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PANORAMA DE PRESSE
10/10/2017 08h25
CGT
Panorama réalisé avec Pressedd
SOMMAIRE
SYNDICALISME(2 articles)
mardi 10 octobre 2017Page 6
mardi 10 octobre 2017Page 8
ACTUALITE SOCIALE(4 articles)
mardi 10 octobre 2017 Page 11
mardi 10 octobre 2017Page 12
mardi 10 octobre 2017Page 13
mardi 10 octobre 2017Page 15
RÉFORME DU CODE DU TRAVAIL(2 articles)
mardi 10 octobre 2017 Page 18
Laurent Berger : « L'exécutif doit s'engager sur uneaugmentation du pouvoir d'achat » (1057 mots)
Question : Pourquoi, alors que le nouvel exécutif n'est installé que depui…
Où est passée la réforme du syndicalisme ? (1151 mots)
AGNÈS VERDIER-MOLINIÉ CLAIREFOND Le gouvernement doit s'attaqu…
Jour et nuit, week-ends compris, Madame est servie ! (552 mots)
A l'origine, souvent, une annonce discrète dans le journal local ou sur Internet : «Recherche couple de retraités pour châ…
La " protection sociale " au menu de Matignon (612 mots)
Surtout, ne pas se fier aux chemises ouvertes ou aux pantalons en toile. Si lesministres avaient choisi un look décontrac…
Formation des chômeurs : une obligation de résultat (1080 mots)
En stigmatisant mercredi dernier en Corrèze « ceux qui f…
Pourquoi il faudra donner plus de pouvoir aux salariés (996 mots)
Dans le puzzle des réformes que tente d'assembler Emmanuel Macron, il y a unepièce manqua…
leS FRANÇAIS DE PLUS EN PLUS OPPOSés A la loi travail(232 mots)
Selon un nouveau sondage Harris Interactive pour LCP, deux Français sur trois(65 %) se déclarent désormais opposés à la ré…
mardi 10 octobre 2017 Page 19
MOUVEMENTS SOCIAUX(10 articles)
mardi 10 octobre 2017 Page 22
mardi 10 octobre 2017 Page 24
mardi 10 octobre 2017 Page 25
mardi 10 octobre 2017 Page 26
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mardi 10 octobre 2017Page 30
mardi 10 octobre 2017
Page 32
Le dialogue social fonctionne toujours dans les entreprises(700 mots)
1,3 % 1,3 % Part des entreprises de plus de 10 salariés ayant connu en 2015…
Fonctionnaires : le public montre l'exemple de l'unitésyndicale (953 mots)
La soi-disant augmentation du pouvoir d'achat des agents publics annoncée hierpar le premier ministre correspond à « l'aug…
Le renouveau des colères enseignantes ? (463 mots)
Dans les cortèges des manifestations du jour, il y aura un signe à observer : laprésence des enseignants et personnels de …
«Je me mobilise le 10 octobre pour les services publics engénéral, qui sont mis à (382 mots)
«Je me mobilise le 10 octobre pour les services publics en général, qui sont mis àmal par les politiques actuelles de Macr…
«En 2007, j'étais dans l'urgence. Je cherchais du travail et j'aipostulé. (428 mots)
«En 2007, j'étais dans l'urgence. Je cherchais du travail et j'ai postulé. Le rectoratde Toulouse a répondu le premier. Tr…
«En 2018, 1 600 postes vont être supprimés à la direction desfinances publiques. (391 mots)
«En 2018, 1 600 postes vont être supprimés à la direction des finances publiques.On fusionne les services pour constituer …
Fonctionnaires : les sacrifiés du début de quinquennat (999 mots)
Les yeux dans les yeux, Gérald Darmanin, leur a promis qu’il ne serait «pas leministre de la fin de [leur] statut». Une pe…
En grève, les salariés de GE Hydro dénoncent «une hérésieindustrielle» (745 mots)
Ils sont cadres et techniciens, traditionnellement peu versés dans lacontestation… Pourtant, ce lundi, et pour la sixième …
Les médecins hospitaliers prescrivent la grève (579 mots)
D’ordinaire, les médecins hospitaliers regardent passer les grèves, et rechignent às’associer à celles du personnel soigna…
mardi 10 octobre 2017
Page 33
mardi 10 octobre 2017 Page 35
EUROPE ET INTERNATIONAL(1 article)
mardi 10 octobre 2017Page 39
Pôle Emploi à guichets resserrés (755 mots)
C’est une équation à trois chiffres et beaucoup d’inconnues qui inquiète lessyndicats de Pôle Emploi : «297 postes supprim…
CSG, point d’indice, jour de carence : les causes du malaise desfonctionnaires (862 mots)
« Stigmatisés », « délaissés », « piégés »… Si l’on en croit leurs syndicats, c’estdans un climat particulièrement lourd que les f…
Chez Opel-Vauxhall, 6 000 emplois en péril (1011 mots)
Pour Opel-Vauxhall, propriété de PSA depuis le 1er août, la période de grâcearrive à son terme. Selon la feuille de route…
SYNDICALISME
5
Laurent Berger : « L'exécutif doit s'engager sur une augmentation du pouvoird'achat »
N° 22547mardi 10 octobre 2017
Page 41057 mots
FRANCE—SOCIAL
Question : Pourquoi, alors que le
nouvel exécutif n'est installé que de-
puis six mois, la CFDT se joint-elle
aux autres syndicats pour appeler les
fonctionnaires à faire grève et à ma-
nifester ?
Le gouvernement ne semble pas
avoir pris la mesure du malaise pro-
fond qui touche les fonctionnaires et
qui est dû à un problème à la fois de
sens et de reconnaissance. Les agents
souffrent de n'être vus que comme un
poids budgétaire et non pas comme
une richesse. Il y a un manque de va-
lorisation de leur travail, on l'a vu
dans la grande enquête que nous
avons faite l'an dernier auprès des sa-
lariés du privé et du public. A cela
s'ajoute la question de leur pouvoir
d'achat, qui est d'ailleurs aussi un
élément de reconnaissance.
Question : Concrètement, que de-
mandez-vous ?
Que l'Etat respecte sa parole et
qu'Emmanuel Macron tienne ses en-
gagements.
Question : C'est-à-dire ?
Pendant la campagne présidentielle,
Emmanuel Macron a promis un gain
de pouvoir d'achat pour tous les sa-
lariés et agents publics. Or il est au-
jourd'hui question pour les fonction-
naires de seulement compenser la
hausse de la CSG. Des fonctionnaires,
dont il faut rappeler que 45 % sont
de catégorie C et touchent le SMIC
ou approchant. De surcroît, pour les
agents de l'Etat, des collectivités lo-
cales et des hôpitaux, on est sur une
mesure qui ne concernerait que cette
année, alors que, dans le privé, le
transfert des cotisations chômage sur
la CSG va provoquer un gain de pou-
voir d'achat sur toute leur carrière.
Par ailleurs, l'Etat doit respecter sa
parole. Cela signifie que l'accord sur
la revalorisation des carrières négo-
cié avec le précédent gouvernement
doit s'appliquer comme prévu. Y
compris pour ce qui est de son calen-
drier, qui doit se poursuivre en 2018.
Il faut enfin de vraies négociations
salariales triennales. Parmi les dos-
siers que porte la CFDT, il y a égale-
ment la mise en place, comme dans
le privé, de la participation de l'em-
ployeur au financement de la com-
plémentaire santé.
Question : Vous semblez très remon-
té. La tenue l'an prochain des élec-
tions dans la fonction publique n'y
serait-elle pas pour quelque chose ?
Cela fait longtemps que nous aler-
tons sur le mal-être des agents pu-
blics et la nécessité de leur apporter
la reconnaissance qu'ils méritent.
L'an dernier, nous avons même lancé
le slogan « Je suis une richesse ».
Parce que, oui, les fonctionnaires
sont une richesse. Et, vendredi, nous
avons remis à l'Elysée les 10.000 pre-
mières pétitions signées par des
agents demandant à Emmanuel Ma-
cron de respecter ses engagements
de campagne et un vrai dialogue so-
cial.
Question : C'est le ministre du Bud-
get qui a en charge la fonction pu-
blique. Cela vous choque-t-il ?
Ce n'est pas ça le sujet. D'ailleurs, la
CFDT ne demande pas qu'on puisse
dépenser sans compter. En revanche,
elle considère que la maîtrise budgé-
taire n'est pas antinomique avec une
action publique facteur de cohésion
sociale, donc de richesse.
Question : Gérald Darmanin a décalé
au 16 octobre le rendez-vous salarial
qui aurait dû se dérouler ce mardi
afin de limiter la pression…
C'est toujours désagréable d'ap-
prendre ce genre de changement de
calendrier par les médias, mais, si
c'est pour venir avec des propositions
sérieuses, nous sommes prêts à at-
tendre six jours de plus… Le ministre
du Budget doit s'engager sur une
augmentation de pouvoir d'achat, le
respect de l'accord PPCR [sur les car-
rières, NDLR] et installer un vrai dia-
logue social à tous les niveaux. Les
fonctionnaires en ont marre d'être
dirigés par des circulaires et des in-
jonctions contradictoires.
Question : Vous n'aviez pas été aussi
rapides à réagir sous François Hol-
lande, malgré l'absence de geste sa-
larial dans la fonction publique avant
2016… Seriez-vous anti-Macron ?
Nous ne sommes ni anti ni pro-Ma-
cron. La CFDT juge sur pièces. Nous
estimons que l'on peut faire de l'effi-
cacité et de l'équité en même temps
; or, depuis quelques mois, nous
constatons que les arbitrages ne se
font pas en faveur de l'équité.
Question : Vous allez défiler avec les
fonctionnaires, mais vous excluez
↑ 6
d'appeler à une mobilisation contre
la réforme du Code du travail. Et
pourtant vous avez participé lundi
soir à l'intersyndicale sur le sujet.
Vous faites de la figuration pour cal-
mer vos troupes ?
Il faut arrêter. La CFDT a participé à
toutes les intersyndicales qui se sont
déroulées en juin, juillet et août sur
la réforme du Code du travail, qui ont
d'ailleurs souvent eu lieu dans nos
locaux. Si elles n'ont pas été rendues
publiques, ce n'est pas de notre fait.
Donc le rendez-vous de lundi soir
s'est inscrit dans une continuité, il
n'a rien eu d'exceptionnel. Et la CFDT
n'a pas l'habitude de faire de la figu-
ration.
Question : Il n'y a donc pas deux syn-
dicalismes irréconciliables ? La
brouille de la loi El Khomri est-elle
effacée ?
Il y a toujours un clivage entre ceux
qui ont décidé de mouiller la chemise
pendant l'été pour repousser les
mauvaises idées, dont la CFDT mais
pas seulement, et ceux qui ne l'ont
pas fait. Mais cela ne veut pas dire
que nous sommes d'accord avec le ré-
sultat de la concertation. Nous
l'avons dit dès le 31 août. Pour au-
tant, il ne faut pas mentir aux salariés
en leur faisant croire que l'on peut
obtenir le retrait de la réforme du
Code du travail. Occupons-nous dès à
présent de nous mobiliser sur le ter-
rain, dans les entreprises et auprès
des salariés. Mais nous avons
d'autres sujets sur la table - assu-
rance-chômage, formation… - sur
lesquels tous les syndicats ont intérêt
à discuter ensemble. ■
par Leïla De Comarmond
Laurent Berger
Secrétaire général de la CFDT
Tous droits réservés Les Echos 2017
119913C086E0D00785271880C60191249474B98C58652A46258CE29
Parution : Quotidienne
Diffusion : 127 389 ex. (Diff. payée Fr.) - © OJD PV 2016
Audience : 633 000 lect. (LNM) - © AudiPresse One 2016↑ 7
Où est passée la réforme du syndicalisme ?
N° 22757mardi 10 octobre 2017
Page 161151 mots
CHAMPS LIBRES DÉBATS
Lles syndicats de la fonction publique
appellent aujourd'hui à la grève. Mais
qui dira combien le syndicalisme, en
France, souffre de ne pas être repré-
sentatif, ni dans le public ni a fortiori
dans le privé ? S'agissant du secteur
privé, les syndicats sont biberonnés
au paritarisme et aux cadeaux que
leur font État et employeurs sous des
formes variées. Ce financement ins-
titutionnel éloigne les syndicats des
salariés qu'ils sont censés représen-
ter, car ceux-ci ne dépendent pas des
cotisations reçues.
