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Mille et une histoires, mensuel, dès 3 ans, les plus beaux contes du monde entier.
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PRESSE ÉVEIL
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n°1
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Les plus beaux contes du monde entier
N°129 - mai 2011 - 5,50 € - Bel/Lux/Dom : 6,50 € - Suisse : 11 CHF - Tom : 500 XPFCAN : 5,50 CAD - Tunisie : 5,50 TND - maroc : 35 mAD - Zone CFA : 2000 CFA - ISSN : 1297-0662
Le loup, qui a toujours un petit creux, se déguise en bergère pour mieux croquer ses moutons. Sa ruse marchera-t-elle ?
Borodoï doit surveiller le feu pendant que son frère, Baraboche, est à la chasse. Hélas, Borodoï va s’endormir...
La petite Ntombi est emportée par une vague jusque dans une île où vivent des ogres.Une vieille ogresse va la protéger...
Le loup et la bergère
L’ogresse aux longues oreilles
La petite fille chez les ogres
Jack et le haricot magique
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Jack a échangé sa vache contre un haricot magique. Au matin, le haricot a tellement poussé qu’il atteint les nuages !
P. 3L’ogresse aux longues oreilles
P. 11Jack et le haricot magique
P. 23La petite fille chez les ogres
P. 29 Ta fable :Le loup et la bergère
P. 34Pour s’amuser34 Poésie : L’ogre et la fée36 Les aventures de Loulou40 La famille Perlimpinpin
dans la cuisine des ogres42 Ta sculpture : « Nana soleil »
de Niki de Saint-Phalle
P. 45Parents46 Album de famille
des mangeurs d’enfants50 Une histoire qui fait du bien :
Jack et le haricot magique
Les étonnan-tes métamorphoses d’une ogresse font tout le sel de ce conte origi-naire des monts de Sibé-rie. Pas très futée, cette toute-puissante mangeuse d’hommes ne réussit pas, toutefois, à venir à bout de ces enfants unis par la force des liens fra-ternels...
3
Il y a longtemps, dans la lointaine Sibérie, les habitants du Mont Altaï vivaient
dans des tentes de nomades et chassaient pour se nourrir.
Baraboche était un très bon chasseur. Grâce à son habileté, sa sœur Borodoï
faisait mijoter de délicieux ragoûts, sur le feu qui brûlait nuit et jour devant
leur tente. Un matin, Baraboche dit à Borodoï :
- Je pars chasser du côté du soleil levant. Je reviendrai quand le soleil se sera levé
et couché trois fois. Surveille bien notre feu. Surtout, ne le laisse pas s’éteindre.
L’ogresse aux longues oreilles
4
Borodoï ramassa des petites branches et de la mousse bien sèche pour
entretenir le feu. Les deux premiers jours se passèrent bien, mais le troisième
soir, Borodoï se mit à bâiller :
- Oh ! là, là ! Que je suis fatiguée !
Et pouf ! elle s’endormit comme une marmotte. Quand elle se réveilla, le feu
était éteint. Borodoï pensa :
- Malheur! Mon frère revient de la chasse aujourd’hui. Il sera fâché contre moi !
Alors, la jeune fille partit dans la montagne pour y chercher du feu.
Après avoir longtemps marché, elle aperçut une tente toute rouge.
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Devant la tente, une vieille femme se chauffait auprès d’un bon feu. Borodoï
s’approcha. La vieille était couchée sur une de ses immenses oreilles... et sa
deuxième oreille l’enveloppait, telle une couverture ! C’était plus que bizarre.
Mais Borodoï était si contente d’avoir trouvé du feu qu’elle ne se méfia pas.
- S’il te plaît grand-mère, demanda-t-elle, donne-moi du feu !
- Sers-toi ma fille, répondit la vieille, une drôle de lueur au fond des yeux.
Borodoï retira du feu une branche enflammée et rentra chez elle en toute hâte.
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Elle posa la branche enflammée
sur son feu éteint, y ajouta
des brindilles, et un beau feu se
remit à crépiter. C’est alors que
Borodoï découvrit un fil accroché
à sa robe. Elle tira dessus. Horreur !
elle s’aperçut que le fil s’étirait
tout le long du chemin qui menait
à la tente de la vieille...
En un éclair, Borodoï se souvint
qu’elle avait déjà entendu parler
de cette vieille. C’était sans doute
la terrible ogresse aux longues
oreilles qui mangeait tous ceux
qu’elle pouvait attraper !
Sûr et certain, c’était elle qui
avait accroché ce fil à la robe
de Borodoï pour la retrouver et la
croquer par surprise. Vite, Borodoï
cassa le fil. Puis elle courut
en direction du soleil levant,
là où son frère était parti chasser.
Mais l’ogresse aux longues oreilles
s’était déjà mise à suivre le long fil
qui arrivait à la tente de Borodoï.
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Bien sûr, elle n’y trouva personne.
Les yeux noirs de colère, la vieille
demanda au lit de la jeune fille :
- Lit, où est partie Borodoï ?
- Cela ne te regarde pas, souffla
le lit, car c’était le lit de Borodoï.
La vieille se tourna alors vers
la marmite :
- Marmite, où est partie Borodoï ?
- Là où tu ne la trouveras pas,
gloussa la marmite, car c’était
la marmite de Borodoï.
