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Les émotionsIFSI 1ère année
2012
Corinne Bécot
Définition de l’émotion:Vient d’ émouvoir, d’après motio
« mouvement » XIIIè s, racine latine emovere signifiant « mettre en mouvement »
c’est un état de conscience complexe, généralement brusque et momentané, accompagné de signes physiologiques (ex rougissements, sudation, palpitations, accélération du pouls).
C’est donc une réaction psychologique et physique à une situation.
Une émotion a d’abord une manifestation interne et génère une réaction extérieure,
Confrontation à une situation et interprétation de la réalité
Différence avec la sensation
La sensation n’est qu’une conséquence physique directe en relation avec une température, une texture
c’est une perception sensorielle.
Différence avec le sentiment
Définition:Le sentiment est un état affectif
durable lié à certaines émotions ou représentations.(Larousse,2000)
Il ne présente pas de manifestation réactionnelle. Une accumulation de sentiments peut générer des états émotionnels.
Comment expliquer les émotions?
Quatre théories se sont proposées de les analyser
Les théories des émotions
La théorie évolutionnisteLa théorie physiologisteLa théorie cognitiviste La théorie culturaliste
Le courant évolutionniste:
La théorie de Darwin (1872)
The expression of the Emotions in Man andAnimals en 1872 (Darwin 2001).– innées,– universelles– communicatives.
Nous sommes émus parce que c’est dans nos gènes.
Les émotions seraient un héritage de nos ancêtres.
Pourquoi et comment les émotions se seraient-elles développées?
À l’époque des chasseurs-cueilleurs, les hommes étaient en déplacement constant pour se nourrir, ils se sont confrontés à des phénomènes inattendus (changements climatiques, prédateurs…) demandant une réponse adaptative rapide
Les émotions vont donc se développer en réponse à divers situations récurrentes
les 3 principes généraux de l’expression des émotions
1 Le principe de l’association des habitudes utiles :
tout acte gratifiant se transforme en habitudes quand la situation se répète. Il devient systématique.
Ex abaissement des oreilles chez chiens en proie à des émotions hostiles permet de les préserver en cas d’un combat à venir
Le principe d’opposition : les émotions entraînent des comportements opposés.
Ex : les gestes d’affection du chien ou du chat, opposés aux gestes d’hostilité,
Le principe d’action directe de l’excitation nerveuse sur le corps.
Cela explique l’expression de symptômes provenant directement du système nerveux.
Ex: tremblement, sueur, froncement des sourcils…
Autre particularité des émotionsLes manifestations faciales,
vocales et posturales qui les caractérisent permettent de transmettre des informations aux congénères.
L’expression faciale est le pivot de la communication entre les hommes
Théorie physiologiste de William James (1884)
Nous sommes émus parce que notre corps est ému.
L’émotion c’est la sensation.
Théorie physiologiste de William James (1884)
Théorie cognitiviste de Cannon et Bard (1929)Nous sommes émus parce que
nous pensonsL’émotion est d’abord un
phénomène cognitif. Nous ressentons l’émotion
cérébralement avant d’en avoir les effets physiologiques et somatiques
Théorie cognitiviste de Cannon et Bard (1929)
Théorie de Schachter et Singer (1959)l’émotion n’est plus uniquement
un processus biologique lié à une situation particulière mais la résultante de l’évaluation de celle-ci, c’est ce qu’on appelle la gestion de la situation.
Théorie de Schachter et Singer (1959)
Théorie culturaliste de M. Mead (1928) Anthropologue américaine
Nous sommes émus parce que c’est culturel : c’est un rôle social appris.
Dans notre culture, les garçons apprennent à dominer leurs émotions, les femmes à les exprimer
Chez nous, le sourire exprime la joie, la gentillesse
Chez les japonais, c’est l’expression de la gène
L’émotion dans ce cas, n’est pas universelle.
Les émotions de base
Paul Ekman (1982) un scientifique évolutionniste répertorie les émotions primaires, c’est-à-dire les émotions exprimées de façon identique chez tous les hommes, quelque soit la culture.
Les émotions de base
Paul Ekman (1982)JoieTristesseDégoûtPeurColère la surprise
Les émotions secondaires
Les émotions secondaires ou mixtes sont des mélanges des émotions de base.
Ex la honte serait à la base un mélange de colère et de peur.
Neuro-anatomie de l’émotion:
Dans l’erreur de Descartes (1995) Antonio Damasio rapporte la 1ère description neuroanatomique des émotions avec la description du cas de Phineas Gage (1848).