Le taux français de syndicalisation
est de 8,7 % dans le secteur marchand
et associatif et de 19,8 % dans le sec-
teur non marchand (équivalent au
secteur public), soit des taux sans
rapport avec ceux des pays qui nous
entourent. La participation des sala-
riés des TPE et PME aux élections
professionnelles de janvier dernier a
été d'à peine plus de 7 %... Quelle
peut être la légitimité des syndicats
dans notre pays avec de tels scores ?
Le plus faible taux de syndicalisation
d'Europe se conjugue avec une pré-
sence syndicale dans les entreprises
supérieure à la moyenne (56 % en
2005, soit le 10e rang européen), ain-
si qu'un taux de couverture conven-
tionnelle maximal (seuls 2,3 % des
salariés ne seraient pas couverts par
un texte conventionnel ou statutaire,
contre 41 % en Allemagne ou 67 % en
Grande-Bretagne). Nos syndicats ont
une assise réelle faible qui contraste
avec leur pouvoir important. Ajou-
tons un nombre considérable de
mandats de représentants du person-
nel (645 000 pour les seuls manda-
taires syndiqués) et d'heures de délé-
gation qui leur sont accordés, en ver-
tu de la loi mais aussi de façon extra-
légale, particulièrement dans les en-
treprises publiques (à la SNCF, pour
la seule année 2011, ces heures ont
été au nombre de près d'1,2 million).
Le gouvernement a sans doute
d'abord pensé que garder le silence
sur ce sujet lui permettrait de s'atta-
cher la compréhension des syndicats
lors des négociations sur la réforme
du Code du travail. Autre indice plai-
dant en ce sens : le financement par
le « chèque syndical » (titre de paie-
ment émis par l'employeur à destina-
tion du salarié, qui peut l'utiliser pour
financer un syndicat de son entreprise
sans obligation d'adhésion, NDLR) a
disparu des sujets traités par les or-
donnances malgré sa mention spéci-
fique dans la loi d'habilitation adop-
tée par le Parlement.
Puis, tout récemment, le porte-pa-
role du gouvernement a rappelé la
nécessité de réformer le financement
des syndicats. Il s'est fait tancer par
la CFDT. Mais Christophe Castaner a
mille fois raison.
Agissons enfin ! La représentativité
des syndicats doit être assise sur le
nombre des adhésions. Supprimons
le monopole de présentation des can-
didats au premier tour des élections
professionnelles, ce qui permettra de
faire émerger des syndicats plus re-
présentatifs des attentes des salariés.
La diminution des heures légales de
délégation et la suppression des
heures de délégation extralégales
dans les secteurs public et privé sont
également indispensables. Un maxi-
mum de cumul d'heures de déléga-
tion à hauteur de 50 % du temps de
travail serait un objectif à atteindre.
Diminuons en outre d'un tiers le
nombre de mandats de représentants
des salariés, soit une réduction d'un
peu plus de 380 000 mandats. Et,
comme pour les politiques, limitons
le nombre de mandats dans le temps
des représentants du personnel car le
syndicalisme ne devrait pas être une
profession.
S'agissant du financement, le pro-
blème essentiel tient à l'origine des
ressources des syndicats, à savoir
l'État, le paritarisme et les em-
ployeurs. Les ressources propres des
syndicats ne représentent que 20 à
30 % de leurs budgets. Une évalua-
tion précise de la situation s'impose
donc. Une loi de 2008 a certes ins-
titué l'obligation de faire certifier et
de déposer les comptes des syndicats,
mais pas celle de consolider tous les
comptes des organismes syndicaux.
Or, pour s'en tenir à cet exemple, 25
000 à 30 000 entités composent la
CGT. Et seules les plus grandes
d'entre elles publient leurs comptes.
Aucune vision globale des comptes
de nos syndicats n'est donc possible à
ce jour.
Comment financer nos syndicats de-
main ? Il faudra, comme cela figurait
dans le programme d'Emmanuel Ma-
cron, instaurer le « chèque syndical
» pour remplacer les financements
provenant du paritarisme. Revenons
à la raison s'agissant des caisses d'ac-
tion sociale des grandes entreprises
publiques : le financement du comité
d'entreprise d'EDF par 1 % du chiffre
d'affaires est, par exemple, obsolète.
↑ 8
ENCADRÉS DE L'ARTICLE
AGNÈS VERDIER-MOLINIÉ
Le gouvernement doit s'attaquer au sujet de la représentativité et du financement des
syndicats, plaide la directrice de la Fondation Ifrap*.
La règle de l'insaisissabilité des biens
des syndicats peut donner lieu à des
abus et doit être examinée. Si Emma-
nuel Macron s'attaque à ce chantier
essentiel pour notre économie, il au-
ra bien mérité de la France. ■
* Think-tank libéral. Une étude de
l'Ifrap intitulée « Réformer le syndi-
calisme » est à paraître.
«Nos syndicats ont une assise réelle faible qui contraste avec leur pouvoir important »
“
Tous droits réservés 2017 Le Figaro
279ef3278030040c353f1ae02003e1ba91f4ca8468c12e771c8497f
Parution : Quotidienne
Diffusion : 305 701 ex. (Diff. payée Fr.) - © OJD PV 2016
Audience : 1 663 000 lect. (LNM) - © AudiPresse One 2016↑ 9
ACTUALITE SOCIALE
↑ 10
Jour et nuit, week-ends compris, Madame est servie !Dans les châteaux de Sologne, les conditions de travail de ceux que les propriétaires emploientsont souvent dignes d'une époque qu'on croyait révolue.
mardi 10 octobre 2017Page 23
552 mots
A l'origine, souvent, une annonce
discrète dans le journal local ou
sur Internet : « Recherche couple de
retraités pour château en Sologne.
Gardiennage, bricolage et entretien
courant des extérieurs de la propriété
(parc, chemins, allées, bois, pelouses,
massifs, cours, douves, enclos de
chevaux ). » Voilà pour Monsieur. «
Pour Madame, des heures de ménage
et cuisine seront demandées ponc-
tuellement. Logement de fonction
dans les communs de la propriété.
Emploi à temps plein rémunéré. »
Une offre alléchante à laquelle ré-
pondent souvent d'anciens ouvriers
agricoles ou des paysans aux faibles
pensions de retraite. Mais, bien sou-
vent, les nouveaux gardiens du châ-
teau déchantent vite.
Car si les propriétaires perpétuent
une mainmise quasi féodale sur les
terres solognotes, ils semblent égale-
ment ignorer que des révolutions et
des luttes ont sorti les travailleurs du
servage et ont permis aux salariés de
bénéficier de nouveaux droits. Der-
rière les clôtures, dans les dépen-
dances des châteaux, des « gens de
maison » vivent et travaillent parfois
dans des conditions dignes de l'An-
cien Régime.
Gérard Machard, ex-président du
conseil des prud'hommes de Romo-
rantin et conseiller du salarié à
l'union locale CGT, a eu à traiter dix
dossiers de ce type en cinq ans, sans
que tous aillent forcément jusqu'aux
prud'hommes. « Les gens répondent
à une annonce et, une fois passées
les grilles du château, ce n'est plus
du tout ça. » Corvéable à merci, le
couple est sollicité parfois jour et
nuit pour répondre aux besoins des
propriétaires. Avec des amplitudes
horaires qui dépassent de loin les 35
heures. C'est le cas du dernier dossier
dont la CGT s'est occupée. « Un tra-
der voulait que son employé travaille
samedi, dimanche et même la nuit »,
se souvient le syndicaliste. Le châte-
lain boursicoteur a préféré lâcher 30
000 euros plutôt que de passer au tri-
bunal. « Mais, au bout du compte, le
salarié se retrouve quand même sans
travail et sans logement », souligne
Gérard Machard. « C'est cet aspect
qui fait que les salariés hésitent sou-
vent à solliciter la CGT, car ils ont
souvent lâché leur précédent loge-
ment pour venir s'installer dans la
propriété et se sentent coincés »,
ajoute-t-il.
Les propriétaires le savent et en
jouent. « Les gardiens sont parfois
hébergés dans des logements vé-
tustes. J'ai vu des appartements avec
du moisi dans la salle à manger »,
si bien que les locataires sont sou-
vent contraints à réaliser des travaux
eux-mêmes pour gagner un peu de
confort. Plus stupéfiant encore, cer-
tains propriétaires procèdent à des
retenues sur salaire pour couvrir les
factures d'électricité. « C'est arbi-
traire et illégal. Seul EDF et les four-
nisseurs peuvent facturer de l'électri-
cité », note le syndicaliste. Et quand
les propriétaires comparaissent de-
vant les prud'hommes, pas question
pour eux d'admettre leurs torts. «
Menteurs ! », « Vous êtes fous ! »,
crient-ils face aux plaignants. Té-
moin de la scène, Gérard Machard
décrit un mépris de classe violent : «
On est des merdes pour eux. » O. M.■
Tous droits réservés L'Humanité 2017
5A9083A68210B90E85F81C70D20E01499BD44F82586B26062313506
Parution : Quotidienne
Diffusion : 35 835 ex. (Diff. payée Fr.) - © OJD PV 2016
Audience : 372 000 lect. (LNM) - © AudiPresse One 2016↑ 11
La " protection sociale " au menu de Matignon
Le premier ministre, Edouard Philippe, veut rééquilibrer l'action du gouvernement
mardi 10 octobre 2017Page 11
612 mots
FRANCE
Surtout, ne pas se fier aux chemises
ouvertes ou aux pantalons en toile.
Si les ministres avaient choisi un
look décontracté pour leur troisième
séminaire gouvernemental, convo-
qué dimanche 8 octobre à Matignon
par le premier ministre, Edouard Phi-
lippe, l'heure était bien à la mobili-
sation, alors que l'exécutif doit faire
face à une baisse de sa popularité et
se voit accusé de mener une politique
" pour les riches ".
" Nous avons beaucoup de travail sur la
table, il y a beaucoup de choses à faire
si on veut continuer à réparer le pays et
ça exige une très bonne coordination et
une très bonne entente ; ces séminaires
visent exactement à ça ", a précisé en
préambule le chef du gouvernement,
qui avait lui-même opté pour un jean
couleur moutarde et une chemise
chambray. La réunion a duré plus de
quatre heures et s'est prolongée par
un dîner informel pour lequel cer-
tains ministres se sont néanmoins
fait -excuser.
Selon différents participants,
Edouard Philippe a invité chacun de
ses ministres à détailler le calendrier
de leurs actions " pour les prochaines
semaines ". Objectif : " Assurer la co-
hérence de nos démarches, (…) décider
de leur séquencement et (…) organiser
en conséquence les travaux interminis-
tériels et la communication gouverne-
mentale ", avait expliqué le premier
ministre dans la lettre de convoca-
tion adressée le 3 octobre aux
membres du gouvernement, dont Le
Monde s'est procuré une copie.
Après l'adoption des ordonnances ré-
formant le code du travail et la pré-
sentation du projet de loi de finances
(PLF) pour 2018, qui ont cristallisé
les critiques de l'opposition, l'exécu-
tif entend vite tourner la page et par-
ler maintenant de " protection ". Les
réformes de la formation profession-
nelle, de l'apprentissage et de l'assu-
rance-chômage, dont la phase de
concertation commence cette se-
maine, ainsi que le lancement pro-
chain d'un " plan étudiant " et d'un "
plan pauvreté ", doivent permettre de
mettre davantage l'accent sur le volet
social de l'action du gouvernement,
insiste-t-on à Matignon.
" L'idée de ce séminaire n'était pas de
lancer un concours Lépine de nouvelles
mesures sociales, mais de voir com-
ment mieux faire vivre l'équilibre de la
politique gouvernementale, pour ne
pas se laisser enfermer dans le débat
par les oppositions et les caricatures
", explique un proche d'Edouard Phi-
lippe.
