Blyton Enid Boum sa grosse caisse et son petit chien

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BOUM, SA GROSSE CAISSEET SON PETIT CHIEN

par Enid BLYTON

DEPUIS qu'il a quitté le régiment du capitaine Trac, Boum le petit tambour est un peu fatigué de marcher seul, avec sa grosse caisse, à travers la campagne.

« Ah! soupire-t-il, si seulement j'avais un chien! »

A peine a-t-il prononcé ces mots qu'il entend derrière lui un léger aboiement. Il se retourne et il découvre... Mais oui, un petit chien! Boum est bien content mais très étonné : comment l'animal a-t-il fait pour venir aussi vite jusqu'à lui? Il y a là un mystère que le petit tambour est bien décidé à éclaircir...

Cependant, une chose est sûre : Boum a trouvé un nouvel ami et ils vont vivre ensemble de merveilleuses aventures.

Ce livre porte le label MINIROSE, c'est-à-dire qu'il intéresse les enfants dès qu'ils savent lire, et qu'il peut aussi bien leur être lu à haute voix.

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Série Boum(8 volumes)

Boum au bord de la mer

Boum dans la ville enchantée

Boum et l'arc en ciel

Boum et le clown

Boum et le petit ours

Boum le petit tambour  

Boum et les trois

Boum, sa grosse caisse et son petit chien

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TABLE

1.Bonjour, boum ! 7

2.Une étrange maison 21

3.Boum et Fripounet 31

4.Boum va de surprise en surprise 43

5.Une foule de souhaits 56

6.Allez-vous-en, capitaine ! 73

7.Attention, boum ! 89

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CHAPITRE PREMIER

Bonjour, Boum !

« BOUM badaboum boum boum ! »

Qui peut jouer ainsi de la grosse caisse dans la forêt?

Perché sur une branche, un

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rouge-gorge tourna la tête de tous côtés et un lapin sortit en courant de son terrier.

« C'est Boum, le petit tambour! pépia le rouge-gorge. Il vient par ici. Bonjour, Boum!

— Oui, c'est Boum ! » s'écria le lapin en agitant la patte.

Bientôt, une foule d'animaux surgit de toutes parts et une grande grive se posa auprès d'eux.

« Bonjour, Boum ! crièrent-ils tous en chœur. Nous avons entendu parler de toi et de ta grosse caisse.

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— Bonjour ! répondit Boum en s'arrêtant de jouer. Oui, je suis Boum, le petit tambour. Je me suis enfui du régiment du capitaine Trac parce que je voulais voyager et avoir beaucoup d'aventures.

— Est-ce que tu en as vécu une, aujourd'hui? demanda la grive.

— Non, répondit Boum. Je n'en ai pas trouvé une seule de la journée. Je crois que je me suis égaré. J'ai suivi ce sentier tortueux, mais il n'a l'air de mener nulle part ! »

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Il s'assit dans l'herbe sans détacher sa grosse caisse. Un lapin prit une des mailloches, solide baguette garnie d'une boule de feutre, et frappa sur l'instrument. A son grand amusement, celui-ci résonna. Boum, boum, boum !

« J'ai marché toute la journée en jouant de la grosse caisse, dit Boum. J'ai faim et soif. De plus, j'ai perdu mon chemin. Je ne sais plus où aller. Aidez-moi, je vous en prie !

Va par là ! chanta la grive en indiquant un sentier de son bec.

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Tu atteindras bientôt une maison.

- Mais une fois arrivé là, fais attention ! » ajouta le rouge-gorge.

Tous les lapins hochèrent la tête en signe d'approbation.

« Pourquoi dois-je faire attention? » demanda Boum.

Personne ne lui répondit.« Nous te montrerons le

chemin, dit le plus grand des lapins. Ce n'est pas très loin. Joue-nous un air de marche. Nous aimons tant le son du tambour ! »

Malgré sa fatigue, Boum se releva et suivit les petits lapins

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tout en tapant sur sa grosse caisse.

«Boum badaboum boum BOUM! »

Boum avait trébuché sur une racine enfouie dans le sol et il avait donné un coup de mailloche beaucoup plus fort que les autres. Si fort que tous les lapins sautèrent

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en l’air, effrayés ! Boum, gentiment, éclata de rire.

« Est-ce encore loin ? demanda-t-il au bout d'un moment. J'ai l'impression que nous marchons depuis des heures.

Voilà la maison ! dit le grand lapin en désignant une chaumière de sa patte. Nous ne nous en approcherons pas davantage. Et maintenant, sois prudent, Boum, sois très prudent ! »

Quittant tous ses amis les animaux, Boum se dirigea vers la maison.

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« Comme elle est jolie ! se dit-il. Ces rosés rouges qui grimpent le long des murs la recouvrent presque entièrement. Oh ! que ces iris sont beaux, devant la maison! Et là-bas, il y a un vieux puits ! Je vais enfin pouvoir boire ! »

II franchit l'entrée du jardin. Celui-ci était tout en fleur et semblait très accueillant.

« Je vais frapper à la porte pour demander un verre d'eau. Et peut-être aussi un morceau de pain. »

Il chercha la porte mais n'en vit aucune sur le devant. Il se

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rendit donc derrière. Chose étrange, il n'y en avait pas, là non plus î Boum tourna autour de la maison, perplexe.

