View
227
Download
0
Category
Preview:
Citation preview
8/17/2019 Caquot - Nouvelles Inscriptions Araméennes de Hatra
1/31
M.a. Caquot
Nouvelles inscriptions araméennes de HatraIn: Syria. Tome 29 fascicule 1-2, 1952. pp. 89-118.
Citer ce document / Cite this document :
Caquot M.a. Nouvelles inscriptions araméennes de Hatra. In: Syria. Tome 29 fascicule 1-2, 1952. pp. 89-118.
doi : 10.3406/syria.1952.4856
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/syria_0039-7946_1952_num_29_1_4856
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/author/auteur_syria_4856http://dx.doi.org/10.3406/syria.1952.4856http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/syria_0039-7946_1952_num_29_1_4856http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/syria_0039-7946_1952_num_29_1_4856http://dx.doi.org/10.3406/syria.1952.4856http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/author/auteur_syria_4856
8/17/2019 Caquot - Nouvelles Inscriptions Araméennes de Hatra
2/31
NOUVELLES INSCRIPTIONS
ARAMEENNES
DE
ÏÏATRA
PAR
A. CAQUOT
La campagne de fouilles entreprise de
février
à mai 1951 par la Direction
Générale
des
Antiquités
de
l'Irak
sur
le site
de
l'ancienne Hatra (aujour
d hui
l
Hcujr) a permis de mettre
au
jour
vingt-sept
nouvelles
inscriptions
araméennes
qui,
étant
donnée
la pauvreté
antérieure
de notre
documentation
épigraphique sur ce
site (1), constituent une
précieuse
contribution
à notre
connaissance de Hatra. S. E. Nadji Bey
Al
Asil, directeur
des
Antiquités de
l'Irak, a confié
la publication de
ces inscriptions à M. Fouad Safar et c'est le
résultat de ses recherches qui
vient
de paraître en
arabe
dans le dernier
numéro
de
la
revue du service, Sumer
(2).
L'intérêt
de ce
travail nous incite à en donner
immédiatement un
compte rendu
susceptible de faire
connaître
à un public
plus large
les
découvertes
des
fouilleurs
irakiens,
d'améliorer
sur
quelques
points les lectures
du
premier interprète
et
de
donner
les
éléments
d'un
comment
airee ces inscriptions.
La
fouille a
porté
sur
quatre
points, tous situés à l'extérieur du grand
ensemble de bâtiments qu'il est convenu depuis Walter Andrae
d'appeler le
«
palais
».
Le premier, à 400 mètres
de l'angle
nord-ouest du palais n'a
pas
fourni d'inscriptions.
Les trois autres
fouilles ont révélé
l'existence,
à
très
faible distance
des
murs, de
petits temples s'ouvrant probablement
sur
le bou
levard extérieur
du palais.
Deux de
ces temples faisaient
face
au mur
sud,
celui
qui est
situé le plus à l'est
est
prolongé
en
arrière par un vaste
iwan
:
(M
Les inscriptions
relevées
par Walter
(2)
Kitâbâtu-l
Hadr,
Sumer,
VII,
1951,
partie
Andrje lors de
son
exploration de Hatra (voir
arabe
p. 170-184. L'article est suivi de planches
Hatra, II, Einzelbeschreibung der
Rmnen,
de
fac-similés qu'on trouvera reproduits
dans
Leipzig, 1912, p. 161-165) ont
été
interprétées
la
présente revue. S. E. Nadji Bey
Al Asil
par
le
P. Ronzevalle (Al Masriq, XV, 1912, a publié
dans
Y Illustrated London News du
p. 509-522) et par P.
Jensen
(Mitleilungen
der
17
novembre
1951
un bref
article sur
les fouilles,
deutschen
Orient- Gesellschaft, LX, 1920, p. 49 accompagné
de photographies de
quelques
et s.). reliefs découverts.
8/17/2019 Caquot - Nouvelles Inscriptions Araméennes de Hatra
3/31
90 SYRIA
les
inscriptions
n°*
3
à
13
proviennent de ce temple.
Le troisième fait
face
au
mur occidental, non loin de l'angle sud
-ouest.
C'est là qu'on a trouvé les
inscriptions
nos
14
à
27.
Comme
le
nom
de
Ba'alchamên
y
est
souvent
ment
ionné, M.
Fouad
Safar
pense
que le temple était consacré
à cette
divinité.
Les deux premières inscriptions ont été
relevées
dans l'intérieur même
du
palais.
N° 1
: gravée sur le mur de la chambre
5
(voir Andrae, Hatra
II, pi.
VII)
à 11 mètres du sol.
a BR
NNY
BR
'RDKL'
WBNYH
Bar-Nanai
fils de YHBS,
l'architecte, le constructeur,
le sculpteur.
YHBS nom propre,
abrégé
d'un théopbore commençant par un verbe à l'imparfait
selon
un type commun en araméen
(voir
Noth, Israelitische Personennamen, p.
27
et s.); il
se
rattache au verbe araméen HBS, enchaîner; le
porteur
du
nom est
considéré comme le
captif
du dieu.
N°
2
:
à
l'entrée
de la Chambre
3
(voir
Hatra
II,
pi.
VII)
2
DKYR
DKYR BR NNY QDM
Que
soit
rappelé (bis) Bar-Nanai
devant Chamach.
Il s'agit sans
doute
de
l'architecte et
décorateur
du
palais nommé
par l'inscription
pré
cédente.
Sur le
dieu Chamach, voir plus bas.
N° 3
: gravée
au bas d'un relief représentant
un
grand aigle
à côté
duquel
se
dresse une enseigne. D'après
F.
Safar
ce
relief
n'est
pas en place
et
l in
scription aurait été
volontairement mutilée.
NYS'
DY
MRKZRY
SMY' DY
BT lQB'
8/17/2019 Caquot - Nouvelles Inscriptions Araméennes de Hatra
4/31
NOUVELLES
INSCRIPTIONS ARAMÉENNES
DE
HATRA 91
F.
Safar traduit
: « Étendard
du maître des vœux,
SMY
fille
de
QB ».
Nous proposons de couper MRN ZRY au lieu de MR
NZRY
et de traduire
«
Notre se
igneur
ZRY ». Le titre de « notre seigneur » pouvait être
donné
à de
grands
personnages; à
Palmyre il s'applique à Odeinath
(voir
Cantineau,
Inventaire
des
inscriptions de Palmyre,
III,
17).
ZRY semble être un hypocoristique iranien (voir Justi, Iranisches Namenbuch,
p. 378). La traduction de la
seconde
ligne
est
inexacte
:
elle ne tient pas compte du DY et BT
ne doit
pas
signifier « fille » écrit BRT (voir inscription n° 5), mais « maison ».
SMY
peut
être
soit
le
nom
commun pluriel qui a en syriaque le
sens
d' « emblème » (du grec
ce qui
donnerait
un bon parallélisme
avec la première
ligne, soit un nom
A-
divin :
« Simios
—
ou Simia
—
de la
maison de 'QB'
», et
on
aurait ici une
allusion à
une divinité familiale
(Eu-
ler, ZATW,
1938, p. 272-313, a
montré que les familles royales ara-
méennes anciennes
avaient
leur B'L
BYT;
comparer
aussi Zeuç
Boctoxoc-
xtjç), soit
enfin un
nom
de personne
qu'on retrouve sous la forme
SMY
à
l'inscription n° 5 et
sous la même
forme SMY' à
Palmyre (voir
In-
gholt,
Studier
over Palmyrensk
Skulptur,
n°
371, p.
131)
—
'QB'
est
l'hypocoristique d'un nom théophore
en 'QB — « protéger »
(voir
Noth,
p.
178), comparer palmyrénien 'QBY
(CIS, II, 4561).
N°
4
: au dos d'une statue
de déesse
GLP NNY
GDY
H
BR
ZRQ»
*L
HY'
NSRYHB
BDH
DKYR
[lt]b
8/17/2019 Caquot - Nouvelles Inscriptions Araméennes de Hatra
5/31
92
SYRIA
A
sculpté
Nanai
GDYH, fils de ZRQ' pour la
vie
de NSRYHB
que par
cela on se
souvienne
de lui en
bien.
GDYH
est
l'hypocoristique d'un nom comprenant l'élément divin GD fréquent dans
l'onomastique cananéenne et
araméenne
(voir Noth,
p.
126). Si la
restitution
du
Q est
exacte,
le
nom de son père serait en réalité un surnom de forme araméenne signifiant «
le
bleu » :
on
le retrouve
à
l'inscription
n°
5. L'état
emphatique HY' est surprenant : il fallait ou l'état
construit
HY
ou la particule
de
liaison DY après
HY'.
NSRYHB,
nom théophore
signifiant
«le dieu Nasr = (« l'aigle ») a
donné
». Ce nom est déjà
connu par la grande inscription
de
Hatra reproduite par Andrae
(Hatra
II, p. 162,
fig.
279, 1. I),
on
le
retrouve au
n° 23. On
peut
en rapprocher
le NSR QB'
de
l'inscription 25 et
les hypocoristiques NSRW
(n°
13)
et NSR
(n°
27).
Ces faits
indiquent la
persistance
dans
l'onomastique
hatréenne du
nom
de la divinité NSR, d'origine arabe, ce qui n'est
pas
incompatible avec
sa
diffusion
en
Méso
potamie du Nord aux premiers siècles de notre
ère.
Le dieu Nasr
est
en effet
attesté
par au
moins une inscription sud-arabique (CIS, IV, 522), Ibn al Kalbi (voir
Wellhausen,
Reste
arabischen Heidentums,
p. 23)
et
un
passage du
traité talmudique Aboda
Zara
(II b)
comme
une divinité arabe.
