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LA PAROLE DIVINE CONTENUE DANS LA BIBLE EST-ELLE
FALSIFIÉE ?
A – Présentation et enjeux de cette étude
Pour reconnaître le rang de Bahá'u'lláh, il est nécessaire d'effectuer une sérieuse
introspection des anciens écrits sacrés. Parmi ces anciens écrits sacrés, il y a le corpus
biblique. Mais comment pourrait-on se plonger dans ces Écrits et les considérer comme
des outils pertinents pour une recherche indépendante et personnelle de la vérité s'ils sont
falsifiés ?
En effet, certaines personnes de la communauté musulmane ont développé la croyance
selon laquelle la parole divine contenue dans la Bible serait fausse et falsifiée. Il convient
donc d'étudier leurs allégations et de vérifier si ce dogme repose ou non sur des éléments
fondés et s'il résiste à l'épreuve de l'analyse. C'est ce que je vous propose de vérifier
ensemble dans le premier chapitre de cet ouvrage.
B - Sommaire
C - Définition de la Bible
Dans un premier temps, il convient de définir ce qu'est la Bible. La Bible étant elle-même
composée de différentes parties, il sera également nécessaire de les définir. En effet, de
nombreuses confusions sont faites quant à la définition même de ce Livre sacré.
D'après le site internet de La Croix, journal d'obédience catholique, « le mot Bible désigne
les écritures saintes des juifs et des chrétiens. Il vient d'un mot grec « biblia » qui signifie
« les livres ». Depuis Adam jusqu’à Jésus, la Bible raconte les multiples façons dont Dieu
a aimé les hommes. Elle contient des récits, des textes de loi, des poèmes, des chants
liturgiques... » [http://croire.la-croix.com/Definitions/Bible/La-Bible]
La Bible est composée de deux parties : l'Ancien Testament et le Nouveau Testament.
L'Ancien Testament regroupe tous les écrits sacrés reconnus en tant que tel par les Juifs.
L'Ancien Testament est communément appelé « Bible hébraïque ». Quant au Nouveau
Testament, il regroupe tous les écrits sacrés reconnus en tant que tel par les chrétiens,
mais pas par les Juifs.
Allah - exaltée soit Sa gloire - a dit : « Et les Juifs disent : « Les Chrétiens ne tiennent sur
rien »; et les Chrétiens disent : « Les Juifs ne tiennent sur rien, alors qu'ils lisent le Livre !
» [Sourate 2 - verset 113]
Il est frappant de constater que le mot Bible, venant du grec « τα βιβλία » qui signifie « les
Livres » rejoignant ainsi l'appellation qu'Alláh donne à ces textes sacrés (« kitáb »
signifiant « Le Livre »).
D - Définition de l'Ancien Testament
L'Ancien Testament peut être définit de la manière suivante :
« L'Ancien Testament ou Ancienne Alliance est l'ensemble des écrits de la Bible antérieurs
à Jésus-Christ. » [Encyclopédie Larousse du xxe siècle, Paris, 1932]
L'Ancien Testament (appelée Bible hébraïque, ou « Tanakh » en hébreu) regroupe la Thora
(« l'Instruction » en hébreu), les livres des Prophètes (« Nevi'im » en hébreu) et d'autres
récits hagiographiques (« Ketouvim » en hébreu).
« L'Ancien Testament est donc tout à la fois la Bible juive (également appelée Bible
hébraïque ou Tanakh) et la première partie de la Bible chrétienne. » [Histoire visuelle de
la Bible, National Geographic, Les Nouveaux Essentiels, octobre 2013, 512 p.].
La Thora (signifiant « Instruction » en hébreu ou « Loi » en grec ancien), première
partie de l'Ancien Testament, correspond au « Livre » qu'Allah a révélé au Prophète
Moïse. Ce livre a une place particulière, car il contient les six cents treize Lois qu'Allah a
révélé aux enfants d'Israël après que ceux-ci furent délivrés du joug oppresseur de
Pharaon. La révélation de la Thora à Moïse place celui-ci au rang de Messager de
Dieu (« Rassul Allah »). Ce Livre est en réalité constitué de cinq livres (ou chapitres) : la
Genèse, l'Exode, les Nombres, le Lévitique et le Deutéronome. La Thora constitue ainsi la
première partie de la Bible hébraïque (dite « Ancien Testament »).
Allah - exaltée soit Sa gloire - a dit : « Et [rappelez-vous], lorsque Nous avons donné à
Moïse le Livre et le Discernement [la Thora] afin que vous soyez guidés. » [Sourate 2 -
verset 53]
Les livres des « Prophètes » (Les « Nevi'im » en hébreu) correspondent à la deuxième
partie de l'Ancien Testament. Les livres des Prophètes regroupent l'ensemble des écrits
contenant les révélations qu'Allah a fait aux prophètes mineurs s'étant succédé après la
mort de Moïse jusqu'à la venue de Jean-Baptiste (« Yahya » en arabe) puis Jésus (« 'Îsâ »
ou en arabe). Ces Prophètes ont été chargés de guider les enfants d'Israël, en se basant tous
sur la Thora, c'est-à-dire qu'aucun d'entre eux n'a eu la permission de révéler un nouveau
Livre divin pouvant abroger celle-ci. Ces prophètes n'étaient donc pas des messagers de
Dieu, mais de simples prophètes (« nabi Allâh »). En outre, les livres des Prophètes
contiennent également les récits historiques de la vie de ceux-ci.
Les livres des Prophètes sont constitués de huit livres dans la classification établie
dans le judaïsme. Dans le canon protestant, les livres des Prophètes sont constitués de
vingt-quatre livres. Ces vingt-quatre livres sont identiques aux huit livres du canon du
judaïsme. La différence étant que les douze derniers livres du canon protestant sont
regroupés en un seul et même livre dans la classification du judaïsme. Les écrits sont pour
autant strictement identiques, seul la classification diffère. Nous pouvons donc dire que les
vingt-quatre livres présents dans la classification protestante ne sont que des subdivisions
des huit livres présents dans la classification de la Bible hébraïque présente faisant autorité
dans le judaïsme.
Quant à la classification faisant autorité chez les catholiques et chez les
orthodoxes, elle rajoute aux vingt-quatre livres des Prophètes, six autres livres qui dans
la classification juive et protestante font partie des « Ketouvim » (- qui sont aussi des
Livres faisant partie de la Bible, j'y reviens dans peu de temps -). À ces trente livres, les
églises catholiques et orthodoxes rajoutent plusieurs livres qui constituent les « écrits
deutérocanoniques ». Ces livres deutérocanoniques contiennent des écrits de certains
saints de la dispensation du judaïsme. Leur histoire et certaines de leurs sagesses sont
consignées dans ces écrits. Ces livres ne contiennent pas de paroles divines à proprement
parler. Ils ne sont pas considérés comme faisant partie de la Bible hébraïque reconnue en
tant que telle par les juifs et les protestants. Leur importance est donc très relative et je
n'en tiendrais pas compte dans cet ouvrage. Nous retiendrons donc la classification
biblique faisant autorité dans le judaïsme et le protestantisme. C'est sur cette classification
que nous baserons l'argumentation de cet ouvrage.
Cette différence de classification est comparable à celle du Coran, selon qu'il est classé
dans son ordre chronologique ou dans l'ordre où il fut classé par le Calife Uthman,
classification du Coran que l'on retrouve jusqu'à aujourd'hui. De même, selon les
différentes sectes de l'Islam, certaines reconnaissent des recueils de hadiths comme
authentiques, tandis que d'autres les considèrent comme apocryphes. Au sein même des
recueils de hadiths, il existe des divergences profondes entre certains savants et certains
courants religieux sur l'authenticité de telle ou telle parole prophétique. Tout cela est un
processus naturel et normal qui ne doit pas faire remettre en question l'essentiel : les
paroles divines de toutes les dispensations religieuses abrahamiques ont été
préservées et ont permis de guider les peuples, comme nous le démontrerons dans ce
chapitre si Dieu le veut.
Allah - exaltée soit Sa gloire - a dit : « Nous avons fait descendre le Thora dans laquelle il y
a guide et lumière. C'est sur sa base que les prophètes qui se sont soumis à Allah, ainsi que
les rabbins et les docteurs jugent les affaires des juifs. » [Sourate 5 - verset 44]
Le terme de « prophètes qui sont soumis à Allah », évoqués dans ce verset coranique
désigne en réalité ces prophètes. Ces livres sont donc sacrés et de nombreux savants
musulmans se sont référés à ceux-ci pour citer certaines sagesses ou maximes,
reconnaissant ainsi implicitement à leurs auteurs le statut de Prophète (nabî). Parmi ces
citations très connues :
D'après Wahb Ibn Mounnabih, Allah ouvrit les cieux pour [le Prophète] Hizqil [Ezéchiel]
jusqu'à ce qu'il aperçoive le Trône. Alors Hizqil dit à Allah : « Comme Tu es Parfait !
Comme Tu es Puissant, Seigneur ! » Allah lui répondit : « En vérité, ni Mes cieux ni Ma
terre ne peuvent Me contenir, mais le coeur de Mon serviteur fidèle Me contient. » [Kitâb
az-Zouhd de l'Imâm Ahmad Ibn Hanbal, page 81 - Edition Makkah al-Moukarramah]
Ezéchiel (« Hizqil ») était un de ces Prophètes mineurs dont on trouve le Livre dans la
Bible hébraïque.
Enfin, les récits hagiographiques (« Ketouvim » en hébreu) forment la troisième
et dernière partie de l'Ancien Testament. Elle est constituée de onze livres, selon la
classification judaïque, et de sept livres, selon la classification catholique. Étant donné que
les catholiques ont compté certains livres des « Ketouvim » comme faisant partie des livres
des Prophètes dits « Nevi'im », il est donc normal de trouver moins de livres formant les
récits hagiographiques dans le canon catholique. Parmi ces livres composant les récits
hagiographiques, on compte les Psaumes (« Zabur » ou en langue arabe) du Prophète
David (« Dâ'ûd » ou en langue arabe), le Livre des Proverbes de Salomon (« Sulaymân » en
langue arabe), le Livre de Job (« Ayyûb » en langue arabe). D'autres récits sont présents,
dont notamment le Livre d'Esdras (« Uzayr » en langue arabe). Tous ces hommes sont
cités dans le Coran.
E - Définition du Nouveau Testament
Le Nouveau Testament désigne l'ensemble des écrits ayant trait aux enseignements et à
la vie de Jésus, de sa famille et de ses disciples. Le Nouveau Testament constitue la
deuxième partie du corpus biblique. Il n'est pas reconnu comme écrit saint par les
juifs qui rejettent Jésus en tant que Messie. Par conséquent, le Nouveau Testament est
reconnu comme saint par les chrétiens, et en théorie par les musulmans,
même si en pratique la situation est plus nuancée, comme nous allons le voir par la suite.
Le Nouveau Testament est composé de trois parties. La première partie contient les
Évangiles qui racontent l'histoire de la vie de Jésus. C'est dans les Évangiles que sont
consignées les paroles divines qu'Allah a inspiré et révélé à Son messager. Ces Évangiles
sont au nombre de quatre : l'Évangile selon Matthieu, l'Évangile selon Marc, l'Évangile
selon Luc et l'Évangile selon Jean.
La deuxième partie du Nouveau Testament contient les épîtres et les lettres
rédigées par certains apôtres et certaines figures éminentes des premières heures
du christianisme naissant. Parmi les auteurs de ces épîtres et écrits, on peut compter
Paul, Pierre, Jacques, Jean. Ces écrits ne contiennent pas directement la révélation divine,
mais les chrétiens considèrent qu'ils sont inspirés par le Saint-Esprit qui fut envoyé par
Dieu sur les premières communautés chrétiennes pour les inspirer et les aider à se
structurer.
La dernière partie du Nouveau Testament contient l'Apocalypse de Saint-
Jean. Cet écrit, reconnu comme sacré par les trois courants majeurs du christianisme
(catholique, protestant, orthodoxe), contient le récit de la vision que Saint-Jean, un des
premiers chrétiens, reçut de Dieu. Cette vision contient de nombreuses paraboles et visions
prémonitoires de certains événements qui se dérouleront dans les siècles à venir, jusqu'aux
événements dramatiques de la fin des temps, marquant la fin du cycle prophétique.
F - L'argumentation dont se servent certains musulmans pour affirmer que la
Bible est falsifiée
Certains musulmans affirment que la Bible aurait été falsifiée volontairement par les Juifs
et les chrétiens. L'une des raisons pour lesquelles ces deux communautés auraient fait cela
serait de cacher la venue du Prophète Muhammad au monde. Les musulmans se servent de
certains versets coraniques qui, pensent-ils, démontrent clairement ce fait et valide leur
accusation. Voici ces versets :
Allah - exaltée soit Sa gloire - a dit : « - Eh bien, espérez-vous [Musulmans], que des pareils
gens [les Juifs] vous partageront la foi ? Alors qu´un groupe d'entre eux, après avoir
entendu et compris la parole d'Allah, la falsifia sciemment. » [Sourate 2 - verset 75]
Allah - exaltée soit Sa gloire - a dit : « Malheur, donc, à ceux qui de leurs propres mains
composent un livre puis le présentent comme venant d'Allah pour en tirer un vil profit! -
Malheur à eux, donc, à cause de ce que leurs mains ont écrit, et malheur à eux à cause de ce
qu'ils en profitent ! » [Sourate 2 - verset 79]
Allah - exaltée soit Sa gloire - a dit : « Et il y a parmi eux certains qui roulent leurs langues
en lisant le Livre pour vous faire croire que cela provient du Livre, alors qu'il n'est point du
Livre; et ils disent: « Ceci vient d'Allah, alors qu'il ne vient point d'Allah. Ils disent
sciemment des mensonges contre Allah. » [Sourate 3 - verset 78]
Allah - exaltée soit Sa gloire - a dit : « Ô gens du livre ! Notre Messager [Muhammad] vous
est certes venu, vous exposant beaucoup de ce que vous cachiez du Livre, et passant sur
bien d'autres choses ! Une lumière et un Livre explicite vous sont certes venus d'Allah ! »
[Sourate 5 - verset 15]
En s'appuyant sur ces versets, et en les comprenant mal, certains musulmans ont
développé la croyance populaire selon laquelle la Bible fut falsifiée volontairement. Selon
eux, cette falsification serait un acte délibéré et volontaire, ayant notamment pour but de
cacher les écrits annonçant la venue du Prophète Muhammad. Une telle accusation est très
grave et nécessite un examen attentif.