« Aucune porte nulle part ! dit-il. Comment les habitants font-ils pour entrer et sortir?

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Bizarre... Je commence à comprendre pourquoi les lapins m'ont recommandé la prudence!»

Il fit encore une fois le tour de la chaumière, sans plus de succès.

« Pourtant, je suis sûr que des gens vivent ici ! Puisqu'il n'y a ni porte ni sonnette, je vais jouer de ma grosse caisse. »

Boum se planta devant la façade et se mit à taper très fort en chantant une petite chanson :

Où donc est votre porte? J'ai bien regardé partoutEt je ne suis pas fou : II n'y a pas de porte!

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A peine avait-il fini de chanter qu'il vit une main soulever le rideau d'une des fenêtres. Une vieille dame, aux cheveux argentés et aux yeux malicieux, l’observait

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de derrière le carreau. « Qui est là ? cria-t-elle. Je suis très occupée aujourd'hui. Je fais cuire mon philtre magique et ne reçois personne.

C'est moi, Boum, le petit tambour. Je meurs de faim et de soif, mais je n'arrive pas à trouver votre porte.

- Ah! si tu es Boum, le petit tambour, tu peux entrer, dit la vieille dame en souriant. J'ai entendu parler de toi. Tape trois fois sur ta grosse caisse en criant : Abracadabra-abra-mé! »

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Et, ô surprise ! une porte apparut dans la façade juste devant lui. Tout cela était bien étrange, et Boum ne se sentait pas très rassuré.

A cet instant, la porte s'ouvrit. La vieille dame se tenait sur le seuil et lui souriait.

« Entre, dit-elle. N'aie pas peur. »

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CHAPITRE II

Une étrange maison

BOUM pénétra dans la demeure et regarda autour de lui. Quel endroit bizarre ! se dit-il. Sur la tablette de cheminée, une grosse pendule montée sur de petites

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jambes grassouillettes marchait de long en large au rythme de son propre tic-tac. Boum la trouva fort comique et faillit pouffer de rire.

Un peu plus loin, un vieux fauteuil à bascule se balançait tout seul en chantonnant. Et la table à trois pieds tournait sur elle-même comme une toupie. Boum regarda ces étranges objets, bouche bée.

« Un jour, par mégarde, je les ai aspergés de philtre magique, expliqua la vieille dame. Depuis,

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ils sont un peu bizarres. »Dans un coin de la pièce,

Boum aperçut un gros chat noir.« Quel énorme matou vous

avez ! s'exclama-t-il. Ce doit être un chat magique. Pourquoi me regarde-t-il si fixement ? »

La vieille dame se mit à rire.« Ne fais pas attention à

Fripounet, répondit-elle. Il n'aime pas beaucoup les visiteurs. »

Elle se tenait devant la cheminée. Armée d'une cuiller à long manche, elle tournait le contenu

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d'un grand chaudron suspendu au-dessus des flammes.

« Est-ce que je peux jeter un coup d'œil dans la marmite? demanda Boum en posant sa grosse caisse sur le sol. Si vous êtes en train de préparer la soupe, j'en voudrais bien un peu.

- Non, ce n'est pas de la soupe, mais un philtre magique. Il suffît d'en boire un peu pour voir tous ses vœux se réaliser. »

Tout en continuant à remuer le liquide, la vieille dame cria au chat : Fripounet, apporte donc quel-

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Elle tournait le contenu d’un grand chaudron

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que chose à manger et à boire au petit tambour. C'est un gentil garçon ! »

Mais le chat se montra fort impoli. Il miaula avec bruit et cracha en direction de Boum. Puis il sauta de sa chaise et quitta la pièce, la queue aussi droite qu'un bâton.

« Oh ! on dirait qu'il ne t'aime pas! s'exclama la vieille dame, fâchée. Tant pis. Si tu veux t'occuper de la marmite un instant, j'irai te chercher un casse-croûte et du lait. »

Boum s'approcha de la grosse

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marmite noire et prit la cuiller des mains de la vieille dame. Quelle curieuse mixture ! Des bulles venaient sans cesse crever à sa surface et il s'en élevait une épaisse fumée qui prenait toutes sortes de formes étranges. Boum les regarda, stupéfait.

« Je vois un petit bateau, annonça-t-il. Et maintenant, une fleur. Oh ! le beau château ! Ça y est, il a disparu! Votre philtre magique doit être très puissant, madame ! dit-il à la sorcière qui revenait.

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- En effet », répondit la vieille dame.

Elle posa sur la table une cuisse de poulet rôti, du pain et du lait. Puis elle mit le couvert.

« Tiens ! voilà mon chat qui a fini de bouder! Pourquoi n'aimes-tu pas Boum, Fripounet?

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Il ne te veut pas de mal!» Fripounet s'assit dans un coin et se remit à dévisager Boum, clignant des paupières de temps à autre. Le petit tambour, tout en faisant tourner la cuiller dans la marmite, ne quittait pas le chat des yeux.

« Si votre chat ne m'aime pas, je le lui rends bien, déclara-t-il. - Ne t'occupe donc pas de lui, dit la bonne dame. C'est un grossier personnage. Je vais aller au jardin cueillir une laitue pour accompagner ton poulet. Pendant

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ce temps, continue à surveiller mon philtre. Surtout ne t'arrête pas de le tourner, sinon tout serait à recommencer ! »

Et elle sortit, laissant Boum seul avec le grand chaudron et Fripounet. Prends garde, Boum ! Le chat te déteste !

