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ح ك م ق ض اء الص لا ة ال م نس ی ة وال ف ائ ت ة
Madhhab Imam Malik
Rattrapage des prières
manquées
Condensé des règles juridiques (fiqh)
5 Shawâl 1442H
2
Sommaire
I. Mukhtassar Al Akhdari __________________________________________________ 5
A. : اء ض ج ب ق
� Rattraper les prières canoniques manquées __________________________ 5
II. AL Muqaddima al izziyyah ______________________________________________ 15
A. قضاء الفوائت ي � rattrapage des prières manquées __________________ 15 ض
III. Ar-Rissalah de Ibn Abi Zayd ______________________________________________ 32
A. ةائ ت
ف � ة وال م نس
� ة ال اء الص ض
م ق
ح ك
�
�
� statut des prières à
rattraper 32
3
Quelques terminologies juridiques
Le haram - c’est l’interdit ; si je le fais j’ai un péché, si je le délaisse car je sais
que c’est interdit je suis récompensé.
Le makruh - c’est quelque chose de déconseillé, c’est la demande du
Législateur (Allah) de ne pas faire cette chose, mais la demande n’est pas
catégorique. De manière que si on accomplit cette chose on n’a pas de péché,
et si on ne l’accomplit pas on est récompensé.
Le mubah – c’est ce qui est permis ; je peux le faire ou ne pas le faire.
Le nadb – c’est le recommandé. On peut dire mandub, mustahab, fadila
C’est une demande de faire qui n’est pas catégorique et si on fait cette chose
on est récompensé, si on ne le fait on ne nous en tient pas rigueur.
Sunna - c’est le plus haut degré des recommandations ; c’est quelque chose
que le prophète صلى الله عليه وسلم faisait en public et qu’il ne délaissait normalement pas,
comme la prière de witr ou du ‘îd.
Raghiba – c’est un texte qui nous incite à faire cette chose, mais à la
différence de la sunna, le prophète صلى الله عليه وسلم ne le faisait pas en public comme les
deux rak’at de fajr. On dit raghibatul fajr, ce sont les deux rak’at qu’on fait
avant les deux rak’at obligatoires.
Mandub – c’est le plus bas degré de recommandation ; on dit cette chose
est mandub ou fadila. C’est bien de le faire, on a des récompenses mais le
prophète صلى الله عليه وسلم n’a pas toujours fait cette chose-là, il a pu parfois la délaisser.
Comme les 4 rak’at qu’on fait avant et après le dhuhr. Cela fait partie de la
sunna du prophète صلى الله عليه وسلم mais cela n’est pas une sunna du point de vue
juridique selon la compréhension malikite.
Les deux rak’at avant le dhuhr et après le dhuhr font partie de la sunna oui mais
est-ce que c’est sunna du point de vue juridique selon l’école malikite ? Cela a
le statut de sunna ? Non.
4
Il faut faire attention, c’est la sunna du point de vue du faqih, ou la sunna selon
la science du hadith ou tu utilises seulement le point de vue linguistique. C’est
la tradition, c’est la voie, une voie qu’on emprunte qu’on a l’habitude de faire.
Un mot peut avoir différents sens selon les disciplines islamiques dans
lesquelles le terme est utilisé.
Al ijâb - wâjib/fard/rukn – l’obligatoire ; c’est ce que Le Législateur nous
demande de faire de manière catégorique, comme une prière ; si on le
délaisse on a un péché, si on le fait on est récompensé.
Les textes encadrés dans ce document proviennent des textes de base de
l’auteur de chaque livre.
Les grands titres sont les noms des ouvrages dont sont tirés les règles
juridiques du madhab.
Quelques textes
الن ب ي ن س ي م ن " ق ال وسلم علیھ الله صلى ص لا ة ف ل ی ص ل ذ ك ر ھ ا، إ ذ ا لا ك ف ار ة ل ھ ا إ لا الص لا ة و أ ق م { ." ذ ل ك ل ذ ك ر ي {
م وس ى ق ال ھ م ام ق ال س م ع ت ھ ب ع د ی ق ول الص لا ة و أ ق م { ل ذ ك ر ي ح ب ان و ق ال .} ح د ث ن ا ھ م ام ، ح د ث ن ا ح د ث ن ا ق ت اد ة ، أ ن س ، ع ن
الن ب ي ن ح و ه وسلم علیھ الله صلى .
Le Prophète (صلى الله عليه وسلم) a dit : "Si quelqu'un oublie une prière, il doit prier cette
prière quand il s'en souvient. Il n'y a pas d'expiation si ce n'est de prier la
même." Puis il a récité : "Établissez la prière pour mon souvenir (c'est-à-dire
celui d'Allah)". (20.14) 0F
1.
� ف د ی ن أ ح ق ی ق ض ى أ ن
« La dette envers Allah mérite plus que toute autre d'être honorée »
Celui qui a des prières manquées devra se repentir à Allah puis rembourser sa dette.
1 Bukharî N°597
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I. MUKHTASSAR AL AKHDARI
A. : ی ج ب ق ض اء RATTRAPER LES PRIÈRES CANONIQUES
MANQUÉES
ی ج ب ق ض اء م ا ف ي الذ م ة م ن الص ل و ات و لا ی ح ل الت ف ر یط ف یھ ا،
On doit obligatoirement rattraper les prières qu'on a manquées, et il est
illicite de les négliger.
Pour les 4 écoles, même s’il existe une petite divergence, un musulman qui n’a
pas prier depuis sa puberté doit rattraper toutes ses prières. Que ce soit 1 mois,
1 an, 10 ans ou 20 ans, il doit rattraper toutes ses prières, car dès lors qu’il était
mukallaf, les prières sont devenues obligatoires pour lui et il doit donc les
rattraper.
Pour les femmes, les prières pendant les menstruations ne sont pas à prendre
en compte pour calculer le nombre de prières à rattraper car cela ne se rattrape
pas. Les prières invalides sont à prendre en considération.
Les convertis n’ont pas à rattraper les prières manquées en état de mécréance,
ni les anciens apostats après leur retour vers l’islam.
Nbr de prière par jours*nbr de jours dans l’année = une année de prières. Il est
possible d’utiliser l’application Iqadha.
و م ن ص ل ى ك ل ی و م خ م س ة أ ی ام ف ل ی س ب م ف ر ط و ی ق ض یھ ا ع ل ى ن ح و م ا ف ات ت ھ
Celui qui, chaque jour, rattrape les prières de cinq jours qu'il aurait
manquées, n'est pas considéré comme étant négligent,
6
L’auteur dit qu’on fait 5 subh plus le subh du jour, donc 6 subh, et pareil pour les
4 autres prières, et pour lui, on ne sera pas négligent.
D’autres disent que c’est 2 jours de prières tous les jours : on fait 2 subh en plus
de notre subh et pareil pour les autres prières.
Mais l’avis mashhur du madhhab est qu’il n’y a pas de tahdid, il n’y a pas de
délimitation, c’est chacun sa capacité. Si on est capable de faire 5 prières par
jour comme 5 dhuhr, on le fait, si on est capable d’en faire que 2, on en fait 2, etc.
Car on doit aller au travail pour payer la nafaqa (entretien légal) de notre femme,
on doit dormir, se nourrir, être au chevet d’un mourant, on doit apprendre la
science religieuse indispensable. Et dans la mesure de notre capacité, on doit
être préoccupé par notre qada (rattrapage de prière). Il ne faut pas s’en rendre
malade, il faut aussi en parler avec les gens, il faut être dans l’équilibre.
Et il pourra récupérer les prières manquées de la façon suivante :
و إ ن ك ان ت س ف ر ی ة ق ض اھ ا س ف ر ی ة س و اء ك ان ح ین ال ق ض اء ف ي ح ض ر أ و س ف ر .
Si la prière est celle que le fidèle accomplit en situation de résidence
(hadariya), il l'accomplira comme telle (c'est-à-dire sans la raccourcir), même
s'il est en situation de voyage ; s'il s'agit de la prière du voyageur, il la
rattrapera comme s'il était en situation de voyage, et ce, qu'il soit en voyage
ou non.
Quelqu’un qui roule toute la journée d’une distance de 80km et n’a pas prié le
dhuhr et le ‘asr après la prière de ‘asr, c’est un grand péché car il a sorti la prière
de son temps. Mais si cela se produit, il se dit j’ai manqué le dhuhr et le ‘asr en
tant que voyageur, la plupart des gens vont se dire comme je suis chez moi je
vais faire 4 et 4 rak’at, ceci est une erreur. Dans l’école malikite, la prière qui
était due en 2 rak’at au moment de l’obligation (waqtul wujub) doit être rattrapée
en 2 rak’at même si je suis résident lorsque je rattrape.
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Quelqu’un qui était chez lui toute la journée et a commis le grand péché de ne
pas prier dhuhr et ‘asr et commence un voyage après maghrib, dans quel état
était-il avant que le temps du maghrib entre et qu’il soit en voyage ? Résident.
