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Vers un enseignement de qualité: Le facteur
linguistique
2ème Atelier de Développement des Capacités de l’Education en Afrique
“Leadership des pays pour une mise en œuvre réussie dans le cadre du partenariat EPT-FTI”
Tunis, TunisieLe 4 décembre 2007
Hassana Alidou, Ph.D.Professor International Teacher Education
TESOL and Cross-cultural StudiesAlliant International University, San Diego California
hassanatou@yahoo.com or halidou@alliant.edu
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Impact des changements des politiques et des programmes d’enseignement de Jomtien (1990) à Dakar (2000)
De Jomtien 1990 à Dakar 2000, nous avons observé que de : Nouvelles politiques Nouveaux programmes Nouveaux programmes d’enseignement (programme basé sur le résultat par
exemple)
…ont été promus en Afrique.
Malgré ces changements, les écoles africaines ne sont pas parvenues à améliorer leur capacité à assurer un enseignement de qualité à tous les enfants (voir rapports pays du GMR (depuis 1990-2000) )
Pourquoi les enfants des écoles primaires et secondaires africaines ne parviennent-ils pas à profiter pleinement de ces changements de politiques, de programmes et de programmes d’enseignement ?
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Cadre de définition du succès ou de la qualité de l’enseignement: Perspectives pédagogiques
Dépend des caractéristiques du programme
Mesuré par la performance des étudiants
Influencé par des facteurs contextuels
Préparation de l’enseignant
Développement de la langue et de l’alphabétisation
Caractéristiques des étudiants
Curriculum Résultats académiques
Caractéristiques scolaires
Instruction Intégration socioculturelle des étudiants
Rôle de la famille
Évaluation Facteurs conjoncturels (perspective historique)
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Enseignement de qualité : Communication et
alphabétisation efficaces Il existe chez les apprenants une forte corrélation
entre les résultats positifs de l’apprentissage et les résultats académiques lies à l’alphabétisation .
Dans les classes africaines, le développement de l’alphabétisation est entravé par de sérieux problèmes de communication entre les enseignants et les élèves :
- Les enseignants et les enfants ne comprennent pas bien les langues officielles
- Les enfants s’efforcent d’acquérir les connaissances dans des langues qu’ils ne comprennent pas
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Multilinguisme: Une ressource, et non un
problème Le multilinguisme est une norme : Avec environ 2011
langues et 1/3 des langues du monde, l’Afrique est un continent multilingue et multiculturel (Bamgbose, 2006)
Le multilinguisme est une ressource : en général, les individus ou groupe de personnes de différents groupes ethniques utilisent des langues très variées pour la communication sein des groupes ou entre les groupes
Langues transfrontalières et langue franque (Kiswahili, Hausa, Jula, Fulfulde, etc.) sont considérablement utilisées comme moyen courant de communication par des millions de personnes venant de pays qui partagent les mêmes frontières politiques.
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Multilinguisme en Afrique
Multilinguisme en Inde
Multilinguisme en Europe
Multilinguisme en tant que ressource : Marché, enseignement des adultes, écoles primaires non formelles, parlement local, maisons et communautés
Multilinguisme en tant que ressource : tous les domaines politiques, socioéconomiques et culturels
Multilinguisme en tant que problème (états nations) avant l’intégration européenne : écoles formelles Communauté et intégration de nouveaux immigrants
Multilinguisme en tant que problème (état nation): Enseignement primaire-tertiaire formels. Administration
Modèle d’enseignement trilingue
Multilinguisme en tant que ressource (identité européenne et intégration économique) : enseignement bi/multilingue
Multilinguisme: Une ressource, et non un
problème
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Les langues africaines sont-elles assez développées pour être utilisées comme
langue d’enseignement?
Il existe aujourd’hui l’expertise et le savoir-faire technique pour développer les langues africaines.
Les langues ne se développent pas elles-mêmes. C’est à travers un usage réel que les langues développent un vocabulaire technique et scientifique spécial.
Exemple : Le Kiswahili, une langue minoritaire a été promue comme langue officielle en Tanzanie. Il s’est développé comme langue d’enseignement, de littérature, des sciences, d’ émission internationale.
Les politiques d’enseignement des langues constituent un catalyseur pour le développement des langues africaines.