G - Examen attentif des versets sur lesquels ils fondent leur accusation
Premier verset
Voici le premier verset sur lequel certains de ces musulmans fondent leur accusation :
Allah - exaltée soit Sa gloire - a dit : « - Eh bien, espérez-vous [Musulmans], que des pareils
gens [les Juifs] vous partageront la foi ? Alors qu'un groupe d'entre eux, après avoir
entendu et compris la parole d'Allah, la falsifia sciemment. » [Sourate 2 - verset 75]
Ce verset affirme que les Juifs ne pourront devenir musulmans étant donné qu'un groupe
d'entre eux, après avoir entendu et compris la parole d'Allah la falsifia sciemment.
L'examen attentif de ce verset est intéressant. Il est dit, dans ce verset, qu'une partie (« un
groupe d'entre eux ») des Juifs après avoir entendu et compris la parole de Dieu la falsifia
sciemment. Le verset s'applique clairement à une partie des Juifs et non à la
totalité de ceux-ci. Cela est une première indication importante qui démontre que nos amis
musulmans interprètent mal ce verset. La parole de Dieu ayant été révélée à la
totalité des enfants d'Israël, comment serait-il possible qu'une partie ait pu falsifier
sciemment la parole de Dieu sans que cela soit passé inaperçu par l'autre partie ?
Il est très surprenant d'imaginer que cela ait pu se passer sans créer un schisme durable
parmi les Juifs entre les partisans d'une telle version de la Thora et les partisans d'une
autre version de celle-ci. Si une telle conspiration était réelle, comment se fait-il que l'autre
partie des Juifs, ceux qui n'auraient pas falsifié le texte ne se soient pas fait entendre ?
Quand on sait que les religieux n'ont pas hésité à se diviser en sectes rivales pour beaucoup
moins que cela, ceci est bien surprenant. Car en effet, il existe un consensus dans
toute la communauté juive, toutes sectes confondues, que la Thora écrite est belle et
bien l'authentique parole de Dieu.
D'après le Rav Jacques Kohn, « le judaïsme croit fermement que la Tora est une œuvre
divine qui a été transmise telle quelle à Moïse, et il professe qu’elle ne sera pas changée
contre une autre loi ou doctrine (voir les « Treize articles de foi » de Maïmonide). »
[http://www.cheela.org/thora/53332--authenticite-tora]
Maïmonide est un grand rabbin, une sommité du judaïsme du XIIème siècle de notre ère.
Il fut le médecin personnel et attitré de Saladin (« Salâh Ad-Dîn Al Ayyoubî »), le grand roi
musulman qui a libéré Jérusalem des croisés. Maïmonide a édicté treize grands principes
qui définissent l'orthodoxie dans le judaïsme [cf: Traité Sanhédrin 10:1, Commentaire sur
la Mishna]. Le huitième principe qu'il a promulgué est le suivant : « Je crois d'une foi
entière que toute la Tora que nous possédons actuellement fut donnée à Moïse
notre maître, que la paix soit sur lui ». Quant au neuvième principe, il est le suivant : «
Je crois d'une foi entière que cette Tora ne sera pas changée, et qu'il n'y aura aucune
autre Tora donnée par le Créateur, que Son Nom soit béni . » Autant dire que le sujet ne
fait pas l'ombre d'un doute dans le judaïsme.
Ceci est donc la première objection que je soulève.
La deuxième réponse à cette grave accusation est la suivante. Si le texte divin fût falsifié,
comment se fait-il qu'aucun des prophètes qui se soit succédé après Moïse
n'en ait fait mention ? Et si falsification, il y avait eu, n'est-il pas raisonnable de penser
que Dieu aurait rétabli la parole d'origine par la bouche d'un des innombrables prophètes
qu'il envoya après Moïse ? Les musulmans affirment qu'un Prophète, Jérémie, aurait dit
que le texte divin fut falsifié en se fondant sur un verset qu'ils comprennent mal. Je
traiterais cette question ultérieurement dans ce chapitre, et je démontrerai, preuve à
l'appui qu'il n'en est rien.
La troisième objection à cette compréhension erronée se trouve dans le verset lui-même.
Le verset s'adresse clairement à un groupe d'entre les Juifs. Dans ce verset, il est dit
qu'après avoir entendu et compris la parole de Dieu, ils la falsifièrent. En lisant ce verset,
on se rend compte que la parole divine existait sans falsification, et c'est seulement
après l'avoir entendue qu'ils la « falsifièrent ». Si la parole de Dieu était
véritablement corrompue, ce ne serait pas seulement un groupe, mais tous les Juifs qui
l'auraient falsifiée car il faut nécessairement qu'il y ait un consensus entre eux pour
changer volontairement la parole divine puisque la Thora fut révélée à tous le peuple
israélite. De plus, il n'est pas anodin qu'Allah affirme dans ce verset que c'est « après
l'avoir entendue et comprise » qu'ils l'ont falsifié. Ceci démontre sans l'ombre d'un
doute que c'est la falsification du sens du texte et non du texte lui-même dont il
s'agit. Comme nous le verrons dans la suite de cet exposé, tout, absolument tout va dans le
sens d'une falsification du sens du texte et non d'une falsification du texte lui-même. Et il
est important de ne pas minimiser la gravité d'une telle accusation comme ont tendance à
parfois le faire certains amis Juifs et chrétiens ! En effet, le texte biblique est parfois très
métaphorique et très profond et en falsifier le sens a causé et continue de causer de très
grands dégâts auprès d'un peuple !
Enfin, certains savants et exégètes musulmans éclairés ont affirmé que ce verset concernait
bien la falsification du sens de la parole divine et non de la parole elle-même :
L'Imam Al-Badawi, né au 6ème siècle de l'Hégire, dit à propos de ce verset : « Ce qui
signifie qu’ils l’ont interprétée faussement et l’ont reconstruite selon leurs désirs… » ;
« après l'avoir comprise » signifie qu’ils l’ont comprise dans leur esprit et qu’ils ont clarifié
tout ce dont ils doutaient. »
Comme nous allons le voir, toute autre interprétation que la falsification du sens des
paroles de Dieu induirait des contradictions dans le Coran, ce qui est
parfaitement impossible ! En effet, d'autres versets démontreront clairement que les
paroles divines bibliques ont été conservées et d'autres versets coraniques démontreront
qu'il s'agit bien d'une falsification du sens et non du texte lui-même.
Je poursuis.
Deuxième verset
Voici le second verset sur lequel ils fondent leur accusation :
Allah - exaltée soit Sa gloire - a dit : « Malheur, donc, à ceux qui de leurs propres mains
composent un livre puis le présentent comme venant d'Allah pour en tirer un vil profit ! -
Malheur à eux, donc, à cause de ce que leurs mains ont écrit, et malheur à eux à cause de ce
qu'ils en profitent ! » [Sourate 2 - verset 79]
Dans ce verset, Allah affirme que certaines personnes ont composé un livre et ont dit qu'il
venait d'Allah, pour en tirer un vil profit. Là aussi, chaque mot de ce verset est
soigneusement choisi et il convient d'en décortiquer tout le sens !
Dans ce passage, il est indiscutable qu'Allah parle bien de livre et non de quelques
passages. D'après la compréhension littérale de ce verset qu'ont certains de nos amis
musulmans, il y aurait donc un ou plusieurs livres frauduleux qu'on présente venant de
Dieu et qui en réalité sont des oeuvres humaines corrompus. Ayant en préambule définit ce
qu'était la Bible et les livres qui la composent, quel livre au sein de celle-ci aurait été
intégralement rédigé de la main frauduleuse d'un homme et qu'on prête
pourtant à Allah ? Sachant que les livres bibliques contiennent à la fois des paroles que
l'on prête à Allah ainsi que des récits d'ordre historique nécessaires à la cohérence du texte
(j'y reviendrais plus tard...), il n'existe pas de livres entiers contenant des paroles divines
provenant d'une source non-autorisée autres que ceux des Prophètes que j'ai cité :
Ézéchiel, Daniel, Moïse, Esaïe, et tous les autres prophètes hébreux.
Puisque le verset coranique parle de « livre » et non de quelques passages modifiés ça et là,
il faudrait qu'un (voir plusieurs) livre entier parmi ceux qui composent la Bible soit
convaincu d'imposture du début à la fin. Et il faudrait ensuite que tout le peuple Juif ait
accepté ce livre, et que tous les Prophètes venus après, y compris Jésus mettent en garde
contre ce livre de façon précise. Pourtant, cela n'est jamais arrivé et ceci est même
impossible ! On peut très bien imaginer que l'on puisse tromper de façon temporaire un
pan d'une population, mais prétendre que des Juifs aient réussi à faire admettre tout un
livre comme venant frauduleusement d'Allah sans qu'aucun des prophètes venant après ne
mette en garde contre celui-ci est une aberration totale.
Ce verset nous donne une indication supplémentaire en affirmant que ceux qui ont
rédigé ce ou ces livres l'ont fait pour un profit personnel. Or quel profit auraient-ils pu
retirer d'un livre qu'ils attribueraient à Allah ? Si tel était le cas, quel mérite en auraient-ils
retiré puisque le livre et son mérite étaient attribué à Allah ? On voit bien que tout cela n'a
pas de sens. Cela n'aurait aucun intérêt pour eux. Or, Allah dit qu'ils en profitent à titre
personnel et qu'ils se font gloire de ce livre ! Cette mauvaise interprétation que certains
musulmans ont mène à une impasse et à un non-sens total.
Par contre, si on considère que les rabbins et les prêtres ont écrit des livres pour rejeter la
prétention du Prophète Muhammad à la prophétie, en basant leurs écrits sur des paroles
de Dieu et qu'ils se servaient de ces livres pour attribuer à Allah leurs propres points de
vues erronés sur l'imposture du Prophète Muhammad, alors là, le verset prend tout
son sens !
En réalité, quand Jésus et Muhammad furent envoyés par Allah, ceux-ci avaient l'autorité
pour remettre en question les lois sociales fermement établies par leurs prédécesseurs.
Cela entraînait de facto la perte du pouvoir temporel d'une frange du clergé ecclésiastique,
vu que la religion évoluait et que ses commandements étaient soit explicités soit abrogés !
Il faut savoir qu'à l'époque, la majorité de la population était illettrée. Par conséquent,
Allah a décidé par une émanation de Sa sagesse, de déléguer à une partie de la population
le devoir d'apprendre les principes divins pour pouvoir enseigner la foi et propager la
vérité, et ce, afin d'instruire les illettrés et les ignorants du peuple de la volonté divine.
Allah - exaltée soit Sa gloire - a dit : « Pourquoi de chaque clan quelques hommes ne
viendraient-il pas s'instruire dans la religion, pour pouvoir à leur retour, avertir leur
peuple afin qu´ils soient sur leur garde ? » [Sourate 9 - verset 122]
L'être humain étant ce qu'il est, ces hommes ont dévié de leur mission et ont au fur et à
mesure profité de leur situation pour s'arroger des privilèges et commettre des injustices,
leur permettant de s'accaparer des biens de ce monde et de jouir d'un prestige inégalé.
Allah - exaltée soit Sa gloire - a dit : « Ô vous qui croyez ! Beaucoup de rabbins et de
moines dévorent, les biens des gens illégalement et [leur] obstruent le sentier d'Allah. »
[Sourate 9 - verset 34]
Quand les grands messagers d'Allah tels que Jésus ou Muhammad sont venus, la position
et le statut sociale du clergé furent remis en cause. Le clergé, vivant sur son privilège et son
prestige, n'a pu supporter cela. Une des raisons pour lesquelles les peuples ont
généralement rejeté les messagers qui leur sont venus est qu'ils furent influencés par « les
détenteurs du savoir » ancestral qu'étaient les hommes du clergé.
Ces « savants », inquiets pour leurs privilèges, pensaient que la venue d'un nouveau
message était dangereux pour l'ordre social qu'ils avaient laborieusement établi, eux et
leurs ancêtres. Cela est l'une des raisons (mais pas la seule !) pour lesquelles la plupart des
grands messagers de Dieu venus avec la permission d'abroger une partie du livre du
messager précédent furent combattus par les peuples qu'ils étaient venus prêcher !
Les versets qui content ce phénomène sont innombrables dans tous les livres divins ! Allah
relate ce phénomène dans le Coran :
Allah - exaltée soit Sa gloire - a dit : « Dis : « Ô gens du livre, pourquoi obstruez-vous la
voie d'Allah à celui qui a la foi, et pourquoi voulez-vous rendre cette voie tortueuse, alors
que vous êtes témoins de la vérité ! » [Sourate 3 - verset 99]
Allah - exaltée soit Sa gloire - a dit : « Qu'ils nient ce que nous leur avons donné et
jouissent des biens de ce monde ! Ils sauront bientôt ! » [Sourate 29 - verset 66]
De même, cela est évoqué à de nombreuses reprises dans l'Évangile :
Jésus dit : « Malheur à vous, pharisiens ! parce que vous aimez les premiers sièges dans les
synagogues, et les salutations dans les places publiques. » [Évangile selon Luc - chapitre 11,
verset 43]
Ceci est également relaté dans l'Ancien Testament :
« Saisissez les prophètes de Baal, leur dit Élie ; qu'aucun d'eux n'échappe ! Et ils les
saisirent. Élie les fit descendre au torrent de Kison, où il les égorgea. » [Premier livre des
Rois - chapitre 18 - verset 40]
Dans ce passage, les « prophètes de Baal » désignent une assemblée de prêtres qui ont
constitué un dogme et des pratiques rituelles autour d'une idole qu'ils ont appelé Baal et
qui était hautement révérée dans la haute antiquité. Le Prophète Élie (« éliyahû » en
hébreu et « ilyâs » en arabe) fut envoyé par Allah pour combattre ces prêtres et l'idole
imaginaire qui les avaient asservis.
Ainsi, à de rares exceptions près, les prêtres de tout temps se servirent de différents
stratagèmes pour rejeter les messagers d'Allah qui se présentaient à eux. Parmi ces
stratagèmes, il y eut la rédaction de leurs propres livres, se basant sur une interprétation
fausse et dévoyée des paroles d'Allah, qu'ils propageaient parmi le peuple pour étouffer la
vérité et inciter le peuple à rejeter le nouveau messager qui était parmi eux. C'est de ceux-là
dont Allah parle dans le verset que nous sommes entrain d'analyser et c'est de ces hommes
là qu'Allah dit :
Allah - exaltée soit Sa gloire - a dit : « Ils veulent éteindre avec leurs bouches la lumière
d'Allah, alors qu'Allah ne veut que parachever Sa lumière, quelque répulsion qu'en aient les
mécréants. » [Sourate 9 - verset 32]
Poursuivons.
