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Association amicale des anciens
élèves du lycée Montesquieu
LETTRE D’INFORMATION N° 53 – 1er JANVIER 2017
Le découpage de l’année scolaire par Didier BÉOUTIS, président de l’association amicale
De nos jours, le découpage de l’année scolaire obéit à un rythme régulier entre périodes d’activité et périodes de
congés : sept semaines de classe, deux semaines de repos. Ainsi, le calendrier de l’année scolaire est-il le suivant :
rentrée le 1er septembre ; sept semaines de classes jusqu’au 19 octobre ; deux semaines de « vacances de la
Toussaint du 19 octobre au 2 novembre ; sept semaines de classes du 3 novembre au 17 décembre; deux semaines
de « vacances de Noël »; du 17 décembre au 2 janvier ; puis, selon les « zones géographiques, cinq (3 janvier au 4
février), six (3 janvier au 11 février) ou sept (3 janvier au 18 février) semaines de cours; deux semaines de
« vacances d’hiver » ; à nouveau sept semaines de cours, avant les « vacances de printemps » fixées, selon les
zones, du 1er au 17 avril, du 8 au 22 avril ou du 15 avril au 1
er mai). Ensuite une nouvelle « longue » période avant
la fin des cours, le 8 juillet. Les trois zones géographiques applicables, selon les Académies, lors des vacances
d’hiver et de printemps, se justifient pour éviter les encombrements routiers et étaler la période touristique. Le
calendrier de travail reste tourné autour des trois trimestres, le travail de chacun de ces trimestres étant sanctionné
par la réunion du conseil de classe.
Il n’en a pas toujours été ainsi. Sous la Monarchie et l’Empire, existait une longue période de vacances, située de
la mi-août à la mi-octobre, correspondant aux activités rurales d’une France majoritairement agricole (la
fenaison ; la moisson ; les vendanges). La rentrée avait lieu traditionnellement le 18 octobre, jour de la Saint-Luc.
Le rythme scolaire, visiblement semestriel, se faisait à Pâques, date médiane entre la mi-octobre et la mi-août.
Puis, sous la IIIème République, la période des « grandes vacances » a été avancée de plusieurs semaines : la
rentrée avait lieu le 1er octobre et la sortie le 14 juillet, date traditionnelle de la distribution des prix. Pâques n’était
plus une date médiane adéquate. En raison de son caractère « mobile » -le Concile de Nicée de 325 a fixé Pâques
au « dimanche qui suit le 14ème
jour de la Lune qui atteint cet âge le 21 mars ou immédiatement après », cette fête
peut tomber de la fin mars à la fin d’avril. Afin de permettre un contrôle plus resserré des connaissances, il avait
été décidé de répartir l’année scolaire en trois trimestres, ponctués par Noël et Pâques : organisation autour de
compositions et de conseils de classes trimestriels. Pour éviter que des élèves ayant eu des bonnes notes jusqu’à
Pâques se laissent aller ensuite, et pour encourager le rattrapage d’élèves moins bien notés, il avait été décidé que
le troisième trimestre comptât double, sinon pour les moyennes de passage, du moins pour l’attribution des prix !
Mais le rythme des vacances n’était pas régulier : deux semaines à Pâques, date médiane de ces vacances ; une
semaine et demi à Noël, deux jours à la Toussaint, trois jours aux « Jours gras » précédant l’entrée en Carême… et
surtout un deuxième ou un troisième trimestre variable en fonction de la fixation de Pâques. En 1965, Pâques
tombant le 18 avril et le troisième trimestre étant réduit à deux mois, les premières compositions du 3ème
trimestre
(orthographe, rédaction) avaient été fixées… en fin de 2ème
trimestre !
Le développement du tourisme des sports d’hiver, les impératifs de la circulation routière, puis la prise en compte
des nécessités de rythmer la vie scolaire allaient conduire progressivement au calendrier équilibré que nous
connaissons maintenant. La suppression, décidée en 1969, des cours le samedi après-midi, allait conduire à un
rééquilibrage de la semaine par le passage, en 1972, du jeudi au mercredi, de la journée de repos de la mi-
semaine. Enfin, les vacances de Pâques étaient changées en vacances de printemps, permettant le rééquilibrage
des 2ème
et 3ème
trimestres. L’allongement des vacances de Toussaint, d’hiver et de printemps allait se faire par
réduction des vacances d’été, limitées maintenant à deux mois.
L’équipe de l’Amicale des anciens élèves du lycée
Montesquieu adresse ses vœux les plus chaleureux à
tous les anciens, en leur donnant rendez-vous, le samedi
21 janvier, à 11h, pour partager la galette des rois.
Comme la ligne de tramway, le lycée conduit jusqu’à Université !
LA VIE DE L’ASSOCIATION
Adhésion: Patrice Brion, au lycée de 1958 (2de) à 1962 (Math’Sup’)
Cérémonie interconfessionnelle et spirituelle pour la paix, puis dévoilement des plaques en mémoire
de Roger Bouvet et Paul Marchal, vendredi 11 novembre
Comme les années précédentes, le cortège officiel des cérémonies du 11 novembre, désormais intitulée Journée
d’hommage à tous les morts pour la France, s’est arrêté à la chapelle de l’Oratoire, à 11h, pour la désormais
traditionnelle cérémonie interconfessionnelle et spirituelle pour la paix. À cette occasion, les représentants de
différentes églises et ordres maçonniques manceaux ont pu délivrer leurs messages pour la paix, entrecoupés de
chants. Notre président Didier Béoutis a évoqué le lycée, ses professeurs et élèves dans l’effort de guerre durant
l’année 1916. Il a été ensuite procédé, par Mme la Préfète et M. le Maire du Mans, au dévoilement des deux
plaques en mémoire de Roger Bouvet et Paul Marchal, rénovées par les soins de notre amicale. Une occasion de
rappeler à la communauté lycéenne le dévouement et le sacrifice de deux professeurs de Première, résistants,
arrêtés, déportés dans des camps de travail nazis où ils sont morts. Cette cérémonie de dévoilement des plaques
rénovées intervenait soixante-dix ans après l’inauguration initiale des plaques, en mai 1946, en présence du
proviseur Jules Bréant et du préfet de l’époque, Georges Briand.
Photo de gauche : Didier Béoutis donne lecture de l’histoire du lycée en 1916 – Photo de droite : après le dévoilement des
plaques, de g. à dr : Jean Lamare, vice-président de l’Amicale ; accompagnée de sa petite fille, Kathleen Marchal ; Jean-
Claude Boulard, sénateur-maire du Mans ; Corinne Orzechowski, préfète de la Sarthe ; Didier Béoutis ; Christelle
Morançais, vice-présidente du Conseil régional ; un arrière-petit-fils de Roger Bouvet ; Claude Jean, adjoint au maire du
Mans, vice-président de l’Amicale ; Alain Bouvet, petit-fils de Roger Bouvet ; Hervé Gateau, proviseur du lycée.
Déjeuner des adhérents franciliens de l’Amicale, samedi 19 novembre, avec Philippe Fragu Le traditionnel banquet de la section d’Île-de-France de notre amicale a eu lieu, comme les années précédentes, au
restaurant Le Relais-Odéon, au 132, boulevard Saint-Germain, le samedi 19 novembre. Notre invité d’honneur a
été notre camarade Philippe Fragu, élève du petit, puis du grand lycée de 1947 à 1959. Docteur en médecine,
Philippe Fragu a fait une grande partie de sa carrière comme cardiologue au service de médecine nucléaire de
l’Institut Gustave Roussy, à Villejuif, où il s’est spécialisé dans le traitement des cancers de la glande thyroïde.
Notre invité a évoqué ses années de lycée, puis sa carrière médicale et hospitalière, puis a ouvert le débat, faisant
de cette rencontre un excellent moment, marqué par la présence de nouveaux convives.
Photo de gauche : Philippe Fragu ; Didier Béoutis ; Edwige Avice qui accompagnait son mari Étienne, André Vivet - Photo
de droite : une partie de l’assistance, avec Roland Grard ; Jacques Renoux ; François Marzorati ; Geneviève Cimaz-
Martineau ; Patrick Le Buzullier ; Mme Fragu.
Rencontre avec Philippe Bouquet, ancien élève et ancien professeur au lycée, le 23 novembre
Philippe Bouquet était, le mercredi 23 novembre, l’invité de l’Amicale, où il a pu évoquer son parcours
universitaire « atypique ». Élève (1947-1954), puis professeur agrégé d’anglais (1962-1967) dans notre lycée,
Philippe Bouquet y serait sans doute resté très longtemps, si son ancien professeur de langues scandinaves à la
faculté de Caen ne lui avait proposé un poste d’assistant dans cette discipline. Tout en restant résider au Mans,
Philippe Bouquet consacrera le reste de sa carrière à l’enseignement des langues et de la civilisation scandinave à
la faculté de Caen, y étant nommé sur une chaire de professeur après avoir soutenu une thèse sur L’individu et la
société dans les œuvres des romanciers prolétariens suédois 1910-1960. Depuis plus de quarante ans, Philippe
Bouquet traduit, en langue française, pour différents éditeurs, des romans écrits en suédois (plus de 150 à ce jour),
oeuvrant ainsi pour la diffusion en France de la littérature suédoise, notamment des « romans prolétariens ».
Galette des rois, samedi 21 janvier 2017, à 11 heures, dans la salle du fonds ancien
Notre traditionnelle cérémonie de vœux, aura lieu, sous la forme de la « galette des rois », le samedi 21 janvier, à
11h, dans la salle du fonds ancien du lycée. Tous les adhérents et leurs familles sont bien chaleureusement conviés
à ce rendez-vous amical.