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CHAPITRE III

Boum et Fripounet

BOUM continua à remuer le mélange et à regarder les formes bizarres que prenait la fumée.

« Tiens ! Un train ! s'exclama-

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t-il. Un train à vapeur ! Le voilà qui disparaît, remplacé par autre chose...

- Miaou ! » fit le chat en s'approchant soudain de Boum. Et il s'affala lourdement sur son pied.

Le petit tambour sursauta.« Ne fais pas cela, dit-il. C'est

très mal élevé de s'asseoir sur le pied des gens. »

Brusquement, le chat sortit ses griffes et les enfonça dans la jambe de Boum. Surpris, Boum fit un bond et lâcha la cuiller qui tomba dans la marmite.

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« Oh ! vilain chat ! cria Boum en se frottant la jambe. Regarde ce que tu m'as fait faire ! Comment vais-je récupérer la cuiller à présent? »

Il essaya de repêcher l'ustensile au fond du chaudron, mais la mixture était si bouillante qu'il se brûla les doigts. Il se mit à sauter d'un pied sur l'autre, en pleurant car il s'était fait très mal.

«Le philtre va être gâté, gémit-il. Je ne peux pas attraper la cuiller. Par quoi pourrais-je bien la remplacer ? »

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Promenant son regard autour de lui, il aperçut soudain ses mailloches.

« J'ai trouvé ! s'écria-t-il, tout heureux. Je vais prendre une de mes baguettes. Cela fera l'affaire! »

II saisit une mailloche et se

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remit à tourner le philtre, un œil fixé sur le chat.

« Si tu oses me griffer encore une fois, dit-il, je t'arrose de liquide magique. Fripounet, tu es le chat le plus fripon que je connaisse. »

A cet instant, la vieille dame revint dans la pièce avec une belle laitue toute fraîche qu'elle prépara en un tour de main.

« Voilà, dit-elle. Mets-toi à table, je vais reprendre mon travail. Tiens ! tu as laissé tomber la cuiller dans la marmite? »

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D'un geste rapide, elle attrapa l'ustensile et rendit à Boum sa mailloche.

« Oh ! elle est devenue toute noire ! s'exclama le petit tambour. Mais ce n'est pas grave. Cela ne m'empêchera pas de jouer de la grosse caisse ! »

II s'assit et se mit à dévorer son poulet. De temps à autre, il buvait une gorgée de lait. Fripounet sortit de dessous la table, s'installa près de Boum et le regarda manger.

« Est-ce que ce chat ne peut

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Fripounet s'installa près de Boum.

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pas arrêter de me regarder ainsi? demanda Boum. Il m'a déjà griffé une fois et j'ai l'impression qu'il a envie de recommencer.Fripounet! N'as-tu pas honte? s'écria la vieille dame. Pour te punir, je vais te transformer pendant deux heures en bibelot :Abracadabra-abracadabrrène, « Change-toi en chat de porcelaine! »

Et, croyez-le ou non, le chat se figea aussitôt. Il ne pouvait même plus bouger sa moustache!

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Il était assis par terre, aussi immobile qu'une statue. Cependant, il regardait toujours Boum de ses yeux fixes. Boum le tourna de l'autre côté et continua à manger.

« Merci pour ce bon repas, dit-il à la vieille dame quand il eut terminé. Je vais faire la vaisselle, puis je m'en irai. »

Dans un coin de la pièce, il y avait un évier. Boum y porta son verre et son assiette et les nettoya.

Ensuite, il regarda une dernière fois autour de lui. La pendule

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marchait toujours de long en large sur la cheminée, le tabouret tournait sous la table et le fauteuil à bascule se balançait en chantonnant. Quant à Fripounet, il ne bougeait pas davantage que tout à l'heure. C'était à croire qu'il était véritablement transformé en porcelaine !

« Je me suis bien amusé chez vous, dit Boum à la sorcière. Mais maintenant, il faut que je reprenne la route. Je veux vivre de nouvelles aventures. »

II attacha sa grosse caisse. La

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vieille femme lui fit un signe de tête amical.

« Au revoir, dit-elle. Et bonne chance, petit tambour !

- Oh! s'exclama Boum, la porte n'est plus là! Je ne peux pas sortir.

- Quel ennui! s'écria la sorcière. Cette porte ne cesse de disparaître :

- Abracadabra-abracadabroum« Porte, reviens tout de suite

pour Boum ! »A peine avait-elle prononcé ces

paroles, que la porte réapparut, juste en face de Boum. Celui-ci se hâta de sortir avant qu'elle ne s'évanouisse de nouveau.

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Une fois dehors, il se retourna.« Au revoir et merci ! » lança-t-

il.

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CHAPITRE IV

Boum va de surprise en surprise

BOUM se retrouva bientôt dans la forêt. Maintenant qu'il avait mangé, il se sentait beaucoup mieux. Il se mit à marcher entre les arbres en jouant doucement de

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sa grosse caisse et en pensant à Fripounet. Quel effet cela lui faisait-il d'être transformé en chat de porcelaine? se demandait-il.