Troisième verset
Le troisième verset sur lequel ils fondent leur accusation est le suivant :
Allah - exaltée soit Sa gloire - a dit : « Et il y a parmi eux certains qui roulent leurs langues
en lisant le Livre pour vous faire croire que cela provient du Livre, alors qu'il n'est point du
Livre; et ils disent: « Ceci vient d'Allah, alors qu'il ne vient point d'Allah. Ils disent
sciemment des mensonges contre Allah. » [Sourate 3 - verset 78]
Dans ce passage, Allah dit que certains « roulent leurs langues en lisant le Livre » pour
faire croire aux gens que ce qu'ils affirment vient du Livre alors que ceci est une
supercherie.
Encore une fois, en examinant attentivement ce verset, on ne peut que rejeter la
conclusion que certains musulmans avancent en se basant sur ce verset.
L'expression « roulent leurs langues en lisant le Livre » est une métaphore et une
expression imagée pour affirmer que certains (et non tous !) prêtres et certaines personnes
parmi les gens du Livre déforment les versets divins en leur donnant une
signification et une portée toute autre que celle dont Allah les a investi
originellement. Le fait qu'Allah parle de « certains » et non « tous » est une preuve
formelle que le verset ne parle d'une falsification du texte lui-même, sinon le
verset concernerait « tous » les gens du Livre. Le fait que « certains » roulent leurs
langues en lisant le Livre est une preuve indubitable que les autres ne roulent pas leurs
langues en lisant le Livre et ne déforment pas ainsi son sens et donc sa signification ! Ce
verset démontre également de façon éclatante que le Livre est toujours parmi eux
puisqu'Allah dit qu'ils « récitent » le Livre et ensuite « roulent leurs langues » en le
déformant et en altérant le sens du texte. Étant donné le prestige dont jouissaient les
autorités cléricales de l'époque et vu l'état d'ignorance et d'analphabétisme des populations
d'alors, on peut aisément imaginer les dégâts que de telles manipulations ont causé...
Quatrième verset
Le quatrième verset d'après lequel ils fondent leur accusation est le suivant :
Allah - exaltée soit Sa gloire - a dit : « Ô gens du livre ! Notre Messager [Muhammad] vous
est certes venu, vous exposant beaucoup de ce que vous cachiez du Livre, et passant sur
bien d'autres choses ! Une lumière et un Livre explicite vous sont certes venus d'Allah ! »
[Sourate 5 - verset 15]
Dans ce verset, Allah affirme que Muhammad est venu pour exposer beaucoup de choses
que les gens du Livre cachaient de celui-ci. Le fait qu'ils cachent des vérités issues du Livre
n'est pas une preuve qu'ils ont falsifié celui-ci, bien au contraire ! Comme je l'ai expliqué
clairement, le clergé pour conserver ses privilèges et sa mainmise sur le peuple a déformé
le sens des versets divins et a caché au peuple la portée et la véracité de certains
versets d'Allah pour qu'ils ne reconnaissent pas les messagers divins qui furent envoyés.
C'est cela qu'ils cachent du Livre. Si le Livre était falsifié, ils n'auraient aucun
intérêt à cacher quoi que ce soit et eux-mêmes ne seraient pas conscients de cela
puisque qui dit « Livre falsifié » dit « paroles divines disparues à jamais » ! Or, le verset dit
qu'ils cachent. Il est impossible de cacher une chose qui n'existe plus !
Je tiens à ajouter aussi que quand je parle de clergé, je parle d'institution dans sa globalité.
Cela ne signifie pas que tous les savants parmi les Juifs et les chrétiens étaient des gens
ayant rejeté la vérité, bien au contraire comme nous le verrons par la suite.
H - Les versets coraniques qui démontrent que c'est le bien le sens du Livre
qui fut falsifié par les prêtres et non le Livre lui-même
Maintenant que j'ai démontré, avec une analyse simple des versets sus-cités, qu'Allah
affirme que les gens du Livre n'ont pas falsifié le Livre lui-même, mais le sens et la
portée des versets contenus au sein de celui-ci, je vais apporter des preuves coraniques
démontrant de façon explicite cet état de fait.
Allah - exaltée soit Sa gloire - a dit : « Il en est parmi les Juifs qui détournent les mots
de leur sens, et disent : « Nous avions entendu, mais nous avons désobéi » [Sourate 4 -
verset 46]
Dans ce verset qui est très clair et très explicite, Allah accuse ouvertement et directement
certains parmi les Juifs de détourner les mots de leur sens. Ces mots dont il s'agit
correspondent forcément aux paroles divines, car Allah leur reproche leur désobéissance
en détournant le sens des mots divins et donc des paroles divines ! Cette méthode est très
connue parmi les peuples déviants.
L'Imam 'Alî ibn Abî Tâlib a dû de son vivant faire face à la révolte des kharidjites [une des
premières sectes de l'Islam] qui lui reprochaient d'avoir apostasié, car il a accepté un
règlement pacifique d'un conflit minant la nation musulmane entre ses partisans et les
partisans de Mu'awiyyah qui contestaient son droit à être calife et avaient pris les armes
contre lui. Cette décision de trêve fut prise par les deux parties, l'Imam 'Alî voulant stopper
le bain de sang de ce conflit intestin entre musulmans et les partisans de Mu'awiyyah
voulant éviter une débâcle étant donné que le conflit armé tournait nettement à leur
désavantage. En acceptant un règlement pacifique et « à l'amiable », certains partisans de
l'Imam 'Alî accusèrent celui-ci d'avoir apostasié et d'avoir rejeté le jugement d'Allah et de
Son Messager faisant de lui un « calife de droit divin ». Les Kharidjites objectèrent à
l'Imam 'Alî que celui-ci n'avait pas à accepter de trêves face aux belligérants et qu'il devait,
de gré ou de force, éliminer cette faction rebelle qui contestaient un droit divin sur son
califat. Ils argumentèrent auprès de lui, en se basant sur un verset coranique bien connu : «
Le Jugement n'appartient qu'à Allah ». En entendant cela, l'Imam 'Alî répondit : « Voici
une parole de vérité [la parole du Coran] par laquelle le faux [comment ils
l'interprètent] est voulu ! » [Rapporté dans le Sahih Muslim, hadith n°2468]
En vérité, c'est exactement ce qu'ont fait ces gens du clergé juif ! Ils ont cité des paroles de
vérité et l'ont interprété d'une telle manière qu'ils s'en sont servis pour prêcher le faux et
ainsi falsifier et déformer les paroles célestes d'Allah. Cela s'est également passé dans la
communauté musulmane où des hommes ont détourné de leur sens et falsifié le sens du
Coran. Pour autant, ce n'est pas le Coran qui fut falsifié.
D'autres versets coraniques confirment que c'est bel et bien le sens des versets et non les
versets eux-mêmes qui furent falsifiés :
Allah - exaltée soit Sa gloire - a dit : « Et puis, à cause de leur violation de l'engagement,
Nous les avons maudits et endurci leurs coeurs : ils détournent les paroles de leur
sens et oublient une partie de ce qui leur a été rappelé. Tu ne cesseras de découvrir leur
trahison, sauf d'un petit nombre d'entre eux. Pardonne-leur donc et oublie [leurs
fautes]. Car Allah aime, certes, les bienfaisants. » [Sourate 5 - verset 13]
Allah - exaltée soit Sa gloire - a dit : « Ô Messager ! Que ne t´affligent point ceux qui
concourent en mécréance; parmi ceux qui ont dit : « Nous avons cru avec leurs bouches
sans que leurs coeurs aient jamais cru et parmi les Juifs qui aiment bien écouter le
mensonge et écouter d´autres gens qui ne sont jamais venus à toi et qui déforment le
sens des mots une fois bien établi. » [Sourate 5 - verset 41]
Ces versets sont très clairs et ne nécessitent pas plus de développement.
I - Les versets coraniques démontrant que la Thora et l'Injil existent encore
Maintenant que j'ai apporté les versets coraniques qui stipulent de façon factuelle et claire
que c'est le sens de la parole de Dieu et non la parole elle-même qui fut falsifiée, je vais
apporter des preuves coraniques démontrant que la Thora et l'Évangile ne furent pas
falsifiés eux-mêmes !
Première preuve
Allah - exaltée soit Sa gloire - a dit : « Mais comment te demanderaient-ils d'être leur juge
quand ils ont avec eux la Thora dans laquelle se trouve le jugement d'Allah ? Et
puis, après cela, ils rejettent ton jugement. Ces gens-là ne sont nullement les croyants. »
[Sourate 5 - verset 43]
Ce verset est capital dans mon argumentation. Il convient donc de l'analyser et toute la
lumière sur cette affaire sera faite s'il plait à Allah !
Dans ce verset, Allah annonce de façon très claire que la Thora dans laquelle se
trouve le jugement d'Allah se trouve auprès des Juifs. Mieux encore, Allah affirme de
façon implicite dans ce verset que cette Thora est amplement suffisante pour faire justice
entre eux puisqu'elle contient les sentences divines ! Dans ce verset, on note également que
le fait de juger par la Thora et le fait d'être jugé par le Prophète Muhammad sont mis au
même niveau. Cela ne signifie pas, bien sûr, que le Coran est inutile et que la Thora suffise,
comme certains Juifs ou chrétiens l'objectent en lisant ce verset. Ce qu'il faut retenir en
lisant ce verset, c'est que le jugement divin contenu dans la Thora que les Juifs ont auprès
d'eux incarne autant la justice que le jugement divin fait à travers la personne du Prophète
Muhammad.
Le deuxième enseignement majeur de ce verset est qu'au moment de la révélation du
verset, Allah dit clairement et textuellement que les Juifs ont auprès d'eux la Thora
dans laquelle est contenu le jugement d'Allah. Comment Allah pourrait-Il dire cela
d'un Livre qui fut falsifié littéralement, transformant ainsi un Livre céleste en une vulgaire
contrefaçon ? En vérité, cela est impossible... Ce verset est déterminant et réfute de
façon décisive et définitive l'accusation selon laquelle la Thora fut falsifiée et qu'elle
n'existait plus à l'époque du Prophète Muhammad.
Deuxième preuve
Allah - exaltée soit Sa gloire - a dit : « Et si tu es en doute sur ce que Nous avons fait
descendre vers toi, interroge alors ceux qui lisent le Livre révélé avant toi. La
vérité certes, t’est venue de ton Seigneur: ne sois donc point de ceux qui doutent. »
[Sourate 10 - verset 94]
Dans ce verset, Allah demande au Prophète, s'il doute de la mission qui est la sienne,
d'aller s'enquérir des gens du Livre pour que ceux-ci lui confirment la réalité de sa mission
prophétique. Ce passage revêt une importance capitale et réfute la possibilité même que les
Livres d'Allah furent falsifiés. En effet, si tel était le cas, comment Allah pourrait demander
au Prophète Muhammad d'aller recueillir leur témoignage quant à la véracité de sa mission
? Si le Livre était falsifié, il est impossible que les gens du Livre puissent
témoigner de la vérité !
Pourtant, dans ce verset, Allah demande au Prophète d'aller recueillir leur témoignage. De
plus, Allah décrète que ce témoignage est digne de foi et digne d'être pris en
considération. Comment les hommes sincères parmi les gens du Livre pourraient-ils
attester de la vérité s'ils tenaient entre leurs mains un Livre volontairement falsifié ? Si tel
était le cas, comment ces hommes pourraient-ils témoigner et attester de la vérité
puisqu'ils puiseraient leur savoir d'un Livre falsifié et corrompu ? Il faut
nécessairement que ces anciens Livres soient préservés pour que ce témoignage
de vérité soit possible !
Troisième preuve
Allah - exaltée soit Sa gloire - a dit : « Que les gens de l'Évangile jugent d'après ce qu'Allah
y a fait descendre. Ceux qui ne jugent pas d'après ce qu'Allah a fait descendre, ceux-là sont
les pervers. » [Sourate 5 - verset 47]
Dans ce verset, Allah ordonne aux « gens de l'Évangile » de juger d'après ce qu'Allah y a
fait descendre. Cet ordre s'adresse aux chrétiens et est au présent, non au passé. Il
faut donc nécessairement que l'évangile ne soit pas altéré ou falsifié puisque l'ordre
d'Allah concerne la totalité de Son livre et non une partie de celui-ci. Dans ce verset,
Allah réprimande ceux qui ne jugent pas d'après l'Évangile et les appellent par le terme de
« pervers », qui est un synonyme de pécheur dans le jargon coranique. Si l'Évangile était
falsifié comme le prétendent certains musulmans, il est difficile d'imaginer qu'Allah
puisse considérer comme « pervers » des hommes ne jugeant pas d'après un
livre falsifié qui n'aurait donc plus rien de divin !
Quatrième preuve
Allah nous dit que Jésus a dit ceci aux enfants d'Israël : « Et je confirme ce qu'il y a
dans la Thora révélée avant moi, et je vous rends licite une partie de ce qui était
interdit. Et j'ai certes apporté un signe de votre Seigneur. Craignez Allah donc, et obéissez-
moi. » [Sourate 3 - verset 50]
Dans ce verset coranique, on apprend que Jésus dit aux enfants d'Israël qu'il confirme ce
qu'il y a dans la Thora révélée avant lui. D'après l'égyptologue Claude Vandersleyen [De la
fin de l'Ancien Empire à la fin du Nouvel Empire, p. 232-237.], Moïse aurait quitté l'Égypte
aux environs du XIVème ou XVème siècle avant J.C., c'est-à-dire aux environs de - 1400
avant J.C. Ainsi, il y aurait entre la date de la révélation de la Thora et la venue de Jésus
environ mille quatre cent ans. Or, dans ce verset, Jésus dit clairement aux enfants
d'Israël qu'il confirme la Thora qui fut révélée mille quatre cent ans avant sa venue. Si
celle-ci fut falsifiée, il n'y a absolument aucun doute que Jésus l'aurait ouvertement dit,
d'autant plus que Jésus était ouvertement en conflit avec les instances
rabbiniques ! Or, il ne l'a jamais fait, mais au contraire même, il a confirmé l'intégrité et
l'intégralité des écrits l'ayant précédé !
En me basant sur un verset que j'ai cité précédemment, nous pouvons faire la même
constatation :
Allah - exaltée soit Sa gloire - a dit : « Nous avons fait descendre le Thora dans laquelle il y
a guide et lumière. C'est sur sa base que les prophètes qui se sont soumis à Allah, ainsi que
les rabbins et les docteurs jugent les affaires des Juifs. » [Sourate 5 - verset 44]
Ce verset affirme qu'Allah a fait descendre la Thora dans laquelle il y a guide et lumière.
