Caquot - Nouvelles Inscriptions Araméennes de Hatra

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  • 8/17/2019 Caquot - Nouvelles Inscriptions Araméennes de Hatra

    1/31

    M.a. Caquot

    Nouvelles inscriptions araméennes de HatraIn: Syria. Tome 29 fascicule 1-2, 1952. pp. 89-118.

    Citer ce document / Cite this document :

    Caquot M.a. Nouvelles inscriptions araméennes de Hatra. In: Syria. Tome 29 fascicule 1-2, 1952. pp. 89-118.

    doi : 10.3406/syria.1952.4856

    http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/syria_0039-7946_1952_num_29_1_4856

    http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/author/auteur_syria_4856http://dx.doi.org/10.3406/syria.1952.4856http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/syria_0039-7946_1952_num_29_1_4856http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/syria_0039-7946_1952_num_29_1_4856http://dx.doi.org/10.3406/syria.1952.4856http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/author/auteur_syria_4856

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    NOUVELLES INSCRIPTIONS

    ARAMEENNES

    DE

    ÏÏATRA

    PAR

    A. CAQUOT

    La campagne de fouilles entreprise de

    février

    à mai 1951 par la Direction

    Générale

    des

    Antiquités

    de

    l'Irak

    sur

    le site

    de

    l'ancienne Hatra (aujour

    d hui

    l

    Hcujr) a permis de mettre

    au

    jour

    vingt-sept

    nouvelles

    inscriptions

    araméennes

    qui,

    étant

    donnée

    la pauvreté

    antérieure

    de notre

    documentation

    épigraphique sur ce

    site (1), constituent une

    précieuse

    contribution

    à notre

    connaissance de Hatra. S. E. Nadji Bey

    Al

    Asil, directeur

    des

    Antiquités de

    l'Irak, a confié

    la publication de

    ces inscriptions à M. Fouad Safar et c'est le

    résultat de ses recherches qui

    vient

    de paraître en

    arabe

    dans le dernier

    numéro

    de

    la

    revue du service, Sumer

    (2).

    L'intérêt

    de ce

    travail nous incite à en donner

    immédiatement un

    compte rendu

    susceptible de faire

    connaître

    à un public

    plus large

    les

    découvertes

    des

    fouilleurs

    irakiens,

    d'améliorer

    sur

    quelques

    points les lectures

    du

    premier interprète

    et

    de

    donner

    les

    éléments

    d'un

    comment

    airee ces inscriptions.

    La

    fouille a

    porté

    sur

    quatre

    points, tous situés à l'extérieur du grand

    ensemble de bâtiments qu'il est convenu depuis Walter Andrae

    d'appeler le

    «

    palais

    ».

    Le premier, à 400 mètres

    de l'angle

    nord-ouest du palais n'a

    pas

    fourni d'inscriptions.

    Les trois autres

    fouilles ont révélé

    l'existence,

    à

    très

    faible distance

    des

    murs, de

    petits temples s'ouvrant probablement

    sur

    le bou

    levard extérieur

    du palais.

    Deux de

    ces temples faisaient

    face

    au mur

    sud,

    celui

    qui est

    situé le plus à l'est

    est

    prolongé

    en

    arrière par un vaste

    iwan

    :

    (M

    Les inscriptions

    relevées

    par Walter

    (2)

    Kitâbâtu-l

    Hadr,

    Sumer,

    VII,

    1951,

    partie

    Andrje lors de

    son

    exploration de Hatra (voir

    arabe

    p. 170-184. L'article est suivi de planches

    Hatra, II, Einzelbeschreibung der

    Rmnen,

    de

    fac-similés qu'on trouvera reproduits

    dans

    Leipzig, 1912, p. 161-165) ont

    été

    interprétées

    la

    présente revue. S. E. Nadji Bey

    Al Asil

    par

    le

    P. Ronzevalle (Al Masriq, XV, 1912, a publié

    dans

    Y Illustrated London News du

    p. 509-522) et par P.

    Jensen

    (Mitleilungen

    der

    17

    novembre

    1951

    un bref

    article sur

    les fouilles,

    deutschen

    Orient- Gesellschaft, LX, 1920, p. 49 accompagné

    de photographies de

    quelques

    et s.). reliefs découverts.

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    90 SYRIA

    les

    inscriptions

    n°*

    3

    à

    13

    proviennent de ce temple.

    Le troisième fait

    face

    au

    mur occidental, non loin de l'angle sud

    -ouest.

    C'est là qu'on a trouvé les

    inscriptions

    nos

    14

    à

    27.

    Comme

    le

    nom

    de

    Ba'alchamên

    y

    est

    souvent

    ment

    ionné, M.

    Fouad

    Safar

    pense

    que le temple était consacré

    à cette

    divinité.

    Les deux premières inscriptions ont été

    relevées

    dans l'intérieur même

    du

    palais.

    N° 1

    : gravée sur le mur de la chambre

    5

    (voir Andrae, Hatra

    II, pi.

    VII)

    à 11 mètres du sol.

    a BR

    NNY

    BR

    'RDKL'

    WBNYH

    Bar-Nanai

    fils de YHBS,

    l'architecte, le constructeur,

    le sculpteur.

    YHBS nom propre,

    abrégé

    d'un théopbore commençant par un verbe à l'imparfait

    selon

    un type commun en araméen

    (voir

    Noth, Israelitische Personennamen, p.

    27

    et s.); il

    se

    rattache au verbe araméen HBS, enchaîner; le

    porteur

    du

    nom est

    considéré comme le

    captif

    du dieu.

    2

    :

    à

    l'entrée

    de la Chambre

    3

    (voir

    Hatra

    II,

    pi.

    VII)

    2

    DKYR

    DKYR BR NNY QDM

    Que

    soit

    rappelé (bis) Bar-Nanai

    devant Chamach.

    Il s'agit sans

    doute

    de

    l'architecte et

    décorateur

    du

    palais nommé

    par l'inscription

    pré

    cédente.

    Sur le

    dieu Chamach, voir plus bas.

    N° 3

    : gravée

    au bas d'un relief représentant

    un

    grand aigle

    à côté

    duquel

    se

    dresse une enseigne. D'après

    F.

    Safar

    ce

    relief

    n'est

    pas en place

    et

    l in

    scription aurait été

    volontairement mutilée.

    NYS'

    DY

    MRKZRY

    SMY' DY

    BT lQB'

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    NOUVELLES

    INSCRIPTIONS ARAMÉENNES

    DE

    HATRA 91

    F.

    Safar traduit

    : « Étendard

    du maître des vœux,

    SMY

    fille

    de

    QB ».

    Nous proposons de couper MRN ZRY au lieu de MR

    NZRY

    et de traduire

    «

    Notre se

    igneur

    ZRY ». Le titre de « notre seigneur » pouvait être

    donné

    à de

    grands

    personnages; à

    Palmyre il s'applique à Odeinath

    (voir

    Cantineau,

    Inventaire

    des

    inscriptions de Palmyre,

    III,

    17).

    ZRY semble être un hypocoristique iranien (voir Justi, Iranisches Namenbuch,

    p. 378). La traduction de la

    seconde

    ligne

    est

    inexacte

    :

    elle ne tient pas compte du DY et BT

    ne doit

    pas

    signifier « fille » écrit BRT (voir inscription n° 5), mais « maison ».

    SMY

    peut

    être

    soit

    le

    nom

    commun pluriel qui a en syriaque le

    sens

    d' « emblème » (du grec

    ce qui

    donnerait

    un bon parallélisme

    avec la première

    ligne, soit un nom

    A-

    divin :

    « Simios

    ou Simia

    de la

    maison de 'QB'

    », et

    on

    aurait ici une

    allusion à

    une divinité familiale

    (Eu-

    ler, ZATW,

    1938, p. 272-313, a

    montré que les familles royales ara-

    méennes anciennes

    avaient

    leur B'L

    BYT;

    comparer

    aussi Zeuç

    Boctoxoc-

    xtjç), soit

    enfin un

    nom

    de personne

    qu'on retrouve sous la forme

    SMY

    à

    l'inscription n° 5 et

    sous la même

    forme SMY' à

    Palmyre (voir

    In-

    gholt,

    Studier

    over Palmyrensk

    Skulptur,

    371, p.

    131)

    'QB'

    est

    l'hypocoristique d'un nom théophore

    en 'QB — « protéger »

    (voir

    Noth,

    p.

    178), comparer palmyrénien 'QBY

    (CIS, II, 4561).

    4

    : au dos d'une statue

    de déesse

    GLP NNY

    GDY

    H

    BR

    ZRQ»

    *L

    HY'

    NSRYHB

    BDH

    DKYR

    [lt]b

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    92

    SYRIA

    A

    sculpté

    Nanai

    GDYH, fils de ZRQ' pour la

    vie

    de NSRYHB

    que par

    cela on se

    souvienne

    de lui en

    bien.

    GDYH

    est

    l'hypocoristique d'un nom comprenant l'élément divin GD fréquent dans

    l'onomastique cananéenne et

    araméenne

    (voir Noth,

    p.

    126). Si la

    restitution

    du

    Q est

    exacte,

    le

    nom de son père serait en réalité un surnom de forme araméenne signifiant «

    le

    bleu » :

    on

    le retrouve

    à

    l'inscription

    5. L'état

    emphatique HY' est surprenant : il fallait ou l'état

    construit

    HY

    ou la particule

    de

    liaison DY après

    HY'.

    NSRYHB,

    nom théophore

    signifiant

    «le dieu Nasr = (« l'aigle ») a

    donné

    ». Ce nom est déjà

    connu par la grande inscription

    de

    Hatra reproduite par Andrae

    (Hatra

    II, p. 162,

    fig.

    279, 1. I),

    on

    le

    retrouve au

    n° 23. On

    peut

    en rapprocher

    le NSR QB'

    de

    l'inscription 25 et

    les hypocoristiques NSRW

    (n°

    13)

    et NSR

    (n°

    27).

    Ces faits

    indiquent la

    persistance

    dans

    l'onomastique

    hatréenne du

    nom

    de la divinité NSR, d'origine arabe, ce qui n'est

    pas

    incompatible avec

    sa

    diffusion

    en

    Méso

    potamie du Nord aux premiers siècles de notre

    ère.

    Le dieu Nasr

    est

    en effet

    attesté

    par au

    moins une inscription sud-arabique (CIS, IV, 522), Ibn al Kalbi (voir

    Wellhausen,

    Reste

    arabischen Heidentums,

    p. 23)

    et

    un

    passage du

    traité talmudique Aboda

    Zara

    (II b)

    comme

    une divinité arabe.

    Deux

    écrivains syriaques

    y

    font également

    allusion

    : l'auteur de la

    Doct

    rine d'Addai signale Nasrâ parmi les idoles, à côté de Nebo, Bel et Tar'athé (d'après Duval,

    Histoire

    d'Edesse, p. 78)

    et

    Jacob de Saroug,

    dans

    son Homélie

    sur

    la chute des idoles (édition

    Landersdorfer, vers 77) attribue aux Perses

    le

    culte de l'aigle.

    NSR

    a

    laissé

    aussi une

    trace

    dans l'onomastique palmyrénienne, le

    nom propre

    NSRY

    (Inventaire VIII,

    16 et CIS

    II,

    4085), au lieu de BDH

    nous proposons

    de lire

    BRH

    « son fils ».

