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Économie & prévision

La durée des contrats interentreprises : une analyse empiriqueStéphane Saussier

RésuméLa durée des contrats interentreprises : une analyse empirique par Stéphane SaussierDans cet article, nous étudions la durée des contrats interentreprises en nous plaçant dans le cadre de la théorie des coûts detransaction. Après avoir explicité l'arbitrage à l'uvre dans le choix de la durée des contrats, nous avançons un ensemble depropositions. Nous effectuons un test économétrique sur une base de données non tronquée représentant l'ensemble desrelations contractuelles d' une grande entreprise française avec ses fournisseurs sur la période 1 980- 1 995 . Les résultatsconfortent la théorie des coûts de transaction.

AbstractThe Length of Intercorporate Contracts: An Empirical Analysis by Stéphane SaussierThis paper studies the length of intercorporate contracts based on transaction cost theory. We first describe the trade-off in thechoice of contract length and then put forward a set of proposals. We make an econometric test on a complete data baserepresenting the full range of a large French corporation's contractual relations with its suppliers over the 1980-1995 period. Ourfindings are in line with transaction cost theory.

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Saussier Stéphane. La durée des contrats interentreprises : une analyse empirique. In: Économie & prévision, n°135, 1998-4.

pp. 137-146;

doi : 10.3406/ecop.1998.5930

http://www.persee.fr/doc/ecop_0249-4744_1998_num_135_4_5930

Document généré le 17/06/2016

La durée

des contrats

interentreprises

une analyse

empirique

Stéphane Saussier(*}

Le problème de la coordination des agents est central lorsqu'on abandonne l'hypothèse d'un commissaire-priseur centralisant les offres et les demandes et assurant la compatibilité des plans des agents en annonçant les prix d'équilibres. On peut appréhender ce problème sous différents angles d'attaque en privilégiant les conventions, les institutions, les contrats ou plusieurs de ces éléments. Parmi ceux qui privilégient une approche en termes de contrats, différents courants théoriques coexistent, avec pour base des hypothèses différentes sur les agents et l'environnement auquel ils font face (Hart-Holmstrom, 1987 ; Brousseau, 1993).

Dans cet article, nous nous plaçons dans le cadre de la théorie des coûts de transaction. Les propositions de cet axe théorique ont donné lieu à un nombre croissant d'études empiriques (cf. Wiggins, 1991 ; Klein et Shelanski, 1995 ; Crocker et Masten, 1996). Elles se sont concentrées principalement sur la question du "make or buy" (Coeurderoy et Quélin, 1997). Peu d'entre elles se sont intéressé aux formes contractuelles observées dans les relations interfirmes. Encore moins ont pour base un échantillon de contrats pouvant donner lieu à des tests économétriques des propositions de la théorie. Aucune, à notre connaissance, ne s'intéresse à une entreprise française avec une base de données de contrats non tronquée.

L'objet de ce papier est d'étudier dans quelle mesure la théorie des coûts de transaction permet de comprendre la diversité de la durée des arrangements contractuels inter firmes. Notre objectif est de mettre à jour les propositions de la théorie et de les mettre à l'épreuve en effectuant un test économétrique sur une base de données de contrats.

(*) ADIS - Université de Paris XI et Atom, Université de Paris I.

Ce travail a été en partie réalisé lors d'une visite à l'Université du Michigan, où S.E. Masten a beaucoup aidé à son amélioration. Nous remercions pour leurs précieux commentaires E. Brousseau, F. Gardes, P. Gaubert, F. Lotter, C. Ménard, D. Phan, P.-Y. Savidan et O. E. Williamson ainsi que tous les membres du séminaire Atom, du séminaire ENSTB et des journées de l'AFSE des 25 et 26 avril 1996 à Caen où une version antérieure de cet article a été présentée. L'auteur a une dette particulière envers J.-M. Glachant pour son aide indispensable dans la réalisation de l'enquête de terrain nécessaire à cette étude. L'auteur tient à remercier le conseil scientifique de l'Université de Paris-I pour son aide financière dans la constitution de la base de données de contrats nécessaire pour cette étude.

Dans un premier temps, nous avançons des propositions réfutables quant à la durée des contrats choisis par les agents. Puis nous mettons à l'épreuve ces propositions en les testant sur une base de données de 63 contrats, concernant les approvisionnements d'une grande entreprise française sur la période 1980-1995. Nous présentons les relations entre ABC(1) et ses fournisseurs avant de tester les propositions de la théorie. Les conclusions suivent.

