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Association amicale des anciens élèves du lycée Montesquieu LETTRE D’INFORMATION N° 53 – 1 er JANVIER 2017 Le découpage de l’année scolaire par Didier BÉOUTIS, président de l’association amicale De nos jours, le découpage de l’année scolaire obéit à un rythme régulier entre périodes d’activité et périodes de congés : sept semaines de classe, deux semaines de repos. Ainsi, le calendrier de l’année scolaire est -il le suivant : rentrée le 1er septembre ; sept semaines de classes jusqu’au 19 octobre ; deux semaines de « vacances de la Toussaint du 19 octobre au 2 novembre ; sept semaines de classes du 3 novembre au 17 décembre; deux semaines de « vacances de Noël »; du 17 décembre au 2 janvier ; puis, selon les « zones géographiques, cinq (3 janvier au 4 février), six (3 janvier au 11 février) ou sept (3 janvier au 18 février) semaines de cours; deux semaines de « vacances d’hiver » ; à nouveau sept semaines de cours, avant les « vacances de printemps » fixées, selon les zones, du 1 er au 17 avril, du 8 au 22 avril ou du 15 avril au 1 er mai). Ensuite une nouvelle « longue » période avant la fin des cours, le 8 juillet. Les trois zones géographiques applicables, selon les Académies, lors des vacances d’hiver et de printemps, se justifient pour éviter les encombrements routiers et étaler la période touristique. Le calendrier de travail reste tourné autour des trois trimestres, le travail de chacun de ces trimestres étant sanctionné par la réunion du conseil de classe. Il n’en a pas toujours été ainsi. Sous la Monarchie et l’Empire, existait une longue période de vacances, située de la mi-août à la mi-octobre, correspondant aux activités rurales d’une France majoritairement agricole (la fenaison ; la moisson ; les vendanges). La rentrée avait lieu traditionnellement le 18 octobre, jour de la Saint-Luc. Le rythme scolaire, visiblement semestriel, se faisait à Pâques, date médiane entre la mi-octobre et la mi-août. Puis, sous la IIIème République, la période des « grandes vacances » a été avancée de plusieurs semaines : la rentrée avait lieu le 1 er octobre et la sortie le 14 juillet, date traditionnelle de la distribution des prix. Pâques n’était plus une date médiane adéquate. En raison de son caractère « mobile » -le Concile de Nicée de 325 a fixé Pâques au « dimanche qui suit le 14 ème jour de la Lune qui atteint cet âge le 21 mars ou immédiatement après », cette fête peut tomber de la fin mars à la fin d’avril. Afin de permettre un contrôle plus resserré des connaissances, il avait été décidé de répartir l’année scolaire en trois trimestres, ponctués par Noël et Pâques : organisation autour de compositions et de conseils de classes trimestriels. Pour éviter que des élèves ayant eu des bonnes notes jusqu’à Pâques se laissent aller ensuite, et pour encourager le rattrapage d’élèves moins bien notés, il avait été décidé que le troisième trimestre comptât double, sinon pour les moyennes de passage, du moins pour l’attribution des prix ! Mais le rythme des vacances n’était pas régulier : deux semaines à Pâques, date médiane de ces vacances ; une semaine et demi à Noël, deux jours à la Toussaint, trois jours aux « Jours gras » précédant l’entrée en Carême… et surtout un deuxième ou un troisième trimestre variable en fonction de la fixation de Pâques. En 1965, Pâques tombant le 18 avril et le troisième trimestre étant réduit à deux mois, les premières compositions du 3 ème trimestre (orthographe, rédaction) avaient été fixées… en fin de 2 ème trimestre ! Le développement du tourisme des sports d’hiver, les impératifs de la circulation routière, puis la prise en compte des nécessités de rythmer la vie scolaire allaient conduire progressivement au calendrier équilibré que nous connaissons maintenant. La suppression, décidée en 1969, des cours le samedi après-midi, allait conduire à un rééquilibrage de la semaine par le passage, en 1972, du jeudi au mercredi, de la journée de repos de la mi- semaine. Enfin, les vacances de Pâques étaient changées en vacances de printemps, permettant le rééquilibrage des 2 ème et 3 ème trimestres. L’allongement des vacances de Toussaint, d’hiver et de printemps allait se faire par réduction des vacances d’été, limitées maintenant à deux mois. L’équipe de l’Amicale des anciens élèves du lycée Montesquieu adresse ses vœux les plus chaleureux à tous les anciens, en leur donnant rendez-vous, le samedi 21 janvier, à 11h, pour partager la galette des rois. Comme la ligne de tramway, le lycée conduit jusqu’à Université !

Association amicale des anciens élèves du lycée Montesquieumontesquieu.lemans.free.fr/leslettre2/li53.pdf · Photo de gauche : Didier Béoutis donne lecture de l‘histoire du

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Association amicale des anciens

élèves du lycée Montesquieu

LETTRE D’INFORMATION N° 53 – 1er JANVIER 2017

Le découpage de l’année scolaire par Didier BÉOUTIS, président de l’association amicale

De nos jours, le découpage de l’année scolaire obéit à un rythme régulier entre périodes d’activité et périodes de

congés : sept semaines de classe, deux semaines de repos. Ainsi, le calendrier de l’année scolaire est-il le suivant :

rentrée le 1er septembre ; sept semaines de classes jusqu’au 19 octobre ; deux semaines de « vacances de la

Toussaint du 19 octobre au 2 novembre ; sept semaines de classes du 3 novembre au 17 décembre; deux semaines

de « vacances de Noël »; du 17 décembre au 2 janvier ; puis, selon les « zones géographiques, cinq (3 janvier au 4

février), six (3 janvier au 11 février) ou sept (3 janvier au 18 février) semaines de cours; deux semaines de

« vacances d’hiver » ; à nouveau sept semaines de cours, avant les « vacances de printemps » fixées, selon les

zones, du 1er au 17 avril, du 8 au 22 avril ou du 15 avril au 1

er mai). Ensuite une nouvelle « longue » période avant

la fin des cours, le 8 juillet. Les trois zones géographiques applicables, selon les Académies, lors des vacances

d’hiver et de printemps, se justifient pour éviter les encombrements routiers et étaler la période touristique. Le

calendrier de travail reste tourné autour des trois trimestres, le travail de chacun de ces trimestres étant sanctionné

par la réunion du conseil de classe.

Il n’en a pas toujours été ainsi. Sous la Monarchie et l’Empire, existait une longue période de vacances, située de

la mi-août à la mi-octobre, correspondant aux activités rurales d’une France majoritairement agricole (la

fenaison ; la moisson ; les vendanges). La rentrée avait lieu traditionnellement le 18 octobre, jour de la Saint-Luc.

Le rythme scolaire, visiblement semestriel, se faisait à Pâques, date médiane entre la mi-octobre et la mi-août.

Puis, sous la IIIème République, la période des « grandes vacances » a été avancée de plusieurs semaines : la

rentrée avait lieu le 1er octobre et la sortie le 14 juillet, date traditionnelle de la distribution des prix. Pâques n’était

plus une date médiane adéquate. En raison de son caractère « mobile » -le Concile de Nicée de 325 a fixé Pâques

au « dimanche qui suit le 14ème

jour de la Lune qui atteint cet âge le 21 mars ou immédiatement après », cette fête

peut tomber de la fin mars à la fin d’avril. Afin de permettre un contrôle plus resserré des connaissances, il avait

été décidé de répartir l’année scolaire en trois trimestres, ponctués par Noël et Pâques : organisation autour de

compositions et de conseils de classes trimestriels. Pour éviter que des élèves ayant eu des bonnes notes jusqu’à

Pâques se laissent aller ensuite, et pour encourager le rattrapage d’élèves moins bien notés, il avait été décidé que

le troisième trimestre comptât double, sinon pour les moyennes de passage, du moins pour l’attribution des prix !

Mais le rythme des vacances n’était pas régulier : deux semaines à Pâques, date médiane de ces vacances ; une

semaine et demi à Noël, deux jours à la Toussaint, trois jours aux « Jours gras » précédant l’entrée en Carême… et

surtout un deuxième ou un troisième trimestre variable en fonction de la fixation de Pâques. En 1965, Pâques

tombant le 18 avril et le troisième trimestre étant réduit à deux mois, les premières compositions du 3ème

trimestre

(orthographe, rédaction) avaient été fixées… en fin de 2ème

trimestre !

Le développement du tourisme des sports d’hiver, les impératifs de la circulation routière, puis la prise en compte

des nécessités de rythmer la vie scolaire allaient conduire progressivement au calendrier équilibré que nous

connaissons maintenant. La suppression, décidée en 1969, des cours le samedi après-midi, allait conduire à un

rééquilibrage de la semaine par le passage, en 1972, du jeudi au mercredi, de la journée de repos de la mi-

semaine. Enfin, les vacances de Pâques étaient changées en vacances de printemps, permettant le rééquilibrage

des 2ème

et 3ème

trimestres. L’allongement des vacances de Toussaint, d’hiver et de printemps allait se faire par

réduction des vacances d’été, limitées maintenant à deux mois.

L’équipe de l’Amicale des anciens élèves du lycée

Montesquieu adresse ses vœux les plus chaleureux à

tous les anciens, en leur donnant rendez-vous, le samedi

21 janvier, à 11h, pour partager la galette des rois.

Comme la ligne de tramway, le lycée conduit jusqu’à Université !