S’il s’arrête pour prier maghrib et ‘isha et se dit je vais en profiter pour prier dhuhr
et ‘asr, il fera 4 rak’at pour dhuhr et ‘asr car cela était dû en tant que résident.
C’est donc le moment de l’obligation qui compte.
Attention pour le rattrapage des prières en résidence ou en voyage
Si le dhuhr est à 14h et que la personne part à 15h et n’a pas prié et s’arrête sur
l’autoroute, elle se dira mais au dhuhr j’étais chez moi alors je vais faire 4 pour
le dhuhr et 2 pour le ‘asr. Oui effectivement, au moment de l’obligation tu étais
en mode résident, mais tu as voyagé alors que tu étais toujours dans le temps
d’obligation (ikhtiyari), tu es actuellement en voyage dans le temps de dhuhr
donc tu le fais en 2 rak’at même si tu étais résident au début de son temps.
Ce qui nous intéresse là c’est le moment où tu te trouves à vouloir faire cette
prière (qui est encore dans son temps), tu te poses la question « je suis résident
ou voyageur ? ». Il est 15h, je suis dans un voyage qui permet la réduction de
prière de 4 bouroud qu’on estime à 80km d’un voyage licite.
Le fait d’être en voyage au début du temps n’influe pas sur le moment où je
prie. À l’inverse si j’ai passé ma journée en voyage et je rentre chez moi avant
le maghrib, je suis chez moi avant la fin du temps du dhuhr et du ‘asr, on ne dira
pas j’ai passé 80% du temps voyageur donc je fais 2 et 2, non, on fait 4 et 4 rak’at.
Si une personne a 50 000 prières à rattraper mais a mis l’intention de rattraper
ses prières selon sa capacité puis meurt, elle aura aucun compte à rendre pour
les prières non effectuées. C’est une miséricorde d’Allah تعالى و سبحانھ de ne pas
incomber plus qu’on ne peut supporter, c’est Lui Le Miséricordieux.
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الت ر ت یب و ب ی ن ال ح اض ر ت ی ن و ب ی ن ی س یر ال ف و ائ ت م ع ال ح اض ر ة و اج ب م ع الذ ك ر
Il est obligatoire de s'acquitter des prières (le dhuhr et le 'asr ou le maghrib
et le 'ishâ) dans l'ordre prescrit. Si le fidèle qui accomplit la prière
canonique (du ‘asr ou du 'ishâ') se rappelle qu'il n'a pas encore prié le
dhuhr ou le maghrib, il interrompra sa prière actuelle (hâdira) pour
récupérer celle qui la précède. De même, les prières dont le temps légal s'est
écoulé doivent être rattrapées dans l'ordre avant de faire la prière actuelle,
Tartîb ( الت ر ت یب ) – l’ordre
Hâdira ( ال ح اض ر ة ) – la prière dont le temps est présent
Hadiratayn mushtarikatayn – deux prières dont le temps est présent, associées
dans leur temps (dhuhr et ‘asr / maghrib et ‘isha)
Fâʾita / fawâʾit (pluriel) – la prière dont le temps est passé
Celui qui prie subh dans son temps c’est une hâdira. Les prières que je prie en
qada, on dit que ce sont des fawâʾit, on dit qada ul fawâʾit - le rattrapage des
prières manquées. Celui qui se lève à 10h du matin et fait le qada de son subh,
dans ce cas-là c’est une fâʾita. Le subh dans son temps c’est une hâdira.
Il dit que l’ordre entre les hadiratayn mushtarikatayn est wâjib shart (obligation
avec condition de validité).
L’ordre entre peu de fawâ’it entre elles est wâjib pour celui qui s’en souvient.
و ال ی س یر أ ر ب ع ص ل و ات ف أ د ن ى
Encore faut-il qu'elles soient en petit nombre, la limite étant quatre.
Il y a deux avis forts dans le madhhab : un qui parle de 4 et un 5. On va retenir 5
car c’est plus facile du point de vue pédagogique.
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1,2,3,4,5 c’est yasir al fawaʾit (peu de prières manquées). Akhdari parle de 4, Ibn
‘Ashir 5. On va dire à partir de 6 c’est un grand nombre de prières manquées.
Quelle est l’incidence ?
Si j’ai peu de prières à rattraper, je respecte l’ordre, si j’ai un grand nombre, je
n’ai pas à respecter l’ordre entre ces prières manquées.
Lorsqu’on a un petit nombre de prières à rattraper, l’ordre des fawâʾit elles-
mêmes et de la hâdira est wâjib ghayri shart (obligation sans être une condition
de validité), même si cela implique de sortir la hâdira de son temps.
Si on a un grand nombre de prières manquées, l’ordre n’est plus une obligation.
Des exemples :
Exemple concret : la personne n’a pas prié le ‘isha de la veille et le subh, cela fait
deux prières manquées. Elle rentre du travail en fin d’après-midi, on est
toujours dans le temps daruri du dhuhr et du‘asr. On ne dira pas que ‘asr et dhuhr
sont des fawâʾit car on est dans leur temps daruri, ce sont encore des hadiratayn
mushtarikatayn.
Mais manifestement ici, on a le ‘isha et le subh qui sont des fawâʾit, des prières
manquées non accomplies dans leur temps. S’il n’y a que ça comme prières
manquées lorsqu’il rentre, il est obligatoire de faire le ‘isha de la veille et le subh
en premiers, même si faire cela implique de faire sortir le dhuhr et le ‘asr de leur
temps.
C’est-à-dire la personne rentre à 17h50, à 18h c’est le maghrib, elle a un petit
nombre de fawâʾit. Elle est dans l’obligation de les faire avant, sinon ce serait
haram de faire les hâdira avant les fawâʾit, même si cela implique de faire sortir
les hâdira de leur temps. Je fais ‘isha, puis lorsque je fais subh l’adhan du maghrib
retentit, lorsque j’ai terminé le subh je fais le dhuhr et le ‘asr, car lorsqu’une petite
quantité de prières est à rattraper, l’ordre entre les fawâʾit entre-elles est une
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obligation. ‘Isha et subh dans l’exemple sont les fawâʾit, et dhuhr et ‘asr sont les
hâdira (jusqu’à ce que l’adhan du maghrib retentit).
Je dois faire obligatoirement le ‘isha et le subh avant le dhuhr et le ‘asr ; c’est la
conséquence d’avoir un petit nombre de fawâʾit.
On dit bi dikhr (pour celui qui s’en rappelle).
Cela veut dire celui qui prierait d’abord le dhuhr et le ‘asr avant de rentrer du
travail en ayant oublié qu’il n’avait pas rattrapé le ‘isha et le subh, il n’aura pas
de péché car il n’a pas fait exprès. On lui dira tu as prié ton dhuhr et ton ‘asr, tu
ne t’es pas souvenu de ton ‘isha et subh, alors tu les pries, c’est une dette, et in
fine, il sera mandub de refaire après cela le dhuhr et le ‘asr pour le respect du
tartib si on est encore dans leur temps daruri.
Dans le madhhab malikite, lorsqu’on dit de rattraper dans le temps, c’est
jusqu’à la fin du temps daruri, sauf pour le dhuhr et le ‘asr, c’est jusqu’à
l’isfirar, c’est la règle générale.
Pour la question du tartib c’est jusqu’à la fin du temps daruri y compris pour le
dhuhr et le ‘asr.
Si une personne a 6 ou plus ?
Le respect du tartib n’est pas obligatoire, il est même mandub de commencer par
la hâdira. Cela veut dire que la personne qui rentre du travail avec 10 prières à
rattraper, ici il y a beaucoup de prières, il est mandub pour elle de commencer
par la hâdira. Lorsqu’elle rentre du travail, elle fait d’abord le dhuhr et le ‘asr
puisqu’elle a beaucoup de fawâʾit. Si elle commence par les 10 prières à rattraper
ce n’est pas grave, elle n’a manqué qu’un mandub mais cela devient obligatoire
de commencer par la hâdira, si on craint que la hâdira ne sorte de son temps.
Ce sont des exemples mais il faut s’organiser pour prier la prière de dhuhr et de
‘asr dans leur temps mukhtar, ce n’est pas parce qu’on donne des exemples qu’il
faut se dire que c’est une norme acceptable de prier au temps daruri.
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Si on commence par les 10 fawâʾit et qu’on va sortir dhuhr et ‘asr de leur temps,
là c’est haram, il devient obligatoire de faire la hâdira avant les fawâʾit.
On demande selon le mashhur de respecter le tartib pour les fawâʾit peu
nombreuses, donc 5 comme les 5 prières du jour. Il y a une cohérence, Le
Législateur a légiféré ces prières les unes après les autres. Si on a que 2 prières
à faire on fait les unes après les autres même si cela implique de faire sortir la
hâdira de son temps.