Économie et Prévision n° 135 1998-4

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Les principes d'économie des coûts de transaction

La théorie des coûts de transaction (ci-après TCT) est basée sur les hypothèses comportementales de rationalité limitée et d'opportunisme. Ces hypothèses lui permettent de situer la source des coûts repérés par Coase (Coase, 1937) dans les caractéristiques de la transaction et d'avancer des propositions réfutables sur le choix des modes de coordination des agents. Les caractéristiques retenues par la TCT sont au nombre de trois : la fréquence de la transaction, le degré de spécificité des actifs avancés pour réaliser la transaction et le niveau d'incertitude et de complexité entourant la transaction(2) (Williamson, 1985). Toutes les propositions de la TCT se basent sur ces caractéristiques et plus particulièrement sur les deux dernières(3). Un des enjeux de cet article est de démontrer qu'il est possible de trouver des variables appréciant ces caractéristiques et permettant ainsi de tester économétriquement les propositions de la théorie.

Actifs spécifiques, quasi-rente et dépendance bilatérale

La nécessité pour réaliser une transaction de mettre en place des actifs spécifiques, c'est-à-dire des actifs non redéployables sans coût, génère une relation de dépendance bilatérale entre les agents. Le degré de spécificité des actifs est en fait un indicateur de dépendance : "Although asset specificity can take a variety of forms, the common consequence is this: a condition of bilateral dependency builds up as asset specificity deepens" (Williamson, 1991b, page 282). La spécificité des actifs à l'origine de cette dépendance peut prendre au moins six formes différentes. Le caractère non redéployable des investissements peut provenir de leur localisation (spécificité de site), de leurs caractéristiques physiques (spécificité physique), de la taille du marché (spécificité dédiée), de connaissances spécialisées nécessaires à la transaction (spécificité humaine), de leur identification à une marque (spécificité de^ marque) ou du besoin de synchronisation qu'ils nécessitent (spécificité temporelle).

Du fait des problèmes contractuels qu'ils entraînent, le développement de tels actifs n'est jamais désiré pour lui-même, mais parce qu'il permet des économies de coûts de production ou une augmentation de la demande par une différenciation des produits (cf. Williamson, 1993, pages 20-21 ; Riordan et Williamson, 1985, pour une présentation plus formalisée). Le développement d'actifs spécifiques génère donc une quasi-rente, c'est-à-dire un revenu dont ne pourrait profiter les contractants s'ils décidaient d'utiliser leurs actifs d'une autre manière ou avec un autre partenaire

(Klein et alii, 1978). Mais, une fois qu'un investissement spécifique durable est effectué, acheteurs et vendeurs se retrouvent liés à cause des coûts qu'entraînerait la rupture de la relation du fait de la non redéployabilité complète des investissements qui la supportent. Dès lors, les transactions ne peuvent plus s'effectuer au travers de marchés où acheteurs et vendeurs anonymes se rencontreraient un instant pour échanger des biens standardisés à des prix d'équilibres. La quasi-rente générée entraîne qu'une relation basée sur des négociations contractuelles répétées n'est pas attractive pour les agents(4), parce que le marché ne peut pas jouer son rôle de sanction des comportements déviants. Les parties ne sont plus dans une relation de marché mais dans une relation de dépendance bilatérale. Le risque de se voir victime de comportements opportunistes au moment de la renégociation du contrat, chacun cherchant à accaparer la plus grande partie de la quasi-rente est donc important. C'est pourquoi il devient intéressant pour les agents de réaliser la transaction au sein d'une structure de gouvernance(5) permettant le pilotage de relations de long terme.

Étant donné que le développement d'actifs spécifiques valorise la continuité de la relation (existence d'une quasi-rente), la durée des relations interentreprises est positivement affectée par le développement d'actifs spécifiques(6). La relation contractuelle entre les parties sera potentiellement intéressante pendant une durée égale à la durée de vie des actifs spécifiques développés pour la réalisation de la transaction.

Cependant, si les deux parties ont un intérêt à une relation de long terme pour bénéficier de la quasi-rente tant qu'elle existe, une relation de long terme peut ne pas se baser sur un contrat de long terme, mais sur une suite de contrats de court terme même si comme nous venons de le voir, cela pose des problèmes de comportements opportunistes. Selon la théorie des coûts de transaction, c'est le fait que la transaction qu'encadre le contrat soit incertaine ou non qui décidera les agents à structurer leur relation de long terme avec une suite de contrats de plus ou moins long terme.

L'incertitude entourant la transaction

Plus le niveau d'incertitude entourant la transaction est élevé, plus grand est le risque que les termes d'un accord initial choisi par les agents soient inadaptés. Ce risque de maladaptation sera d'autant plus important que la transaction prendra place dans un contrat de long terme, forcément incomplet(7).

