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mercredi 30 décembre 2009 10 MARCHÉS & PRODUITS PAGE On peut avoir deux attitudes sur le potentiel de performance de l’once à moyen terme: un point de vue bearish ou bullish. JEAN-PIERRE PETIT* Sur le moyen terme, on peut avoir deux attitudes sur le potentiel de performance de l’or. Si l’on adopte un point de vue «bearish», pessimiste, voire défla- tionniste sur l’économie améri- caine, le contexte peut être encore favorable à l’or; dans ce cas on aura en effet durablement le maintien de bas niveaux de taux courts réels, une prime de risque élevée, la poursuite de la baisse du dollar (pour reflater l’économie américaine) et une dette publique hors de contrôle. Si l’on adopte un point de vue au contraire plus «bullish» ou plus optimiste, il est difficile d’être très favorable à l’or; certes, les antici- pations inflationnistes remonte- ront quelque peu, mais les taux courts réels également (de même que le dollar) et le risque souve- rain devrait s’améliorer, ne serait- ce que par l’amélioration conjonc- turelle des finances publiques. Le seul cas de figure où la progres- sion de l’or pourrait être compati- ble avec une remontée durable de l’appétit pour le risque serait la sous performance durable de l’écono- mie américaine par rapport à l’Eu- rope, hypothèse très peu probable. Naturellement, on peut toujours adhérer à la thèse du retour iné- luctable de l’inflation, à la faveur d’une hausse des coûts salariaux et des taux de change des pays émergents ainsi que d’une nou- velle hausse des matières premiè- res, mais ceci paraît encore très éloigné et peu opérationnel pour la stratégie d’investissement. Mais quelle que soit la direction fu- ture de la valeur de l’or, on peut penser qu’il conservera une part de ses attraits grâce à ses vertus pro- pres qui auront été révélées tout au long de la décennie 2000. L’or présente plusieurs spécifici- tés qui renforcent son attractivité. C’est un actif qui n’est pas associé à un passif, à l’inverse des autres actifs financiers conventionnels (actions, obligations), ce qui rend sa valeur moins altérable. C’est aussi un actif dissocié de tout ris- que lié à un émetteur (risque spé- cifique, risque systémique); l’or n’a en effet pas de nationalité. Sa valeur ne peut pas être affectée par une décision de politique éco- nomique; l’or ne peut être im- primé à volonté par les gouverne- ments ou les banques centrales. Enfin, relativement bien dé cor- rélé des autres classes d’actifs, l’in- tégration de l’or accroît la renta- bilité/risque d’un portefeuille. *stratégiste de marché Bilan d’une prodigieuse décennie pour l’or (III) Vers un timide retour des IPO Les experts anticipent entre cinq à huit arrivées sur le marché suisse en 2010. Les Etats-Unis et l’Asie seront nettement plus dynamiques. BASTIEN BUSS L’année 2010 pourrait être mar- quée par un regain d’activité dans le secteur des entrées en bourse. Si les conditions de marché de- vaient rester favorables, un timoré retour des IPO peut être attendu. Selon les experts, il appert que le marché des introductions en bourse commence peu à peu à sor- tir de sa léthargie, après dix-huit mois d’encéphalogramme plat. «Nous allons à nouveau voir un marché des Initial Public Offe- rings très actif en début d’année prochaine», a indiqué récemment Peter Günthardt, directeur mar- chés actions pour la région Eu- rope, Proche-Orient et Afrique auprès d’UBS, lors d’une confé- rence organisée par IFR, une pu- blication de Thomson Reuters. Un chiffre a même été articulé: de 30 à 40 milliards de dollars pour- raient être levés dans le cadre d’IPO l’an prochain. Il est aussi prévu que les marchés américains et asiatiques des entrées en bourse reprennent des couleurs bien avant l’Europe. Dans ce contexte de traditionnel décalage, quid de la Suisse et de SIX Swiss Exchange? Philipp Hofstetter, associé conseil écono- mique chez Pricewaterhouse- Coopers Suisse, estime que la forte hausse des cours des actions constatée depuis le plancher de mars n’a pas encore entraîné de revirement de