Avortement au Burkina Faso · 2015. 10. 19. · INSTITUTE Avortement au Burkina Faso •Au...

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Avortement au Burkina Faso

• Au Burkina Faso, l'avortement est auto-risé par la loi pour protéger la santé de lafemme enceinte, ainsi que dans lescasdeviol, d'inceste, ou de grave malformationfœtale.

• La connaissance du statut légal del'avortement est faible: seulement untiers des femmes burkinabè savent quel'avortement est autorisé dans certainscas. L'avortement pratiqué de façonillégale étant considéré comme un actecriminel, l'immense majorité des femmesqui mettent un terme à leur grossesse-qu'elles aient pu le faire légalement oupas- le font en secret, par peur despoursuites et pour éviter la stigmatisationsociale qui accompagne le recours àl'avortement.

• Laplupart des avortements clandestinsse pratiquent dans des conditionsrisquées, qui mettent en danger la santédes femmes, et parfois leur vie.

CARACTËRISTlQUES DES FEMMESAYANT RECOURS À l'AVORTEMENT• Lesfemmes burkinabè qui ont recoursà l'avortement n'ont pas le profil-typedes femmes en âge de procréer. Ellessont plus jeunes, mieux éduquées, plussusceptibles de vivre en ville, et d'êtrenon mariées et sans enfant.

• En2008, 65% des femmes qui avaienteu recours à l'avortement dans les deuxannées précédentes avaient entre 15 et24 ans,ce qui concorde également avecle pourcentage de celles n'ayant pasd'enfants. Parcontre, parmi la totalitédes femmes âgées de 15 à 49 ans,41%avaient entre 15et 24 anset uniquement24% n'avaient pas d'enfant.

• L'avortement se pratique de façondisproportionnée chez lesfemmes nonmariées:sixfemmessur 10qui ont avortén'étaient pasmariées,alors qu'au totalseulement deux femmes sur dix en âgede procréer n'étaient pas mariées en2008.De plus, 27%des femm~s qui ontavorté avaient au moins atteint le cycled'éducation secondaire;c'était lecaspourseulement 9% de la totalité des femmesen âge de procréer.

INCIDENCE DE l'AVORTEMENT• En2012, environ 105000 avortementsont été pratiquésau BurkinaFaso;le tauxd'avortement national était de 25 pour1000 femmes âgées de 15 à 49 ans.

• Dans les zones rurales, le taux étaitlégèrement inférieur (22 pour 1000), etsensiblement supérieur dans les zonesurbaines autres que Ouagadougou, lacapitale (42 pour 1 000), où il était de28 pour 1000.

PRATICIENS ET MËTHODES• En2008, lespraticiens les plus sollicitésont été les praticiens traditionnels:ils ont été à l'origine de 41% desavortements au Burkina Faso.Dans23%descas, c'est la femmequi a mis fin à sagrossesseelle-même.

• Lesavortementsont aussiété pratiquéspardessages-femmeset desmaïeuticiens(13%) et par des assistants de santé(12%).Cesassistantsont pu recevoir uneformation basique, mais pas nécessairement en matière de techniques d'avortement sûr.

• On estime à seulement 3% la propor-tion des femmes ayant eu recours à un

février, 2014

médecin pour avorter. Les 7% restantsont sollicité d'autres types de praticienset utilisé une autre méthode.

• Les femmes pauvres des zones ruraless'exposent à un plus grand risque. Septsur 10 ont recours à un praticien traditionnel ou mettent fin elLes-mêmesà leurgrossesse.

• Environ quatre femmes sur dix quiont avorté ont utilisé une potion, ou dehautes dosesde médicaments,de produitscaustiques comme de l'eau de javelou de la lessive.

• Au total, le recours à des méthodesd'avortement sûr reste très faible auBurkina Faso. Il est presque inexistantchez lesfemmes des zones rurales (97%d'avortements à risque).

CONSËQUENCES DE l'AVORTEMENTÀ RISQUE• Au BurkinaFasoen 2008, environ 23000

femmes ont été traitées pour complicationstions liées à un avortement. On estime à15000 le nombre de femmes ayant connudescomplications sévères n'ayant pas reçulessoinsdont ellesavaient besoin.

• On estime que presque six femmessur dix ayant eu recours à un praticientraditionnel et la moitié de celles qui ontavorté elles - mêmes ont subi des complications. Environ deux femmes sur dixqui ont eu recours à une sage femme, unmaïeuticien ou un autre professionnelde santé ont subi des complications, etune femme sur dix ayant eu recours à unmédecin.