Deux
écrivains syriaques
y
font également
allusion
: l'auteur de la
Doct
rine d'Addai signale Nasrâ parmi les idoles, à côté de Nebo, Bel et Tar'athé (d'après Duval,
Histoire
d'Edesse, p. 78)
et
Jacob de Saroug,
dans
son Homélie
sur
la chute des idoles (édition
Landersdorfer, vers 77) attribue aux Perses
le
culte de l'aigle.
NSR
a
laissé
aussi une
trace
dans l'onomastique palmyrénienne, le
nom propre
NSRY
(Inventaire VIII,
16 et CIS
II,
4085), au lieu de BDH
nous proposons
de lire
BRH
« son fils ».
N°
5
:
sur
le
socle d'une statue
de
marbre
SLMT'
DY
SMY BRT » G' BR
'STTY
BR SLYK
DY
'YQYM
LH
'G'
B'LH BR 'B'
KMR' 'DTR'T'
'B' GLP BR 'G' ZRQ'
F.
Safar traduit
:
Statue
de SMY fille de 'G' fils de STTY fils de
SLYK
qu'a
érigée
pour elle 'G'
son
époux, fils
de
'B', prêtre
de
Atar'athé. 'B'GLP
filsde G ZRQ .
8/17/2019 Caquot - Nouvelles Inscriptions Araméennes de Hatra
6/31
NOUVELLES INSCRIPTIONS ARAMÉENNES
DE
HATRA 93
'G' est un
hypocoristique
bien
connu
à Palmyre
(voir
Lidzbarski,
Ephemeris,
II,
p. 282).
'STTY : on pense d'abord à interpréter ce nom propre
par une
forme verbale réfléchie
sur le
modèle du
palmyrénien
'TPNY (CIS, II 4080),
mais
on ne retrouve pas cette forme dans
le
lexique araméen. Il
paraît
donc préférable
d'en faire une transcription du
nom
iranien
Astat
(Astad) (voir
Justi, p.
47).
SLYK : ce nom propre
n'offre
pas de sens satisfaisant, peut-être
faut-il
lire SLWK,
Seleucus (qu'on trouve parfois
transcrit
en
judéo-araméen
et en syriaque
avec
un
K au
lieu
du
Q
attendu), à moins
que ce ne soit
MLYK (voir Wuthnow,
Die semi-
tischen Menschennamen,
p.
70). 'YQYM
:
le premier Y paraît être une
faute
d'orthographe
:
la
forme correcte 'QYM se
lit à
l'inscription n°
20 et sur la
grande
inscription
de
Hatra
II,
p. 162, fig. 279 à
la fin
de
la
ligne
2.
'B' : hypocoristique également
attesté
à Palmyre
(voir
Goldmann,
Die
palmyrenischen Personennamen, p. 29);
on
peut en rapprocher le
nom
'BY
de l'inscription n°
6.
Sur
la
forme 'TR'T' voir
plus
bas. Je propose de
traduire la
dernière
ligne « Abba a
sculpté, le
fils de 'G' ZRQ' ».
N° 6
: sur le socle d'une statue de marbre
6
'KYN KNZYW
BR
'BY
BR KNZYW DKYR LTB
\
F.
Safar
traduit : «
ainsi
(est) KNZYW, fils de 'BY, fils de
KNZYW.
Qu'on
se
souvienne
de
lui
en
bien
».
L'interprète croit reconnaître dans 'KYN l'adverbe ~akën attesté en
judéo-araméen. Je
penche à en faire une forme
causative
du verbe KWN et à traduire par «
exécuter» —
KNZYW
nom
propre
iranien (comparer Kanju justi, p. 155).
N° 7
: sur
le
couvercle de
marbre
de
forme conique
d'un
petit bassin
DKT' DY KNZYW
DKYR
Lieu de
KNZYW.
Qu'on
se souvienne
de lui.
F.
Safar
rapproche
DKT
du
judéo-araméen dukketâ
«
lieu
» et
de l'arabe dakkat
«
lieu où
l'on expose un mort », mais
il
pense aussi à un mot
dérivé
de la racine DKY signifiant « purif
ier
.
Le premier rapprochement nous paraît le meilleur. Le syriaque a également le mot
dûktâ au sens de « lieu », « place ».
8/17/2019 Caquot - Nouvelles Inscriptions Araméennes de Hatra
7/31
94
SYRIA
N0 >
8-9
:
gravées
sur les faces
d'un pyrée
de
marbre.
L'autre
face porte
un
relief
représentant un dieu
barbu
et à
la
chevelure
hirsute,
vêtu à
la
persane,
brandissant
de
la
main
droite
une
hache
et
tenant
de
la
gauche deux
serpents
(reproduit dans
YIllus-
« . t. \ i
i^\ *)
*\
-%
A trated London
News,
\
1/ 1
I '
\
17-11-1951,
fig.
10).
î,
No 8
:
DKYR KNZYW
Qu'on
se souvienne
de
KNZYW.
No
Q •
DKYR
KNZYW
DKYR
KNZYW
LTB
Qu'on se souvienne
de KNZYW (bis) en
bien.
N°
10
: la
couronne du
pyrée
porte
quatre inscriptions dont voici la plus
longue; les
autres n'en
sont
que des résumés
1o
8/17/2019 Caquot - Nouvelles Inscriptions Araméennes de Hatra
8/31
NOUVELLES
INSCRIPTIONS
ARAMÉENNES DE
HATRA
95
DKYR SMS'QB BR 'LHSMS
BR
'KHW
BR SMSHRYT
BR
'PHWSMS
R(?)T
BR
[s] MS... BR
'DLTW
F.
Safar traduit
: « Qu'on
se souvienne
de SMS'QB fils de
'LHSMS
fils
de
'KHW
fils de 'PHWSMS... fils de SMS... fils de DLTW ».
Les noms
propres SMS'QB
et
'LHSMS ne
présentent
pas de
difficulté,
ils
signifient re
spe tivement «
Chamach protège
» et «
Chamach est dieu ».
'KHW paraît être
un nom propre
arabe
de
scheme af^al. Peut-être
faut-il lire
'KHL,
ce
qui
donnerait
un
nom
attesté
en safaï-
tique
:
« celui qui
a les
paupières enduites
de kohl
»
(Ryckmans,
Les
noms
propres sud-sémit
iques,, p.
113).
SMSHRYT : nom théophore de Chamach dont
le second élément paraît
être le verbe araméen HR'
«
être
incandescent »; il faut
remarquer
que
la
forme verbale
employée
est
la
3e
personne du féminin singulier du
parfait,
ce qui indiquerait
que
le
nom
du soleil était
encore senti
comme un
féminin à
l'époque
où
ce
nom a été
constitué. En hébreu
et araméen le
nom
du soleil
est
de genre flottant,
en
syriaque
toutefois
le masculin tend à
prévaloir. On sait que
l'arabe
a maintenu le féminin.
La lecture
de la troisième
ligne est
très douteuse. Il
semble qu'il
faille
séparer 'PHWdu
nom
suivant qui paraît être
SMSHRT,
le
même nom que
plus
haut en écriture
defective. 'PHW
doit-il
être rattaché
à la
racine de
l'arabe
fawh
«
parfum
»
?
'DLTW,
est encore
un
nom
d'apparence
arabe,
de
scheme
afKal,
formé
sur la racine dalata «
marcher
à pas menus
».
N° 11
:
sur le mur sud
de
Yiwan
du
temple
f /
dkyr lt[b]
8/17/2019 Caquot - Nouvelles Inscriptions Araméennes de Hatra
9/31
96
SYRIA
N° 12
: gravée sur
une plaque
de
marbre
-»-*•/
>
f\
)
*) ^
^2
BRYK
M'N'
Béni soit M1 N'.
Le nom est
connu
en nabatéen
(voir
Cantineau,
le nabatéen
II,
p. 117) et
en
palmyrénien
(CIS
II, 4567), on
a aussi M'NW et M'NY. On hésite sur la signification
:
Ryckmans a pro
b blement
tort
de
voir
dans le
nom
lihyanite M'N un adjectif
arabe
signifiant
« court »
(I, p.
130).
L'idée
présentée
paraît être plutôt celle de libéralité. En
arabe
man signifie
« chose utile » et Man
est
le
nom d'un
héros
célèbre
par
sa
générosité. Il s'agit peut-être du
nom divin Ma'
an
employé
comme nom propre de personne.
N°
13
: sur
le
côté d'un
autel de marbre
DKYR
BRYHB BR NSRW BR
« G' «
BS' BR
« BDNRGWL
NSR>
WRHMH LTB
QDM
ZQYQ' WKYL DLRK
HNY DKYR LTB
Qu'on se souvienne de
BRYHB
fils
de NSRW
fils
de
'G' BS fils
de
'BDNRGWL, protégé et aimé en bien devant ZQYQ ... Qu'on
se souvienne
de
lui
en bien.
BRYHB rappelle les noms palmyréniens BRS'T (Inventaire IX, 20) et BRS'D (CIS
II,
4215,
4544),
le
nom divin est
remplacé par un titre du dieu ici
probablement
« fils de celui qui
donne
».
'BS'
:
ici surnom de 'G'. 'BS'
est
connu à Palmyre (CIS
II, 4368),
où
on
trouve
également
'BSY.
Il
paraît
être
d'origine
arabe,
car
on
peut
le
comparer
au
nom
arabe
%abbàs
« qui a la physionomie austère »
(Ryckmans,
I, p. 156). 'BDNRGWL. F. Safar
n'a
pas
reconnu
que ce
nom
était un théophore signifiant « serviteur de Nergal
».
Son
équivalent se
retrouve
à Palmyre sous
la
forme 'BNRGL (CIS
II,
4000). Il faut remarquer
l'orthographe
qui indique
pour le
nom
divin une prononciation Nergol, au lieu de Nergal
attesté
par
l'assyrien.