C'est sur la base de celle-ci que les prophètes venus entre Moïse et Jésus, ainsi que les
rabbins ont jugé les affaires des Juifs. Puisque les prophètes sont venus après la révélation
de la Thora et n'ont cessé de se succéder entre Moïse et Jésus, il faut nécessairement
que la Thora soit restée la même pour que ceux-ci puissent, à travers la Thora,
continuer de guider et d'éclairer le sentier des enfants d'Israël.
De plus, ce verset atteste que c'est sur cette base que les rabbins et docteurs juifs ont jugé
les affaires des Juifs. Ceci démontre de manière évidente que tant les rabbins que les
prophètes se sont basés sur un seul et même livre qui leur servait de guidance
et de lumière. Ce Livre est la parole d'Allah, la Thora !
Cinquième preuve
Allah - exaltée soit Sa gloire - a dit : « Et s'il avait forgé quelques paroles qu'ils Nous avait
attribuées, Nous l'aurions saisi de la main droite, ensuite, Nous lui aurions tranché l'aorte.
Et nul d'entre vous n'aurait pu lui servir de rempart. » [Sourate 69 - versets 44 à 47]
Dans ce verset, Allah - exaltée soit Sa gloire - valide la prophétie du Prophète Muhammad
et témoigne Lui-même de l'authenticité de celle-ci. Dans ce passage, Allah affirme
ouvertement qu'Il n'aurait pas laissé le Prophète Muhammad - que la paix et la bénédiction
soient sur lui - inventer des paroles qu'Il Lui aurait attribuées sans Sa permission. En effet,
Allah dit clairement qu'Il aurait tranché l'aorte du Prophète Muhammad si celui-
ci s'était aventuré à forger des paroles qu'il aurait injustement attribué à son
Seigneur.
Si ce verset concerne la sainte personne du Prophète Muhammad, combien à plus forte
raison concerne-t-il tout homme qui se hasarderait dans une telle aventure... En effet, tout
homme qui tenterait de falsifier sciemment les paroles divines en modifiant les
textes sacrés contenus dans les Livres saints s'exposerait à la punition contenue
dans ce verset. Si un homme modifiait les paroles divines contenues dans les Livres
saints, il attribuerait à Allah ses propres paroles corrompues et serait donc concerné par ce
verset : « Et s'il avait forgé quelques paroles qu'ils Nous avait attribuées ». Et nous voyons
qu'en conséquence d'un tel acte, Allah trancherait l'aorte de l'auteur d'un tel forfait, ce qui
est une menace directe et physique. L'aorte étant l'artère qui évacue le sang oxygéné
dans la partie gauche du coeur pour irriguer les organes, il est évident qu'un tel homme
mourrait instantanément.
Les musulmans accusent souvent, en se basant sur les versets précédemment cités qu'ils
comprennent mal, les prêtres et les rabbins des gens du Livre de falsifier leurs écrits à
l'époque du Prophète Muhammad pour empêcher les Juifs et les chrétiens de le
reconnaître. Pourtant, il n'existe aucun récit contemporain ou postérieur au
Prophète Muhammad dans lequel un de ces rabbins - ou prêtres - se serait vu mourir
subitement suite à une tentative de falsification délibérée de la parole divine... Et nul
doute, vu comme la communauté médinoise était petite, que si cela était arrivé, la
nouvelle se serait propagée rapidement, sans parler du fait qu'Allah l'aurait révélé et
montré à Son Prophète. Cela n'a jamais eu lieu, car les rabbins et les prêtres ne se sont
jamais permis de commettre un tel acte.
Ce verset démontre clairement que dans le Coran fait la distinction entre la falsification
directe des textes et la falsification du sens de ces textes, qui est beaucoup plus subtile et
insidieuse. Dans les passages où Allah parle de ceux qui « altèrent » les écrits, il
n'est jamais fait mention de ce châtiment dans lequel Allah tranche l'aorte de ceux
qui commettent un tel méfait. Cela n'est pas une omission, mais cela démontre clairement
que ces hommes n'ont pas modifié le texte à la source, mais en ont seulement
modifié le sens.
Autres preuves coraniques
Enfin, il existe d'autres versets coraniques qui démontrent clairement que la Thora et
l'Évangile ne sont pas falsifiés.
Allah - exaltée soit Sa gloire - a dit : « Dis : « Ô gens du Livre, vous ne tenez sur rien, tant
que vous ne vous conformez pas à la Thora et à l'Évangile et à ce qui vous a été descendu de
la part de votre Seigneur. Et certes, ce qui t'a été descendu de la part de ton Seigneur va
accroître beaucoup d'entre eux en rébellion et en mécréance. » [Sourate 5 - verset 68]
Dans ce passage, Allah interpelle les gens du Livre et leur affirme qu'ils ne tiennent sur rien
tant qu'ils ne se conforment pas à la Thora et à l'Évangile ! Cette admonestation est au
présent et concerne donc l'époque du Prophète Muhammad. Il est impossible qu'Allah
puisse affirmer que les Juifs et les chrétiens ne tiennent sur rien tant qu'ils ne se basent pas
sur un livre qui serait falsifié et corrompu. Il faut donc nécessairement que ces deux
Livres soient préservés et que la guidée divine s'y trouve !
Allah - exaltée soit Sa gloire - a dit : « Et quand Allah dira : « Ô Jésus, fils de Marie,
rappelle-toi Mon bienfait sur toi et sur ta mère quand Je te fortifiais du Saint-Esprit. Au
berceau tu parlais aux gens, tout comme en ton âge mûr. Je t'enseignais le Livre, la
Sagesse, la Thora et l'Évangile ! » [Sourate 5 - verset 110]
Dans ce passage, Allah affirme qu'Il a enseigné à Jésus la Thora et l'Évangile. Connaissant
la Thora, puisqu'Allah lui a enseigné, jamais Jésus n'a affirmé que celle-ci fut falsifiée, bien
au contraire comme nous le verrons par la suite.
Allah - exaltée soit Sa gloire - a dit : « Certes, des messagers avant toi [Muhammad] ont été
traités de menteurs. Ils endurèrent alors avec constance d'être traités de menteurs et d'être
persécutés, jusqu'à ce que Notre secours leur vînt. Et nul ne peut changer les paroles
d'Allah, et il t'est déjà parvenu une partie de l'histoire des Envoyés. » [Sourate 6 - verset
34]
Ce verset nous apprend que d'autres messagers avant le Prophète Muhammad furent
traités d'imposteurs. Cependant, bien qu'ils furent éprouvés, le secours divin se manifesta
et les fit triompher. Les épreuves et les persécutions que subira le Messager à venir ont été,
la plupart du temps, rapportées et prophétisées par le Messager l'ayant précédé. De même,
les Messagers d'Allah ont toujours raconté et témoigné des persécutions que les messagers
les ayant précédés ont subi. Cela est une des caractéristiques de la révélation divine qui
incite perpétuellement à méditer sur les épreuves qu'ont eu à connaître et à affronter les
messagers d'Allah. Tous les Livres révélés par Allah contiennent de tels récits. Et en
rapportant ces récits, Allah énonce et rapporte une règle fondamentale : nul ne
peut changer les paroles d'Allah ! Ce verset nous apporte une indication de plus
qu'Allah préserve toute Sa parole, et non seulement une partie de celle-ci
contrairement à ce que prétendent les ignorants.
Allah - exaltée soit Sa gloire - a dit : « Chercherai-je un autre juge qu'Allah, alors que c'est
Lui qui a fait descendre vers vous ce Livre bien exposé ? Ceux auxquels Nous avons donné
le Livre savent qu'il est descendu avec la vérité venant de ton Seigneur. Ne sois donc point
du nombre de ceux qui doutent. Et la parole de ton Seigneur s'est accomplie en toute vérité
et équité. Nul ne peut modifier Ses paroles. Il est l'Audient, l'Omniscient. » [Sourate 6
- versets 114 et 115]
Allah atteste que c'est Lui qui a fait descendre le Coran. En guise de preuve, Allah nous
apprend que ceux qui ont reçu Ses livres - la Thora et l'Évangile - savent que le Coran est la
vérité. Ce verset est similaire au verset 94 de la sourate 10 que j'ai précédemment cité. Ce
verset sous-entend que la révélation faite à Muhammad a été annoncée dans la Bible
puisque les gens du Livre peuvent attester de sa véracité. Allah dit que l'annonce de
l'avènement de la révélation coranique qui a été faite dans la Bible s'est accomplie en toute
vérité. Et enfin, Allah dit une fois de plus, que nul ne peut modifier Ses paroles. Ce verset
est intéressant à plus d'un titre. Non seulement, il sous-entend que la révélation
coranique a été annoncée dans la Bible, confirme cet état de fait en annonçant
que les gens du Livre attestent de sa véracité, mais en plus, il affirme avec force que
nul ne peut modifier Sa parole, donc le Coran et toutes Ses autres paroles ! Gloire à
Allah !
Allah - exaltée soit Sa gloire - a dit : « Il y a pour eux une bonne annonce dans la vie d'ici-
bas tout comme dans la vie ultime. - Il n'y aura pas de changement aux paroles
d'Allah -. Voilà l'énorme succès ! » [Sourate 10 - verset 64]
Dans ce verset, Allah rappelle la promesse qu'Il a faite aux croyants. Et une fois de plus, Il
dit qu'il n'y aura aucun changement qui sera apporté aux paroles divines.
Allah - exaltée soit Sa gloire - a dit : « Et récite ce qui t'a été révélé du Livre de ton
Seigneur. Nul ne peut changer Ses paroles. Et tu ne trouveras, en dehors de Lui,
aucun refuge. » [Sourate 18 - verset 27]
Dans ce passage, Allah demande au Prophète Muhammad - et par extension, aux autres
croyants - de réciter le Coran. Puis, une fois de plus, Allah rappelle et que nul ne peut
changer Ses paroles. Un homme qui tente de falsifier un Livre divin ne modifie-t-il pas
Ses paroles ? De quelle autre modification pourrait-il s'agir ? Comment concilier le
fait qu'Allah dise à plusieurs reprises qu'aucune créature ne peut modifier Ses paroles et le
fait que certains musulmans taxent la parole divine contenue dans la Thora et l'Évangile
d'imposture falsifiée ? Il y a un vrai problème et leurs dires entrent en contradiction
avec ceux du Seigneur. Leur théorie vaseuse et fumeuse doit donc être rejetée avec
force et certitude...
J - Témoignages de certains savants musulmans sur la non-falsification de la
Thora et de l'Évangile
Dans cette partie, je vais apporter les témoignages de certains savants musulmans
éminents et connus qui affirment clairement que la Thora ne fut pas falsifiée par les gens
du Livre. Bien que de nombreux savants musulmans pensent, en se trompant, que ces
Livres furent volontairement et sciemment falsifiés, il reste une minorité de savants
musulmans éclairés - et pas des moindres comme nous allons le voir - qui rejettent
cette théorie.
J'ai déjà cité au début de ce travail ce qu'a dit le savant Al-Badawi à ce sujet. Mais son
témoignage n'est pas isolé, loin s'en faut ! D'autres éminents savants ont également rejeté
une falsification volontaire et délibérée de la Thora et de l'Évangile.
La position d'Ibn Taymiyyah
Le savant sunnite Taqî ad-Dîn Ahmad ibn Taymiyya, qui est une sommité et un immense
savant syrien du XIIIème siècle de l'ère gréogorienne s'est prononcé à ce propos dans son
livre appelé « al-Jawâb As-Sahîh » :
« Les copies de la Thora, de la Bible et des Psaumes d'aujourd'hui contiennent des
différences dans certaines d'entre elles [avec le texte originel], mais il s'agit de différences
mineures et leur cohérence [avec le texte d'origine] est plus répandue. Il n'y a aucun doute
concernant le fait qu'il y eut des changements d'interprétation et c'est ce sujet que nous
traitons. Il ne faut aucun doute qu'il y avait de nombreuses copies de la Thora et de la Bible
à l'époque du Prophète Muhammad et qu'elles étaient très répandues dans le monde
entier. » [al-Jawâb As-Sahîh p. 161, édition anglophone Umm Al-Qura]
Je laisse volontairement ici la traduction anglaise de ce passage par souci de transparence :
« The copies of the Torah, the Bible and the Psalms nowadays contain differences in some
of them but they are minor differences and their consistenty is more prevalent. There is no
doubt concerning the changes in interpretation and this is the subject we are now dealing
with. There is no doubt that there were many copies of the Torah and the Bible during the
Prophet Muhammad's time and that they were widespread throughout the world. » [al-
Jawâb As-Sahîh p. 161, édition anglophone Umm Al-Qura]
Il est à noter que l'érudit réunionnais Ahmad Anas Lala tenant le site « Maison Islam »
affirme que le savant Ibn Taymiyyah était d'avis que la majeure partie des écrits sacrés
juifs étaient authentiques et que seulement une infime partie d'entre elle ne l'était pas
[http://www.maison-islam.com/articles/?p=397].