tendance clair pour les premières émissions. «Cela s’explique également par le fait que bien des investisseurs ont préféré jusque-là s’engager dans les nombreuses augmentations de capital d’entreprises déjà cotées.» L’associé part du principe, qu’une fois que cette tendance se sera nor- malisée, les IPO devraient connaî- tre un regain d’intérêt. «De nom- breux candidats potentiels commencent à se préparer à en- trer en bourse. Pour le premier se- mestre 2010, je m’attends à une nette reprise du marché des émis- sions si le climat boursier positif se maintient». Alors que la Suisse n’a connu en 2009 que cinq pseudo entrées en bourse (puisque toutes étaient des spin off, de nouvelles cotations is- sues d’une fusion ou une simple cotation d’actions déjà existantes), elle pourrait en accueillir l’année prochaine entre cinq et huit, se- lon les experts. Cité par Finanz und Wirtschaft, Marc Klingelfuss, responsable corporate finance chez Vontobel ne prévoit un re- gain qu’au deuxième semestre. Il n’y a donc aucune urgence, sur- tout que le niveau des actions est encore jugé par beaucoup comme insuffisant. Les IPO pourraient aussi être une porte de sortie pour les fonds d’in- vestissement qui n’ont pas réussi à vendre des actifs au cours des deux dernières années. Les socié- tés de private equity pourraient toutefois encore attendre de meil- leures conditions et pour certai- nes d’entre elles une entrée en bourse n’est pas la solution de dés- investissement privilégiée. Un au- tre afflux pourrait par ailleurs pro- venir de la vente d’une activité ou d’un domaine d’activité par des sociétés devant réduire urgem- ment leur endettement. En Europe, le nombre d’introduc- tions en bourse a progressé de 28 à 44 unités au cours du troisième trimestre 2009 (derniers chiffres publiés). Le volume total des fonds levés par les IPO est ainsi passé de 456 à 1799 millions d’eu- ros. La bourse suisse SIX n’a quant à elle enregistré qu’une seule in- troduction en bourse au troisième trimestre, soit la société Mondo- biotech, mais sans apport de nou- veaux fonds. Deux IPO sont à si- gnaler sur le quatrième trimestre, avec GAM Holding (scission d’avec Julius Baer) et Evolva, suite à sa fusion avec sa consœur en dif- ficulté Arpida. Dans ce dernier cas, on se trouve néanmoins très loin d’une IPO en bonne et due forme. En effet, les 117,8 millions de nouvelles actions Evolva émi- ses sont soumises à une interdic- tion de négoce d’une année, soit jusqu’au 14 décembre 2010. Leur cours correspond aux 21,1 mil- lions d’anciens titres Arpida déjà cotés et négociables, désormais en tant qu’actions Evolva. Si aucun candidat helvétique ne s’est encore ouvertement déclaré pour 2010 (voir la liste présumée), de nombreuses entreprises à tra- vers le monde ont déjà fait part de leur intention. Veolia Environne- ment introduira probablement en bourse sa division transport d’ici à la fin 2010. Le numéro un mon- dial des services à l’environne- ment doit d’abord obtenir le feu vert de la Commission euro- péenne et définir la valorisation de l’ensemble. Plus hypothétique, Twitter envisagerait de se vendre ou de s’introduire en bourse dès l’année prochaine. Pour sa part, le constructeur au- tomobile américain General Mo- tors pourrait procéder à une IPO d’ici au 10 juillet, premier anni- versaire de sa sortie du redresse- ment judiciaire. Autre rescapé in extremis de la récente crise finan- cière, l’assureur américain AIG, nationalisé en septembre 2008, prévoit d’introduire sa filiale asia- tique à la bourse de Hong Kong au deuxième trimestre 2010 et d’y lever 20 milliards de dollars. En Europe, le géant Rusal, premier producteur mondial d’alumi- nium, a déposé cette année des de- mandes de cotation à Hong Kong et Paris et espère recueillir jusqu’à 2,5 milliards de dollars en cédant 10% de son capital. Il y a quelques jours, le groupe suisse de courtage en matières premières Glencore a émis pour 2,2 milliards de dol- lars d’obligations convertibles, se rapprochant ainsi d’une introduc- tion en bourse (lire L’Agefi du 29 décembre). ENTREPRISE SECTEUR