Ce
passage
de a à
o
caractérise les dialectes araméens occidentaux
et plus
tard
l'orthographe
syriaque
jacobite
l'a noté
(voir
Brockelmann, Grundriss, I, p.
143). ZQYQ'
nom divin,
voir
plus
bas. Le mot qui suit ZQYQ'
est
énigmatique : KYL — L — K ou KWL — L —
K.
8/17/2019 Caquot - Nouvelles Inscriptions Araméennes de Hatra
10/31
NOUVELLES
INSCRIPTIONS
ARAMÉENNES DE HATRA 97
Je pense qu'il
faut lire
KWL D
« quiconque
»,
suivi d'un
verbe à
l'imparfait.
HNY
: pro
b blement
nom propre à rapprocher
du palmyrénien
HN'Y (CIS II, 4515)
et du
nabatéen
HN',
HN'W.
Ce nom est d'origine
arabe
et
se
rattache
à
une racine
ayant,
entre
autres,
l'accep
tion
e « gratifier ».
Inscriptions provenant
du temple
extérieur ouest*
N° 14
: sur le côté
droit
de
l'entrée du temple
BGDHWZHTY
KLMNS PSQRST
Inscription alphabétique.
N°
15
:
même
endroit.
DKYR
«BDSMY'
BR 'BDSLM'
Qu'on
se
souvienne
de
BDSMY fils
de
BDSLM .
*BDSMY' nom théophore
du
dieu Simios.
'BDSLM'
:
comparer palmyrénien
'BSLM'
(CIS, II, 4198) et syriaque
labsalrnà,
nom d'un des premiers disciples d'Addai d'après la
Chronique d'Edesse. D'après Chabot ce nom
est
un hypocoristique de 'BDSLMN « serviteur
du
dieu
Chalman ».
N° 16
:
peint
à
l'encre rouge, au
sud du temple
l
il
l
l
lu
yria. — XXIX.
8/17/2019 Caquot - Nouvelles Inscriptions Araméennes de Hatra
11/31
98
SYRIA
1 DKRN
W NTBWN L'QWB'
RBWT' DY...
N BR
'BDSLM'
QDM B'LSMWN
MLK'
2 DKRN
W NTBWN
LHBWS' 'RDKL' BR «WBDW
BR
«NNY
QDM
B'LSMWN
MLK'
Souvenir
et commémoration de 'QWB', la Majesté... fils de
BDSLM
devant
Ba'alchamên le roi.
Souvenir
et commémoration de HBWS'
l'architecte,
fils
de
'WBDW, fils
de NNY devant Ba'alchamên,
le
roi.
Le mot
NTBWN
était inconnu jusqu'à
maintenant.
F. Safar le rattache à la racine TBB
«
connaître
». Il s'agit d'un
nom abstrait
à
suffixe -on. Le
N doit
être le résultat d'une ass
imilation partielle du préfixe
m- devant
la dentale
suivante. 'QWB' :
hypocoristique syriaque
de scheme
fa'
'it/,
formé
sur la
racine
'QB.
A moins
qu'au
lieu
de
W
il faille
lire
Y,
ce
qui
per
mettrait de retrouver le nom palmyrénien
'QYB' (CIS II,
4117,
4394). RBWT'
figure
en
syriaque comme titre honorifique. B'LSMWN doit être lu plutôt B'LSMYN,
nom divin,
voir plus
bas.
HBWS'
:
encore un
nom
de scheme /a û/, mais constitué sur une racine
arabe
habasa « tenir
captif »
qui apparaît
souvent
dans l'onomastique
sud-sémitique
(voir
Ryck-
mans, p.
27).
Le
'final
indique
une
aramaïsation
du nom.
'WBDW, hypocoristique d'un théo-
phore
en 'BD.
Cette
forme était jusqu'à maintenant inconnue. Plutôt qu'une
orthographe
defective
du
diminutif 'WBYDW = arabe 'ubayd, ou qu'un nom formé
sur le
scheme rare
fawK
al
(comparer le nom
arabe
nawfal),
il faut
y
voir
une forme de participe présent lôbed,
de Kâbad, avec le passage de a à o
déjà
relevé à propos de
NRGWL.
Le
W
final rappelle les
noms
'
Abdu, Bakru, MaKnu de
la
dynastie
d'Edesse
et
indique
une
origine
arabe
(voir
Herz-
feld, ZDMG, 68, 1914, p.
66).
'NNY
:
attesté à Palmyre (Inventaire VIII, 15),
comparer
CIS
II,
3994
:
lNNW. D'après Chabot
hypocoristique
d'un nom théophore formé sur lNN,
«
couvrir
» d'où «
jeter ses regards sur
quelqu'un ».
N° 17
:
peinte
à
l'encre rouge
sur la
même
pierre
que
le n°
16
[DKRN
WNJTBWN
LKBWRW
QDM B'LSMWN
MLK'
»LH'\ ..
Souvenir
et commémoration
de
KBWRW
devant
Ba'alchamên, le roi...
le dieu...
KBWRW : nom de scheme /a'û/ ou
/a ïï/,
à valeur
expressive
formé
sur
KBR « grand ».
D'origine arabe.
8/17/2019 Caquot - Nouvelles Inscriptions Araméennes de Hatra
12/31
NOUVELLES INSCRIPTIONS
ARAMÉENNES
DE HATRA 99
N° 18 :
peinte
à l'encre
rouge
sur
le mur est du temple de Ba'alchamên à
droite de l'entrée
SL'
(?)
SMT
SLM' (?) ST BR SB1' ??
F. Safar n'a
pu traduire
cette
inscription.
Je crois pouvoir seulement
compléter
sa
lecture
:
SL'
SMT
SLM'
B'ST
BR SB SW
—
SB est un
nom propre
maintenant attesté à Palmyre
(Seyrig,
ingholt,
starcky, Recueil des tessères palmyréniennes, 758).
Il doit
être rapproché
du
nabatéen SB'W.
C'est
un nom
d'origine
arabe
signifiant « le
lion».
SW
est
peut-être le
verbe
araméen signifiant
« crier ». Ce qui indiquerait que
l'inscription
est
une
plainte.
N° 19
:
Fragment
trouvé
sur le sol du temple
DKYR
8/17/2019 Caquot - Nouvelles Inscriptions Araméennes de Hatra
13/31
100
SYRIA
WRDNB
:
WRD
est
un
nom perse
(voir Justi, p. 133) attesté à Palmyre
(Inventaire
III,
6, 8, 9, 10, 11, 12,
etc.) et
déjà
à
Hatra
par deux graffiti relevés par Andrae
(Hatra II pi. 54,
fig. 273-274),
NB
doit
être
un second nom porté
par le
même personnage,
nous
ne lui
trouvons
pas
une
étymologie probante.
SLY
:
ce
nom
se
rencontre
à
Assour.
Jensen
(MD0G,
60,
p.
35 et
s.)
le rapproche
de l'accadien
sulâ.
Il
me semble meilleur
de
le
mettre
en
rapport
avec
le
nabatéen
SLY
très attesté (l'étymologie de ce
nom est
contestée
:
Wuthnow, p. 171 en
2o
fait
l'hypocoristique
d'un théophore
de
SLMN. Cantineau,
Le
nabatéen, p. 150
s'appuyant
sur la transcription grecque SYAAAIOS/SOAAEOY
le
rattache à
l'arabe
salla: «
consoler
»).
LNPSH doit plutôt être traduit
:
« pour
lui
même ». HYY
:
remarquer l'état
construit
plur
iel. 'HYHY : à lire plutôt 'H WHY. HYRD HWR (?) :
encore
un nom double,
d'origine
ir
nienne probablement
(voir
Justi, p. 133 et 130).
N° 21
:
Sur le
socle
d'une statue
de
marbre attenant au mur ouest
de la
cour du temple
8/17/2019 Caquot - Nouvelles Inscriptions Araméennes de Hatra
14/31
NOUVELLES
INSCRIPTIONS ARAMÉENNES
DE
HATRA 101
SLM' DY
'TLW
MLK'
NTYN' SRY'
PLH 'LH'
BRYK
'LH'
DY
21
Safar traduit
:
Statue de TLW, le roi, le généreux, le
prince,
serviteur
du
dieu, béni
du
dieu,
qui...
'TLW :
je
propose d'y voir un nom de scheme
af '
al constitué
sur la racine
arabe 'atala
qui a
le
sens
d'
« être de noble origine »
(voir
Ryckmans, p.
47);
on a en
syriaque le
nom
propre 'TLY. NTYN'
:
adjectif de scheme fa'ïl formé sur
la
racine
NTN
«
donner»,
F. Safar
a probablement
raison d'en proposer
l'acception active
attestée
en
araméen
pour
ce
scheme
(voir Bbockelmann,
Grundriss,
I, p. 354), bien que la traduction par le passif
soit
également
possible (comparer judéo-araméen netïnâ, « esclave d'un sanctuaire »). SRY' n'a rien à faire
avec l'accadien sarru, comme
le
veut Safar, c'est un fa'ïl formé sur la racine SR'
:
« détacher »
d'où
«
accorder
»,
je
traduirais
«
le
libéral
».
N° 22
: sur
le pied d'une
coupe de
marbre trouvée
dans
la
cour du temple
QRB 'BDGDY [b]r LSGL' DKYR
LTB
F.
Safar traduit
:
A offert BDGDY fils
de LSGL'.
Qu'on
se
souvienne
de
lui
en
bien.
'BDGDY « Serviteur du
Gad
», un de ces
nombreux
noms théophores en
Gad
attestés
aussi
bien
chez
les Juifs
et
les Cananéens que
chez
les
Araméens (voir
Noth, p.
126). La
lec
ture de Safar est douteuse; il n'y
a
d'après
le
fac-similé aucune
trace du
B
et le
R
n'est
que
bien
vaguement
dessiné.
Il faut peut-être traduire : « A
(la déesse) SGL'
« Sur cette
divinité
voir
plus
bas.