Dans ce passage, Ibn Taymiyyah, qui est considéré comme un sommité du savoir par ceux
qui se font appeler « salafis », une secte de l'Islam sunnite très répandue à notre époque,
affirme sans détour que les écrits saints du judaïsme sont dans leur grande majorité
authentique et qu'une petite partie d'entre eux furent altérés. Pour expliquer qu'une petite
partie fut altérée, voici ce qu'il dit :
« Les musulmans ne disent pas que les mots contenus dans toutes les copies furent
changés mais que certaines formulations ont été modifiées. Quant à leur assertion [celle
des gens du Livre] selon laquelle la Thora fut traduite en soixante-douze langues, il est
connu de tous les chrétiens que ni le Christ - que la paix soit sur lui - ni tous les prophètes
des enfants d'Israël parlent une autre langue que l'hébreu. Celui qui dit qu'il parlait le
syriaque, comme certains personnes le prétendent, est dans l'erreur puisque les paroles
rapportées de lui dans les Évangiles furent prononcées en hébreu puis furent traduites
depuis ce langage vers d'autres langues. La traduction peut alors contenir de nombreuses
erreurs telles que celles que nous avons trouvé à notre époque avec ceux qui ont traduit la
Thora de l'hébreu vers l'arabe, tel que cela est reconnu par ceux qui parlent couramment
les deux langues. » [al-Jawâb As-Sahîh p. 159, édition anglophone Umm Al-Qura]
Encore une fois, j'ai choisi de laisser la version traduite en anglais par souci de
transparence :
« Muslims did not say that the words contained in all the copies throughout were changed
but that some of the wording had been changed. As for their saying that the Thora is
written in seventy-two languages, it is known to all Christians that neither Christ - peace be
upon him - nor all the prophets of the Children of Israel speak any language except
Hebrew. Whoever says that he spoke Syriac as some people say, is wrong since the speech
narrated from him in the Gospels was uttered in Hebrew then it was translated from that
language in other languages. The translation may contain many mistaked as we find during
our time with those who translated the Thora from Hebrew into arabic in which mistakes
appear that are recognized by those who speak both languages well. » [al-Jawâb As-Sahîh
p. 159, édition anglophone Umm Al-Qura]
Dans ce passage, Ibn Taymiyyah précise sa pensée et nous dit de façon explicite que c'est
seulement certaines formulations, et non l'ensemble du texte qui furent altérées. Encore
une fois, il s'agit non pas d'une falsification volontaire du texte originel de la Thora et de
l'Évangile, mais plutôt d'erreurs dues à la traduction dans de nombreuses langues
des Livres saints. Cette critique est donc complètement recevable et n'est d'ailleurs pas
propre à la Thora et à l'Évangile, mais concernent également le Coran dont les traductions
peuvent contenir des erreurs et dénaturer le sens de certains versets coraniques. Cela ne
signifie pas pour autant que le Coran fut falsifié ! Maintenant que cette précision
est faite, revenons quelques instant à la citation d'Ibn Taymiyyah :
« Les copies de la Thora, de la Bible et des Psaumes d'aujourd'hui contiennent des
différences dans certaines d'entre elles [avec le texte originel], mais il s'agit de différences
mineures et leur cohérence [avec le texte d'origine] est plus répandue. Il n'y a aucun doute
concernant le fait qu'il y eut des changements d'interprétation et c'est ce sujet que nous
traitons. Il ne faut aucun doute qu'il y avait de nombreuses copies de la Thora et de la Bible
à l'époque du Prophète Muhammad et qu'elles étaient très répandues dans le monde
entier. » [al-Jawâb As-Sahîh p. 161, édition anglophone Umm Al-Qura]
En plus de parler d'erreurs dues à la traduction qui sont possibles pour tout livre traduit,
Ibn Taymiyyah parle encore une fois d'erreurs d'interprétations, celles-là mêmes dont
nous parlons depuis le début de ce travail. Ibn Taymiyyah rappelle également que de
nombreuses copies de la Bible furent en circulation dans le monde entier. Le fait que les
corpus du texte biblique étaient diffusés mondialement et non à quelques villes ou villages
infirme de manière définitive l'assertion selon laquelle le texte original fut corrompu
et que les paroles d'Allah furent volontairement falsifiées par quelques rabbins ou prêtres.
Ceci est d'autant plus vrai qu'à l'époque du Prophète Muhammad, les chrétiens et les juifs
étaient déjà divisées en de très nombreuses sectes antagonistes, et qu'il n'existait pas un
comité biblique publiant des exemplaires de la Bible pour tous les gens du Livre. Ceci
écarte donc une fois de plus cette accusation ridicule.
Je précise enfin que je cite la position d'Ibn Taymiyyah, mais que je ne suis pas forcément
d'accord avec toute son analyse. Il faut savoir qu'Ibn Taymiyyah fonde sa critique en
pensant que le texte biblique ne restitue pas fidèlement l'annonce de l'avènement du
Prophète Muhammad qu'elle est censée contenir. Ainsi, selon lui, les chrétiens auraient
interprété et involontairement modifié la traduction de certains versets annonçant la
venue du Prophète Muhammad. Par la suite de mon travail, je démontrerais que ceci est
faux et que la Bible a bel et bien annoncée l'avènement de la venue du Prophète
Muhammad de façon voilée, mais néanmoins intelligible, à condition d'avoir les clés de
compréhension permettant d'élucider certains passages métaphoriques ou obscurs. Là ou
les musulmans commettent une erreur d'analyse, c'est que les textes anciens annoncent la
venue du Prophète, mais de manière voilée et subtile. Cela est une sagesse divine pour
éprouver les hommes et non une tentative délibérée des traducteurs de la
Bible de rendre opaque les prophéties de la venue du Prophète Muhammad.
Ibn Taymiyyah est un homme et comme tout homme il est libre d'argumenter sa
compréhension de tel ou tel sujet. Malgré tout, je l'ai cité par souci de transparence et
parce qu'elle apporte certains éléments que je compte développer par la suite. Je l'ai aussi
cité pour démontrer qu'il tient pour authentique la très grande majeure partie de la Bible,
fait qui contraste clairement avec l'attitude des musulmans de notre époque qui
considèrent tout ce Livre comme une grossière imposture. La position d'Ibn
Taymiyyah fut beaucoup plus pondérée et proche de la vérité, que celle qui est en
vogue à notre époque ! Enfin, il faut savoir qu'Ibn Taymiyyah était un éminent savant,
représentant du courant de pensée dit « athariste » qui pensait que les versets concernant
les attributs divins tels que « main », « oeil » devaient être interprétés littéralement, en
acceptant le « sens » littéral, tout en interdisant d'imaginer le « comment » et la réalité de
ces attributs pour ne pas tomber dans l'anthropomorphisme.
Le courant de pensée scholastique auquel appartient Ibn Taymiyyah a longtemps combattu
un autre grand courant de pensée en vogue dans le monde musulman : l'école « ash'arite ».
Cette école, contrairement à l'école dite « atharite » interdisait d'imaginer le « sens » de
ces attributs divins, récusant ainsi leur interprétation littérale, qu'ils considéraient comme
anthropormophiste de facto, et rejettaient donc toute spéculation autour de la réalité du
sens de ces attributs. Le conflit entre ces deux écoles de pensées fut majeur et Ibn
Taymiyyah fut emprisonné de nombreuses années de sa vie par le clergé majoritairement «
ash'arite » de l'époque.
Ibn Taymiyyah a écrit de nombreux livres dans lequel il défend sa position. Et dans ses
livres adressés à ses détracteurs, il n'hésite pas à abandamment citer la Thora et
l'Évangile pour démontrer la véracité de sa croyance et de sa bonne compréhension des
attributs divins !
La position d'Ibn `Abbâs
Citons maintenant la position d'Abdullâh Ibn `Abbâs, qui fut le cousin du Prophète
Muhammad, un des plus éminents compagnons et un des plus grand exégète du Coran.
Le célèbre historien Ibn Khaldoun rapporte : « Quant à ce qui est dit que leurs savants ont
modifié des passages de la Thora conformément à leurs intérêts religieux, Ibn `Abbâs a dit,
d'après ce que al-Bukhârî a rapporté de lui dans son Sahîh : « Ceci est peu probable ».
Il a dit en substance : « À Allah ne plaise qu'une nation parmi les nations falsifie
volontairement le livre qu'elle a reçu, révélé à son prophète ! » Il a dit : « C'est par
une interprétation erronée [« ta'wîl »] [de certains passages] de leur part qu'il y a
modification [du sens de certaines parties du message donné par Allah] [et non pas
par une falsification délibérée du texte même]. » Va dans le sens de ces propos [de
Ibn Abbâs] la parole de Dieu qui dit : « Alors qu'auprès d'eux se trouve la Thora dans
laquelle se trouve le jugement de Dieu » : s'ils avaient modifié les mots de la Thora,
il n'y aurait pas « auprès d'eux la Thora dans laquelle se trouve le jugement de
Dieu ». [Târîkh Ibn Khaldûn, 2/7-8]
Cette position d'Ibn `Abbâs est bel et bien citée par Al-Bukhâri dans son Sahih en ces
termes : « Or, personne ne peut faire disparaître les mots contenus dans un des Livres
d'Allah ; mais ils peuvent les détourner de leur sens et les interpréter autrement qu'il
convient » [Sahîh Al Bukhâri - Livre de l'Unicité d'Allah - chapitre 55].
Ce passage de l'historien Ibn Khaldoun est déterminant. Il cite Abdullâh Ibn `Abbâs, le
cousin du Prophète Muhammad lui-même. Cette citation est authentique puisqu'elle est
bien contenue dans le Sahîh d'Al-Bukhâri. Abdullâh Ibn `Abbâs faisait partie de ceux que
l'on appelle les « gens de la Maison » prophétique (« Ahl al-Bayt »). Ces gens font partie
de la proche famille du Prophète Muhammad et ont un mérite très particulier aux yeux des
musulmans. D'ailleurs, Allah Lui-même atteste de leur rang particulier dans Son Livre :
Allah - exaltée soit Sa gloire - a dit : « Allah ne veut que vous débarrasser de toute
souillure, ô gens de la maison [du prophète], et vous purifier pleinement. » [Sourate 33 -
verset 33]
Dans ce verset, Allah dit clairement qu'Il veut purifier pleinement les gens de la famille de
Son messager. Cette attention particulière d'Allah en dit long sur le mérite et le rang de
cette noble famille.
Quant à Abdullâh Ibn `Abbâs, il dispose d'un rang particulier, dans la mesure où il est un
érudit dans la science de l'interprétation du Coran et qu'il a bénéficié des
bénédictions du Prophète Muhammad à son encontre.
On rapporte que le Prophète Muhammad a dit à propos d'Ibn `Abbâs : « Mon Dieu,
instruis-le dans les choses de la Religion et apprends-lui les subtilités de l’interprétation. »
[Rapporté par Ibn Abî Shayba dans son Musannaf]
Nous pouvons donc constater que le Prophète a invoqué Allah pour qu'Ibn `Abbâs soit
éclairé dans les sujets délicats et les subtilités théologiques, ce qui n'est pas rien !
Dans cette citation qu'Ibn Khaldoun tirée du Sahîh de Bukhâri, qui est le recueil de hadiths
le plus authentique dans l'Islam sunnite, il est clairement rapporté qu'Ibn `Abbâs rejette
vigoureusement toute falsification volontaire et délibérée de la Thora. Bien
plus que cela, Ibn `Abbâs affirme clairement que les versets coraniques faisant allusion à
une falsification dénoncent en vérité une falsification du sens de la parole
d'Allah. Ainsi, celle-ci est dénaturée et vidée de son sens. Pour argumenter son point de
vue, Ibn `Abbâs s'appuie sur le verset coranique que j'ai préalablement cité dans mon
travail disant que la Thora dans laquelle est contenue le Jugement divin est auprès d'eux !
La position d'autres savants musulmans
Cette position n'est pas isolée, loin s'en faut ! D'autres éminents savants musulmans
étaient de l'avis que la Bible ne fut pas falsifiée et que les paroles divines se trouvent encore
entre nos mains. As-Suddî, l'un des pieux prédécesseurs ayant vécu lors du VIIIème siècle
de l'ère grégorienne est d'avis que les savants ayant rédigé des livres qu'ils prètent à Allah
(j'ai traité ce sujet auparavant, merci de vous y référer) étaient des cas isolés. Encore une
fois, le fait que ce soit des cas isolés (rappelez-vous, Allah dit « une partie des Juifs »)
démontre que ces Livres ne purent être falsifiés, sinon on se retrouverait avec des versions
de la Thora et de l'Évangile différentes, or ce n'est pas le cas ! Il s'agit donc bien d'une
manipulation des textes religieux que certains « savants » ont effectué dans des
livres qu'ils ont rédigé pour rejeter la prétention du Prophète Jésus et
Muhammad à être prophètes. Ces livres sont des productions indépendantes que ces
hommes ont rédigé et n'ont rien à voir avec la Bible. Cela est comparable aux écrits que les
« savants » rédigent de nos jours, déformant le sens du Coran, sans pour autant que leurs
écrits soient incorporés à la parole divine. L'avis d'As-Suddî est cité par les éminents
exégètes At-Tabarî et Ibn Kathir.
Un autre célèbre exégète du Coran, Fakhr ad-Dîn ar-Râzî (1149 - 1209) qui a écrit une
célèbre exégèse du Coran affirme dans son commentaire du verset 174 de la
sourate 2 qu'ils n'ont pas modifié la Thora et l'Évangile et que « ceci est impossible parce
que ces Livres sont si largement connus et répandus qu’ il est impossible qu'il y ait de telles
modifications ; par contre ils [les prêtres des gens du Livre] en ont masqué l‘interprétation.
» Dans son commentaire du verset 78 de la sourate 3, Fakhr ad-Dîn ar-Râzî dit
ouvertement : « comment la falsification de la Thora pourrait-elle avoir lieu alors que ce
livre est si connu parmi les gens ? » Dans son commentaire du verset 46 de la
sourate 4, il dit en substance : « c’est, par contre, une interprétation malhonnête qui
enlève aux mots leurs véritables sens pour leur donner une signification illusoire. » Ces
paroles sont très claires et ne nécessitent pas plus de développement. Elles vont dans le
sens de tout ce qui a été exposé jusqu'ici.
Un autre savant, plus contemporain cette fois-ci, Shâh Waliyyullâh (21 février 1703 – 20
août 1762) est d'avis que les écrits sacrés antérieurs au Coran contiennent l'authentique
parole d'Allah que Celui-ci a révélé aux gens du Livre. Sa position et son point de vue sont
relatés dans son livre « Al-Fawz al-kabîr » à la page 29.
Bref, comme nous pouvons le constater, certains savants musulmans ont eu un avis éclairé
sur la question et sont loin d'être aussi catégoriques dans leurs affirmations que certains de
nos amis musulmans qui s'empressent de jeter l'anathème sur le texte sacré biblique
existant à notre époque. Et gageons que d'autres éminents savants musulmans
soutenaient cette position, n'ayant pas accès à l'ensemble des écrits de tous les érudits
musulmans, je n'ai pu explorer tous leurs points de vues !
K - Si la Bible est réellement authentique, pourquoi y trouve-t-on des
contradictions ?
Puisque la Bible contient la parole de Dieu, pourquoi trouves-t-on au sein de celle-ci des
contradictions ? Cette question, posée par les détracteurs de la Bible, qu'ils soient
musulmans ou non-croyants, mérite une réflexion sérieuse et une réponse qui l'est tout
autant.
Voici un exemple de contradictions que l'on peut trouver dans la Bible. Dans le Livre des
Rois, voici le récit que l'on peut lire au sujet d'Achazia, un des rois de Juda :
« Achazia avait vingt-deux ans lorsqu'il devint roi, et il régna un an à Jérusalem. Sa mère
s'appelait Athalie, fille d'Omri, roi d'Israël. » [Deuxième livre des Rois - chapitre 8, verset
22]
Or, dans le deuxième Livre des Chroniques, voici le récit que l'on peut lire au sujet de ce
même roi :
« Achazia avait quarante-deux ans lorsqu'il devint roi, et il régna un an à Jérusalem. Sa
mère s'appelait Athalie, fille d'Omri. » [Deuxième livre des Chroniques - chapitre 22, verset
2]
Dans le premier passage, on peut lire qu'Achazia, un des rois de Juda avait vingt-deux ans
lorsqu'il devint roi. Dans le second passage, on nous informe qu'il avait non pas vingt-deux
ans mais quarante-deux ans. Il s'agit bel et bien du même roi, d'Achazia fils de Joram. La
contradiction est donc réelle. Il existe d'autres passages contenant des contradictions
apparentes de ce genre dans la Bible.