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LA VIE DE L’ASSOCIATION

Adhésion: Patrice Brion, au lycée de 1958 (2de) à 1962 (Math’Sup’)

Cérémonie interconfessionnelle et spirituelle pour la paix, puis dévoilement des plaques en mémoire

de Roger Bouvet et Paul Marchal, vendredi 11 novembre

Comme les années précédentes, le cortège officiel des cérémonies du 11 novembre, désormais intitulée Journée

d’hommage à tous les morts pour la France, s’est arrêté à la chapelle de l’Oratoire, à 11h, pour la désormais

traditionnelle cérémonie interconfessionnelle et spirituelle pour la paix. À cette occasion, les représentants de

différentes églises et ordres maçonniques manceaux ont pu délivrer leurs messages pour la paix, entrecoupés de

chants. Notre président Didier Béoutis a évoqué le lycée, ses professeurs et élèves dans l’effort de guerre durant

l’année 1916. Il a été ensuite procédé, par Mme la Préfète et M. le Maire du Mans, au dévoilement des deux

plaques en mémoire de Roger Bouvet et Paul Marchal, rénovées par les soins de notre amicale. Une occasion de

rappeler à la communauté lycéenne le dévouement et le sacrifice de deux professeurs de Première, résistants,

arrêtés, déportés dans des camps de travail nazis où ils sont morts. Cette cérémonie de dévoilement des plaques

rénovées intervenait soixante-dix ans après l’inauguration initiale des plaques, en mai 1946, en présence du

proviseur Jules Bréant et du préfet de l’époque, Georges Briand.

Photo de gauche : Didier Béoutis donne lecture de l’histoire du lycée en 1916 – Photo de droite : après le dévoilement des

plaques, de g. à dr : Jean Lamare, vice-président de l’Amicale ; accompagnée de sa petite fille, Kathleen Marchal ; Jean-

Claude Boulard, sénateur-maire du Mans ; Corinne Orzechowski, préfète de la Sarthe ; Didier Béoutis ; Christelle

Morançais, vice-présidente du Conseil régional ; un arrière-petit-fils de Roger Bouvet ; Claude Jean, adjoint au maire du

Mans, vice-président de l’Amicale ; Alain Bouvet, petit-fils de Roger Bouvet ; Hervé Gateau, proviseur du lycée.

Déjeuner des adhérents franciliens de l’Amicale, samedi 19 novembre, avec Philippe Fragu Le traditionnel banquet de la section d’Île-de-France de notre amicale a eu lieu, comme les années précédentes, au

restaurant Le Relais-Odéon, au 132, boulevard Saint-Germain, le samedi 19 novembre. Notre invité d’honneur a

été notre camarade Philippe Fragu, élève du petit, puis du grand lycée de 1947 à 1959. Docteur en médecine,

Philippe Fragu a fait une grande partie de sa carrière comme cardiologue au service de médecine nucléaire de

l’Institut Gustave Roussy, à Villejuif, où il s’est spécialisé dans le traitement des cancers de la glande thyroïde.

Notre invité a évoqué ses années de lycée, puis sa carrière médicale et hospitalière, puis a ouvert le débat, faisant

de cette rencontre un excellent moment, marqué par la présence de nouveaux convives.

Photo de gauche : Philippe Fragu ; Didier Béoutis ; Edwige Avice qui accompagnait son mari Étienne, André Vivet - Photo

de droite : une partie de l’assistance, avec Roland Grard ; Jacques Renoux ; François Marzorati ; Geneviève Cimaz-

Martineau ; Patrick Le Buzullier ; Mme Fragu.

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Rencontre avec Philippe Bouquet, ancien élève et ancien professeur au lycée, le 23 novembre

Philippe Bouquet était, le mercredi 23 novembre, l’invité de l’Amicale, où il a pu évoquer son parcours

universitaire « atypique ». Élève (1947-1954), puis professeur agrégé d’anglais (1962-1967) dans notre lycée,

Philippe Bouquet y serait sans doute resté très longtemps, si son ancien professeur de langues scandinaves à la

faculté de Caen ne lui avait proposé un poste d’assistant dans cette discipline. Tout en restant résider au Mans,

Philippe Bouquet consacrera le reste de sa carrière à l’enseignement des langues et de la civilisation scandinave à

la faculté de Caen, y étant nommé sur une chaire de professeur après avoir soutenu une thèse sur L’individu et la

société dans les œuvres des romanciers prolétariens suédois 1910-1960. Depuis plus de quarante ans, Philippe

Bouquet traduit, en langue française, pour différents éditeurs, des romans écrits en suédois (plus de 150 à ce jour),

oeuvrant ainsi pour la diffusion en France de la littérature suédoise, notamment des « romans prolétariens ».

Galette des rois, samedi 21 janvier 2017, à 11 heures, dans la salle du fonds ancien

Notre traditionnelle cérémonie de vœux, aura lieu, sous la forme de la « galette des rois », le samedi 21 janvier, à

11h, dans la salle du fonds ancien du lycée. Tous les adhérents et leurs familles sont bien chaleureusement conviés

à ce rendez-vous amical.

LA VIE DU LYCÉE

Séance du conseil d’administration, 7 novembre 2016

Afin de mutualiser certains enseignements optionnels, le conseil d’administration a autorisé le proviseur à signer

des conventions avec d’autres lycées du Mans (avec le lycée Bellevue : option « spé Maths » pour les élèves de

Terminale littéraire ; avec le lycée Gabriel Touchard : options Arabe et Langue des signes ; avec le lycée

Yourcenar : options cinéma audiovisuel (CIAV) et histoire des arts (HIDA) ; avec le lycée Funay-Hélène

Boucher : cours donnés aux élèves allophones.

Journées « portes ouvertes » pour les entrées au lycée et en classes préparatoires

Comme les années précédentes, le lycée organise deux journées « portes ouvertes » d’information. Celle des

classes préparatoires est fixée au samedi 4 février, de 9h à 16h ; celle de l’entrée en Seconde aura lieu le samedi

18 mars, de 9h à 12h.

DES NOUVELLES DES ANCIENS

Représentations théâtrales : L’Acthalia en Russie du 17 au 27 octobre

Dans le cadre du jumelage entre Le Mans et Rostov-sur-le-Don, Philippe Corbé, directeur de la compagnie

théâtrale mancelle L’Acthalia et Evelyne Perlinski, comédienne, ont été invités, du 17 au 27 octobre, à se produire

en Russie pour jouer, à quatre reprises (Rostov, Tagnarog et Nijni Novgorod), la pièce à acteur unique d’Éric-

Emmanuel Schmitt, Oscar et la Dame rose. Rappelons que L’Acthalia doit beaucoup à la famille Couasnon, ayant

été créée en 1991 et longtemps été dirigée par Olivier Couasnon, jusqu’à son décès en 2012, et se produisant

toujours, dans le Vieux-Mans, dans la cave de la maison de notre ancien président Jean-Paul Couasnon.

Claude Jean, comédien au théâtre Scarron, dans Les assassins de la charbonnière

Passionné de théâtre, Claude Jean, adjoint au maire du Mans chargé de la vie scolaire et vice-président de notre

amicale, s’est produit -avec le talent de comédien qu’on lui connaît- au théâtre Le Scarron, place des Jacobins, du

18 au 21 décembre, dans la comédie d’Eugène Labiche, Les assassins de la charbonnière ou L’affaire de la rue de

Lourcine, une satire de la petite bourgeoisie du Second Empire.

Nécrologie : Roger Gauthier (1936-2016), maître d’internat de 1956 à 1962

Roger Gauthier, qui fut maître d’internat au lycée de 1956 à 1962 -bien connu des pensionnaires qui l’avaient

surnommé Roger’s- est décédé le 26 octobre dernier, à l’âge de 80 ans. Il avait fait toute sa carrière dans

l’Éducation nationale et avait été décoré des Palmes académiques. Installé à Volnay, commune proche de

Bouloire, il y présidait la Société libre de pêche. Après une cérémonie en sa mémoire au gymnase de Volnay, le

29 octobre, il a été inhumé au cimetière municipal.

Association amicale des anciens élèves du lycée Montesquieu, 1, rue Montesquieu, 72008 LE MANS Cedex 1

Président : Didier BÉOUTIS; Vice-Présidents : Claude JEAN et Jean LAMARE ;

secrétaire-archiviste : André VIVET; secrétaire-adjoint : Jean-Pierre ROUZÉ ; trésorier : François BARTHOMEUF. Directeur de la publication : Didier BÉOUTIS

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Nécrologie : Richard Martineau (1945-2016), agrégé d’anglais, directeur régional des affaires

culturelles, en Auvergne, puis en Nord/Pas de Calais

Richard Martineau, né au Mans le 15 février 1945, était le benjamin d’une famille de trois

enfants, sa sœur Geneviève étant l’aînée, et Philippe le cadet. Le père était directeur de

l’usine Neyret (production textile), et a toujours assuré une certaine aisance à sa famille. Sa

mère, au foyer, a donné à ses enfants une éducation à la fois ferme et joyeuse, qui a

fortement contribué à leur réussite. Photo ci-contre : en 1962 (classe de Lettres Sup’)

Richard a vécu une enfance heureuse, partagée entre la maison du Mans et la résidence

secondaire de Fercé-sur-Sarthe, à 23 kilomètres, charmant petit village dominant la vallée

de la Sarthe, où les Martineau passaient les week-ends et les vacances scolaires, et où il

avait gardé de nombreux amis, comme sa sœur qui, elle, y a repris la maison de famille.

Comme sa sœur et son frère, il a fait les classes du primaire dans une école religieuse toute proche de la maison -

l’école des Mûriers-, puis le secondaire au lycée de garçons du Mans. Très tôt, ses parents l’ont envoyé en

Angleterre et en Allemagne, pour qu’il mette en pratique ses connaissances linguistiques.

Excellent élève comme sa sœur aînée, il a fait hypokhâgne au lycée Montesquieu en 1962-63, et intégré l’École

normale supérieure de Saint-Cloud en 1966, quand sa sœur était Sévrienne. Tous les deux étaient linguistes, elle

en allemand, lui en anglais, l’autre frère s’étant orienté vers des études d’ingénieur, à l’INSA de Lyon.

De 1967 à 1969, Richard a été lecteur à l’Université de Brighton, où il a rédigé, pour la B.B.C., une méthode

d’apprentissage du français qui remporta un grand succès. Il a co-écrit un livre sur la phonétique du français et fait

de la recherche sur La Commune, de 1970 à 1971, en 5ème

année de Saint-Cloud. Il se marie, en 1970, à Earling, à

une jeune Anglaise, Patricia. Ils auront trois fils, Sébastien, Emmanuel, Nicolas.