Si
on
maintient le BR, le
nom propre
sera un théophore de
cette
déesse sur le
modèle
du palmyrénien
LSMS.
8/17/2019 Caquot - Nouvelles Inscriptions Araméennes de Hatra
15/31
102
SYRIA
N°
23 : écrite à l'encre noire sur le
mur
est
du temple
23
1
DKYR
WBRYK
QDM B'SMYN 'LH' WQDM 'LH' KLHYN
2 N SR'QB BR
MRK'DY
BR
MRYNW
BR YHB LTB WLSNPYR
3
MN
DY LSHQB
LTB B'SMWN...
4 Safar n'a pas
donné la lecture de cette ligne
5 LDKRH WLNSR'QB
LTB
WLSNPYR
Safar
traduit : «
Commémoré
et béni
soit
devant Ba'alchamên et
tous
les
dieux,
NSR QB
fils de MRK DY fils de
MRYNW
fils de YHB en bien et en
bon...
en
bien
Ba'alchamên...
pour son
souvenir
et
pour
NSR QB
en
bien
et
en bon.
KLHYN
:
pour KLHWN. MRK'DY
est
difficile à
interpréter,
peut-être faut-il lire un N
à
la place du
K
et
couper
MRN'DY
« notre seigneur
Addai
», ce qui
donnerait
un nom propre
bien
attesté en
syriaque et
qui est un hypocoristique de Hadad-Adad. MRYNW : nom
propre
dérivé
de
la
racine MR', cf. Wuthnow, p. 149. YHB hypocoristique d'un nom théo-
phore
en YHB « donner ». SNPYR
:
ce mot
se
retrouve dans les inscriptions araméennes
d'Assour
(Jensen, MD0G,
60,
p. 26).
C'est
le mot sappîr, avec dissimilation du redou
blement
par n, phénomène particulièrement fréquent dans
les dialectes araméens
du Nord,
comme
le
montrent les emprunts arméniens (voir
Brockelmann,
Grundriss,
I,
p. 245). Je
lis les lignes
3 et 4
:
MN DY
LSHQB LTB B'SMWN QNH
DY R'H
MNQMWHY
WHNSH W 'LZMTH
DY MN DY
LQRWH W DL'.
MN DY
= quiconque. Ces mots
R
doivent être suivis d'un verbe, probablement une
3e
personne
de l'imparfait avec préfo
rmante
l
(comme à Assour et en
judéo-babylonien
et en mandéen où
l
alterne avec n).
Mais
le simple
fac-similé dont
nous
disposons
nous
interdit de pousser trop loin une ten
tative
d'interprétation.
Remarquons toutefois que
le
nom de Ba'alchamên
paraît
être suivi
d'un
titre
qui, s'il est
lu
correctement, signifie «
créateur (ou
possesseur) de la terre (l'aphé-
8/17/2019 Caquot - Nouvelles Inscriptions Araméennes de Hatra
16/31
NOUVELLES
INSCRIPTIONS
ARAMÉENNES
DE
HATRA
103
rèse du '
n'a
rien de surprenant,
on
la retrouve pour ce mot en christo-palestinien).
La
fin
de la
ligne
paraît signifier «
pour...
de qui l'invoque et qui ne l'invoque
pas ».
N°
24
:
peinte
à
l'encre
noire
sur
le
mur est
du
temple
de
Ba'alchamên
près
de l'angle
nord-est
1
BL DKYR BRZQYQ' QDM
MRN
W B'SMWN RB' LTB
'N'
« BDY KTBYT
MN
DY
LM?DY
DKRYN
LTBBL DKYR SM> NW LTB
'N'
< BDY KTBYT DKYR Lt[b] SMN DY LSNPYR.
.
R.
. .
LQD.
. .
BL DKYR T... LTB
Safar traduit
:
I. Bel Qu'on se souvienne de
BRZQYQ
devant Notre
Seigneur et
Ba'alchamên
le Grand,
en
bien. Moi
BDY j'ai
écrit
2...
qu'ils
soient
mentionnés
en bien
3
Bel
qu'on
se
souvienne
de SM'NW
en bien.
Moi BDY
j ai écrit;
-
qu'on se
souvienne
en
bien...
en
bon
4 Bel Qu'on
se
souvienne... en bien.
BL.
Est-ce
le
nom du dieu palmyrénien
comme le
suggère la traduction de F. Safar ?
On retrouve
ce
mot
en
tête
de
l'inscription
palmyrénienne
CIS
II,
4207.
Chabot
suivi
par
Rosenthal (Sprache der
palmyrenischen Inschriften, p.
93) y voit une particule affirmative
attestée en nabatéen sous
la
forme BL' ou BLY, et qui ne serait
autre
que
l'arabe
balâ,
tandis
que Pognon (Inscriptions sémitiques,
p. 84) croit
que c'est
le
nom divin
employé
comme interjection. Nous penchons pour la première interprétation.
BRZQYQ' : nom
théo-
phore
de
la
divinité appelée ZQYQ' : ce nom se
retrouve
à Doura-Europos dans une ins
cription araméenne transcrite en
caractères grecs
sous
la
forme BAPZAKIKH
(voir
Cumont,
Fouilles de Doura-Europos, p. 367), l'attestation hatréenne
montre
que la tentative
d'inter
prétation de Levi
della Vida par le sémitique ZKYKY
est
erronée. MRN
:
ce titre désigne
8/17/2019 Caquot - Nouvelles Inscriptions Araméennes de Hatra
17/31
104
SYRIA
un
dieu
dont nous ne connaissors
pas
le nom, voir les inscriptions
25
et 26.
'BDY
hypoco-
ristique d'un théophore en
'BD, fréquent
à Palmyre.
La
2e
ligne
commence par MN DY
« quiconque » suivi
encore
probablement d'un verbe à l'imparfait à préformante L
SM'NW :
c'est
un
nom
théophore
abrégé
en
SM'
:
«
écouter
»,
peut-être
hypocoristique
de
SM'NBW.
N° 25 :
sur
le mur nord du
temple
,
25
1
DKYR
WBRYK
NSRYHB BR
'BD'LY
BR
«BDSLM'
KMR' DRB' QDM
2
MRN
WMRTN W BR MRYN W B'SMWN 'LH' RB' LTB
LSNPYR
W
DY
MN
DY
3 RHYM
LH
LTB WLSNPYR
Rappelé et béni
soit NSRYHB
fils
de
' BD LY fils de BDSLM prêtre
du grand
(dieu) devant Notre
Seigneur,
Notre
Dame et le fils
de
Nos
Seigneurs
et Ba1 alchamên, le grand dieu, en bien et en bon et
que
quiconque
lui est
cher
en bien et en bon soit
rappelé.
'BD'LY
rappelle
le
nom
'BD'L
attesté
en sud-arabique
et
en
safaïtique
(voir
Ryckmans,
p.
240). On
connaissait déjà à Hatra
le
nom
'BD'LH'
(Hatra II, fig. 280)
«
serviteur
du
dieu ».
RB' «
le
grand dieu ».
Cette
épithète
s'appliquant
ordinairement à
Ba'alchamên,
ce doit
être
d'un prêtre de
ce
dieu
qu'il s'agit.
MRN... :
au sujet
de
la
triade divine
ici mentionnée,
voir
plus
bas.
Au
lieu de B'SMWN on
peut
lire ici
avec certitude
B'SMYN. A
la
fin de
la
ligne 2,
W DY
est
très
douteux.
N° 26
:
peinte
à l'encre noire
sur
le mur nord du temple
DKYR
'STT
BR
'BDTMY' ******>
7> ifc H
QDM
MRN
WMRTN
W
BR
MRYN
'LH'
_-
j-Tr*^
J>*>^
>,
,~
.
h
RB' LTB WLSNPYR V Jf kl\
->
C^
Rappelé
soit 'STT fils de BDTMY devant Notre
Seigneur,
Notre
Dame
et le fils de Nos Seigneurs, le grand dieu, en bien et en bon.
'STT
:
c'est le même
nom
qu'à l'inscription n° 5. Au lieu de 'BDTMY', la
lecture
autorise
'BDSMY'. 'LH' RB'
:
à qui
se
rapporte ce titre ? Est-ce au «
fils
de Nos Seigneurs », la com-
8/17/2019 Caquot - Nouvelles Inscriptions Araméennes de Hatra
18/31
NOUVELLES INSCRIPTIONS
ARAMÉENNES
DE HATRA 105
paraison
avec l'inscription précédente
suggère que la
mention
de Ba'alchamên a été
omise
ici
accidentellement,
car c'est à lui que
s'applique la qualification
de
«
grand dieu ».
N° 27
:
peinte
à l'encre noire à droite de l'entrée
de la
cella
NSR _>C_ I O*7
«qb
sm'
BD'Y
KMR'
DBR'D'
NSR... fils
de (BDS',
'QBSM'
BD Y, le prêtre, qui est le fils de D .
'BDS'
hypocoris tique de
'BDSLMN
ou 'BDSMS'. 'QBSM'
:
hypocoristique de'QBSMS'.
BD'Y :
surnom ? à rapprocher de
l'arabe
badi* « merveilleux
».
lD'
:
le
nom est
attesté
en
hébreu
(Noth,
p. 182) où
il se
rattache au verbe K~àdâh « parer » (inconnu en araméen). Mais on
peut
lire
à la place du ' un D
:
le
nom
serait DD'
hypocoristique
du
nom divin
Hadad/Adad.
L'Écriture
des
inscriptions
de
Hatra.
—
Les
nouvelles
inscriptions
nous
permettent d'avoir
de l'écriture de Hatra
une
vue
beaucoup
plus
claire que
lorsqu'on disposait seulement
des
quelques fragments
recueillis
par Andrae.