    5

    :

    sur

    le

    socle d'une statue

    de

    marbre

    SLMT'

    DY

    SMY BRT » G' BR

    'STTY

    BR SLYK

    DY

    'YQYM

    LH

    'G'

    B'LH BR 'B'

    KMR' 'DTR'T'

    'B' GLP BR 'G' ZRQ'

    F.

    Safar traduit

    :

    Statue

    de SMY fille de 'G' fils de STTY fils de

    SLYK

    qu'a

    érigée

    pour elle 'G'

    son

    époux, fils

    de

    'B', prêtre

    de

    Atar'athé. 'B'GLP

    filsde G ZRQ .

  • 8/17/2019 Caquot - Nouvelles Inscriptions Araméennes de Hatra

    6/31

    NOUVELLES INSCRIPTIONS ARAMÉENNES

    DE

    HATRA 93

    'G' est un

    hypocoristique

    bien

    connu

    à Palmyre

    (voir

    Lidzbarski,

    Ephemeris,

    II,

    p. 282).

    'STTY : on pense d'abord à interpréter ce nom propre

    par une

    forme verbale réfléchie

    sur le

    modèle du

    palmyrénien

    'TPNY (CIS, II 4080),

    mais

    on ne retrouve pas cette forme dans

    le

    lexique araméen. Il

    paraît

    donc préférable

    d'en faire une transcription du

    nom

    iranien

    Astat

    (Astad) (voir

    Justi, p.

    47).

    SLYK : ce nom propre

    n'offre

    pas de sens satisfaisant, peut-être

    faut-il

    lire SLWK,

    Seleucus (qu'on trouve parfois

    transcrit

    en

    judéo-araméen

    et en syriaque

    avec

    un

    K au

    lieu

    du

    Q

    attendu), à moins

    que ce ne soit

    MLYK (voir Wuthnow,

    Die semi-

    tischen Menschennamen,

    p.

    70). 'YQYM

    :

    le premier Y paraît être une

    faute

    d'orthographe

    :

    la

    forme correcte 'QYM se

    lit à

    l'inscription n°

    20 et sur la

    grande

    inscription

    de

    Hatra

    II,

    p. 162, fig. 279 à

    la fin

    de

    la

    ligne

    2.

    'B' : hypocoristique également

    attesté

    à Palmyre

    (voir

    Goldmann,

    Die

    palmyrenischen Personennamen, p. 29);

    on

    peut en rapprocher le

    nom

    'BY

    de l'inscription n°

    6.

    Sur

    la

    forme 'TR'T' voir

    plus

    bas. Je propose de

    traduire la

    dernière

    ligne « Abba a

    sculpté, le

    fils de 'G' ZRQ' ».

    N° 6

    : sur le socle d'une statue de marbre

    6

    'KYN KNZYW

    BR

    'BY

    BR KNZYW DKYR LTB

    \

    F.

    Safar

    traduit : «

    ainsi

    (est) KNZYW, fils de 'BY, fils de

    KNZYW.

    Qu'on

    se

    souvienne

    de

    lui

    en

    bien

    ».

    L'interprète croit reconnaître dans 'KYN l'adverbe ~akën attesté en

    judéo-araméen. Je

    penche à en faire une forme

    causative

    du verbe KWN et à traduire par «

    exécuter» —

    KNZYW

    nom

    propre

    iranien (comparer Kanju justi, p. 155).

    N° 7

    : sur

    le

    couvercle de

    marbre

    de

    forme conique

    d'un

    petit bassin

    DKT' DY KNZYW

    DKYR

    Lieu de

    KNZYW.

    Qu'on

    se souvienne

    de lui.

    F.

    Safar

    rapproche

    DKT

    du

    judéo-araméen dukketâ

    «

    lieu

    » et

    de l'arabe dakkat

    «

    lieu où

    l'on expose un mort », mais

    il

    pense aussi à un mot

    dérivé

    de la racine DKY signifiant « purif

    ier

    .

    Le premier rapprochement nous paraît le meilleur. Le syriaque a également le mot

    dûktâ au sens de « lieu », « place ».

  • 8/17/2019 Caquot - Nouvelles Inscriptions Araméennes de Hatra

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    94

    SYRIA

    N0 >

    8-9

    :

    gravées

    sur les faces

    d'un pyrée

    de

    marbre.

    L'autre

    face porte

    un

    relief

    représentant un dieu

    barbu

    et à

    la

    chevelure

    hirsute,

    vêtu à

    la

    persane,

    brandissant

    de

    la

    main

    droite

    une

    hache

    et

    tenant

    de

    la

    gauche deux

    serpents

    (reproduit dans

    YIllus-

    « . t. \ i

    i^\ *)

    *\

    -%

    A trated London

    News,

    \

    1/ 1

    I '

    \

    17-11-1951,

    fig.

    10).

    î,

    No 8

    :

    DKYR KNZYW

    Qu'on

    se souvienne

    de

    KNZYW.

    No

    Q •

    DKYR

    KNZYW

    DKYR

    KNZYW

    LTB

    Qu'on se souvienne

    de KNZYW (bis) en

    bien.

    10

    : la

    couronne du

    pyrée

    porte

    quatre inscriptions dont voici la plus

    longue; les

    autres n'en

    sont

    que des résumés

    1o

  • 8/17/2019 Caquot - Nouvelles Inscriptions Araméennes de Hatra

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    NOUVELLES

    INSCRIPTIONS

    ARAMÉENNES DE

    HATRA

    95

    DKYR SMS'QB BR 'LHSMS

    BR

    'KHW

    BR SMSHRYT

    BR

    'PHWSMS

    R(?)T

    BR

    [s] MS... BR

    'DLTW

    F.

    Safar traduit

    : « Qu'on

    se souvienne

    de SMS'QB fils de

    'LHSMS

    fils

    de

    'KHW

    fils de 'PHWSMS... fils de SMS... fils de DLTW ».

    Les noms

    propres SMS'QB

    et

    'LHSMS ne

    présentent

    pas de

    difficulté,

    ils

    signifient re

    spe tivement «

    Chamach protège

    » et «

    Chamach est dieu ».

    'KHW paraît être

    un nom propre

    arabe

    de

    scheme af^al. Peut-être

    faut-il lire

    'KHL,

    ce

    qui

    donnerait

    un

    nom

    attesté

    en safaï-

    tique

    :

    « celui qui

    a les

    paupières enduites

    de kohl

    »

    (Ryckmans,

    Les

    noms

    propres sud-sémit

    iques,, p.

    113).

    SMSHRYT : nom théophore de Chamach dont

    le second élément paraît

    être le verbe araméen HR'

    «

    être

    incandescent »; il faut

    remarquer

    que

    la

    forme verbale

    employée

    est

    la

    3e

    personne du féminin singulier du

    parfait,

    ce qui indiquerait

    que

    le

    nom

    du soleil était

    encore senti

    comme un

    féminin à

    l'époque

    ce

    nom a été

    constitué. En hébreu

    et araméen le

    nom

    du soleil

    est

    de genre flottant,

    en

    syriaque

    toutefois

    le masculin tend à

    prévaloir. On sait que

    l'arabe

    a maintenu le féminin.

    La lecture

    de la troisième

    ligne est

    très douteuse. Il

    semble qu'il

    faille

    séparer 'PHWdu

    nom

    suivant qui paraît être

    SMSHRT,

    le

    même nom que

    plus

    haut en écriture

    defective. 'PHW

    doit-il

    être rattaché

    à la

    racine de

    l'arabe

    fawh

    «

    parfum

    »

    ?

    'DLTW,

    est encore

    un

    nom

    d'apparence

    arabe,

    de

    scheme

    afKal,

    formé

    sur la racine dalata «

    marcher

    à pas menus

    ».

    N° 11

    :

    sur le mur sud

    de

    Yiwan

    du

    temple

    f /

    dkyr lt[b]

  • 8/17/2019 Caquot - Nouvelles Inscriptions Araméennes de Hatra

    9/31

    96

    SYRIA

    N° 12

    : gravée sur

    une plaque

    de

    marbre

    -»-*•/

    >

    f\

    )

    *) ^

    ^2

    BRYK

    M'N'

    Béni soit M1 N'.

    Le nom est

    connu

    en nabatéen

    (voir

    Cantineau,

    le nabatéen

    II,

    p. 117) et

    en

    palmyrénien

    (CIS

    II, 4567), on

    a aussi M'NW et M'NY. On hésite sur la signification

    :

    Ryckmans a pro

    b blement

    tort

    de

    voir

    dans le

    nom

    lihyanite M'N un adjectif

    arabe

    signifiant

    « court »

    (I, p.

    130).

    L'idée

    présentée

    paraît être plutôt celle de libéralité. En

    arabe

    man signifie

    « chose utile » et Man

    est

    le

    nom d'un

    héros

    célèbre

    par

    sa

    générosité. Il s'agit peut-être du

    nom divin Ma'

    an

    employé

    comme nom propre de personne.

    13

    : sur

    le

    côté d'un

    autel de marbre

    DKYR

    BRYHB BR NSRW BR

    « G' «

    BS' BR

    « BDNRGWL

    NSR>

    WRHMH LTB

    QDM

    ZQYQ' WKYL DLRK

    HNY DKYR LTB

    Qu'on se souvienne de

    BRYHB

    fils

    de NSRW

    fils

    de

    'G' BS fils

    de

    'BDNRGWL, protégé et aimé en bien devant ZQYQ ... Qu'on

    se souvienne

    de

    lui

    en bien.

    BRYHB rappelle les noms palmyréniens BRS'T (Inventaire IX, 20) et BRS'D (CIS

    II,

    4215,

    4544),

    le

    nom divin est

    remplacé par un titre du dieu ici

    probablement

    « fils de celui qui

    donne

    ».

    'BS'

    :

    ici surnom de 'G'. 'BS'

    est

    connu à Palmyre (CIS

    II, 4368),

    on

    trouve

    également

    'BSY.

    Il

    paraît

    être

    d'origine

    arabe,

    car

    on

    peut

    le

    comparer

    au

    nom

    arabe

    %abbàs

    « qui a la physionomie austère »

    (Ryckmans,

    I, p. 156). 'BDNRGWL. F. Safar

    n'a

    pas

    reconnu

    que ce

    nom

    était un théophore signifiant « serviteur de Nergal

    ».

    Son

    équivalent se

    retrouve

    à Palmyre sous

    la

    forme 'BNRGL (CIS

    II,

    4000). Il faut remarquer

    l'orthographe

    qui indique

    pour le

    nom

    divin une prononciation Nergol, au lieu de Nergal

    attesté

    par

    l'assyrien.

    Ce

    passage

    de a à

    o

    caractérise les dialectes araméens occidentaux

    et plus

    tard

    l'orthographe

    syriaque

    jacobite

    l'a noté

    (voir

    Brockelmann, Grundriss, I, p.

    143). ZQYQ'

    nom divin,

    voir

    plus

    bas. Le mot qui suit ZQYQ'

    est

    énigmatique : KYL — L — K ou KWL — L —

    K.

