il est facile de concevoir les deux premières parties, je m’attarde sur la troisième en offrant une ébauche de ce qu’elle pourrait contenir. Je m’appuie ici sur des exemples dont j’ai entendu parler ou qui me semblent pertinents dans le cas de Douzillac.

Catégories de forums, et sujets adjacents :

Jeunesse et éducation :

• Idée de carapate (transport avec parents)

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• Projet « Vie d’antan » sur les lieux où la vie a disparu et qui ont une histoire : projet collectif entre ancienne et nouvelle génération.

Vie associative : Il n’est pas nécessaire de faire partie d’une association pour contribuer à la vie locale. Partagez vos ressentis sur les événements locaux et vos avis sur les actions à mener. Possibilités d’avoir vu des activités dans les lieux de résidence antérieurs à dupliquer.

Douzillac numérique : e-tourisme, facilitation de démarches, etc

Gestion de l’espace : respect de l’environnement, mise en valeur du patrimoine, entretien des sentiers…

Emploi du temps : « bureaux des temps », services transversaux chargés de proposer des mesures pour mieux accorder les rythmes sociaux dans la ville.

Transports et travail : mise en place de covoiturage pour les personnes travaillant à l’extérieur

Ces catégories ne sont là qu’à titre d’exemple, le but étant que chacun s’approprie l’outil pour qu’il partage ce qui lui semble important. Quant à la forme concrète du site, c’est une discussion à avoir une fois assuré un bon soutien de la population.

Le contenu :

Il faut reconnaître les risques de tension qui peuvent se créer lorsqu’une telle initiative cherche à prendre place dans le paysage local. Dans un univers où les institutions sont bien ancrées et où chacun possède son domaine de compétence, donner un pouvoir de proposition, de négociation et de décision à une communauté non élue ou nommée peut faire grincer des dents.

Il faut cependant assumer que la légitimité de ce projet vient du fait qu’il se veut collaboratif et ouvert à tous les acteurs, tout en se limitant à la seule communauté douzillacoise. Il exige donc de sortir des logiques d’opposition communes tant dans la culture française que dans les systèmes de gestion traditionnels présents en milieu rural.

STRUCTURE DE SOUTIEN ET FONCTIONNEMENT GLOBAL

La question que tout le monde se pose, c’est combien ça coûte en argent et en temps. Concrètement, un site internet ne coûte quasiment rien financièrement et demande un gros investissement le temps de la conception.

Cependant dans le cas d’un site à vocation de réseau social, il faut investir du temps pour convaincre les gens à utiliser le réseau, à animer les forums et ensuite à concrétiser les projets

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sur le terrain. Il ne suffit pas de lancer un outil dans la mare en disant « hey regardez, vous avez accès à un nouvel outil » pour que tout le monde se lance dessus. Il faut montrer son intérêt, démonter les préjugés et les réticences, ce qui peut être un travail de longue haleine. Mais les gains réalisés à terme, les projets qui peuvent éclore seront sans aucun doute d’une valeur bien plus importante pour la communauté. Et l’une des spécificités des réseaux sociaux, c’est qu’une fois que tout le monde a compris leur intérêt, ils s’autogèrent et vont dans le sens que la communauté veut leur donner.

LA GESTION DES RISQUES ET CONTRAINTES

Comme tout projet, certaines contraintes font face à ce projet et je ne les ai entendu que trop de fois. Si j’aime à être optimiste et croire dans la capacité des gens, je souhaite répondre sur ces différents risques, et le principal réside dans la marginalisation d’une part de la population.

Souvent la fracture numérique est mise en avant, et à juste titre. La maîtrise et l’accès aux nouveaux outils technologiques dépend souvent des générations et des moyens de chacun, et dans un contexte où la part de personnes âgées est considérable, il y a fort à penser qu’une conversion serait difficile. Mais ne désespérons pas.

Je reste convaincu que si une partie de la population ne s'investit pas davantage dans la maîtrise de ces nouveaux outils de communication, c'est en bonne partie parce qu'ils n'en voient pas l'intérêt premier. C'est bien souvent en montrant la possibilité d'entrer en contact avec les autres membres de la famille ou des amis que certains font le pas. Et créer un réseau social centré sur la vie du village, une communauté qu'ils ont souvent à cœur, va exactement dans ce même sens d'un intérêt renouvelé pour l'outil internet.

Il y a donc tout un travail de pédagogie qui doit être fait mais il faut également se dire que la communication sur le terrain reste primordiale. C’est à nous d’aller vers les gens pour savoir s’ils ont un projet à cœur et s’ils veulent le mettre au cœur de la discussion. D’où la nécessité de donner forme à ce projet en dehors de la seule toile internet, en en discutant informellement autour de soi.