Le niveau d'incertitude entourant la transaction est certainement la caractéristique de la transaction la moins explicitée dans l'analyse transactionnelle. Dans ses premiers écrits sur le sujet, Williamson parle de niveau d'incertitude et de complexité entourant la transaction (Williamson, 1975). Dans

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son ouvrage de 1985, l'incertitude qui entoure les transactions (Williamson, 1985, pp. 49-79) provient de deux sources différentes : - de l'incertitude comportementale" qui est identifiée à l'opportunisme des agents, appelée aussi "incertitude stratégique", - des "perturbations exogènes", non prévues par les contractants.

Les perturbations exogènes et leurs effets sont affinés par Williamson 1991a) qui distingue les perturbations exogènes : - inconséquentes : qui ne demandent pas d'adaptation de la relation, car celle-ci coûterait plus cher que le gain que les contractants en retireraient, - conséquentes : qui demandent une adaptation des relations, - très conséquentes : qui demandent une adaptation très forte des relations.

Plus les perturbations conséquentes et très conséquentes sont fréquentes, plus les adaptations à répétition qu'elles demandent sont coûteuses. Les contrats de long terme sont particulièrement fragilisés par ce genre de perturbation du fait que les adaptations nécessaires qui en découlent ne peuvent être réalisées unilatéralement (comme au travers du marché où les parties sont totalement autonomes ou de la hiérarchie où la coordination peut se faire au travers du commandement), mais requièrent un consentement mutuel. Ce consentement mutuel, qui passe par la négociation, prend du temps. À chaque négociation, les agents s'exposent aux risques d'opportunisme de leur partenaire. Si les perturbations sont fréquentes, avant même que les agents aient eu le temps de décider des adaptations nécessaires à la poursuite de la relation, une. autre perturbation peut venir toucher la transaction. Si les perturbations sont profondes, trouver un accord sera d'autant plus difficile. Les coûts de maladaptation des contrats sont alors élevés.

Peut-on en tirer des conclusions quant à l'effet du niveau d'incertitude sur la durée des contrats passés par les agents ? Si l'on raisonne à niveau de spécificité des actifs donné, l'augmentation du niveau d'incertitude favorise la probabilité qu'une relation de long terme impliquée par un niveau de spécificité des actifs élevé se réalise dans une suite de contrats de court terme. Ce choix s'explique alors en termes d'économie des coûts de maladaptation des contrats : des contrats de plus court terme seront choisis lorsque les coûts de négociations répétés de tels contrats n'excéderont pas les coûts de maladaptation de contrats de plus long terme. Deux transactions impliquant le même degré de spécificité

des actifs peuvent donc être encadrées par des contrats de durées différentes(8).

La mise au point d'un contrat de long terme, si elle permet de sécuriser la partie qui avance les actifs spécifiques quant à un risque d'expropriation lors de renégociations répétées, ne sécurise pas les parties quant aux coûts dus à la maladaptation du contrat, c'est-à-dire quant aux coûts dus à ses capacités d'adaptation limitées (Williamson, 1991b). Tout contrat de long terme étant inévitablement incomplet, plus il y aura d'incertitude liée à la transaction, plus il y a de chance pour les parties qu'elles se retrouvent "bloquées" dans un mauvais contrat ou qu'elles aient à en supporter les coûts de rupture.

À partir du cadre théorique fourni par la TCT, on peut donc s'attendre à ce que la durée d'un contrat soit positivement affectée par le montant des investissements spécifiques avancés pour réaliser la transaction concernée par le contrat et négativement affectée par l'incertitude qui caractérise la transaction.

Pour tester ces propositions, il nous faut donc estimer une équation de la forme :

DUREE ) = aSPEt + p/iVC,. + e,.

avec

DUREE i : la durée du ième contrat

SPEt : le montant des investissements spécifiques pour réaliser la ieme transaction

: l'incertitude entourant la réalisation de la ieme transaction

Afin de mettre à l'épreuve cette représentation du choix de la durée des contrats, représentation dérivée de la grille de lecture transactionnelle que nous avons adoptée, nous disposons d'une base de données de contrats passés entre ABC et ses fournisseurs.

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Une application empirique : les contrats d'approvisionnement d'ABC

Pour effectuer un test sur le choix de la durée des contrats interfirmes, il nous a fallu construire notre propre base de données(9). Notre échantillon est constitué par 63 contrats qui portent sur le déchargement et le transport de marchandises pour le compte d'ABC. Notre échantillon est exhaustif. Il comprend tous les contrats signés par ABC sur la période (1980-1995) lesquels sont hétérogènes du point de vue de leur durée. Celle-ci varie d'un mois à cent vingts mois. Cette hétérogénéité nous autorise donc à mettre à l'épreuve les propositions de l'analyse transactionnelle quant à la durée des contrats.