Agrégé d’anglais, de septembre 1971 à juillet 1973, il fera la coopération en Tunisie, comme professeur d’anglais

au lycée Carnot de Tunis. À son retour, il enseigna au lycée Sud du Mans, de septembre 1973 à septembre 1988.

Passionné de culture, il saisissait toutes les occasions d’ouvrir ses élèves au cinéma, au théâtre, aux échanges avec

l'étranger.

C'est tout naturellement donc, après une formation aux affaires étrangères, qu'il devient Directeur de la Délégation

culturelle française à Manchester, d’octobre 1988 à janvier 1993. Le Ministère de la Culture lui propose alors un

poste de Directeur régional des Affaires culturelles, et il est nommé à Clermont-Ferrand, DRAC d’Auvergne. Il

exerce cette fonction, de 1993 à 1998.

En raison de la richesse culturelle du Nord-Pas-de-Calais, il pose sa candidature au poste de DRAC du Nord-Pas-

de-Calais, où il est nommé, en 1998, à Lille, où vit déjà son frère. Il a eu à intervenir sur des dossiers pour

lesquels il s’est passionné : Lille Capitale européenne de la Culture en 2004, l’achat, par l’État, de la Villa

Cavrois, et le Louvre à Lens. Décoré de la Légion d’Honneur et du Mérite

civil, il était aussi chevalier des Arts et Lettres, et s’était vu attribuer les

Palmes académiques.

À la retraite, en 2006, il a regagné Le Mans, où il possédait une belle maison

qui lui permettait de recevoir ses fils Sébastien, Emmanuel, Nicolas, et ses

petits-fils Tristan et Louis, et d’abriter sa bibliothèque. Au retour dans sa ville

natale, il a renoué très naturellement des relations avec d'anciens élèves qui

avaient gardé de

lui un excellent souvenir. Il a conservé en outre des activités pour la DRAC

de Nantes et pour la Fondation du Patrimoine. Richard Martineau, alors DRAC

Bien qu’il fût le plus jeune de la fratrie et en bonne santé jusqu’au début de

l’année, Richard a été soustrait à notre affection le 30 septembre 2016.

Hommage rédigé par Philippe Martineau et Geneviève Martineau-Cimaz (novembre 2016)

BULLETIN D’ADHÉSION À L’ASSOCIATION DES ANCIENS ÉLÈVES DU LYCÉE « MONTESQUIEU »

Nom : Prénom : Dates de présence au lycée :

Adresse : Téléphone : Courriel :

J’adhère à l’association des anciens élèves et règle ma cotisation :

. étudiant et moins de 25 ans : 8 € ; membre actif : 15 € bienfaiteur : 75 €, associé : montant au choix

Je fais un don de…… Signature : ………………….

À adresser SVP à M. André VIVET, 7, rue de Sicile, 72000 LE MANS

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Nécrologie : Henri Salmon (1922-2016), professeur de mathématiques de 1962 à 1983

Né le 22 avril 1922 à Pluduno (Côtes du Nord), Henri Salmon, après des études de

mathématiques à la faculté de Paris et l’obtention du C.A.P.E.S, était venu au Mans, affecté à

l’École militaire préparatoire technique (E.M.P.T). En 1962, il était muté au lycée de garçons,

où, devenu agrégé, il enseigna dans les grandes classes, jusqu’en 1983, date de son départ en

retraite. Reconnaissable à une chevelure claire abondante, Henri Salmon, d’un abord un peu

réservé devant la classe, se montrait à l’écoute de chaque élève, cherchant à répondre à ses

questions et l’encourageant dans son travail. C’est un très bon professeur des années 60-70 qui

nous a quittés. Henri Salmon en 1967

Message d’au revoir à Henri SALMON, professeur de mathématique au lycée,

prononcé par Jean Paul ANGEVIN, le 10 juin 1983, lors de sa cérémonie de départ en retraite

Sur quel ton convient-il, cher collègue, au nom de tous tes amis ici présents, de te congédier après trente-cinq et

quelques années bien remplies ? Sur le ton doctrinal ou doctrinaire, pour le seul plaisir pédant d’étaler ici un peu

de mathématique, devant ceux qui n’en font pas leur pain quotidien ? Non, restez chers collègues, j’en dirai peu,

je ne veux pas vous faire fuir !

Sur le ton de l’admiration et d’une vibrante émotion ? Et je parodierais le poète, des larmes dans la voix : « Un

seul être vous manque et ... tout est chamboulé ! » Sur le ton d’une irrévérencieuse familiarité, comme ce petit

que j’entendais, un jour, sur la plage: « Allez ! Va te reposer dans ton fauteuil, grand-père, je vais te le finir, ton

château de sable ! »

Ai-je le droit d’être familier ? Bien que, l’un et l’autre, fils de paysans, égarés par miracle

dans des études secondaires, à la découverte du latin et du grec... et d’un peu de

mathématiques au pluriel, nous n’avons pas, pour autant, gardé les vaches ensemble. Tout

au plus avons-nous usé nos braies sur les bancs de la même Faculté des sciences à Rennes,

la capitale bretonne. Les mêmes maîtres nous y ont révélé un peu de leurs secrets : de la

géométrie analytique avec M. Vasilesco, de la mécanique rationnelle avec Mlle

Charpentier. Et, surtout de l’analyse avec M. Antoine; revenu aveugle et défiguré des

tranchées de 14, celui-ci trouvait encore le moyen à l’âge qui est aujourd’hui le nôtre, de

nous épater par l’usage pourtant impossible du tableau et par les étonnantes performances

de sa mémoire. (photo ci-contre : J-P. Angevin en 1967)

Mais, ce n’est qu’en septembre 1961 que j’ai découvert l’aîné vénérable et chaleureux que

fut, à mes yeux, Henri Salmon : je revenais de 12 mois de service militaire en Algérie, et il

m’en restait encore 18 à faire, dont l’essentiel dans cette E.M.P.T, aujourd’hui collège militaire en perdition, où tu

officiais depuis quelques années déjà. Je t’ai, en revanche, précédé, à Montesquieu, de quelques années, et me

voilà bien dépité de te voir en repartir avant moi.

Si j’ose quelques familiarités, c’est vous le voyez, chers collègues, que j’ai quelques excuses et qu’il fallait bien

garnir à bon compte mes propos. Le registre de l'émotion, ou celui de l'admiration, tu n’aimes pas cela. Tu m’as

fait jurer ce matin encore de ne pas te faire pleurer en public : alors je resterai donc, sur ce terrain, très au-dessous

de ce qu’attendaient ici quelques-uns des tes collègues. Mais surtout, n’ayant pas été ton élève, où irais-je

chercher mes motifs de louange ? Il me manque de t’avoir vu et entendu à l’œuvre, décortiquant quelques

transformations de l’espace affine, quelques épineux problèmes -sans caractère politique- de continuité à droite et

de discontinuité à gauche, ou quelques conditions suffisantes, mais absolument pas nécessaires, de convergence

ou d’intégrabilité. Je me garderai donc d’être plus longtemps laudatif: la reconnaissance que te gardent tes anciens

élèves prouve assez que tu fus un pédagogue au-dessus de tout soupçon (…)

Toi, depuis des années, tu as plongé quotidiennement pour soutenir des têtes en danger d’être noyées. Mais ... tu

ne vas plus le faire, alors qu’Archimède, lui, n’est toujours pas en retraite. Bienaymé et Tchebychev étaient

passés maîtres dans l’art de conjurer les risques, toi, tu as tenu jusqu’au bout du possible, ne ménageant aucun

effort pour transmettre un peu de ce savoir venu de si loin (…) Aurai-je le front de te dire, pour te rendre jaloux,

que j’aurai, dit-on, la retraite à 55 ans ? Je ne veux pas le laisser croire, car je ne suis pas, aujourd’hui, moins

que jamais, de ceux qui pensent que, demain, on rasera gratis. À propos de rasoir, sais-tu ce qu’est le barbier du

village ? C’est celui qui rase ceux qui ne se rasent pas eux-mêmes. Mais alors qui rase le barbier ? Il se rase lui-

même dîtes-vous. Mais non, puisqu’il rase ceux qui ne se rasent pas eux-mêmes. Alors, tu vois, cher collègue, il

reste encore quelques bonnes définitions à fignoler et ta contribution nous serait bien utile. Tu as donc tort de nous

lâcher si tôt ! Veuille voir, cher ami, en ces derniers mots, notre regret de te voir quitter, non pas le navire, mais

notre chantier. Et vous, amis et collègues pardonnez-moi. C’était à moi, paraît-il, ce soir, d’être le barbier du

village !

(Nous remercions vivement M. Jean-Paul Angevin, professeur de mathématiques au lycée de 1962 à 1995 de nous

avoir autorisés à reproduire ces extraits de son discours de juin 1983. Le texte complet sera inséré sur notre site)

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Les concerts du Mans – Association A.D.O.RA.M.U.S

Ancien élève du lycée Montesquieu et devenu un chef d’orchestre de réputation internationale, Dominique Fanal

est resté attaché à la Ville du Mans où il se produit régulièrement, avec l’orchestre des Concerts du Mans, sous

l’égide de l’association A.D.O.R.A.M.U.S. Le concert donné, le 4 décembre, en la chapelle de l’Oratoire du

lycée, sous le titre Symphonie de Noël, avec notamment Symphonie des jouets (Léopold Mozart) ; Une nuit sur le

Mont-Chauve (Moussorgsky) et L’enfant et la rose (Pierre Wissmer) était de très haute tenue. Les prochains

concerts sont les suivants :

. dimanche 29 janvier, à 17h, à la chapelle de l’Oratoire : Aux chandelles, avec interprétation de compositions de

Vivaldi ; Telemann ; Hindemith ; Pierre Uga ; Haydn (à la clarinette, Anne-Lise Clément ; à l’alto, Brigitte Vay ;

au basson, Hebri Roman) ;

. dimanche 5 mars, à 17h, au Théâtre des Quinconces: Boléro, avec interprétation de compositions de Mozart (Les

Noces de Figaro) ; Beethoven (Concerto pour piano n°5); Pierre Wissmer (Concerto pour piano n°3) ; Maurice