  • 8/17/2019 Caquot - Nouvelles Inscriptions Araméennes de Hatra

    10/31

    NOUVELLES

    INSCRIPTIONS

    ARAMÉENNES DE HATRA 97

    Je pense qu'il

    faut lire

    KWL D

    « quiconque

    »,

    suivi d'un

    verbe à

    l'imparfait.

    HNY

    : pro

    b blement

    nom propre à rapprocher

    du palmyrénien

    HN'Y (CIS II, 4515)

    et du

    nabatéen

    HN',

    HN'W.

    Ce nom est d'origine

    arabe

    et

    se

    rattache

    à

    une racine

    ayant,

    entre

    autres,

    l'accep

    tion

    e « gratifier ».

    Inscriptions provenant

    du temple

    extérieur ouest*

    N° 14

    : sur le côté

    droit

    de

    l'entrée du temple

    BGDHWZHTY

    KLMNS PSQRST

    Inscription alphabétique.

    15

    :

    même

    endroit.

    DKYR

    «BDSMY'

    BR 'BDSLM'

    Qu'on

    se

    souvienne

    de

    BDSMY fils

    de

    BDSLM .

    *BDSMY' nom théophore

    du

    dieu Simios.

    'BDSLM'

    :

    comparer palmyrénien

    'BSLM'

    (CIS, II, 4198) et syriaque

    labsalrnà,

    nom d'un des premiers disciples d'Addai d'après la

    Chronique d'Edesse. D'après Chabot ce nom

    est

    un hypocoristique de 'BDSLMN « serviteur

    du

    dieu

    Chalman ».

    N° 16

    :

    peint

    à

    l'encre rouge, au

    sud du temple

    l

    il

    l

    l

    lu

    yria. — XXIX.

  • 8/17/2019 Caquot - Nouvelles Inscriptions Araméennes de Hatra

    11/31

    98

    SYRIA

    1 DKRN

    W NTBWN L'QWB'

    RBWT' DY...

    N BR

    'BDSLM'

    QDM B'LSMWN

    MLK'

    2 DKRN

    W NTBWN

    LHBWS' 'RDKL' BR «WBDW

    BR

    «NNY

    QDM

    B'LSMWN

    MLK'

    Souvenir

    et commémoration de 'QWB', la Majesté... fils de

    BDSLM

    devant

    Ba'alchamên le roi.

    Souvenir

    et commémoration de HBWS'

    l'architecte,

    fils

    de

    'WBDW, fils

    de NNY devant Ba'alchamên,

    le

    roi.

    Le mot

    NTBWN

    était inconnu jusqu'à

    maintenant.

    F. Safar le rattache à la racine TBB

    «

    connaître

    ». Il s'agit d'un

    nom abstrait

    à

    suffixe -on. Le

    N doit

    être le résultat d'une ass

    imilation partielle du préfixe

    m- devant

    la dentale

    suivante. 'QWB' :

    hypocoristique syriaque

    de scheme

    fa'

    'it/,

    formé

    sur la

    racine

    'QB.

    A moins

    qu'au

    lieu

    de

    W

    il faille

    lire

    Y,

    ce

    qui

    per

    mettrait de retrouver le nom palmyrénien

    'QYB' (CIS II,

    4117,

    4394). RBWT'

    figure

    en

    syriaque comme titre honorifique. B'LSMWN doit être lu plutôt B'LSMYN,

    nom divin,

    voir plus

    bas.

    HBWS'

    :

    encore un

    nom

    de scheme /a û/, mais constitué sur une racine

    arabe

    habasa « tenir

    captif »

    qui apparaît

    souvent

    dans l'onomastique

    sud-sémitique

    (voir

    Ryck-

    mans, p.

    27).

    Le

    'final

    indique

    une

    aramaïsation

    du nom.

    'WBDW, hypocoristique d'un théo-

    phore

    en 'BD.

    Cette

    forme était jusqu'à maintenant inconnue. Plutôt qu'une

    orthographe

    defective

    du

    diminutif 'WBYDW = arabe 'ubayd, ou qu'un nom formé

    sur le

    scheme rare

    fawK

    al

    (comparer le nom

    arabe

    nawfal),

    il faut

    y

    voir

    une forme de participe présent lôbed,

    de Kâbad, avec le passage de a à o

    déjà

    relevé à propos de

    NRGWL.

    Le

    W

    final rappelle les

    noms

    '

    Abdu, Bakru, MaKnu de

    la

    dynastie

    d'Edesse

    et

    indique

    une

    origine

    arabe

    (voir

    Herz-

    feld, ZDMG, 68, 1914, p.

    66).

    'NNY

    :

    attesté à Palmyre (Inventaire VIII, 15),

    comparer

    CIS

    II,

    3994

    :

    lNNW. D'après Chabot

    hypocoristique

    d'un nom théophore formé sur lNN,

    «

    couvrir

    » d'où «

    jeter ses regards sur

    quelqu'un ».

    N° 17

    :

    peinte

    à

    l'encre rouge

    sur la

    même

    pierre

    que

    le n°

    16

    [DKRN

    WNJTBWN

    LKBWRW

    QDM B'LSMWN

    MLK'

    »LH'\ ..

    Souvenir

    et commémoration

    de

    KBWRW

    devant

    Ba'alchamên, le roi...

    le dieu...

    KBWRW : nom de scheme /a'û/ ou

    /a ïï/,

    à valeur

    expressive

    formé

    sur

    KBR « grand ».

    D'origine arabe.

  • 8/17/2019 Caquot - Nouvelles Inscriptions Araméennes de Hatra

    12/31

    NOUVELLES INSCRIPTIONS

    ARAMÉENNES

    DE HATRA 99

    N° 18 :

    peinte

    à l'encre

    rouge

    sur

    le mur est du temple de Ba'alchamên à

    droite de l'entrée

    SL'

    (?)

    SMT

    SLM' (?) ST BR SB1' ??

    F. Safar n'a

    pu traduire

    cette

    inscription.

    Je crois pouvoir seulement

    compléter

    sa

    lecture

    :

    SL'

    SMT

    SLM'

    B'ST

    BR SB SW

    SB est un

    nom propre

    maintenant attesté à Palmyre

    (Seyrig,

    ingholt,

    starcky, Recueil des tessères palmyréniennes, 758).

    Il doit

    être rapproché

    du

    nabatéen SB'W.

    C'est

    un nom

    d'origine

    arabe

    signifiant « le

    lion».

    SW

    est

    peut-être le

    verbe

    araméen signifiant

    « crier ». Ce qui indiquerait que

    l'inscription

    est

    une

    plainte.

    N° 19

    :

    Fragment

    trouvé

    sur le sol du temple

    DKYR

  • 8/17/2019 Caquot - Nouvelles Inscriptions Araméennes de Hatra

    13/31

    100

    SYRIA

    WRDNB

    :

    WRD

    est

    un

    nom perse

    (voir Justi, p. 133) attesté à Palmyre

    (Inventaire

    III,

    6, 8, 9, 10, 11, 12,

    etc.) et

    déjà

    à

    Hatra

    par deux graffiti relevés par Andrae

    (Hatra II pi. 54,

    fig. 273-274),

    NB

    doit

    être

    un second nom porté

    par le

    même personnage,

    nous

    ne lui

    trouvons

    pas

    une

    étymologie probante.

    SLY

    :

    ce

    nom

    se

    rencontre

    à

    Assour.

    Jensen

    (MD0G,

    60,

    p.

    35 et

    s.)

    le rapproche

    de l'accadien

    sulâ.

    Il

    me semble meilleur

    de

    le

    mettre

    en

    rapport

    avec

    le

    nabatéen

    SLY

    très attesté (l'étymologie de ce

    nom est

    contestée

    :

    Wuthnow, p. 171 en

    2o

    fait

    l'hypocoristique

    d'un théophore

    de

    SLMN. Cantineau,

    Le

    nabatéen, p. 150

    s'appuyant

    sur la transcription grecque SYAAAIOS/SOAAEOY

    le

    rattache à

    l'arabe

    salla: «

    consoler

    »).

    LNPSH doit plutôt être traduit

    :

    « pour

    lui

    même ». HYY

    :

    remarquer l'état

    construit

    plur

    iel. 'HYHY : à lire plutôt 'H WHY. HYRD HWR (?) :

    encore

    un nom double,

    d'origine

    ir

     nienne probablement

    (voir

    Justi, p. 133 et 130).

    N° 21

    :

    Sur le

    socle

    d'une statue

    de

    marbre attenant au mur ouest

    de la

    cour du temple

  • 8/17/2019 Caquot - Nouvelles Inscriptions Araméennes de Hatra

    14/31

    NOUVELLES

    INSCRIPTIONS ARAMÉENNES

    DE

    HATRA 101

    SLM' DY

    'TLW

    MLK'

    NTYN' SRY'

    PLH 'LH'

    BRYK

    'LH'

    DY

    21

    Safar traduit

    :

    Statue de TLW, le roi, le généreux, le

    prince,

    serviteur

    du

    dieu, béni

    du

    dieu,

    qui...

    'TLW :

    je

    propose d'y voir un nom de scheme

    af '

    al constitué

    sur la racine

    arabe 'atala

    qui a

    le

    sens

    d'

    « être de noble origine »

    (voir

    Ryckmans, p.

    47);

    on a en

    syriaque le

    nom

    propre 'TLY. NTYN'

    :

    adjectif de scheme fa'ïl formé sur

    la

    racine

    NTN

    «

    donner»,

    F. Safar

    a probablement

    raison d'en proposer

    l'acception active

    attestée

    en

    araméen

    pour

    ce

    scheme

    (voir Bbockelmann,

    Grundriss,

    I, p. 354), bien que la traduction par le passif

    soit

    également

    possible (comparer judéo-araméen netïnâ, « esclave d'un sanctuaire »). SRY' n'a rien à faire

    avec l'accadien sarru, comme

    le

    veut Safar, c'est un fa'ïl formé sur la racine SR'

    :

    « détacher »

    d'où

    «

    accorder

    »,

    je

    traduirais

    «

    le

    libéral

    ».

    N° 22

    : sur

    le pied d'une

    coupe de

    marbre trouvée

    dans

    la

    cour du temple

    QRB 'BDGDY [b]r LSGL' DKYR

    LTB

    F.

    Safar traduit

    :

    A offert BDGDY fils

    de LSGL'.

    Qu'on

    se

    souvienne

    de

    lui

    en

    bien.

    'BDGDY « Serviteur du

    Gad

    », un de ces

    nombreux

    noms théophores en

    Gad

    attestés

    aussi

    bien

    chez

    les Juifs

    et

    les Cananéens que

    chez

    les

    Araméens (voir

    Noth, p.

    126). La

    lec

    ture de Safar est douteuse; il n'y

    a

    d'après

    le

    fac-similé aucune

    trace du

    B

    et le

    R

    n'est

    que

    bien

    vaguement

    dessiné.

    Il faut peut-être traduire : « A

    (la déesse) SGL'

    « Sur cette

    divinité

    voir

    plus

    bas.

    Si

    on

    maintient le BR, le

    nom propre

    sera un théophore de

    cette

    déesse sur le

    modèle

    du palmyrénien

    LSMS.