L'hétérogénéité de la durée des contrats de notre base de données devrait être accompagnée d'une hétérogénéité du degré des investissements spécifiques avancés par ABC et ses fournisseurs. Cependant, même si les contrats d'ABC sont rédigés de manière précise, de telle façon que le montant des investissements nécessaires à la réalisation du contrat y est indiqué et les investissements décrits, les informations disponibles dans les contrats s'avèrent bien souvent insuffisantes pour répondre correctement aux questions qui nous intéressent ici. Les investissements sont bien mentionnés, mais comment connaître le degré de spécificité de ceux-ci (i.e. leur degré de redéployabilité) ? Afin d'obtenir l'information nécessaire pour vérifier les propositions dérivées de la théorie des coûts de transaction, nous avons effectué une enquête de terrain. Nous avons interrogé au cours d'entretiens semi-directifs les personnes en charge de la négociation et du suivi des contrats à ABC. De plus, nous avons eu accès à une quantité importante de documents internes au service en charge des contrats à ABC.

Les actifs spécifiques en jeu

Les actifs spécifiques physiques ABC a investi, pour certaines de ses usines, dans des moyens de déchargement modernes de sa marchandise, lui permettant des gains de temps importants mais obligeant les fournisseurs à investir dans des modes de transport adéquats. Les modes de transport des marchandises doivent alors avoir une forme particulière permettant aux moyens de déchargement d'ABC de se fixer sur eux. Cette forme particulière ne présente pas d'intérêt pour d'autres clients qu'ABC. Ils sont difficilement redéployables sans perte de valeur, à cause de leur forme particulière et du fait qu'ils sont difficilement transportables. Lorsque l'on interroge les personnes en charge des contrats à ABC, ils notent cette non redéployabilité sur une échelle de Likert à 4 (la réponse allant de 1 à 5). Les modes de transport desservant les autres usines sont standards. Ils

peuvent servir à autre chose qu'au transport de marchandise ABC. Les investissements effectués dans des moyens de transport desservant les usines ABC équipées de moyens de déchargement modernes sont donc des investissements pour grande partie non redéployables. Ils constituent des actifs spécifiques physiques qui donnent lieu à création de quasi-rente. Pour apprécier la spécificité physique des investissements effectués pour répondre à la demande d'ABC, nous avons retenu la variable CAPA, égale aux capacités de transport en m3 créées pour répondre à un contrat d'ABC par son fournisseur. Lorsque le fournisseur en question ne livre pas dans une usine équipée de moyens de déchargement modernes nécessitant des moyens de transport spécifiques à ABC, la variable CAPA prend la valeur 0.

Proposition 1 : La durée des contrats est d'autant plus grande que des actifs spécifiques physiques sont impliqués dans la transaction, toutes choses égales par ailleurs : la variable CAPA devrait donc avoir un effet positif sur la durée des contrats observés.

Les actifs spécifiques de site

Certains contrats sont conditionnels à la création de l'activité, à des fins d'économie de transport (par rapport aux moyens de transport alternatifs). La réalisation de tels contrats nécessite que des investissements de site soient en jeu. Ceux-ci prennent la forme d'investissements dans des moyens et des aires de déchargement, peu redéployables à cause de leur localisation géographique et du nombre limité de transporteurs potentiels pour ABC.

Pour rendre compte des investissements spécifiques de site impliqués dans la transaction, nous aurions pu prendre les montants des investissements nécessaires à la création de l'activité considérée. Ceux-ci sont clairement indiqués dans le contrat. Toutefois, les contrats n'étant pas tous signés à la même date, il est utile de chercher à actualiser les différents montants ainsi repérés. Afin d'éviter un biais de cette nature, nous avons construit l'indicateur SITECA, défini comme le montant des travaux effectués par le fournisseur pour le compte d'ABC afin de répondre aux besoins du contrat, divisé par le nombre de tonnes annuelles garanties en francs. La durée de vie des investissements spécifiques est ainsi prise en compte, avec l'hypothèse que celle-ci est d'autant plus courte que leur utilisation sur l'année est forte.

Proposition 2 : La durée des contrats est d'autant plus grande que des actifs spécifiques de site sont impliqués dans la transaction, toutes choses égales par ailleurs : la variable SITECA devrait donc avoir un effet positif sur la durée des contrats observés.