D’ACTIVITÉ AVALOQ .................................................................. Logiciels bancaires BALLY GROUP ........................................................................... Textile BENNINGER ............................................................... Machines textiles COLIBRYS ....................................... Microsystèmes électromécaniques DE SEDE ..................................................................... Meubles de luxe KARL STEINER .................................................................. Construction LISTA ................................................ Systèmes de meubles de bureau NOVIMMUNE .............................................................................. Biotech NYCOMED ................................................................................. Pharma SOUDRONIC ........................................................................... Machines SWISSPORT .................................................................. Assistance au sol THOMMEN MEDICAL ............................................................... Medtech WISEKEY ............................................................... Sécurité numérique Sources: FuW, Bloomberg, Reuters, L’Agefi IPO: CANDIDATS POTENTIELS, PRÉSENTS OU FUTURS BIEN DES INVESTISSEURS ONT PRÉFÉRÉ JUSQUE-SENGAGER DANS LES NOMBREUSES AUGMENTATIONS DE CAPITAL DENTREPRISES DÉJÀ COTÉES . RECHERCHE SWISSCANTO: forte pondération en actions «L’année s’achève de manière aussi fébrile qu’elle avait com- mencé», écrit Swisscanto dans son commentaire mensuel d’investis- sement. La récession et les mesu- res de soutien étatique ont conduit à une redistribution massive des dettes privées vers les Etats. La Grèce en a été l’une première vic- time. D’autres mauvaises nouvel- les devraient suivre en 2010, tant en provenance des marchés émer- gents (par exemple l’Ukraine, l’Argentine, Dubaï) que des mar- chés et des régions développés (par exemple des Etats améri- cains). «Nous allons tirer profit des corrections du marché qui en résulteront pour renforcer les po- sitions dans des emprunts d’en- treprise et des actions. Nous consi- dérons qu’une nouvelle fuite dans des placements sûrs aux rende- ments historiquement bas est er- ronée», détaille Thomas Härter, responsable de la stratégie de pla- cement. En revanche, les emprunts d’en- treprise offrent toujours de bon- nes opportunités de placement. Comme les entreprises ont mas- sivement réduit leur base de coûts, elles n’ont besoin que d’une fai- ble croissance du chiffre d’affaire pour développer leurs bénéfices en 2010. D’où une surpondéra- tion en actions. Swisscanto favo- rise les petites capitalisations et les titres de substance, mais «nous identifions néanmoins un certain potentiel de rattrapage au niveau des titres de grande capitalisation. Nous voyons une amélioration des opportunités de cours au Ja- pon et en Amérique. Nous main- tenons toujours une légère sur- pondération dans les marchés émergents. De manière générale, nous privilégions les domaines cy- cliques comme l’énergie, l’infor- matique, les médias au détriment des entreprises plus défensives du secteur des services aux collecti- vités et du secteur des télécommu- nications.» PICTET: dette émergente La perception des investisseurs s’est modifiée avec l’abandon des scénarios catastrophes, estime la Banque Pictet dans sa Lettre Obli- gataire. Le marché délaisse les em- prunts gouvernementaux assortis de rémunérations peu attractives, vu les inquiétudes suscitées par le gonflement des dettes publiques. Le retour de l’appétit au risque au détriment des Treasuries a favo- risé une vive correction, «entraî- nant un redressement marqué du profil des structures de taux. Le rendement à dix ans des bons du Trésor américain est ainsi passé de 2,05% à fin 2008 à 3,94% en juin 2009, soit une hausse de près de 200 points de base.» Face au risque conjoncturel per- sistant, les banques centrales de- vraient toutefois maintenir les taux au plancher jusqu’à l’au- tomne. Tout juste resserreront-ils