Finalement, l’ogresse se tourna
vers la branche qui avait servi
à rallumer le feu :
- Branche de bois, vas-tu me dire
où est cette sacrée Borodoï ?
La branche appartenait
à l’ogresse. Aussi, elle répondit :
- Elle est partie vers le soleil levant.
Les oreilles de l’ogresse
se dressèrent, et elle fila vers
le soleil levant en faisant
d’énormes enjambées pour
rattraper Borodoï.
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- Ah ! Ah ! gronda-t-elle peu après,
je vois cette sotte qui se traîne comme
une limace. Elle est bien dodue.
Hum ! Je vais me régaler.
L’ogresse tendit ses longues mains griffues
vers la jeune fille. Elle allait agripper
ses cheveux, quand Baraboche apparut
sur le sentier, son arc à la main.
L’ogresse craignait les chasseurs. Hop!
elle se changea en cheval aux grandes
oreilles. Mais les chevaux ont de petites
oreilles, tout le monde sait ça, et
Baraboche se douta de quelque chose.
Il pointa une flèche en direction
de l’ogresse cheval. Hop !
Elle se changea alors en souris.
Mais elle avait toujours ses longues
oreilles, et personne n’ignore que
les souris ont de toutes petites oreilles.
Baraboche la visa encore,
prêt à tirer sa flèche.
Folle de rage, l’ogresse se dit :
« Cette fois, je me transforme en lièvre,
car il a aussi de longues oreilles et
Baraboche ne se doutera de rien... »
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Mais elle venait d’oublier que Baraboche était chasseur avant tout et,
voyant un gros lièvre sur le sentier, celui-ci tira une flèche qui transperça
le ventre du lièvre-ogresse. Et voilà que tous les gens qu’elle avait dévorés
sortirent de son ventre en chantant :
- On étouffait là-dedans ! Merci chasseur, il était temps !
Très contents de se retrouver, le frère et la sœur rentrèrent chez eux.
Par chance, le feu ne s’était pas éteint et Borodoï fit cuire dans sa marmite
un délicieux civet de lièvre...
Il existe plu-sieurs versions de ce conte populaire anglais qui remonte au XVIIIe siècle. La plus connue figure dans un recueil de “nursery tales”, sous le titre Jack and the beanstalk (Jack et la tige du haricot). Voyez p. 50 en quoi l’ogre berné, présent dans tous les folk-lores, évoque la figure paternelle...
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Jack vivait seul avec sa mère. Ils étaient très pauvres et n’avaient qu’une vieille
vache qui ne donnait plus de lait. Un jour, Jack dit à sa mère :
- Je vais aller vendre la vache au marché, sinon nous allons mourir de faim.
- Si tu veux, dit sa mère. Mais, attention, tires-en au moins dix écus !
Jack et le haricot magique
12
Jack s’en va avec sa vache.
En chemin, il rencontre un étrange
vieil homme.
- Bien le bonjour Jack, dit le vieux,
où vas-tu avec cette vache ?
- Je vais la vendre au marché,
répond Jack, surpris que le vieil
homme connaisse son nom.
- Pas la peine, dit le vieux. Tiens,
je te l’échange contre ce haricot.
C’est un haricot magique, si tu le
plantes, il poussera jusqu’au ciel.
- Jusqu’au ciel ! s’écrie Jack.
Le garçon a très envie de voir pousser
un haricot géant dans son jardin,
aussi il accepte et donne la vache
au vieux. De retour chez lui,
il raconte son histoire à sa mère.
Mais celle-ci se met en colère et
jette le haricot par la fenêtre.
- Petit nigaud ! s’écrie-t-elle.
Tu as vendu notre vache pour
un haricot de rien du tout !
Qu’allons-nous devenir ? Nous n’avons
plus ni bête ni argent maintenant...
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Et elle se met à pleurer à chaudes larmes. Honteux, Jack va se coucher
le ventre vide. Mais le lendemain, à son réveil, que voit-il par la fenêtre ?
Une tige de haricot gigantesque, large comme un tronc d’arbre qui monte
jusqu’au ciel ! « Miracle, mon haricot magique a poussé ! », se dit Jack.
Tout excité, il file dans le jardin et décide de grimper à la tige du haricot.
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Il grimpe, il grimpe, toujours plus
haut... jusqu’aux nuages. Là, il se retrouve
devant un beau château. Comme la porte est
ouverte, le garçon entre sans hésiter. Une femme
très grosse et très grande vient vers lui.
- Bonjour, lui dit Jack. Je viens de loin et j’ai faim.
Pourriez-vous me donner à manger ?
- Pauvre petiot ! gronde la géante, tu tombes mal !
Mon mari est un ogre et c’est plutôt toi qui vas lui servir
de déjeuner !
Tout à coup, des bruits de pas font trembler la maison...
- D’ailleurs, le voilà, dit la géante. Vite, prends
ce croûton, et cache-toi derrière le four.
Jack obéit sans mot dire. Boum ! boum ! L’ogre arrive,
un mouton sur le dos et un sac d’or à la main.
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- Hum ! grogne-t-il. Ça sent la chair fraîche !
Sa femme répond comme si de rien n’était :
- Quelle idée ! Ce sont les dix-sept poulets que j’ai fait rôtir pour le déjeuner.
Pose ton sac d’or et donne-moi ce mouton, je vais le mettre à la broche.
Affamé, l’ogre mange ses dix-sept poulets et s’endort juste après.