Lorsque l’ordre garde sa cohérence de 5 prières à rattraper, il prime sur le fait
de respecter le tartib des prières. Cependant, lorsque la personne a 10, 15
prières, on n’est plus dans les prières de la journée, on ne voit plus cette
cohérence. On commence inéluctablement par la hâdira de manière mandub, et
wujuban (de manière obligatoire) si on craint de la sortir de son temps si on
commençait par les fawâʾit.
Tout cela est clair mais l’auteur traite cela de manière globale sans entrer dans
les détails.
L’ordre entre les fawâʾit avec la hâdira et entre les hadiratayn
mushtarikatayn entre-elles
Si je n’ai pas prié le subh le matin, (husnu dh-dhan, bonne présomption, vis-à-vis
du musulman qui a oublié de prier), ensuite quand c’est l’heure du dhuhr je me
dis j’ai oublié le subh et c’est peu de prières à rattraper. Si je commence par la
hâdira, c’est haram mais valide car l’ordre entre une fâʾita et une hâdira est wajib
ghayri shart.
Ensuite, la même chose entre le dhuhr et le ‘asr, deux prières dans leur temps
associées dans leur temps. On ne parle pas de celles de la veille car ce serait des
fawâʾit, on parle du dhuhr et du ‘asr du jour, les hadiratayn mushtarikatayn.
Si je suis au temps de ‘asr dans le temps mukhtar et que je me dis mais le dhuhr
est passé car maintenant on est dans le temps du ‘asr, et décide sciemment de
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faire le ‘asr, ça sera haram et le ‘asr ne sera pas valide, car le tartib entre deux
hadiratayn mushtarikatayn est wajib shart bi dhikr (pour celui qui en a
conscience).
En revanche, si je rentre chez moi, je prie le ‘asr et me dis « mince j’ai oublié de
prier le dhuhr », ici on dira il n’y a pas la conscience de respecter le tartib donc le
‘asr reste valide, je prie mon dhuhr puis il sera mandub de reprier le ‘asr dans son
temps pour le tartib.
و م ن ك ان ت ع ل ی ھ أ ر ب ع ص ل و ات ف أ ق ل ص لا ھ ا ق ب ل ال ح اض ر ة و ل و خ ر ج و ق ت ھ ا
Lorsque le fidèle doit rattraper quatre prières canoniques ou moins il doit le
faire avant de s'acquitter de la prière actuelle même si l'heure de celle-ci
vient à passer.
On l’a déjà dit avant.
و ی ج وز ال ق ض اء ف ي ك ل و ق ت .
Il est permis de s'acquitter des prières canoniques dont le temps légal est
passé, dès que l’on s'en rappelle, à tout moment de la nuit ou du jour.
Selon la majorité et les malikites, lorsqu’on dit il y a des temps haram et makruh,
cela ne concerne pas les prières obligatoires. L’école hanafite est la seule qui dit
qu’il y a un temps de répréhension pour les prières obligatoires et
surérogatoires.
Une dette tu t’en acquittes le plus tôt possible, donc on rattrape quand on peut.
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و لا ی ت ن ف ل م ن ع ل ی ھ ال ق ض اء و لا ی ص ل ي الض ح ى و لا ق ی ام ر م ض ان و لا ی ج وز ل ھ إ لا الش ف ع و ال و ت ر و ال ف ج ر و ال ع ید ان
و ال خ س وف و الا س ت س ق اء ،
Celui qui doit récupérer des prières canoniques ne peut faire ni les prières
surérogatoires ni le duhâ (prière de la matinée) ni le tarawîh. Il peut
toutefois prier le shaf’, le watr, la raghiba du fajr, la prière des deux 'îd
(celle de la fête de la fin du jeûne du Ramadan et celle de la fête du
Sacrifice), la prière de l'éclipse et celle de la demande de pluie (istisqaʾ).
Quelqu’un qui n’a pas prié depuis des années, selon les malikites et la majorité,
il est haram de faire tarawîh. On aura des récompenses si on fait tarawîh mais on
sera aussi pécheur car on retardera le qada.
Quand on fait tarawîh on a à la fois des hassanats et des péchés pour le retard.
Le tarawîh est mandub et préférable à la maison. Comme ce n’est pas une sunna,
il est mieux de le faire chez soi, mais il faut quand même des gens qui le fassent
à la mosquée. Si tu sais que chez toi tu ne feras rien, tu vas à la mosquée.
Pour les hanafites, il semble possible de faire tarawîh même si on a du qada car
c’est sunna selon eux.
و ی ج وز ل م ن ع ل ی ھ م ال ق ض اء أ ن ی ص ل وا ج م اع ة إ ذ ا اس ت و ت ص لا ت ھ م .
Il est permis à ceux qui doivent s’acquitter d’une prière canonique en
dehors de son temps légal de prier en groupe dès lors qu'ils doivent tous
rattraper la même prière canonique.
Il faut que cela soit les mêmes prières. Si le mari et sa femme ne se sont pas
levés pour la prière du subh, et après le temps daruri ils prient le subh
ensemble, en effet c’est possible car c’est le subh du même jour. Cependant, si
elle décide de prier le subh du jour passé et lui le subh de ce jour, les deux ne
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correspondent pas au même jour donc ce n’est pas possible. S’ils prient quand
même ensemble, la prière de l’époux (l’imam) sera valide mais celle du
maʾmoum (celui qui prie derrière l’imam) ne sera pas valide et il ne sera pas
déchargé de sa dette.
و م ن ن س ي ع د د م ا ع ل ی ھ م ن ال ق ض اء ص ل ى ع د د ا لا ی ب ق ى م ع ھ ش ك .
Celui qui oublie le nombre de prières omises qu'il doit rattraper est tenu
d'en faire un nombre tel qu'il ne reste aucun doute sur l'acquittement de sa
dette.
Exemple : J’ai été pubère à 12/13 ans, je ne sais plus, je suis sûr de l’avoir été
durant une de ces deux années mais je ne sais plus laquelle, alors je considère
le chiffre 12 pour être sûr de m’acquitter de ma dette.
Les prières dont je suis sûr que c’est à rattraper je les fais quand je veux, ce n’est
pas considéré dans les temps de karaha (répréhension). Les prières dont est
porté ce doute, comme les prières de 12 à 13 ans, comme je ne suis pas sûr,
j’éviterais les temps de karaha, car c’est possible que ces prières ne soient
finalement pas à accomplir.
J’éviterai de prier cette prière qui n’est pas sûre et j’éviterai le temps de
répréhension et d’interdiction.
En raison de l’éventualité que les prières dont je doute soient des prières que je
doive rattraper, comme je ne veux pas me présenter devant Allah avec une
dette, dans le doute, je les accomplis, sans être pris par le waswas (maladie du
doute).
15
II. AL MUQADDIMA AL IZZIYYAH
A. الفوائت قضاء في RATTRAPAGE DES PRIÈRES
MANQUÉES
ی ج ب ع ل ى ا لم ك ل ف ق ض اء م ا ف ات ھ الص ل و ات م ن ا ل مفر وض ة م ر ت ب ة في أ ي و ق ت ك ان .
Il est obligatoire pour le mukallaf de rattraper les prières manquées, parmi
les prières obligatoires, dans leur ordre, et ce, à tout moment.
Même dans les temps de répréhension.
و ی ج ب ت ر تی ب ال ح اض ر ت ی ن ال م ش ت ر ك ت ی ن في ال و ق ت خ ال ف ف إن ، أ ع اد الث ان ی ة أ ب د ا
Il est obligatoire d’accomplir dans leur ordre les deux prières ayant un
temps commun, sinon, la seconde sera à refaire impérativement.
Hâdira – Prière qui est dans le temps présent.
Fâʾita / fawâʾit (pluriel) – Prière dont le temps est passé.
On parle de fâʾita après le temps daruri, on parle de rattrapage de prière quand
on est hors de son temps daruri, la prière qu’on rattrape (qada) c’est ce qu’on
appelle une faʾita. La prière dont le temps est présent on l’appelle al hâdira.
La confusion c’est de penser qu’on ne parle pas de hâdira pour une prière dans
le temps daruri, or la prière dans le temps daruri c’est bien une hâdira.
Qada c’est une prière que je rattrape après son temps daruri.
Hâdiratayn mushtarikatayn ( ال ح اض ر ت ی ن ال م ش ت ر ك ت ی ن ) – deux prières dont le temps est
présent et associées dans leur temps.
16
Le dhuhr et le ‘asr / le maghrib et le ‘isha dans leur temps. Hâdiratayn
mushtarikatayn, il faut comprendre que le dhuhr et le ‘asr sont certes deux prières
associées dans leur temps.
Tout dhuhr et ‘asr ou maghrib et ‘isha ne sont pas hâdiratayn mushtarikatayn, c’est
seulement celles du jour dont le temps est présent. Car celles de la veille ne sont
plus des hâdira mais des fawâʾit.
Si je n’ai pas prié maghrib et je prie le ‘isha avant le maghrib en ayant conscience
(donc sans que ce soit un oubli), à savoir je prie la seconde associée dans leur
temps alors que je suis dans leur temps, je n’ai pas respecté l’ordre et la prière
est nulle. Je devrais faire la première prière associée dans le temps (maghrib)
puis après celle-ci, obligatoirement refaire la seconde (‘isha) abadan (de manière
absolue), même en dehors de son temps.