progressivement les mesures de quantitative easing. En Suisse, «les rendements obligataires devraient continuer d’évoluer aux alentours des niveaux actuels, fluctuant au gré des chiffres publiés.» Les meil- leures opportunités se situent au- jourd’hui dans la dette émergente, avec des perspectives jugées «bon- nes» par Pictet. «Nous anticipons une reprise du marché dans un contexte d’afflux de fonds persis- tants.» Elles ont atteint 82,5 milliards de livres en 2009. Une progression de 16% par rapport à 2008. Les levées de fonds à la Bourse de Londres ont atteint 82,5 milliards de livres (91 milliards d’euros) en 2009, une augmentation de 16% par rapport à 2008, et un record, grâce aux nombreuses augmen- tations de capital auxquelles ont eu recours les entreprises pour surmonter la crise. Le London Stock Exchange (LSE) se félicite dans ce communiqué de nombreuses introductions en Bourse secondaires: ainsi le 27 juil- let, le groupe sidérurgique indien Tata Steel a levé 500 millions de dollars, la plus grosse offre de cer- tificats nominatifs indiens jamais réalisée. De même, en juillet, la compagnie d’eau russe RusHydro, ou la compagnie de télécommu- nications Virgin Media, ont rejoint la Bourse de Londres. Mais ces levées de fonds géantes ont globalement des sources tota- lement opposées à celles qui pré- valaient en 2006 ou 2007, en plein boum de l’économie. Ainsi, en 2007, il y avait eu 87 in- troductions en Bourse sur le pre- mier marché, qui avaient permis de lever 20,45 milliards de livres, tandis que les autres sources (comme les augmentations de ca- pital) avaient totalisé 9,525 mil- liards de livres. Cette année, il n’y a eu que 7 introductions en Bourse sur le premier marché, pour un total de 1,052 milliard de livres, tandis que les autres sour- ces ont permis de lever 76,143 milliards de livres. Sur le marché alternatif (AIM), il y a eu 11 introductions en Bourse, permettant de lever 598 millions de livres, et 4,592 milliards de li- vres sont venus d’autres sources. Les grandes banques ont levé beau- coup d’argent en 2008, comme HSBC qui a lancé une augmen- tation de capital de 12,5 milliards de livres et Lloyds Banking Group de 13,5 milliards de livres, un re- cord mondial. Lourdement endetté après l’achat d’Alcan, le groupe mi- nier Rio Tinto a levé pour sa part 7,3 milliards de livres. Tracey Pierce, responsable des premiers marchés du LSE, a es- timé dans le communiqué que «bien qu’il n’y ait aucune certitude sur le calendrier des nouvelles in- troductions, le nombre des entre- prises cherchant à s’introduire en 2010 est prometteur, avec des so- ciétés venant d’un grand nombre de pays et de secteurs». Record de levées de fonds sur le LSE LLOYDS BANKING GROUP A LANCÉ UNE AUGMENTATION DE CAPITAL DE 13,5 MILLIARDS DE LIVRES . UN RECORD MONDIAL. Quatre investisseurs prêts à suivre l’IPO de Rusal Le premier producteur mondial d’aluminium, le russe Rusal, s’est assuré la participation de quatre investisseurs clés à son introduc- tion en Bourse (IPO) prévue à Hong Kong, pour un montant de deux milliards de dollars améri- cains, a-t-on appris de source pro- che du dossier. Ces investisseurs sont le magnat des médias sino- malais Robert Kuok, le fonds spé- culatif new-yorkais Paulson & Co., Nathaniel Rothschild, des- cendant de la célèbre famille de banquiers européens, et la ban- que publique russe Vnesheko- nombank (VEB), a déclaré à l’AFP cette source sous couvert d’anonymat, confirmant une in- formation de l’agence financière Down Jones Newswires (DJ). Robert Kuok est le fondateur du groupe éponyme qui dirige l’en- treprise immobilière cotée à Hong Kong Kerry Properties et possède le quotidien anglophone South China Morning Post. Le géant russe a sécurisé avec ces quatre investisseurs l’opération d’introduction en Bourse prévue pour fin janvier, a ajouté la même source. M. Rothschild est un ami du PDG de Rusal Oleg Deri- paska, selon DJ. Le fonds de ges- tion d’actifs Black Rock et le Los Angeles Capital Group examine- raient par ailleurs toujours l’ac- quisition d’actions Rusal, selon l’agence.