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Une éducation bilingue signifie-t-elle une absence de l’Anglais, du Français, du Portugais ou de
l’Espagnol ?
Les programmes bilingues les plus efficaces favorisent le bilinguisme additif. Par conséquent, ils visent à aider les étudiants à développer une forte compétence et une bonne connaissance linguistiques dans leur langue maternelle et dans les langues officielles (Français, Anglais, Espagnol ou Portugais).
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Histoire de l’utilisation des langues africaines dans l’enseignement
(Tableau adapté de Bamgbose, 2006)
Pays ayant systématiquement promu l’utilisation des langues africaines
Pays n’ayant pas encore systématiquement promu l’utilisation des langues africaines dans les écoles officielles. Ils sont en phase expérimentale
Pays ayant une double politique de langue dans les écoles primaires formelles
Botswana, Gambie, Ghana, Kenya, Lesotho, Malawi, Nigeria, Tanzanie, Ouganda, Zambie, Zimbabwe
Bénin, Burkina Faso, Mali, Maurice, Niger, Rép. du Congo, Sénégal, Togo
Cameroun, Seychelles, Namibie, Somalie, Maurice,Madagascar, Comores
Burundi, République Démocratique du Congo, Rwanda
Angola, Cape Vert, Guinée Bissau, Mozambique, Sao Tome et Principe
Éthiopie
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Modèles de transition
Modèles de maintenance
Amérique U.S.A (Californie et partout)
U.S.A (École communautaire de Rock Point, Arizona)
Asie La plupart des pays asiatiques
Inde
Afrique Pays anglophones,Rwanda, Burundi, République Démocratique du CongoNiger, Zambie
Éthiopie, Burkina Faso,
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Enseignement bilingue : concepts importants
Bilinguisme additif
Le bilinguisme additif est développé à travers un enseignement efficace dans deux langues. Un tel enseignement mène à un plein développement linguistique et de l’alphabétisation dans la langue maternelle et dans la deuxième langue.
Bilinguisme soustractif
Dans les programmes bilingues traditionnels inefficaces, les langues maternelles des enfants sont retirées des programmes d’enseignement après 1 à 3 années. Ceci conduit à un développement inadéquat de la langue et de l’alphabétisation dans la langue maternelle et dans la deuxième langue
Alphabétisation académique
Langue et écriture spécifiques à toutes les matières au programme (connaissance mathématique, raisonnement et langue, raisonnement scientifique, écriture, études sociales)
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Étude comparative des programmes bilingues en Afrique
Programmes bilingues efficaces Programmes bilingues pas si efficaces :
Bilinguisme additif et alphabétisation académique dans les première et deuxième langues
Modèles de transition qui promeut l’abandon précoces favorisant le bilinguisme soustractif et une faible performance en matière d’alphabétisation dans les première et deuxième langues
Usage des langues africaines comme Ld’E : 5-6 ans ensemble avec les langues officielles)
Usage des langues africaines comme Ld’E : 1-3 ans avec une rapide transition vers l’instruction dans les langues européennes
Écoles Bilingues (Burkina Faso)
Éthiopie
Projet de 6 ans d’Ife
La plupart des pays africains (Écoles Satellites du Burkina Faso) ; Rwanda)
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Comparaison des programmes de transition et de maintenance
en Afrique : Burkina Faso
École Satellite: Modèle bilingue de transition de
L1= Langue d’enseignementNiveau 1-Niveau 3
Français= Langue d’enseignement.Pas de L1 comme Langue d’enseignement ou comme matière
Moins de 30% réussissent (du Niveau 6 au Niveau 7) après 6 années d’enseignement
Ecole bilingue: Modèle de bilinguisme de maintenance
L1= Langue d’enseignement Niveau 1-Niveau 5
et le Français= Langue d’enseignement Niveau 4-Niveau 5
70% à 85% de taux de réussite après 5 années d’enseignement
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Avantages de l’enseignement bilingue
Des résultats plus grands en matière d’apprentissage qui se reflètent par de faibles taux de répétition. Les faibles taux de répétition à leur tour réduisent le coût de la scolarité.
