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1Magda Fusaro et Claudine Bonneau – MET8610 - Automne 2012

FONDEMENTS DES TECHNOLOGIES DE L’INFORMATION

COURS 3:

TI ET ORGANISATIONS

2Magda Fusaro et Claudine Bonneau – MET8610 - Automne 2012

Plan du cours

• 1. Formes organisationnelles: quelques perspectives historiques

• 2. TI et structure: le modèle structurationnel de la technologie

• 3. Pour une prise en compte de la matérialité: le concept d’affordances

• 4. La sociomatérialité en tant que lentille théorique

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Première partie

Formes organisationnelles:

perspectives historiques

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Formes organisationnelles: quelques perspectives historiques

• Théorie de la contingence:– La technologie en tant que déterminant de la structure

organisationnelle;

– Différents types de technologie génèrent différentes formes organisationnelles (Woodward, 1958; Perrow, 1967);

– Entreprises qui ont des systèmes de production similaires adoptent des structures similaires:

• Technologies routinières et structure mécaniste (centralisée)• Technologies non routinières et structure organique

(décentralisée)

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Formes organisationnelles: quelques perspectives historiques

• Les travaux de Bruns & Stalker (1961) identifient l’influence de l’environnement sur les formes d’organisation;

Mais, il n’existe pas de forme idéale d’organisation applicable à toutes les organisations;

• La forme d’organisation appropriée dépend des conditions de stabilité de l’environnement (technique et commercial)

• Deux (2) formes extrêmes d’organisation :

• Mécanique : centralisée, bureaucratique, pyramidale, hiérarchique

• Organique : décentralisée, participative, souple, adaptable

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Les structures organisationnelles: quelques perspectives historiques

• L’influence de l’environnement sur la différenciation et l’intégration (Lawrence et Lorsch, 1967) « Quelles sortes d’organisation sont nécessaires pour faire face aux différents environnements de l’entreprise ? »

– L’environnement est l’élément déterminant de la forme d’organisation

– Différenciation : découpage en unités distinctes reflétant les conditions de l’environnement

– Intégration : synergie entre les unités. – Mécanismes d'intégration : collaboration et coordination entre

unités. Ex.: contacts directs entre cadres, groupes de travail, etc.. )– Efficacité : trouver le bon degré d'adéquation entre différenciation

et intégration– Plusieurs combinaisons possibles des formes organiques /

mécanistes

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Deuxième partie

TI et structures:

Le modèle structurationnel

de la technologie

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• Selon Giddens (1984):• Le système social est caractérisé

par des patterns d’interactions qui se reproduisent;

• Les propriétés structurelles d’un système social résultent donc de l’action humaine : • règles et ressources

engagées dans la reproduction du système social;

• elles guident les actions des individus.

Qu’est-ce que la structure?

Anthony Giddens

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La dualité de la structure:• L’influence mutuelle entre actions et propriétés structurelles (les actions sont à la fois facilitées et contraintes par la structure);• Les patterns d’interaction, à force d’être reproduits par les acteurs, font naître les propriétés structurelles.

L’immatérialité de la structure: • La structure est « réelle » seulement quand elle est « actualisée » dans une activité (instantiated in activity).

Théorie de la structuration (Giddens)

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• Le modèle structurationnel de la technologie (structurational model of technology) “étend” la théorie de la structuration de Giddens à l’étude des interactions entre la technologie et les organisations.

• Vision initiale de la dualité de la technologie (1992): • La technologie est à la fois le résultat de l’action humaine et son

médium;• La technologie “matérialise” (personnifie, embody) les structures (les

règles et ressources sont “incorporées” dans la technologie).

Et son interprétation par Orlikowski

11Magda Fusaro et Claudine Bonneau – MET8610 - Automne 2012

Enactment & technologies-in-practice

• Changement d’orientation d’Orlikowski (2000): « Technology as Embodied Structure » devient: « Technology as Emergent Structure »

• La technologie ne donne pas une forme matérielle aux structures;

• Des propriétés structurelles émergent à travers les interactions avec l’artefact (enactment);

• Technologie-en-pratique: désigne la structure actualisée (mise en acte, enacted) lorsque nous utilisons de façon récurrente un artefact dans nos activités quotidiennes.

12Magda Fusaro et Claudine Bonneau – MET8610 - Automne 2012

Enactment & technologies-in-practice

• Au lieu de privilégier la technologie pour étudier le processus de structuration, on choisit l’agent humain comme point d’ancrage de l’analyse.