« C'est à cause de lui que ma mailloche est toute sale à présent. On ne dirait pas du tout qu'elle va avec l'autre. Bah ! cela ne m'empêche pas de taper sur ma grosse caisse. Voyons... par où vais-je passer ? »

Il emprunta un petit sentier. Celui-ci s'élargit et, finalement, s'arrêta à la lisière de la forêt. Une route poussiéreuse s'étendait

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devant Boum. Il regarda à gauche, puis à droite.

« Je ne sais quelle direction prendre, dit-il. Si seulement il y avait un poteau indicateur ! »

A peine avait-il prononcé ces paroles, qu'un grand poteau indicateur à trois panneaux surgit juste en face de lui. Boum lut les inscriptions à haute voix.

« L'un dit : Par ici, l'autre : Par là. Que dit le troisième? Autre chemin. Eh bien, voilà qui ne m'est pas d'un grand secours ! »

Il demeura un instant immobile

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à regarder l’étrange poteau indicateur.

« Je vais aller Par ici », décida-t-il.

Et il partit à droite, sur la chaussée brûlante.

Comme cette route était longue ! Boum parcourut plusieurs kilomètres. Parfois, il jouait un petit « boum badaboum boum boum » sur sa grosse caisse, parfois il se contentait de marcher.

«Pfouh! j'ai chaud! dit-il au bout d'un moment. Comme j'aimerais avoir un cornet de

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glace au chocolat devant moi ! » Et, saperlipopette ! une énorme

glace au chocolat apparut sur sa grosse caisse, juste sous son nez !

Boum la regarda, éberlué.« Ooh ! fit-il. Pour une glace,

c'est une belle glace ! Je ferais

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bien de la manger avant qu'elle ne fonde! »

Il s'assit et la lécha à petits coups de langue.

«C'était délicieux ! dit-il avec un soupir. Je ne sais d'où tu sors, glace, mais je souhaiterais que tu reviennes ! »

Plof ! Une deuxième glace apparut aussitôt. Boum commençait à croire qu'il rêvait.

« Mes souhaits se réalisent ! pensa-t-il. Je me demande pourquoi ? Je vais en exprimer quelques autres pour voir. »

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Boum réfléchit un long moment.

« Qu'est-ce que je pourrais bien souhaiter? Oh! je sais! Mes pieds me font affreusement mal. Je souhaite donc une nouvelle paire de souliers. »

Plouf! Plof"! Deux souliers tombèrent du ciel. Quand ils atterrirent dans l'herbe, Boum sursauta. Puis il les contempla d'un œil ravi.

« Ce sont peut-être des souliers magiques, dit-il, mais ils m'ont l'air tout à fait mettables. Je vais las essayer dans une seconde.

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Auparavant, il faut que je fasse un autre vœu. Je voudrais une bouteille d'orangeade parce que je meurs de soif! cria-t-il. Par exemple ! La voilà ! Elle m'est presque tombée sur la tête!»

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Dans l'herbe, près de lui, il y avait une bouteille d'orangeade.

« Minute ! s'écria Boum. J'ai aussi besoin d'un verre et d'un décapsuleur. Je voudrais avoir ces deux objets ! »

L'un et l'autre apparurent par enchantement sur ses genoux. Boum ouvrit la bouteille, remplit son verre et le vida d'un trait.

« Même si tout cela n'est qu'un rêve, c'est bien agréable, pensa-t-il. J'espère ne pas me réveiller avant un bout de temps. Et maintenant, souliers, à nous deux ! »

II enleva ses vieux brodequins

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et passa les nouvelles chaussures.

« Elles me vont parfaitement ! s'écria-t-il. Et comme elles brillent! Je vais souhaiter autre chose. Euh... J'aimerais une grosse caisse plus grande, beaucoup plus grande. J'aimerais une énorme grosse caisse ! »

Mais, quelle ne fut pas la frayeur de Boum quand il vit sa grosse caisse prendre soudain des proportions démesurées ! Elle se dressait devant lui, si volumineuse et si haute, qu'elle lui bouchait complètement la vue !

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« Non ! Non ! cria Boum, consterné. Je me suis trompé. J'aimerais ravoir ma jolie petite grosse caisse. Vite ! Vite ! »

Et, en un clin d'œil, le gigantesque instrument rapetissa et reprit sa taille normale, juste la

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taille qui convenait à un petit tambour.

« Tout cela est vraiment très étrange, se dit Boum. Mieux vaut m'arrêter de faire des vœux pendant un moment. Je vais poursuivre ma route et voir si je vis un rêve. Je ne tarderai sans doute pas à m'éveiller. »

Il se remit donc à marcher, jouant de sa grosse caisse et chantant :

C'est bizarre, très bizarre! Tout ce que je veux,Je l’obtiens sans retard :

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Je n’ai qu’à faire un vœu. Comme ce hasardEst bizarre!

Quelle drôle de chanson ! N'as-tu vraiment pas deviné pourquoi tes souhaits se réalisent, petit tambour ?

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CHAPITRE V

Une foule de souhaits

BOUM marchait en pensant à sa curieuse aventure. « Dès que je veux quelque chose, je l'obtiens. Pourquoi donc? C'est bien la première fois

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que cela m'arrive. Je n'y comprends rien ! »

Et toi, lecteur, as-tu deviné? Boum s'était servi de sa mailloche pour remuer le philtre de la vieille dame. Maintenant le mélange de la sorcière colle à la boule de feutre et transforme la mailloche en baguette magique ! N'est-ce pas merveilleux ?