LA VIE DU LYCÉE
Séance du conseil d’administration, 7 novembre 2016
Afin de mutualiser certains enseignements optionnels, le conseil d’administration a autorisé le proviseur à signer
des conventions avec d’autres lycées du Mans (avec le lycée Bellevue : option « spé Maths » pour les élèves de
Terminale littéraire ; avec le lycée Gabriel Touchard : options Arabe et Langue des signes ; avec le lycée
Yourcenar : options cinéma audiovisuel (CIAV) et histoire des arts (HIDA) ; avec le lycée Funay-Hélène
Boucher : cours donnés aux élèves allophones.
Journées « portes ouvertes » pour les entrées au lycée et en classes préparatoires
Comme les années précédentes, le lycée organise deux journées « portes ouvertes » d’information. Celle des
classes préparatoires est fixée au samedi 4 février, de 9h à 16h ; celle de l’entrée en Seconde aura lieu le samedi
18 mars, de 9h à 12h.
DES NOUVELLES DES ANCIENS
Représentations théâtrales : L’Acthalia en Russie du 17 au 27 octobre
Dans le cadre du jumelage entre Le Mans et Rostov-sur-le-Don, Philippe Corbé, directeur de la compagnie
théâtrale mancelle L’Acthalia et Evelyne Perlinski, comédienne, ont été invités, du 17 au 27 octobre, à se produire
en Russie pour jouer, à quatre reprises (Rostov, Tagnarog et Nijni Novgorod), la pièce à acteur unique d’Éric-
Emmanuel Schmitt, Oscar et la Dame rose. Rappelons que L’Acthalia doit beaucoup à la famille Couasnon, ayant
été créée en 1991 et longtemps été dirigée par Olivier Couasnon, jusqu’à son décès en 2012, et se produisant
toujours, dans le Vieux-Mans, dans la cave de la maison de notre ancien président Jean-Paul Couasnon.
Claude Jean, comédien au théâtre Scarron, dans Les assassins de la charbonnière
Passionné de théâtre, Claude Jean, adjoint au maire du Mans chargé de la vie scolaire et vice-président de notre
amicale, s’est produit -avec le talent de comédien qu’on lui connaît- au théâtre Le Scarron, place des Jacobins, du
18 au 21 décembre, dans la comédie d’Eugène Labiche, Les assassins de la charbonnière ou L’affaire de la rue de
Lourcine, une satire de la petite bourgeoisie du Second Empire.
Nécrologie : Roger Gauthier (1936-2016), maître d’internat de 1956 à 1962
Roger Gauthier, qui fut maître d’internat au lycée de 1956 à 1962 -bien connu des pensionnaires qui l’avaient
surnommé Roger’s- est décédé le 26 octobre dernier, à l’âge de 80 ans. Il avait fait toute sa carrière dans
l’Éducation nationale et avait été décoré des Palmes académiques. Installé à Volnay, commune proche de
Bouloire, il y présidait la Société libre de pêche. Après une cérémonie en sa mémoire au gymnase de Volnay, le
29 octobre, il a été inhumé au cimetière municipal.
Association amicale des anciens élèves du lycée Montesquieu, 1, rue Montesquieu, 72008 LE MANS Cedex 1
Président : Didier BÉOUTIS; Vice-Présidents : Claude JEAN et Jean LAMARE ;
secrétaire-archiviste : André VIVET; secrétaire-adjoint : Jean-Pierre ROUZÉ ; trésorier : François BARTHOMEUF. Directeur de la publication : Didier BÉOUTIS
Nécrologie : Richard Martineau (1945-2016), agrégé d’anglais, directeur régional des affaires
culturelles, en Auvergne, puis en Nord/Pas de Calais
Richard Martineau, né au Mans le 15 février 1945, était le benjamin d’une famille de trois
enfants, sa sœur Geneviève étant l’aînée, et Philippe le cadet. Le père était directeur de
l’usine Neyret (production textile), et a toujours assuré une certaine aisance à sa famille. Sa
mère, au foyer, a donné à ses enfants une éducation à la fois ferme et joyeuse, qui a
fortement contribué à leur réussite. Photo ci-contre : en 1962 (classe de Lettres Sup’)
Richard a vécu une enfance heureuse, partagée entre la maison du Mans et la résidence
secondaire de Fercé-sur-Sarthe, à 23 kilomètres, charmant petit village dominant la vallée
de la Sarthe, où les Martineau passaient les week-ends et les vacances scolaires, et où il
avait gardé de nombreux amis, comme sa sœur qui, elle, y a repris la maison de famille.
Comme sa sœur et son frère, il a fait les classes du primaire dans une école religieuse toute proche de la maison -
l’école des Mûriers-, puis le secondaire au lycée de garçons du Mans. Très tôt, ses parents l’ont envoyé en
Angleterre et en Allemagne, pour qu’il mette en pratique ses connaissances linguistiques.
Excellent élève comme sa sœur aînée, il a fait hypokhâgne au lycée Montesquieu en 1962-63, et intégré l’École
normale supérieure de Saint-Cloud en 1966, quand sa sœur était Sévrienne. Tous les deux étaient linguistes, elle
en allemand, lui en anglais, l’autre frère s’étant orienté vers des études d’ingénieur, à l’INSA de Lyon.
De 1967 à 1969, Richard a été lecteur à l’Université de Brighton, où il a rédigé, pour la B.B.C., une méthode
d’apprentissage du français qui remporta un grand succès. Il a co-écrit un livre sur la phonétique du français et fait
de la recherche sur La Commune, de 1970 à 1971, en 5ème
année de Saint-Cloud. Il se marie, en 1970, à Earling, à
une jeune Anglaise, Patricia. Ils auront trois fils, Sébastien, Emmanuel, Nicolas.
Agrégé d’anglais, de septembre 1971 à juillet 1973, il fera la coopération en Tunisie, comme professeur d’anglais
au lycée Carnot de Tunis. À son retour, il enseigna au lycée Sud du Mans, de septembre 1973 à septembre 1988.
Passionné de culture, il saisissait toutes les occasions d’ouvrir ses élèves au cinéma, au théâtre, aux échanges avec
l'étranger.
C'est tout naturellement donc, après une formation aux affaires étrangères, qu'il devient Directeur de la Délégation
culturelle française à Manchester, d’octobre 1988 à janvier 1993. Le Ministère de la Culture lui propose alors un
poste de Directeur régional des Affaires culturelles, et il est nommé à Clermont-Ferrand, DRAC d’Auvergne. Il
exerce cette fonction, de 1993 à 1998.
En raison de la richesse culturelle du Nord-Pas-de-Calais, il pose sa candidature au poste de DRAC du Nord-Pas-
de-Calais, où il est nommé, en 1998, à Lille, où vit déjà son frère. Il a eu à intervenir sur des dossiers pour
lesquels il s’est passionné : Lille Capitale européenne de la Culture en 2004, l’achat, par l’État, de la Villa
Cavrois, et le Louvre à Lens. Décoré de la Légion d’Honneur et du Mérite
civil, il était aussi chevalier des Arts et Lettres, et s’était vu attribuer les
Palmes académiques.
À la retraite, en 2006, il a regagné Le Mans, où il possédait une belle maison
qui lui permettait de recevoir ses fils Sébastien, Emmanuel, Nicolas, et ses
petits-fils Tristan et Louis, et d’abriter sa bibliothèque. Au retour dans sa ville
natale, il a renoué très naturellement des relations avec d'anciens élèves qui
avaient gardé de
lui un excellent souvenir. Il a conservé en outre des activités pour la DRAC
de Nantes et pour la Fondation du Patrimoine. Richard Martineau, alors DRAC
Bien qu’il fût le plus jeune de la fratrie et en bonne santé jusqu’au début de
l’année, Richard a été soustrait à notre affection le 30 septembre 2016.
Hommage rédigé par Philippe Martineau et Geneviève Martineau-Cimaz (novembre 2016)
BULLETIN D’ADHÉSION À L’ASSOCIATION DES ANCIENS ÉLÈVES DU LYCÉE « MONTESQUIEU »
Nom : Prénom : Dates de présence au lycée :
Adresse : Téléphone : Courriel :
J’adhère à l’association des anciens élèves et règle ma cotisation :
. étudiant et moins de 25 ans : 8 € ; membre actif : 15 € bienfaiteur : 75 €, associé : montant au choix
Je fais un don de…… Signature : ………………….
À adresser SVP à M. André VIVET, 7, rue de Sicile, 72000 LE MANS
Nécrologie : Henri Salmon (1922-2016), professeur de mathématiques de 1962 à 1983
Né le 22 avril 1922 à Pluduno (Côtes du Nord), Henri Salmon, après des études de
mathématiques à la faculté de Paris et l’obtention du C.A.P.E.S, était venu au Mans, affecté à
l’École militaire préparatoire technique (E.M.P.T). En 1962, il était muté au lycée de garçons,
où, devenu agrégé, il enseigna dans les grandes classes, jusqu’en 1983, date de son départ en
retraite. Reconnaissable à une chevelure claire abondante, Henri Salmon, d’un abord un peu
réservé devant la classe, se montrait à l’écoute de chaque élève, cherchant à répondre à ses
questions et l’encourageant dans son travail. C’est un très bon professeur des années 60-70 qui
nous a quittés. Henri Salmon en 1967
Message d’au revoir à Henri SALMON, professeur de mathématique au lycée,
prononcé par Jean Paul ANGEVIN, le 10 juin 1983, lors de sa cérémonie de départ en retraite
Sur quel ton convient-il, cher collègue, au nom de tous tes amis ici présents, de te congédier après trente-cinq et
quelques années bien remplies ? Sur le ton doctrinal ou doctrinaire, pour le seul plaisir pédant d’étaler ici un peu
de mathématique, devant ceux qui n’en font pas leur pain quotidien ? Non, restez chers collègues, j’en dirai peu,
je ne veux pas vous faire fuir !