Vers Un Timide Retour Des Ipo Agefi 30 Dec09

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WISekey shortlisted for IPO in 2010

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Page 1: Vers Un Timide Retour Des Ipo   Agefi   30 Dec09

mercredi 30 décembre 200910 MARCHÉS & PRODUITSPAGE

On peut avoir deuxattitudes sur le potentielde performance de l’onceà moyen terme: un point de vue bearishou bullish.

JEAN-PIERRE PETIT*

Sur le moyen terme, on peut avoirdeux attitudes sur le potentiel deperformance de l’or.Si l’on adopte un point de vue«bearish», pessimiste, voire défla-tionniste sur l’économie améri-caine, le contexte peut être encorefavorable à l’or; dans ce cas onaura en effet durablement lemaintien de bas niveaux de tauxcourts réels, une prime de risqueélevée, la poursuite de la baisse dudollar (pour reflater l’économieaméricaine) et une dette publiquehors de contrôle.Si l’on adopte un point de vue aucontraire plus «bullish» ou plusoptimiste, il est difficile d’être trèsfavorable à l’or; certes, les antici-pations inflationnistes remonte-ront quelque peu, mais les tauxcourts réels également (de mêmeque le dollar) et le risque souve-rain devrait s’améliorer, ne serait-ce que par l’amélioration conjonc-turelle des finances publiques.Le seul cas de figure où la progres-sion de l’or pourrait être compati-ble avec une remontée durable del’appétit pour le risque serait la sous

performance durable de l’écono-mie américaine par rapport à l’Eu-rope, hypothèse très peu probable.Naturellement, on peut toujoursadhérer à la thèse du retour iné-luctable de l’inflation, à la faveurd’une hausse des coûts salariauxet des taux de change des paysémergents ainsi que d’une nou-velle hausse des matières premiè-res, mais ceci paraît encore trèséloigné et peu opérationnel pourla stratégie d’investissement.Mais quelle que soit la direction fu-ture de la valeur de l’or, on peutpenser qu’il conservera une partde ses attraits grâce à ses vertus pro-pres qui auront été révélées tout aulong de la décennie 2000.L’or présente plusieurs spécifici-tés qui renforcent son attractivité.C’est un actif qui n’est pas associéà un passif, à l’inverse des autresactifs financiers conventionnels(actions, obligations), ce qui rendsa valeur moins altérable. C’estaussi un actif dissocié de tout ris-que lié à un émetteur (risque spé-cifique, risque systémique); l’orn’a en effet pas de nationalité. Savaleur ne peut pas être affectéepar une décision de politique éco-nomique; l’or ne peut être im-primé à volonté par les gouverne-ments ou les banques centrales.Enfin, relativement bien dé cor-rélé des autres classes d’actifs, l’in-tégration de l’or accroît la renta-bilité/risque d’un portefeuille.

*stratégiste de marché

Bilan d’une prodigieusedécennie pour l’or (III)

Vers un timide retour des IPOLes experts anticipent entre cinq à huit arrivées sur le marché suisse en 2010. Les Etats-Unis et l’Asie seront nettement plus dynamiques.

BASTIEN BUSS

L’année 2010 pourrait être mar-quée par un regain d’activité dansle secteur des entrées en bourse.Si les conditions de marché de-vaient rester favorables, un timoréretour des IPO peut être attendu.Selon les experts, il appert que lemarché des introductions enbourse commence peu à peu à sor-tir de sa léthargie, après dix-huitmois d’encéphalogramme plat.«Nous allons à nouveau voir unmarché des Initial Public Offe-rings très actif en début d’annéeprochaine», a indiqué récemmentPeter Günthardt, directeur mar-chés actions pour la région Eu-rope, Proche-Orient et Afriqueauprès d’UBS, lors d’une confé-rence organisée par IFR, une pu-blication de Thomson Reuters.Un chiffre a même été articulé: de30 à 40 milliards de dollars pour-raient être levés dans le cadred’IPO l’an prochain. Il est aussiprévu que les marchés américainset asiatiques des entrées en boursereprennent des couleurs bienavant l’Europe. Dans ce contexte de traditionneldécalage, quid de la Suisse et deSIX Swiss Exchange? PhilippHofstetter, associé conseil écono-mique chez Pricewaterhouse-Coopers Suisse, estime que la fortehausse des cours des actionsconstatée depuis le plancher demars n’a pas encore entraîné derevirement de tendance clair pourles premières émissions.