Ravel (Bolero) - au piano, Georges Pludermacher. Tout renseignement sur le site www.dominiquefanal.fr

Publication: «La Vie mancelle & sarthoise» n° 448 (novembre-décembre 2016) ; 6,50 €

Dans son numéro 448, daté de novembre-décembre 2016, La Vie mancelle & sarthoise, dirigée par Daniel

Levoyer et Philippe Landais, présente régulièrement des articles rédigés par des

anciens élèves du lycée, ou portant sur le lycée. Didier Béoutis évoque Jules

Hervé-Mathé (1868-1953), peintre néo-impressionniste manceau et professeur de

dessin. Remarquable peintre de scènes du Vieux-Mans, de paysages de campagne

et de marines, Hervé-Mathé a marqué notre lycée, où il a été le professeur de

dessin de 1899 à 1933, tout en dirigeant et en développant l’École municipale

d’art appliqué Albert Maignan. Jean-Pierre Guyard présente Le Musée-

Bibliothèque de Saint-Calais, riche d’œuvres de donateurs comme Charles

Garnier ou, pour la botanique et l’ornithologie, l’abbé Élie Cottereau. De la Croix

d’or à la Chasse royale, tel est le titre du dossier dans lequel Jean-Pierre

Delaperrelle présente ce quartier du Mans et son évolution. Roger Crétois évoque,

dans trois articles, Pierre Delaroche (1899-1972), un curé aux talents multiples,

en poste à La Flèche, enseignant, mais aussi graveur sur bois de talent ; Le square

Abbé Paul Bidault, situé à l’angle de la rue des pompes et de la rue de la rivière,

inauguré en septembre 2015 par le maire du Mans, à la mémoire du prêtre

résistant déporté, qui avait, au fil des années, amassé une belle collection d’objets

en fer-blanc, qui ont constitué le musée national de la ferblanterie, à Saint-Arcons d’Allier (Haute-Loire) ; et les

Innovations avec le conseil des sages de la Ville du Mans.

Des nouvelles des archives et du site http://montesquieu.lemans.free.fr

Du côté du site de photos et d’archives, tenu par André Vivet : http://montesquieu.lemans.free.fr :

- 2 photos du stand tenu par l'Amicale des anciens lors du Salon du livre (8/9 octobre 2016)

http://montesquieu.lemans.free.fr/salonduliv/bmalbum.htm

- L'Amicale des anciens a fait restaurer les plaques commémoratives des professeurs Bouvet et Marchal par

les établissements Duluard. Quelques photos des travaux.

http://montesquieu.lemans.free.fr/restaurati/bmalbum.htm

- Le texte lu par les enfants de Georges Guitton lors de ses obsèques le 24 octobre 2016

http://montesquieu.lemans.free.fr/elevesoup1/georgesguitton.pdf

- Photos et documents des commémorations du 11 novembre 2016 au lycée.

http://montesquieu.lemans.free.fr/vendredi11/bmalbum.htm

- Quelques photos du repas de la section parisienne (samedi 19 novembre 2016)

http://montesquieu.lemans.free.fr/repasdela1/bmalbum.htm

- 3 photos de la causerie avec Philippe Bouquet, ancien professeur d'anglais.

http://montesquieu.lemans.free.fr/causerieav/bmalbum.htm

- Un lien pour écouter l'émission de France Inter du 25 11 16 consacrée à François Maspero, ancien élève

https://www.franceinter.fr/emissions/affaires-sensibles/affaires-sensibles-25-novembre-2016

- Les souvenirs de Roland Grard ont été enrichis

http://montesquieu.lemans.free.fr/elevesoupr/rolandgrard.pdf

Suite à la dissolution de l’Association des anciennes élèves de Berthelot-Bellevue, notre amicale a hérité de

leurs archives. Celles-ci sont maintenant dans la bibliothèque et n’attendent plus que leur classification

et/ou numérisation.

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JEAN AUDOUY (1910-1997), ÉLÈVE (1922-1929), PUIS PROFESSEUR

DE LETTRES AU LYCÉE (1938-1973) : UN ENSEIGNANT D’EXCEPTION ! par Didier Béoutis

Après avoir publié, dans notre numéro 51, daté de septembre dernier, la notice de Pierre-Émile Audouy, qui fut

professeur de 8ème

puis de 7ème

au lycée pendant onze ans, nous évoquons la figure de son fils, Jean dont la vie

s’est presque confondue avec notre établissement, puisqu’il y a passé quarante-deux ans et demi (sept comme

élève, trente-cinq ans et demi comme professeur de lettres classiques) et qu’il y a laissé le meilleur souvenir d’un

homme de bien, doublé d’un excellent pédagogue.

Né à Pontvallain le 5 juin 1910, fils unique d’Émile Audouy et de son épouse Alice Lefeuvre, Jean-Armand

Audouy (Armand en hommage à son grand-père maternel) fit ses études primaires dans la classe de son père à

l’école de Guécélard. L’anecdote du « calcul mental » telle que l’a racontée Lucien Chasseguet (cf notice sur

Émile Audouy dans notre lettre n°51) montre que, dans cette matière, le jeune Jean était plus fort non seulement

que ses camarades, mais aussi que son père !

Un excellent élève du lycée du Mans

Âgé de douze ans, Jean Audouy, en octobre 1922, commença ses études secondaires au lycée de garçons du

Mans, comme pensionnaire en classe de 6ème

classique. Restant pensionnaire même lorsque ses parents vinrent

s’installer au Mans en 1923, le jeune garçon effectua, jusqu’à l’obtention de son baccalauréat de Philosophie, en

1929, une excellente scolarité. Titulaire, chaque année, du

prix d’excellence de sa classe (à plusieurs reprises ex aequo

avec Émile Delatte (1912-1987), qui suivit ensuite ses

Jean Audouy, en 1

ère (1927), puis Philo (1928)

parents à Aurillac, futur élève de l’École polytechnique, qui

fit ensuite carrière au ministère des finances, dans le secteur

du contrôle des assurances). Ainsi, en classe de 4ème

, Jean

Audouy obtient le premier prix en langue française, en

version latine, en langue grecque (ex aequo avec Delatte), le

deuxième prix en thème latin, en mathématiques, en histoire-géographie, le premier accessit en sciences

naturelles. Ces performances le conduisent à obtenir le prix d’étude, le prix du tableau d’honneur, et les

félicitations pour chacun des trois trimestres. Trois ans plus tard, en classe de Première, lorsqu’il fut l’élève de de

Roger Bouvet, Jean Audouy, lors de la distribution des prix de juillet 1928, fut crédité du prix d’excellence (ex

aequo avec André Boyer), du tableau d’honneur, du prix d’études, des premiers prix de thème latin, version

grecque, mathématiques, du deuxième prix de version latine, premier accessit de composition française, d’histoire

ancienne, d’histoire moderne et géographie, d’une mention de prix en lecture et récitation. La promotion était de

qualité, car, parmi ses camarades de Première, figuraient notamment, outre André Boyer, fondateur de l’Institut

technique des salaires ; Pierre Delon, Jacques Meyer et Roger Pineau, futurs médecins ; Robert Duhamel -fils du

professeur de 6ème

puis 5ème

-, futur officier ; Martial Couqueberg, fils du professeur d’histoire et géographie ;

Louis Plaud, futur ingénieur agricole ; Gilles Beaugeard, qui sera docteur en droit et conseil juridique ; Louis

Coutelle, futur inspecteur de l’enregistrement.

Après son baccalauréat, Jean Audouy entame des études supérieures de lettres classiques à la faculté des lettres de

Caen. Il obtient sa licence en 1933, et, tout en occupant un poste de maître d’internat au collège de Sillé-le-

Guillaume, de décembre 1933 à avril 1934, il prépare un diplôme d’études approfondies qu’il obtiendra en 1934.

Il reçoit sa première affectation comme professeur délégué au collège d’Argentan (Orne), en avril 1934, poste

qu’il occupera jusqu’en décembre 1937 -hormis l’année de service militaire, d’octobre 1936 à octobre 1937-.

Trente-cinq ans et demi professeur au lycée de garçons du Mans

En décembre 1937, Fernand Guibout, professeur de Sixième au lycée est muté, sur sa

demande, au lycée de Fort-de-France. Très désireux de revenir au Mans, Jean Audouy fait

acte de candidature sur ce poste, et y est accepté. Il commence donc son service en janvier

1938, comme professeur de Sixième. Il y retrouve son père, instituteur de 7ème

qui sera en

poste durant encore trois ans, et prend en charge les élèves que celui-ci avait eus l’année

précédentes. Jean Audouy, en 1941

C’est le cas notamment de Jacques Chaussumier qui, élève du père en 7ème

, fut celui du

fils en 6ème

! Commence donc une période de trente-cinq années continues d’enseignement

au lycée, si l’on excepte l’année scolaire 1939-40 où, comme plusieurs de ses collègues,

Jean Audouy sera mobilisé.

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Alors que le père était un homme de tempérament bouillant, le fils, issu d’un Ariégeois et d’une Sarthoise, est

pourvu d’un caractère calme et patient. Ces qualités en font rapidement un excellent pédagogue, apprécié par sa

hiérarchie, ses collègues, ses élèves et les familles, et ceci, d’autant plus qu’il n’est pas

homme d’intrigue, ne se plaignant jamais, ne sollicitant aucune prébende, paraissant

heureux de son sort. Dès octobre 1941, Jean Audouy se voit confier la chaire de Troisième

(français, latin, grec) qu’il conservera pendant 32 ans, jusqu’à son départ en retraite, en

juillet 1973. Son service sera complété, dans les premières années, par la classe de Sixième

moderne, par une classe de Quatrième, puis, par la suite, par la classe de Première

scientifique (français et latin), parfois aussi par une classe terminale. M. Audouy aura donc

eu pour tâche de préparer aux examens de français et de latin de la première partie du

baccalauréat -jusqu’en 1963, dernière année d’existence du « premier bac »-, puis à

l’épreuve anticipée de français au baccalauréat, établie en 1970.