Sur le ton de l’admiration et d’une vibrante émotion ? Et je parodierais le poète, des larmes dans la voix : « Un
seul être vous manque et ... tout est chamboulé ! » Sur le ton d’une irrévérencieuse familiarité, comme ce petit
que j’entendais, un jour, sur la plage: « Allez ! Va te reposer dans ton fauteuil, grand-père, je vais te le finir, ton
château de sable ! »
Ai-je le droit d’être familier ? Bien que, l’un et l’autre, fils de paysans, égarés par miracle
dans des études secondaires, à la découverte du latin et du grec... et d’un peu de
mathématiques au pluriel, nous n’avons pas, pour autant, gardé les vaches ensemble. Tout
au plus avons-nous usé nos braies sur les bancs de la même Faculté des sciences à Rennes,
la capitale bretonne. Les mêmes maîtres nous y ont révélé un peu de leurs secrets : de la
géométrie analytique avec M. Vasilesco, de la mécanique rationnelle avec Mlle
Charpentier. Et, surtout de l’analyse avec M. Antoine; revenu aveugle et défiguré des
tranchées de 14, celui-ci trouvait encore le moyen à l’âge qui est aujourd’hui le nôtre, de
nous épater par l’usage pourtant impossible du tableau et par les étonnantes performances
de sa mémoire. (photo ci-contre : J-P. Angevin en 1967)
Mais, ce n’est qu’en septembre 1961 que j’ai découvert l’aîné vénérable et chaleureux que
fut, à mes yeux, Henri Salmon : je revenais de 12 mois de service militaire en Algérie, et il
m’en restait encore 18 à faire, dont l’essentiel dans cette E.M.P.T, aujourd’hui collège militaire en perdition, où tu
officiais depuis quelques années déjà. Je t’ai, en revanche, précédé, à Montesquieu, de quelques années, et me
voilà bien dépité de te voir en repartir avant moi.
Si j’ose quelques familiarités, c’est vous le voyez, chers collègues, que j’ai quelques excuses et qu’il fallait bien
garnir à bon compte mes propos. Le registre de l'émotion, ou celui de l'admiration, tu n’aimes pas cela. Tu m’as
fait jurer ce matin encore de ne pas te faire pleurer en public : alors je resterai donc, sur ce terrain, très au-dessous
de ce qu’attendaient ici quelques-uns des tes collègues. Mais surtout, n’ayant pas été ton élève, où irais-je
chercher mes motifs de louange ? Il me manque de t’avoir vu et entendu à l’œuvre, décortiquant quelques
transformations de l’espace affine, quelques épineux problèmes -sans caractère politique- de continuité à droite et
de discontinuité à gauche, ou quelques conditions suffisantes, mais absolument pas nécessaires, de convergence
ou d’intégrabilité. Je me garderai donc d’être plus longtemps laudatif: la reconnaissance que te gardent tes anciens
élèves prouve assez que tu fus un pédagogue au-dessus de tout soupçon (…)
Toi, depuis des années, tu as plongé quotidiennement pour soutenir des têtes en danger d’être noyées. Mais ... tu
ne vas plus le faire, alors qu’Archimède, lui, n’est toujours pas en retraite. Bienaymé et Tchebychev étaient
passés maîtres dans l’art de conjurer les risques, toi, tu as tenu jusqu’au bout du possible, ne ménageant aucun
effort pour transmettre un peu de ce savoir venu de si loin (…) Aurai-je le front de te dire, pour te rendre jaloux,
que j’aurai, dit-on, la retraite à 55 ans ? Je ne veux pas le laisser croire, car je ne suis pas, aujourd’hui, moins
que jamais, de ceux qui pensent que, demain, on rasera gratis. À propos de rasoir, sais-tu ce qu’est le barbier du
village ? C’est celui qui rase ceux qui ne se rasent pas eux-mêmes. Mais alors qui rase le barbier ? Il se rase lui-
même dîtes-vous. Mais non, puisqu’il rase ceux qui ne se rasent pas eux-mêmes. Alors, tu vois, cher collègue, il
reste encore quelques bonnes définitions à fignoler et ta contribution nous serait bien utile. Tu as donc tort de nous
lâcher si tôt ! Veuille voir, cher ami, en ces derniers mots, notre regret de te voir quitter, non pas le navire, mais
notre chantier. Et vous, amis et collègues pardonnez-moi. C’était à moi, paraît-il, ce soir, d’être le barbier du
village !
(Nous remercions vivement M. Jean-Paul Angevin, professeur de mathématiques au lycée de 1962 à 1995 de nous
avoir autorisés à reproduire ces extraits de son discours de juin 1983. Le texte complet sera inséré sur notre site)
Les concerts du Mans – Association A.D.O.RA.M.U.S
Ancien élève du lycée Montesquieu et devenu un chef d’orchestre de réputation internationale, Dominique Fanal
est resté attaché à la Ville du Mans où il se produit régulièrement, avec l’orchestre des Concerts du Mans, sous
l’égide de l’association A.D.O.R.A.M.U.S. Le concert donné, le 4 décembre, en la chapelle de l’Oratoire du
lycée, sous le titre Symphonie de Noël, avec notamment Symphonie des jouets (Léopold Mozart) ; Une nuit sur le
Mont-Chauve (Moussorgsky) et L’enfant et la rose (Pierre Wissmer) était de très haute tenue. Les prochains
concerts sont les suivants :
. dimanche 29 janvier, à 17h, à la chapelle de l’Oratoire : Aux chandelles, avec interprétation de compositions de
Vivaldi ; Telemann ; Hindemith ; Pierre Uga ; Haydn (à la clarinette, Anne-Lise Clément ; à l’alto, Brigitte Vay ;
au basson, Hebri Roman) ;
. dimanche 5 mars, à 17h, au Théâtre des Quinconces: Boléro, avec interprétation de compositions de Mozart (Les
Noces de Figaro) ; Beethoven (Concerto pour piano n°5); Pierre Wissmer (Concerto pour piano n°3) ; Maurice
Ravel (Bolero) - au piano, Georges Pludermacher. Tout renseignement sur le site www.dominiquefanal.fr
Publication: «La Vie mancelle & sarthoise» n° 448 (novembre-décembre 2016) ; 6,50 €
Dans son numéro 448, daté de novembre-décembre 2016, La Vie mancelle & sarthoise, dirigée par Daniel
Levoyer et Philippe Landais, présente régulièrement des articles rédigés par des
anciens élèves du lycée, ou portant sur le lycée. Didier Béoutis évoque Jules
Hervé-Mathé (1868-1953), peintre néo-impressionniste manceau et professeur de
dessin. Remarquable peintre de scènes du Vieux-Mans, de paysages de campagne
et de marines, Hervé-Mathé a marqué notre lycée, où il a été le professeur de
dessin de 1899 à 1933, tout en dirigeant et en développant l’École municipale
d’art appliqué Albert Maignan. Jean-Pierre Guyard présente Le Musée-
Bibliothèque de Saint-Calais, riche d’œuvres de donateurs comme Charles
Garnier ou, pour la botanique et l’ornithologie, l’abbé Élie Cottereau. De la Croix
d’or à la Chasse royale, tel est le titre du dossier dans lequel Jean-Pierre
Delaperrelle présente ce quartier du Mans et son évolution. Roger Crétois évoque,
dans trois articles, Pierre Delaroche (1899-1972), un curé aux talents multiples,
en poste à La Flèche, enseignant, mais aussi graveur sur bois de talent ; Le square
Abbé Paul Bidault, situé à l’angle de la rue des pompes et de la rue de la rivière,
inauguré en septembre 2015 par le maire du Mans, à la mémoire du prêtre
résistant déporté, qui avait, au fil des années, amassé une belle collection d’objets
en fer-blanc, qui ont constitué le musée national de la ferblanterie, à Saint-Arcons d’Allier (Haute-Loire) ; et les
Innovations avec le conseil des sages de la Ville du Mans.
Des nouvelles des archives et du site http://montesquieu.lemans.free.fr
Du côté du site de photos et d’archives, tenu par André Vivet : http://montesquieu.lemans.free.fr :
- 2 photos du stand tenu par l'Amicale des anciens lors du Salon du livre (8/9 octobre 2016)
http://montesquieu.lemans.free.fr/salonduliv/bmalbum.htm
- L'Amicale des anciens a fait restaurer les plaques commémoratives des professeurs Bouvet et Marchal par
les établissements Duluard. Quelques photos des travaux.
http://montesquieu.lemans.free.fr/restaurati/bmalbum.htm
- Le texte lu par les enfants de Georges Guitton lors de ses obsèques le 24 octobre 2016
http://montesquieu.lemans.free.fr/elevesoup1/georgesguitton.pdf
- Photos et documents des commémorations du 11 novembre 2016 au lycée.
http://montesquieu.lemans.free.fr/vendredi11/bmalbum.htm
- Quelques photos du repas de la section parisienne (samedi 19 novembre 2016)
http://montesquieu.lemans.free.fr/repasdela1/bmalbum.htm
- 3 photos de la causerie avec Philippe Bouquet, ancien professeur d'anglais.
http://montesquieu.lemans.free.fr/causerieav/bmalbum.htm
- Un lien pour écouter l'émission de France Inter du 25 11 16 consacrée à François Maspero, ancien élève
https://www.franceinter.fr/emissions/affaires-sensibles/affaires-sensibles-25-novembre-2016
- Les souvenirs de Roland Grard ont été enrichis
http://montesquieu.lemans.free.fr/elevesoupr/rolandgrard.pdf
Suite à la dissolution de l’Association des anciennes élèves de Berthelot-Bellevue, notre amicale a hérité de
leurs archives. Celles-ci sont maintenant dans la bibliothèque et n’attendent plus que leur classification
et/ou numérisation.