Nous sommes un peu
mieux
en mesure
d'examiner
les
rapports
de cette
écriture avec
les
types voisins. Examinons d'abord en particulier la
forme
de chaque lettre.
Le
' de Hatra ressemble à certaines formes du ' cursif palmyrénien que
l'on aurait
incliné de
90
degrés vers
la gauche.
Cette forme
est
identique à
celle du ' du parchemin
parthe d'Avroman 1)
des
monnaies arsacides et
du
pehlvi sassanide. Il
ressemble
aussi au
' des
inscriptions araméennes
(?)
de
Hassan Kef et de Sari
(2).
(*) Voir Elis H. Minns dans
Journal of
p. 108-115. Pognon est enclin à dater ces
ins-
Hellenic Studies, XXXV, 1915, p.
63-65.
Ce criptions des alentours de
200
avant notre
ère,
document date de
la
fin
du Ier siècle
avant
ce
qui
est vraisemblablement beaucoup trop
notre ère. haut.
(2) Voir Pognon, Inscriptions
sémitiques,
8/17/2019 Caquot - Nouvelles Inscriptions Araméennes de Hatra
19/31
106 SYRIA
B.
Sur
nos
inscriptions le B ne diffère du B
de la
cursive palmyrénienne
que par l'absence
de la
barre supérieure,
de sorte
que
la main
n'avait
qu'à
tourner une
fois
pour
l'écrire.
La
forme
d'Avroman
est
beaucoup
plus
archaïque.
Par contre
les
formes
pehlvies
ressemblent assez
à ce type. Il est
identique
au
B
de Hassan-Kef.
G.
Les deux branches du G
se joignent
à leur extrémité, à
la
différence du
palmyrénien et de l'estranguelâ
où
elles
se
joignent au
milieu
de la
branche
supérieure. Identique au G d'Avroman.
Le
G du pehlvi
forme
un
angle beau
coup plus ouvert. Celui de
Hassan-Kef
en
diffère par une
inclinaison de
90
degrés
vers la gauche.
D.
La
barre
horizontale
rencontre
la
haste
verticale
à
son extrémité
supé
rieure, à la
différence des
formes palmyrénienne et d'Avroman. Identique au
D
estranguelâ
et à celui
de
Hassan-Kef.
Le
D pehlvi a une forme
toute
par
ticulière.
H.
Le trait
vertical
de
droite s'arrête à
la
hauteur
de la
barre horizontale
alors
que
le palmyrénien la
prolonge.
On
n'avait
à
lever
la main qu'une fois
alors
qu'il
faut la
lever deux fois dans
la
cursive palmyrénienne. Les
formes
d'Avroman, du pehlvi et
de
Hassan-Kef
sont archaïques. Tout différent est
le
H
d'Assour qui a la
forme
d'un M
romain;
ce qui rappelle sous
une forme
anguleuse
le H estranguelâ,
et
paraît provenir d'un
H
ancien
(comparer
le
H
de
Hassan-Kef).
W.
Simple arc de cercle ouvert vers la gauche. A
l'air d'une
simplification
du W palmyrénien
qui
a l'apparence d'une haste
recourbée
par en haut vers
la gauche. La
forme se retrouve
à
Avroman
et en pehlvi
arsacide.
Le
W estran
guelâ paraît avoir poursuivi
cette
évolution jusqu'à
former
un cercle. La
forme
de Hassan-Kef, un simple
trait
vertical,
est
une
simplification diffé
rente de l'ancien
modèle.
Z.
Simple
trait
vertical
comme
à
Avroman,
en
pehlvi
et
en
estranguelâ.
C'est la
forme
même de l'ancienne cursive araméenne.
H. Identique à une des deux formes du H
cursif
palmyrénien, vraisem
blablement
à la plus ancienne (l'autre
doit être
rapprochée
du
H
estranguelâ).
Identique à une
des
deux
formes
du H d'Assour (l'autre venant
de
H) et à
une forme attestée
en
pehlvi arsacide.
La
forme
d'Avroman est là
encore
plus archaïque.
8/17/2019 Caquot - Nouvelles Inscriptions Araméennes de Hatra
20/31
H
W
Z
HT
YK
A
i
G
1
n
n
>
s
A
6
(
/
»
/
h
»
3
■
T
f
H
S
1
o
2
i
1
S
SQRST
>
n
y
y
1
r
T
2
D
3
r
C
2
V
rr
-
8/17/2019 Caquot - Nouvelles Inscriptions Araméennes de Hatra
21/31
108
SYRIA
T.
Peu différent du T palmyrénien
cursif
et aussi de certains H pehlvis.
Le T bouclé
de
Hassan-Kef
et de
Festranguelâ présente une forme beaucoup
plus
évoluée.
Y. Se présente tantôt comme
un arc de cercle ouvert vers la gauche
comme
en palmyrénien, en pehlvi sassanide et à
Avroman
(ce qui peut aider à
com
prendre
la
fréquente confusion de W et de Y dont nous avons relevé
des
exemples
: BSMWN au
lieu
de B SMYN,
HYHY
au
lieu
de
Ï1WHY,
la
confusion facile à éviter dans l'écriture monumentale de Hatra doit
être
provoquée
par une
erreur
du
lapicide devant un
modèle
en écriture courante),
tantôt
comme
un arc de cercle ouvert vers la droite (comme en mandéen)
mais le
plus
souvent
comme
un
zig-zag,
ce
qui
est un
dessin usuel
pour
le
Y
en pehlvi arsacide.
K. Ne diffère du palmyrénien
cursif que
par
la quasi-disparition de la
barre
inférieure. Identique à la
forme
de
Hassan-Kef.
L'alphabet
d'Avroman
et le pehlvi arsacide
arrondissent
vers le
bas
la
barre supérieure,
ce
qui les
rapproche
davantage
de l'ancien araméen.
L.
Simple trait oblique allongé.
Identique
à la
forme
de
Hassan-Kef.
Rappelle aussi
les formes
d'Avroman
et
du pehlvi ainsi que
l'estranguelâ.
Le palmyrénien
cursif présente
encore
une petite barre
à
son extrémité
supé
rieure
et
apparaît
ainsi comme une forme moins
évoluée.
M.
Diffère
seulement
du M
palmyrénien
cursif
par la
prolongation
au delà
de
la barre
horizontale supérieure du
trait
vertical de gauche. Identique à
la
forme des
papyri
d'
Elephantine,
à
celle
de Hassan-Kef, d'Avroman et à
cer
taines
formes du pehlvi arsacide. Le M de
l'estranguelâ
est plus proche du
palmyrénien.
N. Identique à
celui du
palmyrénien
cursif,
d'Avroman,
du
pehlvi sassa
nide.
On
le
trouve
aussi en pehlvi arsacide. A Hassan-Kef
la
petite barre
infé
rieure
prend
à
droite de
la
haste,
forme
qui apparaît
également
en
pehlvi
arsacide.
S. Plus proche
de la
forme ancienne et du palmyrénien
monumental
dont
il ne diffère
que
par un allongement du
trait
vertical de gauche
que
du pa
lmyrénien
cursif
qui en
se
fermant à gauche donne le S estranguelâ
ou
de
celui
de
Hassan-Kef
qui a l'air d'un S palmyrénien
cursif
tourné en sens inverse.
La
forme
de Hatra se
retrouve
à Assour, à
Avroman
et en pehlvi.
8/17/2019 Caquot - Nouvelles Inscriptions Araméennes de Hatra
22/31
NOUVELLES
INSCRIPTIONS ARAMÉENNES
DE
HATRA 109
.
Un
peu plus ouvert
que celui du palmyrénien cursif
et de l'estranguelâ
(pour se
distinguer du
G).
Différent d'une des formes du l
d'Assour qui
re
ssemble
beaucoup
plus
au
ancien
et
à
ceux
d'Avroman
et
de
Hassan-Kef.
P.
La
boucle supérieure
est
un peu mieux
marquée
qu'en
araméen
d'Ele-
phantine. Très proche
de la
forme
d'Avroman, du pehlvi arsacide et
de
Hassan-
Kef.
S. Plus évolué
que celui
de
l'araméen ancien et du
palmyrénien
monu
mental et plus
simple que celui
d'Assour
et
de
Hassan-Kef. Très
semblable
à
celui
du pehlvi arsacide.
Q. Distingué du
M
et du S par l'arrêt à
la barre
horizontale supérieure du
trait
vertical
de
gauche.
Très
semblable
au
palmyrénien mais
non
distendu
comme
lui
(ce
qui permet
en palmyrénien
d'éviter la confusion avec
M).
La
forme
de
Hassan-Kef
est
plus archaïque. Le Q du pehlvi arsacide et celui du
pehlvi
sassanide reflètent
deux évolutions
différentes.
R. Identique au
D comme
partout ailleurs, sauf en pehlvi où ils ont été
distingués par des moyens divers.
S.
Présente une
très
grande
simplification qu'on ne
retrouve
qu'à
Hassan-
Kef.
C'est
une
sorte de
triangle rectangle dont le grand
côté est
horizontal et
le
côté
vertical
est
à
gauche.
Les
formes
du
palmyrénien
et
d'Avroman
sont
plus archaïques.
C'est
une tout autre simplification
que
reflètent les
alphabets
pehlvis.
T. Peu
différent
de ceux de Palmyre, de Hassan-Kef,
d'Avroman
et du
pehlvi.