Photo : Jean Audouy en 1947

Conférence sur Marivaux, le 19 novembre 1951, à l’occasion du centième anniversaire du lycée

Comme en 1901 (50ème

anniversaire du lycée) et en 1926 (75ème

anniversaire du lycée et 50ème

anniversaire de

l’amicale), le 100ème

anniversaire de la création du lycée a donné lieu à un programme de festivités, dont une

conférence sur un sujet littéraire. En 1901, le professeur de Première, Léon Beck, avait évoqué Jean Richepin ; en

1926, le professeur de Première Roger Bouvet avait fait une conférence sur Beaumarchais avant la présentation du

Barbier de Séville. En 1951, c’est à Jean Audouy qu’était confié le soin d’évoquer Marivaux, en prélude à la

représentation, par des acteurs de la Comédie française, du Jeu de l’amour et du hasard. Après avoir rendu

hommage à son ancien professeur Roger Bouvet, Jean Audouy allait évoquer de manière fine et intéressante, la

vie et l’œuvre de Marivaux. On trouvera ci-dessous le début de son intervention.

Mesdames, Messieurs, chers camarades,

Le 12 décembre 1926, les anciens élèves du lycée du Mans célébraient le Cinquantenaire de leur association.

Pour terminer la fête avec éclat, de brillants artistes venus de Paris, de Marseille, de Lyon, de Bruxelles même,

avaient chanté un opéra de Rossini, Le Barbier de Séville. L’un de nos professeurs, M. Roger Bouvet, nous avait

d’abord peint avec humour la vie agitée de Beaumarchais et les joyeuses intrigues de l’intrépide Figaro. Hélas !

Celui dont les élèves de Première ont pu, pendant près de vingt ans, apprécier la science d’helléniste et de

latiniste, n’est plus. En voyant surgir sur les plages de sa province natale, au milieu même des vergers de sa chère

Normandie, les fortifications qui devaient s’opposer en vain à l’assaut libérateur, le jeune officier de 1918,

poussé par son ardent patriotisme, reprit à nouveau le combat, mais, cette fois, dans les luttes obscures de la

clandestinité. Il devait, vous le savez, trouver la mort dans un camp de concentration en Allemagne. Au moment

de lui succéder à cette place, à vingt-cinq ans d’intervalle, qu’il me soit permis, en évoquant avec émotion la

mémoire de M. Bouvet, de remplir, au nom de tous ceux qui furent ses disciples, un double devoir de

reconnaissance et d’amitié.

Nous avons, ce soir, le rare privilège d’accueillir la troupe officielle des Comédiens français. Cette présence,

nous la devons à l’un des anciens élèves du lycée, M. Pierre-Aimé Touchard, qui préside aux destinées de

l’illustre Compagnie. Issu d’une famille d’universitaires, qui, pendant plus d’un demi-siècle, ont rendu tant de

services à la jeunesse sarthoise, universitaire lui-même au début de sa carrière, il n’a pas oublié son vieux lycée,

et sa venue nous touche autant qu’elle nous réjouit. Après la représentation, il appartiendra à l’un de nos grands

anciens de faire part à M. l’administrateur de la Comédie française et aux artistes éminents qui l’ont

accompagné, de nos sentiments d’admiration et de gratitude. Réjouissons-nous dès maintenant de pouvoir, en les

recevant dans cette magnifique et vaste salle, leur offrir un cadre digne d’eux.

Une tradition, dont vous éprouvez en ce moment toute la rigueur, veut, qu’à mon tour, je joue le rôle de ce

personnage du Théâtre antique appelé Prologue, et qui était chargé de renseigner les spectateurs sur le sujet du

drame (…)

Un enseignant marquant

J’ai été l’élève de M. Audouy en 3ème

AB1, en français et latin, lors de l’année scolaire 1967-68, soit sept heures

par semaine, trois heures et demi en français, trois heures et demi en latin (en fait, quatre et trois heures de chaque

matière, avec une alternance au deuxième semestre ; « au second semestre, on renversera la vapeur », nous avait

dit notre professeur, lors de la première leçon). Son service de grec ancien était de trois heures, si bien que les six

élèves qui suivaient cette matière voyaient M. Audouy pendant dix heures par semaine. Mais on le se lassait pas

de M. Audouy, qui, alors âgé de 57 ans, était toujours en pleine possession de son art d’enseigner (il le restera

d’ailleurs jusqu’à la fin de sa carrière).

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M. Audouy, avec sa classe de 3

ème AB1 à l’automne de 1956

De taille moyenne -1m67-, un peu enveloppé, marqué par une calvitie qu’il cachait par des mèches ramenées, de

chaque côté, sur le crâne, et par le port d’un chapeau, habillé d’un costume sombre, sur chemise et cravate, parlant

d’une voix grave ponctuée d’un léger accent rural sarthois (et non ariégeois) qui lui faisait rouler les « r »,

d’aspect « notable » mais simple d’abord, Jean Audouy dégageait à la fois une gentillesse et une autorité

naturelles qui en faisait un enseignant apprécié.

Ses cours avaient lieu dans les salles du premier étage de part et d’autre du grand escalier de bois. Il avait obtenu

que nous l’attendions dans la cour des marronniers, le long du réfectoire le plus proche de l’escalier. Venant de la

salle des professeurs, M. Audouy nous conduisait, en rangs, par l’escalier et en silence, vers notre salle de cours.

Nous placions nos manteaux sur les patères au fond de la salle de classe, prenions place à l’invitation du

professeur, et le cours commençait.

Les cours de français de Monsieur Audouy

Les cours de français commençaient par les interrogations orales d’élèves, sur l’estrade (récitation d’extraits de

vers ou de proses appris par cœur, et, une fois par semaine, de la leçon de grammaire française). Penché sur son

répertoire, M. Audouy annonçait : « Monsieur.. » puis lâchait un nom. On pouvait, aussi, solliciter d’être interrogé

en levant la main. Un jour, notre professeur avait appelé un élève qui n’avait pas levé la main, mais qui avait

récité sa leçon de façon parfaite. En lui attribuant la très bonne note qu’il méritait, M. Audouy lui demanda s’il

n’était pas originaire de Toulouse. « Heu ! Non, Monsieur »… Le professeur lui répliqua : « Pourtant, la timide

violette…»

M. Audouy faisait d’excellentes explications des auteurs classiques (au programme de la classe de Troisième, Les

Femmes savantes, de Molière; Horace, de Corneille ; Iphigénie, de Racine, non terminé à cause de la fermeture

du lycée pendant les évènements de mai-juin 1968 -mais j’avais tout de même lu la fin de la tragédie, curieux de

savoir si Iphigénie allait échapper au bûcher, et rassuré après la lecture.) Dans Les Femmes savantes, celles-ci

s’extasient sur un mauvais poème de Trissotin, en trouvant très fine l’expression -pourtant inélégante- Quoi qu’on

die (Ah, que ce « quoi qu’on die » est d’un goût admirable (…) De « quoi qu’on die » aussi, mon cœur est

amoureux…) Je me souviens de M. Audouy nous disant, en roulant les « r » ; « Ce Quoi qu’on die, c’est lourd,

c’est rocailleux… » Dans Horace, Curiace interpelle Horace en justifiant le choix de Rome sur les trois frères :

Ainsi Rome n’a point séparé son estime/ Elle eût cru faire ailleurs un choix illégitime/ Cette superbe ville, en vos

frères et vous/ Trouve les trois guerriers qu’elle préfère à tous. Notre professeur nous avait fait apprendre la tirade

par cœur, en nous recommandant de respecter un court silence entre faire et ailleurs, afin d’éviter une allusion

inutile, même si la pièce peut se résumer à une histoire de ferraille…

J’avais, à ce propos, beaucoup apprécié une dissertation que M. Audouy nous avait donnée à faire sur les qualités

de Curiace, qui n’en manquait pas. Il nous avait aussi initiés à Châteaubriand en nous faisant étudier le passage

des Martyrs concernant Velléda, la druidesse celte qui, à la fin du IIIème siècle après J-C, excitait les guerriers

gaulois à s’affranchir de la domination romaine. Dans l’extrait du portrait de Velléda que notre professeur nous

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avait fait apprendre par cœur, il y avait ces phrases délicieuses , propres à faire

rêver des adolescents: « Sa taille était haute ; une tunique noire, courte et sans

manches, servait à peine de voile à sa nudité (…) La blancheur de ses bras et de

son teint, ses yeux bleus, ses lèvres de rose, ses longs cheveux blonds qui flottaient

épars, annonçaient la fille des Gaulois, et contrastaient, par leur douceur, avec sa

démarche fière et sauvage. Elle chantait d’une voix mélodieuse des paroles

terribles, et son sein découvert s’abaissait et s’élevait comme l’écume des flots. »

Chateaubriand donne à Velléda une fin tragique : partagée entre son amour du

romain christianisé Eudore et ses devoirs de prêtresse celte ennemie des Romains,

elle se frappe mortellement à l’aide de sa faucille d’or. En tout état de cause, M.

Audouy avait réussi à faire partager à ses élèves l’attachement qu’il portait au

personnage de Velléda ! Photo : Statue de Velléda (1844), par Hippolyte Maindron, jardin du Luxembourg à Paris

M. Audouy appréciait les Caractères de La Bruyère qu’il nous faisait connaître à

travers des dictées (Arrias a tout lu ; Diphile, le collectionneur d’oiseaux ;

l’amateur de tulipes), et de façon générale, les portraits courts (Monsieur le juge-

mage Simon, dans Les Confessions de Rousseau). Il nous avait fait aussi apprendre,

par cœur, Le meunier, son fils et l’âne (La Fontaine) et le Cor (Vigny), cher, peut-

être, à ses origines pyrénéennes.

Jean Audouy était aussi un solide grammairien, expliquant, de façon claire, aux

élèves de Troisième qui ne les connaissaient pas encore bien, les règles des analyses

grammaticale et logique. Les deux heures de leçons de grammaire avaient lieu le

samedi après-midi : grammaire française, de 14h à 15h ; grammaire latine, de 15h à

16h. Ce samedi, M. Audouy nous dictait les préparations à faire, les devoirs à rendre et les leçons à apprendre

pour la semaine à venir.