  • 8/17/2019 Caquot - Nouvelles Inscriptions Araméennes de Hatra

    15/31

    102

    SYRIA

    23 : écrite à l'encre noire sur le

    mur

    est

    du temple

    23

    1

    DKYR

    WBRYK

    QDM B'SMYN 'LH' WQDM 'LH' KLHYN

    2 N SR'QB BR

    MRK'DY

    BR

    MRYNW

    BR YHB LTB WLSNPYR

    3

    MN

    DY LSHQB

    LTB B'SMWN...

    4 Safar n'a pas

    donné la lecture de cette ligne

    5 LDKRH WLNSR'QB

    LTB

    WLSNPYR

    Safar

    traduit : «

    Commémoré

    et béni

    soit

    devant Ba'alchamên et

    tous

    les

    dieux,

    NSR QB

    fils de MRK DY fils de

    MRYNW

    fils de YHB en bien et en

    bon...

    en

    bien

    Ba'alchamên...

    pour son

    souvenir

    et

    pour

    NSR QB

    en

    bien

    et

    en bon.

    KLHYN

    :

    pour KLHWN. MRK'DY

    est

    difficile à

    interpréter,

    peut-être faut-il lire un N

    à

    la place du

    K

    et

    couper

    MRN'DY

    « notre seigneur

    Addai

    », ce qui

    donnerait

    un nom propre

    bien

    attesté en

    syriaque et

    qui est un hypocoristique de Hadad-Adad. MRYNW : nom

    propre

    dérivé

    de

    la

    racine MR', cf. Wuthnow, p. 149. YHB hypocoristique d'un nom théo-

    phore

    en YHB « donner ». SNPYR

    :

    ce mot

    se

    retrouve dans les inscriptions araméennes

    d'Assour

    (Jensen, MD0G,

    60,

    p. 26).

    C'est

    le mot sappîr, avec dissimilation du redou

    blement

    par n, phénomène particulièrement fréquent dans

    les dialectes araméens

    du Nord,

    comme

    le

    montrent les emprunts arméniens (voir

    Brockelmann,

    Grundriss,

    I,

    p. 245). Je

    lis les lignes

    3 et 4

    :

    MN DY

    LSHQB LTB B'SMWN QNH

    DY R'H

    MNQMWHY

    WHNSH W 'LZMTH

    DY MN DY

    LQRWH W DL'.

    MN DY

    = quiconque. Ces mots

    R

    doivent être suivis d'un verbe, probablement une

    3e

    personne

    de l'imparfait avec préfo

    rmante

    l

    (comme à Assour et en

    judéo-babylonien

    et en mandéen où

    l

    alterne avec n).

    Mais

    le simple

    fac-similé dont

    nous

    disposons

    nous

    interdit de pousser trop loin une ten

    tative

    d'interprétation.

    Remarquons toutefois que

    le

    nom de Ba'alchamên

    paraît

    être suivi

    d'un

    titre

    qui, s'il est

    lu

    correctement, signifie «

    créateur (ou

    possesseur) de la terre (l'aphé-

  • 8/17/2019 Caquot - Nouvelles Inscriptions Araméennes de Hatra

    16/31

    NOUVELLES

    INSCRIPTIONS

    ARAMÉENNES

    DE

    HATRA

    103

    rèse du '

    n'a

    rien de surprenant,

    on

    la retrouve pour ce mot en christo-palestinien).

    La

    fin

    de la

    ligne

    paraît signifier «

    pour...

    de qui l'invoque et qui ne l'invoque

    pas ».

    24

    :

    peinte

    à

    l'encre

    noire

    sur

    le

    mur est

    du

    temple

    de

    Ba'alchamên

    près

    de l'angle

    nord-est

    1

    BL DKYR BRZQYQ' QDM

    MRN

    W B'SMWN RB' LTB

    'N'

    « BDY KTBYT

    MN

    DY

    LM?DY

    DKRYN

    LTBBL DKYR SM> NW LTB

    'N'

    < BDY KTBYT DKYR Lt[b] SMN DY LSNPYR.

    .

    R.

    . .

    LQD.

    . .

    BL DKYR T... LTB

    Safar traduit

    :

    I. Bel Qu'on se souvienne de

    BRZQYQ

    devant Notre

    Seigneur et

    Ba'alchamên

    le Grand,

    en

    bien. Moi

    BDY j'ai

    écrit

    2...

    qu'ils

    soient

    mentionnés

    en bien

    3

    Bel

    qu'on

    se

    souvienne

    de SM'NW

    en bien.

    Moi BDY

    j ai écrit;

    -

    qu'on se

    souvienne

    en

    bien...

    en

    bon

    4 Bel Qu'on

    se

    souvienne... en bien.

    BL.

    Est-ce

    le

    nom du dieu palmyrénien

    comme le

    suggère la traduction de F. Safar ?

    On retrouve

    ce

    mot

    en

    tête

    de

    l'inscription

    palmyrénienne

    CIS

    II,

    4207.

    Chabot

    suivi

    par

    Rosenthal (Sprache der

    palmyrenischen Inschriften, p.

    93) y voit une particule affirmative

    attestée en nabatéen sous

    la

    forme BL' ou BLY, et qui ne serait

    autre

    que

    l'arabe

    balâ,

    tandis

    que Pognon (Inscriptions sémitiques,

    p. 84) croit

    que c'est

    le

    nom divin

    employé

    comme interjection. Nous penchons pour la première interprétation.

    BRZQYQ' : nom

    théo-

    phore

    de

    la

    divinité appelée ZQYQ' : ce nom se

    retrouve

    à Doura-Europos dans une ins

    cription araméenne transcrite en

    caractères grecs

    sous

    la

    forme BAPZAKIKH

    (voir

    Cumont,

    Fouilles de Doura-Europos, p. 367), l'attestation hatréenne

    montre

    que la tentative

    d'inter

    prétation de Levi

    della Vida par le sémitique ZKYKY

    est

    erronée. MRN

    :

    ce titre désigne

  • 8/17/2019 Caquot - Nouvelles Inscriptions Araméennes de Hatra

    17/31

    104

    SYRIA

    un

    dieu

    dont nous ne connaissors

    pas

    le nom, voir les inscriptions

    25

    et 26.

    'BDY

    hypoco-

    ristique d'un théophore en

    'BD, fréquent

    à Palmyre.

    La

    2e

    ligne

    commence par MN DY

    « quiconque » suivi

    encore

    probablement d'un verbe à l'imparfait à préformante L

    SM'NW :

    c'est

    un

    nom

    théophore

    abrégé

    en

    SM'

    :

    «

    écouter

    »,

    peut-être

    hypocoristique

    de

    SM'NBW.

    N° 25 :

    sur

    le mur nord du

    temple

    ,

    25

    1

    DKYR

    WBRYK

    NSRYHB BR

    'BD'LY

    BR

    «BDSLM'

    KMR' DRB' QDM

    2

    MRN

    WMRTN W BR MRYN W B'SMWN 'LH' RB' LTB

    LSNPYR

    W

    DY

    MN

    DY

    3 RHYM

    LH

    LTB WLSNPYR

    Rappelé et béni

    soit NSRYHB

    fils

    de

    ' BD LY fils de BDSLM prêtre

    du grand

    (dieu) devant Notre

    Seigneur,

    Notre

    Dame et le fils

    de

    Nos

    Seigneurs

    et Ba1 alchamên, le grand dieu, en bien et en bon et

    que

    quiconque

    lui est

    cher

    en bien et en bon soit

    rappelé.

    'BD'LY

    rappelle

    le

    nom

    'BD'L

    attesté

    en sud-arabique

    et

    en

    safaïtique

    (voir

    Ryckmans,

    p.

    240). On

    connaissait déjà à Hatra

    le

    nom

    'BD'LH'

    (Hatra II, fig. 280)

    «

    serviteur

    du

    dieu ».

    RB' «

    le

    grand dieu ».

    Cette

    épithète

    s'appliquant

    ordinairement à

    Ba'alchamên,

    ce doit

    être

    d'un prêtre de

    ce

    dieu

    qu'il s'agit.

    MRN... :

    au sujet

    de

    la

    triade divine

    ici mentionnée,

    voir

    plus

    bas.

    Au

    lieu de B'SMWN on

    peut

    lire ici

    avec certitude

    B'SMYN. A

    la

    fin de

    la

    ligne 2,

    W DY

    est

    très

    douteux.

    N° 26

    :

    peinte

    à l'encre noire

    sur

    le mur nord du temple

    DKYR

    'STT

    BR

    'BDTMY'   ******>

    7> ifc H

    QDM

    MRN

    WMRTN

    W

    BR

    MRYN

    'LH'

    _-

    j-Tr*^

    J>*>^

    >,

    ,~

    .

    h

    RB' LTB WLSNPYR V Jf kl\

    ->

    C^

    Rappelé

    soit 'STT fils de BDTMY devant Notre

    Seigneur,

    Notre

    Dame

    et le fils de Nos Seigneurs, le grand dieu, en bien et en bon.

    'STT

    :

    c'est le même

    nom

    qu'à l'inscription n° 5. Au lieu de 'BDTMY', la

    lecture

    autorise

    'BDSMY'. 'LH' RB'

    :

    à qui

    se

    rapporte ce titre ? Est-ce au «

    fils

    de Nos Seigneurs », la com-

  • 8/17/2019 Caquot - Nouvelles Inscriptions Araméennes de Hatra

    18/31

    NOUVELLES INSCRIPTIONS

    ARAMÉENNES

    DE HATRA 105

    paraison

    avec l'inscription précédente

    suggère que la

    mention

    de Ba'alchamên a été

    omise

    ici

    accidentellement,

    car c'est à lui que

    s'applique la qualification

    de

    «

    grand dieu ».

    N° 27

    :

    peinte

    à l'encre noire à droite de l'entrée

    de la

    cella

    NSR _>C_ I O*7

    «qb

    sm'

    BD'Y

    KMR'

    DBR'D'

    NSR... fils

    de (BDS',

    'QBSM'

    BD Y, le prêtre, qui est le fils de D .

    'BDS'

    hypocoris tique de

    'BDSLMN

    ou 'BDSMS'. 'QBSM'

    :

    hypocoristique de'QBSMS'.

    BD'Y :

    surnom ? à rapprocher de

    l'arabe

    badi* « merveilleux

    ».

    lD'

    :

    le

    nom est

    attesté

    en

    hébreu

    (Noth,

    p. 182) où

    il se

    rattache au verbe K~àdâh « parer » (inconnu en araméen). Mais on

    peut

    lire

    à la place du ' un D

    :

    le

    nom

    serait DD'

    hypocoristique

    du

    nom divin

    Hadad/Adad.

    L'Écriture

    des

    inscriptions

    de

    Hatra.

    Les

    nouvelles

    inscriptions

    nous

    permettent d'avoir

    de l'écriture de Hatra

    une

    vue

    beaucoup

    plus

    claire que

    lorsqu'on disposait seulement

    des

    quelques fragments

    recueillis

    par Andrae.

    Nous sommes un peu

    mieux

    en mesure

    d'examiner

    les

    rapports

    de cette

    écriture avec

    les

    types voisins. Examinons d'abord en particulier la

    forme

    de chaque lettre.

    Le

    ' de Hatra ressemble à certaines formes du ' cursif palmyrénien que

    l'on aurait

    incliné de

    90

    degrés vers

    la gauche.