Au final, qu’on le veuille ou non, l’usage d’internet va aller en s’accroissant, qu’il s’agisse des informations, de la télévision ou même des démarches administratives. Donc autant pousser dans ce sens et marquer un certain volontarisme plutôt qu’une marche forcée.

Cela implique de réfléchir le modèle du site afin qu’il soit simple et compréhensible par tous, et qu’il donne envie !

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UN EXEMPLE DE PROJET : LES FETES INTERCOMMUNALES

Je prends ici un exemple particulier, mis en annexe, auquel j’ai pris le temps de penser, mais le but premier de l’exercice est de montrer qu’il faut aujourd’hui dépasser les cadres traditionnels dans lesquels nous avons l’habitude de réfléchir. Si les fêtes communales sont l’apanage des comités des fêtes, penser leur futur peut se faire dans un cadre moins défini et plus lâche. L’intérêt ici est de montrer que l’on peut penser un projet spécifique coordonnant des organisations traditionnelles –ici les associations – mais aussi des acteurs extérieurs, présents pour un simple projet.

Cela constitue une piste différente du site mais qui se retrouve dans l’objectif d’animation et de politisation des intercommunalités.

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DETERMINATION D’UN ECHEANCIER

Ce dossier n’est qu’une première pierre à un travail qui demandera beaucoup plus d’effort. Il s’agit d’abord d’une profession de foi dans un projet, d’une idée qui trotte dans une tête et qui cherche à faire sa place dans les esprits. Il aurait été aussi simple de réaliser un véritable plan d’affaires sur les besoins techniques et financiers nécessaires à la construction d’un tel site, mais à partir du moment où il s’agit d’un projet avant tout politique, il est nécessaire d’abord de trouver un consensus important.

Je souhaiterais que bon nombre de personnes s’approprie ce projet, je ne souhaite pas en faire ma chasse gardée et le construire selon mon plan du début à la fin. C’est un projet à vocation collective et politique, un outil de décision capable d’accompagner ceux existants sans entrer en concurrence avec eux. D’où la nécessité d’établir un plan pour les temps à venir :

- Début à mi-septembre : distribution de ce dossier à un ensemble d’acteurs institutionnels – élus et membres associatifs – ainsi qu’un certain nombre de personnes jugées compétentes et volontaires.

Le but est que chacun se fasse un avis de son côté, puisse en discuter informellement et se renseigner sur les manques ou incohérences du dossier. Les personnes contactées peuvent être amenés à poser leur question à mon adresse : [email protected]

- Avant la fin septembre : Mise en place d’une réunion commune où chacun puisse donner son avis et décision sur la poursuite d’un tel projet.

Besoin si possible d’une installation permettant une visioconférence.

- Octobre : Si le projet est appuyé par suffisamment de personnes, constitution d’une équipe de travail selon les axes dégagés : Financement, communication, gestion technologique, rédaction du contenu, design…

- Novembre : Création du site et début de communication sur le lancement du projet.

- Décembre-janvier : Lancement officiel, avec une communication massive par voie postale et un possible événement allant de pair (vœux du maire ?).

Et ensuite, faire en sorte que cela fonctionne !

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LE MOT DE LA FIN

Si vous êtes arrivés jusqu’ici, alors je peux déjà me réjouir d’avoir retenu votre attention tout au long de cette argumentation parfois désordonnée, souvent indigeste. Je suis conscient qu’un tel dossier n’a pas le formalisme d’une note administrative, la cohérence d’un plan d’affaires ou encore la facilité à lire d’un bon roman. C’est un projet hybride, politique et technique, mais que je pense aussi novateur.

Dans ma petite vie d’étudiant bien remplie, je ne peux m’empêcher de penser à l’évolution que vivent nos campagnes et aux défis qui les attendent. Et ceux-ci sont nombreux, mais je crains que ceux détenant des réponses se détournent d’un monde qu’ils considèrent « has been ». Moi j’en fais un des enjeux du siècle qui vient.

Je n’ai pas la prétention de penser sauver qui que ce soit, et je suis certain que bon nombre d’idées existent déjà au sein des communautés rurales. Mon objectif premier est plutôt de les mettre sous la lumière et de les faire émerger dans un contexte d’apaisement et de vie collective redynamisée.

J’espère donc le temps de cette lecture avoir obtenu votre assentiment et un avis partagé sur les challenges qui attendent notre petite communauté, et au mieux l’envie d’en découdre ensemble. Et je souhaite avant tout vous avoir prouvé ma volonté d’agir, car je sais l’image que peut dégager un jeune vivant de l’autre côté de l’Atlantique qui doit avoir déjà bien assez à se soucier pour vivre son petit bonheur. Mais comme je l’ai souvent entendu dire, tout seul on va plus vite, ensemble on va plus loin. Alors, où veut-on aller ?

