Éloi LAURENT (OFCE/Sciences-po, Stanford University) eloi.laurent@sciences-po.fr ENSAPVS Paris, 28...

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Éloi LAURENT (OFCE/Sciences-po, Stanford University)

eloi.laurent@sciences-po.fr

ENSAPVS Paris, 28 mars 2012.

Quelles réponses face à nos crises écologiques ? Social-écologie et économie verte

Problématiques

Crises écologiques et approche social-écologique ; Nos crises écologiques ; Le chaînon manquant du savoir écologique ; Social-écologie : analyse et politique ;

Les instruments de la transition social-écologique ; Justice et inégalités environnementales ; L’économie verte ; Les emplois verts ; Les découplages ; Les nouveaux indicateurs de bien-être et de soutenabilité ;

Population humaine

Nombre d’humains Usage des ressources naturelles

Activités humaines

Agriculture Industries/Services Loisirs/Tourisme Commerce international

Transformation des terres

Déforestation

Forêts

Pâturage

Fertilisation

Biochimie globale

Altération du cycle du carbone

Altération du cycle de l’azote

Altération du cycle de l’eau

Pollutions chimiques

Additions et destructions

biotiques

Invasion d’espèces

Chasse

Pêche

Changement climatique

Effet de serre

Evènements climatiques extrêmes

Perte de diversité

biologique

Extinction/mise en danger des

espèces

Diminution des populations

Dégradation des écosystèmes

Dégradation des services éco-systémiques

Moindre résilience écologique

Peter Vitousek et al. 1997 : “nous contrôlons la majeure partie de la Terre et nos activités affectent le reste ; nous changeons la Terre plus vite que nous ne la comprenons.”

+ 2°-6° -30% 60%

La domination humaine sur les écosystèmes terrestres

En 1700, seuls 5% des terres de la biosphère étaient accaparés par des activités humaines intensives (agriculture, villes), 45% étaient dans un état semi-naturel et 50% totalement sauvages.

En 2000, 55% de la biosphère étaient accaparés par des activités humaines intensives, 20% étaient dans un état semi-naturel et 25% sauvages

Source : Ellis et al, “Anthropogenic transformation of the biomes, 1700 to 2000”, Global Ecology and Biogeography Volume 19, Issue 5, pages 589–606, September 2010.

Le franchissement des “limites planétaires”

Source: Rockström J et al, “A safe operating space for humanity”, Nature. 2009 Sep 24 ;461(7263):472-5.

L’accélération du temps écologique

La Terre : 4,5 milliards d’années ; La vie : 3,5 milliards d’années (origine extra-terrestre) ; Les hominidés : 7 millions d’années (mammifères /

Dinosaures disparaissent il y a 65m, autre origine extra-terrestre) ;

L’Homo Sapiens sapiens : il y a 200 000 ans ; L’agriculture et l’élevage : il y a 12 000 ans ; Invention de la machine à vapeur : 1784 (Watts) ; Intermède : 1969, découverte de la Lune/de la Terre ; Depuis deux siècles : domination humaine sur la Terre

(géologie et biologie) : entrée dans « l’Anthropocène » ; Depuis 1950 : accélération de la domination humaine...

Source: MEA, 2005.

Bien-être et soutenabilité

Sortie du « piège malthusien » -> deux phénomènes connexes =

- Prospérité inédite

- Changement environnemental sans précédent

Le chaînon manquant du savoir écologique Nos crises écologiques révèlent un paradoxe de la

connaissance et de l’action : progrès considérables des sciences de l’environnement depuis deux décennies mais travaux porteurs de nouvelles toujours plus mauvaises sur l’état des écosystèmes terrestres ;

Plus nous savons, moins nous agissons ; Plus nous prenons conscience du problème écologique et

plus celui-ci s’aggrave sous nos yeux ; Adger et al. (2010) : « La crise de l'environnement est plus

aigue, plus intransigeante et plus répandue que jamais, malgré des connaissances scientifiques plus étendues que jamais » ;

Pourquoi ?

Le chaînon manquant du savoir écologique Première hypothèse : simple effet de qualité de nos

instruments de mesure, qui nous informent bien mieux qu’avant sur l’état réel de problèmes environnementaux trop longtemps négligés ;

Deuxième hypothèse : distance entre ce que nous savons et ce que nous croyons ; Jean-Pierre Dupuy (2002) : nous ne croyons pas assez ce que désormais nous sommes censés savoir ;

Dernière hypothèse : nous ne savons pas encore tout ce que nous devrions savoir ; Nous n’avons pas assez investi dans la connaissance sociale-écologique : comment réformer les systèmes humains pour préserver les systèmes naturels ?