    Cette forme

    est

    identique à

    celle du ' du parchemin

    parthe d'Avroman 1)

    des

    monnaies arsacides et

    du

    pehlvi sassanide. Il

    ressemble

    aussi au

    ' des

    inscriptions araméennes

    (?)

    de

    Hassan Kef et de Sari

    (2).

    (*) Voir Elis H. Minns dans

    Journal of

    p. 108-115. Pognon est enclin à dater ces

    ins-

    Hellenic Studies, XXXV, 1915, p.

    63-65.

    Ce criptions des alentours de

    200

    avant notre

    ère,

    document date de

    la

    fin

    du Ier siècle

    avant

    ce

    qui

    est vraisemblablement beaucoup trop

    notre ère. haut.

    (2) Voir Pognon, Inscriptions

    sémitiques,

  • 8/17/2019 Caquot - Nouvelles Inscriptions Araméennes de Hatra

    19/31

    106 SYRIA

    B.

    Sur

    nos

    inscriptions le B ne diffère du B

    de la

    cursive palmyrénienne

    que par l'absence

    de la

    barre supérieure,

    de sorte

    que

    la main

    n'avait

    qu'à

    tourner une

    fois

    pour

    l'écrire.

    La

    forme

    d'Avroman

    est

    beaucoup

    plus

    archaïque.

    Par contre

    les

    formes

    pehlvies

    ressemblent assez

    à ce type. Il est

    identique

    au

    B

    de Hassan-Kef.

    G.

    Les deux branches du G

    se joignent

    à leur extrémité, à

    la

    différence du

    palmyrénien et de l'estranguelâ

    elles

    se

    joignent au

    milieu

    de la

    branche

    supérieure. Identique au G d'Avroman.

    Le

    G du pehlvi

    forme

    un

    angle beau

    coup plus ouvert. Celui de

    Hassan-Kef

    en

    diffère par une

    inclinaison de

    90

    degrés

    vers la gauche.

    D.

    La

    barre

    horizontale

    rencontre

    la

    haste

    verticale

    à

    son extrémité

    supé

    rieure, à la

    différence des

    formes palmyrénienne et d'Avroman. Identique au

    D

    estranguelâ

    et à celui

    de

    Hassan-Kef.

    Le

    D pehlvi a une forme

    toute

    par

    ticulière.

    H.

    Le trait

    vertical

    de

    droite s'arrête à

    la

    hauteur

    de la

    barre horizontale

    alors

    que

    le palmyrénien la

    prolonge.

    On

    n'avait

    à

    lever

    la main qu'une fois

    alors

    qu'il

    faut la

    lever deux fois dans

    la

    cursive palmyrénienne. Les

    formes

    d'Avroman, du pehlvi et

    de

    Hassan-Kef

    sont archaïques. Tout différent est

    le

    H

    d'Assour qui a la

    forme

    d'un M

    romain;

    ce qui rappelle sous

    une forme

    anguleuse

    le H estranguelâ,

    et

    paraît provenir d'un

    H

    ancien

    (comparer

    le

    H

    de

    Hassan-Kef).

    W.

    Simple arc de cercle ouvert vers la gauche. A

    l'air d'une

    simplification

    du W palmyrénien

    qui

    a l'apparence d'une haste

    recourbée

    par en haut vers

    la gauche. La

    forme se retrouve

    à

    Avroman

    et en pehlvi

    arsacide.

    Le

    W estran

    guelâ paraît avoir poursuivi

    cette

    évolution jusqu'à

    former

    un cercle. La

    forme

    de Hassan-Kef, un simple

    trait

    vertical,

    est

    une

    simplification diffé

    rente de l'ancien

    modèle.

    Z.

    Simple

    trait

    vertical

    comme

    à

    Avroman,

    en

    pehlvi

    et

    en

    estranguelâ.

    C'est la

    forme

    même de l'ancienne cursive araméenne.

    H. Identique à une des deux formes du H

    cursif

    palmyrénien, vraisem

    blablement

    à la plus ancienne (l'autre

    doit être

    rapprochée

    du

    H

    estranguelâ).

    Identique à une

    des

    deux

    formes

    du H d'Assour (l'autre venant

    de

    H) et à

    une forme attestée

    en

    pehlvi arsacide.

    La

    forme

    d'Avroman est là

    encore

    plus archaïque.

  • 8/17/2019 Caquot - Nouvelles Inscriptions Araméennes de Hatra

    20/31

    H

    W

     

    Z

    HT

    YK

     A

    i

    G

     

    1

    n

     

    n

    >

     

    s

    A

    6

    (

     

    /

    »

     

    /

     

    h

     

    »

    3

     

    T

    f

    H

     

    S

    1

    o

    2

    i

    1

     

    S

     

    SQRST

    >

    n

     

    y

     

    y

    1

    r

    T

     

    2

    D

     

    3

    r

    C

    2

    V

     

    rr

    -

  • 8/17/2019 Caquot - Nouvelles Inscriptions Araméennes de Hatra

    21/31

    108

    SYRIA

    T.

    Peu différent du T palmyrénien

    cursif

    et aussi de certains H pehlvis.

    Le T bouclé

    de

    Hassan-Kef

    et de

    Festranguelâ présente une forme beaucoup

    plus

    évoluée.

    Y. Se présente tantôt comme

    un arc de cercle ouvert vers la gauche

    comme

    en palmyrénien, en pehlvi sassanide et à

    Avroman

    (ce qui peut aider à

    com

    prendre

    la

    fréquente confusion de W et de Y dont nous avons relevé

    des

    exemples

    : BSMWN au

    lieu

    de B SMYN,

    HYHY

    au

    lieu

    de

    Ï1WHY,

    la

    confusion facile à éviter dans l'écriture monumentale de Hatra doit

    être

    provoquée

    par une

    erreur

    du

    lapicide devant un

    modèle

    en écriture courante),

    tantôt

    comme

    un arc de cercle ouvert vers la droite (comme en mandéen)

    mais le

    plus

    souvent

    comme

    un

    zig-zag,

    ce

    qui

    est un

    dessin usuel

    pour

    le

    Y

    en pehlvi arsacide.

    K. Ne diffère du palmyrénien

    cursif que

    par

    la quasi-disparition de la

    barre

    inférieure. Identique à la

    forme

    de

    Hassan-Kef.

    L'alphabet

    d'Avroman

    et le pehlvi arsacide

    arrondissent

    vers le

    bas

    la

    barre supérieure,

    ce

    qui les

    rapproche

    davantage

    de l'ancien araméen.

    L.

    Simple trait oblique allongé.

    Identique

    à la

    forme

    de

    Hassan-Kef.

    Rappelle aussi

    les formes

    d'Avroman

    et

    du pehlvi ainsi que

    l'estranguelâ.

    Le palmyrénien

    cursif présente

    encore

    une petite barre

    à

    son extrémité

    supé

    rieure

    et

    apparaît

    ainsi comme une forme moins

    évoluée.

    M.

    Diffère

    seulement

    du M

    palmyrénien

    cursif

    par la

    prolongation

    au delà

    de

    la barre

    horizontale supérieure du

    trait

    vertical de gauche. Identique à

    la

    forme des

    papyri

    d'

    Elephantine,

    à

    celle

    de Hassan-Kef, d'Avroman et à

    cer

    taines

    formes du pehlvi arsacide. Le M de

    l'estranguelâ

    est plus proche du

    palmyrénien.

    N. Identique à

    celui du

    palmyrénien

    cursif,

    d'Avroman,

    du

    pehlvi sassa

    nide.

    On

    le

    trouve

    aussi en pehlvi arsacide. A Hassan-Kef

    la

    petite barre

    infé

    rieure

    prend

    à

    droite de

    la

    haste,

    forme

    qui apparaît

    également

    en

    pehlvi

    arsacide.

    S. Plus proche

    de la

    forme ancienne et du palmyrénien

    monumental

    dont

    il ne diffère

    que

    par un allongement du

    trait

    vertical de gauche

    que

    du pa

    lmyrénien

    cursif

    qui en

    se

    fermant à gauche donne le S estranguelâ

    ou

    de

    celui

    de

    Hassan-Kef

    qui a l'air d'un S palmyrénien

    cursif

    tourné en sens inverse.

    La

    forme

    de Hatra se

    retrouve

    à Assour, à

    Avroman

    et en pehlvi.

  • 8/17/2019 Caquot - Nouvelles Inscriptions Araméennes de Hatra

    22/31

    NOUVELLES

    INSCRIPTIONS ARAMÉENNES

    DE

    HATRA 109

    .

    Un

    peu plus ouvert

    que celui du palmyrénien cursif

    et de l'estranguelâ

    (pour se

    distinguer du

    G).

    Différent d'une des formes du l

    d'Assour qui

    re

    ssemble

    beaucoup

    plus

    au

    ancien

    et

    à

    ceux

    d'Avroman

    et

    de

    Hassan-Kef.

    P.

    La

    boucle supérieure

    est

    un peu mieux

    marquée

    qu'en

    araméen

    d'Ele-

    phantine. Très proche

    de la

    forme

    d'Avroman, du pehlvi arsacide et

    de

    Hassan-

    Kef.

    S. Plus évolué

    que celui

    de

    l'araméen ancien et du

    palmyrénien

    monu

    mental et plus

    simple que celui

    d'Assour

    et

    de

    Hassan-Kef. Très

    semblable

    à

    celui

    du pehlvi arsacide.

    Q. Distingué du

    M

    et du S par l'arrêt à

    la barre

    horizontale supérieure du

    trait

    vertical

    de

    gauche.

    Très

    semblable

    au

    palmyrénien mais

    non

    distendu

    comme

    lui

    (ce

    qui permet

    en palmyrénien

    d'éviter la confusion avec

    M).

    La

    forme

    de

    Hassan-Kef

    est

    plus archaïque. Le Q du pehlvi arsacide et celui du

    pehlvi

    sassanide reflètent

    deux évolutions

    différentes.

    R. Identique au

    D comme

    partout ailleurs, sauf en pehlvi où ils ont été

    distingués par des moyens divers.

    S.

    Présente une

    très

    grande

    simplification qu'on ne

    retrouve

    qu'à

    Hassan-

    Kef.

    C'est

    une

    sorte de

    triangle rectangle dont le grand

    côté est

    horizontal et

    le

    côté

    vertical

    est

    à

    gauche.

    Les

    formes

    du

    palmyrénien

    et

    d'Avroman

    sont

    plus archaïques.

    C'est

    une tout autre simplification

    que

    reflètent les

    alphabets

    pehlvis.

    T. Peu

    différent

    de ceux de Palmyre, de Hassan-Kef,

    d'Avroman

    et du

    pehlvi.