" Bâton de pèlerin "
Le premier ministre a également in-
vité les membres de son gouverne-
ment à s'exprimer davantage dans les
médias, afin de défendre l'action de
l'exécutif. -Depuis cet été, Emmanuel
Macron se plaint d'être trop souvent
seul en première ligne. " A part Col-
lomb - le ministre de l'intérieur - ,
Blanquer - le ministre de l'éducation
- et, bien sûr, Castaner - le porte-pa-
role du gouvernement - , on n'entend
personne. Ils sont où, les autres ? ",
s'agace un proche du chef de l'Etat.
" Le premier ministre a demandé à cha-
cun de prendre son bâton de pèlerin,
d'aller sur le terrain et de faire la pé-
dagogie des ré-formes ", confirme un
conseiller. Edouard Philippe lui-
même ne ménage pas sa peine.
Après avoir participé à " L'Emission
-politique " sur France 2 le 28 sep-
tembre, il a fait la matinale -d'Europe
1, lundi 9 octobre. Le mercredi 11
octobre, il répondra à nouveau aux
questions des internautes sur Face-
book. Un rendez-vous d'une demi-
heure qu'il compte honorer chaque
-semaine.
Cédric Pietralunga ■
par Cédric Pietralunga
Tous droits réservés Le Monde 2017
5094F3CF81B08F0D558211B0400A41B292549C83A81B2B28C8DFD2D
Parution : Quotidienne
Diffusion : 269 584 ex. (Diff. payée Fr.) - © OJD PV 2016
Audience : 2 416 000 lect. (LNM) - © AudiPresse One 2016↑ 12
ALAIN RUELLO JOURNALISTE AU SERVICE FRANCE
Formation des chômeurs : une obligation de résultatEn mettant 14 milliards d'euros dans la formation des chômeurs non qualifiés et des jeunes dé-crocheurs, le gouvernement mise gros. Mais, pour les faire vraiment revenir dans l'emploi, il nefaudra pas rééditer les erreurs du passé.
N° 22547mardi 10 octobre 2017
Page 91080 mots
IDÉES & DÉBATS—L'ANALYSE DE LA RÉDACTION
En stigmatisant mercredi dernier en
Corrèze « ceux qui foutent le bordel
» au lieu d'aller regarder les emplois
disponibles à quelques kilomètres de
chez eux, alors que certains en ont
les compétences, Emmanuel Macron
n'a pas manqué de s'attirer les
foudres de ceux qui dénoncent son
arrogance. Quelques heures plus
tard, lors de la table ronde clôturant
son déplacement, le chef de l'Etat a
rejoué la même scène, sans employer
le mot qui fâche : « Il existe des situa-
tions qui ne permettent pas de pro-
téger tous les emplois », a-t-il décla-
ré. Ajoutant que la bonne politique
ne consiste pas à verser « des indem-
nités extralégales » ou à faire des «
promesses en l'air », mais à dévelop-
per les compétences des salariés tout
au long de leur carrière pour pouvoir
rebondir en cas de coup dur.
La polémique mise de côté, ces pro-
pos ont le mérite de mettre le doigt
sur un problème bien français : alors
qu'on compte 3,8 millions d'inscrits
à Pôle emploi sans activité (un re-
cord), nombre de PME doivent faire
une croix sur des commandes faute
d'arriver à recruter. A cela, plusieurs
raisons : manque d'attractivité du
secteur (c'est notamment le cas dans
l'industrie), éloignement géogra-
phique, mais aussi manque cruel de
personnes répondant aux profils re-
cherchés.
C'est tout l'enjeu du grand plan d'in-
vestissement pour les compétences
dévoilé fin septembre par le gouver-
nement. En promettant d'y consacrer
14 milliards sur cinq ans, l'exécutif
a confirmé qu'il place la formation
continue au même plan que la flexi-
bilisation du Code du travail pour ve-
nir à bout du chômage de masse. La
preuve par les chiffres : le taux de
chômage des bac +2 ou plus est in-
férieur à 6 %, contre près de 20 %
pour les non-qualifiés. Inédit par son
ampleur, mais surtout par sa durée,
le plan, qui sera couplé à une grosse
réforme à venir du fonctionnement
de la formation continue, doit faire
baisser d'un point le taux de chômage
structurel en remettant en emploi
300.000 jeunes décrocheurs ou chô-
meurs peu qualifiés dans cinq ans,
même si l'exécutif compte bien faire
mieux. Faire mieux ? A tout le moins,
car à y regarder de près, les objectifs
laissent perplexe : 14 milliards pour
former 2 millions de personnes (dont
200.000 en incluant l'extension de la
Garantie jeunes, qui tient plus de
l'accompagnement), soit une
moyenne de 7.000 euros par forma-
tion, c'est beaucoup. Ce qui l'est net-
tement moins, en revanche, c'est le
taux de retour en emploi visé, de 15
% « seulement » (300.000 sur 2 mil-
lions).
Autrement dit, pour 85 % des bénéfi-
ciaires du plan, l'Etat, donc le contri-
buable, aura dépensé de l'argent
pour… rien. Outre le gâchis financier,
on imagine le gâchis psychologique
vis-à-vis de personnes à qui on aura
fait miroiter une sortie de la précarité
sans y croire vraiment. La Fédération
de la formation professionnelle n'a
pas manqué de réagir devant ce dé-
faut apparent d'ambition. Son éton-
nement est d'autant plus légitime
que le taux de retour en emploi du-
rable six mois après une sortie de for-
mation ressort en moyenne à 28 %,
selon Pôle emploi. Ce n'est pas glo-
rieux, mais c'est quand même mieux
que les 15 % visés.
Alors comment éviter d'arroser le
sable ? Sans chercher une logique «
adéquationiste » absolue qui ferait
coller à 100 % les formations aux
postes à pourvoir, cela passe par un
recensement des besoins de main-
d'oeuvre bassin d'emploi par bassin
d'emploi. Les régions et les parte-
naires sociaux joueront un rôle clef
pour cela, a promis le Premier mi-
nistre. Ensuite, les formations dis-
pensées doivent être suffisamment
longues pour déboucher sur une vraie
qualification. Mieux vaut financer les
trois modules d'une formation pour
un seul chômeur (prêt à s'engager)
que le premier des trois modules à
trois chômeurs différents. Engagé
trop tard dans le quinquennat, le
plan « 500.000 » de François Hollande
a loupé le coche faute d'avoir rempli
↑ 13
ENCADRÉS DE L'ARTICLE
Les points à retenir
Les PME peinent à recruter alors que l'on compte 3,8 millions d'inscrits à Pôle emploi sans activité Lien: w
ww.lesechos.fr/economie-france/social/030617577838-chomage-nouvelle-douche-froide-en-
aout-2117270.php .
L'Etat souhaite rééquilibrer, par le biais de la formation professionnelle des chômeurs, l'offre et la de-
mande sur le marché du travail.
Les régions et partenaires sociaux pourraient, de leur côté, recenser les besoins de main-d'oeuvre dans les
bassins d'emploi.
Et les formations dispensées pourraient être suffisamment longues pour déboucher sur une vraie qualifica-
tion.
ces conditions. Il a surtout servi à
sortir quelques mois des centaines de
milliers de personnes des statistiques
du chômage à quelques mois de
l'élection présidentielle.
Pour peu que les crédits suivent bien,
le plan Macron a le temps devant lui.
Attention toutefois à ne pas verser
dans la qualification pour la qualifi-
cation. A cet égard, l'exemple de la
PME Crouvezier Développement est
édifiant. Située à Gérardmer, dans les
Vosges, l'entreprise, née il y a cent
cinquante ans et spécialisée dans
l'ennoblissement textile, recherche
désespérément quatre ouvriers non
qualifiés. « Je suis prête à les former
», a témoigné récemment sa diri-
geante, Séverine Crouvezier. Seule
exigence, qu'ils fassent preuve d'au-
tonomie, ce qui suppose de savoir
lire, compter ou de connaître ses
tables de multiplication.
Las, après avoir frappé à la porte de
Pôle emploi, des missions locales,
des agences d'intérim sans oublier
Leboncoin.fr, quelques rares candi-
dats se sont présentés, mais aucun ne
maîtrisait les savoirs de base. Alors,
face aux 14 milliards d'euros promis,
la jeune femme attend de voir. « Il va
falloir que ce soit utilisé à bon escient
», a-t-elle lâché, déplorant que « per-
sonne ne l'appelle pour connaître ses
besoins ». En attendant, quatre em-
plois restent à pourvoir…
Journaliste au service France ■
par Alain Ruello
Tous droits réservés Les Echos 2017
969763968E90F100A5BA16B0D609D1C69334628F68712141F65DCFB
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JEAN-MARC VITTORI
Pourquoi il faudra donner plus de pouvoir aux salariésDans l'entreprise, les salariés sont de plus en plus exposés aux risques économiques. En échange,ils devront avoir plus d'argent. Ou plus de pouvoir. Le changement est inéluctable.
N° 22547mardi 10 octobre 2017
Page 10996 mots
IDÉES & DÉBATS—LA CHRONIQUE DE JEAN-MARC VITTORI
Dans le puzzle des réformes que
tente d'assembler Emmanuel Ma-
cron, il y a une pièce manquante.
Après avoir donné plus de poids à la
négociation en entreprise, le pré-
sident veut une meilleure formation
professionnelle, une assurance-chô-
mage performante adaptée, un sys-
tème de retraite moins injuste. Dans
un monde où plus rien n'est immo-
bile, où chacun doit s'adapter en per-
manence, tout cela va dans le bon
sens. Mais un sujet essentiel reste
pour l'instant dans l'ombre : le par-
tage. Partage des pouvoirs, des ri-
chesses, des risques. Or, si l'équilibre
des pouvoirs est une condition de la
démocratie en politique, c'est une
condition de l'efficacité en économie.
Commençons par le risque. Dans la
vision classique de l'entreprise, le
partage est simple. Le salarié touche
un salaire fixe et il risque de perdre
son emploi si ça tourne vraiment
mal. L'actionnaire touche un divi-
dende variable, et donc assorti d'une
prime de risque. Sauf que cette vision
est devenue fausse. Nombre d'entre-
prises s'efforcent désormais de pré-
server les dividendes, quitte à com-
primer les effectifs. Les salariés
portent désormais une part du
risque, sans percevoir la prime cor-
respondante. Ce n'est pas neuf. « Il
faut reconnaître que les mutations du
capitalisme ont fait porter aux sala-
riés des risques dont ils étaient pro-
tégés jusqu'à présent », constataient
les économistes libéraux Augustin
Landier et David Thesmar en 2005.
Face à cette nouvelle répartition des
risques, il faudrait une nouvelle ré-
partition des richesses. Patrick Artus,
l'économiste en chef de la banque
Natixis, aujourd'hui sur la même
ligne que Landier et Thesmar, préco-
nise d'« associer les salariés à l'enri-
chissement des entreprises, pour évi-
ter que les exigences de rentabilité
élevée du capital ne conduisent
seulement à ce que les salariés sup-
portent de plus en plus le risque d'en-
treprise. » Ce nouveau partage était
aussi le but d'une ordonnance adop-
tée… il y a un demi-siècle, sur l'in-
sistance de Charles de Gaulle, contre
l'avis du patronat. « Il faut enfin que,
dans les entreprises, la participation
directe du personnel au résultat, au
capital et aux responsabilités de-
vienne une des données de base de
l'économie française », affirma le
président de l'époque pour justifier
la création de l'intéressement et de
la participation des salariés aux ré-
sultats. Leur impact reste cependant
souvent marginal.
L'essor de l'actionnariat salarié a per-
mis d'aller plus loin - aujourd'hui,
plus de trois millions de Français dé-
tiennent ainsi des actions de leur en-
treprise. L'ancien président de
France Télécom et de Carrefour, Mi-
chel Bon, porte la bonne parole avec
l'association pour le développement
de la participation et l'actionnariat
salarié, Fondact. Il passe hélas !
beaucoup de temps à guerroyer avec
Bercy, qui veut relever impôts et co-
tisations sur toutes les formes
d'épargne salariale.
D'autres estiment qu'il faut aller plus
loin. Partager d'abord et, surtout, le
pouvoir. C'est la « codétermination
», symbolisée par l'entrée au conseil
d'administration de représentants
des salariés prenant part aux votes.
Elle passe souvent pour une excep-
tion allemande. En réalité, plus de la
moitié des pays européens pra-
tiquent une forme ou une autre de
cette cogestion, avec des administra-
teurs salariés composant entre le
tiers et la moitié du conseil (le pré-
sident, élu par les actionnaires, ayant
alors voix prépondérante). En 1970,
une directive européenne avait
même failli généraliser ce système.