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ANNEXES

L’ETE EN FETES

OBJECTIF

Favoriser l’émergence d’une coopération intercommunale durant la période festive, via la réduction des coûts d’organisation et la stimulation d’un public élargi, entre les différentes associations locales.

Idée de coopétition : Coopération sur les moyens (sonorisation, matériel et expériences de gestion) / Compétition amicale (concours sportifs / de feu d’artifice / animations).

LE CONSTAT ACTUEL :

Les associations locales organisant les festivités de l’été – généralement dénommés « Comité des fêtes » - se retrouvent au fil des années confrontés à de nouveaux défis :

• Le renouvellement des effectifs :

Il est parfois difficile d’assurer la reprise progressive des associations par la nouvelle génération. Cette dernière se décompose souvent en deux groupes : les nouveaux habitants de la commune, souvent des jeunes couples en recherche d’un cadre idéal. Ils peuvent être intimidés par l’existence de groupes déjà bien établis, dans lesquels ils ont peur de ne pas trouver leur place, car issue d’un autre milieu ou tout simplement timides.

La seconde catégorie comprend la jeune génération qui a grandi au village, souvent très attachée aux institutions locales comme la fête du village, mais qui doivent souvent partir pour faire leurs armes ailleurs. C’est aussi parfois le jugement porté par la génération précédente, encore aux manettes, qui peut désinciter ce groupe à s’investir : on attaque leur manque de responsabilité, leur légèreté apparente face aux événements, des critiques récurrentes à l’égard d’une génération peu habituée à l’investissement sans faille mais qui n’est autre que la progéniture des anciens.

• La passation des pouvoirs :

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Gérer une fête de village n’est pas un travail aisé et sans rémunération – si ce ne sont la gratuité des repas que l’on prépare soi-même. Cela engendre du stress, des pressions et des tensions, sans que l’on ait nécessairement le sentiment de profiter des festivités et même d’être apprécié à sa juste valeur.

Cela fait que si les organisateurs s’impliquent à fond le moment venu, ils n’hésitent pas à rendre le tablier ou à souhaiter une place moins exposée au fil des années, engendrant une rotation régulière des postes à responsabilité.

C’est avant tout une bonne chose. Cela permet de faire respirer l’organisation et de laisser filtrer les nouvelles idées qui permettent à une fête de garder son intérêt. Là où le problème se pose plus souvent, c’est dans la passation des pouvoirs entre anciens et nouveaux dirigeants. Si les nouveaux sont souvent déjà membres de longue date, ils ne voient pas nécessairement toutes les obligations et délais importants des postes à responsabilité. La transmission des informations est souvent orale et réglée par le besoin immédiat. Cela entraîne alors des oublis, des imprécisions et des incompréhensions qui peuvent renforcer la rupture entre les équipes successives.

Exemple de soucis possibles : Communication aux offices de tourisme pour le programme, rapports avec les fournisseurs et forains, organisation matérielle d’un repas, etc.

Là le problème peut être appréhendé de deux manières :

Une résolution locale via la retranscription systématique des besoins, calendriers, situations typiques. Ce serait la mise en place d’un « book de passation » écrit où chaque équipe sur le départ ferait l’inventaire de ses actions, de ses problèmes et de ses solutions, ainsi que des chantiers en suspens. Cela implique nécessairement un investissement supplémentaire et nouveau – la rédaction – qui peut dans un premier temps paraitre fastidieux, mais qui au cours des différents exercices devient aussi précieux que complémentaire avec la passation orale et l’accompagnement plus ou moins progressif des nouveaux responsables.

Une résolution transversale via le partage des expériences entre équipes en place. Cela pourrait consister en une réunion thématique ou selon le poste de responsabilités. Chacun pourrait profiter de l’expérience des autres membres du village voisin sur des problématiques similaires, et poser les questions de leur organisation.

• L’évolution des goûts et des pratiques locales :

Les fêtes communales semblent venir d’un temps immémorial, où les pratiques sont toutes des traditions centenaires que l’on n’oserait jamais remettre en question. Mais en réalité il existe toujours des ajustements de circonstances, des tentatives plus ou moins fructueuses, des changements de décor… Et ce sont parfois ces petits détails qui peuvent faire la différence tout comme l’indifférence du public.