    Il

    résulte

    de l'examen auquel nous venons de nous livrer

    que

    l'écriture de

    Hatra

    si

    elle

    présente

    bien

    des

    traits

    communs avec les

    différentes

    écritures

    issues

    de la cursive araméenne

    des

    derniers siècles

    d'avant

    notre ère ne peut

    être

    mise en

    rapport particulier

    avec aucune

    d'entre elles. Certains

    détails

    feraient

    croire

    qu'elle

    est

    une simplification

    de

    la

    cursive palmyrénienne,

    mais

    d'autres

    (par

    exemple le S) laissent

    penser que

    c'est

    une

    évolution

    purement

    locale

    de cette écriture de

    1'

    « araméen d'Empire

    », à

    laquelle il faut

    faire

    remonter aussi

    bien l'alphabet palmyrénien que

    l'estranguelâ

    (1), que celui

    W

    Dans

    l'état actuel de nos connaissances

    palmyrénienne

    (Grammaire

    du

    palmyrénien

    épi-

    mieux, vaut préférer à l'hypothèse de Canti-

    graphique,

    p. 32), celle de Lidzbarski [Hand-

    neau

    faisant dériver

    l'estranguelâ

    de la cursive

    buch,

    p. 193) reprise par Diringer (The Alpha-

  • 8/17/2019 Caquot - Nouvelles Inscriptions Araméennes de Hatra

    23/31

    110 SYRIA

    de

    Hassan-Kef

    (1)

    ou

    que

    celui

    qui est

    à

    l'origine des

    différents systèmes

    pehl-

    vis (2).

    On ne peut discerner de

    constantes

    permettant de

    faire dériver

    l'une

    de

    ces

    écritures

    de

    telle

    ou

    telle

    autre.

    La

    seule

    différence

    des

    alphabets

    employés

    sur

    deux

    sites

    aussi voisins que Hatra

    et

    Assour suffit

    à montrer

    que

    chaque ville se constituait un

    système

    d'écriture qui

    lui

    était

    propre, sim

    plifiant à sa guise

    un

    modèle commun que nous

    serions bien

    embarrassés

    de

    désigner. Il faut

    se

    garder de

    surestimer

    l'influence de

    Palmyre

    qui

    pas

    plus

    pour l'écriture

    que

    pour les autres manifestations de la civilisation n'a été un

    jalon entre l'Ouest et l'Est mais

    qui

    ne fait

    que

    refléter une culture mixte

    élaborée en Mésopotamie à

    l'époque

    séleucide

    (3). C'est

    dans

    des foyers

    de

    civilisation comme

    Séleucie

    du Tigre

    que l'ancienne

    écriture

    d'Empire

    a

    pu

    évoluer

    et

    donner

    naissance à un

    type dont

    nous

    trouvons partout

    les

    traces,

    diversement modifiées. Tout ce

    que

    nous pouvons dire de l'écriture de Hatra

    est

    qu'elle

    est un

    rejeton de

    la

    cursive araméenne. Elle garde généralement

    l'aspect d'une cursive, toutefois une inscription comme le n°

    20 montre

    une

    tentative

    de constitution d'écriture monumentale.

    La langue des

    inscriptions de Hatra. — Elle présente peu

    de traits parti

    culiers.

    C'est

    un dialecte araméen

    très voisin du

    syriaque. Il semble avoir

    fait

    un usage assez grand mais non constant

    (4)

    des

    maires lectionis, ce qui

    permet

    de

    déceler au point

    de vue phonétique la mutation

    du

    a en

    o

    (NRGWL,

    'WBD),

    trait qui n'est

    pas

    à

    rapporter

    à

    une

    influence cananéenne mais à

    une

    modif

    ication

    semblable

    intervenue

    également

    dans le

    syriaque d'Edesse

    et dont

    on trouve les traces à

    Palmyre (5). Un

    détail mérite de retenir notre

    attention

    :

    la désinence

    d'état

    emphatique

    du masculin

    singulier qui est

    ordinairement '

    se

    présente

    parfois

    sous

    la

    forme

    H, si la lecture en est exacte (voir inscrip

    tion n°

    1 BNYH

    à côté de GLP',

    inscription

    13 RHMH

    à côté de

    NSR').

    bet,

    p. 280)

    faisant

    de ces

    deux

    écritures des

    (3)

    Voir les remarques de H.

    Seyrig dans

    développements paralèlles. Journal

    of Roman

    Studies,

    XL, 1950, p. 6-7.

    t1) Pognon

    (loc.

    cit.) a eu

    probablement

    tort

    (4)

    Ainsi RHMH à

    l'inscription

    13 où l'on

    de voir dans l'écriture de Hassan-Kef l'origine attend RHYMH.

    des

    alphabets

    pehlvis.

    (5)

    Ainsi

    l'orthographe 'STWR. Voir Canti-

    (2) Herzfeld

    a montré que le

    pehlvi arsa-

    neau, Grammaire du

    palmyrénien épigraphique,

    cide et le pehlvi sassanide devaient remonter à p. 51.

    deux types

    différents

    de cursive araméenne.

  • 8/17/2019 Caquot - Nouvelles Inscriptions Araméennes de Hatra

    24/31

    NOUVELLES INSCRIPTIONS

    ARAMÉENNES

    DE

    HATRA 111

    '

    est

    l'orthographe régulière

    dans

    tout

    l'araméen. Cependant l'alternance H/'

    n'est

    pas sans

    exemple

    même

    pour la

    désinence d'état emphatique en

    araméen

    biblique,

    dans la langue

    des

    papyri

    d'Eléphantine

    et

    les

    idéogrammes

    ara-

    méens

    du pehlvi.

    D'après

    H. H.

    Schaeder (1) ce phénomène

    résulte

    de l ins

    tabilité orthographique de l'araméen ancien

    :

    «

    Pareille

    fixation n'est intervenue

    que

    là où

    les

    Araméens ont subi l'influence de l'exactitude grecque

    :

    chez les

    chrétiens parlant syriaque. » Ce n'était

    pas

    le cas à Hatra. Il ne faut donc

    pas

    voir dans ce détail sporadique un trait de langue propre à Hatra, mais un

    reflet des hésitations

    orthographiques de la

    langue

    écrite qui lui

    a

    servi

    de

    modèle.

    Il

    permet

    cependant de

    discerner que l'araméen

    de Hatra

    était

    indé

    pendant

    du palmyrénien

    l'orthographe

    '

    est de

    règle.

    Un

    autre

    phénomène

    qui

    oppose le

    hatréen

    au palmyrénien

    est la

    présence

    de

    l'imparfait à préfo

    rmante

    L, alors

    que

    l'imparfait palmyrénien

    est

    toujours en Y. Ce

    fait n'est

    malheureusement

    attesté

    que

    dans

    des

    passages

    douteux

    mais on est assez en

    droit de l'attendre puisqu'il apparaît à Assour. Cette préformante, probable

    ment

    a

    particule caractéristique du jussif étendue

    aux

    autres formes

    de

    l'imparfait, se

    retrouve

    en judéo-babylonéen et en mandéen;

    le

    N

    du

    syriaque

    n'en

    serait

    qu'une

    dissimilation (2).

    On peut

    l'attribuer

    à

    une

    influence de la

    langue parlée

    qui

    l'a emporté

    sur la

    langue

    écrite

    modèle

    :

    l'araméen d'Empire.

    Ce trait

    permettrait

    de

    classer

    la langue de Hatra dans F « araméen oriental

    ».

    Pour le vocabulaire,

    signalons

    qu'un mot comme

    NYS

    (inscription n°

    1)

    est

    nettement

    oriental :

    il

    provient de

    l'accadien

    et ne se retrouve qu'en

    syriaque. RDKL

    (inscription n°

    1) est aussi

    d'origine

    accadienne.

    Nous avons

    déjà

    relevé

    que dans

    un mot

    comme

    SNPYR la

    dissimilation du redouble

    mentar n

    jusqu'alors

    inconnue pour ce mot, semble

    être

    un trait dialectal

    des

    parlers araméens du Nord-Est

    comme

    le

    montrent les

    emprunts arméniens.

    Les

    noms propres.

    Pour

    un

    site

    aussi

    proche du royaume

    arsacide,

    on

    doit être

    frappé de la

    très faible proportion

    de noms

    parthes

    rencontrés

    (ZRY,

    KNZYW,

    WRWD...

    auxquels

    on peut joindre le nom

    du

    roi SNTRWQ

    antérieurement

    connu). Il en est de même à Assour

    l'onomastique est aussi

    Iranische Beitràge, p. 34-35. (2) Voir Rosenthal, Die Sprache der

    pal-

    myrenischen Inschriften, p. 54-55.

  • 8/17/2019 Caquot - Nouvelles Inscriptions Araméennes de Hatra

    25/31

    112 SYRIA

    purement

    sémitique.

    Mais alors qu'Assour paraît avoir conservé aussi bien

    dans

    son onomastique que

    dans

    son

    panthéon

    le souvenir du temps où elle

    était

    capitale

    de

    l'Empire

    assyrien, les

    noms

    propres

    de

    Hatra,

    mis

    à

    part

    ceux qui viennent de

    l'Iran, ne peuvent se

    répartir qu'en

    deux groupes

    : les

    noms araméens et les

    noms

    arabes, ces derniers reconnaissables à

    leur dés

    inence —

    W

    qui rappelle les noms de la dynastie d'Edesse :

    KAbdu,

    Bakru, etc.,

    les autres à la désinence

    — '. Un bon nombre

    de ces noms propres araméens

    figurent dans les inscriptions palmyréniennes. Il semble

    que

    la proportion

    de noms

    arabes soit

    sensiblement plus forte qu'à Palmyre et se rapproche

    de

    celle qu'on

    trouve en

    nabatéen. L'onomastique

    nous donne

    aussi, comme

    éléments

    de

    théophores,

    quelques

    noms

    divins non

    attestés

    isolément

    à

    Hatra,

    peut-être par accident (ainsi NSR) ou

    qui

    ne

    sont plus

    que des vestiges (ainsi

    NRGWL qui est assez fréquent dans

    l'onomastique palmyrénienne

    sans

    qu'on

    trouve

    trace de son

    culte).

    Intérêt historique. — C'est l'onomastique

    qui

    donne encore lieu à

    la

    con

    clusion historique la plus probable en confirmant, par la

    grande

    proportion

    de noms arabes qu'on y relève, l'hypothèse

    de

    Herzfeld

    (1)

    selon laquelle le

    site

    de Hatra aurait

    été

    occupé vers le premier siècle

    avant

    notre ère

    par des

    tribus arabes. Ces tribus ont pu se mêler à quelques éléments parlant araméen

    et comme

    en Nabatène c'est

    la

    langue

    de

    ces

    derniers qui

    l'a emporté. Il

    est

    bien

    difficile

    de

    déterminer

    qui

    détenait le

    pouvoir.

    Les

    nouvelles

    inscriptions

    ajoutent le nom

    d'un

    roi aux deux

    que

    nous avons déjà. Le premier est le

    SNTRWQ

    de la

    grande inscription publiée par Andrae,

    c'est un

    nom iranien,

    Sanatruq,

    et les textes syriaques et arabes ont

    gardé

    le

    souvenir

    d'un Sanatruq,

    roi de Hatra (2), peut-être le fondateur d'une dynastie.

    Le

    second a un nom

    ( )

    ZDMG, 68,

    1914, p.

    665.

    Mais

    rien

    ne

    contraint à voir en HTR (le nom

    ancien

    est

    attesté

    par la

    monnaie dont nous

    parlons

    plus

    bas) un nom d'origine

    arabe.

    Il s'explique par

    f itement

    par

    l araméen

    hutrà « enclos », au

    pluriel hatrë (d'où le grec Atpai).

    L'arabe

    hadr

    « établissement fixe

    »

    est probablement

    une

    étymologie populaire.

    (2) On trouve

    dans Bar-Bahlul

    la

    mule

    HTR

    DSNTRW (éd.

