Opioïdes et hypogonadisme

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Douleurs, 2004, 5, 1

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dol + venlafaxine (Effexor

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). Une femme de 65 ans pre-nait de la venlafaxine depuis 3 semaines à la dose de100 mg en 2 prises. Des symptômes de syndrome séroto-ninergique sont apparus 3 jours après I’addition de tra-madol, à la dose de 300 mg par jour, pour des douleursliées à une fracture de côtes : diarrhée, fièvre, agitation,logorrhée, désorientation. Les symptômes ont totalementdisparu 3 jours après I’arrêt de la venlafaxine et le jourde I’arrêt du tramadol dont la dose avait été diminuée à100 mg par jour pendant les 2 jours précédents. Unenouvelle prise de venlafaxine seule, 2 semaines plus tard,n’a pas été suivie d’une réapparition des symptômes.L’association de tramadol et d’un antidépresseur IRS :citalopram (Séropram

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), fluoxétine (Prozac

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), fluvoxa-mine (Floxyfral

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), paroxétine (Deroxat

®

) et sertraline(Zoloft

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) expose à un risque de syndrome sérotoninergi-que et de convulsions. Elle figure avec la mention « àprendre en compte » dans le fascicule « interactionsmédicamenteuses » du dictionnaire Vidal 2003. D’autresmédicaments ayant un effet sérotoninergique pourraientégalement être cités, tels que la sibutramine (Sibutral

®

).Arrêter les médicaments devant des symptômes neuro-musculaires ou végétatifs évoquant un syndrome séroto-ninergique peut permettre d’éviter une évolution parfoisgrave.

FUOXÉTINE + HYDROMORPHONE : SYNDROME SÉROTONINERGIQUE ?

Le Centre régional de pharmacovigilance de Poitiers a rap-porté une observation de syndrome sérotoninergique lié àI’association de fluoxétine (Prozac

®

) et d’hydromorphone(Sophidone

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). Une femme de 81 ans prenait depuis plu-sieurs années du lisinopril, de la pentoxifylline, deI’hydroxyzine, du montelukast et de la fluoxétine à la dosede 20 mg par jour. Deux jours après le début de la prised’hydromorphone à la dose de 12 mg par jour pour desdouleurs liées à une fracture vertébrale, sont apparus desmouvements anormaux, une confusion, un discours incohé-rent, des sueurs, une rougeur du visage, un tremblement,une hyperréflexie, des secousses musculaires des quatremembres. Tous les symptômes ont régressé en 2 semainesaprès l’arrêt de la fluoxétine, I’hydromorphone étant conti-nué. Des effets indésirables interprétés comme des syndro-mes sérotoninergiques ont été observés lors d’associationd’antidépresseurs IRS et de certains opiacés tels que le tra-madol, la péthidine ou le dextrométhorphane. Il n’y a pasactuellement de données publiées concernant I’hydro-morphone et ses effets sérotoninergiques n’ont pas étéétudiés. En attendant d’en savoir plus, la prudence estrecommandée.

Morphine 6 glycuronide efficace, moins de nausées

S. Binning, S. Coggins, A. Davidson, K.R. Milligan. Comparison oftwo dosing regimes of morphine-6-glucuronide versus morphine foranalgesia following total hip replacement. EFIC, Prague, 2-6/09/2003. P 587.T.

La Morphine-6-glucuronide (M6G) est un métabolite phar-macologiquement actif de la morphine, qui possède despropriétés antinociceptives. Les auteurs ont comparé leM6G à la morphine pré-opératoire ou en post-opératoireaprès une arthroplastie totale de hanche chez 67 patients.Les opérés étaient répartis au hasard en 3 groupes, qui rece-vaient : A : un placebo à l’induction de l’anesthésie et10 mg/70 kg de morphine à la fermeture cutanée. B : unplacebo à l’induction de l’anesthésie et 30 mg/70 kg deM6G à la fermeture. C : 20 mg/70 kg de M6G à l’inductionet un placebo à la fermeture. Les scores EVA et la consom-mation de morphine administrée à l’aide d’une pompe dePCA étaient enregistrés en post-op., ainsi que les effets indé-sirables. Les scores moyens de douleur étaient inférieursdans les groupes M6G pendant les 4 premières heures post-op. La différence s’estompait ensuite du fait de la PCA. Il yavait moins de nausées et vomissements dans les groupesM6G. La conclusion est que la M6G procure une analgésieau moins aussi efficace que la morphine après chirurgieorthopédique majeure, avec moins d’effets indésirables.

Opioïdes et hypogonadisme

Rajagopal A. Vassilopoulou-Sellin R. Palmer J. Kaur G. BrueraE. Hypogonadism and sexual dysfunction in male cancer survi-vors receiving chronic opioid therapy. Journal of Pain and Symp-tom Management 2003:26.