Il
résulte
de l'examen auquel nous venons de nous livrer
que
l'écriture de
Hatra
si
elle
présente
bien
des
traits
communs avec les
différentes
écritures
issues
de la cursive araméenne
des
derniers siècles
d'avant
notre ère ne peut
être
mise en
rapport particulier
avec aucune
d'entre elles. Certains
détails
feraient
croire
qu'elle
est
une simplification
de
la
cursive palmyrénienne,
mais
d'autres
(par
exemple le S) laissent
penser que
c'est
une
évolution
purement
locale
de cette écriture de
1'
« araméen d'Empire
», à
laquelle il faut
faire
remonter aussi
bien l'alphabet palmyrénien que
l'estranguelâ
(1), que celui
W
Dans
l'état actuel de nos connaissances
palmyrénienne
(Grammaire
du
palmyrénien
épi-
mieux, vaut préférer à l'hypothèse de Canti-
graphique,
p. 32), celle de Lidzbarski [Hand-
neau
faisant dériver
l'estranguelâ
de la cursive
buch,
p. 193) reprise par Diringer (The Alpha-
8/17/2019 Caquot - Nouvelles Inscriptions Araméennes de Hatra
23/31
110 SYRIA
de
Hassan-Kef
(1)
ou
que
celui
qui est
à
l'origine des
différents systèmes
pehl-
vis (2).
On ne peut discerner de
constantes
permettant de
faire dériver
l'une
de
ces
écritures
de
telle
ou
telle
autre.
La
seule
différence
des
alphabets
employés
sur
deux
sites
aussi voisins que Hatra
et
Assour suffit
à montrer
que
chaque ville se constituait un
système
d'écriture qui
lui
était
propre, sim
plifiant à sa guise
un
modèle commun que nous
serions bien
embarrassés
de
désigner. Il faut
se
garder de
surestimer
l'influence de
Palmyre
qui
pas
plus
pour l'écriture
que
pour les autres manifestations de la civilisation n'a été un
jalon entre l'Ouest et l'Est mais
qui
ne fait
que
refléter une culture mixte
élaborée en Mésopotamie à
l'époque
séleucide
(3). C'est
dans
des foyers
de
civilisation comme
Séleucie
du Tigre
que l'ancienne
écriture
d'Empire
a
pu
évoluer
et
donner
naissance à un
type dont
nous
trouvons partout
les
traces,
diversement modifiées. Tout ce
que
nous pouvons dire de l'écriture de Hatra
est
qu'elle
est un
rejeton de
la
cursive araméenne. Elle garde généralement
l'aspect d'une cursive, toutefois une inscription comme le n°
20 montre
une
tentative
de constitution d'écriture monumentale.
La langue des
inscriptions de Hatra. — Elle présente peu
de traits parti
culiers.
C'est
un dialecte araméen
très voisin du
syriaque. Il semble avoir
fait
un usage assez grand mais non constant
(4)
des
maires lectionis, ce qui
permet
de
déceler au point
de vue phonétique la mutation
du
a en
o
(NRGWL,
'WBD),
trait qui n'est
pas
à
rapporter
à
une
influence cananéenne mais à
une
modif
ication
semblable
intervenue
également
dans le
syriaque d'Edesse
et dont
on trouve les traces à
Palmyre (5). Un
détail mérite de retenir notre
attention
:
la désinence
d'état
emphatique
du masculin
singulier qui est
ordinairement '
se
présente
parfois
sous
la
forme
H, si la lecture en est exacte (voir inscrip
tion n°
1 BNYH
à côté de GLP',
inscription
n°
13 RHMH
à côté de
NSR').
bet,
p. 280)
faisant
de ces
deux
écritures des
(3)
Voir les remarques de H.
Seyrig dans
développements paralèlles. Journal
of Roman
Studies,
XL, 1950, p. 6-7.
t1) Pognon
(loc.
cit.) a eu
probablement
tort
(4)
Ainsi RHMH à
l'inscription
13 où l'on
de voir dans l'écriture de Hassan-Kef l'origine attend RHYMH.
des
alphabets
pehlvis.
(5)
Ainsi
l'orthographe 'STWR. Voir Canti-
(2) Herzfeld
a montré que le
pehlvi arsa-
neau, Grammaire du
palmyrénien épigraphique,
cide et le pehlvi sassanide devaient remonter à p. 51.
deux types
différents
de cursive araméenne.
8/17/2019 Caquot - Nouvelles Inscriptions Araméennes de Hatra
24/31
NOUVELLES INSCRIPTIONS
ARAMÉENNES
DE
HATRA 111
'
est
l'orthographe régulière
dans
tout
l'araméen. Cependant l'alternance H/'
n'est
pas sans
exemple
même
pour la
désinence d'état emphatique en
araméen
biblique,
dans la langue
des
papyri
d'Eléphantine
et
les
idéogrammes
ara-
méens
du pehlvi.
D'après
H. H.
Schaeder (1) ce phénomène
résulte
de l ins
tabilité orthographique de l'araméen ancien
:
«
Pareille
fixation n'est intervenue
que
là où
les
Araméens ont subi l'influence de l'exactitude grecque
:
chez les
chrétiens parlant syriaque. » Ce n'était
pas
le cas à Hatra. Il ne faut donc
pas
voir dans ce détail sporadique un trait de langue propre à Hatra, mais un
reflet des hésitations
orthographiques de la
langue
écrite qui lui
a
servi
de
modèle.
Il
permet
cependant de
discerner que l'araméen
de Hatra
était
indé
pendant
du palmyrénien
où
l'orthographe
'
est de
règle.
Un
autre
phénomène
qui
oppose le
hatréen
au palmyrénien
est la
présence
de
l'imparfait à préfo
rmante
L, alors
que
l'imparfait palmyrénien
est
toujours en Y. Ce
fait n'est
malheureusement
attesté
que
dans
des
passages
douteux
mais on est assez en
droit de l'attendre puisqu'il apparaît à Assour. Cette préformante, probable
ment
a
particule caractéristique du jussif étendue
aux
autres formes
de
l'imparfait, se
retrouve
en judéo-babylonéen et en mandéen;
le
N
du
syriaque
n'en
serait
qu'une
dissimilation (2).
On peut
l'attribuer
à
une
influence de la
langue parlée
qui
l'a emporté
sur la
langue
écrite
modèle
:
l'araméen d'Empire.
Ce trait
permettrait
de
classer
la langue de Hatra dans F « araméen oriental
».
Pour le vocabulaire,
signalons
qu'un mot comme
NYS
(inscription n°
1)
est
nettement
oriental :
il
provient de
l'accadien
et ne se retrouve qu'en
syriaque. RDKL
(inscription n°
1) est aussi
d'origine
accadienne.
Nous avons
déjà
relevé
que dans
un mot
comme
SNPYR la
dissimilation du redouble
mentar n
jusqu'alors
inconnue pour ce mot, semble
être
un trait dialectal
des
parlers araméens du Nord-Est
comme
le
montrent les
emprunts arméniens.
Les
noms propres.
—
Pour
un
site
aussi
proche du royaume
arsacide,
on
doit être
frappé de la
très faible proportion
de noms
parthes
rencontrés
(ZRY,
KNZYW,
WRWD...
auxquels
on peut joindre le nom
du
roi SNTRWQ
antérieurement
connu). Il en est de même à Assour
où
l'onomastique est aussi
Iranische Beitràge, p. 34-35. (2) Voir Rosenthal, Die Sprache der
pal-
myrenischen Inschriften, p. 54-55.
8/17/2019 Caquot - Nouvelles Inscriptions Araméennes de Hatra
25/31
112 SYRIA
purement
sémitique.
Mais alors qu'Assour paraît avoir conservé aussi bien
dans
son onomastique que
dans
son
panthéon
le souvenir du temps où elle
était
capitale
de
l'Empire
assyrien, les
noms
propres
de
Hatra,
mis
à
part
ceux qui viennent de
l'Iran, ne peuvent se
répartir qu'en
deux groupes
: les
noms araméens et les
noms
arabes, ces derniers reconnaissables à
leur dés
inence —
W
qui rappelle les noms de la dynastie d'Edesse :
KAbdu,
Bakru, etc.,
les autres à la désinence
— '. Un bon nombre
de ces noms propres araméens
figurent dans les inscriptions palmyréniennes. Il semble
que
la proportion
de noms
arabes soit
sensiblement plus forte qu'à Palmyre et se rapproche
de
celle qu'on
trouve en
nabatéen. L'onomastique
nous donne
aussi, comme
éléments
de
théophores,
quelques
noms
divins non
attestés
isolément
à
Hatra,
peut-être par accident (ainsi NSR) ou
qui
ne
sont plus
que des vestiges (ainsi
NRGWL qui est assez fréquent dans
l'onomastique palmyrénienne
sans
qu'on
trouve
trace de son
culte).
Intérêt historique. — C'est l'onomastique
qui
donne encore lieu à
la
con
clusion historique la plus probable en confirmant, par la
grande
proportion
de noms arabes qu'on y relève, l'hypothèse
de
Herzfeld
(1)
selon laquelle le
site
de Hatra aurait
été
occupé vers le premier siècle
avant
notre ère
par des
tribus arabes. Ces tribus ont pu se mêler à quelques éléments parlant araméen
et comme
en Nabatène c'est
la
langue
de
ces
derniers qui
l'a emporté. Il
est
bien
difficile
de
déterminer
qui
détenait le
pouvoir.
Les
nouvelles
inscriptions
ajoutent le nom
d'un
roi aux deux
que
nous avons déjà. Le premier est le
SNTRWQ
de la
grande inscription publiée par Andrae,
c'est un
nom iranien,
Sanatruq,
et les textes syriaques et arabes ont
gardé
le
souvenir
d'un Sanatruq,
roi de Hatra (2), peut-être le fondateur d'une dynastie.
Le
second a un nom
( )
ZDMG, 68,
1914, p.
665.
Mais
rien
ne
contraint à voir en HTR (le nom
ancien
est
attesté
par la
monnaie dont nous
parlons
plus
bas) un nom d'origine
arabe.
Il s'explique par
f itement
par
l araméen
hutrà « enclos », au
pluriel hatrë (d'où le grec Atpai).
L'arabe
hadr
« établissement fixe
»
est probablement
une
étymologie populaire.