JEAN AUDOUY (1910-1997), ÉLÈVE (1922-1929), PUIS PROFESSEUR
DE LETTRES AU LYCÉE (1938-1973) : UN ENSEIGNANT D’EXCEPTION ! par Didier Béoutis
Après avoir publié, dans notre numéro 51, daté de septembre dernier, la notice de Pierre-Émile Audouy, qui fut
professeur de 8ème
puis de 7ème
au lycée pendant onze ans, nous évoquons la figure de son fils, Jean dont la vie
s’est presque confondue avec notre établissement, puisqu’il y a passé quarante-deux ans et demi (sept comme
élève, trente-cinq ans et demi comme professeur de lettres classiques) et qu’il y a laissé le meilleur souvenir d’un
homme de bien, doublé d’un excellent pédagogue.
Né à Pontvallain le 5 juin 1910, fils unique d’Émile Audouy et de son épouse Alice Lefeuvre, Jean-Armand
Audouy (Armand en hommage à son grand-père maternel) fit ses études primaires dans la classe de son père à
l’école de Guécélard. L’anecdote du « calcul mental » telle que l’a racontée Lucien Chasseguet (cf notice sur
Émile Audouy dans notre lettre n°51) montre que, dans cette matière, le jeune Jean était plus fort non seulement
que ses camarades, mais aussi que son père !
Un excellent élève du lycée du Mans
Âgé de douze ans, Jean Audouy, en octobre 1922, commença ses études secondaires au lycée de garçons du
Mans, comme pensionnaire en classe de 6ème
classique. Restant pensionnaire même lorsque ses parents vinrent
s’installer au Mans en 1923, le jeune garçon effectua, jusqu’à l’obtention de son baccalauréat de Philosophie, en
1929, une excellente scolarité. Titulaire, chaque année, du
prix d’excellence de sa classe (à plusieurs reprises ex aequo
avec Émile Delatte (1912-1987), qui suivit ensuite ses
Jean Audouy, en 1
ère (1927), puis Philo (1928)
parents à Aurillac, futur élève de l’École polytechnique, qui
fit ensuite carrière au ministère des finances, dans le secteur
du contrôle des assurances). Ainsi, en classe de 4ème
, Jean
Audouy obtient le premier prix en langue française, en
version latine, en langue grecque (ex aequo avec Delatte), le
deuxième prix en thème latin, en mathématiques, en histoire-géographie, le premier accessit en sciences
naturelles. Ces performances le conduisent à obtenir le prix d’étude, le prix du tableau d’honneur, et les
félicitations pour chacun des trois trimestres. Trois ans plus tard, en classe de Première, lorsqu’il fut l’élève de de
Roger Bouvet, Jean Audouy, lors de la distribution des prix de juillet 1928, fut crédité du prix d’excellence (ex
aequo avec André Boyer), du tableau d’honneur, du prix d’études, des premiers prix de thème latin, version
grecque, mathématiques, du deuxième prix de version latine, premier accessit de composition française, d’histoire
ancienne, d’histoire moderne et géographie, d’une mention de prix en lecture et récitation. La promotion était de
qualité, car, parmi ses camarades de Première, figuraient notamment, outre André Boyer, fondateur de l’Institut
technique des salaires ; Pierre Delon, Jacques Meyer et Roger Pineau, futurs médecins ; Robert Duhamel -fils du
professeur de 6ème
puis 5ème
-, futur officier ; Martial Couqueberg, fils du professeur d’histoire et géographie ;
Louis Plaud, futur ingénieur agricole ; Gilles Beaugeard, qui sera docteur en droit et conseil juridique ; Louis
Coutelle, futur inspecteur de l’enregistrement.
Après son baccalauréat, Jean Audouy entame des études supérieures de lettres classiques à la faculté des lettres de
Caen. Il obtient sa licence en 1933, et, tout en occupant un poste de maître d’internat au collège de Sillé-le-
Guillaume, de décembre 1933 à avril 1934, il prépare un diplôme d’études approfondies qu’il obtiendra en 1934.
Il reçoit sa première affectation comme professeur délégué au collège d’Argentan (Orne), en avril 1934, poste
qu’il occupera jusqu’en décembre 1937 -hormis l’année de service militaire, d’octobre 1936 à octobre 1937-.
Trente-cinq ans et demi professeur au lycée de garçons du Mans
En décembre 1937, Fernand Guibout, professeur de Sixième au lycée est muté, sur sa
demande, au lycée de Fort-de-France. Très désireux de revenir au Mans, Jean Audouy fait
acte de candidature sur ce poste, et y est accepté. Il commence donc son service en janvier
1938, comme professeur de Sixième. Il y retrouve son père, instituteur de 7ème
qui sera en
poste durant encore trois ans, et prend en charge les élèves que celui-ci avait eus l’année
précédentes. Jean Audouy, en 1941
C’est le cas notamment de Jacques Chaussumier qui, élève du père en 7ème
, fut celui du
fils en 6ème
! Commence donc une période de trente-cinq années continues d’enseignement
au lycée, si l’on excepte l’année scolaire 1939-40 où, comme plusieurs de ses collègues,
Jean Audouy sera mobilisé.
Alors que le père était un homme de tempérament bouillant, le fils, issu d’un Ariégeois et d’une Sarthoise, est
pourvu d’un caractère calme et patient. Ces qualités en font rapidement un excellent pédagogue, apprécié par sa
hiérarchie, ses collègues, ses élèves et les familles, et ceci, d’autant plus qu’il n’est pas
homme d’intrigue, ne se plaignant jamais, ne sollicitant aucune prébende, paraissant
heureux de son sort. Dès octobre 1941, Jean Audouy se voit confier la chaire de Troisième
(français, latin, grec) qu’il conservera pendant 32 ans, jusqu’à son départ en retraite, en
juillet 1973. Son service sera complété, dans les premières années, par la classe de Sixième
moderne, par une classe de Quatrième, puis, par la suite, par la classe de Première
scientifique (français et latin), parfois aussi par une classe terminale. M. Audouy aura donc
eu pour tâche de préparer aux examens de français et de latin de la première partie du
baccalauréat -jusqu’en 1963, dernière année d’existence du « premier bac »-, puis à
l’épreuve anticipée de français au baccalauréat, établie en 1970.
Photo : Jean Audouy en 1947
Conférence sur Marivaux, le 19 novembre 1951, à l’occasion du centième anniversaire du lycée
Comme en 1901 (50ème
anniversaire du lycée) et en 1926 (75ème
anniversaire du lycée et 50ème
anniversaire de
l’amicale), le 100ème
anniversaire de la création du lycée a donné lieu à un programme de festivités, dont une
conférence sur un sujet littéraire. En 1901, le professeur de Première, Léon Beck, avait évoqué Jean Richepin ; en
1926, le professeur de Première Roger Bouvet avait fait une conférence sur Beaumarchais avant la présentation du
Barbier de Séville. En 1951, c’est à Jean Audouy qu’était confié le soin d’évoquer Marivaux, en prélude à la
représentation, par des acteurs de la Comédie française, du Jeu de l’amour et du hasard. Après avoir rendu
hommage à son ancien professeur Roger Bouvet, Jean Audouy allait évoquer de manière fine et intéressante, la
vie et l’œuvre de Marivaux. On trouvera ci-dessous le début de son intervention.
Mesdames, Messieurs, chers camarades,
Le 12 décembre 1926, les anciens élèves du lycée du Mans célébraient le Cinquantenaire de leur association.
Pour terminer la fête avec éclat, de brillants artistes venus de Paris, de Marseille, de Lyon, de Bruxelles même,
avaient chanté un opéra de Rossini, Le Barbier de Séville. L’un de nos professeurs, M. Roger Bouvet, nous avait
d’abord peint avec humour la vie agitée de Beaumarchais et les joyeuses intrigues de l’intrépide Figaro. Hélas !
Celui dont les élèves de Première ont pu, pendant près de vingt ans, apprécier la science d’helléniste et de
latiniste, n’est plus. En voyant surgir sur les plages de sa province natale, au milieu même des vergers de sa chère
Normandie, les fortifications qui devaient s’opposer en vain à l’assaut libérateur, le jeune officier de 1918,
poussé par son ardent patriotisme, reprit à nouveau le combat, mais, cette fois, dans les luttes obscures de la
clandestinité. Il devait, vous le savez, trouver la mort dans un camp de concentration en Allemagne. Au moment
de lui succéder à cette place, à vingt-cinq ans d’intervalle, qu’il me soit permis, en évoquant avec émotion la
mémoire de M. Bouvet, de remplir, au nom de tous ceux qui furent ses disciples, un double devoir de
reconnaissance et d’amitié.