Cette question nécessite un développement. Après une étude approfondie du sujet, je me
suis rendu compte qu'il existait plusieurs types de contradictions apparentes dans la Bible :
Le premier type de contradiction est celle « d'ordre historique ». Un bon
exemple de ce type de contradiction historique est celui que je viens de citer concernant
Achazia, le roi de Juda. Je qualifie ce type de contradiction d'historique puisqu'elle
concerne des aspects historiques du récit biblique, c'est-à-dire, des textes narrant des
événements historiques, rédigés par des hommes et nécessaires à la corrélation des
différents livres bibliques les uns avec les autres. Ce type de contradiction se situe au sein
du corpus biblique lui-même. Ces contradictions que je qualifie « d'ordre historique »
peuvent parfois entrer en conflit avec d'autres livres de Dieu, j'y reviendrais dans ce
chapitre, et j'approfondirais la question dans un autre ouvrage si Dieu le veut.
Le deuxième type de contradiction est « d'ordre dogmatique ». Ce type de
contradiction apparaît lorsque les religieux qui s'approprient le Livre divin, lui attribue une
interprétation qu'ils jugent immuable. Ces interprétations sont souvent des interprétations
littérales, basées sur des dogmes et influencées par les coutumes ancestrales des peuples.
Parfois, l'imagination, et même les superstitions, ont influencé ces interprétations que les «
gens du Livre » ont assignées à ces Livres.
Étant donné que les différents Livres furent révélés à diverses nations, il est évident que
ces facteurs ont énormément influencé les diverses interprétations et donc l'approche que
ces peuples ont eu vis-à-vis des Livres qui leur furent révélés. L'état spirituel et
civilisationnel de ces peuples a également eu des conséquences sur l'approche que les
peuples ont eue des Livres qui leur furent révélés. Il est évident, pour illustrer cet état de
fait, que les premiers chrétiens - qui étaient juifs - qui avaient déjà auprès d'eux les écrits
de tous les prophètes du judaïsme avaient une approche très différente des textes divins
que l'approche qu'en avaient les premiers musulmans, Arabes, qui ne disposaient pas de
l'héritage spirituel dont disposaient les premiers chrétiens.
Cela ne signifie pas que les musulmans n'avaient pas accès aux Livres du judaïsme et du
christianisme. Les Livres divins exercent une influence sur les peuples qui est bien plus
profonde que celle qui s'opère après une simple lecture de ces Livres. Il est évident que les
premiers chrétiens qui étaient juifs, et que tout le peuple Juif dans son ensemble, ont été
considérablement influencés par tous les écrits révélés de l'Ancien Testament. Cette
influence s'est faite sur des siècles, voire même sur des millénaires. Cette influence est
civilisationnelle et sociétale puisque les peuples adoptent les principes et les lois du
Livre qui leur est révélé.
Allah - exaltée soit Sa gloire - a dit : « C'est Lui qui a envoyé à des gens sans Livre [les
Arabes] un Messager des leurs qui leur récite Ses versets, les purifie et leur enseigne le
Livre et la Sagesse, bien qu'ils étaient auparavant dans un égarement évident, ainsi qu'à
d'autres parmi ceux qui ne les ont pas encore rejoints. C'est Lui le Puissant, le Sage. »
[Sourate 62 - versets 2 et 3]
Dans le Coran, Allah relate très clairement cet état de fait, en rappelant que les musulmans
n'avaient pas de Livre, contrairement aux autres peuples, et notamment au peuple Juif.
Allah - exaltée soit Sa gloire - a dit : « Et, à présent, voici ce Coran béni que Nous révélons.
Conformez-vous à son enseignement et craignez Dieu, dans l’espoir d’être touchés par Sa
grâce, afin que vous ne disiez point : « Seules deux communautés, avant nous, avaient reçu
des Écritures, mais nous n’avons pas pris soin de les étudier » ; ni que vous disiez : « Si
nous avions, nous aussi, reçu des Écritures, nous aurions certainement été mieux dirigés
que ceux qui nous ont devancés. » Or, voici que votre Seigneur vous envoie une preuve
décisive qui constitue à la fois une direction et une bénédiction ! » [Sourate 6 - versets 155
à 157]
Dans ce verset, Allah dit que le peuple de Muhammad aurait pu citer en guise d'excuse le
fait qu'il n'a pas reçu de révélation, contrairement aux chrétiens et aux Juifs pour justifier
de son idolâtrie. Et c'est pour empêcher que ce peuple prenne cette excuse qu'Allah décida
de leur révéler le Coran. Et donc, il est évident que n'ayant pas reçu de manière directe la
révélation du Livre comme les peuples judéo-chrétiens, les arabes qurayshites étaient
parfaitement ignorants des enseignements divins, d'autant plus que les moyens
technologiques de l'époque étaient très limités contrairement à notre époque.
Ainsi, il est clair que les arabes qui sont ensuite devenus musulmans ont été grandement
influencés par le Coran, bien plus que par la Bible. Or, le style littéraire de la dispensation
coranique est bien différent de celui de la dispensation judéo-chrétienne. De même, la
culture qurayshite dont le Prophète Muhammad a conservé quelques rites - comme la
pratique rituelle du pèlerinage - est totalement différente de la culture judéo-chrétienne. Il
est donc logique et naturel que les interprétations et la façon d'appréhender le texte divin
étaient différentes entre ces deux grandes nations.
Il faut savoir que les Livres divins contiennent deux types de versets : les versets dits
univoques, au sens clair et compréhensible par tous et les versets dits équivoques aux sens
mystérieux et cachés.
Allah - exaltée soit Sa gloire - a dit : « C'est Lui qui a fait descendre sur toi le Livre : il s'y
trouve des versets sans équivoque, qui sont la base du Livre, et d'autres versets qui peuvent
prêter à d'interprétations diverses. Les gens, donc, qui ont au cœur une inclinaison vers
l'égarement, mettent l'accent sur les versets à équivoque, cherchant la dissension en
essayant de leur trouver une interprétation, alors que nul n'en connaît l'interprétation, à
part Allah. Mais ceux qui sont bien enracinés dans la science disent : « Nous y croyons :
tout est de la part de notre Seigneur ! Mais, seuls les doués d´intelligence s'en rappellent. »
[Sourate 3 - verset 7]
Les versets dits « univoques » concernent généralement les versets qui décrivent la
Législation de la religion pour l'époque à laquelle elle est révélée. Ces versets univoques
rappellent également les grands principes spirituels éternels et les enseignements
historiques nécessaires aux progrès des peuples. Ce sont ces paroles univoques et claires
qui contiennent les codes moraux et les enseignements spirituels qui ont permis aux
peuples s'y étant conformé de bâtir des civilisations pluri-millénaires. La civilisation judéo-
chrétienne, la civilisation perse et la civilisation musulmane sont autant d'illustrations de
ce processus. Ces versets univoques ont une interprétation claire et accessible au commun
des mortels puisqu'ils servent à établir un ordre et des lois servant à fonder une société
divinement organisée.
Quant aux versets dits « équivoques », ils concernent principalement les versets ayant
trait à la vie après la mort et surtout aux prophéties qui sont faites sur la venue du
prochain messager et sur les événements marquants la fin de la dispensation religieuse,
communément appelés la « fin des temps ». Ces versets ont une interprétation « codée » et
Allah Seul en connaît le sens, comme Il le rappelle dans la sourate 3, verset 7 :
Allah - exaltée soit Sa gloire - a dit : « Les gens, donc, qui ont au cœur une inclinaison vers
l'égarement, mettent l'accent sur les versets à équivoque, cherchant la dissension en
essayant de leur trouver une interprétation, alors que nul n'en connaît l'interprétation, à
part Allah. » [Sourate 3 - verset 7]
Mais alors, quel serait l'intérêt pour Allah de révéler des versets équivoques dont nul ne
connaît l'interprétation sauf Lui ? La réponse à cette question est la suivante : dans toutes
les dispensations religieuses, Allah a annoncé de manière voilée et métaphorique la venue
du prochain messager et les événements de la fin de l'ère religieuse du dernier messager,
appelé communément « fin des temps ». En réalité, la « fin des temps » est la fin d'un
temps, la fin d'une ère. Et c'est par la venue du messager suivant que les versets obscurs
concernant sa venue et certains autres versets sont explicités par le messager d'après. C'est
ainsi que Jésus a explicité certains versets équivoques du judaïsme, et c'est à travers lui
qu'Allah a dévoilé aux enfants d'Israël la véritable interprétation de ces versets. Cette
question sera traitée plus en profondeur dans un autre chapitre si Dieu le veut.
Comme le rappelle Dieu, c'est sur ces versets que les communautés religieuses se sont
égarées, en ne respectant pas l'ordre de ne pas essayer de les interpréter. Influencés par ses
coutumes, par son manque de connaissances, et par les passions de ses leaders religieux,
chaque communauté s'est hasardée à interpréter ces versets dont l'interprétation est
voilée. C'est ainsi que des dogmes ont été créés, et qu'ainsi des contradictions entre les
différents Livres divins sont nées. Ces contradictions, superficielles et artificielles, sont
ainsi apparues. À cause d'elles, le monde fut plongé dans des guerres et dans des divisions
incessantes, chaque communauté se prévalant de son dogme et de son interprétation des
textes. Plus grave encore, et c'est là le coeur de la problématique, les dogmes qui sont nés
ont constitué une puissante barrière pour la reconnaissance des messagers de Dieu qui se
sont succédés après le messager que chaque communauté avait reconnu.
Allah - exaltée soit Sa gloire - a dit : « C'est ainsi, car c'est avec la vérité qu'Allah a fait
descendre le Livre; et ceux qui s'opposent au sujet du Livre sont dans une profonde
divergence. » [Sourate 2 - verset 176]
Allah - exaltée soit Sa gloire - a dit : « Les gens formaient [à l´origine] une seule
communauté [croyante]. Puis, [après leurs divergences,] Allah envoya des prophètes
comme annonciateurs et avertisseurs; et Il fit descendre avec eux le Livre contenant la
vérité, pour régler parmi les gens leurs divergences. Mais, ce sont ceux-là mêmes à qui il
avait été apporté, qui se mirent à en disputer, après que les preuves leur furent venues, par
esprit de rivalité ! Puis Allah, de par Sa Grâce, guida ceux qui crurent vers cette Vérité sur
laquelle les autres disputaient. Et Allah guide qui Il veut vers le chemin droit. » [Sourate 2
- verset 213]
Ces deux versets illustrent parfaitement tout ce que j'ai expliqué. Ils expliquent de manière
claire qu'Allah envoie des prophètes pour régler ces divergences et unifier toute la
communauté humaine sous la bannière de la certitude. C'est également dans ce but que fut
révélé le Coran.
Allah - exaltée soit Sa gloire - a dit : « Ce Coran raconte aux enfants d'Israël la plupart des
sujets sur lesquels ils divergent. » [Sourate 27 - verset 76]
Les Livres divins sont authentiques et ils ne contiennent aucune contradiction entre eux.
Allah le rappelle dans le Coran.
Allah - exaltée soit Sa gloire - a dit : « Ne méditent-ils donc pas sur le Coran ? S'il provenait
d'un autre qu'Allah, ils y trouveraient certes maintes contradictions ! » [Sourate 4 - verset
82]
Les contradictions ne proviennent donc pas des Livres divins, mais des
nombreuses interprétations erronées que les différentes communautés leur ont attribuées !
Ces interprétations ont provoqué des divergences et une fissure empêchant l'unité de
l'humanité et l'acceptation par les communautés religieuses de la continuité de la
révélation progressive. Et c'est justement pour restaurer cette continuité et l'unité des
Livres divins que les messagers de Dieu furent successivement envoyés.
L - Apport de certains versets bibliques dans lesquels Allah affirme clairement
que Sa parole sera préservée
Dans cet exposé, j'ai mentionné et examiné ce que disent les sources islamiques sur le
sujet. Mais qu'en est-il du Livre concerné, la Bible ? Puisqu'elle contient la parole d'Allah,
qui est par essence l'Omniscient, ne peut-on pas trouver de textes pouvant nous éclairer et
apporter un indice de plus nous permettant de résoudre cette problématique ?
Eh bien, après quelques recherches, j'ai découvert que Dieu dans la Bible S'est prononcé
sur ce sujet avec une extrême clarté. Je vous propose de citer ces paroles divines qui nous
apportent une réponse déterminante à ces accusations et assertions sans fondement.
Une mise en garde sévère
Dans la Thora et l'Évangile, Allah et Ses messagers effectuent à plusieurs reprises une mise
en garde sévère contre ceux qui seraient tenté de retrancher ou d'ajouter la moindre parole
à la parole originelle d'Allah.
Le Prophète Moïse - que la paix et la bénédiction d'Allah soient sur lui - a dit ceci : « Vous
n’ajouterez rien à la parole que je vous commande, et vous n’en retrancherez rien ; mais
vous observerez les commandements de l’Éternel, votre Dieu, tels que je vous les donne. »
[Thora, Livre du Deutéronome 4:2]
Dans ce passage, Moïse affirme qu'Allah lui révèle Ses commandements et qu'il convient de
les observer. Il effectue par ailleurs une sévère mise en garde sur la tentative de falsifier le
texte sacré. Ce texte est clair et univoque. Il ne nécessite pas d'interprétation particulière.
Comment imaginer que des hommes qui aiment sincèrement la parole que Dieu leur a
révélée puisse ouvertement et délibérément la falsifier sans que personne ne s'en rende
compte ?! Quand on sait que c'est par amour de la Thora et de son caractère
éternel que les Juifs ont rejeté tous les messagers d'Allah venus pour l'abroger, cela laisse
songeur...
Le Prophète Salomon - que la paix et la bénédiction d'Allah soient sur lui - a dit : « Toute
parole de Dieu est éprouvée. Il est un bouclier pour ceux qui cherchent en lui un refuge.
N’ajoute rien à ses paroles, de peur qu’Il ne te reprenne et que tu ne sois trouvé menteur. »
[Livre des Proverbes 30.5-6]
Dans ce passage, le Prophète Salomon affirme clairement que toute parole d'Allah est
éprouvée. Éprouvée... éprouvée par le temps ? Le reste de la citation constitue une nouvelle
mise en garde contre le fait d'ajouter quoi que ce soit à Ses paroles. Le fait d'apposer sa
propre interprétation et d'imposer un sens à la parole divine, n'est-ce pas ajouter une
chose à Sa parole ?