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Les actifs dédiés

II nous a été possible de connaître la part du chiffre d'affaires induit par ABC dans le chiffre d'affaires total des fournisseurs. Il nous est ainsi apparu que sur certaines "lignes" de transport, ABC était le client le plus important de ses fournisseurs. Pour les transporteurs spécialisés sur ces lignes on peut donc s'attendre à ce que la réalisation des transactions implique le développement d'actifs spécifiques dédiés, c'est-à-dire d'actifs à caractère général mais non redéployables du fait de la taille du marché.

Cependant, les contrats d' ABC ne font pas référence aux actifs dédiés développés par leurs fournisseurs. Les capacités non spécifiques développées pour répondre à la demande d' ABC et qui ne trouveraient pas preneur en cas de défaillance de sa part nous sont inconnues. Pour les apprécier il nous faut donc trouver une variable proxy, reflétant au mieux les actifs dédiés développés. Comme Joskow l'a justement fait remarquer (Joskow, 1987, page 172), la notion d'actif dédié implique que l'importance de ce facteur dans la détermination de la durée des contrats varie avec les quantités contractualisées, toutes choses égales par ailleurs. Plus le contrat porte sur des quantités annuelles élevées, plus il est probable que le fournisseur impliqué dans la transaction ait du mal à redéployer ses actifs vers d'autres clients. Nous avons donc créé une variable QUANTITES correspondant aux quantités mensuelles contractualisées.

Proposition 3 : La durée des contrats est d'autant plus importante que les quantités annuelles sur lesquelles porte le contrat sont élevées, toutes choses égales par ailleurs : la variable QUANTITES devrait avoir un effet positif sur la durée des contrats observés.

Les actifs humains

Les entretiens que nous avons eu avec les personnes en charge des contrats à ABC nous permettent de mettre en évidence la présence d'actifs spécifiques humains. Les connaissances nécessaires au transport de marchandise ABC sont difficiles à acquérir et nécessitent de long mois d'apprentissage (entre 18 et 60 mois). Cependant, ces actifs humains ne sont spécifiques que dans la mesure où ils ne sont pas redéployables. Or, leur degré de redeploy abilité dépend beaucoup de l'état du marché.

Après 1992, l'état du marché est tel que les actifs humains impliqués dans les contrats deviennent de plus en plus spécifiques. Ceux qui transportent et déchargent la marchandise d'ABC ne peuvent plus redéployer leurs connaissances vers d'autres clients du fait de la prépondérance d'ABC dans leur chiffre d'affaires et de la baisse d'activité dans le secteur des transports. Aussi, pour prendre en compte ce phénomène, nous avons créé la variable

dichotomique DUMMY92, qui prend la valeur 1 si le contrat est signé après 1992, 0 sinon.

Proposition 4 : La durée des contrats est d'autant plus importante que le contrat est signé après 1992, toutes choses égales par ailleurs : la variable DUMMY92 devrait avoir un effet positif sur la durée des contrats observés.

Il ne nous a pas été possible de déceler la présence d'autres actifs spécifiques et notamment d'actifs de marque, même compris au sens large d'effet de réputation. Tous les fournisseurs d'ABC se trouvent de ce point de vue, sur un pied d'égalité.

La complexité de la transaction

Le déchargement et le transport de la marchandise d'ABC ne constituent pas, aux dires même des personnes en charge de négocier les contrats, des transactions difficiles à spécifier. Quel que soit le mode de transport ou de déchargement, les cadences, les délais, les quantités sont facilement spécifiables par les contractants. On ne se trouve pas là en présence d'une transaction qui doit évoluer dans le temps, comme par exemple la mise au point d'un nouveau programme informatique de gestion, dont les caractéristiques intrinsèques sont difficilement spécifiables ex ante. Il semble donc raisonnable de considérer que la durée des contrats d'ABC n' est pas affectée par la complexité des transactions qu'ils encadrent, ou du moins, qu'elle ne doive pas être un facteur nous permettant de discriminer les contrats entre eux.

Malgré cela, les transactions d'ABC peuvent être soumises à des incertitudes qui n'émanent pas des caractéristiques physiques de la transaction considérée mais plutôt des caractéristiques de son environnement.

L'incertitude entourant les transactions

Si les contrats sur lesquels porte notre étude semblent intéressants du fait de leur hétérogénéité qui se prête à une vérification empirique, la période sur laquelle porte notre étude (1980-1995) est aussi particulièrement intéressante du fait de son hétérogénéité par rapport aux perturbations exogènes touchant la transaction. Cette période peut être scindée en deux sous-périodes distinctes : - la période 1980-1986 est une période de décroissance de la demande pour ABC qui se traduit par une décroissance planifiée des quantités déchargées et transportées vers les usines ABC. Il faut noter que cette décroissance est dépendante d'une activité concurrente qui vise, à plus ou moins long terme (le projet concurrent étant complexe, sa réussite n'est pas assurée avec des échéances précises), à la disparition des besoins pour ABC en marchandises. Du coup, les perturbations sont plus fréquentes et profondes qu'auparavant sans pour autant atteindre des niveaux élevés ;

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- la période 1987-1995 est une période de fluctuations imprévues de la demande pour ABC se traduisant par des quantités déchargées et transportées très changeantes et très peu prévisibles par les parties contractantes. Ces fluctuations sont le fait des acoups du projet concurrent alternatif mentionné ci-dessus, ces acoups n'étant pas prévisibles pour ABC.