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Quand il l’entend ronfler, Jack sort de sa cachette sur la pointe des pieds,
il attrape le sac d’or et redescend à toute vitesse par la tige du haricot.
Il atterrit dans son jardin et, tout guilleret, il dit à sa mère :
- Tu vois, Maman, c’était vraiment un haricot magique ! Regarde ce que je
t’ai rapporté.
Fier de lui, il donne le sac de pièces d’or à sa mère qui le félicite et l’embrasse.
Avec l’or de l’ogre, ils achètent deux belles vaches au marché et mangent
à leur faim pendant toute une année. Lorsqu’il n’y a plus d’or, Jack décide
de retourner au château des nuages.
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De nouveau, il grimpe à la tige du
haricot géant et, de feuille en feuille,
il arrive chez l’ogre. Sa femme
le reçoit plutôt mal :
- Petit avorton, grogne-t-elle,
comment oses-tu revenir chez nous
alors que tu as volé l’or de mon mari !
Jack s’apprête à répondre, mais
voici que résonnent les pas de l’ogre.
- Bon, cache-toi dans le four !
lui ordonne la géante.
Jack obéit et laisse la porte
du four entrouverte. Boum ! Boum !
Il voit l’ogre arriver portant
un cochon sur le dos et une cage
d’or à la main. Ses énormes narines
frémissent :
- Hum, ça sent la chair fraîche !
- Tu rêves, mon cher, dit l’ogresse,
ce sont les trente-six saucisses
de ton déjeuner qui grillent dans
la cheminée.
Alors l’ogre engloutit ses trente-six
saucisses, pendant que sa femme
fait bouillir le cochon.
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Après s’être bien régalé, l’ogre ouvre la cage d’or, en sort une belle oie et lui dit :
- Ponds un œuf !
Cling ! merveille ! un œuf en or roule sur la table. Par la porte du four entrouverte,
Jack, bien sûr, a tout vu. Et dès que l’ogre s’endort, le garçon sort du four à pas
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de velours, prend l’oie dans ses bras et repart par où il est venu.
Sa mère, qui l’attend en bas, l’applaudit en riant. Grâce à l’oie magique, ils
n’ont même plus besoin de travailler, car elle pond un œuf d’or chaque jour.
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Pourtant, au bout d’un an, Jack
commence à s’ennuyer et il retourne
au château des nuages. Il reprend le
même chemin mais cette fois, il évite
la géante et se cache derrière un
gros sac de farine. Peu après, l’ogre
et sa femme arrivent en reniflant :
- Hum ! Hum ! Ça sent la chair fraîche
chez nous !
Intriguée, la géante jette un œil
derrière le four et même dans le four,
car elle n’a pas oublié ce coquin
de Jack. Mais comme le garçon n’y
est pas, ils se mettent à table et
dévorent un bœuf entier.
Puis l’ogre va chercher une harpe
tout en or et lui ordonne :
- Joue, harpe d’or !
Aussitôt s’élève une douce berceuse
et les géants se mettent à ronfler.
Jack bondit, il vole la harpe d’or et
se sauve à toutes jambes.
Mais en sortant, il cogne la harpe
contre la porte et celle-ci résonne :
“dziiing ! dziiing !”
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L’ogre se réveille en sursaut et voit le garçon. Fou de rage, il se précipite
vers lui à pas de géant. Vite, Jack saute sur la tige du haricot, vite, vite, il
dégringole d’une feuille à l’autre, mais l’ogre se rapproche dangereusement.
Il s’apprête à l’attraper quand...
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... Jack saute sur la terre ferme et prend la hache de sa mère.
Vlan ! De toutes ses forces, il coupe le pied du haricot géant. L’immense tige
s’effondre sur le sol écrasant l’ogre en colère ! Et tout redevient poussière...
Jack ne peut plus aller au château des nuages, mais grâce à l’oie aux œufs
d’or, sa mère et lui sont riches. Et quand ils s’ennuient, la musique de la
harpe d’or leur tient compagnie !
Ce conte venu d’Afrique, présente une singularité : une des ogresses – le folklore afri-cain parle plutôt de canni-bales – se distingue des autres par son humanité et protège l’héroïne au lieu de la manger. Ainsi, dans cer-tains récits, l’ogresse sait parfois être mère au lieu d’être dévorante !
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Bakabaka vivait au bord de la mer, en Afrique.
Elle aimait plonger dans les vagues, ses longs cheveux dénoués. On aurait dit
une sirène… Bakabaka épousa un pêcheur et, bientôt, elle mit au monde
une petite fille qu’elle appela Ntombi. Quand elle partait travailler dans
les champs voisins, Bakabaka confiait son enfant à la mer.
- Prends soin de mon trésor, lui disait-elle.
Puis elle partait, le cœur léger, laissant Ntombi jouer avec les vagues.
La petite fille chez les ogres
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Mais un jour, quel malheur pour elle ! Bakabaka ne retrouva pas Ntombi là où elle
l’avait laissée. Heureusement, la petite Ntombi ne s’était pas noyée. Les flots
l’avaient emportée loin, très loin et l’avaient bercée... Elle se réveilla sur une
plage inconnue et appela sa mère, en vain. Elle attendit longtemps en tremblant
de froid. Puis, soudain, à la lueur de la lune, elle aperçut une vieille femme.