Soudain Boum se sentit très seul.

« Si seulement j'avais un compagnon de route! songea-t-il.- Un petit chien, par exemple. Oh!

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Oui! comme je voudrais un petit chien!

— Wouah ! Wouah ! Wouah!» fit une voix derrière lui.

Boum se tourna... et aperçut un adorable chiot qui essayait de le rattraper.

« C'est gentil de ta part d'être venu si vite ! s'écria Boum, ravi, en caressant doucement ranimai.

— Ouah ! Ouah ! » dit le chien, et il lécha la main de Boum.

Puis, tout d'un coup, il se recula et éternua bruyamment.

« Snif !

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— Ah ! Je vois ! dit Boum. Tu viens de me dire ton nom. Eh bien, Snif, tu me plais beaucoup. As-tu faim? Je peux te donner tout ce que tu veux, tu sais.

— Ouah! répondit le chien en gambadant autour de Boum, Ouah!

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— Attends ! Je vais te demander un bel os. Je voudrais un très gros os, s'il vous plaît, avec beaucoup de viande autour et de la moelle dedans ! »

A la grande surprise de Snif, un énorme os surgit juste sous son museau.

« Ouah ! » fit-il, et il sauta en arrière, effrayé.

« C'est pour toi, Snif », dit Boum.

Mais l'os était si grand que le chiot ne pouvait même pas le soulever.

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« Je crois qu'il vaut mieux souhaiter un os plus petit », dit Boum.

Aussitôt, l'os diminua de moitié. Snif le prit entre ses crocs et le porta avec fierté. Pensez donc, c'était son os !

« C'est très amusant de voir ses vœux se réaliser, assura Boum à Snif. Oh! comme je suis heureux! Et si je faisais apparaître quelques autres créatures pour marcher avec nous?

— Ouah ! Ouah ! Ouah ! approuva le chiot, en posant un instant

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son os sur le sol pour pouvoir répondre.

— Je suis content que tu sois d'accord avec moi. Eh bien, je vais souhaiter une vache, une jolie vache blanche et rousse qui nous donnera du bon lait crémeux. Oui ! je souhaite une vache!

— Meuh-euh ! » fit une voix. Et une ravissante petite vache

surgit derrière Boum. Elle agitait sa queue et regardait le tambour de ses grands yeux bruns ourlés de longs cils.

« Tu t'appelleras Pâquerette,

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dit Boum en caressant le muffle soyeux de la bête. Et si nous avions aussi des poules, Snif? Je les aime beaucoup, pas toi ? Elles pondent de beaux œufs blancs et caquettent toute la journée. Je souhaite quelques jolies poules!

— Cot, cot, cot, cot ! » Quatre poules apparurent. L'une d'elles courut vers Boum et se mit à picorer le lacet de son soulier.

« Prends-tu mon lacet pour un ver, poule? demanda Boum en riant. Suivez-moi, vous tous !

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Quatre poule apparurent

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Nous allons marcher au pas. Peut-être aurons-nous bientôt une aventure. »

Tous s'éloignèrent sur la route. Boum marchait en tête et tapait sur sa grosse caisse. Snif gambadait derrière lui, suivi de Pâquerette qui battait la mesure avec sa queue. Les quatre poules fermaient le cortège. Boum chantait un petit air:

Nous voici, nous voilà, Tous mes amis et moi! Pâquerette, la vache gentille,

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Snif, le chien de mes vœux, Quatre poules qui sautillent,

Et moi, Boum, le plus heureux! Nous voici, nous voilà, Tous mes amis et moi ! Avec nos cot-cot-cot, Avec nos

ouah-ouah-ouah, Avec nos meuh-meuh-meuh, Et quelques boum-boum-boum! Badada-badada-boum-boum !

Boum s'arrêta, à bout de souffle.

« Et maintenant, reprenez tous en chœur ! » ordonna-t-il. Snif,

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Pâquerette et les poules se mirent à chanter tandis que Boum jouait de la grosse caisse. Quel vacarme, mes amis :

Cot-cot-cot Ouah-ouah-ouah

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Meuh-meuh-meuh Boum-boum-boum Badada-badada-boum-boum !

C'était follement amusant, mais, au bout d'un moment, tout le monde se sentit très fatigué.

« II va faire bientôt nuit, dit Boum, étonné de voir une étoile briller dans le ciel. Il nous faut trouver un endroit où dormir. Hélas ! pas une seule maison en vue ! Qu'allons-nous devenir ? Oh! Mais j'y pense ! Je n'ai qu'à exprimer de nouveaux souhaits !

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Et aussitôt dit, aussitôt fait.« Je voudrais une petite maison,

dit-il, une étable pour Pâquerette, une niche pour Snif et un poulailler pour mes poules ! »

Immédiatement, une jolie chaumière poussa comme un champignon au bord de la route. De la fumée s'élevait de la cheminée ! Boum entra.

« N'est-ce pas merveilleux ? demanda-t-il à Snif. Regarde ! il y a deux chambres et même un feu dans la cheminée. Nous n'aurons

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pas froid ! Et voilà un lit pour moi. Allons voir s'il y a quelque chose dans ce garde-manger. »

II ouvrit une petite porte dans le mur. 0 surprise ! toutes sortes de bonnes choses s'entassaient sur les étagères : du jambon, du saucisson, des confitures, des gâteaux

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et du chocolat. Boum ne savait que choisir.