En France, c'est un autre ancien PDG,
Jean-Louis Beffa, qui porte le flam-
beau. Il avait apprécié l'efficacité du
dispositif en Allemagne, où l'entre-
prise qu'il a longtemps dirigée, Saint-
Gobain, est très implantée. Il a
convaincu Louis Gallois, lui aussi fa-
milier de la gouvernance allemande
via Airbus, d'introduire le sujet dans
son fameux rapport de 2012 sur la
compétitivité. Le rapport Gallois pré-
conisait ainsi la présence « d'au
moins 4 représentants des salariés »
dans les firmes de plus de 5.000 per-
↑ 15
sonnes. L'année suivante, la loi en a
imposé un seul (deux quand le
conseil dépasse douze membres).
Les syndicats, qui ont longtemps re-
chigné à ce qui était qualifié de « col-
laboration de classes », commencent
à entrer dans le jeu. Dans une inter-
view au quotidien « Le Monde », le
patron de la CFDT, Laurent Berger,
a regretté l'absence d'avancées sur la
codétermination dans les ordon-
nances sur le travail. Il a signé ré-
cemment un appelsur le sujet dans le
même journal, avec notamment Da-
niel Cohn-Bendit, Jean-Pierre Che-
vènement et Jean Peyrelevade. Du
côté des institutions patronales, on
freine des quatre fers. Mais les chefs
d'entreprise qui ont depuis long-
temps des salariés dans leur conseil
apprécient leur présence. Et Jean-
Dominique Senard, le président de
Michelin, qui a travaillé en Alle-
magne, a convaincu les actionnaires
et la famille des fondateurs d'intégrer
un administrateur salarié dans le
conseil de surveillance (alors que le
statut de l'entreprise, en comman-
dite, la dispensait de l'obligation lé-
gale).
Le gouvernement aura une fenêtre
pour avancer sur la question lors de
la loi sur les entreprises au printemps
prochain. C'est bien sûr compliqué.
Les entreprises peinent déjà à res-
pecter deux quotas pour leurs
conseils (50 % d'administrateurs in-
dépendants, 40 % de femmes). Mais
dans un monde où on demande aux
salariés d'être toujours plus auto-
nomes, toujours plus impliqués, tou-
jours plus responsables, il sera de
plus en plus difficile de leur deman-
der de n'avoir toujours aucun pou-
voir.■
par Jean-Marc Vittori
Tous droits réservés Les Echos 2017
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RÉFORME DU CODE DUTRAVAIL
↑ 17
leS FRANÇAIS DE PLUS EN PLUS OPPOSés A la loi travail
mardi 10 octobre 2017Page 5
232 mots
S elon un nouveau sondage Harris
Interactive pour LCP, deux Fran-
çais sur trois (65 %) se déclarent dé-
sormais opposés à la réforme du Code
du travail version XXL, soit un bond
de 7 points depuis la fin du mois
d'août. Le scepticisme gagne même
les électeurs d'Emmanuel Macron. 29
% d'entre eux doutent désormais (+
11 points). L'encadrement des in-
demnités prud'homales reste la me-
sure la plus contestée, par six Fran-
çais sur dix. Mais les sondés s'in-
quiètent surtout des effets de la ré-
forme sur les relations entre patrons
et salariés. 76 % (+ 5 points) estiment
que les syndicats vont perdre du pou-
voir. 63 % considèrent que les condi-
tions de travail vont se dégrader. Il
s'agit de la plus forte hausse depuis
l'été. Là encore, même l'électorat
d'Emmanuel Macron décroche. 40 %
partagent ce point de vue, soit 11
points de plus qu'à la fin de l'été.
Quant aux arguments du gouverne-
ment pour défendre les ordonnances,
ils sont battus en brèche. 56 % des
sondés ne croient pas à un impact
positif de la réforme sur la compéti-
tivité des entreprises et sur la crois-
sance économique (63 %). Ils croient
encore moins à la baisse du chômage
(71 %). ■
Tous droits réservés L'Humanité 2017
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Le dialogue social fonctionne toujours dans les entreprises
Quelque 50 000 accords ont été conclus en 2015 entre syndicats et employeurs, le mêmenombre qu'en 2014.
N° 22757mardi 10 octobre 2017
Page 21700 mots
ÉCONOMIE
SOCIAL Le renforcement du
dialogue social dans l'entreprise cris-
tallise les mécontentements autour
des ordonnances de réforme du Code
du travail. Pourtant, les patrons et les
syndicats pratiquent bel et bien la
négociation au quotidien sur le ter-
rain. Les chiffres, d'ailleurs, parlent
d'eux-mêmes : 50 000 accords d'en-
treprises ont ainsi été conclus en
2015, comme en 2014. En outre, 15
% des entreprises de plus de 10 per-
sonnes - et représentant 62 % des sa-
lariés - ont entrepris une négociation
durant cette même année, selon une
étude du ministère du Travail, pu-
bliée lundi.
Dans le détail, ces négociations ont
en premier lieu porté sur les primes
et les salaires, la Rue de Grenelle
ayant recensé 16 792 accords en 2015
sur ce sujet toujours sensible où
seules 65,9 % des entreprises ayant
entamé une discussion ont finale-
ment conclu. En outre, on enregistre
une hausse importante par rapport à
2014 d'accords sur l'égalité profes-
sionnelle entre les hommes et les
femmes (16 %) en raison de la rené-
gociation des textes triennaux
conclus en 2012. En revanche, les ac-
cords liés à l'emploi (restructura-
tions, plans sociaux…) ont chuté de
18 % entre 2014 et 2015. Même ten-
dance pour les accords sur les condi-
tions de travail.
Ces négociations ont été « favorisées
» par la présence de délégués syndi-
caux, souligne par ailleurs le minis-
tère du Travail. Et pour cause, 87 %
des accords ont été signés par des dé-
légués syndicaux. Plus spécifique-
ment, ces négociations se sont sur-
tout tenues dans les entreprises de
plus de 100 salariés car elles sont jus-
tement dotées de délégués syndi-
caux.
Ce n'est donc pas un hasard si seule-
ment 7 % des petites entreprises
entre 10 et 49 salariés ont entamé des
négociations en 2015. 96 % d'entre
elles sont dépourvues de syndicats et
le mandate-ment syndical ne fonc-
tionne pas.
Toutefois, l'absence d'interlocuteur
du côté des salariés n'est pas la pre-
mière raison invoquée par ces entre-
prises pour expliquer l'absence de
négociation. En effet, plus de la moi-
tié font savoir qu'elles appliquent di-
rectement les conventions collec-
tives négociées au niveau de leur
branche.
Salaire et durée de
travail
Quoi qu'il en soit, les ordonnances
Pénicaud leur offrent désormais la
possibilité de négocier des accords
avec les représentants des salariés
sans passer par les syndicats. Il reste
maintenant à voir si elles vont s'en
emparer. Quant à la contestation so-
ciale au sein des entreprises, les ré-
sultats - également publiés lundi soir
- ont de quoi surprendre : seulement
1,3 % des entreprises de 10 salariés
ou plus indique avoir connu en 2015
des arrêts collectifs de travail, tels
que des grèves et des débrayages, soit
le même taux qu'en 2014 et très loin
du record de 3,3 % atteint en 2010,
année de contestation de la réforme
Woerth des retraites. Le premier mo-
tif de conflit dans les entreprises
reste les rémunérations - la moitié
des employeurs désignent ce motif - ,
mais la durée de travail est de plus en
plus contestée par les salariés.
Alors que ces arrêts collectifs de tra-
vail sont très rares dans les entre-
prises de moins de 49 salariés, ils
sont plus importants dans celles em-
ployant plus de 500 salariés. ■
par Manon Malhère £@ManonMal-
here
↑ 19
ENCADRÉS DE L'ARTICLE
1,3 %
1,3 % Part des entreprises de plus de 10 salariés ayant connu en 2015 des grèves ou des débrayages, stable sur
un an
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MOUVEMENTS SOCIAUX
↑ 21
MOBILISATION
Fonctionnaires : le public montre l'exemple de l'unité syndicaleLes neuf organisations de fonctionnaires font front commun aujourd'hui contre l'austérité XXLqui mine les salaires et les services publics. Alors que les convergences sociales se cherchent,d'autres secteurs se joignent aux agents publics.
mardi 10 octobre 2017Page 4
953 mots
L a soi-disant augmentation du
pouvoir d'achat des agents pu-
blics annoncée hier par le premier
ministre correspond à « l'augmenta-
tion normale de la masse salariale »
globale, compte tenu, entre autres,
des recrutements d'agents effectués
en 2017 qu'il faut bien rémunérer, et
non de mesures de salaires pour
2018. « Le gouvernement se trompe
en ne raisonnant qu'en moyenne et
en masse salariale, contrairement à
l'approche par niveau des fonction-
naires eux-mêmes qui intègrent leur
situation individuelle », réplique
d'ailleurs le secrétaire général de FO,
Jean-Claude Mailly, cité par les
échos. Quant à la CSG, des annonces
similaires ont déjà été faites précé-
demment, sans traduction dans les
faits.
Cette tentative de ruser avec le mou-
vement déclenché par les neuf syn-
dicats de fonctionnaires (CGT, FSU,
CFDT, FO, CFTC, CFE-CGC, Unsa,
Solidaires et Fédération autonome)
en dit surtout long sur l'inquiétude
du gouvernement, impuissant à dé-
miner les colères sociales qui s'ex-
priment les unes après les autres, et
qui pourraient bien finir par s'agréger
les unes aux autres.
A l'échelle de la fonction publique,
c'est ce qui devrait se produire dès
aujourd'hui, même en l'absence de
consensus intersyndical contre la ré-
forme du Code du travail. « Il se peut
que dans les cortèges certains
veuillent ajouter d'autres mots
d'ordre, s'en prendre de manière plus
générale aux ordonnances », concède
ainsi Luc Farré, secrétaire général de
l'Unsa fonction publique, qui ne
pousse pas pour sa part dans ce sens.
Chaque profession fera surtout part
de son malaise particulier, qui traduit
le ras-le-bol commun d'années de
politiques d'austérité que les pre-
mières mesures du quinquennat
d'Emmanuel Macron n'ont fait
qu'amplifier (voir les témoignages en
pages 6 et 7). « Avant la grande mani-
festation parisienne, il est prévu des
initiatives sectorisées, au moins en
Île-de-France, témoigne Jean-Marc
Canon, secrétaire général de la CGT
fonctionnaires. Ce sera vrai pour
l'Assistance publique-Hôpitaux de
Paris (AP-HP), la recherche publique,
Pôle emploi ou encore le ministère
de la Culture », avant que ces mo-
bilisations convergent dans le même
cortège contre le gel des rémunéra-
tions, la hausse de la CSG, la sup-
pression prévue de 120 000 postes en
cinq ans, le rétablissement du jour de
carence en cas d'arrêt maladie « Je
n'ai pas de souvenirs d'autant d'at-
taques en quelques mois », reprend
Jean-Marc Canon. « Depuis l'arrivée
de ce gouvernement, on parle de la
fonction publique en termes de coûts
et jamais comme un investissement
», renchérit Bernadette Groison, son
homologue de la FSU, particulière-
ment bien implantée chez les ensei-
gnants, qui s'annoncent très mobili-
sés aujourd'hui (lire ci-dessous).