La période 1987-1995 est caractérisée par une forte incertitude concernant les quantités à approvisionner pour ABC. Cette incertitude est le résultat de perturbations exogènes plus fréquentes et plus profondes que pour la période précédente. Afin de prendre en compte ce changement dans la période étudiée, nous avons créé une variable dichotomique, DUMMY&7, prenant la valeur 1 si le contrat est signé pendant la période 1987-1995. Ainsi nous espérons repérer les changements dans la durée choisie des contrats d' ABC dus à l'irruption de ces perturbations exogènes répétées et profondes.

Proposition 5 : La durée des contrats est plus faible lorsque la transaction est confrontée à des perturbations exogènes fréquentes et /ou profondes, toutes choses égales par ailleurs : la variable DUMMY87 devrait donc avoir un effet négatif sur la durée des contrats observés.

Les états d'urgence

Certains contrats sont signés en pleine période de crise, durant lesquelles les prévisions faites en interne par ABC concernant ses besoins sont complètement obsolètes. Pour déceler les implications de ces perturbations sur les décisions prises en matière de durée des relations contractuelles, nous avons créé deux variables dichotomiques, DECHAUSSE et DECBAISSE, prenant la valeur 1 si le contrat étudié est signé pendant une période de décrochement à la hausse (DECHAUSSE) ou de décrochement à la baisse (DECBAISSE) des approvisionnements par rapport aux prévisions faites en interne (que nous avons pu nous procurer)(10). Nous pensons que lorsque le contrat est signé dans une période de décrochement des approvisionnements par rapport aux prévisions, que ce soit à la hausse ou à la baisse, le niveau d'incertitude entourant la transaction doit être considéré comme plus fort que lorsque le contrat est signé dans une période sans décrochement. Ainsi ces deux variables doivent être considérées comme complémentaires à la variable DUMMYS1.

Proposition 6 : La durée des contrats est plus faible lorsque le contrat est signé en période d'instabilité, toutes choses égales par ailleurs : les variables DECHAUSSE et DECBAISSE devraient avoir un effet négatif sur la durée des contrats.

Les résultats

Les résultats attendus Les résultats attendus sont résumés dans le tableau 1.

L'estimation de la durée des contrats ABC

Le test de Ramsey de spécification et le test de Cook-Weisberg d'hétéroscédasticité des erreurs donnent de bons résultats(11).

Afin de contrôler le risque de simultanéité de la variable QUANTITES avec la variable DUREE (ces deux variables étant des clauses contractuelles, la durée du contrat peut tout aussi bien déterminer la quantité choisie que l'inverse) nous avons effectué un test d'Haussman, lequel confirme le statut de variable exogène de la variable QUANTITES^12' 13).

Discussion des résultats Les propositions avancées à partir de la grille de lecture de la TCT sont dans une large mesure confirmées.

Les différents types de spécificité des actifs à l'œuvre dans la relation entre ABC et ses fournisseurs influencent de manière significative la durée des contrats choisie. La première estimation de la durée des contrats d'ABC, DUREE{\), confirme le rôle majeur joué par la spécificité des actifs dans la détermination de la durée des contrats. Plus le contrat porte sur des quantités élevées, plus il implique des investissements dans des moyens de transport ou des investissements lourds non redéployables, plus il implique le développement de connaissances spécifiques à la réalisation du contrat et plus le contrat signé sera un contrat de long terme. Les propositions 1 à 4 sont donc confirmées par les résultats du test économétrique. La constante nous indique quant à elle que la durée moyenne des contrats passés par ABC quand la transaction n'implique pas d'actifs spécifiques est d'environ 8 mois.

Lorsque l'on incorpore DUMMY87 dans l'équation (DUREE(2)), l'effet est comme prévu négatif. Le fait que le contrat soit signé pendant la période 1987-1995 réduit d'environ 10 mois sa durée par rapport à la période 1980-1986 qui est moins incertaine. Ce résultat confirme notre proposition 5. La constante nous indique que la durée moyenne des contrats n'impliquant pas de spécificité des actifs est d'environ 16 mois sur la période 1980-1986. Elle est d'environ 6 mois sur la période 1987-1995.

