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PETITE HISTOIRE DES LANTERNES MAGIQUES
L'invention de la lanterne magique remonte au milieu du XVIIe
siècle, il y a plus de trois cent cinquante ans. Le premier à
mentionner cette machine est le jésuite*
allemand Athanase Kircher, un homme de
sciences comme il en existait alors, qui a
étudié et écrit des livres sur la lumière, le
son, les hiéroglyphes... Mais, telle qu'il la
dessine, sa lanterne ne peut marcher et on
doute qu'il en ait jamais vu !
Allons allons, qu'est-ce qui ne va pas dans
cette façon de représenter une projection de
lanterne magique ? 9
8 Christian Huygens, un astronome hollandais, est
sans doute le vrai inventeur de la lanterne magique. Lui
seul a pu la doter d'un système optique* perfectionné,
comme il savait les fabriquer, pour explorer les étoiles
et les planètes à l'aide de sa longue-vue.
Très vite, la lanterne magique connaît un
grand succès. D’abord réservée à la
cour des rois, elle devient de plus
en plus populaire. Des colporteurs 9
souvent des Savoyards, vont dans les
villes et les villages montrer les images des lanternes et
faire leur boniment*.
7 Au XIXe siècle, les projections se font plutôt dans les
écoles ou bien chez soi. La lanterne magique sert à montrer
toutes sortes d’images, pour rire, pour avoir peur ou pour
apprendre. . .
Christian Huygens, un astronome hollandais, est
3
4
La source de lumière (d'abord une bougie, puis au XIXe siècle une
lampe à huile, enfin depuis le XXe siècle une ampoule électrique)
(1) est dirigée vers le système optique grâce au miroir (2) placé
derrière elle. Là elle se ''condense'' (elle devient plus forte et précise)
grâce à une première lentille qu'on appelle le condensateur (3).
Elle traverse ensuite une plaque de verre (4) où se trouve l'image
à projeter (la plaque a été auparavant glissée dans le passe-vue).
La lumière transporte ensuite cette image vers l'objectif (5) qui
contient d'autres lentilles (l'un d'elles sert à faire le point*, l'autre à
agrandir l'image) et la projette sur un grand écran. La cheminée (6)
sert à laisser s'échapper la fumée de la source de lumière.
UNE LANTERNE, COMMENT CA MARCHE ?
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6
4
1
3
2
La lanterne magique est une machine de précinéma qui sert à
projeter des images sur un écran. Dans la lanterne on trouve :
1 - une source de lumière
2 - un miroir creux
3 - un condensateur*
4 - un passe-vue*
5 - un objectif* fait de plusieurs lentilles*
6 - une cheminée
5
Les lanternes magiques ne sont pas toutes les mêmes : il y en
de très grandes pour les projections devant un large public et
de plus petites, aux formes parfois très drôles, pour projeter
dans sa chambre… Elles sont en général en tôle, mais
peuvent être faites aussi de bois, principalement d'acajou.
Les plaques de lanterne magique des XVIIe et XVIIIe siècles sont
peintes à la main, elles seront au XIXe et XXe siècles imprimées
par des procédés mécaniques. Il arrive aussi que ce soient des
plaques photographiques, en noir et blanc ou en couleur. De
nombreuses plaques sont animées grâce à des rouages à
manivelle, des tirettes, des caches. . . On peut faire bou-
ger des personnages, des objets, les faire apparaître ou
disparaître (dès que le chat pointe son nez, les souris
déguerpissent !), faire tomber la pluie, faire tourner les
planètes... On peut aussi créer des
effets lumineux, passer du jour à la
nuit à l'aide d'un fondu enchaîné*
entre deux plaques, ou faire glis-
ser les images sur le passe-vue.
Tous ces effets se retrouveront
plus tard dans le cinéma.
nombreuses plaques sont animées grâce à des rouages à
DES LANTERNES ET DES PLAQUES À FOISON
6
DES IMAGES POUR FAIRE PEUR : LES FANTASMAGORIES
À la fin du XVIIIe siècle, Étienne-Gaspard Robertson réalise des
spectacles de lanterne magique à en faire pâlir plus d'un : il
projette des images de fantômes, de monstres ou de squelettes sur
un écran derrière lequel il cache sa lanterne. Fixée sur un chariot
qui roule sur des rails, elle recule ou s'approche de l'écran, ce qui
fait que l'image grandit ou rapetisse.
De l'autre côté de l'écran, les spectateurs ont l'impression que le fantôme s'avance dangereusement, ou que les morts s'en vont à tout jamais.
7
DES IMAGES POUR S'AMUSER
Plus tard, les lanternes-jouet ont servi aux enfants pour se
raconter des histoires. On trouve de nombreux contes illustrés de
différentes façons, c'est amusant de les comparer, comme ces trois
versions du Petit Chaperon rouge :
DES IMAGES POUR S'AMUSER
8
Ou bien encore ce Chat botté, en petites plaques carrées 7
DES IMAGES POUR DÉCOUVRIR LE MONDE
Ce ne sont pas uniquement les bonimenteurs
ou les enfants qui projettent les images
des lanternes magiques : il y a aussi
des savants qui font part de leurs
découvertes, des explorateurs qui
racontent leurs voyages à l'autre
bout de la terre, des professeurs qui
trouvent là un moyen plus amusant
d'enseigner l'histoire, la géographie,
l'astronomie, le catéchisme ou les
sciences naturelles. . .