- Qui es-tu, petite ? lui demanda-t-elle d’une voix presque douce.
- Je m’appelle Ntombi. Et je viens de loin…
La vieille femme hocha la tête :
- Méfie-toi ! Ici, nous sommes tous des ogres !
Ntombi voulut s’enfuir, mais l’ogresse
gardait sa main, serrée dans la sienne :
- N’aie pas peur. Je m’appelle Salukazi.
Moi, je ne te mangerai pas et
je ne permettrai à personne
de te faire du mal. Tu es si petite…
Ntombi et Salukazi traversèrent
le village des ogres. Tous les ogres et
ogresses la regardaient avec envie :
- Miam ! Quelle petite fille
bien potelée !
Salukazi leur jeta un regard noir et gronda :
- Celui qui touchera cette enfant
aura à faire à moi !
Puis, tout en marmonnant,
elle leva les bras au ciel :
- Kivi kivi ! Voko voko !
Alors, aussitôt, une tempête
extraordinaire éclata. Quand
la vieille femme baissa les bras,
tout redevint calme. Ntombi
comprit que Salukazi était
une magicienne. Les habitants
la craignaient car elle savait
faire venir la pluie et le vent.
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Aussi, personne ne s’approcha de sa protégée. Ce qui n’empêchait pas les
ogres de comploter : « Un jour, Salukazi mourra, et nous mangerons Ntombi ! »
Les années passèrent et la fillette grandit. L’ogresse lui avait appris la magie.
Ntombi l’aimait bien et prenait soin d’elle, car elle était maintenant une très
vieille femme. Hélas, les ogres du village attendaient sa mort avec impatience.
Un soir, ils commencèrent même à ramasser du bois pour faire un grand feu.
- Que faites-vous ? leur demanda Ntombi.
- Salukazi est malade, elle va mourir, ricana
une ogresse. Nous préparons la cérémonie !
- Menteurs ! hurla Ntombi. Je sais que vous
préparez ce feu pour me faire rôtir…
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Alors, entrant dans une colère terrible,
elle leva les bras au ciel et marmonna
comme le faisait Salukazi :
- Kivi, kivi ! Voko, voko !
Aussitôt, la tempête éclata et les ogres
s’enfuirent dans leurs cases, terrorisés.
Quand Ntombi revint chez Salukazi,
la vieille femme lui dit :
- Petite, je suis fière de toi ! Mais tu dois
partir maintenant, car je vais mourir
cette nuit. Tu ne peux pas rester ici.
Ntombi se blottit contre elle :
- Je ne te quitterai pas, souffla-t-elle.
Salukazi lui tendit une corne
d’antilope. Sa voix devint plus faible :
- Obéis et rentre chez toi. Cette corne
magique va te ramener sur la plage
où tu jouais avec les vagues, quand
tu étais une toute petite fille…
Alors, Ntombi embrassa tendrement
la vieille femme. Puis, les yeux baignés
de larmes, elle courut jusqu’à la mer,
se jeta dans les vagues, et se laissa
porter par les flots, serrant la corne
magique contre son cœur…
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Au petit matin, l’ogresse Salukazi était morte. Les ogres du village eurent beau
chercher sa petite protégée, ils ne la retrouvèrent jamais.
Très loin de là, Ntombi s’était échouée sur une plage. Quand elle leva les yeux,
elle aperçut une belle femme aux cheveux dénoués courir vers elle.
« On dirait une sirène… » pensa-t-elle. Et elle s’écria :
- Maman ? Maman !
- Ntombi ! c’est toi ? lui demanda Bakabaka. Tu es revenue !
Ntombi se jeta dans ses bras et lui raconta toute son histoire. Bakabaka
remercia la mer de lui avoir rendu sa fille. Le temps passa, Ntombi grandit,
mais elle garda toujours la corne magique en souvenir de la vieille ogresse
qui avait pris soin d’elle.
29
Mais le loup, on ne le changera pas, adore croquer les brebis !
Le loup est trop connu. Tout le monde a peur de lui. Dès qu’il apparaît, la bergère appelle son chien, qui le poursuit dans toute la montagne et lui mord les mollets...
« Quiconque est loup, agisse en loup ; c’est le plus cer-tain de beaucoup. » Telle est la morale de cette fable intitulée Le loup devenu berger dans sa version d’origine. Ainsi, nous dit La Fontaine, il vaut mieux ne pas contra-rier sa nature si l’on veut parvenir à ses fins !
Le loup et la bergère
30
Un jour, ce loup a une idée, il se lève tôt et suit la bergère qui s’éloigne un peu de son troupeau.
Comme tous les matins avant que les brebis ne se réveillent, elle va se baigner dans le lac. C’est une bergère très propre !
Dès qu’elle est dans l’eau, le loup lui chipe ses habits ainsi que sa jolie flûte de bois... Et il s’habille en bergère : les bas rayés, le chapeau et le foulard enroulé autour de sa grande gueule. Le loup a un plan : emmener le troupeau chez lui. Ainsi sa famille aura de quoi manger pendant au moins un an !
31
Le loup se met à jouer de la flûte. Les moutons se réveillent un à un, le chien aussi... Et le loup prend la route en soufflant dans la flûte.
Les brebis le suivent. Elles croient que leur petite bergère les emmène dans un pré à l’herbe tendre...