Au cœur du mal-être des fonction-
naires, la question des salaires oc-
cupe une place de choix, encore ren-
forcée par la hausse de la CSG de
1,7 point, qui va grignoter un peu
plus leur pouvoir d'achat en berne
depuis dix ans. « Dans les années
1980, un agent de catégorie A (cadre
NDLR) en début de carrière, comme
un enseignant, touchait 2 fois le
Smic. Aujourd'hui c'est 1,25 fois le
Smic », constate Bernadette Groison,
qui chiffre à « 20 % la baisse moyenne
du pouvoir d'achat ces dix dernières
années ». Quant aux agents du bas de
l'échelle, ceux de la catégorie C, « il
y a non seulement le risque qu'ils re-
tombent sous le Smic, prévient Jean-
Marc Canon, mais pire, si on n'aug-
mente pas le point d'indice d'ici à
2022, la rémunération des agents de
la catégorie B tombera également
sous le Smic. On parle quand même
de cadres intermédiaires de niveau
bac+3 ! »
Au-delà, l'appel des cheminots à la
mobilisation (CGT et Unsa), voire à
la grève (Solidaires et CFDT), au-
jourd'hui, celui des routiers (CGT), en
dépit de l'accord arraché au gouver-
nement la semaine dernière sur leurs
rémunérations menacées par les or-
donnances, ou encore le mouvement
intersyndical de grève lancé lui aussi
aujourd'hui chez Pôle emploi, dont
les agents sont majoritairement des
contractuels, montrent que des
convergences se cherchent entre des
colères sociales multiformes. C'était
d'ailleurs l'objet de la réunion orga-
nisée hier soir à l'invitation de la
CGT, et à laquelle devaient participer
FO, la CFE-CGC, la CFTC, la FSU, So-
lidaires, l'Unsa et même la CFDT,
↑ 22
dont la direction est, tout comme FO,
sous la pression d'une partie de ses
militants qui contestent les ordon-
nances Macron. Si toutes les confé-
dérations n'étaient pas sur la même
longueur d'onde avant cette réunion,
Laurent Berger évoquant pour la
CFDT sa volonté de « peser ensemble
sur la réforme de l'assurance-chô-
mage, sur la réforme de la formation
professionnelle », Philippe Martinez,
pour la CGT, appuyait quant à lui «
l'objectif » d'une « grande journée
unitaire » pour « fédérer » et « faire
converger tous les mécontentements
» sociaux. La contestation des ordon-
nances en formerait alors le cœur,
celle-ci étant désormais le fait de
deux Français sur trois, selon un son-
dage Harris Interactive pour LCP (lire
ci-contre), 57 % déclarant soutenir
les grèves et manifestations organi-
sées contre ces mêmes ordonnances.■
par Sébastien Crépel Et Pierric Ma-
rissal
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Le renouveau des colères enseignantes ?Tous les indicateurs annoncent une forte mobilisation dans l'éducation nationale, après cinq an-nées sans grand mouvement de profs. Un présage pour un quinquennat de combat ?
mardi 10 octobre 2017Page 4
463 mots
D ans les cortèges des
manifestations du jour, il y au-
ra un signe à observer : la présence
des enseignants et personnels de
l'éducation nationale. Les estima-
tions réalisées en amont par les syn-
dicats indiquent la probabilité d'une
très forte mobilisation de la profes-
sion : au niveau national, près d'un
enseignant sur deux sera en grève,
selon les remontées du SNUipp-FSU,
principal syndicat d'enseignants du
primaire. Sur les 68 départements
sondés, le syndicat relève des taux de
grévistes montant jusqu'à 67 % en
Loire-Atlantique et même 71 % dans
les Pyrénées-Orientales, en primaire
(où les chiffres sont les plus fiables
du fait de l'obligation de se déclarer
gréviste en amont). Certes, les ensei-
gnants ont des raisons particulières
de se mobiliser. « Dans le premier de-
gré, (le budget 2018) acte une baisse
des places aux concours qui hypo-
thèque des recrutements en nombre
suffisant pour la rentrée. C'est un
mauvais signal pour les étudiants se
destinant aux métiers de l'enseigne-
ment, dénonce le SNUipp-FSU. Et,
depuis la rentrée, ce sont 23 000 em-
plois aidés qui sont retournés au chô-
mage, privant les écoles de leurs ap-
ports indispensables dans l'accompa-
gnement des élèves en situation de
handicap et l'aide administrative. »
Pour autant, ces problématiques spé-
cifiques suffisent-elles à expliquer
l'ampleur de la colère de la commu-
nauté éducative ? Pour l'historien
Laurent Frajerman, chercheur au
Centre d'histoire sociale du XXe
siècle (Paris I), il faut d'abord noter
que « la surconflictualité ensei-
gnante, en comparaison avec les
luttes des entreprises, est nette. En
moyenne, depuis 2005, les ensei-
gnants font 4,5 fois plus grève que
leurs homologues du secteur privé. »
Pourtant, depuis 2012, l'éducation
nationale n'a plus connu de mouve-
ment large et durable. « Tradition-
nellement proches de la gauche, les
enseignants hésitent à se mobiliser
contre un gouvernement de cette
couleur politique. Les syndicats
tardent à lancer des grèves et les pre-
mières sont des échecs », explique le
chercheur, même si « en 2012, avec
Hollande, l'absence de grève ne peut
s'expliquer par une satisfaction géné-
rale ». Si, pour le chercheur, la grève
d'aujourd'hui est l'occasion de tester
« la pérennité de la culture gréviste
des enseignants, le simple fait de voir
l'ensemble des syndicats de la fonc-
tion publique appeler si tôt à la grève
est un avertissement pour Macron. Si
l'essai est transformé, il est possible
que cela déclenche un cycle protesta-
taire, nourri par l'impopularité d'un
président dont l'éthos et le discours
sont éloignés des valeurs ensei-
gnantes. » ■
par Adrien Rouchaléou
Tous droits réservés L'Humanité 2017
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«Je me mobilise le 10 octobre pour les services publics en général, qui sont mis à
mardi 10 octobre 2017Page 6
382 mots
«Je me mobilise le 10 octobre pour les
services publics en général, qui sont
mis à mal par les politiques actuelles
de Macron. La baisse des dotations
asphyxie les communes, entraînant
des conséquences sur les personnels,
avec le non-remplacement de postes
ou des départs en retraite. La situa-
tion est tendue. Pour masquer les
non-remplacements, un mot est ap-
paru : la polyvalence. Je suis respon-
sable du site sportif de Jarny
(Meurthe-et-Moselle), qui comprend
le stade et des salles de sport. Nous
étions trois agents territoriaux aupa-
ravant. Aujourd'hui, je suis tout seul
à entretenir les salles, les espaces
verts, à maintenir les relations avec
les clubs ou les scolaires. Et les as-
sociations sont beaucoup plus nom-
breuses qu'autrefois. Cela impacte
forcément mon quotidien, voire ma
vie privée. La semaine se résume à la
vie professionnelle. Heureusement,
mes enfants sont grands. Je dois être
disponible du lundi au samedi, avec
une amplitude horaire allant de 7 h
30 le matin à 22 heures le soir Je suis
censé faire 35 heures, j'en réalise plu-
tôt 45.
Alors le 10, je me mobilise pour le
statut de fonctionnaire, contre un
tiers des départs en retraite qui ne
seront pas remplacés. On essaie de
faire croire que nous sommes bien lo-
tis, alors on veut nous transformer en
fonctionnaires Kleenex. Comme les
salariés du privé, on va nous presser
pour ensuite nous jeter une fois bien
utilisés. C'est un plan social que Ma-
cron met en place. Sa politique est de
livrer petit à petit tout le service pu-
blic au privé. Ce gouvernement-là ré-
fléchit en billets de banque ! Macron
veut tout casser : le Code du travail,
le statut des fonctionnaires. Ce gou-
vernement veut briser le modèle so-
cial français sous les injonctions de
l'Europe. Il se moque de la solidarité.
C'est pourquoi tout le monde doit
descendre dans la rue. Ce n'est pas
seulement une histoire de services
publics pour tous, notamment au
service des plus précaires, mais c'est
une histoire de vie, de droit au bon-
heur pour tout le monde. »
éric Monnini (CGT)
Agent territorial à Jarny (Meurthe-
et-Moselle) ■
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«En 2007, j'étais dans l'urgence. Je cherchais du travail et j'ai postulé.
mardi 10 octobre 2017Page 7
428 mots
«En 2007, j'étais dans l'urgence. Je
cherchais du travail et j'ai postulé. Le
rectorat de Toulouse a répondu le
premier. Trois jours plus tard, je
commençais à 250 kilomètres de
chez moi. Le contrat a duré moins
d'un mois. Le rectorat, qui a le mo-
nopole des recrutements pour les
contractuels, n'a plus donné signe de
vie. J'ai pointé sur une liste les col-
lèges proches de chez moi et j'ai posé
ma candidature. L'établissement
s'est étonné que je sache qu'il cher-
chait quelqu'un ! C'était un pur ha-
sard. Maintenant, je fais partie des
habitués. Je reçois des propositions
de postes sans avoir besoin de solli-
citer. J'ai même la possibilité de dire
non, contrairement aux titulaires :
c'est le confort dans la précarité. Il y
a toujours besoin d'enseignants. Pour
les contractuels, c'est un peu le sys-
tème de l'intérim : l'agence de place-
ment, c'est le service du rectorat qui
puise dans ses fichiers. Et on est payé
quand on est payé
Depuis cette année, Pôle emploi gère
les indemnités. Avant, c'était le rec-
torat : un service pour l'embauche et
un autre pour la paie (en lien avec
la direction des finances publiques),
avec chacun leurs contraintes liées
aux délais administratifs. L'argent du
contractuel peut arriver sur son
compte avec deux ou trois mois de
retard. A une époque, n'ayant pas été
payé pendant trois mois, j'ai dû pré-
senter un dossier RMI qui a été ac-
cepté. Malheureusement cette situa-
tion n'est pas exceptionnelle chez les
CDD. Les syndicats ont obtenu avec
la loi Sauvadet la conversion de CDD
en CDI, en fonction de l'ancienneté,
d'un jour à l'autre. Et l'ouverture de
concours réservés aux contractuels
pour leur titularisation. Mais tout va
s'arrêter en 2018. Or les classes aug-
mentent, il n'y a pas de création de
postes. Alors, on recourt aux
contractuels, qui vivent dans la pré-
carité et ne sont pas formés. Ce n'est
pas parce que l'on parle français
qu'on peut l'enseigner ! Après la ma-
nifestation du 10 octobre, je serai
donc encore mobilisé le 8 novembre à
Paris contre la précarité dans les trois
fonctions publiques (état, territoires,
hôpital) à l'appel de la FSU. »
Christophe Laronde (Snes-FSU)
Contractuel, professeur de technolo-
gie à Toulouse ■
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3F94A31B8DB0CD0445341FF0FF0FD1419BE4288718932A5C1F42406
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«En 2018, 1 600 postes vont être supprimés à la direction des financespubliques.
mardi 10 octobre 2017Page 6
391 mots
«En 2018, 1 600 postes vont être
supprimés à la direction des finances
publiques. On fusionne les services
pour constituer un grand pôle de
contrôle des revenus et du patri-
moine, mais au détriment des effec-
tifs. Nous n'allons pas contrôler plus.
Au contraire, la direction organise la
disparition d'une partie de notre tra-
vail. Du coup, les seules personnes
contrôlées tout le temps sont les sa-
lariés. C'est plus facile, car nous pou-
vons comparer aux montants décla-
rés par l'employeur. En revanche, les
bénéfices réalisés par des indépen-
dants sont plus complexes à vérifier,
ce qui demande plus de moyens.
Pourtant l'impôt sur le revenu
constitue 20 % de l'apport du budget
de l'état, ce n'est pas négligeable.
L'an prochain, la déclaration obliga-
toire par Internet sera quasi généra-
lisée. Mais les revenus exceptionnels
ou étrangers nécessitent une codifi-
cation spécifique. Nous devrons re-
prendre ces déclarations. Les respon-
sables ne voient pas cette part du tra-
vail. Avec le prélèvement à la source,
l'employeur va se retrouver collec-
teur d'impôt. Mais c'est toujours
nous qui calculerons les systèmes de
réduction.
La direction nous demande de priori-
ser nos tâches : c'est à l'opposé de la
notion de service public qui doit ai-
der tout le monde. Notre travail est
vérifié par des statistiques. Nous de-
vons par exemple régler 97,3 % des
contentieux en un mois. En re-
vanche, nous fermons les cellules de
relations publiques. Avec la dématé-
rialisation, on nous reproche de ne
plus être joignable et effectivement
nous nous éloignons d'une popula-
tion plus fragile. Or, un service public
se doit de rester disponible pour les
plus démunis. La direction affirme
que nous ne savons pas travailler, ni
nous organiser, qu'il faut travailler
avec des moyens modernes. Nous en-
tendons tous les jours que nous coû-
tons de l'argent, que nous ne servons
à rien, que nous sommes fainéants.