(2) On trouve
dans Bar-Bahlul
la
mule
HTR
DSNTRW (éd.
Duval,
col. 896)
et dans
Michel le
Syrien
(éd. Chabot III,
p. 78)
:
«
il
y
eut de nombreux
rois
:
à
Edesse,
ceux de la famille d'Abgar, dans
le Araba
ceux
de
la
famille de
Sanatrouq, qui
régnaient dans
la ville de
Hatra
». Il faut certainement voir
dans le
Satirun de ïabari et de Mas'udi une
déformation
du
nom de
Sanatruq.
8/17/2019 Caquot - Nouvelles Inscriptions Araméennes de Hatra
26/31
NOUVELLES
INSCRIPTIONS
ARAMÉENNES
DE
HATRA
113
araméen :
c'est le Bocpamioç
(1) qui d'après
Hérodien (III, 1
et 3)
envoya des
secours à Pescennius Niger
(193-194),
et qui doit
être
un
des
derniers souve
rains
indépendants
de
Hatra
puisque
la
ville
aurait
été
conquise
par
Arda-
chir Ier ou
Chapour
Ier
(2).
Grâce à
l'inscription
n° 21 nous avons mainte
nantn nouveau nom
de
roi
: 'TLW.
L'étymologie en
est
peu sûre mais une
origine
arabe est
extrêmement
probable
(3).
Cet
'TLW
appartient-il à la dynast
i
e
Sanatruq
? On
sait
que
les
noms iraniens et
les
noms sémitiques pou
vaient
alterner dans une même
famille, on en a un exemple à
l'inscription
n°
6
et le cas se produit également à Palmyre. Il est donc très
possible que
le
descendant de SNTRWQ ait
porté
un nom arabe.
Il
est
possible
également
qu'un
Arabe
se soit
substitué
à
un fondateur d'origine parthe. On
ne
relève
enfin parmi les inscriptions nouvelles aucune qui soit datée, la
chronologie
de Hatra reste
donc aussi
vague. D'après l'écriture
les
inscriptions
qui
viennent
d'être
trouvées sont
plus récentes
que l'inscription
du «
palais
» où apparaît
le nom
de
Sanatruq,
ce n'est
pas surprenant car
les
temples extérieurs où
elles ont
été
trouvées
doivent être
postérieurs à l'ensemble central. La date
proposée par Andrae pour l'érection
de cet
ensemble, le
début
du
ne
siècle
de notre ère (4) est
certainement
trop basse. La
critique
interne
des inscrip
tions
t
les
critères
paléographiques
ne
permettent
cependant
pas
de
déter
miner
la date
à laquelle elles remontent. L'étude
archéologique
des temples
où
elles ont été trouvées apportera
sans doute
quelque précision.
Les dieux de Hatra. — Les nouvelles inscriptions nous font connaître le
nom
d'un certain
nombre
de
divinités
de
Hatra, alors
que
les
inscriptions
antérieurement
relevées ne
nous en donnaient aucun.
I1) II
n'y
a
pas
de
raison
de préférer à
la lec
ture
Bapar^-.oç
de
Hérodien, III,
1,
3
la
lecture
Baparjvto;
donnée au chapitre 9,
comme
le pro
pose
Gutschmid (ZDMG,
34,
p.
735)
pour en
faire
une
transcription de Bar-Sin. ou de
lui
chercher une étymologie iranienne avec Herz-
feld
(ZDMG, 68, p. 661).
paparjtxtoç
est l'ara-
méen BRSMY' «
fils
de
Simios
». Nos inscrip
tions résentent à plusieurs reprises le nom
'BDSMY
'.
(2) Dion Cassius
(LXXX,
3) signale un
Syria. — XXIX.
échec
du premier roi sassanide contre Hatra
en
227.
D'après
les historiens
arabes,
son
suc
cesseur, Chapour
Ier
(242-272) aurait réussi
à
s'emparer de la ville.
(3)
S. E.
Nadji Bey
Al Asil
reproduit dans
l'article de V Illustrated London News
du
17
novembre
1951 la tête de la
statue
de ce roi.
Il fait
remarquer que
le
profil
du
roi est typ
iquement
arabe. Il
est coiffé
d'une haute
tiare
rappelant celle des
souverains parthes.
(4 ) Voir
Hatra, II,
p.
2.
8/17/2019 Caquot - Nouvelles Inscriptions Araméennes de Hatra
27/31
114 SYRIA
Nos seules informations
sur la
religion
de
Hatra
provenaient
des
sources
classiques : Dion Cassius relatant l'échec subi en
117
par Trajan devant les
murs de
Hatra
(LXVIII,
31) signale
que
la
ville était
protégée
particulièr
ement
ar Hélios et il vante ailleurs (LXVI, 10) la
richesse
et la célébrité de
son
sanctuaire
du
soleil. On
tendait à attribuer
cette
désignation par le nom
d' Helios du grand dieu de Hatra à
une
application par
les
historiens grecs
du syncrétisme solaire. Jensen remarquait
que
le nom du soleil ne figurait
pas dans
les
inscriptions
qu'il avait
étudiées. Nous savons
maintenant
que
Chamach
était
effectivement
adoré
à Hatra : nous avons là-dessus le témoi
gnage de
l'inscription
n° 2.
Plus
intéressante encore est la légende HTR'
DSMS
«
l'enclos
du
soleil
»
(d'où
le nom
de
la
ville)
que
nous
lisons
sur
des
monnaies jusqu'alors faussement attribuées à Emèse et imitant
les
monnaies
d'Antonin
le
Pieux
(1).
On en a retrouvé
des
exemplaires à Doura Europos,
avec laquelle Hatra a certainement été en relations.
Il
y a donc bien eu à
Hatra un culte de
Chamach et rien
ne
permet
de
l'attribuer
à
une
influence
de la théologie solaire de la Syrie
hellénisée. Nous pensons
y
voir
plutôt
une
survivance d'un
ancien culte
araméen : les
inscriptions
de Nerab et de
Guzneh
mentionnent en effet le dieu SMS (2).
On
ne saurait cependant pas trouver
parmi
les
reliefs
découverts
à
Hatra
une
image
de ce
dieu.
Le
nimbe
radié
qui
entoure
la
tête d'une divinité ne permet pas d'en faire
un
Hélios, car
cette
parure a été donnée aux divinités
les
plus diverses
3) ;
aussi bien à Hatra même
orne-t-il une
tête
féminine. L'aigle fréquemment représenté à Hatra ne peut
pas non
plus
être
tenu pour un symbole solaire
(4).
Il
ne semble même
pas que
Chamach ait été le principal dieu
de
la ville,
au moins
à
l'époque
à laquelle remontent la
plupart
de
nos inscriptions
(rap
pelons
que le texte
n°
2,
trouvé
à l'intérieur du
«
palais
»
doit être
plus
ancien
que
les
autres).
Trois de celles-ci
(nos 24, 25
et
26) mentionnent sous le titre
I1)
Voir
Dieudonné,
Revue de Numismatique, p.
159
et Lidzbarski, Ephemeris,
III,
p.
64
et
s.
1906, p. 133-134.
La
légende dont
Dieudonné
Sur l'antiquité du culte solaire chez les Ara-
donne
un fac-similé doit être lue de
l'intérieur mèens,
voir J.
Lewy, Orientalia,
XVII, 1948,
et non de l'extérieur. On voit alors
apparaître
p. 158, note 1.
HTR'
D
SMS,
écrit dans
le
même alphabet
(3) Voir les remarques de H.
Seyrig,
Anti
que
nos
inscriptions (avec
le
S
très
caractéris- quités Syriennes, II p. 94
et
96 note 4.
tique).
(4) Voir
Seyrig, Syria,
XXVI,
1949, p. 233.
(2) Voir
Cooke, North
Semitic
Inscriptions,
8/17/2019 Caquot - Nouvelles Inscriptions Araméennes de Hatra
28/31
NOUVELLES
INSCRIPTIONS ARAMÉENNES
DE
HATRA 115
de
MRN
« notre Seigneur » un dieu qui devait occuper la première
place dans
le panthéon de Hatra. Or deux fois ce dieu apparaît
comme
membre d'une
triade comprenant
aussi
une
déesse
parèdre
(MRTN,
«
notre
Dame
»)
et
un
dieu fils (BR
MRYN).
Ceci
écarte
toute
identification
de MRN à Chamach.
Quelle
était
maintenant cette triade ?
Le
titre
de
MRTN a certainement été donné à
la
grande déesse
locale.
A
Assour,
il désigne Seru, parèdre
du
dieu de la ville, Assour
(1).
Or
une
déesse
bien
établie à Hatra
est
certainement Atar'até dont nous savons par l in
scription n° 5 qu'elle avait un sacerdoce.
Il
s'agit de la
grande
déesse de Hiera-
polis dont on trouve également
des
traces à Palmyre, en
Nabatène
et dans
le
sanctuaire
syrien
de
Délos
(2>.
Sans
doute
est-ce elle
qui
est
désignée par
le nom de
ZQYQ'
à l'inscription
n°
13 (on a
aussi
le nom propre BRZQYQ
à
l'inscription
n° 24). ZQYQ'
signifie
en
effet
« pure » et rappelle le
titre
d'Atargatis à Délos '
kyvh Qek
(3).
On peut penser
que
c'est
elle que
les
textes
de
Hatra appellent
«
Notre Dame
». Quant
au MRN
«
Notre Seigneur », son
époux, c'est
sans doute le grand
dieu de la ville, mais rien ne nous en indique
le nom
propre, suivant
une coutume courante en pays
sémitique
il
se
diss
imule
sous
un
titre. Nadji
Bey al Asil suppose
que
c'est lui qui est
représenté
sur
deux
des reliefs récemment
découverts
:
le
premier,
gravé
sur
le pyrée
qui
porte
l'inscription
n°
10
montre un dieu barbu vêtu à la persane bran
dissant
de la main
gauche une
hache
bipenne, le second,
un dieu léontocéphale
également
vêtu à
la
persane, dans
la
même attitude mais entouré de symboles
mithriaques : scorpions, serpent et chien, à côté de lui
une
déesse
assise
tenant
dans sa main droite l'enseigne caractéristique
des
monnaies hiérapolitaines
:
le ar^dov décrit
par
Lucien (4>.