«Cela s’explique également par lefait que bien des investisseurs ontpréféré jusque-là s’engager dansles nombreuses augmentations decapital d’entreprises déjà cotées.»L’associé part du principe, qu’unefois que cette tendance se sera nor-malisée, les IPO devraient connaî-tre un regain d’intérêt. «De nom-breux candidats potentielscommencent à se préparer à en-trer en bourse. Pour le premier se-mestre 2010, je m’attends à unenette reprise du marché des émis-sions si le climat boursier positifse maintient». Alors que la Suisse n’a connu en2009 que cinq pseudo entrées enbourse (puisque toutes étaient desspin off, de nouvelles cotations is-sues d’une fusion ou une simplecotation d’actions déjà existantes),elle pourrait en accueillir l’annéeprochaine entre cinq et huit, se-lon les experts. Cité par Finanzund Wirtschaft, Marc Klingelfuss,responsable corporate financechez Vontobel ne prévoit un re-gain qu’au deuxième semestre. Iln’y a donc aucune urgence, sur-tout que le niveau des actions estencore jugé par beaucoup commeinsuffisant.Les IPO pourraient aussi être uneporte de sortie pour les fonds d’in-vestissement qui n’ont pas réussià vendre des actifs au cours desdeux dernières années. Les socié-tés de private equity pourraienttoutefois encore attendre de meil-leures conditions et pour certai-nes d’entre elles une entrée en

bourse n’est pas la solution de dés-investissement privilégiée. Un au-tre afflux pourrait par ailleurs pro-venir de la vente d’une activité oud’un domaine d’activité par dessociétés devant réduire urgem-ment leur endettement.En Europe, le nombre d’introduc-tions en bourse a progressé de 28à 44 unités au cours du troisièmetrimestre 2009 (derniers chiffrespubliés). Le volume total desfonds levés par les IPO est ainsipassé de 456 à 1799 millions d’eu-ros. La bourse suisse SIX n’a quantà elle enregistré qu’une seule in-troduction en bourse au troisièmetrimestre, soit la société Mondo-biotech, mais sans apport de nou-veaux fonds. Deux IPO sont à si-gnaler sur le quatrième trimestre,avec GAM Holding (scissiond’avec Julius Baer) et Evolva, suiteà sa fusion avec sa consœur en dif-

ficulté Arpida. Dans ce derniercas, on se trouve néanmoins trèsloin d’une IPO en bonne et dueforme. En effet, les 117,8 millionsde nouvelles actions Evolva émi-ses sont soumises à une interdic-tion de négoce d’une année, soitjusqu’au 14 décembre 2010. Leurcours correspond aux 21,1 mil-lions d’anciens titres Arpida déjàcotés et négociables, désormais entant qu’actions Evolva.Si aucun candidat helvétique nes’est encore ouvertement déclarépour 2010 (voir la liste présumée),de nombreuses entreprises à tra-vers le monde ont déjà fait part deleur intention. Veolia Environne-ment introduira probablement enbourse sa division transport d’icià la fin 2010. Le numéro un mon-dial des services à l’environne-ment doit d’abord obtenir le feuvert de la Commission euro-

péenne et définir la valorisationde l’ensemble. Plus hypothétique,Twitter envisagerait de se vendreou de s’introduire en bourse dèsl’année prochaine. Pour sa part, le constructeur au-tomobile américain General Mo-tors pourrait procéder à une IPOd’ici au 10 juillet, premier anni-versaire de sa sortie du redresse-ment judiciaire. Autre rescapé inextremis de la récente crise finan-cière, l’assureur américain AIG,nationalisé en septembre 2008,prévoit d’introduire sa filiale asia-tique à la bourse de Hong Kongau deuxième trimestre 2010 et d’ylever 20 milliards de dollars. EnEurope, le géant Rusal, premierproducteur mondial d’alumi-nium, a déposé cette année des de-mandes de cotation à Hong Konget Paris et espère recueillir jusqu’à2,5 milliards de dollars en cédant10% de son capital. Il y a quelquesjours, le groupe suisse de courtageen matières premières Glencorea émis pour 2,2 milliards de dol-lars d’obligations convertibles, serapprochant ainsi d’une introduc-tion en bourse (lire L’Agefi du 29décembre).�

ENTREPRISE SECTEUR D’ACTIVITÉAVALOQ .................................................................. Logiciels bancairesBALLY GROUP ........................................................................... TextileBENNINGER ............................................................... Machines textilesCOLIBRYS ....................................... Microsystèmes électromécaniquesDE SEDE ..................................................................... Meubles de luxeKARL STEINER .................................................................. ConstructionLISTA ................................................ Systèmes de meubles de bureauNOVIMMUNE .............................................................................. BiotechNYCOMED ................................................................................. PharmaSOUDRONIC ........................................................................... MachinesSWISSPORT .................................................................. Assistance au solTHOMMEN MEDICAL ............................................................... MedtechWISEKEY ............................................................... Sécurité numériqueSources: FuW, Bloomberg, Reuters, L’Agefi

IPO: CANDIDATS POTENTIELS, PRÉSENTS OU FUTURS

BIEN DES INVESTISSEURSONT PRÉFÉRÉ JUSQUE-LÀS’ENGAGERDANS LES NOMBREUSESAUGMENTATIONS DECAPITAL D’ENTREPRISESDÉJÀ COTÉES.

RECHERCHE

SWISSCANTO: fortepondération en actions «L’année s’achève de manièreaussi fébrile qu’elle avait com-mencé», écrit Swisscanto dans soncommentaire mensuel d’investis-sement. La récession et les mesu-res de soutien étatique ont conduità une redistribution massive desdettes privées vers les Etats. LaGrèce en a été l’une première vic-time. D’autres mauvaises nouvel-les devraient suivre en 2010, tanten provenance des marchés émer-gents (par exemple l’Ukraine,l’Argentine, Dubaï) que des mar-chés et des régions développés(par exemple des Etats améri-cains). «Nous allons tirer profitdes corrections du marché qui enrésulteront pour renforcer les po-sitions dans des emprunts d’en-treprise et des actions. Nous consi-dérons qu’une nouvelle fuite dansdes placements sûrs aux rende-ments historiquement bas est er-ronée», détaille Thomas Härter,responsable de la stratégie de pla-cement. En revanche, les emprunts d’en-treprise offrent toujours de bon-nes opportunités de placement.Comme les entreprises ont mas-sivement réduit leur base de coûts,elles n’ont besoin que d’une fai-ble croissance du chiffre d’affairepour développer leurs bénéficesen 2010. D’où une surpondéra-tion en actions. Swisscanto favo-rise les petites capitalisations et lestitres de substance, mais «nousidentifions néanmoins un certainpotentiel de rattrapage au niveaudes titres de grande capitalisation.Nous voyons une améliorationdes opportunités de cours au Ja-pon et en Amérique. Nous main-tenons toujours une légère sur-pondération dans les marchésémergents. De manière générale,nous privilégions les domaines cy-cliques comme l’énergie, l’infor-matique, les médias au détrimentdes entreprises plus défensives dusecteur des services aux collecti-vités et du secteur des télécommu-nications.»

PICTET: dette émergenteLa perception des investisseurss’est modifiée avec l’abandon desscénarios catastrophes, estime laBanque Pictet dans sa Lettre Obli-gataire. Le marché délaisse les em-prunts gouvernementaux assortisde rémunérations peu attractives,vu les inquiétudes suscitées par legonflement des dettes publiques.Le retour de l’appétit au risque audétriment des Treasuries a favo-risé une vive correction, «entraî-nant un redressement marqué duprofil des structures de taux. Lerendement à dix ans des bons duTrésor américain est ainsi passéde 2,05% à fin 2008 à 3,94% enjuin 2009, soit une hausse de prèsde 200 points de base.» Face au risque conjoncturel per-sistant, les banques centrales de-vraient toutefois maintenir lestaux au plancher jusqu’à l’au-tomne. Tout juste resserreront-ilsprogressivement les mesures dequantitative easing. En Suisse, «lesrendements obligataires devraientcontinuer d’évoluer aux alentoursdes niveaux actuels, fluctuant augré des chiffres publiés.» Les meil-leures opportunités se situent au-jourd’hui dans la dette émergente,avec des perspectives jugées «bon-nes» par Pictet. «Nous anticiponsune reprise du marché dans uncontexte d’afflux de fonds persis-tants.»