Et maintenant les contribuables se
lâchent aussi, il y a une multiplica-
tion des fiches d'incidents. Nous vou-
drions juste du respect.»
Sophie Warrin (CGT)
Contrôleuse à la direction générale
des finances publiques, Paris ■
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DÉCRYPTAGE
Fonctionnaires : les sacrifiés du début de quinquennat
Le candidat Macron avait promis aux agents de la fonction publique qu’ils bénéficieraient,comme les salariés et autres indépendants, d’une hausse de pouvoir d’achat. Despromesses non tenues qui attisent la colère en vue de la grève de ce mardi.
N° 11315mardi 10 octobre 2017Édition(s) : Principale
Pages 10-12999 mots
FRANCE
L es yeux dans les yeux, Gérald
Darmanin, leur a promis qu’il ne
serait«pas le ministre de la fin de [leur]
statut». Une petite caresse après de
grosses claques : les fonctionnaires
sont les mal-aimés de ce début de
quinquennat.
Ce mardi, à l’appel de leurs syndicats,
ils descendent dans la rue pour de-
mander «plus de pouvoir d’achat» et
préparer les prochains bras de fer sur
la réforme de l’Etat.«Le gouvernement
ne peut pas dire à longueur de discours
que les agents du service public font
un travail remarquable et ne pas re-
connaître la valeur de ce travail», met
en garde Luc Farré, secrétaire général
de l’Unsa - fonction publique. Pour
les syndicats, ce premier appel à ma-
nifester doit aussi permettre d’éva-
luer les capacités de mobilisation. En
ces temps de désunion des centrales
sur la loi travail, ils avancent unis sur
ce front-là : outre les fonctionnaires
d’Etat et territoriaux, une dizaine de
syndicats de médecins seront - fait
inédit depuis 2009 - dans les cortèges
aux côtés de leurs collègues du para-
médical. Et ceux de Pôle Emploi dé-
fileront avec les inspecteurs et autres
agents du ministère du Travail, forte-
ment touchés par la baisse des crédits
inscrits au budget 2018.
A lire aussi Pôle Emploi à guichets
resserrés
«C’est inédit, ça veut dire que le mé-
contentement est généralisé», met en
garde Bernadette Groison, secrétaire
générale de la FSU, première orga-
nisation syndicale chez les fonction-
naires. «Je ne déconsidère les fonction-
naires en aucune façon», a précisé le
Premier ministre, Edouard Philippe,
lundi sur Europe 1. Dix jours avant le
premier tour de la présidentielle,
Emmanuel Macron avait pourtant
brossé les agents du service public
dans le sens du poil. «Vous pouvez
compter sur mon engagement pour
notre service public et notre Etat», si-
gnait-il, avec sa plume bleue, au bas
d’une longue lettre ouverte dans la-
quelle il leur promettait «plus de re-
connaissance», «davantage de pers-
pectives de carrière» et «une plus juste
rémunération». Las, aucune des me-
sures annoncées par l’exécutif et pré-
vues dans le projet de loi de finances
pour 2018 ne va dans ce sens. Ni
«gain de pouvoir d’achat» ni «plus
juste reconnaissance». Au contraire.
Retour sur les quatre dossiers qui
fâchent.
Simple «compensation» de la hausse
de la CSG
Candidat, Macron leur avait promis
une augmentation de leur pouvoir
d’achat «comme celui des salariés des
entreprises».«Vous paierez moins de
cotisations et votre salaire net sera
augmenté d’autant», avait écrit Ma-
cron dans sa lettre aux fonction-
naires. Mais contrairement à ce
qu’attendaient les syndicats, la
hausse de 1,7 point de CSG appli-
cable au 1er janvier 2018 sera seule-
ment «compensée». «Elle sera totale-
ment neutralisée», a confirmé Phi-
lippe lundi. Pas de gain de pouvoir
d’achat donc, comme dans le privé.
Devant la commission des Finances
de l’Assemblée, Darmanin a pro-
mis 3 milliards d’euros pour cette
compensation. Le projet de loi de fi-
nancement de la Sécurité sociale pré-
voit ainsi la «suppression» de la co-
tisation exceptionnelle de solidarité
que paient actuellement les fonc-
tionnaires pour aider les chômeurs
du privé. Mais cette mesure à 1,5 mil-
liard d’euros ne suffit pas… Lundi, le
chef du gouvernement a évoqué, sans
plus de précisions, le versement
d’une «prime». «C’est en effet le scéna-
rio sur la table, mais il ne nous va pas,
répond Bernadette Groison. D’abord
parce qu’il ne concernera que les
agents déjà en poste et non les nou-
veaux et qu’elle ne sera pas prise en
compte dans le calcul des pensions.
Nous voulons des gestes sur l’indice.»
Ces débats étaient au menu du «ren-
dez-vous syndical» prévu pour ce
mardi mais repoussé par le gouverne-
ment à lundi prochain. «Ça laisse la
place à la mobilisation et du temps au
gouvernement pour réfléchir à de nou-
velles propositions, fait valoir Mylène
Jacquot, de la CFDT. On les sent à
l’écoute mais ils ne donnent que très
peu d’indications.» Philippe a aussi
souligné, lundi, «l’augmentation nor-
male de la masse salariale dans la
fonction publique», soit «une augmen-
↑ 28
tation de pouvoir d’achat annuelle
d’environ 2 % au global».
Gel du point d’indice et rétablisse-
ment du jour de carence
Contraint de trouver 4,5 milliards
d’euros pour finir 2017 dans les clous
européens, Gérald Darmanin avait
choisi, dès la fin juin, de geler le
point d’indice des fonctionnaires. Se-
lon la Cour des comptes, cette me-
sure permettrait à l’Etat de réali-
ser 2 milliards d’euros d’économies.
Le gouvernement Philippe rompt
avec la fin de l’ère Hollande : un an
avant la présidentielle, la gauche
avait augmenté de 1,2 % ce point,
mettant fin à six ans de disette pour
les quelque 5,3 millions de fonction-
naires. La majorité prévoit aussi, à
l’occasion du budget 2018, de rétablir
le jour de carence en cas d’arrêt ma-
ladie, supprimé par Hollande en 2014
après avoir été, déjà, rétabli par Sar-
kozy en 2012. Sur ce sujet aussi,
l’exécutif s’appuie sur l’audit de la
Cour des comptes rendu public cet
été pour justifier cette mesure. Selon
elle, «l’instauration d’un jour de ca-
rence paraît avoir eu pour effet de faire
baisser les arrêts maladie de courte du-
rée».
120 000 départs à la retraite non rem-
placés
C’était inscrit dans le programme
présidentiel : «A l’échéance du quin-
quennat, j’ai fixé un repère : le non-
remplacement de 120 000 départs à la
retraite», annonçait Macron dans sa
lettre aux agents du service public.
Pour ne pas ouvrir tous les fronts en
même temps, le gouvernement a
choisi d’attendre avant de lancer ce
chantier miné. Le budget 2018 pré-
voit 1 600 suppressions nettes
d’équivalents temps plein. «Nous ne
souhaitons pas supprimer un grand
nombre d’emplois publics sans avoir
préalablement engagé des discussions
avec les organisations syndicales», a
prévenu Darmanin il y a dix jours de-
vant les députés de la commission
des finances. Les syndicats, à l’image
de Christian Grolier, secrétaire géné-
ral de la Fédération générale des
fonctionnaires - FO, mettent en
garde contre une «vision budgétaire
sans aucun discernement comme sous
les deux précédents quinquennats».
Un bout du grand plan d’investisse-
ment
«Construire l’Etat à l’âge du numé-
rique.» C’est le slogan choisi par
les communicants de l’exécutif pour
enrober le «quatrième axe» du «grand
plan d’investissement» présenté
fin septembre par le Premier mi-
nistre. Montant du paquet devant
permettre d’«accélérer [la] transfor-
mation numérique» des services pu-
blics : 9,3 milliards d’euros,
dont 4,9 milliards pour la santé
et 4,4 milliards destinés à la fonction
publique. La somme est belle, mais
c’est tout de même 700 millions
d’euros de moins que prévu par Em-
manuel Macron dans sa lettre de
campagne. ■
par Lilian Alemagna
Tous droits réservés Libération 2017
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En grève, les salariés de GE Hydro dénoncent «une hérésie industrielle»
Le site grenoblois, spécialisé dans les turbines hydrauliques, est menacé de délocalisation.Ses employés sont mobilisés depuis une semaine.
N° 11315mardi 10 octobre 2017Édition(s) : Principale
Page 18745 mots
EXPRESSO
I ls sont cadres et techniciens,
traditionnellement peu versés
dans la contestation… Pourtant, ce
lundi, et pour la sixième journée
consécutive, ils bloquent l’accès à
leur entreprise, General Electric (GE)
Hydro, à Grenoble, où ils sont large-
ment majoritaires. Dans cette socié-
té, le mouvement de grève au long
cours et le blocage radical consti-
tuent une surprise, y compris pour
l’intersyndicale CFE-CGC - CFDT -
CGT.
Le portail d’entrée de cette usine de
construction de turbines hydrau-
liques et de son centre de recherche
de haut vol, menacés par un plan so-
cial d’ampleur prévoyant la suppres-
sion rapide de 345 de ses 800 postes
de travail, est obstrué par trois cha-
riots élévateurs. Tables, chaises, pa-
rasols, brasero, friteuses, sono : plus
d’une centaine de salariés tiennent le
piquet de grève dans une ambiance
bon enfant et sous un soleil radieux.
Au-delà du portail, l’intérieur du site
centenaire, géré par Alstom Energie
jusqu’à son rachat par GE en 2014,
est désert et silencieux. Si certains
tapent le carton, une partie des gré-
vistes sont réunis en petits ateliers de
travail pour discuter du plan social,
de ses conséquences, et des alterna-
tives.
Saignée
Au piquet de grève, une cadre com-
merciale sympathisante LR revendi-
quée, en grève pour la première fois
de sa vie, s’encanaille de bon gré avec
les syndicalistes : «Je veux me faire en-
tendre, ce plan est un saccage. On
ferme notre atelier de production pour
le délocaliser en Chine et en Inde, alors
que nos concurrents font le contraire ?
On sabre les effectifs de nos bureaux
d’études et de nos laboratoires, alors
que nous faisons partie des trois
meilleures entreprises au monde dans
notre secteur ? Notre expertise est sa-
crifiée : comment pourra-t-on demain
passer des contrats avec nos clients ?
C’est une hérésie industrielle qui nous
met à court terme entre les mains des
Chinois. La France veut des pépites
d’engineering, et ici on en liquide une.»
Cette saignée, annoncée brutalement
par GE début juillet, suscite une pro-
fonde incompréhension et pas seule-
ment chez les grévistes. La semaine
dernière, un service complet de re-
cherche et développement, pourtant
pas concerné par les suppressions de
postes, a rédigé une lettre ouverte à
la direction pour lui confier ses
«doutes»sur «la pertinence» du plan
social. Quelle sera «la pérennité de
nos activités à l’issue de la restructura-
tion telle qu’elle est présentée»,s’inter-
rogeaient-ils. Ces ingénieurs, cadres
et techniciens non syndiqués de-
mandent «une analyse approfondie de
la situation» prenant en compte «le
carnet de commandes et les projets en
exécution».
De son côté, l’intersyndicale ne fait
qu’encadrer cette colère des salariés
et reste très unie : «La base de notre
cohésion, c’est que nous contestons ce
plan social sur ses motivations pro-
fondes. Au-delà de la question des sup-
pressions de postes, nous nous interro-
geons, comme les salariés, sur la pé-
rennité de l’entreprise, souligne pour
l’intersyndicale, Antoine Brescia, re-
présentant CGT du personnel. Nous
restons sur un fonctionnement aussi
démocratique que possible, à l’écoute
des grévistes parmi lesquels toutes les
catégories sont représentées, des ou-
vriers aux ingénieurs, avec une pré-
sence forte des femmes. Nous disons à
la direction : suspendez le PSE [plan de
sauvegarde de l’emploi, ndlr], écoutez
les salariés, nous avons des proposi-
tions, des solutions.»