Elles ne se pressent pas, broutent des fleurs en chemin et attendent leurs agneaux qui gambadent derrière les papillons. Mais le loup s’impatiente...
Il souffle de plus en plus fort dans sa flûte. Les moutons rient : « Hou là ! notre bergère est en forme ce matin ! »
32
Affamé, le loup se croyant méconnaissable, s’écrie : « Plus vite, paresseuses ! » Mais une voix de bergère n’est pas une voix de loup ! Pas du tout !
Les brebis comprennent et bêlent : « Au loup, sauvons-nous ! » Le chien, en colère, lui mord les fesses et lui court après dans la montagne.
Le loup rentre chez lui sans rien à manger mais habillé en fille ! Quelle rigolade chez la famille loup !
Ne trouvant pas ses habits, la bergère s’est fait un costume de feuilles et de fleurs. Et tout le monde, les brebis, le chien et même le berger du pré d’à côté, trouve ça très joli ! Eh oui !
Mille et un dessinsBravo à tous les artistes qui nous ont envoyé leur dessin de roi et de reine. Hélas, nous n’avons pas la place de tous les publier. Alors, voici nos préférés et le nom des quinze autres gagnants d’un DVD Toy Story 3 ou d’un carnet Raiponce offerts par Disney.
Léna, 5 ans 1/2. Plaine, 67
Anna, 4 ans. Chambéry, 73
Costa, 3 ans. La Ravoire, 73 Margaud, 4 ans. Pau, 64
Louannn, 6 ans 1/2. Le Rheu, 35
Les 15 autres gagnantsCharlotte, 5 ans 1/2 ans. La Roche/Yon, 85 - Lola, Plérin, 22 - Maëlle, 6 ans 1/2. Strasbourg, 67 - Candice, 6 ans 1/2. Évry, 91 - Pauline, 5 ans. Montrouge, 92 - Jeanne, 5 ans. Échirolles, 38 - Marie, 5 ans. St-Marcellin-les-Vaison, 84 - Jules, 5 ans 1/2. Houplin-Ancoisne, 59 - Léa, 7 ans. Les Arcs/Argens, 83 romaric & Lilian, 5 ans. Pertuis, 84 - esteban, 6 ans. Sarrians, 84 - Ophélie, 5 ans. Berry-Bouy, 18 - Éléa, 6 ans 1/2. Nancy, 54 - Jean-François, 6 ans. St-Pierre-du-Mont, 40 - Ludmilla, Palaiseau, 91.
34
U n brave ogre des bois, natif de Moscovie,Était fort amoureux d’une fée, et l’envie
Qu’il avait d’épouser cette dame s’accrutAu point de rendre fou ce pauvre cœur tout brut ;L’ogre, un beau jour d’hiver, peigne sa peau velue,Se présente au palais de la fée, et salue,Et s’annonce à l’huissier comme prince Ogrousky.La fée avait un fils, on ne sait pas de qui.Elle était ce jour-là, sortie, et quant au mioche,Bel enfant blond nourri de crème et de brioche,Don fait par quelque Ulysse à cette Calypso,Il était sous la porte et jouait au cerceau.
On laissa l’ogre et lui tout seuls dans l’antichambre.Comment passer le temps quand il neige en décembreEt quand on n’a personne avec qui dire un mot ?L’ogre se mit alors à croquer le marmot.C’est très simple. Pourtant c’est aller un peu vite,Même lorsqu’on est ogre et qu’on est moscovite,Que de gober ainsi les mioches du prochain.Le bâillement d’un ogre est frère de la faim.
Quand la dame rentra, plus d’enfant ; On s’informe.La fée avise l’ogre avec sa bouche énorme :As-tu vu, cria-t-elle, un bel enfant que j’ai ?Le bon ogre naïf lui dit : Je l’ai mangé.
Or c’était maladroit. Vous qui cherchez à plaire,Jugez ce que devint l’ogre devant la mèreFurieuse qu’il eût soupé de son dauphin.Que l’exemple vous serve ; aimez, mais soyez fin ;Adorez votre belle, et soyez plein d’astuce ;N’allez pas lui manger, comme cet ogre russe,Son enfant, ou marcher sur la patte à son chien...
Victor Hugo
L‘ogre et la fée
C e savoureux poème de Victor Hugo (1802-1885), leçon de morale au premier abord, joue sur le ridi-cule de la figure de l’ogre amou-reux. Il est extrait de Bon conseil aux amants (Toute la lyre, 1888). À l’époque, l’expression « croquer le marmot » était utilisée par les peintres en visite, qui trompaient leur ennui en faisant le portrait des enfants jouant dans l’antichambre. Hugo a pris l’expres-sion au pied de la lettre pour nous faire sourire...
35
36
Cet après-midi, Loulou et ses amis jouent au croquet dans la forêt. Poc ! Jean Édouard donne un petit coup de maillet qui envoie sa boule juste devant l’arceau.
« C’est mon tour ! » s’écrie Rocco. Il vise et tire si fort qu’il fait décoller la boule de Jean Édouard…
… qui part la chercher en bougonnant derrière le gros rocher où elle a atterri.
Une grotte à croquer !
37
De là, il appelle ses amis. « Hé, venez, j’ai trouvé l’entrée d’une grotte ! »
« C’est peut-être la caverne d’Ali Baba ? » s’amuse Rocco. « On va voir ? » propose Loulou.