Il regarda par la fenêtre et aperçut une étable. Pâquerette était déjà couchée sur sa litière et elle ruminait avec satisfaction. A côté, il y avait un poulailler. Les poules se pressèrent à Tinte-rieur en gloussant de joie.

Il y avait aussi une niche pour Snif. Mais le chiot n'avait pas l'air de l'aimer. Il ne quittait pas Boum d'une semelle.

« Ouah ! Ouah ! Ouah ! fit-il. Qu'est-ce qui ne va pas ?

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demanda Boum en le caressant. Oh! je sais ce que tu veux. Tu veux dormir avec moi, n'est-ce pas, et non tout seul dans ta niche ? Eh bien, c'est entendu. Tu partageras mon lit. »

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CHAPITRE VI

Allez-vous-en, capitaine !

BOUM ferma la porte de l’étable, puis il s'assura que les poules étaient juchées confortablement les unes contre les autres sur leur perchoir, dans le poulailler.

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« Cot, cot! cria Tune d'elles. - Que dis-tu ? demanda Boum. Qu'est-ce que tu veux?

Cot, cot ! répéta la poule en hochant sa tête brune.

Bien sûr ! Vous voulez votre dîner ! Excusez-moi, poules, je l'avais oublié. Mais il me suffit de le demander et voilà une pluie de grains qui tombe autour de vous ! »

Les poules se précipitèrent hors de leur abri et se mirent à picorer. Quand elles eurent terminé leur repas, Boum ferma le poulailler

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et rentra dans la chaumière, Snif sur ses talons.

Il s'assit sur un tabouret et partagea un morceau de pain et de saucisson avec le chien.

« Tu sais, Snif, dit-il, j'ai été très malheureux autrefois. J'étais tambour dans un régiment et je vivais toute la journée enfermé dans un grand fort. Il y avait tout autour d'épaisses murailles et on n'avait pas le droit d'en sortir sans permission. Comme soldat, je ne valais pas grand-chose. Un jour, par mégarde, j'ai envoyé un

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boulet de canon dans la cuisine, en plein dans la soupe. Pour me punir, le commandant du fort, le capitaine Trac, m'a fait jeter en prison. Ce n'était pas gentil de sa part. » Snif grogna. Comment quelqu'un pouvait-il oser mettre son

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ami, le brave petit Boum, en prison ?

Soudain Boum éclata de rire.« J'ai une idée ! annonça-t-il. Je

vais faire venir le capitaine Trac et je lui dirai ce que je pense de lui. Ensuite, je l'enverrai sur la Lune ! Quelle bonne farce ! Capitaine Trac, je souhaite que vous soyez ici ! »

Boum attendit que son vœu se réalise. Tout à coup, dehors, dans la nuit, il entendit le son d'un cheval au galop.

« C'est Tonnerre, le cheval du

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capitaine Trac. Je reconnais le bruit de ses sabots. Ha! Ha! Le capitaine ne sait pas que j'ai souhaité son apparition. Il doit se demander ce qu'il fait ici. »

Le martèlement des sabots se rapprocha, et bientôt Tonnerre se mit à galoper autour de la chaumière. Boum entendit le capitaine Trac hurler :

« Qu'est-ce que cela signifie ! Qui m'a appelé au beau milieu de la nuit ? J'arrive ! J'arrive ! »

Boum ne se sentait pas trop rassuré. Snif courut à la porte et

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« Qui m'a appelé au beau milieu de la nuit? »

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commença à aboyer très fort.

« Ouah ! Ouah ! Ouah !- Je n'ouvrirai pas, décida

Boum. Je vais laisser le capitaine tourner en rond et se creuser la cervelle. »

Mais, bientôt le capitaine Trac en eut assez de galoper autour de la chaumière et il chercha la porte. A cet instant, la Lune sortit de derrière les nuages et éclaira la maison. Le capitaine s'élança vers la porte et cogna dessus de toutes ses forces.

« Ouvrez, là-dedans ! cria-t-il.

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Qui vit ici? Je veux savoir qui m'a appelé cette nuit! Ouvrez, vous dis-je!

Vite, Suif, il faut fermer la porte à clef! s'écria Boum. Oh! il n'y a pas de clef! Qu'allons-nous faire? J'ai peur!

— Ouah! Ouah! Ouah! fit le petit chien.

Tu as raison ! Je n'ai qu'à en souhaiter une ! »

Et aussitôt, une clef étincelante apparut dans la serrure. Boum se hâta de la tourner. Ouf!

« Maintenant, il ne peut pas

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entrer, dit-il. Misère! il regarde par la fenêtre. Il m'a vu ! »

En effet, le capitaine Trac regardait par la fenêtre... et n'en revenait pas de voir Boum à l'intérieur.

« Aucune raison d'avoir peur, se dit Boum. Il m'est facile d'envoyer le capitaine Trac sur la Lune. Je le ferai, du reste ! Capitaine Trac, je souhaite que vous partiez sur... »

Boum s'interrompit. Tonnerre regardait lui aussi par la fenêtre. Or, Boum avait beaucoup d'affection pour lui.

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S'il expédiait le capitaine Trac sur la Lune, Tonnerre irait forcément avec lui.

