« De l ’autre côté de l ’océan, à l ’aplomb du soleil, se trouve une île insolemment...

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« De l ’autre côté de l ’océan, à l ’aplomb du soleil,se trouve une île insolemment belle, la Martinique.Elle a de longues grèves dorées frissonnant au ryth-me du ressac, de minuscules anses noires coifféesde palmiers effilés, des collines verdoyantes ébou-riffées de canne à sucre, des pitons acérés qui dé-chirent le ciel de leurs cimes. Là-bas, un volcanassoupi garde la tête dans les nuages ; là-bas, desbourgs perdus dans la montagne cultivent une fausseparesse qui s ’appelle le temps de vivre. »

Pourtant, je ne vais pas vous parler de laMartinique folklorique, de la Martiniquetouristique, même si, dans mon émerveil-lement, je n ’échappe pas à certains clichés.Je veux simplement parler de la Martiniquedes Martiniquais, celle de l ’autre côté dumiroir, celle de tous les jours, en quelquesorte. Je n ’ai pas un regard de touriste oud ’ethnologue, mais simplement un regardd ’amitié...

Lors de son quatrième et dernier voyage, Christo-phe Colomb débarque à la Martinique le 15 juin1502. Pendant un siècle, la Martinique reste àl ’écart des grandes routes maritimes. D ’abordoctroyée à l ’Espagne, elle fut conquise par la Fran-ce en1674; Pendant la Guerre de 7 Ans, elle futperdue, et récupérée après échange contre le Cana-da. Mais, pendant la Révolution Française, ce sontles colons eux-mêmes qui ouvrent leur île auxanglais afin d ’échapper aux lois françaises d ’abo-lition de l ’esclavage.

Car l ’homme noir est acheté comme esclave. C ’est un « bien mobilier » dit le décret régissant l ’esclavage. Mais il faut reconnaîtreque ce même traité garantissait aux malheureux un certain nombre deprotections contre les abus des maîtres. L ’esclavage est aboli officiel-lement en 1815. Il avait été aboli une première fois, et instauré ànouveau par Napoléon Bonaparte...

Impossible enfin de ne pas parler de la terribleet destructrice éruption de la Montagne Pelée,qui détruit l ’opulente ville de Saint Pierre, ca-pitale des frivolités, « petit Paris des Antilles »,et tue près de 30 000 personnes avec sa nuéeardente. Seul survivant dans la ville, Cyparis,un ivrogne incarcéré dans un épais cachot, quifera figure de miraculé !

Ouf ! Voilà terminé l ’aperçupréliminaire, et je puis maintenantvous parler des martiniquais dansleur quotidien. Et ce qui frappe d ’abord, c ’estla joie de vivre, cette joie de vivreéclatante qui caractérise les martiniquaises.

Ne croyez pas que ce soit làcostume folklorique que l ’onsort pour les touristes !C ’est la tenue de fête, latenue pour être belle, toutsimplement !

Quatre siècles de métissageont donné naissance à unepopulation pleine decontrastes, et souvent detoute beauté.

La coquetterie ne perdjamais ses droits !

Et sous les rides creusées parle labeur et le soleil, la mêmejoie de vivre illumine le sourire des aînés.

Peut-être est-ce pour cela que le carnaval prend ici une telle ampleur ! C ’est la reine des fêtes, celle qui déclenche à sonapproche un déferlement d ’agitation, une cascade de prépa- ratifs, un chuchotement

ininterrompu de conseils, desecrets et de trahisons !A ce Carnaval, les écoles, lesparoisses, les mairies, lesquartiers, les associations,jouent leur orgueil. Et lesAntillais ne badinent pas avec l ’orgueil !!!Dès le mois de janvier, dès queles rois mages sont sortis deleur boîte, l ’ivresse sourd detoutes parts….

Autre institution incon-tournable, l ’apéritif,un rituel élevé à unart de vivre.

Quant aux délicieux accras de morue, si je vous en parle, c ’est pourvous rapporter ce que l ’on raconte : ils seraient nés dans l ’arrière cuisine d ’un planteur qui employait une normande, une africaineet une indienne. A défaut de pommes, la première utilisa le poissonde la seconde, et releva le plat avec des épices fournis par la troisième.

Les Martiniquais sonttrès fiers de la Bibliothèque Schoelcher, aussiemblématique pour Fort deFrance que la Tour Eiffell ’est pour Paris.Toutes deux datent de la même époque, celle de l ’apogée du fer.

« Longues girafesverticales », les cocotierstendent leur cou effilépour accrocher lesoleil.

Je regrette que la mau- vaise qualité de ma numérisation ne vouspermette pas d ’apercevoir laminuscule silhouette en jaune,devant le petit arbre quia poussé à l ’ombre de cegéant ! Cet arbre, dontj ’ignore le nom, m’a séduite,et cette image est ma préférée.

Sur ces plages magnifiques -sable jaune et mer turquoisesous un ciel bleu éclatant à peine pommelé de blanc - lefarniente prend des propor-tions…. Kilométriques !

Au bord des plages, desguinguettes de fortune,carbets ou roulottes,proposent aux baigneurssandwiches, poulet grillé,accras, et autres assiettesappétissantes !

On peut aussi acheter, unpeu partout, ces chapelets dequénettes, que l’on dégustecomme une friandise enflânant dans les rues.

Alors, d ’après vous,c ’est quoi ?

Ce sont des champs d ’ananas.J ’ai lu un jour cette bellephrase !« l ’agriculture, cettegéométrie de l ’espoir ! »Elle prend ici tout son sens.

Je vous repose la même question ? Non, je ne veux pas abuser.Ce sont des fougères arborescentes ! Ici vues d ’en haut...

…et ici vues « d ’en bas ». Ces fougères jouent les parasolsau-dessus des chemins forestiers soigneusement entretenuspar l ’O.N.F.

Hélas ! La visite est terminée… La chaleur dusoleil s ’affaiblit, la froidure de nos pays reprend ses droits… Adieu, pays de rêve !

Jacky Questel - Janvier 2004

Musique : Olle - Florian Bernard

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