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A la découverte de… Svalbard Longyearbyen, une cité idéale ?

A la découverte de Svalbard - Longyearbyen 2/8

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A la découverte de…

Svalbard

Longyearbyen, une cité idéale ?

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Longyearbyen, la principale ville de l'archipel, est aux dires de ses habitants une « communauté idéale ». Pour un peu plus de 2000 habitants, trois jardins d'enfants, une école ultra-moderne, une grande salle de sport, une salle de concert toute neuve, un cinéma... Les intérieurs sont douillets, confortables et bien chauffés, meublés dans l'esprit du design scandinave, à grand coup de bois clair et de lignes pures. Rien ne dépasse : pas de chômeurs, de malades, ou de personnes très âgées. Si vous devez suivre un traitement lourd ou que vous recevez une quelconque aide sociale, retour « sur le continent », comme disent les gens d'ici. A l'âge de la retraite, les habitants de Longyearbyen retournent également le plus souvent vivre en Norvège. Sans compter le turn-over permanent, qui favorise la sur-représentation des jeunes couples avec enfants, attirés par l'aventure, la vie de plein air et le peu d'impôts que payent les habitants de Svalbard. Des familles qui repartent souvent chez elles au bout de quatre à cinq ans passés sur l'île... On ne naît pas à Longyearbyen, on n'y meurt pas non plus, comme en atteste le minuscule cimetière à flanc de montagne...

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« C'est une société construite de toute pièce, confirme Eva-Thérèse Jenssen, en charge de l'information à l'Unis, l'université de la ville. Il n'y aurait personne ici si le gouvernement n'en avait pas décidé autrement. Avant que nous, Norvégiens, n'arrivions, des gens sont passés par ici, les inuits du Groenland par exemple. Ils sont venus, ont fait le tour de l'ile et ils sont repartis... Car il n'y a rien sur ce territoire ! Pas d'arbre, rien pour manger.... Ce n'est devenu une communauté à part entière qu'avec le début de l'exploitation du charbon, en 1906. » Avec des températures moyenne à -18 degrés, en hiver, et un faible 5 degré de moyenne au plus chaud de l'été, l'île reste un territoire hostile et sauvage, où la présence des hommes est maintenue artificiellement. « Svalbard ne pardonne pas, rappelle Eva-Thérèse Jenssen avec emphase. Svalbard peut même vous tuer si vous ne possédez pas une énergie stable pour vous chauffer et pour vivre. Et cette énergie, c'est le charbon, qui est partout dans la montagne autour de nous. »

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Avec sa longue barbe noire et blanche et ses yeux très bleus, Kjell Mork, semble tout droit sorti d'un conte nordique. Maire de Longyearbyen, il habite le village depuis 30 ans, une exception dans la vie locale. A son arrivée, la ville était encore une petite communauté de travailleurs, toute entière organisée autour de la compagnie de charbon. Puis, avec la construction de l'aéroport et l'amélioration des conditions de vie, la micro-société de Longyearbyen s'est transformée en une communauté familiale et moderne. « A l'époque, oui, c'était bien différent ! Il n'y avait pas toutes les maisons et les rues que vous voyez là sur la carte, raconte Kjell Mork, en suivant des yeux le cadastre punaisé au mur de son bureau. Le gros changement est arrivé au début des années 80. A partir de là, nous avons eu plus de familles, des enfants, et la ville depuis s'agrandit d'année en année ». Les « gueules noires », mineurs aux visages couverts de poussière de charbon, sont partis vivre près de la mine, dans le campement de Svea, et ont été remplacés en ville par une fringante classe moyenne. « Attirer les gens ici a toujours été une priorité pour le gouvernement, estime le maire. Cela faisait partie du jeu lors de la Guerre froide : à cette époque, les russes étaient deux fois plus nombreux que nous. Maintenant, les Russes sont 400, et nous sommes 2000... Donc, en quelque sorte, nous avons gagné la bataille ! »

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Karen fait elle partie de ces fonctionnaires, professeurs, infirmiers, ou policiers, qui peuplent temporairement l'île. Arrivée à Svalbard il y a deux ans, avec son fils, elle enseigne à l'école du village. Quand nous la rencontrons, elle s'apprête à boucler ses bagages pour rentrer à Oslo. « Bien sûr, certains produits nous manquent, comme le bon café ou le bon thé, mais on ne peut pas se plaindre, car nous avons vécu une aventure extraordinaire ici, assure Karen. Mais c'est vrai que c'est une sorte de société artificielle... mon fils dit parfois, pour plaisanter, que les toxicos d'Oslo lui manquent ! Et je vois ce qu'il ressent, le mélange des gens et des cultures, la couleur... Mais il est impossible de comparer la vie sur le continent et la vie à Svalbard. C'est un endroit unique ! »

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Reportage original réalisé par Mathilde Goanec

pour

www.greenetvert.fr