Nous avons, ce soir, le rare privilège d’accueillir la troupe officielle des Comédiens français. Cette présence,
nous la devons à l’un des anciens élèves du lycée, M. Pierre-Aimé Touchard, qui préside aux destinées de
l’illustre Compagnie. Issu d’une famille d’universitaires, qui, pendant plus d’un demi-siècle, ont rendu tant de
services à la jeunesse sarthoise, universitaire lui-même au début de sa carrière, il n’a pas oublié son vieux lycée,
et sa venue nous touche autant qu’elle nous réjouit. Après la représentation, il appartiendra à l’un de nos grands
anciens de faire part à M. l’administrateur de la Comédie française et aux artistes éminents qui l’ont
accompagné, de nos sentiments d’admiration et de gratitude. Réjouissons-nous dès maintenant de pouvoir, en les
recevant dans cette magnifique et vaste salle, leur offrir un cadre digne d’eux.
Une tradition, dont vous éprouvez en ce moment toute la rigueur, veut, qu’à mon tour, je joue le rôle de ce
personnage du Théâtre antique appelé Prologue, et qui était chargé de renseigner les spectateurs sur le sujet du
drame (…)
Un enseignant marquant
J’ai été l’élève de M. Audouy en 3ème
AB1, en français et latin, lors de l’année scolaire 1967-68, soit sept heures
par semaine, trois heures et demi en français, trois heures et demi en latin (en fait, quatre et trois heures de chaque
matière, avec une alternance au deuxième semestre ; « au second semestre, on renversera la vapeur », nous avait
dit notre professeur, lors de la première leçon). Son service de grec ancien était de trois heures, si bien que les six
élèves qui suivaient cette matière voyaient M. Audouy pendant dix heures par semaine. Mais on le se lassait pas
de M. Audouy, qui, alors âgé de 57 ans, était toujours en pleine possession de son art d’enseigner (il le restera
d’ailleurs jusqu’à la fin de sa carrière).
M. Audouy, avec sa classe de 3
ème AB1 à l’automne de 1956
De taille moyenne -1m67-, un peu enveloppé, marqué par une calvitie qu’il cachait par des mèches ramenées, de
chaque côté, sur le crâne, et par le port d’un chapeau, habillé d’un costume sombre, sur chemise et cravate, parlant
d’une voix grave ponctuée d’un léger accent rural sarthois (et non ariégeois) qui lui faisait rouler les « r »,
d’aspect « notable » mais simple d’abord, Jean Audouy dégageait à la fois une gentillesse et une autorité
naturelles qui en faisait un enseignant apprécié.
Ses cours avaient lieu dans les salles du premier étage de part et d’autre du grand escalier de bois. Il avait obtenu
que nous l’attendions dans la cour des marronniers, le long du réfectoire le plus proche de l’escalier. Venant de la
salle des professeurs, M. Audouy nous conduisait, en rangs, par l’escalier et en silence, vers notre salle de cours.
Nous placions nos manteaux sur les patères au fond de la salle de classe, prenions place à l’invitation du
professeur, et le cours commençait.
Les cours de français de Monsieur Audouy
Les cours de français commençaient par les interrogations orales d’élèves, sur l’estrade (récitation d’extraits de
vers ou de proses appris par cœur, et, une fois par semaine, de la leçon de grammaire française). Penché sur son
répertoire, M. Audouy annonçait : « Monsieur.. » puis lâchait un nom. On pouvait, aussi, solliciter d’être interrogé
en levant la main. Un jour, notre professeur avait appelé un élève qui n’avait pas levé la main, mais qui avait
récité sa leçon de façon parfaite. En lui attribuant la très bonne note qu’il méritait, M. Audouy lui demanda s’il
n’était pas originaire de Toulouse. « Heu ! Non, Monsieur »… Le professeur lui répliqua : « Pourtant, la timide
violette…»
M. Audouy faisait d’excellentes explications des auteurs classiques (au programme de la classe de Troisième, Les
Femmes savantes, de Molière; Horace, de Corneille ; Iphigénie, de Racine, non terminé à cause de la fermeture
du lycée pendant les évènements de mai-juin 1968 -mais j’avais tout de même lu la fin de la tragédie, curieux de
savoir si Iphigénie allait échapper au bûcher, et rassuré après la lecture.) Dans Les Femmes savantes, celles-ci
s’extasient sur un mauvais poème de Trissotin, en trouvant très fine l’expression -pourtant inélégante- Quoi qu’on
die (Ah, que ce « quoi qu’on die » est d’un goût admirable (…) De « quoi qu’on die » aussi, mon cœur est
amoureux…) Je me souviens de M. Audouy nous disant, en roulant les « r » ; « Ce Quoi qu’on die, c’est lourd,
c’est rocailleux… » Dans Horace, Curiace interpelle Horace en justifiant le choix de Rome sur les trois frères :
Ainsi Rome n’a point séparé son estime/ Elle eût cru faire ailleurs un choix illégitime/ Cette superbe ville, en vos
frères et vous/ Trouve les trois guerriers qu’elle préfère à tous. Notre professeur nous avait fait apprendre la tirade
par cœur, en nous recommandant de respecter un court silence entre faire et ailleurs, afin d’éviter une allusion
inutile, même si la pièce peut se résumer à une histoire de ferraille…
J’avais, à ce propos, beaucoup apprécié une dissertation que M. Audouy nous avait donnée à faire sur les qualités
de Curiace, qui n’en manquait pas. Il nous avait aussi initiés à Châteaubriand en nous faisant étudier le passage
des Martyrs concernant Velléda, la druidesse celte qui, à la fin du IIIème siècle après J-C, excitait les guerriers
gaulois à s’affranchir de la domination romaine. Dans l’extrait du portrait de Velléda que notre professeur nous
avait fait apprendre par cœur, il y avait ces phrases délicieuses , propres à faire
rêver des adolescents: « Sa taille était haute ; une tunique noire, courte et sans
manches, servait à peine de voile à sa nudité (…) La blancheur de ses bras et de
son teint, ses yeux bleus, ses lèvres de rose, ses longs cheveux blonds qui flottaient
épars, annonçaient la fille des Gaulois, et contrastaient, par leur douceur, avec sa
démarche fière et sauvage. Elle chantait d’une voix mélodieuse des paroles
terribles, et son sein découvert s’abaissait et s’élevait comme l’écume des flots. »
Chateaubriand donne à Velléda une fin tragique : partagée entre son amour du
romain christianisé Eudore et ses devoirs de prêtresse celte ennemie des Romains,
elle se frappe mortellement à l’aide de sa faucille d’or. En tout état de cause, M.
Audouy avait réussi à faire partager à ses élèves l’attachement qu’il portait au
personnage de Velléda ! Photo : Statue de Velléda (1844), par Hippolyte Maindron, jardin du Luxembourg à Paris
M. Audouy appréciait les Caractères de La Bruyère qu’il nous faisait connaître à
travers des dictées (Arrias a tout lu ; Diphile, le collectionneur d’oiseaux ;
l’amateur de tulipes), et de façon générale, les portraits courts (Monsieur le juge-
mage Simon, dans Les Confessions de Rousseau). Il nous avait fait aussi apprendre,
par cœur, Le meunier, son fils et l’âne (La Fontaine) et le Cor (Vigny), cher, peut-
être, à ses origines pyrénéennes.
Jean Audouy était aussi un solide grammairien, expliquant, de façon claire, aux
élèves de Troisième qui ne les connaissaient pas encore bien, les règles des analyses
grammaticale et logique. Les deux heures de leçons de grammaire avaient lieu le
samedi après-midi : grammaire française, de 14h à 15h ; grammaire latine, de 15h à
16h. Ce samedi, M. Audouy nous dictait les préparations à faire, les devoirs à rendre et les leçons à apprendre
pour la semaine à venir.
Deux observations, tout de même : les copies étaient parfois remises, corrigées, avec retard ; l’histoire de la
littérature du Moyen-Âge, qui était au programme ne passionnait visiblement pas M. Audouy, puisqu’il faisait
lire, par un élève à chaque cours, les textes et les explications du manuel de la collection Lagarde et Michard, se
contentant d’observations courtes.
De par ses origines ariégeoises, Jean Audouy aimait les compétitions sportives du sud-ouest, comme la
tauromachie, le rugby. Il suivait aussi le Tour de France cycliste, et nous avait expliqué l’origine de la curieuse
expression « partir sur les chapeaux de roues ». L’une des dissertations qu’il nous avait fait faire, en fin d’année,
portait sur le thème du sport. Comme un certain nombre de ses collègues de l’époque, M. Audouy feignait
d’ignorer le brevet de fin de Troisième (l’actuel « brevet des collèges » qui, à l’époque, s’appelait « brevet
d’études du premier cycle »), auquel tous les élèves s’inscrivaient cependant (et dont il était correcteur !) La
finalité des études au lycée, pour le proviseur comme les enseignants était le baccalauréat, à la préparation duquel
les enseignements de Troisième contribuaient. D’ailleurs, les conseils de classes étaient réunis avant que ne
fussent connus les résultats du B.E.P.C.
M. Audouy notait de façon plus généreuse que ses collègues enseignants de lettres classiques (à la composition de
latin du troisième trimestre de la 3ème
, notre camarade Bernard Boët avait été classé le premier avec une note de
… 20/20 !, inenvisageable pour cette matière à cette époque). Il est vrai que M. Audouy était pourvu d’éminentes
qualités d’« entraîneur » d’élèves, forçant le respect. Pas un début de chahut ! Les bavards remis rapidement à
leurs places par le truchement du Qu’est-ce à dirre ! Je n’ai retrouvé ces qualités qu’avec deux autres enseignants :
MM. Brisset (anglais) et Dupont (mathématiques). Cela prouve que la qualité d’un enseignement dépend
davantage de la personnalité du professeur que de la matière elle-même.