« Il n'aimerait pas vivre sur la Lune, seul avec le capitaine », dit Boum à Snif.

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Celui-ci était grimpé sur une chaise près de la fenêtre et jappait comme un fou.

« Je vais enfoncer la porte ! hurla le capitaine. Je te ramènerai au fort, petit chenapan! Et, cette fois, tu ne m'échapperas plus!

- Oh ! Pourquoi l'ai-je appelé? gémit Boum. Je n'ai pas pensé qu'il viendrait avec Tonnerre ! »

Soudain il eut une bonne idée.

« Je n'ai qu'à souhaiter qu'il retourne au fort, dit-il. Ainsi nous en serons débarrassés. »

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Dehors, le capitaine secouait la porte avec violence.

« Allez-vous-en, capitaine ! cria Boum. Toute réflexion faite, je ne veux pas de vous ici. Je souhaite que vous rentriez au fort avec Tonnerre et que vous lui donniez double ration d'avoine. Allez-vous-en ! »

On entendit de nouveau un martèlement de sabots. Tonnerre s'éloignait au galop et la grosse voix du capitaine Trac se perdit dans le lointain.

« Ouf! Il est parti, dit Boum

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en tremblant de tous ses membres. Nous Pavons échappé belle ! J'ai été bien imprudent en souhaitant revoir le capitaine Trac! Enfin, il est parti. Viens, Snif! A table ! Nous allons terminer notre repas. »

Boum et Snif finirent leur pain

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et leur saucisson. Puis Boum se coucha. Snif se roula en boule à ses pieds.

« Bonne nuit, Snif, dit Boum en bâillant. Nous avons passé une excellente journée, n'est-ce pas? Et nous en aurons une encore meilleure, demain. Je souhaiterai un château. Peut-être aussi un palais avec un millier de soldats sous mes ordres et un carrosse d'or. Ensuite., j'irai rendre visite au capitaine Trac. Il sera furieux de me voir si puissant! Peut-être même ordonnerai-je à

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mes soldats de prendre le fort!— Ouah ! Ouah ! Ouah ! »

approuva le chien d'une voix ensommeillée, puis il ferma les yeux.

Boum en fit autant et un profond silence tomba.

Bonne nuit, petit tambour!

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CHAPITRE VII

Attention, Boum !

QUAND Boum se réveilla le lendemain matin, il se demanda où il était. Soudain, il se rappela.

« Bien sûr ! Je suis dans ma

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chaumière! Où est Snif? Ah! le voici. »

Le chien accourut et lui lécha le visage et les mains. Puis il se mit à pleurnicher.

« Je parie que tu as faim, dit Boum. Eh bien, moi aussi. Allons voir ce qu'il y a à manger ce matin. »

Mais, quand il ouvrit la porte du garde-manger, il eut un coup au cœur. Les étagères étaient complètement vides !

« Où sont donc passées toutes les provisions d'hier ? Nous

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n'avons plus rien. Qu'allons-nous faire, Snif? »

Le chien avait une réponse toute prête, mais, bien entendu, il ne pouvait s'exprimer que par des aboiements.

«Ouah! Ouah! Ouah! fit-il.Je comprends. Tu me dis : «

Souhaite donc ce que tu désires ! » C'est vrai ! J'avais oublié que tous mes vœux sont exaucés. Garde-manger, je voudrais deux croissants, trois brioches, de la confiture de fraises et un grand bol de chocolat. »

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En un clin d'œil, toutes ces bonnes choses apparurent sur les étagères.

« Mmm ! fit Boum. Quel merveilleux petit déjeuner ! Et toi, Snif, qu'est-ce que tu veux ? »

Le petit chien bondit autour de son maître en jappant.

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« Je parie que tu aimerais une saucisse, dit Boum. Eh bien, tu l'auras. Je voudrais quelques belles saucisses pour mon ami Snif! »

Un long chapelet de saucisses tomba du ciel et s'enroula autour du cou du chiot.

Boum et Snif mangèrent de bon appétit. Quand ils eurent terminé, ils allèrent dehors. Il faisait un temps magnifique.

Boum ouvrit la porte de l'étable pour laisser sortir la vache.

« Ton petit déjeuner est servi, Pâquerette, dit-il. Tu peux manger

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autant d'herbe que tu veux. » Puis il ouvrit le poulailler. Les poules coururent dehors et se rassemblèrent aux pieds de Boum. Snif sautillait autour d'elles en aboyant gaiement.Boum prit sa grosse caisse et commença à jouer.« J'ai inventé une nouvelle chanson, dit-il à Snif. Ecoute. »

Je n'ai qu'à faire un vœu : J'ai tout ce que je veux ! J'aurai un beau château, Une armée de soldats,Un beau cheval à moi, Je serai bientôt roi !

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Je serai bientôt roi... »

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Pendant qu'il frappait sur sa grosse caisse, il remarqua que la mailloche qu'il avait laissée tomber dans la marmite était encore recouverte de philtre magique.

« Je dois la nettoyer, dit-il. Pour vivre dans un château et posséder un cheval, il faut des mailloches propres, n'est-ce pas, Snif?

Ouah ! » acquiesça aussitôt

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le petit chien et il essaya de lécher la boule de feutre. Mais celle-ci avait un goût si horrible, qu'il faillit s'étouffer.