Sous des
détails
iconographiques
venus de
C1) Jensen, MD0G, 60, p. 29.
(2)
Son
nom
est
écrit
à
Palmyre
'TR'TH
(voir
Cooke,
p. 268). H
a la
forme
TR'TY sur
les
monnaies de
la
dynastie hiérapolitaine de
Bar-Hadad
(voir Ronzevalle, MUSJ, XXIII,
1940, p. 6) et dans
le
passage talmudique
Aboda
Zara, II
b,
la forme
TR'TH.
Cette dernière
forme s'explique mieux
si
on suppose un chan
gement du étymologique en', par dissimilation.
Or on trouve précisément la forme
'TR'T'
dans des inscriptions nabatéennes (CIS,
II,
422 et
243).
Le
TR'T de
Hatra constitue un
autre exemple de
ce jalon. Le ' initial
et le
'
final
indiquent
tous
deux
une orthographe
rajeunie.
(Le H final de Palmyre représente une graphie
archaïsante, voir Cantineau,
Grammaire...,
p. 56).
(3)
Voir P. Roussel, Délos colonie athénienne,
1916, p. 261.
(4 ) Voir Déesse Syrienne,
33
et la
monnaie
reproduite par Garstang, The
Syrian
Goddess,
fig.
7, p. 70.
L'emblème
figure en outre à
Hatra
8/17/2019 Caquot - Nouvelles Inscriptions Araméennes de Hatra
29/31
116 SYRIA
l'Est
on peut
reconnaître
à
l'attitude générale,
le
grand
dieu araméen de
l'orage Hadad
ou son avatar
le Zeus de Dolichè. Nous proposons donc de
voir
dans
le
MRN
le
dieu
Hadad
parèdre
d'Atargatis.
L'identification
du
troisième membre
de la
triade
est plus délicate :
c'est
un dieu-fils, BR MRYN,
«
le fils
de notre
Seigneur et de
notre
Dame ». Nous savons que
la
triade
syrienne de
Délos
comportait avec Hadad et Atargatis un dieu jeune nommé
Asclepios, équivalent ordinaire d'Echmoun. Nul doute
que
nous n'ayons à
faire ici
à
une figure
semblable de dieu jeune. La
fréquence
de l'élément SMY'
dans
l'onomastique
( BDSMY
des
inscriptions n°
15,
22 et probablement 26
et le
Bapripioç
de
Hérodien) laisserait penser
que
c'est un dieu Simios mais
celui-ci
n'est
connu
que
par
une inscription
de Kafr-Nebo
(1).
Le
texte du
pseudo-Meliton
sur
lequel
on se
fonde
pour
donner
ce
nom au troisième dieu
de la « triade hiérapolitaine» parle de SMY' comme de la fille et
non
le fils
de Hadad
(2).
Quoi qu'il en
soit la
triade familiale
de Hatra
ressemble
beau
coup
à une triade phénicienne. Faut-il admettre une origine
occidentale de ce
culte, comme on l a proposé pour ceux de Hiérapolis, la
Syrie du
Nord ayant
été
«
soumise
aux cultes
cananéens dès
le IIe millénaire » (3) ? Est-ce
que
l'influence bien
attestée du
culte de Hiérapolis sur les peuples
voisins
s'est
exercée
jusqu'à Hatra ? Ou est-ce
que
cette
triade divine est à Hatra le sou
venir
d'une époque où
ce
site était
occupé
par une
population qui a
donné
naissance aussi bien aux Araméens qu'aux Cananéens
des
âges
postérieurs
?
Le
dieu le
plus
fréquemment nommé
est
Ba'alchamên. L'abondance des
dédicaces à
son nom
fait
croire que
le
temple
extérieur
où
elles ont été trouvées
lui
était consacré. Son nom
est
sujet à quelques
variantes
orthographiques,
sur
le
relief où est gravée
l'inscription
n° 3.
Est-ce
lui que
cette inscription
désigne sous
le
nom de
SMY' (= cn^sia)
ou
SMY'
est-il
le
nom divin ? Cet
emblème
ne reparaît à notre
connaissance
qu'à Doura-Europos (voir Excav
ations
at Dura-Europos, Third
Season,
1932,
pi. 14), à Harran
(voir
Stocks dans Berytus,
IV,
1937, p. 17)
et
sur un
monument
du
culte
de Zeus Dolichénien :
la plaquette
de Lusso-
nium-Kômlôd
(voir
Kan,
Jupiter Dolichenus,
1943, p. 63).
Ce signe paraît
donc lié
au
culte
de Hadad et d'Atargatis ou de leurs avatars.
Était-il comme
le
laisse entendre Lucien un
simple
symbole
«
portant les caractéristiques
d'autres dieux
»
?
Est-ce que
ce
nom permet
d'en
faire une figuration
de
la divinité appelée
Simios ou Simia
?
f1) Voir Chabot, Bulletin
de
correspondance
hellénique, 1902, p.
182
et
s.
(2 ) Voir Cureton, Spicilegium Syriacum,
25,
9.
(3 ) Dussaud, Revue de
l'histoire
des
religions,
CXXVIII, 1944, p.
153.
8/17/2019 Caquot - Nouvelles Inscriptions Araméennes de Hatra
30/31
NOUVELLES INSCRIPTIONS ARAMÉENNES DE HATRA 117
en particulier, le L
est
omis à trois reprises,
ce qui n'est
pas
exceptionnel
(1).
Il est pourvu
du titre
de « dieu » (n°
23),
«
grand
dieu » (n°
25),
«
roi
» (n°
16,
17)
et, si
notre lecture est exacte, «
créateur (ou
possesseur) de la
terre
» (n°
23),
qui est donné à El
dans des inscriptions phéniciennes (2). Ce titre
rappelle en
tous
cas
celui
de MR
KL,
MR'
DY
'
LM
'
« seigneur de l'univers » porté par
Ba'alchamên à
Palmyre.
Celui
de «
grand dieu
» est également
attesté à
Pal-
myre
(3).
Signalons
l'absence
à Hatra
du titre
palmyrénien
RHMN
« le misé
ricordieux », mais il semble qu'on puisse l'attribuer à une
influence
juive
(4)
qui
n'a pas dû s'exercer
à Hatra. La mention de Ba'alchamên dans
une
région
aussi orientale constitue un
nouvel
indice
de la
vaste diffusion du culte
de
ce
dieu.
Elle
permet peut-être
de
comprendre
la
mystérieuse
allusion
à
un
« Ba'alchamên roi d'Irak »
que
nous
lisons
dans un
passage
d'Eutychius
(5).
A
noter
que
cette
indication ne
trouve
pas place dans le récit
syriaque
parall
èle e la «
Caverne des
Trésors » qui est à
l'origine
de la légende transmise
par Eutychius (6). Si
maintenant
nous cherchons à savoir d'où le culte
de
Ba'alchamên
est
venu
à Hatra,
le
problème
doit se
poser dans les
mêmes
termes qu'à Palmyre
:
comme
à Palmyre le culte
de
Ba'alchamên a été très
populaire, mais on
l'a
tenu à
l'écart
de la
triade
nationale,
comme
à
Palmyre
on
lui
a
construit un temple,
mais
en
dehors
du
grand
sanctuaire
de
la ville.
Vient-il de l'Ouest ? N'est-il
pas
plutôt
une
très ancienne divinité « vénérée
comme dieu suprême dans les
bourgades
d'éleveurs et de cultivateurs situées
au bord
du
désert de Syrie » (7) et
que
nous
ferions
volontiers remonter
ju s
qu'à la
période
amorite (8).
(x) On la
trouve dans
une inscription
phéni
cienne
de Sardaigne (CIS, I, 139) et en naba-
téen
[CIS,
II, 176).
(2) Voir Levi Della Vida, Rivista degli Studi
Orientali,
XXI,
1946,
p.
249-250
et
Rendi
Conti
dell Accademia dei Lincei, VIII, k,
1949,
p.
273
et s.
(3)
Cantineau, Revue
d'assyriologie,
1930,
p. 35.
Il
apparaît déjà
dans
l'inscription de
Guzneh (Lidzbarski, Ephemeris, III, p. 64
et
s.).
(4 ) Voir
Seyrig, Antiquités syriennes,
II,
p. 98.
(8) Édition Cheikho,
p. 22.
Chwolsohn, Die
Ssabier
und
der Ssabismus, II,
p. 507.
(•) Édition Bezold, I,
p. 37,
II,
p. 150. Le
rapport
du texte
syriaque et
du passage
d'Eutyc
hius
été établi
par
Baudissin, ZDMG, 66,
1912,
p.
171-188.
(7 )
Seyrig,
Antiquités syriennes,
III,
p. 117.
(8 ) Nous
pensons
que c'est déjà ce dieu
qui
est
appelé
à Mari Samas sa samë, ce qui ne doit
pas être traduit autrement que par «
Seigneur
du ciel
»
(voir
G. Dossin dans Studia Mariana,
1950, p. 46). On
le
retrouve sumérisé en EN-AN
(NA) dans le nom
d'un
prince de
la dynastie
amorite d'Irsin EN AN (NA) DU «
le Seigneur
du ciel a établi ».
8/17/2019 Caquot - Nouvelles Inscriptions Araméennes de Hatra
31/31
118
SYRIA
Signalons pour
finir
deux divinités secondaires
:
Nanai, dont on
possède
une
statue
(inscription
n°
Recommended