Les cours de latin de Monsieur Audouy
Les cours de latin de M. Audouy étaient conduits sur le même modèle que ceux de français. L’heure de cours
commençait par des interrogations orales d’élèves sur la récitation de textes latins à apprendre par cœur, et, une
fois par semaine, par celle de la leçon de grammaire.
MM. Berger (Quatrième), Audouy et Cardera (Troisième) étaient, à mon époque, les seuls enseignants du lycée à
faire pratiquer la récitation latine. La composition trimestrielle de récitation résultait donc la moyenne de deux
récitations orales, une en français, une en latin. M. Audouy tenait à ce que la composition de récitation -épreuve
considérée comme mineure, car ne comptant pas pour la moyenne des notes prises en compte pour le passage en
classe supérieure-, ne soit pas escamotée: J’attache de l’importance à la composition de récitation. Tout élève,
quel qu’il soit, qui ne la préparerait pas sérieusement, se verrait privé, du tableau d’honneur… Je n’ai pas connu
d’élèves ayant escamoté cette composition.
Comme en français, Jean Audouy était un solide grammairien en latin, expliquant avec une grande clarté les
règles grammaticales et aussi celles de la prosodie, avec l’alternance entre le dactyle et le spondée.
Je pourrais réciter encore, à peu près par cœur, du moins le début du portrait -flatteur-, par l’historien romain
Salluste, dans son Bellum Jugurtinum, de Jugurtha, le roi des Numides, qui se battit vaillamment contre les
troupes du consul romain Marius et qui mourut emprisonné, à Rome, en 104 avant J-C : Qui, ubi primum adolevit,
pollens viribus, decora facie, sed multo maxime ingenio validus, sed ne luxu neque inertiae corrumpendum
dedit…
M. Audouy nous avait donné à traduire un extrait du Discours contre Verrès de Cicéron, dans lequel celui-ci
raconte comment le propréteur de Sicile, auteur de nombreuses exactions, avait fait arrêter plusieurs de ses
capitaines : Iste Verres inflammatus scelere, furore, crudelitate… (Ce Verrès, enflammé par le crime, la fureur, la
cruauté…)
Problème : comment exprimer en français « iste », adjectif démonstratif à sens péjoratif. Après avoir hésité à
traduire par Ce mauvais Verrès, je me suis contenté de traduire « Ce » Verrès, les guillemets étant censés marquer
le caractère péjoratif… Lors de la correction de la version, M. Audouy nous a indiqué que, pour bien maintenir les
sens latin, il ne fallait pas hésiter à accoler à « ce » un adjectif péjoratif : Cette crrapule, cette frripouille de
Verrès ! Je me suis amusé à entendre mon professeur prononcer cette phrase qui ne manquait pas de « r »...
Après l’interrogation de plusieurs élèves sur la récitation latine, on passait à la traduction du texte qui était à
préparer, à la maison. M. Audouy, pour ce faire, interrogeait un élève, qui, depuis sa table de travail, devait lire
phrase par phrase, le texte latin et la traduction en français. Comme la grande majorité des professeurs de latin de
cette époque, M. Audouy était très opposé à l’utilisation des traductions que l’on pouvait trouver dans le
commerce. L’occasion lui fut donnée, au cours du premier trimestre, de confondre un élève qui avait utilisé une
traduction. L’élève interrogé commence à lire et traduire la première phrase de son texte. J’observe le professeur
qui fronce les sourcils… Lors de traduction de la deuxième phrase, M. Audouy interpelle l’élève : « Monsieur L,
pourquoi avez-vous employé cette expression ? » « Heu, c’est le contexte… » Ayant « ferré le poisson », M.
Audouy se lève de sa chaise, et, debout sur l’estrade, lance à l’élève : « Je ne sais pas si c’est le texte ou le
contexte, mais, ce que je sais, c’est que vous avez utilisé une traduction ! » « Heu… » « Quelle traduction avez-
vous utilisée ? « Les Beaux Auteurs de l’Antiquité, Monsieur.. . »! S’adressant à toute la classe, M. Audouy nous
recommanda fermement de nous abstenir de recourir aux traductions, sous peine de voir baisser rapidement notre
niveau de latin…
L’élève confondu n’avait pas eu de chance, s’étant visiblement contenté de recopier, à la va-vite, une traduction
littéraire qu’il avait dû trouver dans la bibliothèque familiale. Si, au lieu de recopier la traduction des Beaux
Auteurs de l’Antiquité, il avait utilisé, comme d’autres élèves, la traduction, scolaire au mot-à-mot, des éditions
Hatier, il n’aurait pas été pris comme un vulgaire fraudeur... Cet élève aura sa revanche, plus tard, non pas en
latin, mais en français, car, devenu professeur de lettres modernes, il sera l’auteur d’ouvrages de linguistique
française… Dans les souvenirs de lycéen qu’il rédigea par la suite, il qualifie M. Audouy de « vieil homme
tranquille », ce qui est assez bien vu (pour un lycéen de treize ans, un homme qui frôle la soixantaine est
naturellement un vieil homme…) Certains élèves surnommaient M. Audouy « Tonton ».
La veille d’une composition de version latine, M. Audouy nous demandait d’apporter Les lettres latines, le Pernot
et le Gaffiot. Les Lettres latines, c’était le gros recueil de textes latins, sélectionnés par les professeurs Morisset et
Thévenot ; le Gaffiot, c’était le dictionnaire latin-français rédigé par Félix Gaffiot ; quant au Pernot, loin d’être un
vin anisé, c’était un recueil de versions latines, choisies par le professeur Marcel Pernot.
Les Lettres latines, le Gaffiot, le Pernot, trois ouvrages utiles pour l’apprentissage du latin avec M. Audouy
Des expressions de langage et aphorismes
M. Audouy avait des expressions de langage et aphorismes qu’il aimait bien dire, dès que l’occasion se présentait,
pour amuser les élèves. J’ai ainsi relevé les expressions suivantes, suivies de leurs origines :
L’heure, c’est l’heure ! Avant l’heure, c’est pas l’heure ; après l’heure, c’est plus l’heure ! (emprunté au
chansonnier montmartrois Jules Jouy 1855-1897) ;
Hors du travail, point de salut ! (j’ai trouvé la citation la plus ancienne de cette expression dans un ouvrage publié
le 15 juillet 1848, sous le titre De la question du travail ou solution proposée par un travailleur sans ouvrage, par
Louis Laty, entrepreneur d’usines à gaz au chômage) ;
Les hellénistes distingués (expression assez couramment employée dans les milieux universitaires) ;
Vous pataugez dans les marécages de l’erreur (emprunté à l’humoriste Alphonse Allais 1854-1905) ;
Vox clamantis in deserto (paroles de Saint Jean-Baptiste, rapportées par plusieurs évangélistes) ;
Autant en emporte le vent (traduction française de Gone with the wind, roman de l’Américaine Margaret Mitchell
paru en 1936, qui donna lieu à un film à succès réalisé par Victor Fleming, en 1939 que M. Audouy avait dû lire
ou visionné, comme tous les jeunes gens de sa génération) ;
Quand les portes dorées de la Seconde s’ouvriront devant vous (sans doute inspiré de Quand l’aurore entrouvrira
les portes dorées de l’Orient dans Les aventures de Télémaque, fils d’Ulysse, de Fénelon) ;
Qu’est-ce à dire ? (inédit) ;
Il fut un temps où j’aurais sévi ! Mais… (inédit, l’expression « il fut un temps où » étant couramment employée).
Qu’est-ce à dirre ? (avec l’accent) ! Jean Audouy avait une méthode de discipline qui consistant à interpeller
l’élève qui bavardait, en lui demandant de répéter tout haut ce qu’il était en train de dire tout bas à son voisin :
« Qu’est-ce à dirre, Monsieur X » ; « Heu non, rien, Monsieur ! » « Mais si, faites profiter la classe de votre
propos ! » « Non, ce n‘est pas intéressant …»« Alors, si ce n’est pas intéressant, abstenez-vous de parler et suivez
le cours ! » Notre professeur avait ainsi l’art de faire sourire la classe, au détriment de l’élève bavard. La
discipline était totale dans la classe de Troisième de M. Audouy, non pas par crainte du professeur, mais par
sympathie pour lui et par l’intérêt qu’il nous faisait partager de son enseignement. En une année scolaire de sept
heures hebdomadaires, je n’ai jamais vu M. Audouy se mettre en colère, prendre une seule sanction pour
discipline (heure de retenue, devoir supplémentaire, exclusion de la classe, sanctions souvent pratiquées par ses
collègues). Il se contentait de dire Il fut un temps où j’aurais sévi ! Avait-il réellement sévi dans le temps qu’il
évoquait ? Si ! Le professeur de médecine François Grémy nous avait indiqué que, alors élève de Terminale en
juin 1945, il avait été puni par M. Audouy qui l’avait surpris avoir écrit un mot grossier sur un tableau noir. Sans
doute une double faute pour M. Audouy : s’être écarté du langage châtié, de mise pour un élève du lycée ; et, par
la même, avoir insulté le lycée…
J’avoue avoir un jour provoqué, un jour, le Qu’est-ce à dire de M. Audouy pour dire à la classe un bon mot en
rapport avec le cours…
Au début de l’année scolaire, M. Audouy avait instauré un système de sanctions pour les livres ou cahiers oubliés.