Besoins non satisfaits en contraceptionLesbesoinsnonsatisfaitsrestentélevésaussibienchezlesfemmesmariéesquenonmariées

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1998-1999

• Total • Mariées

2924

20

2003 2010Femmes 15-49

Non mariées et sexuellement actives

• A l'échelle nationale, presquequatre femmes sur dix quiconnaissent des complicationsliées à l'avortement ne re-çoivent pas les soins dont ellesont besoin. C'est d'autant plusvrai pour les femmes pauvresvivant à la campagne, et moinschez les femmes plus favoriséesdes villes, ce qui signifie queles soins post-avortement sontplus accessibles dans les zonesurbaines, pour les femmes quiont les moyens de s'en acquitter.

• La proportion des décès ma-ternels consécutifs à un avorte-ment à risque n'est pas évaluéeau Burkina Faso. Cependant,

. la moyenne en Afrique sub-saharienne s'élève à environ undécès maternel sur sept.

LES BESOINS NON SATIS-FAITS EN PLANIFICATIONFAMILIALE RESTENT ËLEVËS• Chaque année au BurkinaFaso, un tiers des grossessesnesont pas désirées - soit ellesn'interviennent pas au momentsouhaité, soit elles ne sont passouhaitées du tout-et un tiersde ces grossesses non désiréesseterminent par un avortement.

• Nombreuses sont les femmesqui courent un risque de grossessenon désirée. En2010, unefemme burkinabè sur cinq enâge de procréer avait un besoinnon satisfait en contraception-c'est-à-dire elle voulait éviterune grossesse mais n'utilisaitpas de méthode de contracep-tion moderne ou traditionnelle.

• Les besoins non satisfaitssont élevés chez les femmesmariées: un quart d'entre ellesne veulent pas d'enfant dans lefutur proche ou ne veulent plusd'enfant du tout, et n'utilisentpas de méthode de contracep-tion. Ce pourcentage a très peuévolué depuis 1999 .

• Parmi les femmes non mariéeset sexuellement actives, les be-soins non satisfaits sont encoreplus importants- 37% en 2003et 38% en 2010.

• De manière générale, leniveau d'utilisation de mé-thodes contraceptives est trèsbas: en 2010, seulement 16%des femmes mariées en âge deprocréerutilisaient une méthodecontraceptive,quelle qu'elle soit.

• En 2010, la prévalence del'utilisation de la contraceptionmoderne ou traditionnelle chezles femmes mariées habitant enville était trois fois plus élevéeque chez les femmes mariéeshabitant en zone rurale (34%contre 11%). Parmi les femmesayant été scolarisées pendantsept ans ou plus, la prévalenceétait presque quatre fois plusforte que chez les femmes avecun niveau d'étude inférieur(50% contre 13%).

• Ces disparités saisissantesdans l'utilisation de lacontraception suggèrent quela pauvreté, un faible niveaud'éducation et un mauvaisaccèsaux services dans les zonesrurales sont des freins à lacapacité d'une femme à obtenirdesinformations sur la planifi-cation familiale et avoir accèsaux services correspondants.

IMPLICATIONS EN TERMESDE POLITIQUES• Lesprogrammes de planifica-tion familiale doivent s'étendreet être promus à travers lesservices de santé primaires; lafourniture de conseils en ma -tière de planification familiale etde méthodes de contraceptiondoit devenir systématique lorsde soins post-avortement.

• Le coût des services de plani-fication familiale représente unobstacle. Réduire ce coût per-mettrait probablement un tauxde contraception plus élevé.

• Etant donné le fait que lesfemmes qui avortent sont defaçon disproportionnée plutôtjeunes et non mariées, uneattention spéciale doit leur êtreaccordée: il s'agit de leur four-nir des services de planificationfamiliale qui soient accessibleset ne véhiculent aucun juge-ment négatif.

• Au Burkina Faso,sept femmessur dix en âge de procréer

n'ont jamais été scolarisées. Ilest improbable que le taux decontraception augmente de fa-çon substantielle sans un effortnational concerté pour amélio-rer l'éducation des femmes.

• Pour réduire l'incidence desproblèmes sévères et des décèsconsécutifs à des complicationsliées à un avortement, l'accèsà des services et des soinspost-avortement de qualité doitêtre amélioré, et les servicessubventionnés doivent être pluscomplets, afin de permettre auxfemmes pauvres de recevoir lessoins dont elles ont besoin.

• Des efforts . coordonnés dela part du gouvernement etdes ONG seront égalementnécessaires pour sensibiliser lapopulation à la loi nationale surl'avortement, et pour s'assurerque les femmes burkinabèpuissent accéder à des servicesd'avortement sûr dans les casprévus par la loi.

Les données de cette ficheproviennent de Bankole A et al,Grossessenon désirée et avorte-ment provoqué au Burkina Faso:causeset conséquences,NewYork:Guttmacher Institute, 2013. Cetteficheet lamonographiesurlaquelleelle s'appuieont été financées parle ministère hollandaisdesAffairesétrangèreset laWilliam and FloraHewlett Foundation.

GUTTMACH'eRINSTITUTE

2014