و ی ج ب ال ف و ائت ت ق د یم ع ل ى ال ح اض ر ة خ ر ج و إن و ق ت ال ح اض ر ة م ا ع ل ى ت ز د ل م خ م س ص ل و ات ، ز اد ت ف إ ن ع ل ی ھ ا - ع ل ى أ ح د ال ق ول ی ن ال م ش ھ ور ی ن ع ل ى أ و – الأ ر ب ع ع ل ى - ال م ش ھ ور الآخ ر ق د م ت - ال ح اض ر ة إ ذ ا ض اق و ق ت ھ ا .
De même, il est obligatoire de rattraper d’abord les prières manquées avant
d’accomplir la prière dont le moment est arrivé, et cela même si cela doit
faire sortir de son temps la prière présente dont le temps est en cours tant
que le nombre de prières à rattraper ne dépasse pas cinq.
Mais si elle dépasse le nombre de quatre prières - selon un des deux avis les
plus reconnus - l’autre avis étant de faire d’abord la prière présente si son
temps restant est restreint.
Il y a deux avis mashhur, le meilleur est de prendre 5 vu que c’est le nombre de
prières de la journée.
Lorsque j’ai peu de prières manquées (5 ou moins), je dois d’abord faire les
prières que j’ai à rattraper, même si cela implique la sortie de la prière dont le
temps est présent, de son temps.
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Si quelqu’un doit seulement faire subh, dhuhr, et ‘asr, il devra commencer à faire
le subh impérativement, même si cela implique de faire sortir ‘asr de son temps.
Il est juste avant l’adhan du maghrib, s’il fait subh, il restera juste un peu de temps
pour le dhuhr qui sera fait dans son temps, et ‘asr sera sorti de son temps. Mais
c’est ce qu’il doit faire selon l’avis retenu.
Celui qui a beaucoup de prières à rattraper, comme une année, il fait d’abord la
hâdira de manière mandub.
و م ن ذ ك ر ف ائ ت ة في ی ج ب و ق ت ی ة ت ر ت یب ھ ا م ع ھ ا، ك ان ف إ ن � ف ذ ا ق ط ع م ا ی ع ق د ل م
ر ك ع ة ب و ض ع ی د ی ھ ع ل ى ر ك ب ت ی ھ ، ع ق د ھ ا ف إ ن ض م إ ل ی ھ ا أ خ ر ى و خ ر ج ع ن ش ف ع .
Quant à celui qui se souvient d’une prière manquée alors qu’il est en train
de faire une prière dont c’est l’heure présente et que celle à rattraper fait
partie d’une prière qui doit être faite obligatoirement dans l’ordre avant
celle en cours, alors il devra couper sa prière s’il prie seul tant qu’il n’a pas
accompli une rak’ah, de sorte qu’il ne soit pas encore arrivé à la position où
il tient ses genoux. En revanche, s’il est arrivé à tenir ses genoux il ajoutera
une autre rak’ah afin de couper sa prière sur un nombre paire.
Je suis en train de prier dhuhr et me rappelle que je n’ai pas prié subh. Il est
obligatoire de respecter l’ordre entre la hâdira et la fâʾita, si c’est un munfarid
(quelqu’un qui prie seul), donc ni maʾmum (celui qui prie derrière un imam) ni
imam (celui qui guide la prière), il interrompt (qat’) la prière tant qu’il n’a pas
entériné une rak’ah par ses deux prosternations, une rak’a kamila (complète). Ici
ce n’est pas que le fait d’aller en rukû’ mais c’est de faire une rak’ah complète
avec ses deux prosternations.
J’ai commencé dhuhr, j’ai fait le rukû’ et son raf’ (retour du rukû’) et je me dis
« Mince je n’ai pas prié subh » je fais le qat’ de la prière, je fais le subh et je refais le
dhuhr depuis le début.
18
Dans le texte il est écrit « de sorte qu’il ne soit pas encore arrivé à la position
où il tient ses genoux. » ce qui est retenu ce n’est pas ça, ce n’est pas le mashhur.
Il y a une divergence dans le madhhab sur le fait d’entériner une rak’ah, ya’qid al
rak’a ( ی ع ق د ر ك ع ة ). Parfois c’est la rak’ah complète qu’on visera, comme ici, parfois,
le simple fait d’aller en rukû’, parfois c’est le fait de relever la tête du rukû’. Cela
dépend des cas.
Quand il a validé une rak’ah, il doit rajouter une autre pour ne pas s’arrêter sur
un nombre impair, toujours deux. Dès lors qu’on a entériné une rak’ah, on est
concerné par la sacralité de la prière, on ne peut pas interrompre comme ça, on
fait donc un shaf’ (une paire de rak’at) en rajoutant une rak’ah. 2
و إ ن ك ان إ م ام ا ق ط ع ، و لا ی س ت خ ل ف ، و ی س ر ي ذ ل ك ل ص لا ة ال م أ م وم ین .
En revanche, s’il est imam, il coupera la prière sans désigner de remplaçant
et cette interruption concernera aussi ceux priant sous sa direction.
Il ne fait pas l’istikhlaf (nommer un remplaçant) qu’il soit imam à la mosquée ou
chez lui. Il prie dhuhr, se dit « Mince j’ai oublié de prier le subh » il arrête. Son qat’ ق ط ع )3 ) se répercute sur celui des maʾmumîn, il arrête, il va faire son subh puis
reprend la prière en commun.
2 Si on a fait une rak’ah complète, on fait la deuxième, si on a fait 3 rak’at complètes, on termine la prière. 3 Interruption, le fait de couper, couper court.
19
و إ ن ك ان م أ م وم ا ت م اد ى م ع إ م ام ھ ، ف إ ذ ا ص ل ى ف ر غ م ا ن س ي ث م م ا ی ع ید ص ل ى م ع الإ ما م في ال و ق ت ف إ ذ ا. ك ان ت ج م ع ة ص لا ھ ا ظ ھ ر ا .
S’il prie en étant dirigé, il continuera la prière avec l’imam puis quand il
aura terminé, il priera ce qu’il a oublié ensuite il recommencera celle priée
derrière l’imam dans son temps. S’il s’agit de la prière du vendredi alors il
la priera en tant que dhuhr.
Commentaire
Ils disent, celui qui s’est converti à darul harb (pays dont les musulmans sont en
guerre), il ignorait que la prière était obligatoire donc il l’a délaissé.
Doit-il rattraper s’il ne savait pas que les prières étaient obligatoires ?
Oui selon un des deux avis, c’est l’avis sur lequel on s’appuie. Selon le deuxième
avis, il ne rattrape pas pour l’inciter à l’islam, pour ne pas lui rendre les choses
difficiles.
Zurqani dit « Celui qui a des dettes de prière, de jeune du ramadan, de zakaat et qui
apostasie, lorsqu’il revient en islam il ne les devra plus. » Celui qui a 10 prières à
rattraper et a fait un peu de fiqh ensuite se dit « ah je n’ai pas envie de rattraper
10 ans aller j’apostasie dès que je reviens, je serais lavé. »
Al Adawy dit « On agit selon ta mauvaise intention. » tu as apostasié pour faire
tomber tes dettes tu devras quand même les rattraper. L’adage juridique
stipule : « On agit selon son intention pour aller en l’encontre de sa mauvaise
intention. »
S’il a fait le hajj puis revient à l’islam il devra le refaire parce que l’apostasie
annule les actions d’avant.
20
Le rattrapage de prières doit être fait sur le champ jusqu’à ce qu’on ait un fort
dhann (présomption) d’être quitte vis-à-vis d’Allah. Si on doute du nombre de
prières qu’on doit rattraper, on met un nombre plus élevé pour être sûr.
Le doute (shak) doit s’appuyer sur un ‘alama (indice), ce n’est pas un simple
doute dans l’absolu, c’est un doute qui doit être appuyé par quelque chose, par
un élément, un indice (istinada). C’est-à-dire on a une raison de douter, cet ajour
est intéressant car cela contrecarre les gens qui ont du waswas, qui se disent je
dois rattraper alors qu’ils ne se basent sur rien du tout, ils n’ont pas de mustanad,
leur doute prend appuie sur rien.
Quand rattrape-t-on les prières manquées ?
On rattrape à n’importe quel moment les prières obligatoires manquées même
pendant que l’imam est sur le minbar et fait la khotba du vendredi.
Pendant la khotba de jumu’a, ce sera une bonne chose de dire à la personne à
côté de nous « je fais le subh », et cela concerne surtout une personne prise
comme modèle. On parle d’une personne connue pour son ‘ilm (science) car si
les gens le voient, tout le monde risque de se lever et se dire « qu’est-ce qu’il
fait, il fait des rak’at, moi aussi je vais le faire » alors que dans l’école, tahiyatul
masjid ne se fait pas pendant la khotba.