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A ce titre les problèmes connus se sont succédé : migration du feu d’artifice de la mairie au stade, annulation des bals disco pour problème de troubles récurrents, alternance montgolfière/lancée d’oiseaux.

Parallèlement, le cœur de certaines activités ont été largement remis en cause par l’évolution progressive des prix et de l’organisation : il devient extrêmement onéreux de faire du manège, ceux-ci manquent souvent d’innovation et font craindre la sécurité, des feux d’artifice inconstants dans la qualité – alors qu’ils peuvent faire la renommée d’une fête, à l’image de Vallereuil.

• L’absence d’évaluation critique :

Chaque année on compare les fêtes, sur l’échelle temporelle comme géographique, avec toute la subjectivité qui va avec (c’était mieux quand on était aux commandes, mon village il a ça…). Mais il n’en reste pas moins que des données objectives existent, et qu’en dehors de la météo toujours indécise, il est possible de les mettre en perspective.

Ce suivi est plus ou moins opérationnel pour quelques événements – les repas quantifiables, le nombre d’exposants, participants aux concours – mais la grille d’analyse peut être largement affinée. Elargir les pistes de rétroaction et systématiser la collecte de données en tout genre peuvent permettre de mieux gérer nos efforts.

LES LEVIERS DE LA COOPETITION :

Au-delà des résolutions locales qui peuvent être prises pour résoudre les problèmes énumérés, la réalisation d’une entente entre les différents comités des fêtes voisins offre de nombreuses perspectives avantageuses.

PERSPECTIVE TECHNIQUE / ÉCONOMIQUE :

Réduction des coûts directs : La mise en commun d’un certain nombre d’équipements pourrait largement réduire des frais de location, éviter les zones de trouble, assurer un filet de protection…

Réduction des coûts indirects : Probablement plus nombreux, la coopération peut favoriser l’abaissement d’un certain nombre de frais et négocier avec toutes les autres parties prenantes : forains, artificiers, fournisseurs de boisson, etc. En leur assurant un marché plus large, soit on stimule la concurrence, soit l’on assure de conditions plus avantageuses. On peut penser là aux prix des forains – avec la possibilité de partenariat de gratuité – ou gestion de la sono… Il s’agit là aussi de tous les coûts de logistique qui peuvent diminuer grâce aux partages de bons plans et d’expérience sur certains points.

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La hausse du CA et de la participation, via des activités longue durée : La mise en place de concours longue durée en plus des concours internes. Cela pourrait prendre la forme « d’Olympiades », où le classement de l’été s’ajouterait à celui la journée de compétition. Cela favoriserait la mise en place d’une participation stable et partagée des habitués, tout en mettant des moyens en commun pour récompenser les gagnants. Activités possibles : concours de pétanque, de pêche, concours pour les enfants… Cela peut se doubler d’une compétition « intervillageoise » amicale, non point pour éveiller des animosités mais plutôt pour animer le week-end : un jury commun pour le feu d’artifice, etc. Jouer sur les identités pourra renforcer les solidarités dans un esprit sportif.

PERSPECTIVE PSYCHOLOGIQUE :

Un soutien bon et nécessaire aux personnes à responsabilité : Parfois, on a le sentiment d’être un peu seul face à tous les problèmes du monde. Favoriser l’échange entre personnes aux mêmes responsabilités permettrait un soutien certain pour les personnes devant prendre des décisions.

La reconnaissance à travers la participation : Impliquer les autres associations villageoises, c’est donner l’occasion à chacun de profiter d’une fête et de faire preuve de solidarité avec ceux qui partagent le quotidien du bénévole. C’est tout de même agréable d’aller à un repas ou une activité sans avoir à se soucier de la gestion à la minute. A côté de cela, l’empathie qu’on éprouve avec les personnes qui ont les mains dans le cambouis s’en trouve décuplé et la reconnaissance passe par là.

PERSPECTIVE SYMBOLIQUE ET POLITIQUE :

La mise en place d’un réseau intercommunal concret : On parle de plus en plus des intercommunalités dans l’espace politique sans que celle-ci ne prenne forme dans les pratiques citoyennes de tous les jours.

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LES CONDITIONS DE REALISATION D’UNE ENTENTE :

Il faut d’abord définir la communauté géographique concernée et les moyens de mise en commun :

• Exigence de non-concurrence : choisir des fêtes qui ne tombent pas le même jour, et avec une certaine proximité géographique (Douzillac, Chantérac, Saint-Louis, Saint-Vincent de Connezac…).

• Mise en place d’une charte • Définition des objets de coopération • Réunion régulière : soit transversale (selon le poste) soit plénière • Accepter un quota pour un repas de la fête (prix réduit, gratuité…) destiné aux autres

équipes.