• La technologie n’est pas considérée comme stable, prévisible ou complète: ses propriétés structurelles émergent au fil des usages.

13Magda Fusaro et Claudine Bonneau – MET8610 - Automne 2012

1. L’inertieLa technologie est utilisée de manière à reproduire les

façons de faire existantes;

2. L’applicationLa technologie est “utilisée, choisie” et on assiste à une amélioration des processus et à certains changements (différents degrés d’application);

3. La transformationLa technologie est utilisée de manière à changer les

façons de faire existantes.

Les différents types d’enactment

Source: OrlikowskI, 2000

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La perspective de la pratique (practice lens)

• Focalise sur l’agentivité humaine (human agency) et sur les usages effectifs (ce que les gens font avec la technologie);

• Tient compte du contexte d’usage.

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Troisième partie

Pour une prise en compte

de la matérialité:

Le concept d’affordances

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• Comment les dimensions matérielles d’un artefact modulent les pratiques de travail, sans pour autant les déterminer?

• Les possibilités et contraintes matérielles d’un artefact:• Les propriétés matérielles d’un artefact fournissent de nouvelles

possibilités d’action aux acteurs;• Mais les usages sont également limités par les propriétés matérielles

de l’artefact.

• “Generally, organization theory more often falls into the trap of social determinism – usually simply by ignoring the influence of the material environment and failing to study it – than that of technical determinism, though both are equally errors of oversimplification.” (Fayard & Weeks, 2007, page 626).

Pour une plus grande prise en compte de la matérialité

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• Capacité d’un objet (ou d’un environnement) à suggérer sa propre utilisation, de façon plus ou moins intuitive.

• Un concept qui nous vient de la psychologie de la perception (Gibson, 1986) et qui est utilisé:• En design et en ergonomie des

interfaces (Norman, 1988);• En architecture (de paysage, de

bureau, etc.)

Le concept d’affordance

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• Indices fournis par le design de l’objet qui nous renseignent sur les possibilités d’action

Le concept d’affordance

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• La théorie de la vitre brisée (Wilson & Kelling, 1982): • Certaines caractéristiques de l’environnement (vitre

brisée) sont perçues comme une « invitation » au crime.

Le concept d’affordance

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•Un concept « relationnel: les possibilités d’action émergent à travers l’interaction réciproque entre l’acteur et l’artefact:

• Permet d’étudier l’influence d’une technologie de façon non-déterministe : il ne s’agit pas d’une relation de causalité;

• Exemples de question: • Comment la technologie permet aux acteurs de faire des

choses qui étaient impossibles sans elles (à la fois les aspects positifs et négatifs)?

• Qu’est-ce qui arrive dans la routine quotidienne de travail si la technologie n’est soudainement plus disponible?

La perspective des affordances en recherche organisationnelle

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• Le chercheur focalise sur les actions « organisantes » rendues possibles par les artefacts technologiques

• Affordances « organisantes » = possibilités, opportunités

• Les affordances sont généralement semblables d’un contexte organisationnel à l’autre parce que les fonctionnalités de la technologie limitent les interprétations et les usages qu’on peut en faire (Leonardi & Barley, 2008).

• Mais elles ne génèrent pas nécessairement les mêmes changements d’une organisation à l’autre.

La perspective des affordances en recherche organisationnelle

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La perspective des affordances en recherche organisationnelle

TI(fonctionnalités, caractéristiques

techniques)

Organisation(caractéristiques et

pratiquesorganisationnelles)

Nouvelles formes et fonctions

organisationnelles

Affordances

• Les changements organisationnels ne sont pas causés par les TI en soi, mais par la combinaison de leurs fonctionnalités et des caractéristiques organisationnelles (Zammuto et al, 2007).

23Magda Fusaro et Claudine Bonneau – MET8610 - Automne 2012

Exemples d’affordances « organisantes »

(affordances for organizing, Zammuto et al., 2007)

1. Visualiser le processus d’affaires au complet

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Exemples d’affordances « organisantes »

(affordances for organizing, Zammuto et al., 2007)

2. Création flexible de produit et de services en temps réel

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Exemples d’affordances « organisantes »

(affordances for organizing, Zammuto et al., 2007)

3. Collaboration virtuelle

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Exemples d’affordances « organisantes »

(affordances for organizing, Zammuto et al., 2007)

4. Collaboration de masse

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Exemples d’affordances « organisantes »

(affordances for organizing, Zammuto et al., 2007)

5. Simulation et représentation synthétique

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Quatrième partie

La sociomatérialité en tant

que lentille théorique

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Une approche qui considère que:

•La matérialité fait partie de notre quotidien;

•Les aspects techniques et sociaux sont fondamentalement inséparables:

“A position of constitutive entanglement does not privilege either humans or technology (in one-way interactions), nor does it link them through a form of mutual reciprocation (in two-way interactions). Instead, the social and the material are considered to be inextricably related — there is no social that is not also material, and no material that is not also social.”