Deux observations, tout de même : les copies étaient parfois remises, corrigées, avec retard ; l’histoire de la

littérature du Moyen-Âge, qui était au programme ne passionnait visiblement pas M. Audouy, puisqu’il faisait

lire, par un élève à chaque cours, les textes et les explications du manuel de la collection Lagarde et Michard, se

contentant d’observations courtes.

De par ses origines ariégeoises, Jean Audouy aimait les compétitions sportives du sud-ouest, comme la

tauromachie, le rugby. Il suivait aussi le Tour de France cycliste, et nous avait expliqué l’origine de la curieuse

expression « partir sur les chapeaux de roues ». L’une des dissertations qu’il nous avait fait faire, en fin d’année,

portait sur le thème du sport. Comme un certain nombre de ses collègues de l’époque, M. Audouy feignait

d’ignorer le brevet de fin de Troisième (l’actuel « brevet des collèges » qui, à l’époque, s’appelait « brevet

d’études du premier cycle »), auquel tous les élèves s’inscrivaient cependant (et dont il était correcteur !) La

finalité des études au lycée, pour le proviseur comme les enseignants était le baccalauréat, à la préparation duquel

les enseignements de Troisième contribuaient. D’ailleurs, les conseils de classes étaient réunis avant que ne

fussent connus les résultats du B.E.P.C.

M. Audouy notait de façon plus généreuse que ses collègues enseignants de lettres classiques (à la composition de

latin du troisième trimestre de la 3ème

, notre camarade Bernard Boët avait été classé le premier avec une note de

… 20/20 !, inenvisageable pour cette matière à cette époque). Il est vrai que M. Audouy était pourvu d’éminentes

qualités d’« entraîneur » d’élèves, forçant le respect. Pas un début de chahut ! Les bavards remis rapidement à

leurs places par le truchement du Qu’est-ce à dirre ! Je n’ai retrouvé ces qualités qu’avec deux autres enseignants :

MM. Brisset (anglais) et Dupont (mathématiques). Cela prouve que la qualité d’un enseignement dépend

davantage de la personnalité du professeur que de la matière elle-même.

Les cours de latin de Monsieur Audouy

Les cours de latin de M. Audouy étaient conduits sur le même modèle que ceux de français. L’heure de cours

commençait par des interrogations orales d’élèves sur la récitation de textes latins à apprendre par cœur, et, une

fois par semaine, par celle de la leçon de grammaire.

MM. Berger (Quatrième), Audouy et Cardera (Troisième) étaient, à mon époque, les seuls enseignants du lycée à

faire pratiquer la récitation latine. La composition trimestrielle de récitation résultait donc la moyenne de deux

récitations orales, une en français, une en latin. M. Audouy tenait à ce que la composition de récitation -épreuve

considérée comme mineure, car ne comptant pas pour la moyenne des notes prises en compte pour le passage en

classe supérieure-, ne soit pas escamotée: J’attache de l’importance à la composition de récitation. Tout élève,

quel qu’il soit, qui ne la préparerait pas sérieusement, se verrait privé, du tableau d’honneur… Je n’ai pas connu

d’élèves ayant escamoté cette composition.

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Comme en français, Jean Audouy était un solide grammairien en latin, expliquant avec une grande clarté les

règles grammaticales et aussi celles de la prosodie, avec l’alternance entre le dactyle et le spondée.

Je pourrais réciter encore, à peu près par cœur, du moins le début du portrait -flatteur-, par l’historien romain

Salluste, dans son Bellum Jugurtinum, de Jugurtha, le roi des Numides, qui se battit vaillamment contre les

troupes du consul romain Marius et qui mourut emprisonné, à Rome, en 104 avant J-C : Qui, ubi primum adolevit,

pollens viribus, decora facie, sed multo maxime ingenio validus, sed ne luxu neque inertiae corrumpendum

dedit…

M. Audouy nous avait donné à traduire un extrait du Discours contre Verrès de Cicéron, dans lequel celui-ci

raconte comment le propréteur de Sicile, auteur de nombreuses exactions, avait fait arrêter plusieurs de ses

capitaines : Iste Verres inflammatus scelere, furore, crudelitate… (Ce Verrès, enflammé par le crime, la fureur, la

cruauté…)

Problème : comment exprimer en français « iste », adjectif démonstratif à sens péjoratif. Après avoir hésité à

traduire par Ce mauvais Verrès, je me suis contenté de traduire « Ce » Verrès, les guillemets étant censés marquer

le caractère péjoratif… Lors de la correction de la version, M. Audouy nous a indiqué que, pour bien maintenir les

sens latin, il ne fallait pas hésiter à accoler à « ce » un adjectif péjoratif : Cette crrapule, cette frripouille de

Verrès ! Je me suis amusé à entendre mon professeur prononcer cette phrase qui ne manquait pas de « r »...

Après l’interrogation de plusieurs élèves sur la récitation latine, on passait à la traduction du texte qui était à

préparer, à la maison. M. Audouy, pour ce faire, interrogeait un élève, qui, depuis sa table de travail, devait lire

phrase par phrase, le texte latin et la traduction en français. Comme la grande majorité des professeurs de latin de

cette époque, M. Audouy était très opposé à l’utilisation des traductions que l’on pouvait trouver dans le

commerce. L’occasion lui fut donnée, au cours du premier trimestre, de confondre un élève qui avait utilisé une

traduction. L’élève interrogé commence à lire et traduire la première phrase de son texte. J’observe le professeur

qui fronce les sourcils… Lors de traduction de la deuxième phrase, M. Audouy interpelle l’élève : « Monsieur L,

pourquoi avez-vous employé cette expression ? » « Heu, c’est le contexte… » Ayant « ferré le poisson », M.

Audouy se lève de sa chaise, et, debout sur l’estrade, lance à l’élève : « Je ne sais pas si c’est le texte ou le

contexte, mais, ce que je sais, c’est que vous avez utilisé une traduction ! » « Heu… » « Quelle traduction avez-

vous utilisée ? « Les Beaux Auteurs de l’Antiquité, Monsieur.. . »! S’adressant à toute la classe, M. Audouy nous

recommanda fermement de nous abstenir de recourir aux traductions, sous peine de voir baisser rapidement notre

niveau de latin…

L’élève confondu n’avait pas eu de chance, s’étant visiblement contenté de recopier, à la va-vite, une traduction

littéraire qu’il avait dû trouver dans la bibliothèque familiale. Si, au lieu de recopier la traduction des Beaux

Auteurs de l’Antiquité, il avait utilisé, comme d’autres élèves, la traduction, scolaire au mot-à-mot, des éditions

Hatier, il n’aurait pas été pris comme un vulgaire fraudeur... Cet élève aura sa revanche, plus tard, non pas en

latin, mais en français, car, devenu professeur de lettres modernes, il sera l’auteur d’ouvrages de linguistique

française… Dans les souvenirs de lycéen qu’il rédigea par la suite, il qualifie M. Audouy de « vieil homme

tranquille », ce qui est assez bien vu (pour un lycéen de treize ans, un homme qui frôle la soixantaine est

naturellement un vieil homme…) Certains élèves surnommaient M. Audouy « Tonton ».

La veille d’une composition de version latine, M. Audouy nous demandait d’apporter Les lettres latines, le Pernot

et le Gaffiot. Les Lettres latines, c’était le gros recueil de textes latins, sélectionnés par les professeurs Morisset et

Thévenot ; le Gaffiot, c’était le dictionnaire latin-français rédigé par Félix Gaffiot ; quant au Pernot, loin d’être un

vin anisé, c’était un recueil de versions latines, choisies par le professeur Marcel Pernot.

Les Lettres latines, le Gaffiot, le Pernot, trois ouvrages utiles pour l’apprentissage du latin avec M. Audouy

Des expressions de langage et aphorismes

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M. Audouy avait des expressions de langage et aphorismes qu’il aimait bien dire, dès que l’occasion se présentait,

pour amuser les élèves. J’ai ainsi relevé les expressions suivantes, suivies de leurs origines :

L’heure, c’est l’heure ! Avant l’heure, c’est pas l’heure ; après l’heure, c’est plus l’heure ! (emprunté au

chansonnier montmartrois Jules Jouy 1855-1897) ;

Hors du travail, point de salut ! (j’ai trouvé la citation la plus ancienne de cette expression dans un ouvrage publié

le 15 juillet 1848, sous le titre De la question du travail ou solution proposée par un travailleur sans ouvrage, par

Louis Laty, entrepreneur d’usines à gaz au chômage) ;

Les hellénistes distingués (expression assez couramment employée dans les milieux universitaires) ;

Vous pataugez dans les marécages de l’erreur (emprunté à l’humoriste Alphonse Allais 1854-1905) ;

Vox clamantis in deserto (paroles de Saint Jean-Baptiste, rapportées par plusieurs évangélistes) ;

Autant en emporte le vent (traduction française de Gone with the wind, roman de l’Américaine Margaret Mitchell

paru en 1936, qui donna lieu à un film à succès réalisé par Victor Fleming, en 1939 que M. Audouy avait dû lire

ou visionné, comme tous les jeunes gens de sa génération) ;

Quand les portes dorées de la Seconde s’ouvriront devant vous (sans doute inspiré de Quand l’aurore entrouvrira

les portes dorées de l’Orient dans Les aventures de Télémaque, fils d’Ulysse, de Fénelon) ;

Qu’est-ce à dire ? (inédit) ;

Il fut un temps où j’aurais sévi ! Mais… (inédit, l’expression « il fut un temps où » étant couramment employée).