Et là, pendant la khotba, la personne prise pour modèle qui veut faire son qada
va dire « je rattrape mon subh ne faites pas comme moi. ». Si c’est quelqu’un qui
n’est pas pris pour modèle, il n’a pas besoin de parler, il le fait. Au contraire les
gens vont se dire « qu’est-ce qu’il a celui-là, qu’est-ce qu’il nous fait ? » et personne
ne va l’imiter.
Pareil au moment du ghurub (couché du soleil) en présence d’une jama’a (prière
en groupe). C’est l’heure du maghrib, il y a une prière en groupe, il va prier seul
dans son coin et pour rattraper. Il fera son ‘asr avant de faire son maghrib.
21
Ce cas n’est pas à confondre avec le fait d’être à la mosquée avec un imam ratib,
car il y a le haqq de l’imam, on ne prie pas seul dans son coin alors que l’imam
est en train de faire une prière. Il y a la question du respect de l’imam, pour
qu’il ne sente pas une critique vis-à-vis de lui ; il y a différentes approches.
Certains avis disent de sortir de la mosquée, d’autres disent d’entrer dans le
groupe avec l’intention d’une prière surérogatoire, ensuite faire sa prière de
‘asr.
Ibn Rushd dit « On ne fera pas de nawâfil si on a du qada, pas ce qu’il y a en grand
nombre parmi les prières qu’on incite à faire comme tarawîh. » Al ‘Adawy dit selon
son dhahir (ce qui apparaît du propos d’Ibn Rushd propos) « Doha est permis vu
que c’est 2 rak’at, c’est ce qu’on comprend de ses fatâwa. » mais ce n’est pas l’avis de
la « Mudawwana 4», selon le rajih (avis le plus fort), même de 2 rak’at n’est pas
permis.
C’est quoi rattraper ‘ala fawur (sur le champ), est-ce que c’est passer toute sa
journée, tous les jours, à rattraper 1 jour de prières, ou tous les jours rattraper
5 jours de prières ?
Ce qui est retenu c’est en fonction des capacités de chacun, il n’y a pas le fait de
rattraper chaque jour 1 ou 2 jours de prières. Ce qui est retenu est qu’on ne fixe
pas un chiffre mais que c’est selon la capacité des gens car ils ne sont pas égaux
en cela.
Certains travaillent pour assumer la nafaqa (entretien légal) de ceux dont ils ont
la charge. Durant le temps où la personne travaille, on ne lui impose pas de
rattraper ses prières.
Est-ce que ce temps de travail de la nafaqa est le strict minimum de la nafaqa ?
Le dhahir c’est qu’on ne nous demande pas de travailler dans le strict minimum
de la nafaqa pour rattraper nos prières. La personne n’a pas besoin de réduire
4 Livre mère du madhhab regroupant les fatwa de l’imam Malik.
22
son temps de travail si c’est 8h par jour pour assurer la nafaqa de ceux dont elle
a la charge (femmes, enfants). Il peut maintenir son train de vie sans pour autant
exagérer et ne se laisser aucun moment pour rattraper ses prières.
Étudier l’essentiel du fard ‘ayn (obligations personnelles en matière de religion)
c’est une excuse sans débat. Mais le ‘ilm en plus, les obligations
communautaires de suffisance, l’approfondissement de choses au-delà de ce
dont il a besoin, est-ce que cela intègre cela ?
Ni Zurqani ni Al ‘Adawy ne tranchent sur la question.
Rester au chevet d’un ami intime malade ?
On peut pendant ce moment ne pas faire le qada. C’est quelque chose qui ne
nous prend pas du temps du matin au soir aussi, il faut bien le comprendre.
C’est ‘ala fawur (faire dans l’immédiat) mais avec un peu de souplesse.
Se rappeler une prière en prière
Se rappeler du dhuhr non fait ou du maghrib non accompli pendant qu’on est à
la seconde des deux prières dont le temps est présent. C’est-à-dire je suis dans
le ‘asr et je me rappelle que je n’ai pas fait le dhuhr ou je suis dans le ‘isha, je me
rappelle ne pas avoir fait le maghrib.
Dans ce cas est-ce que la prière est nulle sous simple souvenir ?
Oui ’est le mu’tamad (avis fort) pour Zurqani, mais Al Adawy dit Ahmed
Zurqani5 dit que ce n’est pas nul de fait, c’est à nous d’interrompre.
Est-ce que dès que je me souviens pendant l’une des deux prières dont le
temps présent [qui est le ‘isha ou le ‘asr dont je n’ai pas prié la première dhuhr
ou maghrib] la prière est nulle ? est-ce la même règle entre la hâdira et le peu
de fawâʾit ?
5 Un autre Zurqani que le commentateur.
23
C’est valide pour moi, mais il m’est obligatoire d’arrêter. Le respect du tartib
entre les prières hâdiratayn muchtarikatayn est wajib shart ma’a dhikr, c’est une
condition de validité si on en a conscience. Si je prie volontairement le ‘asr avant
le dhuhr dans le temps, le ‘asr est nul, je fais le dhuhr et je dois wujuban
(obligatoirement) faire le ‘asr.
En revanche, l’ordre entre peu de fawâʾit manquées et la hâdira (exemple entre
subh et dhuhr) est wajib ghayri shart.
Commencer à prier le dhuhr alors que je n’ai pas prié le subh c’est haram mais la
prière de dhuhr est valide. Je prie subh puis il sera mandub de reprier dhuhr dans
son temps, même au temps daruri (au jaunissement du soleil), car la
répréhension ici ne concerne pas la question du tartib.
En prière, est-ce wajib shart ibtidâʾan wa dawâman ?
C’est-à-dire c’est une condition de validité au commencement et pendant toute
la durée de la prière ou c’est wajib shart ibtidâʾan wa la6dawâman, c’est-à-dire c’est
une condition de validité au commencement mais pas de manière pérenne
(pendant toute la durée de la prière).
Si pendant la prière je me rappelle que j’ai manqué la première des deux
prières, que dois-je faire ?
Je dois l’interrompre et c’est haram si je continue de façon générale, et ce n’est
pas nul sur simple souvenir.
Certains savants ont dit c’est ce qu’il faut retenir, c’est Bannani7 qui a retenu
cela car ils disent qu’il n’y a pas de naql8.
6 Négation. 7 Grand muhaqqiq 8 Transmission.
24
Oui il faut interrompre mais la prière n’est pas nulle sur simple souvenir, c’est
la nuance. Mais Le mu’tamad pour Zurqani et pour la plupart des savants c’est
que ça annule la prière sur simple souvenir.
Le ‘asr devient une fâʾita et le maghrib une hâdira, tu pries maghrib avant ‘asr. Tu
dois prier le ‘asr et faire nadban (de manière recommandée) le maghrib. On dit
maghrib car c’est une prière en 3 rak’at, on nous dit de ne pas faire en jama’a pour
avoir le fadl de la jama’a comme a dit Ibn ‘Ashir. Pareil pour le ‘isha si on a déjà
prié le witr.
Est-ce que le maʾmum refait la hâdira dans le temps fait avec l’imam
Il fait le maghrib en groupe derrière un imam, puis il va prier son ‘asr qu’il avait
oublié de prier.
Est-ce qu’il doit reprier sa hâdira qui est maghrib, puisqu’il l’a faite en jama’a avec
l’imam ?
Le rajih (l’avis le plus retenu) selon Al ‘Adawy c’est que non, c’est ce qu’a choisi
son sheykh asghir9.
Mais comme en général on doit la faire pour le tartib, pourquoi je ne la refais
pas ?
Ici c’est comme si on mettait l’accent sur le fait qu’il l’ait faite en groupe et que
c’est mieux que de la faire seul. On peut se dire fihi nadhar, on la refait pour le
tartib quel est le problème, puisque je n’ai pas respecté le tartib, je n’avais pas
prié la fâʾita, pourquoi ne pas me demander de refaire ma hâdira après avoir prié
ma fâʾita selon le hukm général ?
Si tu pries une prière dans son temps (waqtiya), à fortiori une nafila sunna mais
pas une janaza (car on ne la rattrape pas), on la termine. Une prière obligatoire
9 Al Ujury
25
comme dhuhr, si tu te souviens d’une fâʾita non priée tu fais le qat’(tu
interromps).
Cependant, est-ce qu’on coupe (qat’) nadban ou wujuban ?
Qawlan (deux avis) :
Dans le « Tawdih », le texte de Khalil, si le tartib est wâjib, comment dire que le
qat’, le fait d’interrompre la prière, n’est que mandûb ? Tu es dans le dhuhr tu
t’aperçois ne pas avoir prié le subh, le tartib est fard, la logique c’est de faire le
qat’ pour effectuer ce tartib.