Des troubles de la fonction sexuelle ont été signalés defaçon anecdotique chez des patients recevant des traite-ments opioïdes au long cours. Cette étude avait pour objetde déterminer la prévalence de l’hypogonadisme central etd’une dysfonction sexuelle chez 20 hommes souffrant dedouleurs résiduelles, secondaires à un cancer en rémissiondepuis au moins un an. Tous les patients consommaient aumoins 200 mg/J. d’équivalent morphine depuis un an oudavantage. Les niveaux de testostérone sérique étaient dimi-nués (médiane 140 ng/dL pour une normale à 241-827). Iln’y avait pas d’augmentation compensatoire de la FSH(3,5 mIU/ml, normale 1,4-18,1), ni de la LH (2,1 mIU/ml ;normale 1,5-9,3). Le désir sexuel, mesuré à l’aide d’un scoredit « Dyadic », était très diminué (1,3

±

1,9 ; normale : 10,6

±

1,9). Ces données suggèrent que l’exposition chroniqueà de fortes doses d’opioïdes peut entraîner un hypogonadisme

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important d’origine centrale, à l’origine d’une dysfonctionsexuelle.

Optalidon : arret de commercialisation

Optalidon comprimé et suppositoire : arrêt de commercia-lisation programmé au 31 décembre 2003. Associationnoramidopyrine et caféine : antalgique périphérique et sti-mulant central. Les laboratoires Novartis annoncent l’arrêt decommercialisation de leurs spécialités Optalidon compriméet Optalidon suppositoire à compter du 31 décembre 2003.Pour en savoir plus : Se reporter à la monographie Vidal deOptalidon à la noramidopyrine. Ces spécialités sont indi-quées dans le traitement des manifestations douloureusesaiguës, lorsque leur activité leur confère un avantage réelface à d’autres antalgiques.

Source : RCP - Laboratoire 28/11/2003.

Oxycodone

vs

(+ ?) morphine

Lauretti G. Oliveira G. Pereira N. Comparison of sustained-release morphine with sustained-release oxycodone in advancedcancer patients. British Journal of Cancer 2003;89:2027-30.Internet : www.bjcancer.com

Les effets antinociceptifs de la morphine (Mo) et de l’oxy-codone (Ox) ne sont pas préférentiellement médiés par lesmêmes récepteurs. L’étude avait pour objet d’évaluer leprofil analgésique de l’association morphine oxycodone encomparaison avec la morphine administrée seule. Vingt sixpatients ont reçu des formes orales à libération prolongéede Mo ou d’Ox. Durant la première phase, après randomi-sation, le médicament était titré jusqu’à obtenir un contrôlestable de la douleur pendant 7 jours. La 2

e

phase consistait

en un double aveugle randomisé « crossover » en 2 périodesde 14 jours chacune. À tout moment les patients pouvaientprendre de la morphine à libération immédiate (MLI) sibesoin, de manière à maintenir l’EVA

4. La douleur, lasatisfaction, la consommation de MLI et les effets indésira-bles étaient notés. Le ratio de dose Mo/Ox était de 1,8. Laconsommation hebdomadaire de MLI était plus élevée chezles patients sous Mo que chez ceux qui prenaient de l’Ox.Les patients sous Ox avaient moins de nausées et devomissements. La consommation de MLI chez les maladesqui avaient de la morphine seule était 38 % plus élevéecomparée à ceux qui recevaient une association Mo+Ox.Les résultats suggèrent que l’association morphine oxyco-done, pourrait constituer une alternative utile en pratiqueclinique.

Douleurs thoraciques inexpliquées : penser au bupropion

De Graaf L. Diemont W. Chest pain during use of bupropion asan aid in smoking cessation. British Journal of Clinical Pharma-cology 2003;56.

Le centre néerlandais de pharmacovigilance a reçu 22 rap-ports faisant état de douleurs thoraciques au cours de l’uti-lisation de bupropion (Ziban

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) comme aide à l’arrêt dutabac. Des données concernant le suivi à long terme ont étérecueillies, notamment pour déterminer si ces symptômesétaient annonciateurs de maladies cardiaques. Chez tous lespatients sauf un, les symptômes ont disparu après arrêtdu bupropion. Sept patients ont été investigués de façonexhaustive, permettant d’exclure une cause cardiaque chez6 d’entre eux. Au cours du suivi à long terme, aucune affec-tion cardiaque ou coronarienne n’a été diagnostiquée. Cesrapports semblent indiquer que des douleurs thoraciques peu-vent être associées à l’usage de bupropion. Les mécanismesdemeurent toutefois obscurs.

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