Elles ont atteint 82,5 milliards de livresen 2009. Une progressionde 16% par rapport à 2008.

Les levées de fonds à la Bourse deLondres ont atteint 82,5 milliardsde livres (91 milliards d’euros) en2009, une augmentation de 16%par rapport à 2008, et un record,grâce aux nombreuses augmen-tations de capital auxquelles onteu recours les entreprises poursurmonter la crise.Le London Stock Exchange (LSE)se félicite dans ce communiqué denombreuses introductions enBourse secondaires: ainsi le 27 juil-let, le groupe sidérurgique indienTata Steel a levé 500 millions dedollars, la plus grosse offre de cer-tificats nominatifs indiens jamaisréalisée. De même, en juillet, lacompagnie d’eau russe RusHydro,ou la compagnie de télécommu-nications Virgin Media, ont rejointla Bourse de Londres.Mais ces levées de fonds géantesont globalement des sources tota-lement opposées à celles qui pré-valaient en 2006 ou 2007, enplein boum de l’économie.Ainsi, en 2007, il y avait eu 87 in-troductions en Bourse sur le pre-mier marché, qui avaient permisde lever 20,45 milliards de livres,tandis que les autres sources(comme les augmentations de ca-pital) avaient totalisé 9,525 mil-

liards de livres. Cette année, il n’ya eu que 7 introductions enBourse sur le premier marché,pour un total de 1,052 milliard delivres, tandis que les autres sour-ces ont permis de lever 76,143milliards de livres.Sur le marché alternatif (AIM), ily a eu 11 introductions en Bourse,permettant de lever 598 millionsde livres, et 4,592 milliards de li-vres sont venus d’autres sources.Les grandes banques ont levé beau-coup d’argent en 2008, commeHSBC qui a lancé une augmen-tation de capital de 12,5 milliardsde livres et Lloyds Banking Groupde 13,5 milliards de livres, un re-cord mondial. Lourdement endettéaprès l’achat d’Alcan, le groupe mi-nier Rio Tinto a levé pour sa part7,3 milliards de livres.Tracey Pierce, responsable despremiers marchés du LSE, a es-timé dans le communiqué que«bien qu’il n’y ait aucune certitudesur le calendrier des nouvelles in-troductions, le nombre des entre-prises cherchant à s’introduire en2010 est prometteur, avec des so-ciétés venant d’un grand nombrede pays et de secteurs».�

Record de levées de fonds sur le LSE

LLOYDS BANKING

GROUP A LANCÉ

UNE AUGMENTATION

DE CAPITAL DE 13,5MILLIARDS DE LIVRES.UN RECORD MONDIAL.

Quatreinvestisseursprêts à suivrel’IPO de RusalLe premier producteur mondiald’aluminium, le russe Rusal, s’estassuré la participation de quatreinvestisseurs clés à son introduc-tion en Bourse (IPO) prévue àHong Kong, pour un montant dedeux milliards de dollars améri-cains, a-t-on appris de source pro-che du dossier. Ces investisseurssont le magnat des médias sino-malais Robert Kuok, le fonds spé-culatif new-yorkais Paulson &Co., Nathaniel Rothschild, des-cendant de la célèbre famille debanquiers européens, et la ban-que publique russe Vnesheko-nombank (VEB), a déclaré àl’AFP cette source sous couvertd’anonymat, confirmant une in-formation de l’agence financièreDown Jones Newswires (DJ).Robert Kuok est le fondateur dugroupe éponyme qui dirige l’en-treprise immobilière cotée àHong Kong Kerry Properties etpossède le quotidien anglophoneSouth China Morning Post. Legéant russe a sécurisé avec cesquatre investisseurs l’opérationd’introduction en Bourse prévuepour fin janvier, a ajouté la mêmesource. M. Rothschild est un amidu PDG de Rusal Oleg Deri-paska, selon DJ. Le fonds de ges-tion d’actifs Black Rock et le LosAngeles Capital Group examine-raient par ailleurs toujours l’ac-quisition d’actions Rusal, selonl’agence.