Mais il a été dit dans le madhhab « Une chose peut être wâjib ibtidâ’an10 sans pour
autant avoir comme implication l’obligation d’interrompre, en vertu d’un autre
élément. Exemple, le fait que de toute façon, il sera mandûb de refaire cette prière. »
Si tu fais dhuhr avant subh alors que tu as peu de prières manquées, si tu le fais
même volontairement, c’est haram mais valide. Tu vas ensuite faire ton subh et
ce sera mandub de refaire le dhuhr.
Ce n’est que mandub de faire le qat’, mais mandub de refaire le dhuhr si on n’a
pas fait le qat’, donc in fine, on respectera le tartib d’une manière ou d’une autre.
Le fait également, d’être entré dans la prière alors qu’il y a une certaine sacralité
implique de la terminer puisqu’on va te demander de la refaire dans tous les
cas.
Il y a donc les deux avis wajib ou mandub sans trancher.
Valider une rak’a
Le fait de valider une rak’ah contrairement à ce qui est dit dans le matn, c’est
faire une rak’ah avec ses deux sajda complètes. C’est aussi le cas pour le cas du
saignement du nez, c’est le cas pour la jumu’a et la jama’a.
10 Obligatoire à son début/à son commencement.
26
Si on arrive au moment où l’imam relève la tête dans le rukû’ de la dernière
rak’ah de la prière, si nos deux têtes se croisent au même moment avant que
l’imam ait relevé entièrement sa tête du rukû’, c’est bon, on sait qu’on a le fadl
de la jama’a11.
Comment peut-on dire ici que dans le cas de la jumu’a et de la prière en
jama’a (prière en commun) c’est la rak’ah complète qui est validé ?
Qu’est-ce que cela veut dire ?
En fait ce n’est pas faux de dire il suffit d’arriver dans le rukû’, dans l’absolu
tant qu’on a la rak’ah c’est bon, c’est vrai dans la plupart des cas mais il y a une
nuance plus détaillée que ça :
Si j’arrive dans le rukû’ avec l’imam, que je suis empêché de me prosterner car
je somnole ou je pense à autre chose et je ne me prosterne pas ou je me prosterne
qu’après le salam de l’imam, alors je n’aurais pas le fadl de la jama’a ni même
validé la prière du vendredi. En fait, je suis allé en rukû’ puis j’ai été empêché
de me prosterner, l’imam a salué, je n’ai pas fait ma prosternation avant qu’il
salue, je n’ai pas validé la rak’ah, même si j’étais avec lui pendant le rukû’, plus
précisément quand il se relevait du ruku’.
Donc dans ce cas de figure je n’aurais pas le fadl de la jama’a, et après la prière
je ferai le dhuhr seul car je n’ai pas acquis la jumu’a.
Si je valide une rak’ah et je me souviens d’une prière non faite ?
Je suis dans le dhuhr, j’ai fait une rak’ah, on a vu dans le matn12 que si on n’a pas
validé une rak’ah on arrête, si on a validé une avec ses deux prosternations on
fait un shaf’, même si c’est le subh selon le madhhab.
11 Le mérite de la prière en groupe 12 Concis, épitre c’est le texte de base. Donc les encadrés
27
On pourrait penser selon l’autre avis : si j’ai validé une rak’ah de subh, j’ai validé
la moitié de la prière donc il me suffirait, comme on dira pour les 4 autres
prières, de finir avec la niyyah (intention) du fard. Je me dis je prie le subh, je me
rappelle du ‘isha de la veille, si je n’ai pas validé une rak’ah, c’est clair, je fais le
qat’ et je fais le peu de fawâʾit. Si j’ai complété une rak’ah il y a deux avis.
Tu complètes le subh avec la niyyah que c’est le subh fard, ensuite tu fais ‘isha
puis refais le subh pour le tartib.
Mais ce qui est retenu pour le subh, comme c’est une prière que de 2 rak’at, tu
fais le qat’, même si tu as entériné/validé une rak’ah avec ses deux
prosternations.
Concernant le maghrib, on a des aqwal (3 avis)
Selon Zurqani, le madhhab c’est « Tu coupes le maghrib même si tu as validé une
rak’ah. ». 3 avis :
Si je me souviens d’avoir des fawâ’it pendant le maghrib, je coupe
même si j’ai validé une rak’ah selon Zurqani.
Je complète avec la niyyah de faire le maghrib fard puis je ferai ‘asr et
ensuite maghrib pour le tartib. Cet avis est le tarjih de Ibn al ‘Arafa
J’agis comme pour les autres prières. J’ai validé une ? Je fais un shaf’
donc je rajoute 1 rak’ah puis je coupe pour faire mon ‘asr et je refais le
maghrib. C’est le Shyekh Abderrahman.
Pourquoi cette divergence ?
Parce qu’il est makruh au maghrib de faire des nawâfil 13. De plus, le temps du
maghrib est court, on ne va pas s’amuser à faire une paire de rak’ah. Ceux qui
disent de faire le qat’ disent d’arrêter, de faire le ‘asr puis de faire le maghrib dans
13 Prières surérogatoires.
28
son temps (puisqu’il est court). Ces questions entrent en jeux et créent de la
divergence.
Cependant ils sont d’accord pour dire que si on a entériné deux rak’at, on
complète avec la niyyah de fard donc on fait la 3e. Si on est dans la 2e mais qu’on
ne l’a pas terminée, on s’assoit, on fait le tachahud et le salam. Et si on n’a pas
entériné la 2e avec les deux prosternations, alors on fait le qat’.
Si on est imam et qu’on n’a rien validé, on interrompt et ce qat’ affecte les
maʾmumîn même si eux n’ont pas de fawâʾit. Si l’imam a validé une rak’ah, pour
le Qadi Sanat, il fait un shaf’ et eux aussi font le shaf’ avec lui. Al ‘Adawy dit
« Pour le jumu’a et le subh également »
Pour Ibn Farwun il arrête même s’il a validé une rak’ah, At Tataʾi s’est restreint
à cet avis.
En revanche, si l’imam se rappelle après deux rak’at complètes du maghrib ou 3
des autres prières, il va compléter avec la niyyah de fard. En vertu de la
disposition juridique qui énonce « Ce qui se rapproche d’une chose prend son
statut. » ils disent c’est comme s’il se rappelait la fâʾita après le salam, donc il la
complète avec la niyyah de fard, il fait ce qu’il a à faire et la refait nadban dans le
temps daruri.
Cela est valable pour toutes les prières sauf pour le subh selon le madhhab. Cela
c’est s’il est dans la 3e rak’ah entérinée, s’il est dans la 3e et qu’il ne l’a pas
terminée, il s’assoit, fait le tachahud et salue.
Il est dans le ‘isha dans la 3e rak’ah faisant le rukû’ puis il se dit « Mince j’ai oublié
le ‘asr » il va s’asseoir, faire tachahud puis le salam. Ceci pour s’arrêter à une
paire de rak’at, il n’est pas allé assez loin dans la 3e rak’ah pour pouvoir
compléter ce ‘isha avec cette niyyah de fard. L’imam14 s’en rappelle après 2 rak’at
14 Valable si on prie seul aussi.
29
ou 3 non complètes, il finit avec la niyyah de fard, il refera nadban, et les
maʾmumîn referont nadban.
Si le maʾmum est dans le ‘asr et se rappelle du dhuhr ?
Il suit obligatoirement l’imam car il est prisonnier de celui-ci mais il sera wajib
de refaire la seconde.
Concrètement il fait le ‘asr, il se rappelle qu’il n’a pas fait le dhuhr, il est obligé
de finir le ‘asr avec l’imam, il ne peut pas quitter la prière.
30
س ی أ ت ى أ ن ع ق د الر ك ع ة ع ن د ال ق اس م اب ن ب ر ف ع الر أ س الر ك وع م ن إ لا في م س ائ ل م ذ ك ور ة في ال م ط و لا ت .
Remarque : Nous verrons que l’accomplissement de la rak’ah chez Ibn Al-
Qâsim correspond à lorsque l’on relève sa tête en sortant du rukû’, sauf dans
certains cas mentionnés dans les œuvres plus détaillées.
Qu’est-ce qu’on entend par entériner une rak’ah ?
Pour Ibn al Qâsim ce n’est pas juste le fait d’avoir mis les mains sur les genoux,
c’est le fait de relever la tête du rukû’, Ujury précise avec at-tumaʾnîna (sérénité)
et al ‘itidal (dos droit). S’il ne s’est pas relevé avec at-tumaʾnîna et ‘itidal, la rak’ah
n’est pas encore entériné, c’est la règle générale.
Contrairement à Ashhab qui dit que c’est le fait d’aller en rukû’ et cela suffit
même si je ne me suis pas encore relevé, et parfois sur certaines questions les
deux ijtihad concordent.
Exemple de ces questions :
1 - Tark aj-jahr, le fait de délaisser la voix haute (on peut aussi dire voix
basse).
On est dans le ‘isha, on devait réciter à voix haute et on s’est incliné par le simple
fait d’aller en rukû’.
On ne peut plus se redresser et revenir pour réparer le mode de récitation
erroné, ce n’est pas possible.