Dans ce verset, Salomon ajoute une précision de taille : « de peur qu’Il ne te
reprenne et que tu ne sois trouvé menteur. » Ainsi, Salomon affirme sans détour qu'Allah
reprendrait quiconque s'hasarderait à une telle entreprise et qu'un tel homme se
trouverait être un menteur ! Ainsi, n'est-ce pas une indication qu'une telle entreprise
échouerait, s'avèrerait vaine, et que le forfait de cet acte inconsidéré retomberait ainsi sur
son auteur qui serait confondu par Allah et qui serait convaincu d'imposture ? Ce verset est
une indication supplémentaire qu'un tel acte est strictement impossible car nul ne
saurait réduire à Allah à l'impuissance.
Le Prophète Jésus - que la paix et la bénédiction soient sur lui - a dit : « Je le déclare à
quiconque entend les paroles de la prophétie de ce livre : Si quelqu’un y ajoute quelque
chose, Dieu le frappera des fléaux décrits dans ce livre ; et si quelqu’un retranche quelque
chose des paroles du livre de cette prophétie, Dieu retranchera sa part de l’arbre de la vie et
de la ville sainte, décrits dans ce livre. » [L'Évangile - Livre de l'Apocalypse 22.18-19]
Dans ce verset, Jésus exprime des menaces similaires à ceux qui seraient tenté de modifier
les paroles divines. En effet, celui-ci menace clairement et directement quiconque oserait
faire cela de châtiments d'une gravité extrême. Cela démontre de manière claire qu'Allah
veille et qu'une telle tentative serait immédiatement réprimée par Allah.
Le Prophète Jérémie aurait-il affirmé que la Thora fut falsifiée ?
Voici le verset en question que l'on peut trouver dans le Livre de Jérémie, un des grands
prophètes envoyé aux enfants d'Isräel, six siècles avant la venue de Jésus :
« Comment pouvez-vous dire : Nous sommes sages, La loi de l'Éternel est avec nous ? C'est
bien en vain que s'est mise à l'oeuvre La plume mensongère des scribes. » [Livre de
Jérémie, chapitre 8 - verset 8]
Examinons le contexte de ce verset :
« Comment pouvez-vous dire : Nous sommes sages, La loi de l'Éternel est avec nous ? C'est
bien en vain que s'est mise à l'oeuvre La plume mensongère des scribes. Les sages sont
confondus, Ils sont consternés, ils sont pris ; Voici, ils ont méprisé la parole de l'Éternel, Et
quelle sagesse ont-ils ? C'est pourquoi je donnerai leurs femmes à d'autres, Et leurs
champs à ceux qui les déposséderont. Car depuis le plus petit jusqu'au plus grand, Tous
sont avides de gain ; Depuis le prophète jusqu'au sacrificateur, Tous usent de tromperie. Ils
pansent à la légère la plaie de la fille de mon peuple : Paix ! paix ! disent-ils. Et il n'y a point
de paix. » [Livre de Jérémie, chapitre 8 - versets 8 à 11]
En examinant attentivement ce passage, on se rend compte que la réponse à
l'ambiguïté que ces personnes soulèvent se trouve dans le passage lui-même.
Et la réponse à cette ambiguïté se trouve dans les versets 9, 10 et 11. En effet, dans ce
passage, on constate que les scribes prétendent être sages et avoir la Loi de l'Éternel avec
eux. Ces scribes avaient pour fonction de recopier les textes de la Thora, mais aussi de
rendre des jugements en se basant sur celle-ci pour guider la communauté des enfants
d'Israël.
Voyons la définition d'un scribe dans le judaïsme, telle qu'elle est proposée l'encyclopédie
universalis :
« Dans les textes du judaïsme du début de l'ère chrétienne, aussi bien que dans le Nouveau
Testament, le sôfer (ou grammateus, ou nomikos) remplissait encore la fonction du scribe
de l'Orient ancien, mais il devint en même temps un homme de loi, un spécialiste
de la Torah, la Loi de Moïse. Le premier scribe, en ce sens-là, fut le prêtre Esdras (~
IVe s.), qui acheva de fixer la Torah. Mais, avec le phénomène de la Diaspora (dès le ~ IIIe
s.) et avec celui de l'hellénisation de l'Orient, les juifs furent confrontés à de
nouvelles difficultés pour observer strictement leur loi, et une jurisprudence
leur devint nécessaire. C'est ainsi qu'une corporation de juristes laïcs connaissant les
textes et les traditions juives se constitua, à côté des prêtres. Ces hommes exerçaient par
ailleurs un métier pour gagner leur vie. Lorsque le peuple venait les consulter, les scribes
faisaient preuve soit d'une grande indulgence, soit d'une sévérité rigoureuse. »
[http://www.universalis.fr/encyclopedie/scribes-judaisme/]
La preuve que c'est à ce rôle de juriste, de conseiller qui doit guider le peuple, et non au
rôle de copieur du texte de la Thora, que ce passage fait allusion est que de suite après,
Jérémie parle des « sages qui sont confondus », qui « méprisent la parole de l'Éternel ».
D'ailleurs, c'est d'eux qu'au début du verset, Allah rapporte leur propos où ils prétendent
être « sages », donc versés dans la sagesse et donc aptes à rendre des jugements
puisqu'ils connaissent « la Loi de l'Éternel » qui est auprès d'eux. Et ces
jugements étaient rendus par écrit, car les scribes étaient des hommes lettrés qui écrivaient
des commentaires qui servaient à éclaircir les problématiques qui concernaient le peuple
d'Israël de jadis. Le verset 10 confirme cet état de fait puisqu'il dénonce l'état de
corruption généralisé du peuple israélite, « du plus petit au plus grand », ils ont méprisé
la parole de Dieu et s'en sont détournés par avidité et matérialisme. Dans ce
passage, Allah blâme toute la nation israélite, du plus petit au plus grand. Si ce passage
concernait uniquement une caste de prêtres qui auraient falsifié la Thora, en quoi le
reste du peuple devrait être mentionné dans ce passage, puisqu'il n'est pas
concerné ? Enfin, le verset 11 est déterminant puisqu'il démontre de manière
décisive et définitive que ces scribes avaient la plume mensongère quand il s'agissait de
rendre des jugements (ou « fatwas ») aux enfants d'Israël. En effet, le verset 11 dépeint ces
scribes comme des médecins « pansent à la légère la plaie de la fille de mon peuple. » Cette
indication est absolument cruciale, puisque le rôle des prêtres et des rabbins était de guérir
les maux spirituels de leurs peuples en émettant des jugements et en promulguant la
sagesse qui soient conformes aux Livres divins révélés.
Allah - exaltée soit Sa gloire - a révélé ceci à Son serviteur, Baha'u'llah : « Considérez le
monde comme un corps humain créé complet et parfait que des causes diverses ont affligé
de graves maladies et désordres. Il ne connait aucun jour de répit ! Au contraire, sa
maladie s'aggrave sous le traitement de médecins ignorants qui donnent libre
cours à leurs désirs personnels et se trompent cruellement. Même si un membre
de ce corps était guéri grâce aux soins d'un médecin compétent, le reste n'en demeurait pas
moins affecté comme auparavant. Ainsi vous informe l'Omniscient, le Très-Sage. » [Épître
au Fils du Loup]
Ces scribes sont comparables à ces médecins ignorants qui « donnent libre cours à leurs
désirs personnels et se trompent cruellement. » C'est dans ce sens qu'il faut comprendre ce
passage du Livre de Jérémie et non dans le sens d'une prétendue falsification du texte. Ceci
est d'ailleurs impossible, puisque comme nous allons le voir, tous les messagers de Dieu
confirment l'authenticité de la Thora. C'est donc, l'usage que les gens du clergé juif
ont fait de la Thora qui est dénoncé par Allah et non l'authenticité de ce Livre
dont il est question.
Et enfin, ma dernière objection est la suivante : comment des hommes qui auraient pris le
soin de falsifier volontairement et de truquer le Livre de Dieu auraient-ils omis de retirer
un passage où Jérémie les dénoncerait d'une manière aussi évidente que le prétendent nos
amis musulmans ? Ce serait vraiment très curieux que l'auteur d'un tel crime laisse un tel
indice au sein d'un Livre qu'il a copié des dizaines et des dizaines de fois...
En vérité, la présence de ce texte et de tous ces textes où Dieu accable les rabbins et le
clergé juif est une preuve de la révérence que les enfants d'Israël avaient pour le texte
sacré, à tel point que même les passages les plus accablants établis à leur encontre sont
présents dans le corpus biblique. En vérité, l'existence de ce passage est une preuve
qui démontre l'intégrité des copistes juifs et l'extrême soin qu'ils portaient à
la restitution du texte divin.
Allah a promis de préserver Sa parole
Après avoir cité des versets interdisant de façon formelle de modifier les paroles divines
qu'Allah a révélées, et exposant de manière claire les calamités qui atteindraient quiconque
se hasarderait à faire cela, je vais citer d'autres paroles célestes. En effet, dans Ses livres
sacrés, Allah a promis aux Juifs et aux chrétiens qu'Il préserverait Sa parole.
Plusieurs prophètes d'Allah, qui rappelons-le ne parlent que par Sa permission, énoncent
cette promesse.
Le Prophète David - que la paix et la bénédiction soient sur lui - a dit : « À toujours, ô
Éternel ! Ta parole subsiste dans les cieux. » [Livre des Psaumes 119.89]
Dans cette louange adressée à Allah, le Prophète David affirme que la parole d'Allah
subsiste dans les Cieux. Elle subsiste donc, et ne disparaît pas. Si la Thora avait été falsifié,
il n'y a aucun doute qu'Allah aurait suscité un Prophète pour restaurer cette parole dans
son intégralité. Or, cela ne fut jamais fait, preuve que la parole d'Allah a subsisté.
Le Prophète Isaïe - que la paix et la bénédiction d'Allah soient sur lui - a dit : « L’herbe
sèche, la fleur tombe ; mais la parole de notre Dieu subsiste éternellement. » [Livre d'Isaïe
40.8]
Dans ce verset, le Prophète Isaïe utilise une magnifique parabole comparant l'herbe, la
fleur et la parole d'Allah. Il affirme sans détour que l'herbe sèche, la fleur tombe mais que
la parole d'Allah subsiste éternellement. Cette citation sublime en dit long sur la puissance
qu'a Allah pour protéger Sa parole. Comment de misérables hommes pourraient-ils Le
mettre en échec et causer l'égarement de centaines de millions d'âmes ? C'est bien là
méconnaître le Seigneur...
En lisant cette parole sacrée, deux remarques me viennent spontanément à l'esprit. La
première remarque qui me vient à l'esprit est que certains Juifs, assimilant la parole
divine à la Thora se sont servis de ce verset (et d'autres) pour affirmer que la Thora ne
serait jamais remplacée et que Jésus et Muhammad furent des imposteurs dans leur
prétention à l'abroger. La deuxième remarque qui me vient à l'esprit est qu'Isaïe, en
tant que prophète « mineur » envoyé par Allah entre Moïse et Jésus devait se conformer à
la Thora et promouvoir celle-ci au sein des enfants d'Israël. Pourtant, loin d'affirmer que
celle-ci fut falsifiée ou modifiée, Isaïe rappelle de manière claire que la parole d'Allah
subsiste et subsistera.
Le Prophète Jésus - que la paix et la bénédiction soient sur lui - a dit : « Car, je vous le dis
en vérité, tant que le ciel et la terre ne passeront point, il ne disparaîtra pas de la loi un seul
iota ou un seul trait de lettre, jusqu’à ce que tout soit arrivé. » [Évangile selon Matthieu,
5/18]
Dans ce verset de l'Évangile, Jésus fils de Marie - que la paix et la bénédiction soient sur lui
- prend la parole devant ses disciples et dit que la Loi, c'est-à-dire la Thora (qui signifie «
Loi » en grec), ne disparaîtra jamais. Il affirme même que pas une seule lettre ou trait de
lettre de la Thora ne disparaîtra jusqu'à ce que la terre et les cieux ne passent !
Ce passage est d'une éloquence extraordinaire et d'une clarté limpide. Cette parole a une
portée double. Elle concerne le passé, mais aussi le futur ! En effet, Jésus confirme que
la Thora n'a pas été falsifiée et qu'elle est intégralement préservée. Mais en plus de ça,
Jésus fait une prophétie dans laquelle il dit que la Thora sera préservée et que pas une
seule de ses lettres ne disparaîtra car « la terre et les cieux ne passeront pas ! » Ce faisant,
il lie l'éternité de l'intégralité de la parole divine à l'éternité de la terre et des cieux ! Peut-
on douter de la véracité des prophéties d'un éminent messager de Dieu tel que
Jésus ? Pourrait-il se tromper, ou ne pas être mis au courant par Allah d'une telle
machination ? Gloire à Lui !
Le Prophète Jésus - que la paix et la bénédiction soient sur lui - a dit : « « Le ciel et la terre
passeront, mais mes paroles ne passeront pas. » [Évangile selon Matthieu 24/35]
Dans ce passage, Jésus parle cette fois de ses propres paroles. Dans une formulation
similaire à la prédiction qu'il fait concernant la Thora, Jésus affirme sans détour que la
terre et les cieux passeront mais que ses paroles ne passeront pas. Encore une fois,
comment est-ce que ses paroles pourraient être éternelles si celles-ci furent
changées et falsifiées sciemment ? Est-ce que Jésus se serait trompé dans sa
prédiction, lui qui était un messager d'Allah ? Non, bien sûr que non !
Grâce à tous ces versets, nous avons démontré que la promesse qu'Allah a faite de
préserver Sa parole ne concernent pas que le Coran mais concernent également tous Ses
écrits, dont la Bible.
M - Apports historiques et archéologiques démontrant que la parole divine
biblique ne fut pas falsifiée
Après avoir démontré par le Coran, et par les écrits de la Thora et de l'Évangile que la Bible
n'était pas falsifiée, intéressons-nous maintenant aux preuves historiques et
archéologiques. L'histoire et l'archéologie sont des sciences qui permettent, tout
autant que la théologie, de faire la lumière sur la vérité et d'apporter des éléments de
réponse dans la problématique qui est la nôtre. Puisque la Bible, en plus de contenir la
parole divine, est un document historique, alors nul doute que l'histoire va apporter un
éclairage intéressant et fondamental.
Le premier éclairage important de l'histoire et l'archéologie à ce sujet nous est apporté par
la découverte des « manuscrits de la mer morte ». Les « manuscrits de Qumrân »,
communément appelés les manuscrits de la mer morte, marquent une découverte
archéologique fondamentale.