Et ici, en longues plaques, pour faire des panoramiques*.
On peut montrer d'abord les lapins, puis la ficelle... puis le chat ! 7
8 Quelle merveille que de pouvoir faire tour-
ner les planètes pour expliquer le système
solaire !
Ou de montrer sur un
écran, agrandies mille
et mille fois, de drôles
de petites bêtes ! Ce
sont parfois de vrais
insectes qui sont glissés
entre deux plaques de
verre. 9
Et de faire voyager, avec ces magnifiques images peintes de pays
alors si inconnus, et si lointains ! 7
9
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* BONIMENT : tout ce qui est raconté par une personne, le bonimen-
teur, au cours d'un spectacle, afin de le rendre plus vivant. Le bonimen-
teur donne un rythme, interpelle le public, s'extasie, raconte des his-
toires drôles, donne le frisson aussi parfois. . .
* CONDENSATEUR : c'est l'ensemble de lentilles (deux ou trois) où
sont concentrés, juste avant de passer par l'objectif, les rayons de la
source de lumière. Grâce au condensateur, la lumière est plus forte et
l'image paraît plus lumineuse.
* FONDU ENCHAÎNÉ : c'est l'enchaînement de
deux images de manière douce, progressive. Si
l’on dispose de deux lanternes, on diminue
l'intensité lumineuse qui passe à travers une
plaque de lanterne magique (1) en même temps
qu'on augmente celle d'une autre (2), projetée au
même endroit. On peut ainsi, par exemple, faire
de très beaux fondus enchaînés entre le jour et la
nuit, ou l’été et l’hiver 9
* JÉSUITE : c'est une personne qui appartient à
un ordre religieux catholique, la Compagnie de
Jésus. Les jésuites étaient très instruits, aussi se
sont-ils spécialisés dans l'enseignement. Ils ont
parcouru le monde entier, souvent avec des lan-
ternes magiques, pour enseigner leur religion et
leurs connaissances.
* LENTILLES : petits disques de verre poli.
* OBJECTIF : c'est l'ensemble de lentilles qui
permet de rendre l'image nette : en tournant l'ob-
jectif on éloigne plus ou moins les lentilles qui le
composent. On dit qu'on fait la « mise au point ».
LEXIQUE
1 + 2
2
1
* PANORAMIQUE : on dit qu'une image est panoramique quand elle
est très longue, comme un serpent. Faire un panoramique avec une
plaque de lanterne magique veut dire la faire glisser lentement dans le
passe-vue pour faire apparaître peu à peu ce qu'elle contient.
* PASSE-VUE : c'est là où
l'on glisse la plaque de verre
(attention, toujours à l'envers !)
pour la projeter. 9
* PRÉCINÉMA : le cinéma
n'est pas né en un jour, ni
même en une année, ni même
en un siècle ! Il y a eu, avant
sa naissance officielle (1895),
beaucoup d'inventions, de
machines, de dispositifs et de jouets d'optique qui ont permis sa création.
C’est cette période de recherches et de découvertes que l’on appelle pré-
cinéma.
* SYSTÈME OPTIQUE : c'est l'ensemble objectif + condensateur. Sans
un système optique, on ne peut pas projeter des images : si l'on met juste
une source de lumière derrière une plaque, même dans la lanterne, on ne
voit qu'une trace de lumière colorée, toute diffuse.
11
8 Un jésuite enseigne l'astronomie à ses élèves grâce à une lanterne magique.
LANTERNES MAGIQUES Toute l'histoire des lanternes magiques racontée pour les
5-7 ans, dans ce livre rempli d'illustrations et de drôles
d'histoires. Un petit livre incontournable et plein de ma-
gie !
Actes Sud / Cinémathèque française, 2009, 48 p.
LANTERNE MAGIQUE ET FILM PEINT - 400 ans de cinéma Pour les plus grands, le catalogue de l'exposition
qui s'est tenue en 2009 à la Cinémathèque fran-
çaise permet d'approfondir sérieusement la ques-
tion. Illustré par 500 documents (plaques de verre,
lanternes, films peints, affiches) ce très beau livre
retrace toute l'histoire des lanternes magiques à
travers les thématiques de la vie quotidienne, des voyages, des contes et
légendes, de la religion, des sciences et des fantômes. . . Cinémathèque
française / La Martinière, 2009, 336 p.
… ET SUR INTERNET :
9 voir la très belle collection de plaques de lanternes magiques de la Ciné-
mathèque française sur le site laterlaternamagica.fr
travers les thématiques de la vie quotidienne, des voyages, des contes et
BIBLIOGRAPHIE SÉLECTIVE :
Dossier réalisé en 2012 © Cinémathèque Robert-Lynen
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