Comment changer les comportements et les attitudes pour rendre soutenable notre bien-être ?

Social-écologie (2011) : deux thèses du livre Analyse. Les sciences sociales et les humanités

détiennent la clé des problèmes révélés par les sciences dures ; la social-écologie se veut le « chaînon manquant » du savoir humain et une grille de lecture de notre monde socialement et écologiquement précaire ;

Politique. Les crises écologiques sont des crises sociales ; c’est en encastrant les enjeux écologiques dans les questions sociales que l’on réconciliera les citoyens avec l’écologie et que l’on évitera l’illusion de l’arbitrage environnemental-social (de CT) ; la transition social-écologique est un nouvel horizon politique pour la social-démocratie ;

Quels instruments concrets pour la transition sociale-écologique ?

1. Justice et inégalités environnementales

Justice environnementale : Etats-Unis, 1980s ; Il est inéquitable que les pouvoirs publics fassent

l'impasse sur l'environnement dans lequel vivent les individus (travail, résidence, loisirs) dès lors que celui-ci détermine en partie les facteurs affectant leur santé et plus largement leur bien-être ;

Question environnementale : nouvelle frontière de l’Etat providence ;

Différentes catégories d’inégalités environnementales (inégalités d’accès, d’exposition au risque, etc.) ; Précarité énergétique = 13% des ménages en France ; 60% des personnes exposées au risque industriel en France vivent en ZUS ;

1. Le cas des inégalités énergétiques

Source : Laurent (2011).

Taux d’effort énergétique moyen en France (part moyenne de l’énergie dans la

consommation) par quintile de revenu (Q5 = 20% les plus riches), 2006, en %

0

1

2

3

4

5

6

7

8

9

10

Q1 Q2 Q3 Q4 Q5

Transport

Logement

Précarité énergétique au Royaume-Uni, 2003-2009

L’économie verte « Rio + 20 » : on évolue de la notion de développement

soutenable, considérée comme un échec, à celle « d’économie verte » dans un contexte de crise globale ;

Trois horizons de « l’économie verte » (et non pas « croissance verte » = croissance du PIB par les secteurs verts) ;

Le premier horizon vise à développer des secteurs de l’économie qui, tout en créant de l’emploi, peuvent limiter l’impact des activités humaines sur l’environnement (climat, écosystèmes, biodiversité), autrement dit à développer les éco-industries et les « emplois verts » ;

L’économie verte Le deuxième consiste à changer les modes de

production et de consommation – à transformer les structures économiques pour en améliorer la productivité énergétique et matérielle avec en ligne de mire l’économie circulaire et l’économie de fonctionnalité, et, à terme, le découplage développement humain/impact environnemental ;

Le troisième horizon vise à modifier nos systèmes de mesure de la valeur sociale, c’est-à-dire à redéfinir la notion même de développement en insistant davantage sur sa dimension humaine (santé, éducation, solidarité, etc.).

2. Emplois verts

Source: OCDE.

Part cumulative de l'emploi (en % de l'emploi total)

Emploi et émissions de CO2 pour 27 pays de l’OCDE en 2004

Part cumulative des émissions de CO2 (en % des émissions totales issues des énergies fossiles)

3. Les découplages

Développer l’économie circulaire et fonctionnelle pour changer structurellement les modes de consommation et de production ;

Découplage économie/ressources naturelles : découplage de l’activité économique de l’usage des ressources naturelles par l’accroissement de la productivité matérielle ; distinguer découplage relatif ou absolu et découplage brut ou net ;

Découplage économie/impact environnemental : le revenu et l’emploi augmentent alors que se réduisent les dégradations environnementales ;

Source: Laurent, 2011.

3. Les découplages

4. De nouveaux indicateurs de la valeur sociale

Incitation peut-être la plus puissante pour modifier les comportements et les attitudes des citoyens : action des pouvoirs publics non pas seulement sur le prix mais sur la valeur ;

Economie comme science de la mesure de ce qui compte ;

Ce qui n’est pas mesuré n’est pas considéré ; Mesurer, c’est gouverner.

4. Quelles pistes ?

Source: Blanchet, 2011.

Références

Laurent É., 2011a, Social-écologie, Flammarion. Laurent É., 2011b, (dir.), « Economie du

développement soutenable », Revue de l’OFCE – Débats et Politiques, n°120, 2011. URL : http://www.ofce.sciences-po.fr/pdf/revue/120/revue-120.pdf

Laurent É., 2011c, « Issues in environmental justice within the European Union », Ecological Economics, Volume 70, Issue 11, 15 September 2011, Pages 1846-1853. doi:10.1016/j.ecolecon. 2011.06.025

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