L'estimation DUREE(3) incorpore DECHAUSSE et DECBAISSE. L'effet de ces deux variables sur la durée des contrats est négatif, comme prévu. Lorsqu'il y a un décrochement à la hausse, ABC a

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Tableau 1 :

SITECA CAPA QUANTITES DUMMY92 DUMMY87 DECHAUSSE

DECBAISSE

Dépenses de site en francs/chiffre d'affaires annuel généré par le contrat Capacités de transport en milliers de m3 crées pour répondre au contrat Quantités mensuelles contractualisées en milliers de tonnes Variable indicatrice prenant la valuer 1 si le contrat est signé entre 1992-1995 Variable indicatrice prenant la valuer 1 si le contrat est signé entre 1987-1995 Variable indicatrice prenant la valeur 1 si le contrat est signé pendant une période de décrochement à la hausse des approvisionnements par rapport aux prévisions Variable indicatrice prenant la valeur 1 si le contrat est signé pendant une période de décrochement à la baisse des approvisionnements par rapport aux prévisions

+ + + + -

-

-

Tableau 2 : matrice de corrélation des variables

DUREE SITECA CAPA QUANTITES DUMMY87 DUMMY92 DECHAUSSE DECBAISSE

DUREE 1

0,76 0,7 0,68 -0,18 0,48 -0,22 0,54

SITECA

1 0,26 0,62 -0,17 0,22 -0,08 0,28

CAPA

1 0,28

-0,01 0,34

-0,08 0,41

QUANTITES

1 0,07 0,31 -0,22 0,4

DUMMY87

1 0,21 0,16 0,17

DUMMY92

1 -0,18 0,84

DECHAUSSE

1 -0,15

DECBAISSE

1

Tableau 3 : estimations par les Moindres Carrés Ordinaires

SITECA

CAPA

QUANTITES

DUMMY92

DUMMY87

DECBAISSE

DECHAUSSE

CONST

R2 corrigé

Observations

DUREE (1) 5,61 (8,93)***

2,6 (10,35)***

0,15 (4,01)***

9,68 (3,55)***

7,96 (6,14)***

0,89 63

DUREE (2) 4,89 (8,48)***

2,53 (11,44)***

0,18 (5,34)***

12,07 (4,91)***

-10,78 (-4,27)***

16,2 (7,24)***

0,92 63

DUREE (3) 4,97 (8,47)***

2,54 (11,13)***

0,17 (4,80)***

11,77 (2,82)***

-10,10 (-3,84)***

-0,23 (-0,0047)

-2,79 (-1,004)

16,2 (7,24)***

0,91 63

besoin coûte que coûte de transporter sa marchandise. Elle contracte alors avec des partenaires exceptionnels, pour une durée réduite, d'autant plus réduite que généralement ces partenaires exceptionnels pratiquent des prix élevés par rapport aux moyens de transport usuels d' ABC. Lorsqu'il y a un décrochement à la baisse, ABC ne s'engage pas sur le long terme. Ces deux résultats sont donc cohérents avec la proposition 6. Cependant, les deux coefficients concernant DECHAUSSE et DECBAISSE ne sont pas significativement différents de zéro.

f-stat entre parenthèses. ***: coefficients significatifs au seuil de 1%.

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Conclusion Notes

Dans cet article, nous avons proposé un test des propositions de la théorie des coûts de transaction. Pour ce faire, nous avons construit notre propre base de données de contrats. Parce que nous disposions des contrats, mais aussi d'informations extérieures aux contrats, nous avons pu apprécier de manière précise la spécificité des actifs, évitant ainsi au maximum de possibles erreurs de mesure.

Cette étude confirme les résultats d'études antérieures où le niveau d'incertitude des transactions étudiées n'avait pu être apprécié finement. Notre échantillon n'étant pas tronqué comme dans la majorité des études réalisées auparavant (cf. Joskow, 1987, 1988 ; Crocker et Masten, 1988), il nous a en effet été possible de mettre en évidence l'évolution des comportements contractuels d'ABC et de ses fournisseurs au cours du temps, en relation avec l'évolution du niveau d'incertitude entourant la transaction.

La théorie des coûts de transaction sort renforcée des tests que nous avons effectués. Le choix de la durée des contrats semble refléter la volonté des parties d'économiser sur les coûts de transaction. Ceci à des implications en matière de politique économique. Certaines pratiques contractuelles qui semblent à première vue anticoncurrentielles peuvent apparaître efficaces à la lumière d'une approche en termes de coûts de transaction. En ce qui concerne la durée des contrats, mais aussi d'autres dimensions contractuelles (Crocker et Reynolds, 1993 ; Joskow, 1988 ; Masten, 1985) ou bien même les décisions d'intégration verticale, la théorie des coûts de transaction donne des réponses à la question de savoir dans quelle mesure les choix contractuels observés sont le résultat d'une recherche d'efficacité ou non.