1ère corrélation entre une lésion cérébrale et une perte des règles morales, un retour à l’animalité.
Le cas Elliot (1985)
opéré d’une tumeur au cerveau, Elliot garde ses capacités cognitives mais il est en déficit d’émotions. Il peut apprendre mais pas ressentir.
Le cas Elliot (1985)
Il a gardé un QI élevé mais se perd dans la lecture de documents qu’il doit classer.
Il n’arrive plus à gérer son temps.Dès que son intérêt est en jeu, il se
montre incapable de décider. Avant fin connaisseur de la bourse, il
fait les pires placements Rien ne semble l’affecter
Le cas Elliot (1985)
Damasio lui montre des photos de catastrophes et de personnes blessées lors d’accidents : il ne ressent rien du tout.
L’observation sur des patients souffrants de lésions du lobe préfrontal montre :
Ces individus prennent des décisions irrationnelles.
Sans émotions nous ne pouvons pas décider.
Théorie des marqueurs somatiques de Damasio (1999)Il existe des signaux de
marquage issus des sentiments et des émotions qui agissent sur le guidage du comportement et la prise de décision, de manière inconsciente.
Les émotions sont liées aux pensées, à nos décisions et à nos actions.
Théorie des marqueurs somatiques de Damasio (1999)Qd nous sommes sur le point
d’emprunter une rue sombre, nous sentons soudainement une certaine inquiétude et nous hésitons.
Ces émotions sont accompagnées de sensations physiologiques comme le battement du cœur, bouffées de chaleur…
Aussi accompagnés de signaux non physiologiques, inconscients.
Une sorte de sensation viscérale nous amène à prendre une décision plutôt qu’une autre,
ex marcher dans cette rue ou emprunter un autre chemin.
Concept actuel du circuit neuronal spécifiquePour J. Ledoux et Muller (1997)
chaque émotion correspond à une unité cérébrale fonctionnelle distincte, (sélection au cours de l’évolution).
Il existe des « systèmes composés » de plusieurs unités cérébrales reliées.
L’amygdale et le circuit de la peurJ.Ledoux a découvert le circuit de
la peur. Rôle majeur de l’amygdale,
structure en forme d’amende située dans la partie antérieur du lobe temporal (1997)
Coupe transversale
L’amygdale est une structure nécessaire à la survie des espèces.
Elle exerce une influence sur nos prises de conscience des conséquences positives ou négatives des événements ou des objets
Chez l'être humain effrayé :
arrêt de l'activité en cours, comportement d'orientation
vers la source menaçante et inhibition de toute action durant la phase où l'on tente d'évaluer la menace.
si la menace se confirme, tentative de fuir ou de se cacher.
si la confrontation devient inévitable, la lutte contre la menace demeure l'option ultime pour tenter de défendre l'intégrité de son organisme.
Système hédonique ou voie du plaisirLes expériences
d’autostimulation chez le rat : le rôle majeur de cette voie de la récompense.
Le rat aura un comportement de stimulation quasi permanente au détriment de fonctions vitales comme le comportement de faim ou de soif.
Le rôle de la dopamine
Toutes les substances inductrices de plaisirs artificiels (drogues) agissent sur le circuit du plaisir et active la libération de dopamine, molécule naturelle du plaisir.
Les affects
L'affect correspond à tout état affectif, pénible ou agréable, qu'il se présente sous la forme d'une décharge massive ou d'un état général. L'affect désigne donc un ensemble de mécanismes psychologiques qui influencent le comportement.
État affectif élémentaire qui accompagne une pulsion (en psychanalyse)
En psychanalyse
La pulsion : force biologique inconsciente qui, agissant de façon permanente, suscite une certaine conduite. La source des pulsions est corporelle.
La pulsion fournit l'énergie psychique nécessaire à l'activité de l'appareil psychique. C'est une charge énergétique qui fait tendre l'appareil psychique vers un but.
C'est un état d'excitation (comme la faim, la soif, le besoin sexuel...) qui oriente l'organisme vers un objet, grâce auquel la tension sera réduite.
une pulsion a trois composantes:
la source : excitation interne prenant naissance dans le somatique,
le but : il est d'éliminer la tension, donc chercher le retour à l'état antérieur de quiétude,
l'objet : c'est ce par quoi le but est atteint
L’Affect en psychanalyse
Pour Sigmund Freud, la pulsion se divise en affect et
en représentation :
La représentation est définie comme ce que l'on se représente, ce qui forme le contenu concret d'un acte de pensée, en particulier la reproduction d'une perception antérieure
(ex : l'évocation d'un voyage).