Ici c’est donc une exception à la règle générale donné par Ibn al Qâsim. On voit
que le simple fait d’aller en rukû’ entérine la rak’ah, on ne peut plus revenir pour
réparer le mode de récitation.
2 - Takbir al ‘îd, c’est une sunna
Si j’ai raté un takbir, 1 seul ou les 7, et je suis allé en rukû’, c’est trop tard, je ne
peux pas me redresser pour réparer les takbirât que j’ai oublié.
3 - Sajda tilâwa, c’est la prosternation lorsqu’on récite du coran
31
Il y a 11 symboles pour l’école malikite et 15 pour d’autres mujtahîd.
Une fois qu’on s’est incliné, c’est trop tard pour faire la prosternation du coran
4 - Se rappeler une partie d’une prière, ou l’oubli d’un sujud qabli pour
3 sunnan ou plus en prière.
Je suis dans le ‘asr et je me rappelle un oubli au dhuhr que je viens juste de faire
un petit temps avant. Imaginons, j’ai fait en voyage les deux prières côtes à
côtes, ou j’ai fait dhuhr à la fin de son temps et ‘asr au début de son temps. Je
finis le salam du dhuhr, je fais iqâma du ‘asr, puis je fais le ‘asr, le critère est dès
lors que j’ai rajouté à la fatiha, même si je ne me suis pas incliné, ou dès lors je
me suis incliné, sans rien rajouter à la fatiha, c’est trop tard. On considère c’est
un délai long. S’il y a un manquement dans le dhuhr de l’ordre d’un pilier oublié
ou un sujud qabli non effectué (pour l’oubli de 3 sunnan ou plus), la prière n’est
plus valide. On considère que le simple fait d’aller en rukû’ est trop tard, même
si je n’ai pas relevé ma tête (le fait d’entériner dans cette situation c’est d’aller
en rukû’).
5 - Iqâma à maghrib
Il est à la mosquée, il prie, on fait l’iqâma du maghrib sur lui, s’il est dans le rukû’
de la 3e rak’ah, il n’a pas à interrompre, il finit seul. Al ‘Adawy dit « Cet avis est
da’if (faible), le mu’tamad c’est qu’il coupe sa prière et va avec l’imam, sauf s’il a fini 2
rak’at avec deux prosternations, là il finit et ne fait pas le qat’. » le fait d’être dans le
rukû’ de la 3e n’est pas un critère retenu.
32
III. AR-RISSALAH DE IBN ABI
ZAYD
A. ح ك م ق ض اء الص لا ة ال م نس STATUT DES PRIÈRES À وال ف ائ ت ة ی ة
RATTRAPER
و م ن ذ ك ر ص لا ة ص لا ھ ا م ت ى م ا ذ ك ر ھ ا ع ل ى ن ح و م ا ف ات ت ھ ث م أ ع اد م ا ك ان ف ي و ق ت ھ م م ا ص ل ى ب ع د ھ ا
Celui qui se rappelle n’avoir pas accompli une prière, la priera dès qu’il se
rappellera, de la même manière qu’il l’aurait faite. Il recommencera ensuite
la prière du moment actuel déjà faite après la prière oubliée (si le temps est
encore suffisant et que les prières oubliées ne sont pas nombreuses).
(1) PETIT NOMBRE DE PRIÈRES À RATTRAPER
Le prière hâdira n’est pas absolue, c’est seulement quand on est dans son temps.
Le rattrapage des prières qu’on a oubliées (ou on dormait), on doit les rattraper
sans khilaf (divergence). Ce qui est connu dans le madhhab, c’est que même celui
qui a délaissé ‘amdan (volontairement) doit rattraper. Cette phrase indique la
présence d’un autre avis. Ibn Naji a un avis marginal dans l’école, mais ce qui
est connu dans les 4 écoles c’est le rattrapage obligatoire.
L’auteur parle de rattraper sur le champ sans tarder à moins qu’on ait une
excuse.
Combien dont-on rattraper de prières par jour ?
On rattrape un jour de prières ou 5 jours de prières ?
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Ce qui est connu est qu’il n’y a pas de délimitation (had), on doit rattraper sur
le champ, à part si on a une excuse comme le travail, se nourrir, dormir,
apprendre le ‘ilm (la science) qui nous est utile. Le reste du temps, la capacité
des gens doit être utilisé pour rattraper les qada.
On accomplit comme elles étaient, dans l’état qu’on les a manquées ?
Par leur nombre de rak’at, leurs caractéristiques de la voix haute ou basse. Ce
qui compte, ce n’est pas la manière dont je les rattrape mais la manière dont je
les ai manquées. J’ai manqué en voyage deux rak’at, ce n’est pas parce que je
suis résident lorsque je rattrape que je vais en faire 4, puisque je les ai manquées
alors que je les devais en 2.
À l’inverse je devais un dhuhr et un ‘asr en 4 rak’at, qu’Allah nous protège de ce
type de fortitude, je voyage, je m’en souviens, et bien qu’étant voyageur, je ne
prie pas en 2 mais en 4 car on regarde l’état dans lequel j’étais quand la prière
m’était due.
Cependant, la personne malade qui devait la faire assis, quand elle est en bonne
santé elle devra les faire debout. Et celle qui a rattrapé puis est malade, on
considérera le moment venu car il ne peut pas les faire debout puisqu’il n’en a
pas la capacité.
On recommence la prière du moment actuel ?
Cela concerne le fait d’avoir peu de prières manquées. Le peu c’est 5 ou 4, il y a
deux avis forts dans l’école, on mentionne 5 comme Safti dans sa hachiya. Et
c’est 5 comme 5 prières dans la journée.
Peu de prières à rattraper c’est moins de 6 donc 5 et moins.
La terminologie :
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Définition al Hâdira ( ال ح اض ر ) – prière dont le temp est présent. Si je me
trouve dans le temps du ‘isha et même dans son temps daruri, je dirais
que le ‘isha est une hâdira.
Définition al Fâʾita( ال ف ائ ت ة ) - pluriel fawâʾit ( ال ف و ائ ت ) – prière qui est sortie
totalement de son temps. Si je ne me trouve plus dans le temps du dhuhr
ou du ‘asr car le soleil s’est couché, je dirai que ce sont des fawâʾit car ce
sont des prières dont le temps est passé.
Peu importe si on est imam, fedh (celui qui prie seul) ou maʾmum (prière derrière
l’imam) lorsqu’on se rappelle une petite quantité de prières qu’on appelle
fawâʾit, au nombre de 5, car 6 on considère que c’est beaucoup de prières à
rattraper.
Après avoir prié la prière dont le temps est présent, si je me rappelle que je n’ai
pas prié le subh et que j’ai moins de 6 prières à rattraper, je rattrape cette prière
et je reprie la hâdira de manière recommandée pour le respect du tartib
demandé, s’il reste du temps.
➨ Exemple : Si j’ai prié le dhuhr puis je me rappelle que j’ai oublié subh, j’ai
moins de 6 prières à rattraper, j’ai qu’une prière à rattraper qui est le subh (le
subh est bien une fâʾita vu qu’on est sorti de son temps), je prie cette prière-ci
puis il est mandub de refaire la hâdira (qui est le dhuhr) dans son temps après
avoir prié la fâʾita pour le tartib.
➨ Autre exemple : Je n’ai pas prié la prière de maghrib et je me souviens au
temps de subh avant la fin du temps daruri de subh, j’ai prié le subh et je me
souviens j’ai oublié le maghrib.
Est-ce que je refais le subh après avoir fait le maghrib ?
Oui de manière recommandée tant que je suis dans le temps de cette prière
c’est-à-dire pour subh au lever du soleil.
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Est-ce que je dois faire ‘isha ? On se dit « oui le tartib ? » Le maghrib doit être fait
avant le ‘isha. Oui mais je n’en ai pas conscience à l’instant T car c’est un oubli,
pourquoi je ne fais pas le ‘isha ? Car je ne suis plus dans son temps on fait la
hâdira que pour le tartib lorsqu’on est encore dans son temps.
Dans l’exemple, j’ai oublié le maghrib, j’ai bien fait le ‘isha, je m’en aperçois après
le subh le lendemain, je prie mon maghrib car c’est une dette je n’ai pas le choix.
Je rattrape à n’importe quel moment, à savoir les temps d’interdiction ne
concernent pas les prières obligatoires pour la majorité des savants à part pour
les hanafites.
Ensuite, je regarde est-ce que je suis dans le temps de la hâdira ?
Oui, je suis dans le temps de subh donc il est mandub de reprier la hâdira. Je prie
nadban as-subh.
Et l’imam ?
Il va prier sa prière manquée.
Qu’en est-il de l’i’ada ( le fait de recommencer sa prière) du maʾmûm qui est à
jour dans ses prières mais qui a prié derrière un imam, qui lui se rappelle à
postériori du peu de prières manquées.
« Fafi i’adati maʾmumih salatahu khilaf » nous dit Khalil.