    Duval,

    col. 896)

    et dans

    Michel le

    Syrien

    (éd. Chabot III,

    p. 78)

    :

    «

    il

    y

    eut de nombreux

    rois

    :

    à

    Edesse,

    ceux de la famille d'Abgar, dans

    le Araba

    ceux

    de

    la

    famille de

    Sanatrouq, qui

    régnaient dans

    la ville de

    Hatra

    ». Il faut certainement voir

    dans le

    Satirun de ïabari et de Mas'udi une

    déformation

    du

    nom de

    Sanatruq.

  • 8/17/2019 Caquot - Nouvelles Inscriptions Araméennes de Hatra

    26/31

    NOUVELLES

    INSCRIPTIONS

    ARAMÉENNES

    DE

    HATRA

    113

    araméen :

    c'est le Bocpamioç

    (1) qui d'après

    Hérodien (III, 1

    et 3)

    envoya des

    secours à Pescennius Niger

    (193-194),

    et qui doit

    être

    un

    des

    derniers souve

    rains

    indépendants

    de

    Hatra

    puisque

    la

    ville

    aurait

    été

    conquise

    par

    Arda-

    chir Ier ou

    Chapour

    Ier

    (2).

    Grâce à

    l'inscription

    n° 21 nous avons mainte

    nantn nouveau nom

    de

    roi

    : 'TLW.

    L'étymologie en

    est

    peu sûre mais une

    origine

    arabe est

    extrêmement

    probable

    (3).

    Cet

    'TLW

    appartient-il à la dynast

    i

    e

    Sanatruq

    ? On

    sait

    que

    les

    noms iraniens et

    les

    noms sémitiques pou

    vaient

    alterner dans une même

    famille, on en a un exemple à

    l'inscription

    6

    et le cas se produit également à Palmyre. Il est donc très

    possible que

    le

    descendant de SNTRWQ ait

    porté

    un nom arabe.

    Il

    est

    possible

    également

    qu'un

    Arabe

    se soit

    substitué

    à

    un fondateur d'origine parthe. On

    ne

    relève

    enfin parmi les inscriptions nouvelles aucune qui soit datée, la

    chronologie

    de Hatra reste

    donc aussi

    vague. D'après l'écriture

    les

    inscriptions

    qui

    viennent

    d'être

    trouvées sont

    plus récentes

    que l'inscription

    du «

    palais

    » où apparaît

    le nom

    de

    Sanatruq,

    ce n'est

    pas surprenant car

    les

    temples extérieurs où

    elles ont

    été

    trouvées

    doivent être

    postérieurs à l'ensemble central. La date

    proposée par Andrae pour l'érection

    de cet

    ensemble, le

    début

    du

    ne

    siècle

    de notre ère (4) est

    certainement

    trop basse. La

    critique

    interne

    des inscrip

    tions

    t

    les

    critères

    paléographiques

    ne

    permettent

    cependant

    pas

    de

    déter

    miner

    la date

    à laquelle elles remontent. L'étude

    archéologique

    des temples

    elles ont été trouvées apportera

    sans doute

    quelque précision.

    Les dieux de Hatra. — Les nouvelles inscriptions nous font connaître le

    nom

    d'un certain

    nombre

    de

    divinités

    de

    Hatra, alors

    que

    les

    inscriptions

    antérieurement

    relevées ne

    nous en donnaient aucun.

    I1) II

    n'y

    a

    pas

    de

    raison

    de préférer à

    la lec

    ture

    Bapar^-.oç

    de

    Hérodien, III,

    1,

    3

    la

    lecture

    Baparjvto;

    donnée au chapitre 9,

    comme

    le pro

    pose

    Gutschmid (ZDMG,

    34,

    p.

    735)

    pour en

    faire

    une

    transcription de Bar-Sin. ou de

    lui

    chercher une étymologie iranienne avec Herz-

    feld

    (ZDMG, 68, p. 661).

    paparjtxtoç

    est l'ara-

    méen BRSMY' «

    fils

    de

    Simios

    ». Nos inscrip

    tions résentent à plusieurs reprises le nom

    'BDSMY

    '.

    (2) Dion Cassius

    (LXXX,

    3) signale un

    Syria. — XXIX.

    échec

    du premier roi sassanide contre Hatra

    en

    227.

    D'après

    les historiens

    arabes,

    son

    suc

    cesseur, Chapour

    Ier

    (242-272) aurait réussi

    à

    s'emparer de la ville.

    (3)

    S. E.

    Nadji Bey

    Al Asil

    reproduit dans

    l'article de V Illustrated London News

    du

    17

    novembre

    1951 la tête de la

    statue

    de ce roi.

    Il fait

    remarquer que

    le

    profil

    du

    roi est typ

    iquement

    arabe. Il

    est coiffé

    d'une haute

    tiare

    rappelant celle des

    souverains parthes.

    (4 ) Voir

    Hatra, II,

    p.

    2.

  • 8/17/2019 Caquot - Nouvelles Inscriptions Araméennes de Hatra

    27/31

    114 SYRIA

    Nos seules informations

    sur la

    religion

    de

    Hatra

    provenaient

    des

    sources

    classiques : Dion Cassius relatant l'échec subi en

    117

    par Trajan devant les

    murs de

    Hatra

    (LXVIII,

    31) signale

    que

    la

    ville était

    protégée

    particulièr

    ement

    ar Hélios et il vante ailleurs (LXVI, 10) la

    richesse

    et la célébrité de

    son

    sanctuaire

    du

    soleil. On

    tendait à attribuer

    cette

    désignation par le nom

    d' Helios du grand dieu de Hatra à

    une

    application par

    les

    historiens grecs

    du syncrétisme solaire. Jensen remarquait

    que

    le nom du soleil ne figurait

    pas dans

    les

    inscriptions

    qu'il avait

    étudiées. Nous savons

    maintenant

    que

    Chamach

    était

    effectivement

    adoré

    à Hatra : nous avons là-dessus le témoi

    gnage de

    l'inscription

    n° 2.

    Plus

    intéressante encore est la légende HTR'

    DSMS

    «

    l'enclos

    du

    soleil

    »

    (d'où

    le nom

    de

    la

    ville)

    que

    nous

    lisons

    sur

    des

    monnaies jusqu'alors faussement attribuées à Emèse et imitant

    les

    monnaies

    d'Antonin

    le

    Pieux

    (1).

    On en a retrouvé

    des

    exemplaires à Doura Europos,

    avec laquelle Hatra a certainement été en relations.

    Il

    y a donc bien eu à

    Hatra un culte de

    Chamach et rien

    ne

    permet

    de

    l'attribuer

    à

    une

    influence

    de la théologie solaire de la Syrie

    hellénisée. Nous pensons

    y

    voir

    plutôt

    une

    survivance d'un

    ancien culte

    araméen : les

    inscriptions

    de Nerab et de

    Guzneh

    mentionnent en effet le dieu SMS (2).

    On

    ne saurait cependant pas trouver

    parmi

    les

    reliefs

    découverts

    à

    Hatra

    une

    image

    de ce

    dieu.

    Le

    nimbe

    radié

    qui

    entoure

    la

    tête d'une divinité ne permet pas d'en faire

    un

    Hélios, car

    cette

    parure a été donnée aux divinités

    les

    plus diverses

    3) ;

    aussi bien à Hatra même

    orne-t-il une

    tête

    féminine. L'aigle fréquemment représenté à Hatra ne peut

    pas non

    plus

    être

    tenu pour un symbole solaire

    (4).

    Il

    ne semble même

    pas que

    Chamach ait été le principal dieu

    de

    la ville,

    au moins

    à

    l'époque

    à laquelle remontent la

    plupart

    de

    nos inscriptions

    (rap

    pelons

    que le texte

    2,

    trouvé

    à l'intérieur du

    «

    palais

    »

    doit être

    plus

    ancien

    que

    les

    autres).

    Trois de celles-ci

    (nos 24, 25

    et

    26) mentionnent sous le titre

    I1)

    Voir

    Dieudonné,

    Revue de Numismatique, p.

    159

    et Lidzbarski, Ephemeris,

    III,

    p.

    64

    et

    s.

    1906, p. 133-134.

    La

    légende dont

    Dieudonné

    Sur l'antiquité du culte solaire chez les Ara-

    donne

    un fac-similé doit être lue de

    l'intérieur mèens,

    voir J.

    Lewy, Orientalia,

    XVII, 1948,

    et non de l'extérieur. On voit alors

    apparaître

    p. 158, note 1.

    HTR'

    D

    SMS,

    écrit dans

    le

    même alphabet

    (3) Voir les remarques de H.

    Seyrig,

    Anti

    que

    nos

    inscriptions (avec

    le

    S

    très

    caractéris- quités Syriennes, II p. 94

    et

    96 note 4.

    tique).

    (4) Voir

    Seyrig, Syria,

    XXVI,

    1949, p. 233.

    (2) Voir

    Cooke, North

    Semitic

    Inscriptions,

  • 8/17/2019 Caquot - Nouvelles Inscriptions Araméennes de Hatra

    28/31

    NOUVELLES

    INSCRIPTIONS ARAMÉENNES

    DE

    HATRA 115

    de

    MRN

    « notre Seigneur » un dieu qui devait occuper la première

    place dans

    le panthéon de Hatra. Or deux fois ce dieu apparaît

    comme

    membre d'une

    triade comprenant

    aussi

    une

    déesse

    parèdre

    (MRTN,

    «

    notre

    Dame

    »)

    et

    un

    dieu fils (BR

    MRYN).

    Ceci

    écarte

    toute

    identification

    de MRN à Chamach.

    Quelle

    était

    maintenant cette triade ?

    Le

    titre

    de

    MRTN a certainement été donné à

    la

    grande déesse

    locale.

    A

    Assour,

    il désigne Seru, parèdre

    du

    dieu de la ville, Assour

    (1).

    Or

    une

    déesse

    bien

    établie à Hatra

    est

    certainement Atar'até dont nous savons par l in

    scription n° 5 qu'elle avait un sacerdoce.

    Il

    s'agit de la

    grande

    déesse de Hiera-

    polis dont on trouve également

    des

    traces à Palmyre, en

    Nabatène

    et dans

    le

    sanctuaire

    syrien

    de

    Délos

    (2>.

    Sans

    doute

    est-ce elle

    qui

    est

    désignée par

    le nom de

    ZQYQ'

    à l'inscription

    13 (on a

    aussi

    le nom propre BRZQYQ

    à

    l'inscription

    n° 24). ZQYQ'

    signifie

    en

    effet

    « pure » et rappelle le

    titre

    d'Atargatis à Délos '

    kyvh Qek

    (3).

    On peut penser

    que

    c'est

    elle que

    les

    textes

    de

    Hatra appellent

    «

    Notre Dame

    ». Quant

    au MRN

    «

    Notre Seigneur », son

    époux, c'est

    sans doute le grand

    dieu de la ville, mais rien ne nous en indique

    le nom

    propre, suivant

    une coutume courante en pays

    sémitique

    il

    se

    diss

    imule

    sous

    un

    titre. Nadji

    Bey al Asil suppose

    que

    c'est lui qui est

    représenté

    sur

    deux

    des reliefs récemment

    découverts

    :

    le

    premier,

    gravé

    sur

    le pyrée

    qui

    porte

    l'inscription

    10

    montre un dieu barbu vêtu à la persane bran

    dissant

    de la main

    gauche une

    hache

    bipenne, le second,

    un dieu léontocéphale

    également

    vêtu à

    la

    persane, dans

    la

    même attitude mais entouré de symboles

    mithriaques : scorpions, serpent et chien, à côté de lui

    une

    déesse

    assise

    tenant

    dans sa main droite l'enseigne caractéristique

    des

    monnaies hiérapolitaines

    :

    le ar^dov décrit

    par

    Lucien (4>.