(Orlikowski, 2007).

La sociomatérialité

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• Une approche qui considère que:

• Les pratiques de travail sont des configurations sociomatérielles et doivent être étudiées comme telles:

« Technologies, people and organizations are not seeen a priori as self-contained entities that influence each other through impacts or interaction » (Orlikowski & Scott, 2008).

La sociomatérialité

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• La performativité comme idée centrale:

• Tiré de la linguistique: « Quand dire c’est faire » (Austin, 1962)• Ex.: « Je vous déclare mari et femme. »

• Application pour la sociomatérialité: la capacité d’une entité à contribuer à la construction de la réalité qu’elle décrit• Ex.: les modèles financiers et les théories économiques

produisent les conditions et les effets du marché qu’ils tentent de représenter et d’expliquer

La sociomatérialité

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• Ex.: Le moteur de recherche Google en tant « qu’assemblage sociomatériel »

• Important de considérer sa dimension performative et politique:

• Les sites les mieux connectés (recevant le plus de liens) sont mieux représentés dans l’algorithme PageRank:

“Google’s PageRank doesn’t so much ‘search reality’ as it creates it.”(Orlikowski, 2007).

La sociomatérialité

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Bibliographie

• Bonneau, C. (2010). Conceptualiser l’articulation technologie-organisation dans une perspective communicationnelle: entretien avec Carole Groleau. COMMposite, 13(1), 66–90.

• Corradi, G., Gherardi, S., & Verzelloni, L. (2008). Ten good reasons for assuming a “practice lens” in organization studies. International Conference on Organizational Learning, Knowledge and Capabilities, 1–37.

• Fayard, A., & Weeks, J. (2007). Photocopiers and water-coolers: The affordances of informal interaction. Organization Studies, 28(5), 605–634.

• Gibson, J.J. (1986). The ecological approach to visual perception. Hillsdale, NJ: Lawrence Erlbaum Associates.

• Giddens, A. (1984). The Constitution of Society: Outline of the Theory of Structure. Berkeley, CA: University of California Press.

• Groleau, C., & Mayère, A. (2007). L’articulation technologies-organisations: des pistes pour une approche communicationnelle. Communication & Organisation, (31), 141–162.

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Bibliographie

• Leonardi, P. M., & Barley, S. R. (2008). Materiality and change: Challenges to building better theory about technology and organizing. Information and Organization, 18(3), 159–176.

• Leonardi, P. M., & Barley, S. R. (2010). What’s Under Construction Here? Social Action, Materiality, and Power in Constructivist Studies of Technology and Organizing. The academy of management annals, 4(1), 1–51.

• Norman, D. A. (1988). The psychology of everyday things. New York: Basic Books.• Orlikowski, W. J. (1992). The Duality of Technology: Rethinking the Concept of

Technology in Organizations. Organization Science, 3(3), 398–427.• Orlikowski, W. J. (2000). Using Technology and Constituting Structures: A Practice

Lens for Studying Technology in Organizations. Organization Science, 11(4), 404–428.

• Orlikowski, W. J. (2007). Sociomaterial Practices: Exploring Technology at Work. Organization Studies, 28(9), 1435–1448.

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Bibliographie

• Orlikowski, W. J., & Scott, S. V. (2008). Sociomateriality: Challenging the Separation of Technology, Work and Organization. The academy of management annals, 2(1), 433–474.

• Perrow, C. 1967. A framework for the comparative analysis of organizations. American sociological review, vol. 32, no.2, 194–208.

• Wilson, J. Q. & Kelling, G. (1982). Broken windows: The police and neighborhood safety”. Atlantic Monthly.

• Woodward, J. 1958. Management and technology. Her Majesties Stationery Office, London.

• Zammuto, R. F., Griffith, T. L., Majchrzak, A., Dougherty, D. J., & Faraj, S. (2007). Information technology and the changing fabric of organization. Organization Science, 18(5), 749–762.