Par conséquent, l’enseignement bilingue se justifie puisqu’il accroît les résultats de l’apprentissage et améliore l’efficacité. Ce résultat compense la différentielle des coûts occasionnés par l’enseignement bilingue
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Avantages de l’enseignement bilingue :
Mali
Selon Penelope Bender (1995), au Mali, à la fin du cycle primaire, le taux de réussite entre 1994 et 2000 pour les enfants ayant reçu une formation dans les écoles bilingues était de 32 % supérieur à celui des enfants des écoles officielles conventionnelles et qui utilisaient exclusivement le Français comme Langue d’enseignement.
Par conséquent, plus de 60 % des élèves des écoles bilingues réussissaient à la fin du primaire et seulement environ 30 % des élèves des écoles traditionnelles pouvaient réussir à la fin de l’examen du primaire. Le taux de réussite était deux fois plus élevé pour les écoles bilingues.
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Q= quetzal (monnaie du Guatemala, 1 Q= 13 $ US, 1$ US = 7.57 Q)
Source : Note de Dissémination du HCO, Banque mondiale
N°. 60, 23 octobre 1995
PRONEBI (écoles bilingues)
Guatemala
Écoles traditionnelles
Guatemala
Coûts unitaire annuels 246 Q
(32,46 $U.S.)
235 Q
(31,01 $U.S.)
Nombre d’étudiants indigènes
96,194 653,413
Nombre de redoublants
(1*3)
24,049
(25 %)
307,104
(47 %)
Coût total de redoublement
(2*4)
5,892,005Q
(777,515 $US)
72,169,440 Q
(9,523,547 $US)
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Les élèves des écoles bilingues enregistrent de plus forts taux de fréquentation et de promotion, et de plus faibles taux de redoublement et d’abandon.
Les élèves bilingues reçoivent de plus fortes notes dans toutes les matières, y compris dans la maîtrise de l’Espagnol.
L’enseignement bilingue au Guatemala représente un investissement public efficient. Ceci est confirmé par un exercice approximatif de coût-bénéfice. Un passage à une scolarité bilingue au Guatemala entraînerait une importante épargne des coûts comme conséquence de la réduction de la répétition (redoublement).
Avantages de l’enseignement bilingue :
Guatemala
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Avantages de l’enseignement bilingue : Burkina Faso
(Taux de réussite au Certificat de fin d’études primaires (Paul Taryam, Bamako 2007))
Année Écoles bilingues(Programme de 5 ans)
Écoles traditionnelles(Programme de 6 ans)
1998 52,83 48,6
2002 85,02 62,9
2003 68,21 70,1
2004 94,59 73,73
2005 91,14 69,01
2006 77,19 69,91
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Avantages de l’enseignement bilingue :
Burkina Faso(Taux de réussite au Certificat de fin d’études primaires (Paul Taryam, Bamako 2007))
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De la langue maternelle vers un enseignement total et entier en Anglais ou en Français : quand faut-il faire le changement?
Une instruction efficace dans la langue maternelle (L1) : au moins 4 à 6 ans ensemble avec un enseignement efficace des langues officielles comme discipline.
Il faut 5 à 7 ans d’enseignement et d’apprentissage efficaces dans la seconde langue (L2) avant que les enfants ne développent un niveau requis et une alphabétisation académique adéquate dans la seconde langue (Cummins, 1989 et études ultérieures)
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Quelle Langue d’Enseignement pour les mathématiques et les
sciences?
Une mauvaise aptitude linguistique entrave le développement cognitif et académique.
Il faudrait promouvoir l’enseignement des mathématiques et des sciences en L2 lorsque les étudiants maitrisent bien cette langue à un niveau académique.
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Langue dans tout le Curriculum
“L’apprentissage de la langue n’a pas lieu uniquement dans des matières spécifiques définies et réservées de manière explicite.
L’apprentissage de la langue a lieu aussi dans chaque activité mentale dans tout le programme d’enseignement, consciemment ou non.
L’enseignement de la langue à l’école est par essence l’enseignement de la langue dans tout le programme d’enseignement.”