« Bois un peu d'eau, conseilla Boum. Hélas! il n'y en a pas. Cela ne fait rien. Je vais en souhaiter. »

Snif fut bien surpris de voir une belle flaque d'eau limpide juste sous son museau. Il se mit à boire et se sentit tout de suite mieux.

Dès que les poules aperçurent l'eau, elles accoururent, car elles

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avaient grand’soif, elles aussi. Pâquerette les rejoignit.

« Que je suis étourdi ! s'exclama Boum. J'ai oublié de souhaiter de l'eau pour vous. Je suis navré. Mais, voyez-vous, je n'ai pas l'habitude de m'occuper de tant d'animaux.

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Je me demande si c'est une bonne idée de vous emmener tous avec moi à la recherche d'aventures...

Meuh ! dit Pâquerette en agitant sa longue queue.

Cot, cot ! dirent les poules. - Ouah ! dit le chien, et il lécha

la main de Boum.Toi, tu viens avec moi, Snif, dit

Boum. Les chiens, eux, aiment l'aventure. Mais, pour les vaches et les poules, c'est différent. Et puis, ce sera bien fatigant pour elles de marcher pendant des

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heures. Peut-être ai-j e eu tort en souhaitant les avoir avec moi?»

Il regarda de nouveau sa mailloche sale.

« Il faut vraiment que je la nettoie et tout de suite encore! » dit-il.

Oh! Boum, prends garde! Si tu laves ta baguette, tu enlèveras le philtre magique et tes vœux ne se réaliseront plus !

« Comme il n'y a plus d'eau dans cette flaque, il faut que j'en redemande. Je vais souhaiter une

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petite mare pendant que j'y suis.

« Je voudrais une petite mare, cria-t-il, et un torchon propre pour essuyer ma mailloche, s'il vous plaît ! »

Soudain, sur le bord de la route, il vit étinceler une nappe d'eau. Oh ! Boum, prends garde ! Ne lave pas ta baguette, sinon tes vœux ne se réaliseront plus !

Mais Boum ne se doutait de rien. Il croyait que sa mailloche était sale, tout simplement.

Il s'agenouilla donc au bord de l'eau claire et trempa sa mailloche

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dedans. Puis il prit le torchon et le mouilla aussi.

Attention, Boum ! Ne lave pas ta baguette !

Pâquerette s'approcha pour le regarder faire. Les poules et le chien aussi. Boum essora le torchon et commença à frotter la mailloche.

« La saleté s'en va, annonça-t-il. Dans une minute, cette baguette sera aussi propre que l'autre. Regarde, Snif ! »

II continua à astiquer sa mailloche et bientôt celle-ci

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brilla comme un sou neuf.« Plus qu'une toute petite tache,

dit Boum. Ensuite, je vais faire quelques nouveaux vœux. Mon château ne tardera pas à apparaître sur cette colline, là-bas ! »

Mais, au moment où il enlevait la dernière trace de philtre

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magique, un grondement sourd se fit entendre. On eût dit un lointain roulement de tonnerre. Et, soudain, tout disparut : la chaumière, les souliers neufs, le poulailler, l'étable, la niche, la mare, la vache, les poules et le petit chien.

En ôtant le philtre magique, Boum avait annulé tous ses souhaits !

Pauvre Boum ! Avec désespoir, il regarda tous ses biens s'évanouir. Le grondement s'affaiblit peu à peu.

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« Revenez ! Revenez ! » cria goum, mais sans résultat.

« J'ai été stupide ! se dit-il avec tristesse. Ce devait être le philtre sur ma mailloche qui me permettait de réaliser tous mes vœux. Tant pis. J'ai passé un moment bien agréable. Mon Dieu ! pourvu que ma grosse caisse n'ait pas disparu, elle aussi. Oh ! ce serait trop affreux ! »

Il chercha son instrument des yeux. Ouf! celui-ci se trouvait derrière lui. Soudain, il vit deux grandes oreilles et un museau

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pointu qui apparaissaient derrière la grosse caisse. Pas possible ! C'était Snif! Boum s'élança vers lui, tout joyeux.

« Snif ! s'exclama-t-il. Tu n'es donc pas parti avec les autres? Oh! comme je suis heureux de te voir ! Tu ne t'en iras pas, n'est-ce pas ? Reste avec moi. Nous allons courir les routes ensemble et avoir beaucoup d'aventures. Mais comment se fait-il que tu ne te sois pas évanoui, toi aussi ? »

Snif se mit à le lécher et Boum s'aperçut alors que la langue du

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chien était un tantinet noire.« Je comprends. Tu as léché la

mailloche quand elle était encore recouverte de liquide magique. Et, lorsque tout le reste a disparu, tu as souhaité demeurer avec moi!

— Ouah! Ouah! Ouah! fit le petit chien en gambadant autour de son maître.

- En route ! dit Boum en attachant sa grosse caisse. Bien d'autres aventures nous attendent!»

Tous deux s'éloignèrent. Le chien marchait fièrement devant,

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La queue dressée. Boum suivait, tapant sur sa grosse caisse et chantant :

Je n'ai plus rien,A part mon chien.Lui et moi,Nous marchons au pas.Boum-badaboum,Badaboum-boum-boum !

A bientôt, Boum ! Et n'oublie pas d'emmener Snif avec toi !

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Enid Blyton

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