Loulou attrape une lampe torche dans sa musette et les amis pénètrent dans la grotte.
Le sol est glissant et ils avancent à tâtons entre les parois sombres et humides...
« Aïe ! ma tête ! » grogne Jean Édouard. « C’est une stalactite », dit Loulou.
« Ouille ! mon pied ! » râle encore Jean Édouard en trébuchant. « Ça, c’est une stalagmite », dit Loulou.
38
Les amis arrivent soudain dans une immense salle. Le plafond est recouvert de stalactites pointues comme des flèches, et des cristaux de toutes les formes brillent sur les parois.
« Oh ! on dirait des petites étoiles ! » s’étonne Loulou.
« Et ici, c’est comme du corail… » dit Jean Édouard.
Puis les amis poursuivent leur exploration dans un autre tunnel de la grotte.
« Regardez ! s’écrie Rocco. Quelqu’un a creusé un escalier ici ! »
Gudule s’exclame : « Là, ça ressemble à des fleurs ! »
39
Les amis grimpent à la queue leu leu et se retrouvent face à une porte en pierre.
Loulou la pousse et ils débouchent… derrière la cheminée du salon de Mémé Souris !
« Saperlipopette ! s’écrie Mémé Souris, vous avez découvert mon passage secret ! »
Puis elle ajoute : « J’ai fait des cookies, ça vous dit ? » Alors cric ! croc ! les amis croquent à belles dents dans les biscuits. Et leur jeu de croquet ? Ils iront le chercher plus tard, bien sûr... !
Retrouve toute la famille Perlimpinpin cachée dans l’image !
La famille Perlimpinpin chez les ogres
Mam
ie So
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Bébé
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42
Que de couleurs !Regarde cette belle sculpture sur la page de droite…
Ses formes sont rondes, douces et multicolores. Observe ces détails et retrouve-les sur Nana Soleil. Lequel est l’intrus ?
Niki de Saint-Phalle (1930- 2002), peintre et sculp-teur française liée aux Nou-veaux Réalistes, commença à peindre en 1952. Elle se rendit célèbre en 1961 en réalisant des séances de tir à la carabine sur des poches de couleurs qui coulaient sur des assemblages de plâtre. Vint ensuite la période plus joyeuse des Nanas, colorées, en papier mâché et polyester. Elles évoquent une femme moderne aux rondeurs voluptueu-ses et signent l’implication de l’artiste dans le mouvement féministe des années 60.
1
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3
Solution : C’est le n °7.
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Nana Soleil, Niki de Saint-Phalle. 2000
Parents : des mythes, des images, des symboles
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Ogres, croquemitaines et compagnie
Comme nous le rappelle L’ogre et la fée, l’amusante fable de Victor Hugo que vous pouvez lire page 34, les ogres sont tout simplement incapables de résister au désir de croquer un bambin appétissant. « On ne peut aller contre sa nature, c’est plus fort que moi ! », semble clamer l’affreux jojo pour sa défense... Depuis la nuit des temps, les « man-geurs d’enfants » peuplent notre imaginaire et témoignent de nos peurs ancestrales
de dévoration, de rapt ou d’abandon. Les petits raffolent de ces histoires de
goinfres ou de goulues maléfiques – comme celle de Jack et le haricot
magique, dont la fin est heureu-sement réconfortante. En effet, l’ogre bestial est souvent berné par le « petit » héros qui s’empare de ses trésors
ou de sa « botte » secrète. Sans doute, nos jeunes lecteurs conjurent-ils ainsi leur peur
d’être dévorés – fût-ce de baisers ! Tournez la page et découvrez l’album de famille de ces fascinants croqueurs d’hommes... Valérie CheVereau
L’ogre attrapant le Petit Poucet. Illustration
de Ludwig Richter (édition allemande, 1853).
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I l fut un temps où les enfants n’étaient
pas encore la proie privilégiée des dévo-
reurs de chair fraîche. À travers les âges
et les contrées, les peuples de l’univers
ont raconté en tremblant des légendes
mettant en scène des monstres canniba-
les. Déjà, dans la mythologie grecque, le
Titan Cronos avale ses propres enfants pour
être sûr de maintenir sa toute-puissance et
n’avoir pas de postérité, jusqu’à ce que son
fils, Zeus, caché par sa mère, lui échappe
et le détrône. Quant aux Cyclopes, géants
pourvus d’un œil unique, ils dévorent les
malheureux humains qui s’aventurent à
proximité de leur antre. Dans la mythologie
chilienne, le Cherufe, gigantesque créature
de lave vivant dans les volcans, se nourrit,
lui, exclusivement de jeunes filles. Tandis
qu’en Afrique, un mythe raconte qu’à l’ori-
gine des temps, un monstre nommé le
Kholomodumo mangea toute l’espèce
humaine, à l’exception d’une vieille femme.
Heureusement, la rescapée donna naissance
à des jumeaux qui tuèrent le monstre, et
tous les êtres humains furent dégurgités…
L’ogre mangeur d’hommesAvec le temps, ces divers géants canniba-
les ont fusionné pour former le personnage
de l’ogre, qu’on retrouve dans les récits
populaires du monde entier. Au Moyen Âge,
les hommes des campagnes, croyants ou
non, craignent d’en rencontrer un au détour
d’un chemin sombre, à la recherche de son
repas… exactement de la même façon qu’ils
redoutent les tours des lutins, ou les mau-
vais sorts des sorcières. Qu’on les nomme
« ogre » (en Europe du Sud), « troll » (dans
Cyclope, troll, croquemitaine, boogey man… les noms de l’ogre varient selon les époques et les pays. Son appétit, lui, est toujours le même : dévorant.