(Raymond Camelleri, 2006)
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Usage des langues africaines pour promouvoir un enseignement de qualité : Qu’est-ce que cela implique? (1)
1. Aborder les problèmes de politiques relatifs au choix des langues d’enseignement dans les contextes multilingues
2. Mobilisation sociale et recherche de consensus (en vue de sensibiliser, de rechercher le consensus et du soutien à l’enseignement bilingue) e.g., Burkina Faso, Mali, Éthiopie, Niger, Zambie)
3. Choisir des modèles efficaces d’enseignement bilingue: Viser le développement d’un bilinguisme additif (langues africaines et langues européennes) et la connaissance académique dans les langues utilisées comme Langue d’enseignement, e.g., Burkina Faso, Éthiopie)
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3. Un soutien technique et financier adéquats pour la mise en œuvre des politiques Le soutien de 9 ans assuré au Niger par GTZ pour le
programme d’enseignement bilingue ; Le soutien de 6 ans assuré par DFID pour le programme de
lecture primaire en Zambie;
4. Développement d’une formation efficace à l’intention des enseignants (formation initiale formation en cours d’emploi des enseignants) Intégration du programme élargi de l’abrégé de l’EB dans les
programmes de formation des enseignants (formation initiale formation en cours d’emploi des enseignants)
Former tous les enseignants en vue d’un enseignement de la lecture, de l’écriture et de l’alphabétisation dans les 1re et 2e langues ainsi que dans toutes les matières au programme (Exemple : Programme scolaire de six ans d’IFE au Nigeria)
Usage des langues africaines pour promouvoir un enseignement de qualité : Qu’est-ce que cela implique? (2)
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Usage des langues africaines pour promouvoir un enseignement de qualité : Qu’est-ce que cela implique? (3)
5. Intégrer les politiques d’enseignement des langues dans une macro politique en matière d’éducation
Intégration des modèles et programmes d’enseignement bilingue au sein des structures du ME (développement des capacités des planificateurs de l’éducation au ME, création au ME d’une divisions ou d’un groupe de travail dont la mission est de mettre en œuvre les politiques)
Les réformes du programme devraient prendre en compte le support de l’instruction, l’usage des langues maternelles et officielles (Exemple : Burkina Faso, Mali, Éthiopie, Zambie)
Développement des capacités des fonctionnaires du Ministère de l’Éducation (Planification, mise en œuvre et évaluation à grande échelle de l’enseignement bilingue)
6. Recrutement et déploiement d’enseignements multilingues Élaboration des cartes sociolinguistiques des pays Recrutement d’enseignants multilingues Déploiement des enseignants suivant les besoins pédagogiques et
linguistiques des districts scolaires.
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Usage des langues africaines pour promouvoir un enseignement de qualité : Qu’est-ce que cela implique? (4)
7. Élaboration de programmes et fourniture de manuels et de documents de lecture de qualité dans toutes les langues
Révision du programme national de cours Production d’un matériel didactique et de document de
lecture pertinents et qui répondent au contexte dans les langues africaines et européennes (Alidou, 2005 ; Kathleen Heugh & Al. 2006)
Promotion d’un manuel efficace et d’une politique efficace en matière de livre en Afrique (revoir les politiques d’appel d’offre en ce qui concerne la production de livres en Afrique : la Namibie et l’Éthiopie ont les meilleurs pratiques)
8. Promouvoir des réseaux nationaux et régionaux Le Burkina Faso, le Mali et le Niger ont développé de
puissants réseaux et des opportunités de renforcement des capacités pour les spécialistes des programmes bilingues et les compagnies d’édition avec le soutien de InWent, la GTZ et maintenant celui de l’UNESCO et de l’OIF
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Usage des langues africaines pour promouvoir un enseignement de qualité : Qu’est-ce que cela implique? (5)
9. Marketing social et communication Les résultats des réformes de l’enseignement
devraient être régulièrement communiqués aux décideurs et à la population
Implication des médias locaux, régionaux et nationaux (écrits et audiovisuels)
10. Coût-bénéfice de l’enseignement de qualité Coût socioculturel et politique Coût économiqueExemple : Burkina Faso, Éthiopie
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Rôle des donateurs
Les donateurs devraient-ils activement encourager des politiques efficaces de langue ?
En vue d’améliorer l’enseignement de qualité, les décideurs devraient s’occuper sérieusement des questions relatives à la langue d’enseignement, étant donné qu’il est impossible de mettre en œuvre de façon efficace tout programme d’enseignement si la langue d’enseignement constitue une barrière à l’apprentissage.
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