Théâtre, scénographie et avant-gardes Documentation préparée par jean-Pierre Latour

Théâtre, scénographie et avant-gardes

Documentation préparée par jean-Pierre Latour

Plan de cours1. Quelques éléments de l’histoire du théâtre

2. Scénographie et costume: leur rapport à la la peinture et la sculpture dans les avant-gardes russes au début du 20e siècle

3. Adolphe Appia

4. Gordon Craig

5. Vsevolod Meyerhold

6. Erwin Piscator

7. Bertolt Brecht

Scénographie et théâtre

Introduction

Pour mieux situer les changements apportés au théâtre et à la scénographie par les avant-gardes de la première moitié du 20e siècle…

Quelques repères historiques

• Il y consensus chez les historiens concernant les origines du théâtre: le théâtre naît du culte religieux dont il se détache peu à peu.

• Ce sont les rites liés aux grandes fêtes religieuses qui donnent l’occasion de représentations et de dramatisations

• Ainsi le théâtre véhicule sous forme de mythes l’histoire collective d’une société

suite

• À l’origine, ces rituels recourent spontanément au récit, au chant, à la musique et à la danse.

• Deux grands moments de formation du théâtre occidental:– Au 5e siècle avant J.-C., dans la Grèce antique

quand se développe l’art du dialogue– Au Moyen Âge avec les mises en scène

liturgiques.

Grèce antique

• Dès le 7e siècle avant J.-C., les officiants des rites de Dionysos entonnent en son honneur le «dithyrambe».

• Les bacchantes et les bacchants tracent autour de son autel un cercle qui préfigure la forme du théâtre et exécutent dans cet espace des danses; certaines de ses danses sont sérieuses et d’autres comiques; tragédie et comédie s’annoncent.

• Des choreutes évoluent au son des tambourins et des cymbales

• À l’occasion, un des choreutes se détachait du groupe, montait sur une estrade pour improviser une monodie; le choreute préfigure ainsi l’acteur. Il devient protagoniste

• On attribue souvent au poète Thespis (vers 550 av. J.-C.) les premiers moments de l’art dramatique.

• L’introduction de dialogues (présents dans la tradition philosophique) et la lente prise de conscience du fictif conduisent au jeu théâtral

Le Moyen Âge

• Après le chaos créé par la chute de l’Empire romain au 6e siècle, le théâtre renaît de nouveau du culte, selon un processus semblable à celui observé dans l’Antiquité grecque

• La théâtre peu à peu remplace la cérémonie; il sort des sanctuaires et adopte la langue profane

• Le théâtre médiéval, comme le théâtre grec, recourt au chant, à la musique et à la danse autant qu’à la déclamation

• (La brisure entre théâtre et musique s’effectue au 17e siècle quand apparaît l’opéra)

Illusion théâtrale et plaisir

• Le mot «illusion» vient du latin ludere, jouer ou se moquer; in ludere, dans le jeu

• L’illusion théâtrale serait une des formes les plus archaïques du plaisir

• Ce plaisir se rattacherait à ce que Freud nommait le jeu du «fort-da» (quand l’enfant s’amuse à faire disparaître un objet et crie fort (loin) et le ramène en criant da (voilà). Selon le psychiatre, ce jeu permettrait à l’enfant de maîtriser l’angoisse de séparation quand la mère s’éloigne de lui

• Toujours selon la perspective psychanalytique, le jeu théâtrale aurait une fonction cathartique: le spectateur éprouverait le plaisir d’être purgé de ses affects.

Modèles du théâtre

1. Le théâtre antique

2. Le théâtre élisabéthain

3. Le théâtre à l’italienne

Le théâtre antique se compose

• Des gradins disposés en hémicycle où les spectateurs prennent place en plein air

• D’une estrade entourée d’un cercle (orchestra) derrière laquelle est érigé un mur (skênê) qui sert de support au décor.

Le modèle élisabéthain

• Apparaît au 16e siècle• La scène (proscenium) avance jusqu’au

milieu du parterre et s’ouvrent donc au spectateur sur trois côtés

• À l’arrière, se trouvent une autre zone de jeu et une arrière-scène fermée par un rideau et qui conduit aux coulisses.

• Il n’y a pas de décors mais des accessoires

Le modèle italien

• Les spectateurs sont installés face à la scène • La scène est isolée par le «cadre de scène» et le

«manteau d’Arlequin», mobile, permet de découvrir la scène, de la fermer ou d’en ajuster l’ouverture

• Cette disposition permet de suggérer l’infini, un effet de perspective comme dans le théâtre de l’architecte vénitien Palladio (1508-1580)

• Ce modèle a donné lieu au développement des machineries scéniques qui permettent notamment les changement de décor, les apparitions et les disparitions

• C’est le modèle qui s’est imposé en Occident

• On a reproché au modèle de la «scène à l’italienne» de créer une rupture entre le lieu de l’action et le public et de le rendre ainsi plus passif

• C’est en s’opposant à ce modèle que naîtra la scénographie d’avant-garde du début du 20e siècle, renouant de plusieurs manières avec le théâtre antique et médiéval