Miam !
Page de gauche,
un effrayant Cyclope
oriental dévoreur
d’humains (illustration
de 1912 pour Les Mille
et une nuits).
Ci-contre, l’ogre, sur
le point de se laisser
berner par le chat
botté, dessin de Paul
Hey (début XXe).
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les pays scandinaves), « Oni » (au Japon) ou
« Tartaro » (au Pays basque), les mangeurs
d’hommes répondent tous au même signa-
lement. Ils sont riches. Ils possèdent souvent
des objets magiques, comme les bottes de
sept lieues de l’ogre du Petit Poucet. Ils ont
forme humaine, mais tout est exagéré chez
eux : ils sont plus grands, plus forts, plus poi-
lus… et plus laids ! Leur flair pour détecter
la “chair fraîche” les rappro che de l’animal
dont ils possèdent le comportement bestial.
Mais, en dignes héritiers des Cyclopes, leur
vue est parfois défaillante, comme dans le
conte d’Hansel et Gretel où l’ogresse confond
un os de poulet avec le doigt de l’enfant
qu’elle engraisse.
Mais surtout, à la différence de l’homme civi-
lisé, l’ogre est incapable de dominer ses
instincts et de voir plus
loin que le bout de son
nez ! Ainsi, c’est souvent
sa bêtise et son incapa-
cité à raisonner qui le per-
dent. Dans le conte de
Perrault, le chat botté n’a qu’à faire mine de
douter des pouvoirs magiques de l’ogre
pour le persuader de se transformer en
souris : il ne reste plus alors au rusé
félin qu’à croquer le monstre pour
s’approprier son château et ses
richesses.
Le croquemitaine ou l’ogre épouvantail
C’est quand les adultes ont cessé de
croire aux ogres qu’est née leur version
enfantine : le croquemitaine. Les parents pui-
sent dans les anciennes superstitions pour
“inhiber” leurs enfants et les empêcher de
faire des bêtises ou de s’aventurer seuls dans
des lieux dangereux. Au début du XIXe siè-
cle, à Paris et dans les Côtes d’Armor, on les
menace à la moindre occasion : « Si tu n’es
Le Croquemitaine.
Image publiée dans
Le Journal illustré
le 9 octobre 1864,
avec la chanson
du Croquemitaine.
La chanson du croquemitaineMalgré la poussière ou la crottePasse avec une grande hotteEt son croc en fil de laiton !Croquemitaine, Croquemiton.
Il a de longues dents pointuesSes mains de poils sont revêtuesEt son grand nez est en carton !Croquemitaine, Croquemiton.
Il flaire au vent, sur son passageEt quand un enfant n’est pas sageIl emporte cet avorton !Croquemitaine, Croquemiton.
Dans les contes, les ogres
possèdent souvent
des objets magiques.
Ici, le Petit Poucet
de Perrault vole à l’ogre
ses bottes de sept lieues
pour s’approprier ses
pouvoirs... (gravure de
Gustave Doré, 1868).
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pas sage, je dis à Croquemitaine de venir ! »
Et les marmots tremblent à l’idée de voir
surgir ce grand bonhomme à la longue
barbe, avec ses bottes qui lui montent
jusqu’aux cuisses, pour mieux y enfouir les
enfants méchants, et d’où il les tire pour
les manger. Le nom même du Croquemitaine
ne laisse aucun doute sur ses intentions :
car « mitaine », en l’occurrence, ne désigne
par les gants portés par nos grands-mères,
mais vient du hollandais metjien qui signi-
fie « petite fille ».
Avec le temps, « croquemitaine » deviendra
un terme générique. Mais jusqu’à la fin du
XIXe, chaque région a son épouvantail local.
En Sardaigne, il fait presque partie de la
famille puisque c’est le Zio Orcu (Oncle
Ogre) qui enlève les enfants méchants et
les dévore une fois que sa femme, la Zia
Orca, les a bien engraissés. Dans la région
de Metz, on invoque le Graouilli, dont le
nom évoque à la fois la chair de l’enfant
grassouillet et les gargouillis du ventre
affamé de l’ogre. Souvent, le nom
Rübezahl, l’ogre allemand,
est toujours représenté
comme un géant roux
armé d’un gourdin
(dessin de Paul Hey,
XXe siècle).
En bas, à gauche, un
des multiples visages de
l’effrayant Croquemitaine
(fin XIXe).
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du croquemitaine local est son principal
attribut et le prononcer suffit à terroriser les
petits. Ainsi, nul ne sait à quoi ressemble
le Babou, ogre méridional « qui mange les
enfants en salade », ou le Boogey man, son
cousin anglo-saxon. Mais ils sont d’autant
plus effrayants que leur nom contient le son
« bouh ! ». Et en l’absence de description,
chacun peut associer à ce cri épouvantable,
le monstre de ses cauchemars...
Proches cousins du croquemitaine, les
« hommes au sac » ne s’attaquent qu’aux
enfants désobéissants. Comme leur nom
l’indique, la plupart les fourrent dans un
sac avant de les emporter on ne sait où.