Il notait, sur son répertoire, les oublis. Un troisième oubli devait déclencher une sanction. Je doute qu’il ait émis
une seule sanction à ce sujet, chacun faisant attention de mettre dans son cartable manuels et cahiers, surtout après
un deuxième oubli...
La remise de la croix de chevalier dans l’ordre du Mérite, le 28 avril 1966
Les services rendus au lycée par Jean Audouy allaient, conduire le proviseur Pierre Girard à solliciter, pour son
enseignant, l’attribution de la croix de chevalier dans l’ordre national du Mérite, une distinction de création
récente, puisque instituée en décembre 1963 par le général De Gaulle. La remise solennelle, par le proviseur
Pierre Girard, eut lieu le jeudi 28 avril 1966, dans la salle des Actes du lycée, et fut rapportée par la presse locale.
M. Girard évoqua les qualités du récipiendaire en disant notamment : « M. Audouy est le type même de professeur
capable d’enseigner dans toutes les classes avec une belle et égale réussite ». Quant à Fernand Letessier, il avoua
l’admiration qu’il portait aux qualités pédagogiques de son collègue, par ces mots : « Vous avez toujours su
conserver une constance, une sérénité, une régularité de rythme qui nous confondent ; votre solidité, votre
rondeur, votre égalité d’âme doivent ressusciter, je le suppose, les vertus essentielles des Oratoriens, nos illustres
prédécesseurs en ces murs bicentenaires ! » On trouvera ci-après l’hommage de M. Letessier, qui traduit bien
l’estime dont Jean Audouy faisait l’objet au lycée :
Allocution de Fernand Letessier
Mesdames, Messieurs, mes chers collègues, il est tout à fait exceptionnel que des professeurs ressentent le
moindre plaisir à se voir rassemblés un jeudi après-midi dans l’établissement qu’ils fréquentent le reste de la
semaine. Cela ne leur arrive guère qu’à l’occasion de quelque commission d’examen, et chacun, alors, est, in
petto, profondément marri !
Maine libre, 29 avril 1966 Pièce de monnaie représentant Jugurtha
Il n’en va pas de même en ce 28 avril 1966. En effet, si nous voici réunis, nous en sommes véritablement
heureux, puisque c’est devant une table généreusement pourvue de « harnois de gueule », et que le « symposium »
où vous êtes conviés n’a point pour objet de débattre une question aussi grave que l’établissement du barème de
correction de la dictée aux épreuves du B.E.P.C., mais de témoigner, à l’un d’entre nous -au plus souriant et au
plus aimable-notre affectueuse estime, au moment où il va recevoir, des mains de M. le Proviseur, la croix de
chevalier de l’ordre national du Mérite.
Mon cher ami, c’est un devoir bien agréable en vérité, pour le président de l’Amicale, de vous adresser ces
phrases toutes simples, mais dictées par la plus franche cordialité ; et, pour une fois, il ne se sent pas trop mal
qualifié d’avoir à prendre la parole.
Ne nous connaissons-nous pas de vieille date, ne faisons-nous même pas tous deux figure de doyens de présence
en cette maison où vous êtes entré en 1922, alors que j’y suis arrivé en 1923 ? J’ai été aussi, pendant quelques
semaines, en 7ème
où il suppléait l’austère M. Loyau, le disciple de votre père, et je me souviens encore des jours
passés avec lui et de son enseignement qui, comme le vôtre, alliait la bonne humeur et l’efficacité. Après avoir
accompli vos années d’écolier (on ne parlait pas encore d’étudiant à propos d’un potache !), en ce lycée dont vous
avez été un élève brillant, vous êtes allé à la faculté des lettres de Caen, où je devais passer quelque temps après
vous ; puis, ayant exercé brièvement hors des frontières de notre Sarthe natale, vous êtes revenu dans votre
établissement d’origine que -sauf au cours de la « drôle de guerre » et de la campagne de 1940- vous ne deviez
plus quitter. Et, depuis plus d’un quart de siècle déjà, nous n’avons pas cessé d’être collègues ici, -et j’ai vu
tomber vos cheveux comme vous avez vu grisonner les miens-, cependant que, parallèlement et de notre mieux,
nous nous efforcions d’enseigner, avec quelques autres choses, la grammaire aux enfants…
Ouest-France, 30 avril 1966 Jean Audouy, en 1963
Je ne vous cacherai pas que j’ai toujours éprouvé pour vous une secrète envie, qui tient véritablement de
l’admiration. Dans cette profession qui, parfois à bon nombre d’entre vous et à moi-même, paraît monotone, voire
fastidieuse, parce que, trop souvent, elle prend l’aspect d’une vaine prédication lancée à travers un désert aride,
vous avez toujours su conserver une constance, une sérénité, une régularité de rythme qui nous confondent ; votre
solidité, votre rondeur, votre égalité d’âme doivent ressusciter, je le suppose, les vertus essentielles des
Oratoriens, nos illustres prédécesseurs en ces murs bicentenaires !
Pour vos collègues, qui sont tous vos amis, ces qualités font de vous le plus affable des compagnons de travail.
Nul ne vous a jamais entendu, ni ne vous entendra jamais récriminer violemment contre qui que ce soit, jamais
revendiquer avec hauteur ou amertume, jamais non plus faire valoir votre manière de penser ou d’agir, et cette
modestie discrète, qui n’a rien de taciturne, rend fort plaisante votre présence au milieu de nous. Car, bien que le
métier de professeur soit pour vous, héréditairement, une vocation véritable, il ne vous a ni accaparé tout entier, ni
surtout « déformé » : vous êtes resté ouvert à toutes les questions et à toutes les activités humaines. Pour avoir
pratiqué le sport dans votre jeunesse, vous demeurez un fervent du ballon ovale et, fidèle au Midi pyrénéen dont
est issue votre famille paternelle, vous êtes un passionné du noble art de la Tauromachie. Et nous connaissons
aussi la part que vous prenez aux utiles travaux de la Commission départementale de protection des sites.
Quant aux élèves qui pratiquent souvent, sans mauvaise intention, je pense, la médisance ou la calomnie, jamais je
ne les ai surpris à mal parler de vous après vous avoir quitté, ce qui n’est pas si fréquent et signifie que, bon juge
de votre entier dévouement pour eux, ils vous rendent la sympathie que vous savez leur accorder.
Aujourd’hui, ces mérites que les uns et les autres apprécient en votre personne sont officiellement reconnus par la
haute distinction que vous allez recevoir dans un instant. Décernée au titre de l’Éducation nationale, cette médaille
ne pouvait être mieux accordée qu’à un maître tel que vous. Et c’est une joie supplémentaire, pour nous tous, de
voir qu’en un temps où tout change, elle échoit pourtant à celui des nôtres qui représente le mieux équilibre et
stabilité.
Permettez-moi donc, mon cher Audouy, en mon nom et en celui de tous les collègues présents ou absents pour
d’impérieux motifs (M. l’inspecteur d’Académie Le Gallo nous a notamment signifié son regret de ne pouvoir être
ici ce soir), permettez-moi de vous renouveler nos félicitations les plus vives. L’Amicale a voulu les matérialiser
en organisant cette petite manifestation toute familiale et cependant chaleureuse, ainsi qu’en vous priant
d’accepter ces livres en souvenir de cette journée. Je me dois d’ajouter mes hommages respectueux à Madame
votre mère, dont je salue la présence, et qui doit, en cette minute où vous êtes à l’honneur, recevoir la meilleure
récompense d’une vie qu’elle vous a vouée.
Et je m’empresse de terminer cette élucubration pour ne pas devenir importun aux oreilles qui m’écoutent, en
vous redisant, une fois encore, nos compliments et notre sincère amitié.
Attaché à Pontvallain, et historien de la bataille de Pontvallain de décembre 1370
Jean Audouy résidait, avec ses parents, dans la maison familiale du 129, rue Voltaire, tout au bout de cette voie,
juste avant la place de la Chasse-Royale, acquise quand son père avait été affecté au Mans, d’où il se rendait à
pied au lycée. Il y verra décéder, tout d’abord son père, âgé de 72 ans, le 19 avril 1956, puis sa mère, âgée de 85
ans, en août 1968. Resté attaché à Pontvallain où la famille avait gardé une maison de campagne, Jean Audouy y
faisait de fréquents séjours, le professeur de la rue Voltaire se plaisant, comme Candide, aux joies du jardinage.
Pontvallain fut le théâtre, en novembre ou décembre 1370, d’une des principales batailles de la Guerre de cent
ans, au cours de laquelle l’armée française, commandée par Bertrand du Guesclin, récemment nommé connétable
de France, infligea une sévère défaite aux troupes anglaises
dirigées par le capitaine Robert Knolles. La Ville de
Pontvallain avait décidé de célébrer le sixième centenaire de la
bataille, en organisant une exposition et en organisant des fêtes
costumées. Jean Audouy avait alors rédigé une histoire de la
bataille de Pontvallain, parue dans deux numéros successifs
d’Ouest-France, en mai et juin 1970. Le couronnement du pape Grégoire XI (1371) et la bataille de
Pontvallain (1370) : une des enluminures illustrant les Chroniques
de Jean Froissart (vers 1337-après 1404)
Un temps de retraite de vingt-quatre ans
Très attaché à son enseignement et son lycée, Jean Audouy ne partit en retraite que lorsqu’il en fut contraint par la
limite d’âge, à la fin de l’année scolaire 1972-73, à l’âge de 63 ans et demi, après 35 ans et demi de services au
lycée (trente-neuf ans de services comme professeur si l’on ajoute les trois ans et demi au collège d’Argentan).