«Misérables»
Sans résultat. Jeudi, la direction a re-
fusé de tenir, dans l’usine déserte,
une réunion prévue sur le plan social,
ainsi qu’une séance du CHSCT (co-
mité d’hygiène, de sécurité et des
conditions de travail). Mais le lende-
main, elle a convoqué les organisa-
tions syndicales en préfecture pour
leur présenter des inflexions sur
les conditions d’accompagnement du
plan social. «Misérables», dit l’un des
représentants de l’intersyndicale. Sur
le volume du plan (345 suppressions
de poste) et sur son urgence, la direc-
tion reste inflexible. Elle s’est pour-
tant félicitée vendredi de cette «re-
prise du dialogue», tout en confirmant
qu’elle préparait un recours en référé
contre le blocage du site. Pour les di-
rigeants, «la poursuite des négocia-
tions ne pourra avoir lieu que si le site
est débloqué». Ce qui fait dire à l’in-
tersyndicale qu’il s’agit là d’«une
↑ 30
simple opération de communication»
et d’un «simulacre de négociations»,
pas vraiment en prise avec «l’état mo-
ral des salariés à qui on veut infliger 42
% de suppressions de postes sans ex-
pliquer pourquoi et sans s’expliquer sur
l’avenir».
Vendredi soir, une courte majorité
des 200 salariés réunis en AG avaient
voté la poursuite du blocage pour le
week-end. Lundi après-midi, une
nouvelle AG a permis de décider de
la constitution d’un cortège GE Hy-
dro à la manifestation nationale de
mardi, et d’une manifestation pari-
sienne mercredi devant l’Assemblée
nationale et le Sénat. Adoptée à main
levée, la poursuite du blocage du
site devait encore être validée par
l’équipe de nuit. ■
par François Carrel
Tous droits réservés Libération 2017
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Les médecins hospitaliers prescrivent la grève
Fait rare, les praticiens se joignent au reste du personnel hospitalier pour dénoncer, àl’occasion de la grève des fonctionnaires, la dégradation de leurs conditions de travail.
N° 11315mardi 10 octobre 2017Édition(s) : Principale
Page 11579 mots
MONDE
D ’ordinaire, les médecins
hospitaliers regardent passer
les grèves, et rechignent à s’associer
à celles du personnel soignant ou ad-
ministratif des établissements de
santé. Est-ce le signe d’un déborde-
ment de ce malaise persistant que
connaissent les hôpitaux français ?
Ce mardi, les praticiens hospitaliers
sont appelés à cesser le travail aux
côtés des fonctionnaires, et cela par
une dizaine de leurs syndicats, dans
une démarche visant à dénon-
cer«l’étranglement financier» de l’hô-
pital public et «la baisse de leur pou-
voir d’achat».
Griefs
Ce préavis de grève concerne l’en-
semble des médecins, pharmaciens
et dentistes «des établissements pu-
blics de santé». Et il a été adressé à
la ministre de la Santé, Agnès Buzyn,
par deux intersyndicales (Avenir
Hospitalier et la Confédération des
praticiens des hôpitaux, réunies au
sein d’APH) qui réclament «l’ouver-
ture de négociations». Dans leur ligne
de mire, «le gel du point d’indice dans
la fonction publique», qui bloque éga-
lement leurs rémunérations, l’aug-
mentation de la CSG de 1,7 %, mais
aussi le «rétablissement du jour de ca-
rence en cas d’arrêt maladie». Ou en-
core la suppression de cotisations de
retraite complémentaire (Ircantec)
«sur le paiement des jours épargnés sur
le compte épargne temps». Des griefs
partagés par l’Association des méde-
cins urgentistes de France (Amuf),
qui n’appartient à aucune des deux
intersyndicales mais qui appelle éga-
lement à la grève contre la «dégrada-
tion des conditions de travail».
Enfin, l’Intersyndicat national des
internes (Isni) a annoncé ce week-
end son soutien à ce mouvement de
grève. «Le personnel hospitalier va
mal, le cœur même de l’hôpital est ma-
lade. Les risques psychosociaux doivent
être pris en compte. Les conditions de
travail se dégradent de jour en jour»,
explique l’Isni, faisant référence au
documentaire diffusé récemment sur
Arte qui pointait un «burn-out» géné-
ralisé (lire Libération du 2 octobre).
Dans les faits, cette grève ne devrait
pas avoir de fortes conséquences, car
les personnels soignants comme les
médecins peuvent être réquisition-
nés. Pour autant, le message se fait
insistant. Il confirme qu’à tous les ni-
veaux, le malaise persiste. La rigueur
depuis plus de dix ans dans les hôpi-
taux a ébréché le dynamisme des éta-
blissements, et fragilisé bien des re-
pères chez le personnel. Ajouté à cela
une bizarrerie financière avec la tari-
fication par activité, qui conduit les
établissements à augmenter leurs ac-
tivités sans pour autant en avoir les
moyens humains.
«Message»
«Ce qui est nouveau, c’est ce désen-
chantement qui atteint même les méde-
cins hospitaliers», nous disait récem-
ment le directeur d’un grand centre
hospitalier universitaire. En pro-
vince, il est impressionnant
de constater le nombre toujours très
élevé de postes de praticiens hospi-
taliers vacants. Et bon nombre d’hô-
pitaux généraux fonctionnent désor-
mais avec des médecins au diplôme
étranger.
Le candidat Macron l’avait senti lors
de sa campagne présidentielle en
évoquant la nécessité de «donner de
l’air» aux hôpitaux. «Les tensions dans
le secteur hospitalier sont réelles, nous
expliquait alors le Dr Olivier Veran,
député LREM, et aujourd’hui rappor-
teur général de la commission des af-
faires sociales de l’Assemblée. Moi,
j’exerce à l’hôpital, je vois qu’il y a de la
souffrance au travail, alors qu’il y a un
très fort attachement de ceux qui y sont
employés au service public hospitalier.
Nous avons entendu le message et nous
ne le traiterons pas avec le mépris.»
Certes, mais voilà : le projet de loi
de financement de la Sécurité sociale
(PLFSS), qui va être discuté prochai-
nement à l’Assemblée nationale, ne
l’a pas franchement pris en compte.
Ledit projet poursuit la politique de
rigueur, avec un taux de progression
de dépenses resserré. Bon pour les
comptes, sans doute, mais pas fran-
chement pour le moral des hôpi-
taux.■
par Eric Favereau
Tous droits réservés Libération 2017
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Pôle Emploi à guichets resserrés
Les syndicats de l’agence publique appellent à se mobiliser aux côtésdes fonctionnaires, dont ils partagent les difficultés : réduction des effectifs etdes moyens.
N° 11315mardi 10 octobre 2017Édition(s) : Principale
Page 12755 mots
FRANCE
C ’est une équation à trois chiffres
et beaucoup d’inconnues qui
inquiète les syndicats de Pôle Emploi
:«297 postes supprimés dès cette année
[2018], et combien d’autres d’ici 2022
pour atteindre 4 milliards d’écono-
mies» sur le budget Travail ? Ce mar-
di, pas moins de huit organisations
syndicales de l’agence pour l’emploi
sur dix appellent à manifester aux
côtés des fonctionnaires. Le but :
protester contre le gel de leur salaire
(ou de leur point d’indice pour ceux
qui ont un contrat de droit public,
soit environ 10 % des effectifs). Mais
surtout dénoncer la «réduction dras-
tique des personnels et de ses moyens
plus généralement», résument dans
un communiqué commun Force ou-
vrière, le SNU-FSU, la CGT, la CFE-
CGC et trois syndicats non représen-
tatifs (Unsa, Solidaires et CLL).
Et ce, d’autant que la coupe dans les
effectifs pourrait aller bien au-delà
des quelque 300 postes annoncés par
la ministre du Travail, en amont de
la présentation du budget 2018. «En
réalité, il faut aussi additionner les
personnes en emploi aidé qui tra-
vaillent aujourd’hui pour Pôle Emploi
et qui ne seront pas renouvelées en
2018», expliquait Francine Royon, de
la CGT Ile-de-France, la semaine der-
nière lors d’un rassemblement syn-
dical à la Bourse du travail de Paris.
Soit, 1 350 emplois aidés en équi-
valent temps plein perdus, en plus
des 297 postes d’agent supprimés,
précise Rubens Bardaji, délégué syn-
dical central CGT de Pôle Emploi :
«Autant de force de travail en moins
dans des services où les gens ont déjà
de plus en plus de difficultés à réaliser
leurs missions de manière efficace.»
Pari
Comparée aux près de 50 000 agents
de Pôle Emploi, la réduction d’effec-
tif reste modérée. Et, «en aucun cas,
[ne met] en péril l’exercice de nos mis-
sions», assure la direction de Pôle
Emploi. D’autant que «cela se fera
sans licenciement ni rupture conven-
tionnelle, et sera largement couvert par
les départs naturels». Mais pour Ru-
bens Bardaji, elle est très «symbo-
lique» car il s’agit de «la première fois
qu’on assiste à une programmation de
suppression de postes à Pôle Emploi».
D’où son interrogation : «Et ensuite
?»
Difficile de dire quel pourrait être le
rythme des suppressions de poste à
l’avenir. En 2019, le budget du mi-
nistère devrait descendre à 12,9 mil-
liards, puis atteindre 12,6 milliards
en 2020. «On n’a pas de précisions. La
seule certitude, c’est que le budget du
ministère va baisser de plusieurs mil-
liards en cinq ans et que cela devrait
aussi toucher les services déconcentrés.
Mais à Pôle Emploi, on s’attend à un
dépeçage de longue durée.» Au minis-
tère du Travail, on met en avant les
perspectives de reprise économique
pour justifier ces coupes. En faisant
le pari que si le chômage baisse, les
besoins en conseillers devraient se
réduire d’autant. Mais le calcul ne
convainc pas les syndicats qui es-
timent que croissance et baisse du
chômage, notamment du chômage
partiel, ne vont pas forcément de
pair. Et qui s’interrogent, par
ailleurs, sur un éventuel surplus d’ac-
tivité pour les agences si Emmanuel
Macron ouvre l’assurance chômage
aux travailleurs indépendants et dé-
missionnaires, comme annoncé lors
de sa campagne.
Sellette
Au-delà du nombre de postes en
moins, ce sont surtout les réformes
en cours qui tourmentent les syndi-
cats. A commencer par le SNU qui
tire la sonnette d’alarme dans une
lettre ouverte au personnel : «La si-
tuation que nous connaissons n’a ja-
mais fait l’objet d’une telle gravité. Il
semble cette fois-ci que nous soyons
face à un pouvoir dont l’intention est
de réduire non seulement les moyens,
mais aussi le périmètre et les missions
de Pôle Emploi.» Parmi les mesures
les plus redoutées : la suppression de
la part salariale des cotisations so-
ciales servant à financer l’Unédic
(gestionnaire de l’assurance chô-
mage), remplacée par la CSG. Soit
«un impôt à la main de l’Etat qui sera
donc libre de l’utiliser comme il le veut,
et pas uniquement pour l’assurance
chômage», souligne Francine Royon.
Pour la cégétiste, c’est «la mort an-
noncée de Pôle Emploi» si l’Etat déci-
dait de baisser son financement.
Ce sentiment d’être sur la sellette est
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partagé par les autres syndicats. «De-
puis plusieurs années, on est face à une
politique d’externalisation, pour l’ac-
compagnement des chômeurs, mais
aussi l’indemnisation. On sent que der-
rière, il y a la croyance que le privé
peut être plus efficace. Il y a aussi eu
la fermeture des agences l’après-midi.
Tout est fait pour montrer qu’on a be-
soin de moins d’agents à Pôle Emploi»,
explique Luc Chevallier, de SUD. Et
le lancement de la réforme de l’as-
surance chômage, au cœur des ren-
contres bilatérales entre Macron et
les partenaires sociaux, à partir de
jeudi, n’est pas pour le rassurer : «On
sent bien qu’il y a un coup d’accéléra-
teur.» ■
par Amandine Cailhol
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CSG, point d’indice, jour de carence : les causes du malaise des fonctionnaires
mardi 10 octobre 2017862 mots
ÉCONOMIE FRANÇAISE—ÉCONOMIE
« Stigmatisés », « délaissés », « piégés »… Si l’on en croit leurs syndicats, c’est
dans un climat particulièrement lourd que les fonctionnaires se mobilisent,
mardi 10 octobre. « Depuis quelques années, les agents ne savent plus très bien où
ils en sont », soupire Jean-Marc Canon, secrétaire général de l’Union générale
des fédérations de fonctionnaires CGT.