Mais pas tous. Par exemple, le Bugul-noz
breton, lui, utilise son énorme chapeau
rond, dans lequel il enfourne les bambins
qui se sont attardés sur
les chemins au crépus-
cule. Contrairement aux
ogres, les « hommes au
sac » ne mangent pas
leur victime, mais la peur
ancestrale résiste : pour
preuve, dans les pays
scandinaves, le héros de
ce genre d’histoires s’ap-
pelle toujours Smörball,
autrement dit “petite
motte de beurre”…
Finalement, ces “épou-
vantails” sont peut-être
encore plus terrifiants que les ogres ; car si
l’ogre des contes vit au fond des bois, le
croquemitaine, lui, n’est jamais bien loin.
Comme le chantent les boogey men du film
de Tim Burton, L’Étrange Noël de Mr Jack
(1993) : « Moi, je me cache sous votre lit le
soir, mes yeux, mes dents, brillent dans le
noir. Moi, je me cache sous votre escalier,
doigts de serpent et cheveux d’araignée.
Moi, je me glisse comme une ombre noire,
et je transforme vos rêves en cauche-
mars… » Brrr ! ■
lauranne QuentriC
La complainte de LustukruQuel est donc dedans la plaine ce grand bruit qui parvient jusqu’à nous ? On dirait un bruit de chaîne, que l’on traîne sur les cailloux…C’est le grand Lustukru qui passe, c’est le grand Lustukru Qui mangera tous les petits gars qui ne dorment guère,Tous les petits gars qui ne dorment pas ! (chanson populaire)
UNE HISTOIRE QUI FAIT DU BIEN
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Ce célèbre conte anglais qui ravit les petits avec cette tige qui pousse, qui pousse, nous parle aussi de la fin de l’enfance... L’avis de Dominique Naeger, psychologue.
Jack et le haricot magique
Dès le début de l’histoire, Jack
désobéit à sa mère en acceptant
ce haricot magique, pourquoi ?
Oui, c’est lui qui va faire évoluer leur
situation au moment où le bon lait
nourricier se tarit. On peut imaginer
que la privation de ce lait de vache,
ou lait maternel, évoque le moment
où Jack et sa mère doivent se déta-
cher l’un de l’autre et renoncer à leur
trop grande proximité. Ce qui appa-
raît là est l’illustration du temps où les
enfants doivent délaisser le giron ma-
ternel afin de s’ouvrir aux rencontres
et aux réalités du monde extérieur.
Les différentes rencontres qu’il va
faire vont donc l’aider à grandir ?
Exactement. L’homme que Jack croise
sur sa route représente une première
figure paternelle, le père étant absent
du récit. C’est lui qui va l’initier et
accompagner, par le troc du haricot,
son désir d’indépendance. L’autre
image du père est l’ogre, qui est une
métaphore de la puissance, de la force
et de la richesse dont Jack veut se
parer. C’est dans la confrontation
avec cette facette du père que Jack
va découvrir ses aptitudes essentiel-
les à sa construction intime et à son
devenir d’homme. Il comprend aussi
que la puissance sociale (symboli-
sée par les pièces et les œufs d’or)
assure, certes, l’accès à une qualité
de vie meilleure mais que cela ne
suffit pas. Il faudra encore à Jack la
harpe d’or, symbole de l’expression
artistique, c’est-à-dire l’accès à une
création personnelle, singulière et
humaine. Après avoir assouvi son
désir d’autonomie, c’est l’affirmation
de soi et de ses compétences qui est
à découvrir.
Et ce haricot fantastique qui est au
cœur de l’histoire, a-t-il une signifi-
cation particulière ?
La graine magique donne une tige
géante qui assure les allers-retours
entre deux univers qui sont le monde
de l’enfance et le monde de l’expé-
rience. Cette tige est un défi pour le
héros : elle parle de la croissance du
corps, des hardiesses, du désir d’ac-
complir des choses de « grand ». Jack
s’engage sur une route qui n’est pas
sans aspérités ni sans retours en
arrière, il n’est pas forcément prêt à
affronter l’ogre et a parfois besoin de
soutien, comme celui de l’ogresse ou
de la mère pour rebondir.
D’ailleurs, à la fin du conte, Jack
retourne vivre avec sa mère...
Oui, il retrouve sa mère, mais
entre-temps, il a appris l’auto-
nomie. Et il lui en a fallu de
l’obstination pour s’opposer aux figu-
res parentales et parcourir toutes
ces étapes ! Ces contraintes ont
représenté la condition pour accéder
à son indépendance. Au terme de
l’histoire, en coupant à la hache, la
tige du haricot magique, notre héros
symbolise la fin de la petite enfance
et l’apprentissage de l’autonomie :
c’est un des thèmes principaux de ce
conte d’une grande richesse. ■ProPos recueillis Par
Valérie cheVereau
Jack et ses merveilleux
voyages, sur le chemin
de l’autonomie...
(Chromolithographie, 1880).
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Illustrations : Couverture et « Jack et le haricot magique », Philippe-Henri Turin « L’ogresse aux longues oreilles », Chiaki miyamoto« La petite fille chez les ogres », Amandine Wanaert« Le loup et la bergère », Fabienne TeyssèdrePoésie : Élise mansot« Les aventures de Loulou », scénario : Laurence Gay - dessins : Christel Desmoinaux La famille Perlimpinpin, Appoline Harel
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