إع اد ة م أ م وم ھ ص لا ت ھ خ لا ف
Sur le fait que le maʾmûm refasse sa prière il existe une divergence. L’imam est
celui qui s’aperçoit qu’il y a un problème, après coup il se dit « mince, je vous ai
dirigé pour le dhuhr mais j’ai oublié le subh »
Il est clair que l’imam va prier son subh et il refait son dhuhr de manière mandub,
mais nous maʾmumîn on était à jour dans nos prières, est-ce que pour nous aussi
c’est mandub de refaire la hâdira puisqu’on a prié derrière quelqu’un qui n’était
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pas à jour dans ses prières ? Il y a divergence selon Khalil, il dit khilaf ce qui
signifie il y a deux avis mashhur.
Une riwaya de Ibn al Qâsim ‘an Mâlik dit qu’il n’y a pas de i’ada (refaire sa
prière), il convient que ce soit le rajih selon Nafrawy et Al ‘Adawy.
و ق ال اب ن ال ق اس م : لا إع اد ة ف ی ن ب غ ي أ ن ی ك ون ھ و الر اج ح
Et Lakhmy et un groupe de savants disent qu’on fait l’i’ada.
(2) GRAND NOMBRE DE PRIÈRE À RATTRAPER
Et si on en a beaucoup à rattraper ?
À partir de 5 ou 6, alors on ne refera pas la hâdira après avoir prié la fâʾita. Une
personne qui n’a pas prié pendant 1 mois, qui a plus de 5 fawâʾit, même s’il prie
tout d’un coup et qu’il reste du temps, ce n’est pas mandub pour lui de reprier
la hâdira. Car le tartib n’est pas demandé dans le cas d’un grand nombre de
fawâʾit.
Si une personne a 6 prières à rattraper, après le dhuhr, il se dit je n’ai pas prié
pendant 1 jour [disons que c’est un oubli (bon soupçon envers le musulman
pratiquant) car il est haram de ne pas accomplir ses prières, c’est même un
grand péché de les laisser sortir de leur temps post daruri, cela fait partie des
kabâʾir]. Même si elle prie ces 6 prières elle n’a pas à faire de manière mandub la
hâdira, ici le tartib n’est pas demandé.
و م ن ع ل ی ھ ص ل و ات ك ث یر ة ص لا ھ ا ف ي ك ل و ق ت م ن ل ی ل أ و ن ھ ار و ع ن د ط ل وع الش م س و ع ن د غ ر وب ھ ا، و ك ی ف م ا ت ی س ر ل ھ
Celui qui est redevable de nombreuses prières non accomplies, les fera à
n’importe quel moment, de nuit comme de jour, [même] au lever du soleil
et à son coucher selon ses possibilités (selon ce qui lui est facile).
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Pourquoi on précise le moment de tulû’ ach-chams ( ط ل وع الش م س ) et du ghurûb ?
C’est par rapport à ce que disent les hanafites qui disent les moments de
répréhension concernent aussi les prières obligatoires.
Notre temps dans la mesure de notre capacité doit être mis sur le rattrapage
de nos prières.
S’il y a moins de 5 prières à rattraper (moins d’une prière d’une nuit)
Il commence par la fâʾita même si le temps de cette dite hâdira va s’achever.
On prend l’exemple de subh que je n’ai pas prié qui est une fâʾita. Je suis au
temps daruri de dhuhr et ‘asr et je m’apprête à prier ces dernières, juste avant le
maghrib (on compte le nombre de prières, je suis redevable que de peu de prières
(moins de 5)). Il est obligatoire ici de commencer par le subh même si je sais que
si je prie subh les prières dhuhr et ‘asr vont sortir de leur temps.
Il est wâjib (obligatoire) selon le mashhur de commencer par la fâʾita (Ibn
Wahhab dit qu’on commence par la hâdira)
ق ال خ ل یل ع اط ف ا ع ل ى ال و اج ب : و ی س یر ھ ا م ع ح اض ر ة و إ ن خ ر ج و ق ت ھ ا
Ibn Wahhab dit il commence par la hâdira si le temps est restreint, il dit on fait
dhuhr et ‘asr puis je fais subh, mais ce n’est pas ce qui est retenu.
Le fait de respecter ce tartib entre fawâʾit et hâdira est-ce wâjib shart ou
ghayri shart ?
Est-ce que c’est une obligation et à la fois une condition de validité ?
Si je prie dhuhr avant subh, le dhuhr est pas valide si c’est shart.
Si c’est wajib ghayri shart, si je prie le dhuhr avant le subh c’est haram car j’ai raté
un wajib, mais valide car ce n’est pas shart.
Le mashhur est que c’est wajib ghayri shart.
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Le premier avis est de Ibn Majishûn et c’est le sens apparent de la Mudawwana
mais Al ‘Adawy dit que c’est da’if et que c’est wajib ghayri shart.
ف إ ذ ا خ ال ف و ق د م ال ح اض ر ة ع ل ى ی س یر ال ف و ائ ت و ل و ع ام د ا ص ح ت
Si je fais la hâdira avant la petite quantité de prières en qada, si on dit shart, je
refais abadan car c’est invalide, mais ce n’est pas ce qui est retenu. Selon le
mashhur, c’est valide et on fera que nadban dans le temps daruri.
و ل ك ن ی س ت ح ب ل ھ إع اد ة ال ح اض ر ة ب ع د ف ع ل ال ف ائ ت ة و ل و ف ي و ق ت ھ ا الض ر ور ي .
Le tartib entre deux hadiratayn mushtarikatayn ال ح اض ر ت ی ن (deux prières dans
leur temps associées dans leur temps) ?
Il est wajib shart ma’a dhikr.
لت ر ت یب ب ی ن ال ف ائ ت ة ال ی س یر ة و ال ح اض ر ة ل ی س ب ش ر ط ، و إ ن و ج ب م ع الذ ك ر
C’est-à-dire le dhuhr et ‘asr ou maghrib et ‘isha et je me retrouve dans leur temps
daruri ou ikhtiyari, je décide de prier ‘isha sciemment avant le maghrib, comme
c’est wajib shart bi dhikr, ma prière n’est pas valide et je dois prier maghrib et de
nouveau ‘isha.
Toutefois, si on prie ‘isha sans avoir conscience de ne pas avoir fait le maghrib, il
ne faut pas se dire mince c’est wajib shart, il faut se dire c’est wajib shart bi dhikr,
ma prière est valide mais je prie maghrib et je refais nadban le ‘isha avant le temps
daruri pour le tartib.
Tartib entre peu de fawâʾit entre elles ?
L’ordre entre les fawâʾit entre elle est wâjib ghayri shart, si on ne respecte pas
c’est valide mais c’est haram. Pour le tartib si je rattrape 2 jours de prières, je fais
les deux jours dans l’ordre du début à la fin.
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Si j’ai fait le ‘asr avant le dhuhr est-ce qu’il est mandub de refaire le ‘asr après le
dhuhr ? Non car c’est i’ada fil waqt, ce n’est plus mandub de refaire car le temps
est passé.
Si on a de grand nombre ?
Si j’ai plus de 5 prières à rattraper, je fais d’abord la hâdira puis je fais les prières
à rattraper. Ici le tartib n’est pas demandé. Si on craint que le temps de la prière
actuelle s’écoule, on commence par la hâdira pour l’auteur et Ibn Habib mais si
on ne craint pas que le temps sorte, on commence par les fawâʾit avant la hâdira,
mais ce n’est pas le mu’tamad. Du moment qu’on a beaucoup à rattraper (6 ou
plus), on commence par la hâdira mutlaqan (de manière absolue), c’est l’avis de
Ibn al Qâsim, et cela devient obligatoire si on craint que le temps de la hâdira
sorte.
Conclusion :
Hadiratayn mushtarikatayn (dhuhr/’asr et magrib/’isha) ➥ Wâjib
shart ma’a dhikr ➨ commencer par la première hâdira.
Fawâʾit (5 et moins) ➥ Wâjib ghayri shart➨ commencer par les
fawâʾit avant la hâdira même si le temps va sortir.
Fawâʾit (+5) ➥ Tartib non demandé ➥ commencer par la hâdira
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Conséquences du non-respect du tartib :
Prière Statut du Tartib الت ر ت یب
Non-respect du tartib
ال ح اض ر ت ی ن Hâdiratayn
و اج ب م ع الذ ك ر Wâjib shart ma’a
dhikr
Sahwan سھوا
Valide = mandub de
refaire dans le temps.
Amdan‘ عمدا
Haram et invalide =
refaire abadan
ی س یر ال ف و ائ ت
Fawâʾit (5 et -)
و اج ب غیر شرط Wâjib ghayri
shart
Entre hâdira et fawâʾit
Haram ‘amdan et valide +
mandûb de refaire la
hâdira après avoir
accompli le tartib des
fawâʾit.
Entre fawâʾit
Haram ‘amdan
الفواتFawâʾit +5
Non demandé,
commencer par la
hâdira
Sahwan – par oubli, inconscience
‘Amdan – volontairement, de manière délibérée.
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