L'affect est l'expression qualitative de la quantité d'énergie pulsionnelle et de ses variations
(ex cité: le sentiment agréable de bonheur qui s'attache à ce voyage).
L’affect est donc une émotion liée à la satisfaction d’une pulsion qui, si elle est refoulée, se transforme en angoisse ou entraîne un symptôme névrotique.
L’affect est inconscient.
Ex : une émotion de tristesse (perte d’un être cher) inconsciemment on va refouler cette émotion. Un jour cela peut se transformer en angoisse, en symptôme (phobie)
Le soignant face à ses émotions
La vie émotionnelle du soignant reste un sujet tabou mais elle existe
Lors de la réalisation de soin, le corps est au centre de la relation soignant-soigné.
Le soin touche à l’intimité corporelle et ici au corps malade.
Certains soins peuvent engendrer une réaction émotionnelle intense capable de parasiter le travail et la vie privée des soignants.
Gérer ses émotions, c'est avant tout se connaître.
C'est être capable de détecter la source pouvant engendrer une réaction vive et incontrôlable afin de maîtriser cette réaction extérieure qui pourrait se communiquer à autrui.
Cette faculté est indispensable en temps qu'être humain mais surtout en tant que soignants.
Votre rôle : soutenir les familles dans leur désarroi et être capable d'assurer la continuité de la prise en soin des autres patients du service en restant à leur écoute, répondre à leurs besoins.
La gestion de l’émotion par le soignant:Des normes sociétales encadrent
le travail de soignants à l’hôpitalLe soignant doit réaliser un vrai
travail émotionnel pour établir une relation thérapeutique caractérisée par la neutralité
Les rituels soignants
Les modalités de l’interaction soignants-soignés : « style chirurgical » (entrer sans frapper, mettre fin à la relation sans civilité…)
Asymétrie des rapports soignant-soigné
Les rituels soignants
Instrumentalisations et mise en protocole des soins (Ex la toilette)
Le recours à la parole « vide »L’humourTout ceci a pour fonction de
maîtriser les affects
Délimitations d’univers distincts
Rituels de séparation du soignant et du soigné
- Lieux (salle de soins/de repos), - vêtements (blouse/pyjama),- distributions des rôles
Univers du soignant, esprit d’équipe Univers du soigné, dépersonnalisation
Délimitations d’univers distincts
Rituels d’agrégation à la communauté soignante/au monde des malades.
Ex pause café, transmissions pluriquotidiennes rites par lequel le groupe social se réaffirme périodiquement
l’hôpital : temporalité spécifique
Les soignants mettent en place tout un ensemble de mesures qui les protègent d’une trop forte proximité avec le malade
le but est la maîtrise des émotions.
Travail émotionnel
Lutte du soignant pour ne pas se laisser envahir par les émotions que la maladie suscite
Intérêt de comprendre ces phénomènes pour rendre les soins à l’hôpital plus humains
« Le travail émotionnel appartient à la face cachée du travail infirmier. »
Le soignant est confronté à vivre divers émotions telles que la gène, le dégoût, la colère, la peur, la tristesse, mais également le plaisir, la joie et la fierté.
Être confronté quotidiennement aux douleurs physiques et psychiques, aux réalités humaines les plus crues liées à la maladie et au corps malade, à la fin de vie, à la mort et aux deuils «met au travail» sur le plan émotionnel.
Le soutien auprès des soignants dans les milieux hospitaliers
Il est possible d’exprimer ses émotions:
au sein des équipes soignantes,Par le biais de groupes de paroles
institutionnalisées ouverts ou fermés,Les rencontres individuelles
institutionnalisée auprès d'un psychologue
Conclusion
Les émotions sont à la base de la communication entre les individus, elles sont source d’informations et nous permettent de nous adapter à différentes situations.
Ne pas les considérer peut conduire à des erreurs d’évaluation des situations et engendrer des décisions inadaptées.
trop les laisser s’exprimer peut amener à un débordement pathologique
bibliographie
L’erreur de Descartes, Antonio Damasio, Odile Jacob,1997
Le sentiment même de soi, Antonio Damasio, Odile Jacob,1999
Pulsions et destins des pulsions dans Métapsychologie, Sigmund Freud, Gallimard, Paris 1940
Le travail émotionnel des soignants à l'hôpital. - Le corps au coeur de l'interaction soignant-soigné ; Catherine Mercadier, Collection : perspective soignante, 2002
Merci de votre attention
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