    Sous des

    détails

    iconographiques

    venus de

    C1) Jensen, MD0G, 60, p. 29.

    (2)

    Son

    nom

    est

    écrit

    à

    Palmyre

    'TR'TH

    (voir

    Cooke,

    p. 268). H

    a la

    forme

    TR'TY sur

    les

    monnaies de

    la

    dynastie hiérapolitaine de

    Bar-Hadad

    (voir Ronzevalle, MUSJ, XXIII,

    1940, p. 6) et dans

    le

    passage talmudique

    Aboda

    Zara, II

    b,

    la forme

    TR'TH.

    Cette dernière

    forme s'explique mieux

    si

    on suppose un chan

    gement du étymologique en', par dissimilation.

    Or on trouve précisément la forme

    'TR'T'

    dans des inscriptions nabatéennes (CIS,

    II,

    422 et

    243).

    Le

    TR'T de

    Hatra constitue un

    autre exemple de

    ce jalon. Le ' initial

    et le

    '

    final

    indiquent

    tous

    deux

    une orthographe

    rajeunie.

    (Le H final de Palmyre représente une graphie

    archaïsante, voir Cantineau,

    Grammaire...,

    p. 56).

    (3)

    Voir P. Roussel, Délos colonie athénienne,

    1916, p. 261.

    (4 ) Voir Déesse Syrienne,

    33

    et la

    monnaie

    reproduite par Garstang, The

    Syrian

    Goddess,

    fig.

    7, p. 70.

    L'emblème

    figure en outre à

    Hatra

  • 8/17/2019 Caquot - Nouvelles Inscriptions Araméennes de Hatra

    29/31

    116 SYRIA

    l'Est

    on peut

    reconnaître

    à

    l'attitude générale,

    le

    grand

    dieu araméen de

    l'orage Hadad

    ou son avatar

    le Zeus de Dolichè. Nous proposons donc de

    voir

    dans

    le

    MRN

    le

    dieu

    Hadad

    parèdre

    d'Atargatis.

    L'identification

    du

    troisième membre

    de la

    triade

    est plus délicate :

    c'est

    un dieu-fils, BR MRYN,

    «

    le fils

    de notre

    Seigneur et de

    notre

    Dame ». Nous savons que

    la

    triade

    syrienne de

    Délos

    comportait avec Hadad et Atargatis un dieu jeune nommé

    Asclepios, équivalent ordinaire d'Echmoun. Nul doute

    que

    nous n'ayons à

    faire ici

    à

    une figure

    semblable de dieu jeune. La

    fréquence

    de l'élément SMY'

    dans

    l'onomastique

    ( BDSMY

    des

    inscriptions n°

    15,

    22 et probablement 26

    et le

    Bapripioç

    de

    Hérodien) laisserait penser

    que

    c'est un dieu Simios mais

    celui-ci

    n'est

    connu

    que

    par

    une inscription

    de Kafr-Nebo

    (1).

    Le

    texte du

    pseudo-Meliton

    sur

    lequel

    on se

    fonde

    pour

    donner

    ce

    nom au troisième dieu

    de la « triade hiérapolitaine» parle de SMY' comme de la fille et

    non

    le fils

    de Hadad

    (2).

    Quoi qu'il en

    soit la

    triade familiale

    de Hatra

    ressemble

    beau

    coup

    à une triade phénicienne. Faut-il admettre une origine

    occidentale de ce

    culte, comme on l a proposé pour ceux de Hiérapolis, la

    Syrie du

    Nord ayant

    été

    «

    soumise

    aux cultes

    cananéens dès

    le IIe millénaire » (3) ? Est-ce

    que

    l'influence bien

    attestée du

    culte de Hiérapolis sur les peuples

    voisins

    s'est

    exercée

    jusqu'à Hatra ? Ou est-ce

    que

    cette

    triade divine est à Hatra le sou

    venir

    d'une époque où

    ce

    site était

    occupé

    par une

    population qui a

    donné

    naissance aussi bien aux Araméens qu'aux Cananéens

    des

    âges

    postérieurs

    ?

    Le

    dieu le

    plus

    fréquemment nommé

    est

    Ba'alchamên. L'abondance des

    dédicaces à

    son nom

    fait

    croire que

    le

    temple

    extérieur

    elles ont été trouvées

    lui

    était consacré. Son nom

    est

    sujet à quelques

    variantes

    orthographiques,

    sur

    le

    relief où est gravée

    l'inscription

    n° 3.

    Est-ce

    lui que

    cette inscription

    désigne sous

    le

    nom de

    SMY' (= cn^sia)

    ou

    SMY'

    est-il

    le

    nom divin ? Cet

    emblème

    ne reparaît à notre

    connaissance

    qu'à Doura-Europos (voir Excav

    ations

    at Dura-Europos, Third

    Season,

    1932,

    pi. 14), à Harran

    (voir

    Stocks dans Berytus,

    IV,

    1937, p. 17)

    et

    sur un

    monument

    du

    culte

    de Zeus Dolichénien :

    la plaquette

    de Lusso-

    nium-Kômlôd

    (voir

    Kan,

    Jupiter Dolichenus,

    1943, p. 63).

    Ce signe paraît

    donc lié

    au

    culte

    de Hadad et d'Atargatis ou de leurs avatars.

    Était-il comme

    le

    laisse entendre Lucien un

    simple

    symbole

    «

    portant les caractéristiques

    d'autres dieux

    »

    ?

    Est-ce que

    ce

    nom permet

    d'en

    faire une figuration

    de

    la divinité appelée

    Simios ou Simia

    ?

    f1) Voir Chabot, Bulletin

    de

    correspondance

    hellénique, 1902, p.

    182

    et

    s.

    (2 ) Voir Cureton, Spicilegium Syriacum,

    25,

    9.

    (3 ) Dussaud, Revue de

    l'histoire

    des

    religions,

    CXXVIII, 1944, p.

    153.

  • 8/17/2019 Caquot - Nouvelles Inscriptions Araméennes de Hatra

    30/31

    NOUVELLES INSCRIPTIONS ARAMÉENNES DE HATRA 117

    en particulier, le L

    est

    omis à trois reprises,

    ce qui n'est

    pas

    exceptionnel

    (1).

    Il est pourvu

    du titre

    de « dieu » (n°

    23),

    «

    grand

    dieu » (n°

    25),

    «

    roi

    » (n°

    16,

    17)

    et, si

    notre lecture est exacte, «

    créateur (ou

    possesseur) de la

    terre

    » (n°

    23),

    qui est donné à El

    dans des inscriptions phéniciennes (2). Ce titre

    rappelle en

    tous

    cas

    celui

    de MR

    KL,

    MR'

    DY

    '

    LM

    '

    « seigneur de l'univers » porté par

    Ba'alchamên à

    Palmyre.

    Celui

    de «

    grand dieu

    » est également

    attesté à

    Pal-

    myre

    (3).

    Signalons

    l'absence

    à Hatra

    du titre

    palmyrénien

    RHMN

    « le misé

    ricordieux », mais il semble qu'on puisse l'attribuer à une

    influence

    juive

    (4)

    qui

    n'a pas dû s'exercer

    à Hatra. La mention de Ba'alchamên dans

    une

    région

    aussi orientale constitue un

    nouvel

    indice

    de la

    vaste diffusion du culte

    de

    ce

    dieu.

    Elle

    permet peut-être

    de

    comprendre

    la

    mystérieuse

    allusion

    à

    un

    « Ba'alchamên roi d'Irak »

    que

    nous

    lisons

    dans un

    passage

    d'Eutychius

    (5).

    A

    noter

    que

    cette

    indication ne

    trouve

    pas place dans le récit

    syriaque

    parall

    èle e la «

    Caverne des

    Trésors » qui est à

    l'origine

    de la légende transmise

    par Eutychius (6). Si

    maintenant

    nous cherchons à savoir d'où le culte

    de

    Ba'alchamên

    est

    venu

    à Hatra,

    le

    problème

    doit se

    poser dans les

    mêmes

    termes qu'à Palmyre

    :

    comme

    à Palmyre le culte

    de

    Ba'alchamên a été très

    populaire, mais on

    l'a

    tenu à

    l'écart

    de la

    triade

    nationale,

    comme

    à

    Palmyre

    on

    lui

    a

    construit un temple,

    mais

    en

    dehors

    du

    grand

    sanctuaire

    de

    la ville.

    Vient-il de l'Ouest ? N'est-il

    pas

    plutôt

    une

    très ancienne divinité « vénérée

    comme dieu suprême dans les

    bourgades

    d'éleveurs et de cultivateurs situées

    au bord

    du

    désert de Syrie » (7) et

    que

    nous

    ferions

    volontiers remonter

    ju s

    qu'à la

    période

    amorite (8).

    (x) On la

    trouve dans

    une inscription

    phéni

    cienne

    de Sardaigne (CIS, I, 139) et en naba-

    téen

    [CIS,

    II, 176).

    (2) Voir Levi Della Vida, Rivista degli Studi

    Orientali,

    XXI,

    1946,

    p.

    249-250

    et

    Rendi

    Conti

    dell Accademia dei Lincei, VIII, k,

    1949,

    p.

    273

    et s.

    (3)

    Cantineau, Revue

    d'assyriologie,

    1930,

    p. 35.

    Il

    apparaît déjà

    dans

    l'inscription de

    Guzneh (Lidzbarski, Ephemeris, III, p. 64

    et

    s.).

    (4 ) Voir

    Seyrig, Antiquités syriennes,

    II,

    p. 98.

    (8) Édition Cheikho,

    p. 22.

    Chwolsohn, Die

    Ssabier

    und

    der Ssabismus, II,

    p. 507.

    (•) Édition Bezold, I,

    p. 37,

    II,

    p. 150. Le

    rapport

    du texte

    syriaque et

    du passage

    d'Eutyc

    hius

    été établi

    par

    Baudissin, ZDMG, 66,

    1912,

    p.

    171-188.

    (7 )

    Seyrig,

    Antiquités syriennes,

    III,

    p. 117.

    (8 ) Nous

    pensons

    que c'est déjà ce dieu

    qui

    est

    appelé

    à Mari Samas sa samë, ce qui ne doit

    pas être traduit autrement que par «

    Seigneur

    du ciel

    »

    (voir

    G. Dossin dans Studia Mariana,

    1950, p. 46). On

    le

    retrouve sumérisé en EN-AN

    (NA) dans le nom

    d'un

    prince de

    la dynastie

    amorite d'Irsin EN AN (NA) DU «

    le Seigneur

    du ciel a établi ».

  • 8/17/2019 Caquot - Nouvelles Inscriptions Araméennes de Hatra

    31/31

    118

    SYRIA

    Signalons pour

    finir

    deux divinités secondaires

    :

    Nanai, dont on

    possède

    une

    statue

    (inscription