Pour eux, la coupe est pleine. « Depuis le début du quinquennat, nous subissons
une succession de mesures négatives », déplore Mylène Jacquot, secrétaire géné-
rale de la CFDT-Fonctions publiques. Et la liste ne se limite pas aux premières
décisions du gouvernement Philippe. Cela fait des années que les fonction-
naires dénoncent la dégradation de leurs conditions de travail, des suppres-
sions de poste à la baisse de leur pouvoir d’achat.
Les syndicats anticipent donc une forte mobilisation, peut-être analogue à
celle de janvier 2005. Lundi 9 octobre, le SNUipp-FSU prédisait que « près d’un
professeur des écoles sur deux » serait gréviste mardi. En 2005, ils furent 43 %
dans le primaire, de 40 % à 50 % dans l’éducation nationale et de 25 % dans
toute la fonction publique d’Etat. De 210 000 à 330 000 personnes avaient ma-
nifesté dans toute la France. « En tout cas, ce sera un coup de semonce, prévient
M. Canon. Les fonctionnaires en ont marre. »
Contribution sociale généralisée (CSG)
C’est un peu la goutte d’eau qui a fait déborder le vase – et a achevé d’énerver
les fonctionnaires – : contrairement aux salariés du privé, la hausse de 1,7
point de la CSG ne se traduira, pour eux, par aucun gain de pouvoir d’achat ;
elle sera juste compensée. Or, rappellent les fonctionnaires, pendant la cam-
pagne, le candidat Macron s’était pourtant bien engagé à leur faire bénéficier
du même avantage que les autres. « J’augmenterai votre pouvoir d’achat, comme
celui des salariés des entreprises : vous paierez moins de cotisations et votre sa-
laire net sera augmenté d’autant », écrivait M. Macron en avril.
Le mécanisme de compensation n’est pas encore fixé dans les détails, mais il
devrait s’agir, indique l’entourage du ministre de l’action et des comptes pu-
blics, Gérald Darmanin, « d’une prime associée à une baisse des cotisations pour
ceux qui en payent ». Les syndicats en contestent les modalités, telles que le
gouvernement les leur a présentées : en l’état, la compensation ne concerne-
rait pas tous les fonctionnaires. « Il est hors de question que le gouvernement
fasse comme si c’était derrière nous », insiste Bernadette Groison, secrétaire gé-
nérale de la FSU.
Gel du point d’indice
Au-delà de la hausse de la CSG, les fonctionnaires sont particulièrement re-
montés contre le gel du point d’indice. « Jusqu’en 2011, nous n’avions eu que
deux années de gel depuis 1948 : 1996 et 2000 », rappelle Jean-Marc Canon.
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Cette époque est révolue. Le point a été gelé de 2011 à 2015. Il le sera égale-
ment en 2018. Le pouvoir d’achat des fonctionnaires a baissé de 14,5 % (hors
tabac) depuis 2000, indique M. Canon.
De son côté, le gouvernement assure que la rémunération moyenne des agents
augmentera de 4 % en 2017 et de 2 % en 2018. « Ces chiffres prennent tout en
compte, comme les promotions individuelles ou l’ancienneté, et ce n’est pas jus-
tifié », corrige Mme Jacquot. Les chiffres du gouvernement intègrent égale-
ment les effets du protocole sur « les parcours professionnels, les carrières et
les rémunérations » (PPCR) et des mesures catégorielles décidées durant le
quinquennat Hollande. Or, les syndicats s’inquiètent justement de la mise en
œuvre du PPCR. Ils craignent que le gouvernement ne soit tenté de le décaler
d’une année.
Mais de tout cela, ils discuteront le 16 octobre : le gouvernement leur a fixé
« un rendez-vous salarial ». Nul doute qu’il sera animé.
Jour de carence
Emmanuel Macron l’avait promis. Le jour de carence sera rétabli pour les
fonctionnaires : en cas d’absence pour maladie, l’indemnité ne sera perçue
qu’après le premier jour. Créé en 2012, il avait été supprimé en 2014 par la
gauche. « Il permet de lutter contre le micro-absentéisme qui désorganise les ser-
vices, alourdit la charge de travail des collègues en poste et coûte environ 170 mil-
lions d’euros par an », a justifié M. Darmanin, en juillet. La mesure est « in-
juste » pour les syndicats « Dans le privé, rappelle M. Canon, la carence est prise
en charge dans 80 % des cas par les mutuelles et parfois même par le patron. »
Suppression de postes
Enfin, et ce n’est pas la moindre de leurs inquiétudes, les agents appréhendent
les suppressions de postes qu’a promises Emmanuel Macron : 120 000 postes
sur le quinquennat. Sous Nicolas Sarkozy, 150 000 avaient disparu dans la
fonction publique d’Etat. « Le service public est réduit à l’os », assure M. Canon.
Le gouvernement se défend d’être dans « une approche comptable ». Pour
preuve, l’entourage de M. Darmanin rappelle que seuls 1 600 postes seront
supprimés en 2018. L’idée est de lancer une vaste réflexion sur les missions du
service public, avant d’en tirer des conclusions en termes d’effectif.
Mais ce n’est pas pour rassurer les syndicats, qui se sentent « piégés ». Ils se-
ront partie prenante du « Grand Forum de l’action publique ». Mais, dans la
circulaire que le chef du gouvernement a envoyée à ses ministres le 26 sep-
tembre, Edouard Philippe annonce la création d’un « Comité action publique
2022 ». Lequel devra proposer « réformes structurelles » et « économies significa-
tives et durables ». Des « transferts » entre collectivités, « au secteur privé, voire
des abandons de missions » seront étudiés. De quoi inquiéter des agents publics
déjà fébriles.
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Des syndicalistes de la fonction publique lors d’une manifestation contre la réformedu code du travail au Havre (Seine-Maritime), le 12 septembre.
Des syndicalistes de la fonction publique lors d’une manifestation contre la ré-
forme du code du travail au Havre (Seine-Maritime), le 12 septembre.
CHARLY TRIBALLEAU / AFP
Par Benoît Floc'h
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Parution : Quotidienne
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EUROPE ET INTERNATIONAL
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Chez Opel-Vauxhall, 6 000 emplois en péril
Un plan de restructuration doit être présenté en novembre, cent jours après le rachat de lasociété par PSA
mardi 10 octobre 2017Page 28
1011 mots
LE MONDE ECO ET ENTREPRISE
Pour Opel-Vauxhall, propriété de
PSA depuis le 1er août, la période
de grâce arrive à son terme. Selon la
feuille de route annoncée par Carlos
Tavares, patron du groupe français,
un plan de redressement doit être
présenté début novembre, soit cent
jours après la reprise de la marque
germano-britannique, qui accumule
les déficits depuis 1999.
Une étude du centre pour la re-
cherche automobile de Duisburg-Es-
sen (CAR), publiée début octobre, es-
time que pour Opel-Vauxhall, les
possibilités sont limitées : seule une
suppression de 6 000 emplois per-
mettrait d'arriver au niveau de pro-
ductivité et de bénéfice par salarié du
groupe PSA.
" Pour l'instant, on ignore à quoi res-
semblera le plan de restructuration ",
explique Ferdinand Dudenhöffer, di-
recteur de l'institut CAR et auteur de
l'étude. " Mais Opel-Vauxhall,
contrairement à PSA, a de nouveau su-
bi des pertes importantes au second
trimestre 2017 et voit ses ventes bais-
ser. "
Début septembre, le magazine Auto-
mobilwoche avait révélé, en s'ap-
puyant sur des sources proches du
constructeur français, qu'Opel-Vaux-
hall avait perdu entre avril et juin 250
millions de dollars, contre 201 mil-
lions durant les trois premiers mois
de l'année. Soit une perte de quatre
millions de dollars par jour. La firme
germano-britannique n'avait pas
commenté l'information, mais elle
avait promis de revenir dans le vert
d'ici à 2020 et de dégager un bénéfice
de 6 % en 2026.
La pression sur Opel-Vauxhall est
donc très forte. D'autant que PSA
n'est pas disposé à financer très long-
temps les pertes de sa nouvelle fi-
liale. Le groupe français a réduit sa
production de janvier à août de 55
000 véhicules et connaît de grandes
difficultés sur le marché chinois.
D'après le dernier rapport trimestriel,
PSA poursuit par ailleurs ses efforts
de baisse des effectifs : 109 millions
d'euros ont été dépensés au cours des
deux premiers trimestres de cette an-
née dans des programmes de réduc-
tion de personnel. Ces efforts, four-
nis par PSA depuis plusieurs années,
ont permis au français d'améliorer
nettement sa productivité et sa ren-
tabilité par salarié.
Sur ces deux points, l'étude de l'insti-
tut CAR relève un écart patent entre
les deux constructeurs. Au premier
semestre 2017, PSA a dégagé un bé-
néfice de 913 euros par véhicule ven-
du, alors que Opel-Vauxhall perdait
686 euros par unité écoulée entre
janvier et mars. Opel-Vauxhall, qui
emploie 38 000 salariés, a vendu l'an
dernier 1,162 million de véhicules.
PSA, avec 90 000 salariés sur sa
branche automobile, en a écoulé de
son côté 3,146 millions.
Effet sur la rentabilité
En d'autres termes, chaque salarié de
PSA produit en moyenne 35 véhi-
cules, contre 30 pour un employé
d'Opel-Vauxhall. Cet écart a un effet
direct sur la rentabilité : en 2016, le
constructeur germano-britannique a
affiché une perte par salarié de plus
de 6 000 euros, quand PSA dégage un
bénéfice opérationnel de presque 25
000 euros par tête.
Pis, la marque Opel-Vauxhall, malgré
de grandes campagnes de marketing,
n'est pas parvenue à augmenter ses
parts sur le marché européen ces der-
nières années. Après un léger rebond
en 2014, à 6,8 % du marché euro-
péen, le constructeur s'est maintenu
autour de 6,7 % les années suivantes,
avant de plonger à 6,2 % au premier
semestre 2017, malgré la progression
globale du marché, relève l'étude. Les
campagnes de marketing d'Opel, qui
ont fortement contribué à redorer
l'image de la marque en Allemagne
ces dernières années, n'ont eu qu'un
effet limité à l'étranger et n'ont pas
permis de relancer les ventes euro-
péennes.
" Le rachat d'Opel-Vauxhall n'a de sens
pour PSA que si de véritables synergies
sont mises en place, par exemple en
économisant des coûts de développe-
ment grâce à des plates-formes com-
munes ou si les mêmes moteurs ou
transmissions peuvent être utilisés. Or,
Opel emploie 7 600 salariés dans son
centre d'ingénierie à Rüsselsheim. Il y
a de nombreuses fonctions qui se re-
trouvent en double après la fusion ",
observe M. Dudenhöffer.
Selon lui, le succès actuel de PSA
s'explique en grande partie par la ré-
↑ 39
duction permanente des effectifs,
passés de 123 000 salariés en 2011 à
90 000 aujourd'hui. Pour compenser
l'écart entre les deux constructeurs, 6
000 emplois doivent être supprimés
chez Opel, calcule-t-il. " Cependant,
le modèle PSA montre que cette réduc-
tion ne doit pas nécessairement se faire
en une seule fois, mais s'étendre sur
une longue période ", poursuit l'ex-
pert.
Chez Opel-Vauxhall, les salariés dis-
posent d'une garantie d'emploi jus-
qu'à la fin 2018, conformément aux
engagements de Carlos Tavares. Mais
le patron français a refusé de s'enga-
ger au-delà : " La meilleure façon de
protéger notre entreprise et les sala-
riés est de dégager des bénéfices ", a-t-
il déclaré au journal Bild am Sonntag,
fin septembre.
Le directeur actuel de la marque
Opel, Michael Lohscheller, espère
réaliser d'ici à 2026 des " synergies de
1,7 milliard d'euros par an " dans le
développement et les achats, tout en
conservant à Opel son caractère alle-
mand grâce à des éléments de design
– les sièges et les armatures –, a-t-il
précisé. La méthode de réduction des
coûts, elle, devrait être plutôt " made
in France ".
Cécile Boutelet■
par Cécile Boutelet
Tous droits réservés Le Monde 2017
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