Qu’est-ce à dirre ? (avec l’accent) ! Jean Audouy avait une méthode de discipline qui consistant à interpeller

l’élève qui bavardait, en lui demandant de répéter tout haut ce qu’il était en train de dire tout bas à son voisin :

« Qu’est-ce à dirre, Monsieur X » ; « Heu non, rien, Monsieur ! » « Mais si, faites profiter la classe de votre

propos ! » « Non, ce n‘est pas intéressant …»« Alors, si ce n’est pas intéressant, abstenez-vous de parler et suivez

le cours ! » Notre professeur avait ainsi l’art de faire sourire la classe, au détriment de l’élève bavard. La

discipline était totale dans la classe de Troisième de M. Audouy, non pas par crainte du professeur, mais par

sympathie pour lui et par l’intérêt qu’il nous faisait partager de son enseignement. En une année scolaire de sept

heures hebdomadaires, je n’ai jamais vu M. Audouy se mettre en colère, prendre une seule sanction pour

discipline (heure de retenue, devoir supplémentaire, exclusion de la classe, sanctions souvent pratiquées par ses

collègues). Il se contentait de dire Il fut un temps où j’aurais sévi ! Avait-il réellement sévi dans le temps qu’il

évoquait ? Si ! Le professeur de médecine François Grémy nous avait indiqué que, alors élève de Terminale en

juin 1945, il avait été puni par M. Audouy qui l’avait surpris avoir écrit un mot grossier sur un tableau noir. Sans

doute une double faute pour M. Audouy : s’être écarté du langage châtié, de mise pour un élève du lycée ; et, par

la même, avoir insulté le lycée…

J’avoue avoir un jour provoqué, un jour, le Qu’est-ce à dire de M. Audouy pour dire à la classe un bon mot en

rapport avec le cours…

Au début de l’année scolaire, M. Audouy avait instauré un système de sanctions pour les livres ou cahiers oubliés.

Il notait, sur son répertoire, les oublis. Un troisième oubli devait déclencher une sanction. Je doute qu’il ait émis

une seule sanction à ce sujet, chacun faisant attention de mettre dans son cartable manuels et cahiers, surtout après

un deuxième oubli...

La remise de la croix de chevalier dans l’ordre du Mérite, le 28 avril 1966

Les services rendus au lycée par Jean Audouy allaient, conduire le proviseur Pierre Girard à solliciter, pour son

enseignant, l’attribution de la croix de chevalier dans l’ordre national du Mérite, une distinction de création

récente, puisque instituée en décembre 1963 par le général De Gaulle. La remise solennelle, par le proviseur

Pierre Girard, eut lieu le jeudi 28 avril 1966, dans la salle des Actes du lycée, et fut rapportée par la presse locale.

M. Girard évoqua les qualités du récipiendaire en disant notamment : « M. Audouy est le type même de professeur

capable d’enseigner dans toutes les classes avec une belle et égale réussite ». Quant à Fernand Letessier, il avoua

l’admiration qu’il portait aux qualités pédagogiques de son collègue, par ces mots : « Vous avez toujours su

conserver une constance, une sérénité, une régularité de rythme qui nous confondent ; votre solidité, votre

rondeur, votre égalité d’âme doivent ressusciter, je le suppose, les vertus essentielles des Oratoriens, nos illustres

prédécesseurs en ces murs bicentenaires ! » On trouvera ci-après l’hommage de M. Letessier, qui traduit bien

l’estime dont Jean Audouy faisait l’objet au lycée :

Allocution de Fernand Letessier

Mesdames, Messieurs, mes chers collègues, il est tout à fait exceptionnel que des professeurs ressentent le

moindre plaisir à se voir rassemblés un jeudi après-midi dans l’établissement qu’ils fréquentent le reste de la

semaine. Cela ne leur arrive guère qu’à l’occasion de quelque commission d’examen, et chacun, alors, est, in

petto, profondément marri !

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Maine libre, 29 avril 1966 Pièce de monnaie représentant Jugurtha

Il n’en va pas de même en ce 28 avril 1966. En effet, si nous voici réunis, nous en sommes véritablement

heureux, puisque c’est devant une table généreusement pourvue de « harnois de gueule », et que le « symposium »

où vous êtes conviés n’a point pour objet de débattre une question aussi grave que l’établissement du barème de

correction de la dictée aux épreuves du B.E.P.C., mais de témoigner, à l’un d’entre nous -au plus souriant et au

plus aimable-notre affectueuse estime, au moment où il va recevoir, des mains de M. le Proviseur, la croix de

chevalier de l’ordre national du Mérite.

Mon cher ami, c’est un devoir bien agréable en vérité, pour le président de l’Amicale, de vous adresser ces

phrases toutes simples, mais dictées par la plus franche cordialité ; et, pour une fois, il ne se sent pas trop mal

qualifié d’avoir à prendre la parole.

Ne nous connaissons-nous pas de vieille date, ne faisons-nous même pas tous deux figure de doyens de présence

en cette maison où vous êtes entré en 1922, alors que j’y suis arrivé en 1923 ? J’ai été aussi, pendant quelques

semaines, en 7ème

où il suppléait l’austère M. Loyau, le disciple de votre père, et je me souviens encore des jours

passés avec lui et de son enseignement qui, comme le vôtre, alliait la bonne humeur et l’efficacité. Après avoir

accompli vos années d’écolier (on ne parlait pas encore d’étudiant à propos d’un potache !), en ce lycée dont vous

avez été un élève brillant, vous êtes allé à la faculté des lettres de Caen, où je devais passer quelque temps après

vous ; puis, ayant exercé brièvement hors des frontières de notre Sarthe natale, vous êtes revenu dans votre

établissement d’origine que -sauf au cours de la « drôle de guerre » et de la campagne de 1940- vous ne deviez

plus quitter. Et, depuis plus d’un quart de siècle déjà, nous n’avons pas cessé d’être collègues ici, -et j’ai vu

tomber vos cheveux comme vous avez vu grisonner les miens-, cependant que, parallèlement et de notre mieux,

nous nous efforcions d’enseigner, avec quelques autres choses, la grammaire aux enfants…

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Ouest-France, 30 avril 1966 Jean Audouy, en 1963

Je ne vous cacherai pas que j’ai toujours éprouvé pour vous une secrète envie, qui tient véritablement de

l’admiration. Dans cette profession qui, parfois à bon nombre d’entre vous et à moi-même, paraît monotone, voire

fastidieuse, parce que, trop souvent, elle prend l’aspect d’une vaine prédication lancée à travers un désert aride,

vous avez toujours su conserver une constance, une sérénité, une régularité de rythme qui nous confondent ; votre

solidité, votre rondeur, votre égalité d’âme doivent ressusciter, je le suppose, les vertus essentielles des

Oratoriens, nos illustres prédécesseurs en ces murs bicentenaires !

Pour vos collègues, qui sont tous vos amis, ces qualités font de vous le plus affable des compagnons de travail.

Nul ne vous a jamais entendu, ni ne vous entendra jamais récriminer violemment contre qui que ce soit, jamais

revendiquer avec hauteur ou amertume, jamais non plus faire valoir votre manière de penser ou d’agir, et cette

modestie discrète, qui n’a rien de taciturne, rend fort plaisante votre présence au milieu de nous. Car, bien que le

métier de professeur soit pour vous, héréditairement, une vocation véritable, il ne vous a ni accaparé tout entier, ni

surtout « déformé » : vous êtes resté ouvert à toutes les questions et à toutes les activités humaines. Pour avoir

pratiqué le sport dans votre jeunesse, vous demeurez un fervent du ballon ovale et, fidèle au Midi pyrénéen dont

est issue votre famille paternelle, vous êtes un passionné du noble art de la Tauromachie. Et nous connaissons

aussi la part que vous prenez aux utiles travaux de la Commission départementale de protection des sites.

Quant aux élèves qui pratiquent souvent, sans mauvaise intention, je pense, la médisance ou la calomnie, jamais je

ne les ai surpris à mal parler de vous après vous avoir quitté, ce qui n’est pas si fréquent et signifie que, bon juge

de votre entier dévouement pour eux, ils vous rendent la sympathie que vous savez leur accorder.

Aujourd’hui, ces mérites que les uns et les autres apprécient en votre personne sont officiellement reconnus par la

haute distinction que vous allez recevoir dans un instant. Décernée au titre de l’Éducation nationale, cette médaille

ne pouvait être mieux accordée qu’à un maître tel que vous. Et c’est une joie supplémentaire, pour nous tous, de

voir qu’en un temps où tout change, elle échoit pourtant à celui des nôtres qui représente le mieux équilibre et

stabilité.

Permettez-moi donc, mon cher Audouy, en mon nom et en celui de tous les collègues présents ou absents pour

d’impérieux motifs (M. l’inspecteur d’Académie Le Gallo nous a notamment signifié son regret de ne pouvoir être

ici ce soir), permettez-moi de vous renouveler nos félicitations les plus vives. L’Amicale a voulu les matérialiser

en organisant cette petite manifestation toute familiale et cependant chaleureuse, ainsi qu’en vous priant

d’accepter ces livres en souvenir de cette journée. Je me dois d’ajouter mes hommages respectueux à Madame

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votre mère, dont je salue la présence, et qui doit, en cette minute où vous êtes à l’honneur, recevoir la meilleure

récompense d’une vie qu’elle vous a vouée.

Et je m’empresse de terminer cette élucubration pour ne pas devenir importun aux oreilles qui m’écoutent, en

vous redisant, une fois encore, nos compliments et notre sincère amitié.

Attaché à Pontvallain, et historien de la bataille de Pontvallain de décembre 1370

Jean Audouy résidait, avec ses parents, dans la maison familiale du 129, rue Voltaire, tout au bout de cette voie,

juste avant la place de la Chasse-Royale, acquise quand son père avait été affecté au Mans, d’où il se rendait à

pied au lycée. Il y verra décéder, tout d’abord son père, âgé de 72 ans, le 19 avril 1956, puis sa mère, âgée de 85

ans, en août 1968. Resté attaché à Pontvallain où la famille avait gardé une maison de campagne, Jean Audouy y

faisait de fréquents séjours, le professeur de la rue Voltaire se plaisant, comme Candide, aux joies du jardinage.

