L’artiste et le public : Pierre Auguste et Jean Renoir

L’artiste et le public :Pierre Auguste et Jean Renoir

1. Conception de la notion de « public »

- public idéal et public contemporain selon Auguste et Jean- influence sur l’exercice de leur art

2- Réception par public- réception des œuvres- influence sur l’exercice de leur art

Introduction

Le « public »

Différence entre ASSISTANCE et PUBLIC

Thomas Crow, La peinture et son public à Paris au XVIIIe siècle (1985)

PUBLIC

« celui-ci est partout et nulle part à la fois. » (p.9)

La perception du public selon Pierre Auguste Renoir....

Au cirque Fernando, 1879, Huile sur toile, 130x 98 cm, Art Institute, Chicago

- Peu cultivé.- Nécessité de le rejoindre,

mais problématique.

Envois au Salon

-Institution ouverte au public.- Reconnaissance et inscription dans la

tradition de l’histoire de l’art- Visibilité commerciale

Honoré Daumier, Bourgeoises, 1864

François Auguste Biard, Quatre heures au Salon, 1847, 57 x 67 cm, Musée du Louvre, Paris.

La bourgeoisie

Mme Charpentier et ses enfants, 1878, Huile sur toile,¸153 x 190 cm, Metropolitan Museum of Art, New York.

Madame Henriot en travesti1875-1877

161.3 x 104.8 cmHuile sur toile

Columbus Museum of Art

L’impressionnisme

«Nous n’avions qu’une idée : exposer, montrer nos toiles

partout, jusqu’à ce que nous ayons trouvé le vrai public, celui qui n’était pas abruti

par l’art officiel et qui devait bien exister quelque part.»

(Pierre Auguste Renoir, mon père, p. 172)

Claude Monet dans son jardin à Argenteuil, 1873, Huile sur toile, 46 x 60 cm, Wadsworth Museum, Hartford.

Donc, pour Pierre Auguste Renoir:- Corpus avec de nombreuses variations

thématiques et techniques.- Réorientation de son art en fonction de ses

intérêts d’homme et d’artiste et de son destinataire.

La perception du public selon Jean Renoir...

- Le rapport au cinéma muet : une relation immédiate à l’art.

- « Je déteste la psychologie!»

L’implication

Le Carrosse d’Or, 1953

- Distanciation

Importance de la relation cinéaste-spectateur

Le crime de monsieur Lange. 1935

• Construction de l’espace• Relation à l’acteur

Partie II

Réception des œuvres par le public et son influence sur exercice de l’art

Auguste Renoir

Rapport problématique au Salon

Charles Gleyre, Le Soir ou Les Illusions perdues, 1843 (musée d'Orsay)

Atelier de Charles Gleyre Les anciens vs L’expérimentation

La Esméralda Diane chasseresse Lise à l’ombrelle

« Je sais que pour ma part je n’ai jamais voulu jouer au martyr et si l’on ne m’avait refusé mes toiles au Salon j’aurais fort bien continué à les y envoyer».

Renoir et les expositions impressionnistes

• 1874 : participe• 1876 : participe• 1877 : participe

• 1879 : ne participe pas• 1881 : ne participe pas

Madame Charpentier et ses enfants (1878)

Exposée au Salon de 1879

Les portrait mondains

- Moins d’expérimentation

- Facture moins libre et plus précise

- Apparence plus finie

Rose et Bleu ou Les Demoiselles Cahen d'Anvers

CHAM, Caricature des impressionnistes, à l'occasion de leur première exposition, 1874, Bibliothèque nationale de France, Paris

Les impressionnistes et la critique

« ’’Nous ne travaillons pas pour les critiques, ni pour les marchands, ni même pour les amateurs en général, mais pour la demi-douzaine de peintres qui peuvent juger de nos efforts parce qu’ils peignent eux-mêmes.’’ Cette affirmation lui semblant trop restrictive, il corrigeait : « on peint aussi pour M. Choquet, pour Gangnat et pour le passant inconnu qui s’arrête à la vitrine d’un marchand et éprouve deux minutes de plaisir en regardant l’un de nos tableaux. »

- Pierre-Auguste Renoir dans Pierre-Auguste Renoir, mon père, p. 178

Indifférence par rapport aux critiques du public?

Partie II

Réception des œuvres par le public et son influence sur exercice de l’art

Jean Renoir

Le souci du public

« Si le film ne marche pas, c’est que je me suis trompé dans son exécution. Mais en même en cas d’échec, je croirai volontiers à mon incapacité bien plus qu’à l’indifférence du public français devant un grand sujet. »

Confiance dans le jugement du spectateur

La Bête humaine

Cinéastes de notre temps. Jean Renoir, le patron / J. Bazin, A. S. Labarthe, J. Rivette ; réalisation, Jacques Rivette (1967)

« L’esprit moutonnier » du spectateur

définitivement

(1931)

Barthélemy Amengual« Le réalisme renoirien : La Chienne)

« La Chienne, comme on le sait, ne fut pas accepté d’emblée par des spectateurs insensibles ou réfractaires à la dialectique renoirienne des genres et de l’interprétation »

Une contradiction

« Personnellement – même si je n’y arrive pas – mon ambition a toujours été d’être classique. Je vais vous dire une chose : c’est que, chaque fois que je fais un film je suis pénétré très honnêtement et très sincèrement par le désir de plaire au public. Malheureusement, je ne sais pas comment cela se fait il y a en moi une espèce de tendance qui vient de mon grand désir de classicisme, qui fait que parfois je me trouve en opposition avec ledit public. » -Jean Renoir (Passé vivant, p.62)

Renoir américain, Renoir français

1. Sentiment national blessé, trahison

2. Envahissement de la culture américaine (accord Blum-Byrnes : quotas films américains)

Laurent le Forestier, « L’accueil en France des films américains des réalisateurs français à l’époque des accords Blum-Byrnes »

« il était absurde de persister à vouloir voir du réalisme manqué dans le film le plus onirique et le plus délibérément imaginaire de l’œuvre de Renoir. » (p.87-88, Renoir par Bazin),

Pourquoi étudier le public de Pierre Auguste et de Jean Renoir aujourd’hui?

• Jean est spectateur de son père très jeune, le marque en tant qu’artiste.

• La construction de l’histoire de l’art et du cinéma.

• Nos conditions actuelles de réception sont différentes des générations précédentes et influencent notre réception des oeuvres.

«Car je crois de plus en plus que le cinéma est un art. En tant qu’art, il peut, entre autre choses, servir à rendre à notre public un compte aussi exact que

possible de cette évolution collective.» -Jean Renoir, Cahiers du Cinéma, no 8, janvier 1952.