.Sans doute est-il parti avec le sentiment qu’il se trouvait en décalage avec les nouvelles méthodes
d’enseignement, axées sur la participation des élèves. Le cours de M. Audouy était un cours magistral. Comme la
quasi-totalité des enseignants de sa génération, il n’a jamais eu recours aux exposés d’élèves, ni aux visites de
musées ou d’expositions, encore moins à l’utilisation de l’audio-visuel. Jean Audouy a été un excellent professeur
de style « classique », utilisant des méthodes qui n’étaient plus en vogue au moment où il partait en retraite.
Jean Audouy prend rang parmi les enseignants du second degré qui ont été les plus longtemps en fonction au
lycée (derrière Charles Bouzat, avec ses 41 ans au lycée, mais devant ses contemporains Henri Berger et Fernand
Letessier, qui alignent chacun 34 ans). Mais si l’on ajoute le temps de scolarité au lycée, il faut ajouter 7 ans à
Audouy et 8 ans à Letessier !
Sous des allures de notable, Jean Audouy menait une vie simple auprès de ses parents, se partageant entre la
maison du Mans et celle de Pontvallain. Outre le jardinage et la traduction de textes latins, M. Audouy pratiquait
le bridge et, au volant de sa voiture, accompagné de ses parents, puis, après leur décès, seul, il s’en allait visiter la
France et ses richesses artistiques. Son enseignement l’occupait tout entièrement. La seule activité extérieure qui
lui ait été connue était sa participation à la Commission départementale des sites et monuments naturels,
organisme chargé, en application de la loi du 21 avril 1906, de dresser l’inventaire des biens dont la conservation
apparaît d’intérêt général. Sur l’invitation de son collègue et ami Fernand Letessier, Jean Audouy avait adhéré à la
Société d’agriculture, sciences et arts de la Sarthe, en 1970. Mais on ne le vit que lors de quelques séances. Il
préférait occuper ses matinées des dimanches, dates des séances, à s’en aller jardiner dans sa propriété de
Pontvallain.
Adhérent depuis de longue date à l’Amicale, Jean Audouy participait aux différentes réunions, mais sans jamais
se mettre en avant. Il décéda au Mans, le 17 juin 1997, âgé de 87 ans. Hasard du calendrier : le 23 novembre
suivant, décédait, à Paris, Émile Delatte, le camarade des petites classes du lycée avec lequel il était en
concurrence pour l’attribution du prix d’excellence.
Nous espérons que vous aurez pris intérêt à la lecture de ce numéro. Vous pourrez consulter le site d’archives géré par
André VIVET http://montesquieu.lemans.free.fr et contribuer à l’enrichir. Merci de nous faire parvenir informations,
contributions qui pourront être publiées, observations et suggestions. Tout courrier doit être adressé, pour la lettre, à Didier
BÉOUTIS, 11, rue Pierre Belon, 72000 LE MANS, didierbeoutis@yahoo.fr et, pour les archives et adhésions, à André
VIVET, 7, rue de Sicile, 72000 LE MANS, andrvivet@gmail.com. Prochaine lettre le 1er
mars.
Audouy est un patronyme méridional issu du germanique ald (vieux) et win (ami). Une variante francisée de ce
nom est Ouen. Il est curieux de constater que Pierre-Émile comme Jean ont enseigné dans un lycée bâti sur
l’emplacement de la paroisse Saint-Ouen des fossés et dont la voie le desservant était dénommée, jusqu’en 1925,
rue Saint-Ouen, et dont la chapelle conserve, au transept, une statue représentant Saint-Ouen !
JEAN AUDOUY, VU PAR PLUSIEURS DE SES ANCIENS ÉLÈVES
Jean-Claude Hubi (au lycée de 1949 à 1955) : Audouy était un homme rond, massif et lent, à la peau lisse et
brillante, au teint hâlé, qui vivait, à quarante ans, chez sa maman ; il protégeait, en toute saison, un crâne
nettement dégarni par un chapeau qu’il posait sur son bureau, dès son entrée en cours. Il veillait, par une
démarche de terrien robuste, en utilisant une langue où les « r » roulaient comme dans notre campagne, à ce que
les acquis de l’école élémentaire soient affermis ; il nous habituait à l’analyse logique, avec des connecteurs
(comme on ne disait pas à l’époque) encadrés et colorés, des césures solidement hachées, des verbes principaux et
subordonnés soulignés. Tout ce travail de découpage laissait sur notre feuille des pronoms, des conjonctions, des
verbes et des propositions démontés comme des pièces éparpillées sur l’établi d’un mécanicien.
Michel Dupont (au lycée de 1954 à 1962) : Pour Jean Audouy que j'ai beaucoup apprécié en 3ème (1957-58) et
en 1ère
(59-60), j'ai finalement peu d'anecdotes. Je me souviens surtout de ses citations latines (par exemple "Vox
clamantis in deserto" adressée à une classe apathique...)
Par contre, hors lycée, à l’été 1961, j'étais passé un matin à Pontvallain, en ralliant, à vélo, Duneau à l’île de Ré,
avec mon copain Olivier Huet, et nous avions sonné à sa porte pour le saluer en passant. Avec sa maman, il nous
avait reçus fort aimablement et offert... un petit coup de vin blanc sec. Au redémarrage, nos jambes de 17 et 16
ans peu habituées à ce carburant, furent très, très, lourdes, et les vélos, déjà chargés de tout le matériel de
camping, nous semblaient avoir pris des tas de kilos en plus.
Jean-Charles Mignard (au lycée de 1957 à 1963) : L'excellent M. Audouy fut mon professeur en 6ème A4
(allemand première langue) où se trouvait aussi le fils du proviseur de l'époque. M. Audouy fut aussi mon
professeur en 3ème AB1. Il savait allier une grande douceur avec une autorité totale, ce qui est rare et la marque
d'un grand professeur. Jamais le moindre début de commencement de chahut.
Je me souviens pour toujours d'une de ses maximes préférées " hors du travail, pas de salut ". Donc nous
connaissions par cœur la grammaire latine de Cayrou. Ceci m’a sauvé la mise à la première partie du bac,
puisqu'étonné d'avoir terminé la physique-chimie en une heure, je refis tout (faux !) la deuxième heure.
Heureusement, le latin de M. Audouy me sauva.
Jean-Pierre Sénamaud (au lycée de 1957 à 1963) : M. Audouy, qui tire sur ses bretelles, époussette les manches
de son costume, et passe mécaniquement l’index entre son col de chemise et son cou. Alors, qu’est-ce à dire, dit-il
avec son accent de rocaille. Quel prof, ce Monsieur Audouy ! J’attendais avec impatience le jour de son cours.
Jean-Pierre Benoît (au lycée de 1963 à 1971) : Monsieur Audouy, est, avec Monsieur Dupont (mathématiques)
et Madame Ménard (histoire), l’un des trois professeurs du lycée dont j’ai conservé le meilleur souvenir.
Allocution prononcée par M. Fernand Letessier, président de l’amicale des professeurs du lycée,
lors du départ en retraite de Jean Audouy. Le Mans, lundi 25 juin 1973
Le lundi 25 juin 1973, eut lieu la traditionnelle réception en l’honneur des enseignants partant en retraite, et,
pour cette année -là, MM. Jean Audouy, Roger Cheu et Roland Pilou. Fernand Letessier avait prononcé un
hommage pour chacun d’eux. On trouvera ci-dessous l’hommage rendu à Jean Audouy.
Mon cher Audouy, vous êtes né le 5 juin 1910 à Pontvallain, village où enseignait votre père, et qui est toujours
resté cher à votre cœur. Vous êtes entré en 6ème
à ce lycée en octobre 1922 et, depuis, vous ne l’avez guère quitté.
Bachelier à Caen, c’est dans cette ville que vous avez fait vos études supérieures ; maître d’internat à Sillé-le-
Guillaume en 1933-34, vous avez enseigné au collège d’Argentan de 1934 à la fin de 1937, votre présence dans
l’Orne ayant été interrompue par votre service militaire (oct. 1936- oct. 1937). Puis, le 3 janvier 1938, vous
signiez votre procès-verbal d’installation au lycée du Mans, d’où vous n’avez bougé que durant une année, en
1939-1940, pour des raisons qu’il n’est pas utile de préciser davantage ! Vous êtes donc, dans notre monde en
perpétuel devenir, un bel exemple de stabilité, et vous avez toujours su accomplir votre tâche avec la même
régularité rigoureuse et une humeur sans cesse égale qui ont fait l’admiration de tous ceux qui vous connaissent.
Votre dévouement et votre efficacité pédagogique (à une époque, où, moins que maintenant, on parlait de la
Pédagogie, mais où on la pratiquait peut-être avec plus de sagesse !) ont été reconnus officiellement, puisque,
officier des Palmes académiques en 1951, vous avez reçu, en 1966, une croix du Mérite… bien méritée !
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Et maintenant, en guise de conclusion, les remerciements que je n’ai jamais eus l’occasion d’exprimer à mon
ancien professeur : « Monsieur Audouy, au nom de ceux qui ont été vos élèves, je voudrais vous exprimer notre
gratitude pour votre enseignement qui nous a marqués ! » « Qu’est-ce-à-dirre, Monsieur Béoutis ? » « Heu, vous
avez été, pour nous, un excellent professeur… » « Ah oui! Grand merci à vous tous ! »
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