( 1 ) ABC est un nom d' emprunt qui désigne, pour des raisons de confidentialité, une grande entreprise française. (2) Barzel avait avancé une quatrième caractéristique des transactions à prendre en compte : la facilité de mesure (Barzel, 1982). Celle-ci n'a été reprise qu'une seule fois par Williamson (1991a, p. 36). Il m'a été suggéré par Williamson que cette quatrième caractéristique n'avait de sens que pour l'étude des choix organisationnels en interne. (3) La fréquence de la transaction a des effets ambigus sur la forme des contrats interentreprises et son rôle exact n'est pas clairement établi (Crocker et Masten, 1996 ; Ménard, 1996). Aussi, dans la suite de cet article, nous nous focaliserons sur les deux autres caractéristiques repérées par Williamson sans chercher à rendre compte du possible effet de la fréquence de la transaction sur la durée des contrats. (4) Sauf à poser des hypothèses autres que celles à la base de la TCT (Fudenberg-Holmstrom-Milgrom, 1990). (5) La structure de gouvernance est définie par Williamson comme "la matrice institutionnelle dans laquelle la transaction est décidée" (Williamson, 1996, page 378). Il s'agit en fait du cadre contractuelle implicite et explicite dans lequel la transaction est effectuée. (6) Williamson avance exactement que la spécificité des actifs, et plus spécialement les 5 premières formes citées, créent une dépendance bilatérale entre les agents et posent des problèmes contractuels (Williamson, 1991b, page 28 1-282). Aussi dans la suite de l'analyse nous ne tiendrons pas compte de cette forme de spécificité. (7) Tout contrat de long terme est incomplet. La rationalité limitée des agents leur interdit la mise au point d'un contrat complet. En effet, dès lors que la transaction prend place dans le temps, le niveau d'incertitude entourant la transaction ne peut plus être supposé nul, et les bornes de la rationalité des agents sont atteintes (cf. Crocker et Reynolds, 1993). Pour une approche en termes de contrats incomplets avec rationalité parfaite des agents, voir Hait, 1995. (8) Pour une modélisation de ce choix, cf. Masten, 1986 et Crocker et Masten, 1988. (9) C'est là une des difficultés inhérente aux tentatives de test des propositions de la théorie des coûts de transaction. Il n'existe pas de bases de données de contrats précisant les actifs spécifiques mis en jeu et le niveau d'incertitude qui entoure la transaction. Le chercheur doit donc construire sa propre base de données. Il est à remarquer que Joskow a contourné en partie ce problème en effectuant plusieurs tests (Joskow, 1987, 1988) sur une base de données de 277 contrats publics, car sous le contrôle des lois anti-trust aux États-Unis. (10) Les prévisions faites en interne à ABC sont comprises entre un décile numéro 1 (1 chance sur 10 de produire moins dans les aléas probabilisés) et un décile numéro 9(1 chance sur 10 de produire plus dans les aléas probabilisés). Nous appelons période de décrochement à la hausse les périodes où les réalisations sont supérieures au décile 9 et période de décrochement à la baisse les périodes où les réalisations sont inférieures au décile 1. Nous avons du nous résoudre à utiliser des variables indicatrices plutôt que quantitatives car nous avons pu obtenir les prévisions faites en interne par ABC que sur la période 1990-1993. ABC ne gardait trace que des dates de décrochement à la hausse et à la baisse mais

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pas de la profondeur de ces décrochements sur toute la période 1980-1995. (11) Ces tests ont été effectués avec le logiciel stata 5,0 pour Windows. (12) Afin de tester la possible simultanéité de ces deux variables, même si l'on peut arguer que la décision concernant les quantités sur lesquelles porte le contrat est prise bien avant celle de la durée du contrat, nous avons effectué un test de spécification tel que suggéré par Haussman, 1978. Ce test consiste à régresser la variable QUANTITES sur un ensemble de variables exogènes, et ensuite à inclure l'estimation qui en résulte dans le modèle original. Si la nouvelle variable ainsi construite est significative, alors on est confronté à un problème de simultanéité des variables, sinon on peut considérer QUANTITES comme une variable exogène. (13) Pour une présentation des problèmes d'estimations liés aux tests des propositions de la théorie des coûts de transaction, voir Masten, 1995etMastenet Saussier, 1998.

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