En 1947, dans les collines de Judée en Palestine, un jeune berger s'appelant Muhammad
Ad-Dhib Hassan cherchait une des bêtes de son troupeau qui s'était égarée. Durant sa
recherche, il s'assit alors face à un rocher et jeta une pierre à l'intérieur d'un trou juste à
côté de celui-ci, pour s'amuser. Il entendit alors un bruit bizarre, comme si sa pierre avait
tapé un objet. Intrigué, il décida de revenir le lendemain avec son cousin. Ils découvrirent
alors à côté de ce rocher l'entrée d'une grotte. En pénétrant à l'intérieur de celle-ci, ils
furent surpris de découvrir plusieurs jarres fermées par des couvercles. Ils découvrirent à
l'intérieur de celles-ci plusieurs rouleaux de parchemins écrits dans une langue qu'ils ne
connaissaient pas. Les jeunes bergers décidèrent alors de ramener et de confier ces
découvertes à un antiquaire de Bethléem. Celui-ci contacta alors un archéologue américain
qui qualifia ces découvertes de « révolutionnaires ». Par la suite, sous la houlette de l'école
Biblique de Jérusalem, d'autres fouilles furent menées dans les environs et des excavations
permirent de découvrir d'autres parchemins.
Au final, plus de huit cent cinquante manuscrits furent reconstitués à partir de milliers de
fragments découverts au cours des excavations. L'immense majorité de ces manuscrits
étaient rédigés en Hébreu, et une minorité d'entre eux étaient écrits en araméen et en Grec.
Tous ces manuscrits ont été recopiés et les originaux ont été précieusement conservés. Une
étude paléographique a permis d'établir que ces manuscrits dataient, pour la majorité
d'entre eux, d'une période comprise entre le premier siècle avant J.C. et le
premier siècle après J.C.. Certains manuscrits plus anciens, mais minoritaires, datent
du troisième siècle avant J.C.
Mais alors... quels sont ces manuscrits qui nous intéressent tant ? L'analyse de ces
parchemins a déterminé qu'il s'agissait d'anciens textes issus de la Bible
hébraïque [Michaela Bauks (éd.) et Christophe Nihan (éd.), Manuel d'exégèse de l'Ancien
Testament, Labor et Fides, 2008, 236 p. (ISBN 978-2-8309-1274-6), p. 23]. En plus de ces
textes de l'Ancien Testament (ou Bible hébraïque), on a découvert des commentaires, des
exégèses ainsi que des règles communautaires propres à la communauté juive vivant à
Qumrân. La totalité des livres composant l'Ancien Testament (ou Bible hébraïque)
sont représentés dans ces manuscrits de la mer morte. L'étude, la reconstitution
et la traduction de tous ces fragments et manuscrits ont nécessité des décennies de
recherches et de travail minutieux. Les conclusions de ce travail furent rendues en 2009,
soit plus de cinquante ans après la découverte des premiers manuscrits. Bien qu'ils soient
conservés dans une aile souterraine du grand Musée d'Israël, ces manuscrits sont la
propriété de l'État de Jordanie puisque c'est sur son territoire qu'ils furent découverts.
Grâce à la reconstition de ces manuscrits, nous disposons aujourd'hui de la quasi-
totalité de l'Ancien Testament (ou Bible hébraïque) datant de près de deux mille
ans. Ces manuscrits constituent les plus anciens exemplaires de la Bible hébraïque connus
à ce jour. Avant cette découverte, les textes bibliques les plus anciens étaient des extraits de
celle-ci datant du deuxième siècle après J.C. La Bible hébraïque complète la plus ancienne
dont nous disposons, appelée « Codex d'Alep » date du dixième siècle après J.C. Cet
exemplaire a été déclaré patrimoine mondiale de l'humanité par l'UNESCO.
La responsabilité de restituer fidèlement et de conserver la parole divine de l'Ancien
Testament fut confiée au peuple Juif qui s'est organisé pour mener à bien cette mission.
Allah - exaltée soit Sa gloire - a dit : « Nous avons fait descendre le Thora dans laquelle il y
a guide et lumière. C'est sur sa base que les prophètes qui se sont soumis à Allah, ainsi que
les rabbins et les docteurs jugent les affaires des Juifs. Car on leur a confié la garde du
Livre d'Allah, et ils en sont les témoins. Ne craignez donc pas les gens, mais craignez
Moi. » [Sourate 5 - verset 44]
Un groupe de scribes connus sous le nom célèbre de « massorètes » étaient en charge de la
retranscription et de la préservation de la parole divine. Ce groupe d'érudits usait d'une
minutie extrême pour assurer la préservation et la transmission aux générations futures de
la parole divine. Lorsque le manuscrit de l'un des livres divins devenait trop vieux ou trop
usé, ils en faisaient une copie. Pour s'assurer de l'authenticité de la nouvelle copie, ils
comptaient le nombre de mots et de lettres pour s'assurer qu'ils exactement conformes à la
copie du parchemin qui était usé. Les massorètes ont été chargé de cette noble mission du
VIème au Xème siècle de notre ère. La plus ancienne copie de la bible hébraïque issue des
manuscrits massorétiques est le fameux Codex d'Alep. L'Ancien Testament dont nous
disposons aujourd'hui est issue du texte massorétique et est conforme au
Codex d'Alep. Cette tradition juive de préserver les écrits ne datent pas des massorètes.
Avant eux, les « soferim » (les « scribes » en hébreu), ayant vécu à l'époque du second
temple, entre le Vème et le IIIème siècles avant J.C, étaient chargés de préserver la parole
divine. Esdras (le fameux « Uzayr » cité dans le Coran) était un des célèbres scribes ayant
eu cette haute charge.
En prenant conscience de ces informations, on se rend compte à quel point la découverte
de ces manuscrits est capitale et bouleversante quant à la question de l'archéologie
biblique. Les « manuscrits de la mer morte » constituent purement et simplement les
plus anciens écrits bibliques de l'histoire de l'humanité. Il va sans dire qu'une
telle découverte est fondamentale pour traiter de notre problématique et il est évident
qu'une telle découverte pourra infirmer ou confirmer définitivement si
l'accusation de la falsification de la parole divine tient la route ou non.
Le résultat des analyses est sans appel : les manuscrits de la mer morte
correspondent à la quasi-totalité de l'Ancien Testament tel qu'il existe à notre
époque. Certains passages (de l'ordre de 5 %) de l'Ancien Testament n'ont pas été
retrouvé, ce qui n'est pas surprenant vu qu'il s'agit de documents pluri-millénaires
composés sur des parchemins séparés et variés. Surtout, ce qui est surprenant est que les 5
% restants correspondent à quelques textes manquants, mais tous les textes présents, qui
constituent l'immense majorité de l'Ancien Testament correspondent tous aux écrits dont
on dispose aujourd'hui. Aucun des versets bibliques existant dans les manuscrits
de la mer morte ne peut être retrouvé dans la Bible hébraïque dont nous
disposons à notre époque ! Un des livres, celui d'Isaïe, a été retrouvé entièrement, et
est totalement conforme au texte du Livre d'Isaïe dont nous disposons dans la
Bible d'aujourd'hui. Ce Livre, découvert sur plusieurs parchemins dans une des grottes
de Qumrân est mondialement connu sous le nom de « rouleau d'Isaïe A ». La datation au
carbone 14 de ce rouleau composé de dix-sept feuillets de cuir et mesurant plus de sept
mètres fait remonter sa rédaction au IIème siècle avant J.C. Le rouleau d'Isaïe A
contient l'intégralité des soixante-quatre chapitres du Livre d'Isaïe présent
dans l'Ancien Testament.
Forts de cette découverte, certains spécialistes ont affirmé que les manuscrits de la mer
morte validait la théorie de « l'inerrance » de la parole divine biblique. Cette théorie
affirme que les paroles divines révélées dans la Bible ne contiennent aucune erreur ni
contradiction. Puisque la parole révélée dans la Thora et l'Évangile provient de Dieu, il est
tout à fait normal que cette parole ne contienne ni erreur, ni contradiction. Les musulmans
croient aussi fermement à l'inerrance du Coran, se basant sur un verset très célèbre du
Coran.
Allah - exaltée soit Sa gloire - a dit : « Ne méditent-ils donc pas sur le Coran ? S'il provenait
d´un autre qu'Allah, ils y trouveraient certes maintes contradictions ! » [Sourate 4 - verset
82]
Le Docteur Norman Geisler a rédigé plusieurs ouvrages sur ce sujet. Dans ses livres tels
que « Introduction to the Bible » (introduction à la Bible) et « From God to Us » (de Dieu à
nous), il affirme que les manuscrits de la mer morte démontrent de manière claire que le
texte massorétique de l'Ancien Testament dont nous disposons à notre époque est
authentique puisqu'il est conforme aux manuscrits. Étant donné que la plus ancienne copie
du texte massorétique (le fameux « Codex d'Alep ») datant du dixième siècle après J.C. est
conforme dans sa quasi-totalité (pour ne pas dire sa totalité) aux manuscrits de la
mer morte, Docteur Geisler affirme que cela démontre que les textes sacrés du
judaïsme ont été conservés fidèlement par les scribes massorètes, du premier
siècle avant J.C. au dixième siècle après J.C. soit pendant près de mille cent ans. Il affirme
également que les techniques de conservation et de copies des textes de l'Ancien Testament
actuel et des manuscrits de la mer morte sont très similaires.
D'autres chercheurs et spécialistes avaient des positions très similaires à celle du Docteur
Geisler. Ainsi, pour l'universitaire américain Millar Burrows, « il est stupéfiant qu’en
l’espace de 1000 ans le texte ait connu si peu d’altérations. Comme je l’ai écrit dans mon
premier article sur le rouleau ; c’est essentiellement en cela que c’est important ; cela étaye
la fidélité de la tradition massorétique. » [The Dead Sea Scrolls, 1955]
Le taux de similarité, de l'ordre de 95 % comme nous l'avons vu est tout simplement
époustouflant, pour un document aussi ancien. Les 5 % de différences sont mineurs et
doivent être imputés au temps, mais aussi possiblement à certaines défaillances humaines
compréhensibles comme l'oubli, ou la perte de certains manuscrits. Ceci n'est pas une
nouveauté, puisque le Coran fut également concerné.
Allah - exaltée soit Sa gloire - a dit : « Si Nous abrogeons un verset quelconque ou que
Nous le fassions oublier, Nous en apportons un meilleur, ou un semblable. Ne sais-tu
pas qu´Allah est Omnipotent ? » [Sourate 2 - verset 106]
Dans ce verset, Allah dit clairement que certain(s) verset(s) du Coran peuvent être oubliés.
Cela ne fait pas pour autant du Coran actuel un Livre incomplet ou falsifié. Puisque la
parole de Dieu est révélée à des hommes, ceux-ci sont soumis à leurs imperfections et sont
donc sujets à la perte ou à l'oubli.
En effet, Ibn Majah, qui a compilé un des six recueils de ahadith authentiques reconnus en
tant que tels par les musulmans sunnites rapporte ceci :
`Aîshah - qu'Allah l'agrée - a dit : « Le verset de la lapidation et de l'allaitement des adultes
était sous mon lit : quand donc l'Apôtre de Dieu est mort et que nous étions occupés par
cette mort, une chèvre est entrée et l'a mangé. »
Dans ce passage, qui est fort célèbre, puisque repris par les islamophobes de tous bords -
pensant à tort démontrer que le Coran n'est pas complet - `Aîshah, la femme du Prophète
Muhammad affirme que le Coran contenait des versets autorisant la lapidation et
l'allaitement des adultes (possiblement dans certains cas extrêmes qu'il ne convient pas ici
de développer - et Allah est plus savant). Pourtant, ces versets ne figurent pas dans le
Coran. Il y a d'autres récits similaires qui existent et qui vont dans le même sens que ce
hadith rapporté par Ibn Majâh.
Pourtant, ce passage ne pose absolument aucun problème. Avec le verset que je viens
de citer et qu'Allah a révélé, il est clair qu'il est possible et admissible que ces
versets du Coran - ainsi que d'autres révélations les ayant précédées - aient pu
disparaître ou être oubliés. L'homme étant une créature imparfaite assujettie aux
oublis, Allah nous informe donc que certains de Ses versets peuvent être oubliés. Ceci est
un processus naturel et normal, et non un acte malveillant. Il est tout à fait
possible que certaines paroles de la Thora ou de l'Évangile, tout comme certaines paroles
révélées par Allah dans le Coran aient disparues ou aient été oubliées. Cela n'entâche en
rien l'intégrité de ces Livres de Dieu.
Allah - exaltée soit Sa gloire - a dit : « En vérité, c'est Nous qui avons fait descendre le
Coran, et c'est Nous qui en sommes gardien. » [Sourate 15 - verset 10]
Ce verset n'entre en rien en contradiction avec le verset cité précédemment.
Dans ce verset, Allah rappelle qu'Il protège le Coran contre les tentatives délibérées de le
falsifier ou de le modifier. Il S'assure également que la révélation du Coran parvienne bien
au Prophète Muhammad. Mais ce verset n'empêche pas que certains d'entre eux puissent
être oubliés ou perdus, sinon il y aurait contradiction avec le verset 106 de la sourate 2. Il
convient donc d'avoir une approche réconciliant les deux versets qui ne se contredisent pas
mais sont simplements deux facettes d'une même réalité. Tout comme le verset 106 de
la sourate 2 s'applique au Coran, il s'applique également aux anciennes
révélations. Il n'y a donc aucun problème. Le plus important est que toutes les paroles
divines recensées dans la Bible et dans le Coran soient les paroles du seul Vrai Dieu, et c'est
bien le cas, comme nous l'avons vu.
Cette découverte, cette fois-ci archéologique et historique, démontre de manière formelle
que la parole de Dieu contenue dans les écrits sacrés du judaïsme a bel et bien été
préservée. Cette découverte d'ordre scientifique, alliée aux explications et
éclairages théologiques apportés par le Coran et la parole de Dieu dans la Bible nous
permette d'affirmer de manière précise et définitive que la Bible ne fut pas falsifiée.
Dieu est Puissant et Sage. Le fait que ce soit un bédouin arabe qui fasse cette découverte
n'est pas du tout anodin. Il s'agit d'un pied de nez du destin, car c'est un homme, issu du
peuple qui prétend que Sa parole fut falsifié, qui a fait la découverte qui démontre de
manière décisive et définitive que la parole divine fut préservée.
Par conséquent, l'authenticité historique de la Bible en tant que parole de Dieu a été
démontrée tant par les paroles divines que par les preuves historiques et archéologiques.
Fin.
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