Pontvallain fut le théâtre, en novembre ou décembre 1370, d’une des principales batailles de la Guerre de cent

ans, au cours de laquelle l’armée française, commandée par Bertrand du Guesclin, récemment nommé connétable

de France, infligea une sévère défaite aux troupes anglaises

dirigées par le capitaine Robert Knolles. La Ville de

Pontvallain avait décidé de célébrer le sixième centenaire de la

bataille, en organisant une exposition et en organisant des fêtes

costumées. Jean Audouy avait alors rédigé une histoire de la

bataille de Pontvallain, parue dans deux numéros successifs

d’Ouest-France, en mai et juin 1970. Le couronnement du pape Grégoire XI (1371) et la bataille de

Pontvallain (1370) : une des enluminures illustrant les Chroniques

de Jean Froissart (vers 1337-après 1404)

Un temps de retraite de vingt-quatre ans

Très attaché à son enseignement et son lycée, Jean Audouy ne partit en retraite que lorsqu’il en fut contraint par la

limite d’âge, à la fin de l’année scolaire 1972-73, à l’âge de 63 ans et demi, après 35 ans et demi de services au

lycée (trente-neuf ans de services comme professeur si l’on ajoute les trois ans et demi au collège d’Argentan).

.Sans doute est-il parti avec le sentiment qu’il se trouvait en décalage avec les nouvelles méthodes

d’enseignement, axées sur la participation des élèves. Le cours de M. Audouy était un cours magistral. Comme la

quasi-totalité des enseignants de sa génération, il n’a jamais eu recours aux exposés d’élèves, ni aux visites de

musées ou d’expositions, encore moins à l’utilisation de l’audio-visuel. Jean Audouy a été un excellent professeur

de style « classique », utilisant des méthodes qui n’étaient plus en vogue au moment où il partait en retraite.

Jean Audouy prend rang parmi les enseignants du second degré qui ont été les plus longtemps en fonction au

lycée (derrière Charles Bouzat, avec ses 41 ans au lycée, mais devant ses contemporains Henri Berger et Fernand

Letessier, qui alignent chacun 34 ans). Mais si l’on ajoute le temps de scolarité au lycée, il faut ajouter 7 ans à

Audouy et 8 ans à Letessier !

Sous des allures de notable, Jean Audouy menait une vie simple auprès de ses parents, se partageant entre la

maison du Mans et celle de Pontvallain. Outre le jardinage et la traduction de textes latins, M. Audouy pratiquait

le bridge et, au volant de sa voiture, accompagné de ses parents, puis, après leur décès, seul, il s’en allait visiter la

France et ses richesses artistiques. Son enseignement l’occupait tout entièrement. La seule activité extérieure qui

lui ait été connue était sa participation à la Commission départementale des sites et monuments naturels,

organisme chargé, en application de la loi du 21 avril 1906, de dresser l’inventaire des biens dont la conservation

apparaît d’intérêt général. Sur l’invitation de son collègue et ami Fernand Letessier, Jean Audouy avait adhéré à la

Société d’agriculture, sciences et arts de la Sarthe, en 1970. Mais on ne le vit que lors de quelques séances. Il

préférait occuper ses matinées des dimanches, dates des séances, à s’en aller jardiner dans sa propriété de

Pontvallain.

Adhérent depuis de longue date à l’Amicale, Jean Audouy participait aux différentes réunions, mais sans jamais

se mettre en avant. Il décéda au Mans, le 17 juin 1997, âgé de 87 ans. Hasard du calendrier : le 23 novembre

suivant, décédait, à Paris, Émile Delatte, le camarade des petites classes du lycée avec lequel il était en

concurrence pour l’attribution du prix d’excellence.

Nous espérons que vous aurez pris intérêt à la lecture de ce numéro. Vous pourrez consulter le site d’archives géré par

André VIVET http://montesquieu.lemans.free.fr et contribuer à l’enrichir. Merci de nous faire parvenir informations,

contributions qui pourront être publiées, observations et suggestions. Tout courrier doit être adressé, pour la lettre, à Didier

BÉOUTIS, 11, rue Pierre Belon, 72000 LE MANS, [email protected] et, pour les archives et adhésions, à André

VIVET, 7, rue de Sicile, 72000 LE MANS, [email protected]. Prochaine lettre le 1er

mars.

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Audouy est un patronyme méridional issu du germanique ald (vieux) et win (ami). Une variante francisée de ce

nom est Ouen. Il est curieux de constater que Pierre-Émile comme Jean ont enseigné dans un lycée bâti sur

l’emplacement de la paroisse Saint-Ouen des fossés et dont la voie le desservant était dénommée, jusqu’en 1925,

rue Saint-Ouen, et dont la chapelle conserve, au transept, une statue représentant Saint-Ouen !

JEAN AUDOUY, VU PAR PLUSIEURS DE SES ANCIENS ÉLÈVES

Jean-Claude Hubi (au lycée de 1949 à 1955) : Audouy était un homme rond, massif et lent, à la peau lisse et

brillante, au teint hâlé, qui vivait, à quarante ans, chez sa maman ; il protégeait, en toute saison, un crâne

nettement dégarni par un chapeau qu’il posait sur son bureau, dès son entrée en cours. Il veillait, par une

démarche de terrien robuste, en utilisant une langue où les « r » roulaient comme dans notre campagne, à ce que

les acquis de l’école élémentaire soient affermis ; il nous habituait à l’analyse logique, avec des connecteurs

(comme on ne disait pas à l’époque) encadrés et colorés, des césures solidement hachées, des verbes principaux et

subordonnés soulignés. Tout ce travail de découpage laissait sur notre feuille des pronoms, des conjonctions, des

verbes et des propositions démontés comme des pièces éparpillées sur l’établi d’un mécanicien.

Michel Dupont (au lycée de 1954 à 1962) : Pour Jean Audouy que j'ai beaucoup apprécié en 3ème (1957-58) et

en 1ère

(59-60), j'ai finalement peu d'anecdotes. Je me souviens surtout de ses citations latines (par exemple "Vox

clamantis in deserto" adressée à une classe apathique...)

Par contre, hors lycée, à l’été 1961, j'étais passé un matin à Pontvallain, en ralliant, à vélo, Duneau à l’île de Ré,

avec mon copain Olivier Huet, et nous avions sonné à sa porte pour le saluer en passant. Avec sa maman, il nous

avait reçus fort aimablement et offert... un petit coup de vin blanc sec. Au redémarrage, nos jambes de 17 et 16

ans peu habituées à ce carburant, furent très, très, lourdes, et les vélos, déjà chargés de tout le matériel de

camping, nous semblaient avoir pris des tas de kilos en plus.

Jean-Charles Mignard (au lycée de 1957 à 1963) : L'excellent M. Audouy fut mon professeur en 6ème A4

(allemand première langue) où se trouvait aussi le fils du proviseur de l'époque. M. Audouy fut aussi mon

professeur en 3ème AB1. Il savait allier une grande douceur avec une autorité totale, ce qui est rare et la marque

d'un grand professeur. Jamais le moindre début de commencement de chahut.

Je me souviens pour toujours d'une de ses maximes préférées " hors du travail, pas de salut ". Donc nous

connaissions par cœur la grammaire latine de Cayrou. Ceci m’a sauvé la mise à la première partie du bac,

puisqu'étonné d'avoir terminé la physique-chimie en une heure, je refis tout (faux !) la deuxième heure.

Heureusement, le latin de M. Audouy me sauva.

Jean-Pierre Sénamaud (au lycée de 1957 à 1963) : M. Audouy, qui tire sur ses bretelles, époussette les manches

de son costume, et passe mécaniquement l’index entre son col de chemise et son cou. Alors, qu’est-ce à dire, dit-il

avec son accent de rocaille. Quel prof, ce Monsieur Audouy ! J’attendais avec impatience le jour de son cours.

Jean-Pierre Benoît (au lycée de 1963 à 1971) : Monsieur Audouy, est, avec Monsieur Dupont (mathématiques)

et Madame Ménard (histoire), l’un des trois professeurs du lycée dont j’ai conservé le meilleur souvenir.

Allocution prononcée par M. Fernand Letessier, président de l’amicale des professeurs du lycée,

lors du départ en retraite de Jean Audouy. Le Mans, lundi 25 juin 1973

Le lundi 25 juin 1973, eut lieu la traditionnelle réception en l’honneur des enseignants partant en retraite, et,

pour cette année -là, MM. Jean Audouy, Roger Cheu et Roland Pilou. Fernand Letessier avait prononcé un

hommage pour chacun d’eux. On trouvera ci-dessous l’hommage rendu à Jean Audouy.

Mon cher Audouy, vous êtes né le 5 juin 1910 à Pontvallain, village où enseignait votre père, et qui est toujours

resté cher à votre cœur. Vous êtes entré en 6ème

à ce lycée en octobre 1922 et, depuis, vous ne l’avez guère quitté.

Bachelier à Caen, c’est dans cette ville que vous avez fait vos études supérieures ; maître d’internat à Sillé-le-

Guillaume en 1933-34, vous avez enseigné au collège d’Argentan de 1934 à la fin de 1937, votre présence dans

l’Orne ayant été interrompue par votre service militaire (oct. 1936- oct. 1937). Puis, le 3 janvier 1938, vous

signiez votre procès-verbal d’installation au lycée du Mans, d’où vous n’avez bougé que durant une année, en

1939-1940, pour des raisons qu’il n’est pas utile de préciser davantage ! Vous êtes donc, dans notre monde en

perpétuel devenir, un bel exemple de stabilité, et vous avez toujours su accomplir votre tâche avec la même

régularité rigoureuse et une humeur sans cesse égale qui ont fait l’admiration de tous ceux qui vous connaissent.

Votre dévouement et votre efficacité pédagogique (à une époque, où, moins que maintenant, on parlait de la

Pédagogie, mais où on la pratiquait peut-être avec plus de sagesse !) ont été reconnus officiellement, puisque,

officier des Palmes académiques en 1951, vous avez reçu, en 1966, une croix du Mérite… bien méritée !

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Et maintenant, en guise de conclusion, les remerciements que je n’ai jamais eus l’occasion d’exprimer à mon

ancien professeur : « Monsieur Audouy, au nom de ceux qui ont été vos élèves, je voudrais vous exprimer notre

gratitude pour votre enseignement qui nous a marqués ! » « Qu’est-ce-à-dirre, Monsieur Béoutis ? » « Heu, vous

avez été, pour nous, un excellent professeur… » « Ah oui! Grand merci à vous tous ! »